*Titre : *Grand Larousse de la langue française en sept volumes....

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*Titre : *Grand Larousse de la langue française en sept volumes. Tome cinquième, O-Psi / [sous la direction de Louis Guilbert, René Lagane, Georges Niobey] *Auteur : *Larousse *Éditeur : *Librairie Larousse (Paris) *Date d'édition : *1976 *Contributeur : *Guilbert, Louis (1912-1977). Directeur de publication *Contributeur : *Lagane, René. Directeur de publication *Contributeur : *Niobey, Georges. Directeur de publication *Sujet : *Français (langue) -- Dictionnaires *Type : *monographie imprimée *Langue : * Français *Format : *1 vol. (paginé 3699-4737) ; 27 cm *Format : *application/pdf *Droits : *Droits : conditions spécifiques d'utilisation *Identifiant : * ark:/12148/bpt6k1200551p </ark:/12148/bpt6k1200551p> *Identifiant : *ISBN 2030007501 *Source : *Bibliothèque nationale de France, département Direction des collections, 2012-144946 *Relation : *Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34294780h *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34695993b *Provenance : *bnf.fr Le texte affiché comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 100 %. downloadModeText.vue.download 1 sur 1038 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 1989 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. downloadModeText.vue.download 2 sur 1038 downloadModeText.vue.download 3 sur 1038

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  • *Titre : *Grand Larousse de la langue française en sept volumes. Tomecinquième, O-Psi / [sous la direction de Louis Guilbert, René Lagane,Georges Niobey]

    *Auteur : *Larousse

    *Éditeur : *Librairie Larousse (Paris)

    *Date d'édition : *1976

    *Contributeur : *Guilbert, Louis (1912-1977). Directeur de publication

    *Contributeur : *Lagane, René. Directeur de publication

    *Contributeur : *Niobey, Georges. Directeur de publication

    *Sujet : *Français (langue) -- Dictionnaires

    *Type : *monographie imprimée

    *Langue : * Français

    *Format : *1 vol. (paginé 3699-4737) ; 27 cm

    *Format : *application/pdf

    *Droits : *Droits : conditions spécifiques d'utilisation

    *Identifiant : * ark:/12148/bpt6k1200551p

    *Identifiant : *ISBN 2030007501

    *Source : *Bibliothèque nationale de France, département Direction descollections, 2012-144946

    *Relation : *Notice d'ensemble :http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34294780h

    *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34695993b

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    Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousseen 1989 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutiendu CNL.

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    o

    o [o] n. m. (lat. o, 14e lettre de l’alphabet ;XIIIe s., Jubinal [II, 282], au sens 1 ; sens 2,1690, Furetière [aussi « 11 000 », avec untiret]). 1. Quinzième lettre de l’alphabetfrançais, notant les sons [o] (écho) ou [ɔ](porte), et pouvant aussi être associée à mou n, pour noter le son [ɔ]̃ (ombre, honte),à u pour noter le son [u] (courir), à i ou plusrarement ê pour noter le son [wa] (poire,poêle) : Ce papier plein de bâtons et d’o(Balzac). Terlinck souligna de l’ongle unA qui avait été tapé pour un o (Simenon).‖ 2. Au Moyen Âge, signe numériquevalant 11, ou, surmonté d’un tiret, 11 000.

    ô [o] interj. (lat. ō, interj. servant à appeler,à invoquer, exprimant un voeu, la surprise,l’indignation, la joie, la douleur ; v. 980,Passion du Christ, au sens 2 ; sens 1, v. 1050,Vie de saint Alexis). 1. S’emploie devantun mot désignant un être ou une chosequ’on invoque, qu’on interpelle : Je viensvous demander ce dont pas un ne veut, |L’honneur d’être, ô mon roi, si Dieu nem’abandonne, | L’homme dont on dira :C’est lui qui prit Narbonne (Hugo). Carj’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, |Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais(Baudelaire). ‖ 2. Marque l’admiration,l’étonnement, la joie, la douleur, la prière,etc. : Éternité, ô Éternité (Montherlant). Ôcomme, combien je l’aime !

    oaristys [ɔaristis] n. f. (gr. oaristus,commerce interne, relations, de oarizein,vivre en commerce intime, dér. de oar, com-pagne, épouse ; 1721, Trévoux, écrit oariste[oaristys, av. 1794, A. Chénier], au sens 2 ;sens 1, 1874, Larousse). 1. Genre littéraireen honneur chez les Grecs et correspon-dant à l’églogue chez les Latins. ‖ 2. Littér.Entretien tendre : Maurice ne reparut quequinze jours après l’oaristys au bord de latable à thé (France). Ah ! les oaristys ; lespremières maîtresses ! (Verlaine). La conver-sation prend aussitôt un tour extraordinai-rement enveloppant et pénétrant : c’est uneoaristys de pensées (Gide).

  • • REM. A. Daudet a employé la formefrancisée OARISTE (1721, Trévoux) : C’estdans cette antichambre du bagne quej’ai surpris un dialogue d’amoureux, uneidylle faubourienne aussi passionnée quel’oariste, mais plus navrante (Daudet).

    oasien, enne [ɔazjɛ,̃ -ɛn] adj. (de oas[is] ;1868, Littré). Qui a rapport aux oasis : Lesproblèmes oasiens.

    ◊ n. (10 juin 1865, le Moniteur univer-sel). Habitant d’une oasis : Les oasiens duSahara.

    oasis [ɔasis] n. f. (bas lat. Oasis, n. pr. dedivers lieux fertiles dans le désert [spécialem.

    en Égypte], gr. oasis, lieu fertile dans ledésert, probablem. d’origine égyptienne ;1561, J. Millet [III, 17], comme n. pr. dedeux oasis d’Égypte ; comme n. commun,au sens 1, 1766, d’Anville, p. 26 [commen. m. ; comme n. f., 1823, Boiste] ; sens 2,1834, Boiste ; sens 3, 1821, J. de Maistre[comme n. f.]). 1. Dans les déserts, petiterégion où la présence de l’eau permet laculture : À la limite de l’oasis où les dernierspalmiers s’étiolaient, la vie ne triomphantplus du désert (Gide). Je vous ai tant parléde désert qu’avant d’en parler encore, j’ai-merais décrire une oasis (Saint-Exupéry).‖ 2. Fig. Tout lieu où l’on se repose aprèsune agitation violente ou une longueépreuve : Celui qui peut craindre à chaqueinstant de voir sortir d’un fourré un canonde fusil dirigé contre sa poitrine, regardecomme une espèce d’oasis un terrain unioù rien n’arrête la vue (Mérimée). Vous êtesl’oasis qu’on rencontre en chemin ! | Vousêtes, ô vallon, la retraite suprême (Hugo).‖ 3. Situation morale où l’on se trouve aucalme après une période d’inquiétude oude tourments : Notre amour pourrait s’iso-ler de tout, être secret, cette oasis dans notreexistence (Bourget). Une amitié qui seraitpour moi [...] une oasis (Romains).

    • SYN. : 2 abri, asile, refuge, retraite ;3 havre, port.

    • REM. On trouve aussi oasis au mas-culin : C’était une espèce d’oasis civilisé(Chateaubriand). C’était un dernier oasisd’été (Butor).

    obbligato [ɔbligato] adj. invar. (mot ital.de même sens, proprem. « obligé », part.passé de obbligare, obliger, lat. obligare

  • [v. OBLIGER] ; 1963, Larousse). Se dit, enmusique, d’une partie instrumentale qui,sans être absolument concertante, gardeun caractère d’indépendance tel qu’on nepeut la supprimer sans changer la structurede la composition. (On dit aussi OBLIGÉ.)

    obéché [ɔbeʃe] n. m. (nigérien obéchi,même sens ; 1963, Larousse). Bois ducommerce, d’origine africaine, léger, trèstendre, jaune clair, utilisé en menuiserie,placage, caisserie.

    obédience [ɔbedjɑ̃s] n. f. (lat. oboedien-tia, obéissance, soumission, de oboediens,-entis, obéissant, soumis, part. prés.adjectivé de oboedire [v. OBÉIR] ; v. 1155,Wace, au sens 1 [ambassade d’obédience,1675, Widerhold ; pays d’obédience, 1690,Furetière ; lettre d’obédience, 30 mars 1867,le Moniteur universel, p. 383] ; sens 2, 1680,Richelet ; sens 3, fin du XVIe s., A. d’Aubi-gné ; sens 4, v. 1175, Chr. de Troyes ; sens 5,av. 1922, Proust [« obéissance, en général »,v. 1190, Garnier de Pont-SainteMaxence]).1. Vx. Obéissance à un supérieur ecclésias-tique : La vie religieuse consiste en troisparties essentielles : pauvreté, obédience,chasteté (Patru). ‖ Vx. Ambassade d’obé-dience, ambassade envoyée par un État

    ou un corps de fidèles pour assurer lepape de son obéissance filiale. ‖ Vx. Paysd’obédience, pays où le pape, pendant huitmois de l’année, conférait de plein droit lesbénéfices vacants. ‖ Vx. Lettre d’obédience,lettre que, notamment sous le régime dela loi Falloux, un supérieur donnait à desreligieux ou religieuses appartenant auxordres enseignants et que le gouvernementrecevait comme équivalent d’un certificatde capacité. ‖ 2. Vx. Charge particulièred’un religieux dans son couvent. ‖ 3. Vx.Autorisation écrite donnée à un religieuxpour se déplacer : Vous aurez une obédiencede moi pour aller avec Madame votre soeur(Bossuet). ‖ 4. Maison religieuse dépen-dant d’une maison mère. ‖ 5. Fidélité àune doctrine philosophique, politique,etc. ; soumission à une autorité : Son obé-dience marxiste apparaît dans cet ouvrage.Un journal d’obédience socialiste. C’est ceque m’a expliqué le doyen de Doville [...]qui vit dans l’obédience de Brillat-Savarin(Proust). Pour les chrétiens de stricte obé-dience, ces règles s’expriment sous forme decommandements (Duhamel).

    • SYN. : 5 allégeance, dépendance, obéis-sance, sujétion. — CONTR. : 5 indépendance.

  • obédiencier [ɔbedjɑ̃sje] n. m. (de obé-dience ; v. 1240, Miracles de la Sainte Vierge,écrit obendiencer [obédiencier, XVIe s.], ausens 1 ; sens 2, 1310, Espinas, Vie urbaine deDouai [IV, 48], écrit obedienchier [obédien-cier, 1578, J. Papon, p. 86]). 1. Ecclésiastiqueou religieux soumis à l’autorité d’un supé-rieur spirituel. ‖ 2. Religieux desservantpar ordre de son supérieur un bénéficedont il n’était pas titulaire. (On a dit aussiOBÉDIENCIAIRE [1721, Trévoux].)

    obédientiel, elle [ɔbedjɑ̃sjɛl] adj. (deobédience ; 1636, Dereyroles, au sens 2 ;sens 1, 1798, Acad.). 1. Qui a rapport àl’obédience. ‖ 2. Vx. Puissance obédien-tielle, disposition qui fait que le sujet obéità la cause : L’imagination dure plus quela sensation ; il faut donc qu’il y ait unecause de cette durée ; mais si cette causesubsiste dans le cerveau, où, et de quellemanière, ou si elle subsiste dans la puissanceobédientielle de l’âme une fois touchée decette idée, [...] c’est ce qu’il serait inutile dechercher (Bossuet).

    obéir [ɔbeir] v. tr. ind. [à] (lat. oboedire,prêter l’oreille à, être soumis à, de ob-, préf.marquant la proximité, la cause, l’échange,et de audire, entendre, écouter ; v. 1112,Voyage de saint Brendan, au sens 1 ; sens2, milieu du XVIe s., Ronsard ; sens 3, 1678,La Fontaine ; sens 4, XIVe s., Lanfranc).1. Se soumettre à la volonté de quelqu’un,exécuter ses ordres : Obéir à ses parents.Vous m’obéirez, je l’exige, tout comme àvotre autre docteur (Mérimée). La vie seraitmorne [...] s’il fallait obéir à tous les com-mandements de l’office, de la cave et de lasalle à manger (Maeterlinck). Le chien obéitdownloadModeText.vue.download 10 sur 1038

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    à son maître ; et absol. : J’ai trop obéi dansma vie pour ne pas me faire quelque idéede la véritable autorité (Bernanos). ‖ 2. Sesoumettre aux incitations, aux impulsionsproduites par quelque chose : Le chevalobéit à l’éperon. Obéir à ses instincts, àun réflexe. Tu n’obéissais pas à un senti-ment de délicatesse envers moi (Mauriac).Et pendant qu’obéissant à la pression dubras de Mme Tim je tournais tout douce-ment, en même temps qu’elle, pour entrerdans le salon, je me dis : « Tu peux courir »

  • (Giono). Il y avait en elle quelque chose quin’obéissait pas à tous les ordres de sa raison(Green). Ils se saluaient, obéissaient à desrites sacro-saints (Simenon). ‖ 3. En par-lant d’une machine, d’un appareil, exécuterun mouvement commandé par l’hommeou par un organe particulier : Le navireobéit au gouvernail. ‖ 4. En parlant deschoses, être soumis à une action : Les corpsobéissent à la gravitation. La végétationobéit au cycle des saisons.

