Titre de l’édition originale -...

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Titredel’éditionoriginale:ROGUE©2014,KatyEvanstousdroitsréservés

Laprésenteéditionaétépubliéeenaccordavecl’éditeuraméricain:©2014,GalleryBooks,Simon&Schuster,Inc.,NewYork

Pourlacouverturefrançaise:Image:©Corbis

Graphisme:StéphanieAguado

CollectiondirigéeparHuguesdeSaintVincentOuvragedirigéparAudreyMessiaen

©HugoRomanDépartementdeHugo&Cie

38,rueLaCondamine75017Pariswww.hugoetcie.fr

ISBN:9782755619997

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.

Auxrêvesquiseréalisent

SOMMAIRE

Titre

Copyright

Dédicace

PLAYLISTDEROGUE

ROGUE

LEBON-Mélanie

1-ZÉRO-Greyson

2-HÉROS-Mélanie

3-ELLE-Greyson

4-LUI-Mélanie

5-C’ESTDUBOULOTD’ÊTREUNCONNARD-Greyson

6-BIENTÔTSIX-Mélanie

7-MARQUÉÀVIE-Greyson

8-MESSAGE-Mélanie

9-AGITÉ-Greyson

10-ATTENTE-Mélanie

11-TUER-Greyson

12-MARIAGE-Mélanie

13-CESOIR-Greyson

14-WEEK-END-Mélanie

15-LÀOÙJEVAIS-Greyson

16-DETTES-Mélanie

17-PLUS-Greyson

18-UNDERGROUND-Mélanie

19-PERDU-Greyson

20-PERDUE-Mélanie

21-LALISTE-Greyson

22-DÉCISION-Mélanie

23-NOUVELLES-Greyson

24-RÉVÉLATION-Mélanie

25-TOMBÉE-Greyson

26-DANSLENOIR-Mélanie

27-PARFAIT-Mélanie

Remerciements

Àproposdel’auteur

PLAYLISTDEROGUE

WaitingforSupermandeDaughtryTheHauntedMandeBatforLashesStoryofMyLifedeOneDirectionMillionDollarMandeLanaDelRey

DarkHorsedeKatyPerryGravityd’Alex&SierraHomedeDaughtryXOdeBeyoncé

SaySomethingd’Alex&SierraTheLastSongEverdeSecondhandSerenadeThisIsWhatItFeelsLiked’ArminvanBuuren

ROGUE

Nom(anglais)Unecrapule.Personnesansprincipes;personne,généralementunhomme,quin’estpascequ’ilsembleêtre.

Verbe(anglais)DuperDétruire

Secomportercommeunefripouilleouunecrapule.

Adjectif(anglais)Unhommequinetrouvepassaplace.Unrenégatautempéramentsauvage

etimprévisible,quis’éloignedelanorme;parexemple,unpoliciervéreux.

Oumême,unprincecharmantvéreux…

LEBON

Mélanie

Dèsmonplusjeuneâgeonm’aapprisque,danslavie,iln’yavaitpasdecertitudes.Lavieelle-mêmen’estpasunecertitude,pasplusquel’amitiéoul’amour.Maisonamalgrétoutlacertitudedepouvoircomptersursesamis,devivresavieetdechercherl’amour.

Cela fait vingt-quatre ans et je cherche encore. Je sais ce que l’on dit de l’amour : cela voustombedessusquandvousvousyattendez lemoins,cen’estpascommeonse l’imagine…Mais jesaisexactementcommentcesera.Jel’attends,commeunetempêtequipasserasurmoi.Jesuisprêteàle laisser m’emporter. Je suis prête à tomber, et à tomber de haut, si seulement je le trouve. Cethommesansvisageetsansnomquimeferavoirtouslesautrescommedespetitsgarçons.

Parfois jevois sonvisagedansma tête,etbienqu’il soit flou, jepeux lesentir, fortet solidecommej’espèrequ’ilsera,etj’attendsparcequej’aiunecertitude:jen’arrêteraijamaisdevivremavie,d’aimermesamis,etdechercherl’amour.Jesaisaveccertitudeque,quandjeletrouverai,ilseratoutcedontj’airêvé,parfaitsurtouslesplans.

L’hommeparfaitpourmoi.

***

1

ZÉRO

Greyson

Maqueueestprofondémentlogéedanslachatted’unefemmequicouinequandj’entendsleclicdelaported’entrée.Jemeretireetattrapelesdraps,lesluijette,etellegeintpourprotestercontrel’absencedemabite.

–Couvre-toi,poupée,tuastroissecondes…Deux…Une...LepremieràpasserlaporteestDerek.–Tonpèreveuttevoir.Àcôtédelui,monconnarddedemi-frère,Wyatt,n’apasl’airravidemevoir.C’estréciproque.

Jesautedansmonjean.– Il n’a envoyé que vous deux ? je demande en riant presque. Si j’étais une fille, ce serait le

momentoùjeseraisvexée.Lesdeuxhommesentrentdanslapièceetinspectentleslieuxenjetantderapidescoupsd’œil.Ils

nemevoientpasvenir.Enmoinsd’uneseconde, j’aiplaquéDerekcontre lemuret j’aimonbrasautourducoudeWyatt.Jelestournefaceàlaporteenregardantlerestedeshommessepresseràl’intérieur.Ilssontsept,pluslesdeuxquisetortillentsousmesmains.Cetteéquipedeneufpersonnesconstituelecomitéd’exécutiondel’Underground,dirigéparmonpère;chacundeshommesprésentsaunniveaudecompétencesdifférent.Maisaucun,pasunseul,n’estaussidouéquemoi.

–Tu sais très bien que, quand il s’agit de toi, c’est unemission pour neuf hommes, dit ÉricSlater,lefrèreetbrasdroitdemonpère,enentrant.

Éric est austère, silencieux, et dangereux. Il estmononcle, et celui qui se rapprochait le plusd’unpèredansmajeunesse.Ilm’aapprisàvivreaumilieudelapetitemafiaprivéedemonpère…Non,pasàvivre.Ilm’aapprisàsurvivre.Àfaireaveccequej’avaisetàentirerparti.C’estluiquim’arenduplusintelligent,plusfort,plusméchant.J’aiappristoutcequ’ilavaitàm’apprendre,j’aiacquisdupouvoir.Celuidetueroud’êtretué.Peuimportesitutesersdecettecompétence,c’estuneassurance. Tu as entendu parler des assurances, garçon ? Les gens qui ont des assurances s’en

servent rarement.C’estceuxquin’ont rienqui finissentparenavoirbesoin.Tuvoiscette flèche?Sers-t-en.Tuvoiscecouteau?Manie-le, lance-le,apprendsà faire lemoinsd’effortspour faire leplusdégâtspossible…

J’aitoutessortesd’assurances.Monespritestunordinateurprogrammépourimaginerlepiredansn’importequellesituation,enmoinsd’uneseconde.Àcetinstant,jesaisqueceshommessontarmés.Certainsportentdeuxarmes,dans leurschaussettes,dans lecreuxde leurdos,oudans leurveste.Éricregardemesyeux,quipassentenrevuechacundeshommes,etilsourit,visiblementfierdemoi.Ilouvresavesteetbaisselesyeuxversl’armeaccrochéeàsahanche.

–Tuveuxtouchermonflingue?Vas-y,Grey.Illasortetmelatend,lecanondanssamain.JelâchelesdeuxhommesquandjesensqueWyattestàdeuxsecondesdes’évanouir.Jelestire

puislespoussepourqu’ilss’écrasentcontrelemur.–Jemefousdecequ’ilaàmedire,jedéclare.Éricregardemachambre.Monappartementestparfaitementpropre.Jenefaispasdedésordre.

J’ai une réputation et j’aime entendre quand une punaise tombe par terre… C’est pourquoi j’aientenducesconnardsrentrerdansmonstudiotoutdesuite.

–Tutetapestoujoursdesputes?Avectatronche,tupeuxtetrouverunedéesse,Grey.Ildévisagelafemmedansmonlit.Cen’estpasuneœuvred’art,c’estvrai,maiselleesttrèsbien

quandelleestécraséecontrelematelasavecleculenl’air,etellen’attendabsolumentriendemoiàpartdel’argent.Del’argent,jepeuxendonner.Del’argentetdusexe,j’enaiplusqu’iln’enfaut.

Jeprendslarobequitraîneparterreetlajetteverslafille.–C’estlemomentderentrercheztoi,mapuce.Maréponseestnon,jecontinueenmetournant

versÉric.Jetiredeuxbilletsd’uneliasseposéesurmatabledenuitetlespoussedanslamainqu’elleme

tend. Elle prend tout son temps pour les rouler et les placer dans son soutien-gorge, et les mecss’écartentpourlalaisserpasser,certainslasifflentetelleleurfaitundoigtd’honneur.

Éricserapprochedemoietbaisselavoix.–Ilauneleucémie,Greyson.Ilveutpasserleflambeauàsonfils.–Nemeregardepascommesijepouvaisencoreavoirpitié.– Il a fait le ménage dans son business. Pas de morts. Tous les marchés sont strictement

financiersmaintenant.Nousn’avonsplusd’ennemisdéclarés.L’Undergroundestuneentrepriseassezflorissante,et ilveut la transmettreofficiellementàsonfils.Est-ceque tuseraisassezdurpour luirefusersadernièrevolonté?

–Queveux-tuquejetedise,sonsangcouledansmesveines.Jechopeuntee-shirtnoiretl’enfile,pasparpudeur,maispourpouvoirprendremesbébés.Mon

GlocketmonKa-Bar,deuxpetitscouteaux,deuxétoilesdecombat.–Garçon…

Ils’approchedemoi,etjeregardesonuniqueœilnoir,paslefaux.Celafaisaitdesannéesquejenel’avaispasvu.C’estluiquim’aapprisàmeservird’un38Special.

–Ilvamourir,insiste-t-ilenposantlamainsurmonépaule.Iln’enapluspourlongtemps.Sixmois,peut-êtremoins.

–Jesuissurprisqu’ilaitpenséqueçam’intéresserait.–Peut-êtrequequand tuauras finidecourir les filles, tu t’y intéresseras.Nous– ilpointe les

autreshommesdudoigt–voulonsquetuprenneslecontrôle.Nousteseronsloyaux.Jecroiselesbrasetregardemondemi-frère,Wyatt,«l’expert»,lechouchoudemonpère.–Tantquejesuissonpetittoutouetquejefaistoutcequ’ildit?Nonmerci.–Nousteseronsloyaux,insiste-t-il.Seulementàtoi.Ilfaitunsignedelatêteverslesgars.L’und’euxsecoupelapaumedelamain.Puisilsfonttous

lamêmechose.Dusanggouttesurmonplancher.Éricbaisselatêteetcoupesamainaussi.–Nousteprêtonsserment.Ilmetendsamainensanglantée.–Jenesuispasvotrechef,dis-je.–Tuserasnotrechef,quandtucomprendrasquetonpèreestenfinprêtàdévoileroùesttamère.Lesangdansmesveinessetransformeenglace,etmavoixsedurcitquandÉricparled’elle.–Qu’est-cequetusaissurmamère?–Ilsaitoùelleest,maisilmourraavecsonsecretsitunevienspasavecnous.Lamorphinele

faitdélirer.Onabesoinquetureviennes,Greyson.Mon visage ne laisse pas transparaître la tourmente que je ressens.Mamère. La seule bonne

chose dont jeme souvienne. Je n’oublierai jamais son regard la première fois que j’ai tué. Justedevantelle,j’aiperdumonhumanitéetj’ailaissémamèrevoirquesonfilsétaitdevenuunanimal.

–Oùest-il?jegrogne.–Ilestdansl’avion,enroutepouruncombat.Nousavonspréparéunavionpourlerejoindrelà-

bas.Je fourredes affairesdansun sac en toilenoire.Unordinateur.Quelques armes.Quandona

affaireàmonpère,onnepeutpasnégocierhonnêtement.Ilm’aapprisàêtretordu.Jesupposequej’aieulemeilleurdesprofs.JeprendslecouteaudemapinceLeatherman,coupeprofondément lapaumedemamainetlaplaquecontrelamaind’Éric,etnossangssemélangent.

–Jusqu’àcequ’onlatrouve,jemurmure.Lesseptautreshommesviennentmeserrerlamain.Jefixeleursyeuxetm’assurequenosregardssecroisent.Ilyadelamenacedansmonregard

etjesaisques’ilsmeconnaissent,ilsselerappelleront.Peu importe les mots prononcés, les actes commis, je ne lâche jamais, jamais le regard de

quelqu’un.Unpetitcoupd’œilàgaucheouàdroite,unepetitelueurpeuventm’endireplusquesijepirataisleurordinateur.Maisjefaisçaaussi.

Jenefaisconfianceàpersonne.Mamaindroitenefaitpasconfianceàmamaingauche.Maiscommeilest lepluspuissantdesneufhommesquimefontface,ÉricSlaterestceluienqui j’ai lemoinsconfiance.Etpourtant,c’estaussiceluiauqueljetiensleplus.LuietmonamiC.C.Hamilton,maisC.C.merendaitvisitemêmeaprèsmondépart,ilm’aidaitsecrètementàretrouvermamère.Jeluifaisconfianceautantquejepuissefaireconfianceàunêtrehumain.Cequiveutdirequejeluifaisquandmêmesubiruninterrogatoirechaquefoisquelevois.Jenepeuxjamaisêtresûrquemonpèrenesaitpasqu’ilvient.

Putain,mêmeaprèslepactedesang,jevaisdevoirtesterlaloyautédechacundeceshommesavantqu’ilspuissentobtenirunequelconqueformedeconfiancedemapart.

Maintenant, un vol plus tard, nous trouvons mon père dans une pièce fermée remplie decaméras,à l’UndergrounddeLosAngeles.L’Undergroundestnotregagne-pain.Unendroitoù lesboxeurs s’affrontent à chaque saison, deux ou trois fois par semaine. Nous organisons desévénements, vendons des tickets, programmons les combats dans des entrepôts, des bars, desparkings;quelquepartoùl’onpeutfaireentrertoutlemondeetfaireunebonneaffaire.Rienqu’aveclesentrées,nousnousfaisonsunefortune.Maislesparisnousfontgagnerdixfoisplus.

Ce soir, nous sommes dans un entrepôt transformé en bar, rempli de gens qui crient et decombats bruyants. Avant, j’aimais bien planifier stratégiquement les lieux des combats, quiaffronteraitquilaprochainefois,maismaintenantlerestedel’équipes’occupedetoutcela.Detout,del’organisationauxcombats,enpassantparlesparis.

Je descends avec Éric alors que les combats continuent, mes yeux parcourent la foule,enregistrentlenombredespectateurs,l’emplacementdescamérasdesurveillance,lessorties.Nousarrivonsdansunétroitcouloirsombre,etnousnousarrêtonsdevantladernièreporteavantqu’Éricnel’ouvred’uncoup.

–Jesupposequetaprésenceicicesoirsignifiequetuacceptesmonoffre?demandemonpèreàl’instantoùlaportes’ouvreetoùj’entredanslapièce.

J’inspectelasalleetcherchelessorties,lesfenêtres,lenombredepersonnes.Ilrit,maislesondesavoixestfaible.

–Quandtuaurasfinidetedemandersij’aipostéunsniperpourtetuer,peut-êtrequetupourrast’approcher.Oncroiraitquemasimpleprésencet’offusque.

Je lui adresse un sourire froid. Julian Slater est connu sous le nom de Slaughter 1 chez sesennemis;onlevoitcommeunhommequifaittairesesproblèmesàl’ancienne.Mêmes’ilestaffaibliet en fauteuil roulant, je ne sous-estimerai jamais les dégâts dont mon père est capable. Dans unmondeoùl’onmesureraitlacapacitédestructricedesindividus,monpèreseraitlabombenucléaire,etôsurprise,l’enfoiréjettedéjàsonvomiverbaldansmadirection.

–Tuesmusclé commeun taureau,Greyson. Je suis sûrque tu fais encore tournerdespneuspourpasserletempsetquetutefaisdesminetteslesyeuxfermés.Jedonneraischerpoursavoircequetupensesàcetinstant,ettusaisàquelpointjesuisradin.Tusaismêmecequejepeuxfairequandonmevoleneserait-cequ’uncentime.

–Jemerappelletrèsbien.Sachantquejefaisaislesaleboulotpourtoi.Alorsgardetoncentime.Cequejepense,c’estpourquoim’embêteràattendrequetumeures?Jepourraisexplosertabouteilled’oxygènetoutdesuiteetm’occuperdetoigentiment.

Jesoutienssonregardavecunsourirefigé,sorsdoucementmesgantsencuirnoirdelapochearrièredemonjeanetglisseunemainàl’intérieur.

Ilmefixesansriendirependantunmoment.–Quandtuaurasfinidememanquerderespect,tuirastelaver,Greyson.Undesgarsfaitunpasenavant,avecuncostume.Jeglissecalmementmonautremaindansle

deuxièmegantencuir.–Commeavant,personneneconnaîtratonnom,ditmonpèred’unevoixplusdouce.Tupeux

avoirdel’argentetlaviequetuveux,tuesmonfils.Enfait,j’exigequetuvivescommeunprince.Maisilmefauttatêteettoncœurlà-dedans.Lejobestleplusimportant,jeveuxtaparolelà-dessus.

–Jen’aipasdecœur,maisjetedonnematête.Lejobesttoutcequiexisteettoutcequiajamaisexisté.JeSUISmonjob.

Silence.Nousnousexaminonsl’unl’autre.Jevoisdu respectdanssesyeux,etpeut-êtremêmeunpeudepeur. Jenesuisplusunadode

treizeansfacilementimpressionnable.– Pendant ton absence, ces cinq dernières années, mes clients… commence-t-il. Ils n’ont vu

aucunefaiblessedenotrepart,àl’Underground.Nousnepouvonspardonneraucunedette,mêmepasuncentime,ounousseronsconsidéréscommefaibles.Etilnousrestebeaucoupdecollectesàfaire.

–Pourquoitunedemandespasàteslarbinsdelefaire?–Parcequepersonnen’estaussiproprequetoi.Mêmelesboxeursnesaventpasquitues.Zéro

trace.Turentres,tusors,pasdeviolence,etuntauxderéussitedecentpourcent.ÉricsortlevieuxBerettademonpèreetmeledonnecommeunesortedegagedepaix,etquand

ilestdansmamain,unpeuplusd’unkilodemétal,jememetsàlemanipuleretàlepointersurlefrontdemonpère.

–Etsi,aulieudeça,jeprenaistonBerettaStormpourt’encourageràmedireoùestmamère?Ilmelanceunregardglacé.–Quandtuaurasfinileboulot,jetedévoileraioùtrouvertamère.J’armelepistolet.–Tupeuxmouriravant,monvieux.Tuesbienpartipourça,etjeveuxlavoir.Mon père lance un regard rapide vers Éric, puis vers moi. Je me demande si Éric me sera

vraiment«loyal»,alorsquemonpèreestassislà,biengentiment.–Si jemeurs,ditmonpère,saposition teseradonnéeensécuritédansuneenveloppequiest

déjàenlieusûr.Maisjenerévélerairientantquetun’auraspasfaittespreuves,parlacollectedecequemedoiventtouteslespersonnessurcetteliste,pourmeprouver,aprèstoutescesannéesoùnousavonsétéséparés,quetum’estoujoursfidèle.Situfaisça,Greyson,l’Undergroundestàtoi.

Éricsedirigeversuncoffreetensortunelongueliste.

– Nous n’utiliserons pas ton vrai nom, chuchote Éric en me la donnant. Tu es l’Exécuteurmaintenant,notrecollecteur;tureprendstonancienalias.

–Zéro,prononcelerestedeshommesdanslasalle,avecuncertainrespect.Parcequej’aizéroidentité,etquejelaissezérotrace.J’aiautantdeportablesquedepairesde

chaussettes.Jenesuisrien,justeunchiffre,mêmepashumain.–Peut-êtrequejenerépondsplusàcetalias,jemarmonne,enpliantmesdoigtsdansmesgants

decuiravantdelesétirerpourouvrirlaliste.–Tuyrépondrasparcequetuesmonfils.Etquetuveuxlavoir.Maintenantvatechanger,etva

travaillersurcetteliste.Jepasselesnomsenrevue,dehautenbas.–Quarante-huit personnes à faire chanter, effrayer, torturer, ou voler pour savoir où estma

mère?–Quarante-huitpersonnesquiontunedette,quiontquelquechosequim’appartientetquidoit

m’êtrerendu.Un frisson familierparcourtmesosquand j’attrape le cintreducostumeetmedirigevers la

porte,enessayantdecalculercombiendetempscelavameprendrederassemblerdesinformationsutiles sur chaque débiteur. Combien de mois cela va me prendre de les rencontrer, d’essayer denégociergentiment,puisdepasserauxchosessérieuses?

–Oh et, fiston, lance-t-il avec une voix plus forte alors que jeme retourne, bon retour cheznous.

Jeluiadresseunsourireglacial.Parcequ’iln’estpasmalade.Jesuisprêtà lepariersurcetteliste.Mais jeveuxretrouvermamère.Laseulepersonneque j’aie jamaisaiméedansmavie.Si jedoistuerpourcela,jeleferai.

–J’espèreque tamortsera lente, jechuchoteàmonpère,enfixantsesyeuxd’ardoisefroids.Lenteetdouloureuse.

1..NdT:Carnage.

2

HÉROS

Mélanie

Parfois,leseulmoyend’arrêterdes’apitoyersursonsort,c’estd’allerfairelafête.L’espoirtournoiedansl’airetlescorpschaudssebousculent,etmoncorpssefatigueaumilieu

desautresdanseurs.Jesensl’excitationdanserautourdenous,commedestourbillonsàmescôtés,quim’enivrent.

Moncorpsestmoited’avoir autantdansé,monhauten soiedoréeetma jupeassortiecollenttellementàmesformesquejeregrettedenepasporterdesoutien-gorge.Lecontactdutissuhumidefaitpointermestétonsderrièrelasoie,attirantversmoilesregardsattentifsdeplusieurshommes.

Jesuisvenuecesoircarl’undemesclients,pourquij’aidécorécepetitbarrestaurant,ainvitémabossettousmescollègues.J’avaisditseulementunverre,maisj’enaiprisquelques-uns,etceluiquejetiensdanslamain,àdemivide,seraledernier.

Unmecs’approche.Jenepeuxpasloupersonsourire«jeveuxtebaiser»,immédiat.–Tuveuxdanseravecmoi?–C’estcequ’onfait ! je réponds,enbougeantunpeuavec lui,balançantmeshanchesunpeu

plusfort.Lemecpasseunbrasautourdematailleetmetireverslui.–Jevoulaisdire,est-cequetuveuxdansertouteseuleavecmoi?Ailleurs…Je le regarde, jeme sens un peu ivre et étourdie. Est-ce que je veux danser avec lui ? Il est

mignon. Pas sexy, mais mignon. Sobre, mignon c’est non merci. Mais bourrée, mignon, c’estcomplètementenvisageable.J’essaiedetrouverlaréponsedansmoncorps.Unchatouillis.Undésir.Etnon.Aujourd’hui,jemesensencore…désespérée.

Je souris pour adoucir le refus, jemedécolle de luimais il se serre contremoi etmurmureouvertementdansmonoreille:

–Jeveuxvraimentterameneràlamaison.–Évidemment,tuleveux.Jeris,refuseleverrequ’ilmetendavecungestedelatêtejoueurmaisferme.Jecroisquej’ai

déjàunpeutropbu,etjedoisprendremavoiturepourrentrer.Maisjeneveuxpasénerverunfutur

clientpotentiel,alorsjeluifaisunbisousurlajoueetdis:–Maismerci.Jem’éloignedelui.Ilsaisitmonpoignet,m’arrêteetmeretourneverslui,avecdesyeuxchauds

etlibidineux.–Non.Vraiment.Jeveuxterameneravecmoi.Jel’examineunesecondefois.Ilal’airricheethabituéàavoirtoutcequ’ilveut,legenrequise

serttoujoursdemoi,etsoudainjemesensencoreplusdésespérée,plusvulnérable.Dansmoinsd’unmois,mameilleureamieseramariée.L’effetquecemariageasurmoin’estpasjustemauvais,maispirequecela.Bienpirequequiconquepourraitl’imaginer.Mesyeuxbrûlentquandj’ypense,cartoutcequ’amameilleureamieBrooke–lebébé,lemariaimant–estcedontjerêvedepuistoujours,jenemesouvienspasavoireud’autrerêve.

Voilàunhommequiveutcoucheravecmoi,etunefoisencorejesuistentéedecéder.Parcequejecèdetoujours.Jemedemandetoujourssi lui,peut-êtrequelui,seralebonpourmoi.Puisjemeréveille seule, un tas depréservatifs usagés autourdemoi, jeme sensplus seuleque jamais, avecencoreunefoislasensationquejenesuisbonnequepourdescoupsd’unsoir.Jenesuislareinedepersonne,laBrookedepersonne.MaisbonDieu,est-cequequelqu’unpourraitmedirequandest-cequ’on arrête d’embrasser des crapauds ? Jamais, voilà ! Si tu veux ce prince, il faut continuerd’essayerjusqu’àcequ’unjour,tuteréveilles,tusoisBrooke,etquelesyeuxd’unhommebrillentsurtoietuniquementsurtoi.

–Écoute,j’aidéjàcouchéavectoimillefois,jechuchote,ensecouanttristementlatête.Lemeclèvelessourcils.–Dequoituparles?–Toi.Jeteconnaisdéjà…Je le pointe du doigt, de haut en bas, son visage et ses vêtements classe, et le poids de ma

tristesseetdemadéceptionm’écrasedeplusenplus.–J’aifaitça…millefois.Etçanevapasmarcher.Jemeretournepourpartir,maisilmerattrapeetmeretourneànouveau.–Petiteblonde,tunemeconnaispas,moi,réplique-t-il.Je le regardeencore, tentéedeme laisser ramenerà lamaisonpourqu’ilme fasseme sentir

bien.Maiscetaprès-midi,j’étaischezmameilleureamie,etjel’aivuesefaireembrasserlonguementet langoureusementpar sonmec,unbaiser si longet sensuel, il luimurmuraitdesmotscoquinsàl’oreilletoutdulong,luidisaitqu’ill’aimait,d’unevoixsiprofondeettendre,quej’avaisenviedepleurer.

J’aiencoremalauventrequandj’yrepense,etmêmelefaitdedanserunenuitentièren’apassuffiàmefaireoublieràquelpointjemesensenmanqued’amour.AprèsavoirvucommentRemyembrasse ma meilleure amie, un vrai baiser, et sachant qu’elle aura moins de temps pour moimaintenant qu’elle a d’autres priorités avec sanouvelle famillemagnifique, je commence à croire

que je ne trouverai jamais, jamais le genre d’amour qu’ils ont. Elle a toujours été responsable,toujoursunebonnefille,etjesuis…moi.Larigolote.Lecoupd’unsoir.

–Allez,blondinette,mepousse-t-il,devantmonindécision.Jesoupireetmeretourne.Ilmetireprèsdeluietregardemabouchecommes’ils’apprêtaità

me convaincre avec un baiser. Je suis tactile. Brookem’appelle sa coccinelle d’amour. J’aime laproximité,lecontact,j’enaibesoincommej’aibesoind’oxygène.Maisjeneressensjamaisvraimentletoucherd’unhommeau-delàdemapeau.Pourtantjesuistoujourstentée,parcequejecontinuedepenserqueLEBONestaucoindelarue,etjenepeuxpasm’empêcherd’essayer.

Jemepenche,luttecontrelatentationd’embrasseruncrapauddeplus,etjerassembletoutemaconvictionpourdire:

–Non,vraiment.Merci.Jevaisrentrerchezmoi.Jecoincemonsacsousmonbras,prêteàpartir,quandungrondementgraverésonneàtravers

lesgrandesfenêtresteintées.Lesportess’ouvrentengrandetuncoupleentre,trempé,lafemmesecouesescheveuxmouillés

enriant.–OhmonDieu!jecrie,quandjecomprendsqu’ils’estmisàflotter.Jecoursjusqu’àlasortie,quandunemaingantéedecuirnoirattrapelapoignéeetunhomme

galantm’ouvrelaporte.Jetrébucheensortant,etilmeretientparlecoude.– Doucement, dit-il d’une voix chaloupée en m’aidant à tenir sur mes pieds, et je regarde

désespérémentmaMustangbleuclairdel’autrecôtédelarue.Tout ce quim’appartient officiellement.Tout ce que j’ai à vendre, parce que j’ai absolument

besoindecetargent,maisquienvoudramaintenant?C’estunedécapotable,unpeuvieille,maiselleestaussimignonnequ’unique,avecunintérieurencuirblancassortiàlacapote.Maiselleestsouslapluie,ouverte,entraindesetransformerenTitanicsurroues.Mavietoutentièreestengloutieparlamêmeoccasion.

–D’aprèsceregarddechiottriste,jesupposequec’esttavoiture,ditlavoixchaloupée.Jehochelatêtesansm’enrendrecompteetlèvelesyeuxversl’inconnu.Unéclairtraversele

cielauloinetilluminesonvisage.Etjenepeuxplusriendire.Oupenser.Ourespirer.Sesyeuxm’ont accrochéeetneme lâchentpas. Je fixe leurprofondeur tout ennotantquece

visage est éblouissant. Une mâchoire forte, des pommettes hautes, un front affirmé. Son nez estclassique,élancéetélégant ;et les lèvresqu’ilsurplombesontpleinesetgalbées,fermeset…MonDieu,ilestàcroquer!Sescheveuxfoncésjouentdanslevent.Ilestgrand,adelargesépaules,porteunpantalonnoiretuncolroulénoirquiluidonnentunairàlafoisélégantetdangereux.

Ses yeux… Ils sont d’une couleur indéfinissable,mais ce n’est pas tant leur couleur que leurregard,cetéclatextraordinaire.Encadréspard’épaiscilsnoirs,sesyeuxbrillentplusfortquetoutesleslumièresquej’aiejamaisvues.Tandisqu’ilsinspectentmestraitsàleurtour,cesyeuxplissésmesemblentaussipuissantsquedesrayonsX;ilsétincèlentparticulièrementparcequej’aifaitquelque

chosequiaamusécethomme,ce…Merde,jen’aipasdemotspourledécrire.ÀpartÉros.Cupidonlui-même.LeDieudel’amour.Enchairetenos.

JepensaisqueCupidonutilisaituneflèche,maisjen’aipaslesentimentd’avoirététranspercéeparuneflèche.J’ail’impressiond’avoirétéfrappée.Parunmissile.

Jeresteplantéelà,ébahieparplusd’unmètrequatre-vingtsd’érotismedevantmoi.Ilprendlesclésdemamainavecsongantnoiretposesonautremainsurmahanchepourmesignifierdenepasbouger.Etjelesens.Jesenssontouchercourirdansmeshanches,senouerdansmonventre,pulserdansmonsexe,descendredansmescuissesetrecroquevillermesorteils.

–Restelà,dit-ildansmonoreille.Ilremontesoncolroulépourenfaireunecagouleet traverselarueencourant.Jeleregarde

arriverjusqu’àmavoituredétrempée.Leventfouettelaruesifortquej’aibesoindemesdeuxmainspourretenirmajupeetl’empêcherdesesouleverjusqu’àmataille.

–Remonteletoit!jehurledanslapluiebattante,soudainementaussidécidéequeluiàsauvermavoiture.

–T’inquiète,princesse!Ilsautesurlesiègeavant,metlecontact,etlacapoteremontejusqu’à…cequ’elles’arrête.Elleestcoincée.Aprèsungrincementdemécontentement,ellesemetàredescendre.–Ah,merde!Jemedépêchedetraverserlarueet,toutàcoup,lesgouttesdepluiemebombardentcommedes

boulets de canon ; je suis trempée en une seconde. J’ai envie de leur crier « Allez vous fairefoutre!».Mavoiture,laseulechosedansmaviequivaillequelquechose,estfoutueetj’aienviedehurler.

–Tutefousdemoi?Vasousletoit!Lemecbonditdelavoitureetretiresonpulld’uncoupsec.Ilplaceletissuau-dessusdematête

pourm’abriterdelapluie,toutenmedirigeantsouslepetitauventàl’entréedubâtiment.–Non!Jevaist’aider.Mavoiture!jecrie.Etjepoussesursontorsepouressayerdelefairereculer,maisilfaitunetêtedeplusquemoiet

estfaitd’acier.–Jem’occupedetavoiture,mepromet-il.Ilmetendsoncolrouléruisselantetajoute:–Tiens-moiça,avantderepartirencourant.Ilporteuntee-shirtblancquicolleàsontorsesculptétandisqu’ilessaiedeforcermanuellement

lemécanismedutoitpourleremettreenplace.Des gouttes dégoulinent sur ses bras nus, et le coton trempé de son tee-shirt collé contre sa

poitrine laissevoir lemoindrede sesmuscles.Putain. Il bat tous les recordsdebeauté, il vientdefaireexplosermonradaràhommessexy.Jenepeuxpluslequitterdesyeux,chaquecentimètredesoncorps,safaçondebouger.

Uncoupdetonnerrefaitunenouvellefoistremblerlaville;ilparvientenfinàfermerletoitdemavoitureetmefaitsignedelerejoindre.Ilouvrelaportièredel’intérieur,jesautedanslesiègepassager et la claquederrièremoi.Mesvêtements froids etmouillés collent àmapeaualorsqu’ils’installe derrière le volant, imposant et viril, et nous sommes maintenant à l’abri dans le petitintérieur,presqueexigu,demavoiture.Lessiègessont inondés,etquandjebougeunpeupour luifaireface,j’entendsunscouicquimefaitrougirdehonte.

– Je n’y crois pas, je chuchote.Mameilleure amie dit que je suis la seule idiote à avoir unedécapotableàSeattle…

Sesyeuxsontclairementamusés.–Ellemeplaît,tavoiture.Iltendsonbrassurletableaudebord,etlamainqu’ilyfaitglisserestrecouverted’unganten

cuird’agneautrèsélégant,quimedonnelachairdepoule.Iltournesongrandtorseversmoiavecunsourireencoin,dévastateuretirrésistible.

–Toutcequiestmouilléfinitparsécher;net’inquiètepas,princesse.Jenerésistepasàsamanièredediremouillé.Ouàlagouttedepluiequis’estaccrochéesurses

cilsnoirs.L’eauperlesursesbrasbronzésauxmusclessaillants.Sescheveuxsontplaquésenarrièreetaccentuentsonbeauvisage.J’aivudesœuvresd’artetdeshommesmagnifiques,desbâtimentsetdespiècessomptueuses,maisàl’instantoùilmeregarde,jenemerappelleriendetoutcequej’aivuavantlui.

C’estundixsurdix.Jen’aijamaisétéavecundix.Etsafaçondemeregarder…J’aidéjàvuceregard.C’estceluiqueRemingtonapourBrooke.Ceregard-là.Ilmelanceceregardetjemeursdel’intérieur.Est-cequ’unregardpeutme tuer?Etsiun regardpeutme tuer,alorsquemeferaituntoucher?

–Donc,dit-ildoucement,d’unevoixrocailleuse.Ilattendunpeuavantdepoursuivre,etjesuissurprisequ’ilneregardetoujoursquemonvisage,

pasmapoitrinetrempée,pasmesjambesdénudées;ilneregarderiend’autrequemesyeuxtoutencaressantdistraitementlevolant.

–Tuveuxallerquelquepartavecmoi?demande-t-il,puis il tendlamain,danssongantnoirmouillé,pourglissermescheveuxderrièremonoreille.

Cequejeressensesttellementplusfortquedudésirquejepeineàluirépondre.Jetremble.–Oui,jeréponds,étourdieparl’envie.Ilm’adresseunsourirequifaitbattremoncœuràtouteallure,samains’attardesurmonvisage

unesecondedeplus,puisilfaitdémarrerlavoitureetrouledanslesruespluvieuses.L’airentrenouscrépiteensilence.

Le seul son extérieur audible est celui de la pluie et du tonnerre.L’intérieur de la voiture estdominéparsarespiration.Sonsouffleestlentetprofond;lemienestrapideetnerveux.Ilsent…laforêtmouillée.Avecunepointedecuir.Ilgardelesyeuxrivéssurlaroute,maisjenevoisquelui.La

façon dont son torse étire son tee-shirt mouillé ; l’ombre de son profil et les clignotements deslumièresde laville sur sonvisage ; son jean trempé serré contre ses cuisses fermes. Je croisquenoussavonstouslesdeuxcommentcelavasefinir.

Nousauronslesmainscolléesaucorpsdel’autred’iciquelquesminutes,etcetteidéecréeuncapharnaümdansmoncerveau.J’ail’impressionqu’unpetitdémondusexevientd’émergerenmoi.J’aiunfaiblepourlestétonsmasculins,etlessienspointentdélicieusementcontresontee-shirtblanc,etsonjeanest…whaou,sonjeanestétiréetprêtàcraquer.Ilmeveut.Cethommeincroyablementbeauquimefaitloucherdedésir.

–Tuestoujoursaussipeubavarde?medemande-t-ild’unevoixétonnammentlourde.Jetournelesyeuxverssonvisage;cesouriremefaitvraimentquelquechose.–J’ait-tr-trèsf-fr-froid.Ilfaitungestedelamainversungrandhôtelquejesaisêtretrèscher,mêmejustepourydîner,

maiscelanesemblepasledérangeretilsegaredansl’allée.–Jecroisquec’estl’endroitleplusprèsoùl’onpourrasemettreausec.–Oui,c’estparfait,jerépondsavecunpeutropd’enthousiasme.J’aime les choses parfaites, les belles choses, vivantes et drôles. Mes parents en couple ?

Parfaits. Je suis généralement impeccablemoi-même.Mais ce soir ? Je glisse unemain dansmescheveuxpendantquenoustraversonslehalletjen’osepasimagineràquoijeressemble.Jeparieraissurunratmouillé.Pourquoi,maispourquoi,est-cequejeneressembleàriencesoir?

Alors qu’il demande des clés à l’accueil, j’observe son cul dans son jean, la coupe de sesvêtements, et je ne peux pas réprimer mes palpitations. En cheminant vers l’ascenseur au milieud’autresgens, jefrottemesbrasetessaied’empêchermesdentsdeclaquer.Ilmesouritpar-dessusl’épauled’uncouple,cequiallumeunéclairdemaliceenmoietjeluisourisenretour.

Je le suis dans la chambre, puis dans l’immense salle de bains enmarbre. Ilmeprend le colroulédesmainsetl’accrochesuruncintrepuis,sansprévenir,ilsaisitsontee-shirtetleretired’unseulmouvementquifaittravaillertoussesmuscles.

–Retireteschaussures,murmure-t-il.Jelesdéfaisetlespoussesurlecôté.Quandjemeredresse,j’ailesoufflecoupéenvoyantsontorsenu.Sesbrassontnoueux,etje

discernesurluitouslesmusclesquiexistentdanslecorpshumain.Unefinelignedepoilspartdesonnombril et descend jusque dans son jean. Abdos dessinés, nuque épaisse, et ces lèvres, ces belleslèvresquel’onveutembrasser.MonDieu.Ilaunecicatriceassezgrande,sursescôtesgauches,etjesuispriseparunélandecompassion,avantderemarquerqu’ilmedéshabille.

L’excitationfaitaccélérermonpoulsetpointermestétons.–Qu’est-ce qu’une fille comme toi faisait dans un endroit pareil ?medemande-t-il, avec ses

sourcilsnoirsfroncésau-dessusdesesyeux.Jememets à trembloter quand il soulèvemonhaut.Unepulsionme fait tendre lamainpour

toucherdudoigtlacicatricesursontorse.

–Qu’est-cequit’estarrivé?IlouvrelafermetureÉclairdemajupeet,enlapoussantverslebas,ilsepencheetattrapele

lobedemonoreilleentresesdents,etjouedoucementavec.–Tusaisquelacuriositéestunvilaindéfaut,hein,vilaine?murmure-t-ildansmonoreilleen

levantmesbraspourpouvoirretirermonhaut.Jeluiadresseunsourirealcooliséetouvrelabouchepourrépondre,maisilm’embrasse.Ilme

prendparsurpriseetj’agrippesesépaulespourmeretenir,choquéeparmaréactivitéàcettebouchechaude, douce et sauvage. Ma propre faim se libère tel un torrent. Il ouvre mes lèvres avec lessiennes,affamées.Jegémisetenfouismesmainsdanssescheveuxmouilléspourqu’iln’arrêtepasdem’embrasser,etjebalancemeshanchesquandsalanguepousseàl’intérieur.Desfrissonsdedésirmetraversentquandilsepenchesurmoi,enmemangeantavecsabouchetandisquematêtetombeenarrièreetqu’unrâledeplaisirs’échappedemagorge.

Jefrémisetlesuppliedetouchermesseins.–Tuesbourrée,chuchote-t-ilenmeregardant,ensous-vêtements,avecdesyeuxfousdedésir.–Unpeupompette, jemurmure,presquecommeungémissement.S’il teplaît,net’arrêtepas,

j’aimalpartout.Serrantlamâchoire,illèvelebrasetjesenssamaingantéepasserdansmescheveux.Puisilme

regarde,etunelueurpassedanssesyeuxcommes’ilvenaitdesesouvenirqu’ilportaitdesgants.Illesenlève,l’unaprèsl’autre.–Tuessûre?dit-il.Je suis parcourue d’un frisson en voyant ses mains. Fortes, grandes, mates. Oh mon Dieu.

Soudain,jesenssesmainssurmatailleetilmesoulèvepourmeposersurlesdallesdemarbre,puisilinstallesoncorpsentremesjambes.

–Tuessûre?insiste-t-il.Ilmeregardeintensémentetcommenceàjoueravecmestétons,etjevoislecontrôlequ’ilasur

lui-même;sijedisnon,ilarrêtera.Maisj’acquiesceetilgrogneenpinçantmestétonsdelafaçonlaplusexquisequisoittandisqu’ilsepenchesurmoipourpresserseslèvrescontrelesmiennes,plusfort cette fois. Très fort. Sa langue plonge, se tord, dure et affamée autour de la mienne, desdéchargesdeplaisircourentdemesseins jusqu’àmesorteils,demabouche jusqu’àmonsexe.Ladalledemarbreendessousdemoi,lachambre,l’hôtel,toutcequim’entoures’évaporeetilnerestequeceslèvreschaudes,puissantesethumidesquifontbougerlesmiennes.Quimegoûtent.Desmainsquicaressentmapoitrine,mesflancs.Lespenséestournoientdansmatête,sonbaiseretsontouchersuscitent une passion chez moi que je n’avais jamais connue. Mes mains glissent sur son torsemouilléetquandellestouchentlemétald’unpiercingsursontétongauche,jecroismourir.

–OhmonDieu,jelaisseéchapperdansunsoupir,dépasséeparl’intensitédelasituationalorsquemonderrièresouffredufroiddelaplaquedemarbre.Emmène-moidanslelit.

Ilmeporteàtraverslachambreetmejettesurlelitcommesic’étaitlemomentdepasserauxchoses sérieuses. Il étire sesmains, retire son jean et sort un préservatif.Oh la la. Sesmains sont

énormes,etbronzées,avecdelongsdoigts.Ilaunecicatricesurlapaume.Jelesveuxvraimentsurmoi.Enmoi.Ilbaissemaculotte,dégrafemonsoutien-gorge.

–Jem’appelleMélanie,jesouffle,enreculantsurlelitpendantqu’ilmedéshabille.Nu.Ilsedéplaceaveclagrâced’unprédateurquifaitbattremoncœuràtouteallureetprovoque

uncataclysmededésirentremesjambes.Ilmurmure:–Jem’appelleGreyson,Mélanie.Ilposemamainsurlasienne,seremetàm’embrasserpendantquenousenfilonslepréservatif

sur lui, et je sens les battements de son cœur sousmamain.Nosmains se touchent sur sa queue,énorme,épaisse, turgescente,etnous luimettons lepréservatif. Ilglisseundoigtdansmachatteetregardemesyeuxroulerenarrière.

–Jeveuxêtreentoi,putain,souffle-t-ilendéposantdesbaisersdansmoncou.Iltournelatêtepourfairetairemonsoupiretprendremabouche.–Jevaistedonnerl’orgasmedetavie,princesse.Salanguehumidepassedoucementlelongdemonoreille.–Jevaistesucerjusqu’àenavoirmalàlamâchoire.Savoixgravemerendfolle,jesenslespoilssedresserdansmanuquequandilprendl’arrière

dematêteetseremetàm’embrasser.–Tefairejouiraussifortquetulepeux.Ilmefaittellementmouiller,moncorpssecambretandisqu’illèchemesseinsetmefaithaleter.

Jeglissemamainsurlesmusclesfermesdesontorse.Jerelèvelatêteverslasourcedesonsouffleetgeins,leseulmoyenquejeconnaissepourl’inciteràm’embrasser.Illefait.Iltourneseshanches,s’appuiecontremonbassincommes’ilavaitbesoindececontactetémetunfaiblegrognementenglissantsamainentremesjambes.

Jeleveuxtellementqueçamefaitmal.J’écartelesjambesunpeuplusgrandetgémisquandilmeprend.Jeremueetmoncorpscommenceàsetendre.

–Jevaisjouir, jedisdoucement.Jesuisdésolée…Jenepeuxpas…C’esttrop…bon…Jenepeuxpas…

–Jouis,dit-ildansunrâle,c’estpasgrave,onrecommenceraaprès…jouis…Une extase pure et bouillonnante irradie mon corps, mes genoux lâchent, mes émotions

tourbillonnentetdérapent,moncorpssetendetseresserresurlesienavantdelerelâcher,sescoupsdereinsenvoientdel’électricitéàtraversmoijusqu’àcequejefassecequesoncorpsscandaleuxmefaitfaire;jejouiscommeunefusée.

La force de cet orgasmeme coupe le souffle, jeme tortille etme cambre sous son corps. Ils’enfonce le plus possible, et je ne peux pas contrôler les tremblements qui me saisissent, et lesgémissements de gratitude à chaque fois qu’il est complètement logé en moi, et je me sens… lecontraire de seule. Le contraire de triste, ou de vide. Et quandmon orgasme retombe et qu’il estencorelà–chaquecentimètredelui,large,chaudetdurenveloppéparmoi–,mesyeuxserouvrentetje levoismeregarderavecceregardsauvage,affamé,presquepossessif,maisaussiétonnamment

respectueuxetdouxtandisqu’ilrecommenceàbougerenmoiavecuneprécisionexperte.Nosyeuxnesequittentplus,samanièredemebaiserdélicatementfaitdanserdepetitesétoilesdansmesyeux,etunautreorgasmeexquismonte,etmonte.

Jenem’yattendaispasmaisjejouisunenouvellefois.Fort.Sic’estpossible,encoreplusfortcar les parois demon sexe sont irritées et sensibles, etmon clitoris palpite à chaque fois que seshanches frottent contre les miennes. Le plaisir augmente de façon exponentielle jusqu’àm’ouvrirdansuneexplosiondeplaisir.Mesonglesgriffentsapeau.Jecriesonnom,presqueeffrayéeparunetelleintensité.Ilétouffemoncriavecsabouche,etcettefoisilenveloppemalangueaveclasienneetcoupesonnomàGrey.Ilgrognecommes’ilaimaitsentirsonnomdansmabouche,sesmusclessecontractentcontremoiquandiljouit,etsontorsefrottecontremesseinspendantnotreorgasme.

Quandsestremblementss’atténuent,ils’allongesurledos,etcommeilesttoujoursenmoietasesdeuxbrasautourdemoi, jefinispar jouiraveclui.Nousrestonsallongésunmoment,dansunsilence essoufflé, enlacés sans même savoir où sont nos bras, ou comment nos jambes sontemmêlées.Jesuistellementhébétéequejem’attendspresqueàvoirdesmorceauxdemoidisperséssurlesol.

Aprèsquelquesminutes,j’émetsunpetitsoncarjeveuxmelever.Ilmelâche,etjevaissurlapointedespiedsjusqu’àlasalledebainspourmenettoyer.Ilmesuit,faitunnœudaveclepréservatif,etalorsquejemelavelesmainsilarrivederrièremoi,prendlesavonetselavelesmainsaveclesmiennes,etnosregardssecroisentdanslemiroir.Jevoismonrefletet…Non,jeneressemblepasàunratmouillé.Mesjouessontroses,mescheveuxsontendésordrecommeausautdulit,etquandilmesouritetprendmonseindanssamain,jesuisfichue.

–Reviensaulitpourquejepuissetefairehaleterencoreunpeu,chuchote-t-ilsurmapeau.–Jenehalètepas,dis-jeenprenantsamain,cellesurmonsein,etenletirantavecmoidansla

chambre.–Tuhalètes,tugémis,tucries,etmaintenanttuvasrefairetoutçapourmoi.–Jen’aipasfaitça!dis-jeenmerallongeantEtquandilrampesurmoi,jemesensparfaitementsobre.Jenesuismêmepluspompette.Jesais

quejemesouviendraidechaquetraitdesonvisage,décidéetvorace,quandilsemetà joueravecmes seins.Ma respiration s’accélère alors qu’il passe ses doigts surmon abdomen, fait le tour demon nombril etme regarde avec un sourire qui signifie qu’il sait exactement ce qu’il fait. Je luisourisenretour,parcequelesmauvaisgarçonsauronttoujoursraisondemoi,jetouchel’anneausursontéton,etjesenssonérections’épaissircontremeshanchesquandjelèvelatêtepourlesucer.Moiaussijesaisjoueràça,mondieudusexe,medis-je.

–Quiest-cequihalète,maintenant?jemurmured’unairtaquin.–Jetetrouvesupersexy,dit-ilenroulantsurledosavecmoiau-dessusdelui,appuyantmatête

contresonpiercingcommes’ilvoulaitquejesuceplusfort.Son grand corps frémit de plaisir, et le désir se rassemble entre mes cuisses tandis que je

continuedejoueravecmesdentsetmalangue,lesentantgonfler,duretpalpitantcontremoi.

Nouspassonslanuitàjouerl’unavecl’autre,àtitiller,goûter,caresser,baiser.Chaquecontact,chaque chuchotement, tout ce que je partage avec lui paraît si naturel, commeune fiche électriquebranchéedanslabonneprise,jesensunenouvelleviecoulerenmoi,presqueuneeuphorie.

Pendantnosséancesdecaressespassionnées, jelevoismeregarderàtraversdescilsnoirsetépais,avecunecuriositéjoueusebrillantdanssesyeux.Ilmeposedesquestionssurmoicommes’ilvoulaitvraimentconnaîtrelaréponse,etj’ail’impressionquenousnoussommesdéjàrencontrés…dansunendroitsombre,interdit.

Auxalentoursdecinqheuresdumatin,sontéléphonesonnepourlatroisièmefois.Nousnousembrassonsencore,unpeuplusparesseusement,mes lèvressontàvif, rougesetgonflées, j’aiunedouleuragréabledanslesseins,etj’endemandetoujoursplus.Exaspéréparlavibration,ilfinitparrépondred’unevoixrauque.

–Çaaintérêtàêtreimportant.Jemeretournesurleventrepourluilaisserdel’espaceetexaminesonprofilsansriendire.Ses

yeuxetunedesesmainsnedécollentpasdelacourbedemesfessespendantqu’ilparle.Pendantqu’ildiscutedecequ’ilmesembleêtresontravail,avecunevoixgraveetrocailleuse

quejecomprendsàpeine,jemémoriseletracédesesabdosenpassantmesdoigtssursonventre.Jemedéplaceverssesjambeset,alorsqu’ilserretoujoursmafessedanssagrandemain,j’embrassesabitedureetlalèche,cequiluifaitfermerlesyeuxuninstantetexpirerbrutalement.

Quandilrouvreenfinlesyeux,ilssontdursetfroids.Illanceunesériedechiffresautéléphone,puisraccrocheetdemeurepensif,etc’estàcemomentquejelesenss’éloignerdemoi.

Jemerassoisdanslelitetj’aimalauventre.C’estfini,etmesdoutesseconfirmentquandsoncorpssplendideselèvedulitoùilétaitàmoi.Jeleregardedisparaîtredanslasalledebains,etunsentimentdedésespoirbrûlantcreuseuntrouenmoi.Jesaiscequivasepasser,non?Jelesais.Leregardque j’aivuhierétaitune tromperie.Une tromperiede l’alcool.Une illusiond’optique.Uneputain de ruse, et j’aurais dû le savoir. Maintenant je meurs de l’intérieur, et pas à cause del’excitation.Cepetitrêve?Cetteconnexionfugacequej’aicruavoiravecquelqu’un?C’estfini.

Ce n’était pas une connexion. Ce n’était même pas réel. C’était de l’alcool, un peu de pluie,quelqueshormonesetdes répliquessexyquim’ont faitcroirequ’ilétait réellementplusexcitéparmoiqueparquoiquecesoitd’autredanssavie.

–Monaviondécolletôtetjedoism’occuperd’unedernièrechoseavantdepartir.Il revient avec ses vêtements froissés dans une main et saute rapidement dans son jean. Sa

mâchoireestcrispée,commes’iln’aimaitpaspluscettesituationquemoi.–D’accord,dis-je.J’espèreavoiruntonasseznonchalant.Touscesorgasmesetcesbruitsembarrassantsqu’ilm’a

faitfairerendentcelatrèsgênant,parcequej’aiperdulatête.MonDieu,j’aiperdulatête,jemesuisperduedansuninconnu.

Ilmeregardeetrestelaboucheouverteunmomentavantdedirequoiquecesoit.–C’esttrèscompliqué,tunevoudraispasdemoidanstavie.

–Non.S’il teplaît.Tun’aspasbesoindefaireça.Restons-enlà.Jesaiscommentçasepasse.Salut,etjetesouhaiteunebonnevie.Adios.

Nousnousfixons,etilmurmure:–Jen’auraispasdûtetoucher.Ilsedirigeverslaporte.Jeregardesonlargedostoutenrevêtantmonmasquedecourageuse.

J’ai fait çaunmillionde fois. Je construisdesmurs autourdes endroitsoù j’aimal, pourneplusavoirmaldutout.Plusdutout.

–Undemesgarsanettoyétavoiturehiersoir.Ils’arrête,lamainsurlapoignée,puisfaitdemi-tourpourposerlesclésdemavoituredansma

mainet,étrangement,ilembrassemespaupières.–Tesyeux,murmure-t-il.Puisils’enva.J’ai littéralementmalauventrequandlaporteserefermederrièrelui.Jem’effondresurlelit

après lecoup leplusparfaitdemavie,complètement…dévastée.Unesolitudeécrasantes’abatsurmoi,millefoisplusfortequ’aumomentoùjesuisarrivéeàcettefête,ilyaquelquesheures,pourmesentir mieux. Un crapaud de plus. Non. Ce n’était pas un crapaud. Il était… quelque chosed’innommable. Et il est parti. Et cette connexion passagère à laquelle je croyais tant a disparu enmêmetemps.

Et je suis réellement, inexplicablement, dévastée. Une tonne de briques pèse sur mon cœurpendant que je rassemblemes affaires dans la salle de bains. Je grimace en réalisant qu’elles sontencoremouillées,jemedébatspourenfilermesvêtementshumides.Jenetrouvepasmaculotte.Jecherchepartout dans la suite.Quand jemepenchepour regarder sous le lit, je jure que je le sensencoredansmonsexegonflé.Greyson…Meeerde,mêmesonprénomestsexy.

–Tuasvraimentprismaculotte?Incrédule, jevaisvoirde l’autrecôtédu lit, en refusantdeme remémoreràquelpoint jeme

sentais sensuelle quand ilme l’a retirée. J’entends un clic et des bruits de pas. Je lève la tête pourregarder la porte et cligne des yeux, confuse. Il est revenu ? Il se tient pile en face demoi. Unedouleurtrèsprofonde,quejeneconnaispas,s’emparedemoi.

Mon ventre s’agite quand jeme relève. Ses cheveux foncés sont délicieusement ébouriffés etvontparfaitementavecsesyeux,desyeuxquisontcommedesverresreflétantlalumièredansunbar,brillantsurmoid’unemanièrepresquesurnaturelle.Ilestgrandetmusclémaisildégageunpouvoirindescriptible, fantastique sur moi. Quand il me regarde, quand il se tient même à cette distance,réservéetintouchable,ilmedonneseulementencoreplusenviedeletoucher.

–Tuasoubliéquelquechose?dis-je.Jemeursdehonted’avoirétésurpriseentraindeparlertouteseule.Ilmefaitmesentirtelleune

petitefille,vulnérablecommejamais.–Jen’aipaspristaculotte.

Ilfaitungesteverslalampeetfroncelessourcils,commes’ilsedemandaitcommentelleavaitpuatterrirlà.Ellependouillepar-dessusl’abat-jour.Mesjouesrougissent.

– Merci, je marmonne maladroitement en la retirant de l’abat-jour. J’aime beaucoup cetteculotte.

Ilcroiselesbrasetmeregardel’enfilersansriendire.–Jel’aimebeaucoupaussi.Elleestparticulièrementbellesurtespetitesfesses.Jemeglissededansetfaiscommesij’étaiscaptivéeparmesdoigtsdepiedquandils’approche,

s’assoit près demoi et prendma tête pour la tourner vers lui. Le timbre de sa voix descend à unniveauplusqu’intime.

–Jeveuxteramenercheztoi.Mesorteilscommencentàsereplier,etilcontinueaveccettevoixgraveetvoiléequiformeun

nœudgéantdansmonventre.–Etjeveuxtonnumérodetéléphone;quandjereviendraidanscetteville,jeveuxterevoir.–Pourquoi?jerétorque.–Pourquoipas?–Tuneconnaismêmepasmonnomdefamille,j’accuse.–Jeconnaislalongueurdetesjambes.Il tend le bras pour toucher unemèchedemes cheveux avec ses longsdoigts, et ses yeuxne

lâchentpaslesmiens.–Jesaisquetueschatouilleusederrièrelesgenoux.Quetuaimeshaleterdansmonoreille.Ils’appuiecontrelemuretmeregarde.–Jesaisquej’aimeraist’embrasserànouveau.Quesachantquetuétaisdanscelit,jen’aipaspu

prendrel’ascenseur.Jevoulaistevoir…Ilsepencheettouchemesyeuxavecsonpouce.–…encoreunefois.Alorsquel’analystederisqueenmoiditnon,c’estunemauvaiseidée.Mais

tum’as l’air d’être une femme déterminée, et je pense que tu vas continuer à aller dans ce bar, àramenerdeshommes,jusqu’àcequetutrouvescequetucherches.Etl’analystederisqueditquec’estbienpire.Quiserontceshommes?Avecquivas-turentrer,Mélanie?

Jemesenstrèsgênée,maisjeneveuxpasqu’illesache,alorsjehausselesépaules.–Ehbien,çavapeut-êtretesurprendremaisjenesuispasd’accordavecça.Çavapeut-êtrete

surprendredesavoirques’ilyaunhommequidoit faire toutuntasdechosesàcecorps,ceseramoi.

Leregard.OhmonDieu,leregard.–Alors,commence-t-il tandisqu’une interrogationpénétrantehabitesesyeux,est-ceque je te

ramènecheztoi?Putain. Je suisdésarméedevant ce regard.Le regardque jevoulais, que j’aimémorisé, jene

veuxpasqu’ilpasseàtraversmesmursetmefassepleurer,maisjesuisunpeufatiguéeetmesmurssontenpapier,aujourd’hui.Jebluffepourmedéfendre.

–Quelgestechevaleresque,derevenirainsi.Tuvasmefairepleurer.–C’estvrai.Etquandtuatteinslemaximumdetonorgasme,tuversesquelqueslarmesaussi.Mesjouesdeviennentécarlates,etjelèvelesyeuxauciel.–Situledis.–Jeledis.C’étaitlemeilleurmomentdemasoirée.J’attachemeschaussures,d’unrougebetterave,etilretiresontee-shirt.–Ilestsec.Mets-le.Jem’exécuteetl’enfile,sonodeuretsachaleurm’enveloppenttandisquejeleregardemettre

soncol rouléhumide ; je sorsde la chambre,perplexe, aveccedieumagnifique, sentant samaingantéeenbasdemondosquimeguidejusqu’àl’ascenseur,alorsquesesyeuxexaminentmonprofilavecunsourireétrange.

–Jenesuispasexactementcequetuimaginaisentelevantcematin,n’est-cepas?Moncorpsaétési secouéque jepeuxàpeinemarcher,etmesyeux, j’aimalauxyeux, jene

peuxpasluidirequechaquejourdemavie,j’aiessayédel’imaginer.–Pas exactement ce que j’imaginais, dis-je.Aujourd’hui n’était pas du tout comme je l’avais

imaginé.Ilpenchematêteetm’embrasse.Pasunbaisersensuel.Justeunbaiser.Unbaiserd’après-sexe

quimetoucheprofondément,dilatemesnerfsetmefaitmesentirnue,désirée,etàvif.Jedoislutterpournepaspleurerpourdebon,commequandonafaitunvœuavecsonderniercentimeetqu’ilseréalise.

Deshommessesontmoquésdemoi,m’ontfoutueenl’air,sesontservisdemoi,ontabusédemoi. J’aime entrer dans des combats verbaux. J’aime jurer, cracher, crier, et être moi-même.Personnenem’a jamaisdonnéenviedepleurer rienqu’enparlant.Personnenem’a jamaisdonnéenviedepleurer,misàpartunsouvenir,etcethommequimelanceceregard.

–Quelesttonnomdefamille?jechuchote.–King.Ilmefaitunsourirequifaitfondremaculotte.Pasdeblaguesroyales,s’ilteplaît.Jerigoleettendslamaincommesinousvenionsdenousrencontrer.–Meyers.Ilprendmamaindanslasienne,sapoignéedemainestchaude,ferme,etfaitencorepliermes

orteils.Illalâche,sortsontéléphone,tapesonmotdepasseetmeletend,enmeregardantavecdesyeuxquimeparaissentêtrelesplusintelligentsquej’aiejamaisvus.

–Meyers,peux-tutapertonnumérodetéléphonepourmoi?Jel’ajouteaveclenomMeilleurpetitculquej’aiejamaisvu.Ledébutd’unsouriretirelecoindeseslèvres,assezpourmedonnerdesfrissons.–Pasmal.Iltapequelquechosesursonclavieretmontéléphonevibre,unnouveaumessage.«ETEXACT.»

Je souris, et il me regarde avec ce quasi sourire super sexy. Soudain, je suis incapabled’expliquer–etjenesuispassûred’avoirdéjàressenti–lebonheurquejeressensmaintenant.

Quand nous arrivons dans mon immeuble, il prend l’ascenseur avec moi, me raccompagnejusqu’àmaporteetdéposeunbaisersurmonfrontenpassantsonpouceaucoindemesyeuxavantdemurmurer:

–Jet’appellebientôt.Quandjeglissemoncorpstremblantetparfaitementapaisédansmonlit,àpeuprèsuneheure

avantl’aube,jen’arrivepasàdormir.Jecherchesousquelnomenregistrersonnuméro.Maniaquesexuel.Sexmachine.Dieudusexe.Play-boydivin.Jefinisparchoisiretchuchote«Greyson»,sonnomroulesurmalanguecommeduvelours.

Je ferme lesyeuxet j’ai l’impressionque jevais convulser surmon lit. J’envoieunmessagegroupéàBrooke,PandoraetKyle.

Moi:J’AIRENCONTRÉQUELQU’UN.LESGARS, J’AIRENCONTRÉQUELQU’UN.PASUNCON ! ILM’A

RAMENÉECHEZMOIETRACCOMPAGNÉEJUSQU’ÀMAPORTE.AHHHH!!!JEVOUSEMMERDE,SIQUELQU’UNME

GÂCHEMAJOURNÉEDEMAIN,J’AURAISVOSTÊTES!

Kyle:TATÊTESERATROPOCCUPÉEÀPENSERÀCEMECPOURTESOUCIERDELAMIENNE.

Pandora:MEUF.TUASPRISDEL’ECSTA?Brooke:QUOI?DIS-MOITOUT!

3

ELLE

Greyson

J’attrapemontéléphonequivibredèsquejesorsdel’immeuble.–Tutedemandespeut-êtrepourquoituesattachéàuneportedetoilettes,etpourquoicenuméro

précis s’affiche sur l’écran de ton téléphone, je murmure dans le micro. Eh bien, tu allais fairequelquechosequi t’auraitcoûté tabite.Tuallais toucherquelquechoseque tun’aspas ledroitdetoucher,compris?Tuasunedetteàpayer.Tuastroisjours.Tictac,tictac.

Je raccroche et balance le téléphone par terre. Puis je prendsmon autre téléphone et appelleDerek.

–Viensmechercher.Je luidonne l’adresse,puis jemarche le longdequelquesblocset jette le téléphoneavantde

lancerunregardàl’immeubleoùjeviensdelalaisser.QuandDereksegare,dansun4x4foncé,jesauteàl’intérieuretouvrelaboîteàgants.Jesorsmonbilletetmafaussecarted’identité.

–Conduislavoiturejusqu’àl’entrepôt.Restelà-bas.Lenumérovingt-quatrevabientôtfairesonpaiement.Commentvatafemme?

–Bien.Tuasavancédansletravail?–Jenefaisqueça,jeréponds.Mélanie.Jel’avaisdéjàvue.Jelaregardaisdeloin.Elleestlegenredefillequejeveuxbaiser,

mais jenesavaispasàquelpointavantdevoirqu’elleallaitpartiravecundemesclients,aubar.NomdeDieu,j’aimiscethommeK.-Osansmêmerécupérerlepaiement.Jevoulaisjustelemettreparterreparcequ’iln’yavaitpasmoyenqu’ilparteavecelle.Personnenepartavecelle.

Jetouchemontéléphoneavecmamaingantéeetrésisteàlatentationdeluienvoyerunmessage.J’ai vu cette femme changer demec comme je change de portable. Je l’ai vue sortir de chambresd’hôtelcommeuneépave.Jel’aivuesortiravecuneallureparfaite.Jel’aivuerire,pleurer,j’aivusonvisagesurlesfemmesquejebaisais,etjel’aimêmevuedansmesrêvesetlorsquejemeréveille.Cequeveutcettefemme,jenepeuxpasluidonner.Maisquandjelaregarde,jemetends,metourne,menoue,jemesensuséetinutile.

J’aime la voir jouer avec ses cheveux et les secouer, flirter, croiser les jambes, sourire,regardersesongles.J’aimecommeellepartàlachassepourtrouversonprochainhomme;j’aimaislaregarderparcequequelquepart,auplusprofonddemoi,jesavaisquesachasses’arrêteraitlejouroùjedécideraisdeluidirequej’avaisl’intentiond’êtresonhomme.

MERDEÀSONPRINCECHARMANT.C’estmoiqu’elleaura.J’en suis à lamoitié.Encorevingt-quatrenomset c’en est fini deZéro. Jen’aurais pasdû la

toucher,mais c’est fait. Je devrais arrêter de la toucher,mais je ne vais pas le faire.Mes gars nedoiventjamaissavoirqu’ilyaunpetittalond’Achillechezmoi,etquesonnomestécrit,justelà.

Pourlesgars,laseuleraisonpourlaquellejesuisproched’elledoitêtreparcequesonnomsetrouvesurmaliste…

4

LUI

Mélanie

Jen’aipastoujoursétéfilleunique.Jesuisnéeavecunevraiejumelle.Elleestnéelapremière,pesait2,380kg,etjel’aisuivie,unpeupluslourde.

Mamèremedisaitquenousétionstouteslesdeuxadorables,petitesetroses,maisellen’arrivaitjamais à continuer. C’est mon père qui a fini par me raconter toute l’histoire. Que je n’étais pasparfaitequandjesuisnée…quejesuisnéeavecunreindéfaillantetquemajumelleavaitungraveproblèmecardiaque.Nous luttions toutes lesdeuxpour survivre,et en l’espaced’uneheure il étaitévidentqu’elleavaitplusdemalquemoi.Quandsoncœuralâché,ilsm’ontdonnésonrein.

Ils l’ont appelée Lauren et l’ont enterrée près de la mère de mon père. Tous les ans, monanniversaireest le jour leplus tristede l’année.Mais jevaissursa tombeavecunbouquetdemesfleurspréférées;jemedisque,commec’estmajumelle,celaauraitétésespréféréesaussi.Puisjefaislaplusgrossefêtedumois.

–Jeveuxquetumemontresquetuesjoyeuseetheureuse,toutletemps,meditmamèresuruntonenjoué.

Alorsc’estcequejefais.Mêmequandjeressenscettedouleur,celled’unepertequinedisparaîtjamais.Mesparentsm’ontditqu’ilsvoulaientquejesoisheureusecarilssontsicontentsquej’aiesurvécu.Doncj’essaied’avoirl’airheureuseetdenejamais,jamais,leurmontrerquejenelesuispas.Mon père comptemes sourires et il dit que j’en ai cinq en tout, et jem’assure qu’il en voietoujoursaumoinsun.

Jevispourdeux.J’essaiedecaserenuneviecequipourraitenremplirdeux.Alorsjemelèvetous les matins, mets mon masque de madame Parfaite, et je me promets de passer une journéeparfaiteetd’avoir,unjour,unefamilleparfaite.Maisj’échoue.Etmesparentslesavent.

–Tamèreespèrequ’un jour,quand tu temarieras,que tu t’installeras, tuauraspeut-êtredesjumeaux,m’aditunjourmonpèreavecmélancolie.

–Çaseraitbien,j’airéponduaveclecœurlourd,etungrandsouriresurmeslèvres.Parfois,jemedemandesielleseraitdéjàmariée.Lauren.Parfoisjepasseunemauvaisejournée

etjesuispersuadéequ’elleauraitpurendremesparentsplusfiersouplusheureuxquemoi.Toutce

dont jesuissûre,c’estques’ils l’avaientchoisie,elle ferait toutautantd’effortsquemoipourêtreheureuse.Cen’est pas grave si je n’ai pas de jumeaux,mais je rêve de tomber amoureuse dumecparfait,etd’avoirunepetitefillequej’appelleraiLauren.

Jerêvetellementdemonhommequej’enaimal.Jerêvedeceregard,commeceluiqueGreysonm’ajeté,unregardquimeditquecemec–lui,cetêtrehumainvivant–pensequejesuisassezbienpourlui.Etqu’ilestcontentquecesoitmoiquiaisurvécu.Carparfois,jesouhaiteraisvraimentquecelaaitétéLauren.

LejouraprèsGreyson

Pandora, l’une de mes trois plus proches amies, sort du Starbucks au coin de la rue. Lamangeused’hommes.Enfin,pasvraiment,elleestsimplementtrèsindépendante,sombre,lugubre,etsecrète. Mais ce n’est pas grave puisque je suis joyeuse, bavarde et radieuse, alors nous nouséquilibrons.Enfin,onessaie.Aujourd’hui,elletentelelookAngelinaJolieteigneuseavecsonrougeàlèvresfoncéhabitueletcesbottesqu’elleaeuesensoldesquiluimontentjusqu’auxcuisses.Mêmesadémarcheintimideleshommes,pendantqu’elleapportenoscafésjusqu’àmoi–c’étaitsontourdepayer le café, après tout – et, sans un mot, nous prenons une gorgée en traversant la rue pourrejoindreSusanBowmanInteriors.

OnpourraitdirequerendreleschosesjoliesestcequefaitPandorapourgagnersavie,maisence qui me concerne, je le fais comme un art. Parce qu’il y a quelque chose, dans une pièceaccueillante,quipeutilluminerunejournéedemerde,etj’aimerendrelesgensheureux,mêmejustegrâceàcela.

–Alors?mepousse-t-elle.Jesourisensecretderrièrelecouvercleducafé.–Alors,quoi?dis-je.Jeveuxqu’ellemesupplie,parcequejesuisunpeumauvaise.C’estellequiprovoquecelachez

moi.LetrucavecPandoraetmoi,c’estça:noussommescomplètementdifférentesetilyatoujoursunrapportdeforcesentrenous,quenousaimonstouteslesdeuxsansnousl’avouer,j’imagine.

–Alorsc’estquoicebordel?Parle-moiduprincequiaensorcelétaculotte.–Pandora,jenepeuxmêmepas…JenepeuxMÊMEPAS!UnsourireétiremonvisageetjeluilanceunregardquiveutdireIlm’abaiséetoutelanuitet

j’aiadoré.–C’était…Irréel.Parfait.Mieuxqueparfait.

–Jenesavaispasquelesexepouvaitêtrecommeça.Jenesavaispasquejepouvaissentir letoucherd’unhommedansmesos.

Nousarrivonsànotreétage,avançonsjusqu’ànosbureauxenLplacéscôteàcôte,etjenepeuxpas m’empêcher de sourire. Sincèrement, je n’avais jamais rien connu de pareil. Je suis presquegênéedelepartageravecelle.Etdanslemêmetemps,j’aienvied’avoirunhaut-parleuretdecrieràmescollèguesquej’aipeut-êtretrouvélebon!

–Ehbien,net’arrêtepaslà,sainteNitouche!Raconte-moilereste,insistePandoraenallumantson ordinateur. Attends, j’ai payé le Starbucks aujourd’hui, j’ai le droit d’avoir des détailscroustillants.

–J’aipayélecaféhierettunemedisjamaisrien,jerépliqueenm’asseyant,etjetouchelapetitemarquederrièremonoreille,presqueunsuçon…Jenetedonneraipasdedétailscroustillants,jelesgardepourm’en souvenir et fantasmerdessus.MaisPan, on avait une connexion.Sa façondemeregarder.Ilmeregardaitcommes’ilnepouvaitpass’arrêter.

–Ouhlà,tuesvraimentsousecsta.Elle soupire et pose samain sur son front comme si elle avaitmal au crâne. Je sais qu’elle

détestequandjesuisdesuperbonnehumeur,alorsjemecontentedegardermonsourireencoin,jecommenceàchantonner,etjemedemandecequediraitmamèresielleétaitaucourantdetoutça.

J’étaismariéeettuétaisnéeavantquej’aievingt-cinqans,l’ai-jeentendudiretoutemavie.Etmoideluirépondrequesij’aivingt-cinqansdansquelquessemaines,j’aiaussidesamisgéniauxetunesacréecarrière.Maismaintenant,peut-êtreyaura-t-ilunhomme…

Alors que Pandora etmoi commençons à comparer des tissus pour nos projets actuels,monesprit dériveversmonportable. J’ai une règle, le dernier à avoir reçuun textodoit être celui quienvoielesuivant.

Greysonm’aenvoyé«ETEXACT»hiersoiret,avantmêmedem’enrendrecompte,jeluienvoieunmessage.TUESLÀ?

Pourêtrehonnête,jenesaispasàquoim’attendre.C’estuneterreinconnuepourmoi.Jesaisàpeinecommentjem’appelle,aujourd’hui.Àunmomentj’étaisàunefêteavecbeaucoupdegens…etpuisj’étaisaveclui.Ilétaitavecmoi.Entièrementconcentrésurmoi.

Et ce qui me fait peur, non, ce qui me hante, ce n’est pas qu’il m’ait donné les meilleursorgasmesdemavie– c’était formidable–mais c’est que j’ai ressenti quelque chose.Son toucherpassaitàtraversmapeau,ilentraitenmoi.

