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*Titre : *Grand Larousse de la langue française en six volumes. Tome troisième, Es-Inc / [sous la direction de Louis Guilbert, René Lagane, Georges Niobey] *Auteur : *Larousse *Éditeur : *Librairie Larousse (Paris) *Date d'édition : *1973 *Contributeur : *Guilbert, Louis (1912-1977). Directeur de publication *Contributeur : *Lagane, René. Directeur de publication *Contributeur : *Niobey, Georges. Directeur de publication *Sujet : *Français (langue) -- Dictionnaires *Type : *monographie imprimée *Langue : * Français *Format : *1 vol. (paginé 1729-2619) ; 27 cm *Format : *application/pdf *Droits : *domaine public *Identifiant : * ark:/12148/bpt6k12005345 </ark:/12148/bpt6k12005345> *Source : *Larousse, 2012-144942 *Relation : *Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34294780h *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb351244837 *Provenance : *bnf.fr Le texte affiché comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 100 %. downloadModeText.vue.download 1 sur 882 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 1989 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. downloadModeText.vue.download 2 sur 882 II downloadModeText.vue.download 3 sur 882 downloadModeText.vue.download 4 sur 882 downloadModeText.vue.download 5 sur 882

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  • *Titre : *Grand Larousse de la langue française en six volumes. Tometroisième, Es-Inc / [sous la direction de Louis Guilbert, René Lagane,Georges Niobey]

    *Auteur : *Larousse

    *Éditeur : *Librairie Larousse (Paris)

    *Date d'édition : *1973

    *Contributeur : *Guilbert, Louis (1912-1977). Directeur de publication

    *Contributeur : *Lagane, René. Directeur de publication

    *Contributeur : *Niobey, Georges. Directeur de publication

    *Sujet : *Français (langue) -- Dictionnaires

    *Type : *monographie imprimée

    *Langue : * Français

    *Format : *1 vol. (paginé 1729-2619) ; 27 cm

    *Format : *application/pdf

    *Droits : *domaine public

    *Identifiant : * ark:/12148/bpt6k12005345

    *Source : *Larousse, 2012-144942

    *Relation : *Notice d'ensemble :http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34294780h

    *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb351244837

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    ès

    ès [ɛs] prép. (contraction de en les [art.défini] ; v. 980, Fragment de Valenciennes,au sens 1 ; sens 2, 1647, Vaugelas). 1. Class.(déjà vx au XVIIe s.). Dans les, parmi les :Le bien qui se trouve ès choses temporelles(Pascal). ‖ 2. En matière de, en, usitéseulement dans quelques locutions de lalangue universitaire : Licencié ès lettres,docteur ès sciences. Doctorat ès sciences ;ou de la langue juridique : Agir ès qualités,avec sa qualité, ses titres ; et dans quelquesnoms de villes : Riomès-Montagnes.

    • REM. 1. Ès, étant une contraction de enles, ne doit s’employer que devant un nomau pluriel.

    2. Cette préposition, déjà vieillie àl’époque de Vaugelas (qui limitait sonemploi à maître ès arts et à la langue desjuristes), ne figure plus que dans quelquesexpressions figées ; cependant, elle estparfois reprise aujourd’hui, dans un par-ti pris d’archaïsme plaisant : Ainsi parlaTintin en remettant ès mains du général lejoli sac rebondi (Pergaud).

    esbaudir (s’) v. pr. V. ÉBAUDIR.

    esbigner (s’) [sɛsbiɲe] v. pr. (ital.archaïque sbignare, courir, issu de svignare,de s- [lat. ex-, préf. marquant le mouvementde l’intérieur vers l’extérieur] et de vigna,vigne [de même origine que le franç. vigne],proprem. « s’enfuir de la vigne, comme unmaraudeur » ; 1809, G. Esnault [commev. tr., au sens de « voler, dérober », 1754,G. Esnault]). Pop. S’enfuir sans se faireremarquer, décamper (vieilli) : Je casseune canne, autrement dit, je m’esbigne ou,comme on dit à la cour, je file (Hugo). C’est àcrever d’ennui, aussi je m’esbigne (Flaubert).

    esbroufant, e ou esbrouffant, e [ɛs-brufɑ̃, -ɑ̃t] adj. (part. prés. de esbrouf[f]er ; 1846, Balzac). Fam. Qui esbroufe :Jenny Cadine, dont les succès étaient de plusen plus esbrouffants (Balzac).

    esbroufe ou esbrouffe [ɛsbruf]

  • n. f. (mot du provenç. moderne signif.« ébrouement, éclaboussure, gestes sacca-dés, embarras » [déverbal de s’esbroufa, v.l’art. suiv.], ou déverbal de esbrouf[f]er ;1815, G. Esnault, aux sens de « violence,action violente soudaine », et 1827, ausens actuel). Fam. Étalage de grands airs,manières hardies, insolentes qui visent àen imposer à autrui : Faire de l’esbroufe.C’était un Parisien, mais qui ne haïssaitpoint l’esbroufe ni le fracas (Hermant). ‖ Àl’esbroufe, en trompant par de grands airs,en essayant d’en imposer par son assu-rance. ‖ Arg. Vol à l’esbroufe, vol qui sepratique en bousculant la personne qu’ondévalise.

    • SYN. : bluff (fam.), chiqué (fam.), embar-ras, épate (fam.), flafla (fam.), manières.

    — CONTR. : naturel, simplicité, spontanéité.• REM. On rencontre parfois ESBROUF(F)Eau masculin : Dans mon enfance, je merappelle quels esbrouffes ils faisaient en-core avec leur foire de Beaucaire (Daudet).

    esbroufer ou esbrouffer [ɛsbrufe] v. tr.(provenç. moderne [s’]esbroufa, s’ébrouer[pour un cheval], éclater en paroles, dees- [lat. ex-, préf. à valeur intensive] et debroufa, s’ébrouer, souffler [pour des ani-maux effrayés], jaillir avec force, verbeformé sur la racine onomatopéique brf ;1835, Raspail). Fam. En imposer à autruipar son assurance, ses grands airs, desmanières hardies et tapageuses : Je vousai plus ou moins esbrouffés tout à l’heure(Romains).

    esbroufeur, euse ou esbrouffeur, euse[ɛsbrufoer, -øz] n. et adj. (de esbrouf[f]er ;1837, Vidocq). Fam. Personne qui fait del’esbroufe, qui cherche à en imposer par sonattitude affectée, arrogante : Swann, avecson ostentation, avec sa manière de criersur les toits ses moindres relations, était unvulgaire esbrouffeur (Proust).

    • SYN. : bluffeur (fam.), fanfaron, hâbleur,m’as-tu-vu (fam.).

    ◊ adj. (av. 1902, Zola). Se dit de l’attituded’une personne qui fait de l’esbroufe : L’airesbrouffeur d’un citoyen qui est d’attaque(Zola).

    escabeau [ɛskabo] n. m. (lat. scabellum,escabeau, dimin. de scamnum, escabeau,marchepied, banc [issu d’un plus anc. *scab-num] ; 1419, N. de Baye, écrit scabel [esca-

  • beau, 1471, Havard], au sens 1 ; sens 2, findu XIXe s. [« marchepied », 1564, Indice dela Bible ; « marchepied dont on se sert pouratteindre quelque chose », 1690, Furetière]).1. Vx. Siège de bois, sans bras ni dossier,plus bas que le banc ou la chaise, et pourvude trois ou quatre pieds : Donc, assis sur cetescabeau, tu tourneras la broche (France).‖ 2. Sorte d’échelle pliante, à marchesassez larges.

    escabelle [ɛskabɛl] n. f. (var. fém. du pré-céd. ; 1328, Varin, écrit scabelle ; escabelle,1507, Havard [déranger les escabelles, 1687,Mme de Sévigné]). Class. et littér. Chaiseen bois, assez rudimentaire, avec ou sansdossier, et généralement à trois pieds : Untapis tout usé couvrit deux escabelles (LaFontaine). On ne va pas dire en sortant queleur feu charbonne et que leur escabelleboite (Pérochon). Perché au sommet d’uneescabelle, Sénac badigeonnait les croiséesen fumaillant des cigarettes (Duhamel).‖ Class. et fig. Déranger les escabelles,bouleverser les projets établis, causer dudésordre : [Le maréchal de Créquy] étaiten colère contre cette mort [...] qui, sansconsidérer ses projets et ses affaires, venaitainsi déranger ses escabelles (Sévigné).

    escabelon [ɛskablɔ ̃ou ɛskabəlɔ]̃ n. m.(adaptation, d’après escabeau, de l’ital. sga-bellone, grand escabeau, lui-même dér. dulat. scabellum [v. ESCABEAU] ; 1665, Havard,écrit escabellon ; escabelon, 1690, Furetière[var. scabellon, 1668, Havard]). Petit pié-destal, en bronze, marbre, pierre ou bois,servant de support à un buste, et dont leXVIIe s. fit grand usage.

    escadre [ɛskadr] n. f. (ital. squadra et esp.escuadra, équerre [de même origine que lefranç. équerre, v. ce mot], d’où « bataillon,escouade », à cause de la formation en carrédes troupes en question ; milieu du XVe s.,J. de Bueil, au sens de « subdivision d’uncorps de troupes » ; sens 1, 1690, Furetière ;sens 2, 1864, Littré ; sens 3, début du XXe s.).1. Dans la marine de l’Ancien Régime, for-mation navale correspondant à une frac-tion déterminée d’une flotte, ou arméenavale. ‖ Chef d’escadre, grade de la marineroyale immédiatement supérieur à celui decapitaine de vaisseau : Un de mes onclesmaternels, le comte Ravenel de Boisteilleul,chef d’escadre (Chateaubriand). ‖ 2. Auj.Groupe organique de bâtiments de guerre,sous la conduite d’un vice-amiral ou d’unamiral. ‖ 3. Dans l’armée de l’air, unitéde combat comprenant deux ou trois

  • escadrons.

    escadrille [ɛskadrij] n. f. (esp. escua-drilla, dimin. de escuadra [v. ESCADRE] ;v. 1570, Carloix, écrit scouadrille, au sensde « petite troupe de soldats » ; écrit esca-drille, au sens 1, 1803, Boiste ; sens 2, 1922,Larousse). 1. Dans la marine, groupe orga-nique de petits bâtiments, moins importantqu’une flottille : Escadrille de torpilleurs,de sous-marins. ‖ 2. Dans l’armée de l’air,unité élémentaire de combat, composéede plusieurs patrouilles (chasse) ou deplusieurs sections (bombardement) : Uneescadrille de Nieuport de grande reconnais-sance (Romains).

    escadron [ɛskadrɔ]̃ n. m. (ital. squa-drone, dér. augmentatif de squadra [v.ESCADRE] ; fin du XVe s., Molinet, écritesquadron, escuadron [escadron, av. 1526,J. Marot], au sens 1 ; sens 2, 1636, Monet ;sens 3, début du XXe s. ; sens 4, av. 1559,J. Du Bellay). 1. Vx. Troupe de cavaliersarmés : Le camp s’éveille. En bas roule etgronde le fleuve | Où l’escadron léger desNumides s’abreuve (Heredia). ‖ 2. Unitéadministrative d’un régiment de cavalerieou de l’arme blindée. ‖ Groupe d’escadrons,réunion, sous les ordres d’un même officiersupérieur, de deux ou de plusieurs esca-drons. ‖ Chef d’escadron, officier supérieurcommandant un groupe d’artillerie ou ungroupement d’unités du train ou de la gen-darmerie (grade équivalant à celui de chefde bataillon dans l’infanterie ou le génie).‖ Chef d’escadrons, officier supérieur com-mandant un groupe d’escadrons de la cava-lerie ou de l’arme blindée (grade équivalantà celui de chef de bataillon dans l’infanteriedownloadModeText.vue.download 10 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

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    ou le génie). ‖ 3. Dans l’aviation militaire,unité comportant plusieurs escadrilles.‖ 4. Fig. Troupe, bande de personnesou d’animaux : D’un bout des dortoirs àl’autre, des escadrons de gros rats font descharges de cavalerie en plein jour (Daudet).‖ Escadron volant, nom donné aux fillesd’honneur de Catherine de Médicis, qui,selon certains, jouèrent un rôle d’informa-tion et de séduction politique.

    escadronner [ɛskadrɔne] v. intr. (de esca-dron ; 1689, Mme de Sévigné). Class. Faire les

  • manoeuvres et évolutions propres à la cava-lerie : Dans huit jours, il [Ch. de Sévigné]s’en ira s’y établir [à Rennes] avec toute cettenoblesse, pour leur apprendre à escadronneret à prendre un air de guerre (Sévigné).

    escafignon [ɛskafiɲɔ]̃ n. m. (dimin. del’anc. franç. sca[u]fe, proprem. « chaloupe »[fin du XIIIe s., Végèce], escaffe [début duXVe s.], lat. scapha, esquif, canot, barque[gr. skaphê, tout corps creux, et spécialem.« canot »], et, à l’époque médiévale, « chaus-sure légère » ; fin du XIVe s., E. Deschamps,écrit escafilon ; escafignon, 1459, Godefroy).Chausson léger, de toile ou de cuir fin, enusage aux XVe et XVIe s., et qui se portaitdans des bottes ou dans des chaussures :Ça sent le gousset, l’escafignon, le faguenas(Gautier).

    escagasser [ɛskagase] v. tr. (provenç.et languedocien escagassa, affaisser, écra-ser [plus ancienn. « s’accroupir — commepour aller à la selle »], de es- [lat. ex-, préf.à valeur intensive] et de caga, aller à laselle, anc. provenç. cagar, même sens, lat.cacare [v. CHIER] ; début du XXe s., aux sens1-2). 1. Fam. et dialect. Assommer (dansla région provençale). ‖ 2. Fig. et fam.Importuner vivement, ennuyer.

