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Témoignages catalans des camps français

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« Allez ! Allez ! C’est le premier mot de la langue que nous ayons appris. Par la suite, nous l’entendions continuellement. Lorsqu’ils voulaient que nous avancions, ils criaient : Allez ! Allez ! »

Maria Bell·lloch

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Soixante-dix ansaprès une défaite Josep Bargalló. Directeur de l’Institut Ramon Llull

défaite a eu un sens encore plus épouvantable : l’interdiction de la langue, la persécution de l’identité… Le symbole le plus célèbre de l’Ensulsiada [Écroulement] a été la détention en France, en 1940, du président de la Generalitat, Lluís Companys, sa déportation ultérieure et son exécution immédiate à Barcelone. Pendant tout le XXe siècle, aucun autre chef d’État européen élu démocratiquement n’a été condamné à mort et exécuté : c’est, sans nul doute, un bon symptôme de ce que signifia le franquisme pour les Catalans.

Des dizaines de milliers de Catalanes et de Catalans traversèrent la frontière française, laissant douloureusement derrière eux une partie substantielle de leur vie… Ils remplirent les camps

La fin de la guerre civile espagnole de 1939 a été, en premier lieu, une grande défaite : pour les républicains, pour les libertés des personnes et des peuples, pour la culture, pour les langues de l’État autres que l’espagnol… Mais ce ne fut pas seulement une défaite interne : ce fut la première défaite des démocraties européennes qui annonçait de manière claire et frappante tout ce qui viendrait par la suite. La première défaite de démocraties européennes qui non seulement ont tourné le dos à la République espagnole mais qui, la plupart du temps, l’ont tourné aux républicains qui entamèrent le dur et long chemin de l’exil : les camps de concentration français – et leur dureté – en sont un exemple.

Pour les Catalans – comme pour les Basques et les Galiciens – la

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de concentration, bon nombre d’entre eux réussirent à partir pour l’Amérique latine – où ils furent reçus d’une manière très différente selon les pays, mais généralement d’une manière positive, d’autres restèrent en Europe et souffrirent du nazisme – dans de nombreux cas, les camps d’extermination furent leur destination, dans d’autres cas, ils entrèrent dans la résistance – et, finalement, ils purent enclencher le processus de reconstruction de la paix et des libertés hors de leur pays qui devrait encore vivre quarante ans sous les bottes du fascisme, les démocraties européennes leur tournant à nouveau le dos.

Soixante-dix ans après cette défaite de la liberté de toutes et de tous, il est bon de se souvenir, à travers la force des images et de la parole de ceux qui l’ont vécue – écrivains, intellectuels, artistes et photographes, mais aussi ouvriers et paysans, familles entières, instituteurs et professionnels, de faits qui n’auraient jamais dû avoir lieu. De se souvenir aussi que de tels événements continuent à se produire, chaque jour, dans de nombreux endroits du monde. Et afin que jamais plus cela ne puisse se produire.

L’Institut Ramon Llull, né pour faire rayonner la culture et la langue catalanes à l’étranger, s’est lui aussi impliqué dans la commémoration de ce fait si important. D’où sa participation dans différents domaines et à plusieurs propositions : en littérature avec la programmation d’une série d’activités traitant de l’exil de Mercè Rodoreda en France ; dans le milieu universitaire avec le congrès « 70 ans après : la littérature espagnole dans les camps français d’internement » à l’Université Paris X, en février dernier ; et, à présent, dans le domaine artistique en collaborant à l’exposition « Agustí Centelles : Journal d’une guerre et d’un exil, Espagne - France, 1936 – 1939 » au Jeu de Paume.

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« Personne ne pouvait s’habituer à vivre là-bas, jetées sur le sable, sans le moindre brin de paille pour les enfants ou les vieillards. C’est pourquoi les camps des femmes étaient beaucoup plus tragiques que ceux des hommes car ces derniers n’avaient ni enfants ni vieillards. [...] Pour nous, les plaintes des vieillards et les pleurs des enfants ajoutés à toutes les autres calamités provoquaient une sorte d’hallucination irréelle. »

Otília Castellví

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La mémoire catalanedes camps françaisJosep-Vicent Garcia Raffi. Universitat Politècnica de València

et chaotique, les prisonniers étaient sévèrement surveillés par l’infanterie, les gardes mobiles républicains, les soldats sénégalais et les spahis qui, en général, ne les respectaient pas.