    • SYN. : 1 se conformer à, écouter, observer,obtempérer, respecter ; céder, s’incliner, seplier, servir, se soumettre ; 2 répondre à,suivre ; 4 subir. — CONTR. : 1 commander,dicter, enjoindre, guider, imposer, intimer,ordonner, piloter, prescrire, régenter, som-mer ; se cabrer, désobéir, s’insurger, regim-ber, se révolter ; 2 contrecarrer, s’opposer à,résister ; 4 régir.

    • REM. Obéir s’est parfois employé,jusqu’au XVIIe s., comme verbe transitifdirect (v. 1160, Benoît de Sainte-Maure) :L’Infante [...] lui dit que la plus grandebeauté d’une femme était d’obéir son mari(Malherbe). Il subsiste de cet usage l’em-ploi passif du verbe (v. 1250, Mousket) :Le directeur donnait des ordres pour qu’onne fît pas de bruit à mon étage et veillaitlui-même à ce qu’ils fussent obéis (Proust).Un commandant d’armée sait que [...] ilsera obéi de ses troupes (Maurois).

    obéissance [ɔbeisɑ̃s] n. f. (de obéir ; 1270,Ordonnance royale, au sens 3 [« juridic-tion » ; l’obéissance de quelqu’un, d’unerègle, etc., v. 1283, Beaumanoir] ; sens 1,début du XIVe s., écrit obbaissance [obéis-sance, v. 1380, Aalma ; rendre obéissanceà quelqu’un, début du XVe s., Ch. d’Or-léans] ; sens 2, 1385, Tobler-Lommatzsch).1. Action d’obéir : L’obéissance des enfantsaux parents. Un militaire puni pour refusd’obéissance. ‖ Class. Rendre obéissance àquelqu’un, se soumettre à lui : Nous vousrendrons Seigneur, entière obéissance(Corneille). ‖ 2. Disposition à obéir,habitude d’obéir : Il ne lui demanderaitque le plaisir de l’être [son serviteur] etla consolation de passer tous ses jours enson obéissance (Sand). Henri Dieudonnévenait rétablir le principe d’autorité d’oùsortent les deux forces sociales : le com-mandement et l’obéissance (France). Seplier à la règle en esprit d’obéissance. Fairepreuve d’une obéissance aveugle. ‖ 3. Class.

    L’obéissance de quelqu’un, d’une règle, etc.,

  • la soumission à cette personne, à cetterègle, etc., l’autorité qu’elle exerce : Pourvotre Perpenna, que sa haute naissance| N’affranchit point encor de votre obéis-sance... (Corneille). Je n’ai pas oublié quellereconnaissance, | Seigneur, m’a dû rangersous votre obéissance (Racine) ; spécialem.étendue de cette autorité, juridiction : Lecardinal Mazarin sortirait dans quinzejours du royaume et de toutes les terres del’obéissance du roi (Retz).

    • SYN. : 1 allégeance, dépendance, soumis-sion ; 2 discipline, docilité, esprit de subordi-nation, servilité. — CONTR. : 1 contestation,désobéissance, insubordination, rébellion,résistance, révolte ; 2 indiscipline, indocilité.◊ obéissances n. f. pl. (18 juin 1649, P. DuBosc). Class. Civilités, dans les formulesde politesse : Notre ami Corbinelli vousassure de ses obéissances et de sa fidèleamitié (Sévigné).

    obéissant, e [ɔbeisɑ̃, -ɑ̃t] adj. (part. prés.de obéir ; v. 1175, Chr. de Troyes, au sens1 ; sens 2, milieu du XVIe s. [« qui se laissemanipuler », 1314, Mondeville ; pour unemachine, 1890, Zola — pour une barque, av.1869, Lamartine]). 1. Qui obéit volontiers :Un enfant obéissant. Un chien obéissant ; etau fig. : La tempête est obéissante et souffleoù Dieu veut (Veuillot). ‖ 2. Se dit d’unematière souple et maniable (vieilli) : Cuirobéissant. ‖ Se dit d’une machine qui exé-cute facilement et fidèlement les mouve-ments demandés : La locomotive [...] étaitdouce, obéissante, facile au démarrage(Zola).

    • SYN. : 1 discipliné, docile, doux, malléable,maniable, sage, soumis, souple. — CONTR. :1 contestataire, désobéissant, dur, indocile,indomptable, insubordonné, rebelle, récal-citrant, réfractaire, rétif.

    obel ou obèle [ɔbɛl] n. m. (bas lat. obe-lus, même sens, gr. obelos, broche à rôtir,obélisque, obèle ; 1689, R. Simon [I, 145],écrit obèle ; obel, 1935, Acad.). Marque enforme de barre, utilisée dans les anciensmanuscrits pour noter les passages quisemblent douteux ou interpolés.

    obélisque [ɔbelisk] n. m. (lat. obeliscus,obélisque, gr. obeliskos, petite broche à rôtir,lame d’épée, obélisque, de obelos [v. l’art.précéd.] ; 1552, Gruget, au sens 1 [absol.,av. 1841, Chateaubriand] ; sens 2, 1756,Voltaire). 1. Pierre levée de forme géomé-trique, quadrangulaire à la base et s’amin-

  • cissant progressivement jusqu’au sommet,où elle forme une pointe, le pyramidion :Les obélisques égyptiens sont ordinairementmonolithes. L’obélisque de la place de Saint-Pierre de Rome a été dressé contre toutes lesrègles de la statique (Hugo). Des obélisques,des dômes, des maisons parurent, c’étaitCarthage (Flaubert). ‖ Absol. L’obélisque,provenant de Louxor, dressé sur la placede la Concorde, à Paris : L’heure vien-

    dra que l’obélisque du désert retrouvera,sur la place des meurtres [la place de laConcorde], le silence et la solitude de Luxor(Chateaubriand). ‖ 2. Monument ou objetqui a la forme d’un obélisque égyptien : Lalongue et étroite ligne de récifs [...], le grosobélisque de granit debout au milieu de lamer (Hugo). Un homme était resté [...] etson ombre démesurée faisait au loin sur laplaine comme un obélisque qui marchait(Flaubert).

    obéré, e [ɔbere] adj. (lat. obaeratus,endetté, de ob-, préf. marquant la proxi-mité, la cause, l’échange, et de aes, aeris,airain, cuivre, monnaie [de cuivre] ;1596, d’après Bloch-Wartburg, puis1611, Cotgrave [obéré de dettes, av. 1772,Duclos]). Accablé de dettes : Mlle Dumoliers,parce qu’elle était pauvre, et M. le premiervicaire Maysonnave, parce qu’il soutenaitdes oeuvres obérées, montraient plus de com-plaisance à écouter (Mauriac). ‖ Obéré dedettes, endetté (par pléonasme).

    obérer [ɔbere] v. tr. (de obéré ; 1680,Richelet). [Conj. 5 a.] Charger de dettes : Lesguerres obèrent la nation. Comme prêtre,il était de cette espèce d’hommes | Qui, sile sénat vote aux pauvres quelque argent,| Disent : « Non pas ! l’État est lui-mêmeindigent ! » | Mais qui trouvent utile et justequ’on obère | Le trésor pour bâtir quelquetemple à Tibère (Hugo).

    ◊ s’obérer v. pr. (1690, Furetière).S’endetter : L’affaire s’élançait avec uncapital de soixante mille francs déclarés,sur lesquels les Blafafoires s’inscrivaientà eux deux modestement pour dix mille.Lévichon fournissait généreusement les cin-quante autres, n’ayant point supporté queses deux amis s’obérassent (Gide).

    obèse [ɔbɛz] adj. et n. (lat. obesus, gras,replet, de ob-, préf. marquant la proximité,la cause, l’échange, et de esum, supin deedere, manger ; 1826, Brillat-Savarin [aussien médecine]). Qui a un excès d’embon-

  • point : Dans la caisse, un Chinois obèse,dont on ne voit que le torse nu, fait descomptes au boulier (Malraux). ‖ Spécialem.En médecine, qui est atteint d’obésité :L’amoindrissement de la longévité, chez lesobèses, est établi par les statistiques.

    • SYN. : bedonnant (fam.), gras, gros, pansu(fam.), ventripotent (fam.), ventru ; masto-donte, poussah.

    obésité [ɔbezite] n. f. (lat. obesitas, excèsd’embonpoint, de obesus [v. l’art. pré-céd.] ; 1550, d’après Bloch-Wartburg, puis1582, Liébault, p. 184 [en médecine, 1826,Brillat-Savarin]). Excès d’embonpoint.‖ Spécialem. En médecine, développe-ment exagéré du tissu adipeux : C’était[Mouleyre] un garçon atteint d’obésitéprécoce et qui, au réfectoire, vidait les plats(Mauriac). [Syn. POLYSARCIE.]downloadModeText.vue.download 11 sur 1038

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    1. obi [ɔbi] n. f. (mot japonais ; 1903,Larousse). Longue ceinture des Japonais,ordinairement en soie, enroulée sur latunique et nouée dans le dos, dont laforme et la dimension varient suivant lesexe, l’âge, le rang et la province : Sa robeest en soie, gris perle, son obi en satin mauve(Loti).