Unfourmillementagréablecourtsurmapeauquandjemesouviensdelafaçondontnosyeuxsecroisaientpendantquenousfaisionsl’amour,etjefixemontéléphone,enattendantqu’ilmeréponde.

DeuxjoursaprèsGreyson

Aujourd’hui, nous décorons la nouvelle maison d’un de nos clients. Chez Susan BowmanInteriors,peuimportequiestresponsableduprojet,chacunmetsongraindesellejourJ,quandlesmeublessontlivrésetinstallés.Engros,voilàcommentçamarche:jerencontreunclientpouravoiruneidéedesonbudgetetdesesgoûts;jefaisunepropositiondétaillantlecoûtapproximatif,pièceparpièce,etproposelesconceptsdedécoration;jefaislesplansdespièces,prendslesdimensions,puis j’envoie les fichiersPDFavec lesprixdeplusieursoptions,des imagesetdeséchantillonsdetissus,d’aprèslesconceptsdontnousavonsdiscuté.

Unefoisqueleclientconfirmenoschoix,jemontreletoutàSusanpouravoirsabénédiction,puis jecommande les tissus, lesmeubles, leshabillagesdes fenêtres, les tapis, et toutest envoyéàl’entrepôtdel’entreprise,oùlesproduitssontvérifiés,assemblésettapissés.Ensuite,ons’amuse.Onpeutenfinfixerunedate,généralementquandleclientn’estpaschezlui,etonpeutréaliser toutcequ’onavaitvisualisémentalement.

Jesuisunevisuelle,c’estcequejefais.C’estcequej’aime.Depuisquej’aitroisans,jevisualisetout.Commentj’allaism’habillerlejourdelarentrée.Commentuncertaingarçonallaitmeregarder.Comment les professeurs souriraient, ravis, quand je leur donnerais la pomme que ma mèrem’obligeaitàavoir.Elledisaitquesijeleurmettaisunepommedanslamain,jemettraisleurcœurdansmapoche.Jemesentaistoujoursridiculequandjeleurdonnaislapomme,maispourmamère,c’estimportantd’êtregénéreuxavectoutlemonde.D’ailleurselleoffredeschosesenpermanence,mêmedescâlins.Oui!ElleatenuunposterFREEHUGSpendantuneœuvredebienfaisance,etellefaitdescâlinsàtoutlemonde.Alorsjesupposequej’aimelescâlinsaussi.C’estagréable,c’esttout.Dans tous les cas, faireplaisir auxgens etvivreunevie joyeuse,détendueet colorée, c’est cequicomptepourmoi.

–Oùest-cequecelavaaller?medemandePandoraendéballantunebellelampeenverre.–Oh,cettepetitebeautéseradanslachambredelafille,dis-je,puisjevérifietousmesdossiers

pourlatroisièmefoisaujourd’hui.Aveccettevieillecoiffeuseroseetcepetitbonhomme.

Jetouchedupieduneottomanerayéesidrôlequejeluttepournepasluifaireuncâlin.–Mignon,non?–Cequiestmignon,c’estlafaçondonttun’arrêtespasdesortirtontéléphonecommesic’était

unpetitchiotvivant.–Ohtais-toi!Jevérifieleréseau.Etmontéléphone…captebien.Humm.Intéressant.Pasdemessage.Toujourspas.Parfois, lesmecsontbesoind’unpetitcoupdepouce. Ilsontpeur.C’était trop intense. Ilm’a

lancé«le»regard.Encemomentmême,ilestpeut-êtrechezluientraindepenserQu’est-cequisepasse,Greyson?Enfin,c’estpossiblequ’ilaitdesproblèmes,commemoi.

Jenepeuxpasm’endormirsansmedoigter.Alorsmaintenantqu’ilm’afaitnepenserqu’àlui,àsa peau, à son toucher… Je le veux… J’enmeurs d’envie… J’en ai besoin.Dansma tête, j’ai étéadmiseauxAccrosdeGreysonAnonymesetilestleseulàpouvoirguérirmamaladie.

Afinde l’aider,afindecalmer lapetitepiqûrededéceptionquis’installesur lagauchedemapoitrine,afinqu’ilsachequejesuisclairementtoujoursintéressée–s’ilteplaît,mec,situm’aimesjusteunpeu,faiscequetuasditetappelle-moi–,jesongeàenfreindremarègled’ordutextoetàluienvoyerunsecondmessage.

Est-cequejedevrais?Lesrèglesdisentquenon.Maisjen’aijamaisaimélesrègles,etGreysonnemeparaîtpasêtreunhommeàrèglesnonplus.Qu’est-cequejefais?JeveuxdemanderàPandoramaisjedétestedéjàlerictussursonvisage.Jeveuxqu’ilsachelavérité,quejeveuxqu’ilm’appelle.Jeneveuxpasjouer.Pasaveclui.Malgrécela,jemeforceàrangermontéléphonedansmonsacetjemedisqueRomenes’estpasconstruiteenunjour,etqu’aucunerelationvalablenonplus.

–Mélanie,ditPandora,avecseslèvresétiréesenunefinelignenoire.Jeclignedesyeuxinnocemmentetsouris.–Quoi?–Admets-le,c’étaituncon.–Non.–Si.–NON!–Si…

QuatrejoursaprèsGreyson

–Toujoursrien?demandePandoraJ’aienviedegrognerquandellevientjusqu’àmonbureau,oùj’espéraismecacherd’elleetde

sesyeuxnoirsperçants.Mais il se trouvequ’aujourd’huic’estellequiaunpetit sourireénervé,etmoiquifaislatête.

Lundi,jenesavaispluscommentjem’appelais,j’étaisauseptièmeciel.Mardi,j’étaistoujoursgaie et optimiste, à peu près au troisième ciel. Aujourd’hui, je suis revenue sur Terre, et je suistombéedequelquescransverslepurgatoire,voiremêmecomplètementenenfer.Toutcequejesais,c’estqu’onestjeudi,etquejen’aipaseudenouvelles,zéro,nada,depuisdesjours.

Commeuneidiote,jesouris,jejettedescoupsd’œilàmonportableetj’attendsquelquechose,maispourêtrehonnête,montéléphonesemblesetransformerenunlourdrocherimmobiledansmonsac,etsonsilenceveutdirequelquechose,quelquechosequeGREYSONn’aprobablementpaslescouillesdemedirelui-même.

C’étaitbien.Pouruncoupd’unsoir.Mercipourlabaise.Tun’entendrasplusparlerdemoi.– Rien pour l’instant, dis-je à Pandora sur la défensive, en me levant et en emportant mon

téléphonedanslestoilettesdesfemmes.Jem’enfermeetvaisme laver levisagedans le lavabo. Jepenseà sesyeuxnoisetteavecdes

touches de vert, et au regard qu’il n’arrêtait pas deme lancer… Et je me sens pire que déçue etpitoyable,jetapeunautremessagealorsqu’unpuitsd’émotionsecreusedansmapoitrine.

JEVAISFINIRPARCROIREQUEJET’AIIMAGINÉ.LJ’attendsquelquesminutes.Jemelavelesmains,lessèche,regardemonportable,observemes

ongles,regardemonportable.Quelqu’unfrappeàlaporteetunedemescollèguesdemande:–Ilyaquelqu’unlà-dedans?Merde.Jecrie:«Jesors!»puisjetourneunpeuenrond,relislemessagequejeluiaienvoyé,

aveccepathétiquevisagetriste,etsoudainjemesenscommelaplusgrandeidiotedelaplanète.

Cematinj’aicherchésonnomsurGoogleet,bizarrement,jen’airientrouvé.AucunetracedeGreysonKing sur Internet. Il pourrait bien être un fantôme.Un fantôme qui ne répond pas àmesmessages, ne s’intéresse pas à moi, ne ressent pas la connexion qui me ronge, me hante et meconsume.Unfantômequemoi,Mélaniebourrée,j’aiinventépourmesentirmoinsseule.

5

C’ESTDUBOULOTD’ÊTREUNCONNARD

Greyson

Jeneconnaispersonnequim’aitprispluslatêtequemonpère,alorsjenecomprendspascequim’arrive,àpartquej’ailatêteailleurscettesemaine.

Mélanieestbieninstalléedansmonespritetdansmapeau.J’essaiedelasortirdemespensées,maiselleestlà.Dansmonsubconscient.Entraindes’amuseravecmonpiercingcommesic’étaitsonjouetpersonnel.

Jevoulais lagoûter.C’estfait,maisjenesuispassatisfait.Jeveuxlafairehaleterànouveau,commesiellevenaitdegagnerlemarathondeNewYork.Jeveuxlafairegémircommeuneproquigagnerait le concoursnational degémissements.Et je veux la faire sourire comme lorsque je l’airamenéechezelle.Jemeforceàresterconcentré,àgarderlatêtesurlesépaules,lesyeuxouverts.MaisnomdeDieu…ellenefacilitepasleschoses.

Cettesemaine, j’airayédeuxautresnomsdemaliste.J’aiaussidécouvertquemonpèreavaitvraimentuneleucémie,entoutcasc’estcequ’ontditlesspécialistesquej’aifaitvenir.Ilestdansunemaisonprotégéededeuxétages,prochedulieuoùlasaisond’Undergroundvacommencer,dansunmois.Etc’estbizarre.Mêmelesondesavoixestdifférent.Sonregardn’estplusaussidur.Quandjesuisentré,ilm’ademandécommentj’allais.

–J’ailamoitiédelaliste…–Paslaliste.Commentvas-tu?Jel’aifixé,nonparcequej’étaisperdu,maisparcequejefrémissaisd’uneragesourde.– Tu t’es débrouillé pour être un connard pendant vingt-cinq ans. Ne me change pas ça

maintenant.Etjesuisparti.–Pourquoipas?a-t-illancé,entoussantàcausedel’effortqu’ilavaitdûfairepourcrier.Bouillantdel’intérieur,j’aiserrélespoings,mesphalangespresséescontremesgantsdecuir.–Parcequeçanechangerarien.Jesuissortidelamaison,jebossesurletroisièmenom,maiselleesttoujoursdansmatête.Je

nevoisquesesyeuxverts,sesyeuxvertsquiprennentuneteinted’émeraudesombrequandellejouit

commeuneputaindefusée,qu’ellefrissonneetsetordsousmoi.Elleestcemagnifiquediamantquetouslesbanditsveulentvoler, lechatonquetousleschiensveulentpourchasser, lajumentquel’onveutchevaucher,brideretdompter–maispascomplètement.Ohnon,pastoutletemps,carsoncôtésauvaget’excite.Ilterendplussauvage.Ilterendgourmand.

Putain,cesderniers jours j’ai l’impressiondenepasavoirmangédepuiscentmillesemaines.Bordeldemerde!Sorsdematête,princesse.

Jesuisinstalléàunetableduparcquandmaciblearriveenfin.Jesuisassisderrièreunjournalouvert,avecmonSIGautomatiquebiencachéendessous,etmesRay-Bancouvrentmesyeuxalorsqu’ilpasseàcôté.Jeparleassezbaspourn’alarmerpersonne,maisassezfortpourquelepauvremecquejesuisvenuemmerderm’entende.

–Assieds-toi,dis-je.Ilsursauteenentendantmavoixetmetsamaindanssapochepourprendrecequejesuppose

êtresaméthodededéfense.–Unmeccommetoinepeutpasvoirça,maisilyaplusieurstireursprofessionnelsquitevisent

depuisdifférentsangles.Alorstuferaismieuxdet’asseoir.Iltombecommeduplombsurlachaisequejepoussedupied.–Donc,dis-jeenpliantmonjournaletfocalisantmonattentionsurlui,monSIGimmobilesous

lejournalbraquésursoncœur.Jeremontemeslunettessurmoncrâneetm’adossecontrelachaiseenexaminantl’homme.La

quarantaine, ilaprobablementprisconsciencequ’ilseraitcoincédansunboulotdemerde toutesavieetilapenséqu’ilpourraitavoirunemeilleurevieenpariant,maisilaobtenulerésultatinverse.

–Jesuispassécheztoihierpourt’offrirunpetitcadeau,maisj’avaispeurquetafemmevoiecequ’ilyavaitdedans,etsachantcequec’est…

Avec ma main libre, je pose devant lui une enveloppe en papier kraft. Ses mains tremblentlorsqu’il l’ouvre. Le sang quitte son visage quand des photos de lui et de son amante cul nu entombent.

–Putainde…soupire-t-il.–Elletetientparlescouilles,hein?Jemepencheenavantpourqu’ilm’entendebien.Monsangseréchauffequandjepenseàmes

proprescouilles,etàmonpropreproblème,àceculnusexyquimerendtotalementfoucesdernierstemps.

–Tuascruque tupouvaisbaisercettefilleunefoiset t’enaller,maiscen’étaitpaspossible.Elleétaitsauvageettuasaiméça.ElleteregardaitcommesituétaisuncadeaudeDieupourlagentféminine,tuasdûaimerçaaussi.

Jefaisunepausedetroisbattementsdecœurtandisquemaciblepâlitàvued’œil.– Je parie que tu es obsédé par la sensation que tu as avec elle, l’odeur de ses cheveux, son

sourire,sadémarche,lafaçondontelleflirteavecd’autreshommes…EhbienHendricks,jesuisici

pourtedirequetudois168434dollarsàl’Undergroundpourtespertesauxjeux,etnoussommesprêtsàlescollecter.

Jemepencheenarrièreetremetsmeslunettesdevantmesyeux.–Tunepeuxpasgardertapoule,nimonargent.Est-cequec’estclair?Lemecestblanccommeunfantôme,jecroisqu’onpeutenconclurequec’estclair.Jerepliele

journal,avecleSIG,etlemetsdanslapochedemaveste.–Undemeshommest’attendraici,demain.Enmelevant,jemepencheversluietcomplète:–J’aidescopiesdecesphotos.Tulesaurasquandtuauraspayécequetudois,maisn’essaiepas

dejouer.Mamotivationestaussifortequelatienne.Mamère.Maliberté.Etmesputainsdecouilles,perturbéesparunefilleauxcheveuxdorés,aux

yeuxvertsetausourirequimetordleventre.Ouais,jesuisencoreplusdanslamerdequecepauvremec.

Quandlacibles’enva,C.C.etmoiallonsretrouverl’équipeensilence.Ilssonttousau«yacht»,unemaison enmer façonBigBrother, caméras de surveillance comprises.Mon père est assis là,contentd’êtresorti,etd’avoirl’essentielduprogramme.Etl’équipe…

JegardeunœillointainsurDerekpourêtresûrqu’ilnetrahissepascequ’ilsait,maispourlesautres,jelessurveilletoutletemps,j’écouteleursappels,jeregardelesvidéosdesurveillance.Unpactedesang,d’accord,maissachantquejenefaispasconfianceàmapropreombre…

Lepremierquej’aidûtesterétaitC.C.,parcequ’ilestcequiserapprocheleplusd’unfrèreetilfallaitquejesachesisaloyautéiraitàmonpère,quil’anourritoutescesannées,ouàsonfrèredesang,c’est-à-diremoi.

–Sijetedisaisqueceverrecontenaitunpoisonmortel,etquejetedemandaisdeledonneràmonpère,qu’est-cequetudirais?

–Jediraisoui,connard,qu’est-cequetucrois?répondC.C.,encoinçantuncure-dententresesdentspourlelaisserpendouillerlà.

Noussommesdevantlachambredemonpère,oùilestsurveillévingt-quatreheuressurvingt-quatreparsonéquipemédicale.Laporteestentrouverte,etnouslevoyonsparleràÉric,quinesaitpasquenousleregardons.

– Bien. Puisque tu es le seul à qui je fasse confiance, vas-y. Je lui tends le verre. Prends-le,discrètement.

Ilmeregarde.–Jesaisêtrediscret.Maisdis-moi,est-cequeçaseradouloureuxpourlui?–Pasautantquecequ’ilmérite,maisoui.JemereculeetregardeC.C.verserleliquidedanslesmédicamentsdemonpère.L’enfoirélelui

porte,murmureàmonpère:–Tuassoif,Slaughter?Aprèss’êtreassuréqu’illeboivelentement,ilrevientets’assoit.

–C’estfait,dit-ilcalmement.C.C.auncœurdepierre,commemoi.Delaglace,entoutescirconstances.Nousrestonsassisen

silence.–Iln’yavaitpasdepoison,hein,petitcon?demande-t-ilenrecrachantlecure-dent,encolèreet

trahi.–Non.Jemelève.–Jedevaisjusteêtresûr.Ceseraittellementfaciledetuermonpère.Glisserquelquechosedanssaperfusion,etilserait

parti.Maismêmelescriminelsdoiventavoiruncode,etj’ailemien.Jenetuepaspourleplaisir,oumême pour moi. Je ne tue pas la famille. Cela ne veut pas dire que je n’y pense pas. J’y pense,constamment.J’airêvéquejetuaismonpèredenombreusesfois,etjemeréveillaissoulagé.Jusqu’àcequejemesouviennequejene l’avaispas tué ; ilestvivant.Jesuisremplideragededevoirneserait-cequeleregarder,sanscompterlefaitdedevoirfairesonsaleboulot.

C.C. me suit dans le couloir du yacht, nous sommes arrimés à quelques kilomètres de LosAngeles.Unedespiècesest rempliede téléphonesetdegraphiques : la comptabilitédesparis,quigardeunetracedechaquecombatdel’Underground.

–Noussommestesgars,Z,tupeuxnousfaireconfiance.Jesaisquecen’estpasdanstanature,maistupeux.

–Jetravaillesurquelquesautresnoms.Enattendant,appelleTinaGlass.Dis-luiqu’ilmefautlenuméro10ensituationcompromettanteavecelle.Ellenedevrafournirlespreuvesàpersonnesaufàmoi, personnellement. Je dois travailler sur une autre cible ceweek-end. Je ne serai pas en ville,utiliselecodes’ilyauneurgence.

–Éricveutquelerestedel’équipet’aide.–Jen’aipasbesoindeleuraide.Maisilfautquetum’aidesàpincerlenuméro10.Ilesttrop

propreetçam’énerve.–Jesaisqu’ilyaautrechosequit’énerve!rigoleC.C.Jegrommelleetluidisoùilpeutselamettre.Ilsaitqu’ilyaunenana,entoutcasils’endoute

etmefaitdescroche-piedsquandilmesurprendàfixermonportable,distrait.Jenesuisjamaisprisaudépourvu.Jelefaistrébucher,lesoulèveparlecoletleplaquecontrelemur.

–Arrêtedetefoutredemoi,C.C.–Cen’estpasmoiquimefousdetoi.Iltapotematempe,etsouffle:–Fais-lasortirdelà,mec,avantquetonpères’enrendecompte.Jemesenstellementretournéquejesuisencolèred’avoirpenséquec’étaitunebonneidéedela

toucher.Mais j’ai toujours ce téléphone que je n’ai pas désactivé, et c’est seulement parce que jereçoiscespetitsmessagesd’elle.

«TUESLÀ?»

J’aimeraisnepasêtreassislà,lesyeuxfixéssurl’écran,lapoitrinesciéeendeuxàchaquefoisquejelelis.

«JEVAISFINIRPARCROIREQUEJET’AIIMAGINÉ.☹»

Jeneluiaipasrépondu,maisj’auraisvoulutaper:PRINCESSE,TUNETERENDSPASCOMPTEQUETU

JOUESAVECLEFEU.

Cela faitune journéedepuis sondernier texto. Jen’arrêtepasde le sortirpour le regarderettenterdeluidiredem’oublier:PRINCESSE,JEVAISMESERVIRDETOI,ABUSERDETOI,ETTEJETERQUAND

J’AURAIFINIPARCEQUEC’ESTCEQUEJEFAISTOUJOURS.

Parfois,jemedisquesij’étaisrestéunenuitdeplus,peut-êtremêmeuncoupdeplus,ellenem’obséderaitpasautant.Maiselleaunebouchefaitepoursucer,deslèvresépaisses,charnuesetunelangue incroyablement gourmande. Putain, je n’arrête pas de me masturber parce que la simplepenséed’ellequimesucemefaitbander.Mais,mêmesiellem’avaitsucétoutelanuit,jesuissûrquejecrèveraisencored’enviedepoussersa têtevers lebaspour luidonnerplusdemoi, la fairememanger,jusqu’àladernièregoutte.

Lefaitquejesoisénervéparcequenotrenuitensembles’estterminéetroptôt,quejevoudraisvraimentêtrerestéallongédanscelitquelquesheuresdeplusetvoircommentc’étaitdelatenirdansmesbraspendantunmoment,m’embrouilleencoreplus.

J’appelleTinadepuismonautretéléphone.TinaGlass,aliasMissKitty.Elleestcequ’ilyademieuxpourserrerunhomme.Elleestpropre,jolie,etmortelle.

–Meshommest’ontappelée?–Absolument,ronronne-t-elle.J’enfilemesgantsenluiparlant.–Jeveuxquelespreuvesmesoientremisesenmainpropre.–Avecunplaisirabsolu.Jeprendraicontactquandceserafait.JeraccrocheetlisànouveaulemessagedeMélanie.Maisjette-le,petitemauviette.Elleestunpointsensible,etjesuismoi…Est-cequejepeuxvraimentmepermettred’avoirun

pointsensible?Est-cequej’aibesoindemeréveillerenpleinenuitaveclatrique?Jesuisunhommedevingt-cinqans,avecuntasdeputesendormiesautourdemoi,siprochesquejepourraistrébuchersuruneoudeuxenouvrantlaporte.Alorscesyeuxvertscommeuneforêt,cettechatteserréeautourde ma queue… et ces bruits qu’elle fait… Est-ce que je dois vraiment me torturer, me souvenircommec’étaitbon,commesonodeurétaitpropreetdouce?

–Çanepeutpasarriver,jemurmureendirectiondemonportable.Le sang tourne dans mes veines quand je pense à quel point c’était stupide de croire que je

pourraisavoirunenuit,justeunenuit,commelefontleshommesnormaux.–Çanepeutpassereproduire,medis-jeàmoi-même.J’aiuntravailàfaire.JeSUISmontravail.Laviedemamèrepourraitêtreendanger,etcellede

tousceuxquisontencontactavecmoi.Monpèrepeutprendre toutceàquoi jem’intéresse,enuninstant.Simplementpourprouverqu’ilenestcapable.Pouressayerdemeposséder.Peuimportesije

veuxcouvrirmaprincessedebijouxquandelleestallongéeprèsdemoi,ensueuretrassasiée.Peuimporte si je veux revenir en arrière et voir ses yeux s’assombrir quand je la remplis, encore etencore.Cequejeveuxn’aaucuneimportance.Ilyauniquementcequejedoisfaire.

Jeretirerapidementl’arrièredutéléphone.–Çanepeutpast’arriver.Jecommenceàledémonter.–Çapeutarriveràn’importequi,maispasà toi.Peu importeavecqui elle terminera, il y a

99,9%dechancesqu’ilsoitmieuxquetoi.Je retire la batteriedemonportablepermanent, enlève la carteSIM,défais lesbranchements,

jusqu’àavoirunedizainedepiècesdanslamainpourêtresûrquejenerecevraiplusaucunmessaged’elle et qu’elle n’entendra plus jamais parler de moi. Jusqu’à ce que je vienne collecter pourl’Underground.

6

BIENTÔTSIX

Mélanie

CinqjoursaprèsGreyson…– Alors, il ne fait plus partie du paysage ? me demande aujourd’hui Pandora, alors que

j’organiselefichierPDFpourundemesclients.J’enfouis mon visage dans mes mains. Pendant une seconde, j’ai envie de faire comme si

Pandoran’étaitpaslà,àrespirerdansmondos,avecsoninquiétudeénervéequiformeunpetitnuagepleind’éclairsau-dessusdenostêtes.

Cinqjours.Cinqlongs,terriblesjoursdurantlesquelstousmesespoirssesontréduitsànéant,tousmesfantasmessesonteffacés,toutesmesattentesontdisparu.

Et voilà Pandora, inquiète et en colère pourmoi, sûrement trop heureuse d’avoir une bonneexcusepourêtreunesalopeaujourd’hui.

–Oui,jefinispargrincer.Ilestsortidupaysage.J’espèrequetuescontente.Jesorsmonportablejustepourluimontreràquelpointilestvide.Elleregardel’écrandésert,

grogne,secouelatêteetseposesursachaise.–Salaud,dit-elle.–Pauvrecon.–Connard.–Salaud!–J’aidéjàditcelui-là,mefait-elleremarquer.Ladéceptions’accumuled’heureenheure,etunenouvellevagues’abatsurmoiquandjerange

mon téléphone. Je n’avais jamais aussi mal jugé une situation que celle-ci. Nous sommesofficiellementvendredi.Silemecvoulaitunrendez-vous,tupeuxparierqu’ilm’auraitappeléeavantaujourd’hui.

Jesuistellementblesséeetjenecomprendsmêmepaspourquoij’aisimal.Peut-êtreparcequej’ai cru qu’il était différent, et qu’il s’est révélé être exactement ce que disait Pandora. Je détestetellementquandellearaison.Jedétesteparticulièrementqu’elleaitraisonaujourd’hui.

Heureusement elle s’est tranquillement assise à son bureau et que je n’entends pas de « je tel’avaisbiendit».Sielleditneserait-cequ’unseulmot,jevaislataperaussifortquejevoudraismefrappermoi-mêmepouravoirétésibête.

–J’enaicomplètementfiniaveclesmecs,j’explose,trouvantlesilencedePandorafinalementagaçant.Jen’aipasbesoind’euxpourêtreheureuse.Jevaisprendreunchien.Merde!Jeviensdemerappelerquejenepeuxmêmeplusmepermettreleluxed’avoirunpetitchien.

–Arrêted’acheterdeschaussures,chantonne-t-elle.Je soupire, parce que je ne vais pas lui expliquer que je dois beaucoup plus qu’une paire de

chaussures, et je clique sur le moteur de recherche pour retrouver l’annonce dema voiture. Unephoto demaMustang apparaît devantmes yeux, avec un nombre rouge vif au-dessus et un grandpanneauÀVENDRE.C’esttoutcequej’ai,etcen’esttoujourspasassezpourremboursercequejedois.Elleestcommemoi.Touteslesdeux,nousnesuffisonspas.

Pour la première fois en une semaine, la réalité s’écrase sur moi. Violemment. Je n’ai plusd’adorablesyeuxnoisetteavecdestouchesdevertpourmedonnerespoiretoptimisme.Jen’aiplusdetextosàattendre.J’aiunevoitureàvendre,unedetteàrembourser,etbeaucoupdetristesseàgérer.

Magrand-mère,avantdenousquitter,disaittoujoursquelemeilleurmoyendesesentirmieuxétaitdeseconcentrersurquelqu’und’autreetd’êtregentilaveclui,parcequ’onn’estjamaisleseulàavoirdesproblèmes.

Je regardePandora, jepenseà toutes les foisoùon l’a traitéedeconnassedanscebureau, jetendslamainpourprendreunemèchedesescheveuxnoirs,etjedis:

–Touscescheveuxnoirs,c’est tellement terne.Tudevrais faireduchangementaussi,ajouterunemècheroseàtoutcecharbon?

–Jet’emmerde,jedétestelerose.Je lève lesyeuxaucielpourdire«OKMamie, j’aiessayé! » et je reviensàmonordinateur

pourobservermavoiture.JenesaispasquiafaitséchermavoiturependantqueGreysonmeséchait,moi,maisilafaitdubonboulot!Cerveau,s’ilteplaîtconcentre-toisurlaMustang.

Cela m’a pris une journée entière pour avoir les images parfaites, j’ai attendu que le soleiltombesurlavoitureàunangleparfait.C’esttellementbeauquej’aidumalàcroirequepersonnenem’aitappeléedepuisplusieursjours.Etsipersonnen’appelle?Lestresscommenceàmonter,commeunebonnegrossebaleinequim’étouffe,quandPandoraseretournedanssonfauteuilpourmefaireface.

–Allez,bitch,parle-moi!crie-t-elle.Qu’est-cequit’afaitcroirequ’ilseraitdifférentdeceuxsurquitutombesàchaquefois?Tavoiturenedémarrepasetilconduitpourtoi,vousallezdansunhôtel.Qu’est-ceque tusaisde luimisàpartqu’il tebaiseàenperdre la têteetque tun’esplus laMélaniequejeconnais?Oùestlesourire,oùestl’étincelle?Tuescommemoietjen’aimepasça.

Jelèvelesbrasenl’air.– Il a dit qu’il m’appellerait… Il a fait demi-tour pour me ramener chez moi et je me suis

imaginédeschoses,c’étaituneerreur,d’accord,c’estmafaute.Del’avoircru.D’avoircruqu’ilétait

différentouqu’onavaitunesortede…connexion.MonDieujesuistellementnulle,maisj’imaginequecen’estpasunscooppourtoi.

–Qu’ilaillesefairefoutre,Mélanie.–C’estdéjàfait.Maintenantonarrêtedeparlerdelui.Jevaiscommanderuntee-shirtquiditJE

SUIS GÉNIALE, LES MECS SONT NULS. Il faut que je change mes exigences. Il faudra qu’ilsfassentleurspreuvespourquejeleurdonneleurchance.AllonsvoirBrookeaujourd’hui.

LebébédeBrookeestnéprématuréilyaunmois,àNewYork.Commesonmariboxeurestencongés,ilssontàSeattlepourorganiserunpetitmariageàl’église.Pandoraattrapesonsacàdosetnousnouspréparonsàfinirnotrejournée.

–Tuasremarquécommentlepapaportelebébé?Genre,satêtefaisaitlamoitiédubicepsdeRemy,dit-elle.

MonDieu.J’espèreque jesupporteraidevoir les regardset lessouriresqueRemingtonTatelanceàBrooke,avecsesfossettesetsesyeuxbleusaimants.

–Au fait, j’aidemandéàKyledeveniraumariageavecmoi. Jeveux justeen finiravecmesparentsquipensentquejesuislesbienne,tuvois?medit-elledansl’ascenseur.

–C’estvrai?jedemande,mesentantsoudaintrèsmal.Super.Jetiendrailachandellealors.

7

MARQUÉÀVIE

Greyson

C’esttoujourslemêmerêve.Celanechangejamais.Toujourslemêmenombred’hommes.Ilesttoujours16h12.Jeviensdedescendredubus.Ilyaunefiledevoituresdansl’allée.

Lesmots demamère résonnent toujours aussi fort dansma tête :Un jour il nous trouvera,Greyson.Ilvoudrateprendreaveclui.Jenelelaisseraipasfaire,jepromettais.

Maisàcemoment-là,jesaisqu’ilnousatrouvés.Lepèrequejeneconnaispas.Celuiauquelmamèrenevoulaitpasquejeressemble.

Je tire la bretelle de mon sac de mon épaule et la serre dans mon poing, prêt à assommerquelqu’unaveccinquantekilosdedevoirsetdelivres.

Dix hommes sont dans le salon. Seul l’un d’entre eux est assis, et je comprend que c’est luilorsquelesangcouleplusvitedansmesveines.Cen’estquedusang,maistoutmonêtrelereconnaît,bienquejenel’aiejamaisvu.Iln’apaslesmêmesyeuxquemoi,maisj’aisessourcils,longsetfinsetperpétuellementfroncés.J’aisonnezdroit,sonairsombre.Ilmevoitetundéfiléd’émotionssebousculesursonvisage,plusd’émotionquejeneluipermetsdevoirdansmesyeux.Ils’exclame:

–MonDieu.C’estalorsquejevoismamère.Elleestaussiassisedansl’unedeschaises,sescheveuxdorés

emmêlés,leschevillesattachées,lesbrastirésdanssondos.Elletremble,elleestbâillonnéeavecunbandanarougeetessaiedemeparler,maissesmotssontétouffésparletissu.

–Qu’est-cequevousluifaites?Laissez-lapartir!–Lana,ditmonpère sansmeprêter attention,désormaisconcentré surmamère.Lana,Lana,

commentas-tupu?Illaregarde,lesyeuxemplisdelarmes.Maispourchaquelarmequeversemonpère,mamère

enverseunedizaine,unvraifleuve.–Laissez-lapartir!jesupplie,ensoulevantmonsacàdospourleluijeterdessus.–Poseça…Onvalefaire.Mapremièreerreuraétédel’écouter.Jeposemonsac.Monpères’agenouilledevantmoietme

tendunearmenoire,puisilparletoutbaspourquejesoisleseulàl’entendre.

–Tuvoisça?C’estunSSGavecunsilencieux,pourquepersonnenel’entende.Iln’yapasdesécurité,ilestprêtàl’emploi.Tiresurundeceshommes,n’importelequel,etj’épargneraitamère.

Ellepleurebeaucoup,secouelatête,maisunhommechauveetdégoûtant,derrièreelle,retientsanuque.Jem’éloignedemonsacmaisilresteprèsdemoi,assezprèspourdonneruncoupdepieddedans commeunballonde foot. Je faisdu foot, et jepourrais l’envoyervoler à travers lapièce.Maisversqui?Etsijefrappemamère?

J’observel’armeetmedemandecombienilyadeballes,pasassezpourtousleshommes,maisassezpourceluiquilatient.Jelaprends,surprisdevoirquemamainnetremblepas.Elleestlourdemaisjen’aipaspeur,j’aiseulementbesoindelibérermamère.

Jeregardeceluiquimaintientsanuque.Sesyeuxquipleurent.Unjourilnoustrouvera,Greyson…Jevise leplus loinpossibled’elle,sur laplusgrandepartieducorpsde l’homme.Je tire.Un

trounetetnoirapparaîtsursonfront.L’hommetombe.Mamère crie derrière son bâillon et pleure de plus en plus, en remuant en l’air ses jambes

attachées.Monpèreprendl’armedemesmainsavecunregardémerveilléetmetapotelatête.D’autreshommesmettentmamèredeboutetlatraînentjusqu’àl’escalierdugarage.–Qu’est-cequevousfaites?Oùest-cequevousl’emmenez?Jeprendsmonsacetlelancesurl’undeshommes.Unautrearrive,m’attrape,etserremonbras

toutenparlantetcrachantdansmonoreille.–Fiston,écoute-moi,ilsontpasséunaccord,ellet’aperdu.Ellet’aperdu!–Ellenemeperdraitjamais.Maman!Jeprendsuncouteau sur saceinture, l’enfoncedans sonœil et le tourne. Ilme lâcheavecun

hurlementetunflotdesang,jecoursdansl’escalierenentendantunevoituredémarrer.Monpèrem’attrape.Medonneunegifle.Puispointelepistoletsurmoi.Ilsouritquandj’arrête

debouger.–Greyson,monfils,mêmetesinstinctst’ontditdeneplusbouger.Tusaiscequecelafaitde

tuerunhomme.Tunevaspasmourir.Situmeurs,tunepeuxpaslasauver.N’est-cepas?Toutmoncorpsestparalysé.Ilmesouritgentimentetmefaituncâlin,toutengardantl’arme

contrematempe.–Jesavaisquetuétaismonfils.Jel’aiditàtamère,quecen’étaitpasgentildem’empêcherde

tevoir.Treizeans,Greyson.Treizeanspassésàtechercher.Ellerépétaitquetun’étaispasmonfils.Jeluiaiditquesitumontraisquetuavaismonsangentoi,turepartiraisavectonpère,làoùtudoisêtre.

Ilsereculeunpeuetmeregardeavecfierté.–Jet’aidonnélechoixdetuerunhomme.Ilregardeenhautdel’escalier,oùjesaisqu’uncorpsgîtparterre.Uncorpsquinebougeraplus

àcausedemoi.

–Tu l’as tué.Uneballeenpleine tête.Tuesmonfils,despiedsà la tête ; tuseraspuissantetcraint.

Sa voixmeglace. Je ne ressens rien quandnous remontons et que je vois le cadavre, pas deremords,rien.J’aiencoreenviedetuer,tuertousceuxquifontdumalàmamère.

–Oùest-elle?jedemanded’unevoixétrange.J’aituéquelqu’und’autreenmêmetempsquecethomme…moi.–Ellevaêtreemmenéeailleurs.Parcequelesvraishommesnesontpasélevéspardesfemmes,

tum’entends?Monfilsneserapasélevéparunefemme.Passanssonpère.Non, tuserascommemoi.

Je regarde lavoituresortirdugarage,emportantmamèreavecelle.Le regarddanssesyeuxquandj’aitirésurcethomme.Unepaniquefroidequejen’aijamaisressentiemepiqueetserépandenmoi.Jeveuxquemamèrem’expliquecequej’aifait,pourquoic’étaitmal,pourquoic’étaitmalalorsquec’étaitpourelle.Pourquoionl’enlève.Toutàcoupmonvisageestmouillé,etjereçoisunesecondegifle,quimepropulseàtraverslapièceetcontrelemur.

–Pasdeça,garçon!Jamais.Tuvoiscethomme?Monpèrememontrel’hommequirecouvrel’œilque j’aipoignardé,avecdusangsur sachemiseet son jean.C’est tononcle,Greyson.OncleÉric.C’estmonfrère,c’estnotrefamille.Noussommestafamille.Excuse-toipourcequetuluiasfait.Situessageetquejesuiscontentdetoi,jetelaisseraivoirtamère.Nouslagarderonsvivantejustepourtoi.Elleétaitmafamilleaussi,etjeprendssoindemafamille,maisellen’auraitpasdûmetrahir.Ellen’auraitjamaisdûteprendre.

Celam’apristrèspeudetempspourcomprendrecommentfonctionnaitcettefamille.Trèspeude temps pour comprendre que mon père n’utilisait que des « nouveaux arrivants » pour sesbouffonneries.Lemecquej’aitué,deboutderrièremamèrecommeunmannequin,travaillaitpourlui depuis trois jours quand mon père a chuchoté son défi à mon oreille tout en attendant et enespérantquejememontreraisassezSlaterpourfairemapremièremiseàmort.

Aprèsdenombreuxcauchemars,j’aisupposéquemamèreessayaitdemediredenepastirer.Sijen’avaispasétéaussidécidéàladéfendre,sijem’étaismontréfaible,elleseraitavecmoi.Jeseraisrestéàl’école,considérécommeimpropreàfairepartiedecettefamille.Maisj’aijouélejeudemonpèreet,aulieudelasauver,jenousaicondamnéstouslesdeuxpourlerestedenotrevie.Jeluiaimontréquej’avaistreizeansetqueoui…j’étaisprêtàtuer,mêmeàletuerlui,pourmamère.

J’étaisbon.Jemesuisentraîné.J’airavalétouteslesémotionsenmoi.Jesuisdevenurien.Zéro.Et je suis parti quand toutes les promessesde la revoir se sont révéléesn’être riend’autrequeduvent… J’ai suivi toutes les pistes, et je n’ai rien trouvé. Dans ce grand monde, avec toutes mescompétences,jenesaistoujourspasoùelleest.

Unbruitdansmachambrefiltrejusquedansmonrêve.Jemeréveilleimmédiatementetbougepar réflexe, en plongeant la main sous mon oreiller pour trouver mon couteau. Rapide commel’éclair,jemeretourneetl’envoievoler,etilheurtelaporteàuncheveudelatêtedel’intrus.

–Zéro?ditunevoixinquiètedanslenoir.

MonflingueestarméetpointésurluiavantqueHarleynefinissedeprononcermonnom.Puisjesoupire.

–Nefaisplusjamaisça.Jeme lève et allume la lampe. Je retourne àma liste. J’ai hâte d’en avoir fini. Tellement de

noms.Tellement.Jenesupportemêmepasderegarderlesien,justelà,àcôtéduchiffrecinq.–Tonpèreveuttevoir.Ilveutsavoiroùenestlasituation.Monpèreadeshorairesdesplusétranges.Lasaisonn’atoujourspascommencé.Toutlemonde

dort.Lesmédicamentset lamorphinequ’ils luidonnent le fontdormir toute la journée,et ilneseréveillequebrièvementpendant lanuit. Jeprends la liste avecmoi etpassemes jambesdansmonpantalonalorsqueHarleym’attend.

Ilaunsourireencoin.–Ellevateplaire,celle-là.–Pardon?–Numérocinq,ilcontinue.Tondoigt…ilestsurlenumérocinq.Je pousse mon doigt et mon cœur se met à tambouriner ; saisi d’une soudaine envie de

l’étrangler,jeplielafeuilleenunpetitrouleauserré.Ilnel’apasattaquée,maislefaitquesonnomsoitsurmalistemedérange.Lefaitquetousles

gars sachent qu’elle nous doit de l’argent. Wyatt, Harley, Thomas, Léon, C.C., Zedd, Éric, monpère…

Jepenseà elle, féminineetvulnérable, exposéeà ces connards, etdeschoses sedéroulent enmoi, commedes cobrasqui sortentd’unpanier.Elle est la seule àme faire sentir cela.Commesij’hébergeaisunouraganmeurtrieretqu’ilnepouvaitpassortir.Hiersoir,avantd’allermecoucher,jemesuisditquej’utiliseraislepeud’honneurqu’ilmerestaitpourprotégercettefilledemoi.Jemesuisdit:Elleneveutpasdetoi.Pasduvraitoi.Elleveutunprince,ettuesleméchant.Tuesceluipourquiellefaitdesheuressupp’.Toi,tonpère.Jeneveuxpasmesouvenirdesonodeurd’éténidesafaçondeseglisserdanslelit.Chaude.Sexy.Vraie.Mélanie.Numérocinqsurmaliste.

–Cettefille.Elleestvenuedemanderplusdetempspourdéposerlepaiement,ditHarley,cequiadéplacésonnompresqueenbasdelalistemaintenant.Elleademandéàrallongerledélai.Léonluiaditqu’ellepouvaitavoirunrallongementdesabiteetquetoutseraitpardonné.Siellenepaiepas,onsecotisetouspouravoirunechancedelabaiser.

Je respire fort. Non. Ça neme calme pas. Il n’y a juste pasmoyen que quelqu’un d’autre latouche.PASmoyen.

–Vas-y.Jevaisparleràmonpèredansuneminute,jelancesombrement,mesyeuxrivéssurlessiens.

Jemeglissedansuntee-shirtetattendsqu’ilparte.Cequ’ilm’aditm’atellementfoutuenl’airquejeprendsmoncouteauetlelanceàtraverslapièce,surmacible.Jelefaisplusieursfois…Jenequitteraipas lachambre tantque jen’auraipas frappéaumilieudouzefoisdesuite,cequivoudradire que je suis à nouveau calme. Je pourrais sûrement reprocher àma queue deme rendre aussi

possessif.C’estvraiquepartagern’ajamaisétémontruc.Jepourraismettreaussicetaccèsdecolèresur le dos d’unprétendu sens de la justice ; je n’ai jamais trouvé cela juste que quelqu’unde fortprofited’unplusfaible.Delalâchetépure.Maiscen’estpascelanonplus.

Jemedemandequilaramènechezelle.Lamâchoireserrée,jelancemoncouteauettouchelemilieudelacible.

***

–Fils,ditJulian,avecdesyeuxquis’animentquandilmevoit.J’entends le bip de son moniteur cardiaque et je remarque qu’à sa droite Éric remonte les

manchesdesachemise.–Quoideneuf?JemetourneversÉric,lesbrascroisés,etj’observeletriod’infirmièresquilesentoure.Éric,je

luidoismavie,ici,danscettefamillebizarreetmerdique.–Ilabesoindeplaquettes,explique-t-il.Jenesuispascapablede regarderetde laisser faire,et jemedéteste. Jedétestequ’uncertain

sensdudevoir,deloyautéenversmafamille,mefasseremontermamancheetexposermesveines.–Jevaislefaire.Monpèrelèvelamainquandjem’assoisprèsdelui.–Non.Situtefaischoperaprès,tuvasteviderdetonsang.Pastoi.IlregardeÉricetluifaitunsignedelamainpourluidiredecontinuer.Éric attendmon approbation, et je la lui donne en acquiesçant. J’ai toujours pris sesmots…

j’allaisdireàcœur,maisjen’enaipas.Maisjel’airespectéduranttoutescesannées.Alorsquemonpèrerefusedemontrerquoiquecesoitquipourraitfairepenseràdelafaiblesse,Éric,unefoisoudeux,m’adonnéunetapedansledosetm’aappeléfiston.Maisoncleaimantoupas,lekarmaestunepute,etilmedoitd’êtreborgne.Pourlafamilledemonpère,œilpourœiln’estpasseulementunedevise,c’esttamponnésurchaqueactedenaissance.

–Cette liste,dis-jeàmonpèreen ladépliantdansmamain, regardantd’abordÉricpuismonpère,avecunemenacenetteetfroidedansmavoix.Jeveuxtaparole,etparconséquentlaparoledetous les hommes que tu diriges, que personne ne touchera aucune de mes cibles. C’est à moi dem’occuperdechacundecesnomscommejel’entends.Jegarantislemontantdû.Jeveuxunegarantiepourmesméthodes.

Éricregardelalisteetsonœiluniquesefixesurlenumérocinq.Mélanie.Ilveutunechancedelabaiser? Ils laveulent tous. Je laveux. J’aienviede lechoperetde luidirequecepetitboutdeparadisestàmoi.Mais jenepeuxpas faireçacar j’aurais l’air faible. Jenepeuxpasdirectementpayerpourretirersonnomdelalistesanslamettreendanger,etcelaneviendrapasseulementdemonpère.Ellepourraitdevenirlacibledetousmesennemis,connusouinconnus.

–Cetteliste,etchaquenomqu’ellecomporte,c’estàmoidelagérer,jerépètesurlemêmeton.Jesuisleseulàprendrecontact,àréceptionnerlepaiementetàlediriger,commejel’entends.

–Àconditionqu’Éricsoitinformédel’évolutionquotidiennementquandilmetientcompagnieici,oui,ditmonpère.

–Taparole,j’insiste.–Tellementtêtu,Zéro.Ilmeclaque, assez fortpour fairedubruit,maispas assezpour fairebougerun seuldemes

muscles,etjeris.–Jetedonnemaparole.Rienquesaparoledevraitmesuffire,maislesmots,lesang,lejouroùjecroiraiquelquechose

sansréserven’arriverajamais.Ilpourraitmentir.Alorsjemepencheetposemamainsursonépaule,jouantlerôledufilsaimantpourlesinfirmièresàcôtédemoi,etjemurmure:

–Sil’und’entreeuxfaitunpasdecôté,jelefaisdisparaître.Ycomprismonfrère.Une fois encore, je vois du respect dans ses yeux quand je recule et qu’il hoche la tête, sans

montreraucuneexpression,alorsquejemeredresse.JejetteunregardàÉric.–Merci.Tandisque je retourneversmachambre, je sensunbourdonnement,deceuxque l’on ressent

lorsquel’onchasse.Ouquel’ontue.Ouquel’onenaenvie.Jenevoudraispasavoiraffaireàmoicesoir. Cette histoire deMélanie qui vient supplier l’Underground pour un délai ? Cela m’a renduélectrique. Je suis chargé d’un instinct de protection féroce que je n’avais jamais connu, et il faitbattredesrecordsàmonniveaud’adrénaline.

Jeprendsquelquestéléphonesneufs,échangedescartesSIM,puisjeréservemonbilletenligneetjepréparedesaffaires.Lebourdonnementenmoisetransformeenquelquechosededangereux…Pasmortel,maisdangereux,passeulementpourmoi,maispourelleaussi.

Pendantquejelaregardaiscesderniersmois,ilm’estarrivéquelquechose.J’aitropenviedetoi,douceprincesse.Ellem’aatteint,jel’aidanslapeau,danslatête,c’estcommesiellecoulaitdansmonsang.Jenedevraispasl’avoir.Elleméritemieux.Mieuxquen’importequelmecquejeconnais,etcertainementmieuxquemoi.

Maislalaissersebalader,célibataireetdisponible?Quandjepourraism’assurerquelelitdanslequelelledortest lemien?Quand jepourrais tenircevisagedansmamainet regardercesyeuxpoursavoir,aussisûrementquejerespire,qu’ellemeveutaussi?

J’épuiselalistedebasenhaut,aulieudelefairedansl’ordre.Maisjesuisbloquécarjeneveuxpasallercollecterchezelle.Jesuisbloquéparcequ’elleestunepetiteexplosiondevie,etjeneveuxpasdébarquercommeuneapocalypseetlarecouvrirdemanoirceur.

Jeneveuxpasmesouvenird’ilyaunmois,quandjel’aivuerenversersoncafésurlechemindu bureau, comme elle avait l’air dévastée parce qu’elle avait taché son écharpe et ruiné toute satenue. Depuis l’autre côté de la rue, où je me cachais derrière mon journal, je l’ai entendue se

plaindrequ’ellepréféreraitêtreviréequ’arriverau travailavecseulementdeuxcouleurs !Un lookterne!Onnepeutpasrencontrerunclientcommecela!

MonDieu,cequej’airi.J’airietjesouriaisencoreenpensantàelle,petitechosepassionnée,surmonvolpourrevenirlàoùmonéquipeétaitstationnée;jecachaismonsourirederrièremamainetregardaisparlehublot.

Jel’aisuiviedèslemomentoùj’aivusonnomsurlalisteetquej’aiposélesyeuxsurelle.Jel’aifaitsousprétextededécouvrirseshabitudes,sespointsfaibles, lacernerpoursavoircommentrécupérerl’argent,maisenvéritéjesuisunconnardtordu,obsédécommeunchienparsadémarche,parlescouleursqu’elleporte,parsessourires,parl’ensembleadorableetpétillantqu’elleconstitue.

Avantdelarencontrer,j’avaisdeuxémotionsdanslavie:lacolèreetl’indifférence.Maintenant,ellem’enadonnédixdeplus.Désir,frustration,inquiétude,…mêmedelajoie.Jeveuxquecesyeuxvertsmemémorisent,commejemesuisfaitunereligiondelamémoriser.

J’attrapemonmanteau, le portable enpiècesdétachéesdansun sacplastique, et la puce. Je leremonte pendant queDerekme conduit à l’aéroport.Le téléphone s’allumedansmamain, etmonventreseréchauffequandjetapeunmessagepourelle,enfin:

SOISCHEZTOICESOIR.

8

MESSAGE

Mélanie

Samedimatin,commeledictenotrepetiteroutineconfortable,jeretrouvemesparentspourlepetitdéjeuner,lavés,parfaitsetsouriants.Maria,leurcuisinière,faitlemeilleurpetitdéjdelaville,etcelamerendheureusedemangerchezeuxparcequelatableesttoujoursrecouverted’unenappe,decouverts,etlanourritureestdisposéesiparfaitementquel’onserégaleaveclesyeuxavantmêmedeseservir.

–Lanie!ditmamèrelorsquej’entre.TonpèreetmoiparlionsjustementdumariagedeBrooke.Quandest-cequetuasditquec’était,déjà?

–Dansmoinsd’unmois.Jeluifaisunbisousurlajoueetfaisuncâlinàmonpère,grandetbeau.–SalutPapa,tuesbeauaujourd’hui.–Tuvois?Ellearemarquéquejem’étaiscoupélescheveux,pascommetoi,dit-ilàmamère

enpointantunefourchetteverselle.– Tu n’as presque pas de cheveux, comment est-ce que je suis censée le remarquer ?Alors,

parle-nousdumariage.Jen’arrivetoujourspasàcroirequ’ellesemarieavanttoi.Tuastoujoursétéplusjolieettellementplusvivante,ditmamèreenserrantmamainalorsquejem’assois.

–Jesuissûrequesonfiancéneseraitpasd’accord,jeréplique.JedétestequandmamèrecritiqueBrookesimplementpourquejemesentemieux.Jenemesens

pasmieuxmaisellesi;ellecherchedesexcusespoursavoirpourquoiungarssympanevoudraitpasdemoi.Parfois,jepensequesonpropredésespoirdemevoirheureuseetmariéefaitsortirnotrebonvieuxMurphypourappliquersaloi;plusellelevoudra,moinsçaarrivera.Pauvredemoi.

–Çan’expliquetoujourspaspourquoiaucunhommeconvenablenevoitquemapetitefilleestlameilleure.Tuesenforme,tuasunbeausourire,ettuesgentilletoutcommetamaman.

–Merci,Papa.Jesuissûrequemonstatutdecélibatairevientdufaitquetousleshommessontdesconnardsmisàparttoi.

–Lanie!megrondemamère,maisellenemeréprimandepasvraiment,elleritdoucement.

–Ehbien,lefilsd’Ulysseseprésentecommesénateuretildemandetoujoursdetesnouvelles.Iln’apasinventél’eauchaude,maisilestmignonet…

–Ilestgay.Ilveutunalibi,Papa.Unmariagearrangépourbernersesélecteurs.Jepeuxtrouvermieuxdemoncôté.

–Quandj’avaisvingt-cinqans…commencemamère.– Tu étais mariée et j’étais déjà née, ouais, ouais. Mais j’ai une carrière. Et j’ai… une vie

sentimentalebienremplie.Enfait,jevoistellementdegensquejenesaispasquichoisirpouralleraumariagedeBrooke,j’exagère.

Monpèreetmamère,qu’est-cequejepeuxbienleurdire?Jelesaime.J’aimeleurfaireplaisir.Ilsm’ontaiméetoutemavie.J’aiétécouverted’amour.Nonseulementilsm’aiment,maisilsveulentque je trouve legenred’amourqu’ilspartagent. Jeneveuxpasqu’ils suspectentun jourceque jesuspectedéjà…queçanevapasm’arriver.

– Souviens-toi simplement de ce que je t’ai dit, chérie, ditmamère.Choisis l’homme qui tetraitelemieux.Celuiquinetebriserapaslecœur,quipourraêtretonami,àquitupeuxparler.

Jejoueavecmonpainperdu.–TudisçaparcequePapaétaittonmeilleurami.Moi,mameilleureamieestunefemme,etje

nememarieraijamaisavecmonamileplusproche,Kyle.Jamais.Jefrissonneennousimaginant,moietmonmeilleurami,sosiesexydeJustinTimberlake,ne

serait-ce que nous embrasser. Je continue à jouer avecma nourriture et j’ajoute, d’une voix plusdouce:

– Je ne crois pas que l’on puisse prévoir ces choses-là,Maman. Je pense que ça arrive d’uncoup,enuninstant;tuesaubordduringetturencontresl’hommequetuvasépouserquandiltefaitunclind’œil.Oututeretrouvesdeboutsouslapluie,ettupriespourquelesentimentquis’estabattusurtoiaitaussitraversél’hommeenfacedetoi.

Je regardemon téléphoneavecmélancolie.MonDieu, je suis stupide, stupide,STUPIDE !Laseulechosequiatraversécethommeétaitdudésir,etmaintenantilestvictimedusyndromeFuyons-Mélanie.Unsyndromebienplusfréquentqu’onnelecroit.

–C’estvrai,tunepeuxpasprévoirpourquituvascraquer,admetmamère.Maissituprendsunpeudereculetquetut’écoutesréfléchir,tucomprendrasquetuneveuxpasêtresouslapluie,frappéeparlafoudre.Choisistoujourslecheminéclairéparlesoleil,disaitmamaman.

– Évidemment. Personne ne choisit volontairement une vie pourrie, Maman, je grogne.Certainespersonnesontjusteplusdechancequed’autres.

–Toutestdanslasagessedeteschoix,insiste-t-elle.Jeme taisetmedemandesi jen’auraispaspuêtreplussage ilyaquelquesmois,quand j’ai

pariémaviesurunenuitprécise,unmomentprécis,unrésultatprécis.Jejetteuncoupd’œilàmesparents.Simignonsetsiparfaits,dansnotrepetitebulledebonheur,jenepourraispassupporterdeleur demander de l’argent. Les décevoir à ce point. Comment est-ce que je pourrais prendre leurargentetleurfierté,sachantàquelpointilssesontbattuspourmegarderenvie?

***

Enrentrantchezmoi,jesuistriste.Jesuistristeàcausedemadetteetàcausedemonhomme.Jemebrosselesdentsenregardantlemurblanc,etjefaislagrimace.

– Salaud, jemarmonne. Tu as gâché toutema semaine, gros con. Je parie qu’en cemomentmême tu baises une blondasse à tripleD et ses triplées enmême temps, hein ?Tu neme l’as passeulement fait à l’envers, tu me l’as fait dans tous les sens, menteur, avec tes répliques à la « jet’emmèneraivoirun film».Je jureque toutallaitbien jusqu’àceque tu reviennescommesi tumecomprenais,mêmesij’étaispauméeavecunegueuledebois.Merde,j’ycroispasmoi-même!

Je donneun coupdepieddans la baignoire comme si c’était sa faute, et je hurle dedouleur.Renfrognée, jevaisdansmachambre,prendsmonpyjama,passepar lacuisinepourprendrede laglace,poussemonDVDdePrincessBridedanslelecteuretallumelatélé.Unkilodegraisseetc’estparti.Jemelaissetomberetunevibrationtraverselecanapé.Jefroncelessourcilsetcherchemontéléphoneà tâtons.Je le trouvebienenfoncéentredeuxcoussinsducanapé, lesorset leposepourprendreunecuilleréedeglace.Jemanquedem’étoufferavecquandjelisunmessagequejen’avaispasremarqué.

SOISCHEZTOICESOIR.Quoi?Monestomacfaitunbond.Jeregardequim’aenvoyécemessageetsoudain,j’aienvie

dejetermonportablecontreunmur.Greyson.Jelanceunregardnoirverslui,lejettesurlecanapéetcommenceàfairelescentpas.Jenevaispasluirépondre.Pourquoiest-cequejerépondrais?Iln’avaitpasl’airpressédemeparleravant,etmaintenantilmedonnedesordres?Commeunroitout-puissant?Nonmerci.Pasbesoindesecondrencard.

Maisjevérifieetjevoisqu’ilaétéenvoyéilyaplusieursheures.Jemedisquejenevaispasrépondre,quejevaisattendreunmilliond’années,commelui.Jereposeletéléphoneetprendsunegrosse cuillerée de glace dans ma bouche, la laisse fondre sur ma langue, mais mon estomacgargouilleetjen’arrivepasàregarderlatélé,jenefaisquefixerl’écrandemonportableensuçantlacuillère.Puisj’enfoncelacuillèredanslepotetprendsmonportable,fermelesyeuxetcommenceàtaper.

Moi:JESUISCHEZMOIMAISÇANEVEUTPASDIREQUEJEVAISYRESTER.ÇADÉPEND…Greyson:DE?

La réponse arrive, et vite.Wow, est-ce qu’il attendait avec son téléphone dans la main pourrépondre?Ondirait.J’attendsuneminuteentière.Entremblant,j’écris:DEQUIVIENTMEVOIR.

Jeneveuxpasquecelasonnecommeuneinvitation.Celadoitvouloirdire«Jemetireraisvitefaitd’icisi tumetsunpieddansmon immeuble».Maissa réponsearriveà lavitessede l’éclairetmoncœurtambourinealorsqueleslettresmefixent.MOI.

Merde!Ilfautquej’yaille.Ilfautquejeparte,jenepeuxpaslevoir!Celanepeutpasêtreaussifacile!Ilfautquejeposeunelimite.Iladéjàmontrécequenotrenuitensemblesignifiaitpourluietjenemelaisseraiplusrabaisserparluiouparn’importequelautrecon.

Je devrais partir avant qu’il arrive ou, quand il sera là, crier à travers la porte sans mêmel’entrouvriretluidirequejenesuisPASINTÉRESSÉE!Tum’asplantée, tun’aspaspriscontactassezvite,jenesuispastonplancul,jetesouhaiteunebonnevie!

Ouais,c’estpasmal.Jesuisdécidéeetjevaisfermerlesstoresdusalon.Quandjejetteunregardàtraverslafenêtre

enattrapantlecordon,jevoisunevoituredesportnoiresegareretunhommeennoirsortirdusiègeconducteur.Illèvelesyeuxversmafenêtreettousmesréflexess’arrêtentquandnosyeuxsecroisent,s’accrochent,sereconnaissent.C’estlechaosàl’intérieurdemoncorps.Uneexcitationétrangefaitclaquermesgenoux.

Merde,c’estvraimentlui.Qu’est-cequ’ilfaitlà?Qu’est-cequ’ilveut?Ilentredansl’immeubleetjemetourneverslaporteclose,enpaniqueparcequejenemesuispaschangée.Jesuisenpyjama.

Je remarque le pot de crème glacée toujours dans ma main, je cours le remettre dans lecongélateur,aveclacuillèretoujoursdedans.Jememetsàtournerenrond,j’essaiedepenseràunnouveauplan,maisjesuisincapabledetrouverquoiquecesoit.Jesongeàdemanderaugardiendel’empêcherd’entrer,maisj’entendslebruitdel’ascenseuretréalisequ’iladûreconnaîtrecetenfoirécarilm’araccompagnéelasemainedernière.

Jedécidedenepasrepousserl’inévitable,etj’ouvrelaportequandilsortdel’ascenseur.Ilmeregardedroitdanslesyeuxetsonregardmetransperce,untrouenpleindansmoncerveau.Unedemesvoisinespasseavecsonmaripourrentrerdansleurappartement.

–Oh,bonjour,Mélanie.Ilfaitunpeufroiddehors.Elle désigne mon short en soie blanche et mon caraco quasi transparent avec un air

désapprobateuretcontinuesaroute.Greysonlasuitetà trentecentimètresdupalier ilremplit l’espacedemuscles,debeautéetde

testostéroneet,monDieu,jelejure,ilestaussilétalqu’unebombenucléaire.Mesgenoux,oh,mesgenoux.Moncœur.Mesyeux.Moncorpsestàlafoisaussilégerqu’uneplumeetaussilourdqu’untank.Comment est-ce possible ? Il est tellement éblouissant que je ne peuxmême pas bouger.Ouclignerdesyeux,ouàpeineresterdebout;jem’appuiecontrel’encadrementdelaporte.

Jesuisparfaitementsobre.Jevaispeut-êtreleregretter.Iln’estplusfloutéparlapluie,lavodka,nimesillusionsdeprincecharmant.L’hommequisetientdevantmaporteesttrèsréel,trèsgrand,trèsbronzé,etsonsourireesttrès,trèscharmant.Jenetrouvepaslesmotspourdécrirelafaçondontilsetient,sesyeuxsombresetscintillants,sespommettesduresetsamâchoirebienrasée,sabouchesibelle,malicieusement remontée auxextrémités.Soncostumeestparfait, unvraiplay-boy, et sescheveuxendésordresontparsemésdemèchescuivréesquimedonnentenvied’ypasserlesdoigts.Etil est là, me regarde comme s’il attendait que je le laisse rentrer. Une image dumatin où il m’araccompagnéeme revient.Quand jemesentaisépuiséecar ilm’avait aimée toute lanuit.Lapetitemarquequej’avaistrouvéederrièremonoreillelelendemainmatin.

Jem’accroche à tousmes instincts de survie, je n’ai ouvert la porte qu’àmoitié lorsqu’il laprenddansunedesesgrandesmainspuissantes.

–Fais-moientrer,dit-ildoucementenlatenantfermement.–Mavoituren’apasbesoinderéparations,çava,maisjeteremerciedet’ensoucier,dis-jeen

poussantlaporteunpeuplusfort.Il l’ouvre et fait un grand pas pour entrer, et je suis frustrée parmon incapacité à le laisser

dehors. Maintenant il est chez moi et ferme la porte comme si c’était son appartement, puis ill’inspecteavecdesyeuxplissés.

–Ilyaunetrappepourlabuanderiedanscetimmeuble?–C’esttoutcequetutrouvesàdire?Iltraverselapièce,finitdefermerlestore,puisilfaituneinspectionincroyablementrapidede

monappartementenlebalayantdesyeux,uncoupd’œilquiretournemonventre.C’estcommes’ilvérifiaitqu’iln’yapasd’autrehommeici.C’estimpossiblequ’ilsoitjaloux,non?

Et maintenant… maintenant qu’il est sûr que nous sommes seuls, il s’avance vers moi enregardantmabouche,etjereculecartousmesinstinctsdeprotectionmedisentdem’éloigner.

–Tueslà.Pourquoiest-cequetueslà,toutàcoup?Tonautrerencardaannuléàladernièreminute?jedemande.

– J’aimerais prévoir un rendez-vous avec toi. Ses sourcils descendent sur ses brillants yeuxd’aigle.Tuesloind’êtreaussicontentedemevoirquejel’espérais.

–J’aipeut-êtrecruquetuétaisunehallucinationdel’alcool.J’aipeut-êtreespéréquecesoitlecas.

Je me cogne contre l’îlot de cuisine et il m’enferme dans ses bras, ses yeux sont presquedésespérésetavides.Puisilprendmonvisagedanssamainetposesabouchesurlamienne,commes’ilpensait–àtort–quejeluiappartenais.

–Jenesuispas,dit-ildoucementavantdem’embrasserencore,siintensémentquejeperdslefildemespenséesjusqu’àcequ’ilseremetteàparlercontremabouche.Unehallucination.Etsituveux,je passerai toute la nuit à te rappeler ce que ça fait d’avoir ma langue et ma queue enfouiesprofondémententoi,etàquelpointtuaimesça.

Ilsepenchecommepourm’embrasserencore.Jedétournelatêteetmavoixtremblote.–Non,Greyson.– Je n’aime pas ce mot, « non », grogne-t-il contre ma joue. Mais j’aime quand tu dis

«Greyson».Il fait tourner ma tête du bout du doigt et me regarde comme s’il adorait voir à quoi je

ressemble.Jesoulèveundesesbras,ilmelaissefaire,etjem’éloigneànouveau,jenesuisplusdanssesbrasmaissonregardnemelâchepas.Lapremièrenuit,ilétaitfixésurmesyeuxcommes’ilnepouvaitpasregarderailleurs,maismaintenant, ilmevoit toutentière.Jeneportequ’unshortetuncaraco,maismoncorpscommenceàseréchaufferlorsquesesyeuxm’examinentdehautenbas.

–Jet’aidonnéunechanceettuasmerdé,jesouffle.–J’enveuxunedeuxième.

Jesecouelatête,maisjenepeuxpasempêcherlespapillonsdebattredansmonventre.Soudain,monappartementsent lecuir, la forêt,etceputaindeGreysonKingse tient là,avecsonallure,saconfianceenlui,sonindépendance,saprésencequidemandenttoutemonattention.

–Pourquoiest-cequetueslà?Il montre la télé du doigt et je vois mon cher Westley, parfait, murmurer à Bouton d’or

«Commevousvoudrez»,puisilmeregarde,etsouritcommes’ilsesouriaitàlui-même.–Turegardesunfilm?–Non,toutdesuite,làc’esttoiquejeregarde.Il fait ce quasi sourire à la fois sexy et agaçant, puis s’assoit sur un fauteuil comme un roi

éminent. Mes sourcils se froncent car il a réussi à faire rétrécir mon appartement par sa simpleprésence. Je sens des picotements dansmon ventre et m’assois sur le canapé.Westley est oublié,Boutond’oraussi,toutestoubliésaufLUI.J’attends.

–Commentvas-tu?demande-t-il,doucement,enmefaisantunsigne.–Àtonavis?jedemanded’untonmaussade.–Tuasl’airtrèsenforme,vued’ici.–Est-cequetufaistoujourscommecheztoilàoùl’onneveutpasdetoi?Sonpetitrirecourtsurmapeaucommeuneplume,faitseleverlesfinspoilssurmesbras.Il

s’adosse au fauteuil et croise les bras derrière sa tête, en me regardant avec des yeux calmes etentendus.

–Jesuisvenupourteprouverquenon,Mélanie,tunem’aspasimaginé.L’associationdesontonsensueletdesonregardperçantmedit«noussavonstouslesdeuxque

tuveuxquejesoislà»ettordmesorteils.Putain,cequ’ilm’excite.–J’étaissurlepointdemangerunetonnedechocolatàcausedetoi,jel’accuse.Ilselèveetvientposersoncorpstoutprèsdumiensurlecanapé.–Ehbienmaintenant,tuascentkilosdemoijusteici,avectoi.–Onnevapasrecoucherensemble.–Sachantquej’aiétéentoi,tupeuxaumoinsmelaisserpassermesbrasautourdetoipendant

qu’onregarde…Qu’est-cequ’onregarde?–PrincessBride.Monfilmpréférédetouslestemps.–Ah.Ilétendsonbrassurl’arrièreducanapé,etmoncœurbatcommeunfou.–Boutond’orestfiancéeavecleprinceHumperdinckmaissongrandamour,Westley…Seslèvresremontent,etjemetaisquandjeremarquesonl’airamusé.Secrètementamusépar…

moi.C’estsexy.Etfranchement,celam’énerve.Jemurmure:–Tuesunplay-boy.Jelesais.–Tunesaisriendemoi.Jelèvelesyeuxauciel.–Jeconnaistonnom.Greyson.

–Tutemoquesdemonnomaveccettelueurinfernaledanslesyeux,commesituadoraisça,etçamedonnejusteenviedetebaiserjusqu’àcequetulegémisses.

Iltiremonvisagecontrelesien.–Àchaquefoisquetumens,jelesais,carj’aiapprisàrepérerlesmenteursquandj’étaistrès

jeune.Tuapprendscelaquandtonpèrementenpermanence,dit-il,sonsoufflechaudsurmeslèvresallumantunfeudansmonventre.Jepenseà toi,Mélanie.Jevois tonvisagesur toutes lesfemmes.J’aiprisl’avionjustepourtevoir.Lacommunication.Lesrelations.Cenesontpasdeschosesquejesais faire. J’ai d’autres attributs, bienmeilleurs.Par exemple, je vois que je suis bonpour te fairehaleter.Jevoisquetespupillessontdilatées,queturegardesmaboucheaulieudetonfilmpréféré,etcelamedemandeuneffortcolossaldenepasnousdonnercedontnousavonstouslesdeuxbesoin.Celafaitunesemaine,maisencequimeconcerne,j’aiattendutoutemaviedem’enfouirentoi.

Ilposesamainderrièrematêteetmordillemalèvreinférieure.Ilmeserretellementfort,etj’aitellementmal que j’ai peur.De lui, de cela, de ce besoin d’enfoncermes ongles dans sa peau, depressermeslèvrescontrelalignefortedesamâchoire,detouchersescheveuxépaisetsoyeux.

–Laisse-moiregardermonfilm,lâche-moi,jeprotestefaiblement.Quandilricane,sonsoufflefaitvolerquelquescheveuxprèsdematempe.–Situveuxquejetelâche,ilfaudraitquetuarrêtesd’appuyertesjolisseinscontremontorse,

quetuarrêtesdeterapprocherenmedisantdepartir,murmure-t-ilenfrottantsonnezcontrelemien.Saproximité,sonodeurdeforêt,sonsoufflechaud,seslèvressiprochesquejepeuxpresquey

goûterdéclenchentunflotdedésirentremescuissesetuneondechaudeetpénibledansmonsexe.Jereprendsmonsoufflelorsquenousnousembrassonspresque,ilgrogneetmelaisseunpeu

d’espacepourrespirer.Ilrelèvelatêteetjelevoism’estimercommeunexpertleferaitd’unbijououd’uneantiquité.Pourquoimeregarde-t-ilcommeça?PourquoicommeÇA?Commes’ilvoulaitêtreenmoiautantquejeleveux.Commes’ilvoulaitplusquemoncorps,commes’ilvoulaitaspirermonsang,mangermonâme,etpuismeprier.

Sans riendire, je ferme lesyeux, je fais commesinous étions simplement àun rencard,quenousn’avionsjamaiscouchéensemble,etquenousregardionsjusteunfilm.J’obligemesmusclesàsedétendreetregardelatélé,jesensqu’ilsedétendaussipeuàpeu.Sansprévenir,ilétalesongrandcorpssurlalongueurducanapéetmetirecontrelui.Ohlala…Jedétestecommeilprendlecontrôledechosesquim’appartiennent,maisenmêmetempsj’adoreça.

Jesenssonregardsur ledessusdematête.Jefaissemblantderegarder lefilm,emmêlemesdoigtsdanssescheveuxetpassesonbrasautourdemoi,enmeplaignant:

–Toncoudeappuiecontremescôtes.Sonpetitrire–jenepeuxexpliqueràquelpointj’adoresonrire–mefaitcomprendrequ’ilsait

quejeveuxjusteêtreplusàl’aise.Etc’estvrai.–C’estmieux?demande-t-il,enbougeantsonlongcorpsfermeetmusclésouslemien.–Chut.J’aimebienquandilsebatavecl’Espagnol.

Jefaiscommesijeregardaismaisenréalité, jemedébatsintérieurementcarj’aienviedeluidonnerunesecondechance.Mais si je tombe?Si jeperds lecontrôle,etqu’enplusde tomber, jeplongeenlui?

Cettenuit avec lui était si incroyable. Il était incroyable.Son toucher, sonodeur, savoix sonttoujoursincroyables.Sesmusclessecontractentetj’aipeurqu’ilselève,maisnon.Ilmeserreplusprèsdelui,m’enveloppedanssesbras.Jerespirelentement,avecunesensationdecontentementquimedépasse,blottiedans le sentimentdesécuritéqu’ilmedonne,et je succombeenfinà l’enviedeposermajouesursapoitrine.

–Çafaitdubien,jemurmure.Plusquedubien.Toutà coup, rienneparaîtplusnaturelquecela.Surmoncanapé.Aveccet

homme.Sonodeurépicéeetrassurante,commeunedrogue,jenepeuxpasm’empêcherdeprendredesboufféesdelui,deplusenplusprofondesetconscientes.

–Princesse,dit-ildansmonoreille,commeunsecret.Unfrissonmetraverseetjefermelesyeux.–Quoi?–Jenevoulaispastecontacter.–Jesais,enfoiré.Pourquoitul’asfait?WestleyetmonEspagnolsebalancentdescoupsd’épée,maislavraieactionsepassedansmon

oreille,dansseschuchotements.–Tuasbesoindemoi.Jem’esclaffeetmerelèvepourluilancerunregarddetravers.–Jen’aipasbesoindetoi.Ilserelèveaussietdelaprovocationpassedanssesyeux.–Peut-êtrequec’estmoiquiaibesoindetoi.Commejenefaisriend’autrequeleregarder,ilmelanceunsourireadorable,arrogantmais

triste,aussi.–Est-cequetusaiscequec’estquedeporterlepoidsd’uncœurmorttoutesavie,commesitu

nefaisaisquecherchertatombe?Ilattendquejeréponde,maisjesuissansvoix.–Avectoijesuisvrai.Jevisdansunmensonge,maiscecin’estpasunmensonge,regarderce

filmdébileavectoi.–Débile?jem’exclame.Ilrigoleetselève,puisdit:–Fermelaportequandjesors.Jevaischercherquelquechoseàmanger.–Sijem’endors,jeseraitropfatiguéepourrevenirt’ouvrir,jelepréviens.Maisenvéritéjen’aisimplementpasenviequ’ilparte!– Jepeuxouvrir la serrure sansmême te réveiller, dit-il sur un tonnaturel, puis il revient et

glissesamaingantéesousmonhaut.Maisfermequandmême.