Parmi ceux qui passent la frontière sur le chemin du premier exil il y a un grand nombre de personnes connues du monde de la culture, de la science, de l’enseignement et de la politique républicaine. On connaît parfaitement le cas du poète Antonio Machado, qui meurt peu de temps plus tard et est enterré à Collioure, ou des écrivains catalans Carles Riba, Mercè Rodoreda, Anna Murià, Joan Oliver, Cèsar August Jordana, etc. Bon nombre de ces personnalités furent accueillies dans des résidences (à Roissy-en-Brie, par exemple) grâce à l’aide de comités de soutien français.

Le 26 janvier 1939, les troupes franquistes occupaient Barcelone. Officiellement, la guerre s’achevait en Catalogne le 10 février et le 1er avril dans toute l’Espagne. Sur le chemin de l’exil, plus de quatre cent mille personnes traversèrent la frontière française. Cet exode rassemblait soldats ou miliciens, hommes, femmes, vieillards, enfants et malades de différentes idéologies et de toutes les régions d’Espagne. À leur arrivée dans le Roussillon, les Républicains entrent dans l’univers concentrationnaire français. On les classe d’abord le long de la frontière et au début du mois de février on les installe sur les plages entourées de barbelés : Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Barcarès et, par la suite, dans d’autres enceintes telles que Agde, Bram, Gurs, Rivesaltes, Sept-Fonds, Le Vernet d’Ariège, etc. Au début, la situation était pitoyable

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D’autres, cependant, pour diverses raisons, vécurent internés dans des camps de concentration au milieu de dizaines de milliers de républicains. Au fil du temps, certains s’en échappèrent, d’autres en sortirent grâce à des organisations françaises ou internationales, d’autres encore purent émigrer dans d’autres pays et, malheureusement, certains moururent dans les camps d’extermination nazi.

Il est clair que ces circonstances dramatiques laissent des marques dans l’esprit de n’importe qui et font que les écrivains ou ceux qui ont besoin d’écrire constatent cette situation infrahumaine. Il s’agit malheureusement là d’un phénomène bien présent dans l’histoire du XXe siècle depuis que, vers la fin du XIXe les premiers camps de concentration furent créés dans la colonie espagnole de Cuba. Depuis l’Afrique du Sud en 1900, jusqu’en Tchétchénie ou, bien sûr, à Guantanamo, les camps d’accueil, de concentration, d’internement – peu importe leur nom ! – ont toujours fait partie du système de répression politique ou ont été le résultat de conflits armés.

L’exode des républicains et l’internement dans les camps de concentration français apparaissent dans toute sorte de textes autobiographiques, journalistiques, littéraires… (en outre, bien sûr, il y a les changements qu’ils peuvent souffrir lorsqu’ils sont transformés en œuvres de fiction ou lors de reconstructions fictionnelles d’écrivains actuels qui ont recours à cette époque quant à l’argument), ils apparaissent dans la mémoire littéraire espagnole et catalane. Les textes décrivent totalement ou en partie le séjour dans les camps et revêtent différentes formes et techniques : ils sont de longueur différente, appartiennent à plusieurs genres ou sous-genres (autobiographies, mémoires, journalisme…), ils traitent le temps de manière différente, se situent dans un ou plusieurs espaces (un camp, plusieurs camps, le travail hors du camp, le voyage vers l’Amérique…), ils ont été écrits à différentes périodes (à l’époque des faits, quelques années plus tard avec tout le conditionnement du discours de la mémoire…). Un narrateur principal apparaît et explique sa propre histoire à la première personne (qui

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devient plurielle lorsqu’il décrit des actions et des sentiments collectifs).

Dans la culture catalane nous pouvons citer les noms et les œuvres d’Agustí Bartra avec Crist de 200.000 braços [Le Christ aux 200 000 bras] (1968) ; de Lluís Ferran de Pol avec Campo de concentración, 1939 [Camp de concentration, 1939] (2002) et De lluny i de prop [De près et de loin] (1972) ; de Ferran Planes avec El desgavell [La pagaille] (1969) ; de Ramon Moral avec Diari d’un exiliat. Fets viscuts (1939-1945) [Journal d’un exilé. Faits vécus (1939 – 1945)] (1979) ; d’Agustí Cabruja avec Ciudad de madera [Ville en bois] (1947)... Plusieurs écrivains, artistes ou hommes politiques incluent leurs souvenirs concentrationnaires dans un projet autobiographique plus vaste, c’est le cas de Carles Fontserè, d’Avel·lí Artís-Gener, de Jaume Pla i Pallejà, de Carles Pi i Sunyer, de Federica Montseny, de Maria Bell·lloch ou de Francesc Tosquellas... Ensuite, il existe une littérature surgie des faits réels vécus par d’autres personnes et transférée à un autre narrateur tel que, par exemple, Xavier Benguerel dans Els vençuts [Les vaincus] (1979).