    2. obi [ɔbi] n. m. (mot africain ; milieu duXIXe s., Baudelaire). Sorcier noir : Bizarredéité, brune comme les nuits, | Au parfummélangé de musc et de havane, | OEuvrede quelque obi, le Faust de la savane(Baudelaire).

    obier [ɔbje] n. m. (var. graphique deaubier, le bois de l’obier étant blanc commel’aubier ; XIIIe s., Tobler-Lommatzsch).Arbrisseau du genre viorne, très communen Europe, dont une variété cultivée dansles jardins doit à ses fleurs blanches, grou-pées en inflorescences sphériques, le nomde boule-de-neige : Elle enfonça la maindans les branches fleuries des obiers pourfaire jouer leurs boules argentées (France).

    obit [ɔbit] n. m. (lat. obitus, arrivée, fin,mort, trépas, de obitum, supin de obire,aller vers, s’en aller, mourir, de ob-, préf.marquant la proximité, la cause, l’échange,et de ire, aller ; v. 1155, Wace, au sens de

  • « mort, trépas » ; sens 1, 1238, Espinas, Vieurbaine de Douai, III, 40 ; sens 2, 1868,Littré). 1. Messe anniversaire fondée etdite pour le repos de l’âme d’un défunt.‖ 2. Honoraires versés aux prêtres pour lacélébration d’un service funèbre : Le casuelet ses mille impôts, dîmes, baisemains [...],obit, et les anniversaires, et l’acquit des fon-dations (Goncourt).

    obiter [ɔbite] v. intr. (de obit ; 1809,Chateaubriand). Littér. Mourir : Dansl’extrait mortuaire de ma mère [...], Mmede Chateaubriand n’est plus qu’unepauvre femme qui obite au domicile de la« citoyenne » Gouyon ; un jardinier, et unjournalier qui ne sait pas signer, attestentseuls la mort de ma mère (Chateaubriand).

    obituaire [ɔbitɥɛr] adj. et n. m. (lat.médiév. obituarius, mêmes sens, du lat.class. obitus, mort [v. OBIT] ; 1671, Pomey[registre obituaire ; obituaire, n. m., 1690,Furetière]). Registre obituaire, ou obituairen. m., registre d’une église ou d’un monas-tère où l’on inscrivait les noms des morts,le jour de leur sépulture, la fondation desobits, etc. : Presque toutes les personnesdont j’ai parlé dans ces Mémoires ont dis-paru ; c’est un registre obituaire que je tiens.Encore quelques années, et moi, condamnéà cataloguer les morts, je ne laisserai per-sonne pour inscrire mon nom au livre desabsents (Chateaubriand). On pouvait espé-rer qu’aucun obituaire n’avait conservé leursnoms (Huysmans).

    ◊ n. m. (sens I, 1674, d’après le FEW, VII,264 a ; sens II, 1872, Villiers de L’Isle-Adam[aussi « morgue »]).

    I. Vx. celui qui était pourvu, en cour deRome, d’un bénéfice vacant par décès dutitulaire.

    II. Vx. Lieu où les corps des morts étaientdéposés pour parer au danger d’une in-humation prématurée. ‖ Vx. Parfois syn.de MORGUE.

    • REM. Aux sens II, on disait aussi OBI-TOIRE (lat. ecclés. moderne obitorium,mêmes sens, du lat. class. obitus [v. ci-dessus] ; 1907, Larousse).

    objectal, e, aux [ɔbʒɛktal, -o] adj.(dér. savant du lat. scolast. objectum, objet[v. OBJET] ; 1946, E. Mounier, au sens 1 ;sens 2, 1961, H. Michaux, p. 188). 1. Enpsychanalyse, se dit d’une tendance ou

  • d’une conduite qui porte le sujet vers unobjet (personne ou chose) autre que lui-même : Relation objectale. Amour objectal.Libido objectale. (S’oppose à narcissique.)‖ 2. Littér. Qui appartient, qui est propre àl’objet : Ne plus percevoir les objets commeavant. Dans leur densité, leur lourdeur,leur fermeté (oui !), leur inamovibilité, leurrésistance à être autre chose que ce qu’ilssont, chacun à part. Leur valeur objectalea diminué.Leur indépendance objectale(Michaux).

    objecter [ɔbʒɛkte] v. tr. (lat. objectare,mettre devant, opposer, imputer, reprocher,de objectum, supin de objicere, jeter devant[v. OBJET] ; 1288, BSLW [V, 393], écrit objeter[objecter, 1541, Calvin], au sens 1 ; sens 2,1549, R. Estienne). 1. Avancer, formuler unargument visant à prouver la fausseté d’uneaffirmation : Vous n’objectez rien du toutcontre mes raisons (Descartes). J’étais assezembarrassé dans cette réplique, car au fondje n’avais rien à objecter d’immédiat auxnouveaux ministres (Chateaubriand). [Lenotaire] n’objecta rien sur l’atroce isolementdans lequel tout acquéreur du Quesnay secondamnait à vivre (Barbey d’Aurevilly).Tirant la leçon des événements, Frioulat [...]soutenait que rien ne fût arrivé si la bandeavait gardé son chef. « Ce n’est pas ce quit’aurait empêché d’avoir peur », objectaientles autres (Aymé). Objecter quelque chose àquelqu’un. Objecter que... ‖ 2. Alléguer unedifficulté, un empêchement, pour écarterune demande : Objecter à quelqu’un sonmanque de préparation, qu’il n’a pas laformation voulue. On objecte à ce projetson coût élevé, qu’il entraînera des dépensesconsidérables.

    • SYN. : 1 alléguer, arguer, invoquer, répli-quer, rétorquer, riposter ; 2 opposer.

    1. objecteur [ɔbʒɛktoer] n. m. (de objec-ter ; 1777, Beaumarchais). Vx. Qui fait desobjections : M. le comte de Maurepas lui-même est l’objecteur (Beaumarchais).

    2. objecteur [ɔbʒɛktoer] n. m. (de objec-teur, de et conscience, pour traduire l’angl.conscientious objector, même sens [fin duXIXe s.], de conscientious, dirigé par les ins-pirations de sa conscience [de conscience,conscience, empr. du franç. conscience], etde objector, celui qui présente des objec-tions [de to object, objecter, lat. objectare,v. OBJECTER] ; 1er sept. 1933, A. Gide).Objecteur de conscience, celui qui, pourdes raisons religieuses, philosophiques

  • ou autres, se refuse à porter les armes et àaccomplir ses obligations militaires : Descours martiales peu tendres pour les objec-teurs de conscience.. (Bernanos). En France,depuis 1963, les objecteurs de consciencejouissent d’un statut légal, qui prévoit poureux un service deux fois plus long dans uneformation civile ou militaire non armée.

    1. objectif, ive [ɔbʒɛktif, -iv] adj. (lat.scolast. objectivus, objectif [opposé à« subjectif »], de objectum [v. OBJET] ; 1641,Descartes, au sens I, 1 [sans aucun doutebien plus anc., v. la date du dér. objective-ment] ; sens I, 2-3, 1803, Boiste [substantiv.,1838, Acad.] ; sens I, 4, 1858, Lafaye, art.retenue [méthode objective, 1952, Porot ;symptômes objectifs..., 1959, Robert] ; sensI, 5, av. 1924, A. France ; sens I, 6, 1932,Larousse ; sens II, 1933, Marouzeau [casobjectif, « cas qui exprime le complémentdirect du verbe », 1868, Littré] ; sens III,v. 1680, Cassini, p. 295).

    I. DANS LA LANGUE PHILOSOPHIQUEET DANS LA LANGUE COURANTE. 1. Vx.Dans la scolastique et chez Descartes,qui existe en tant qu’objet de pensée, dereprésentation dans l’esprit (s’oppose àformel) : Celles [les idées] qui me repré-sentent des substances [...] contiennent ensoi plus de réalité objective, c’est-à-direparticipent par représentation à plus dedegrés d’être ou de perfection (Descartes).‖ À l’époque moderne, ce sens a été re-pris par Renouvier : J’appellerai objectif cequi s’offre comme objet, c’est-à-dire vientreprésentativement dans la connaissance(cité par Lalande). ‖ 2. Qui existe en soi,indépendamment de toute connaissancesubjective (s’oppose à subjectif, apparent,irréel) : Dans la philosophie de Kant,les formes de la sensibilité, l’espace et letemps, ne sont pas des qualités objectives,mais des qualités subjectives. ‖ 3. Quiest valable pour tous les êtres pensants,et non pour un individu particulier, quipeut faire l’objet d’une connaissance uni-verselle (par opposition à subjectif, indi-viduel, personnel) : Ce que nous appelonsla réalité objective, c’est en dernière ana-lyse ce qui est commun à plusieurs êtrespensants et pourrait être commun à tous(Poincaré). La science, étant toute objec-tive, n’a rien d’individuel et de personnel(Renan) ; et substantiv. : L’objectif, c’est cequi est impersonnel (Hamelin). ‖ 4. Quiconcerne le monde extérieur, qui est fon-downloadModeText.vue.download 12 sur 1038

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    dé sur l’observation et l’étude des phéno-mènes objectifs, sur l’expérience (par op-position à subjectif, intérieur, conscient,mental) : Constatations objectives. « Ondirait que cette perspective vous réjouit »,dis-je. Il haussa les épaules : « Voilà bienune réflexion de femme ; elles sont inca-pables de rester sur un terrain objectif »(Beauvoir). ‖ Méthode objective, en psy-chologie, celle qui consiste en l’obser-vation d’autrui et de son comportement(par opposition à méthode subjective, ouintrospection). ‖ Symptômes objectifs dela maladie, ensemble des signes cliniquesqui peuvent être appréciés par le médecinou par toute personne autre que le maladelui-même. ‖ 5. Qui est conforme à la réa-lité, qui manifeste un souci d’exactitudeet d’impartialité : Un compte rendu objec-tif. Faire un récit objectif des événements.Un journal peu objectif. Il n’y a pas plus decritique objective qu’il n’y a d’art objectif,et tous ceux qui se flattent de mettre autrechose qu’eux-mêmes dans leur oeuvre sontdupes (France). Balzac a fait une oeuvreénorme dont personne [...] ne conteste lavaleur objective (Romains). ‖ 6. Se ditd’une personne qui décrit, apprécie, jugeles êtres et les choses avec exactitude ethonnêteté, sans faire intervenir de préfé-rences individuelles : Un journaliste, unhistorien objectif. Un esprit objectif ; etpar extens. : Avec une lucidité objectivetoute nouvelle, il exposait maintenantson cas sous son véritable jour (Martin duGard).

    II. EN LINGUISTIQUE. Complément dunom objectif, génitif objectif, complé-ment du nom, génitif qui, dans la phraseactive correspondante, jouerait le rôle decomplément d’objet. (Ainsi, dans le syn-tagme la crainte des ennemis [lat. timorhostium], ennemis peut être complémentdu nom objectif ou subjectif selon quela phrase correspondante peut être soiton craint les ennemis, soit les ennemiscraignent.)

    III. EN OPTIQUE. Vx. Verre objectif, syn.anc. de OBJECTIF n. m. (v. ci-après) Tousles physiciens savent aujourd’hui qu’il y atrois causes qui empêchent la lumière dese réunir dans un point lorsque ses rayonsont traversé le verre objectif d’une lunette

  • ordinaire (Buffon).

    • SYN. : I, 3 impersonnel, positif ; 4 concret,expérimental, matériel, scientifique ; 5exact, fidèle, précis, réel ; 6 détaché, impar-tial, scrupuleux. — CONTR. : I, 1, formel ;2 apparent, irréel, subjectif ; 3 individuel,personnel, subjectif ; 4 conscient, intérieur,mental, subjectif ; 5 arbitraire, partisan,tendancieux ; 6 chauvin, engagé, partial,prévenu.

    2. objectif [ɔbʒɛktif] n. m. (emploisubstantivé de objectif 1 ; 1666, Journ.des savants [I, 246], au sens 1 ; sens 2,1868, Littré [« l’appareil photographique

    lui-même », fin du XIXe s., A. Daudet]).1. Système optique (miroir, lentille, asso-ciation de lentilles) d’une lunette, d’unmicroscope, etc., qui est tourné vers l’objetqu’on observe (par opposition à l’oculaire,système lenticulaire contre lequel on placel’oeil) : Objectifs astronomiques. Distancefocale d’un objectif. ‖ 2. Partie d’un appa-reil photographique contenant les lentillesque doivent traverser les rayons lumineuxavant de pénétrer dans la chambre noire :L’objectif donne des objets une image réelle,qui est fixée sur un film ou une plaque sen-sible. Objectif rectilinéaire. Objectif grandangulaire. ‖ Par extens. L’appareil photo-graphique lui-même : Sourire à l’objectif.Immobiles et graves comme les aides duphotographe après avoir figé le client devantl’objectif (Daudet).