–Tuesautoritaire.–Ettuesfranchementsexyaveccequetuportescesoir.Sonpoucepassesurledessousdemonseinetmarespirations’interromptquandnosregardsse

croisent : iln’yapasdevoletdanssesyeux,pasde filtre.Ceque jevoismegalvanise, le tumulteincessantdanslesprofondeursdesesyeuxmefaittournoyer.

–Onm’aditque j’avaisunemémoirephotographique.Quecertaines imagesme restent avecuneclartéextrême…Mais,Mélanie,jemerappelledetoutcequis’estpassécettenuit-làmieuxquen’importequelautremomentdemavie.

Ilprendmanuquedanssagrandemainetlaserredoucement.–Tonstringrouge.Tespetitsseinspointus.Tafaçondemeregarder,commeuneprincesse,et

demedirequetonnométaitMélanie.Jenem’ensouviensquetropbien.Je suismoi aussi transportée dans cemoment. C’est un tourbillon de passion, de désir et de

dents,delangues,demains.J’ensouffre,maisjeneveuxpasêtresonjouet.Jeneveuxpasêtresonplancul.Magorgeest serréequand jeprendssamain, l’enlèvedemonhautet leguide jusqu’à laported’entrée.

–Jecrois…Greyson,jecroisquetudevraispartir.Jenepeuxpasréfléchirquandtueslà.Jenesaispascequetuattendsdemoimaisjenepeuxpasjoueràcepetitjeu…pasavectoi…

Ilmeregardelorsquenousarrivonsdevantlaporte,presquecommes’ilvoulaitquejelemettedehors.Commes’ilvoulaitquecesoitmoiquiluidisequejeneveuxplusjamaislevoir.Est-cequ’ilsera soulagé? Jene lui feraipasceplaisir ! Jene saismêmepascommentexpliquer cequecettetouchedebronzagedoréajouteàsonallure.Jenepeuxpasm’empêcherd’admirerlesanglesetlessurfaces intrigantes de sonvisage.Combiende temps ai-je attendu, dansmavie, de sentir quelquechose,uneétincelle,unfrisson,commeça?

–Mameilleureamiesemariedansdeuxsemaines,jechuchote.Puis je lui dis où est l’église tout en le poussant dehors, sans lâcher son regard. Il est chaud,

vorace.LEREGARD.–Situveuxunesecondechance,situessérieux,tupeuxveniràl’église,jeluidis,avantdeme

pencheretdel’embrassersurleslèvres,trèsdoucement.J’entendscegrognementsourdetgravepuisjereculeetfermelaporte.Jem’yappuieetferme

lesyeux,j’aidumalàrespirer.Cebaisern’étaitriendutout,etpourtantchaquecentimètredemoncorpsfrémit.

Uneminuteplustard,jel’entendsmarmonner«Merde»del’autrecôtédelaporte.Est-cequeluiaussiamisautantdetempsàseremettredecebaiser?Ensuite,jejurequejelesenss’adosseràlaporte.Jefermelesyeuxetrespirelentement.Ilmurmure«Mélanie»justeàcôtédelàoùmajoueestposéedel’autrecôté.Jetrembleetjetentedenepasêtretrahieparmavoix.

–Oui?jeréponds.–Jeserailà.

Après un bon moment, j’entends l’ascenseur. Je lève la main et touche la porte, et pour lapremière fois dema vie, j’ai terriblement peur de le voir, l’homme que j’attendais. Brusquementchaquefibredemoncorps,demoncorpssobre,meditqu’ilestlebon.

C’est le bon. Celui qui vame briser.Me fairemal.Me démolir. Celui qui va retirer chaquecentimètredelapetitefilleenmoi.Ilseralesouvenirquejen’oublieraijamais,etenbienouenmal,ilseraCELUIdontjerêve.

Maisilestmauvais.Ilyaquelquechosed’excitantetd’inquiétantchezlui.Lanoirceurdanssesyeuxnoisette, le refletbrillantqui le rendsi attirantpourmoi, sonodeurdecuiretdemétaletdeforêtetdedangerpourmoi.Jepenseàmamèreetj’aitoujourspenséqu’elleseraitfièredemoi.Jeme souviens demameilleure amie, inquiète qu’unRiptide ne l’emporte.Greyson ne sera pas unelamedefond.Jenesaispascequ’ilsera,maisjepenseàunraz-de-marée,unouragan,quelquechosedenaturel etd’irrésistible. Jemedemande s’ilviendraaumariage.S’il est aussidésarméquemoifaceàcetteattirance.

Jeretombesurmoncanapé,devantmonfilm,etjemerecroquevillesuruncoussin,maismespenséesnesuiventplusleplusbeaucontedeféesjamaisécrit.Jemurmuredanslevidedelapièce:

–S’il te plaît, si tuvasme fairedumal, s’il te plaît, s’il te plaît, nevienspas aumariagedeBrooke.

9

AGITÉ

Greyson

Maisqu’est-cequejesuisentraindefoutre?Lesécransdescamérasdesurveillancesontallumésquandjerentreaprèsdesjoursdetravail

nonstop,àsuivremescibles,devilleenville.Lamaisonestendormie.Monpère, lesgars, tout lemonde dans la location. Je retire un gant avecmes dents, puis fais lamême chose avec l’autre enprenantunmorceaudepain,dubeurredecacahuètesetuncouteauàbeurre.

Nousavonsinstallédescamérassurtouteslesentrées,lessorties,lesfenêtresdelamaison.Deskilosd’ordinateursfontplierlestables,deslumièresclignotentaumilieudepelotesdecâble.J’étalele beurre de cacahuètes sur une tranche de pain, en pose une autre par-dessus, et l’engloutis encherchant les boîtiers d’enregistrement, puis sors une carte de l’année dernière avec la date ducombat.Jepenseàelle.Àchaquesecondedelajournée,elleestdansmatête.

Mouillée et vulnérable, sous la pluie.Mouillée et chaude, entremes bras. Elleme dit qu’elles’appelleMélanie.Ellem’inviteaumariagedesameilleureamie.

Elleactivetouteslessynapsesdemoncerveaujusqu’àprendreviedansmatête,enriantdecerire que je n’ai entenduque chez elle…Enme câlinant devant son film…Enmepoussant dehorscommesiellenesupportaitpasdemevoir,puisenmetirantpourm’embrassercommeunefolle.

Jesuisrestélàcommeunidiotappuyésursaporte,moncœurtambourinantdansmapoitrineenattendantqu’ellel’ouvre.Merde,j’étaisprêtàdéfoncerlaporte.Maisaulieudeça, jesuisparti, jesuisalléloueruncostardetj’aicommencéàchercherdesappartementspasloin.

Jesuisdangereuxpourelle,putain,etelleestdangereusepourmoi.Jenepeuxpasmelaisserdistraire,jamais.Alorsqu’est-cequejesuisentraindefaire?

Jeglissel’enregistrementdansunlecteurdecarteetlelance,mesyeuxselanguissentdelavoir,ilmefautmadosequotidiennedeMélanie.

– Et maaaaintenant, mesdames et messieurs… entonne le speaker avec son style habituel,RemingtonTate,leseuletl’unique,RIPTIDE!RIPTIDE!!DitesbonjouràRIPTIIIDE!hurle-t-il.

Undenosboxeurs trottine jusqu’au ring, surmonécran.C’estRiptide. Il n’estpas justebon,c’estlemeilleurquej’aiejamaisvu.Leboxeurlepluslucratifquemonpèreaitjamaisaccueillidans

l’Underground,etonespèretouscontinueràl’accueillir,luiquigagnetoutsursonpassage.Riptide,Riptide, j’entends la foule dans les haut-parleurs. Je boismon soda tout en regardant

l’écran,j’attendsderepérerlablondesurlecôté.Mélanie.Jevaislavoirdansuninstant,sauterdehautenbascommeàsonhabitude,et jesuiscrispépar l’attentequand l’imagesefige,que l’écrandevientnoiretquelavidéopasseaucombatsuivant.

J’abatsmonpoingsurlatablepoursecouerl’ordinateur.Rien.Jefaisunegrimace,reviensenarrière,etrelancelavidéo.Lamêmemerdeseproduit.Jefinismonsodaculsec,jettelacanetteàlapoubelle et passe rapidementmamain frustrée surmon visage, puis je fonce dans la chambre deWyattetallumelalumière.

–Quiestleconquiatouchéauxcassettes?–Quoi?–Tulesatrafiquées,Wyatt?–Ellesdatentdel’andernier,putain.Qu’est-cequ’ellesontdesiimportant?Qu’est-cequetuy

voisquepersonned’autrenevoit,hein?Qu’est-cequemonpèrecroitque tuescapabledemieuxfairequelesautres?

–Ilveutmecasser,c’esttout.Putain,tuasdelachancequ’iln’aitpasessayédefairelamêmechoseavectoi.Demainjeveuxlefichiercomplet.Jemefousdecequetudevrasfairepourça.

J’éteinslalumièreetvaisdansmachambrepourregardermontéléphone.Maisqu’est-cequejefous?Jeprendsuncouteauetlesoupèse,celamedonneunecertainesatisfaction.JeposemonSIGsurlecôté,sorsplusieurscouteaux,lesglissedanslespochesarrièredemonpantalon,sixdechaquecôté,puis je lesenvoievolerunparun, tournoyantrapidementunedouzainedefois, tellementvitequ’onnevoitpaslalamejusqu’àcequ’elles’enfoncedanslemur.Jelessorsdechaquepoche,unparseconde.Un.Deux.Trois.Quatre…Cinq,six,sept,huit,neuf,dix,onze,douze.

J’ailouéuncostard.J’aiunappartàSeattle,unbilletpourSeattle.Quelquechosemedémange,etcequelquechoses’appelleMélanie.Montéléphonesonne.

–Ouais?–Elleestrentrée.Saineetsauve.Jejetteuncoupd’œilàl’horloge.23h34.Sitard?–C.C.vientteremplacerdemain.Jetravaillesurunecibleetjeprendsl’avionaprès.Pourquoi

est-cequ’elleestrentréesitard?–OK,boss.–Elleestseule?J’attendslaréponsedeDerek.–Touteseule.Elleamangéavecsacopineetlemecblondquitraîneavecelles.Etnon,iln’était

pasassisprèsd’elle.–Qu’est-ce…–Elleporteuneespècederobe.Avecdesfleurs.–Etdequelle…

–Elleestrose,boss.Avecdestennisjaunesetlescheveuxdétachésetbeaucoupdebracelets.Jelavoisdansmatêteetexpireparlenezavecuneétrangesensationdepaixetd’enviecourant

dansmesmuscles,quimetendpuismerelaxe.–Gardel’œilouvert.Je raccroche et regarde son prénom dansmon téléphone. Je ne suis pas un putain d’ado qui

envoiedesmessagesauxfilles.Jen’aimepaslaisserdetraces.Ilfautquejechangedetéléphone.Jefrottemonvisageavecmesmains.Simonpèreapprendquejeluicoursaprès,jenesaispas

cequ’ilvafaire.Cequ’Éricvafaire.Tousceuxquej’aiattaquéspourraientm’attaqueràtraverselle.Alorslaisse-latranquille…

Jeretournechercherlescouteaux,lesmetsdansmespoches,etjeleslanceunenouvellefois.–Jepeuxpas,dis-je.Peuxpaslalaissertranquille.Jeveuxpas,putain.Grâceàelle,jen’aipasl’impressiond’être

unrobot,jesuisdechairetdesang,unhomme,pasunchiffre,pasunjob…pasunmonstre,pasunsalaud,pasunzéro.

10

ATTENTE

Mélanie

Lepire,cen’estpasdemedemanderpendantlesdeuxsemainessuivantessij’auraiquelqu’unpourm’accompagneraumariage.Cen’estmêmepas laconsultationcompulsivedemes textos.Nid’entendre lavieilleméchanteBeckaauboulot ricaner car je suisparticulièrementpeubavarde, etdiscuterdemonéventuelcœurbrisé.Riende toutcelan’est lepire.Jesuis toujours impressionnéequ’unjour,onpuissepenserquel’onestaupointculminantdesonmalheur,alorsquecelanefaitquecommencer.

Bon, je ne veux pas simplement être belle, d’accord ? Je veux être spectaculaire. Si – nonMélanie,quand–GreysonKingdébarquera,jeveuxluifaireperdrelatête.Jeveuxquecethommemedésirecommesij’étaissesprochainspetitdéj,déjeuneretdîner.Merde,jeveuxqu’ilmedésirecommeunfestin.Etqu’ilmeprennecommeunebête.

Alorsjemefaisépilerlemaillot.Jemefaisfaireunmassage.Despédicureetmanucure,etjemetsduvernisrougesurlesonglesdemesorteils.Jesensmeilleurquejamais,etjesuistellementprêtepourqu’unhommeauxyeuxnoisettem’emmènedanssonlitquejeneréfléchismêmepasàcequ’ilsepasseras’ilnevientpas.

Iladitqu’ilseraitlà,ladouceurétrangeetladéterminationdesavoixgravenem’ontpasfaitpeur;cequim’effraie,c’estquej’espèrequ’ilseralàparcequ’ilveutlamêmechosequemoi.

Mais ce n’est pas le pire… le pire est que je suis parfaitement prête, mais que la veille dumariage,marobededemoiselled’honneurnel’estpas,elle.

J’attendsdanslepressingpendantqu’ilsfouillent,etjesuissistresséequejetapemesonglessurlecomptoiralorsqu’ilssortenttouteslesrobes.Jesecouelatête.

–Cen’estpasça.Cen’estpas la robededemoiselled’honneur,monsieur, et je commenceàpaniquer,là.Ladernièrechosequejeveux,c’estappelermonamieetluidirequej’aiperdularobe,s’ilvousplaît!Elleestrouge.Sansbretelles.Vousvoulezbienchercherencore,s’ilvousplaît?

–Madame,m’dame!Unautregarsarrivedederrièrelescintresavecmonticketdanslamain.–Jesuisdésolémaisj’aivérifié,etnousl’avonslivréeàlamauvaiseadresse.

–Ah.Àquelleputaind’adresse?Jesorsmontéléphoneetnotel’adresse,puisjelarecherchesurmonportableetjevoisquece

n’estpasloin.–Est-cequevousavezleursaffairespourquej’aillefaireunéchange?L’hommehochelatête.–Maisjepeuxavoirdesproblèmes.–Mon chermonsieur, vous avez déjà des problèmes et je vais vousmettre vraiment dans la

merdesivousnemedonnezpasleursvêtementspourquejepuisseallerrécupérermarobe.Appelez-lesetdites-leurquej’arrive.S’ilvousplaît!

Ilmetenduncostumeetunerobeàfleursàcontrecœur,jeprendslesvêtementssurleurscintresenplastique,jecoursdanslarue,danslesescaliers,etjefrappeenfinàlaporte.Unhommeouvre,unebièreàlamain:

– Excusez-moi, il y a eu une erreur au pressingGreenDryCleaners, je crois que ceci vousappartient,etquevousavezquelquechoseàmoidontj’aiabsolumentbesoinpourdemain.

Ilrestelàetmeregardedehautenbascommesij’étaisuneescortenvoyéepourlesatisfaire.Je répète exactement ceque jeviensde luidire et jeme sersde ses foutusvêtements comme

bouclierentrenouspourqu’ilarrêtederegardermesjambes.–Jenem’occupepasdeça,c’estmafemmeetellen’estpaslà.– S’il vous plaît, prenez ça et vérifiez que c’est à vous, et regardez dans votre armoire ou

quelquepartsivousavezuneroberougelavéerécemment.Vousdevezreconnaîtreça,non?Aprèsunlongdialogueaveccethommesuspicieux,j’aienfinmarobeetjepeuxrespirerquand

jevoisqu’elleestencoresurlecintre,dansleplastique.Dieumerci.Je faisdemi-tourvers l’endroitoù j’aigarémavoiture,deuxblocsplus loin.Cespetites rues

n’offrent aucuneplacepour segarer et jedois sauter entre les flaquesd’eau, faire attentionàmeschaussures,quandj’entendsunsifflementauboutdel’allée.Jem’arrêteetlèvelesyeux,unhommesetientjustelàdevantmoi,enpleinmilieu,avecunregardmenaçant.Undemessourcilsselève,puisl’autre.

Qu’est-ceque…?Moncœuraccélèreetundébutdepaniquemetraverse.Jemeretourneenentendantdesbruitsde

pasderrièremoi,etjevoisdeuxhommes.Unnœudd’anxiétéseformedansmonventreetj’inspecteles alentours.Une voiture noire est garée au bout de l’allée, là où je vais. Je crois que je vois unhommederrièrelevolant,etlaporteducôtépassagerestlégèremententrouverte,commesil’hommeenfacedemoivenaitd’ensortir.

Unsixièmesensseréveilleenmoietsemetàdéréglerlesbattementsdemoncœur.Marobe,mes chaussures… Tout à coup, plus rien ne compte à part me sortir de là. Je baisse la tête parprécautionetcontinueàmarcher,toutdroit,sansmesoucierdesflaquesd’eau,jemeconcentrepourbientenirlecintre,cequiseraitlaseulechosedontjepourraimeservirsi…Siquoi?Lesanimaux

sauvageschassentleurproiesielles’enfuitdansl’autresens,ettoutcequejevoisdeceshommesmecrie«prédateur»!

Lapeurbatenmoicommeunêtrevivant.Chaquepasquimerapprochedel’hommetoutseulauboutde l’alléedéserte rongemonassurance.Quand je suis sur lepointde ledépasser, il s’avanceversmoietjechuchotehumblement:

–Excusez-moi.Unemainagrippemonbrasets’yaccrochecommeunemenotte.–Tun’espasexcusée,grogne-t-il.J’aiunsursautetjefaisunpasenarrièreenvoyantl’expressioneffrayantedesonvisage,mais

ilmetireplusprèscontrelui,etjesensunmélangedecigaretteetdesueurdanssonhaleinelorsqu’ilrépète,lesyeuxinjectésdesang:

–J’aiditquetun’étaispasexcusée,salope.Unepaniqueque jen’ai jamaisconnuemeprendà lagorge,et je lance la robedans l’espoir

d’enfoncerlecrochetducintrequelquepartdanssonvisage,maisavantmêmequejel’atteigne,uneautrepairedemainss’emparedemesbrasettiremescoudesenarrière.

–Non!jecrie.J’entendslebruitdemarobequitombeparterre,etsoudainjedonnedescoupsdepiedenl’air

alorsqu’un troisièmehommeprendmescuisses,que l’autre tientmescoudesderrièremondosetqu’ilsme portent vers la voiture.Une peur glaçante enveloppemon cœur et jeme tortille encoreplus;laterreuraccélèremarespirationetjenepeuxpasmelibérer,leursdoigtss’enfoncentdanslachairdemespoignetsetdemesmollets.L’hommeauvolantdelavoitureleurdit:

–Faitestairecettepute.L’und’entreeuxessaieapparemmentdecouvrirmabouche,etj’utilisemajambelibrepourlui

taperdanslegenou.–NON!jen’arrêtepasdecrier.Non!NON!Ilappuieuntissucontremonnezet,sansréfléchir,jeretiensmarespirationcarjesaisqu’ilest

censém’endormir ; je combatsmonpropre besoin de respirer. J’envoie un coupde pied dans lesnoixd’unhommeetjel’entendspousseruncriperçant,puisilsmepoussenttouslesdeuxàl’arrièredelavoiture.

–ÀL’AAAAAIDE ! jehurlequand ilsmettentun sacnoir surma tête et que je sombredansl’obscurité.

J’ailesoufflecoupéparlechocquandilsfermentlesportes.Jesensqu’undeshommesserrelesac autour de ma gorge et l’attache. Ma respiration haletante résonne dans mes oreilles, je suisentouréedenoirtandisquejecommenceàprendreconsciencedelaréalitédemasituationetquemesyeux piquent.Desmains semettent à enveloppermes seins et à lesmalaxer alors qu’un autremetripotesousmajolierobed’été.Jerecommenceàmebattreavecencoreplusdeforce,jehurletoutenentendant lessonssolitairesetétouffésdemesproprescrisquimeurentà l’intérieurdusacsur

mon visage. Je n’entends pas ce qu’ils disent, ils chuchotent, je me débats avec mes bras et mesjambes,jegrincedesdentsenessayantdelesfrapper,defrappertoutcequejepeux.

–…petitebagarreuse…s’amuseravecelleavantdelivrer…Marobeestremontée,jedonnedescoupsdepied,bougedanstouslessensquandilsdémarrent

lavoiture,etjecrieensentantquedesmainsprennentmescuissesetmeforcentàlesouvrir.–Conduis,ons’arrêteraenrouteetons’amuserachacunsontour.Lavoituresembleavancer,ets’arrêtertoutaussivite.–MERDE.J’entendsclairementcemot.–Quoi?J’entendsaussi,très,trèsdistinctement,l’inquiétudedanscettequestion.–PUTAIN,MEC!Lesmainsarrêtentdemetoucheretj’arrêtedebougersanssavoirpourquoi,maisjesensqu’il

sepassequelquechose.–Putainmaisc’estqui?UndeshommesdeSlaughter?–Ilssontdeux.Avantquequiconquenepuisserépondre,j’entendslesond’unpneuquiéclate,puisd’unautre

dont l’air s’échappe. J’entends trois coups de feu, puis un autre àma droite, qui semble ouvrir lapoignéedelaportière.Lescharnièresgrincentetjecroisquelaportes’ouvre.Laseulemainquiestrestée sur ma poitrine, sûrement glacée par le choc, est retirée par quelqu’un et j’entends unglapissementeffrayéetdesdoigtscassés.

–Puuutaindemerde,c’estvraimenttoi!J’entendsuncraquement,unhurlement,etlebruitd’uncorpsjetéparterre.– Je vais l’emmener dans un petit endroit sympa pour qu’on puisse discuter, dit une voix

traînanteàl’accenttexan,unpeuplusloin.Paniquée,jetâtonnedanslavoitureet,justequandjetrouvequelquechosededuretmétallique

danslapoched’undeshommesmortsàcôtédemoi,deuxmainsviennentmechercher.Lesnouvellesmainsquejesenssurmoiactiventunedosed’adrénaline.Lemanched’uncouteau;jelesaisisetlelance et, par miracle, j’arrive à le plonger dans un bout de corps masculin, avec un mouvementdégoûté.Jel’entendsgémirau-dessusdematêteetlorsqu’ilmelâchepourl’enlever;jelepousse,retombesurmespiedsettrouvemesappuissurlesol.Lecouteautombeparterreàlasecondeoùjecommenceàcourirenessayantdedéfairelesliensdelacagoulequej’aisurlatête,etespérantcourirdanslebonsens,loindesnouveauxarrivants.

–Tuenasunebienvivante,Z,lanceleTexan.Jecouineenréalisantquejefoncedroitsurlui,etjetournelestalonsmaisdeuxbrasmusclés

mesoulèventdans lesairs. Jemedébats toutdesuitemaiscemecnese laissepas faire. Ilgrognequandjeluidonneuncoupdepiedentrelesjambes,puissemetàattachermesmainsetmespiedsavecune sortedecorde, rapidement,pourque jenepuissepasm’échapper. Je frappedans levide

maisilestfortetrapide,etenmoinsd’uneminute,ilfaitcequeplusieurshommesn’ontpasréussiàfairepourmemaîtriser.

Ilattachemeschevillesetmespoignets,puismesgenouxetmescoudes, ilmetientcontreuntorsequial’airlargeetmuscléetm’emportequelquepart.L’adrénalinesedéversedansmoncorpsmaisjenepeuxrienenfaire;jesuisprisedetremblementsquandjecomprendsquejesuisfoutue,quejen’aiaucunmoyendemelibérer.Jecroisquejel’aiblessé,sonsangcoulesurmoi.Jebougedansunderniereffortfutilepourm’enfuirmaisjepleureenmêmetemps,etlesondemessanglotsrésonnedanslacagoule.

Etbrusquement,jecomprendscequec’est.C’estcettedette.C’esttellementréelmaintenant,ceshommessontsiréels.Ilsvoulaientleurargent.Maisjesuiscenséeavoirencoreunmoisetdemi.Est-cequ’ilssesontimpatientés?Est-cequ’ilsavaientl’intentiondemetueroujusted’abuserdemoi?Est-cequ’ilsm’amenaientàcemecborgneetaumaigrichonquiontproposéde«rallonger»leursbitesquandj’aidemandéplusdetempspourpayer?

–Je…Jevaisavoirl’argent,dis-jeenretenantunsanglotdansmagorge.Jesupposequejesuisenétatdechocparcequejen’arriveplusàcombattre,àmebattrepourma

vie,etj’aidestremblementsincontrôlables.Jeressensunenouvelledouleurdansmescuissesetmesmolletsquandjesensungantencuircontrelapeaudemondos.Jegeinsetj’aiunchocquandjemesouviensdeGreyson,demonépilationbrésilienneetdema journéeau spa ;maintenant je sens lecochon,lesang,j’ail’odeurd’autreshommes,etjecommenceàretenirdessanglotsenmedisantquetoutcelaestvraimententraindem’arriver.

–Ma…mavoitureest…Ilcontinueàmarcher,j’aidumalàparler,jemanqued’airetjepleurniche.–Ma…marobe…Ils’arrête,puis j’entendsunbruitdeplastiqueet jemerendscomptequ’il l’a ramassée, jene

saispasdansquelétat.–Merci,jepleurniche.Puis je réalise que ce n’est pas un gentil, il ne veut pasm’aider ! S’il le voulait, ilm’aurait

laissée partir. Un tremblement incontrôlable me prend et fait claquer mes dents. Il m’attache àl’arrièred’unevoiturequisentexactementcommelesachetdelavandequej’aimisdanslamienneaprèsqu’elles’étaitpresquetransforméeenbateau,etlespneuscrissentquandnouspartons.

Nous finissons par nous garer quelque part et nous avançons à nouveau, nous nous arrêtons,repartons, furtivement, commes’ilnevoulaitpasêtrevu.Nousmontonsdesescaliers, et j’entendsunefenêtres’ouvrir.Nouscontinuonsàmarcher.Puisj’entendsdel’eaucouler.

Ilmeposesurunendroitmou,jecroisquec’estmonlit,etdéfaitlesliensdemespoignets,avecsesgantsquifrottentcontremapeau.Jefermelesyeuxetimaginequec’estunautregant,celuid’unautre homme quime rassure,mais le fait qu’il ne soit pas cet autre homme neme rend que plusmalheureuse.

Ildétachemesjambesmécaniquement,puisfrottelesblessuressurmeschevilles.

–S…S’ilvousplaît,nemefaitespasdemal…!jecrie,endonnantdescoupsdepiedavantdeme calmer quand il recule. C’est à cause de l’argent ? J’aurai l’argent, je vais avoir l’argent, jecommence à rabâcher.Ma voiture est en vente, je n’ai juste pas encore de preneur et j’en dois lamoitiédetoutefaçon,doncilmefautjusteunpeuplus…

Ilfaitunechose inattendue.Ilprendmamainet laserre. Ilne laserrepasfort,maispourmerassurer. Jeme tais.Mon cœur dérape car il garde samain sur lamienne un peu trop longtemps,jusqu’àêtresûrquejerespirenormalement.Illalâche.J’entendslebruitdesespasetlegrincementdemafenêtre,jelèvebrusquementlebraspourmedépêcherd’enleverlacagoule.Jesuisdansmonappartement.L’eaucouledansladouche.Ilestparti…parlebalconetl’escalierdesecours?

Ilyadusangsurmoi.J’aidusangpartoutquandjemeglissedanslabaignoire,encoretoutehabillée,etjeprendsunbainpourbienmenettoyer.Enpleurantdoucement.Jesuisalléesupplierceshommeshorriblespouravoirunpeuplusde tempset ilsm’enontdonné,mais j’arrivebientôtaubout. Comment ai-je pu croire que je pouvais faire un pari stupide sans tomber sur ce genre depersonnes?Jesongeàdemanderdel’aideàquelqu’un,maisjesuistropfièrepourcela.Jesuistropfièrepourenparleràmameilleureamie,àmesamis.Jesuistropfièrepourledireàmesparents,quipensentquejesuisparfaiteetquejenepeuxrienfairedemal.EtGreyson?Jenesaispaspourquoi,maispenserà luiestcequim’émeut leplus. Jemesens tellementensécuritéavec lui,commes’ilpouvaitmeprotégerdumondeentier.Mêmed’hommescommeeux.

Maisjesuistropfièrepourqueleseulmecavecquij’aieuuneconnexionlesache.Ilnem’aimeprobablementpastantqueça,detoutemanière.Non.Celanesepassejamaiscommeçapourmoi.Jepleureensilencedanslabaignoire,etjemesenssisalequejevoudraisnejamaisensortir.

11

TUER

Greyson

–PUUUTAIN!Cespauvresconsveulentjoueràça?Toucheràcequim’appartient?Alorsilsontintérêtàêtre,

tous,prêtsàmourir.Celuiquiaenvoyécesquatremecslachercher,celuiquiapriscettedécisionestmort.EtletrouduculqueC.C.aramenéàl’entrepôt?Jevaisletuer,putain,ledéchirer,membreparmembre.

Je siffle de douleur et plonge mon biceps sous l’eau courante, mes yeux brûlent de rage,d’impuissance,deladouleurdesavoircequ’ilss’apprêtaientàfaireàMélaniecesoir.

Jenepouvaismêmepasluiparler.Jenepouvaismêmepasluidirequeçaallaitbiensepasser.À cause de la liste, à cause de Zéro, parce qu’on ne peut pas me connaître en dehors del’Underground;alorsj’aidûlatenirdansmesbrasetécoutersessanglots.Jen’avaisjamaisportéune femme en pleurs avant. L’entendreme supplier de ne pas lui faire demal, attisant le feu quibrûlaitdéjàenmoi.Ilsallaient…Bordel,jen’arrivemêmepasàpenser.

Jefixe lemiroirdans lasalledebainsdéfraîchiede l’entrepôt, lesnarinesouvertes, levisagepâleàcausedusangquej’aiperdu,lesyeuxbrillantsd’unelueurfroidedemort.J’ail’aird’unfou.J’ai l’impression d’être un fou. J’ouvre la porte vitrée de l’armoire à pharmacie et cherche desbandages;deschosesvaldinguentsurlesolmaisjenetrouverien.

J’appuieuneservietteplusfortcontremablessureetj’essaiedelanouer,toutenétantincapabledemaîtriserlebesoindetuerquicourtdansmonsang.

Iln’yapaseuunegoutted’humanitéenmoidepuisquejen’aiplusvumamère.Maismalgrémonéducation,jevoulaisarrachercesacdelatêtedeMélanie,essuyerseslarmes,laregarderdanslesyeuxetluiordonnerd’arrêterdepleurerparcequecelamedéstabilise.Luiordonnerd’arrêterdetremblerparcequecelamefait tremblerderage.Etluipromettrequeçavaaller,quelaprochainefois que quelqu’un la touchera, ce sera un homme qui voudra lui donner du plaisir plus qu’à lui-même.Leplusridicule,c’estquedansmonesprittordu,cethomme,c’estmoi.

C.C.débarquedanslasalledebainsdupetitentrepôtoùilaramenéleseulsurvivantdenotrerencontre.

–Oùest-cequ’ilest?jehurle.–Merde,jet’aiconnuenmeilleureforme.Ilfautterecoudre,mec.Jelesuisdehors,làoùestrassemblélegroupedefillesquisuitgénéralementC.C.–Trouveuneaiguille,dis-jeàlapremièrequejevois.PuisjepoussedupiedunechaiseenplastiqueetmepenchepourparleràC.C.,justeentrenous.–Dis-moiaumoinsqu’ilabalancéquelquechose.LessourcilsdeC.C.sebaissent.–Iln’apasl’airdesavoirquil’aengagé.–Etlesautres?–J’aiplanquélescorps.L’heureuxsurvivantseraleseulàavoirleplaisirdetavisite.–Jen’appelleraispasçaunplaisir.J’examine les environs, et jeme demande qui pourrait en avoir après elle, et pourquoi.Mon

père,Éric,undesautresgars?Est-cequesatêteestmiseàprix?Est-cequemonpères’invitedanscette affaire aprèsm’avoir donné saparole ?Est-ceque c’est un avertissement demes« loyaux»frèresd’armes?

Mon bras est tellement endormi que je ne le sensmême plus,maisma peau est poisseuse etchaudeà causedu sang ; je suis si frustréque j’ai enviede taperdansquelquechose.Par tous lesdieux,simonpèreestderrièretoutça,jeletuerai.Jemedébatsavecmesémotionsquandlabrunerevientavecuneaiguillepourmerecoudre,etelleapporteunebouteilled’alcool.

–Bien,bien,bien,ondiraitquejevaisenfinposerlesmainssurtoi,aprèstout,ronronne-t-elle.Qu’avons-nouslà?

Jetendsmonbrasetelleouvrelabouteilled’alcool.–C’estuncoupdemameuf.Ellen’aimepasquej’oubliedel’appeler.Jeneveuxpasmesouvenirdesessanglots.J’auraisvoululuienlevercettecagoule…Etaprès?

Luirévélerquijesuis?Impossible.Lafilleversedel’alcoolsurmablessureetjeravalemaréaction.Jedisentremesdents:

–Fais-lebienserré.Pastropgros.Je déchire un bout demon tee-shirt et lemords, je ne fais pas un bruit le temps qu’elleme

recouse.–Elles’enestbiensortie…pouruneprincesse,meditC.C.J’aimal,etjefulmineencore.Jeserrelesdentssurletissu.Uneroussevients’asseoirsurmes

genouxpendantquesacopinememetunbandage.–OhZ,onétaittellementinquiètes.Elleselècheleslèvres.Dequoias-tubesoin?–Mindy,dis-jeencrachantletissu,c’estbientonnom?Ellehochevivementlatête.–Mindy, j’ai appris àma copine comment se servir de son nouveau flingue. Je ne crois pas

qu’elleapprécieraitdetevoirassiseici.–Oh.

Elleserelève.–Vienslàpoupée,jevaistecaresserlonguementetdoucement.C.C.écartelesjambesetfaitdelaplaceàMindy,toutenmeregardantdetravers.–Tacopine,hein?Elleestaucourant?–Jeluiannoncedemain.Jeconcentremonattentionsurmonmeilleurami.–C.C.,çapourraitvenirde l’Underground.Peut-êtrequeçaaquelquechoseàvoiraveccette

foutuedette.Jeresserreunpeulebandage.–Ilfautquesonnomsoitrayétrèsviteetjecroissavoircommentfaire.–Slaughternedoitpassavoirquetuaspenséàluirachetersadette,sinonilvafoutrelamerde.

Illaferadisparaîtretoutcommeill’afaitpourLana.–Tucroisquejenesaispasça,putain?Non,ilfautquejeluidonnelesmoyensdepayer,sans

qu’ellelesache.J’entredanslepetitbar,mesersdeuxdoigtsdewhiskyetlesbois,enregardantmestracesde

sangparterre.Elleesttropbienpourça,maismaintenantelleestimpliquée.Maintenant,elleestplusqu’unnomsurmaliste.Elleestsurlalistenoiredequelqu’unetjesuisunconnardtrèsénervé.

–Quiquecesoit,ilss’ensontprisàlamauvaisefille.JefinislewhiskyculsecetprendsunpeudeVicodinavec.–Ah,l’expressiondetonvisagemeréjouit!J’aipresquepitiédenotreinvité.–Amène-moijusqu’àlui.EnsuivantC.C., je luidemandedemeprendreunbilletd’avionpourWashington, tôtdemain

matin.–Débrouille-toipourquejesoisderetouràsixheures,quejepuissealleraumariage.

***

Il existe trois types de couteauxde lancer.Lame lourde.Manche lourd.Ou équilibré.Le plusimportant,c’estlapriseetl’angle.Pourunegrandedistance,ilfautgarderlepoignetdroitenlançantlecouteaudefaçonàcequ’ilnetournepastropenl’air.Lemiennetournepresquepas,ilfoncetoutdroit.Jem’entraînaissurdesboîtesdecéréales,puissurdesplanchesdesaule,debouleau,depin,flottant auvent.Maintenant, c’est unhommequi est en facedemoi et je sais exactement commentdéplacermon poids dema jambe d’appui sur l’autre pour créer la dynamique, comment balancermonavant-bras,lecoudebiendépliéaulancer.Cen’estpasunequestiondeforce,maisdefinesse.J’aibesoindetrèspeudeforce.

Sil’onfrappeaveclemanche,laforcenechangepas,ilfautjustepermettreplusoumoinsderotationensepenchantenavantouenarrière.Jeconnaistoutecettescienceetjen’aijamaisétépluspressédelamettreenpratique.

Ilestattachéàunechaise,dansunpetitcoindel’entrepôt.Unelumièrebrillefortau-dessusdesatête.Ilsaigneetilestenflé,maislavuedesonsangnesuffitpasàmesatisfaire.

Il me regarde, je le regarde. Il tremble de plus en plus, et cela me plaît. Énormément. Jem’approche,enparlantàvoixbasse.

–Quit’aengagé?–Jenep…parleraipas,commej’aiditàton…tonami.J’ouvremonétuiàcouteaueten lanceun, frôlantsa tempe. Ilcrie,et jecontinueà les lancer

jusqu’àcequelescouteauxsoientenfoncésdanslemurderrièrelui,toutautourdesatêtedetrouducul.Puisjeviselemilieudesacuisse.Touché.

–Putain!Unautretaré?Jecroyaisquetuétaislegentil!–Jesuisdésolédetel’apprendre,maistuasdéjàrencontrélegentil.Jene faismêmepassemblantdesourire, jene ressens rienpourceconnard.Mêmepasde la

pitié.Jesorsunautrecouteauettestelapointe.–Jesuislemecdelafillequetuviensdefairechier,alorsjevaisrendreçatrèsdouloureux.Je

vaisprendreunpetitmorceaudetapeau,unlanceràlafois.Unecouilleàlafois,unmorceaudebiteàlafois.Jevaistefaireparler,ceseralongetdouloureux,jusqu’àcequetumedisesquit’aengagé.

Jeplantelecouteausurleboutdesondoigt,jelebloquesurplace.Ilhurle.Jesourisetsorslecouteausuivant.

–Elleétaitsoussurveillance?jedemande.Beaucoupdecontratscommencentparde lasurveillanceet se transformentenautrechose. Je

lanceuncouteausursonautredoigt.Ilcrieettachesonpantalon.–C’étaitpourunerançon,unkidnapping?Ils’étouffeavecsessanglots.J’entendslebruitétouffédesvoituresdehors.Jel’entends,elle,ses

grands yeux verts de rêve sangloter sous une putain de cagoule noire ; je serre lamâchoire puisenvoieuncouteauquis’enfonceenpleindanslapaumedesamain.

–QUIESTTONBOSS?jehurle.Le sangcouleà flots àprésent,mais jenem’arrêteraipas tantque lesmotsnecoulerontpas

aussi.Justeaumomentoùils’endort,anesthésiéparladouleur,j’ordonnedoucementàC.C.:–Musiques’ilteplaît.Onnevapasdormir,cesoir.

Quatreheuresplustard

Jen’aipasdenom.J’aiunetonnedecolère,unetonnedefrustration,pasdesommeil,unpeudedouleur.Maispas

defoutunom!Nousnesavonspassielleestlacibledequelqu’un,etdequi.Jedoislarayerdecetteliste,etvite.

Comment réagira ta fierté si je te donne l’argent, princesse ?Est-ce que tume le jetteras auvisage?C’estça,non?Merde,jesaisbienqueoui…

J’entredansmonappartement,etjesuistoujoursobsédéparlavisiond’ellequej’aieuentraindedormir,danssonlitavecunemontagnedecoussinsdechaquecôté.Elleétaitexquise.Désirable.Vulnérable.Etj’étaislà,lesangcouraitplusvitedansmoncorps,maqueuepalpitaitautantquemonbicepsetquelecôtégauchedemapoitrine.

Maintenant,j’ouvrelecoffre-fortetjemanqued’arracherlapoignée.Certainsdenoscréditeurssont tellement dans lamerde qu’ils doivent payer en troc.Desmontres, de l’or, des bijoux.Nousgardonsparfois la ferraillepourcorrompre lesautorités, tousceuxquicréentdesproblèmespournos projets. Parfoismon père n’en veut pas et jeme retrouve obligé de fournir le liquide en lesmettantengage,enlesvendantouautre.

Jeprendsuncollierdediamantsbrillant,undeceuxquej’aicollectés.Audépart,jem’étaisditquemamèreaimeraitleporter.Maintenant,j’espèrequeMélanieaimeralevendre.J’aicompriscettegamine, même si elle est une petite chose compliquée. Dans son drôle de petit cerveau, elle n’aprobablementjamaisimaginéqu’ellepourraitperdresonpari.Elleadûs’imaginerunavenirpleindenouvelleschaussureset,peut-être, finir le remboursementde savoiture.À laplace,maintenant,elledoitsavieàl’Underground.Àmonpère.Àmoi.Nousavonsuneéquipetrèsdéveloppéepourlacomptabilité et la collecte des dettes, l’organisation des combats, la vente des tickets. Le « comitéUnderground»,plussage,gèrelesticketsetl’organisationdescombats.MaiscesontlesSlaterquis’occupentdesparisetdufinancement,lacollecteetleschosesdontpersonnenedoitêtreaucourant.

SiMélanieestcommetouteslesfemmesquejeconnais,elleaccepterauncadeaudesonnouveauprétendantetdiraqu’ellesel’estfaitvolerplutôtquelavérité.Qu’ellel’avendupourremboursersadette.Etcelameva,ellepeutmementir là-dessus.Je luimensaussi.Nousseronsquittes.Elleauraremboursé sa dette, appris sa leçon et n’aura jamais besoin de savoir que je faisais partie de soncauchemar.Et jen’aurai jamais àvoir sesyeuxvertsme fixer, pleinsd’horreur, comme l’ont faitceuxdemamère.

12

MARIAGE

Mélanie

Jemeréveilleet trouvemaroberougeaccrochéeàlapoignéedelaportedemachambre,enfacedemoi.Jeclignedesyeuxetlaterreurtournoieenmoiquandjeréalisequ’ilétaitici.Dansmachambre.

–Ilyaquelqu’un?jecrie,enremontantlesdrapsjusqu’àmoncou.Silence.Jesautedulitetcoursouvrirtouteslesportes,enlesclaquantfort,aucasoùquelqu’un

se cacherait derrière. Une fois que j’ai fait le tour demon appartement comme une folle, je suisépuisée.Appuyéecontrelemur,jelaissemesyeuxinspecterlarobe.Elleestparfaite.Aucunetracedessus. Il y amême le tampondupressing.Monbras tremblequand je touche la soie, des imagesd’hiersoirmereviennentàl’esprit.Desmains.Dusang.Deslarmes.

On dirait bien que nous avons toutes les deux survécu, ma robe et moi, mais je préféreraismourirquededormir chezmoi ce soir. Jedemanderai àPandoradem’inviterquelques jours, ouj’iraipasserlanuittouteseuleàl’hôtel.MonDieu,maisjeneveuxpasêtreseule.

Jeveuxuneautrenuit avecGreyson. J’aipassé lesdeuxdernières semainesàme remémorernotrenuitensemble,etcequejeressenspourluiesttellementplusfortquedudésir,c’estcommeunbesoin.Unefaim.Jeveuxsesbrasetsabouche.Jeveuxsachaleuretleregarddanssesyeuxpourmefaireoublierquej’aidesbleussurlescuisses,surmafierté,etsurlecœur.

Jesoupire,coursdanslasalledebains,verrouillelaporte,remplislabaignoireetmerappellequemameilleure amie semarie aujourd’hui. Aprèsmon bain, je me passe de l’huile de coco etamande,enfilemonplusbeaustring,maroberouge,destalonsturquoise,ungrosbraceletjaune–aumoinstroiscouleurs,cequimefaittoujoursmesentirmieux–etjemedépêched’allerchezBrooke.Jemerépèted’arrêterdemedemandersijevaisavoirunrencard,sijevaisremboursermadette,sijedormiraiànouveaubienunjour.Aujourd’hui,lecentredumonde,c’estmameilleureamieetjevaisprofiterdecettejournée.

J’ai rêvé de cela pour Brooke avantmême qu’elle sache que c’était ce qu’elle voulait et, aumomentoùRemingtonTateestsortiduringdel’Undergroundpourluidemandersonnuméro,j’ai

sentidespapillonsdansmonventreparprocuration.JeluiaiimmédiatementdonnésonnumérocarBrookenel’auraitjamaisfait,sinon.

Aujourd’hui, elle est plus amoureuse que je ne l’aurais jamais imaginé. Elle est couverte deblanc et je viens d’envoyer les hommes à l’église ; pas moyen que je laisse Remy et Brookecommenceraveclamalchancedeleurcôté.Lemariénepeuttoutsimplementpasvoirlamariéedanssarobeavantlemariage.Ilssontpartisàreculons,Remingtonn’avaitpasl’airravi.EtmaintenantlabonnevieilleJoséphine,ex-gardeducorpsdevenuenounou-gardeducorps,etmoiaidonsàplacerlesdernièresfleursdecristaldanslescheveuxdeBrookeenattendantl’arrivéedesamèreetdesasœur.

Nous sommes enfin toutes à l’arrière de la limousine, Joséphine à l’avant avec le chauffeurtandisqueNora,lasœurdeBrooke,tientlepetitRacer,quatremois,danslesairscommes’ilpiquaitautantqu’unporc-épic.

–ÀquiletourdeporterRacer?Ilvientdebaversurmarobeetjeneveuxpasqu’ilvomissedessusaussi,dit-elle,jetantdesregardsappuyésàlapetitetachesurlecorsagedelarobedeBrooke.

Brookebaisselesyeuxsurlatache,lafrotteavecsonpouce,etunedéceptionfatiguéeapparaîtsursonvisage.

–Brooke,tonmecnevamêmepasleremarquer,jetepromets!Passe-moiRacer!jedemandeenleprenantetenl’installantsurmesgenoux.

Jefrottemeslèvressurledessusdesapetitetêteronde.Ilsentletalcetlancesesbrasdanstouslessens.Brookeestoccupéeàenvoyerdesmessagesaumariéetàjeterdescoupsd’œildevant.

–Jetejure,lesbouchons,grogne-t-elle.– Ce n’est pas comme s’il n’allait pas t’attendre, je m’exclame, tout excitée, avant de tendre

Raceràsagrand-mère,qui lui faitdesgouzis-gouzis,puis jechangedeplaceetessaiedefaireuncâlinàBrookeendépitdetoutletulledesarobe.

–Brookie,Remyt’aattenduetoutesavie!Ilattendradixminutesdeplus,crois-moi.Brookemepointedudoigt.–Nevapasdirequelquechosequimefassepleurer,meprévient-elle,entapotantdiscrètement

lecoindesesyeux.J’acquiesce avec un sourire, mais ma gorge se serre quand je prends sa main. C’est ma

meilleureamie.Jesuisfilleunique.J’aiPandora,monamiegothiquequiesttoutlecontrairedemoi,négative,sarcastique,sombre,etquej’aime.MaisBrookeestBrooke,etiln’yenaqu’unepourmoi.ElleneresterapasàSeattleparcequeletravaildesonmarinécessitequ’ilparteentournéeaveclaliguedeboxe,etcemomentest trèsémouvantpourmoi.Personnenesonge jamaisà lameilleureamiequandlafiancéesemarie.Maisàcet instantprécis, jesuisà lafois tellementheureusequejepourraisexploser,et tristeàenpleurer.Toutd’abord,parcequ’ellevamemanquer,etensuitecar,depuisquejesuistoutepetite,j’aitoujoursvouluêtredrapéedeblancetavoirlegenredemariéquil’attenddevantl’autel,fouamoureuxdemoi,prêtàmeprotéger,àpasserlerestedesavieavecmoi.

À la place, je ne suis jamais sortie avec quelqu’un plus d’unmois.À la place, hier soir j’aipresque…Non,nepensepasàcelamaintenant.

Brooke sort de la voiture et je suis contente d’avoir la distraction de l’aider à se préparer àentrer.JeluiaiditquecommePete,l’assistantdeRemy,estletémoinetaussilecopaindeNora,elledevraitdemanderàsasœurd’êtreledeuxièmetémoin.QuivoudraitfairefaceauxregardsnoirsdeNorapendantlerestedesavie?Pasmoi.Doncjesuisunefièredemoiselled’honneur,avecPandora,quiestaussienrouge,sûrementpour lapremièrefoisdesavie.Nonpasqu’elleait l’aircontente,maisça,cen’estpasnouveau.

En entrant dans l’église derrière Brooke, je le vois. À côté de la porte. Et mes jambes setransformentenmousse,sousmarobe.Greyson.Ilauntrèsbeaucostumenoir,qu’ilporteaussibienquesaconfianceenlui.MonDieu.C’estcommesiceuxquil’entourentétaientsoussonemprise.

J’aidumalàsupporterl’attraitdesaprésencemagnétique.Ilnesaitpasque,rienqu’enétantlà,sombreetpuissantàl’entréedel’église,ilmetiredemespensées,mesauvedemespeursetdemasolitudequimeplongeaienthierdansuneobscuritétotale.Aprèsvingt-cinqanspassésànepasêtreassezbien,auxyeuxdecethommejelesuis.Jesuisdésirable.Jevauxlapeinedevenirici.Cequejeressensestinhabitueletexcitant.Cruetbrut,précieuxetfragile.Ilnesaitpasque,quandjelevois,unechaleurs’enrouledansmonventre,meréchauffedansdesendroitssecretsetfaitdisparaîtremescraintes.Monespritfonctionneàtoutevitesse,soudainement.

Ilestvenu.Etd’aprèslafaçondontilfixesesférocesyeuxnoisettesurmoi,iln’apasl’intentiondepartir.

Passans…moi.Pendantlacérémonie,jememetsàpleurer.Jenem’yattendaispas,maislaterreurd’hiersoir

semélangeaveclefait,ardemmentdésiré,quel’hommequejeveuxestlà,pourmoi,etaveclesmotsgravesetrocailleuxquelecopaindemameilleureamieprononcequandilluiprometsavie.

Celam’énervedefairecoulermonmaquillagemaisquandj’entends,prèsdemoi,mameilleureamiepromettresavieàl’undeshommeslesplusprotecteurs,sexyetgentilsquejeconnaisse,jemerappellequec’estmoiquiluiaidit«FAIS-LE!Valechercher!»Jemerappelleluiavoirdit«parsàl’aventure,vistavie,allezBrooke,c’estREMINGTONTATE,PUTAIN,personneneluiditnon».

Etjesensunepaired’yeuxnoisetteregardermonprofilet,quandjejetteunregardverslui,jelevoisarborersonregardpossessifquemêmelediablenepourraitpassurpasser.Moncœurseserrealorsque j’essaied’arrêterdepleurer,demedirequ’aumoinsce soir, je serai en sécurité. Jemesentiraiensécurité.Parcequ’iln’apasl’airprêtàmelaisseralleroùquecesoitsanslui.

Mon Dieu, j’aurais pu mourir hier. Je pourrais mourir demain. J’ai toujours vécu dans lemoment présent, tout en planifiant et en attendant mon avenir parfait. Et s’il n’existait pas ? Peum’importedesavoirpourquoiilestlà,toutàcoupriend’autrenecompteetjesaiscequejeveuxcesoir.

Jerenifleetessuiemeslarmes,puisjecroisesonregardavecdesyeuxpresqueimplorants,etj’aimalauventrequandilmeretourneunregardquisignifietellementplusquejevaistebaiser.Ily

adel’inquiétudedanssesyeux,maisilyadufeuquicrépite,quiprometdemebrûlerdelafaçonlaplusagréablequisoit. Ilest làparcequ’ilmeveut. Ilabesoindemoietmoide lui.J’aibesoindel’hommequej’airencontréunsoirsouslapluie,celuiquinevoulaitpasquejesoistrempéeetm’aposédesquestionssurmoiàvoixbasseenm’embrassanttoutelanuit.Celuiquiestrevenumevoirpourmedemanderunesecondechance.Sonmagnétismemetireverslui,l’attiranceestirrésistible.Sansprécédent.

Etalorsquelesmariésseprêtentserment,jemefaisunsermentàmoi-même.Jeprometsquequoiquesoitcettechoseentrenous–uneamourette,unecatastrophe,lapiredécisiondemavie–,cesoir,j’yvaisàfond.Jeplongeetjesuismoninstinct,moncœur,etchaquepiquededésirdansmoncorps.Oujenem’appelleplusMélanie.

13

CESOIR

Greyson

Lacérémoniedureunputaindemilliond’années.Jemetiens là,armédemonSIGautomatique,unpeuplusd’unkilodemétal,maismaqueue

sembledeuxfoispluslourdeetmapoitrinedixfoisplus.Jesuiscommeunanimalécrasédepuisunesemaine.Lavoirpleurer,hiersoir,m’alessivé.Maintenantsonregardestvided’émotionquandellemecherchedanslafouleetjenecomprendspascequejeressens.

À l’instant où elle est descendue de la limousine avec lamariée, j’ai grogné en la voyant. Jebouillonnetoujoursd’enviedem’approcherd’elle,delatoucher,delasentir.

Mélanie est un nœud de contradictions dans une robe de demoiselle d’honneur. Elle est toutsourire,maislancedesordrescommeungénéral.Jel’airegardéetirerlatraînedelamariéederrièreellepourque«cesoitjoli»,alorsqu’unebruneauxsourcilsfroncéstendaitunbouquetdefleursàlamariée.Mélanieévitaitdemeregarder.Peut-êtrevolontairement,peut-êtrepas.

Maintenantquelesvœuxsontterminés,jesuissurletrottoirdevantl’église,impatient.Toutlemondeparleautourdemoi,maisj’entendssonriremalgrélebruit.Jetournelatêteetvoisleprêtredirequelquechosequiluiplaît.MonDieu,jeveuxfairetairecemauditrireparmesbaisers.Puisjeveux faire quelque chose pour le réveiller, pour qu’il sorte dans ma bouche, où je pourrail’emprisonner.Legoûter.Joueravec.

Lorsqu’ungroupeserassembleautourdelalimousine,jeneperdspasuneminute.Jeparcoursladistancequinoussépare,m’arrêtecinqcentimètresderrièreelleetprendsunmomentpourprofiterdesonimageravissante:cheveuxdétachésquitombentsursesépaules,robeserréeensoierougequidescendjusqu’auxchevilles,ledosouvertenunVquitombepresquejusqu’àsesfessesrebondies.

–Est-cequetum’ignoresdélibérément?jemurmure,englissantmamainsursataille.–Non.Ellesouritau trottoiret remetsescheveuxderrièresonoreille. Jebaisse la têteetmes lèvres

touchentpresquesonoreille.–Tantmieux,parcequejenesuispasquelqu’unquel’onignore.

Grâceàmamainautourdesataille,jelatirecontremoi.Jetesteleslimitesetjesuiscontentdevoirqu’au lieudeprotester,elle s’appuiecontremoi.Çac’estbonsigne,King.Merde,maintenantj’enveuxplus.Jelaprendsparlecoude,l’éloignedelafouleetlapousseversunealcôveprèsdelaportedel’église.

Ellerespirefortetc’estencoremeilleursigne.Elle teveutaussi,elle teveutautantque tu laveux.Jelapoussecontrelapierreavecmoncorps.Sesseinsappuientcontremontorse,sescuissescontrelesmiennes.Ungémissementgraverestecoincédansmagorgequandjeglissemeslèvressursespaupières.Direquejesuisaffaméseraituneuphémisme.Jevoudraisavoirdixmains;deux,cen’estpasassezpourpasser leurspaumessursescôtes,posermesdoigtssurses fesseset lacollercontremeshanchespourlasentir,vivanteetparfaite,ensécuritéetintacte.

Ellefrottesonnezdansmoncouetprendunegrandeinspiration,commesielleavaitbesoindesentirmonodeur.Jelaserrecontremoietjelasensfrissonnerdansmesbras.

Je suis bien entraîné. Je sens la peur, le désir, l’excitation. Mais le mélange que je sembleprovoquerchezellem’intoxiqueplusquen’importequoid’autre.Je lacolleplusprèsdemoi.Seslèvres laissent échapper un hoquet et je dois lutter pour ne pas pencher la tête et le prendre.Non.Quandjeprendraiceslèvrespeintesenrouge,jenem’arrêteraiplustantqu’elleneserapassousmoietquejeneseraipasprofondémentenelle.Cesoir,jemepromets.

Jeplongelamaindanslavestedemoncostumeetensorslecollierquejeluiaiapporté,dansunsacenvelours.

–Qu’est-cequec’est?Elle baisse les yeux vers mon poing. Je la laisse ouvrir le sac, et elle regarde le collier de

diamants dans ma main. C’est un collier de tennis de haute qualité, simple mais extraordinaire.Commeelle.

–Quelquechosepourmacopine,jemurmure.–Tacopine?Jeprendslecollieretl’attacheautourdesoncou.–C’esttrop,Greyson,jenepeuxpasaccepter,proteste-t-elle.–Jenepeuxpaslerendreetiln’estpasàmataille.Jepassemesdoigtssursagorge,elleestchaudeetdouce.–Enplus,ilestfaitpourunereine,uneprincesse.J’ajustelalignescintillantepourqu’ellesuivesaclavicule,justeendessousdesonpouls.Jesuis

tentédepencherlatêteetd’ypassermalangue.Etmerde,jesuistentédefaireplusquecela.Jeposemondoigtdanslepetitcreuxàlaplace,jetouchesonpoulsetlèvelesyeuxverslessiens.

–Mélanie,quandtuattendrasquejet’appelle,regardecespierresetsoissûrequeletéléphonevasonner,dis-jeenpassantànouveaumonpoucesurlesdiamants.

–Quies-tu?medemande-t-elle,lesoufflecoupé.Meslèvresremontentenunsourirecynique.–Jesuisuneversiontorduedeton…Westley,dis-jeensoutenantsonregard.

Nousentendonsdescrisàl’extérieuretnousrendonscomptequelamariéealancélebouqueten l’air.Mélanies’élanceetme laisseen luttepourcontrôlermonNéandertal intérieur.Elleestunmètresoixantedefunetremplittoutmonêtredetrucsquejen’avaisjamaisl’intentionderessentir,encoremoinsdevouloir.

Merde,jesuisfoutu.Jelasuisdanslafoule,m’arrêtejustederrièreelle,appuyécontresondos,et je regarde sonprofil.Sesnarines s’ouvrent.Elleme respire encore. Je resteoù je suis, pour lalaissers’habitueràmoi.Mataille,monodeur,moi.Jetendslamain,avecmongant,pourtouchersescheveux et elle frissonne. Jemedéplacepourme tenir à côtéd’elle et frotte le dosdemesdoigtscontresonbrasnu.Sarespirationcommenceàs’accélérer,etjel’entendsarrêterderespirerquandjecroisemesdoigtsaveclessienspourluidire«tuesavecmoicesoir».

NousregardonslesmariéspartirenlimousineetMélanieleurfaitsignedelamainsanslâcherlamienne.Quandlavoituredisparaîtauloin,elletournesonbeauvisageversmoi.

–Ondiraitquejen’aiplusdevoiture,medit-elle.Qu’est-cequej’aimecettemoue.–Pasdeproblème,tuviensavecmoi,dis-je.–Mel!Onatesclés!lanceunhommedansnotredirection,enlessecouantenl’air.Illesrapporteetjevoisquec’estleblondàtêtedeconquiladéshabilledesyeuxdepuisqueje

suis arrivé. Ilme lance un regard noir sans rien dire. Je lui rends un regard encore plus sombre.Continue,connard,c’estmoiquilabaiseraicesoir.

L’amiebrunedeMélanieluidonneuncoupdecoude.–Riley,pourquoiest-cequevousneprenezpaslavoituredeMel?Elleetsoncopainpeuvent

veniravecKyleetmoi,intervient-elle.Ellemelanceunregardd’avertissement,commesijedevaism’inquiéterpourjenesaisquelle

raison.Jenesuispasintimidé,etjehochelatête.Dèsquenoussommesàl’arrièredelavoiture,lafillecommenceàparler.

–Sacréblingblingquetuaslà,Mélanie.–Jesais.Avecunsourireheureux,Mélaniepointesonpouceversmoi.–Ilt’adonnécecollier?ditsonamie,choquée.–Oui!Etils’appelleGreyson,Pandora.–Ehbien !Greyson, paieras-tu pour les lunettes dont j’aurai besoin après les dégâts que ces

pierresvontfairesurmarétine?demande-t-elle.–Tum’enverraslafacture,jerépondstranquillement.–Etaprès?Tuvasl’attacheretluifairechoisirunmotd’alerteouquoi?Jesouris.–Non.Aucunmotd’alertenepeutprotégerquelqu’undemoi.–Haha.Jesuiscontenteque toncopains’amuse,ditPandoraàMélanie,enprononçant lemot

«copain»commeelleprononcerait«excrément».

Ellerecentresonattentionsurmoi.–NoussommestrèsprotecteursavecnotreMel.ElleacruauPèreNoëlpendantbeaucoupplus

longtempsquenoustous.Alorsparle-nousdetoi.TuescommeGatsby,avecbeaucoupd’argentetunpassétrèsmystérieux.Kyleetmoit’avonscherchésurGooglemaisonn’apastrouvégrand-chose.Quellessonttesintentions?

–Pandora!MélaniedonneuncoupdepieddanslesiègedePandora.–Ignoremacopine,Greyson,medit-elle.Maisl’amieenquestionn’apasenviedem’ignorer.Ellen’arrêtepasdeseretournerpourme

regarderpar-dessussonépaule.–TuescontentqueMélanien’aitpasattrapélebouquet?–Pourquoiest-cequ’ilseraitcontent?répliqueMel.–Meuf,d’aprèscecollier,cemecn’apasl’intentiondet’épouser.Justedetebaiser.–Pandora!Jerigole,jetrouvecelaexcessivementamusantdevoircommecettefilleestprotectrice.Jen’ai

aucundoute, jesaisqu’unpauvreloser l’arenduecommeça.Ellese tournedanslesiègepassagerpourêtrevraimentfaceàmoi.

–Est-cequetuasunefemme?persiste-t-elle.–Quoi?–Est-cequetuesmarié?Tuesgay?C’estquoitonproblème?Alors,voyonsvoir.Pour l’instant, c’est elle leproblème. Jepourrais la faire taire facilement

d’unseulregard,maispourquoiregardercettefilleaigriealorsquej’aiuneprincesseàcôtédemoi?–Pandora,tugâchescomplètementmasoirée!Mélanie donne un nouveau coup de pied dans son siège puis se tourne vers moi. Elle est

délicieuse,toutenrouge.J’ail’impressiond’êtrelegrandméchantloup,àfixeravidementseslèvresquimecrientdelesembrasser,etcesyeuxvertsinnocentsetextrêmementdangereux.

–Est-cequ’ellearaison?Tujouesavecmoi?medemande-t-elle,curieuse.Jenesaispascequ’elleadeplusquelesautresmaissafaçondemeregardercommenceàfaire

gonflermaqueue.C’estmaréactionnaturelle.Jenepeuxpasm’enempêcher,pasplusquejen’aipum’empêcherdetuerpourellehiersoir.Mêmesil’ontented’avoiruncontrôletotalsurleschoses,onnecontrôlepassesinstincts.Parfois,cesonteuxquinouscontrôlent.

Je n’avais jamais tué que pour une personnedansmavie.La différence, c’est qu’hier soir jen’avaispasderemords.Jenechangeraisjamaiscequej’aifaitpourMélaniehier.Sic’étaitàrefaire,je tuerais les troispremiers toutaussiviteet torturerais lequatrièmetoutaussi lentement.Etmêmepluslentement,sijepouvaisleprolonger.Enfait,lesouvenirdesescrisétouffésetdésespéréssouslacagouleremueuncouteauderagedansmapoitrine.

Enenroulantmamainsursataille,jelarapprochedemoietchuchotedanssonoreille:–Jenejouepasavectoi.

BonDieu.Jesuissérieux,là.Plussérieuxquejenel’aijamaisétédansmavie.–Soishonnête,merépond-elleenchuchotant.–Jenejouepasavectoi,jerépète.Onnousregardeàl’avantdelavoiture,alorsd’unmouvement,jelatirepourqu’elles’assoie

surmacuisseetjebaissematêtesurelle.Sonodeuresttellementdouceetrichequejeveuxenfouirmonnezettrouverl’originedecetteodeur.Jefrottemonnezàl’arrièredesonoreille,excitéparsaproximité,sesformes,sonodeur,parelle.

Elletremble,etmesmusclessecontractentenréaction.Qu’es-tuentraindemefaire,mondouxnumérocinqadoré?Jetendslamainetfermesesyeuxavecmonpouce,pourqu’ellenemevoiepas.Pourqu’ellenemefixepasaveccesyeuxvertsquihurlent«sauve-moi»,«garde-moi»,«baise-moi»,etjemurmured’unevoixrenduerocailleuseparledésir:

–Quandjenesuispasavectoi,jepenseàlaprochainefoisquechaquecentimètredetoncorpsm’appartiendra.Jejoueàdesjeux,j’yjouesérieusementetsalement,maissituesunjeu,princesse,alorstueslepremierfoutujeuquijoueavecmoi.

Elleouvrelesyeux.Cesputainsd’yeuxquidisent«prends-moi»,«aime-moi».SonamiePandoraneditplusrien,etlavoitureestrempliedel’attirancedeMélaniepourmoi,et

de lamiennepourelle.Merde, j’aiétégentilavecsesamis jusqu’àmaintenant,mais jenesaispasjouer au gentil pendant longtemps.Ce n’est simplement pas dansma nature. Je gratte le toit de lavoiture.

–Dépose-nousici.–Ici?C’estaumilieudenullepart.–J’insiste.Avecunsoupirdramatique,lemecs’arrêtesuruntrottoir,àcôtéd’unterrainvagueenfaced’un

immeubled’habitationgris.J’aideMélanieàsortir,puisj’appuiemamainsurletoitdelavoiture,demonbrasnonblessé,etjemepenchepourdireàPandora:

–Jesuiscontentquesesamissepréoccupentd’elle.Jenesuispasparfait,maisjetedonnemaparole,personneneluiferademaltantqu’elleestavecmoi.

Ellemefusilleduregardetilsdémarrentsansriendire.–Elledétesteleshommes,nefaispasattention.Essayant apparemment deme rassurer,Mélanieme lance un sourire et passe samain surma

chemise.Jeprendssonpoignetdansmamain,unréflexedestinéàgarderlesgensàdistance.–LaJoyeuseestlecadetdemessoucis.Tuasfaim?Enserrantsonpoignet,jeremarquecommeilestfinetdélicatentremesdoigts,puisjemerends

comptequ’elleestlaseulechosequejem’autoriseàtouchersansmesgants.Qu’ellemefaitdubien.Réelle.Chaude.Commentunechosesivulnérablepeut-elleavoirunsigrandpouvoirsurmoi?J’aienviedelatoucherpartout,saclavicule,remonterverssoncou,etplushaut,pourprendrecedoux

visage plein de vie dansmamain, le serrer et l’embrasser dans tous les sens.Ma voix est rauquequandjechuchote:

–Nemangepastalèvre,jevaist’emmenerquelquepart.Elle lâche sa lèvre alors que je relâche lentement son poignet, puis nous restons là à nous

regarderavecpresqueaucunelumièreautour.Lesdiamantsétincellentsursoncoucommesesyeuxbrillent sur son visage. Elle croise les bras et je ne la quitte pas des yeux en envoyant un texto àDerek,nousmarchonsjusqu’aucoindelarue,monregardcolléàsonprofil.

Jene saispas faire la conversation aux femmes ; je lesbaise, lespaie etm’endébarrasse. Jeveuxluiparlermaisenmêmetemps,jesaisquejedevraism’éloignerd’elle.Jerisdoucementparcequejen’auraisjamaispenséêtreaussigênédansunetellesituation;jeluimetsmavestedecostumesurlesépaules.Ilnefaitpasfroid,maiscetterobemedonneenviedeladévorer.Derekvientnouschercherdansun4x4argentéetnousdéposedevant l’undeces restaurantsqui sontouvertsvingt-quatre heures sur vingt-quatre, qui font de mauvais petits déjeuners, de mauvais déjeuners et demauvaisdîners,maiscelasembleêtrenotreseuleoptiondanslesenvirons.

JeguideMélaniejusqu’àunetabledanslefond,uneoùnosarrièressontcouvertsetoùjepeuxvoirlaporteettouteslesentrées.Elleenlèvemonmanteauetleposesurlachaiseenface.

Nous sommes assis l’un près de l’autre.Mais pas assez près. Pendant que nous regardons lemenu,jenepeuxpasm’enempêcher,jeglissemamainsouslatable,sursacuisse.Ellefixelemenu,maisjevoissonsouffles’accélérerquandjecommenceàpassermesdoigtsplushaut.

–Qu’est-cequetuaimesmanger?jeluidemande,enlaregardantmordreencoresalèvre.–J’aimecequin’estpasbonpourmoi.Commetoutlemonde,non?Unpeud’alcool.Beaucoup

de chocolat et de noix.Mais jeme force àmanger une tonne de légumes pour compenser tout lemauvaisavecdubon.Unesortede…positifplusnégatif.

Sesyeuxcroisentlesmiensetilsdansentjoyeusement.–Ettoi?Jeneveuxmenourrirderiend’autrequede tabouche, tesseins, tachatte,etcetteputainde

lèvrequetutorturesavectesdents,desdentsquejeveuxsentirrâpercontremaqueue.– J’adore la bouffe internationale.Un peu de tout. Thaï, chinois,mexicain, japonais, j’ai des

goûtsvariés.J’aimebienêtre…surpris.J’aimebienlesépices.–Tuviensenvillepourtontravail?–Parfois.–Qu’est-cequetufaiscommemétier?J’ail’impressiond’êtreunsalaudàcausedel’intérêtsincèredanssesyeux.–Delasécurité,dis-jeenfermantmonmenu.Danslaboîtedemonpère.–Vraiment?C’estintéressant!Jenetevoyaispascommequelqu’unquibosseavecsonpère.

Avecquiquecesoit,pourêtrehonnête.Mes lèvres remontent, amusées, je fais signe au serveur et lève un sourcil interrogateur vers

elle.

–Tuveuxdirequetupensesquejenem’entendspasaveclesautres?–Tudonnesjustel’impressiond’êtreàpart.–Ahbon?Voilàqu’ellerecommenceàmordrecettelèvre.–C’estintrigant.–Tudonnesuneimpressionenjouéeetrassurante.Jetrouveçaintrigantaussi.Ellefaitunsourireencoin,gêné,quineparvientpasàcacherlefaitquesesyeuxd’émeraudese

remplissentd’unejoieféminine.Jenesourispeut-êtrepascommeellemais,croyez-moi,jesuistoutaussi ravi. Une fois que nous avons passé commande, elle me regarde et joue avec un braceletmanchettejauneàsonbras.

–Montravail,c’estmapassion.Jesuiscomplètementobsédéeparlescouleurs.Jenepeuxpassortirdechezmoisijeneportepasaumoinstroiscouleursdifférentes.Deux,c’esttropsimple.Une,c’estcomplètementterneetjeneveuxpasêtreterne.

Jemesurprendsencoreàrire,celasemblevenirnaturellementquandjesuisavecelle.–Impossiblepourtoid’êtreterne.Enfait,justelà,assisavectoi,jemesensgris.Sonsourireapparaîtàlamêmesecondequelemien,etnousrionsavantquenosverresarrivent,

etelleboitàlapaille.–Çameplaît,ça,dit-elleavecunlongsoupirdeplaisirintense,ens’adossantpoursedétendre.Ellemeregardeencorepluslonguement.–J’ail’impressionquec’estunrencard.Etj’ail’impressionqueçafaitdessièclesquejen’enai

paseu.Ducoindel’œil,jeremarquequeDereks’estinstalléàunetablepasloin,enfacedeC.C.–Maisc’estunrencard.Tum’asinvitéaumariage.Pourmoi,c’estunrencard.–Jenet’aipasinvité.J’aiditquetupouvaisvenir…–…etnoussavonstouslesdeuxàquelpointonaimequandjeviens.Elleaunsouriremalicieux,etcelan’aidepasàcalmermalibidodéchaînée.Jevoisqu’elleaime

quandjesuismauvais.Elleaimelesmauvaisgarçons.Putain,princesse, tunesaispasque je suis leplusmauvaisdesmauvaisgarçons,medis-je à

moi-même,avantdepenserNon,jenesuispasunmauvaisgarçon,jesuisunmauvaishomme!Celamefaitunpeuredescendredemedirequejenesuispasbonpourelle.–Allez,admets-le,j’insiste,réveilléparlalumièrejoueusedesesyeux.Jesuisvenu,j’aivaincu

–entoutcasjemesenscommeunvainqueurdedîneravectoi–,et j’aimêmesurvécuàtacopinebruneénervée.

–Pandora.Ellerit.–Maisellearaisonàproposdeça,c’esttrop,jenevauxpasautant.Ellecaressedistraitementlesdiamantsàsoncou,etjemurmure,commeunavertissement:–Mélanie.

–Greyson…Merde,jepeuxvoirlesgrainesdedoutequesonamieaplantéestourbillonnerdanssatête.Je

gardeunevoixcalme,voirebasse,maissévère.–Faiscequetuveuxaveclecollier.Maisnemelerendspas.Jelejure,siseulementjepouvaiscommuniqueraveccettefemmepartélépathiepourluidirede

faireceque toute femme intelligente feraitpour survivre.Ellevapeut-êtreattendre,maisquand letempsluimanquera,elle lefera.C’estcequej’attendsd’elle.Detoutefaçon,quandelleaurapasséassezdetempsavecmoi,elleenauramarreettoutcequiaàvoiravecmoi,elles’endébarrasseraenmoinsdetempsqu’ilneluifautpourdire«Greyson».

Cettepenséedéclencheunecolèreardentedansmonventre.Mamainremonteplushautsursacuisse.Cebesoindelatouchermeronge.Jeportetoutletempsmesgants,maiscesoirilssontdansunepochedemoncostume,mesmainssontnuesetjenepeuxpasm’empêcherdemerégalerdelasensationdesapeaulissesousmesdoigts.

Elletournesapaillecommesiellecherchaitquelquechoseàfairemaiset,c’estplusimportant,ellesaitexactementoùestmamainetnefaitrienpourl’enlever.

–Mameilleureamie,cellequisemariaitaujourd’hui…Quandonétaitpetites,j’étaisBarbieetelle était Skipper à chaque fois que l’on jouait. J’avais toujours Ken. Elle n’avait pas l’air d’êtreintéressée par Ken, alors je m’assurais qu’il était tout à moi. Elle ne voulait même pas tomberamoureuse.Jevoulaisêtreheureuse,insoucianteettomberamoureuseunjour,etellevoulaitlesJeuxolympiques. Mais c’est elle qui a fini par tomber amoureuse. Tu sais ? Pour de vrai. D’un vraihomme.Jesuistrèsheureusepourelle,ellelemériteplusquetout.Maismaintenant,tumeregardescommesonmarilaregarde…

Ellelèvelesyeuxversmoietfrottedistraitementsononglerosecontresonverre.–Maistun’espasmonmari,tun’espasamoureuxdemoi.Qu’est-cequetuveux?medemande-

t-elleensoutenantmonregard.Pandoraaraison,onn’offrepasquelquechosecommeçaàn’importequi.Leshommesoffrentdesdiamantsauxfemmesqu’ilsveulentacheter,cacher.