    • SYN. : 2 assommer, barber (fam.), embêter(fam.), empoisonner (très fam.), enquiquiner(pop.), fatiguer, tanner (très fam.).

    escalade [ɛskalad] n. f. (probablem.empr., pendant la guerre de Cent Ans,d’un anc. provenç. *escalada [escalado auXVIIe s.], dér. du v. escalar, escalader [XIIIe s.],de escala, échelle [de même origine que lefranç. échelle, v. ce mot] ; début du XVe s., ausens 1 ; sens 2, 1707, Lesage [précisé en 1810,Code pénal] ; sens 3, 1870, Larousse ; sens 4,v. 1960). 1. Vx. Action de monter à l’assautd’une place forte, d’une muraille, à l’aided’échelles : Ils tinrent tête à l’escalade avecces massues (Hugo). ‖ 2. En droit, actionde pénétrer dans une maison, dans un lieuenclos, en passant par les fenêtres, le toit oupar-dessus une grille, un mur de clôture,etc. ‖ 3. Action de franchir un obstacle, des’élever jusqu’à un point élevé en faisantdes efforts. ‖ Spécialem. En alpinisme,ascension au cours de laquelle le grimpeurprogresse en utilisant ses quatre membreset grâce aux points d’appui qu’il peut trou-ver ou se ménager sur les parois rocheuses.‖ Par extens. Action de gravir une pente

    raide de glace ou de neige. ‖ Escalade libre,

  • celle où le grimpeur progresse en utilisantseulement les prises et appuis naturelsqu’offre le rocher. ‖ Escalade artificielle,celle où le grimpeur s’aide également deprises et d’appuis formés en enfonçantdes pitons dans les fissures du rocher.(Syn. VARAPPE.) ‖ 4. Fig. En termes destratégie, processus qui, dans un conflit,conduit inéluctablement les belligérantsà employer des moyens offensifs de plusen plus destructeurs : L’escalade est à lafois un danger auquel on veut parer, et unemenace à laquelle on ne peut ni ne veutrenoncer (Aron). ‖ Par extens. Progressionen violence dans tout conflit non militaire :L’escalade dans l’injure a marqué cette cam-pagne électorale.

    escalader [ɛskalade] v. tr. (de escalade ;1611, Cotgrave, au sens 1 ; sens 2, 1617,Crespin ; sens 3, milieu du XVIIe s. ; sens4, 1870, Larousse). 1. Prendre d’assaut parescalade : La barricade escaladée eut unecrinière d’éclairs (Hugo). ‖ 2. Passer par-dessus un mur, une clôture : Escaladerune grille. ‖ 3. Gravir une hauteur par sespropres moyens, avec effort : Nous avonstraversé un champ en friche, escaladé lehaut bord d’un fossé (Flaubert). Il escaladale talus et prit par les champs (Dorgelès).‖ Spécialem. Faire l’ascension d’une mon-tagne par les méthodes de l’alpinisme :Escalader un pic. ‖ 4. En parlant d’unevoie d’accès, partir de la base d’une hau-teur et mener jusqu’au sommet : Au pieddu grand escalier de pierre qui escalade lacolline Montmartre (Aymé).

    • SYN. : 3 ascensionner, se hisser.

    escaladeur [ɛskaladoer] n. m. (deescalader ; 1844, Töpffer). Personne quiescalade une montagne : Les fins escala-deurs des cimes qui les accompagnaient(Frison-Roche).

    • SYN. : grimpeur.

    Escalator [ɛskalatɔr] n. m. (mot anglo-améric. [début du XXe s.], de [to] escal[ade],escalader, et de [elev]ator, celui qui élève,ascenseur ; milieu du XXe s.). Nom déposéd’un escalier mécanique.

    escale [ɛskal] n. f. (de l’ital. [far] scala,[faire] escale [scala, de même origine quele franç. échelle — v. ce mot —, désignantproprem. le « lieu où on pose une échellepour débarquer »] ; 1507, Jal, au sens2, écrit [faire] scale [faire escale, 1660,

  • Oudin ; un premier ex. au XIIIe s.] ; sens1, 1690, Furetière [pour un avion, 1948,Larousse]). 1. Lieu de son parcours oùun navire relâche, où un avion s’arrête.‖ Les Escales du Levant, nom donnéautrefois à certaines villes maritimes dela Méditerranée. ‖ 2. Action de s’arrê-ter en un lieu pour se ravitailler, pourdébarquer ou embarquer du fret ou despassagers : Faire escale. ‖ Temps que dure

    cet arrêt : Une escale d’une demi-heure estprévue à Orly.

    • SYN. :1 port ; 2 halte, relâche.

    escalier [ɛskalje] n. m. (lat. scalaria,escalier, degrés, plur. neutre substantivéde l’adj. scalaris, de degrés, d’escalier,dér. de scala, échelle, degrés d’escalier [v.ÉCHELLE] ; 1549, R. Estienne, au sing., et1690, Furetière, au plur.). Suite de degréssuperposés, de marches échelonnées, quisert à monter ou à descendre : Au piedde l’escalier | Qui conduisait de l’aire aurustique grenier (Lamartine). L’escalier depierre était obscur, affaissé par endroits,odorant et vétuste (Martin du Gard). ‖ Leplur. les escaliers s’emploie courammentpour désigner l’escalier : Il [...] regardaitcomme un homme grossier celui qui passaitsans rien dire auprès de lui dans les esca-liers (Balzac). Et montant, sabre au poing,les royaux escaliers (Baudelaire) ; et fam. :Monter, descendre les escaliers quatre àquatre. ‖ Escalier de service, dans certainsimmeubles, escalier qui sert aux employésde maison, aux livreurs. ‖ Escalier dérobé,escalier placé dans un endroit caché d’unemaison. ‖ Escalier d’honneur, grand esca-lier, escalier de proportions monumen-tales, qui donne accès à l’entrée principale.‖ Escalier roulant ou mécanique, dispo-sitif comportant des marches montéessur des chaînes sans fin, et permettantde transporter des personnes d’un étageà un autre sans que celles-ci aient à gra-vir les degrés. ‖ Escalier suspendu, esca-lier dont les marches, fixées dans le murà l’une de leurs extrémités, sont libres àl’autre. ‖ Escalier hélicoïdal, en vis ou encolimaçon, escalier dont les marches sontdisposées en hélice autour d’un axe. ‖ Paranal. et fam. Faire des escaliers dans les che-veux de quelqu’un, lui couper les cheveuxde manière irrégulière. ‖ Fig. et fam. Avoirl’esprit de l’escalier, se dit de quelqu’un quine trouve ses reparties que trop tard, quandl’occasion est passée.

  • escaliéteur [eskaljetoer] n. m. (deescalier ; 1955, Dictionnaire des métiers).Menuisier spécialisé dans la fabricationdes escaliers.

    escalin [ɛskalɛ]̃ n. m. (moyen néerl. schel-linc, monnaie d’argent ; XIIIe s., Chroniquede Rains, écrit eskallin ; escalin, XVIe s.).Ancienne monnaie d’argent des Pays-Bas etde divers États de l’Europe du Nord, dont lavaleur a varié selon les lieux et les époques :Il possédait en outre deux maisons, payaitune rente de neuf escalins à la table despauvres de Notre-Dame (Huysmans).

    escalope [ɛskalɔp] n. f. (emploi spécialisé[et mal expliqué] de l’anc. franç. eschalope,coquille de noix [v. 1220, G. de Coincy],escalope, coquille de limace [milieu duXIIIe s., Rutebeuf], dér. de l’anc. franç.escale, écaille, coquille [franç. moderneécale, v. ce mot], avec le suff. de enveloppe ;downloadModeText.vue.download 11 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

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    1691, le Cuisinier royal et bourgeois, au sensde « façon d’apprêter le veau » ; sens actuel,début du XIXe s.). Tranche mince de viandeblanche ou de poisson, principalement deveau.

    escalopé, e [ɛskalɔpe] adj. (de escalope[v. ce mot], au sens dialectal [de hauteBretagne] de « petit bonnet rond avec degrandes pattes que les femmes replient endeux et fixent par une grosse épingle à bouledorée sur le milieu de la tête » [1877, Littré] ;1857, Flaubert). Replié en deux et fixé avecune épingle : Il regardait la lumière du soleilpasser parmi le duvet de ses joues blondesque couvraient à demi les pattes escalopéesde son bonnet (Flaubert).

    escaloper [ɛskalɔpe] v. tr. (de escalope ;milieu du XXe s.). Détailler en tranches plusou moins minces une viande, un poisson,un légume.

    escalpe [ɛskalp] n. f. (var. de scalp [v. cemot] ; 1827, Chateaubriand). Action de scal-per : Le couteau d’escalpe est à ta ceinture(Chateaubriand).

    escamotable [ɛskamɔtabl] adj. (deescamoter ; 1948, Larousse). Qui peut êtreescamoté. ‖ Spécialem. Se dit du train d’at-

  • terrissage d’un avion que l’on peut replier.‖ Meuble escamotable, lit ou table que l’onpeut rabattre contre un mur ou dans unplacard.

    escamotage [ɛskamɔtaʒ] n. m. (de esca-moter ; 1757, Encyclopédie [art. gobelets], ausens 1 ; sens 2, v. 1789, G. de Mirabeau ; sens3, 1870, Larousse ; sens 4, XXe s.). 1. Action,art d’escamoter, de faire disparaître habile-ment un objet : L’escamotage d’une carte àjouer, d’un mouchoir. ‖ 2. Action de déro-ber rapidement et adroitement quelquechose : Il a toujours un penchant pourl’escamotage (Vallès). ‖ 3. Fig. Action d’élu-der une difficulté, d’écarter habilementl’examen d’une question : L’escamotagedes objections (Valéry). ‖ 4. Repli du traind’atterrissage d’un avion dans la voilureou dans les fuseaux moteurs, après l’envol.

    escamoter [ɛskamɔte] v. tr. (proba-blem. d’un anc. v. occitan *escamotar, de*escamar, effilocher [provenç. moderneescama], dér. de l’anc. provenç. escama,écaille [XIIIe s., Pansier], lat. pop. *scama[influencé phonétiquement par le germ.occidental *skalja, v. ÉCAILLE], lat. class.squama, écaille ; 1558, Boaistuau, au sensde « remplacer [une chose] par une autre » ;sens 1, 1640, Oudin ; sens 2, 1658, Scarron ;sens 3, av. 1850, Balzac ; sens 4, 1870,Larousse ; sens 5, XXe s.). 1. Faire disparaîtreun objet par un tour de main qui échappe àla vue des spectateurs : Escamoter un mou-choir, une pièce de monnaie. ‖ 2. Dérober,faire disparaître avec adresse et rapidité :Escamoter un portefeuille, des papiers com-promettants. ‖ 3. Fig. Éviter habilement defaire une chose difficile ou ennuyeuse, de

    traiter un sujet délicat ou épineux, etc. : Ilse croit habile en escamotant les difficultésau lieu de les vaincre (Balzac). « L’Actionfrançaise » a naturellement escamoté, dansson récit de la dernière séance à la Chambre,l’intervention de M. Albani (Gide). Dansson intervention, il a escamoté les vrais pro-blèmes. ‖ 4. Fig. Escamoter un mot, une finde phrase, les prononcer bas ou vite, pourqu’on ne les entende pas. ‖ Escamoter unenote, la sauter, ne pas la jouer, dans l’exé-cution d’un morceau. ‖ 5. Replier, aprèsl’envol, le train d’atterrissage d’un avion.• SYN. : 3 couper à (fam.), écarter, éluder,esquiver, se soustraire à, tourner.