    3. objectif [ɔbʒɛktif] n. m. (emploi subs-tantivé de objectif 1 ; 1868, Littré, au sens1 [point objectif, même sens, 1838, Acad.] ;sens 2, 1874, Larousse [« matière du roman,opposée à la forme », 1853, Flaubert]).1. Point, ligne ou zone de terrain contrelesquels est dirigée une opération militaire,attaque, tir ou bombardement : Conquérir,enlever, occuper un objectif. Objectif aérien.Le bombardement des objectifs stratégiquesde l’ennemi. Une artillerie incroyable, accu-mulée sur un point du front ; l’héritier dela couronne pour chef ; une place forte depremier ordre, déjà illustre dans l’histoire,pour objectif, — et c’est la bataille de Verdun(Valéry). ‖ 2. But qu’une personne fixe àson action ou à l’action d’une autre : Se don-ner, se fixer un objectif trop ambitieux. Nepas atteindre son objectif. Vous aurez pourobjectif de... On a beau limiter les objectifspolitiques, les prendre aussi simples, aussigrossiers qu’on le voudra, toute politiqueimplique toujours une idée de l’homme et

  • de l’esprit, et une représentation du monde(Valéry). Le seul objectif du prolétariat doitêtre la défaite de tous les gouvernementsimpérialistes, indistinctement (Martin duGard). Une émeute implique un concert,des chefs, une foule armée, un objectif(Henriot).

    • SYN. : 1 cible ; 2 dessein, visées, vues.

    objection [ɔbʒɛksjɔ]̃ n. f. (bas lat. objec-tio, action de mettre devant, d’opposer, dereprocher, du lat. class. objectum, supin deobjicere [v. OBJET] ; fin du XIIe s., Dialoguesde saint Grégoire, aux sens 1-2 ; sens 3,1959, Robert). 1. Argument par lequel oncherche à réfuter une affirmation : Centobjections ne détruisent pas une grandepensée (Silvestre de Sacy). Crois ou necrois pas à ce qu’on t’enseignera, mais nefais jamais aucune objection (Stendhal). Jecherchai ; je proposai quelques objections,mais dans le seul dessein qu’il y répondît(Valéry). ‖ 2. Difficulté qu’on soulèvecontre une proposition, un projet, unedemande, pour les repousser : M. de Villèle,ne se prêtant qu’avec répugnance à ce que

    je désirais, me fit d’abord mille objections(Chateaubriand). L’objection réelle estcelle-ci : resterai-je ministre assez long-temps pour réaliser ce beau plan qui exigeplusieurs années ? (Stendhal). « Mais quedira ton père ? » Cette objection terriblefut proposée par Mme Grandet en voyantsa fille armée d’un sucrier de vieux sèvres(Balzac). J’ai pu rencontrer souvent, chezces collaborateurs, non certes des opposi-tions, mais bien des objections, voire descontradictions, à mes desseins et à mes actes(De Gaulle). Je ne vois aucune objectionà ce que... ‖ 3. Objection de conscience,v. CONSCIENCE.

    • SYN. : 1 critique, réfutation, remarque,rétorsion ; 2 contestation, contradiction,inconvénient, obstacle, opposition, repré-sentation. — CONTR. : 2 acquiescement,adhésion, assentiment.

    objectivation [ɔbʒɛktivasjɔ]̃ n. f. (deobjectiver ; 1845, Bescherelle, au sens 4 ; sens1, 1951, A. Lalande ; sens 2, 1874, Larousse ;sens 3, début du XXe s.). 1. En psychologie,processus par lequel la sensation, considé-rée comme un état purement subjectif, estobjectivée dans la perception lorsqu’elleest rapportée à une réalité extérieure.‖ 2. Phénomène par lequel une donnéesubjective, par exemple une image, est

  • prise pour un objet réellement perçu etprésent : Ces paysages du rêve, toujours lesmêmes, du moins pour moi chez qui leuraspect étrange n’était que l’objectivationdans mon sommeil de l’effort que je faisaispendant la veille (Proust). ‖ 3. Processuspar lequel la connaissance tend vers l’objec-tivité, c’est-à-dire tend à prendre une valeuruniverselle. ‖ 4. Action d’objectiver, demanifester extérieurement, par les moyensd’expression, un état intérieur : Est-ce quevous entrez bien dans ce que je dis : c’estFougère, c’est la voix de Fougère, son chant,c’est-à-dire cette création permanente qu’estson chant, cette découverte, cette transmis-sion d’une Amérique intérieure, cette objec-tivation du rêve dont elle est tourmentée,qui m’ont appris que je n’étais pas seul aumonde (Aragon).

    • SYN. : 4 concrétisation, matérialisation.

    objectivement [ɔbʒɛktivmɑ̃] adv. (deobjectif 1[v. ce mot] ; v. 1460, G. Chastellain,au sens 1 ; sens 2 et 5, 1959, Robert ; sens3, 1838, Acad. ; sens 4, 1951, A. Camus).1. Dans la philosophie scolastique etchez Descartes, à titre d’objet de pen-sée, de représentation mentale (s’opposeà formellement) : Cette façon d’être parlaquelle une chose est objectivement oupar représentation dans l’entendement,par son idée (Descartes). ‖ 2. En tantque réalité indépendante de la pensée, dusujet connaissant : L’univers existe objec-tivement. ‖ 3. Relativement aux objets dumonde extérieur : On peut se demandersi l’excitation électrique ne comprendraitpas des composantes diverses répondantdownloadModeText.vue.download 13 sur 1038

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    objectivement à des sensations de différentsgenres (Bergson). ‖ 4. D’un point de vueobjectif, en s’en tenant à la réalité des faits :« Objectivement, il n’est pas prouvé que lemonde doive devenir américain ou russe.

    — À plus ou moins longue échéance, c’estpourtant fatal » (Beauvoir). ‖ 5. Sans partipris, abstraction faite de toute préférencepersonnelle : Rendre compte objectivementdes événements, de la situation politique.• SYN. : 2 réellement ; 3 concrètement,matériellement ; 4 scientifiquement ;5 exactement, fidèlement, impartialement,

  • scrupuleusement. — CONTR. : 1 formelle-ment ; 3 mentalement, psychiquement ;4 subjectivement ; 5 arbitrairement, par-tialement, tendancieusement.

    objectiver [ɔbʒɛktive] v. tr. (de objec-tif 1 ; 1835, Raymond, au sens 2 ; sens 1,1874, Larousse ; sens 3, 1838, Acad.). 1. Enpsychologie, rapporter à une réalité exté-rieure, à un être distinct du sujet, unemodification de la sensibilité : Objectiverses sensations. ‖ 2. Considérer commeobjectif, comme un objet réel et actuel, cequi est une donnée purement subjective :Objectiver les créations de son imagina-tion. ‖ 3. Exprimer, traduire sous uneforme objective un état intérieur, subjec-tif : Objectiver sa pensée par l’écrit. Il étaitencore trop sous le coup de cet éblouissementpour coordonner ses sensations et les objec-tiver sur la toile (Theuriet).

    • SYN. : 3 concrétiser, extérioriser, manifes-ter, matérialiser.

    ◊ s’objectiver v. pr. (sens 1, 1874, Larousse ;sens 2, 1889, Bergson, p. 154). 1. Prendre uncaractère objectif, le caractère d’une réalitéindépendante du sujet : La sensation s’ob-jective dans la perception. ‖ 2. S’exprimersous une forme objective, communicable àtous : Les idées, les sentiments s’objectiventdans les créations de l’art, de la littérature.

    objectivisme [ɔbʒɛktivism] n. m. (deobjectif 1 ; 1900, Grande Encyclopédie[art. réalisme], au sens 2 ; sens 1, 1951, A.Lalande). 1. Nom donné aux doctrines quiconsidèrent que, dans la perception, le sujetappréhende directement les objets, c’est-à-dire une réalité existant en dehors delui. ‖ 2. Attitude d’un esprit qui se veutobjectif et tient pour suspectes les don-nées subjectives (sensibilité, expérience,imagination).

    objectiviste [ɔbʒɛktivist] adj. et n. (de

    objectivisme ; 1962, Foulquié). Qui est par-tisan de l’objectivisme.

    ◊ adj. (1962, Foulquié). Qui se rapporte àl’objectivisme.

    objectivité [ɔbʒɛktivite] n. f. (dér. savantde objectif 1 ; 1803, Boiste, aux sens 1-2 ; sens3 et 5, 1932, Larousse ; sens 4, 1838, Acad.).1. Caractère de ce qui existe en tant qu’objetde pensée, représentation dans l’esprit :Notre théorie du phénomène a remplacé

  • la réalité de la chose par l’objectivité du

    phénomène (Sartre). ‖ 2. Caractère de cequi existe indépendamment de la pensée,de ce qui constitue une réalité en soi : Jen’en considère pas moins les nombres et lesfigures comme possédant une objectivitéaussi certaine que celle à laquelle l’espritse heurte dans l’observation de la naturephysique (A. Lautmann). ‖ 3. Caractère dece qui constitue un objet de pensée valablepour tous les esprits : L’objectivité scien-tifique. Le meilleur indice de l’objectivitéd’une connaissance réside, pour le savant,dans la convergence des résultats obtenuspar des méthodes différentes (Blanché).‖ 4. Qualité de ce qui est conforme à laréalité, d’un jugement, d’une oeuvre quidécrit ou apprécie les faits avec exactitudeet impartialité : Une critique qui manqued’objectivité. L’objectivité des conclusionsd’un historien. Ce qu’on appelle aujourd’hui« l’objectivité » est aisé aux romanciers sanspaysage intérieur (Gide). Le souci d’objec-tivité fausse cette vérité qui est toujours,qui doit toujours être simple (Simenon).‖ 5. Qualité d’une personne, d’un espritqui s’efforce d’être objectif, qui, dans sesjugements, fait abstraction de ses préfé-rences personnelles : Haverkamp ne man-quait pas toujours d’objectivité (Romains).J’essaierai de parler de ma folie avec l’objec-tivité d’un médecin qui a eu des accès dedélire et s’efforce de les décrire (Maurois).[Le président du tribunal] était là pour diri-ger avec impartialité les débats d’une affairequ’il voulait considérer avec objectivité (Camus).

    • SYN. : 3 impersonnalité, universalité ; 4exactitude, fidélité ; 5 détachement, impar-tialité, neutralité. — CONTR. : 3 subjectivité ;4 partialité ; 5 chauvinisme, fanatisme,passion.

    objet [ɔbʒɛ] n. m. (lat. scolast. objectum,ce qui affecte les sens, proprem. « ce quiest placé devant », part. passé neutre subs-tantivé du lat. class. objicere, jeter devant,placer devant, opposer, exposer, proposer,de ob-, préf. marquant la proximité, lacause, l’échange, et de jacĕre, jeter ; 1370,Oresme, au sens II, 3 ; sens I, 1, 1784, Brunot[objet d’art, 1847, Balzac] ; sens I, 2, milieudu XVIe s., Ronsard ; sens I, 3, av. 1662,Pascal ; sens I, 4, 1635, Corneille [être unobjet digne de, av. 1848, Chateaubriand] ;sens I, 5, milieu du XVIe s., Ronsard [en par-lant de l’amant, 1636, Corneille ; avec undéterminatif, 1642, Corneille] ; sens I, 6, av.

  • 1613, M. Régnier [avoir pour objet, début duXVIIIe s., Fontenelle ; remplir son objet, 1769,Voltaire ; sans objet, 1751, Duclos] ; sensI, 7, 1690, Furetière [être... ; faire..., 1697,Bossuet] ; sens II, 1-2, av. 1650, Descartes ;sens II, 4, début du XVIe s. [« ce qui frappe lesautres sens », 1370, Oresme ; « ce qui se pré-sente à l’imagination... », v. 1587, Du Vair ;à cet objet, 1638, Rotrou] ; sens II, 5, 1804,Code civil [« opposition, reproche contre untémoin », XVIe s.] ; sens II, 6, 1922, Brunot,

    Pensée [objet, même sens, 1775, Condillac ;complément d’objet direct, d’objet indirect,1922, Brunot, Pensée ; complément d’objetsecondaire, 1959, Robert ; complément d’ob-jet interne, 1933, Marouzeau]).