–Etpourtantnoussommesvisiblesdetous.Jenecacheraisjamaisriend’aussibeauquetoi.Elleposeleboutdesondoigtsurleborddesonverre,etjelaissemesyeuxs’égarersurson

bras fin et bronzé, le longde son corps.Monbesoinde l’avoir est deplus enplusvorace chaquesecondequipasse.

–Tuesravissantedanscetterobe,princesse.Sesjouesrougissent.–Merci.J’aipresquecruquejenepourraispaslaporter.–Tuesmagnifique.Ettescheveuxquibouclentenbas…Jenepeuxpastelâcherdesyeuxetj’ai

hâtedet’enlevercetterobe.Ellebaisselesyeuxetfixelatableenretenantsonsourire.Jemepencheenavantpourtesterles

limites,lesrepousser.

–Onaeuunerelationintime.Tuportesmoncollier.J’ailamainsurtacuisse.Tesamism’onttirélesversdunez.Pourquoiêtresitimide?

Quandelleperdcesourireparfait,jepliemonindexsoussonmentonetrelèvesatête.–Tuaspenséàmoi?–Tuveuxdire«faituneobsessionetm’êtrelanguiedumecquin’avaitpasrappelé»?Jelèveunsourcil.–L’hommedeboutdevantl’églisequiattendaitunpetitgestedetapart,c’étaitmoi.–Ahd’accord,mercid’avoirpréciséça!Lesondesonriredélicatmerenddurcommedelapierre.Jeglissemamainencoreplushaut

sursacuisse,enrelevant lasoiedesarobepourpouvoir toucherplusdepeaunue.Jem’apprêteàl’embrasserlorsqu’unvisageconnuentredansleresto.MesyeuxdévientsurluietjemecalmequandC.C.mefaitungestedelamainpourdirequ’ils’enoccupe.

Putaindemerde,jen’aipasassezd’énergiepourdesconneriesdecriminelscesoir.Jen’aipasdormi depuis près de quarante-huit heures. La plaie surmon bicepsme fait supermal, et je tiensuniquement grâce à l’adrénaline. Alors que j’attends que C.C. me fasse signe que nous sommestranquilles,Mélaniejoueavecsasalade,etcevieuxsentimentd’êtreenmargedumondes’installe.

–Mercid’êtrevenuaumariage,dit-elledoucement.–Toutleplaisirestpourmoi,jerépondsàvoixbasse.Soudain,jesenstouteladistancequinousséparecommeunabysseetm’empêchedecréerune

connexion.–Pourquoi?Messourcilsremontent.–Pourquoijesuisvenu?Elle hoche la tête, et je ne sais rienmis à part que je veux encore une connexion avec elle.

N’importe quelle connexion. Je passe mon majeur sur l’intérieur crémeux de sa cuisse, tout enregardantl’intruspartirducoindel’œil.

–Jesuisvenupourtoi,Mélanie.–J’aieuunmillierdecoupsd’unsoir,Greyson.–J’enaieumilleetun.–J’enfaispartie?–Non,princesse.Quandonl’aurarefait…tuserassurunetoutautreliste.Nous nous fixons, sans sourire ni l’un ni l’autre, mes yeux avides absorbant la curiosité

silencieusedesonvisage,seslongscheveuxdorés,sesbeauxpetitsseinscontreletissudesarobeensoie,lacourbetendredesesépauleset,bonDieu,jeveuxtoutcelaplusqu’ellenelesaurajamais.

Elleposesamainsurmacuisse.–Quelleliste?Ellepenchelatêteetmedévisage.Qu’est-cequeçasera?Lasensationinattenduedesamainsurmacuisseenvoieunechaleurprimitivedansmesveines.

À un instant nous discutons, et la seconde d’après j’immobilise son visage entre mes mains en

regardant ses yeux verts, soudainement sauvages, tandis que je regarde son petit nez, sa bouchegénéreuse.

– Pour moi, c’est un fantasme. Tu es un fantasme. Pour toi, ce sera une erreur. Une erreurlongueetplaisante.

Jevoissesyeuxs’assombrir,jen’aijamaismâchémesmots.–Jevaisêtretoutcequetun’asjamaisvoulu,jelapréviensdansunsoufflerauque.Riendonttu

aiesbesoin.Jeglissemonautremainplushautsursacuisse.–Parfoisjedevraipartirpourmontravailetjenet’appelleraipas.Jet’énerverai.JefrottemonmajeurcontreleVsoyeuxquirecouvresonsexe.–Jeseraiégoïste.Jeprendraitoutcequejeveux,quandjeleveux.Jenesuispasl’hommedetes

rêves,Mélanie.Jesuistonpirecauchemar.Ses yeux s’embuent, elle empêche ma main de la caresser et presse ses lèvres contre mon

oreille.–Jenesuispastonputaindejouet.Jelaprendsparlesépaulesetlatireversmoi.–Maistumelaisserasjoueravectoi.–Sij’étaisjusteenmanquedesexe,jepourraistrouverçachezn’importequi.–Paslegenredesexequetuconnaîtrasavecmoi.Jemetsmonpoucedanssabouche,jeveuxqu’ellemegoûte.Moncorpsentierressentcecoup

delangue.–Jeferaiensortequetuleveuilles.Jet’enverraiunmessageavantdedécollerpourquetusois

excitéeettrempéequandjesonneraiàtaporte.Ellemordmonpouceetmefaitperdrelatêtededésir,jesuisprêtàplaquermabouchesurla

sienne.Merde,peut-êtrequejen’auraijamaisdeconnexionvalableavecpersonnedansmavie.Maisjepeuxavoirça, jepeuxl’avoirelle,soncorps,sonplaisirchaudetsauvage.Jepeuxavoirça.Ohoui,j’auraiçacesoir.

Jemepencheverselle,prêtàprendreunegrandebouchéejuteusedecettelèvrequimerendfou,maiselleselève.

–Tu es un connard, chuchote-t-elle, la respiration saccadée.Emmène-moi quelque part. Justepourcettenuit.Emmène-moi.

Jesorsunbilletdecentdollarsdelaliassedansmapocheetleposesurlatable,glissemavestesursesépaulesetlaguideversl’extérieur.

14

WEEK-END

Mélanie

Nousroulonsjusqu’àunappartementdansunquartierchic,tellementcheretconvoitéquetousmescollèguesseraientprêtsàvendreleurcorpspourdécorerunappartementdanscettezone.Ilyaunportailgardé,chaqueentréeetchaquesortiesonttrèsbiensécurisées.L’appartementlui-mêmeestrempli de fenêtres qui vont d’unmur à l’autre, avec un sol en roche calcaire et des cheminées enpierre.

J’assimilecegrandespace,pourainsidirevide,enlebalayantdemesyeuxécarquillésaveclamâchoirequipend.

–Tuviensdeprendreunappartementici?Jeluitendssonmanteau,etsonregardsurmoiestdélicieux,palpablealorsquejerentredansla

pièce.–Tuaimesbien?Savoix est neutre,maisquelque chosedans sesyeuxmedit qu’il veutque celameplaise. Je

remarquequeleseulmeubleestunimmensematelaskingsizeaumilieudelapièce,etvoircesdrapsblancsetcesoreillersgonflésmedonnedesfrissons.Nousdeux.Danscelit.Setoucher,s’embrasser,sepeloter.

Lafenêtrelaplusprochedulitdonnesurmonimmeuble,etpendantunesecondejemedemandes’ilaremarquéque,mêmes’ilestassezloin,monappartementestexposédanscettedirection.

–L’espaceestgénial,mais trèsvide ! J’écarte lesbras. Jevisualisedéjàexactementceque jemettraisetàquelendroit.Puis-jedirequejesuislafemmedelasituation?

–Puis-jeavouerquejenetedemanderaipastesservices?Jen’aimepaslefouillis.Pourtant,monoffre a l’air de l’amuser ; ce presque sourire que j’ai fini par vraiment aimer

flottesursabouchecharnueetgrivoise.MonDieu,jesuistoujourstellementexcitéeparleconnardsexyqu’il est. Ilmedonneenviede le claquer etde lebaiser ; aucunhommen’a jamais euautantd’effetsurmoi!

–Commenttusaisquejesuisdécoratrice?Ilalesbrascroisés,pluscequasisourire…jen’arriveplusàrespirer.

–Tun’espaslaseulequisaitseservirdeGoogle.–C’estPandoraquit’acherchésurGoogle,pasmoi.–D’accord,admet-il.Jeriscarilm’aclairementpercéeàjour,puisavoue:–Iln’yavaitriensurtoi.Absolumentrien.–Etilyapasmaldechosessurtoi.–Ehbien,jepeuxdonnervieàcetendroitenunclaquementdedoigts!JesuiscommeuneMary

Poppinsdeladécorationd’intérieur!–Princesse,ilyadéjàassezdeviequandtuyes.Surprisepar soncompliment, je ramènemesyeux sur lui, et la façondont il se tientmecrie

qu’ilestquelqu’undefort,quelqu’unquel’onn’embêtepas,quelqu’unqu’ilvautmieuxavoirdesoncôté.Sesvêtementsnoirsnecachentnilesmusclesqu’ilaendessous,nilagrâceetlavirilitédesesmouvements.

Je peux à peine le regarder sansme jeter sur lui commeune fusée – une fusée détraquée. Jemarchenerveusementdans tout l’appartement, enmedemandant s’il regardemonculquand jemedéplace.

Jelaissevolontairementmeshanchessebalancerplusqued’habitudeetmarchedanslecouloir;ilsifflepourmedirederevenir.

–Cettepièceestinterdite.–Quoi?Qu’est-cequetuveuxdire?Ilvientetposesamaindanslebasdemondos,sontoucherrugueuxmeremplitd’unsentiment

desécurité.–Tuterendscomptequelefaitdem’avoirditçaétaituneinvitationàessayerdecrocheterla

serrurepoursavoir?–Tunepourraspasl’ouvrir.J’aipleindebordellà-dedans,riend’intéressantpourunefille.Il apiquémon intérêt, jem’éloignede samainet faisdemi-tourpour tourner lapoignée.La

porteestenacier,presquecommeuncoffre-fort.–Mélanie…m’avertitGreyson.Jerigoleetrecule.–OK.C’esttagrotte,jenerentreraipas.Nesoispassiinquiet.–Jenesuispasinquiet.Tunepourraispasouvrircetteportemêmeavecunetronçonneuse.Ce

quim’inquiète,c’esttadéterminationàfaireexactementlecontrairedecequejetedis.–Jesuiscurieuse!jeréponds,enriantencore.Monrire,jenesaispaspourquoi,maisilsembleavoiruneffetsurlui.Ilal’airpressédeme

faire taireavecsabouche.Quand il lècheses lèvreset fixe lesmiennes, le souvenirbrusquedesabouchesur lamiennemetraverse,demestétonscontresa langue,etunfrissond’impatiencecourtdansmacolonnevertébrale.

–Çat’embêtesijevaismerafraîchir?jelâche.

–Poupée,tuesl’incarnationduprintemps,maisvas-y.Je ferme laportede la salledebainsderrièremoietm’appuiesur le lavabo. Jepeuxàpeine

respirer,jetrembledepartout,delatêteauxpieds.C’estunfoututrouduculquiaavouéouvertementvouloirseservirdemoiet j’auraisdûlegifler,maisaulieudeça, jevaislebaisercarilmerendfolle. Parce qu’il est responsable d’une atroce palpitation pressante entre mes jambes. Toutes cesjournées passées àmedemander ce qu’il attendait demoi, s’il allait venir ce soir. Peu importe cequ’ildit, ila toujours lemêmeregard,et samanièredemeregardermeditautrechose.Qu’ilmeveut.Qu’ilmeveut,m’attend,apeut-êtremêmedésespérémentbesoindemoi,commeill’aditchezmoi.

Jen’aijamaisportéquelquechosequ’unhommem’avaitoffert.Maintenant,magorgeestornéed’une ligne de diamants blancs étincelants et je n’aurais jamais cru qu’un geste comme celui-làpouvait stimulermonesprit,moncœur etmoncorps à cepoint. Il veutm’utiliser sexuellement cesoir?Alorsjel’utiliseraiaussiparcequej’enmeursd’envie.Safaçondemeregardermetue.Sonodeur,sadémarche,lesondesavoix.Cesoirjenedorspasseulechezmoi,peuimportecequ’ilsepasse.

Jeme lave rapidement lesmains, les aisselles,puis je soulèvema robeet jetteuncoupd’œiltristeauxbleussurmescuisses.Jesorsmonmaquillagedemapochetteetcommenceàrecouvrirlestachesviolettesd’anti-cernes,uneparune.

Unefoisquej’aifini,jevoisuneserviettetachéederougeetjemedemandes’ils’estcoupé.Enserasant,peut-être.Jesuisprised’unevagued’instinctprotecteur.Est-cequ’ilvabien?Évidemmentqu’ilvabien,Mélanie.Cethommeestaussipénétrablequesaporteblindée.

Enattrapant lapoignée, lebattement lancinantentremes jambesnes’arrêtepas.Le tempsquej’ouvrelaporteetquejetraversesilencieusementlapiècejusqu’aulit,moncœurbatàtoutevitesse.

Jen’ai jamais étédansunappartement aussi luxueuxni aussivide. Il est commeunSpartiate,sansobjetspersonnels.J’aijetéunœildanssonplacardetilatroischemisesidentiques,troisvestesidentiques, trois paires de chaussures dans le même style. Comme une sorte de super hérosméthodique.Ets’iln’avaitpasl’intentionderesterlongtemps?

J’ai unpincement au cœur enypensant,mais il est vite remplacépar l’éclair dedésir que jeressensenlevoyant.Ilestétendusurlelit,unbrasrepliéderrièrelatête,etregardeparlafenêtre.Maispourquoiest-cequecelameplaîtautant?Parcequ’ilregardetonimmeuble.

Je me sentirai peut-être protégée par le fait qu’il puisse me voir d’ici, même s’il n’appellejamais.Mêmes’iln’essaieplusjamaisdemecontacter.J’aibesoindecepetitsentimentdesécuritéetjem’yaccroche.

–Tupeuxvoirmonappartementd’ici?jedemande.Jecommenceàouvrir la fermetureÉclair sur lecôtédemarobe. Il se tourneversmoi,et le

clairdelunesereflètedanssesyeuxalorsqu’ilmeregardem’approcher.Moncœurfrappedansmapoitrine.Ilauneprésenceimposanteetsûred’elle,etuneautoritéquifaitfaiblirmesgenoux.Ilestfort.Magnétique.Vital.Etilremplittoutmonêtred’undésirfou,sauvage.

–Ouais,c’estpourçaquej’aiprisl’appart.Jesaisqu’ilplaisantemaissesmotssontsérieux,etilmeregardedroitdanslesyeux.–J’auraiscruqu’uncoureurcommetoiauraitmieuxàfairequederegarderparlafenêtreen

essayantdem’apercevoir,jememoque.–Jefaisplusqueregarderparlafenêtre,princesse.Celanécessitequej’enlèvemesgants.Salaud.Putaindesalaudparfait.C’estcommeroulerenmotoàtoutevitesse.J’ail’impressionde

sentirlemoteur,lavitesse,levent…Jem’arrêteauboutdulitetjeressensuneonded’excitationenvoyantlafaçondontilmeregarde,avecdesyeuxquiscintillentcommeunéclair.

–Déshabille-moi,oudéshabille-toipourmoi.Honneurauxdames.Il parle calmement et succinctement, et il ne fait aucunmouvement pourme plaquer sur lui.

Sérieusement?Ilfaitentièrementconfianceàcecourantmagnétique,électrique,quimetireverslui?Monregardgourmandparcourtsesjambesmusclées,labossequimerendfolle,sontorsequi

étire,delameilleurefaçonquisoit,letissudesachemiseblanchecommeneige.Jemesenslourdeetchaude,monpoulstonnedansmesveines,jerampesurlui,etsonregardmetransperce,pleind’uneimpatiencesilencieuse.

– Je crois que tu es un connard.Mais tu es tellement sexydans ce costume… jemurmure encommençant à enlever la ceinture de son pantalon, à cheval sur lui, si bien que, si je voulais, jepourraislaissertombermeshanchesetfrotterl’endroitleplusdouloureuxdemoncorpscontrecettegrossebossedélicieuseentresesjambes.

–Et jeveux tebaiserméchammentparceque tum’as faitcroireque tuétaismieuxqueça, tum’asfaitcroirequetumevoulaispourplusqueça,j’ajoute.Pauvrecon.

Ilprendsaceinture lorsque je la tire, la jettebruyamment,et ilbougeaussi rapidementqu’unéclairpourmemettresurledosetrelevermesbrasau-dessusdematête.Jesursaute,etilsourit.

–Jet’aieue,dit-ildansunrâle,englissantunemainlelongdel’intérieurdemonbras.Commençantàhaletersousl’exquispoidsdesoncorpssurlemien,jelibèreunedemesmains,

sorssachemisedesonpantalonetcommenceàladéboutonnerparlebas,enremontantdeplusenplusvite.

Illâchemonpoignetetremontedoucementmarobesurmeshanches.– Tu as une bouche incroyable,Mélanie. Tu sais que je pourrais la remplir de foutre, juste

commeça,pourqueleprochainsonquiensortesoitceluidetoiquiavale?–Peut-êtrequeleprochainsonseraceluidetoiquicriesquandjemordraileboutdetagrosse

biterose,jesouffle.Toutesmespenséess’évanouissentquandilgrogne«Tais-toimaintenant»etm’embrasse.Fort

etdélicieux.Enréalité,leprochainsondanslapièceestceluidedeuxlanguesmouilléesetglissantesqui s’emmêlent, et le frottement du tissu dema robe, qu’il remonte un peu plus. Je fonds sous sabouche,chaudeetpuissante,etplusaffaméequetouteslesbouchesquisesontposéessurlamienne…Etc’estvraimentcommesitoutcequenousavionsditnesignifiaitrien,etquececivoulaittoutdire.

Sonodeurme remplit commeune chaleur qui s’enrouledansmonventrequand il relèvemarobe jusqu’àma taille pour voirmon string noir en dentelle. L’air caressemes fesses nues, et laseconded’après,illesprenddanssesmainstièdes.

–Tuescontentedemevoir,maintenant,Mélanie?murmure-t-ild’unevoixgraveetrocailleuse,tandisqu’ilsesertdemesfessespourmeplaquertoutcontrelui.

Jesuistellementexcitéequemarespirationestsaccadée.–Pasencore,jemens.Ilfrôlemeslèvresaveclessiennes,pourmeprovoquer.–Tuessûre?Encorefois,ilmefrôleavecseslèvreschaudesdevelours.Lesangdansmesveinesestchaudet

épais.Désormais,jenepeuxpenseràriend’autrequ’àcebaiserquejeveuxplusquetout.Maisjenepeuxpaslaisserunhommecommeluilevoir,ouilmebrisera.

–Jesuissûre,jemensencore,enm’accrochantàl’arrièredesanuqueetensortantmalanguepourlapassersurleborddeseslèvres.

Cecoupdelangueserévèleêtrenotrefin.Ilgrogneetsalanguevientjoueraveclamienne,seslèvresserefermantsurlesmiennesdansunepositionparfaite.Noussommestouslesdeuxtraversésparunfrisson.J’aimêmel’impressionquenousgémissonsenmêmetemps,etnotrebaiserpassedelentetsensuelàrapideetsauvage.Jedéboutonnelerestedesachemise,etmesmainstremblentd’êtreaussipressées.Ilprendlehautdemarobebustieretletirejusqu’àmataille,etexposetoutmoncorpsmisàpartmeshanches,cachéesparlecercledemarobe.

Lorsqu’ilreculepourregardermesseins,assezpetits,etmestétonsplutôtexpressifs,jemenoiepresquedansunetimiditésoudaine.Maiscelanedurepaslongtemps,carillesprenddanssesmainscommes’iltenaitdesdiamantsetfaittrèsattentionauxpetitesperlesduresaubout.Sespoucesyfontattention,lesfrottent,lescaressent.

–Tun’espeut-êtrepasencorecontente,gronde-t-ildansmonoreille,maiscespetitesbeautéssontenchantéesdemevoir.Enchantées…demevoir.

Lorsqu’ilensuceundanssabouche,unplaisirexquisrecroquevillemesorteils.Matêtetombeenarrièreets’enfoncedanssesoreillers.Magorgeémetunrâleprofond.Ilbougeseshanchespourm’exciteravecsonérection.Jesuisexcitée,torturée,consumée,palpitante.Jefrémisetmemetsàmefrotteraussicontrelui.Putain,ilvametortureretjelesais.

Il tirema robeau-dessusdema tête, puis sesmains explorentmes cuisses etmontent jusqu’àmonventretendu,puisviennentpincermestétons.Machattemebrûleetsecontractequandjeglissemamaindansl’ouverturedesachemise,etquejepassemesmainscontresontorsechaudetmusclé.

Je touche sa cicatrice, puis tire sur son piercing au téton avecmon pouce etmon index. Soncorps secontractedeplaisir, je levois. Jevoiscomme il réagit àmon toucher, alors je laissemamaincourirsursontorse,etlemoindredesesmusclesestdessinésousmesdoigts.

–Tuaimesça?jemurmure.

Jenelelaissemêmepasrépondrecarmabouchesemélangeànouveauàlasienne,jelepousseet lechevaucheencoreune fois. Jebaissemoncorpset sens sonérectionparfaitement logéeentremes jambes, ellepousse,grandeet chaude, contre sabraguette.MonDieu. J’ouvre sachemise,mepencheetcommenceàléchersonpiercing,etjefrissonnequandilglisseleboutdesesdoigtsdansl’élastiquedemonstring…etplongedansleVendentelle.

–Viens là,ma petite femme sexy,murmure-t-il en tenant l’arrière dema tête et forçantmeslèvresàrevenirsurlessiennes.

Àlasecondeoùsaboucheestsurlamienne,sondoigtestenmoi.Monsexesecontracteetungémissementm’échappe, je balancemes hanches, j’ai besoin de la friction de son érection contremonclitorisalorsqu’ilbougesondoigtenmoi.Ilsefrotteégalementcommesiluiaussiavaitbesoindececontact,etlacicatricesurlapaumedesamaincaressemontétonquandilprendmonsein.

–Chattepulpeuse,seinspulpeux,princesseblondepulpeuse.Lorsqu’illècheundemestétons,jemecambreetlancematêteenarrière,laissantéchapperun

hoquet d’agonie. Je balance instinctivement mes hanches, j’en veux plus, j’en ai besoin et nousessayonstouslesdeuxdenousrapprocher.Ilmemordetmesuce,puisappuiesalanguesurleboutdemonseinpour le fairepointerencoreplus. Jepassemesmainsdanssescheveux,et j’essaiederetirersachemisedesesépaulesmuscléesetmassives.

Ilsortsondoigtetm’arrêtedesdeuxmains.–Laisse-la,murmure-t-il,avantdemetournersurledosetdelevermesbrasau-dessusdema

tête.–Maisjeveuxtetoucher,jesouffleenondulantmoncorpssouslepoidsdusien.Il maintient mes bras en place avec unemain et retire sa cravate de l’autre, puis il l’attache

autourdemespoignets.–Cesoir,iln’yaquemoiquitouche.–Pourquoi?–Parcequejel’aidécidé.Je ne peux contenir un frisson d’excitation quand il enlèvema culotte. Il baisse la tête et des

flammeslèchentmoncorpsàchaquebaiserqu’ildéposesurmoi,etjeremontemeshancheslorsqu’ilplongesalanguedansmonnombril.Jesursaute,moncorpsleréclamecommedusucre,commeduchocolat,commedusexe.

–S’ilteplaît,oh…Ilmurmurechutetouvremachatteavecsesdoigts,etmedévoreavecsabouche.Matêtetombe

enarrièreetunrâledeplaisirsortdemagorgelorsqu’ilcommenceàenfoncersalanguedansmonsexe.Illecaressed’unefaçonquimedonnedesconvulsionsdeplaisirfrénétique.

–MonDieu,tumerendsfou,souffle-t-ilenmegoûtantànouveau.Je frémis sous lui, la colonne vertébrale cambrée, les cuisses grandes ouvertes, avide de son

toucher,desalangue,desaproximité.–Greyson,dis-je,enprenantdegrandesinspirationsdéchirantes.

Il est comme tous les garçons que j’ai embrassés sous les gradins, tous les garçons que j’aivoulusetquinevoulaientpasdemoi, toutcequim’était interdit.Jegrognequand il faituncercleavecsalangueautourdemonclitoris.

–Oh!Grey…Greyson…s’ilteplaît…Tues…Marespirationrâpedansmagorgelorsqu’ilremontesatêteetjevoisunepossessivitéévidente

danssesyeux.Ilembrassemestétonstendus,puisilm’observe,attachéepourluidanssonlit.Jemesersdemesjambesetenroulemescuissesautourdeseshanchespourletirerversmoi.

–Jen’aijamaissuppliépersonne,maisjetesuppliedemetoucher.–Pourquoiest-cequetumesupplies,Mélanie?Çadevraitêtremoiquisuppliepourtetoucher.Sesmainspassentsurmescôtes.Lessensationssontsiintensesque,chaquefoisqu’ilmetouche,

leboutdesesdoigtscrépiteetmebrûle.Mesmusclessecontractentetsenouenttandisquemoncorpsest à nouveau envoyé à cet endroit où il est le seul à pouvoir m’emporter, où il ne fait pas quesoulagerunedouleurphysique,maisatteintunétatoùilpeutouvrirmonâmeendeux.

Jefermelesyeuxensentantqu’ilsdeviennenthumidesetmebrûlent,jegardelesbrasau-dessusde la tête, attachés par sa cravate, et son pouce joue avec mon clitoris. Il le fait plus fort, plusprofondément,commeunexpert.Nosregardssecroisent,ils’abatsurmaboucheetchuchote:

–Jenesuppliepas,jamais,maisjesupplieraipourcettechatte,dit-ildansungémissementtandisquesesdoigtsmepréparent,carilestsigrosqu’ilfautquejesoismouilléeetpréparéeetohmonDieu,jesuisplusqueprête.

–Oui…jedis,etl’orgasmeestsiprochequ’ilestaudibledansmavoix.Puis sa bouche est à nouveau sur la mienne, nos langues s’entremêlent et il continue à me

caresser,sesmainssontbrûlantesquandillesposesurmoietenfonceundoigtprofond.Jesoulèvemonpelvis,affaméedumoindrecentimètre.Unefoisqu’ilm’aassezexcitéepourquejesoissurlepointd’exploser,ilserelèveetouvrelabraguettedesonpantalon.

Mavisionestbrouilléed’avoirtantvoulucela.Iln’enlèvemêmepassonpantalon.Il lebaissejusqu’àsesgenoux,déchirel’emballaged’unpréservatifetledéroule.

Nosbouchesvagabondentl’unesurl’autrependantqu’ilalignenosdeuxcorps.–Fort!jedemandeencoinçantautourdesanuquemespoignetsattachéspourlegarderprèsde

moi,etenfaisantpleuvoirdesbaiserssursamâchoire.Hiersoir,alorsquej’étaiseffrayéeetsaleetvulnérable,jenevoulaisquelui.Quelui.–J’aitellementenviedetoi.FORT,dis-jedansunsouffle,brusquementvulnérable,tremblante,

enmanque.Jemordillesonpiercingautétonavecgourmandise,ilrépondparungrognementetmeforceà

memettresurledos.–Impatiente,gourmandelapetitefille.Ilprendsaqueueetmet lacapote,et il a l’airaussiàcranquemoiquand ilcommenceàme

pénètrer.–C’estcequetuveux?

Leplaisirfaitroulermesyeuxdansleursorbitesetjecrie:–Oui,enentier.Ilgrondeenvoyantmapremièrelarmecouler,etquandilposesamainsurmonvisagecomme

pourlesreteniretcommenceàmebaiserpourdevrai,moncorpsfonddanslesienetlemondeestpleindelui.Justelui.Uniquementlui.

Ils’enfonceplusprofondément,etjem’envoledeplusenplushaut.Jesensmestétonsfrottersachemise,sonsoufflechaudsurmonvisage,soncorpsdanslemien;laTerretanguesursonaxe.Sesmainsnelâchentpasmonvisage,ilmetientàchacundesescoupsdereinspuissants,rapides,experts.

–C’estça,c’estexactementça, laisse-toiallerpourmoi, laisse-toiallerpourmoi,Mélanie, jem’occupedetoi,murmure-t-ilenembrassantmagorge.

Les bouts de mes seins sont comme deux bourgeons roses à cause du frottement de sachemise;j’adoreça.J’adoresonodeur,sesmains,savoix.

–Oui,jelaisseéchapperlorsqu’ils’enfonceplusfort.Monrythmeestmaintenantcomplètementaléatoire.Toutcequejeveux,c’estplusdelui,plusde

lui,LUITOUTENTIER.–Oui,oui.Ilrugit,latêteenarrière,etdesveinesressortentalorsqu’ilcommenceàéjaculer.J’ouvreles

jambesencoreplusgrand,ilprendmeshanchesetdonnedescoupsplusfortsetmeregardeperdrelatête.Jegémisetmemetsàtrembler,conscientequesesyeuxmedévorentalorsquejemedisperseenunmilliond’étoilesrayonnantes.

Quelquesinstantsplustard,jesorsdemastupeurhébétéeetremarquequ’ilcaressemonvisagehumideavecsamain,l’autresurmescuisses,làoùj’aidesbleus.Sontoucherfaitfondreenmoiunendroitcachéqui souffrequand jemesouviens,maisàcemomentprécis,dans sesbras,c’estunesatisfactionetunepaixquipassententrenous.Jelesenségalementdanssoncorps.Commes’ilaimaitessuyermeslarmes.

Jepousseun soupirdétenduquand il embrassema tempeet essuie le restedemonvisage, jepassemesmainsliéesautourdesoncouetjemepressecontresontorse.

–Personnenemepousseaussiloinquetoi,j’expliqued’unevoixcotonneuse.–C’estparcequejenesuispasbon,dit-il.Ilglissesamainlelongdemonbras,jusqu’àmesmainsaccrochéesderrièresanuque.–Jenesuispas–ilembrasseunedemespaupières–bonpourtoi,putain.Ilembrassemasecondepaupière,puismabouche,etsesdoigtsrecommencentàjoueravecma

chatte.Moncorpsmesurprend,etilréagitalorsquejenepensaismêmepasquec’étaitpossible.–Prêteàrecommencer?Jehochelatête.Jenesaispasquelnomdonneràcequejeressensquandilestàl’intérieurde

moi, alors je ne vais peut-être pas essayer. Est-ce qu’un mot existe pour ça, au moins ? Cetteconnexionentredeuxêtreshumains.Entreunefemmeetunhomme.

Unputaindeconnard.Jeleregarde,etilnemefaitpaspeur.Ilm’attire.Ilmetente,megrise.Ilmedonneenviedeledéclarermien,commesijepossédaisunepartdemoiquiavaitétéperdue.Medonneenviedeledompter.Delelaissermedompter.

Ildérouleunautrepréservatifsursonépaissequeueetsemetàgenoux,etjemesensvulnérableetàdécouvertmais jeneveuxpasmecacher. Je luimontreouvertementma faimen léchantet enembrassant son cou puissant alors qu’il agrippe ma taille et se pousse en moi. Un frémissementincontrôlableme parcourt quand il est entièrement enmoi, et jemords un tendon qui jaillit de sagorge,prèsdemabouche.

Le son étouffé qu’il produit me fait comprendre qu’il aime ça. Tu aimes bien quand je suiscoquine?Mesyeuxs’ouvrent,etilmeregardeavecundésirsauvage,affaméetpossessif,maisaussiétrangement respectueuxetdoux.Cette fois,nousbaisonsparesseusement,sans l’urgencedudébut,lesmouvements de nos corps sont synchronisés jusqu’à ce que je voie de petites étoiles quand unautreorgasmemonte.

–Vas-y,mords-moiautantquetuveux,petitchaton,dit-ildansmabouche,sesyeuxrivéssurlesmienstandisquejem’exécuteetlelèche,lesavoure.Tuveuxquecesoitmaqueuedanstabouche?

Sonmurmureenrouémeprovoquedansmonoreille,avecunsoufflechaud.–Est-cequetuveuxsucercettebite?Lamordre?Jeprendsuneinspiration,avecunevoracitéretrouvée.–Quandjelamordrai,jevaismordrefort.Avecmesbras autourde soncou,mesonglesgriffentunepartiede soncuir chevelu, etmes

hanchesvontetviennentplusrapidementpoursuivresonrythmequis’accélère.Sonrireestredevenusombre,sensuel,intimelorsqu’ilpassesonpoucemouillésurmeslèvres,tandisquelelitgrinceendessousdenous.

–Situcroisquej’aipeurd’unpetitpeudedent,ilfautquetuapprennesàmieuxmeconnaître,princesse.

Justeaprès, ilmordmalèvre inférieureet l’aspiredanssabouche,endonnantdescoupsplusfortspourmefairegémir.Jelemordsàmontour,etsesgrognementssontsisexyqu’ilsrendentlesexeencoreplusintense.Moncorpsmouilléetenlacés’agrippeàluiavidementcarjeveuxl’avoirenmoiaussilongtempsquepossible,maisleplaisiresttropextrêmepourmepermettredeteniraussilongtempsquejelevoudrais.Lesommiercouineendessousdenous,deplusenplusfort,commesescoups de reins. Je suis tout aussi bruyante. EtGreyson ? Il lâche aussi des sons de plaisir graves,masculins.

–Prépare-toi,princesse,jevaisjouirtrèsfort,dit-ildansunrâle.–Jouis,jelesupplie.Iln’imaginepascommej’attendsdelesentirselâcherenmoi,selâcheravecmoi.Ilattendde

mesentirmeresserrerautourdelui.Puis,aumomentoùceladébutepourmoi,illâchetout.Iljouitàpleinepuissance, soncorps se tendcommeunarcetquand je le sens tressaillir enmoi, sesmains

cramponnées àmeshanches, le plaisir explose enmoi, intégralement, aupoint que jenepeuxpasgarderlesyeuxouverts.

Oh.Mon.Dieu.Jeresteallongéeunmomentdansunsilenceessoufflé,etjeréalisequeGreysonmedétache.Ilcaressemespoignetsavecl’intérieurdesonpouce,puisselaissetombersurledosetfixeleplafond,sapoitrinemonteetdescend,sonpiercingautétonreflètelesfinsrayonsdesoleilquipassentàtraverslafenêtre.

Lesoleilselèvedéjà.Jenevoulaisvraimentpasqu’ilselèveparcequejeneveuxpasencorepartir.Ensilence, jevaisdans lasalledebains,etquand je reviensau lit, il regarde lavillepar lafenêtre, l’air satisfait et épuisé, sa chemise toute froissée, ses cheveux en désordre, sa bouchemagnifiquegonfléeàcausedemoi.Jedevraisyaller.Ouisûrement,jedevrais.Maisjelefixe,luietsabouche,etjemedemandecombiendefemmesceslèvresontembrassées.

Beaucoup,Mélanie.Ilm’avaitprévenue,maisjen’aipasenvied’êtredissuadée.J’ail’impressionquequelquepart,

aufond, ilsefoutdemoi.Pourquoim’aurait-ildonnécecollier,sinon?Pourquoimelancerait-il,encoreetencore,LEREGARD?Peuimporte,ilfautquej’yaille,alorsjemarchejusqu’augrandliten balayant le sol du regard à la recherche de ma robe, bien que l’idée de rentrer seule à monappartementmeretournel’estomac.JepourraisappelerPandora,maisilfaudraquejemeprépareàcequ’ellemesortelesversdunez,j’imagine.

–Est-cequetuasvumarobe?jeluichuchote.Savoixestrauqueetsesyeuxvoilésàcausedelafatigue;ilsoulèveledrappourmoi.–Ouais,jel’airangéepouréviterlapagaille.Viensdormirunpeu.Ohmerde, jen’avaisvraimentpasenviedepartir,mais jeneveuxpasnonplusqu’il sacheà

quelpointj’aienviededormiricicettenuit.Alorsjeresteplantéelà,nueetindécisependantuneseconde.–Jenesuispasobligéederester,dis-je.Mais ilacette façonde regarder lesgens,commes’ildonnaitunordre.C’est trèsétrange.Je

n’ai jamais rencontrépersonnequiavaitautantdepouvoirdansunseul regard. Jecèdeetmevoism’approchersansriendire.Seslèvresremontentquandillèveledrapplushautetjevoissoncorpsnusouslacouverture.

Bizarrement,jemesensgênéequandjemeglissedanslelitaveclui,jem’assoisd’abordsurlecôté pour tresser rapidementmes cheveux ; je n’arriverais jamais àm’endormir autrement, je nesupportepasdemeréveilleretdesentirdescheveuxsurmonvisage.

Jesensquesonregardcurieuxscrutemesmoindresgestes;lorsquejesoupireetm’allongesurlecôté,faceàunecheminéeenpierreàl’autreboutdelapièce,ilrigolederrièremoi.

–Tuasvraimentl’intentiondedormiraubout,là-bas?–Jeneveuxpasdéranger!jerisnerveusement.Jenerestepasengénéral.–Tuaimesbaiserett’enaller,pasdeproblème,princesse.Saufquejen’enaipasfiniavectoi.

Il tend le bras etme tire vers lui, et comme je ne proteste pas lors de lamanœuvre et qu’enréalitéj’aienviedemepelotonnerplusprèsdesachaleur,ilsouffledoucement.

–Tuesvraimentdrôle,toi,murmure-t-il,enprenantmatressedanssamainpourm’obligeràmeretourneretàêtrefaceàlui.Puisilcollematêtecontrelasienne,frontcontrefront.

–Peut-êtrequejevaisdormircettenuit,tusaisfatiguerunhomme.–Qu’est-cequetuveuxdire?jelèvelesyeuxversluietremarquesamâchoireserrée.Tune

dorspas?–Pasbien,maisjevaisessayersiçanetedérangepas,plaisante-t-il.–Alorsessayons,dis-je,unsourireauxlèvres.J’ai l’impression que nous ne bougeons pas pendant plusieurs minutes, lui avec les lèvres à

peineétiréesalorsquej’aiungrandsourire,regardanttouslesdeuxdanslesyeuxdel’autre.Jen’aiaucuneidéedecequ’ilpeutbienvoirdansmesyeuxquicaptiveautantsonattention,maisjenepeuxpasnonpluslâchersonregard.Ilestsiferméetmystérieux,maisenmêmetemps,jevoisunnaturelimpétueux,commes’ilattendaitdésespérémentquelquechosedemoi.

Pasquelquechose…toutdemoi.–Vienslà,grogne-t-il.Ilbougelepremier,passeunbrasautourdemoietmetirecontresonflanc.Jem’enroulecontre

soncorpsimposant,unpeutendueaudépart,douloureusementconscientedechaqueendroitoùnoscorps nus se touchent. Là oùmes seins appuient sur ses côtes,ma joue sur son torse, une demesjambescoincéeentrelessiennes.

Putain, c’est la situation la plus intime que je puisse connaître avec un homme et je suisincapable de me détendre, je ne peux pas m’oxygéner, je ne peux pas former une seule penséecohérente.

Sarespirationcommenceàralentiret…oh,wow.Ildort.Ils’estendormienmetenant,avecsonbrascaléautourdemesépaules,etjenecomprendspaspourquoicelamedonnedespapillonsdansleventre.

Ilyaunpeudesangsursachemise,sur lamanchedubrasqu’ilaenrouléautourdemoi.Jetouchelatacherouge,jemedemandesijel’aigriffé.Puisjelèvelatêteverscebeauvisageviriletjemeposedesquestions sur lui.Pour la première fois demavie, je veux être allongée auprèsd’unhomme et l’écouter respirer, lentement et profondément, comme il respire en ce moment. Je necomprendspaslesréactionsviscéralesqu’ilprovoquechezmoi.

Cethommesexyavecsasallesecrète.Maisquiaunesallesecrètedanscemonde?Lui,ilenaune.Etjesuistellementcurieuse,j’observelestraitsdesonvisageetjemedisquejepourraidormirquand je serai toute seule… Alors je touche son piercing et le regarde, étendu dans son grandappartementvide,endormiavecunbrasautourdemoi,etjemedemandecombiend’autressecretsilmecache.

***

Untéléphoneémetunbip,bip,bip.Jegémisetmeretourne,sentantquelquechosecontremoncorpsdesichaudetsidurquecen’estcertainementpasuncoussin.

–C’estquoi,cebruit?Desyeuxnoisetteendormiss’ouvrent,croisentlesmiens,etmespoumonsseserrentdelaplus

agréabledesmanières.J’aivraimentdormidans lesbrasdecemec?Cethommequim’aditqu’ilallaitêtremonpirecauchemar? Il s’assoitdans le litetmassesanuque,étiresesbraspuis il jurealorsquelebipcontinue,attrapelamachinedemalheur,sautedulitetmarche,culnujusqu’aubalconde son appartement. Je regarde ses fesses avec un petit chatouillis au fond du ventre. Quel joursommes-nousaujourd’hui?Samedi?Dimanche?

Brooke.Remy.Mariage.Jemesouviens.ToietGreyson.Jefonds.Jesorsdusommeiletmerendscomptequejesuisicidepuisplusdetrente-sixheures.

Toutelamatinéedesamedietmaintenant,est-cequ’onestdéjàdimanche?Jem’étire,moncorpsmefaitsouffrirdepartout.Jemerappellehier.Mangerparterreaveclui,

genrepique-nique.Paresserdanslelit.Letitiller.RegarderBlowavec lui.Putain.Jen’avais jamaispasséunweek-endaussigénial,mêmeenrêve.

Hiersoir,ilm’aparlédemesfantasmes.J’airi.–Ehbien…J’enaipeut-êtreunmais jene t’enparleraipas, j’ai chuchotémalicieusement en

levantlesyeuxverssonvisage.Etlestiens?–Lesfantasmes,c’estpourlesgensquinefontpascequ’ilsveulent.–Donctuastoutfait,alors?–Toutcequej’aieuenviedefaire.–Dontmoi?Ilari,unsondélicieux.–Donttoi.Etplusieursfois,maintenant.–Ycomprisunplanàtrois?j’aiinsisté.–Évidemment.–Vraiment?Lacuriositém’aréveillée,etj’aiposémonmentonsursontorse.C’étaitbien?Ilapassésonpoucelelongdemacolonnevertébraleenregardantmonsourire,lui-mêmeun

sourireauxlèvres.– Pour le mec, oui. Les filles n’ont pas l’air capables de comprendre que ce n’est pas une

compétition.–Tunefaisdesplansà troisqu’avecdeuxautresfilles? j’aidemandé.C’est trèssalauddeta

part.–Bébé,jenepartagepasmesnanasavecd’autreshommes,c’estpasmongenre.–Ça,jenepourraispastepartageravecuneautrefillenonplus.Jelafoutraisparterretoutde

suite.Jevoudraistesdeuxmainssurmoi,pasjusteune.Pfff!Ilarietjetéunpeusatêteenarrière,savoixétaitsourdeetrocailleuse,etsapommed’Adam

remuait.

–Tuessuffisantepourn’importequelmec,crois-moi.Unetellesensualitéémanaitdeluiquej’avaisuneenviefolledelelécher.Lafaçondontilme

baiseest tellement…Jenepeuxmêmepas l’expliquer. Jen’ai jamais ressentiuneconnexionaussiforte,uneconscienceaussiprimairedeluientantqu’homme,etdemoicomme…femme.

–Etlasodomie?Sonrireétaittellementobscuretsexy.–Biensûr,c’esttoujourssympa.Il m’a regardée, puis la compréhension a germé dans ses yeux, et ils se sont mis à briller,

presquetropfort,quandilaprismafessedanssamainchaudeauxlongsdoigts.–Viensparlà,Mélanie.Moncœurs’estprécipitéàcausedelaluxurequiépaississaitsavoix.J’adorelesexe.C’estla

seuleconnexionquej’aiejamaistrouvéaveclesexeopposé.Maisjamaiscommeça.Jamaisquelquechose de risqué, une chose pour laquelle il fallait que j’aie assez confiance en l’homme avec quij’étaispourqu’ilnemefassepasmal.

–Tuveuxtefairedoigterlesfesses,princesse?a-t-ilmurmurédansmonoreille,etlesangétaitchaudbouillant dansmes veines lorsqu’il a plongé sonpouce dans la fissure entre les courbes demonderrière.

Toutmoncorpss’esttenduquandils’estdirigéverscetendroit.–Grey!ai-jedit,avecdesjouesrougevifalorsquesonpoucemecaressait,commelecontact

d’uneplume.–C’estagréable,princesse?Ilme regardait avec des yeux liquides, commeduwhisky, ses cils avaient l’air lourds et j’ai

coincémalèvreentremesdentspourm’empêcherdefaireunsonhonteusementexubérant.J’étaissimouilléequej’aientendulesonhumidedesonpoucepassersurmeslèvresavantqu’ilremontesamaindansl’autresens,enexcitantchaquenerf,douxetlangoureux.

–J’aimeraisbienêtreprisecommeça,j’aiconfessé,enleregardantdroitdanslesyeux.Maisseulementavecquelqu’unenquij’aieconfiance.Quisesoucieraitdemoietdemasécurité.

–Viensici,m’a-t-ilditenm’étalantsurlui.Jenemeserviraiquedemondoigt.Tutremblesdéjàtellement.

–C’estvraiquej’aimebien,c’estexcitant,maisjenesaispas…Greyson…–Chut.Il a passé ses lèvres contre lesmiennespourme faire taire. Il était dur sousmoi. Il aimeme

toucher,me chuchoter des choses etm’embrasser, et jeme suis détendue doucement. Il amis sonpouce dans mon cul et quand j’ai gémi, il a penché ma tête en arrière et m’a encore embrasséedoucement.

–Détends-toi,laisse-moientrer.Ilm’aexcitéeenbougeantsonpoucetrèslentement,lefaisantentreretsortir,etj’aicommencé

àtremblerencoreplus, jebougeaissur luiet j’aisentiqueleboutdesaqueueétaitmouillécontre

monventre.Ilm’aretournéesurleventre.Sansriendire, ils’estpenchéetamorduunedemesfesses,en

tenantl’autredanssamainalorsquesonpouceglissaitencoredansmoncul.–Mets-toisurtesgenoux,Mélanie.Ilapassésamaindansmondosalorsquejefaisaiscequ’ilmedisait,larespirationsaccadée.–Greyson,c’esttrèsintense…–Laisse-toiemporter,princesse.Donne-moiça.Putain,laisse-moiteregardercraquercomme

ça.Ilfrottaitmondosavecsamainalorsquel’autrecontinuaitàmepénétrer.Lessensationsm’ont

submergée. J’ai gémi, fermé les yeux car son toucher enivrantme faisait des choses nouvelles etprofondes.Ilamordillémonautrefesseetm’abaiséeavecsonpoucetroisfoisdeplus,etquandilaglissésonmajeurdansmachatte,jemesuismiseàjouir,etjouir,etjouir.

Ilaappuyésabitecontremoipendantmonorgasme,pourquejelasenteproche,quimetentait,dure,palpitante,et savoixétait rauqueàcausede l’excitation,prèsdemanuque,découvertecar ilavaitpoussématressesurlecôté.

–Bonnefille,a-t-ilronronné,enpinçantmestétonsetencaressantl’extérieurdemonpetitculalorsquelescontractionssecalmaient.

–C’était…incroyable.Je me suis retournée, il s’est mis sur le dos et a replié ses bras derrière sa tête tandis que

j’essayaisdereprendremonsouffle.Maisc’étaittropdurderespirertantl’airétaitremplidudésir,delaluxure,decetteattiranceanimaleetchimiquequejen’avaisjamaisressentie.Jevoulaissaqueueenmoi,jevoulaistoutfaireaveclui,maisest-cequ’ilferaitattentionàmoi?

Soncorpsrespiraitlatension,sesmusclesenétaientpleins,sabiteànouveaudressée.– Tu as eu beaucoup d’amantes ? j’ai chuchoté, en le prenant dans ma main, étonnamment

jalouse.–Desamantes,pasvraiment.Desplanscul,oui.Ilaprismonvisagedansunemainetaserré

mesjouesentresesdoigts.Maisjen’aijamaisbaiséunepetitebouchecommelatienne.Allezouvre,princesse.

J’étaisànouveaumouilléelorsqu’ils’estmissursesgenoux,enmetirantparmatresse.Quandilm’a remplie, je l’ai regardé dans les yeux, et il n’a pas détourné le regard, il regardait chaquecaressedemalangue,chaquecentimètrequejeléchais,chaquesouffle.

–Putain,a-t-illâchédansunrâle.Jefaisaiscourirmalanguesurlui,etnosyeuxétaientconnectéscommedesaimants.–Tuaimesça,hein?a-t-ildit.Safaçondemeparlerm’excitait.S’ilm’avaittouchéeunefoisdeplus,j’auraiseuunorgasme.

J’auraispuglissermamainentremesjambespourmetoucher.Àlaplace, j’aiattrapésaqueue, jevoulaisqu’ilfantasmesurcettepipequandilpartirait…

Ilacommencéàjouiret,d’habitude,jemeretirequandleshommesensontlà,maisquandjel’aisentisecontracteretquej’allaisreculer,iladit:

–Monfoutreestàtoijusqu’àladernièregoutte,Mélanie.Il a serré ma tresse dans son poing, ses yeux étaient exigeants, dominants, et tout à coup je

voulaisluifaireplaisir,legoûter,etc’estcequej’aifait.Jefermebrièvementlesyeuxetexpiretouslessouvenirsd’hier.Quandjelesrouvre,ilestsur

le balcon, toujours au téléphone. Ses jambes,massives comme des troncs, sont écartées, longues,musclées,etfrottéesparlevent.Sesmolletssontpuissantsetbienproportionnés,sonteintdoré,soncul parfait,moulé aussi parfaitement que le triangle inversé etmusclé de ses larges épaules et seshanchesétroites.Etilestdehors,culnu,visiblepourquiconqueadesjumelles.Ilsetientjustelà.Unputaindedieudusexe.

Quand Greyson fait coulisser la porte vitrée, il est encore au téléphone, toujours aussi nuqu’avant,ilrentredanslachambreetraccroche.Jeremarquequ’ilaungrosbandagesurunbicepsetilesttachéderouge.Alorsqu’ilapproche,jesoulèvelesdrapsparcequej’aibesoindesachaleur,desaproximité,desonodeursurmapeau.

–Letravail?jedemande.–Onpeutledirecommeça,dit-ilenseglissantavecmoisouslescouvertures.Jeretiensmonsouffleparcequesonsexedurcimeditqu’ilaenviedemoiaussi.J’embrassesa

gorgeetenroulemesdoigtsautourde saqueue, j’adorequ’elle soit redevenuedure sivite.Demi-molle quand il était au téléphone, elle est à nouveau complètement gonflée. Oh putain, j’adorevraimentcemec.Cequ’ilmurmurequandonbaise…

J’aidespicotementspartoutsurlapeauenyrepensant.Ilmeregardeavecdesyeuxensommeillésetmesorteilssonttoutrecroquevillés.Quandilfait

cesouriresensuel,jemeurs.Sansprévenir,ilretireledrapdemoncorps.Lalumièredusoleilbrilleàtraverslafenêtre,etquandilpousseletissusurlecôtépourmeregarder,jemetortillesurlelit.

–Arrête,jeproteste,enessayantderemonterlesdraps,etjecouine,gênée.–Non,réplique-t-ilcalmement.Ilprendlesdrapsdanssonpoingetlesjetteànouveau,enmepoussantpourmemettresurle

dos.Jepensetoutdesuiteauxcicatricesdemonrein.–Jen’aipasl’habitudequ’onmevoiecommeça.–Habitue-toiàcequejetevoiecommeça,dit-ilavecdouceur.Bienque je sois écarlate, ilm’hypnotise tellement que je reste immobile sur le lit,mes seins

montent et descendent pendant qu’il me regarde. LE REGARD qu’il pose sur moi est comme untoucher vivant, physique. Il voyage dans chaque centimètre de mon corps, du dessus de ma têtejusqu’àmesorteils,commeunfrisson.Jen’auraisjamaispenséqu’unregardpouvaitavoirautantdepouvoir.

Ilmefaitoubliermescicatrices,toutesmesblessures.Onpourraitpenserque,commelagreffedereinaétéfaitequandj’étaisbébé,lacicatriceesttoutepetite.Maisnon.C’estungrandtraitsurladroitedemonventre,etelleagrandiaveclerestedemoncorps.Elleaunecouleurrosetrèsclairetlemaquillagefaitdesmerveilles,maislemaquillageestparti,maintenant.

EtGreysonlavoit.Ilpassesondoigtlelongdemacicatriceetposemamainsurlasienne.Cegestenefaitquemelefaireaimerencoreplus.Parcequ’ilaunemarque,luiaussi,maisiln’enapashonte.

Lorsqu’ilsepencheetappuieseslèvrescontremacicatrice,leslarmesmemontentauxyeux.–Qu’est-cequ’ils’estpassé,ici?murmure-t-il.Jenesaispaspourquoi ilm’émeutmais je ravale les larmesetglissemamainsurson torse,

jusqu’àsapropreblessure.–Qu’est-cequ’ils’estpassélà?jerétorque,d’unevoixremplied’émotion.–Honneurauxdames,dit-ildoucement,enreculantunpeuetenmeregardantavecdesyeuxqui

nesontplusendormis,maissombresetpatients.Jenesuispassûredevouloirqu’ilsachequ’undemesreinsn’estpaslemien.Quejesuisune

greffée.Que jedoisprendredespilulespourêtresûrequemoncorpsne rejetterapas l’organedemon donneur. Que dans quelques années, je devrai peut-être l’échanger contre un nouveau, s’ilcommenceàfaiblir.

Cenesontpasdeschosesquel’onditàunhommequandoncommenceseulementàsevoir,ouà baiser, peu importe ce qu’on fait en cemoment. Il y a cette émission qui s’appelleMillionaireMatchmaker, et je n’oublierai jamais comment la spécialiste, Patti, s’est acharnée sur une fille quiavaitbalancédesproblèmessérieuxàunpauvrecélibataire.Onnefaitpasça!Lesmecssefichentdeças’ilsnesontpasencorevraimentintéresséspartoi!

Ensilence, je touche lepiercingdeGreysonau lieuderépondre,eten l’entendantretenirsonsoufflequandjejoueavec,jesourisverssesyeuxbrusquementtrèssombresetaffamésetjedis:

–Jedevraismefaireunpiercingautéton.Ilrit,puisredevientsérieuxetsecouelatête.–Ouais,çan’arriverajamais.–Pourquoipas?Ilcaressemesfesses.–Pasmoyenqueçaarrive.Personnenetoucheàmesaffaires.Jeréalisequelegrosbandagesursonbrasdroitesttachédesang,etjemeredresse,inquiète.–Qu’est-cequis’estpassé?Jet’aigriffé?Ilesquisseunsourirepourlui-mêmeenresserrantlebandage.–Ilfautplusqu’unepetitegriffuredechatonpourmefairesaigner.–Laisse-moit’aider.Jemerapproche,prendslebandageetl’enrouleautourdesonbrasenfaisantattention.–Est-cequeçava?jedemande.

–Çava,dit-ill’airderien.Quandjefinisdeserrerlebandage,jedéposeunbaiserdessussansréfléchir,lesyeuxfermés,

traverséeparunélandetendresse.Ressentirunetelletendressepourunhomme,celam’esttellementétranger.D’habitude leshommes sont justes…desmecs, pourmoi.Mêmepashumains.Plutôt desennemis, qu’il fautmanipuler avec précaution. Utiliser, à l’occasion.Mais ce que je ressens pourcelui-làestlachoselaplusfortequej’airessentiedetoutemavie.Presquecommesijel’avaisconnuavant.Dansuneautrevie…Dansmesrêves…

Avant que je puisse relever la tête, son nez trouve mon oreille, me fait sourire contre sonbandageetm’agiterquandsonsoufflemechatouille.Ilfrôlemacolonnevertébraleavecsamainetlaposedanslebasdemondos.Cethommefaittournerlebasdemoncorpsàpleinrégime,maislehautdemoncorpstravailletoutautant,ilsuffitdevoirmoncœur,quin’apasbattunormalementdepuisplusdetrente-sixheures.Etest-cequ’ilmejetteencoreleregard?Jelèvelatête,etjefrissonnedesdoigtsauxorteils.Sonsourireestparesseux,endormi,etilmefaitfondre.

–C’estpasmal,dit-ild’unevoixgutturale.–Quoi?–L’infirmièreMélanie,chuchote-t-il.Quelquechoseenmoitremble,bonditetjegrommellecontrelaréactionstupideetinstantanée

demoncorps,puis jepenchema têteen tenant la siennepour l’embrasser. Il frôlemes lèvres,meprovoqueavecunsourire.

J’émets un grognement de protestation quand l’alarme de mon portable hurle de toutes sesforces,jemerappellequ’onestdimanche.

–Pfff,jedoisdéjeunerchezmesparents.Commeilnesemblepasvouloirlâchermataille,jepousseseslargespoignets.–Monsieur,jedoisyaller.–Jeproposequetuannules,dit-ilparesseusement.– Je ne peux pas. Je suis la seule qui vient déjeuner, et nous faisons toujours un brunch le

dimanche.Jecommenceàramassermessous-vêtementsetàcherchermarobe.– Tu peux venir si tu veux, je lance, et en remarquant son expression fermée, j’ajoute : Pas

d’obligation.Jeveuxdire,c’estjusteunpetitdéj.Mêmepas,unbrunch.–Nan,jepensepas.Ilestencoresomnolentdanslelitets’étireenregardantsontéléphone,d’abordunpremier,puis

ilensortundeuxième.–Est-cequejepeuxmeservirdetadouche,vitefait?jedemandenerveusement.–Sers-toidetoutcequetuveux.Une fois encore, je me sens timide… Je ne sais pas pourquoi il a cet effet sur moi.

Normalement, dans ces situations, je suis désinhibée et je peux faire ce que je veux d’un pauvregarçon,sijeveux.Maisdetouteévidence,jeneferaipascequejeveuxdecelui-là.Conscientedeses

yeuxsurmonculquandjemeretourne,jemarchejusqu’àlasalledebainsetouvrel’eauchaudeenentrantdanslacabinededouche.J’expiredoucementpendantquel’eaucoulesurmatête.

Greysondébarquedanslasalledebainsjustequandjesorsdeladouche,etalorsquej’enrouleuneservietteautourdemescheveuxetuneautreautourdemoncorps,ilfaitcoulerl’eauetsedoucheenuneminute,pasplus.

C’estunepremière,êtredanslasalledebainsavecunhomme.Brookem’aditquequandRemyafinisonentraînement,ilsprennentunedoucheensembleetbaisentcommedesfous.Jetrouvecelaincroyablementperturbant.Çameniquelecerveau.Etçamedonneenviedeniquer,aussi.

Enfait,jefinisparperdremoncerveauetparresterplantéelà,àlematerpendantqu’ils’essuieles cheveux, nu, ses épaules qui travaillent, ses abdos qui se contractent, le V qui plonge vers sasuperbebitequiestsigrosse,mêmeaurepos,que…

–Jeviensdet’endonner.Maisondiraitquemadameaencoreenvied’unpeuplus?Savoix fait sautermesyeuxvers lessiensetverscesourirequime tord lecœur,alorsqu’il

enlèveleplastiquequ’ilavaitmissursonbandagepourqu’ilrestesec.–Commesitun’essayaispasdemetenterexprès,jerépondsavecunsouriresuffisant,alorsque

jebaveenvoyantsonculmuscléavancerjusqu’auplacard.–Tuessûrquetuneveuxpasvenir?jedemande.–Ouais,jesuissûr.Ilrevientavecdesvêtementsentasséssursonbrasets’arrêtedevantmoiavecunsourire.–Jesuisassez«venu»pourunmoment.–Connard.Maisça,onlesavait,n’est-cepas?Jem’appuiesurlemeubleetcommenceàmettremonmaquillagedumatin.–Tun’étaispassérieuse.M’inviter?Dis-moi,princesse?demande-t-ilavecunairclairement

inquiet.Jefaisunegrimace.–Onnefaitquediscuteretprendreunpetitdéjeuner.C’estpascommesioncomplotaitpour

dirigerlemonde,iln’yariendetopsecretquetunepourraispasentendre.Cen’estpasunrendez-vous«rencontreaveclesparents».Maisoublie,tumeregardesbizarrement.

Jecommenceàmebrosserlescheveuxaveclesdoigtsquandilarrivederrièremoietmefaituncâlin,soutenantmonregarddanslemiroir.Ilprendmonvisagedanssamainetletourne,saboucheestprèsdemonoreille,etsavoixestaussiépaissequelasensationdesaqueuecontremonventre.

–Cesdernierstemps,toutcequejeveux,c’estt’emmenerdanslelitettebaiserdederrière,decôté,puisdeplusieursanglespar l’avant,pourquechaquemusclede toncorpsserappelledemoiquand tubougeras aujourd’hui.Chaque respiration te feramal, chaquepasque tu feras. Jeveux tenourrir, etétalermonprochain repassur toi. Jeveux léchermon repas,de ta têteà tespieds,et tenettoyer sous la douche, puis je veux te savonner et peloter chaque centimètre de ton petit corpssoyeuxpendantquejetedonneraimaqueueàmanger.Quandjetesortiraideladouche,jeveuxte

sécheravecuneserviette,massertesbeauxpetitsseins,teretourner,ettedonnercelongetdouxcoupdebitedansleculquetuattends.

Toutmon sang a désertémesorganes pour se concentrer cruellement sur ceuxdemon sexe.J’essaiedelepousseretdenepasmelaisserexciterparcequ’ilfait.

–Pasmaintenant,s’ilteplaît.–Tumeveuxici,Mélanie?Ilmordillemonoreilleetenvoieuncourantdedésirversmescuissesmouilléesenprenantmon

culdanssamaincommes’illuiappartenait,etm’effleurelàavecsonmajeur.Là.Encore.–Ici,bébé.Tumeveux,longetdur,plusgrosquejamais,justelà?Jeveuxêtrel’hommeavec

quitutelaissesaller.–Tuvasmemettreenretardpourlebrunch,etjevaism’énerver!jecrie,endonnantuneclaque

sursamain,puisjemeretournerapidementverslemiroirpourajouterduglosssurmeslèvres.– Tu vas t’énerver ? Son murmure rieur ricoche sur ma peau tandis qu’il me tient par les

hanchesetmeregardedanslesyeuxpar-dessusmatête.Tusais,j’aiunfaiblepourlesprincessesencolère.Çam’excite.

–VavivreenEurope,alors!Ilmassemesfessesdanssesmains.–Toiquitemetsencolère,quimemontrecettepetiteflamme,çam’excitebeaucoup,ajoute-t-il

avecsavoixenrouéedumatin.–Oh,tunem’aspasvueénervée,jeluiaffirme,enpivotantsurmestalons.Ilenfautbeaucoup

pour me mettre en colère, mais quand ça arrive, c’est un vrai spectacle. Très peu d’objetsenvironnantsysurvivent.

–Oh?–Leschaussuresou…leslampespeuventsemettreàvoler…s’écraser…etmourir.–C’estvrai?demande-t-ilavecunelueurmoqueusedanslesyeux.–Trèsvrai.Jenememetspasviteenébullitionmaisquandjebous,jebous!Jeme force àmeglisserdansmesvêtements ; il est toujoursnu, et avantmêmeque j’aiepu

zippermarobe,ilm’aplaquéecontreunmurvitré,messeinsécraséscontrelui.Mesnerfscrépitentquandseslèvresmefrôlent.Jeposemamainsursontorsepourlepousser,

mais mes doigts ne font que rester coincés là, à l’absorber, à s’étaler sur un pec ferme etdélicieusementmusclé.

–Jedoisyaller,jechuchote,enfrottantsonpiercingavecmonpouce.Delamalices’emparedesesyeuxlorsqu’ileffleuremaboucheaveclasienne.–Tusaisoùestlasortie.Illècheleborddemeslèvres.–Jedoisvraiment,vraimentyaller.J’enroulemesbrasautourdesanuqueavecl’intentiondel’embrasserrapidementmaisilaun

autrebaiserentête,pluslentetplusenivrant.Etilmetsonidéeenœuvre.

Samain s’enfonce dansmes cheveuxmouillés et s’installe sur mon cuir chevelu alors qu’ilpenchelatêtesurlecôtéetm’embrasse,profondément.Nosbouchesontungoûtdedentifriceetdechaleur,moncorpssecambrepourserapprocherdeluietilsemblenepasbouger,chaudetdur,ilnoussoutienttouslesdeuxetjefondssoussabouche.

–Greyson,jerâle.Ilpassesesdoigtsdansmescheveuxetmeprendunbaiserdepuisunautreangle.–Personneneteretient,Mélanie.Jetournelatêtepouravoirunmeilleuraccèsàsabouche,jefrottemalanguecontrelasienne,

mestétonscontresontorse.–MonDieu,tuesdangereux,Grey.–Tun’asmêmepasidée,princesse.Salangueestviolenteetsansscrupules.Unautrebaiser,longetprofond,legenredebaiserqui

nouslaisseentendrenotrerespiration,nosbruitslentsethumides.–Jecroisquetuasréellementl’intentiondem’attacheretdemefairechoisirdesmotsd’alerte,

jesouffleentredeuxaspirationslentesetaffaméesdesalangue.–Trouves-enunseul.Je laisse échapper un petit gémissement quand ses lèvres caressentma gorge pendant que je

réfléchisàmonmot.–Têtedenœud.Son rire répercute une vibration en plein entre mes jambes, où mon clitoris est

exceptionnellementsensiblecematinetsoudaintrès,trèsdouloureux.–Cettebouchedecochonnequimesuppliedelafairetaire,gronde-t-il.Maispourinfo,lemot

quejeveuxt’entendredirelaprochainefoisquejesuisentoi,c’estGreyson.C’estlemotquejeveuxentendrequandjeseraiderrièretoi…

–Onnevapas…Onnevapasfaireça.J’entendspresquelespalpitationsdemonventretransparaîtredansmavoixlorsquej’essaiede

m’échapper.Ilpassesamainsurlebasdemondosetmecoincecontrelui.–Onlefera,bientôt,mepromet-ildoucement.–Non.Jenetefaispasconfiance!Ilsaisitmonmenton,meregardedroitdanslesyeuxetparlevolontairementlentement,comme

sij’étaisdébile.–Tupeuxêtresûre…quejenelaisseraiaucunautretrouducul…profiterdetontrouducul,

douxetétroit;tupeuxmefaireconfiancelà-dessus.Jegrogne.–Taboucheestplussalequelamienne.Pourquoituenasaprèsmoi,déjà?–Pourlamêmeraisonquetusors,niquesunmecpouroubliertoncerveau,enressorsblesséeet

reparscherchercequetuveux.Ilyatroischosesquejen’affectionnepas.Laconfiance.Quel’onmedonnedesordres–j’enreçoisassezdemonpère.Etm’interdirecequejeveux.

–Etcequetuveux,c’estmoi?Jem’immobilisesous lecontactchauddeses lèvresbrusquementappuyéessurmagorge,qui

remontentjusqu’àmonoreille,oùilchuchoteunavertissement:–C’estuneuphémisme,maisoui,jeteveux.Ilfaitunpasenarrière.–Jeveuxcela,mêmesijen’aipasledroitdelevouloir,Mélanie.Maisnemeconfondspasavec

tonprincecharmant.Sesmotsmefrappent.Directsetvrais.Ilsmefrappentsifortqu’ilsm’assomment.–Sijet’avaisconfondu,tuviensdefairetomberl’illusion,dis-jeenlevantlesyeuxauciel.Au

revoir,Greyson.Jedétestelesilencequimesuitquandjesors.

15

LÀOÙJEVAIS

Greyson

–Avantmêmedet’enrendrecompte,tuirasàl’égliseledimanchepourchanterdansunefoutuechorale,ricaneDerek,quimeconduitjusqu’àlamaisondesparentsdeMélanie.

Pourquoi me conduit-il chez ses parents, me demanderez-vous ? Car il semble bien que jeprenneunbrunch,aujourd’hui.

–Fermetagueule,jemarmonne.Derekpouffeetsecouelatête,jeregardeparlafenêtre,morose.Aaaahhhhh,monDieu, jen’y

croispas,jemedisenpassantmesmainssurmonvisage,etjeregardemesvêtementspropres.J’aiprislerisqueden’emporteraucunearmeavecmoietjemesenspirequenu,con.Commeunlycéenquivacherchersacopine.

Ilexistecertaineschosesque l’onsaitêtrebonnesoumauvaises.Et jesaisquem’asseoirà latabledesparentsd’unefemmepourunbrunchn’estpasmaplace.Monsweatshirtmegratte.Jetiredessus,énervé,enmarchantversleurmaisondeville.Jesaisexactementoùestleurmaisonparcequej’aipiratétouslescomptesdeMélanie,lutouteslespages,lesarticles,lemoindreticketdecaisseoùsonnomapparaît.Jepourraisêtreunfléausurpattesquiapprochedelamaisonàdeuxétages,c’estdirecombienjemesenshorssujetquandjefrappeàlaporte.Ilyadesparterresdefleursàcôté.Celasent…lapelousefraîchementtondue.Jemesouviensavoiraidémamèreàtondrelapelouse,ilyaunedizained’années.Dansunemaisoncommecelle-là.Celafaittreizeansquejen’aipasfranchiuneportecommecelle-ci,dansunquartiercommeici.Cen’estplusmaputaindeplace.

Derekmefaitcoucoude lamaindans lavoiture. Je lui répondsparundoigtd’honneur,et jelance:

–Jeteramènerailesrestes.Ilmerendmondoigtd’honneur.–J’aiboufféunburritoàlastationessencemaistueslaquintessencedelabontécematin,boss.J’ignore son sarcasme car bien sûr je n’étais pas d’humeur radieuse sur le chemin – et puis

merde, jene lesuis jamais–,et jefrappeà laporteune troisièmefois.Jenesuispascertainde la

façondontvaréagirMélanieenmevoyant,mais jevais l’aiderunpeuetfairecommesi jesavaisdéjàqu’elleallaitêtreraviedemevoir.Unpointc’esttout.

Unebonneouvrelaporte.–Oui?Sonregardcourtsurmoicommesiellenepouvaitpass’enempêcher,puisj’entendsunevoix

quiressembleàcelledeMélanie:–Quiest-ce,Maria?–Merci,jevaistrouvermonchemin.J’entredans lamaisonetmedirigevers lebruit,et jedébarque tranquillementdans la salleà

manger.LepèredeMélanieselèvedesachaise,surprismaispasinquiet.Unpeudepoivreetseldanssa

chevelure fournie, et le genredevisagequi arboreun sourirepermanent.LamèredeMélanie, enrevanche,resteassiselesyeuxécarquillés;c’estunebellefemmeàl’expressionpâleetsensible,etsesyeuxontpresqueexactementlamêmeteintequeceuxdeMélanie.

–Mélanie?demandesonpère.Jeparcourssoncorpsduregard,etquandnosyeuxsecroisent,jelavoistirerdistraitementsur

unemèche de cheveux rebelle, cherchant nerveusement une explication. Quoi, maintenant ellemelaisseenplancommeunidiot?Desflotsd’électricitépassententrenous,etjesensmoncorpsréagir.

–M.etMmeMeyers,dis-jeauxgensassisàtable.Excusez-moiduretard.–Maman,Papa,voiciGreyson.IlestvenuavecmoiaumariagedeBrookeetRemy.C’est…Ellelèvelesyeuxversmoipourquejel’aide.Sesyeuxsontgrandsetbrillants,etbonDieu,elle

m’embrouillelecerveau.Desimagesd’elleclignotentdansmatête;lafemmejoueuse,lasirènedansmonlit,l’infirmièrequiarefaitmonbandageetm’aembrasséaprès,etjesenslefeudemonventresemélangeràmonâme.

Jedisdoucement:–Jesuissonnouveaucopain,etjesuisravidevousrencontrertouslesdeux.Jeserrelamaindesonpèreetnelâchepassonregard.Samèresejettesurmoietsedésintègre

presquedansmesbras.–C’estuntelplaisirdevousrencontrer!Sacrémentmalàl’aiseàcausedetoutecettechaleurhumaine, jemedélivreetmedirigevers

Mélanie. Mon corps est comme électrisé dès que je suis près d’elle. Au moins, le désir, je peuxcomprendre.

–Cen’estpasmoncopain,c’estjusteunami,rigoleMélanie,quijoueunrôlepoureux.Ellemeregardeavecunsourireamusé,puislance:–Changementdeprogramme?Jetirelachaiseàcôtédelasienne.–Ondiraitbien.Samèretapedanssesmainsd’unairravi.

–Oh,nousallonsavoirunnouveladversaireavecquijouerauxmimes!Putaindebordel.Jen’aijamaisvécuunrepasfamilialdetoutemavie,mêmequandmamère

étaitavecmoi.Jamaisavecmesdeuxparentsà table.Jenemangepasà table.Jenepassepasmontempsavecdesfamilles.Chezelles.

Jenesaispaspourquoijel’aisuivie.N’importequoi,jesaispourquoi.Elleestmacible,maisc’estellequim’atranspercé.Laculpabilité,uneémotionquejeconnaismal,tournoiedansuncoindematêtelorsquelesparentsdeMélaniesemettentàlistertoussestalentspourmoi.J’imaginequej’ail’aird’unmecbien.J’ail’airmieuxquebien.Ilspensentquesijeluiplais,jelamérite.Putain,çafaitmal.

–GreysonKing,huummm…J’essaiedetrouverdesKingquejeconnais…Sonpèresegrattelementon.–NoussommesdanslecomtédeKing,aprèstout.EtlachaînedetéléKING-5?–Non,jenesuispasducoin.– Greyson, je voudrais juste dire que notre petite sauterelle n’est pas seulement une

exceptionnelle décoratrice d’intérieur, elle sait aussi faire une crème glacéemaison parfaite, celavientdutempsoùLucasetmoiavionsunepetiteboutiquedeglaces.Ellesaitcuisiner,çaoui!

–Seulementquandonm’yoblige,répond-elleavecunsourire.Bordel, elle est adorable, vulnérable d’une certaine façon, et joueuse. Elle me donne chaud,

putain.Ellemerenddur.Possessif.Protecteur.C’estquoicebordel?–Alors,commentvousêtes-vousrencontrés?veutsavoirsamère.Mélaniesoupire.–Ilasauvémavoituredelapluie,unjour.Lesyeuxdesamèresontimmenses,toutàcoup.– Quand tu t’es retrouvée dehors sous la pluie ? demande-t-elle à Mélanie, comme si elles

avaientdéjàparlédelanuitoùnousnoussommesrencontrés.Mélanierougit;commentratercemomentoùsesjouesdeviennentrougevif?Lefeudansmon

ventreprendencoreplusd’ampleurquandjecomprendsqu’elleaparlédemoiàsamère.–Greyson,j’espèrequetunenoustrouvespastropenthousiastes,maisMeln’ajamaisramené

ungarçonàlamaisonenvingt-cinqans.Mêmeunami.–Vingt-quatre,corrigelaprincesse.–Dansunpeuplusd’unmoisçaferavingt-cinq,ditsamèreenlevantlesyeuxaucielavantde

mescruteràtraverssescils.NotreMelorganisetoujoursunefête,medit-elle,lesmainsjointessoussonmenton.Nousavonshâtedevoircequ’ellepréparepourcetteannée!