    escamoteur, euse [ɛskamɔtoer, -øz] n.(de escamoter ; 1609, Dict. général, dansla loc. escamoteur de consciences, au sens

  • mal défini ; sens 1, av. 1854, Nerval ; sens2, 1690, Furetière ; sens 3, XXe s.). 1. Vx.Personne qui fait des tours d’escamotage :L’escamoteur lui emprunte toujours sonmouchoir (Nerval). Honteux, il les plonge[ses pieds] dans l’eau avec l’habileté d’unescamoteur (Renard). ‖ 2. Vx. Voleur quisubtilise adroitement les objets. ‖ 3. Fig.Celui qui a l’art d’escamoter, d’éluder lesdifficultés : Escamoteur de vrais problèmes.◊ adj. : La mort escamoteuse, la mort escroc(Romains).

    escampativos [ɛskɑ̃pativɔs] n. m. pl.(gascon escampativo, départ précipité,de escampa, échapper, correspondantdu franç. escamper [v. l’art. suiv.] ; 1622,Sorel, au sing., et 1668, Molière, au plur.).Class. Faire des escampativos, s’échapper,s’absenter furtivement : Je vous y prendsdonc, Madame ma femme, et vous faites desescampativos pendant que je dors (Molière).• REM. Le mot a été employé par des au-teurs du XIXe s. sous la forme francisée aufém. sing. ESCAMPATIVE (av. 1841, Cha-teaubriand) : Amoureux, friand de duelset d’escampatives (Daudet).

    escamper [ɛskɑ̃pe] v. intr., et s’escamper[sɛskɑ̃pe] v. pr. (ital. scampare, échapper,proprem. « prendre du champ » ou « lever lecamp », de s- [lat. ex-, préf. à valeur négativeou marquant le mouvement de l’intérieurvers l’extérieur] et de campo, champ, camp,lat. campus [v. CAMP] ; v. 1360, Froissart,puis 1546, Rabelais). Vx ou dialect. Prendrela fuite, s’échapper : J’escampai sans lui direadieu (Sorel). Lui, fuyant cette démence,s’escampait tout le jour (Daudet).

    escampette [ɛskɑ̃pɛt] n. f. (dimin. deescampe, fuite [XVIe s., La Curne, puis1669, Widerhold], déverbal de escamper ;1688, Miege [art. poudre]). Fam. Prendre lapoudre d’escampette, se sauver rapidement.

    escapade [ɛskapad] n. f. (ital. scappataou esp. escapada, escapade, de même for-mation que le franç. échappée [v. ce mot] ;fin du XVIe s., A. d’Aubigné). Action des’échapper d’un lieu, de se soustraire à ses

    obligations, pour se donner un moment deliberté, rechercher un divertissement, unplaisir : Je déclarai, après mon escapadede Brest, ma volonté d’embrasser l’étatecclésiastique (Chateaubriand). L’idée dece repas de garçon avec son mari [...] l’amu-sait comme une escapade (Daudet).

  • • SYN. : échappée, équipée, fugue.

    escape [ɛskap] n. f. (lat. scapus, tige [deplante], fût [de colonne], montant ; 1567,Delorme, au sens 1 ; sens 2, 1611, Cotgrave).1. Partie inférieure du fût d’une colonne.‖ 2. Fût d’une colonne.

    escarbillat, e [ɛskarbija, -at] adj.(gascon escarbilhat, d’origine obscure [danscertains parlers normands, on trouve escar-billard, « pétulant », probablem. de mêmeorigine, mais que le FEW, t. XVII, dérivede escarbille — ce qui est impossible pourescarbillat étant donné sa date d’appari-tion] ; v. 1534, Bonaventure Des Périers,écrit escarbilhat ; escarbillat, 1648,Scarron). Class. (déjà vx au XVIIe s.) et fam.Vif, éveillé : Il suffira d’être léger | Pour pou-voir entrer en la lice | Rien par faveur, toutpar justice : | Pour les plus escarbillats, j’ai| Ce que les rats n’ont pas mangé (Scarron).

    escarbille [ɛskarbij] n. f. (mot picardo-wallon [attesté, sous la forme escabille, dès1667, Barbier], déverbal de èscrabyî, gratter,néerl. schrabbelen, gratter, racler, dér. deschrabben, mêmes sens ; fin du XVIIIe s.).Petit fragment de charbon incomplètementbrûlé, qui se trouve mêlé aux cendres ouqui s’échappe d’un foyer (principalementd’une locomotive) : Remonté dans mes hau-teurs, j’allais, un livre aux doigts, m’accrou-pir sur le balcon où le train faisait pleuvoirdes escarbilles de velours noir (Duhamel).

    escarbiller [ɛskarbije] v. tr. (de escar-bille ; 1908, Larousse). Débarrasser desescarbilles.

    escarbilleur [ɛskarbijoer] n. m. (deescarbiller ; 1922, Larousse). Appareil ser-vant à séparer les escarbilles des cendres.‖ Personne qui est chargée de ce travail.

    escarbot [ɛskarbo] n. m. (réfection,par croisement avec escargot [v. ce mot],de l’anc. franç. escharbot, escarbot [findu XIe s., Gloses de Raschi], issu, après unchangement de la terminaison, du lat. sca-rabaeus, scarabée ; v. 1460, Villon [escarbotdoré, 1690, Furetière ; escarbot de la farine,1870, Larousse]). Nom usuel de diverscoléoptères de la famille des histéridés.‖ Escarbot doré, cétoine dorée. ‖ Escarbotde la farine, ténébrion.

    • REM. La Fontaine a employé plaisam-ment le mot comme adjectif, au féminin(1668) : La race escarbote.

  • escarboucle [ɛskarbukl] n. f. (altér., parcroisement avec boucle, de l’anc. franç.escarbuncle, escarboucle [1080, Chansonde Roland], de es- [lat. ex-, préf. à valeurdownloadModeText.vue.download 12 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1690

    intensive] et de l’anc. n. carbuncle, mêmesens [1080, Chanson de Roland], lat. car-bunculus, petit charbon, escarboucle,dimin. de carbo, charbon ; XIIe s., Godefroy,au sens 1 ; sens 2, 1770, d’Alembert ; sens3, 1636, Monet). 1. Nom donné autrefois àune pierre précieuse brillant d’un vif éclatrouge, et qui désignait, au Moyen Âge, lerubis et le grenat : Les conquérants avaienttrouvé des barres d’or et des escarboucles(France). ‖ 2. Fig. Objet brillant commeune escarboucle : Houris au coeur de verre,aux regards d’escarboucles (Hugo). ‖ 3. Enhéraldique, pièce embrassant le champ del’écu et formée de huit rais fleurdelisés.

    escarcelle [ɛskarsɛl] n. f. (ital. scar-sella, bourse, proprem. « petite avare »[parce que l’escarcelle peut contenir leséconomies de celui qui la porte], dimin.fém. de scarso, avare, lat. pop. *excarpsus[v. ÉCHARS] ; XIIIe s., au sens 1 [rare av. leXVIe s.] ; sens 2, 1868, A. Daudet). 1. AuMoyen Âge, grande bourse que l’on portaitsuspendue à la ceinture : Quand il passaitentre les pauvres inclinés, il puisait dansson escarcelle (Flaubert). ‖ 2. Fig. et fam.Argent, ressources dont on dispose : Ilsonge à prendre quelque nourriture et semet en quête d’un cabaret à portée de sonescarcelle (Daudet).

    escargot [ɛskargo] n. m. (issu, par chan-gement de suff., de l’anc. franç. escargol[v. 1398, le Ménagier de Paris], provenç.escaragol, altér., sous l’influence des repré-sentants du lat. scarabaeus [v. ESCARBOT],de caragòu, formé, par métathèse, de caca-laou, croisement [survenu sur les côtes duLanguedoc] du gr. kakhlêx, caillou dubord ou du fond de l’eau, et du lat. conchy-lium, coquillage [v. COQUILLE] ; 1549,R. Estienne, au sens 1 [escalier en escargot,1845, Bescherelle] ; sens 2, av. 1850, Balzac).1. Mollusque gastropode terrestre, appeléaussi limaçon et colimaçon, à coquille cal-caire en spirale, herbivore et nuisible auxcultures, et dont certaines espèces sont

  • comestibles : Dans une terre grasse et pleined’escargots, | Je veux creuser moi-même unefosse profonde (Baudelaire). ‖ Aller, mar-cher comme un escargot, aller très lente-ment. ‖ Escalier en escargot, escalier enhélice. ‖ 2. Vx et fam. Sorte de cabriolet :Une de ces charmantes petites voituresbasses, appelées « escargots », doublée desoie gris de lin (Balzac).

    escargotière [ɛskargɔtjɛr] n. f. (deescargot ; 1811, Encycl. méthodique, au sens1 ; sens 2, XXe s.). 1. Lieu où l’on élève desescargots comestibles. ‖ 2. Plat en métal ouen porcelaine où sont ménagées de petitesdépressions, dans lesquelles on dispose lesescargots pour les passer au four.

    escarmouche [ɛskarmuʃ] n. f. (croise-ment de l’anc. franç. escremie, lutte, combat[XIIe s., Godefroy], part. passé fém. subs-tantivé de escremir, s’exercer à l’escrime,

    défendre, garantir [1080, Chanson deRoland — francique *skirmjan, protéger],et du radical de l’anc. v. mu-chier, cacher[XIIe s., v. MUCHER ET MUSSER] — les éclai-reurs et les patrouilles se tenant généra-lement cachés ; av. 1370, J. Le Bel, écritescarmuche [escarmouche, fin du XIVe s.,sous l’influence de mouche, espion], au sens1 [attacher l’escarmouche, 1559, Amyot] ;sens 2, fin du XVIe s., A. d’Aubigné). 1. Légerengagement, localisé et imprévu, entre desdétachements ou des éléments avancés dedeux armées : Dans ce petit simulacre d’es-carmouche, il y a je ne sais quoi de martial(Fromentin). ‖ Class. Attacher une escar-mouche, l’escarmouche, engager la bataille :Il eût bien voulu [...] n’avoir point attachécette escarmouche (Retz). ‖ 2. Fig. Luttelégère ou préliminaire entre personnes,entre puissances : Les premières escar-mouches d’un débat parlementaire.

    • SYN. : 1 accrochage, échauffourée ; 2 duel,joute.

    escarmoucher [ɛskarmuʃe] v. intr. (deescarmouche [v. ce mot] ; v. 1350, J. Le Bel,écrit escarmucher [escarmoucher, v. 1360,Froissart], au sens 1 ; sens 2, 1835, Acad. ;sens 3, fin du XVIIe s., Mme de Sévigné).1. Class. Engager une escarmouche,livrer un combat d’escarmouche : Elle[Mademoiselle] disposa [...] tous les bour-geois [...] à sortir et à escarmoucher (LaRochefoucauld). ‖ 2. Vx. S’opposer dansdes batailles sans gravité : Nous escar-mouchions sur la plage à coups de pierres

  • (Chateaubriand). ‖ 3. Fig. Échanger de vifspropos, se montrer agressif dans la discus-sion : Nous étions là quatre commis, et lesdeux autres [...] m’écoutaient quand j’escar-mouchais avec M. Mazoïer (Stendhal).

    ◊ s’escarmoucher v. pr. (XVe s., au sens de« s’agiter, se débattre » ; sens actuel, 1578,Ronsard). Class. Se livrer des combatsd’escarmouche : Aucun des partis ne sepouvant attaquer [...], l’on se regarda et l’ons’escarmoucha tout le jour (Retz).

    escarmoucheur [ɛskarmuʃoer] n. m. (deescarmoucher [v. ce mot] ; XVe s., Delboulle).Vx. Celui qui est chargé de provoquer uneescarmouche : Noirmoutier [...] sortit aveccinq cents chevaux [...] pour pousser desescarmoucheurs (Retz).

    escarole [ɛskarɔl] n. f. (ital. scariola, esca-role, bas lat. escariola, endive, du lat. class.escarius, qui est bon à manger, dér. de esca,nourriture, de esum, supin de edere, man-ger ; XIIIe s., écrit scariole ; scarole, escarole,XIVe s., Antidotaire Nicolas). Forme vieilliede SCAROLE, nom par lequel on désigne lachicorée scarole.

    escarotique ou escharotique [ɛska-rɔtik] adj. et n. m. (bas lat. escharoticus,qui produit une escarre, gr. eskharôtikos,même sens, de eskharoûn, provoquer laformation d’une croûte sur une plaie, dér.

    de eskhara [v. ESCARRE 1] ; v. 1560, Paré).

    Syn. de CAUSTIQUE.

    1. escarpe [ɛskarp] n. f. (ital. scarpa, talusd’un rempart, du gotique *skarpô, objet quise termine en pointe ; XVIe s., Godefroy, ausens 1 ; sens 2, 1845, Bescherelle). 1. Talusintérieur du fossé d’un ouvrage forti-fié. ‖ 2. En architecture, talus d’un murjusqu’au cordon.