    I. DANS LA LANGUE COURANTE ET LALANGUE LITTÉRAIRE. 1. Chose, réalitématérielle ayant une unité, dont la di-mension est limitée et qui est destinée àun certain usage : Un objet en métal, enbois. Un objet dur, brillant. Objets de pre-mière nécessité. Objets personnels. Objetsde toilette. Un objet précieux, de peu devaleur. Le bonheur n’est pas comme cetobjet en vitrine que vous pouvez choisir,payer, emporter (Alain). Il s’installa dansun petit appartement de l’avenue Junotoù [...] il avait fait transporter une par-tie de son mobilier et les objets auxquelsil tenait le plus (Aymé). Elle regarda lestables, les glaces, la porte, tous ces objetstrop connus qui ne pouvaient plus retenirsa pensée (Sartre). Les mains de Louisese posaient[...] sur les objets de la petitecuisine dont Henry ne se servait jamais(Mallet-Joris). ‖ Objet d’art, objet pré-cieux par sa matière, sa facture, soncaractère artistique, et généralement depetites dimensions (statuette, pièce decéramique, d’orfèvrerie, etc.). ‖ 2. Fig. Cedont s’occupe l’esprit, matière à laquelles’applique l’activité de la pensée : Garderpour soi l’objet de ses réflexions. Dites-nous l’objet de vos pensées. La discipline,c’est toujours de se priver et de maintenirfortement sa pensée sur son objet (Barrès).‖ 3. Fig. Ce qui constitue la matière d’unescience, d’un art, le sujet d’une étude,d’un ouvrage : L’objet de la géographie, dela grammaire, de la morale. Il a refusé derévéler l’objet de ses recherches. La poésie,l’histoire et la philosophie ont toutes mêmeobjet, et un très grand objet, l’homme etla nature (Buffon). Quel est l’objet de laphilosophie ? C’est de lier les hommespar un commerce d’idées et par l’exerciced’une bienfaisance mutuelle (Diderot).

  • Mais les objets de l’arithmétique ou de lagéométrie sont simples auprès de tous lesautres qu’on peut se proposer d’examiner,et même les plus simples : le nombre, enl’acte de compter ; une ligne, en l’acte detracer (Valéry). Comme Du Bos respiremieux et comme il se repose et comme cetteâme affamée se nourrit de leur substancelorsque l’objet de son étude est un poètechez qui l’inspiration ne se sépare pas dela grâce, ou un pécheur qui sait ce qu’est lemal ! (Mauriac). Pendant au moins milleans, dans le monde entier, l’art de Ramsèsne fut pas moins oublié que son nom. Puis,il a reparu comme curiosité, de même queles arts dits chaldéens, et tout ce qui entou-rait la Bible. Puis la curiosité est devenueobjet de science ou d’histoire. Enfin, ce quiavait été double, puis objet, devint statueet retrouva une vie (Malraux). ‖ 4. Fig.Être ou chose sur lesquels se portent lesdownloadModeText.vue.download 14 sur 1038

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    sentiments d’une personne, qui suscitentun intérêt, un comportement d’ordreaffectif : Un objet de crainte, de mépris,de pitié. Être un objet d’admiration pourtous. Puis-je d’un tel chagrin savoir quelest l’objet ? (Corneille). Charles se trouvaitl’objet des attentions de Mme de Grassinsqui lui faisait des agaceries (Balzac). Tousles caractères de sa tendresse venaient delui, non de l’objet où il la dispensait (Bar-rès). De si grands mots au sujet d’un pas-sereau ? Oui, d’un passereau. Il n’est pasen amour de petit objet (Colette). La poli-tique étrangère française, si défigurée, sicalomniée par la presse française, j’ai étéheureux de la voir défendue ces temps-cipar un maurrassien d’extrême droite, etqui ne cache pas qu’il déteste de Gaulle.Mais il se fait de la France et de son rôledans le monde la même idée que l’objet deson exécration (Mauriac). ‖ Être un objetdigne de, mériter d’inspirer tel sentiment,de susciter tel intérêt : Un jeune hommeplein de passions, assis sur la bouche d’unvolcan [...], n’est sans doute, ô vieillards,qu’un objet digne de votre pitié ; mais [...]ce tableau vous offre l’image de son carac-tère (Chateaubriand). ‖ 5. Class. et littér.Femme aimée, femme : Mais quand d’unbel objet on est bien amoureux, | Que neferait-on pas pour devenir heureux ? (Mo-lière). Volage adorateur de mille objets

  • divers... (Racine). L’objet s’appelle Mlle dela Coste ; elle a plus de trente ans, elle n’aaucun bien, nulle beauté (Sévigné). Monâme, qu’aucune passion n’avait encoreusée, cherchait un objet qui pût l’atta-cher ; mais je m’aperçus que je donnaisplus que je ne recevais (Chateaubriand).Très souvent, le meilleur parti est d’at-tendre que le rival s’use auprès de l’objetaimé par ses propres sottises (Stendhal).‖ Class. Se disait aussi parfois en parlantde l’amant : Madame, croyez-moi, vousserez excusable | D’avoir moins de cha-leur [= d’emportement] contre un objetaimable, | Contre un amant si cher (Cor-neille). ‖ Auj. Quand il désigne la per-sonne aimée, est généralement accompa-gné d’un déterminatif : Je refusai de faireparticiper l’objet de mon étrange amouraux délicatesses et aux plaisirs de mapensée (Sand, citée par Maurois). C’étaitpour me montrer l’objet de sa flammequ’il m’emmenait (Simenon). ‖ 6. Fig. Cequ’on désire, ce qu’on veut réaliser ; but,fin que l’on assigne à une action : L’objetd’une démarche, d’une réunion. L’objetde cette mesure est d’améliorer les rela-tions entre le public et l’Administration.L’objet du mariage est d’avoir des enfants(Buffon). J’expliquai brièvement l’objetde mon voyage (Chateaubriand). Le butauquel j’aspire, depuis tant d’années, lesonge de mes nuits, l’objet de mes prièresau Ciel, la sécurité, je l’atteins ! (Hugo).Tout en expliquant à Juliette l’objet desa visite, elle admirait le buffet, la table

    ronde, les chaises cannelées et la penduledorée (Aymé). ‖ Avoir pour objet, viser àtel résultat. ‖ Remplir son objet, atteindrele résultat projeté. ‖ Sans objet, dépour-vu de fondement, de raison d’être : Uneintervention, une démarche sans objet.‖ 7. Être, faire l’objet de, être la personneou la chose sur laquelle se porte un senti-ment, s’exerce une action ou l’activité dela pensée : Elle se voyait, à cette seconde,transfigurée par la passion dont elle étaitl’objet (Mauriac). L’événement qui faitl’objet de notre réunion (Claudel). Pen-dant des mois, il y eut un cas Gadelle quifaisait l’objet de toutes les conversations(Simenon). Un agitateur qui est l’objetd’une mesure d’éloignement. Cette ques-tion a fait l’objet récemment d’une étudetrès documentée ; par extens., être soumisà : La conjoncture monétaire actuelle faitl’objet de variations imprévisibles.

    II. DANS LA LANGUE SPÉCIALISÉE (PHI-

  • LOSOPHIE, DROIT, LINGUISTIQUE...). 1. Enphilosophie, ce qui est pensé, représentédans l’esprit, par opposition à celui quipense, à l’être connaissant, au sujet : Lejugement trompeur d’une imaginationqui compose mal son objet (Descartes). Lapensée qui contemple est le sujet de la ré-flexion ; la pensée contemplée en est l’objet(Cousin). Cet objet psychique appréhendéà travers la douleur, c’est le mal (Sartre).Les autres hommes n’existent que commedes objets ; nous seuls nous saisissonsdans notre intimité et notre liberté : unsujet (Beauvoir). ‖ 2. Ce qui existe en soi,indépendamment de la connaissance quepeut en avoir le sujet pensant : J’ai souventremarqué, en beaucoup d’exemples, qu’ily avait une grande différence entre l’objetet son idée (Descartes). ‖ 3. Tout ce quiest perçu par l’intermédiaire des sens,et en particulier de la vue et du toucher(êtres inanimés ou animés) : La percep-tion des objets. La loupe donne des objetsune image virtuelle agrandie. Un objetpatial non identifié. Les images des objetsne se forment pas seulement ainsi au fondde l’oeil, mais elles passent encore au-delàjusques au cerveau (Descartes). Tous lesobjets paraissent sombres et en confusionle matin aux premières lueurs de l’aurore ;mais ensuite ils semblent sortir commed’un chaos, quand la lumière, qui croîtinsensiblement, les distingue et leur rend,pour ainsi dire, leurs figures et leurs cou-leurs naturelles (Fénelon). Il faut fixervotre attention sur les objets que voientvos yeux, cette poignée, cette étagère, et lefilet avec ces bagages, cette photographiede montagnes, ce miroir, cette photogra-phie de petits bateaux dans un port, cecendrier avec son couvercle et ses vis, cerideau roulé, cet interrupteur, cette son-nette d’alarme (Butor). ‖ 4. Class. Ce quis’offre aux regards : vue, spectacle, image,aspect des êtres et des choses : Elle voit(quel objet pour les yeux d’une amante !)

    | Hippolyte étendu, sans forme et sanscouleur (Racine). Dans le cristal d’unefontaine | Un cerf se mirant autrefois | [...]ne pouvait qu’avecque peine | Souffrir sesjambes de fuseaux, | Dont il voyait l’objetse perdre dans les eaux (La Fontaine). Sesmurs [...] présentant de loin leur objet en-nuyeux (Boileau). ‖ Class. Plus rarement,« ce qui frappe [les] autres sens [odorat,goût, ouïe] » (Furetière, 1690) : Le son estl’objet de l’ouïe (Acad., 1694). ‖ Class.Ce qui se présente à l’imagination :vision, image mentale : « Angélique est

  • fort dans la pensée. | — Hélas ! c’est monmalheur : son objet trop charmant | [...] yrègne absolument » (Corneille). Il [Satan]étonne notre âme timide par des objets defamine et de guerre (Bossuet). ‖ Class.À cet objet, à cette vue : Jugez à cet objetce que j’ai dû sentir (Racine). ‖ 5. Ce surquoi porte un droit, une obligation, uncontrat, une demande en justice : L’objetd’une obligation n’est autre que ce qui estdû par la personne obligée. ‖ Vx. Oppo-sition, reproche contre un témoin. (Sou-vent au plur.) ‖ 6. Complément d’objet,en linguistique, syntagme nominalcomplément du verbe désignant l’êtreou la chose sur lesquels s’exerce l’actionexprimée par le verbe. ‖ Complémentd’objet direct, ou simplem. objet direct,complément d’un verbe transitif non pré-cédé d’une préposition (ex. : Il mange SONDESSERT). ‖ Complément d’objet indirect,ou simplem. objet indirect, complémentd’un verbe transitif indirect introduit parl’intermédiaire de la préposition à ou de(ex. : La sécheresse nuit À TOUS LES VÉGÉ-TAUX. L’écrivain parle DE SON OUVRAGE)‖ Complément d’objet secondaire, nomdonné par quelques grammairiens aucomplément d’attribution des verbesdonner, accorder, attribuer, etc. (ex. : Ila donné un livre À SON FILS). ‖ Complé-ment d’objet interne, complément d’objetprécisant la modalité particulière de l’ac-tion exprimée par le verbe (ex. :Vivre savie). [V. art. spécial.]