Nous pouvons même lire les lettres de réfugiés catalans internés adressées à des hommes politiques comme celles de Pere Vives, Cartes dels camps de concentració [Lettres des camps de concentration] (1972). Vives apparaît aussi comme un personnage de l’œuvre de Bartra déjà mentionnée et du roman catalan de camp d’extermination nazi, K. L. Reich (1963) de Joaquim Amat-Piniella. D’autres personnes ont laissé une preuve non écrite mais dessinée, peinte ou photographiée. Je veux parler des peintures de Josep Franch-Clapers, des textes et des dessins de N. Molins et de J. Bartolí (Campos de concentración (1939-194...) [Camps de concentration (1939 – 194…)] (1944), ou des photos d’Agustí Centelles, avec son œuvre posthume Diari d’un fotògraf. Bram 1939 [Journal d’un photographe. Bram 1939] (2009).

En fait, le besoin de raconter l’histoire d’une défaite collective : celle du projet républicain, celle de la Catalogne autonome, une défaite qui bouleversa les vies des Catalans. Ceux qui écrivent ne sont pas seulement des internés, ils deviennent les témoins des faits qui laissent une marque indélébile de l’Histoire à travers la mémoire.

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« Pendant ce temps ma mère mourrait. Pendant ce temps, les proscrits mourraient par milliers, pendant ce temps, je n’avais plus de père, ni de mari, ni de foyer, ni de lendemain. Et, comme moi, des milliers de femmes et d’enfants, des milliers d’hommes, des milliers de familles. »

Federica Montseny

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Extraitsde la mémoire catalaneSélection de Josep-Vicent Garcia Raffi

et tourbillons, en haut, en bas, à droite et à gauche. Il s’infiltrait par les interstices des planches en bois des baraques, traversait le rempart fragile de la couverture avec laquelle nous nous couvrions jusqu’à la tête et allait se nicher dans nos yeux, nos narines, dans nos oreilles. Il n’y avait rien à faire. Comme nous le savions, nous le supportions stoïquement jusqu’à ce que renaisse le calme de l’air. »

Ferran Planes

« Si nous avions le conformisme des animaux, nous serions comme eux. Nous sommes bien pis : nous sommes des bêtes tristes. […] Il en est ainsi tous les jours et toutes les nuits. Uniquement des sensations primaires : la faim, la jalousie, le froid, la soif… C’est effrayant de se sentir à la fois si près et si loin de la bête. »

Lluís Ferran de Pol

« Les journées s’écoulaient plus ou moins bien, mais les nuits à la belle étoile étaient sinistres. L’unique solution consistait à construire une pyramide humaine

« Après Gérone, j’ai vu l’un des spectacles les plus impressionnants de ma vie : la fuite, l’exode, la défaite. J’ai vu des photographies, j’ai vu quelques documents cinématographiques de cette retraite. Mais aucune des images que j’ai vues ne ressemble même de loin à la réalité. Je n’en ai jamais lu non plus aucune bonne description, peut-être parce que le spectacle était indescriptible. »

Jaume Pla

« Lorsque le jour se leva, ce mardi 14 février 1939, nous avions devant nos yeux irrités et ensommeillés le paysage enneigé et désolé d’une route givrée qui glissait paresseusement entre des falaises dont la verticalité ne permettait pas aux cristaux blancs de se fixer. Nous arrivâmes à Prats de Molló […] et on nous laissa près d’une ou deux heures debout sur la place, avec des soldats qui nous surveillaient tandis qu’un service sanitaire sorti de je ne sais où évacuait lentement nos blessés. »

Avel·lí Artís-Gener (Tísner)

« Sur la plage de Saint-Cyprien, la tramontane soufflait souvent. Le sable voltigeait en spirales