Pourlapremièrefois,jeremarquequemafêtardecherchesesmots.–Jenesaispassijevaislefairecetteannée,toutcoûtesicher.–N’importequoi.C’esttesvingt-cinqans!ditsonpère.LesilencedeMélanieestplombéparunepeinepalpable.Soudain,jemerendscomptequenous

laregardonstouslestroisalorsqu’ellefixesonassiette,lalèvrecoincéesoussesdents.Mesdoigts

sursautent, et un éclair d’inquiétudeme traverse quand je comprends qu’elle est triste, l’éclair dedouleurestsuiviparunéclairdedéterminationàlaconsoler.

Mon Dieu, elle illumine tant la pièce que, lorsqu’elle est triste, c’est comme si une lumières’éteignait.Jevisassezdansl’obscuritécommeça,ilfaudramepassersurlecorpspouréteindresalumière.

– Allez, passons aux mimes ! s’exclame son père en frappant dans ses mains avec unenthousiasmefeint.

Souslatable,jetouchediscrètementlacuissedeMélanieetlacaressed’unmouvementlentetapaisant,quelquechosequejen’aijamaisfaitàunefemmemaisqu’elleprovoquechezmoi,puisjeplanequandsesjouesrougissentetqu’elleretrouvesonsourire,satristesseoubliée.Jelejure,sonsourirefrappedirectementdansmatête,commeuncoupdefoudreàl’envers.

Jedevraisavoirl’impressiond’êtreunvoleur,jevolecemomentquinem’appartientpas.Maisc’estbeaucouptropfaciledefairecommes’ilmerevenaitdedroit.

–Sauterelle,qu’est-cequetuendis,fillescontregarçons?Hein,Greyson?Mélanieseretrouveàtournerenrondetellemetlatêteenavant,pinceleslèvres,sepencheet

picoredanslevide.Elleestsexy,drôleetrigolote,etcequ’elleestentraindefaireenvoiedeslitresdesangdirectementdansmabite.Apparemment,cejeusejoueavecdescartes.Nousdevonschoisirunecatégorie,lepèreasélectionnélesanimaux.Etellesecomportecommeunanimalbizarre.

–L’équipequigagne leplusdepointsendevinantgagne,meditsonpèreenmedonnantuneclaquesurlebras.Net’inquiètepas,notrepetitesauterellenetrouvejamaislabonneréponse…Unegrue!hurle-t-ilbrusquement.

–Oui!s’exclame-t-elle.–Tucommencesouj’yvaislepremier?medemandeensuitesonpère.–Jevousenprie,monsieur.Jen’aipasunefolleenviedemeridiculisertoutdesuite.Ilritetsortunecarte,jevoisquec’estunours.Ilouvregrandlesbrasetmarche.–Gorille!crieMélanie.Ilmefaitunpetitsourireetlèvelesbrasenl’air,plushaut.–Étalon!lancemadameMeyers.Ilm’adresseuncoupd’œiletlèvelessourcils,façondedireTuvois?Cesfemmessontnulles.Il

continueàjouerlacomédieetjememetsàrireenlesregardant,jusqu’àcequemontourarrive.Jejetteunœildehorspourêtresûrqu’onnem’observepas;siDerekvoitça,c’enestfinide

Zéro.PlusaucunrespectpourZéro.Jesorsunecarteettombesurunchien.Jememetsàgrogneretfaislapremièrechosequimevientàl’esprit,j’attrapeuncoussinetmordillelecoin.

–Loup!crielamère.Jelecoinceentremesdentsetlesecouededroiteàgauche.–Ohlala!ditsamère.Mélanieestmortederire,etjemesenstrèscon.Putain,jeveuxqu’elledevine,maismerde,je

nevaispaspignercommeunchien.Jelâchelecoussinetabandonne,etelleritensetenantleventre;

elleesttellementsexyquandellevientetprendlecoussin,puispassesesdoigtsdansmescheveux.Jevoisladynamiquefamilialetrèsclairement,maintenant.

–Magrand-mèredisait,medit-elleencaressantunedernière foismescheveux,queceuxquijouentensemblerestentensemble.

Elleaétéprotégéetoutesavie.Heureuse.Ellejouaitàdesjeuxinnocentsetamusants.Ellebrille.Ilsbrillenttous.Ilssontridiculesetimbécileset,detoutemavie,jen’aijamaisvouluêtreridiculeetimbécile.Jetue,jefaischanteretj’arnaquelesgensridiculesetimbéciles.

–Celuiquiferalemeilleurtourauraledernierbrownie!–Alors fiston,medit sonpère après cette annonce, s’il y aun tourque tu sais faire, c’est le

moment.Cesbrowniessontdéments,jeteledis.–Tucommences,Papa!lanceMélanie.M.Meyerscommenceàfaireunedanserusse,aveclespetitscrisinclus.Samèrefaitungorille

plutôtréaliste.Mélaniemeregarde,puisellemetsesmainsdevantsaboucheetcriecommeunâne.Enfin,ilsmeregardenttous.

Merde. Sérieusement ? C’est débile, putain. Mais… cette sa façon qu’elle a de me regarder,curieuse, heureuse. Cela me ramène vers elle. Et je regarde partout dans la salle à manger pourtrouvercequejepeuxfaire.Jevoisunvaseavecdesmarguerites,surlatable.Ellessontfuchsia,unevraiecouleurdeprincesse.

Jeprendsuncouteauàviandeetfaisquelquespasenarrière,lancelecouteauàtraverslapièce,entreeux.Etj’épinglelecœurd’unemargueriteaumuropposé.

Silence.–Bonsangdebonsoir!s’exclamesonpère.–C’estuntourimpressionnant!lancesamère.Mélaniem’apportelebrowniependantquejedécrochelafleur,etquandellemetendlegâteau,

jeluitendslamarguerite.– C’était un tour intéressant, me dit-elle, m’examinant tout en reniflant la fleur. Ils vous

apprennentçaàl’écoledesécurité?–Ilsvousapprennentlelangagedesânesenpremièreannéededécoration?Je veux la faire rougir, et cela fonctionne. Elle rit. L’effet que j’ai sur elle agit comme une

drogueetlà,ellememontedirectaucerveau.–Ça,c’étaitunsacrétour,j’entendslepèremurmureràlamère.Mais je suis absorbé parma princesse coquine qui se tient près demoi, haletante et excitée,

joueuse et chaude, pleine de promesses que je n’ai jamais connues. Je lui offre un peu de monbrownie, et elle enmord unmorceau. Je commence à caresser ses cheveux pour les pousser au-dessusdesonfrontetquandjelèvelesyeux,sesparentsnousregardentavecdessouriresjusqu’auxoreilles,commes’ilsétaientenchantésqueleursauterelleaitenfintrouvéun«ami».

Etjevois,icietmaintenant,toutcequel’Undergroundm’avolé.

16

DETTES

Mélanie

Nousavonsbaiséavantqu’ilquitte laville.Ensortantdechezmesparents, ilm’asuivieversmonappartement,dans l’ascenseur, jusqu’àmaporte.Jesuisrestée là, j’aicommencéà luidireaurevoir.Ilaplaquémabouchesurlasienne,m’asoulevéedanssesbras,etdirectionlachambre.

Il m’a jetée sur le lit et a arrachémes vêtements, puis les siens.Mon corps tremblait et marespiration était irrégulière quand il s’est laissé tomber sur moi. Il me tenait, une main sur monépauleetl’autresurmahanche,etm’abaiséefort.Jecriaisetjemetordais,mesonglesgriffaientsondos.

–Regarde-moi.J’aiessayé,engémissant. Ilaglissésamain le longdemondos,sousmescheveux,eta tenu

l’arrièredemoncrâne,pourremontermonvisage.–Disquetuadoresça,m’a-t-ilordonné.Disquetuadoresça,putain.–J’adoreça,j’aigeint.Sabouches’estécraséecontrelamienneetilm’adonnélebaiserd’unevie,lecoupd’unevie.

Quand il a décollé ses lèvres, il a ralenti le rythmeet a répété, d’unevoixplusgrave, «Regarde-moi»,enmeremplissantcomplètementdechairchaudeetpalpitante.Jel’airegardétandisqu’ilmefixaitaussi,avide,fort,ilrentraitetrentraitencoreenmoi.Ilneseretenaitpas.Chaquemouvementmedisaitqu’ilavaitbesoindecelaautantquemoi.

L’orgasmes’estemparédemoicommeunetempête.Àchaquetremblementquimetraversait,un second, plus profond, passait à travers lui jusqu’à ce que nous soyons tous deux essoufflés etanéantis.J’airesserrémescuissesetmesbrasautourdelui,pourtenirsoncorpsduretlourdcontremoi,pourlegarderunpeupluslongtempsenmoi.

Jenevoulaispaslelâcher.Monvisageétaitànouveaumouilléàcausedemonorgasme,maistoutàcoupjemesentaisprêteàpleurerunocéandelarmes.J’aipeurdecequejeressenspourlui,etdelaréalitédemasituation.J’aipeurdedevoirtoutcetargent,etdenepasavoird’acheteurpourmaMustang. Lorsque je n’aurai plus de temps, trois jours après mon anniversaire, une douzaine de

mafieuxencolèreviendrontfrapperàmaporteetpersonnenepourram’aider.Personnenepourralesarrêter.Pasmêmelui.

Jenesaispascequejevaisfaire.Jenesaispasquoifaire.Maispersonnenemefaitmesentiraussivulnérableémotionnellementetprotégéephysiquementqueluiquandilmetientdanssesbras.Lefaitqu’ilsoitvenupourlebrunch,alorsquejenem’yattendaispas,veutdireplusquetoutessesmisesengarde.Ilasoufflédansmoncouetnousatournésdansunepositionplusconfortable,enmegardantcontrelui,etj’aisentidesémotionsétrangesm’assaillir.

Neluiendemandepastrop,mesuis-jedit,maisj’avaisl’impressiond’êtreunimposteur.Jemesuisquandmêmeentenduemurmurer:

–Toutcequemesparentsontdit…Nelescroispas.Ilscroientjustequejesuisparfaite,maisjefaissemblant.

Jemesuisdécolléedeluietj’aiserrélesdrapsautourdemoi.Ils’estassisdanslelit.–Fairesemblant,çameconnaît.–Mavieacoûtétrèscheretc’estdurd’êtreàlahauteur.Toutdesuite, ila tendulebrasetaposésamainsurmonépaule,entraçantuncerclesurma

peauavecsonpouce.–Mavieacoûtécheraussi.Chaquejourdemavie.Ilarepousséunemèchedecheveuxquiétaitdevantmonvisage,etnosyeuxsesontaccrochés.–Tellementdejourspassésàessayerd’ytrouverunquelconquesenstordu.Sarévélationm’alaisséebouchebée,etj’aiattenduetattenduencored’ensavoirplus;j’aivu

qu’ilyenavaitplusdanssesyeuxmaisils’estlevéetaprissesvêtements.–Jesuiscontentquequelqu’unveuilledemoiici,Mélanie,a-t-ilditavecundesesnombreux

souriresdevainqueur.Lorsqu’ilacommencéàs’habiller, jemesuis tournéevers la fenêtreetaicroisé lesbrassur

monventre,tentantdecalmerladouleur.Rha…jedétestelefaitqu’ilparteànouveau.Jedétestequececipuisseêtredesadieux.Jevoulaisdemandersil’onsereverrait,maisavantquej’aieletempsdelefaire,ilm’aparlésurlepasdelaporte.

–Prendssoindetoi,princesse.Jemesuisforcéeàrépondre.–Aurevoir,Greyson.Commentest-ceque jepeuxensavoir sipeusurquelqu’unetpourtantavoirautantbesoinde

lui?Iln’apasappelémaiscelundimatinj’aireçuunautreappel,unepropositionpourmaMustang.

JedemandeàPandora,pendantquenousnousinstallonsaubureau:–Donc,qu’est-cequetuenpenses,tucroisquec’estunbonprix?Sa réponse est une question : pourquoi est-ce que je vends ma voiture ?Merde. J’essaie de

penseràn’importequoisaufà lavérité–qu’il fautque je lavendeetprobablement toutceque je

possèdeaussi,àpartcequej’aisurledos,etquemêmedanscecas-làjen’auraipeut-êtrepasassez.Ça,jenepeuxpasluidire.

–Ellen’estpaspratique.–Meuf,tuadorestoutcequin’estpaspratique.–Elleaétéinondée!Ellecouinedepartoutmaintenant.–C’estmignon,sachantquetucouinesaussi.–Rhaaa,tuesimpossible.–Mélanie…arrêted’acheterdesconneriesettun’auraspasbesoindevendretavoiture.Tuvois

cehaut?Jefaisuntrucqu’onappellelelaver,troisfoisparsemaine.Ilnem’enfautquedeuxcommeçaetc’estbon.Tuvoiscesbottes?C’estmamarquedefabrique.Jen’aipasbesoind’uneautrepairedechaussures.

–Cen’estpasunproblèmedeshopping,c’estunautretypedeproblème.–Quoi,genreuneaddiction?L’inquiétudeluifaitplisserlefront.–Jeveuxlavendre,c’esttout,jemarmonne.–Tuveuxlavendre,outudoislavendre?Sesyeuxnoirsperspicacesmescrutentensilence.–J’aiuneidée.Vendslecollierquetoncopaint’aoffert.–Pfff!Jenecroispas,non!Jebalaiecetteidéed’unreversdemainpuisjemefaisplussérieuse.– Je veux vendre ma voiture et je dois te demander ton avis. Est-ce que c’est une offre

intéressante,Pan?–Jesuisunefoutuedécoratrice,commetoi,jen’yconnaisrienenvoitures.Demandeàtonpère.

Etmerde,demandeàtoncopainchéri.–Tusaisquoi?C’estcequejevaisfaire!Jevaisluidemandertoutdesuite!Ilseraravid’avoir

demesnouvelles.Jesorsmontéléphone.–Ilestmêmevenuprendreunbrunch.–Wow,tul’astiréjusquecheztesparents.Sérieusement?ditPandora.Puiselleclaquelalangueensignededésapprobation.–Ohlaferme,sorcière!jecrie,encolère.Jeluidonneuncoupaveclecoussintapisséd’unclient,dontjevérifiaislaqualité.Jeneluidirai

plusrien.Jenevaismêmepasm’embêteràluiexpliquerlacomplexitédedeuxpersonnescélibatairesquifont…qu’est-cequ’onfait?

Oncoucheensemble,voilàcequ’onfait.Maisjeneveuxpasquecelanesoitquesexuel.Jenesais pas combien de secrets garde Greyson, mais il a une salle secrète, et il refuse de parler autéléphoneàcôtédemoi,deuxchoseslouches.Maisbon,j’aiunsecretmoiaussi,donccen’estpas

justede luienvouloirpourcela.J’adorerais le luidire, justeà lui,monsecret.Pourtant,enmêmetemps,jepriepourqu’ilsoitledernieràlesavoir.

Commentraconteràunmecavecquitusors,ouavecquitucouches,oupeuimporte,unmecdonttuveuxl’admirationetlerespect,quetuasdemandé–voiresupplié–àungroupedemafieuxd’avoirplusdetempsparcequetuleurdoisplusd’argentquetun’enasjamaiseu?Commentluidirequ’ilsontsoulevémajupeetm’ontditqu’ilsm’accorderaientunerallonge,de leurqueue,si jenepayaispasàtemps?

J’aienviedevomirquandjerepenseàcettesoiréedanslaruelle.Jenepourraijamaisparlerdeçaàvoixhaute,àpersonne.Jeregardenoséchangesdemessages.Ilestledernieràavoirécrit.Ilyadessiècles,quandilavisitémonappartement,quej’aidemandéquivenait,etqu’ilaréponduMoi.

Jemedisquejeneveuxpasrepasserpartoutescesdevinettes.S’ilmeveut,ilmeveut.Non?Mais ma règle d’or me turlupine. Les relations sont tellement plus égales de nos jours. J’inspiredoucementettape:TUSERASENVILLECEWEEK-END?

Etàmagrandesurprise,ilrépondimmédiatement:OUI.Moncœurcommenceàs’emballer.J’écris:QUELQUECHOSEDEPRÉVU?

«J’AIPRÉVUD’ADMIRERMAPRINCESSE.»

Aaaah.J’aimebeaucouptropcela.«ELLEVEUTTEPRÉPARERUNDÎNER.TUVIENDRAS?»«OUI.ETTOIAUSSI.»J’aiunsourirebéat.Quelmuflesexy.«20HEURESVENDREDI?»JesuislaplusheureusedumondequandjeledisàPandora.–IlvientàSeattleceweek-endjustepourmevoir,j’exagère.Elleal’airdes’ennuyer.–Youhoupourtoi.

***

Pendant la semaine, je me plonge dans le travail et m’occupe d’envoyer certaines de mesaffairesàuneboutiqueeBaypourpouvoirliquider,etvite.Monplacardal’airimmensemaintenantquejen’aiplusqu’unepairedebaskets,deballerines,desandales,unepairedeUggsetunepairedebottesencaoutchouc.Jemesuiségalementlimitéeàtroispantalons,deuxjeans,unassortimentréduitde hauts, et mes robes les plus simples. Ce dont il a été le plus dur de me séparer a été mesaccessoires. Mais j’ai gardé les plus colorés, pour être sûre de pouvoir continuer à porter troiscouleurstouslesjours,mêmesicelaneviendraquedemesaccessoires.

Vendredi après-midi, je vais faire des folies dans une épicerie fine parce que je ne vais pascuisinerunrepasbonmarchépourGreyson;jenepeuxpas.Alorsjerentreavecunsacremplideproduitsfraisetbonspourlasanté,enfileleseultablierquej’aigardé–unjauneàfroufrousdechezAnthropologie–etprépareundînermaisonpourluiparcequecelamesembleêtrequelquechosedesympaàfairepourluidire«bienvenueàlamaison».

Question menu, j’ai choisi salade de roquette et de poire avec fromage de chèvre et unevinaigrette légère, ma spécialité de pâtes au pesto, un pain fait maison, et une tarte aux pommessaupoudréedecannelleendessert.

J’aitoujourseumesmeilleuresréflexionsenfaisantlacuisine.Cettefois,alorsquejecoupeetpréparelanourriture,jesongequejecommenceenfinàreconnaîtremespropresbesoinsentantquefemme,desbesoinsquinepeuventêtresatisfaitsencouchantavecunedizainedemecsdifférents,desbesoins qu’il est impossible de satisfaire sans une réelle connexion, effrayante, puissante,inexplicable, avec quelqu’un. Quelqu’un que l’on n’attend pas. Le visage de Greyson me hante :sérieux,souriant,pensif.Jen’arrêtepasd’ypenseretdemerepassersesdifférentstypesdesourires.Lesuffisant,lesensuel,l’indulgent,l’endormi,leplatqu’ilfaitàPandora,etceluiquiestpresquelà,maispastoutàfait,commes’ilnesedonnaitpaslapermissiondes’yabandonner…

C’estceluiquejepréfère.Carilmedonnel’impressionquejesuisalléelecherchermêmesiluinelevoulaitpas.Commes’ilmecédaitquelquechosequ’iln’avaitpasl’intentiondemedonner.

–Ilyaquelquechosequisentbonparici,etjepariequec’esttoi.Monsangnefaitqu’untouretjereconnaislavoixdouceetchaudederrièremoi.Jenesaispas

comment,maisGreysonestentréetm’asurprise!Sansfaireunseulbruit.Etmaintenantilpassesongrandbrasautourdema tailleetme fait tourner,unmouvementquiplaceplusd’unmètrequatre-vingtsdebadboyàuncheveudemeslèvres.Messenssontsouslechocletempsquej’absorbesaproximité,etjeglissemesmainsdansuneexplorationrapideetgourmandedesesbrasépais.

–Hey,jesursaute.Je…Il m’embrasse pendant une minute entière. Une minute et demie. Nos lèvres bougent, se

mélangent,mesjambessontencotoncarsesbaiserssontmieuxquetoutcequej’aijamaisconnu.Etmaintenantjenepeuxpluspenserniparlerouàpeinetenirdeboutsurmesdeuxpieds.

Ilreculeunpeuetjemesensrougiràcausedesafaçontorridedemeregarder.–J’aimebien,ça,murmure-t-ilendésignantmontablier.Lalueurcombléedanssesyeuxmedonnel’impressiond’avoirgagnéTopChef,alorsqu’iln’a

mêmepasencoregoûtémesplats.–Tuvasaimerencoreplusquand tu saurasque j’aiprévude te fairemanger ledessertmoi-

même,jemurmure.Sonespritmalplacésembleprendreledessus,etilafficheinstantanémentunairaffamé.Jeriset

l’assoissurundesdeuxtabouretsauboutdel’îlotdecuisine.–Cen’estpascequetucrois,c’estdelavraienourriture!–Est-cequetuvasl’enleverpourmoi?dit-ilentirantsurlecordondemontablier.–Peut-être,situfinistoutetonassiettecommeungentilgarçon.Illanceunrireausonfortetriche,etsonsouriremedévasteets’emparedemoncerveau.–Tupréfèresquandjesuisméchant,mefait-ilremarquer.Je retiensunsourireencoin,sors leplatdepâtesavecungant,et jesaisqu’ilavuque jene

portaisqu’unerobecourtesousmontablier,peut-êtrea-t-ilmêmevuque jen’avaispasdeculotte.

Cetteidéefaitcourirunchatouillisdansmoncorps.Ilyaunsilenceet le tabouretgrincequand il sepencheenarrière, enlève seschaussures.Sa

voixrauqueauntonincertain,presqueamusé,lorsqu’ilmeparle,etilsegrattelamâchoireenmeregardanttournerdanslacuisine.

–Jemedemandetoutletempscequetuesentraindefaire.Ilfaitunepause,puissavoixestplusgraveetépaissequejamais.–Est-cequejetemanque?–Qu’est-cequec’estquecettequestion?Ilmelanceunsourireespiègle.–Unequestiondontjeveuxconnaîtrelaréponse.Jeluirendssonsourireennousservanttouslesdeux,etquandjeposelasaladeetlespâtes,il

serresamainnueautourdemonpoignet.–Jetemanque?Nosyeuxsecroisentetilattisedoucementlaflammeàl’intérieurdemoienpassantsonpouce

surl’intérieurdemonpoignet.–Alors?demande-t-ilcalmement.–Oui,jechuchote.Je laisseglissermamain libre le longdesamâchoireetai le réflexedemepenchervers lui

pourluifaireunbisousurlajoue.J’ajoute,prèsdesonoreille–Beaucoup.Ilmeregardecommeunprédateurtandisquejevaism’asseoirsurletabouret,del’autrecôtéde

l’îlot.Nousnoussourions,undecessouriresquisemblentécarternoslèvressimultanément;dèsquenous nous sommes rencontrés, cela a été comme ça. Je remarque qu’il a apporté du vin et je leregardeouvrir labouteille, fouillermesplacardspour trouverdesverres, et revenirme servirunverre,avantdes’enservirunautre.

Noustrinquons,sourions,etavantdeboire,ilmurmure:–Àtoi,princesse.–Non,àtoi,jerépliqueavantdeboireunegorgée.– Tu aimes bienme contredire, non ? dit-il, alors qu’il est encore en train de tourner et de

reniflersonverre.Je ris, et quand je commence à manger, j’ai l’impression d’être la chose la plus sexy de

l’univers.Commesi chacundemesmouvements avait pourbutde l’aguicher, de l’exciter et de legriser.Mêmemarespirationnelelaissepasindifférent.

Je le sens regardermes doigts,mes bras nus,mes épaules nues,mes lèvres. Jemange de lasalade et je le regarde déchirer unmorceau de pain et lemettre dans sa bouche.Nous buvons ensilence,nousnousregardons,savourantlacompagniedel’autre.Leregarddel’autre.L’énergiedel’autre.Jesuisunedécoratricequicroitaufengshui.Jecroisauyinetauyang.Jen’aijamaisressentiuntelyangpourmonyin.Jamais.

–Est-cequetuaimeslerepas?jeluidemande.–Jesuislepremierhommepourquitucuisines?Jeplisselesyeux,boisunpeudevinrougepourmedonnerducourage,maisriennecalmele

tournoiementnerveuxdansmonventre.–Honnêtement?Oui,tueslepremier.Alorsréfléchisbienàtaréponse,jelepréviens.–Chaquebouchéeestaussidélicieusequetoi.Jesouris.–Vraiment?Jesuispeusûredemoi,jeregardesonassietteetjevoisqu’iln’enapaslaisséunemiette.Ilse

pencheenarrière,etsonregarddescenddemesyeuxàmesépaules,puisdemesépaulesàmesseins.–Jesuisprêtpourledessert.–Uneseconde,monsieur,cen’estpasterminé.J’aiunvraidessert,quin’estpasmoi,tusais!J’enroulemespâtesunpeuplusviteautourdemafourchetteetlesfourredansmabouche,etje

lèchedupestoaucoindemeslèvres.Greysonmeregardeattentivement,ilestsimassif,sombreetsexydansmonappartement,jenesuispashabituéeàcespetitescrampesintérieuresdedésirdansmapoitrine.

–Comments’estpasséetasemaine?demande-t-il.Unevagued’émotionsmefrappequandjepenseàtouteslesnuitsquej’aipasséesallongéedans

monlit,pluseffrayéequejenevoulaisl’être,etplusseulequejenel’avaisjamaisétédetoutemavie.C’estpeut-êtreparceque,maintenant,jesaisavecquijeveuxêtre.Peut-êtrequec’estparcequejemesensvulnérableetquej’aipeur.

–Bien,enfait,jerépondsenmentant.Jevoulaistedemander.J’aieuuneoffrepourmavoiture.–Tuvendstavoiture?Jeluilanceunregarddésespéréetjeremarqueunairtristesursabouche.–Oui,jelavends.Jemelèvepourprendresescouvertsetluiannonceleprixquel’onm’aproposé.–Tupensesquec’estcorrect?Il ne dit rien le temps que je mette son assiette dans l’évier, mais il me suit des yeux puis

demande:–Pourquoiest-cequetudoislavendre?Jenepeuxm’empêcherderemarquerqu’ilal’airplusquecurieux.Ilal’airdéterminé.Alors

j’essaiedeparaîtreenjouée,etj’ajouteunpetithaussementd’épaulesàmonexplication.–J’aijusteprévud’acheterautrechose.Illèveundesessourcils,puisl’autre,puisilposeunequestionclairementintelligente.–Uneautrevoiture?Ilnemecroitpas.Jefouillemoncerveauàlarecherched’uneréponselapluséloignéepossible

delavérité,jusqu’àcequ’ilparle,ensoupirantcommesijelefatiguais:

–Ils te fontuneoffreminimum.Nevendspas tavoiture,princesse,paspourça,pouraucuneraison.

–Pourquoipas?–Parceque,grince-t-il,tuasbesoindetavoiture.–Paspourallerautravail,jecontestedoucement,etjepeuxprofiterdelavoituredemesamis

poursortirleweek-end.Commeilaencorel’aircontrarié,jedevienssuspicieuse.–Pourquoies-tuaussiprotecteuravecmavoiture,Greyson?Aprèsunsilenceplutôtintéressant,pendantlequelmoncœurfonddansmapoitrine,jeréponds

pourlui.–Parcequegrâceàcettevoiturepourrie,onapasséunenuitensemble.Ilhausseunedesesgrandesépaulesd’unairénervé.–Cettevoiture,c’esttoi.Ellenevaàpersonned’autre.J’aidesvertigesenpensantqu’ilsesentpeut-êtreprotecteurdel’endroitoùnousnoussommes

rencontrés,maisjesuisaussitristedenepaspouvoirluiexpliquerquepeuimportecombienjesuisattachéeàcettevoiture,jesuisplusattachéeàmavie.

–Monacheteuseadix-huitans,elles’amuseraautantavecquemoiquandjel’avais.Lorsqu’ilreprendlaparole,savoixauneforceincroyable,c’estpresqueunordre.–Personnenepeuts’amuserautantquetoi.Tueslajoieincarnée,Mélanie.Etlavie.Etc’estla

mêmechosepourcettejoliepetiteMustangbleue.Je lève la main pour étouffer mes gloussements, parce qu’il est terriblement mignon et

protecteur,etquandilfaitlagrimace,jeluidis:–Jetrouveçaadorable,Greyson.–Cemotetmoi,çafaitdeux,princesse.–C’estadorable.Tuesadorable.Ilselèvecommes’ilallaitmelefairepayer.Jecoursjusqu’àmachambreenriantetluidis,sur

lepasdelaporte:–Greyson, je sais que cela va briser ton cœur d’artichaut,mais je dois vraiment vendrema

voiture.Jevaisjustedemandermilledollarsdeplus.Qu’est-cequetuendis?MonDieu,mêmecettegrimacequetufaisestadorable.

Il jette sa tête en arrière et rit, un rire profond et puissant. Il ne peut pas saisir le caractèredésespéré de ma situation, je m’isole dans ma chambre un instant pour appeler l’intéressée etdemanderdemonterleprix.

Lafillemeditqu’ellevaenparleràsonpèreetqu’ellemetiendraaucourant.Quandjeressors,Greysonestdebout,lesbrascroisés,etmeregardeavecleregardqu’aunhommequandilnesaitpasquoifairedequelqu’un.

–J’aifaitunecontre-offre,j’explique.

Etunefoisencore lemot«adorable»me traverse l’espritalorsqu’ilpassesamaindanssescheveux,parfrustration.

–Ah,princesse.Vraiment.Jenepeuxmêmepas…Ilsecouelatête,visiblementfrustré.–Greyson, cen’estpas important ! jem’exclame.Mêmesi jen’aiplus lavoiture, tu resteras

toujoursmonhérosetlesien,tusais.J’ai vraiment besoin de l’apaiser – son énergie explosive est comme une tornade dans cette

pièce.Jem’approchedeluietglissemamaindanssescheveuxdécoiffésenessayantdelesaplatir;j’adoreleurdouceur,peut-êtrebienlaseulechosedoucesurcettetêtedure.Ilgrogne,meprendparlataille,etilmesurprendenbaissantlatêteetenplaçantsonnezentremesseinspourembrassermondécolletéavecunetendresseféroce.

–Situnecomptaispasm’écouter,chuchote-t-ild’unevoixétoufféeparmontablier,pourquoiest-cequetum’asdemandé?

–J’aimebienconnaîtretonavis.–Montre-moiquetuaimesçaenm’écoutant,Mélanie.–Jesuisdésolée,jemurmure,enfrottantsatêtepourluirendresonsourire.J’aimefaireplaisir

etjenesupportepasqu’ilnesoitpascontent.Paslui.–Jemeferaipardonner.– Huumm. Soudain, ses yeux brillent comme deux torches. Fais-toi pardonner en me disant

commenttuveuxpassertonvingt-cinquièmeanniversaire,suggère-t-il.Unmoment d’hésitation s’installe entre nous.Et si je lui disais que je veuxpasser la journée

aveclui?Nerienfaired’autrequemelefaire,toutelajournée?Quejeveuxqu’ilmeparledesavie,desafamille,quejeveuxsimplementêtreavecluicarcesdernierstemps,c’estcommeçaquejesuislaplusheureuse?

Jemedétachedesesbrasetl’obligeàs’asseoir,j’apportelatarteauxpommesàlacannellesurunplat, puis je saute sur l’îlot de cuisine juste en facede son tabouret. Jeme sers demesgenouxcommed’une table,posemespiedsnus sur ses cuisses etprendsunecuillèrepour luidonner sondessert.

–Qu’est-ce que tu as fait pour tes vingt-cinq ans ? je demande, en posant la cuillère dans sabouche.

Ilmangechaquecuilleréequejeluidonne,etlegesten’estpassexycommejel’imaginais…ill’estdixfoisplus.Àcausedesesyeux.Safaçondemeregarderlenourrir,commeunprédateurquiprendsonmalenpatienceavantlevrairepas.

–J’étaissûrementbourré.Dansunendroitpasexceptionnel.Tutefaisaussiunetressequandtucuisines?demande-t-ilbrusquementen tirantsurmonélastiquependantque je luidonneuneautrecuillerée.

Unechoseextrêmement intimeflamboieentrenous.Àchaqueseconde, ilouvreà lafoismoncœuretmonâme,etjenepeuxpasbloquerlemélanged’émotionsquim’assaille.L’impatience,la

tendresse,ledésir,lafaim,lebesoin,lapeur,lebonheur.–C’estpourquemescheveuxrestentsurmatêteetpasdansmonassiette,luidis-je.–Ah…Ses yeux pétillent quand j’amène une autre cuillerée de tarte jusqu’à sa bouche. Regarder sa

langueprendrelacuillèreettournerautourexcitetousmessens.Unesensationglissantetraversemesjambesquand jecontempleses lèvresse refermersur lacuillère, la façondont il lasavoureetmeregardeenmangeantsa tarte,avecdesyeuxbrillants,affamés,splendidescommeceuxd’unsalaudquisaitquejesuismouilléeetprêtepourlui.J’ail’impressionqu’ilmecuitdel’intérieur,commelefouracuitmatarte.Lorsqu’ilmangelederniermorceau,ilprendleboutdematresseetlepassesousmonmenton,caressemagorge,puis…mondécolleté.

Mon entrejambe est soudainement inondé de chaleur, mon sexe se contracte, impatient de lesentirànouveauenmoi.Pourquoiest-cequetoutcequ’ilfaitestaussisexy?Moncœurs’emballeetmoncerveaumecrie:Touche-le!Embrasse-le!Montesurluietsens-le,montre-luiquetuleveux!Fais-letevouloiraussi,justecommeça!Donne-luienviedeRESTER!

Maisjenebougepascarj’aiaussienvie, j’aiaussibesoinqu’ilfasselepremierpas.Alorsjedescendsetjemarmonne:

–Jevaisdébarrasser.Avec un grognement grave inattendu, il serre ses mains sur les miennes et guide ma main

jusqu’àsonérection,quibatentresesjambesplusfortquejenel’aijamaissentie,puisiltournelatêteetprendmabouchedansunbaiserrapideetenivrantaugoûtdecannelle,depommesetdelui.

–Princesse,çafaitdesheuresquejesuiscommeça.Desheures.Depuisquejesuismontédansl’avionpourvenirici…

– Si tu es comme ça depuis si longtemps, tu peux me laisser dix minutes de plus pour toutnettoyer,etjen’aurairiend’autreàfairedelasoiréequ’êtreàtoi,jemurmured’unevoixsensuelle.

Puisjerisjoyeusementquandilmedit,avecundésirpuretpuissantdanslesyeux:–Cinqminutes.–Cen’estpasunecourse, je rétorque,puis jememetsàbougerplus lentement,exprès,pour

l’aguicher.Il observe le moindre de mes mouvements, me fait l’amour avec ses yeux alors que je

commenceàdébarrasserlerestedelatable.Pourrire,jedonneuneclaquesurlamainqu’ilposesurmes fesses. Il rit doucement quand je retourne mettre les plats dans l’évier, et ce son m’affectetellementquejenepeuxpluscombattrelespulsationsdansmoncorps,quimesupplientdesentirsesdoigts, ses lèvres, ses dents, sa langue. Il bande depuis des heuresmais il ne sait pas que je suismouilléeetenmanquedepuistoutaussilongtemps.

Ilm’aideàporterlesautresplatsjusqu’àl’évieretcegeste,ainsiquesaproximitéécrasante,merendnerveuse.Pendantqu’ilfinitdedébarrasserlatable,jecommenceàfairelavaisselle,nosdoigtsse frôlent, nos corps se touchent à plusieurs endroits et chaque point de contact fait bouillirmonsystèmenerveux.

Pendantque je lave ladernière assiette, il se tientderrièremoi, son corps commeunmurdebrique,etlapaumedesamaincaressemesfessesquandilcommenceàembrassermanuqued’unemanièreincroyable.

–Cesoir,j’aieul’impressionderentrerchezmoiaprèsunelongueabsence,Mélanie,dit-il,etjedétectedelagratitudedanssavoix.

–Aucunefillenet’avaitjamaisfaitàmanger?Jesuisamuséeetmeretourneavecunairrieur,maismajoies’éteintlorsquejeleregardedans

lesyeux.Ilyaquelquechosedetrèssérieuxdanssonregard,etdetrès,trèstendre.Samâchoireal’airencorepluscarréeàcausedelapuissancedesafaimlorsqu’iltendlebraspourdéfairelenœuddemontablierderrièremanuque,pourle laisser tombersurmataille tandisqu’ildénouelenœuddansmondos.

–Personnen’acuisinépourmoidepuismestreizeans,dit-il,mecoupantlesouffleaveccequejevoistournoyerdanssesyeux.

Delafaim,maispasseulementphysique.Unefaimd’êtrenourri,pris,accepté.Jeconnaiscettefaim.J’ai faimde lamêmechose. Ilmeregardecommesi j’étais l’acceptationqu’ilavait toujoursvoulue,ilentrelacesesdoigtsdanslesmiensetmepoussejusqu’àlachambre.

Ilme fait reculer etmonpouls s’accélère, il laisse sonpouce caressermonvisage.Lorsqu’ilm’embrasse,sonbaiserestcommeduvelours,j’ail’impressiondepouvoirm’envoler.Soncorpsestappuyécontrelemien,meremplissantd’undésirardent.Jefermelesyeuxquandilplongesesdoigtsdansmatresseetladéfaitlentement.Jesecouemescheveuxetypasselamain,ilyenfouitsesdoigtsavec lesmienscommepourcomprendrecomment faire. Je ferme lesyeuxet le sensdémêlermescheveuxavecsesmains,maladroitementmaistendrement.

Est-cequecelavousestdéjàarrivédevouloirquequelqu’unvousregarde,maisqu’ilnevoieque les bons côtés ?C’est ce que je veux avec lui. Je ne veux pas qu’il voie que, parfois, c’est lebordelàl’intérieurdemoi.J’essaied’êtrelacopineparfaite.Etjesaisqueluiaussiessaied’êtrelecopainparfait.J’imaginequecen’estpasjuste.Jeveuxqu’ilnevoiequelesbonscôtés,maisjeveuxtoutvoirdelui.Mêmelesmauvaiscôtés.Nousnousembrassonspendantunmoment,etnousparlonsdesouvenirsdesonenfance,desononcleÉric,avecqui ilallait souventchasserdansunranchauTexas.Nousparlonsdemescoursdedansequand j’étaispetite,demahontequand je suis tombéependantlepremierrécital.Nousparlonscesoir.Jeveuxensavoirplus,surchaquepiècedupuzzlequileconstitue.

Ilnemâchepassesmots,meditcequ’ilaimechezmoietcombienilaenviedemoi.J’enveuxencore plus, mais nos baisers sont de plus en plus intenses, si intenses que je ne respire plusnormalement. Ilaenlevésachemiseetneportemaintenantplusquesonpantalon, tandisqu’ilm’aenlevémontablieretquejesuisdansmapetiterobelégère.

Je suce son piercing au téton.MonDieu, ce que j’aime ce piercing. Le grognement qui suit.J’adorecommesonautretétonpointeaussiquandjeletoucheduboutdesdoigts.

– Tu as une cicatrice et pourtant je n’imagine pas que tu aies pu être blessé, jemurmure enfrottantmesmainssurlesformesmuscléesdesontorse,enm’attardantsurlalonguemarquedesacicatriceenrelief.

J’accordebeaucoupd’importanceauxcicatrices.Àl’histoirequ’ellesracontent.Ausensqu’ellesportent.

–Macicatrice,dis-je,puisj’hésiteavantdechuchoter,Tusaisd’oùellevient?C’estparcequej’aieubesoind’unreinquandj’étaispetite.

Choquéeparmaproprerévélation,jemereculeetcroiselesbras,commepourmeprotéger.–Mélanie,vienslà,ordonne-t-il,avecuneétincelled’émotionindescriptibledanslesyeux.Jefaisunpasverslui,etilfaitglissermarobedemesépaules,surmataille,etparterre.Jesuis

ànu…Jefixemespieds,jemesensrougiralorsquejenem’yattendaispas.Jen’aipasdeculotteetjen’aipasrecouvertmacicatrice.

Greysonexpire,c’estunsonlongettranquille,alorsqu’ils’habitueàmanudité,puisilserrematailledansunemainetmetireplusprèsdelui,etsavoixestgraveettellementrauquequ’ellecasse.

–Toi,princesse,tun’esriendemoinsqueparfaite.–Est-cequetuterendscomptequejen’enaijamaisparléàpersonne?jemurmure.Iltouchelacicatricesurmahancheduboutdudoigt.–J’aivuquetuprenaisdespilulespourçatouslesmatins.–C’estpourquemoncorpsnelerejettepas.Maisladoseestminime,parcequec’étaitmavraie

jumelle.Moncorps…l’aacceptépresquecommesic’étaitlemien.Impulsivement, jemepencheetposemes lèvressur laplusgrossecoupureenbasdesacage

thoracique.–Maintenant,tumediscommenttut’esfaitça?– Il y a longtemps,mon frère…commence-t-il enmecaressant les cheveux.Mondemi-frère

s’estbattu.J’aidûlesortirdelàetj’aigagnéunsouvenir.Cen’estrien.Je remonte mes lèvres le long de sa cicatrice vers son cou, ces grands tendons que j’aime

beaucoupetlapommed’Adamquifaittremblersavoix.Ilremontematêteentirantmonmentonetme regarde, avec des yeux incandescents qui se promènent sur mes seins, mon ventre, ma chatteparfaitement épilée à la cire, et la manière dont il me regarde, comme s’il me photographiaitmentalement,envoieunedéchargeélectriqueétourdissantedansmoncorps.

–Jeveuxêtreentoi,meperdreentoi.Sonénergie est aussi chaudeet chaotiquequ’unoraged’été lorsqu’ilme soulèveetmeporte

jusqu’àmon lit. Il commence àm’embrasser dans le noir, prendma tête dans sesmains et ne senourritquedemabouchependantdelonguesminutestorrides.

Puis ilme touche.Chaquefoisqu’il tiresurmes tétons, j’ai lesoufflecoupé.Lapaumedesamainsurmonsexe.Jegémisàcausedelapressionetduroulementdesabouchesurlamienne,enplusdesonpoucequiseglissederrièremoietmetueàpetitfeuencaressantpetitcul.

–OhmonDieu,Grey,jem’écriequandsamainlibredescendsurmonventre,plusbas,deplusenplusbas,pendantquesalangueprendlamienne.

J’écartelescuissesdansunsoupir,ilmecaressepourm’ouvrir,meslèvressontmouilléessoussesdoigts,etsoudaintoutdisparaît.Madette.Mesrêves.Montravail.Malistedechosesàfaire.Touta disparu, sauf la bouche et lesmains deGreyson enmoi, la douce friction de sa barbe naissantecontremajoue.Sarespirationaussirapidequelamienne.

–Tonodeursentaussibonquecequejesensentoi.Son murmure guttural est chaud contre ma bouche. Son corps tremble d’une puissance

déchaînée.Mêmedanslenoir,jevoislabeautépure,crue,agressivesouslevernis.J’adorecommetouteslesbarrièrestombententrenousquandilmebaise.Commeilépluchemescouchesextérieuresjusqu’àmerendrevulnérableettremblante.Commeilestaussiperduquemoidanscequ’ilfait.

–Disquelquechosepourmeprouverquecen’estpasvraimententraind’arriver,jechuchote.–Jenecroispas,jen’aipasencoreenviedegâcherlasoirée.Le désir résonne dans sa voix rauque et ilme regarde avec des yeux brillants, sauvages, qui

m’engloutissent.–Baise-moifort.J’essaiedereprendremonsoufflealorsquesalanguehumidetournesurmapeau,etilplonge

sonmajeurentreleslèvresdemonsexe,metitille,mefaitmouiller.–Mouillée,serréeetprête,grogne-t-ilavecunplaisirnondissimulé,etunpetitriresombreet

profondlorsqu’ilpoussedeuxdoigtsenmoi.Lebesoindeluimonteets’enrouleautourdemesnerfs,s’emmêledanschacundemesmuscles.

Moncœurtambourinedansmapoitrinequandilsuceundemestétonsetquandsesdoigtspénètrentàlafoismachatteetmonderrière,jehurle.

Desmouvementschaudsdesuccionmetraversentetjebougemeshanchessursesmains,tandisquemesdoigtsagrippentsescheveuxcommemoncorpss’agrippeàsesdoigts,terrifiédelesperdre.

–Dis-moiquetuveuxquejetebaise,fort,longtempsetpartout,dit-il,sonvisagetordudansunmasquedeplaisir.

–Jeveux,j’aibesoinquetumebaisespartout,j’implore.Rienquetoi.S’ilteplaît.–Ici?Avecunvisagesauvagededésir, ilcaressel’extérieurdemonculavecsonpouceetglisse le

boutdesondoigtàl’intérieur.Jeravaleunautrecrideplaisir.–Greyson,jeveuxçaavectoi.Jemelècheleslèvresetmoncorpssecontracteinvolontairement,nousavonstellementchaud

qu’unvoiledetranspirationrecouvredéjànoscorps.–Tusaisàquelpointjeveuxçaavectoi.– Je vais nous pousser à bout, Mélanie. À bout, est-ce que tu es prête à venir avec moi ?

m’avertit-il,salanguefrottantcontremonoreille.

Machairfondquandilcommenceàdescendresabouche,àsucermesseinsjusqu’àcequejemecambreetprenneunegrandeinspiration,puisilcontinueàdescendre,suivantuncheminchaudsurmonnombriletversmonsexe.

–D’abord,jeveuxtesavourerjusqu’àcequetuenaiesdesconvulsions,princesse.Ilaspiremonclitorisdanssaboucheetjegémis,commedansundélire.–OhmonDieu.–Dieunepeutrienpourtoi,bébé,maismoisi.Ilsouffledel’airsurmonclitoris,delafaçonlaplussexyquisoit.–Jeveuxembrassercettechatteparfaite,lagoûter,lasucer.Il le prend délicatement entre ses dents, puis suce doucement. Du feu court dans mes veines

lorsqu’ilplaquesesmainssurmescuissesetouvreplusgrandleslèvresdemachattepourymettresalangue.

–Greyson… jem’écrie, alors que le plaisir explose dansmon corps, grandouvert pour sonbaiser,etjeserrelesdrapsdansmespoings.

Quelquepart,c’estcommes’ilmerécompensaitpouravoircuisinépourlui.Maisaussicommes’ilme réclamaitquelquechose.Commes’ilme réclamait,moi.Chaquepartiedemoi.Quandsonpouce entre encore à cet endroit, je ne réfléchis plus, je ne fais que grogner, couiner, gémir etsupplier,tandisquemeshanchesbougentdehautenbas.

–Est-cequetuesprêtepourça,Mélanie?Sespupillessontdilatées,maissesyeuxsontperçantsetattentifsquandilm’observe.Jeferme

lesyeuxetgrince:–Oui,s’ilteplaît!Ungrondementsortdesapoitrineetilsepenche.Salanguepasseànouveausurmonclitoris,

puisdansmonsexe,ellesondeetpousse.Toutes lesvannesdemessenss’ouvrent.Leboutdesonpoucepénètremonderrière,plusprofondément,etstimuledesnerfsdont jenesoupçonnaismêmepasl’existence.

Un choc résonne dans mon corps alors qu’il joue dans mon cul avec son pouce, tout enmaintenantmeshanchesavecsonautremainpourcontrôlermaposition,notreproximité;seslèvresdonnentduplaisiràmonsexemouilléetdouloureux,etchaque tendondansmoncorps le réclamecommejamais…

Lui.Lui.LUI.Illèvelatêteetseslèvressonthumides,couvertesdemoi,etilestlaplusbellechosequej’ai

vuedemavie.– Je veux te baiser sans rien,murmure-t-il enme regardant intensément dans les yeux et en

glissantdeuxlongsdoigtsdansmachatte,dontilsesertpourl’étirer.Pasdepréservatif.Justetoietmoi,Mélanie.

Lesentir enmoi?Chaircontrechair?Riend’autreentrenous?Magorgeme faitmalet jehochevivementlatête.

–J’aitoujoursétéprudente…Jevoisunéclairnoiretobsédantdanssesyeux.–Jenesuispasprudent,princesse,maisjesuiscleanetjeteveuxsansriendèsquej’auraiun

labo pour te le prouver. Est-ce qu’une autre sorte de contraception poserait problème avec tontraitementanti-rejet?

–Je…Non,Grey.–Tuessûre?L’inquiétudesincèrequejevoisdanssesyeuxnemedonnequeplusenviedelui.–Oui!Monmédecinm’adéjàditquejepouvaisprendreunepiluleminidoséesibesoin.Son expression se change en une détermination féroce, comme si faire cela était une sorte

d’engagementpournous.Jesensqu’ilabesoindemeprendre,demeprendresauvagementetcommeiln’ajamaisprisaucuneautrefille.

–Viens là,dit-ilenprenantmescheveux.Jeveux t’embrasserfort,mais tebaiserencoreplusfort.

Ilplaquesabouchesurlamienneetajoute,entremeslèvres:–Maiscommençonsparledébut.Jegeinsalorsquenoscorpssefrottentinstinctivementpendantcebaiser,jepassemamainsur

sonvisageetenfouismesdoigtsdanssescheveuxdouxetépais,etjem’entendsmurmurersonnomcontresamâchoire.Soncorpsfrémit,àcaused’unepuissancedéchaînée.

–Dis-leencore.–Greyson.–Maintenantmets-toisurtesgenouxettescoudes.Oh,merde…Onvavraimentlefaire.Moncorpsentierestprisdefrissons.Jenepourraisfaireconfianceàaucunautrehommepour

faire cela. Il n’y a aucun homme avec qui j’ai vraiment voulu le faire. Et je veux qu’il prennepossessiondechaquepartiedemoi,qu’ilbaisechaque trouavecsaqueue,sesdoigts,sa langue. Ilpasseencoresesdoigtssurmeslèvres,tested’abordmachatte,etramèneleliquideverslaraiedemesfesses.

–Plustuserasmouillée,plusceserafacilepourmoid’entrer.–Jesuistellementchaude.Grey,lafaçondonttum’asregardéequandjetedonnaisàmanger

étaitassezpourdespréliminaires.–Mélanie,regardecequetumefais.Ilfrotteleboutdesonérectionénormeentremesfessesetlesserrel’unecontrel’autrepourque

jesentelafriction.Jesenschaquebattementdanssalonguequeue,combienilestduretpalpitant.Ilsesertdesonglandhumidepourétalerleliquidedemachattesurmonculetm’exciter.Jetremblesurmescoudesetmesgenoux.Jetremble.

–Greyson…jegémis.

L’attentemetue,lesentirsiprès,etsiloinàlafois.Sonodeurmefaittournerlatête,maismesyeuxnepeuventpaslevoiretontfaimdelui.

–Chut, bébé, j’ai envie de çaplus que toi, dit-il d’unevoix suavederrièremoi enpassant samaindansmondos,caressantmacolonnevertébrale.J’aifantasmélà-dessus.Jerêvedefaireçaavectoi.Detefaireça.

J’entendslebruitd’unpréservatifqu’ondéroule,melècheleslèvres,etjefixelemurenfacedemoi.Maisjevoisflou,moncorpsestauborddesconvulsionstantilabesoindusien,etmachattevibre,jalouse.

–Çavamefairemal?Marespirationestrapideetsaccadéetandisqu’ilpressedoucementsonglandcontremonanus.–Peut-être…ricane-t-ilenpassantànouveauseslongsdoigtssurmacolonnevertébraleavant

deprendreunepoignéedemescheveuxdanssamainetdetirermatêteenarrièrepourmurmurerdansmonoreille.Oupeut-êtrepas.Avectoietmoi,iln’yapasdecertitudes.Pasderègles.Seulementcequ’onveut.Etjeveuxchaquecentimètredetoi.Jeveuxcequetun’asdonnéàpersonne.Cecoupestàmoi.

Ilglisseunemainpourpalpermesseins,etpinceleboutdemestétonssensibles.Leplaisirmebrûlecommedesflèches,etmachattecommemonanussecontracteenréaction.

–Vas-y,Grey,dis-jedansunsouffle.Saréponse,unmurmurecaverneux,estcommeunecaressepourmoi.–T’inquiète, jevaisyallerprincesse.Tunepeuxpasallumerunhommeen luidisantque tu

veuxunegrosse,grandebitedanstonjolipetitculétroitetnepasavoircequetudemandes.Détends-toimaintenant,jemetsdulubrifiant.

Jecouinequandilintroduitsondoigtenmoi,puis…quelquechosedeplusépais,tellementplusgrand,tellementplusdur.Délicieusementhuiléetquirentreenmoi.

– Pousse en arrière vers moi, bébé, voilà, putain ce que c’est bon, princesse, roucoule-t-il,doucement,enavançantcoupparcoup,frottantunemainsurmonventrepourdescendrejusqu’àmachatte.

–MonDieu,Grey,jehurle,etjemetournepourmordremonbras.Jegémispendantqu’ilm’étire tellementquec’enestpresquedouloureux,maisc’est tropbon

pourfairemalet j’aimetropça, lafaçondontil lefait, lentement,dontilcaressemonsexegonflépour me mouiller et me préparer. Il se penche et commence à frôler ma nuque avec ses dents,sauvage,commeunloup-garouquivoudraitmemordre.

Jenemesuisjamaissentiesipleine,siexcitée,etsivulnérableémotionnellement.Jehalètepoursortirlesmots…

–S’ilteplaît,Greyson.Bouge.Baise-moi.Ilprendmeshanchesetseretire,etilditunechosequiprovoqueunnouveléclairdechaleurà

traversmoi:–Commevousvoudrez.

Commevousvoudrez.Commedansmonfilmpréféré,et il lesait.Dans le film,cesmotssontlourdsdesensquandWestleylesmurmure.EtGreysonleschuchoteencemoment,quandjeluioffremon seul fantasme. Au moment où il entame un rythme lent et prudent, je suis défaiteémotionnellementetphysiquement.Deslarmescoulentsurmonvisage,deplaisir,debonheur,etdudéluged’émotionsdesquellesilmeremplit.

On frappe à la porte, et mon corps se tend et tremble, j’attends en me tenant parfaitementimmobile.Ilnes’arrêtepasetgardesonrythme,jesenssespulsationsquandilresteenmoi;ilentreetsortavecplusdefacilitéàchaquefois.Sesmainstremblentsurmeshanches,etjesensl’effortdenoscorps,notresoufflequiquittenospoumons.

–Hé,Romeo,tuvasrépondreautéléphone!?Jenesaispasquicriedehors,maisilcrieFORT.Greyson grogne doucementmais ne s’arrête pas, etmon pouls tambourine dansmes veines,

moncœurestsurlepointd’exploser.Ohputain,pasmaintenant.–Hé,ROMEO!Greysoncaressemachatte,ilrespirebruyammentdansmonoreilleetmurmure:–JenerépondspasàDerektantquetun’aspasjoui.Jenesorspasdetoitantquetunet’espas

tordue et contorsionnée dans un orgasme. Alors, qu’est-ce que tu dis quand je te dis de jouir,Mélanie?

Jegémisalorsquesavoixsexyserépanddansmoncorps,leplaisirestsitotalquejenepeuxpasrespirer,oupenser,jenepeuxquemesentirprise,labourée,pleineetsienne.

–Jenesaispas,jegeins.–Qu’est-cequetumedis,princesse?Ildonneunautrecoupderein,doux,etcaressemonclitorisavecdesmouvementscirculairesde

sesdeuxdoigts, et quand je tourne la têtepour lâchercommevousvoudrez, ilm’embrasse avec lalangue,lentementetchaudement,etjejouisplusfortquejamais,chaquepartiedemoiexplose,moncorps,mon esprit,mon âme,mon cœur, et je pleure doucement en le sentant jouir violemment àl’intérieurdemoi.Ilserreunbrasautourdematailleetmecollecontresoncorps,ilsoufflependantquenousavonsunorgasmeensemble.

Quandc’estfini,nousnebougeonspas.L’oreillerestmouilléetjesanglotesansbruit.Greysonpalpite encore enmoi, vivant, et jeneveuxpas leperdre.Toujours enmoi. Je sens sespulsationsdélicieuses.Ilestencoredur.Jegrognequandilseretireets’allongesurledos,iltendlamainversmonvisageetychercheunsignedegêne.

–Teslarmes.Bonnesoumauvaises?Bonnesoumauvaises,bébé?–Bonnes,jerépondsd’unevoixrauque,enessuyantmajoueaveclapaumedesamain.C’était

bonpourtoiaussi?–Wow,bonestunmotbientropfaible,dit-iltendrement.Puisilessuielerestedemeslarmesavecseslèvres,sesyeuxsontliquideslorsqu’ilembrasse

monnez,mabouche,dansunesortedegratitudemasculinepourcequejel’ailaissémefaire.Pour

cequ’onafait,touslesdeux.Jetrembleunpeuetilmurmure:–Restelà,princesse.Il se débarrasse du préservatif et va se laver, puis il revient, me tire contre lui, pousse mes

cheveuxderrièremesoreilles,etmoncorpsestenlacéparlesien.–Est-cequec’étaitaussibienquecequetuavaisimaginé?Mapoitrineestsirempliequejesuispersuadéequejevaisexploser.–Jamais,dansmesrêves lesplusfous, j’auraispuimaginerunmeccommetoiouleschoses

quejeressensavectoi.–Princesse,lestrucsquisepassententrenous,cen’estpasnormal.Seslèvressontpresséesl’unecontrel’autrependantuninstant,etsonregardestsombre.– Lamanière dont tu envahis parfois mes pensées neme va pas très bien,Mélanie. Dans le

milieuoùjetravaille,lesdistractionssontàéviter.–C’estcequejesuispourtoi?– Une distraction ? Putain, tu es une obsession.Même plus un fantasme. Tu auras ma peau,

princesse,etjem’enfousdésormais.Maisjeneveuxpasavoirtapeau.Des yeux brutaux et scintillants fixent les miens pendant que j’assimile ses mots. Quelqu’un

frappeencoreàlaporte.–Eh,PATRON!Code104.Jerépèteun-zéro-quatre!Samâchoire se serre car il semble comprendre ce que cela signifie, puis il se lève avec un

grognement mauvais. J’avale ma salive et m’allonge sur le dos, ma poitrine monte et descend,j’essaieencorederécupérer.

–Est-cequec’estDerek?Ilestbourré?Greysonprendsesvêtementset,cettefois,ilhurlesafrustrationenécrasantsonpoingcontrele

mursursonchemin.Ilsortdelasalledebains,enfilesonpantalonetunechemiseblanchepropre,maisilnes’embêtemêmepasàlafermerenallantouvrirlaporte.Ilclaquelaportederrièreluietjeresteallongéelà,jetrembleetjerespirefort.

Cequ’ona fait était…OhmonDieu. Je sautedu lit et vaisdans la salledebains,menettoie,passeunpeud’eausurmonvisage,puisjemeglissedansdesvieuxvêtementsconfortables.Untee-shirtquejesorsquandj’aipasséunemauvaisejournée.

Ondiraitquemonsixièmesensnes’estpastrompé.Greyrevientetdéposeunbaisersurmonfront qu’il tient entre ses mains, puis me regarde avec ses yeux noisette liquides, chaleureux etdésolés,puisilembrassemespaupières.

–Vatecoucher,jereviensleplusvitepossible.Derekseralàsituasbesoindequoiquecesoit.Ilteconduiraoùtuveux,jeluiaidemandédegarderunœilsurtoi.

Jecroisque jefaisunmouvementde la têtequineveutriendire,maisquandilpart, jehurledansmon oreiller à cause de notre soirée gâchée. Je n’ai pas faim,mais jemange quand je suisstressée,alorsjeprendsdescéréalesetjeregardelatélépouressayerdecalmermessensdéchaînés.Je réorganisemes tiroirs. Jem’arrêtemême pour tourner tous les verrous sur les fenêtres et les

portesquandlapeurhabituelles’installe.Quandjem’endorsdansmonlit, ilest tardet je l’attendsencore.

Maisaupetitmatin,Greysonm’appellepourmedirequ’ildoits’occuperdequelquechoseetqu’ilnereviendrapastoutdesuite.

***

Pandoras’amusebienaveccettehistoire,j’auraisdûsavoirqu’ilnefallaitpasmemorfondreautravail.

– Ilpartàcaused’uneurgencemystérieuse,medit-elle sur la routedubureau,noscafésà lamain.Ilt’offredesdiamants,genreladeuxièmefoisqu’iltevoit.Quiest-cequifaitça?Lesmecsquiontdesmaîtresses,c’esttout.Lesmecsquinepeuventpassepavaneravecleurcopineparcequeleurfemmefiniraitparsavoir.

–Wow,tuesaigrie,mafille.–Imaginequecesoitvrai!Tuviensdetefairesodomiserparcemec.–Jenechangeraiçapourrienaumonde,rien.Jeprendsunegorgéedecafémais il est si chaudqu’ilmebrûle les lèvres, et je souffledans

l’ouvertureducouvercle.–Écoute,iladûpartirmaisilvarevenir.Jesaisqu’ilvarevenir.–Quand?Tonanniversaire,c’estceweek-end.–Et?Ons’enfout,parceque…Mavoixfaiblit,etjechuchote:–C’estlebon.C’estlebon,quandjesuisaveclui,j’aienviedemepincerpourvérifierquece

n’estpasun rêve.Etpourtantdepuis ledébut,Pandora,pasune fois tun’asétécontentepourmoi.Pourquoi?Pourquoiest-cequetuesuneputainderabat-joie?

Pandora s’arrête en pleinmilieu du trottoir et me regarde la bouche grande ouverte. Ce quim’obligeàfairedemi-touretàmeplanterdevantellepourm’expliquer.

–Tuasparlédetouslesmauvaiscôtésquetuasputrouver,etplusencore,jeluirappelle.Tuveuxquejeteparleettuveuxm’encouragermaistusaisquoi?Toutcequetufais,c’estmedonnerenviedeneplusrientedireparcequetujuges,ettujugessévèrement,Pandora.Personnen’aimelacompagniedesgenscommetoi.

Elleclignedesyeux,faitunegrimaceetseremetàmarcherenregardantsespieds,etelleaunairdésolédanslavoix.

–Excuse-moidenepasêtreBrooke.–JeneveuxpasquetusoisBrooke,jeveuxquetusoiscontentepourmoi, jeclarifie.Ou,au

moins,moitiémoinsméchante!–N’importequoi,tuveuxquejesoisBrooke,ettusaisquoi?Elles’arrêteetprendmonbras

pourquejem’arrêteaussi,etmeregardeavecdesyeuxquibrillentdedétermination.Jesuisdésolée

denepaspouvoirêtrecommetameilleureamiepourlaviemaiselleestpartie,Mel.Alorsenvoie-luiautantdetextosquetuveuxetattendsdeuxheuresqu’elleterépondeparcequ’elleesttropoccupéeavec un vrai homme, un vrai bébé et une vraie vie ! Je suis la seule vraie amie que tu aies en cemomentetj’essaiedefaireattentionàtoi.

– C’est gentil de t’inquiéter pour moi, mais ce que tu dis me blesse et tu ne t’en rends pascompte.Çaplombemonoptimisme.Çafoutenl’airtouslesespoirsquej’aipournous,pourluietmoi.Tusaisquejemesenstrèsmalquandilpart?Tulesais?J’aicetteparanoïabizarreetjemedisquejenevaisplusjamaislerevoiretquandj’arriveaubureau,jemesensencoreplusmalàcausedetoi.Commesijenevalaispaslecoupqu’ilrevienne.

J’attendsqu’elleréponde,maiselleneditrien,alorsjecontinue.–Jecomprendsquetuessaiesdemeprotéger,maisc’esttroptard,Pan.Jesuisdéjàentrainde

tomberamou…–Putain,nedispasça!Netombepas!Jeplongemesdoigtsdansmescheveux,etjemanquedemelesarracher.–Merde,s’ilteplaît,pourtonproprebien,dis-moilenomdumecquit’arenduecommeça!je

lasupplie.Ellehésiteetjetteunregardnoirautrottoir.–Cherche dans leLivre des records, dans la catégorie « Plus gros CONNARD dumonde »,

marmonne-t-elle.–Donne-moijustesonnompourqu’onluifasseunepoupéevaudououuntruccommeça!je

m’exclame.Ellegrogneetsetientleventre.–Jenepeuxpas.Jenepeuxpasdiresonnom.–Maispourquoi?–Parcequ’ilestpartout,putain,etçamerendfolle.Folle!Jeneleprononceraipas.Jamais.–Pan,dis-jedoucement,maisellesecouelatête.–Écoute,jesuisdésoléedegâchertesfantasmes,maisj’essaied’êtreréalisteettufoncesàtoute

vitesse,Mélanie.Tulerencontres,ilt’offredesbijoux.Ilteditquesonchauffeurestlàsituasbesoinde quoi que ce soit, et le mec te suit – elle pointe du doigt l’endroit où est Derek, qui tourneclairement autour du pâté demaisons.Vous faites une partie de jambes en l’airmerveilleusementcoquineetildisparaît.Ettuneteposespasdequestions?Tuattendssagementqu’ilt’appelle?OùestpasséelaMélaniequejeconnais?LaMélaniequejeconnaisnetientpasenplaceetellenelaisseraitpasunmecqu’elleconnaîtàpeineluidonnerdesordres.Tonanniversaireestdansdeuxjours.Pourlapremièrefoisdetavie,tun’asriendeprévu.Ilfautquetufêtesça.Point.

–Cette année j’économise, d’accord ?L’année prochaine je ferai sauter le toit de lamaison,maispascetteannée,alorslaisse-moitranquille.

Nousmontons toutes lesdeuxdans l’ascenseurdansunsilencemoroseetnousdirigeonsversnosbureaux,etc’estlàquePandoram’informedesonhabituellevoixmonotone:

–Regardetesmessages.Tameilleureamien’estpascontentequ’iln’yaitpasdefête.Onnousaenvoyédesbillets.

–Quoi?Jenecomprendspas,jesorsmontéléphoneetvoislemessagedeBrooke.«MEL!!!VIENSÀDENVER!C’ESTTESVINGT-CINQANS,JEVEUXTEVOIR,ETPETES’ESTDÉJÀCHARGÉ

DEPRENDREDESBILLETSPOURTOIETP.»Jesursaute,clignetroisfoisdesyeuxettournemonfauteuilpourregarderPandora.Elleaun

rictus,sonexpressionlaplusproched’unsourire.–Brookenousaprisdesbillets!DESBILLETSD’AVION!OnvavoirBrooke!jecrie.–Yep,ditPandora,enhochantethochantlatête.Lesourireauxlèvres,jerépondsàBrooke:«PUUUUTAINDEMEEERDE!MERCI!TUMEMANQUESTELLEMENT!»

Brooke:MABFF 1MEMANQUEETPANDORAM’ADITQUETUAVAISDESPROBLÈMESDECŒUR.

Moi:SIONVEUT.JESUIS JUSTEEXTRÊMEMENTPERDUEETEXTRÊMEMENTACCROÀLUIET J’AIPEUR

QU’ILNELESOITPAS.J’AIBESOINDEMABFF!J’AIHÂTEDETEVOIR.JerangemonportableetsourisàPandora.–Ouais,jesaisquetum’adores,marmonne-t-elle.–Oui,c’estvrai,jeréponds.ToietBrooke,jevousaimetellement.Onvavoiruncombat?–Évidemment,neuneu!Quiapayénosbillets,àtonavis?Celame fait sourire, je retourne àmon ordinateur et joue distraitement avecmon collier de

diamants,etlasensationdesdiamantsdeGreysonsousmesdoigtstordbrusquementmoncœurd’unedouleurnouvelle.Unespoirfrais,sauvages’accrocheàl’intérieurdemoietsesmotsmereviennentpourm’exciteretmetorturer.

Mélanie,quandtuattendrasquejet’appelle,regardecespierresetsoissûrequeletéléphonevasonner.

1..NdÉ:B.F.F.:BestFriendForever,soitmeilleureamie,pourlavie.

17

PLUS

Greyson

Bouillant de l’intérieur, je regarde derrièremon épaule et voismondemi-frère,Wyatt. Je nedevraismêmepasêtrelà.J’aimieuxàfairequejoueraubaby-sitteretàl’idéequej’aidûfaireletourdelavilleavecC.C.pendantvingt-quatreheures,àcherchermonfrère«perdu»aulieudepasserleweek-endàSeattle,j’aienviedefrapperquelqu’un.

J’écraselapédaledefreins,garele4x4,meretourne,etenvoiemonpoingdanslatêtedeWyatt.–Aïe!s’écrie-t-il.Puis je sors, je fais le tour de la voiture pour le sortir et le pousser vers le vieil entrepôt

transforméenbaroùlescombatsdel’Undergroundaurontlieucesoir.–Tunepeuxpastraîneravecnosboxeurs,surtoutpasavecleScorpion,c’estunsalaudtordu,je

peste,pendantqueC.C.descenddusiègepassageretnoussuit.Iln’yapasd’amitiéentreeuxetnous,quedubusiness.Tum’ascompris,Wyatt?

–J’aicomprisquetuesunfoututrouducul,Grey,dit-ilenessuyantlesangquicouledesonnez.

–Jenesuispaslàpourgéreruneécolematernelle.Soittucomprendscommentçamarche,soittudébarrassesleplancher.C.C.nepaierapluspourtoi,etmoinonplus.J’aidestrucsàfaire.

–Ouais,pourquoionneparleraitpasunpeudeça,parcequetuespluslunatiquequ’unenanaquiasesrègles!dit-ilavecunsourireencoin.Alors,commentelles’appelle,hein?

Jel’attrapeparsachemiseet lesoulèvepourquenosyeuxsoientàlamêmehauteur, jeperdspatience.

–Tunepeuxpast’attaqueraufilsduchefdelapoliceàcaused’unputaincombatdecoqs!Ilétaitbourré,tuétaisbourré,etleScorpionétaitcomplètementperché.Onadeplusgrosproblèmesencemoment,Wyatt,ettunousastousmissouslesprojecteurs.

Jelelâcheetpousselaporte,Wyattfonceàl’intérieur.–C’étaitmêmepasmescoqs,j’aidaisjusteàaccrocherlesgriffesàlames.–C’estjustedégueulasse,Wyatt,ditC.C.quandnousentrons.–Toutlemondesefoutdecequetupenses,C.C.,lanceWyatt.

Jeregardemondemi-frère.Amoché.Imprudent.Négligent.SiC.C.n’avaitpaspayésacautionpourluiéviterlaprison,Wyattseraitdéjàmortouautrou.

–J’enaitellementmarrequetuessaiesdeluimontrercequetuvaux,jeluidisenlepoussant,énervé.Maintenantrentreetvabosseravantquenotrepèreapprennecequ’ils’estpassé.

–Tunevaspasluidire?Jeserrelamâchoireetsecouelatêtedansunsilencefurieux.Dieusaitquejedevrais.Jedevrais

luidire.Maisvoirlegenredepunitionquemonpèreluiinfligeraitnemeferaitaucunbien.–N’enparlepasnonplusàBigÉ,ceconmedéteste.Putain,jenesaismêmepaspourquoi,c’est

toiquiluiasarrachésonœil.Nousleregardonspartird’unpasrapide,etC.C.meregarde.–Désoléd’avoirappelé.Jemesuisditquel’ultimatumdevaitvenirdetoioud’Éric.Maisilest

bienassezoccupécommeçaavectonpère.Jevais déposer le fric demesdeuxdernières cibles dans le coffre-fort et remplis le livrede

comptes;jesuisprêtàsortirdelàpourallertravaillersurmesdernièrescibles.J’aibesoinqueleboulotsoitfait,etj’aibesoindeleterminerleplusvitepossible.

Autourdulongcouloiroùnoussommesinstallés,legrincementdeséchafaudagessemélangeaubruitdeshommesquis’activentpouraménagerl’espace.Lasaisondecombatdel’Undergroundacommencé.Deuxoutroiscombatsparsemaine,unlieudifférentàchaquefois.AvantmonvolpourPortland,oùvitl’unedemesdernièrescibles,jevaisvoirl’équipe.

Wyattsurveillelescaméraspendantqu’unedemi-douzained’hommesinstallentlering.Surlesécrans, je vois queLéon aide àmonter les gradins. Je vois aussi queZedd est près de l’entrée, ils’assurequelesportesdesortiefonctionnentbien.Harleymangedelapizza.J’entendsThomasdanslecouloir,aveclesvoixfémininesdequelquesgroupies,j’imagine.

Dans l’une des plus grandes pièces, mon père est assis en silence, entouré de son matérielmédical.Jem’arrêteenpassantàcôté.Uneinfirmièreluidonneàmangeretilal’aird’avoirmaigri.Jesuisprisd’unsoupçonderemordsenmedemandantsicethomme,quej’aivutorturerettuermaisaussimeprotéger,estvraimententraindemourir.JesuisdeboutprèsdelaporteetÉricselève.Auxcôtésdemonpèredepuisdesjours,ilal’aircrevé.

–Jenem’attendaispasàtevoirici.–Commentva-t-il?Pourquoijedemande?Pourquoiçam’intéresse?–Ilestfaiblemaisils’accroche.Ilveutvraimenttevoiryarriver,ditÉric.Jesenslesmusclesdemamâchoiresecontracteraprèscettephrase,parcequejeneveuxpasde

l’Underground,jeveuxsavoiroùestmamère.Maisjem’avanceet,surprisparlapitiédansmavoix,unepitiéqu’ilnem’acertainementpastransmise,jedis:

– J’ai presque fini, Père. Plus que quatre et tu auras tous tes noms et tout ce qu’on te doit.J’attendssurtoutd’avoirdesnouvellesdemamère.

Ilesquisseunfaiblesourire.

–Cet endroit était pour toi.Nous vivions commedes gitans,mais c’était chez toi.Mon rêve,c’estquetumemontres…quetuesunhomme,assezpourquecelat’appartienne.Delabonneoudelamauvaisefaçon.Tum’asmontréquetuétaismonfils…maistuesaussilefilsdetamère,n’est-cepas?C’estpourçaquecelanefonctionnerapasavecWyatt.Seulementavectoi.

Unefoisencore,jevoisdurespectdanssesyeux,etjegrincedesdents.–Delabonneoudelamauvaisefaçon,touslesnomsdetalisteserontrayés,jepromets.

***

Des combats de coqs, avec un des boxeurs les plus crades, à la pire réputation, qui a pousséWyattàsebattreaveclefilsduchefdelapolice…Jen’aimepascetaspectdelapersonnalitédemondemi-frère.