    • SYN. : I, 1 article, ustensile ; 2 sujet ; 3matière, propos, substance, thème ; 6 objec-tif. ‖ II, 3 chose, corps.

    GRAMMAIRE ET LINGUISTIQUE

    L’OBJET

    DÉFINITION FONCTIONNELLE

    Le « complément d’objet » est défini àl’article spécial consacré au complémentCIRCONSTANCIEL (v. ce mot). Pour re-prendre l’exemple qui y est donné, dansles phrases suivantes :

    1. Le lieutenant précédait seshommes,

    2. Le lieutenant marchait devant seshommes,downloadModeText.vue.download 15 sur 1038

  • GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

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    la même relation est exprimée entre unterme que désigne le nom lieutenant etun terme que désigne le nom hommes.

    La phrase 2 exprime cette relation parle verbe (marchait) et la préposition (de-vant) ; la substitution d’une autre préposi-tion modifierait la nature sémantique dela relation (marchait derrière, marchait àcôté de) ; le nom hommes est complémentcirconstanciel du verbe marchait.

    La phrase 1 exprime cette relation parle verbe seul (précédait), et des modi-fications sémantiques de la relation nepeuvent être exprimées que par la subs-titution d’un autre verbe (suivait, accom-pagnait) ; le nom hommes est complé-ment d’objet du verbe précédait.

    En somme, on appelle complément d’ob-jet le complément désignant un être ouune chose unis sur le plan du sens à unautre signifié de la phrase par une rela-tion dont le seul choix du verbe exprimela nature.

    Cette définition de l’objet n’est pas extra-grammaticale, puisque le point de départen est une différence purement formelle.Elle a un fondement sémantique, la rela-tion exprimée par le verbe, et c’est sur leplan du signifié verbal que se situe essen-tiellement la différence entre le complé-ment d’objet, qui désigne un ensembledisjoint de l’ensemble sujet, et l’attribut,qui désigne soit une propriété, soit unensemble consubstantiel à l’ensemblesujet (Le lieutenant était mon frère) ; cettedifférence se traduit sur le plan formel— comme il est montré à l’article spécialATTRIBUT (tome Ier) — par la possibilitéde substituer un adjectif au nom attribut(Le lieutenant était grand), non à l’objet(*Le lieutenant précédait grand).

    Une telle conception de l’objet a pourcorollaire l’intuition immédiate d’uneincomplétude du terme exprimant larelation ; le verbe précédait dans la phrase1, comme la préposition devant dans laphrase 2, ou comme le terme /=/ dansune équation mathématique, appelle unterme « but » qu’il rapporte à un terme« source » : c’est en 1 et en 2 le nom seshommes, que les anciennes grammaires

  • nommaient « régime » du verbe ou dela préposition. Le verbe, dans le premiercas, est appelé transitif.

    Le complément d’objet étant distingué enlatin — comme en grec — par le « cas »accusatif, les grammaires du MoyenÂge, conçues sur le modèle du latin, nele connaissaient que sous cette forme etl’appelaient accusativum, expliquant sonemploi par une « vertu transitive » (vistransitionis, Michel de Marbais) du verbeactif. C’était l’idée de « rection », expri-mée au VIe s. au moyen de verbes commeexigere, desiderare, trahere (dictio exigitdictionem, Priscien), plus tard et surtout à

    partir du XIIe s. par regere (« gouverner »),regimen (« régime »). L’emprunt à la phi-losophie du terme objectus marquera unpas vers une conception plus logique dela fonction, encore que la rection ne soitpas répudiée, par exemple chez Sanctius(1587) et chez son disciple Scioppius(1628), dont J.-Cl. Chevalier (la Notion decomplément chez les grammairiens, 1968,p. 359) cite cette règle :

    Verbum adsciscit [= réclame]

    objectum.

    Pour ces deux précurseurs de la gram-maire générative, tout verbe impliquaitd’ailleurs un objet, exprimé ou sous-en-tendu (currere = currere cursum).

    Les théories de la rection et de la tran-sitivité ont été reprises et améliorées auXXe s. par Albert Séchehaye (Essai sur lastructure logique de la phrase), puis parAndreas Blinkenberg (le Problème de latransitivité en français moderne, 1960).On distingue aujourd’hui les cas où leverbe, de sens vraiment transitif, est privéd’objet par ellipse, et les cas où, de sensintransitif, il refuse toute addition d’ob-jet. De même qu’une préposition, quandle contexte s’y prête, peut être employée« absolument », devenant adverbe (Mar-chez devant ; C’est étudié pour ; Écrivezavec), de même le verbe transitif est em-ployé « absolument » quand son objet estgénéral (Cette machine écrit et compte) ouquand le contexte permet de le suppléer(Tenez bien la corde et tirez). Mais il esttoujours possible de restituer après cesverbes un objet (écrit des factures, comptedes nombres, tirez la corde), alors qu’unverbe intransitif ne le permet pas (*mar-

  • cher quelque chose). Un même verbepeut avoir un sens transitif appelant unobjet, exprimé ou non (Ne poussez pasvos voisins ! Ne poussez pas !), ou un sensintransitif refusant un objet (Mes saladespoussent).

    La doctrine moderne de la tagmémique(variante du distributionalisme [v. DIS-TRIBUTION, art. spécial]) donne l’objetpour un tagmème nucléaire, c’est-à-direrégi par le verbe, mais facultatif (à la dif-férence du sujet). On notera cependantson caractère plus ou moins facultatifselon les verbes : manger, lire ou rêver seconstruisent facilement sans objet ; avoir,aimer ou fendre, difficilement.

    La théorie de Sanctius et Scioppius n’estpas en contradiction totale avec les faits :tout verbe intransitif peut en principe êtresuivi d’un complément d’objet, à condi-tion que ce complément soit un substan-tif nominalisant l’idée verbale : dormirson dernier sommeil, vivre sa vie, tournermille tours, pleurer des larmes sincères.Cette construction, surtout littéraire, ap-pelée complément d’objet interne, et quine se rencontre pratiquement qu’avec un

    petit nombre de verbes (v. Gougenheim,Mélanges offerts à M. Delbouille, 1964),est motivée par le besoin de quantifier, dedéterminer, de caractériser l’action ver-bale de la manière élégamment préciseque permet la forme nominale. Sa forcestylistique tient à l’insolite du pléonasmequ’elle comporte (comparer : tournermille tours / faire mille tours / tournermille fois). Elle est justifiée en logiquepar le fait que toute idée peut être conçuesous la forme d’un « ensemble », quedonne le substantif (v. NOM, art. spécial) ;le signifié du verbe intransitif est dédou-blé en Relation + Terme « but », dualitéque traduit l’emploi de deux mots diffé-rant seulement par le modus significandi ;il y a bien relation entre l’ensemble sujetet un ensemble objet, et le verbe prendune valeur transitive, limitée à ce seultype d’objet.

    Le critère essentiel de la distinctiondu complément d’objet et du complé-ment circonstanciel est la commutabi-lité de la préposition. Certains verbes seconstruisent avec une préposition dont lechoix n’est pas libre :

    3. Paul doute de ma compétence.

  • 4. Paul se fie à mon diagnostic.

    On ne dirait pas : *Paul doute à ma com-pétence, *Paul se fie de mon diagnostic.N’étant pas libre, le choix de la préposi-tion n’est pas significatif, et l’on doit latenir pour un élément indissociable dulexème verbal ; les locutions douter de etse fier à expriment une relation comme lefait un verbe simple ; le nom régime estcomplément d’objet.

    Il existe donc des objets indirects répon-dant à la définition fonctionnelle donnéeplus haut, à condition que l’on considèrela préposition non commutable commeune partie du lexème verbal.

    Un cas particulier est offert par les verbescomme tenir, manquer, qui prennentdes sens très différents selon qu’ils sontconstruits avec ou sans préposition ;comparer :

    Il tient à ce livre (= il y attache duprix),

    Il tient ce livre (= il l’a dans la main).

    ou avec telle ou telle préposition :

    Paul manque à sa mère (= il lui fait

    défaut),

    Paul manque de courage (= il n’en a

    pas).

    Dans ces exemples, le passage de laconstruction directe à la constructionindirecte ou le changement de préposi-tion s’accompagne d’un tel changementdu sens du verbe qu’on doit encore consi-dérer la séquence Verbe + Prépositioncomme une unité lexicale, et penser qu’ils’agit de deux verbes quasi homonymesdownloadModeText.vue.download 16 sur 1038

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    tenir à et tenir ou manquer à et manquerde.

    L’épreuve de l’incomplétude pratiquéesur les verbes transitifs directs ne peut

  • être appliquée aux verbes comme dou-ter de, se fier à, tenir à, manquer de ouà. En coupant le texte après le lexèmeverbal complet, c’est-à-dire après la pré-position, on mettrait en évidence uneincomplétude qui pourrait être imputéeà la préposition aussi bien qu’au verbe.Si l’on pratique la coupure entre l’élé-ment verbal (douter, tenir, manquer, etc.)et la préposition (de ou à), on démontreseulement par l’incomplétude ou l’indé-cision du sens la cohésion sémantiquedu lexème, et cette cohésion n’impliquemême pas la nature objectale du régime,car il est une série de verbes exprimantun mouvement comme aller, se réfugier,qui appellent un complément (Je vais enSuisse ; Il s’est réfugié à Moulins), dont lanature circonstancielle peut être établiepar la commutabilité de la préposition :

    Je vais en Suisse / au marché / dans lacour / sur le toit / sous l’auvent, etc.

    Il s’est réfugié à Moulins / chez moi /

    dans une île / sur mon toit, etc.

    Il existe des verbes à double objet commepriver, accuser :

    Le directeur a accusé Paul de men-

    songe et l’a privé de sortie.

    (La préposition de est incommutabledans ces deux propositions.)

    Une question souvent discutée est cellede la différence entre l’objet et le « com-plément d’attribution ». Il y est réponduà l’article spécial ATTRIBUTION (tome Ier).Tous les exemples précédemment donnésprésentent le complément d’objet sous laforme d’un nom (hommes, compétence,diagnostic, mère, courage) ; il est d’autresespèces de mots ou des groupes de motsqui ont la valence nominale et, de ce fait,peuvent être objet ; l’inventaire en serafait plus loin. Il faut d’abord confronterla définition qu’on vient de lire avec lescritères sémantiques et formels habituel-lement invoqués, qui la contredisent ou lavérifient.

    CRITÈRES DE SENS

    Le terme accusativus casus, résultantd’une mauvaise interprétation du grecaitiatikê ptôsis (v. LINGUISTIQUE, art.

  • spécial), était propre à fourvoyer toute ré-flexion sur le sens d’une fonction que l’onpeut songer à lier à l’idée de « cause », nonà l’idée d’« accusation ».

    Le caractère obligatoire de l’accusatifdispensait heureusement les grammai-riens du Moyen Âge de s’interroger sur sasignification, mais les analystes de Port-

    Royal ne s’en firent pas faute, et la ratta-chèrent étroitement au sens du verbe :

    « Les verbes qui signifient des actions quipassent hors de ce qui agit, comme battre,rompre, guérir, aimer, haïr, ont des sujetsoù ces choses sont reçues, ou des objetsqu’elles regardent. Car si on bat, on batquelqu’un ; si on aime, on aime quelqu’un,etc. Et ainsi ces verbes demandent aprèseux un nom qui soit le sujet ou l’objet del’action qu’ils signifient » (Grammairegénérale et raisonnée, 1660, p. 37).

    On remarque dans ce texte l’amphibolo-gie du terme sujet, qui pouvait désignerune certaine catégorie d’objet de l’actionou le « sujet » grammatical de la phrase.Les grammairiens s’en embarrasserontencore au XVIIIe s., en fondant la dua-lité des objets sur une opposition subtileentre « actions réelles » et « actions inten-tionnelles » (J.-Cl. Chevalier, ouvragecité, p. 644).