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et à se relayer, chaque fois plus vers l’extérieur. L’espoir de reprendre place au fond de la pile de graisse permettait de supporter le tremblement et les claquements de dents qui nous assaillaient lorsque nous étions dans la partie extérieure. »

Avel·lí Artís-Gener (Tísner)

« Aujourd’hui, nous nous sommes approchés de la mer. Nous avons dû contourner les immondices qui remplissent la plage. Mais ici, on oublie tout. Nus face aux vagues, nous ne voulons pas penser que derrière nous il y a une immense plage impraticable sur laquelle des hommes doivent tracer des chemins à la pelle pour que les gens ne s’embourbent pas dans les excréments d’autant de milliers d’hommes. »

Lluís Ferran de Pol

« Les très mauvaises conditions des haras étaient aggravées par l’hostilité des gardiens. Du commissaire du camp, qui m’avait semblé sympathique, jusqu’au dernier des gendarmes. ‘Si le traitement ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à rentrer en Espagne.’ C’est ainsi que, chaque jour, des groupes fatigués ou apeurés s’inscrivaient pour retourner dans l’Espagne de Franco, immédiatement, ils étaient mieux traités. Aux yeux des gendarmes, ceux qui restaient n’étaient que des voleurs ou des assassins. Mais la dernière chose à laquelle je pensais était de rentrer. Pour moi, la Catalogne n’existait plus. »

Carles Fontserè

« Des hommes et encore des hommes. Du sable et encore du sable. Des barbelés et encore des barbelés. Des baraques, de grandes baraques… et des soldats noirs. Que font les soldats noirs ?

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Ils nous gardent ! Les hommes, ici, ressemblent à des singes en cage. »

Ramon Moral i Querol

« Nous avons vécu quelques jours à la merci du haut-parleur. Dès que nous entendions le grincement du ressort qui le mettait en marche, un grand silence s’établissait. Appelés de cette manière, sur cette plage, les noms prenaient une importance extraordinaire. Nous écoutions dans une attention concentrée et nous tendions le cou pour voir à qui il correspondait et si après celui-là on prononcerait le nôtre. »

Xavier Benguerel

« Ville de défaite. Les arbres sont de plus en plus loin. On dirait que la plaine se retire. Les nuages errants passent vite. La mer cache son écume. Pas un rire d’enfant, pas un glapissement de fille. Faim et misère. Le pain, ce sont les rats qui le goûtent avant nous. Aujourd’hui, des lentilles. On est sale. Demain des lentilles. Poussière de sable et de sueur. Après-demain des lentilles. Poux, gale, dysenterie. Toujours des lentilles. La France est douce quelque part. »

Agustí Bartra

« Aujourd’hui, le journal parle de la reddition sans condition de Madrid et de la remise des lettres de créance du général Pétain, ambassadeur de France auprès de Franco. Avec de la boue et de l’eau jusqu’aux chevilles, on nous fait aller dans un camp spécial où il y a une baraque dans laquelle nous passons un par un pour écouter la question connue de si nous voulons rentrer en Espagne. Des gendarmes envoient quelques coups de pied dans le derrière des réfugiés. Je mange du pain grillé et quelques

pommes de terre… Je n’ai pas encore de nouvelles de la maison. »

Agustí Centelles

« Au milieu de cet enfer d’inquiétudes, de privations, de douleurs, d’enfants perdus et de familles dissoutes, de l’incertitude de ne pas savoir de quoi serait fait le lendemain et de quel toit nous abriterait, dans cette confluence de délaissement, d’opiniâtreté et de tristesse, la note la plus significative, mais aussi la plus douloureuse, avec les traits incisifs et les teintes ombreuses d’une eau-forte, était les camps de concentration. Ces monstrueux parcs humains dans lesquels s’amoncelaient comme de dociles troupeaux tant de milliers d’hommes, de jeunes et de vieillards, de soldats, de paysans, difficilement des ouvriers ou des commerçants, rarement des ouvriers dépendants et des hommes de professions civiles. C’est dans les camps de concentration que se réunissaient les points locaux de la Catalogne souffrante. Mais si ceux qui y étaient furent ceux qui souffrirent le plus, ce sont aussi ceux qui espérèrent le plus. En ces temps de défaite où même les idéaux chancelaient et les convictions se trahissaient, l’endroit où l’on pouvait trouver le plus de foi, de courage et de discipline, c’était dans les camps de concentration. »

Carles Pi i Sunyer

« Qu’arrivera-t-il ? Devrons-nous affronter une autre affreuse aventure comme celle que nous avons laissée derrière nous ? Guerre civile, camp de concentration, guerre. Qu’avons-nous fait pour que nous ayons à subir ce sort doublement maudit ? »

Pere Vives i Clavé

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Artís-Gener, Avel·lí (Tísner), Viure i veure [Vivre et voir], vol. 3, Barcelone, Pòrtic, 1991.