    2. escarpe [ɛskarp] n. m. (déverbal deescarper 2 ; 1800, G. Esnault, au sens de « volavec meurtre » ; sens actuel, 1837, Vidocq).Vx ou littér. Bandit qui n’hésite pas à tuerpour voler : Thénardier était signalé commeescarpe et détenu sous prévention de guet-apens nocturne (Hugo). Les pires escarpesse vantent d’être réguliers (Dorgelès).

    escarpé, e [ɛskarpe] adj. (part. passéde escarper 1 ; 1582, Dict. général). Dontla pente est raide, abrupte : Sur les rivesescarpées, on croyait voir les Normands

  • courant et grimpant (Alain). Oiseau bleu,frémissant et battant de l’aile, tu restes surcette extrême roche escarpée (Gide). ‖ Quiest d’un accès difficile : Chemin escarpé.• SYN. : abrupt, à pic.

    escarpement [ɛskarpəmɑ̃] n. m. (deescarper 1 ; 1701, Furetière, au sens 1 ; sens2, av. 1778, J.-J. rousseau). 1. Pente raided’un terre-plein ou de la muraille d’un rem-part : Les soldats trébuchant dans les mortset les blessés et empêtrés dans l’escarpement(Hugo). ‖ Spécialem. Dans un ouvragefortifié, perpendiculaire qui mesure lahauteur de la crête du glacis au-dessus duplan qui forme le fond du fossé. ‖ 2. Étatde ce qui est escarpé ; pente raide, versantabrupt d’un terrain, d’une montagne :L’escarpement des montagnes, étant trèsrapide, montre en divers endroits le grèsdes rochers (Rousseau). La route se creusaitentre deux escarpements (Gautier). Cetteallée [...] sur laquelle l’escarpement presqueà pic d’une montagne toute proche déversel’ombre foncée de sa verdure plantureuse(Flaubert). ‖ Escarpement de faille, talusraide, au tracé souvent rectiligne, créé parune faille.

    1. escarper [ɛskarpe] v. tr. (de escarpe1 ; v. 1536, M. Du Bellay). Couper droit,de haut en bas, une roche, un terrain, unemontagne, etc. : Ici, le ravin qui escarpe leplateau du centre est déjà à sa naissance(Ségur).

    ◊ s’escarper v. pr. (fin du XVIIe s.,Saint-Simon). Devenir escarpé, abrupt :Le chemin s’escarpe, les arbres deviennentrares (Chateaubriand).

    2. escarper [ɛskarpe] v. tr. (empr. duprovenç. escarper, tailler en pièces [XVIe s.],correspondant du franç. écharper, blessergrièvement [v. ce mot] ; 1800, G. Esnault).Arg. et vx. Assassiner pour voler : Il n’y aplus qu’une chose à faire, l’escarper (Hugo).downloadModeText.vue.download 13 sur 882

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    1691

    escarpin [ɛskarpɛ]̃ n. m. (ital. scarpino,dimin. de scarpa, chaussure, même mot quescarpa, talus d’un rempart [v. ESCARPE 1], labase du rempart — qui fait saillie — ayantété comparée à une espèce de soulier chaus-sant ce rempart [l’ital. scarpa a donné au

  • franç. le mot escarpe, « soulier léger », usitédu milieu du XVIe au début du XVIIe s.] ;1512, J. Lemaire de Belges, écrit escalpin[escarpin, 1564, J. Thierry], au sens 1 ; sens2, écrit escarpin, 1532, Rabelais ; sens 3, findu XVIe s., Littré). 1. Soulier léger et décou-vert, à fine semelle de cuir, avec ou sanstalon : Non, je vais mettre mes escarpinspour aller à la danse ! (Stendhal). ‖ Pop.et vx. Jouer de l’escarpin, s’enfuir rapide-ment, décamper. ‖ Fam. et vx. Escarpins deLimoges, sabots. ‖ 2. Autref. Chausson decuir blanc que l’on mettait dans les mules.‖ 3. Instrument de torture avec lequel oncomprimait les pieds du patient.

    escarpolette [ɛskarpɔlɛt] n. f. (dimin.provenç. de escarpe 1 ; fin du XVIe s., A.d’Aubigné, écrit escarpoulette, au sens de« escarpe de rempart » ; sens actuel [parceque l’objet décrit en se balançant une ligneinclinée rappelant celle de l’escarpe], 1605,Le Loyer, écrit escarpaulette ; escarpolette,av. 1613, M. Régnier). Siège ou planchettesuspendus à deux cordes, et où l’on s’assiedpour se balancer : Pousser l’escarpolette.• SYN. : balançoire.

    1. escarre [ɛskar] n. f. (bas lat. eschara,escarre, gr. eskhara, foyer, brasier,croûte qui se forme sur une plaie ; 1314,Mondeville, écrit eschar[r]e ; escarre, findu XVe s.). Croûte noirâtre qui se forme surla peau, les plaies, etc., par la mortifica-tion des tissus : Chaque jour, ses escarress’étendaient et se creusaient davantage :les omoplates, le siège, les talons n’étaientque plaies noirâtres qui collaient aux lingesmalgré le talc et les pansements (Martindu Gard).

    2. escarre [ɛskar] n. m. (déverbal de l’anc.franç. escarrer, rendre carré [v. ÉQUARRIR] ;v. 1170, Livre des Rois, au sens de « formecarrée » ; sens classique, XVIe s.). Class.Fragment, éclat de métal ou de pierre : Toutainsi que l’escarre enfoncé par le fer d’unepique qui me traverse n’est pas semblableà ce que me fait souffrir en sursaut la balled’un pistolet (Cyrano).

    3. escarre ou esquarre [ɛskar] n. f.(doublet pop. de équerre ; 1690, Furetière).En héraldique, pièce honorable constituéepar une équerre qui isole du champ un descoins de l’écu.

    escarrification [ɛskarifikasjɔ]̃ n. f. (deescarrifier ; 1836, Landais). Production,formation d’une escarre.

  • escarrifier [ɛskarifje] v. tr. (de escarri-,élément tiré de escarre 1, et de -fier, du lat.facere, faire ; 1842, Acad.). Produire, formerune escarre sur.

    eschare n. f. V. ESCARRE 1.

    escharotique adj. et n. m. V.

    ESCAROTIQUE.

    eschatologie [ɛskatɔlɔʒi] n. f. (dér.savant du gr. eskhatos, extrême, dernier,et de -logie, du gr. logos, science, discours ;1864, Littré). Partie de la théologie quitraite des fins dernières de l’homme, dece qui doit suivre sa vie terrestre (résur-rection, jugement dernier, etc.) [eschato-logie individuelle] et de la fin du monde(eschatologie collective).

    eschatologique [ɛskatɔlɔʒik] adj. (deeschatologie ; 1864, Littré). Qui est relatifà l’eschatologie : Un traité eschatologique.

    esche [ɛʃ] n. f. (lat. esca, amorce, appât,proprem. « nourriture » [v. ESCAROLE] ;fin du XIIe s., Geste des Loherains, écritesche ; èche, aiche, XVIIe s.). Tout appât, dequelque nature qu’il soit, que le pêcheurfixe à l’hameçon pour prendre du poissonà l’aide d’une ligne.

    • REM. On écrit aussi ÈCHE et AICHE.

    escher [ɛʃe] v. tr. (de esche ; v. 1175, Chr.de Troyes, écrit aeschier ; 1317, Ordonnanceroyale, écrit esch[i]er ; 1688, Miege, écritécher). Garnir un hameçon d’une esche.

    escient [ɛsjɑ̃] n. m. (tiré de la loc. de l’anc.franç. m[i]en escient, à mon avis, autantque je puis voir ou savoir [1080, Chansonde Roland], lat. médiév. meo sciente, lat.class. me sciente, à mon su, de me, ablatifde ego, moi, et de sciente, ablatif de sciens,-entis, part. prés. de scire, savoir ; fin duXIIe s., Roman d’Alexandre [à son escient, v.1175, Chr. de Troyes ; à bon escient, milieudu XIIe s., au sens class., et 1690, Furetière,au sens actuel]). Vx. Connaissance qu’on ade quelque chose (seulement dans les loc.ci-après). ‖ Vx. À mon, ton, son, votreescient, sciemment, en connaissance decause. ‖ À bon escient, avec discernement,avec à-propos : Intervenir à bon escientdans une discussion ; class., réellement,sérieusement : Nous ne croyons pas à bonescient aux préceptes que nous ont donnés

  • les hommes sages (Malherbe).

    escionner [ɛsjɔne] v. tr. (de é- [lat. ex-,préf. à valeur privative] et de scion ; 1890,Dict. général [le dér. escionnement, ébour-geonnement, est déjà dans Littré, 1864]).Débarrasser les arbres des scions.

    esclaffement [esklafmɑ̃] n. m. (des’esclaffer ; 1901, Larousse). Action de rirebruyamment.

    esclaffer (s’) [sɛsklafe] v. pr. (provenç.esclafá, éclater, de es- [lat. ex-, préf. à valeurintensive] et de l’onomatop. klaff-, var. deklapp- [v. CLAPPER] ; v. 1540, Rabelais, dansla loc. s’esclaffer de rire, rire aux éclats ; s’es-claffer, éclater de rire, av. 1573, Jodelle [lemot n’a guère été usité entre la fin du XVIeet la fin du XIXe s.]). Partir d’un bruyantéclat de rire : Christian bavardait, s’esclaf-

    fait, insistait pour que son maître mangeâtbeaucoup (Chérau).

    • SYN. : éclater, pouffer.

    esclandre [ɛsklɑ̃dr] n. m. (doubletpop. de scandale [v. ce mot] ; v. 1160,Benoît de Sainte-Maure, au sens de « haine,inimitié » ; sens 1, 1353, La Curne ; sens 2,milieu du XVe s., Quinze Joyes de mariage ;sens 3, v. 1380, Aalma). 1. Class. Attaquepar surprise, guet-apens, rixe, incidentfâcheux : Le pauvre loup, dans cet esclandre,| Empêché par son hoqueton | Ne put nifuir ni se défendre (La Fontaine). ‖ 2. Vx.Affaire scandaleuse qui fait un bruitfâcheux, qui compromet la réputation dequelqu’un : J’espère que toute cette affaireva s’en aller en eau de boudin, être étoufféeaprès quelques avertissements et sanctionssans esclandre (Gide). ‖ 3. Incident entrepersonnes, qui éclate en public et prend untour déplaisant : Louisa tremblait qu’il nefût congédié d’un jour à l’autre, après unesclandre (Rolland). Notre père entrepritde raconter, une fois encore, le magnifiqucesclandre dont il se montrait fort glorieux(Duhamel). Causer, faire un esclandre.‖ Faire de l’esclandre, faire du scandale,causer du désordre.

    • SYN. : 3 éclat, grabuge (fam.), pétard (pop.),scène, tapage.

    • REM. Esclandre est auj. du masculin. AuXVIIe s., le genre de ce mot est incertainet l’on trouve des emplois du masculinet du féminin ; certains auteurs le font

  • encore féminin au XIXe s. : Et voici uneesclandre telle que peut-être le marquisCrescenzi en sera effrayé et le mariagerompu (Stendhal).

    esclavage [ɛsklavaʒ] n. m. (de esclave ;1577, Vigenère, au sens 1 ; sens 2, 1672,Racine ; sens 3, 1642, Corneille ; sens 4,1690, Furetière ; sens 5, 1704, Trévoux).1. État, condition de l’esclave ; organisa-tion sociale qui admet l’existence d’uneclasse d’esclaves : Comme tous les hommesnaissent égaux, il faut dire que l’esclavageest contre la nature (Montesquieu). Ce sontdes hymnes chrétiens du temps de l’escla-vage, des cantiques douloureux (Duhamel).‖ Réduire en esclavage, soumettre à lacondition d’esclave. ‖ 2. État d’une per-sonne qui est soumise à une autorité tyran-nique, à un régime politique despotique ;privation de liberté : Que peut devenir lasociabilité humaine entre un prince que ledespotisme hébète et un paysan que l’escla-vage abrutit ? (Hugo). ‖ Spécialem. et lit-tér. État d’une personne qui, par amour, sesoumet aux volontés d’une autre. ‖ 3. Étatd’une personne qui subit sans réagir l’em-pire d’une chose : Vivre dans l’esclavaged’une passion. Des livres m’avaient mon-tré chaque liberté provisoire, et qu’elle n’estjamais que de choisir son esclavage (Gide).‖ L’esclavage de la rime, pour le poète, lanécessité de soumettre sa pensée au choixdes rimes. ‖ 4. Occupation qui assujet-downloadModeText.vue.download 14 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1692

    tit, laisse peu de liberté ou de loisir : Il aaccepté des fonctions qui sont un véritableesclavage. ‖ 5. Parure consistant soit enun bracelet métallique placé autour dupoignet et relié par une chaînette à unautre bracelet placé au haut du bras, soiten une bague portée au petit doigt, soiten un collier descendant en demi-cerclesur la poitrine : Je lui ai donné ma jean-nette d’or, mon esclavage, mon épinglette(Barbey d’Aurevilly).