    Cette distinction a fait long feu, mais leXXe s. n’a pas rejeté la métaphore conte-nue dans le verbe passer :

    « L’action peut sortir du sujet, et portersur une chose, un être, une idée. Ellepasse alors sur eux, comme on dit, et cesêtres, ces choses sont considérés commeles objets de l’action » (Brunot, la Penséeet la langue, 1922, p. 300).

    Or ni le verbe passer, ni le verbe porteremployé par Brunot et la très grande ma-jorité des grammairiens du XXe s., ni lespériphrases évoquant l’aboutissement del’action, ne résistent à la critique du fonc-tionalisme : ils conviennent aussi bien àla phrase 2 de notre exemple de départqu’à la phrase 1, et permettraient d’appe-ler objets les compléments écrits en grasdans les phrases suivantes :

    J’appuie sur le bouton.

    L’encre s’est répandue dans ma poche.

  • Nous ramerons jusqu’à la côte.

    Tu as travaillé pour la gloire.

    Hugo a écrit contre Napoléon III.

    Si la grammaire traditionnelle refusede voir dans ces noms des complémentsd’objet, ce ne peut être que pour une in-consciente raison de forme, qui est la pré-sence de prépositions commutables (sur,dans, jusqu’à, pour, contre).

    Que vaut l’intuition sémantique dont ellefait état ? Dans le premier exemple propo-sé au début de cet article, le verbe précéderexprime-t-il une relation de « portée del’action » ou — comme il paraît évident— une relation de « lieu » ? Une réponseexclut l’autre. Certains ont soutenu obs-tinément la première : Henri Yvon, dansle Français moderne d’avril 1958, s’élevaitcontre l’emploi du mot « objet » au sensde « complément d’objet », qu’il relevaitdans toutes les grammaires en usage etjusque chez Brunot. Pour lui existaient

    seulement des « compléments d’objet »comme des « compléments de lieu, detemps, de cause, etc. ». Les Instructionsdu 20 septembre 1938 avaient été jusqu’àdonner pour complément d’objet le nomtable dans Je frappe sur la table, arguant— fallacieusement — qu’on peut dire aumême sens Je frappe la table.

    Le danger de cette conception en péda-gogie est que les élèves, n’identifiant larelation d’« objet » à aucune relationextra-grammaticale pragmatiquementbien assise, comme le lieu, la cause, etc.,n’en fassent une étiquette commode pourtout complément circonstanciel : dans lesparties d’analyse, le « complément d’objetindirect » devient pour beaucoup de ga-mins un refuge d’où le maître est en peinede les débusquer.

    On peut se demander si l’expression« complément d’objet » n’est pas aucontraire à éviter dans la mesure où ellefavorise cette idée d’une relation séman-tique d’« objet ». Parler d’« objet » toutcourt comme de « sujet » est préférable,l’un et l’autre mot désignant une desfonctions primaires de la proposition,reconnaissable à des critères formels etindépendante des notions extra-gram-maticales de relation entre les êtres ou les

  • choses, qu’elle n’exclut pas. C’est le verbequi exprime une relation

    — de lieu dans Paul fréquente laSorbonne ;

    — de moyen dans J’utilise ce livre ;

    — de cause dans Je déplore mon acte ;

    — de but dans Paul désire réussir ;

    — de conséquence dans L’oisiveté en-traîne le vice.

    Si l’on ne parle pas d’objets de lieu, demoyen, de cause, de but, de conséquence,etc., c’est que ces distinctions n’ont pasd’intérêt en grammaire, non plus quecelles, par exemple, des diverses valeurssémantiques du complément de nom(lieu : un voyage en France ; cause : undécès par asphyxie, etc.). Où s’arrêterait-on d’ailleurs si l’on voulait identifier larelation contenue dans chaque verbeintroduisant un objet ? N’irait-on pasdistinguer des objets de création (Je faisun dessin, J’écris un roman, Je bâtis unemaison), de destruction (Je brûle ce pa-pier, Je casse mes lunettes), de perception(Je vois un nuage, J’entends le tonnerre),de déplacement (Je lève le doigt, Je poussela brouette), de possession (J’ai trois voi-tures), etc. Analyse pertinente en séman-tique, non en grammaire, où l’on perdraitde vue l’unité fonctionnelle définie plushaut.

    CRITÈRES FORMELS

    Plusieurs linguistes modernes sou-tiennent que la notion d’objet est undownloadModeText.vue.download 17 sur 1038

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    « concept extra-linguistique » sansmarque formelle. Ainsi, Aurélien Sau-vageot, dans plusieurs articles écrits en1950, 1960, 1971, a récusé entre autres lecritère de la position postverbale directe :

    « Quand nous disons en français : il tra-vaille le chant (= il s’exerce à chanter),nous avons le sentiment que le terme lechant est un complément d’objet alorsque, dans il travaille la nuit, notre senti-

  • ment nous dit que la nuit est complémentcirconstanciel de temps. La distinctionque nous en faisons n’a aucun supportmatériel » (Bulletin de la Société de lin-guistique de Paris, tome 55, 1960).

    À cette démonstration, Henri Frei arépondu (Cahiers F. de Saussure, 1961)qu’elle oublie les critères formels desubstitution : On peut dire, de quelqu’unqui travaille le chant, qu’il le travailletandis que il travaille la nuit ne sauraitêtre remplacé par il la travaille. » Onquestionne dans le premier cas par que(Que travaille-t-il ?) et dans le second parquand (Quand travaille-t-il ?). Une classelinguistique peut exister « même quandelle n’est pas marquée explicitement danstoutes les positions du système ».

    La question est reprise en 1970 dans lesÉtudes de linguistique appliquée (VI)par Mira Rothenberg, qui distingue lescritères « explicites » (tels que la dési-nence casuelle) et les critères « sous-jacents » (possibilités de substitutionet de transformation). Elle énumère etétablit différents critères sous-jacentsdu substantif complément d’objet, enconcluant à la pertinence de cette notionen linguistique.

    On peut dresser l’inventaire suivant encombinant les indications de son étudeavec d’autres, dues principalement à J.-Cl. Corbeil (les Structures syntaxiquesdu français moderne, 1968) et à MauriceGross (Langue française, n° 1, 1961).

    • 1° CONSTRUCTION DIRECTE.

    L’objet est ordinairement de constructiondirecte, mais on a vu plus haut qu’il existedes objets indirects : Je doute de Paul, Jeme fie à Paul.

    On vient de voir aussi qu’il existe descompléments circonstanciels directs ;ils expriment des relations de temps (lanuit), de lieu (J’habite rue Danton), demesure (Il mesure deux mètres), de poids(Elle pèse cent kilos), de prix (Ça vaut centfrancs).

    • 2° COMMUTABILITÉ DE LA PRÉPOSITION.On a vu au début de cet article que lacommutabilité de la préposition dis-tingue les compléments circonstancielsdes compléments d’objet indirects.

  • Dans le cas des compléments circonstan-ciels directs, l’épreuve devient l’additiond’une préposition ou d’une autre :

    Il travaille la nuit / pendant la nuit /

    avant la nuit / etc.

    • 3° POSITION POSTVERBALE.

    L’objet est ordinairement placé après laséquence Sujet + Verbe.

    Mais, d’une part, cette place est aussicelle de l’attribut et n’est pas interditeaux compléments circonstanciels, quipeuvent même précéder l’objet :

    J’ai mis dans mon sac un tube

    d’aspirine.

    D’autre part, la règle est d’antéposerl’objet quand il a la forme d’un pronompersonnel proclitique (me, te, nous, vous,se, le, la, les, lui, leur) :

    Le lieutenant les précédait,

    ou de l’adverbe en ou y :

    Il en doute Il ne s’y fie pas,

    ou du pronom relatif-interrogatif que,qui, quoi :

    Les hommes que le lieutenant

    précédait.

    Qui le lieutenant précédait-il ?

    À quoi vous fiez-vous ?

    D’autres exceptions concernent les nomseux-mêmes, déplacés pour leur mise envaleur :

    À cet homme, je ne me fierais pas.

    Le mot postverbal peut être un sujetinversé :

    Dans cette maison naquit Vaugelas.Ces faits sont étudiés dans l’article spé-cial consacré à l’ORDRE DES MOTS.

    • 4° MARQUE CASUELLE.

    Dans beaucoup de langues, comme le

  • latin ou l’allemand, la fonction objet estmarquée par le cas accusatif (lat. pue-rum, allem. den Knaben). En françaismoderne, le nom ne connaît pas d’oppo-sition casuelle.

    Le pronom personnel oppose un cas ré-gime me, te, se, le, lui, etc., au cas sujetje, tu, il, etc. Le pronom que relatif-inter-rogatif est également marqué en cas. Cesvestiges de l’accusatif sont le plus sou-vent des marques redondantes pour lafonction que suffirait à exprimer la placepréverbale.

    • 5° TRANSFORMATION PRONOMINALE.Le nom complément d’objet peut êtretransformé, on l’a vu, en pronom atone :Il le travaille (= le chant) ; il n’en est pasde même du complément circonstancieldirect.

    Le remplacement par en ou y d’un com-plément précédé de de ou à n’est pas un

    critère de l’objet indirect, car en et y re-présentent aussi bien un complément delieu qu’un objet :

    J’en viens comme J’en doute

    J’y vais comme Je m’y fie.

    • 6° TRANSFORMATION INTERROGATIVE.La transformation interrogative est unmode particulier de pronominalisationou d’adverbialisation. Elle distingue bienl’objet de certaines circonstances (compa-rer Que travaille-t-il ? et Quand travaille-t-il). Dans les écoles, ce critère prend laforme de la question qui ? ou quoi ? poséeaprès le groupe Sujet + Verbe :

    Le lieutenant précédait qui ?

    (réponse : ses hommes)

    et non : Il travaille quoi ? (réponse : lanuit).

    Mais il est inopérant dans le cas descompléments indirects, où l’interroga-tion se fait par à qui ? à quoi ? de qui ?de quoi ? etc., qu’il s’agisse d’objet ou decirconstance.

    • 7° INAPTITUDE AU DÉTACHEMENT.

    L’autonomie fonctionnelle du complé-ment circonstanciel permet de le déta-

  • cher du verbe par une pause et de le pla-cer n’importe où, même avant le verbe :

    Il travaille, la nuit.

    La nuit, il travaille.

    La cohésion qui caractérise le syntagmeVerbe transitif + Complément d’ob-jet interdit de détacher celui-ci et del’antéposer :

    *Ses hommes, le lieutenant précédait.Ce critère s’applique inégalement auxcompléments indirects, car on ne dit pas :

    *De courage, il manque,

    mais on dit bien :

    À ce livre, il tient.

    • 8° TRANSFORMATION PASSIVE.

    Certains grammairiens restreignent lanotion d’objet aux compléments suscep-tibles de devenir sujet par la transforma-tion passive ; comparer :

    Le roi salue la servante.

    La servante est saluée par le roi.

    Cette transformation ne s’appliquequ’aux objets directs, qui ne l’admettentmême pas tous ; comparer :

    Paul a une voiture.

    *Une voiture est eue par Paul.

    Elle ne s’applique pas aux séquencescomme faire + infinitif :

    Alice fait tomber l’assiette.

    *L’assiette est fait(e) tomber par Alice.Mais il n’est guère indiqué de définirl’objet par la fonction qu’il prend dans ladownloadModeText.vue.download 18 sur 1038

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    transformation passive, si l’on veut pou-voir définir la forme passive par la fonc-tion des termes qu’elle met en jeu.