Monfrèremelance toujoursdesregardsfurieux.Jemedisquel’onnes’est jamaisentendus.Quandjesuisarrivé,ilétaitplusjeuneetétaitlejouetdemonpère,jusqu’àcequemonpèredécideque c’était plus drôle de jouer avecmoi.Si je l’avais laisséme casser, ilm’aurait peut-être laissétranquille,maiscommejenel’aipasfait,celal’obsédaitdeplusenplus.Wyattnesaitpaslachancequ’ilaeue,ilnecomprendpas.

– Tina est passée, grommelle-t-il. Elle a quelque chose pour toimais elle a refusé deme ledonner.

– Je lacontacterai,mais jenepeuxpas toutde suite.Rends-moi serviceet faisquelquechosed’utile.

Jeveuxqu’ilsortes’occuper,pasqu’ilrestelààruminersarancune.–Prends-moirendez-vousavecellepourceweek-end,pourqu’ellepuissemedonnercequ’il

mefaut.Ilmejetteunregardnoirethochelatête.JevoleunmorceaudepizzafroideàHarley,l’avale,et

jem’assurequeWyattabiennoté.–Trèsbien,merci,dis-jeenluidonnantuneclaquedansledos.Metsdelaglacelà-dessus, je

conseilleendésignantsonnez.–Vatefairefoutre.–D’accord,Wyatt,faiscommetuveux.J’enfilemesgantsetmedirigeversl’aéroport.Unvolplustard,alorsquelesoleilestsurlepointdesecoucher,jesautedansuntaxietregarde

parlafenêtresansvraimentvoir,jemedemandecommentvamaprincesse.Soudain,jevoisl’imagedemamèreenlevée,aveclevisagedeMélanie,etunenouvellesortederagebouillonneenmoi.Ilfautquej’yretourne.Ilfautquejefinissecequej’aiàfaire,pouryretournervite.Derekestbon,ilpeutprotégerMélanie.Maisiln’estpasmoi.Wyattmedemandepourquoijesuisautantsurlesnerfsetcommentelles’appelle.Illesaurabientôt.Ilslesauronttous.

Jesorsdeuxtéléphones,j’enregistresonnumérodansmonnouveauprépayé,etavantd’éteindrelevieux,jeluienvoie:CHANGÉDENUMÉRO.JET’APPELLEÀNEUFHEURES.

Je désactive l’ancien portable et envoie àDerek un code numérique depuis le nouveau, pourqu’il sacheque c’estmoi et que j’ai unnouveaunuméro. Il répondparun autrenombre.Unautrecode qui signifie que tout va bien et queMélanie est au travail.Quand le taxime dépose, je sors,remontemacagoulenoiresurmatête,gardemeslunettesaccrochéessurmoncoletmedirigeversl’immeubledebureaux.HarleyetWyatt sontdeshackers. Ilsm’ont inscrit dans la listede rendez-vousdemaciblesouslenomd’unedesesconnaissances.Lescibles,ellesdétestentquandonvientdans leur maison ou leur bureau. Ils se sentent vulnérables et menacés par le fait qu’un hommecommemoi leurvole leurespace.Etc’estcequ’il faut : faireensortequ’ilsnesesententplusensécurité.Commes’ilsnepouvaientsecachernullepart.Pasmoyendem’échapperàcauseduputaind’argentqu’ilsdoivent.

Jemurmuremon faux nomau réceptionniste, récupère un passe etmetsmesRayBan enmedirigeantversl’ascenseur.J’aimesgants,deschaussuresneuves,desvêtementspropres,moncorpsest récuré,mes cheveux sousma capuche ; aucune trace, je suis commeun fantôme.La clé est degarderlatêtebaisséepourquelescamérasnefilmentpasmonvisage.

Jesorsde l’ascenseuret répète lenomà lasecrétairedudixièmeétage.Quandj’entredans lesomptueuxbureaudemacible,ilsouritderrièresonordinateurcarilcroitquejesuisunjeuneamidefacdesonfilsvenupourparlerd’unstage.

Illèvelatêteetsemetdebout.–Daniel!lance-t-iltoutcontent,lesbrasouverts.MamainserefermeautourdemonSIG.–Désolé,Danieln’apaspuvenir.Netenterien.Monarmeestpointéedroitsursoncrâne.–Crois-moi,vieux.Tuneveuxpasmourirpourça.Sonvisagepâlitetilbaissedoucementlamainqu’ilavaitpasséesoussonbureau.–Vousêtesqui?–Assieds-toi,relax,dis-jeàl’homme.Ils’assoitderrièresonbureau,ledosdroitcommeuneplanche,etjem’affaleconfortablement

surl’undesdeuxfauteuilsenfacedelui,monarmesurlegenou,pointéeverssoncœur.–Maisquiêtes-vous?demande-t-ilavecunmélanged’horreuretd’effroi.–Pasquelqu’undonttudoistesoucier.Maisça?Jesorslacopied’undocumentquiportesasignatureetlafaisglissersursonbureau.–C’estpourçaquejesuislà.C’estundocumentquiappartientàmesemployeurs.Undocument

où tu leur promets, à eux et à moi, beaucoup d’argent. Deux cent mille balles, pour être exact.Aujourd’hui,jeviensleschercher.Tuaseudeuxmoisd’avertissements,alorsj’espèrequetuesenfinprêtàpayer.

Lemecneditplusrien.Ilnefaitpasnonplusdemouvementpourpayer.Jesoupireetsorsunedemescaméras.

–Oualors,jepourraisrendrecepetitfilmpublic.Jesorslacartemémoired’unstylo-caméraetlancelavidéodeluisefaisantroyalementsucer

parquelqu’undontj’ailacertitudequ’ellen’estpassajeuneépouse.–Tuen es à ton troisièmemariage, c’est ça ? Je crois aussi que cette troisième femmea été

maligneetafaitétabliruncontratdemariage,non?Lavidéo tourne toujourssous lesyeux terrorisésde l’homme. Ilposesesmainssursa têteet

grogne.J’enlèvedélicatementlacarteetlajettesursonbureau.–Tiens.Tupeuxlagarder.J’aiunecopie.Ilsortsoncarnetdechèques,écritlasommeetmetendlechèqued’unemaintremblante.–Sivouslaissezquelqu’und’autrevoirça,jesuisruiné.Vousm’entendez?Ruiné,murmure-t-

il,lasueurperlantsursonfront.Jeprendslechèque.–Notrebutn’estpasdevousruiner.Noussommesheureuxdefaireaffaireavecvous.Maissi

quelqu’unme suit quand je sors ou si vous parlez de ce qui s’est passé ici, la vidéo sera lâchée,chèqueoupaschèque.

Unsilencemorosemesuit jusqu’àl’ascenseur.Ilsnecomprennentpas.Leshommesrichesnecomprennentpas. Ils croient qu’ils sont intouchables, qu’on les laissera tranquilles à causede leurnom. Ou de leurs relations. Ils ne comprennent pas que c’est l’Underground qui gagne.L’Undergroundgagnetoujours.

***

Je prends une chambre dans un hôtel pas cher, sous un autre faux nom.Demain je prends ànouveaul’avion,jem’attaqueàuneautrecible,etj’auraipresquefini.

Putain,jesuisépuisé.Mesmusclessontlas,manuqueestraide.Jelaissetombermonmanteauprès du lit, coince mon flingue sous l’oreiller, pousse mes couteaux sous le matelas, puis jem’allongesurledos,soupireetfixeleplafond.

Jemerappellequ’elleacuisinépourmoi,qu’elles’estdonnéeàmoi.Lafaçonmoncorpss’estjetédanslesienetcommeelleainstinctivementpousséenarrièrepourplusdemoi.Etaprès,l’étatdanslequelj’étaisquandj’aidûpartir,commesijem’étaisprisuncoupdepoingetqu’elleenavaitfaitlesfrais.

Ma vie, c’est l’Underground. L’Underground, ma vie, mais aussi le moyen de retrouver mamère.Jem’ysuisfonducommelenoirsefonddanslesombres.Jen’aipasbesoinquel’onmedise,à moi, le roi de ce putain d’Underground, que cet endroit n’est pas fait pour ma joyeuse petiteprincesse.JeleSAIS.

Putain,maisjelaveuxavecmoi.J’aifantasmésurcettefillependantdesmois,maiscen’estpasledésirquimepousseàreveniràchaquefois.Quelquepartaufonddemoi,j’aitoujourssuqu’elleétaitfaitepourmoi.Quelquepart,peut-êtrelongtempsavantquejenaisseetlongtempsavantquej’aietuéquelqu’un,avantquemonâmesoitsalieetcassée,onm’adonnécetangeetjeparieraismaviesurlefaitqu’ellem’aétédonnéepourquejepuisselaprotéger.Elleestpourmoi,etjesuispourelle.

Je n’ai jamais eu de copine, ça ne m’a jamais intéressé. Seulement des coups d’un soir.Seulement des putes. Seulement des rencontres dans des bars. Rien qui ait duré plus des quelquesheures qu’ilme fallait pour en avoir fini avec elles.Comme si unepartie demoi savait que je nefaisaisqu’attendremonheureavantqu’unjourcettefillemeregardesouslapluie;etqu’àpartirdecetinstantiln’yauraitriendeplusimportantqu’elle.

Ilestneufheuresmoinsdeuxetbienquej’aimeêtreprécis,jeprendsmontéléphoneettapesonnuméro.Unesonnerie,deux,etellerépond,essoufflée.Monventres’ouvreendeuxquandj’entendssavoix.

–Allô?dit-elle.–Nerépondsjamaisàunnuméroinconnusijenet’aipasavertieavant.J’entendsunriredanssavoix,soussontonsévère,biensûr.–Alorsnem’appellepasdepuisunnuméroinconnu,petitcon.Jerigole.–Unchangementdeportables’imposait.–Pourquoi?Tun’enavaispasassez?Jefermelesyeux,détendsmesmusclespourlapremièrefoisdepuisdesjours.Putain,elleaun

truc.Elleaétéfaitespécialementpourmoi.Nousavonsétéélevésdifféremment,maispeuimporte.Onluiaapprisàjoueràdesjeuxalorsquel’onm’aapprisàjoueravecdeschoses.Etpourtant,noussommeslà.Jesuisobsédéparelleetellesembleêtredanslamêmesituation.Maintenant,c’estàmoidefaireensortequenotrerelationavance.C’estàmoideluifaireassezconfianceetdelarespecterassezpourluidirequejenesuispasunhommenormal.Bordeldemerde.

Tuneveuxpasvraimentfaireça,Greyson.Dis-luilavéritésurtoi,etceseraFINIpourdebon.Non.Merde,jenelaisseraipascelasefinir.–Alors.Tuasappeléjustepourm’entendrerespirer?–Non,passeulement.Ladernière fois que j’ai entendu savoix, elle avait préparéun repaspourmoi, et elle s’était

donnéeàmoicommeellenel’avaitjamaisfaitavecunautrehomme.Ellem’aaccueillichezelle,aébouriffémescheveux,m’asouri,m’avoulu,m’adonnédeschosesdont jen’avais jamais rêvéetdontj’aimaintenantabsolumentbesoin,commeunchienenragé.

–Tuesfâchéequejen’aiepasappelé?jedemanded’unevoixrauque,parlantbasaucasoùjedoivefournirdesexplications.

–Jel’aiàpeineremarqué!–Donctuesfâchée.Princesse,jenevoulaispaspartir,pascommeça.

Jebaisselavoixetunetonnederegretsmeserrelecœur;jeregardeparlafenêtredel’hôtelmiteux et pense àmon nouvel appartement à Seattle. Je veux vraiment y être. Je veuxmon lit, lesdrapsquivalentmilledollarsetlafillequienvautunmillionblottiecontremoi.

–Bébé,parle,jem’entendsl’implorer.–Pourquoi?–Parle.Jesoupireetcolle le téléphoneplusprèsdemonoreillepourm’accrocherà savoix.Tout le

soleil qu’elle contient. Elle serre mon cœur, mes tripes, et mes couilles, le tout d’un seul coupterrible.J’enaibesoinpourmerappelerquecequej’aifaitaujourd’huin’étaitqu’unjob.Unrôle.Unpersonnage.Jenesuispasqueça.Elleestlaseulequipeutmevoirenentier.

– Je ne sais pas quoi dire, chuchote-t-elle finalement. Je veux savoir pourquoi tu es parti,commenttuvas.

Sontons’adoucit,etcelafaittournoyertoutlemanqueenmoi,commeunouragan.Jesouffleparlenez,j’essaiedegarderlesangdemoncorpshorsdemaqueuequigonfledéjà.

–J’avaisdutravail,maisc’estbonmaintenant,j’explique.Allez,princesse,parle-moi.–D’accord.Jesuisallongéedansmonlitenculotteetsoutien-gorge.Moncerveauexplose.Putain !Moncœurcognecontremescôtesetmabite frappedansmon

jean. Je me l’imagine tout de suite : allongée dans le lit, ses hanches moulées par sa culotte, lespaupières lourdes, et soudain je suis dans ce lit, à côté d’elle, et je tiens sa tresse pour qu’elle nebougepaspendantquejebaisesadoucebouchechaudeaveclamienne.

– Ce n’est pas pour ça que tu m’as appelée ? Tu n’es pas excité ? demande-t-elle car je nerépondspas.

Jejettelatêteenarrièreetlanceunrirerugissant.J’aiplusriavecelleenquelquessemainesquejen’avaisridepuisdesannées.

–Princesse,jesuisexcitédèsquejepenseàtoi,maiscen’estpaspourçaquej’aiappelé.–Oh.Pourquoi,alors?Jecontinueàmel’imaginerdanscelit.Ouais.Etmoijusteàcôté.–Tuasdéjàfaittatresse?Ilfautquejesache.Jenecomprendstoujourspascommentelleattrapesifacilementautantde

mèches de cheveux et les enroule parfaitement, soyeux, dorés etmagnifiques lorsqu’ils sont danscettetressesursanuqueblancheetfine.

–Oui.–Tutemordslalèvre?Elleritdoucement.–Oui.Jesourisavecunedélectationdeprédateur.–J’aienviedesucercette lèvre,bébé,maisceque jeveuxleplusencemomentc’estêtre là,

t’embrasseràencrever,ettebaisersanscapote.Jevaisfaireuntest,pourquelaprochainefoisqueje

tebaise,jen’enportepas.Çateplairait?–Oui,s’ilvousplaît.UnGreysonsanscapote,vouspouvezlepasserencommandeexpresse?Soncaractèrejoueurremplitmapoitrinedetendresse.–Oui,bébé,jevaisfaireça,maisjen’aipasappelépourm’écouterparler.Jeveuxt’entendre.

Alorsparle-moi,princesse.–Dequoi?–Àtonavis?Detoi,bébé.–D’accord.Tusais,cettefillequivoulaitmaMustang,elleestmontéedemilledollarset j’ai

accepté.Jegrogneetplaquemamainsurmonfront,puissurmonvisage.–Princesse,jeteledis…Vendsautrechose.Pastavoiture.Tuasbesoindetavoiture.–C’esttoutcequejepeuxvendre,Grey.–Tuenessûre?–Oui,j’ensuissûre.Mavoitureesttoutcequejepeuxvendre.–Lecollierquejet’aidonné,iln’estpasvendable?jemedécideàledirecarrément.–Non.–Non?Pourquoi?–Parcequec’esttoutcequej’aidetoi,putain!Moncœurfrappeunefoisdeplusaprèscetaveu,puiscontinueàtambourineràcausedubesoin

urgentdeluiassurer,enpersonne,quecen’estpasvrai.–Nan,c’estpasvrai.–C’esttoutcequej’ai,Greyson.Jepassedesjourstouteseule,ettoutcequej’aipourêtresûre

quetuexistesetquetuvasappeler,c’estcespierres.Ellessonttoutcequej’aidetoi.–Tum’asmoi,princesse.BonDieu!Tunevoispasceque tumefais?Tum’as toutentier,

Mélanie.Jesuisàdesmilliersdekilomètresetjemesenscommeundemi-homme,j’ail’impressionquejevaiscasserquelquechosesijenetevoispasvitedemespropresyeux…

Maisqu’est-ceque je fous ?Onest chezOprah, là ? J’appuie lapaumedemamain surmonfrontetjerespire.Fermetagueule,petitefiotte!

Elleadoucitsavoix,commesiellecomprenait.–Greyson,quandest-cequeturentresàlamaison?Lamaison.MonDieu,j’adorequ’elleappelleêtreensemble«lamaison».–Pas toutde suite. J’aiencoredu travail, jemurmureencaressant lacrampequ’ellevientde

provoquersurmoncœur.–Maisquandest-cequetumereviens?Ohputain,elleveutmamort.–Bientôt,bébé,jecède.Pourtonanniversaire.Quandiln’yauraplusdeconneriesentrenous,

plusrienentrenous.Jerentrebientôtetlaprochainefoisquejepars,jeveuxt’emmeneravecmoi,jemurmured’unevoixéraillée.Répondsjusteàça.Est-cequetuesmameuf?

–Dis-moid’abordquetuesmonmec.Jeluimanque.Jelesensdanssavoix,danssafaçondemeparler.–Oui,jelesuis,cequifaitofficiellementdetoimameuf.Et,Mélanie?Ellesetaitdel’autrecôtédel’appareil,maisellerespirefort.J’ajoute,àvoixbassemaisavec

fermeté:–JevaisteMANGERquandjerentre.Aussilongtempsquejerespirerai,tuserasmaprincesse.–OK,Grey.Alorstuserasmonroi,murmure-t-elle.Ohoui,ellevadéfinitivementmetuer.–Jecroyaisl’avoirdit,pasdeblaguesroyales.–Cen’étaitpasuneblague,réplique-t-elle.Puisellecontinue:–Grey?–Ouais?–Jesavaisquetuallaisappeler.C’estpourçaquejenevendraijamaislecollier.–J’appelleraitoujours,collieroupascollier.Laissetomber,bébé,jetetrouveraiquelquechose

demieux.Jeraccrocheetessaiedereprendremesesprits,maismonsangestencorechaudaprèsluiavoir

parlé. Jeme rappelle le premier jour où je l’ai vue encourager Riptide dans l’Underground. Ellesautaitdehautenbas,criaitpourunautrehomme,etjemetenaislàétonnammentsûrdemoi,etunepetitevoixdansmatêtedisaitCelle-là,elleestàmoi.Jesavaisquej’étaiscapturé,toutcommejesaisquandj’aimesciblesdanslapoche;j’étaiscapturé.Moienentier,unmorceaudemoi,peuimportelapartdemoiqu’elleveut,ellepeutl’avoir.

J’aitoutprévu.Plus que deux cibles… sans compter Princesse. Je vais récupérer les preuves pour l’avant-

dernier à Denver, et je m’occuperai de lui cette nuit-là, pendant que l’équipe s’assurera que lescombatsUndergroundsedéroulentbien.Puisj’atterriraiàSeattlejusteàtempspoursonanniversaire.Jevaisluifairelasurprise.JepourrailuidirequeNon,bébé,jenesuispasunrejetondeSatanet,bientôt,tuvaspouvoirrencontrermamère…

Jegrogne tandis que la première lueur d’espoir depuis des années s’enracine enmoi ; jemeretournedanslelit,j’essaiededormirunpeu,bienquejesachequejen’yarriveraipas.Pasavantdesavoirquemesdeuxfemmessontsainesetsauves,prèsdemoi.

18

UNDERGROUND

Mélanie

L’Undergroundestexactementcommedansmonsouvenir.Surpeuplé.Bruyant.Puant.J’aipeurd’ycroiserdeshommesmauvais,maisjesuisheureusequeBrookenousattende,etjetirePandoraversnossiègesaupremierrangquandjelavois.

Mameilleureamie.Sescheveuxfoncésenqueue-de-cheval,jeanslim,débardeur.Ellelèvelesyeuxversleringetlesdeuxboxeursquifrappentjusqu’às’effondrer.

–BROOKE!jel’appelleencourantverselleetellebonditdesonsiège.Elle estmameilleure amie depuis qu’on est assez grandes pour porter les deuxmoitiés d’un

pendentif qui dit «BestFriends ».Évidemment, j’ai toujoursmamoitié dans une petite boîte sousmonlit,maiscelledeBrookeesttombéependantunsprintetonnel’ajamaisretrouvée.Cequin’estpasgrave,carnotreamitiénes’estjamaiscassée.Jenemesuisjamaisautantdisputée,jen’aijamaisautant aimé, je neme suis jamais autant amusée qu’avecmameilleure amie, alors il y a bien sûrquelquesgloussementsquandnousnoustenonsdanslesbrasaprèsdessemainesdeséparation.

Aprèsuncâlinserré,nousreculonstouteslesdeuxpournousinspectermutuellement.JeveuxvérifierqueM.Riptideprendbiensoindemademoisellemais,bordeldemerde,Brookeest…iln’yapasdemotspourdécrirelalumièredanssesyeux,danssescheveuxetdanssonsourire.

–Regarde-toi!jem’écrie.Évidemmentqu’ilprendsoind’elle,ill’adorecommeuneidole.– Non, regarde-TOI ! réplique-t-elle en faisant un câlin à Pandora, bien que cette dernière

n’aimepaslescâlinsautantquemoi.Pete,l’assistant,vientnoussalueralorsquenousnousinstallonsdansnossièges.Ilcommenceà

parleràPandoradesonhistoired’amouravecNora,lasœurdeBrooke.JedétesteNora,alorsjesuiscontente que cette conne soit à la fac, loin d’ici. Pete lui fait beaucoup de bien, mais j’espèresecrètementqu’il tomberaamoureuxd’unepersonneplusgentille,plusdouceetplus intelligenteetqu’illaquitterapourdebon.Noraestsortieavecl’undesboxeurslesplusdégueudel’Underground,ungarsavecunscorpiontatouésursagrossetête…Bref,assezparléd’elle.

JeserrelamaindeBrookepourqu’ellemedonnedesnouvellesdetout.

–CommentvaRacer?Est-cequejepourrailevoircesoirouilseratroptard?jedemande.–Tupeuxvenirdansnotresuite,biensûr!Ilesttellementgrand,Mel.Maisdis-moi…Ellearrêtedeparleretécarquillelesyeuxlorsqu’elleentendlenom«RIPTIIIDE!»sortirdes

haut-parleurs.Ettoutelasallesaitquec’estmaintenantqueçasepasse.Riptide.RemingtonTate.LemarideBrooke.UnDieudusexe;aucasoùjen’auraispasencoreparlédelui,jediraissimplementquejesaisquechaquevagindanscettesalleaunfaiblepourlui.

Lescombatsdansl’Undergroundnesontjamaisplusvivantsetplusintensesquequandc’estluiquisebat ; ilaquelquechose.Quelquechosequiémanedelui,de l’excitation,de l’intensité,delaforcepure,etunentraindepetitgarçon.

–Mesovairesviennentd’exploser,murmurePandoraàmagauche.Brookesautesursespiedsquandilmontesurlering,Remington«Riptide»Tate,drapéd’un

peignoirdeboxeplusrougequerouge.Jesuis tellementcontented’êtrelà,devoirça,depenseràautrechosequ’àmesgalèresetàcettedettedébilequejenepeuxpasm’enempêcher,moncorpsnepeutpasrésister,mescordesvocalesnonplus,alorsjehurle.

–Remyyyyy!!JesuisdeboutàcôtédeBrooke,etjenerésistepasàl’enviedeluifaireuncâlinetunbisouen

mêmetemps.–MonDieu,petitepute, jen’arrivepasàcroireque tu te faisça toutes lesnuits,dis-jeen lui

donnantuncoupdecoude.Ellemepousseaussiethurle:–Plusieursfoisparnuit!Etc’estàcemomentqu’illuifaitunclind’œildepuislering.Ellearrêtedefairel’idioteavec

moiet lui rendunsourire, toutesonattentionn’estconcentréequesur lui.Sondésormaismari.Etalorsqu’ilattendsonopposant,ilgardesonsourireetsesyeuxbleusétincelantsfixéssurelle.Etceregard?C’estclairementunregard«Tuesàmoi»,maisilesttellementtendrequejelesensfondresurmoi.Greyson…Greyson…Greyson… Soudain, il est dansma tête, et sa propre version de ceregardsebaladeàtraversmoi.Sapropreversionestunpeumoinstendre,unpeuplusréservée,unpeupluscrue,beaucoupplussombre,commes’ilyavaitquelquechosededouloureuxàl’intérieurquilefaitplussouffrirquandsesyeuxcroisentlesmiens.J’ail’impressionqu’unvideimmensevientdes’ouvrirdansmoncorpsàcaused’unsimplesouvenirdelui.Denous.

–OoohmonDieu,vousallezmetuer tous lesdeux, jedisàBrooke,enregardantunhommeénormemontersurlering.

Au début du combat, jem’inquiète pourRemy,mais ensuitebam! Il prend tellement bien lecontrôlequejenem’inquièteplusdutout.

–TUESLECHEF,REMINGTON!jecouine,entirantlevisagedeBrookeversmoi.Regarde-toi.Femmeetmère,meuf,ilesttellementamoureuxdetoi,jenelesupportepas!

–Oh,Mel.

Ellesoupireets’appuiecontremoicommesiellenepouvaitpasaimercethommeplusqu’ellenel’aimedéjà.IlsamènentunautrehommefaceàRiptide,etjejurequesesadversairessontdeplusenplusimposantsàchaquesaison.

–Remy!jecrieencorequandleshommescommencentàsebattresurlering.Brooke serre mamain et je la serre en retour ; je lève sa main en l’air alors que nous les

regardonscombattre.–Remy!Tafemmeestchaudepourtoi,Remy!jehurle.Brookeatoujoursétélaplusréservéedenousdeux,unpeutimidelorsqu’ils’agitdes’exprimer

avecconviction,maisjesaisqu’elleadorequejecrieici.–Remington,tuessupersexy!jehurlepourelle.EtBrookemesidèrequandelleselèved’unbond,metsesmainsenporte-voixetsemetàcrier

avecmoi:–TUESTELLEMENTSEXY,REMY,ABATS-LE,BÉBÉ!Et il l’abat sur-le-champ. Le public se déchaîne lorsque son adversaire tombe avec un bruit

sourd,etjeclignebêtementdesyeuxversmameilleureamie.– Oh mon Dieu, tu cries maintenant ? Et M. Riptide est assez bien entraîné pour satisfaire

immédiatementsabellepetitefemme?Je pourrais continuermais Brooke est trop occupée à répondre au sourire deRemy, tout en

sueur,etjemetaisalorsquequelquechoseseserrefortdansmoncœur.JeneseraiplusjamaislapremièreversquiBrookesetournequandelleveutpleurer,parlerdequelquechose,sedéfouler,ousortircourir.Mameilleureamieestprofondément,follementamoureusedecethommequi,jelesais,iraitjusqu’enenferpourelle;ill’adéjàfait.

Alorsd’unecertainefaçon,mameilleureamieaunnouveaumeilleurami,maintenant.Etilestaussiunmari,unpèrepoursonbébé,unamoureuxpourelle.

Maismoi?Monmecaimemebaiser. Ilditqu’iln’estpasbonpourmoimais je sensqu’ilabesoindemoi.Jesensque je luimanque.Est-cequecesontmes tripesquiparlentoumesespoirsabsurdes?Toutcedont je suis sûre, c’estque je suis en trainde tomberamoureuse, etqu’avec lagravité cela me paraît impossible d’arrêter de tomber encore plus bas dans cette chute obscure,inconnueeteffrayante.

Putain,jesuisdanslamerde.Brookeremarquequejenedisplusrien;jen’avaispasvuqu’ellemeregardaitattentivement.

–Tu veux parler de lui ?me demande-t-elle doucement, enm’observant avec la perspicacitéaffûtéequeseuleunemeilleureamiepeutavoir.

Jehochelatêteetjedoismepencherplusprèsd’ellepourqu’ellem’entendemalgrélescrisdupublic.

–Quandjen’auraipasbesoindehurlerpar-dessuscesconnards!Quandlasoiréedecombatsest terminée,Pandoraetmoiprenonsuntaxipourrentrerànotre

hôtelqui,malheureusement,n’estpas lemêmequeceluidesTatecar ilétait tropcher.Pandorane

voulaitrecevoirlacharitédepersonneetjesuispirequefauchée,doncnoussommesdansunpetithôteltroisétoilesàquelquesruesdelà.

Pandora,enrevanche,décidedenepasallervisiterlasuitedeBrookecesoir.–Pourquoi?jeluidemandeenlapoussantàl’arrièredutaxi.Allez,ceseramarrant.Ilfautque

jevoieRacer!Ladernièrefoisquejel’aivu,ilavaitunepetitetouffedecheveux,sentaitletalcetmesouriaitaveccettefossettesolitairequiferacraquerbeaucoupdedemoiselles,unjour.Allez!

–Nan,jesuisfatiguée.Vousavezdutempsàrattraper.Jevaislouerdesfilmsent’attendant.–Tuessûrequetuneveuxpasvenir?Lechauffeurde taxia l’airdes’impatienter,alors j’ouvre laporteet j’attendsunesecondede

plus.–Ouijesuissûre.Tusaisquejepréféreraisavoirunchienqu’unbébédanslesbras.Jehochedoucementlatêteparcequejecroisquejecomprends.Jelacomprendsmieuxquece

qu’ellecroit.Ellepenseque,commej’aimem’amuser,jenesouffrepas,quejenedésirerien,quejeneprendsrienausérieux.Jeguérismesblessuresparleriretandisqu’ellesesertdelacolèrecommedéfense.Mais jesaisqueçaluifaitparfoismaldevoirBrooke,carPandoraaétéamoureuse.J’ensaispeu,maisjedevinequ’ellel’aimaitvraimentbeaucoup.

–Pan,dis-jedoucement,lemecquit’afaittantdemal…cen’estpasleseulmecquetuaimeras.Jenesaispasquoidired’autreparcequejenesuispasuneexpertedecesentiment;j’aidumal

àsupportercequejeressenspourGreysonetj’aipeurd’appelerceladel’amour.Jemesensencoreplusbizarrequandnousnousarrêtonsdevantl’hôteldeBrookeetquelechauffeurs’impatiente:

–M’dame,voussortezoupas?Alorsjesorsrapidementetluilance:–Àplustard.Regardeunecomédie!Ellemefaitundoigtd’honneurdepuisletaxiquiredémarre,jeluifaisunsourireetunsignede

lamain.Maisquandjemontedansl’ascenseur,jenesaispas.Jenesuisplussûrederien,àpartqu’ilyaquelquesmoisjeneconnaissaispasGreysonKing.Commentest-cequ’ilpeutautantmemanquermaintenant?

Je t’aidans lapeau,petit con.Tuesenmoiun instant,et la seconded’après,disparu.Tumeprends, tumequittes,et j’attends toujours, tremblantd’impatienceenattendantque tureviennesetquel’onrefassetoutcela.Rha…Quandest-cequetureviens?

Brookeouvrelaportedesasuiteetbredouille:–Jeveuxdesdétailsetjelesveuxtoutdesuite!Ellemetiredanslapremièrechambre,loindugroupedemecsdanslesalon.Ellem’assoitsur

leborddulitetposesesmainssurseshanchescommeuneange-salopeexigeante,lesyeuxbrillantsetimpatients.

–Raconte-moi.Dis-moitoutsurlui!Jesuiscontente,jerigole,puisjegrogneetpousseundoigtsursapoitrine.

–J’ail’impressiond’undéjà-vu,saufquelapauvrefillequipensaitavoircraquésurlemauvaismec,c’étaittoi.

–OhmonDieu,tuesamoureuse,Mel?C’est incroyable comme c’est difficile de parler de lui, même avec ma meilleure amie. Je

soupire,melaissetombersurlelitet tapoteledrappourqu’elles’installeàcôtédemoi.Quandjem’imaginais tomber amoureuse, l’amour ne ressemblait pas à cela. Dans ma tête, l’amour étaitformidableetmignon,pasterrorisantetinattendu.Brookeetmoisommesallongéessurlecôté,faceàface,lesourireauxlèvres,commenousl’avonsdéjàfaitmillefoispournousconfiernossecrets,nosrêvesetplusencore.

– Brookie, est-ce que quelqu’un peutm’aimer comme ça ? L’amour pour toujours ? Je suisdouéepourm’amuser,maisest-cequetucrois…ParfoisjemedisqueGreysonneveutpasquejefassepartiedurestedesavie.Jemedemandesijesuisjusteunjouetsexuelpourlui,commejel’aiétépourtouslesautreshommes,maisaprèsilm’appelle,ouilm’offreça…

Jetouchelecollierdediamantscachésousmonhaut.–C’estjustesafaçondemeregarder…Jenesaispas,iln’yamêmepasdemotpourceregard.

MaisRemytelelanceaussi.C’estleMEILLEURregard.Ilmedonnechaud,despalpitationsaucœuretdespapillonsdansleventre.Etsitul’avaisvuavecmesparents,commeilriaitquandonfaisaitnosjeuxstupidesdudimanche.Jerefusedecroirequejenesuispasimportantepourlui,tuvois?Ilditquejesuissameuf.

Brookerit,s’assoit,etellemefaitunpetitcâlin.–Mel,tuesdrôle,gentille,loyaleethonnête.Tuastellementd’amouràdonner.Tuaimestoutle

monde,mêmedesinconnus.Tuesmapetitecoccinelled’amour.Iladelachancequenonseulementtut’intéressesàlui,maisqu’enplustutombesaussiamoureusedelui.

Sesyeuxbrillentalorsqu’elleserremesépaules.–Mélanie,tuastrouvétonprince.Etcen’estmêmepasunprince,ils’avèrequec’estunroi.Tu

terendscomptequetuparlesdecethommesansnom,sansvisagedepuisquetuasseptans?–Écoute,j’aiattendutoutemaviederessentirçaetmaintenantquec’estfait,jenesaisplus.Je

mesensinstable,eninsécurité,vulnérable,heureuseetenmêmetempsinquiètequeçanedurepas.– Non ! Non, non, non, ne te retiens pas. Est-ce que Pandora t’empoisonne les idées ?Mel,

PRENDSLEDESSUS.Approprie-toicequeturessens.Dis-lui.Cours-luiaprès.Coursaprèscequetuveux.Tuastoujourspoursuivicequetuvoulais,tunevaspasfairedemi-tourmaintenantquetul’astrouvé!

– Tu dis çamaintenant, parce que tu n’es plus une poulemouillée ! Tu sais que Remingtont’aime.Tusaisqu’ilt’aimetellementqu’ilnetelaisserajamaispartir.S’ilarrivequelquechose,voustrouverezunesolution,etvouslesaveztouslesdeux.Ilsebattrapourtoiettoipourlui.Maismoi?JenesaispascequeressentGreyson.Ilveutêtreavecmoipuisilpartpendantdesjours.Cequel’ona,çapeutêtreréelcommeçapeutêtreunepassade…

–Delaluxure,ditunevoixgraveprèsdelaporte.

JelèvelatêteetvoisRileyColesurlepasdelaporte,lecoachenseconddeRemington,aussimignonqued’habitude.Rileyetmoisommesdetrèsbonsamis.Nousavonsfaitbeaucoupdebêtises,etpasseulementsexuelles, lesquelques foisoùnousnoussommes retrouvésaprès lescombatsdeRemy.

C’estunmecquial’habitudedegarderdessecrets.Jelesaiscarquandj’aiessayédedéterrertouslessecretsdeRemingtonTate,àl’époqueoùilfonçaitsurBrookecommeunbélier.ToutcequeRileym’aditestqu’iln’avaitjamaisvuRemingtoncouriraprèsunefemmecommeillefaisaitavecBrooke.DoncRileyestunhommequi saitgarderunsecret, jen’endoutepas.Ycompris,etDieumerci,lemien.

Brookeatoujoursditqu’ilavaitl’aird’unsurfeurtriste,etellearaison.Etcelaluivabien.Maisce soir, il ressemblerait plutôt à un jumeau de Pandora, en blond et énervé, quime jette lemêmeregardnoirquelepremierjouroùilm’arencontrée.

–Qu’est-cequ’ilya?jeluidemande,luirendantsonregardfroid.–Sitoncopaintefaitdumalunjour,ons’enoccupera.Ilfaitcraquersesdoigts,etaulieud’avoirpeurpourGreyson,cesonmefaitrire.–Tuveuxdirequetoi,tut’enoccuperas,ouRemy?dis-jeenmelevant,etj’entendssonpetit

rirediscretquejeconnaisbien.–D’accord, tum’as eu. Peut-être que j’irai avecRempour l’intimider, dit-il sur le ton de la

blague,mais son sourire retombe en une ligne plate désapprobatrice. Personne ne te fera demal,Mélanie.Oujelefrapperai.Peuimportecombiendecoupsdepoingjedevrailuimettrepourlefairesaigner,jeleferaisaigner.

JerigoleetBrookemepousseverslesalonpourquejevoiesonadorablebébé.–LesBarbien’ontpasmal,tutesouviens?Net’inquiètepas,jejettepar-dessusmonépauleen

passantdevantRiley.Ilm’avaitappeléeBarbiequandnousnoussommesrencontrés,etcen’étaitpasuncompliment,

alorscelal’énerveunpeuquejeluirenvoiecela.Puisj’entendsunbruitdebébéquimeremplitdejoie.JevoisRacer,fièrementassissurlebrasdelagardeducorps-nounou,Joséphine.Maisilneveutpasy rester.Racerse jetteverssonpèrequiavalaituneboissonbleue,maisquand ilvoit sonfils,Remingtonl’attrapeavecunbrasetlancelabouteillevidedansl’évierdelacuisine.IlsoulèveRacerdanslesairs,faitunesortederugissementetleportecommeunballonderugby,cequifaitgronderBrookeàcôtédemoi.

–Remington,ilvavomirtoutsonrepas,leréprimande-t-elle.–Ahhhhh,dit-ilsurun tonincroyablementsûrde lui,et il retournesonfilsenpositionassise

pouréviterlacatastrophe.Quand il regardeBrooke,sonsourire fait sortirdeuxfossettessexyqui lui fontpardonnersa

faute,etjejurequejesuispresquemorte.EtpuisRacersouritetmontreàsamèresapetitefossetteaussi.

–Ah !Vousme tuez tous les deux ! je leur dis.Remington, il faut que je touche ce bébé ousinon…

JevaisprendreRaceretquandjeletienscontremoi,jefaisdespetitsbruitsdebébémignonsenchatouillantsonbidon. Ilprotestecommes’iln’étaitpas trèsheureux,puis il regardesamère, sonpère,Pete,avecunenouvellefossettetristesurlementon.

–Quoi?Ilnem’aimepas?Racerregardeànouveausamèreetsonpèretoutenfaisantunegrimacequiaccentuelafossette

desonmenton.–OhmonDieu,jelefaispleurer!JeledonneàBrooke.–Queléchec!jerigole.–Toutvabien,ditRemingtonquis’assoitsurunechaiseettireBrookesursesgenouxavecun

bras,endonnantunjouetenplastiqueàRacerdel’autremain.Racerregardelejouetetsespleurssontremplacésparuneexclamationréjouie.Remyluisourit

puissesyeuxglissentversBrookeetceque jevois làme tue, réellement,profondément, lorsqu’ilembrasseledessusdesatête.C’estcevéritableamour«jepourraismourirpourtoi»,celuidontj’aitoujoursrêvé.

–Mel,j’entendsderrièremoi.Quand jeme retourne, je réalisequeRileyme regardedepuis tout ce temps. Il s’approchede

moietmurmureavecuntonmenaçant:–Est-cequejepeuxteparler?J’acquiesce.Jenepeuxpasmetrompersurla«luxure»danssesyeux.Jesensqu’ilaenviede

moi,enplusd’avoirenviedemeparler.L’anciennemoiauraitadorépasseruneautrenuitavecunplancul.Jedisrarementnonàunbeaumecquiaenviedemoi,maistouslesporesdemoncorpsneveulentplusqu’unseulhomme.

JehochequandmêmelatêteversRiley,carilestleseulavecquijepeuxparlerdelaseuleautrechosequienvahitmespensées,endehorsdeGreysonKing.

***

–Voilà.Riley pose un chèque sur la nappe blanche d’une petite table ronde, à côté du bar d’un petit

restaurantchicpasloindel’hôtel.–J’aifaitdeséconomies,explique-t-il.–Non!jem’exclame.Riley,nesoispasridicule!Jenepeuxpas!Je repousse le chèque, jeme sens nerveuse quand la serveuse apporte nos boissons. J’attends

qu’elleparteavantdesifflerdansunmurmure:–C’étaitmadécision.J’aichoisidelefaire,d’accord?

–Maisl’idiotquit’aproposédelefaire,c’estmoi,rétorque-t-ildansunmêmesifflement,ilal’air sincèrement mortifié et n’arrête pas de secouer la tête. Remington ne perd jamais, Mélanie.Jamais.Sij’avaissuqu’ilallaitperdrepour…

–Pff,poursauvercetteidiotedeNoraparcequ’ilaimaittropBrookepournerienfaire.Maismême si tu m’avais dit qu’il allait perdre, je n’aurais jamais parié mon argent sur le Scorpion.JAMAIS.

–Alorslaisse-moit’aideràremboursercettedette.J’ignoresonregardimplorantetrepousseencorelechèqueverslui,ensecouantlatêteaussi.–Laisse-moiaumoinsenparleràRem,insiste-t-il.Ilpaieraitpourtoi,s’ilsavait.Sijenet’avais

pasdonnémaparolequejen’enparleraisàpersonne…–Riley,situenparlesàquiquecesoit,jetetue.Onétaitbourrés,enville,tufaisaisunpari,j’ai

étécurieuseetjet’aidemandécequec’était,j’aicruquec’étaitunesuperbonneidéedefaireunparimoiaussi,surtoutqueçaavaitl’aird’êtregagnéd’avance!Puisonestrentrésdanstachambreetonafêtéçaensedisantqueceseraitcooldecoucherensemble.Jemesensassezbêtecommeça.Jenesaispasàquoijepensais!

Uneimagepassedansmatête,celled’unappartementmagnifique,l’appartdemesrêves,etducréditdemavoitureremboursé,etj’ajoute:

– Enfin si, je sais. J’aurais pu payer un bel acompte pour un appartement àmoi, et peut-êtremêmeavoirlescouillesdelancermapropreboîtededécoration.

–Alorslaisse-moiaider,Mel.Jeregardelechèqueetunepartiedemoicrie:«Prends-le!Prends-le,Mélanie!S’il teplaît,

sauvetapeaudecesmonstres!»Maisqu’est-cequeRileyattendraenéchange?Commentjepeuxprendrel’argentd’unhommealorsquejesuisamoureused’unautre?

–C’esttrèsgentildetapart,maisnon.Vraiment.Illèveundesessourcilsblonds.–Ettonnouveaucopain?Tulelaisserast’aider,lui,aumoins?J’ai unedouleur dans la poitrine enpensant à lui et à toutes les raisonspour lesquelles je ne

supporteraispasqueGreysonsoitaucourant.J’avaled’untraitlerestedemonverreetj’avoue:–Jecroisque…sijedemandaisdel’aideàquelqu’un…ilseraitlederniersurmaliste.–Pourquoi?–Parceque jeneveuxpasqu’il sacheque je suisaussibête ! Il saitdéjàque je suispaumée.

Riley,quandilm’arencontrée,c’étaitdehorsetmadécapotableétaitsouslapluie,letoitouvert,pasbesoin de t’en dire plus. C’est un miracle qu’il soit resté assez longtemps pour apprendre à meconnaître.Jeneveuxpasqu’il…merespectemoins.Baisserdanssonestime.

LeregarddeRileys’assombritàchaquesecondequipasse.–Jevoisqu’iltebalancedéjàdesdiamants?dit-ilenfaisantunsignedetêteverslecollierqui

plonge dans mon haut. Tu sais que les hommes font ça pour acheter les femmes avec qui ilscouchent?Çan’arienàvoiraveclefaitqu’ilsesouciedetoi.

–Biensûrquesi,jeréplique.Çaveutdirequ’ilaprisletempsd’allerchercherquelquechosedejoliquipourraitmefaireplaisir.

– Tu peux utiliser ce collier pour payer,Mélanie. Tu n’as qu’à lui dire que tu l’as perdu ouquelque chose comme ça, et tu seras débarrassée de cette dette. Ces hommes tueraient pour cinqballes, ce sont des putains de gangsters !Même lemec avec qui Pete discute, Éric, il a l’air bienpropreetnetdanssoncostume,maisilneluifaitpasconfiance.IllècheleculdeRemparcequec’estleurplusgrosgagne-pain,maistoutlemondesaitqueleScorpionestunoursenpeluchecomparéàleurboss,Slater.Ilsdisentqu’ilaunexécuteurquiestunvraidémontoutdroitsortidel’enfer,etilviendracherchersessous,quetuleveuillesounon!

Iljetteuncoupd’œilinquietautourdenouspuissepencheplusprèsdemoiau-dessusdelatableetbaisselavoix.

–Peteaentendudesrumeurscommequoileseulmecquiaituneoncederaisonseraitl’aînédeSlater,maisilnevoulaitplusentendreparlerdesonpère,etapparemmentilaquittél’Undergroundily a des années.Même son fils ne veut pas avoir affaire avec un homme comme lui. Je te jure, çam’empêchededormirquandjepensequetuleurdoisencoredel’argent.

Moncœurcommenceàtambourinerdansmapoitrineàcaused’unepeurravivée,etjelèvelesmains,paumesverslui,pourlecalmer.

–Riley,j’aidemandéplusdetemps,OK?Ilfautjustequ’on…respireunpeu.–Quoi?Commentça?Quandest-cequetuasdemandéplusdetemps?–LadernièrefoisquejesuisvenuevoirBrooke.C’estbon,vraiment!Jeviensdevendrema

voitureetjepeuxgagnerplusdetempssijeleurdonnepeut-êtrelamoitiédelasomme.–Non,tunepeuxpas,ilsleprendrontenguised’intérêtsetdemanderontquetupaiestoutavant

mêmequetuaiespassélaportedesortie!Net’approchejamaisdecegenred’hommestouteseule.NomdeDieu,fais-moiconfianceetsors-toidelà,Mel.J’aipayémadetteetjeveuxpayerlatienne,etsitun’acceptespas,promets-moiaumoinsquetulaisserastoncopaint’aider.Situestropfièrepourdemander, fais comme si tu avais perdu ces diamants autour de ton cou et débarrasse-toi de cettedette;fais-moiconfiance!

J’imaginequemondésespoirsevoitsurmatête,carilajouted’unairplusaffligé:–Jepromets,Mélanie,quesicettedetten’estpasrégléeavantquetupartes,j’enparleàTateet

ons’enoccuperapourtoi,touslesdeux.J’ailesoufflecoupé,indignée.– Je ne laisserai ni toi ni lemari demameilleure amie semêler de ça, tum’entends ?Et je

n’impliqueraipasnonplusmoncopain.Cecollierestimportantpourmoi.Je touche mes diamants avec une terrible sensation qui ravage ma poitrine quand je me

demande:Est-cequec’estleseulmoyendemelibérer,meséparerdelaseulechosequem’adonnéel’hommequejeveuxdetoutmoncœur?

–Riley, je chuchote, le suppliant presque, je ne suis pas une de ces filles qui arnaquent leurcopainpouravoirdebelleschosesetsefairedel’argentavec.

Il fixemon précieux collier, et je commence à avoirmal au ventre rien qu’en pensant àmeséparerdequoiquecesoitquiaitunrapportavecGreyson.

–Cecadeaun’étaitpasaussiimportantpourluiqu’ill’estpourtoi,jet’assure,ditRileyavecunairsûrdeluiagaçant.Jen’aijamaisvuunmecplusamoureuxqueRemington,etiln’apasbesoindejeterdesbilletsàBrookepourlemontrer.

–EhbienGreyn’apaslemêmestyle,etalors?Çarevientaumême.Jemesensgâtée,choyée,etilaceregardquandilmevoitlesporter,quej’adoretotalement.

Jenepeuxpasaccepterquequelqu’uncritiqueGreysondevantmoi!Alors je le fixeavec lesyeuxplissésetjecontinue,pourqu’ilcomprennel’intensitédemessentimentspourmonhomme.

–Quandilmeregardecommeça,jejurequec’estsiparfaitqueparfoisjefaisdescauchemarsoùtoutcelan’estqu’unrêve,qu’ilesttropbeaupourêtrevrai.

–C’estpeut-êtrelecas,Mélanie.Peut-êtrequ’iltetrompeencemomentmême,qu’ilrejointunefilleensecret.

– Ha ! je lèvemon verre et prends une gorgée. Il est accro au travail. Si j’ai une raison dem’inquiéter,c’estquesamaîtresses’appelleJebosseÀencrever.

Riley me sourit, un sourire froid, très hostile, et il fait un signe de la tête vers l’entrée durestaurant.Jemetournesurlecôtépourregarder…etc’estàcemoment-làquejelevoisentrerdanslerestaurant.Lui.

FoutuGreyson. Je le reconnaismais je suis incrédule, contente, puis en colère, une colère àlaquellesemêleunéclairdedésirpresqueaveuglant.

C’estcommesiunesourced’énergies’accrochaitàsapeau,cartoutl’airachangéaumomentoù ilestapparudans lapièce.Plusd’unmètrequatre-vingtdepureperfectionmasculine.Greyson.King.Meshormonesseréveillentlorsqu’ilcommenceàmarcherderrièrelemaîtred’hôtel,lesyeuxrivéssurunetableaufond.

Jen’ycroispas.Mesyeuxlescannentdehautenbas.AucunmotnepeutdécrirelamanièredontGreyson se déplace, avec une main dans la poche, le visage fermé, les pommettes ciselées, lamâchoire droite, sa bouche parfaite, ses cheveux noirs négligemment décoiffés ; je jure que sescheveuxgéniauxsonttoutcequ’ilyadenégligéetdelégerchezlui.LeresteestuneperfectionàlaJamesBond,mêmesesyeuxvertnoisetteplissés,quisemblentmagnifiquementlointainsetpensifs.Même maintenant, je sens qu’il me cache encore la part de lui qui est essentielle, mais je peuximaginerun«nous»etcequenouspourrionsêtresiprécisément,quejesuisdécidéeàfaireensortequecelaarrive.GreysonetMélanievécurentheureuxeteurentbeaucoupd’enfants.

Puis jevois la femmeà table.Quiattend.Une rousse.Monsang tombedansmespiedsquandGreysonsepenchepourembrassersajoue.Rileyetmoinefaisonsquelesfixer.Etjesuissûrequecen’estpaslui.Iltravaille…quelquepart.Celanepeutpasêtrelui.Maisilluiressemblebeaucoup.

Ilesthabillé toutennoir, sescheveuxbrillentsous la lumière. Il s’assoit sur lachaise, ledosappuyésurledossieravecsonattitudeconfiante,etilcommenceàdiscuteraveclaroussepar-dessusuneputaindebougie.Unefausserousse.Unequial’airplusvieille,etquin’aaucuneexpression.

MmeBotox.OHMONDIEU!CelanepeutpasêtreGreyson.Jen’aijamaisététrompée,c’estavecmoiqu’ilslestrompent.Lesmusclesdemonventresont

tendusparlacolèretandisquej’essaiederespireretdeforcermespoumonsàs’ouvrir.Jeregardetoutautourdemoipourtrouverquelquechoseàlancer,maiscequejetrouvedemieuxseraitdemejetermoi-mêmesurcettesalepute.

Mavisiondevientfloue,j’aimalauxyeuxetunesoudaineenviedepleurer.Ilestpresqueminuit.Dansquinzeminutes, j’auraivingt-cinqansetmoncopainestassisàuneautretableavecuneautrefemme.J’aivraimentenviedepleurer,maintenant.

Non. Le laisser me voir renifler et pleurer à nouveau comme une petite fille ? Mon cerveautravaillepourtrouverdesmoyensdefairedisparaîtrecetteblessure.Commentçasepassequandonl’adans lapeau?Comment !? Je risàvoixhaute, fort, attrape lamaindeRiley,maisGreysonneregardemêmepasdansmadirectionet ilest troploinpourm’entendre.Luietsaputeantiquesontabsorbéspar leur conversation,dans leurproprepetitmonde.Dans leurmonde sansMélanie.Unepartiedemoirefuseencoredecroirequ’ilpuissemefaireça.

J’ai une idée, je prendsmon téléphone et lui envoie un visage énervé par texto. Puis je dis àRiley:

–Sic’estlui,ilvaaumoinsregarderlemessage.Ilestesclavedesontéléphone.Àcetteseconde,ilsereculeunpeu,glissesamaingantéedanssapoche,regardesontéléphone,

lefixependantunlong,longmoment,puisillerangeetcontinueàparleraveclarousse.Moncœurvientdesefaireécarteler.Jenesaispascombiendetempsnousrestonsassislà,Riley

fulmine sur sa chaise et s’y accroche farouchement. Ils s’étaient croisés aumariage deBrooke, etj’avaisbienvuqu’ilsne s’aimaientpasbeaucoup.Maintenant,desveines ressortentde lanuquedeRiley.

–Jevaisallerlevoir…–Etfairequoi?Jel’arrêteetlepousseàserasseoirsursachaiseentirantlamanchedesoncostume.–Celapourraitêtreunecliente.Ilnem’ajamaisvraimentditoùilallaitcettesemaine…Jeperdslefilquandelletendsamainsurlatableetqu’ilprendcequ’ilyadedans.Puisillui

donneuneboîte,avecunpetitnœudettout.Uneboîtebleue.Elleregardeàl’intérieur,al’airravie,illuisouritaussi,etilsprennentduvin.

–Garçon!jecrie.Uneautretournée,s’ilvousplaît!

***

J’ai eu le temps de boire plusieurs autres cocktails aumoment oùGreyson paie l’addition etqu’ilsselèventpourpartir.Rileyselèveaussi.Jemeretournebêtementsurmachaise,moncœurbatfortpendantqueGreysonetlafemmesedirigentverslaporte.

Etc’estlàqu’ilmevoit.UncourantélectriquemetraversequandjeremarquelafaçondontilregardeRiley,puismoi,etjevoisunedouzained’expressionsdanssesyeuxavantqu’illesdétourneversl’autrefemme,murmurequelquechoseetlatireverslasortiecommes’ilnem’avaitpasvue.Toutcelaenriantàgorgedéployée.Toutcelaenriantprobablementdemasuprêmestupidité.

Alorsqu’ils’envaavecelle, jelevoistourneruntoutpetitpeulatête.Droitversmoi,etnosyeuxsecroisentànouveau.Ilcherchemonexpressionpendantuneseconde,lafroideurdesesyeuxfaituninstantplaceà…delajalousie?L’impatiencemetraversecommeunedéchargeàcausedelafaçondontsesyeuxs’assombrissent,remplisde…fureur?Ilmedonnedesfourmillementsdanslesbraset les jambes.Iln’yaqueça,unregardvolé,puis ilestparti,enl’emmenantELLE,uneautrefemme,aveclui,àminuitpile.

Joyeuxanniversaire,Mélanie…Rileyrestedebout,puisilmelanceunregard«c’estquoicebordel?».–Toncopain…–Ex.Unchagrinpuretprimitifs’emparedemoi.–Ex-copain.Putain,mêmepasbesoind’untexto.Mêmepas…Riley,s’ilteplaît,ons’enva.S’il

teplaît,s’ilteplaîtsortonsd’ici.Leslarmesvontarriver,quejeleveuilleounon,etjeneveuxpasquecesoitici.J’attrapeRiley

avantqu’ilneserassoie.–S’ilteplaît,sors-moijusted’ici.Ramène-moijusqu’àtachambre,s’ilteplaît;onpeutallerà

tonhôtelàpied,s’ilteplaît,jemurmure.Il paie l’addition et me pousse hors du restaurant, il me tient près de lui pendant que nous

marchons jusqu’à l’hôtel. J’ai froid jusque dansmes os.Nousmontons dans l’ascenseur et je suissoulagéequ’iln’yaitpersonned’autre.Magorgeestenfeu,j’ail’impressiond’êtreunpigeon,etlecollier–soncollier–estcommeunpoidsenplombquim’étouffeavecsesmensonges.Jel’arracheetlefourredanslamaindeRiley.

–Jeneveuxplusvoirça.Onn’aqu’àlefaire.Vends-le,pourn’importequelprix,prends-les’ilteplaît.

Je sens ladouleurde l’échec serrermagorge en revoyantGreyme regarder, et partir…Meregarderetpartir…commesijen’étaisrien.Commesinousdeux,celanevoulaitriendire.

–Tucroisqu’ilaunefemme?Unefamille?Mavoixsecasseetjenepeuxplusposerd’autresquestionspendantquenousmarchonsverssa

chambre.–Écoute,jenesaismêmepasquoipenser.Iln’avaitpasl’airheureuxdetevoir,çajepeuxtele

dire.Jecontinueàluttercontreleslarmes,lespoingsserrés,etmoncorpsentiersemetàtrembler.– Il peut aller se faire foutre, et sa pute par la même occasion. Le putain de menteur, le…

J’espère qu’elle va lui filer des morpions. En fait, j’espère qu’ils vont avoir des bébés aliens

ensemble.Rileymefaitentrerdanssachambre,fermelaporte,etunsentimentdetrahisonetdedésolation

immense s’installedansmonventre. Jen’ai jamais euaussimaldemavie. Jamais. Jeveuxque ladouleurs’enaille.Jeveuxquel’imagedeGreysonKingpartantavecuneautrefemmedisparaisse.Jeclignedesyeuxpourbloquerleslarmes,prendslachemisedeRileyetletireversmoi.

–Riley,jesupplie.Sesyeuxs’écarquillentquandj’appuiemeslèvressurlessiennes.–Mel,proteste-t-ilMaisjenepeuxpasentendrecela,alorsjepressemeslèvresplusfort.– S’il te plaît, ne dis pas non, je le supplie. S’il te plaît, ne dis pas non. Je te jure, tous les

hommes-putesdumondedevraientêtrecastrés.Tuasdisquetulefrapperaiss’ilmefaisaitdumal.J’aimal,Riley.Celamefaitbeaucoupdemaletc’estfini.C’estcomplètementfiniaveclui.

Jel’embrasse.Ilm’embrasseaussi,seulementavecseslèvres,enpassantsesmainssurmesbras.Ellessontchaudes,familières.Ilmetientcontresoncorpsetc’estagréable.Jemesensensécurité.Jel’embrasseet jemedemandesi c’estpourcelaque jenevauxpasmieuxquedescoupsd’unsoir.Parcequejenepeuxpasgérercela.Çafaittropmal.Etquelqu’und’autrefinittoujourspararriver,et,pouruneraisonouuneautre,lesmecsnes’intéressentplusàmoi.Pouruneraisonouuneautre,Greysonaarrêtédes’intéresseràmoi.Jel’aiperdu.

Non.Jenel’aijamaiseu.Quandjecomprendscela,jesuisdétruite,alorsj’essaied’embrasserencoreunpeuRileysurlabouche,etilmelaissefaire.Sesbrasnesontpasaussilarges,seslèvresnesontpasaussisauvages,maisj’enaitellementbesoin.N’importequoi,pouressayerdenepaspenserà…Greyquitiresurmestétonsavecsesdents…quijoueavec…quilessuce…

Quelqu’unfrappeàlaporteetjegrognepourprotesterquandRileymelaissedecôté.–Peteapeut-êtrebesoindemoi,medit-il.Jeleregardesedirigerverslaportesansriendire,sonimageestfloueàtraversmeslarmes.Je

défaislaboucled’unedemeschaussuresetjem’essuielesyeux.UnenuitavecRileyetdemainmatin,celaneseraplusaussiterrible.JemerendraicomptequeGreysonKingn’estpasleseulhommesurterre.Mon cœur sera toujours brisémais je recollerai lesmorceaux comme je peux, et je serai ànouveau heureuse. Je serai à nouveau heureuse. Je renifle et commence à déboutonner mon hautrapidementquandj’entendsparlerunevoixgravequejeconnais.

–Oùest-elle?Jen’aijamaisentenduquelqu’unparleràlafoissibasetavecuntonaussiénervé.J’ailachair

depouleetmonregardsebraquesur laporte.LagrandesilhouettedeGreyson,minceetvêtuedenoir,estsurlepalier,etjedétestelafaçondontmonorganismesedétraqueenlevoyant.

Jesuisàmoitiédéshabillée,aumilieudelapièce.Ivre.Mescheveuxsontenbordel.Monvisageaussi. La colère et la douleur s’enroulent dans mon ventre lorsqu’il s’avance avec un regardenflamméetpossessif.Jeprendslachaussurequej’aienlevéeetlajettesurlui.

–Net’approchepasdemoi!jecrie.

Ilesquiveetlachaussureatterritsurlemuravantdetombersurlamoquetteavecunbruitsourdridicule. Puis, tout doucement, il se redresse et continue à avancer, me prend par les bras et mesoulèvecontrelui.Chaquecentimètredemoncorpssentlesien.Ilmeregardeavecunecolèrequejen’avaisjamaisvueavantalorsqu’ilsemetàreboutonnermonhaut,toutencontinuantàmeregarderjusqu’à ce que j’aie l’impression d’avoir une pierre à la place de l’estomac. Il retire sa veste decostume,laposesurmesépaules,passemesbrasdanslesmanchesetfermelesboutons,puisilvacherchermabottinesurlamoquetteetrevientl’enfilersurmonpied.Avantdepouvoirm’opposeràl’intimitédugestedemettremachaussure, il ferme labouclepuis ilmeparled’unevoixgraveetfroide.

–Metstesbrasautourdemoi.–Oùesttasalerousse?jedemande.–Jet’aiditdemettretesbrasautourdemoi.Jeneluiobéispas.Ils’enfiche.Ilmesoulèvedanssesbras,ilestimmenseparrapportàmoi,et

jen’aipasd’autrechoixquedem’accrocheràsanuque.Etsoudain,jesenssonodeur.Jelasenssurlavestequ’ilamisesurmoi,dansl’odeurdesescheveux,etsursapeau.Laforêt,lecuiretlamenthe.La douleur dansmon cœur se transforme en une force brûlante qui me ronge et les picotementsreviennentdansmesyeux.

QuandnouspassonsdevantRileyensortant,ilditplatement:–Net’approchepasd’elle.–Putain,situluifaisdumal…commenceRiley.MaisGreysonl’interrompt.–Non,sitoitulatouches,jetetue.LesmotsdeGreyson,«situlatouches,jetetue»,mefontfrissonner.Rileyfaitunpasenavant

maisjelèvelamainpourl’arrêteretsecouelatêtefrénétiquementpourluidire«non».JenepeuxpasfaireprendredesrisquesàRileyetjen’aijamaisvuGreysondanscetétat.Toutsoncorpscrépited’uneénergieretenuependantqu’ilmeportejusqu’àl’ascenseurdeservice;ilmetientd’unbrasetmurmuredanssontéléphone«Entréedeservice,derrière».Puisillerangedanssonpantalonetmeserreplusfortcontresontorse.Plusfortquejamais.

Noussommesseulsdansl’ascenseur,etbienqu’ilnediserien,ilauneexpressionquejen’avaisjamaisvuesursonvisage.Jecroisquejevaisvomir.Noussortonsauniveauduparkingsouterrain,l’airfraismordmesjambesetmesjoues,jefermelesyeux,rentrelatêtedanslesépaules,mesentantextrêmementmalheureusequandlachaleurdesoncorpsmontepourmeréchauffer.Jemedemandesiellealéchésapeau.Glissésesdoigtsdanssescheveux.S’ill’appelleaussiprincesse.

J’entends un moteur de voiture démarrer pas loin, et quand je lève les yeux, Greyson meregarde.Quandnosregardssecroisent,mesnerfsgrésillentjusqu’àmesorteils.Moncorpspossessifmecriedefairemiencethomme,contretouteslesautresfemmes.Maisnon.Greysonrendpeut-êtremoncorpsfou,maisjesaisqu’ilnepourrajamaisêtrel’hommequ’ilmefaut.

Iltrompe.Ilment.Etilesttrèsencolèreencemoment.

Unevoitures’avancedevantnous.Ilouvrelaportière,mepoussesurlabanquettearrière,toutecette confusion se soulève enmoi, et l’alcool dansmon sang n’arrange pas les choses. Il grimpederrièremoi, s’installeàmadroite,claque laporte,puisunemaingantéeprendmonvisageetmeforceàletournerverslui,quimeregardeavecunefrustrationgravéedanssamâchoireserrée.

–Parfois,jenepourraipastouttediresurmontravail.Jelefaispourteprotéger.–Vatefairefoutre!Jet’aivuluitenirlamain.Jet’aivu…–Tum’asvutravailler,Mélanie.C’esttoutcequetuasvu.–Jet’aivuluioffriruncadeau,connard!Explique-moicommenttupeuxavoirbesoindefaire

çapourunboulotdesécurité,hein?Jelepousseetiljuredanssabarbe.–Tutesenscommeuncaïdquandtuaspleindefemmesàtespieds?Toutesdansuneillusion?

Persuadéesqu’ellesontuneplacespécialepourtoi?–BonDieu,écoute-toiparler!–C’estcequejefais,etécoute-moibien,Greyson,c’estladernièrefoisquejemefaisavoir!

Tum’entends?Jegratteletoitdelalimousine,enespérantqueDerekm’entende,maisiln’arrêtepaslavoiture.

Greysonritdansuneincrédulitésombre,puispassesamaindanssescheveuxetregardedehors,lespoingsserrés.Jeregardelesvitrinespassersanslesvoir,jem’accrocheobstinémentàmacolèreetàmesinsécurités.

–Jet’aigrillé,Greyson.Qu’est-cequ’ilyadanstasallesecrèteblindée?Duporno?C’estlàquetuparlessurSkypeavec…Quic’était,elle?

Etilm’interrompt,doucement:–J’aivutonrougeàlèvressurlagueuled’unautrehommeetjepeuxencorefairedemi-tour

pour la lui casser jusqu’à ce qu’il ne trouve plus ses dents. Putain, je veux que tume regardes lacasserrienquepourquetusaches,unebonnefoispourtoutes,quetuesmaputaindemeufetqueleseulchanceuxquipeutenprofiter,c’estmoi.

–Étais!jelecorrige,saoule.J’étaistameuf.Ilrigole,plustristement.– Tu es tellement à moi que tu ne t’en rends même pas compte, dit-il d’une voix douce et

menaçante.Dansmoncerveaubourré,jeremarquetoutàcoupqu’iltremblederage.Iln’apasl’airdese

soucier que je vienne de le choper en train deme tromper. On dirait que toutes ses pensées sontconcentréessursajalousieégoïste.Maisjenemesouviensmêmepasdecequ’ils’estpassédanslachambredeRiley,toutcedontjemerappelle,c’estGreysonetcettesalope.

–Tuespassédevantmoicommesitunem’avaisjamaisvue!jecrieenfrappantsontorse.Ilattrapemonpoignetetleserre.–Parcequejeneveuxpasqu’unefemmecommeelleseservedetoicontremoi, jeveuxque

personnenefasseça.Est-cequetumecomprends?Tucomprends,bébé?demande-t-il,àvoixbasse,

tendre,presqueimplorante.–Jecomprendsquetumens,quetutrompesetquetunevoulaispasqu’elle,ellesachequetu

m’asaussi,moi,quit’attends!–Putain!Sérieusement?Tuétaisdanslachambred’unautremec,entraindetedéshabiller!Tu

essayaisdemerendrefou?Soudain,ladouleurvivedanssesyeuxestréelle.Ladouleurdanssavoixestréelle,sivraieque

mapoitrinecraquecommeduverre.–Tucomptaisvraimentallerjusqu’aubout?Honnêtement,tuallaislaisserceconentrerentoi?

demande-t-il,etchaquemotestcommeunepiquequimetransperce.–OUI!jecrie.Iltremblecommes’ilallaitsecasseretjememetsàsangloterpourdebon.Ilmelâchecomme

s’ilavaitbesoind’unpeudedistance;ilyaplusquedelacolèrequitrembledanssavoix,c’estdeladouleur,etcelamefoutenl’air.

–Tucroisquetupeuxbaiserquelqu’unpourmeremplacer?Tucroisqu’ilteferasentircequetusensavecmoi?Jen’avaisriendespécialpourtoi,Mélanie?Est-cequetutombesamoureusedetouslesconnardsavecquitusors?

Unelarmecoulesurmajoue.Ilplaquesamainsurlafenêtreetjure.–Putaindemerde.–Çafaitmal, je renifle, jeparle touteseuleenbaissant lesmains.Tum’asblesséecommeje

n’avaisjamaisétéblessée,Greyson!Jenepeuxpaspenseràautrechose.Tul’appellesprincesse?Tupassestessemainesavecelleettesweek-endsavecmoi?

Ilrestesilencieux,regardeparlafenêtre,sesépaulessonttendues.–Jen’appellepersonned’autreprincesse.Jenepassede tempsavecaucunefemmeàpart toi.

Putain,jetravailledeuxfoisplusjustepourpouvoirrentrerchezmoiavectoi.–Alorspourquoiest-cequetueslàavecelle?Jenesuispasfandesdeuxièmeschances,tusais!

Maisjet’aidonnétouteslesfoutueschancesquetuvoulais!jem’exclame.–Ellen’estrien.Ilprendmonvisageavecsamainlibreetsiffleentresesdents.Ellen’estrien

d’autre qu’une relation de travail.Tu es tout, tu es tout pourmoi depuis lemoment où je t’ai vuehurlerpourRiptide.Tunem’aspasvu,tunemevoyaispas,Mélanie,maisjetesurveilledepuiscejour-là;tuestout.Est-cequetupeuxdirelamêmechosedemoi?Est-cequetupeuxdireceladelui,qu’iln’estrien?

Jelefixeuninstant,sansexpression.–Iln’estrien,c’estunami,jelejure.C’étaitunplanculquandjevenaisvoirBrooke,maisçane

voulaitriendire!Ilfixesesmains.–Maisilt’atouchée.Brusquement,jenepeuxpasm’empêcherdetouchermesseins,tellementpluspetitsqueceuxde

larousse.

–C’étaitqui?Commentelles’appelle?Commenttulaconnais?Ilfrottesonvisageavecsesdeuxmains.– Juste un contact de boulot. Elle trouve des saloperies sur les hommes avec qui je dois

négocier.Jen’aijamaiseuderelationavecelle.J’aieumilleplansculmaisellen’enfaitpaspartie.Depuisdessemaines,jen’aibaiséquetoi.

Ilregardedehors,jureencore,etj’essuiemeslarmes.Jevoissonvisageetjemesouviensdelafaçondontilluiasouri;monventreseretourneàcaused’unejalousiefraîche.

–Jevoulaisluiarracherlescheveux.– Jevoulais lui arracher les tripes ! Ilmeprendpar les épaules.Qu’est-ceque tun’avaispas

comprisdanslefaitd’êtremameuf?–Jerefused’êtreàtoisi tun’espasàmoi.Situbaisesàdroiteàgauche,jeferaipareil ;œil

pourœil!–Arrêtedefairel’ivrognetêtueetécoute-moi.Jenetrompepas,maistuallaislefaire.Jemetais.–Tumetrompais,non?–Toietmoi,c’étaitfiniàpartirdumomentoùtuespassédevantmoietoùj’airéaliséquetu

m’avaismentitoutcetemps,jecrieenpleurnichant.–Vienslà,dit-ildansunrâle.–Pourquoi?Quandjemerapprocheunpeu,ilouvresesbrasetmesyeuxs’embuentunpeupluslorsqueje

penseàluiexpliquercequeRileysaitdemonsecret.–Jesuisfranchementdésolé,Mélanie,dit-il.Ilmetiresursontorseetcetteétreintefamilière,leréconfortquejesensdanssesbrasmefont

ouvrirlesvannes.–Jesuisdésoléeaussi,Grey,jepleure.Jememetsàpleurerplusfortetilpressetrèsfortseslèvres,dansunbaiserpresquedésespéré,

surledessusdematête,meserrepresqueassezpourm’écraser,puisildit:–Çavaaller.Tun’aurasplusjamaisbesoind’allerchercherunautrehommeparcequejeserai

toujourslà.Jesuislàpourtoi,situveuxtoujoursdemoiaprèscequejevaistedire.J’essaied’essuyermeslarmesetleregardedanslesyeux.–Tum’asdonnél’impressionquejenevalaisrien,Grey.Commesi tumecachais.Jenesais

pasquitues,quisonttesparents,tafamille,jenesaisriendetoi.S’ilteplaît,jeveuxteconnaître.Tunecomprendspasquejedésireteconnaître?jesanglote.

Sesyeuxsontcommehantésquandilmeregarde.–Jetecachepourteprotéger,parcequetuesmaprincesse.Ilcaressemonnez.–Jevaisteparlerdemoi.Laisse-moijusteprofiterdetonregardunpeupluslongtemps.

Il embrasse mes paupières désespérément, comme si ce qu’il allait me dire était grave, trèsgrave,etcommes’ilpensaitquejenepourraipasresteraprèsqu’ilmel’auradit.Jepleureencoreplus. Je suis habituée à son toucher. Son toucher est unique, délicieux, et je le sens depuis huitsemaines,maisjesavaisqu’unjourilmebriserait.

19

PERDU

Greyson

Mélanieglissesesmainsautourdematailleetenfouitsonvisagedansmachemise.J’enlèvemesgantsetlesmetsdansmapochepourpouvoirpassermespoucessursesjouesetsuivreseslarmes.

Paix. Elle est la femme la plus agitée que je connaisse, mais elle m’apaise. Tout étaitparfaitementplanifié.MélanieétaitàSeattle.J’étaisiciàDenver,àrécupérerdespreuvespourmonavant-dernièrecible.J’allaism’introduirechezluiàminuit,lefairechanteretleharcelerpourqu’ilpaie,pourpouvoirprendrel’avionetlaretrouverdemain.

Maisilyaquelquesheures,Derekm’aenvoyéuntextopourmedirequ’elleétaitàl’aéroport.Letempsquecepetitconincompétentsesoitgaré,elleétaitpasséeàl’enregistrementetill’aperdueaprèslescontrôlesdesécurité.Jeluiaigueulédessuspourqu’ilachèten’importequelbillet,passelasécuritéet la retrouve. Il l’a faitmais iln’apasréussià la retrouver.Alors j’aidemandéàC.C.dechercherdanslesfichiersdevolpendantquejeterminaismonfouturendez-vousavecTinaetquejem’occupaisdeschosesmoi-même.

Maisnon.Mélanieaatterriici,danslemêmeputainderestaurant,aumêmemomentqueTinaetmoi,etellem’avu.Jenepouvaispasmepermettrequ’unecriminellecommeTinaGlassaitventdenousdeux,ouMélanieauraitétéexposéeaumondedeZéroetelleauraitétévulnérable.

MaismonDieu,lablessuredanssesyeux?Sicelan’avaitpassuffiàmemettreàgenoux,cefutle casquand je l’aivuedans la chambred’hôteldecet enfoiré.Onnepeutpas fairedumal àunefemmecommeMélanieets’attendreàcequ’elleneréagissepas.Ilfauts’attendreàcequ’elleessaied’arracherladouleurpourredevenirlajeunefillejoyeusequetoutlemondeconnaît.

J’aieupeurdel’avoirperdue.J’aieupeurdeladéterminationdanssesyeuxquandlaportedecettechambres’estouverteetquejel’aivue.Quej’aivuladouleurdanssonregard.