    • SYN. : 1 ilotisme, servage, servitude ;2 asservissement, assujettissement,joug, oppression, soumission ; 3 chaîne,contrainte, fers, sujétion, tyrannie ; 4 car-can (fam.), collier.

    esclavager [ɛsklavaʒe] v. tr. (de escla-

  • vage ; 1876, A. Daudet). Vx. Rendre esclave(rare) : Pour donner un peu plus de repos etde bon air à la pauvre Antigone, esclavagéepar la candidature perpétuelle de son père(Daudet).

    • REM. On a dit aussi ESCLAVER : Esclavépar son charme (Barbey d’Aurevilly).

    esclavagisme [ɛsklavaʒism] n. m. (deesclavagiste ; 1877, Darmesteter, au sens1 ; sens 2, 1930, Larousse). 1. Doctrine,système qui admet l’esclavage ; état socialfondé sur l’esclavage. ‖ 2. État des sociétésde certaines fourmis qui pillent les nidsd’autres espèces pour former des esclaves.

    esclavagiste [ɛsklavaʒist] n. et adj.(de esclavage ; 1864, Littré). Qui est par-tisan de l’esclavage des Noirs : La guerrede Sécession, aux États-Unis, opposa lesÉtats esclavagistes du Sud aux États abo-litionnistes du Nord. Les esclavagistes et lesantiesclavagistes.

    ◊ adj. (1870, Larousse). Qui admet l’escla-vage ; qui est fondé sur l’existence d’uneclasse d’esclaves : Doctrines esclavagistes.Société esclavagiste.

    esclave [ɛsklav] n. et adj. (lat. médiév.sclavus, autre forme de slavus, proprem.« slave » [les Germains, pendant le hautMoyen Âge, avaient réduit de très nom-breux Slaves en esclavage] ; v. 1160,Benoît de Sainte-Maure, au sens 1 ; sens2-3, 1608, M. Régnier [« amant dévoué »,1661, Corneille] ; sens 4, 1640, Corneille ;sens 5, 1690, Furetière). 1. Qui n’est pas decondition libre, qui appartient à un maître :Le vaincu était massacré ou esclave pour lavie (Vigny). Je veux m’y faire planteur, avoirdes esclaves (Balzac). C’était une esclavecarienne, qu’un roi avait donnée jeune auchanteur (France). ‖ 2. Qui subit une auto-rité tyrannique, un pouvoir despotique :J’irai mourir ou vaincre avec cet homme[...] qui voulut nous laver du mépris quenous jettent même les plus esclaves et lesplus vils parmi les habitants de l’Europe(Stendhal). Un peuple esclave. ‖ 3. Quise soumet servilement à la volonté, auxcaprices de quelqu’un : Qui est plus esclavequ’un courtisan assidu, si ce n’est un cour-

    tisan plus assidu ? (La Bruyère). De làvient une faiblesse qui abâtardit l’hommeet lui communique je ne sais quoi d’esclave(Balzac). Une femme esclave de ses enfants.‖ Spécialem. Personne qui, par amour, se

  • soumet entièrement aux volontés d’uneautre : Ne reconnaissez-vous donc plus votrefidèle esclave ? (Balzac). ‖ En esclave, avecune soumission aveugle. ‖ 4. Qui subitl’empire de quelque chose au point d’alié-ner toute liberté : L’homme est le plus par-fait esclave de l’habitude (Baudelaire). Encroyant me libérer, je devenais de plus enplus esclave de mon orgueil (Gide). J’achèvede vivre [...], esclave de plusieurs maniesdégoûtantes (Mauriac). ‖ Être esclave desa parole, tenir scrupuleusement ses pro-messes. ‖ 5. Qui n’a pas un moment deliberté, de loisir : Un médecin que sa pro-fession rend esclave.

    • SYN. : 1 ilote, serf.

    esclaver v. tr. V. ESCLAVAGER.

    esclavon [ɛsklavɔ]̃ n. m. (bas lat. scla-vonus, var. de sclavinus, de l’Esclavonie ;XIIIe s., aux sens de « cheval slave » et de« habitant de l’Esclavonie » ; sens moderne,1870, Larousse). Nom donné jadis auxdialectes slaves parlés en Esclavonie, ouSlavonie, et qu’on groupe maintenant sousle terme général de serbo-croate. (On ditauj. SLAVON.)

    escobar [ɛskɔbar] n. m. (du n. de AntonioEscobar y Mendoza, célèbre jésuite etcasuiste espagnol [1589-1669] ; 1656,Pascal). Vx et péjor. Personnage hypocrite,qui use d’arguments subtils et de restric-tions mentales pour accorder sa conscienceavec ses passions ou ses intérêts.

    escobarder [ɛskɔbarde] v. intr. (de esco-bar ; v. 1790, G. de Mirabeau). Vx. Userdes subtilités de la casuistique (réticences,restrictions mentales, etc.).

    ◊ v. tr. (fin du XVIIe s., Saint-Simon). Vx.Obtenir quelque chose par habileté, partromperie : C’est ainsi qu’on escobardait lessurvivances depuis que le roi n’en voulaitplus donner que des charges de secrétaired’État (Saint-Simon).

    escobarderie [ɛskɔbardəri] n. f. (de esco-barder ; av. 1783, d’Alembert). Vx. Fourberieque l’on déguise au moyen d’argumentssubtils, de restrictions mentales ; habiletéde casuiste : Vous avez un système de filou-terie politique qui sera retourné contre vous,car la France se lassera de ces escobarderies(Balzac).

    escoffier ou escofier [ɛskɔfje] v. tr.

  • (provenç. escoufia, tuer, supprimer, issu,par changement de conjugaison, de escoufi,mêmes sens, lat. pop. *exconficere, de ex-,préf. à valeur intensive, et de conficere, faireintégralement, venir à bout de [v. CONFIRE] ;1796, G. Esnault). Pop. Tuer, assassiner :Quand j’ai entendu pif ! pif ! je me suisdit : Sacrebleu ! ils escofient mon lieute-

    nant (Mérimée). Que ce vieux bougre aitété proprement escoffié, cela ne fait aucundoute (Duhamel).

    escoffion [ɛskɔfjɔ]̃ n. m. (ital. scuffione,dér. de scuffia, coiffe, de s- [lat. ex-, préf. àvaleur intensive] et de cuffia, coiffe, bas lat.cofia [v. COIFFE] ; milieu du XVIe s., Ronsard[var. scofion, 1558, J. Du Bellay]). Anciennecoiffure de femme, formée d’une résillede ruban, portée au XVIe s. à la ville et à lacour, puis devenue, au XVIIe s., une coiffurepaysanne : D’abord leurs escoffions ont volépar la place (Molière).

    escogriffe [ɛskɔgrif] n. m. (peut-être motde la famille de griffer [mais l’origine desdeux premières syllabes reste obscure] ;1611, Cotgrave). Fam. Gaillard de grandetaille et malbâti : Un grand escogriffe bleuet or me demanda mon nom (Daudet).

    escomptable [ɛskɔt̃abl] adj. (de escomp-ter ; 1867, d’après Littré, 1877). Qui peut êtreescompté : Une traite escomptable.

    escompte [ɛskɔt̃] n. m. (ital. sconto,décompte, de scontare [v. l’art. suiv.] ; 1597,Savonne, écrit esconte [escompte, XVIIIe s.],aux sens 1-2 ; sens 3, 1870, Larousse).1. Opération de crédit à court terme,consistant à acheter un effet de commerceavant son échéance, sous déduction d’unintérêt convenu pour le temps que l’effeta à courir. ‖ Par extens. Retenue que faitl’acheteur de l’effet de commerce sur sonmontant. ‖ Escompte en dehors, intérêtde la valeur nominale du billet pendantle temps qui reste à courir. ‖ Escompte endedans, différence entre la valeur nomi-nale du billet et sa valeur actuelle. ‖ Tauxd’escompte, taux appliqué au calcul d’unescompte donné ; taux général appliquédans toutes les opérations d’escompte àun moment déterminé et sur un marchédonné. ‖ Règle d’escompte, en arithmé-tique, règle qui donne la solution des ques-tions relatives à l’escompte. ‖ 2. Réductionconsentie au débiteur qui s’acquitte de sadette avant l’échéance. ‖ 3. Faculté accor-dée à l’acheteur d’une valeur à terme de se

  • la faire livrer avant l’échéance moyennantpaiement du prix convenu.

    escompter [ɛskɔt̃e] v. tr. (ital. scon-tare, proprem. « décompter », de s- [lat.ex-, préf. à valeur privative] et de contare,compter, lat. computare [v. COMPTER] ;1675, J. Savary, au sens 1 ; sens 2, av. 1763,Panard ; sens 3, fin du XIXe s.). 1. Payer uneffet de commerce avant l’échéance, déduc-tion faite d’une retenue : Escompter unetraite. ‖ 2. Fig. et vx. Employer d’avancel’argent qu’on attend de quelque chose :Escompter un héritage. ‖ Par extens. etvx. Consommer prématurément, jouird’avance : Escompter son avenir, sa jeu-nesse. ‖ 3. Fig. Compter sur, prévoir : Mais,escomptant aussitôt le plaisir que je tireraisdes félicitations de Rose, je l’imaginai simince que cela m’arrêta (Gide). Sagement,downloadModeText.vue.download 15 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1693

    ils ont escompté combien de fiançailles offi-cielles à lointaines échéances troubleraientleur longue passion (Colette).

    • SYN. : 3 attendre, espérer, supputer, tablersur (fam.).

    escompteur [ɛskɔt̃oer] n. m. et adj. (deescompte ; 1548, Rabelais, au sens de « mar-chand qui vend avec une remise » ; sensactuel, 1845, Bescherelle [le mot ne semblepas être attesté aux XVIIe et XVIIIe s.]). Celuiqui escompte des effets de commerce :Gobseck, l’escompteur, le jésuite de l’or(Balzac).

    escopette [ɛskɔpɛt] n. f. (ital. schiop-petto, dimin. de schioppo, arme à feu, lat.stloppus [var. scloppus], bruit qu’on fait enfrappant sur une joue gonflée, d’origineonomatopéique ; v. 1525, Voyage d’AntoinePigaphetta, écrit [es]-chopette ; escouppette,fin du XVIe s., A. d’Aubigné ; escopette,XVIIe s.). Terme général pour désigner,du XVe au XVIIIe s., diverses armes à feuportatives dont la bouche était évasée :Bentaboulech, Laboulbène, des noms quisemblaient jaillir de la gueule d’une esco-pette (Daudet).

    escorte [ɛskɔrt] n. f. (ital. scorta, pro-prem. « action de guider », dér. de scor-gere, montrer, guider, lat. pop. *excorrigere,

  • mêmes sens, de ex-, préf. à valeur intensive,et de corrigere, redresser [v. CORRIGER] ;début du XVIe s., au sens 1 ; sens 2, 1690,Furetière ; sens 3, 1665, La Fontaine ;sens 4, fin du XVIe s., Brantôme). 1. Petitetroupe armée qui accompagne quelqu’unou quelque chose pour le protéger ou legarder : Des fourgons chargés, marchantsous escorte (Fromentin). ‖ Spécialem.Troupe en armes qui accompagne unpersonnage important : L’escorte d’ungénéral. ‖ 2. Dans la marine, ensembledes navires de guerre accompagnant uneescadre ou un convoi pour les protéger : Uncroiseur d’escorte. ‖ 3. Suite de personnesaccompagnant une personne d’un rangélevé dans ses déplacements : Un ministresuivi d’une escorte de secrétaires. ‖ Paranal. Personnes qui en accompagnent uneou plusieurs autres : Il arriva avec touteune escorte de collègues. ‖ Faire escorteà quelqu’un, l’accompagner. ‖ 4. Fig. etlittér. Ensemble de choses ou de notionsqui accompagnent ordinairement quelquechose : Le printemps et son escorte de fleurset de verdure.

    escorter [ɛskɔrte] v. tr. (de escorte ; débutdu XVIe s., au sens 1 ; sens 2, 1690, Furetière ;sens 3, 1669, Montfleury). 1. Accompagnerpour garder ou protéger : Gendarmes quiescortent un prisonnier. ‖ 2. Accompagnerpour honorer : Escorter un prince. ‖ 3. Fig.Entourer, aller de compagnie avec : Lesvivats de la foule ont escorté le cosmonautejusqu’à son départ.