  • • 9° REMPLACEMENT PAR UN ADJECTIF.Comme il a été montré, le remplacementd’un nom postverbal par un adjectif (Ilsera grand) distingue de l’objet le nomattribut (Il sera notre ami) — qui lui res-semble par la position postverbale directeet par la pronominalisation à l’accusatif(Il le sera).

    Ce critère est caduc avec l’attribut de l’ob-jet de verbes comme élire, couronner, quine peut être qu’un nom (élire Dupont pré-sident) ; il reprend effet si l’on remplaceces verbes par faire devenir.

    Dans la pratique courante, ce critèresous-jacent est rendu inutile par le critèreexplicite que l’on tire du sens attributif duverbe. Les enfants des écoles apprennentune courte liste convenant à la majoritédes cas : être, paraître, sembler, devenir,rester, demeurer.

    Un cas parent de l’attribut est le complé-ment des verbes comme sentir : Ce platsent l’ail.

    On dit très bien : Il le sent. Que sent-il ?

    Mais la substitution d’un adjectif est pos-sible : Il sent bon.

    • 10° CONSTRUCTION UNIPERSONNELLE(v. UNIPERSONNEL, art. spécial).

    Le régime direct d’un verbe de natureou de construction unipersonnelle seconfond avec l’objet par la position pos-tverbale directe :

    Il y a vingt livres sur le rayon.

    Il manque deux livres sur le rayon.

    On questionne par que : Qu’y a-t-il ? Quemanque-t-il ? Le détachement est exclu,sauf dans le relâchement de la langueorale :

    *Vingt livres, il y a.

    *Deux livres, il manque.

    La pronominalisation personnelle estimpossible (*Il les y a) ou douteuse (Il lesmanque, il me les reste, etc.).

    Le verbe construit unipersonnellementn’étant jamais un verbe transitif, la fonc-tion objet est exclue pour son régime. Il

  • est « sujet réel » si la transformation per-sonnelle est possible :

    Deux livres manquent sur le rayon.

    Si elle ne l’est pas (*Vingt livres y ont), leterme « régime direct » suffit parfaitement.Cet inventaire des marques de l’objetn’est peut-être pas exhaustif ; il est suf-fisant pour qu’apparaisse l’impossibilitéd’asseoir l’unité de la notion d’objet surun réseau d’indices aussi complexe. Ceréseau garantit seulement la pertinenced’une notion syntaxique qui reposeessentiellement sur la signification rela-

    tionnelle disjonctive du lexème verbal.L’objet lui-même n’a que le signifié desnoms : il désigne un ensemble.

    FORMES GRAMMATICALES DE L’OBJET

    Dans les exemples donnés jusqu’ici, l’ob-jet était un nom (ses hommes, ma compé-tence,...) ou un pronom (le, que,...).

    Il peut être un pronom quelconque, placécomme le nom :

    Je vois quelqu’un. Mange ça.

    Il peut être un verbe à l’infinitif, deconstruction directe :

    Il aime travailler,

    ou de construction indirecte :

    Il cherche à travailler.

    Il tient à travailler.

    La construction indirecte de l’infini-tif peut correspondre à la constructionindirecte d’un nom objet (Il tient à sontravail) ou à une construction directe (Ilcherche un travail). Ces faits sont étudiésà l’article spécial INFINITIF.

    L’échange avec un nom est la principalecaution de la valeur objectale d’un infi-nitif. La pronominalisation personnelleest souvent impossible : on dit Il aime ça,et non Il l’aime, pour Il aime travailler.Quand la représentation paraît possible,elle renvoie plus au nom équivalent qu’àl’infinitif objet :

    Il le cherche (le travail).

  • Il y tient (à ce travail).

    La pronominalisation neutre peut garan-tir la valeur objectale d’un infinitif aprèsun verbe qui refuse pour objet le nom :

    Jean peut réussir. Il le peut. Que

    peut-il ?

    (mais non : *Jean peut la réussite).

    Elle peut aussi être impossible en mêmetemps que le remplacement par un nom :

    Elle daigne venir.

    Il tremble d’échouer.

    En ce cas, la valeur objectale ne reposeplus que sur les critères de position etde non-détachement, et sur la définitionessentielle de l’objet.

    Il existe un certain nombre de verbes àdouble objet dont un objet est facultati-vement ou obligatoirement un infinitif :

    Il accuse l’enfant d’avoir menti (ou de

    mensonge).

    Il supplie son fils de / autorise son fils

    à partir.

    Si les deux objets sont de constructiondirecte, on aboutit à la séquence appelée« proposition infinitive », dont il va êtreparlé.

    L’objet peut être une propositionsubordonnée :

    • 1° CONJONCTIVE INTRODUITE PAR« QUE », « À CE QUE », « DE CE QUE » :

    Je sais qu’il est venu.

    Je tiens à ce qu’il travaille.

    Je me plains de ce qu’il chante faux.

    Je tremble qu’elle échoue.

    L’échange possible avec un nom est en-core un critère assez constant (Je sais savenue), ainsi que la pronominalisationneutre (Je le sais), mais les deux peuventmanquer (pour je tremble) comme avec

  • l’infinitif objet.

    Le mode des conjonctives complémentsd’objet est l’indicatif ou le subjonctifselon le sens du verbe principal. Les fac-teurs commandant le subjonctif serontétudiés à l’article spécial SUBJONCTIF.

    • 2° RELATIVE SANS ANTÉCÉDENT :

    Arrêtez quiconque passera.

    Épouse qui te plaît / qui tu veux.

    La fonction objet est vérifiée par la subs-titution d’un nom (ou du pronom antécé-dent restituable).

    • 3° INTERROGATIVE « INDIRECTE » (v.INTERROGATION, art. spécial) :

    Je le demande si tu es heureuse.

    Dis-moi où tu comptes aller.

    Un cas particulier est constitué parles constructions complexes à based’infinitif :

    Je ne sais que faire.

    Je me demande comment m’y

    prendre.

    Il en est parlé à l’article spécial INFINITIF.La différence entre relative et interro-gative est quelquefois effacée, reposantuniquement sur le sens du verbe recteur ;comparer :

    Épouse qui t’aime. Devine qui t’aime.La même ambiguïté s’observe quandle mot introducteur est où ou quand ;comparer :

    Allons où tu habites.

    Dis-moi où tu habites.

    Je me rappelle quand j’avais vingt

    ans.

    Je ne sais plus quand j’ai eu vingt ans.• 4° INFINITIVE :

    On a appelé « propositions infinitives »plusieurs types de construction qui pré-sentent la fonction objet :

  • Je regarde les autos passer.

    ...cette femme qu’il croyait être sa

    mère.

    Différentes substitutions établissent lavaleur objectale de ces séquences, quisont étudiées à l’article spécial INFINITIF.Il y est également traité de la fonctionappelée « objet-agent » qui n’apparaîtqu’en relation avec un infinitif dans desdownloadModeText.vue.download 19 sur 1038

    GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

    3629

    conditions où l’objet direct est exclu parle système syntaxique français :

    Tu laisses (ou entends) chanter la

    Carmagnole à/par ton frère.

    Si la grammaire transformationnellepeut encore restituer là un complémentd’objet (Tu laisses/entends chanter tonfrère), la structure superficielle n’en pré-sente pas la forme.

    HISTORIQUE

    Le cas accusatif était en latin la marquede l’objet, sauf au neutre, où les fonctionsobjet et sujet étaient indifférenciées.

    La désinence -m de l’accusatif des nomss’étant effacée dans la prononciationdès l’époque latine, le « cas régime » desnoms en ancien français fut un cas nonmarqué, qui convint à toutes les fonctionsà l’exception des fonctions sujet, attributdu sujet, apposition et apostrophe, les-quelles restèrent, jusqu’au XIIIe s., mar-quées d’une désinence -s dans les nomsmasculins (ex. : cas régime sing. mur, che-valier ; cas sujet sing. murs, chevaliers).

    L’opposition casuelle, qui manquait dansla plupart des noms féminins, s’effaçagraduellement au masculin par l’élimi-nation du cas sujet. L’histoire de cet « ef-fondrement de la déclinaison » est faite àl’article spécial NOM.

    Tant que subsista la marque casuelle, ellerendait inutile la marque positionnelle, et

  • l’on relève jusqu’au XIIIe s. de nombreuxexemples d’objets placés avant le verbe :

    Tel hardement ne dist maischevaliers

    [Jamais chevalier ne tint un langageaussi hardi] (le Couronnement deLouis, 591).

    Gart que son oill cele part n’euvre

    [Qu’il n’ait garde d’ouvrir son oeil de

    ce côté] (le Roman de la Rose, 9668).L’ordre moderne s’imposa à mesure quela déclinaison s’effaçait (v. ORDRE. art.spécial), et l’antéposition de l’objet nese maintint à partir du XVIe s. qu’à titred’archaïsme littéraire (ou de commoditémétrique) :

    L’aigle et le chat-huant leurs querelles

    cessèrent (La Fontaine, Fables, V, 18).L’histoire de l’infinitif objet, et des hési-tations entre la construction directe et laconstruction indirecte, entre la préposi-tion à et la préposition de, est exposée àl’article spécial INFINITIF. L’usage a beau-coup varié à travers les siècles, et l’on re-lève encore au XVIIe s. bien des construc-tions différentes des nôtres : ressemblerson père, survivre son père, servir à Dieu,entendre à quelqu’un, oublier de quelquechose.

    L’étude historique révèle, comme il seproduit souvent, les tendances d’une évo-lution séculaire, voire millénaire. L’indo-européen distinguait catégoriquementun type de phrase

    Sujet + Verbe + Objet

    d’un type

    Sujet (+ Verbe) + Attribut.

    Dans le second type, où le verbe pou-vait manquer (sous certaines conditionsqu’étudie E. Benveniste, Bulletin de laSociété de linguistique de Paris, 1950),la désinence de l’attribut était celle ducas sujet (nominatif). En latin, le verbe« copule » devint obligatoire, mais la dif-férence casuelle entre l’objet (à l’accusa-tif) et l’attribut (au nominatif) maintintla conscience d’une différence profondeentre la valeur de relation d’un verbe

  • transitif comme habere et la valeur d’in-hérence d’un verbe attributif comme esse.La suppression, du latin au français, detoute « marque explicite » de l’oppositionObjet/Attribut traduit une assimilationde l’un à l’autre, l’inhérence ayant étéversée au nombre des relations — commerelation d’identité. La variation desmarques en français même n’est qu’unepreuve de plus du caractère second dessignifiants, associés par des conven-tions perpétuellement modifiables auxfonctions premières, beaucoup moinscaduques. Les tâtonnements de la languefrançaise en vue d’une construction com-mode de l’infinitif objet sont à étudierdans le cadre de la recherche d’un équi-libre de la structure phrastique affranchides marques de cas.

    objurgation [ɔbʒyrgasjɔ]̃ n. f. (lat.objurgatio, réprimande, blâme, de objur-gatum, supin de objurgare [v. l’art. suiv.] ;XIIIe s., Godefroy, au sens 1 [« figure derhétorique... », av. 1799, Marmontel] ; sens2, 1886, L. Bloy). 1. Littér. Réprimande,remontrance que l’on fait à quelqu’un pourl’inciter à réformer sa conduite (surtoutau plur.) : Résister, rester sourd à toutesles objurgations. ‖ Spécialem. Figure derhétorique par laquelle un orateur adressedes reproches à l’auditoire. ‖ 2. Littér.Adjuration, prière instante : C’était unelitanie, une supplication, de plus en pluspressante, impérieuse, comme si la Mèrede Dieu résistait et qu’il fallût la vaincre àforce de prières et d’objurgations (Barrés).« Riquet, regarde-moi ! » Elle fit trois foiscette objurgation et la fit trois fois en vain(France). Cédant enfin aux objurgations dema mère, je vins l