J’étaisencolère,tellementencolère,maisl’émotionlaplusancrée,laplussurprenante,laplusinsupportableenmoiétaitlapeur.Lapeurdenejamaisplusgoûterseslèvres,neplussentirsesyeuxsurmoi,neplusjoueràcesjeuxdébilesavecelle…Lesseulsmomentsoùj’ail’impressiond’êtrebonsontceuxquejepasseavecelle.Pasbonpourtuer,fairechanter,etfairecequel’onm’aappris.Simplementbon.

Ellebouge,etdufeucrépiteetfumedansmesveinesquandsescheveuxfrôlentmoncou.Lescourbesdesoncorpstombentparfaitementcontremoi.Elleestassisesurmacuisse,etsahancheestcontremaqueue.Lorsqu’elle bouge, je grognedoucement au-dessus de sa tête, etmesmuscles secontractent.Delalavesedéverseenmoiaumoindrecontactdesapeau.

Je veux la baiser tellement fort, la punir d’avoir cru que n’importe quel trou du cul feraitl’affaire.Sescheveuxsontdécoifféscommesiellesortaitdulitdecemec,maiselleneserajamaissatisfaite tantqu’ellene sortirapasdumien.Les larmes recouvrent sesyeuxàcausedemoi.Avecchaquemuscledemoncorpstendu,jepoussesescheveuxetembrassel’arrièredesonoreille.

–J’aivraimentdésespérémentenviedesentirtapeaunue,jemurmure.Ellesortlebasdemachemisedemonpantalonetpassesamainendessous,surmoncœuret

touchemonpiercing.Nousrestonsainsi,ellealesyeuxfermés,lajouecontremontorse,etjesuistoutretournéparsaproximité.

Jebaisselatêteetelleretientsarespirationcommesielleavaitpriépourquejelefasse,puiselle lève la têtepourquenouspuissionsnousembrasser.Nos lèvres se rencontrentdoucement.Latensiondansmaqueue,lebattementrapidedemonpouls,songoûtsurmalangue.Monenviedevienthorsdecontrôlelorsquej’ouvreseslèvresetl’embrasselentement,maisprofondément.

Chacundesmouvementsrépétésdesalanguedéclenchequelquechosedesauvageenmoi,cetteattractionfondamentaleentrenousquis’étireetserenforce.Ellesereculeetjelaregarde,j’absorbeson contact et elle lève lentement les yeux vers moi, d’un vert pur, et j’ai l’impression que mapoitrine s’ouvre en deux et qu’elle écrase mon cœur avec ses mains blanches délicates. Messentimentspourellesontplusfortsquetoutcequej’airessentiauparavant.Jen’auraisjamaiscruquej’en étais capable. J’ai perduquelqu’unque j’aimais alors que j’étais trop jeune. J’ai construit uneforteresse autour de moi-même qui, par sa présence, empêchait tout le monde de recevoir unefractiond’émotionréelle,puredemapart.

Maiscequejeressenspourelle…Personnen’ajamaiseulepouvoirdemefaireautantdemalqu’elle,maintenant.Depuisquemamèreestpartie,rienn’avraimentétéimportantpourmoi.Jemesuisforcéàcequeriennipersonnenecomptepourmoi.Nimonpère,nimononcle,nimonfrère.Maintenant,unepetitefillequesonpèresurnommesauterellealepouvoirdemecasserendeux,moi,unputaindecriminel,restéseulpendantlamajeurepartiedesavie.Etsiundemesennemislesavait,ilseserviraitd’ellepourfairetomberZéroenunclind’œil.

Maisdésormaisnoussommesalléstroploinpourqu’ellerestedansl’ignoranceunjourdeplus.Je dois savoir si c’est moi qu’elle aime, ou l’idée qu’elle se fait de moi. Elle va te quitter. Temépriser. Te rejeter. Je commence déjà le deuil de notre relation pendant que sa main se baladejusqu’àmabraguette,et lesimpleeffleurementdesesdoigtsmefaitbander tandisquemapoitrinepleuresaperte.

Jel’aidéjàperdue.Jegrogneetfermelesyeuxencombattantmonenvieprimairedelaprendre,icietmaintenant,etj’arrêtesamainbaladeusepourl’embrasser.J’aienviedeplongermamainsoussajupe,depoussersaculotteetd’yglisserundoigt.Ellerespiredéjàviteets’accrocheàmanuque,

satêtetombecontremonépaule,parplaisir.Maiselleestsaouleetjesuisencolère,jaloux,jeveuxplusquesoncorps.Jeveuxsonâme,putain,etjeveuxqu’ellemeladonneensachantquijesuis.

Pauvre idiot, elle ne le fera pas. Je grogne de douleur, me penche sur sa bouche, et ellem’embrasse fougueusement. Elle marmonnemon nom, et je m’entends chuchoter qu’elle était unangesouslapluie…Laseulefemmeavecquij’aipasséunenuit,pourquij’aiachetéunappartement,que j’aisuivie justepour l’apercevoir…Unenouvelle larmeglissesursa joue,maisc’estmoiquisuisabattu.Jesuissecouéparlatendresseaveclaquelleelles’enroulecontremoi,bienqu’ellesoitentraindepleurer.

Jedéposeunbaisersur ledessusdesatêteet jenesemblepaspouvoirm’arrêterdefairedesbisous dans ses cheveux, tandis que jeme dégoûte de plus en plus à chaque seconde. Plus qu’unecible,maintenant.J’ailespreuvespourlecoincer.Puisj’aijustebesoindemurmurerdanssonoreilledemedonnercefoutucollierquejeluiaioffertparcequejevaisluientrouverunautre,unmieux,etquecelui-làréglerasesproblèmes.

Je prendrai le contrôle de l’Underground. Je serai plus intelligent, mieux organisé, jem’assureraiquemamèresoitensécurité,etpourMélanie…JetapeletoitdelavoitureetbaisselacloisonquinousséparedeDerek.

–Vacherchersacopine,l’enjouée,dis-jeavecsarcasme.Ellegrommelleunesortedeprotestationdanssabarbeetsecouelatête.–Neparspas.J’airêvédetoi.– Et appelle un des gars, dis-je à Derek. Je veux que tu restes avec princesse pendant que

quelqu’unmeconduitàl’aéroport.JeremontelacloisonentreDereketnousetjegrogne.–Nedispasçamaintenant,jemurmure.Elleprendmamainetlaposesursesseins.–Quandjetevois,j’aimalauxnichons.Putain.Elleestcomplètementbourrée.–Quandtuserassobre,jevaistediredestrucsquinevontpasteplaire,jelapréviensdansun

murmurerauque.Nedisrien.–Greyson…–Jevaistedirequelquechosesurmoimaisjeneveuxpasquetuessaiesdemeréparer.Jene

peuxpasêtreréparé.Ilfautsoitquetuacceptesquijesuis,soitquetumedisesquetuveuxpartir,etjetedonnemaparolequejetelaisseraifairesic’estcequetuveux.

Elles’arrêteetclignedesyeux,savoixestpleined’émotion.–Tudisçacommesitupensaisquetuétaismauvaispourmoi.–Jelesuis.Jeregardeparlafenêtreetgrincedesdents,jeresserremesmainscarc’estpeut-êtreladernière

foisquejepeuxlatenircommecela.

–C’estpasvrai.Cequetuasfaitpourmoi,souslapluie,étaitl’unedeschoseslesplusgentillesqu’onaitfaitespourmoi.

–Putain.Arrêtededireça,tumel’asdéjàditetçam’énerve.–Pourquoi?–Parcequetudevraisêtreentouréedegensquifontdeschosessympapourtoi.Quitefontdes

chosessympa.Ellefaitunpetitsourireencoin.–Jen’aimepasquandilsmefontdeschosessympa,j’aimebienquandilssontunpeuméchants.

Commetoi.Jerigole.–Ouais,tuescomplètementbourrée.Tuvoulaismetuer,ilyadeuxsecondes.Puismebaiser.

Maintenanttuveuxmecanoniser?–Parcequetuesunmauvaisgarçon,maisunhommebon,etputain,jesuisamou…Jelafaistaireavecmaboucheparcequejenepeuxpaslesupporter.Jenetienspaslecoupface

àsasincérité, l’idéequ’ellesemblem’avoirpardonné,maisqueceneseraplus lecasquandje luidiraicequejefais, jenelesupportepas.Cequejeressenspourelleestdevenutropénorme,jelarespectetant,jel’aimetant,jel’admiretant,jeveuxtellementqu’ellesoitheureuse;etletourmentdesavoir qu’à chaquemoment que je passe avec elle, je lamets peut-être en danger. Je ne peux pasprendrederisqueavecelle.Ilfautqu’ellesache.

EtGreysonKingaurazérofuturavecelle.

***

Le tempsqueDerek ramène sa copine en colère,Mélanie s’est endormie, etPandora fulminependantqu’ilchargelavalisedeMélanieetlasiennedanslecoffre.

Elleseglissedanslavoiture.–Qu’est-cequetuasfoutuavecelle?ElledésigneimmédiatementlecoudeMélanie.–Ellen’enlèvejamaissonprécieuxcollier.Ilesttoujourssoussonhaut,etaujourd’huiilétait

au-dessus.Alors,qu’est-cequetuluiasfait?Et pour la première fois, je le remarque. Mélanie a retiré mon collier. Mon ventre remue,

comme si jem’effondrais, quand je passe avec regretmes doigts contre sa gorge nue. Je voulaisqu’elle l’utilise, non ? Je voulais qu’elle le vende.Cela ne devrait pasme faire aussimal, cela nedevraitavoiraucuneimportance.

–Jevousemmènetouteslesdeuxdansunesuite,dansunmeilleurhôtel,plussûr,dis-jed’unevoixfroide,graveetsansémotion,etjegardelesyeuxsurMélanie.J’aimeraisbienquetuluitiennescompagniejusqu’àmonretour.

–Jeleferaipourelle,parcequec’estsonanniversaire,maispasparcequetumel’asdemandé,salaud.

20

PERDUE

Mélanie

Jemeréveilledésorientée,etlorsquejecomprends,c’estcommesiunebriquemetombaitsurlatête.

Jesuisencorebourrée.Ouj’ai lagueuledebois,plutôt.Unmartèlementdansmestempesmepousseàfermerlesyeuxalorsquej’essaiedesavoiroùjesuis.Jegrogneetbougedansmonlit,jemerendscompteque j’aiune tresseet jenemerappellepasavoir tressémescheveux.PenserqueGreysonapumettresesmainsdansmescheveuxmedonnemalauventre.

Jemelèveetregardelapièceautourdemoi.Ilesttroisheuresdumatin.Jemesuisendormiedanslavoiture?Lasalledebainestimmenseetjemesenstellementsale;jefaisletourdelapièceàla recherchedemes affaires, et je voismavalise. Jemedébarrasse rapidementdemesvêtements,sorsuntee-shirtetunshortencoton,etjedéambule,déshydratée.Jevideunebouteilled’eauetjetteun coup d’œil autour de moi. Je n’ai jamais été dans une pièce aussi grande. La décoration estluxueuse, très intime. Des photos d’animaux sauvages sont accrochées aux murs, à côté deboomerangsenbois.Danslesalon,labibliothèques’étendd’unmuràl’autre,etilyauneautrepiècefermée.JevoisleschaussuresdePandoraprèsdubaretfroncelessourcils,perdue.

J’entends dubruit dans une troisièmepièce, je jette unœil à l’intérieur et je le vois. J’ai unebouleauventreetilnemevoitpas.Ilaétalédeschosesargentéesetbrillantessurlelit.Ilal’airdesortirdeladoucheetenfileunechemise,unpantalonnoirtombebassursataille.

Les lampes de chaque côté du lit sont en onyx, avec une ampoule aumilieu dont la lumièrechaudefiltreà travers lapierre,d’unefaçonextrêmementélégante.Ellecouvresapeaud’or,passedanssescheveux,letouched’unemanièrequimefaitserrerlespoings.

Levoirmerappelletellementd’autresmatins.Danssonimmenseappartementvide.Quandnousnousamusions,quenousprenionsdesbainstouslesdeux.J’avaisl’impressionqu’ilétaitàmoi.Maisilnel’estpas.

Une émotion instantanée gonfle en moi quand je pense à lui et à cette femme. Puis je mesouviensdeRiley.Denotredispute.Etaprès?

Alors que j’essaie de décrypter ce que je vois sur le lit, je remarque qu’il s’est mis àm’observer, silencieux, avec les yeux plissés, et quelque chose passe sur son visage, une sorte demanquemélancoliquequim’achèveàcausedemonpropredésirardent.

–Oùsommes-nous?jedemanded’unevoixenrouée.–Unhôtel.–Pasmonhôtel.–Maintenant,si.Son piercing au tétonme nargue, scintillant à la lumière des lampes alors qu’il boutonne sa

chemise.JeveuxlesucerenchevauchantGreyson.Tirerdessusetjoueravecpendantqu’ilmebaise,qu’ilm’aime.Non,ilnem’aimerajamais.

–Zéro… jemurmure. Pendant que jem’endormais, j’ai entendu quelqu’un répéter ce chiffreplusieursfois,c’estquoi?TudisaisàDerekd’appelerquelqu’unpourvenirtechercheràl’aéroport,etiladitzéroplusieursfois…Qu’est-cequeçaveutdire?

Ilsoupireetseretourne,puisouvrelesbrasetmeregardeattentivement.–Moi.–Zéro?jem’étouffepresqueaveccemot.Greysonn’estmêmepastonvrainom?Ilneditrien,ilpatiente.Cequinefaitquem’embrouillerlesidéesetmefrustrerencoreplus.–Zéro?jerépète.Maisqu’est-cequeçaveutdire?Sûrementpaslenombredefemmesquetuas

baisées.Putain,jecroyaisquejeteconnaissais!–Toi,tucroyaismeconnaître?Sonindignationestpalpabledanslapièce.–Moi, je croyais te connaître !Mélanie, c’est quoi ce bordel ? Ton collier a disparu ! Je te

retrouvedansunechambreavecunautremec!Àtoidemedirecequ’ilsepasse.Jenesuispasleseulmenteurici!

Quelqu’unfrappe,etunmecauvisagefinpasselatêteparlaporte.–Jesuisprêtquandtuveux.Derekgarderasonposteici,taréservation…–Léon, ilme fautune seconde, là, interromptGreysonen traversant lapiècepourclaquer la

porte,maispasassezvite.Pasavantquejevoiel’homme.Quejelereconnaisse,cethommegrandetdégingandé.Jel’aivu

quandj’étaisalléevoirBrookeunweek-endetquej’avaisfilétouteseuleàl’Underground,pourlessupplierdemedonnerplusdetemps.Rallongerledélai?Onpeutrallongernosqueuespourtoi,çateva,madame?

Je jetteuncoupd’œilàGrey,et jecomprendsquelquechosed’encoreplus terrifiant,avecunsentiment horrible dans le ventre, j’ai compris, j’ai enfin compris. Greyson, le maigrichon qu’ilappelleLéon,etl’autregroupedegarsquim’ontriaunezquandj’aidemandéplusdetemps,cesontlesdieuxetseigneursdel’Underground.

LegrandmochearegardéGreysoncommes’ilétaitundieu,etc’estluiquivoulaitmebaiserenguisederemboursement.Leremboursementdemadette.J’ailesoufflecoupéquandjeréalise,etje

metiensleventrelorsquejesuisprised’unevaguedenausée.–OhmonDieu,tuesl’und’eux.Sonregardsauteverslaportefermée,puissurmoi,etilmedit:–S’ilposeundoigtsurtoi,jeluicouperai,jetejure,jelesluicouperaitous…–OhmonDieu!Je mets mes mains devant ma bouche et m’assois sur le bord du lit quand mes jambes me

lâchent.Jemebalanced’avantenarrière,parcequ’iln’estpasseulementunmenteur,ilest…Ilest…Je ne sais même pas ce qu’il est. Soudain, je repense à notre rencontre… Est-ce qu’il me

suivait ? Les hommes ? Est-ce que c’était lui qui… Lemec qui m’a ramenée chezmoi puism’alaissée,pleinedesang?Jenepeuxpas.Peuxpas.Peuxpas.Jemepencheenavantetserremesbrassurmonventrepouressayerdenepasvomir.

–MonDieu.–Princesse.Ilmurmurecemotcommeuneprièreens’approchantdemoi.Connard!Jesautesurmespieds

etlancemamainversluipourlegarderàdistance.–Non!Nebougepas.Restelà,tun’aspasintérêtàmetoucher.Dis-moijusteunechose…Je suis assaillie par la douleur tandis que d’autres souvenirs s’accumulent dans mon esprit.

Mensonges…mensonges…mensonges…J’arriveàpeineàparler.–Tuétaisvenucollecter?Mesyeuxsontembuésdelarmesquandjeleregarde,commesicetenfoirénem’avaitpasfait

assezpleureraujourd’hui.–C’étaitpourmefairerembourser?– C’est ce que tu crois ? demande-t-il doucement, debout à un mètre de moi, entouré d’une

tornaded’énergie.Uneraged’unepuissanceencoreinconnuebouillonneenmoietjeprendsleborddemontee-

shirt.–Allons-yalors!dis-jeenleretirantd’ungestebrusque,jefaistombermonshortetlejetteen

l’airavecmonpied,danssadirection.Collectons.Finissons-enaveccepari.J’imaginequetuasreçuun remboursement partiel pour toutes les fois où je t’ai baisé ? je rajoute en baissantmon string.Alors,combiennousenreste-t-il?Combien?Hein?Jepoussemaculottedupiedetmetiensnuedevantlui.Hein,Greyson?

Ilestfigécommeunestatue,sesyeuxbrillentalorsquejechiffonnemontee-shirtdansunemainetquejelejetteverslui.

–Allez,qu’onenfinisse.Dis-moisimplementcombiendecoupsçaprendra.Ilattrapemontee-shirtenunefractiondeseconde,parcourt ladistanceentrenous,et l’appuie

contremapoitrine,enmurmurantcalmement.–Habille-toi.Onparleraplustard,danslajournée.Jen’aiplusqu’unhommeàvoiretjen’ai

pasbeaucoupdetemps,Mélanie.Monpèreesttrèsmalade…

–Onn’apasbesoindeparler.–Enfileças’ilteplaît!rugit-il.En colèremais soudainement apeurée, je commence à remettremon tee-shirt. Il va se poster

devantlafenêtreetregardedehors,versunemontagneverteauloin,dansunsilenceaigri.Lesilenceestassourdissant.

J’aisoudain…lecœurbrisé.Jenesuismêmepasénervée.J’ail’impressionqu’ilarassemblétousmesrêves,tousmesespoirs,ettoutesmesémotionsetqu’illesapassésaumixeur,etmaintenantc’estunepuréederien.Ilsneserontjamaisréparés,recollés.Jamais.

–Maisquies-tu?jedemandesuruntondécouragé,alorsqu’unebouledefeugranditdansmagorge.Dis-moiaumoinsça.Dis-moiaumoinsça,Greyson.

–Zéroestunalias.Parcequejesuis…Il se retourne, écarte les bras dans lesquels je me suis toujours sentie en sécurité pour

comprendretoutelapièce.–…indétectable,enthéorie.Un silence tendu s’impose entre nous. Son regard se ferme alors qu’il continue àmurmurer,

presquecommes’ilnevoulaitpasparlermaisquesaparthonnêtel’obligeaitàlefaire.–J’avaisarrêté,maismaintenantondiraitbienquej’aideàcollecterlespaiementsdeparisdusà

monpère.Quarante-huit remboursements.C’est tout ce que j’ai à faire pour pouvoirm’en aller ànouveau.Jen’enaiplusqu’un…Ettoi…Etj’enauraifiniavecça.Etilmediraoùestmamère.

Ettoi,jerépètedansmatête,mesémotionsencoredanslemixeur.–Quelesttonvrainom?jedemanded’unevoixlourde.– Tu connais déjàmon nom, dit-il, d’une voix grave et rauque, et une étincelle de tendresse

s’allumedanssesyeux.Tul’asgémi.Tul’ascrié.Tul’aschuchoté.C’estGreyson,Mélanie.Ils’avanceversmoicommes’ilavaittoutàcoupbesoind’uncontact,maisjenesupporteraipas

qu’ilmetouche.Jem’éloigneetsecouematêtededroiteàgauche.–Alorstuesundeleursleaders.Chefdecesmafieuxdel’Underground,dis-je.Sesyeuxbrûlentd’uneémotionindicible.–Sic’estcommeçaquetuveuxm’appeler,oui.–Moncollier.Tunel’asmêmepasacheté,si?J’arriveàpeineàparler,mavoixestcrueetendolorie.–Certainspaiementssontfaitsennature.Etnouslesgardonssouslamaincommepot-de-vin.

Alorsnon,princesse,techniquementjen’aipasachetétababiole.–Wow.Mesamisavaientraison,çanevoulaitriendirepourtoi.–Quelami?Celuiquetuembrassaishier?Oùestlecollier,Mélanie?Ilfonceversmoi,plusvite,etjereculejusqu’àcequemacolonnevertébralesoitplaquéecontre

lemuretqu’ils’appuiesurmoi,ungrandprédateurdontlesyeuxmeregardentdehautcommesijeleurappartenais.

Ilenroulesamainsurmoncou,etsaforcemetouche,m’affaiblit.Ilestsiprochequejesensmesgenouxtrembler.Sonodeur.MonDieu, ilm’amanquéet jedéteste lefaitqu’ilm’aitmanqué.Qu’ilmemanque.

Ilestjustelà;ettoujours,ilmemanque.Jeleveux.–Tutuesdesgens,jesouffledansunrâle.Samainencerclemagorge,etleboutdesonpoucecommenceàcaresserlaveinedemonpouls,

lentement,sinueusement,tandisquesesyeuxtombentsurmeslèvres.–Parfois.Savoixestunrâlegrave.–Tulestortures?Jen’aiplusdesouffle.J’aimaletpourquoijenepeuxpasarrêterdel’aimer?Pourquoiest-ce

quejenepeuxpas?–Jefaiscequej’aiàfaire,murmure-t-ilencaressantmoncouavecsonpouceetencontinuantà

mefixer.Il continue à mourir de faim pour ma bouche, son regard est si puissant que je me lèche

nerveusementleslèvres,etcelanefaitqu’assombrirencoreplussesyeux.Ilestencoreplusaffamé.Marespirationn’estplusàmoi.Maisjecontinueàessayerdeprendredel’airdansmespoumons,cartouteslesémotionsdansmapoitrinesonttropduresàretenir.

–Petitebimbodébile,c’estpourçaquetum’aschoisie?jedemandelourdement.–Choisie?Sij’avaischoisiunefemme,jenet’auraisjamaischoisie,toi.Ilfrottel’arrièredesondoigtcontremeslèvrestoutenbaisantmaboucheavecsesyeux.–Tuesunesacréecatastrophe,Mélanie,lâche-t-il.Tuesunepetitecatastropheinnocenteetjene

m’attacherais jamais volontairement par les couilles à une fille aussi drôle, joyeuse, innocente etinsouciantequetoi.Jenet’aipaschoisie,maisputain,jenepeuxpasmedétacherdetoi.Tuesdansmatête,tuescommeunfoutudémondansmoncœur.

–Vatefairefoutre!Jelepousse,maisilm’attrapelepoignetpourm’arrêterettiremesbrasau-dessusdematête,ce

quifaitquemoncorpssecambreinstinctivementetquemestétonsfrottentcontresontorsemusclé.L’éclairimmédiatd’excitationquejeressensmemetencolèrecontremoi-même.

–Sers-toidemoi,jem’écrie,enmetortillantentresesbras,etdébarrasse-toidemoi.C’étaittonplan,non?Labaiseretl’envoyersefairefoutre.Trouverunepetiteblondequineréfléchitpastropetneposerapastropdequestions!Unedontonsedébarrassefacilement!

–Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui essaie de se débarrasser de toi ? grince-t-il entre sesdents, en resserrant sesmains surmes poignets et en pressant son érection contremoi. Je te veuxautant que j’ai envie d’une nouvelle vie, Mélanie, lance-t-il. J’ai de gros dossiers sur toi et leshommes,jesaisquetuasunedette.Jesavaispourtasœurjumelleavantquetum’enparles.

Jem’étouffe lorsqu’il parle de Lauren.Ma vision devient floue et il continue doucement, enrelâchantlapressionsurmespoignetsetendescendantlentement,commeunecaresse,samainsurla

peaudélicatedel’intérieurdemesbras.–Jesaisquetesparentsl’ontperdueetquetuculpabilisesparcequetuassurvécu.Pasvrai?Jecroisquelabouledefeun’estpasseulementdansmagorge,elleestaussidansmesyeuxet

dansmoncœur.– Alors pendant toute ta jolie vie tu as essayé de rattraper ce que tu penses avoir pris à tes

parents. Tu as essayé de les rendre heureux, tu as essayé de faire le bonheur de tous ceux quit’entourentparcequepeut-êtreque,aufond,tuveuxquepersonnenepensequetuneméritaispaslachancequetasœurn’apaseue.

–Arrête,dis-jedoucement.Maisun torrentde larmescoulesurmonvisagecarpersonnenem’avaitaussibiendécryptée

auparavant, et j’ai peur, et je souffre, et sesyeuxnoisetteneveulent pasme lâcher. Il resserre sesmainssurmesépaules,sonregardestrésolumenttendreetencoreaffamédemoilorsqu’ilajoute:

–Jesaisquetut’esservidusexepournepastesentirseuletroplongtemps,Mélanie,etjesaisquetues laplusbellechoseque j’aie jamaisvue,à toujoursessayerde tirer lemeilleurde tout.Àdonner sa chance à chaque crapaud, parce que l’on t’a donné cette chance, n’est-ce pas ? Alorspourquoirefuserais-tuàquelqu’unsachance?Àn’importequi?Mêmeàunpauvreconnardcommemoi.

Ilglisseunemainlelongdemonvisageetcaressemajoue,legenredecaressequ’ilestleseulàmefaire.Cellesquejesenssousmapeau,dansmesnerfs,mesos.

–Jesaisquetuas lâchétonsemestreà lafacpoursoutenir tameilleureamiequandelles’estblessée,ajoute-t-il,etquetuneluiasjamaisditquetuavaisdécalétonsemestreparcequetuvoulaisluitenircompagnie.JesaisquetueslegenredefillequiachèteuneMustangdansunevilleoùilpleuttoutel’année,parcequeçavautquandmêmelecoupdepouvoirroulertoitbaissélesquelquesjoursdebeautemps.Jeteconnais,Mélanie.Putain,j’ensaisplussurtoiquejenelevoudrais,parcequ’iln’yapasuneseulechosequejechangerais…pasune…pasunmotdudossierdevingtcentimètresquej’aisurmonbureau.

Jebaisse lesyeuxavecunsanglotdiscret,et il relèvematêtepourmecontraindreàregardersonvisage,quiestpétrideconviction,aussiférocequesontorrideregardpénétrant.

–Tapersonnalitéinsolentegenre«jesaiscequejefais»?Jel’aimebien.Jelaconnais,maisjevoisdesaperçusdetoi,Mélanie.Lavraietoi.Cellequiestterrorisée.Cellequin’aimepasêtreseule.Cellequiestvulnérableetquimedonneenviede tedireque jevaism’occuperde toi.Viens là, jem’occupedetoi,princesse.

–Tusaistoutçasurmoietjeneteconnaismêmepas!jepleure.–Si,tumeconnais,réplique-t-il.Il pose sa main derrière ma tête et écrase sa bouche sur la mienne, le désir dans ce baiser

traversemesterminaisonsnerveusesetmefaitprendrefeu.Des lèvres chaudes. Le goût. Il n’est pas le seul à avoir besoin du goût. Je le veux aussi,

méchamment.S’ilteplaît,s’ilteplaît,soismaligne,Mélanie!Va-t’en,Mélanie!

–BonDieu,gronde-t-ilquandmabouchesembles’ouvrird’elle-mêmeetque jeme retrouveavecmes doigts plantés dans son biceps.Onm’a appris à arnaquer et à faire chanter, àmentir, àtricher,àfairen’importequoipouravoircequejevoulais.

Lemouvementchaudd’aspirationdesabouche fait se recroquevillermesorteils,brûlermoncorpsquisecambreplusprèsdeluilorsqu’ilenroulesesbrasautourdemataille.

–Etjeteveux,toi.Cesjolispetitsseins.Jeveuxquemabouchesoitànouveausureux.Ilprendmonculdansunemain,etunseindansl’autre.–J’adorequandtestétonsseperlentpourmoi.Ilslefontausondemavoix.Aprèsunregardde

moi.J’adoretoncul.J’adoretaputaindebouche.Ondiraitqu’ildevientfou,ilfaittoutenmêmetemps.Ilmassemoncul.Monsein.Engloutitma

bouche.Puisilembrassemoncouetsortsalanguepourmesavourer.Unfrissonmeparcourtdelatêteauxpieds.MonDieu.C’estl’extase.L’agonie.Lesdeux.

– Zéro, tu sais ce qu’il fait, princesse ? me défie-t-il en mordant sensuellement ma lèvreinférieureavantdesereculerpourmeregarderavecdesyeuxtombants.Ilchercheunpointfaibleets’acharnedessus,démolitsaproie,etlafaitpayer.

Letonsensueldesavoixmefaitfrémiretjemurmure:–J’aipitiépoureux.–Huumm.Tuasbienraison.Ilseglissejusqu’àmonoreille,lesoufflechaud,tandisquesonérectionfrottecontremoi.–Jecroisquejeconnaistonpointfaible,Mélanie.Jeconnaistonpointfaible.Tonpointfaible…

c’estmoi.–Arrête.–J’arrêteraissitupensaiscequetudis.Pense-le,m’ordonne-t-il.Puisilprendmonvisagedanssesmainsetmeregarde,attendantquejeledise,avecdesyeux

électriques.–Toutdesuite.Pense-le,murmure-t-ilcommeuneséduction,avecsonsoufflechaudsurmon

visage.Deslarmes?Ilserecule,sesyeuxsontsobresmaisimplacables.–Deslarmes…Pourquoi?Jenet’aipasencorefaitjouir.Jeveuxmelibérer.Maisjesuistremblante,jeressensuneenvieetunbesoin.C’estvraiqueje

veuxsoncorps,chaquecentimètrechaudetdélicieux,maisplusquetout,jeveuxsavoirquiilest,quiestl’hommequiaceteffetsurmoi.

Iln’estpasréel,MÉLANIE!C’estunmenteur,unplay-boy,unecrapuleetuneordure.Tun’aspasbesoindelui!Tun’aspasenviedelui!

–Dis-moiquitues!Toutàcoup,levolumedemavoixaugmenteenmêmetempsquemaperplexité.Ilmeregarde,

desombresnoirespassentdanssesyeux,etilmesurprendenmelâchantpourallers’asseoirsurlelit. Il pose ses coudes sur sesgenoux, sepencheenavant etme regarde, chaquepartiede sonêtre

semblant tourmentée. Il passe sa main dans ses cheveux et je regarde toutes les mèches cuivréesretomberlentementàleurplace,uneparune.Lesilenceseprolonge,latensionestpalpablejusqu’àcequ’ilbriselesilence,avecunevoixgraveteintéed’amertume.

–J’aiétéélevéparmamère,LanaKing.Elleaquittémonpèrequandelleesttombéeenceinte,pourmeprotéger.Unjour,quandj’avaistreizeans,jesuisrentréchezmoietelleétaitattachéeàunechaise,bâillonnéeaumilieud’ungrouped’hommes,dontmonpère.Ilm’aproposé…

Savoixs’éteintetilaunrictusfroid.–Ilm’aditquesi je tuaisundeseshommes, il ladétacheraitet la libérerait.Jenesavaispas

qu’ilavaitunmarchéavecelle,qu’elleluiavaitditquejen’étaispasuntueurcommelui,qu’ilavaitpromisdeme laisserpartir si c’étaitvrai. Jene savais riendeceputaindemarchéquand j’aiprisl’armequ’ilme tendait,que j’aivisé,que j’ai tiré,etque j’ai tuéunhomme.Et jen’aiplus jamaisrevumamère.

Savoixdevientvideetfroide,commel’échod’unevieilletombe.Jenesaispassic’estletondesavoixou lesmotsqu’ilprononce,ou l’absencedeviedanssesyeuxhabituellementétincelantsetmagnifiques.

–MononcleÉricm’aditquemamèreavaitpasséunaccordavecmonpère.Ilmegarderaitavecluisijemontraisquej’étaissonfils.Mamèreluiavaitpromisquejen’étaispasdutoutcommelui.Etpuisj’aituéunhomme.Jen’aipashésité.Jeluiaitirédessus.

Une guerre d’émotions fait rage en moi, mes sentiments pour lui sont plus déroutants etdouloureuxquetoutcequej’aiconnudansmavie.

–Jemesuiscondamnéàcettevie,dit-ilendésignanttoutcequil’entoure.Peut-êtrequej’auraisdûtirersurmonpère.Celaauraitpusefinir,àcetinstantprécis.Maislesangestunechoseétrange,dit-ilenmeregardantavecunelégèreconfusiondanssesyeuxd’aigle.Ellenouslie.Mêmequandtudétestestafamille,quelquechoseici…continue-t-iletposantsonpoingsursontorse.Quelquepartlà-dedans,turestesloyal.J’aipasséhuitansaveclui,àcroirequ’ilmelaisseraitlavoir.Jusqu’àcequejecomprennequ’ilnemelaisseraitjamaislavoirtantqu’ilsavaitquejen’enavaisrienàfoutredelui.Alorsjemelasuisjouéesauvage,jel’ailaissétomber,etjesuispartiàlarecherchedemamèreenfaisantdespetitsboulotsentre-temps.J’aisuivitouteslespistesquej’aitrouvées.Rien.Elleadisparusanslaisserunetrace.

Ilsetientdroitetfier,maisjevoisenfinlechaosdanssesyeux.Jel’imagine,jeuneado,déchiréendeux.Usantdesonintelligencepoursurvivre,toutenessayantderetrouveretdeprotégersamère.Sesmotstrèstroublantscourentdansmatête,sonenfanceestsidifférentedelamiennequejenepeuxpourainsidirepaslacomprendre.

–Ilestvenumecherchermaintenantqu’ilestmourant.Ilauneleucémieetilveutquejeprennelesrênesdel’Underground,dit-ilavantderiretristement.Unhommecommelui,jenepeuxmêmepasmel’imaginermalade.Maisildoitpasserleflambeau.Wyatt,jesaisqu’ilaplusétésonfilsquemoi.Mais ilveut l’alpha, explique-t-il avantde sortirunmorceaudepapier.Quand je t’aivue surcette liste, tu étais censéeêtrequelquechosedont jedevaismedébarrasser.Cetteblondedansmes

rêves.Etpuis tuétais là.Tuétaisdansceputaindebaraveccesaleconquiessayaitde te ramenerchezlui;ettuétaislà,unfoutudiabled’angesouslapluie.

–Nemeparlemêmepasdelapluie!–Tuvoulaisparler,alorsmaintenantjeteparle.Ils’avance,s’arrêteenfacedemoi,etlefaiblesourirequitireseslèvresrenfermeuneinfinie

tristesse.–Cen’estpascequej’avaisprévupourtonanniversaire,Mélanie.Savoixestunmurmuretendrequiserremoncœur.Jenevaispaspleurer,putain,jenevaispas

pleurer.Jeclignedesyeuxetj’avalemasalive.–Toutcequejedemande,c’estquetumelaisseslefêterquandjereviens.Sijepeuxpasserne

serait-cequ’unseuljouravectoi,jeveuxquecesoitcettejournée.Avectoi.Je ne supporte pas de voir à quel point il me connaît bien. Il me comprend. Fait se réaliser

chacundemesrêvesetbrisechacundemesfantasmes.S’ilyabienunjourdel’annéeoùj’aibesoindelui,c’estmonanniversaire.Maistoutàcoup,j’aiabsolumentbesoinderentrerchezmoi.

–Tut’envastoutdesuite?jechuchote.Sessourcilsselèvent,curieux.–Jesuisobligé.Plusqu’unepersonne.Jeledoisàmamère.Ilvientetmeprenddanssesbras.Jefermelesyeuxpendantquesachaleurm’enveloppe,que

sonodeurm’enveloppe,qu’ilm’enveloppe.Lorsqu’ilessaiedeseretirer,jetiresesbrasplusprèsdemoi,j’aibesoindelesentirencoreuneminute.

– Pourquoi est-ce que tu veuxmes bras ?murmure-t-il dansmon oreille. Je viens de te direqu’ilsontfaitplusdemalquedebien.

–Pasàmoi.–Parcequetuestombéeamoureusedemoi,tut’esfaitavoirparmoietmesconneries,etmême

après tout ceque je t’aidit, tu tombesencore,non?dit-il d’unevoixérailléeavantdedéposerunbaiserderrièremonoreille.Jesuislàpourterattraper,ajoute-t-il,puisilembrasseencorel’arrièredemonoreille,plusfort.Laisse-moiterattraper.

Je baisse la tête pour reprendremes esprits. Il baisse également sa tête brune et regardemesorteils.Surchaquepied,duvernisbleuetrosefuchsiadessineleslettresGREY♥.

–Jolisorteils.Jelesreplieetlescachesousletapis.–J’aifaitunepédicure.AumeilleursalondeSeattle.Toutçapourtoi…jemedis,malheureuse.Sonsouriremedonnedespapillonsdansleventre,et

j’aimeraisavoirunehacheetpouvoirlittéralementlestuer.–Siquelqu’unpeuttenirtonpetitculagitéenplaceassezlongtempspourfaireça,celaprouve

qu’ilssontbons.Ilmeregardeaveccesyeuxquitouchentdespartiesétrangesdemoi,etmonventresefaitlourd,

surchargéd’émotions.

–Oucelaprouvetadéterminationàportermonnomsurtespieds?Ils’agenouille,etjeretiensmonsoufflequandilprendmonorteiletluifaitunbisou.–Grey,tuembrassesmonorteil,dis-jed’unevoixépaisseetcotonneuse.–Ilyamonnomdessus.Lorsque je libèremonpied, il laisse sortirune longue, longue respirationet se remet sur ses

pieds, plus d’un mètre quatre-vingt d’un magnifique homme menteur, puis, sans rien dire, ilcommenceàprendredeschoses sur le litpour lesmettredans savestenoire. J’ai le regardperdudanslesombres,jeleregardeenfilersesgants,j’ail’impressionquecetteinnocencequej’aiperdueneserajamaisretrouvée.

–J’ail’impressionquemoncopainvientdemourir.Jen’auraiplusjamaisGreyson.Sij’ail’airtriste,ilal’airdévasté.–J’ail’impressionquemonaliasvientdetuermacopine.Etellenemeregarderaplusjamais

commeellemeregardaitavant.Nousnousfixonscommetoujours,saufqued’habitude,noussourionsaussi.Pascettefois.Rentrecheztoi,Mélanie,jepensepiteusement.Ilfaitunpasenavantavecprudence,etjemerappellecommeilestobsédéparmesyeux,etje

ressens une drôle de tristesse pour lui lorsqu’il prend mon visage entre ses mains, songe à lesembrasser,maislaissetombersesmains.

–Jevais revenir.Reste làavec tonamiedemain,et réfléchis,Mélanie.Quand je reviens, je temetsaudéfidemeregarderdanslesyeuxetdemedirequetuneveuxpasdemoi.

Je ne sais pas ce qu’il va faire,mais de la terreur, du désir, de l’amour, toutes les émotionstournentenmoipendantqu’iltraverselapiècepourpartir.

–Greyson,promets-moiquetunevastuerpersonne!jem’écrie.Prometsounousn’auronsplusrienànousdire.Rien.

Moncœurfrappedansmestempes,dansmapoitrine,auboutdemesdoigts,alorsquej’attendssaréponseàmonultimatumimpulsif.Ilsetientprèsdelaporteetritdoucement,puissortquelquechosedesaveste,laissetomberlacartouchedesonarme,lapose,etouvregrandlaporte.Ilnem’apasdonnésaparole,maisjelecrois.

Jenesaispaspourquoimaisjelecrois.J’attendsquelaporteserefermederrièreluipourfairelaplusgrossedesputainsdecrisesdenerfsdetouslestemps.

21

LALISTE

Greyson

C’étaituneciblefacile.J’entredanslamaisonéteinte,leréveilleavecleboutdemonSIGtoutcontresatempelorsqu’il

sursaute dans son lit. Il tremblait comme un drapeau au vent en ouvrant son coffre-fort pourmedonnerl’argent.Ilnedormiraprobablementplusjamais.Bienvenueauclub,monvieux…

Maisjenepenseplusàcela.Sonnomestrayé,lescombatsétaientbonscesoir.Riptidearégnésurlering,etcelamevatrèsbien.Riptide,c’estdel’argent,ettoutcequiintéressel’Underground,c’estl’argent.Maiscen’estpasnonplusàcelaquejepense.

Jepenseàelle.Jemedemandesielledort.Ousielleestaumoinsàmoitiéaussitorturéequemoi.Ilestsixheuresdumatinàl’hôpital,etjesuisassislà,àmaudirecequejesaisdéjà.Jedétestesavoircequ’ellevamedirequandjelaverraiplustardaujourd’hui,quandj’irailavoir.Quejenelaméritepas,quejesuisunmenteur,unarnaqueur,pasl’hommequ’elleveutetça…çamebouffe.

Jenetienspasenplace.Jenepeuxpasm’empêcherdetoutretournerdansmatête.Jesuisrestéassistoutelanuitàl’hôpital,àregardermonpèrelutterpourrespirer.Moiaussijemesensétouffé,l’airestcoincédansmespoumons.Jesavaiscequ’étaitmavie,cequejevoulais.Toutétaitclair.

Plusrienn’estclairmisàpartquejenepeuxpasm’imaginertenirunjourdeplussanselle.Sielle ne veut pas de moi, je sais déjà que je vais faire une obsession. Je vais la harceler. Je neparviendrai pas à la lâcher. J’aurai besoin de savoir qu’elle est en sécurité, qu’elle est elle-même,qu’ellerit.Jedevraivoirquelqu’und’autrelatoucher.L’hommequ’ellevoulait,l’hommequejenepouvaispasêtre.Moncœurcassetoutdansmapoitrine.Unincendiefaitragedansmoncorpsàl’idéequequelqu’und’autrequemoipuisselatoucher.

Mais je ne serai pas le Hadès qui traîne sa Perséphone avec lui en enfer. Elle n’est pasPerséphone.Elle estMélanieMeyersDean, et je l’aime. Je souffle et prendsmonvisagedansmesmains,jefrissonneenessayantdereprendrelecontrôledemoi-même.

Jesuismaladeetelleest leseulremède.Jesuismaladed’elle,aussimaladequemonpère.Jelèvelesyeuxetilbougeàpeinedanssonlit,lebruitdesarespirationestbasetrégulier.Oui,celafait

mal.Jel’aidétestétoutemavie.Ilm’aenlevétoutcequiestbon.Etcelafaitquandmêmemaldelevoirfaibleetmortel;pourtant,cesalauds’accrochetoujoursausecretd’oùsetrouvemamère.

Larage, l’impuissancegonflentdansmapoitrine.Jeviensde terminermadernièrecibleavecl’aide de Tina. J’ai bien fait attention aux chiffres pour qu’il neme reste qu’une seule cible… lenumérocinq.

–La liste ?me demandeÉric, inquiet après s’être entretenu avec les docteurs et avoir apprisqu’ilneresteàmonpèrequequelquesheuresàvivre.Quelquesheures.

–Jevaisrécupérerlepaiement,jemens,puisjepousselachaiseenarrièreetmelève.Maisjeneleferaipas.Jevaisrécupérermacopine,etjevaisreveniricietdireàmonpèrequ’il

aéchoué.Qu’iln’apasréussiàmerendrecommelui.Àmerendrecomplètementégoïsteetmauvais.Jevaisrécupérermacopineet jevaisallerchercherduliquideet rachetersadette. Ilpeutme

fairepayerleprixqu’ilveut.Ilpeutmefairepayerdemavie.Oum’enleverl’Underground.Maisilmedira où estmamère, et ilme regardera rayer le nomdeMélaniequand je lui tendrai l’argentqu’elledoit.

Ilmecroira faible. Ilmourraenmecroyant faible.Mais jem’enfous,maintenant.Jemebatspourceenquoijecroisetjemebattraimêmesijepasselerestedemesjourscaché,àm’assurerquemafemmevabien.

22

DÉCISION

Mélanie

–Jeveuxrentrerchezmoi.Cesontlespremiersmotsquisortentdemabouchelelendemain,quandGreysonsetientdevant

laportedemasuite,toutennoir,lescheveuxencoremouillés.Pasmonprince.Pasmonchevalierenarmure.Plutôtmonméchantennoir.

– Je veux vraiment rentrer chezmoi, je répète d’une voix rauque et cassée. J’ai réfléchi à…notreconversationetj’aijusteenviederentrerchezmoiaujourd’hui.

C’esttoutcequejedis.Pas«Salut,commentçava».Jenementionnemêmepaslaboîtequ’iltient,oulebouquetdegerberadanssamain,commecellequ’ilavaitclouéeaumurchezmesparents.Jesuisprised’émotionenrepensantàcettejournée,commeelleétaitvraie,commeons’étaitamusés.

Ceuxquijouentensemblerestentensemble…Cen’estpasvrai,Mamie.Parfois,leshommesnefontquejoueravectoiettebriser.JenepeuxmêmepasdirequeGreysonnem’avaitpasprévenue.

J’ai l’impressionqu’unvampirevientd’aspirer tout le sangdemoncœurquand j’ouvreplusgrandlaportepourlelaisserentrer.Lapiècerétrécitlorsqu’ilentreetsonregardnequittejamaislemienpendantqu’ilposetoutsurlatablebasse,serendantprobablementcomptequejenevoulaispasdecadeaux.Jeneveuxmêmepasquecesoitmonanniversaire.

–Hey,lesaluePandoradepuisunepetitetableoùelleprendsoncafé.C’estlapremièrefoisqu’ellen’apasl’airhostileenverslui.Peut-êtreparcequenousenavons

parlé toute la matinée, et qu’elle m’a convaincue, et que je me suis convaincue, qu’il estTOTALEMENTMAUVAISPOURMOI.

Mais maintenant qu’il est proche de moi, c’est tellement difficile de croire ça. Je sens sonchagrin alors qu’ilme suit dans la chambre.Mes tripesme crient deme jeter dans ses bras et detrouverunesolution.Commentest-cequecelapourraitnepasmarcher?Jeluiappartiens.Àluietàtoutcequ’ilest.Maisj’aibesoinqu’ilmelaissepartirouilvamecasser.Jesuistropromantiqueetilesttropdur,tropfroid,àcausedecequ’ilafaittoutesavie.

Lorsquejefermelaportedemachambre,jemeretourne,etilmetireàluietm’embrasse.Nousnousembrassons, sans résistance,nous fondonschacundans labouchede l’autrepour lebaiser le

plus longdenotrevie.Plusieursminutes, et d’autres, et d’autres.Moncorps enmanque s’enfoncedanslesien,sesmainsdanslebasdemondosmetiennentfermementcolléecontrelui.Noslanguesbougentplusvitequejamais,affamées,etnousmémorisonslegoûtdel’autre,lasensationsatinéedenotrebaiser.Jusqu’àcequ’ilgrogneetsedétachepourmarcherverslafenêtre.

Jelevoislutterpourremontersesdéfenses.Desdéfensesquej’aifaittombercarjevoulaisqu’ilm’aime.Et ilm’aime.Je lesais.Je l’aisentidansson toucher,dans ledésespoirdesesyeuxencemoment,commes’ilvoulaitmelaisserm’enallermaisqu’ilnepouvaitpas.

Il se tient face à la fenêtre, lesmains dans les poches, dans cette position de conquérant quej’adore.Toutmonêtresaitqu’ilfaitattentionàmoi,maisilnelemontrepasavantdemeparler,sansseretourner,avecunevoixsicruequ’ellem’écorchelestripes.

–Tuessûrequec’estcequetuveux,partir?–Jesuissûre,dis-je,d’unevoixquisonneaussicommedupapierdeverre.Savoixcraquequandilajoute:–Derekpeutteconduireàl’aéroport,alors.–Jepeuxprendreuntaxi.Jefaisunpasverslui,puisjem’arrête.Qu’est-cequejevaisfaire?Luifaireuncâlin?Jene

peuxpas.Ilfautquejecasseça.Jevoislesgantsqu’ilajetéssurlelitetlesprendsamoureusementdansmamain,j’aibesoindelestoucherunedernièrefois.Ilseretourneetmefixe,celamefaitmaldeleregarderdanslesyeux.LesyeuxfiersdeGreysonKing.Jeregardeparterreetclignedesyeux.

–Peuimporteavecquitufiniras,n’oubliepasquetuasd’abordétéàmoi.Unepartiedetoiseratoujoursàmoi.Mêmequand tu trouveras tonprincecharmant, celuiqui a tout ceque tucherches,parfait,tuserastoujoursmaprincesseetcelledepersonned’autre.

Mesyeuxs’embuentcarsesmotsfontmal,leurvéritémefaitmaltandisquejepoussesesgantsdanssesmains.

–S’ilteplaît,laissetomber,mêmeça.–Jepourraistefairem’aimer,Mélanie.Jepeuxfaireensortequetumechoisisses.Jememetsàpleurerenposantmatêtesursontorse,etilreniflemescheveux.–C’estcequetuveux?Jeseraitonjouetettuserasmonplay-boy,touteslesnuitstuferasdes

chosesaffreusesettureviendrasmefairel’amour;jeseraiauparadisquandjeseraidanstesbras,etenenferquandjen’yseraipasetqu’ilsferontdeschosesterribles.

– Ce corps m’appartient,Mel, dit-il en caressant mes formes. Chaque centimètre. Ces mainssaventcommentt’aimermieuxqu’ellessaventfairecequ’ellesfont.

J’essuiemeslarmes.–J’aimaisqu’il t’appartienne.Chaquecentimètre.Maisl’amourdemavienepeutpasfairece

quetufais.Cen’estpaspossible.Ilprendmonvisagedanssesmains.–Pourtantc’estcequ’ilfait,dit-iltendrement.J’avalemasalivecarjedoisbienlereconnaître.

–Maisj’aimeraisqu’ilnelefassepas.Jesecouelatête,maisilmeregardeaveccesyeuxperçantsnoisette,avecdepetitséclatsdevert,

quisemblentétinceler.–Maisc’estunepartiedemoi,dit-ild’unevoixrauqueenavançant.Jenesuispastonprince,je

suistoutcequetuneveuxpas,etpourtanttumeveux.Tuasbesoindemoi,Mélanie,tum’attendais.Oubliel’idéedequijedevraisêtreet…

–Non!Non,jeneveuxpasêtreamoureusedetoi!Pastoi!Jelepousse.–Bébé,jenelaisseraipasçateternir,çan’assombriraquemoi.Tunesaurasriendecequeje

doisfaire.Rien…–Non!Jenesupporteraipasdesavoirquetufaisdeschosescommeça,Grey!Ilmelâche,s’éloignepourfairefaceàlarue,lesrayonsdusoleiltombantparfaitementsurson

beau visage, et mon cerveau semble avoir encore assez de neurones pour enregistrer ce qu’il sepasse.Greyetmoinousséparons.Jevoulaisl’amour,jel’aitrouvé,etjevaislelaissertomberparceque…Cen’estpascommedansmesrêves,dansleshistoires,cen’estpascommejel’imaginais.

J’ail’impressiond’avoirunpoignardplantédanslapoitrineàcausedecequejesuisentraindefaire,maistousmesinstinctsdesurviemedisentquejedoispartir.Greysonseretourne,prendmonvisageetletourneverslui,avecunevoixdécidée.

–L’Undergroundseramieuxorganiséquelorsquemonpèreledirigeait.Mélanie,jegarderailatêtesurlesépaules…

–Tunepeuxpasmedemanderderesterprèsdetoialorsquetufaischanterdesgens,quetulesmenaces…

Ilgrondeetfermelesyeux.– Ce sera du business. Personne ne sera blessé. Essaie de comprendre que je ne peux pas

abandonnerça.Desgensgagnent leurvie…Desboxeursviventgrâceàça.Tonamie…sonmari,Riptide…ilsprospèrent,ilsrespirent,ilsadorentl’Underground!

– Je sais ! Je sais que c’est unmal qui doit exister,mais je ne peux simplement pas en fairepartie.J’aipeur!jem’écrie.

Cetaveuposeunvoiled’inquiétudesursesyeux,etjenesaispass’ilserendcomptequecequime fait peut-être le plus peur, c’est ce que je ressens pour lui : le fait qu’il est tout ce que je n’aijamais voulu, et soudain tout ce que je veux. J’ai mal à la poitrine quand je touche sa joue et leregardedanslesyeux:

–Tu es tellement beau que laTerre s’arrête de tourner et tu es un homme si bon, là-dedans.Quandjepenseàtoi,jeveuxpenseràquituétaisquandtuétaisavecmoi.Greyson.

–Tupréfèresaimertonfantasmequelevraihomme,dit-il,endissimulantmalsadouleur.–Non, c’est un vrai homme quime fait souffrir là, tout de suite. Je suis amoureuse du vrai

greyson,dis-jeenavalantmasalive.Brookem’aditquetuétaismonUnique.C’estcommeçaqu’elle

appelle l’amourdesavie,maintenant.Mais tun’espasmonunique,Greyson.Tuesmonchevalierauxgantsdecuirquiamaltourné.

–BonDieu,tumedéchiresendeux,Mélanie.J’avalemasalive,prendssamainetposelesgantsdanssapaume,acceptantsilencieusementle

faitquejesaisquiildoitêtre,etalorsqu’ilenroulesesdoigtsautourdesgants,illesenrouleautourdemoi.Sesyeuxdescendentsurmeslèvres,puisillesembrasse,unecaresserapidecommes’ilnepouvaitpass’enempêcher,etilmetireverslui.

–Tuastroissecondes,dit-il,pourpartir.Celafaitmal,commesij’arrachaisunmorceaudemoncœur,etjeneconnaispersonneàpart

ma sœur qui pourrait m’éloigner de cet homme. L’opposé de tous mes rêves et de tous mesfantasmes,ettoutàcouptoutcequejeveux.

–Deuxsecondes,Mel.–Grey,retiens-moi…jedistoutàcoup.OhmonDieujen’arrivepasàcroirequejevaislequitter!–Une.Putain, ilnevapasmeretenir.Malgrétoutessesactivitésdecriminel, ilnevapasm’imposer

cettevie.Savie.Jemeretourne,prendsmavaliseavectoutcequej’aiamenéici,etjefermelaporte.Puisjerestelà,jepleurecontrelesilencesuprêmedanslapièceoùjel’ailaissé.Pandoraselèveetvacherchersavalisesansriendire.

J’aibeaucoupcouchéàSeattlemais jen’ai jamaiseu l’impressiond’êtreune salopeavantdebriser le cœur de cet homme. Dans unmonde idéal, on n’aimerait que l’homme parfait.Mais cemonden’estpasidéal.J’aimeunhommeimparfaitquiment,vole,faitchanter,etc’estbizarrededéjàsavoirquemêmeM.Parfaitouleprincecharmantn’arriverajamaisàlachevilledeceluiquejeviensdequitter.

***

Pandora et moi ne parlons pas sur le chemin de l’aéroport. Derek a insisté pour nous yemmener,etjesuistropdévastéepourprotester.J’aitrouvél’amour,etjel’aiquitté.J’aitrouvétoutcequejevoulaismaisrienn’allait,etjel’ailaisséplantédansunechambred’hôtelqu’ilapayée,àregarderparlafenêtrecommes’ilallaitm’enchaîners’ilmejetaitunsimplecoupd’œil.

–J’envoieunmessageàKylepourqu’ilorganisequelquechosecesoir,ditPandora.–Non,jeréponds.–Mel,c’esttonanniversaire.–Non!jedis.S’ilteplaît.Jeveuxêtreseule.Nousembarquons.Jevaismêmejusqu’àglissermavalisedansuncasierde l’avion.Et jeme

rappelledeluisouslapluie.Jemerappelletoutesleschosesqu’ilafaitespourmoi.«Jem’occupedetavoiture.»

«Soischeztoicesoir.»«Ma vie a coûté cher aussi.Chaque jour dema vie. Tellement de jours passés à essayer d’y

trouverunquelconquesenstordu.»«Jesuislepremierhommepourquituascuisiné?»«Tum’asmoi, princesse.BonDieu !Tune vois pas ceque tume fais ?Tum’as tout entier,

Mélanie.Jesuisàdesmilliersdekilomètresetjemesenscommeundemi-homme,j’ail’impressionquejevaiscasserquelquechosesijenetevoispasvitedemespropresyeux…»

«Jesaisquetut’esservidusexepournepastesentirseuletroplongtemps,Mélanie,etjesaisquetues laplusbellechoseque j’aie jamaisvue,à toujoursessayerde tirer lemeilleurde tout.Àdonner sa chance à chaque crapaud, parce que l’on t’a donné cette chance, n’est-ce pas ? Alorspourquoirefuserais-tuàquelqu’unsachance?Àn’importequi?Mêmeàunpauvreconnardcommemoi?»

Ilm’aportée…Soudain,jemesouviensqu’ilm’aportéepourmeramenerchezmoi,alorsqu’ilsaignaitàcaused’uneblessurequejeluiavaisinfligée,etqu’ilm’ainstalléesurmonlit,aremplimabaignoirepuisaserrémamain.Ilm’aprotégée.M’aprisedanssesbras.Ilaessayédememettreengardecontreluicarilnevoulaitpasmefairedemalmaisquelquepart,commemoi,ilnepouvaitpasresterloin.Jevoistoutcelasiclairement.LeREGARDqu’ilapourmoi.C’estçaquiestréel.Toutescesconneriesnesontpasimportantes.

La gratitude et la férocité de son regard, quand je lui ai fait à manger et qu’il s’est senti…accepté.Lesfoisoùils’estouvertpourmedirecequ’ilressentaitpourmoi.Lui,unhommequin’aprobablementpas l’habitudederessentirquoiquecesoit. Ilmeconnaît.Depuis ledébut, ilconnaîttousmesbonsetmesmauvaiscôtés,etilmeregardetoujourscommesij’étaisleplusprécieuxdesdiamants.Toutàcoup,jemerappelledeBrookequimedisait«PRENDSLEDESSUS,MÉLANIE!Tuascherchétoutetavie,bats-toi!»

–Pan…jemurmure,tandisquemessentimentspourluis’intensifientjusqu’àcequejesoissurlepointdehurleroud’imploser,carjeneveuxpas,jerefusedevivreavectoutcelaenfouienmoi.

Vivreseulealorsquejepeuxl’avoir.Est-cequelapeurvam’empêcherd’êtreavecmonmec?Monhomme?Monescroc?Mesmainstremblentquandjedéfaismaceintureetjetrébucheenmelevantdusiègeavantquelaporteneseferme.

–OnsevoitàSeattle.–Qu’est-ceque tudis ?Meuf, j’ai peurde l’avion et je viensdemeprendreunepilule pour

pioncer,tulesais!–Nem’arrêtepas.Jeneveuxpasquetum’arrêtes.S’ilteplaît.S’ilteplaît,Pan!Jeleveux.Je

l’aime.Jene lui laissepas le tempsdemeconvaincreque je suis stupide,ou irréfléchie. Je sensune

tempêted’excitationrienqu’àl’idéedemejeterdanssesbras,ettoutestemmêléenmoiquandjemefaufilehorsdel’avionavantquelesportesnesereferment.Jecoursdansleterminaldel’aéroportpourytrouverDerek.

–Derek!jecrie,dansl’espoirdelerattraper.Jedébouledel’autrecôtédesportescoulissantesettombesurunautrehomme,avecdesbottes

decow-boyetunechemiseàcarreaux,quim’arrête.–Putaindemerde,c’esttoi!dit-il.–Quoi?Jeclignedesyeuxettoiselejeunehomme.Ilalegenredevisagequejemesouviensavoirvu

surbeaucoupd’autreshommes,simpleetamical,maisunepairedelunettesdesoleilcachesesyeuxetjejurequejenemesouvienspasl’avoirdéjàcroisé.

–Mélanie.TuesMélanie,répète-t-il,enprononçantlemotcommes’ilvenaitdetrouverdel’or.– Est-ce qu’on se connaît ? je demande et je jette un œil par-dessus son épaule, espérant

apercevoirlelargedosdeDerek.Toutàcoup,jenetiensplus.Jeveuxvraimentfairedemi-tour,metenirenfacedeGreyetlui

dire:Jet’aime.Jet’aime,jetefaisconfianceetonvafaireensortequeçamarche.Onvatrouver.Toi,petitcon,tuesmonprince,quetuleveuillesounon!

–Non,tunemeconnaispasencore,ditl’hommeavecunpetitsourireenmetendantsamain.JesuisWyatt, le frèredeGreyson.J’aientenduque tupartais.J’aimêmecruque j’avais raté tonvol,pourtantj’espéraisencoreteconvaincrederester.

Sesyeuxbrillentcommes’ilsavaitpourGreysonetmoi,cequisepasseentrenous.Cequel’onvientdeperdreparcequejesuisunepoulemouilléeetqu’ilvoulaitjusteêtre…noble.Noble.Etmelaisserpartir.Jesuisdeplusenplusimpatientedelerevoir.

–Est-cequetuvaslevoir?Oùest-cequetuvas?Jecherchaisunevoiture.–Enfait,jedevaisallervoirlamèredeGreysonavant.–QUOI?jem’exclame,presquerenverséeparlajoiequejeressens.Tusaisoùelleest?–Jeviensdel’apprendre,maischut.NeledispasàGreyson,c’estunesurprise.Monpèren’est

pasenforme…Ilestàl’hôpitaldepuisdesjoursetilneluirestepasbeaucoupdetemps.Les bras me tombent quand j’entends cette nouvelle. Submergée de bonheur, d’espoir,

d’impatience.–OhmonDieu.J’aileslarmesauxyeuxenpensantàcequecelavavouloirdirepourGreyson.Ilvaenfinrevoir

samère,aprèscombiend’années?–Tuveuxveniretlaluiramener?meproposesoudainWyatt.–OUI!

23

NOUVELLES

Greyson

LemessagevientduportabledeMélanie,maismonventresegèlelorsquejemerendscomptequecen’estpasellequil’aécrit.

«FÉLICITATIONS.TUASGAGNÉ.»Jeréponds:«ETVOUSÊTES?»«MÉLANIEAOUBLIÉSONTÉLÉPHONEDANSL’AVION.C’ESTPANDORA.TUASGAGNÉ,J’ESPÈREQUETU

ESCONTENT.ELLEESTENROUTEPOURTEREJOINDRE.ELLEESTDÉSESPÉRÉMENT,AVEUGLÉMENTAMOUREUSE

DETOI.»

Lesmots s’enroulent autour demoi commeune couverture quime réchauffe.Mais enmêmetemps,uneinquiétudeprimitiverésonnedansmoncerveau.JetapelenumérodeDerek.

–T’esoù?–Surlaroute,j’aidéposétareine.Pourquoi?–Retourneàl’aéroportetramène-la-moi.Ramène-la-moiTOUTDESUITE!Tousmes instinctsdeprotectionsesontactivésenmodevengeance,mélangéàuneexcitation

sauvage,primalecauséeparcequejeviensdeliresurmonportable.Ellevientàmoi.Ellerevientàmoi.Aprèsavoirfaitlescentpaspendantvingtminutes,jereçois

unappeldeDerek.–Elleestpartie.Leresponsabledestaxisl’avueavecunmecquiportaitunechemiseàcarreaux

etdessantiags.Mon ventre se retourne, et soudain tout fait sens, etmon sang se glace.Wyatt. La voix bien

connued’Érics’élèvederrièremoi.–Fiston,tonpèreveuttevoir.J’attendaisdevantsachambreàl’hôpital,j’attendaisdeluiparler,monchéquieràlamain,prêtà

réglerleschosespourMélanie,etmaintenantjejetteunregardnoiràÉricengrinçantdesdents.–Dis-luiquejesuisparti.Dis-luiquejereviens!JecoursdanslecouloiretsorslesclésdemavoituredelocationenappelantC.C.

–WyattaMélanie.Vadanslesuddelaville,jeprendslenord,envoieDerekàl’est,etdisaurestedel’équiped’êtresurlecoup.TROUVEWYATT,AIDE-MOIÀLARETROUVER,PUTAIN!

Pendanttreizeans,j’aicherchémamère.Treize!SiMélaniedisparaîtpourplusd’unejournée,jevaisdevenirunmonstre,unmonstrequivafaireuncarnagepourremplirsonuniquemission.Latrouver, la protéger, la garder,m’accoupler.NEPLUS JAMAISLALÂCHER. Je n’ai jamais priémaisjemejettesurunDieuauqueljen’aijamaiscruetluihurledemeprendren’importequoi,toutcequ’ilveut,maispaselle.

24

RÉVÉLATION

Mélanie

–Alors,oùest-elle?Oùest-cequ’elleétaitpendanttoutcetemps?jedemanded’unaircurieuxdepuislabanquettearrière.

Le frère deGreysonne fait queme sourire et conduit deplus enplus loindans les quartierschaudsdelabanlieuedeDenver.Ilestassezpetitetesthabillécommes’ilseprenaitpouruncow-boy.Jenesaispassic’estlesixièmesensquesontcenséesavoirlesfemmes,leregardglaçantdanssesyeux,oulafaçondontmoncœurs’accélère,maisilyasérieusementquelquechosequinevapas,là.

Etbrusquementjesais–jesais–queWyattnem’emmènepasvoirlamèredeGreysoncommeilmel’adit.

–Ramène-moilà-bas,dis-jedoucement.Ilrigole.–Tuessérieuse?Tumedonnesdesordres,maintenant?Ilglousseetnosregardssecroisent.

Onva le laisservenirà toi,OK?Toutes lesfillesaimentça,non?Êtresecourues?C’estsûrquemonfrèrevavenirsauversa«princesse».

–Écoute,pourlemomentils’enfoutdemoi.Nousdeux,c’estfini…Quandjetendslebraspourouvrirlaporte,ilsortunflingue.–Assieds-toietfermetagueule.Le choc d’avoir une arme pointée surmoime fait reculer dans le siège et jeme tais sur-le-

champ.Moncœurtambourine,marespirationestirrégulière.Jeneveuxpasqu’ilvoiequej’aipeur,maisjesensunfrissondeterreurenrepensantàdesmainsquimetirent…m’embarquent…C’étaitlui.

–Ohcrois-moi,ilenaquelquechoseàfoutre.L’observer,c’estdevenumareligion.Monpèrevoulaitquejesoiscommelui,ricane-t-il.Ilestamoureuxdetoi.Ilatonnomsursalistedepuisdessièclesetilaremontélalistedepuislenuméroquarante-huit,aulieudelefairedansl’ordre,toutçapourretarderlemomentoùildevraitcollectertonargent.Enattendant,ildisparaissaitdetempsentempsetjelevoyaisteregardersurlescamérasdel’Underground.Touscescombatsauxquelstuas

assisté?Greyson te regardait. Il temet surpause, te rembobine, tepasseenboucle.Oh, tuesplusimportantepourluiquen’importequoid’autredanslavie,etjevoulaislefoutreenl’air!Jevoulaisluifairecroirequ’ilt’avaitperdueaussi.Jevoulaisqu’ilsoittellementpauméqu’ilnepourraitpasterminerlaliste,etl’Undergroundfiniraitàsaplace.Entremesmains.

Ilrigoletoutseul,d’unrirequicontientunerageinnommable.–Ilamêmefaitpromettreàmonpèrequepersonnenetoucheraitàsescibles…Toutçaparce

quececonnardvoulaitquepersonnenes’approchedetoi.Ilmelanceunregarddebiaisetsonsourireestleplusfauxquej’aiejamaisvu.–Fais-moiconfiance,«princesse»,ilenabeaucoupàfoutre,detoi,plusqueden’importequoi

d’autre.Avant,c’étaitimpossibledenégocieraveclui.Samèreavaitdisparu.Ilsefoutcomplètementdenotrepère.Ilsefoutaitmêmed’êtrevivantoupas.Avanttoi…

Ce rire, encore, qui déclenche toutes les alertesdemonorganismebienque jenepuisse fuirnullepart;jesuispiégée,piégéeenpleinelumière,àl’arrièredecettevoiture.

–Greyson est intelligent,méthodique, dit son demi-frère, en plissant ses yeux rivés surmonvisage.Maisiln’apascequ’ilfaut.Ilveutfaireleschosestropproprement,tropgentiment:unmecbienquiferaitdesaffaires.Maisc’estmonmonde.Iln’enveutmêmepas.Ilnefaittoutçaquepourretrouversamère.

Ilsouritencore,ritànouveau.Jedétestecesourire.Jehaiscerire.–Ouais,Grey le joli garçonpense quePapa est unméchant. Il passe son temps à sauver des

gens.Iltuepourlesmauvaisesraisons.C’estunsalemonde,l’Underground.Quandmonpèreneserapluslà,Zérovaletransformerenentreprisecrédible?Etquoi,onvas’asseoirautourd’unetableetentamer des putains de négociations ? rigole-t-il. Ce n’est pas comme ça que fonctionnel’Underground;tantquejeseraivivant,çanefonctionnerapascommeça.Maintenantjet’aitoi,alorsjeletiens.Maintenant,c’estmoiquivaissortirunefemmedesavie.

–Vouspouveznégociersansmoi.Ilneveutplusdemoi,jeluiaffirme.Pourquoiest-cequ’onnevapasvoirsamère…jesuggère.

–Putain,personnenesaitoùestcetteputeàpartSlaughter,etilnediraRIEN!Iltournelevolantd’uncoupsecetnousbalancesurlecôté,puisilmejetteunregardnoiren

redressantlavoiture.–MonDieu!Çamedépassequemonfrèrebrillantettalentueuxsesoitfaitavoirparunebimbo

commetoi.Maisjesuissûrequetusucesbien.Je garde le silence, trop effrayée pour parler.Greyson croit que je suis partie. Ilm’a laissée

PARTIR. Il ne viendra pasme chercher. Je connais la teinte exacte des yeux deGrey quand ilmeregarde.Jesaisqu’ildortavecunbrassousl’oreiller,surleventreaveclatêtetournéeversmoi.Jesais qu’il a l’odeur d’une forêt où je veuxme perdre, pour toujours, et que l’on neme retrouvejamais.

Et je ne sais rien de ses activités criminelles à la con. Mis à part qu’il me les cachait. Etmaintenant,jenesaismêmepassisonfrèreestdangereux.Sic’estunvioleuretunmeurtrier,enplus

d’être un kidnappeur. S’il ne m’enlève que pour une rançon ou s’il a l’intention de me torturersimplementparcequ’illepeut…Putain,jenesaispasquoifaire!

–Vas-y.Juge-moi.Jem’enfous,crache-t-il.Ilconduitlavoituredansungaragesouterrainetfermelaportederrièrenous,puisilmesortde

l’arrièredelavoiture,entenantl’armecontrematempe.Del’acier.Froid.Dur.Monestomacs’agitequandilsaisitmonbrasetmetireversl’ascenseur.

–Dis-moi,dit-ilpendantquenousmontons,etjel’entendsàpeinepar-dessuslesbattementsdemonproprecœur.QuifaisaitlesaleboulotdeSlaughterquandsonGreysonadorés’esttiré?J’étaissûrqu’ilnereviendrait jamais,maisoh,non.Julianétaitpresqueprêtàsemettreàgenoux.Ilavaittroppeurdeperdre son filsprodigue.Quand Julianaapprisqu’il étaitmalade, iln’arrivaitplusàdormir en pensant qu’il ne reverrait jamais son précieux Zéro, que son Underground – tous lescombats, les paris, les affaire bien lucratives, le prestige chez les autres ligues de combat – seraitperdusiZéron’étaitpasauxcommandes.

J’entendssesmots,maisjesensencoreplusfortlarancunequ’ildéversesurmoi.Mets-luiuncoupdepieddanslescouilles,Mélanie!Maisjesuisparalysée.

–Tuvois,jenesuispasjaloux.Mélanie,retourne-toi,enfuis-toi!Celaparaîtsifacileàlatélé,maismespauvresgenoux…mespauvresgenouxsontenmousseet

ilsembleraitquejenepuissepascourirmêmesimavieendépend.– Quand notre père mourra, Greyson n’aura rien tant que je t’aurai, toi, continueWyatt en

ouvrantlaportedel’ascenseurpourmepousserdansunloftabandonné,dontlesolestrecouvertdemorceauxdeboisetdepotsdepeintureséchée.Assieds-toisurcettefoutuechaiseoujetetiredanslesjambes.

Je me laisse tomber sur la chaise sans me poser de questions, en serrant la mâchoire pourempêchermesdentsdeclaquer.

–Ilestentraindemourir.Etjet’ai.Greysonaperdu.Iln’apasterminélalisteetilvaperdre.Mêmes’il sebatcontremoi, s’ilveut te récupérer, il faudraqu’il laisse tomber l’Undergroundenéchange,etjedevrailetuer.Ettoi,situveuxvivre,laisse-moitebaiserunbonpetitcoupetonverra,dit-ilenmeregardant.Ehoui,Mélanie,tuvois,moiaussijeteregardecesdernierstemps.Toutescesvidéos qu’il fait tourner… Je te regarde aussi. Tes seins qui sautent. Toi qui cries «Riptiiide ! ».Ouais,iln’yapasquemonfrèrequetufaisbander.

Wyattcommenceàattachermesbrasdansmondosavecunegrossecordeenchanvre.Lapeur.Elleme ronge,maintenant. J’entends le bruit demes dents qui s’entrechoquent. Le vent qui siffledehors.Ilm’attacheetjecligneplusieursfoisdesyeuxcarnon,jeneveuxpasquecetrouduculmevoiepleurer.

–Quand il va te trouver, il te tuera, dis-je d’unevoix rauquedont je déteste le son, car onyentendmapeur.

Ilrit.

–Chérie,jesuisdéjàmort,répond-ilensepenchantau-dessusdemoi.Etnon,ilnemetuerapas.Tuvois,c’estçasonproblème.Iln’aimepastuer.Ilnelefaitquequandiln’apaslechoix.Maisjesuislaseulefamillequ’illuireste.Ilsesentencoreresponsabledemoi.Toujoursàmesortirdelamerdeoù jememets. Il aura l’impression,quelquepart dans cettepartiede lui quidéteste êtreunSlater,quec’estlafautedemonpèresijesuisaussicommeça.Ilmelaisseravivre.

Ilattachequelquechoseautourdemaboucheets’envapendantunmoment.D’uncoup,plusriennebouge,etc’estlesilencequim’effraieleplus.Lebesoindepleurerbrûlemesyeux.Magorgeestirritée,malangueestsècheetcollantesousletissuqu’ilapasséautourdemoncou.Jevaispeut-êtremouriraujourd’hui.