    escorteur [ɛskɔrtoer] n. m. (de escorter ;XXe s.). Dans la marine, navire ou avion

    qui fait partie d’une escorte protégeant unbateau ou un convoi. ‖ Spécialem. Typede bâtiment léger pour la protection descommunications maritimes.

    escot [ɛsko] n. m. (altér. de [serge façond’] Ascot [milieu du XVIe s.], de Aerschot,n. de la ville du Brabant où se fabriquaitcette étoffe ; 1829, Boiste [serge d’escot,1568, Dict. général]). Étoffe croisée de laine,sorte de serge, employée surtout pour lesrobes de deuil et pour celles des religieuses.

    escouade [ɛskwad] n. f. (var. de escadre[v. ce mot] ; v. 1500, Auton, écrit escoadre[esquade, 1553, Anciennes poésies fr. ;escouade, v. 1570, Carloix], au sens 1 ; sens2, 1870, Larousse). 1. Naguère, fractiond’une section d’infanterie, d’un pelotonde cavalerie : Il fit le serment de ne plus

  • boire et tint parole malgré les plaisante-ries de son escouade (Daudet). ‖ 2. Petitgroupe de personnes rassemblées autourde quelqu’un : Il y a presque toujours autourd’un évêque une escouade de petits abbés,comme autour d’un général une volée dejeunes officiers (Hugo).

    escoupe n. f. V. ÉCOPE.

    escourgée [ɛskurʒe] ou écourgée[ekurʒe] n. f. (de é-, es- [lat. ex-, préf. àvaleur intensive], et de l’anc. franç. cor-giee, fouet muni d’une courroie [XIIe s.], lat.pop. *corrigiata, dér. du lat. class. corrigia,courroie, fouet ; v. 1175, Chr. de Troyes,écrit escorgiee [escourgée, XIVe s. ; écour-gée, 1677, Miege], au sens 1 ; sens 2, 1611,Cotgrave, écrit escourgée [écourgée, fin duXVIIe s.]). 1. Class. Fouet de lanières de cuir :En les faisant déchirer avec des fouets etdes escourgées de cuir de taureau (Saci).‖ 2. Class. Coup de fouet : Choeur et héross’en allant chargés d’escourgées (Boileau).

    1. escourgeon [ɛskurʒɔ]̃ n. m. (deé- [lat. ex-, préf. à valeur intensive] et del’anc. franç. co[u]rjon, courroie [v. 1175,Chr. de Troyes], lat. pop. *corrigionem,accus. de *corrigio, dér. du lat. class. corri-gia, courroie ; v. 1330, Baudoin de Sebourg,écrit escorgeon, au sens de « fouet » ; écritescourgeon, au sens moderne, 1797, Gattel).Vx. Lanière du fléau utilisé autrefois pourbattre les céréales.

    2. escourgeon [ɛskurʒɔ]̃ ou écour-geon [ekurʒɔ]̃ n. m. (même étym. qu’àl’art. précéd. [chacun des six rangs d’épil-lets de la plante ressemble à une courroieronde] ; 1269, Godefroy, écrit secourjon ;1549, R. Estienne, écrit scourjon ; escour-geon, 1600, O. de Serres ; écourgeon, 1864,Littré). Variété d’orge hâtive, semée enautomne.

    escousse [ɛskus] n. f. (de l’anc. v. esco[u]rre,secouer, agiter, battre [v. 1120, Psautier deCambridge], lat. excutere, faire sortir outomber en secouant, de ex-, préf. marquantle mouvement de l’intérieur vers l’extérieur,et de quatere, secouer, agiter ; v. 1160, Benoît

    de Sainte-Maure, écrit escosse, au sens de« rescousse » ; écrit escousse, au sens clas-sique, XIVe s. [le -s-, purement graphiquedepuis le XIVe s., a été rétabli dans la pro-nonciation au XVIe s.]). Class. Mouvementpar lequel on prend de l’élan : Ne me prenezpas de si loin votre escousse pour être en

  • peine (Sévigné).

    escrime [ɛskrim] n. f. (anc. ital. scrima,escrime, empr. de l’anc. provenç. escrima,déverbal de escrimar, var. de escremir, v.empr. à l’anc. franç. escremir, s’exercer à l’es-crime, défendre, garantir [1080, Chansonde Roland], francique *skirmjan, protéger[escrime a éliminé l’anc. franç. escremie,lutte, combat — XIIe s., Godefroy —, dér. deescremir, lorsque l’art de l’escrime italiennes’est répandu en Europe] ; fin du XIVe s.,Chronique de Boucicaut, au sens 1 ; sens2, av. 1613, M. Régnier). 1. Art de manierle fleuret, l’épée ou le sabre ; exercicepar lequel on apprend cet art : Un maîtred’escrime. ‖ 2. Fig. Lutte serrée entredeux adversaires ; discussion difficile : Iln’ignore que l’escrime, parce qu’il n’aimepas les pointes (Nerval). Je vais m’exercerseul à ma fantasque escrime (Baudelaire).‖ Class. Être hors d’escrime, être à bout deraisons, hors de combat : Voici le coup fatalqui nous met hors d’escrime, | Et nous voilàtombés d’un gouffre en un abîme (Rotrou).

    escrimer [ɛskrime] v. intr. (de escrime ;milieu du XVIe s., au sens 1 ; sens 2, 1654,La Fontaine). 1. Vx. S’exercer à l’escrime,faire de l’escrime. ‖ 2. Vx et fam. Manierun objet comme on ferait d’une épée :Escrimer avec un tisonnier.

    ◊ s’escrimer v. pr. (sens 1, av. 1854, Nerval ;sens 2, 1534, Rabelais). 1. Vx. Se battre enduel, à l’épée : Ils s’arrêtèrent sur l’empla-cement d’un jeu de boules, qui leur parutun terrain très propre à s’escrimer commo-dément (Nerval). ‖ 2. Fig. S’appliquer, fairetous ses efforts dans une lutte, une dis-cussion ou dans un exercice quelconque :S’escrimer sur une machine à écrire.S’escrimer à traduire un texte.

    • SYN. : 2 s’acharner, s’efforcer, s’évertuer,s’ingénier.

    escrimeur, euse [ɛskrimoer, -øz] n.(de escrime ; XVe s.). Personne qui s’exerceou qui excelle à l’escrime : Il était adroitescrimeur et excellent cavalier (Mérimée).

    escroc [ɛskro] n. m. (ital. scrocco, écor-nifleur, de scroccare [v. l’art. suiv.] ; 1640,Oudin, au sens de « écornifleur » ; sensactuel, milieu du XVIIe s.). Individu quiescroque, qui a l’habitude d’escroquer :Les tables d’hôte, dont le jeu fait les délices,| S’emplissent de câlins et d’escrocs, leurscomplices (Baudelaire).

  • • SYN. : aigrefin, estampeur, filou, forban,fripon, fripouille, voleur.

    escroquer [ɛskrɔke] v. tr. (de l’ital. scroc-care, écornifler, de s- [lat. ex-, préf. mar-downloadModeText.vue.download 16 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1694

    quant un mouvement d’éloignement] et decrocco, croc [de même origine que le franç.croc, v. ce mot], proprement « décrocher »,ou dér. de l’onomatop. krokk- [v. CROQUER] ;1597, Dict. général, au sens 1 [pour unrepas] ; sens 2. fin du XVIe s., A. d’Aubigné).1. Escroquer quelque chose,se l’approprierindûment par des manoeuvres malhon-nêtes : Un comptable accusé d’avoir escro-qué des millions. Escroquer de l’argent à desmal-logés. ‖ Par anal. Se procurer quelquechose par ruse ou par surprise : Escroquerune signature. C’est toi, toi seule dont jeveux savoir si tu m’as escroqué la tendresse !(Estaunié). ‖ 2. Escroquer quelqu’un, abu-ser de sa confiance pour s’approprier sonbien : Escroquer des vieillards.

    • SYN. : 1 dérober, extorquer, filouter (fam.),soustraire, soutirer ; 2 dépouiller, empiler(fam.), exploiter, flouer (fam.), gruger, rouler(fam.), voler.

    escroquerie [ɛskrɔkri] n. f. (de escro-quer ; 1690, Furetière, au sens général ;au sens jurid., 1810, Code pénal). Actiond’escroquer ; résultat de cette action.‖ Spécialem. Délit consistant à user detromperie ou de manoeuvres fraudu-leuses pour s’approprier le bien d’autrui :L’émission d’un chèque sans provision estune escroquerie.

    • SYN. : carambouillage (fam.), filouterie,grivèlerie, malversation, vol.

    escroqueur, euse [ɛskrɔkoer, -øz] n. (deescroquer ; 1558, J. Du Bellay). Vx. Personnequi escroque, qui a l’habitude d’escroquer :La satanée escroqueuse (Goncourt).

    escudo [ɛskydo] n. m. (mot portug. etesp., de même origine que le franç. écu[v. ce mot] ; 1877, Littré, aux sens 1-2).1. Ancienne monnaie espagnole d’or oud’argent, correspondant à l’écu français.‖ 2. Auj. Unité monétaire du Portugal et

  • du Chili.

    esculape [ɛskylap] n. m. (lat. Aesculapius,Esculape [dieu de la Médecine], du gr.Asklêpios ; 1690, Boileau, au sens I ; sensII, 1864, Littré).

    I. Vx et fam. Médecin.

    II. Nom d’une couleuvre.

    esculine [ɛskylin] n. f. (du lat. esculus, var.de aesculus, chêne rouvre ; 1864, Littré).Extrait de l’écorce de marron d’Inde, dontles propriétés sont analogues à celles de lavitamine P.

    ésérine [ezerin] n. f. (de ésère, fève deCalabar [1870, Larousse], de éséré, mêmesens, mot d’une langue de l’Afrique équa-toriale ; 1870, Larousse). Alcaloïde de lafève de Calabar, très toxique, utilisé contrecertaines gastralgies.

    esgourde [ɛzgurd] n. f. (croisement degourde, courge [v. ce mot], et de escoute,oreille [1725, Granval ; escoule, 1632,Chereau], déverbal de escouter, forme

    anc. de écouter [v. ce mot], les oreillesayant été comparées aux larges feuillesde la courge ; 1867, Delvau [var. esgourne,1833, G. Esnault]). Pop. Oreille : Si tu voisles Boches, appelle-moi vite, qu’on aille leurcouper les esgourdes (Dorgelès).

    esgourder [ɛzgurde] v. tr. (de esgourde ;1878, L. Rigaud). Pop. Écouter.

    eskuara n. m. V. EUSKARA.

    ésociculture [ezɔsikyltyr] n. f. (de ésoci-,élément tiré de ésoce, n. scientif. du brochet[1787, Encycl. méthodique] — lat. esox, -ocis,sorte de brochet — et de culture ; 1952,Larousse). Élevage du brochet.

    ésopique [ezɔpik] adj. (de Ésope, n. d’unfabuliste grec [lat. Aesopus, gr. Aisôpos], oubas lat. aesopicus, ésopique [gr. aisôpikos],dér. de Aesopus, Aisôpos ; 1864, Littré). Quiest dans la tradition d’Ésope : Une fableésopique.

    ésotérique [ezɔterik] adj. (gr. esôte-rikos, de l’intérieur, de l’intimité, réservéaux seuls adeptes, de esôteros, plus inté-rieur, plus intime, dér. de esô, à l’intérieur ;1755, Encyclopédie, au sens 1 ; sens 2, 1888,Larousse). 1. Qui est l’objet d’un enseigne-

  • ment réservé aux seuls initiés (par opposi-tion à exotérique) : La doctrine exotériquequi n’est qu’une préparation à la véritéésotérique (Maeterlinck). ‖ Spécialem. Sedit de doctrines, de connaissances de laphilosophie grecque qui étaient transmisesaux seuls adeptes qualifiés : L’enseignementésotérique de Platon. ‖ 2. Se dit de touteconnaissance, de toute oeuvre, de toutechose qui est incompréhensible pour celuiqui n’est pas initié : Il tirait une chaise,s’asseyait, décrivait dans l’air, avec sonindex noueux, quelque signe ésotérique(Duhamel). Poésie ésotérique. ‖ Par extens.Se dit d’une personne dont l’oeuvre estdifficilement interprétable : Un écrivainésotérique.

    • SYN. : 2 abscons, abstrus, cabalistique,hermétique, mystérieux, sibyllin.