Bartra, Agustí, Crist de 200.000 braços [Le Christ aux 200 000 bras], Barcelone, Aymà, 1974 (réélaboration de la nouvelle Xabola [Bidonville], publiée au Mexique en 1943).

Bell·lloch, Maria, Records de la meva infància [Souvenir de mon enfance], Marseille, édition dactylographiée de l’auteure, 2000 (édition commerciale, Barcelone, Viena, 2000).

Benguerel, Xavier, Els vençuts. 1939 [Les vaincus. 1939], Barcelone, Pòrtic, 1979 (inclut « La fam i les fúries » [La faim et les furies], issu d’Els fugitius [Les fugitifs], 1955).

Castellví, Otília, De les txeques de Barcelona a l’Alemanya nazi [Des prisons de Barcelone à l’Allemagne nazie], Barcelone, Quaderns Crema, 2003.

Centelles, Agustí, Diari d’un fotògraf. Bram 1939 [Journal d’un photographe. Bram 1939], Barcelone, Destino, 2009.

Ferran de Pol, Lluís, Campo de concentración (1939) [Camp de concentration (1939)], Barcelone, PAM, 2003. Un recueil de textes brefs publiés dans la presse mexicaine, et la transformation catalane « De quan de Sant Cebrià del Rosselló en dèiem Saint-Cyprien » (Lorsque l’on appelait Saint-Cyprien Sant Cebrià del Rosselló),

De lluny i de prop [De près et de loin], Barcelone, Selecta, 1972.

Fontserè, Carles, Un exiliat de tercera. A París durant la Segona Guerra Mundial [Un exilé de troisième classe. À Paris pendant la Seconde Guerre mondiale], Barcelone, Proa, 1999.

Montseny, Federica, Pasión y muerte de los españoles en Francia [Passion et mort des Espagnols en France], Toulouse, Espoir, 1969.

Moral i Querol, Ramon, Diari d’un exiliat. Fets viscuts (1936-1945) [Journal d’un exilé. Faits vécus (1936 – 1945)], Barcelone, PAM, 1979.

Pi i Sunyer, Carles, 1939. Memòries del primer exili [1939. Mémoires du premier exil], Barcelone, Fundació Carles Pi i Sunyer d’Estudis Autonòmics i Locals, 2000.

Pla, Jaume, Memòria escrita [Mémoire écrite], Barcelone, Edicions de la Revista de Catalunya, 1991.

Planes, Ferran, El desgavell [La pagaille], Barcelone, Selecta, 1969.

Vives i Clavé, Pere, Cartes des dels camps de concentració [Lettres écrites dans les camps de concentration], Barcelone, Edicions 62, 1972.

Sourcesdes citations

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Publication

Institut Ramon Llullwww.llull.cat

Bureau à Paris : 3, rue de la Boétie. 75008 ParisTél. +33 01 42 66 02 45

Textes : Garcia Raffi, Josep-Vicent : La mémoire catalane des camps français

Traduit du catalan par : Mariam Chaïb

Photographies

© AGENCIA EFE Collioure, 1939 (p. 6).

ROBERT CAPA 2001 By Cornell Capa / Magnum Photos / Contacto.

Barcelone, janvier 1939 (p. 2 - 3). À la frontière française, au nord de

Barcelone, 25 – 27 janvier 1939 (p. 4). Entre Argelès-sur-Mer et le Barcarès, mars 1939 (p. 8).

© Agustí Centelles, VEGAP, Barcelone, 2009 Camp de Bram, 1939 (p. 12, p. 18 - 19).

© Manuel Moros, Fonds Peneff (Photographie de la couverture et p.14).

Conception graphique : Jordi Calvetwww.jordicalvet.netImprimé par : Gràfiques MassanaDépôt légal : XXXXXXX

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