    ésotérisme [ezɔterism] n. m. (de ésoté-rique ; 1845, Bescherelle, au sens 1 ; sens 2,1888, Larousse [art. ésotérique]). 1. Partiede la philosophie pythagoricienne, caba-liste ou autre, qui devait rester inconnuedes non-initiés. ‖ 2. Caractère de ce quirequiert une initiation particulière pourêtre compréhensible : La syntaxe et l’élé-vation morale le faisaient ressembler à unphilosophe grec qui eût lâché l’ésotérismepour se mettre davantage à la portée de lavie courante (Miomandre). L’ésotérismed’un ensemble sculptural. ‖ Par extens.Caractère d’un auteur dont l’oeuvre est trèsdifficilement compréhensible : L’ésotérismed’un philosophe, d’un poète.

    • SYN. : 2 hermétisme.

    ésouchement n. m., ésoucher v. tr.

    V. ESSOUCHEMENT, ESSOUCHER.

    espace [ɛspas] n. m. (lat. spatium, champde course, carrière, arène, étendue, dis-tance, temps, délai, répit ; v. 1155, Wace,au sens II, 5 ; sens I, 1-2, av. 1650, Descartes ;sens I, 3, v. 1361, Oresme ; sens I, 4, v. 1930 ;sens II, 1-2, 1314, Mondeville ; sens II, 3, v.1660, Pascal ; sens II, 4, v. 1636, Descartes).

    I. ESPACE GÉOMÉTRIQUE ET SCIENTI-FIQUE. 1. Étendue idéale indéfinie, milieusans bornes contenant toutes les éten-dues finies et tous les corps existants ouconcevables : L’espace est un corps ima-ginaire comme le temps un mouvementfictif. Dire « dans l’espace », « l’espace estempli de », c’est définir un corps (Valéry).

  • ‖ 2. Étendue indéfinie à trois dimen-sions, objet de la géométrie dans l’espace,par opposition à la géométrie plane, quin’étudie que les figures tracées sur unesurface à deux dimensions. ‖ 3. Distanceentre deux points : Dans un mouvementuniforme, les espaces parcourus sont pro-portionnels aux temps mis à les parcourir.‖ 4. Espace-temps, selon la théorie de larelativité, milieu à quatre dimensions,obtenu en ajoutant aux trois coordonnéesd’un point d’un espace ordinaire à troisdimensions une quatrième coordonnéereprésentant l’écoulement continu dutemps en ce point.

    II. ESPACE SENSIBLE, CONCRET. 1. Dans lelangage courant, étendue superficielle etlimitée, ou intervalle entre deux points :La maison occupe un grand espace parrapport à la superficie totale du terrain.‖ Spécialem. En musique, intervalleentre deux lignes voisines de la portée.‖ En anatomie, nom donné à certainesrégions, à certains orifices, à certainsinterstices : Espace intercostal. ‖ Espacesverts, surfaces réservées aux parcs et jar-dins dans une agglomération. ‖ Espacevital (loc. traduite de l’allem. Lebens-raum), étendue de territoire revendiquéepar un pays pour satisfaire à son expan-sion démographique ou économique.‖ 2. Étendue considérée dans ses troisdimensions ; volume limité, déterminé :Une vue sur deux ou trois arbres occupantun certain espace, qui permet à la fois derespirer et de se délasser l’esprit (Ner-val). ‖ Spécialem. Étendue des airs : Sesmanches blanches font vaguement par l’es-pace | Des signes fous (Verlaine). ‖ Regardperdu dans l’espace, regard vague qui nese fixe nulle part. ‖ 3. En astronautique,région extra-atmosphérique qui séparela Terre des autres astres, ou les astresles uns par rapport aux autres : L’espacecosmique. La conquête de l’espace. Voldans l’espace. ‖ 4. Vx. Espaces imagi-naires, dans l’ancienne philosophie, ré-gions idéales, chimériques, en dehors dela sphère du monde, conçues par l’ima-gination : Un monde que je ferai naîtredans les espaces imaginaires (Descartes).‖ 5. Class. Durée, laps de temps : MaisdownloadModeText.vue.download 17 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1695

  • derechef, de grâce, | Cesse de me gêner du-rant ce peu d’espace (Corneille). ‖ Auj. Enl’espace de, ou dans l’espace de, pendantla durée de : Il a écrit son livre en l’espaced’un mois. Il faut étendre dans l’espaced’environ deux années cette peinture deshommes et de la société (Chateaubriand).• SYN. : I, 3 écartement, espacement, inter-stice, intervalle. ‖ II, 1 superficie, surface ;2 champ, étendue ; air, atmosphère, ciel,éther (poétiq.).

    ◊ n. f. (1680, Richelet). En imprimerie,petite lame de métal dont on se sert pourséparer les mots.

    espacement [ɛspasmɑ̃] n. m. (de espa-cer ; 1680, Richelet, au sens 1 ; sens 2, 1798,Acad.). 1. Action d’espacer ; distance entredeux choses : Il faudra élargir l’espacementdes plates-bandes. ‖ 2. En imprimerie,intervalle laissé entre les mots ou les lettresd’une même ligne : Un espacement régulier.• SYN. : 1 écart, écartement.

    espacer [ɛspase] v. tr. (de espace ; 1417,Dict. général, au sens 1 [en imprimerie,1694, Acad.] ; sens 2, 1870, Larousse).[Conj. 1 a.] 1. Séparer, dans l’espace, parun intervalle, disposer en ménageantune distance entre les différents objets :Ils suivaient des lignes de maisons brisées,espacées de jardins (Goncourt). Quellebelle route [...] large, bien entretenue, avecses bornes kilométriques, ses petits tas depierres régulièrement espacés (Daudet).Espacer davantage les convives autour d’unetable. ‖ Spécialem. En imprimerie, mettredes espaces entre les lettres, les mots d’unemême ligne. ‖ 2. Séparer par un intervallede temps : Espacer ses visites, ses repas.

    • SYN. : 1 détacher, échelonner. — CONTR. :1 joindre, juxtaposer, masser, rapprocher,serrer, tasser.

    ◊ s’espacer v. pr. (sens 1, fin du XVIe s. ; sens2-3, fin du XVIIe s., Saint-Simon ; sens 4, 1870,Larousse). 1. Vx. S’éloigner : Espace-toi,Maurin, tire-toi de là (Aicard). ‖ 2. Class.S’étendre, se déployer : Louis de Badeavait jeté un pont de bateaux sur le Rhin àHagenbach, et de là s’était espacé en Alsacepar corps séparés (Saint-Simon). ‖ 3. Class.S’étendre sur un sujet de conversation, par-ler abondamment et librement : Brissac luiconta ce qu’il avait fait, non sans s’espacersur la piété des dames de la Cour (Saint-Simon). ‖ 4. Être espacé, être disposé dedistance en distance : De larges habita-

  • tions s’espaçaient ensuite dans les jardins(Flaubert).

    espace-temps n. m. V. ESPACE.

    espade [ɛspad] n. f. (ital. spada, épée, demême origine que le franç. épée [v. ce mot] ;av. 1553, Rabelais, au sens de « épée » ; sensactuel, 1747, Duhamel du Monceau). Lattede bois pour battre le chanvre avant de lepeigner.

    espader [ɛspade] v. tr. (de espade ; 1747,Duhamel du Monceau). Battre le chanvreavec une espade.

    espadon [ɛspadɔ]̃ n. m. (ital. spadone,grande épée, augmentatif de spada [v.ESPADE] ; fin du XVIe s., A. d’Aubigné,au sens 1 ; sens 2, 1694, Th. Corneille).1. Grande et large épée à deux tranchants,en usage du XVe au XVIIe s., et qu’on tenaitgénéralement à deux mains : QuelquesTroyens armés furent vus avec hallebardes,espadons, mousquets et fusils (Scarron).‖ 2. Poisson osseux des mers chaudes,dont la mâchoire supérieure est allongéecomme une lame d’épée : Le rat du Nil tuele crocodile, l’espadon tue la baleine, le livretuera l’édifice (Hugo).

    espadrille [ɛspadrij] n. f. (altér. deespardille, sandale de spart [1723, Savarydes Bruslons], empr. de espardillo, motdes parlers du Roussillon, dér. de l’anc.provenç. espart, sparterie [1439, Pansier],lat. spartum, spart [sorte de jonc], corde enspart, gr. sparton ; 1793, Brunot). Chaussureà semelle de spart tressé, ou de corde, età empeigne de toile : Il s’habilla en unin stant : pantalon, chandail, des espadrilles(Malraux).

    espagnol [ɛspaɲɔl] adj. et n. (lat. pop.*hispaniolus, espagnol, du lat. class. his-panus, même sens [qui, abrégé en spanusà l’époque impériale, avait donné espanen anc. franç., 1080, Chanson de Roland] ;XIVe s., écrit espaignol ; espagnol, XVe s.).Relatif à l’Espagne ; habitant ou originairede ce pays.

    ◊ espagnol n. m. (XVIIe s.). Langue parléeen Espagne et dans la plupart des pays del’Amérique latine.

    ◊ espagnole n. f. (sens 1, 1611, Cotgrave ;sens 2, 1864, Littré [d’abord sauce à l’espa-gnole, 1767, la Cuisinière bourgeoise]). 1. Àl’espagnole, à la manière des Espagnols :

  • D’une scène locale assez basse, il [le Greco]fait se lever d’infinies puissances de senti-ments à l’espagnole (Barrès). ‖ 2. Coulis desauce brune qui entre dans la préparationde diverses sauces.

    espagnolade [ɛspaɲɔlad] n. f. (de espa-gnol ; 1611, Cotgrave, au sens de « fan-faronnade » ; sens actuel, XXe s.). OEuvreartistique ou littéraire à sujet espagnol,mais dans laquelle l’Espagne est repré-sentée dans un pittoresque superficiel etnon pas dans sa réalité humaine profonde.

    espagnolette [ɛspaɲɔlɛt] n. f. (dimin.de espagnol, l’objet venant probablem.d’Espagne ; 1731, Dict. général). Tige de fermunie d’une poignée, permettant de fer-mer ou d’ouvrir les battants d’une fenêtre :La vue de son chapeau de paille accroché àl’espagnolette d’une fenêtre, et bien d’autreschoses encore [...] composaient maintenantla continuité de son bonheur (Flaubert).‖ Fermer une fenêtre à l’espagnolette, ne

    pas la fermer complètement, mais main-tenir ses battants entrouverts au moyen dela poignée de l’espagnolette.

    espagnoliser [ɛspaɲɔlize] v. tr. (deespagnol ; av. 1672, G. Patin). Donnerun caractère espagnol à quelqu’un ou àquelque chose.

    espagnolisme [ɛspaɲɔlism] n. m.(de espagnol ; 1835, Stendhal, au sens 1 ;sens 2, 1878, Larousse). 1. Manière de secomporter, façon de penser propre auxEspagnols : L’espagnolisme intégral deSchlegel détonnait dans la maison desNecker (Thibaudet). ‖ 2. Idiotisme propreà la langue espagnole.

    espale [ɛspal] n. f. (ital. spalla, espale,proprem. « épaule », de même origine quele franç. épaule [v. ce mot] ; 1622, Jal, écritespalle ; espale, 1636, Monet). Sur unegalère, plate-forme comprise entre le der-nier rang de rameurs et la poupe.

    1. espalier [ɛspalje] n. m. (francisa-tion, probablem. d’après échalier, de l’ital.spalliera, pièce de soutien, dér. de spalla,appui, proprem. « épaule » [v. l’art. précéd.] ;milieu du XVIe s., au sens de l’ital. ; sens 1,1600, O. de Serres ; sens 2, 1690, Furetière).1. Disposition d’arbres fruitiers dont lesbranches sont palissées le long d’un mur :Le menu peuple y perdra des fruits, des espa-liers, mais on y gagnera une belle vue pour

  • les étrangers (Balzac). ‖ En espalier, se ditd’un arbre fruitier taillé court et palissécontre un mur : Entre deux murs de baugecouverts d’abricots en espalier (Flaubert).‖ 2. Arbre appliqué le long d’un mur :Chacun de ces murs est tapissé d’espalierset de vignes (Balzac).

    2. espalier [ɛspalje] n. m. (ital. spalliere,même sens, de spalla, espale [v. ce mot] ; v.1560, Paré). Chacun des deux galériens qui,placés près de l’espale, réglaient le mouve-ment des rameurs sur une galère.

    espalme [ɛspalm] n. m. (déverbal dumoyen franç. espalmer [XVIe s., Godefroy],anc. provenç. espalmar, enduire de suifdepuis la quille jusqu’à la ligne d’eau [débutdu XIIIe s.], proprem. « enduire en se servantde la paume de la main », de es- [lat. ex-,préf. à valeur intensive] et de l’anc. pro-venç. palma, paume de la main, lat. palma,même sens [v. PAUME] ; 1771, Trévoux, écritspalme ; espalme, 1773, Jaubert). Vx. Suifmêlé de goudron dont on enduisait lacarène des navires.

    espar [ɛspar] n. m. (de l’anc. franç.esparre, grosse pièce de bois [v. 1175, Chr.de Troyes], gotique *sparra, poutre ; 1792,Jal, écrit épar [espar, 1864, Littré], au sens1 [épar, « perche qui supporte le pavillon »,1678, Guillet] ; sens 2, 1864, Littré, écritespar [épar, 1890, Dict. général]). 1. Longuepièce de bois de sapin pouvant servir demât, de vergue, etc. ‖ Les espars d’unnavire, l’ensemble des pièces de mâture.downloadModeText.vue.download 18 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1696

    ‖ 2. Levier pour manoeuvrer les canonset les pièces d’artillerie.

    • REM. On dit aussi ÉPAR.

    esparcette [ɛsparsɛt] ou éparcette[eparsɛt] n. f. (provenç. esparceto, de l’anc.provenç. espars, répandu, part. passé deespardre, éparpiller, lat. spargere, jeter çàet là [on répand sommairement la graine desainfoin dans les champs, alors qu’on sèmele blé avec grand soin] ; 1776, Valmont deBomare, écrit esparcette ; éparcette, 1836,Acad.). Autre nom du sainfoin.

    • REM. On trouve aussi le masculin ES-

  • PARCET (1600, O. de Serres) ou ÉPARCET(1751, Dict. universel d’agriculture).

    esparcier [ɛsparsje] n. m. (de l’anc.franç. espars, part. passé de espardre, épar-piller [v. l’art. précéd.], l’esparcier servantà éparpiller l’eau dans les champs ; 1600,O. de Serres). Petite écluse de bois ou de tôlequi sert à fermer une rigole d’irrigation.

    espargoutte [ɛspargut] n. f. (var. despargule, spergule [v. SPERGULE] ; milieu duXVIe s., Amyot). Nom usuel de la spergule,petite plante herbacée.

    espart ou espars [ɛspar] n. m. (mêmeétym. que espar ; 1812, Boiste, écrit espart ;espars, XXe s.). Cheville de bois qu’utilisentles teinturiers et les blanchisseurs pourtordre les écheveaux et les tissus, au sor-tir des bains de teinture ou de nettoyage.

    espèce [ɛspɛs] n. f. (lat. species, vue,regard, traits caractéristiques, aspect exté-rieur, apparence, cas particulier [en droit],et, à basse époque, « objet, marchandise,denrée, drogue, ingrédient, argent », du v.archaïque specere, regarder ; v. 1130, Eneas,au sens de « épice » [v. ce mot] ; sens I, 1,1314, Mondeville ; sens I, 2, 1541, Calvin[au sing. ; au plur., 1690, Furetière] ; sens II,1 et 3, v. 1265, J. de Meung ; sens II, 2, 1534,Rabelais ; sens II, 4, 1765, Encyclopédie ;sens II, 5, 1670, Patru ; sens II, 6, 1678,La Fontaine ; sens II, 7, fin du XVe s.,Commynes ; sens II, 8, 1541, Calvin).

    I. 1. En termes de philosophie scolas-tique, apparence sensible, image (species)que l’on supposait se détacher des objetset venir affecter nos sens pour y produirele phénomène de la perception : La pluscommune opinion est celle des péripaté-ticiens, qui prétendent que les objets dedehors envoient des espèces qui leur res-semblent, et que ces espèces sont portéespar les sens extérieurs jusqu’au sens com-mun (Malebranche). ‖ Class. Brouiller,confondre les espèces, empêcher d’y voirclair, créer la confusion : Les états nousvont tellement confondre les espèces, queje ne pourrai profiter du temps qu’elle[ma mère] sera encore en Bretagne(Ch. de Sévigné). ‖ 2. Spécialem. Enthéologie, apparence du pain et du vinaprès la consécration : Communier sous

    les deux espèces. ‖ Les saintes espèces, leshosties consacrées.

  • II. 1. Catégorie d’êtres ou de chosesqu’un caractère commun permet de dis-tinguer des autres du même genre : Lesespèces animales et végétales. ‖ Spécia-lem. En biologie, groupe naturel d’indi-vidus qui ne se distinguent les uns desautres que par des traits accidentels ;groupe d’individus semblables entreeux et produits par d’autres individussemblables : Tous les loups d’Outre-Rhinont mêlé leurs espèces (Leconte de Lisle).‖ L’espèce humaine, ou simplem. l’espèce,le genre humain : Les lois de l’esprit sontinvisibles dans l’individu et visibles dansl’espèce (Alain). ‖ 2. En pharmacie, nomdonné aux substances végétales ayantdes propriétés voisines, et qu’on utiliseen mélange : Espèces pectorales, diuré-tiques. ‖ 3. Sorte, qualité : Ce sentimentde curiosité que mainte femme vertueuseéprouve à connaître une femme d’uneautre espèce (Mérimée). Un jeu de cartes,Monsieur, est un livre d’aventures del’espèce qu’on nomme romans (France).‖ Quelqu’un de ton espèce (avec souventune nuance péjor.), une personne de tacondition, de ton état, et, par extens., unepersonne telle que toi. ‖ 4. Grandeurs demême espèce, en mathématiques, gran-deurs de même nature, ne différant quepar la quantité. ‖ 5. En droit, point spé-cial en litige, cas particulier dont il s’agit :Loi qui n’est pas applicable à l’espèce.‖ En l’espèce, en ce cas, en la matière.‖ Cas d’espèce, cas qui ne rentre pas dansla règle générale, exception. ‖ 6. Vx. Unesotte espèce, une espèce, personne pourlaquelle on n’a aucune estime : La plupartde ces gens-là sont des espèces (Marivaux).Qu’on n’aille pas se tromper et admettreElmire ou Zulmé, deux espèces qui m’as-somment (Gautier). ‖ 7. Autref. Monnaiemétallique, argent : Cela fait beaucoupde millions et redonnera de l’espèce, quimanquait (Sévigné). ‖ 8. Une espèce de,loc. introduisant un nom qui désigneune personne ou une chose définie parassimilation à une autre : Quelquefoisl’espèce de poète qui est en moi triomphede l’espèce d’antiquaire qui y est aussi(Hugo). Une espèce de soupière en ver-meil (Balzac). [V. Rem.] ‖ Se prend enmauvaise part lorsqu’on veut marquerque la personne ne peut être assimilée àce qu’elle prétend être : C’est une espècede journaliste. ‖ Fam. S’emploie pourrenforcer une dénomination injurieuse :Espèce d’imbécile !

    • SYN. : II, 1 race, type, variété ; 3 genre,

  • nature ; 8 façon, manière, sorte.

    • REM. Dans la loc. espèce de, espèce estparfois employé au masculin : Un espècede murmure (Bernanos). Tous ces espècesde prophètes à la manque (Claudel).

    ◊ espèces n. f. pl. (v. 1570, Carloix [espèces,« argent » ; espèces sonnantes, 1740, Acad.]).Toute monnaie ayant cours légal : Faireun paiement non pas par chèque, maisen espèces. ‖ Espèces sonnantes et trébu-chantes, monnaie métallique ayant le poidslégal.

    • SYN. : argent, numéraire.

    espérable [ɛsperabl] adj. (de espérer ;1580, Montaigne). Que l’on peut espé-rer (rare) : Une espérable immortalité(Villiers de L’Isle-Adam).

    espérance [ɛsperɑ̃s] n. f. (de espérer ;1080, Chanson de Roland, au sens de « faitde s’attendre à quelque chose » ; sens 1-2,v. 1120, Psautier d’Oxford ; sens 3, v. 1120,Psautier de Cambridge). 1. Sentiment deconfiance qui nous fait considérer ce quenous désirons comme devant se réaliserdans l’avenir : Mon coeur lassé de tout,même de l’espérance, | N’ira plus de sesvoeux importuner le sort (Lamartine).‖ Spécialem. En théologie, vertu théo-logale par laquelle le chrétien attend deDieu sa grâce en ce monde et la vie éter-nelle dans l’autre. ‖ Être sans espérance,n’avoir que peu de temps à vivre, êtrecondamné. (Vieilli.) ‖ 2. Sentiment quiporte à attendre l’obtention d’un biendéterminé, ou la réalisation d’une actionprécise : L’espérance d’un bel avenir, garantipar cette promenade qui le lui montrait sibeau, si joli, si frais, quelle délicieuse récom-pense ! (Balzac). ‖ Espérance de vie, duréemoyenne de la vie dans un groupe humaindéterminé. ‖ En espérance, en perspective,en attente : Elles avaient en espérance unhéritage dont elles parlaient souvent autourde leur lampe (Loti). ‖ Contre toute espé-rance, alors que personne ne s’y attendait :Il a réussi à son examen contre toute espé-rance. ‖ Dans l’espérance de ou que, dansl’attente de ou que. ‖ 3. La personne ou lachose qui est l’objet de l’espérance : Il estma seule espérance. Vous voir chaque jourest toute mon espérance.

    • SYN. : 2 assurance, certitude, conviction ;3 désir, espoir. — CONTR. : 1 désespérance,désespoir ; 2 crainte, défiance, inquiétude.

  • ◊ espérances n. f. pl. (sens 1, av. 1850,Balzac ; sens 2, 1690, Furetière ; sens 3,1930, Larousse). 1. Ce que l’on attend sousforme d’héritage et qui doit augmenter lafortune : Apportez-moi vos papiers et nedites rien de vos espérances (Balzac). Mapetite-fille n’apportait pas une très belle dot,mais elle avait, en revanche, de magnifiques« espérances » (Mauriac). ‖ 2. Ferme espoir,confiance dans la réussite sociale future dequelqu’un : Cet enfant donne de grandesespérances. ‖ 3. Avoir des espérances,attendre un enfant, être enceinte.

    espérant, e [ɛsperɑ̃, -ɑ̃t] adj. (part. prés.de espérer ; fin du XVIIe s., Saint-Simon).Qui espère, enclin à la confiance (rare) :Rien ne rend mieux le surcroît et le tumultedownloadModeText.vue.download 19 sur 882

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    1697

    de sentiment qu’éprouvait sincèrement alorstoute une jeunesse espérante et enthousiaste(Sainte-Beuve). Germinie arriva toute gaie,tout espérante (Goncourt).

    espérantisme [ɛsperɑ̃tism] n. m. (deespérantiste ; 1922, Larousse). Doctrine,mouvement des partisans de l’espéranto.

    espérantiste [ɛsperɑ̃tist] adj. (de espé-ranto ; 1922, Larousse). Qui est relatif àl’espéranto : Un congrès espérantiste.

    ◊ n. (sens 1-2, 1922, Larousse). 1. Partisande l’espéranto. (Vieilli.) ‖ 2. Personne quiconnaît et qui pratique l’espéranto.

    espéranto [ɛsperɑ̃to] n. m. (part. prés.de l’esp. esperi [de même origine que lefranç. espérer, v. ce mot], proprem. « celuiqui espère », d’abord pseudonyme du méde-cin polonais Lazare Zamenhof, puis n. dela langue internationale lancée, le 26 juillet1887, par celui-ci ; fin du XIXe s.). Langueinternationale créée par le médecin polo-nais Zamenhof : L’adoption de l’espéranto,commun auxiliaire de toutes les languesnationales, faciliterait entre les hommesles échanges spirituels et matériels (Martindu Gard).

    ◊ adj. (début du XXe s.). Qui est écrit enespéranto : Un poème espéranto.

    espère [ɛspɛr] n. f. (mot provenç., de l’anc.

  • provenç. espera, attente [milieu du XIIe s.],déverbal de esperar, attendre [XIIe s.], demême origine que le franç. espérer [v. l’art.suiv.] ; 1869, A. Daudet [à l’espère, 1771,Trévoux]). Situation du chasseur qui attendle gibier (vieilli) : L’espère, quel joli nompour désigner l’affût, l’attente du chasseurembusqué et ces heures indécises où toutattend, espère (Daudet). ‖ À l’espère, à l’af-fût : Il lui semblait être à l’espère, à la chasseà l’ours, dans la montagne de la Tramezzina(Stendhal). Il n’y a qu’à voir nos chasseurs,le marquis des Espazettes en tête, partir toutflambants neufs le dimanche matin, avecla même ardeur, à l’espère d’un gibier quin’existe pas (Daudet).

    espérer [ɛspere] v. tr. (lat. sperare,attendre, s’attendre à, espérer ; v. 1050,Vie de saint Alexis, au sens 2 ; sens 1, v.1112, Voyage de saint Brendan ; sens 3,fin du XIIe s., Châtelain de Coucy ; sens4, XXe s.). [Conj. 5 b.] 1. Vx ou dialect.Attendre avec plus ou moins d’im