Jemesuisdéçuemoi-même,ainsiquemasœur,etmesparents.Etcelanemeconsolepasdesavoirqueladernièrefoisquej’aivuleseulhommequej’aiejamaisaimé,j’aijeténotreamourparlafenêtre.OhmonDieu.

Jeluiaiditàquelpointilnemeconvenaitpas,jamaiscombienilétaitparfaitpourmoi.Iln’ajamaissuquej’étaisheureuse,merveilleusementheureuse–bienqu’effrayée–d’êtreamoureusedelui.Jeneluiaipasditquejepenseavoircraquédèslemomentoùilacourusouslapluiepourquejenesoispastrempée.Jeneluiaijamaisditque,aufond,jepensequec’estsexyqu’ilsoitméchant,etencore plus sexy qu’il soit bon pour faire ça. Je ne lui ai jamais dit que,même après qu’ilm’eutmenti, j’étais sûre qu’il ne me ferait jamais de mal. Je ne lui ai jamais rien dit de tout cela, j’aiseulementditquej’avaispeur.Petitedégonflée.

Ilnesaurajamaisquejecrois,sansl’ombred’undoute,queparuncruelcoupdusortouundonduciel,ilestàmoi.Etquej’étaisàluibienavantqu’ilnem’aittouchée.Ilesttoutcequejevoulaissanslesavoiret toutcedontj’aibesoindésormais.J’ycroyaisassezfortpourrevenir.AssezpourquittermonpaysdecontedeféesetlesuivredroitdanssonUndergroundexcitantetterrifiant.Ilnelesaurapeut-êtrejamais.

Dubruitprovientdelapièced’àcôtéetj’aidesnœudsdansl’estomacenvoyantWyattrevenir.Jesuisprisedetremblotementsincontrôlables,alorsquej’essaied’useravecmesongleslacordequibrûlemes poignets. J’ai des cheveux partout sur le visage. Je déteste ça. Je déteste ça ! Tousmesmuscles sont tendus et le sang court dansmes veines à toute allure afin deme faire bouger, pourm’aideràm’échapper.Lachaisegrincesousmonpoidsetlebruitmefaitgrimacer.

Wyattmarcheversunepetitefenêtrecasséeetjetteunœildehors,puisilinclinesatêteversmoietmefixe,mescrute,attachéesurlachaise.Sesyeuxsontclairementlibidineux,cequidécuplemapeur.OhmonDieucelan’estpasvraimententraindesepasser!

Unedécharged’adrénalinetraversemoncorps.Enretenantmonsouffle,jerapprochemesdeuxpoignetsetsorsmonpoucedunœud,toutenmeservantdemononglepouressayerdetrouveruneouverturedanslacordeetl’ouvrir.Lacordesedétendquandj’yenfonceunpouce,puisl’autre,etjelaséparedesdeuxcôtés,jefaiscommesijem’étiraisetcambreledospourlibérerunemain,puisl’autre.

Enmoinsdetroissecondes,ilm’asautédessus.Ilserremescheveuxdanssonpoingetmetiredelachaise,puismejettefacecontreterresurunmatelasdefortune.

–Qu’est-cequetuessayaisdefaire,hein?T’échapper?Jemetordsdanstouslessens,medébatspourm’enfuir,maisilmeretourneetm’immobilise

avecseshanchesenécrasantmesseinsdanssesmains.Lesangcognedansmesveinesetmonvisagerougitd’humiliationtandisquejemedébatstoujours.

–Nemetouchepas,connard!jecrieenlepoussantetessayantdemeservirdemesgenoux.Ilsoulèvemesbrasetjetournelatête,mordssansregarder,etarracheunmorceaudechair.Il

hurleetjeparviensàmedégager,haletante,jereprendsmesrepèresetmoncœurcontinueàbattrefrénétiquement dans ma gorge. Il rugit, se lance vers moi et quand je le tape avec mon talon, leflinguetombeparterre.Jecrachelesangqu’ilrestedansmaboucheaprèsl’avoirmordu,j’attrapel’armeetmetournerapidementlorsqu’illefaittomberd’uncoupdepied.

–Salope.Ilmedonneunegifle.Ladouleurmedéchire,puisilmeprendparlagorgeetmesoulève,etlasouffranceetlebesoin

d’oxygènehurlentenmoiàchaquesoufflequisortdemabouche.Ilrécupèrel’armeetjelaluifaislâcher,puisremontemongenoupourlefaireatterrirdanssescouilles.

–Ooouuh.Il me laisse tomber. Je commence à courir vers l’ascenseur, mais je sprinte en voyant les

escaliersdesecourstroismètresàcôté,jeprendslapoignéedelaporte,lasecoue,j’essaied’ouvrir,jegueuledessus:

–Allez,allez!Mais elle est bloquée, et jem’apprête à la défoncer quand j’entends les portes de l’ascenseur

s’ouvrir,etdeshurlementsénervésderrièremoi.–Ramène-toilà,salepetitepute!C’est à cemoment que la porte que je peine à ouvrir cède enfin.Elle s’ouvre engrand, vers

l’extérieur,etjesuistellementbienagrippéeàlapoignéequejetombeversl’avantetfaisungrandpas…pourme rendrecomptequ’iln’yapasd’escaliers, seulementunechutedecinqétages.Moncorpsplongedanslenéantlorsquej’entendslecrileplusdésespéréquej’aieentendudetoutemavie,uncriquimeglacelesang:«NON!PRINCESSE!»

Jem’écrasedansl’obscurité.

25

TOMBÉE

Greyson

Monmondes’écroule.JeregardeMélaniedisparaîtredansletroubéantdelaporteouverte.Jenemecontrôleplus.Je

m’entendshurlerencoreunefois«PRINCESSE!»enfonçantversl’espacevide.Monfrèresejettesurmoi,metaclecontreunmuretmeprendlebrasaveclequeljetiensmonarme.Jelemaîtrisesansdifficulté,jeglissemonSIGentrenousdeuxetlepointedroitsursacagethoracique.

BOUM!Ilbraille et je laisse tomber soncorpsqui se tortille sur le sol,puis je lâchemonarmepour

courirverslaporteouverte.Mapoitrineestcompressée.Jen’arrivepasàrespirer.Cinqétagesplusbas,jevoisunetachedecheveuxblonds.

–MÉLANIE!Pasderéponse.Dereksortdel’ascenseuretesttoutdesuiteàmescôtés,ildérouleunecorde

tandisquej’aboie:–Descends-moi.Jeprends leboutde lacordeet ilmefait lentementdescendreunétage,puisdeux, jusqu’àce

qu’iln’yaitplusdecorde,etjesautedel’équivalentdedeuxétages,ettombesurlesolavecunjuron.–Appelleuneambulance,jecrieversDerek.Princesse…Jemetournesurlecôtéetrampeverselle.–Princesse…Elleestpâleet inanimée.Ses jouessontstriéesdesang,quicouledesaboucheetdesonnez.

Ellemarmonnedesparolesincompréhensibles.–Bébé,dis-jeentendantmamainverssagorgepourprendresonpouls.Jelesens,faiblesousmesdoigts.Moncœurseserreetmefaitmal.Putain,çafaitmal.Pourla

premièrefoisdemavie,jemesensimpuissant.–Mélanie,resteavecmoi.J’ail’aird’unegonzesse.Àlasupplier.Maisbordeldemerde,ellenepeutpasmelaisser.Elle

nepeutpasmequitter.

Jetouchel’arrièredesanuque;ellen’estpascassée,maisjenevaispasladéplacer.Jen’osepas.Jeprendssimplementsatêtedansmesmainsparcequejepensaisquejenereverraisjamaisceputaindevisage,etjel’observe.Jelafixe.Sesyeuxsontfermés,sonsourireestparti,lesangcouledeseslèvres.Sansmêmem’enrendrecompte,jebaisselatêteetpressemeslèvrescontrelessiennes,j’embrasseseslèvresensanglantées,etmavoixdevientrauqueetsecasse.

–Bébé,jet’aiditderesterloindemoi.Ellenebougepas.Jen’arrivepasàrespirer.Lapièceserefermesurnous,aspiretoutl’oxygène.

Jenerespireplusdutout.–Mélanie,regardecequejet’aifait.Je repousse ses cheveux avecmesmains gantées. Je grogne de rage et retiremes gants, les

glisseàl’arrièredemonjean,puisjeprendssescheveuxdesoiedansmesmainsetlestresse,pourqu’ellen’aitpasàsesoucierdelesavoirsursonvisage.

J’ai l’impressiondeperdre lecontrôle,que jesuissur lepointdecraqueretqueplus riennepourramefairetenirenplace.

–Resteavecmoi, je lasupplieencore,ensoulevantsamainversmes lèvrespouryposerunbaiser,puisdeux,ettrois.Nemequittepasunefoisdeplus.Resteavecmoi.

Jeveuxvoirsesyeux.Cesyeuxvertsquidisent«sauve-moi».Putaindemerde.J’aibesoindelavoirme sourire.Riredemoi.Me traiterde salaud.Medirequ’ellem’aime.Lorsque lesportesdel’ascenseur s’ouvrentauniveaude lacave, je tremblede rageenvoyantDerekpoussermon frèreversmoi.MonDieu,jevaisletuer.

Jefonceàtraverslapiècejusqu’àl’endroitoùsetientWyatt, lesbrasattachésdansledos,dusangcoulantdesonventre.Ilestblessé,maisçanemecalmepaslemoinsdumonde.J’aienviedechopertousmescouteauxetdememettreàdécoupersesmembres,morceauparmorceau.Jeveuxl’entendrecrier,jeveuxfairecoulersonsang,jeveuxmaVENGEANCEPOURCEQU’ILLUIESTARRIVÉ.

Déchaînéparlasouffrance,j’écrasemonpoingsursonvisage.–Pourquoitul’askidnappée?Pourquoi?Salefilsdepute,POURQUOIELLE?–Pourtefairechier,toi!mehurle-t-ilenréponse,enpostillonnantdusang.–Qu’est-cequ’elleadit?jelesecouedetoutesmesforcesavantd’éclatermesphalangessursa

mâchoireunedeuxièmefois.Sesderniersmotsavantqu’elletombe,qu’est-cequ’elleadit?Ilesquisseunsourirepleindesang,jelefrappeencoreetdel’hémoglobinegicledesabouche.–Qu’est-cequ’elleadit,connard?jedemande,ladouleurestsiprofondequejesuiscommeun

animal.Sansâme.Sansvie.Unemachineàtuer,riendeplus.Unecolèrebrutalebatenmoi.Jesuisfou

furieux, je bous de l’intérieur, je souffre à l’intérieur. Je suis inadapté pour elle mais cela nem’arrêterapas.Elle est l’âmeque jen’ai pas.Avant, je pensais êtremort.Non. J’étais simplementendormi.Ellem’aréveillé,etmaintenant,s’illuiarrivequelquechose,jesuismort.Uncadavresurpattes.Ilémetungrognementdedouleurquandjelecogneencore.

–Tul’asfaittesupplier?Tul’asfaittesupplierdelalaisserpartir?Wyattravalesonsouffle.–Ouais,connard,jel’aifaitsupplier.–Commentellet’asupplié?Pendantcombiendetemps?–Écoute,j’étaisénervé.–Combiendetempsest-cequ’elleasuppliéquetuluilaisseslavie?Est-cequ’elleadit«s’ilte

plaît»?Hein?–Quelquesminutes.Justequelquesminutes!–Est-cequ’ellet’aditquej’allaistetuer?Est-cequ’ellet’aditquej’allaist’écorchervivantne

serait-cequepouravoirtouchéàunseuldesescheveux?Jebalanceencoremonpoing,ilgrogneettombesurlecôté,emportantlachaiseaveclui.–Z,elleesttombéetouteseule…!m’implore-t-il.Jel’avaisseulementenlevéepourquetune

puissespasfinirlaliste!–Tul’astouchée,petitcon,non?–OUI!J’aipelotésesseins,jevoulaistefoutreencolère!J’envoiemespoingssurlui,plusieursfois,enhurlant.–Félicitations,jesuisencolère.Etmaintenant.TuesMORT!Jeletabasse,j’enrouleunbrasautourdesoncouetcommenceàserrerpourluiôterlavie.Promets-moiquetunevastuerpersonne.Sesmotsreviennentmehanter.Mesyeuxsemettentà

piquer quand je me rappelle l’espoir dans ses yeux ce soir-là. Promets-moi que tu ne vas tuerpersonne.Vaincu,jegrondeetlerelâche,haletant,tandisquejereprendsmonsouffleetpassemonbrassurmesyeuxmouillés.Promets-moiquetunevastuerpersonne…

–Zéro,j’entendsquelqu’uncrier.L’ambulanceestarrivée.Je marche vers ma femme inconsciente, toujours étendue au même endroit, et je tombe à

genoux,prendssamaindanslamienne.– Tu te souviens quand je t’ai dit que je ne suppliais jamais ? je murmure. Je t’en supplie,

reviens-moi.

***

Quandj’avaistreizeans,j’aiperducequej’avaisdeplusprécieux.Puisj’aibâtiuneforteresseautourdemoipourneplusjamaisperdrequoiquecesoitquicomptepourmoi.Pourneplusjamaismesentirperdu,trahi,seul,oukidnappé.

Je suisdevenuaussi froidquede laglace et aussi calculateurqu’un robot. Jenem’ouvrais àpersonne. Je n’aimais personne, même pas ma famille. Et cela fonctionne très bien tant qu’on nebaissepassagarde.Etpuisauboutd’unmoment,tut’ouvresàquelqu’un.

Unefilleblonde,auxyeuxverts,qui rigolepourun rien.Quiaime toutet tout lemonde.Quitrouveuneconnexionaveclesgens,commesielleétaitnéepourfaireça.Ettucommencesàespérer,

auplusprofonddetoi,qu’elletrouveuneconnexionavectoi.Etbienquetusoisinfernal,quetusoisunsalaud,quetuluimentes,queturefusesdepartageravecellelavéritésurtoi,ellefinitparselieràtoi.Elleouvrelaporteetentreentoiavantquetuaiesput’enrendrecompte,ettutesenssientier,sichanceux,quetuclaqueslaporteetl’enfermesàl’intérieur,pourteprotéger,pourlaprotéger.

Jusqu’àréaliserquetuesfoutu.Jusqu’àcequetunesoisplusfroid,quetunesoisplusunrobot.Tuportes ta faiblesse dans ton cœur et sa douleur est la tienne. Jusqu’à ce que son sourire soit taraison de vivre. Jusqu’à ce que tu sois assis sur une chaise d’hôpital, à attendre et à prier pour lapremièrefoisdetavie,prierundieuquinet’ajamaisécoutéquandtulepriaisdetelaisserrevoirtamère.

Tupriesencorecar,ici,Zéron’aaucunpouvoir.Tonargentn’apasdepoids,ici.Plusriennecompteàparttavolonté,ettunepeuxrienfaired’autrequeprier,pitié,paselle.Maisc’estelle.

Lesmédecinssontsortispourmeparler.Pourmedonnerlesnouvelles.Elleestdanslecoma.Elleadumalàrespirerseule.Elleestquelquepartloind’ici,dansunlieuoùjen’existepas,oùjenepeuxpas l’atteindre, jenepeuxpas laprotéger.Et jepeuxencore lavoir, lasentir, l’entendre.J’aibesoind’elle.JEL’AIMEÀENTUERLALUMIÈREDUJOUR.

Ellenel’ajamaissu.Etmerde,moinonplusjenelesavaispas.Nil’unnil’autre.J’essuiemesyeuxavecmamanchecarilsmebrûlentànouveau,puisjegardelesyeuxfixéssurletextoqueC.C.m’aenvoyéilyaquelquesminutes,incapablederéagir.

«TONPÈREVIENTDEDÉCÉDER.»Sansunmot,jemelèveetvaislaregarderàtraverslavitre,maseuleetuniqueprincesse,puisje

medirigeversleboutducouloirpourallerorganiserlesfunéraillesdemonpère.

***

–Félicitations,Z.–Félicitations,Z!–Zéro,félicitations!Nousarrivonsaucamp le lendemaindes funéraillesdemonpère,et je fronce les sourcilsen

voyantÉricquis’approchedoucementavecunegrandecaisseenmétalfermée.–Qu’est-cequec’est?jedemande.Iln’yapasquelaréactiondel’équipequimedéstabilise,maisaussilesobjetsqu’iltientdans

sesmains.–Tout,Greyson.Lapropriétédel’Underground.Quelquechosequiappartenaitàtamère.Etça.Je ne comprends pas lorsqu’il me tend une enveloppe, mais mon cerveau ne vaut plus rien

maintenant. Je ne vaux plus rien. J’ai l’impression d’être un animal écrasé sur la route. Cela faitquaranteheuresquejen’aipasmangé.Quejen’aipasdormi.Quejenemesuispaslavé.

–Jen’aipasterminélaliste,Éric,jemesensobligédepréciser.–Si.Aumomentoùtonpèreestmort,touslesnomsdecettelisteavaientpayéleurdette.

–PasMélanie…–Sonamiaapportélepaiementàsaplace.Il sort le collierde sapoche, et je tombepresqueenvoyantcebijouque jeconnaisbien,qui

brilledanstouslessens.Lesdiamantsétincèlent,etjetouchelecollierqu’elleportaitàsoncou.Jesuisassaillidesouvenirs.Mélaniequimedemandedequellelistejeparle.Mélaniequiveut

entrerdansmasalleblindée.Mélaniequicuisinepourmoi.Mélanie,Mélanie,Mélanie.Jeveuxvoirses yeuxbriller demille feux. Je veuxvoir ses yeuxouvertsMEREGARDERCOMMEELLELEFAITTOUJOURS!Avecde laviedans lesyeux.Commesi j’étaissondieu.Commesi j’étaissonmec.

Princesse,turéalisescequecelaveutdire?j’aienviedeluidirequandjeprendslecollierdanslesmainsetlefixealorsquejesensunehachedansmonventre,unetronçonneusedansmapoitrine.Tum’assauvé,bébé.Putain,tum’assauvé.Jepeuxtrouvermamère,maintenant.

Maisiln’yapasdejoiedansmoncœur,mêmeensachantcela.Iln’yaurajamaisdejoiedansmoncœursicesyeuxvertsnefinissentpaspars’ouvriretmevoir.Qu’ilsmevoient,mêmesic’estpourmedireàquelpointjesuisunsalaud.Medirequejesuislaraisonpourlaquelleelleestcommeça.

– Alors c’est ça ? C’est l’endroit où elle est ? je demande à Éric en baissant les yeux surl’enveloppefermée,mavoixrauqueàcausedesémotionsquej’essaiedifficilementdecacher.

Ilhochelatêteendirectiondel’enveloppe.Cellequicontientl’informationquej’attendsdepuisplusdedix ans.Quelque chosemegriffe etme serrequand jeprends lepapier et le déchirepourl’ouvrir. J’aiattenducelapendant treizeans.Treize.J’ai faitdeschoseseffroyablespour l’obtenir,pourelle.Pourlaretrouver.Pouressayerdelaprotéger.

Ensortantlepapier,jelisl’adresseécritedelamaindemonpère,etc’estlàquejecomprends.Commeunetorpillequimerentrededans,jecomprends.Mamèreestdansuncimetière.Jerestelà,j’assimile sans ciller, sansqu’un seuldemesmusclesbouge. Je suis immobile, alorsqu’enmêmetempsuneexplosionnucléairesedérouleenmoi.Voilàlaraisonpourlaquellejenepouvaisjamaislaretrouver.Mamèreestmorte.

Le certificat de décès date d’il y a plusieurs années. À peu près au moment où j’ai quittél’Undergroundpourlachercher.Elleétaitsuruneîle,uneîleprivée.C’estlàqu’elleestmorte.Mortnaturelle,selon l’autopsie.Mamèreestmorte,seule,suruneespèced’îlesecrètequivadésormaism’appartenir.

Mamèreestmorte.Monpèreestmort.Etmacopineest…Lasavoirdanscelitd’hôpitalenvoieunedouleurfulminanteàtraverstoutmonêtre.Commelorsquejel’aitrouvée,évanouie,soncrâneabîmé,sevidantdesonsang,sonpetitcorpspâleetinanimé.MAFEMME.Soncœurbattaitàpeinedanssoncou.Pâleetimmobile,parterre,ettoutcequejevoulaisétaitlasouleverdansmesbras.

Jefonceverslebaretcrieenenfonçantmonpoingdanslemur.

***

Jemeréveilleentouréd’unsilencesurnatureletdedizainesdebouteilles.Cetrouàratnepeutpasêtremachambre.Jenepeuxpasavoirdormidanscebordel.

Jegrogneenmerelevantetletambourdansmoncerveaus’étenddanstoutmoncrâne.Jeclignedesyeuxetobservecequim’entoure,toutenprenantinstinctivementmonflinguesousmonoreiller.Jel’armeenmemettantdebout,jedonneuncoupdepieddansuncoussinparterre.Lachambreestsaccagée,commesiuncertainenfoiréavaitl’intentionqueriennesurviveici.

–Tuesvivant,mec?Je grogne et range mon arme en voyant C.C. Apparemment, une chose a survécu, contre la

volontédel’enfoiréenquestion:moi.–Ilterestequelquechoseàcasserici?medemande-t-il.–C’estmoiquiaifaitça?Doncj’aifoutumonappartenl’air.Génial.Jesuistellementfierdemoi.–Bof,çapourraitêtrepire.Frère, tuesuneputaindelégende, leroidel’Underground,riche

comme…–Mamèreestmorte.Mamèreestmorteetmacopineest…Jen’arrivepasàledire.Moncœurs’ouvreendeuxquandjepenseàelle.Jeprendsmatêtedans

mesmains.–Jesuisdésolé,Z.Jesuisfranchementdésoléqu’onnel’aitpastrouvéeàtemps.–Ellerevenaitpourmoi,C.C.Ellerevenaitpourmoimalgré…J’écarte lesbraset regarde lebordelque j’ai foutuautourdemoi,etcelameressemble ; j’ai

enfinlatêteducriminelquej’étaisdestinéàêtre.– Je suis peut-être adulé dans notre petitmonde confidentiel,mais dehors, je suis unemerde.

Dehors, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas chez nous,C.C.Et une fille comme elle peuttrouverbienmieuxquemoi.Etellerevenait.Pourmoi.

Ilrestesilencieux.Jecommenceàramassermescouteauxquisontéparpillésunpeupartoutsurlesol.

–Sijefaisça,C.C.,sic’estàmoidegérerl’Underground…Leschosesvontchanger.–Qu’est-cequejefaispourWyatt?–Mets-leenprison.Metstouslesproblèmesdel’Undergroundetdemonpèresursondos.On

faitplacenetteetonrepartdezéro.Jeleregarde.–C.C.,jeveuxêtrel’hommequ’elleveut.L’hommedontelleabesoin.L’hommequejepourrais

être.– Z, elle ne se réveillera peut-être jamais. Elle pourrait rester comme ça pendant des mois,

jusqu’àcequesafamilledécidequ’ilesttempsdedébrancherle…Jel’attrapeparlachemiseetlemetsengarde.–Nefinispascettefoutuephrase!C.C.setait,etjememetsàrangertoutesmesarmes.

–Grey, l’Undergroundvarevivreavec toi.Tonpère le ralentissait.Tupeux ledévelopper, lefairepasserauniveausupérieur.Tupeuxdonnerplusànosboxeurs,plusànosclients.

– Jem’occuperai de tout ça. Jem’en occuperai, comme toujours,mais pas tout de suite. Pasmaintenant.Jenepeuxpas,dis-jeencommençantàfairemonsac.

–Mec,oùest-cequetuvasdormir?–Pourl’instant,àl’hôpital.Ilmemontrelaboîtedudoigt,laboîtedemamère,surlelit.–Tunevaspasl’ouvriravantdepartir?C’est une boîte enmétal, assez grande. Je la regarde pendant un bonmoment, happé par son

image. Je touche le dessus et j’aimerais pouvoir lui parler. Je suis désolé d’avoir échoué. Je suistellementdésolédet’avoirdéçue.

Jen’aipaspuluiprouverquejepouvaisêtrebonetraisonné,etj’aituéunhomme.Jenel’aipasretrouvée à temps. Je suis devenu ce qu’elle fuyait depuis aussi loin que jeme souvienne.Elle estmorte persuadée que j’étais un tueur, et que je ne voulais probablement jamais la revoir. Elle estmorteenpensantquej’étaisuncrimineltoutcommel’hommequ’elledétestait,monpère.Laraisonpourlaquellej’aiperdumamèreestlamêmequecellepourlaquellej’aiperdulafemmequej’aime.L’Underground.

C.C.s’enva,jeserrelepoingautourdelacléet jefixelaserrure.Laboîteestvieille,unpeuplusgrossequ’uneboîteàchaussures,maisenmétal.

–Faitchier.Je me force à pousser la clé dans la serrure et à l’ouvrir. Je soulève le couvercle, lourd et

grinçant.Puisjeregardeàl’intérieur.Ilyaunpendentifavecundiamantquejemerappelleavoirvuàsoncou.Trèssimple. Ilporteencoresonodeur. Jesorsdesphotosdemoi.Quinzeans?Check.Dix-huitans?Check.Vingtans?Check.Àchaquefois,jesuisentraindem’entraîneraulancerdecouteauxou au tir, je ne vois pas l’appareil photo. Putain, quelle belle façonde dire bonjour à samère!

Puisjetrouveuntasdelettresattachéesparunrubanblanc.Livréesparmessager,sûrement.Pasd’adresse.Justesonnomsurlesenveloppes.J’ouvrelestroisetreconnaisimmédiatementl’écrituredemonpère.

Lana,

Onm’aditque tuavaisétépeucoopérativecesderniers temps.Laisse-moi tedireàquelpointjeseraicoopératifsituarrêtesdevouloirquitterl’île…

J

Lana,

Ilvabien.T’attendais-tuàmoinsde lapartdemonfils?Ilsesurpassequandilestsouspression,etencemoment,ilsesurpasse.Situmedemandess’ilposedesquestionssurtoi?Oui.Jeluiaiaffirméquetuallaisbien.Nemefaispasmentir.

Jenepeuxpaspromettrequejetelaisserailevoiretquejerisqueraideperdretoutletravailque j’aiaccompli jusqu’àmaintenant,maisc’estdansson intérêtet le tienque jet’aieàlabonne.

J

P.S.:Lecuisiniern’estpassurl’îlepourrien.Mange.

Lana,

Commetul’asdemandé,ilestarrivésurlesquais.J’aiacceptélemarchéàconditionquetucoopères;ilseracaducàlasecondeoùtut’opposesàmoiouàcequejeveux.

J

Filsdepute!Mêmeenlagardantenfermée,ilvoulaitqu’elleacceptesonsortsansrienfaire?Jegrincedesdentsensortant leresteducontenude laboîte.Untrousseaudeclés tombepar terre.Jem’apprêteàmebaisserpourleramassermaisjevois,aufonddelaboîte,uneautrelettre.

Etcelle-cim’estadressée.

ÀmonfilsGreyson,

Jeme souviens de toi.Chaque jour, jeme demande ce que tu fais et comment tu asgrandi.Jedemandedesphotos,etcommetupeuxlevoir,j’enaireçuquelques-unes.Tuesaussibeauquej’imaginais.Jelesregarde,etj’espèrequetaforceintérieurerésisteraàlavieavecunhommeaussidurquetonpère.Maisj’essaiedefairecommesituallaisbien.J’essaiedemerappelercommetuesfort,résistant,etjemedisqu’unjourtuteséparerasdetonpèreetl’onnepourraplust’arrêter.Tudeviendrasexactementcequetuveuxêtre.

Jet’aiécritdesmilliardsdelettres,maistun’enreçoisaucune.Alorsj’aimiscelle-cidecôtépourêtresûreque,d’unefaçonoud’uneautre,tulaliras.

Je me souviens de toutes nos années ensemble, je m’y raccroche. Et de toutes cesannées,jemesouvienssurtoutdenotrevieàSeattle.Tuaimaisbienquandnousmarchionssurlesquais.

Nous regardions les yachts et nous nous demandions comment ce serait d’avoir unemaisonquidonneautantdeliberté.

Nousvoulionstouslesdeuxarrêterdefuir,tutesouviens?Nousétionsfatiguésd’allerdevilleenville,demaisonenmaison,etpourtantàchaquefoisquejetedisaisdepréparertesaffaires,tulefaisaissansteplaindre,sansriendire.

Jen’aijamaisoubliéquetuétaisunfilsnoble,etjen’aijamaisoubliécesjournées.Jen’ai pasoubliéquandnousavonsdéménagéàDallas,dans l’Ohio, enPennsylvanie, ouàBoston.

Maintenant, je suis entourée d’eau. Depuis que je suis arrivée ici, j’ai vu cesmagnifiquesyachtspasser,etjesuisdevenueobsédéeparl’idéedetrouverunmoyenqu’unjourtuaiesunbateauàtoi,aveclequeltupourraisvoguerloindetoustessoucis,loindetousceshommesmauvaisautourdetoi.

Finalement,jen’aipastrouvéd’autremoyendelefairequ’encoopérantavectonpère.Essayerdem’échapperestinutile.Etmêmesij’yparvenais,quimeditqu’ilnedéfoulerapassacolèresurtoiavantquejeterejoigne?

Jerestetranquilleetj’essaiedefaireaveccequej’ai.Cequej’aidemieux,c’esttoi,Greyson.

Dans cette boîte, tu trouveras le peu de choses qui ont de la valeur pour moi, enparticulierlesclésdubateauquejevoulaisquetuaies.Cen’estpasgrand-chose,etc’estloind’être tout ceque j’aurais voulu tedonner,mais j’espèreque l’océan t’apportera legenrederéconfortqu’ilm’adonnédepuistoutcetemps.

Tamèrequit’aime,

Lana

26

DANSLENOIR

Mélanie

Lenoir.Lefroid.Desbips.Jemesensseule.Jemesensvide.Jeveuxbouger,ouvrirmesyeux,carj’entendsdesvoixautourdemoi.Pourquoijenepeuxpasbouger?Jenemerappellepas.Jevoisdesvisages.Unefemme.Unhomme.Jelesconnais.Jereconnaisdesvoix.

–Mélanie?demande-t-elle.Chérie,tutesouviensdenous?Jeclignedesyeuxetlalumièrebrûlemesrétines.Qui…OÙ…Lapaniques’installe,etc’estlàquejevoislagrandesilhouetteàl’autreboutdelapièce.Mon

corpsfrissonne,pasàcausede lapeurmaisd’uneémotioninstinctiveetmoncœursemetàbattretrèsfort.Sonvisageest tiré, j’yvoisduremords,etdel’angoisse.Voirsadouleurmeparalyse.Jesouffre quelque part, tout au fond. Je ne comprends pas comment une douleur peut être aussiprofonde.

Mes lèvres s’ouvrent mais je ne peux pas parler, puis la femme enfonce un tuyau dans mabouche. J’avale froidement,ma gorge est irritée. L’homme, lui, il est tout ce que je veux voir, sedécolledumuretserapprochedemoi,sesyeuxm’inspectent,monfront,messourcils,monnez,meslèvres,mespommettes,moncou.

Unechaleurpicotedans toutmoncorps lorsqu’il est assezprèspourque jepuisse sentir uneautre odeur que le désinfectant. Forêt. Forêt.Mon cerveaume hurle des bribes de pensées. Forêt.Baisers. Forêt. Amour. Forêt. Danger. Une larme coule sur ma joue quand j’ouvre à nouveau labouche,maisaucunsonnesort.

–Oh,jecrois…Peut-êtrequetudevraissortir,luichuchotelafemme.Paslafemme.Mamère.Mamère,quimetenaitdanssesbrasquandj’avaistrois,dix,quinzeans…Qu’est-cequis’estpasséaprès?

L’hommehésite.L’HOMMEmeregardecommes’ils’étaitégarélui-mêmeetqu’ilpensaitnejamaisretrouvercequ’ilavaitperdu.

–Non,dis-jeenrâpantmagorge.Neparspas.

Ses yeux se tournent versmes parents puis reviennent surmoi, et dans la profondeur de cesmares vert noisette, je distingue un tourbillon de sentiments. Frustration, regrets, et un autre pluspuissant…

Cet homme m’aime… Ses yeux sont rouges, mais cet homme a l’air fier et rien ne meconvaincraqu’ilnes’estpasassisdanscettechaiselà-baspourpleurerpourmoi.Ilattendeteuxs’envont pour nous laisser tous les deux unmoment. Il commence à murmurer très doucement, et letimbregravedesavoixmetroubleetm’apaiseenmêmetemps.

–Salut,princesse,dit-ilenpassanttendrementsamainsurmatresse.J’aiunetresse.Quelqu’unm’afaitunetresse.Salut,princesse…Safaçondemeregarder,jepeuxàpeinelesupporter.Ilsetientlà,soncorpsvibrantdetension,

ils’efforcedetenirlecoup.Ilal’airdésarmé.Aussicasséquemoi.Tousmessensmefontsouffrir,moncorpsmedémangeetj’aimalauxbras,etmonâmebrûledel’enviedepassermesbrasautourdelui,demerapprocherdelui,deleconsoler,maisjenepeuxpasbougeretl’envied’êtreavecluim’étouffeetfaitbattremoncœurdeplusenplusvite.

–Est-cequetuterappelles?medemande-t-ildecettevoixdouloureusementcalmequimefaitfermerlesyeux,etjemesouviensdel’avoirentendue.

Del’avoiraimée.–Lesdocteursontditquetuterappelleraispeut-être…ouquetuoublieraispeut-êtrecertaines

choses.Jesuismuette,jepiègedésespérémentsavoixdansmesoreilles,elleestsibelle.–Tu esMélanieMeyersDean, dit-il de sa voix grave et profondément tendre.Le couple qui

vientdesortir,cesonttesparents.Tuesuneadorabledécoratricedevingt-cinqans.Tuadoresportertroiscouleursàlafois.Tuaimesleschosesquitefontdumal,tuaimesrire,ettuaimes…

Toi,me criemon cerveau. Il s’est tu, comme s’il n’avait plus demots, et scrutemon visagecommes’iln’avaitpasbuunegoutted’eaudepuislongtempsetquej’étaisuneoasisdanssondésert.

–Mélanie,continue-t-il,encherchantsurmonvisageunsignedereconnaissance,iltendlamainpuischanged’avisetlabaisse.JesuisGreysonKingetjesuistonhomme.

Ilattendensilence,etilserrecettemainenunpoingcommesicelasuffisaitàl’empêcherdemetoucher.Unegrossebouled’émotiongranditdansmagorge,etalorsquenouscontinuonsdenousfixer, ilsembledeplusenplusdésespéré.Ilsort lebasdesachemisedesonpantalonetglissemamainendessous,sursontorselisseetchaud,sursacicatrice,jusqu’àsontétonpercé.Jesenssapeau,sachaleurfiltrerenmoi,etlebattementdesoncœursurlapaumedemamain.Ilbataussivitequelemien,etdesruisseauxdelarmescoulentsurmesjoues.Deslarmesdejoie.Carjemesensprotégée,etpasseule,carjesuisinondéepartoutl’amourquej’aipourlui.

–Greyson,jesanglote.Illaisseéchapperunsoupirtremblotant,commes’ilavaitretenusonsouffletoutcetemps,puis

ileffleuremespaupièresdeseslèvres.

–Tutesouviensdemoi?Tutesouviens,princesse?Tusaiscequejefais?Quijesuis?Cequetureprésentespourmoi?

Despenséess’entrechoquentdansmatête,l’uneaprèsl’autre.Moiquilefuis.Moiquicoursverslui. Moi, et lui. Moi et LUI. Gants noirs… Collier de diamants… Baisers dans le noir… Quasisourire…

Jemesensétonnammentfaible,maismêmecettefaiblessenem’empêchepasdeglissermamainsur son torse, sa nuque épaisse, samâchoire couverte d’une barbe de trois jours tandis que je leregarde dans les yeux, des yeux qui me regardent ainsi depuis le début. Comme Greyson KingregardeMélanie.

–Mesouvenirdetoi?dis-jed’unevoixrauque.Jesuisrevenuepourtoi!

27

PARFAIT

Mélanie

C’estlasoiréeparfaitepourunefête.Lasoiréeparfaitepourunbaiser.Lasoiréelaplusparfaitepourêtreamoureux.

Jesuisassisesurlabalustraded’uneterrasseenpierrecalcaire,etmajupeestremontéesurmataille pour que Greyson puisse passer son corps entre mes cuisses. Il touchemon téton avec sonpouce,etj’essaiedemeretenirdegémirtoutenledévorantdesyeux;soncorpsrevêtud’uncostumenoir,sescheveuxdécoiffésparmesmains,seslèvresunpeurougesàcausedemonrougeàlèvres.Ilmeregardeaussienglissantsagrandemainchaudelelongdemacuissepourtirermaculotte.J’ailesoufflecoupéquandil laglissedanslapochedesaveste,etquesamainrevientprendremonsexetandisquel’autrejoueavecmontéton.

Est-cequel’onpeutmourirdeplaisir?Est-cequel’onpeutmourirdelafaçondontsoncopainnous regarde, nous regarde, et nous regarde encore ? Je suis absolument folle de lui. Je feraisn’importequoipourcethomme.Etj’aiattenduetj’airêvédecemomentpendantdesmois.

Derrièrelui,jevoislafêtebattresonplein,unefêtequ’ilaorganiséepourmesvingt-cinqans,unévénementpassédepuistroisbonsmois.MaiscegenrededétailsnecomptepaspourunhommecommeGreysonKing.Cequicompte,c’estd’avoircequ’ilveut.

Etd’aprèslecollierdediamantsHarryWinstonquipendàmoncou,d’aprèslafêtesomptueusederrièrenous,d’après la lueurdans sesyeuxquimeditpresquedans ledétail cequ’il comptemefairecesoir,jen’aiaucundoutesurlefaitquemoncopainauracequ’ilveut.Ettoutcequejepense,c’est:Cen’estpastroptôt.

Jem’inquiète car jene suispas sûredepouvoir attendrequenousarrivions jusqu’ànotre lit.Peut-êtrequesij’ouvraissabraguetteetquejemerapprochaisassezpourlechevaucher…Maisencemomentmême,descentainesdenosamisdéambulentdanslasalledebal.Parmicesgens,ilyamonpatronetmescollègues,mesparents,mesamis,ainsiquelesanciensetnouveauxpartenairesdeGreyson. Les anciens, ce sont ses partenaires dangereux qui travaillent pour lui sur le circuit del’Underground.LesnouveauxappartiennentaunouveaucomitédelaKingYachtCorporation,qu’ilafondéeenl’honneurdesamère.

N’importequipourraitsortiretnousvoir.Lui,deboutdevantmoidanssonélégantcostume,etmoi…monbrushingadisparuetmescheveuxsontenbataille,flottantauvent,moncorpsfrissonnesoussesmains,seslèvresetleregarddesesbeauxyeuxnoisette.

–Greyson…dis-je,commeunerequête.Ilsesertdesoncorpspourmecacherdesportes,ilmesurplombeetbaisselatêtepourpasser

seslèvressurmajoue.–Tuasl’airdélicieuse,Mélanie,tongoûtestdélicieux.Quiest-cequitefaithaletercommeça?J’agrippesesépaulespourrésisterauvertigeexquisquis’emparedemoi.–Àtonavis?–J’attendsçadepuisdesmois,princesse.Desmois.Ilpincemontétonavecsagrandemainetsoulèvelepoidsdemonseinjusqu’àseslèvres,puisil

couvrelapointeavecsabouche.Salanguefrottecontreleboutdurdemonsein,etjemeurs.Jemeurslorsqu’illesuce,d’abord

doucement,puisplusfort,cequidéclencheunevaguededésirlelongdemacolonnevertébrale.JesaisqueGreysonestunhommequin’apasl’habituded’aimer.Jenecroispasqu’ilaitaimé

un seul être humain depuis qu’on lui a enlevé samère il y a plus de dix ans. Il n’a rien ressentipendanttoutescesannées…avantdemerencontrer.

Il a faim, maintenant. J’ai senti la faim grandir en lui à mesure que notre retour à Seattleapprochait,quandjesuisenfinsortiedel’hôpital.Ilestaffamé,etc’estunmâle,ilsefoutdetoutlerestecesoir,carsanshésitation,iltiremamanchepourmedénuderetsemetàsucermonautresein.Letrop-pleindedésirmefaitfrémir, jeprendssescheveuxcuivrésépaisettiresatêteverslehautpourqueseslèvrestombentsurlesmiennes.

–Embrasse-moi,jegrogne.Ilobserved’abordmabouche,déjàembrasséeparluiplusqu’iln’enfaut.Ilpassesonindexsur

mon rouge à lèvres et enlève ce qu’il en reste. Il prendbien son temps, il fait traîner, je gémis etsoupire quand il descend sa bouche pour mordiller ma lèvre inférieure. Nous gémissons etcommençonsànousembrasser,etsabouchefaitfondretoutcequinousentoure,sauflui.Ilprendmamainetlaglissedanssoncou,làoùillaveut,etforcemesdoigtsàs’enroulerdanslecreuxdesanuque.

–Quelqu’unpourraitsortiràtoutmoment…jechuchote.Labrisemecaressedélicatement.L’odeursaléedel’airaprèslapluie,dubitumeetdel’herbe

humideflottedansmesnarines.Maisplusquetout,c’estluiquejesens,laforêtmouillée.Lemétaletlecuir.Sonodeur.

–J’aipostéDerekdevantlesportes.Personnenevas’aventurerici.Son murmure est plus un souffle qu’une voix, plutôt même un grognement. Il se recule de

quelques millimètres, juste assez pour me regarder avec des yeux noisette qui brillent autant quetouteslesétoilesducielau-dessusdenous.

–Etsimesamisveulentunpeud’airfrais?jeréplique.

–Ehbienmameufprendtoutelafraîcheurdisponibleici.Sourire en coin, il observemon état de confusion totale.Mes cheveux volent autour demoi

commedes fouets, je sensdesmèchessurmes joues.Ma robe laissevoir toutcequ’ilyadeplusindécent.Mestalonss’enfoncentdanslebasdesondos,mesjambessontenrouléesautourdelui.

–Regarde-toi, toutesexyetfolledemoi,murmure-t-ild’unevoixépaisseenmedévorantdesyeux.

Jefrissonneetréponds:–Etsij’aioubliécommentonfait?–Alors je devrai t’apprendre ce qui va où.Ma langue…commence-t-il en la passant surma

lèvresupérieure.Tuvois,malanguevalà…continue-t-ilenlarentrant,humideetbrûlante,dansmabouche.Mesdoigtsaimentbienêtrelà,oùc’estchaudetserréautourdemoi.Avidedemoi.

–Oh,Grey.Jebougeleshanchesquandilmepénètreavecunlongdoigtexpert.–Jen’aipasdeproblèmepourt’apprendre.Tuascettebellechatteparfaitequiestfaitepourma

queue. Tu n’es plus clouée au lit,Mélanie,murmure-t-il entre deux baisers, tout en enfonçant sondoigtprofondémentenmoi.Tuestrèsvivante…plusvivantequejamais,tesyeuxvertsétincèlentdevie, ton corps bat pourmoi. Et cettemagnifique chatte nue… chuchote-t-il en se penchant… plusbas…encoreplusbas…etsatêteplongeentremesjambes.

Ilpassesalanguesurmonclitorisetunefuséedeplaisirdécolleenmoi.Ilgardeunemaindansmondosetaspiremonclitorisdanssabouche,roulesalanguesurlachairsensible,joueavecmoi.Jebrûleetj’aibesoindelui,désespérément.Jeserrelespoingsderrièresatêteettienssescheveuxpourlebloquercontremoi.Maintenant, jesensseslèvressurmonclitoris,quitirentdoucement,etmoncœurbatencoreplusvitelorsqu’ilinsèredeuxdoigtsdansmachatte.

Celafaitdessemaines…Plusdetroismois…Àl’hôpital,d’abordlecoma,puislarééducation.Pendanttoutcetemps,ilaétélàpourmoi.Ilétaitlàpourmoiquandjemesuisréveillée,etàchaquefoisquejem’endormais.Mesyeuxpiquentquandjesensundésirdejouirincontrôlable,etjesensenmêmetempsunbesoinincontrôlabledeluifairel’amour.

–Grey!jem’écrie,enletirantparlescheveux.Ilsereculeetcroisemonregard,puisilrajustesacravatenoireetmesourit.–Jet’adorecommeça,toutemouilléeetchaudepourmoi.Ilglisseseshanchesentremescuissesetmesoulèvedanssesbras, ilfaitpleuvoirdesbaisers

surmonvisageenm’enlaçantdanssesépaisbrasmusclés.Mesyeuxseferment.Ilestdurcontremonsexenu. Ilpoussecontre labraguettede sonpantalondecostumemais je saisqu’il attendquelquechosedeparticuliercesoir.Ilm’aditqu’ilattendaitdesombrerenmoi…deseperdreenmoi…Moiaussi!

Monsexeestencorehumideetsecontractelorsquejepenseàmonmec,leseulhommequej’aiejamaisaimé,quimefaitl’amour.Enfin.Aprèsdesmoisquisemblentêtreuneviepasséeàattendre.Ilm’aditqu’ilavaitbesoindemefairel’amoursanspréservatif.Nousavonsparléauxmédecins,etje

prendsunepilulecontraceptiveminidoséepour l’instant. Ilsm’ontditquecelanepourraitêtrequetemporairecarjesuisaussisoustraitementanti-rejetdelongueduréepourmonrein.Maiscen’estpasgrave.Nousprofiteronsdecesquelquesmoisjusqu’àn’enpluspouvoir.

Jesuistellementprêteàlesentir,àêtreaveclui…Jenevoulaispasdecettefête.Jevoulaisjusterentrerchezmoietm’allongerdanslelitaveclui.MaisGreysonnesemblaitpasseremettredufaitqu’ilaratémonvingt-cinquièmeanniversaireetilvoulaitserattraperengrandepompe.

Ilm’aideàarrangermarobeetposeunbaiserchaudsurledessusdemonoreille.–Prête?–Avant,jeréglaistousmesproblèmesparunefête.Triste?Faislafête,mafille.Énervée?Fais

lafête,mafille.Tut’ennuies?Maisvajustefairelafête!Commentsefait-ilqueçaaitperdudesonattrait?jeluidemandeenfaisantlagrimace,tapotantsontorseduravecmondoigt.C’esttafaute,tusais.Maintenant,lesmeilleuresfêtessontprivées,etiln’yaquetoietmoi,j’ajouteenglissantdelabalustrade,d’unevoixjoueusepourcacherledésirquigranditenmoi.Neregardepasmonculquandjem’envais.

–Pourquoi,tulesens?–Oui!Mesmembrestremblentalorsquejemedirigeverslasalle.–Putain,taprincesse,onenmangerait,ditDerekenm’ouvrantlaporte.Greysonluidonneuneclaquederrièrelatêteenpassant.–Excuse-toi.Derekmeregardeavecundemi-sourireàladentargentée,etjefaisunsignedelamainpourlui

direquecen’estpaslapeine,enriant.–Jetepardonne.Greysonfrappeànouveaul’arrièredesatête.–Nepensepasàelle,nelaregardepas,etnel’allumesurtoutpas.Ça,c’estmonboulot.Je suis extrêmement amusée par sa jalousie et je me faufile dans la salle. Nous sommes

accueillis par de grandes colonnes blanches et je vois déjà les gens à l’intérieur, tous curieux derencontrerlePDGdelanouvelleKingYachtCorp.,dontonditqu’ilestégalementàlatêted’undesplus grands circuits de boxe underground. Il est comme un JFK sexy et, tout à coup, je suis saCaroline…

Je vois Pandora près de la fontaine à alcool, à côté deKyle, ils se servent un autre verre dechampagne.Ilsmevoientpresqueenmêmetemps.Kylemefaitcoucou,Pandoraaunpetitrictusetlèvesonverre,sonregardestchaleureux.Apparemment,laseuletachedecouleurdanslasalle,c’estmoi.Toutlemondeesthabilléennoiretbanc,alorsquejeportedurouge.

–C’estungalaennoiretblanc?j’aidemandéàGreysonquandnoussommesarrivés.Seslèvressesontretroussées.–Rienn’estjamaisnoiretblancavectoi.

Greysonpassesamaindansmondosenmerejoignant,etmonpoulssemetàaccélérertandisquejemeremémoredesimagesdenotrepassé.Jem’appelleGreyson,Mélanie…Jefermelesyeuxetsavourecesouvenir.Quandj’étaisdanslecoma,jenemerappelaisderien,maislorsquejemesuisréveillée,tousmessouvenirsmesontrevenusd’uncoup,àtelpointquej’avaisdumalàendissociercertains.

Maintenant,j’adoremessouvenirs.Quelluxedesavoirquil’onest,quil’onaime,cequel’onafaithier,cequel’onespèrepourdemain.Quelluxedemerappelerlejouroùj’airencontrél’hommequej’aime.Etjem’ensouviens,chaqueseconde.

Quandj’ouvreenfinlesyeux,jesenssonregardsurmoi.Commes’ilattendaitquelquechose…C’est à cemoment que, loin là-haut au plafond, la voûte artificielle blanche et élégante éclate au-dessusdenostêtesetqu’unepluiedeballonsblancs,rougesetnoirs,troiscouleurs,s’abatsurnous.Jepousseuncrietpenche la têteenarrièrepour les regarder tomber,et j’écarte lesbraspour lessentirrebondirdansmesmains.C’estmagique,spécial,inoubliable.

Certainsdemesamisprennentleslonguesetfinesplumesposéessurlestablesets’enserventpourpercerlesballons.LesmomentsoùGreysonestleplusheureuxsontquandjesuisheureuse,jel’airemarqué.Unsourireauxlèvres,penchéenarrièreaveclesjambesécartéesetlesbrascroisés,ilme regarde rejoindre la fête et me mettre à éclater des ballons. La musique commence quand laplupart des ballons sont tombés sur la piste, les gens essaient de les éviter en dansant, et d’autress’amusentàlesfaireéclateravecleurspieds.

Jerigoleetsoulèvemarobepourplanterlestalonsdemeschaussuresdanslesballons.Pop!Pop ! POP !Lorsque je lève les yeux, ilme regarde toujours. Je perçois son bonheur comme sic’étaitlemien.

Lachanson«ThisIsWhatItFeelsLike»d’ArminvanBuurenrésonneautourdenous,etjememetsàdanseraumilieudelapièce;jelasensmetraverser,puisjeregardeGreysontirerunechaiseets’asseoir,sepencherenavant,lescoudessurlesgenoux,sesyeuxbrillantsplissésfixéssurmoipendantquejedansetouteseule.

Il remplit sa veste à la perfection. Je vois ses brasmusclés, le triangle parfait de ses largesépaules,sataillefineetjeveuxletout.Cettebouchequiparaîtunpeuplusrosequed’habitudeàcausedemesbaisers.Cesyeuxaffamés.Cethommemagnifique.

Ilmeregardem’approcheravecunregardquipétilled’amour,etj’ail’impressionqu’unpoingserremonestomac,caràcetinstantjevoudraisquetouscesgensexplosentcommelesballonspourqu’ilnerestequenous.Luietmoi. Ilsourit,et je lui rendssonsourire,avecunchatouillisdans lefondduventre.

Même avant que nous nous soyons rencontrés, il m’observait et je ne le savais pas. J’avaisquelquechosequi lui appartenait, enfin à sonpère, etGreysonétait devenuuneombreque jen’aijamaisremarquée;maislui,ilm’avaitremarquée!Ilaimemeregarder.Alorsjelelaisseregarderautant qu’il veut pendant que je balancemes hanches jusqu’à lui, et quand jem’arrête à quelquesmètres,illèvelamainetmefaitsignedemerapprocheravecsondoigt.

Jerecommenceàmarcher,etjerisquandilmeprendparlatailleetmeposesursesgenoux.–Est-cequetusaisàquelpointtuessomptueusecesoir?dit-ildansunmélangedemurmureet

degrognementdansmoncou.Je suisBouton d’Or, il estWestley, qui a vaincu l’homme à six doigts etmaintenant…nous

pouvons être heureux. Nous sommes heureux. Il me tire plus près de son torse, il savoureostensiblementlasensationdem’avoir,ainsiquemonodeur.

–Tunepourraispasêtreplussexy,princesse.Impossible.Jepourraisteregarderjusqu’àcequetutombesdefatigue,maisilvatefalloirdel’énergiepourcequej’aiprévu.

Savoixsexy,siprochedemesoreilles,ricochedanstoutmoncorps.Jememetsàembrassersamâchoireanguleuse.

–Quand?–Quandonrentreàl’appartement,promet-ild’unevoixpleinededésir.Ilrepoussemescheveuxdemonvisage,etunchatouillementpartdelaracinedemescheveux

pourarriveràmesorteils.Ilesttoutcequejerespire,toutcequejevois.Toutcequejeveux,toutcedont j’aibesoin.Sesyeux,vertnoisetteetenflammés.Sabouche.Ses lèvresquiont l’airdoucesetfermes. Je suis traversée par un électrochoc lorsqu’il caresse mon dos nu avec sa main, et cettecaressedérèglemonpoulsquandilajouted’unevoixrauque:

–Jet’adore.Jetechéris.Jetevénère.Jecroisbienquejevaistegarder.Moncorpsentierréagit.Jemesenstellementchérie.Safemme.Moi.Moi.Moi.– Oui. Garde-moi. Aime-moi. Prends-moi fort ce soir, Grey. Aussi fort que tu prends tes

hommes,jeleprovoque.Sesgarslerespectent,sontémerveillésdevantlui,peut-êtreunpeueffrayésaussi.Maisjen’ai

paspeurdelui.Peut-êtrequ’ilfaittremblerdeshommesquifontdeuxfoismataille,maispasmoi.Bon,d’accord.Ilmefait trembler. Ilmefaitvibrerd’amour.Dedésir.Mais jamaisdepeur.Car jesaisqu’ilnemeferajamaisdemal.Enfait,ilestleseulquipuissemefairemesentirensécurité.

Ilricane,d’unsongraveetsourd.–Onnepeutpasdirigergentimentunefosseauxlions,maisjepréfèreexercerunemainferme

ettendresurmaprincesse.–Hmm.Etj’espèrequetuesaucourantque,dansmoncas,unemainnesuffitpas.Tudoiste

servirdesdeux!Nous rions, et il frotte sonvisagecontremoi comme il aime le faire. J’aimequ’ilm’appelle

princessebienqu’ilsoitloind’êtreunprince.Maisdansmoncœur,ilesttellementplus.Ilestmonroi.

***

Ilestminuitpasséquandnousarrivonsdevantnotreimmeuble.Biensûr,c’étaitsonappartementàlui,maisilm’ademandéd’emménageraveclui,etmaintenantc’estaussilemien.Noustraversons

lehalld’entrée,nosmainsentrelacées,lorsqu’ilappuiesurleboutondel’ascenseuretmesurprendenmesoulevantpourmeporterdanssesbras.

–Heu?Jepeuxmarcher…dis-je.–Jesaisquetupeuxfairebeaucoupdechoses,ycomprismerendrefouaveccettedémarche,

maistuvasavoirbesoindetonénergiepourcequel’onvafaire.Alorsrestetranquilleetaccroche-toi.

Je luiadresseunsourire,faisexactementcequ’ilmedit,etchuchotedanssonoreillependantquel’ascenseurmonte:

–Riennemefaitmesentirplusvivantequ’êtreavectoi.Tesentir,tetoucher,t’aimer.J’embrasse son cou large et l’arrière de son oreille, ravie que nous soyons seuls dans

l’ascenseurcarjepeuxmordilleretembrasseramoureusementtouteslespartiesdeluiquisontàmaportée.

–Jet’aime,jemurmure,enfermantlesyeuxpourinhalersonodeur,etjepassemesmainssurlespattesdesoncostume.Jet’aimetellement,l’odeurdetapeau,detescheveuxetdeteschemisesmemanquait.

Ilprendmatêtedanssamainetlatourneverslui.–Mélanie.Safaçondemeregarderserremoncœur,commesij’étaisundesesrêvesenchairetenos.Il

prendmabouchepourunlongbaisertorridejusqu’àcequenousarrivionsànotreétage.Puisilmeportehorsdel’ascenseuretdansnotreappartement.Jejoueaveclecoldesachemiseetmurmure:

–Pose-moipourquejepuisseenlevermeschaussuresetlarobequetum’asachetée.Ildéposeunbaisersurmaboucheetmeposeparterre,puisfermelaportederrièrenous.–Uneminute.Pasplus.J’adorecequejeressensquandnousarrivonsdanscetendroit.Jel’aidécorécarilnepouvait

pass’attendreàcequenousvivionsindéfinimentenmodespartiate,etj’essaiedenousconstruireunfoyer,maintenant.C’étaituneétapeénormedemavie,emménageravecunhomme.Unhommequej’aime.Unhommequiestdangereux,puissant,insaisissable,généreux,secret,toutcelaàlafois.Unhommeàqui,malgrétoutcela,jefaisconfiancepourmeprotéger.

–Jen’arrivetoujourspasàm’habitueraufaitdevivreiciavectoi,jeconfesseenadmirantmonœuvre.

Les tableaux au-dessus de la cheminée. Le trio de plantes vertes, certaines plus grandes qued’autres,àcôtédelafenêtre.

–Etjen’arrivepasàm’habituerauxmerdesaveclesquellesjedoisvivrepourêtreavectoi.Jerigole,puissouristimidementalorsqu’ilmesuitverslachambre.–Nefaispascommesitun’aimaispas,parcequejet’aidemandétonavispourtout.Etjen’ai

pasfini,tusais.Jeveuxpeindrelagrandechambreenbleuroi,etajouterduvioletdansnotresalon.Etaprèsjecompte…

–Çasuffit,bébé.

Noussommesdanslachambreoùildéfaitsacravate.OhmonDieu…Est-ce qu’il serait possible qu’il soit encore plus sexy ? Ouh la. Il est très décidé ce soir. Il

balancesacravate.Retiresaveste.–Tupeuxfairetoutcequetuveuxdemonappartement,tantquejepeuxfairetoutcequejeveux

avectoi,medit-ildesavoixlaplussexy.Jen’aiaucunechance.Etjeneveuxpasenavoir.J’enlèvemestalons,lesnoirsaveclasemelle

rouge,qu’ilm’aachetés,etjelesposedélicatementsurlecôté.–Tupeuxmefairetouteslespropositionsindécentesquetuveux,laréponseestoui,M.King.–Bonneréponse,princesse,dit-ilavecdesyeuxquiscintillent.Ilsortmaculottedesaveste,lagardedanssamainetmefaitsigneavecsonautremain.–Vienslà,princesse,murmure-t-ilfinalement.Sonordreestsensuel.Chaud.–Jesuislà,jerétorque.Iljettemaculottesurunechaiseprèsdelafenêtre.–Tuestoutlà-basdel’autrecôtédulit.Etjeteveuxici.OhmonDieu.Vraiment.Ilveutquejevienneoùilest.Ilcommenceàdéboutonnersachemiseet

toutecettepeaubronzéequejevoisnarguemesdoigts.Jememetsàmarcher,jel’entendschuchoter«c’estça,princesse»,etsavoixestunfrissondansmanuquelorsqu’ilfaitlesdernierspasquinousséparent.Jecommenceàtrembleràcausedel’adrénalinequandjeprendsl’arrièredesatêteetpassetoutdesuitemeslèvressursamâchoireforte,puisjemurmuredanssonoreille:

–Oui.Illaisseéchapperungrognementrauque,englissantsesmainsdansmondos,ilmetientcontre

soncorps,etsonérectionimpressionnanteappuiecontremonbassin.–Tunesaismêmepascequejevaistedemander…réplique-t-il.–C’estoui,Greyson,jechuchoteenlevantlesyeuxverssonvisagedur.Jeveuxtesentir.Jene

veuxrienentrenous.Onenadéjàparlé.Jeprendslapilule,tuesclean,ettuesàmoi.Alorsc’estoui,monhommesexyparfait.Baise-moi,aime-moi,bats-toiavecmoi,gâte-moi,maisnemequittepas.

–Mélanie.Ilmurmuremonnomcommeuneprière.Enquelquessecondes,ilouvrelesderniersboutonsde

sachemiseetlajetteparterre,ilestsplendidetorsenuetilm’écrasecontrelui.Ilesttellementsexy,musclé, fort, résistant, et vibrant commeuncâble électriquedansmesbras.Tout à coup, jenemecontrôleplus.

–Greyson,déshabille-moietprends-moi.Jecaressesesmusclesfortsetdéposedesbaisersgourmandssurlecoindeseslèvres,sagorge,

sesépaules,toutendéfaisantsaceinturepourl’enleverdesonpantalon.Jelalancesurlecôtéetjemepenche pour lécher le piercing qu’il a au téton, je tire sur l’anneau en or blanc avecmes dents. Ilgrogne,m’allongesurlelit,etsetientau-dessusdemoi.Saboucheseposesurlamienne.Ilprendmonvisageentresesgrandesmainsetjetiensl’arrièredesatête,nousnousmaintenonstouslesdeux

enplacepourquenoslanguespuissentsesavourer.Notrerespirations’affole,maisnousn’arrêtonspasdenousembrasser.

Ilsedélectedemaboucheavantdesedécollerdemoietdeglissersesmainssousmondospourouvrirmarobe.

–Greyson,s’ilteplaît,jegémisenessayantdeletirerpourcontinueràl’embrasser.–Chut.Attends-moiuneseconde.Ilbaissemarobesurmoncorps.–Ellevasefroisser!–Chut…Jem’enoccuperai.Jetepromets.Illajettecommes’ilavaitl’intentionderéglerleproblèmeenm’enachetantuneautre,puisil

prendmesjambesnuesetembrassemesmollets,mesgenoux,mescuisses.– Je veux embrasser chaque centimètre de ton corps, de tes doigts de pied à l’arrière de tes

oreilles,ettonadorablepetitetête.Ilrecouvreundemesseinsavecsabouche,etpassesalanguesurmontéton.–Oh,s’ilteplaît.Tantpispourlarobe.Ons’enfout!Onsefoutdetoutsaufdeça.Ilpassesalanguesurmon

autretétonetcaressemescôtesavecsesdoigts.Jecambremondos.Sesdentseffleurentmonoreille,tirentsurlelobe.Leboutdemesseinsgonflelorsqu’illespinceentresonpouceetsonindex.Monsang est comme un feu brûlant dans mes veines. Ses lèvres continuent à me torturer, insatiables,chaudes, humides, recouvrant ma peau, qui goûtent, pincent, des dents qui me touchent. Je suisenveloppéeparunnuagedeplaisir,chaquesensationenmoiestdécuplée.Ilappuieseslèvrescontremonclitoris,puis leprenddans saboucheet le sucedoucementenme remplissantdedeuxde sesdoigts.

Jesensàquelpointilabesoindecela.Commeilabesoindemoi.Ilafaillimeperdre.Ilafaillimeperdredeuxfois,etpourtoujours.Sesyeuxsonthabités,commes’ilrevivaitparfoiscemomentoùiladûmetrouver.Sansconnaissanceetquasipartie.Jenesaispassicelaaétéplusdifficilepourmoioupourlui,maisjeveuxquenousnerevivionsjamaisquelquechosecommeça.Etd’aprèsladéterminationquejevoissursonvisagequandilmeregarde,luinonplus.

–Tuesprête,bébé?Ilselèveetouvresabraguette,etjeregardesaqueuebondirdesonpantalon.Palpitanteetrose,

prête pour moi. Avide de moi. Pas de préservatif ce soir. Chaque centimètre de lui sera en moi.Tremblotante,jemeredressesurlelit,etmavoixestirrégulière:

–Nemefaispasattendre,cettefois,Greyson.J’aivraimentbesoin…Ilposeundoigtsurmeslèvrespourmefairetaire,etjesuissiaffaméequejel’aspiredansma

bouche.Avecdesyeuxbouillants,ilmeregarderemontersondoigtavecmalangue.–Tuasfaim?Suce,alors,m’ordonne-t-ild’unevoixgrave.–Force-moi,jesouffle.Ilpoussesondoigtdansmabouche.

– C’est ça, roucoule-t-il avec un petit sourire, frottant son doigt surma langue. C’est àmoid’utiliser, d’attiser et de mélanger ton plaisir et ton besoin jusqu’à ce que tu sois un bordelmagnifique.Monbordelmouillé.

Jesuisassezchaudepourtomberencendresetjecontinueàsucer,àmordreetàjoueravecsondoigtensavourantsapeaudélicieuse.Lorsqu’il retiredoucementsesdoigts, ilbaisse la tête,et lesrefletscuivrésdesescheveuxbrillentdanslalumièretandisqu’ilserapproche.

Puismes lèvres sont sous les siennes,ma bouche est à lui,mon souffle est le sien quand jepenchelatêteetmefondsdanslebaiserleplusintense,leplusdélicieuxquej’aiejamaisconnu.Desdents,quimordillent,etpuis…noslangues.Sontorseestduvelourschaudetfermesousmesdoigts.Des vagues de plaisir se succèdent en moi tandis que ses mains descendent vers mes fesses. Maboucheestrougeàcausedesesmorsuresetjelemordsenretour,jedonneautantquejeprends.

Ilm’étalesurlematelasmoelleuxendessousdemoi,puispassesonbrasentrenousetcaressemonsexeavecsonpouce.Ungémissementsortdufonddemagorge,jenetienspluslorsqu’ilglissele long de mon corps et embrasse les lèvres de ma chatte, puis relève la tête pour me regarderpendant une seconde, sauvage et folle, ses yeux brillant comme des pierres précieuses, puis ilredescendetembrasseencoremachatte.

–Arrête-moisiquelquechosetefaitmal.–Ma chatteme faitmal, je grogne en coinçant sonvisage entremes cuisses alors que jeme

tordsàcausedel’intensitéduplaisir.Elleamalpourtoi.–Cen’estpasgrave,mabelle,j’aiexactementcequ’iltefaut.Il enfonce son long doigt en moi. Je me contracte, et je dois résister pour ne pas jouir. Il

remarquequej’ysuispresque,mesmainsagrippentlesdraps,alorsilsejetteenavantetm’embrassesurlabouche;ilamongoût.

–Tonodeur,quandjeterendschaude,m’enivre.Ettuestoujourschaude,non?J’entendslachaleurdanssesmots,etsavoixauneforceuniquemaistendre.–Oui,jesouffle.Sesbaisersdélicieusementardentsmerendentfolle.L’amour,ledésir,lebesoinmetraversent

lorsqu’ileffleuremespaupièresavecseslèvres.–Jeveuxcesyeuxvertspleinsdevie,Mélanie.J’aibesoindelesavoirsurmoitoutdesuite…

Quandjeseraientoi.Justetoietmoi.Il est au-dessus de moi, peau contre peau, je ne porte que le collier comme une marque

d’appartenance,poséentremesseins.Ilsourit,çaluiplaît.Ilmeregardeenprenantmesseinsdanssesmainsetj’excitesestétonsaveclesmiennes,l’unpercé,l’autrenon.Lesmienspointenttouslesdeuxpourlui.Ilgrognelorsqu’illesregardeetenprendundanssabouchecommes’ilétaitprécieux.Ilsucesifortquemonsexesecontracteautourdesondoigt.Jegémisetcaressesapeauavecmesmains.

–Ohhh.Jedescendsmamainpourprendresonérection,ilcouleetilestdurcommedelapierre.

–Oh,tevoilà,dis-jedansunsouffle.Il sort son doigt et caressemon clitoris avecmon propre fluide en léchantmonmenton,ma

mâchoire.–Oui?demande-t-ildansunrâle.–Oui,jeparviensàrépondreencaressantsaqueue.Jepassemonpoucesurlesgouttesdespermequicoulentdéjàaubout.Ilesttenduau-dessusde

moietsontorsevibredansungrognementgrisantalorsqu’iltournelatêteetposeseslèvreschaudessurlesmiennes.Humides.Nosbouchessontmouilléesetaffaméesetnotresouffleestrapideetavide.Nous sommes tous les deux nus et il est tellement parfait. Son érection est longue, épaisse, rose.Gourmande,jemepenche,prendslabaseetembrasselebout.

–Ooooohputain,Mélanie,lâche-t-ilpendantquejelesavoureetlesuceavecprécaution.Ilreprendsonsouffle,metireverslehautparlescheveux,etmedit:–Viensviteparlà,Mélanie,etlaisse-moimettremaqueuelàoùonveuttouslesdeuxqu’elle

soit.Jepressemonnezcontresoncouetjetrembledesavoirquejevaislesentirpourlapremière

foissanspréservatif.–J’aienviedetoi,dis-jeenluttantpourfairesortirlesmotscarjesuistropexcitée.Tunesais

pasàquelpointj’aienviedetoi.Jeveuxcettebiteenmoi.Cemec.Cethomme.Enmoi.Ilditmonnomsuruntonbrusque,puisseretournesurledosetm’installeau-dessusdelui.Je

sursautequand je le sens,dur etpalpitant juste sousmoi. J’écartemes jambes sur lui, jeme laissedescendresursonérectionenbougeantlentementmeshanchesetl’excitationmecoupelesouffle.Ilmeregardeavecdesyeuxvertnoisetteenfusion,etceREGARD,qu’est-cequej’aimeceregard.

J’embrasselecoindesesyeuxetenroulemesbrasautourdesoncoutandisqu’ilm’étireavecleboutdesaqueue.Unautregrognement,plusprofond,s’échappedeluietilmeserredanssesbras,mefait roulersur ledos,et lorsqu’ilseredresse, ilprendmatêteavecsesdeuxmainsetbaisemaboucheavecsalanguetoutenpoussantseshanchespourenfoncersabiteprofondémentenmoi.Uncrisortdemagorgeetj’ailesoufflecoupé.Ilestenmoi,entièrement.MonDieu.Sansrien.Jelesenspalpiter en moi. Le plaisir est si exquis que mes yeux roulent en arrière. Je fais une sorte degargouillementcarmoncorpsenexigeplus,plusaffaméquejamais.Greysonbougeenmoi,toutenm’embrassant,etmoncorpssenoueàchaquefoisqu’ilplonge,ilmecoupelesouffle,stoppemoncœur.

Ilmordsauvagementmagorge,puisilenroulemesjambesautourdeseshanches.–Accroche-toiàmoi,dit-ild’unevoixrauquedansmonoreille.Jegrogne,complètementdéfaite.Ilest toutaussiperdu.Ilgrogneaussi.Ilpousse.Ilpompe.Il

faitpivoterseshanches.Ils’approprie.Ilprend.–J’aibesoindetoi,siffle-t-il,maistellement,j’aibesoindetoi!J’essaie de garder son rythme, je m’accroche bien et mes hanches rencontrent les siennes à

chaquemouvement,chaquecoupdéchaîné.Encoreetencore,commes’ilessayaitdenousfondreen

unemêmepersonne.Mesdeuxmainsetmabouchesontpartout sur soncorpsmuscléalorsque jeprends le plus de lui possible, mes doigts sont occupés, ma langue est occupée, mes hanches sebalancent.Greyson,Greyson,Greyson,mon cœur bat au rythme de son nom. Je frissonne sous lachaleurdesapeautandisqu’ilglisselapaumedesamainblesséesurmonbras.Ilgémitmonnometfait tourner sa langue sur mon téton, sa bouche me connaît et me savoure, ses doigts glissent etexplorent mes formes.Mon dos se cambre. Des pieds à la tête, je bourdonne et je brûle. Je n’enrevienspasdesbruitsquenousfaisons.Lafaçondontjelesens.Sonodeur.Àquelpointilmeveut.

Lapassiondanssesyeuxquandilmeregarde.Jesucelelobedesonoreille.Ilfrissonnelorsquejetiresonoreille,etj’ymurmurequejel’aime,jel’aime,jel’aime.Quandjecommenceàjouir,desondesdechocme frappent tourà tour.Avecunpetit cri, je trembleendessousde lui, je sensqueGreysonarrêtedebougeretmeserrefort,ilgrogneetjouisenmoi.Chaud.Mouillé.Monroi…quime remplit de lui. C’est tellement intime et succulent que mes yeux se mettent à piquer. J’essuierapidement deux larmes qui se sont échappées, et il chuchotemon nom en passant tendrement sespoucessurlescoinsdemesyeux.

–Pince-moi,pourquej’ycroie,quec’estvraimententraindesepasser,jemurmuresoudain.Ilembrassemesdeuxpaupièresetlesessuietendrementavecsespouces.–Ouais,jenevaispasfaireça.Jeneveuxpasgâcher…Jepincelepiercingdesontéton.–Aïe!C’estpassympa,Mélanie,meréprimande-t-il,prenantmesfessesdanssesmainspour

medonnerunepetitefessée.–Huumm.Ça,c’étaitplutôtsympa,jeleprovoque,sonsourires’effaceetsesyeuxbrillentd’un

désirretrouvé.–C’étaitsibond’êtreentoi,bébé.Tumesens?medemande-t-ild’unevoixrauqueenmetirant

verslui.–Oui,jesouffle.Moncorpsseconcentresurlasensationdel’avoirenmoi,toujoursaussidur,etjejurequejene

veuxpasqu’ilsorte.Commesinouspensionslamêmechose,ilmontemesbrasau-dessusdematête,etilseremetàbougerenmoi,etilmurmurelentement,tendrement,d’unevoixrauqueenmefaisantl’amourencoreunefois.

–Disquetuaimesça,susurre-t-il.Jegeinsetfermelesyeux.–Oh,tusaisquej’aimeça.–Disquetuenveux.–J’enveux,j’enveux.–Disquec’estmoi,queçaatoujoursétémoi,dis-le,princesse.–Toujourstoi,rienquetoi.Tuespeut-êtrezérodanstonmonde…maispourmoi,tuestout.Nos corps se fatiguent et bougent ensemble, nos poitrines sont l’une contre l’autre et son

piercingfrottecontreundemesseinstandisqu’ilm’embrasse.Etilm’embrassejusqu’àcequenos

bouches soientgonflées et rouge,quenotrebesoin etnos émotionsnous aient rongés,qu’il soit àmoi,etquejesoisàlui.

Enfin,celuiqu’ilmefaut.

Remerciements

Comme toujours, je n’aurais pas pu écrire ce livre sans l’aide précieuse d’une quantitéincroyabledegensmerveilleux.

Avec une immense gratitude pour ma famille qui me soutient, mon mari, mes enfants, mesparents.

À tous mes amis auteurs (vous vous reconnaîtrez !), je vous chéris plus qu’aucun mot nepourraitl’exprimer.

ÀAngie,KatiD,CeCeetDana,quej’adore,quim’ontaidéeàmettreaupointcebébéetquionttoujourslesmeilleurescritiques.

À mes éditeurs américain et étrangers ; merci de soutenir mon travail, de le mettre sur lesrayonsdeslibrairies,etdetravailleravecmoipourquelerésultatsoitlemeilleurpossible.

ÀAmy,sincèrement,tuesunagentderêveetj’aiunechanceinouïedet’avoirdansmavie.

Etàtoi,quilisceciencemoment,merci.Tuaslaissémesmotstetoucher,etmaintenantjevispourparveniràfaireexactementcela.

KatyXOXO

Àproposdel’auteur

JesuisKatyEvansetj’aimemafamille,leslivres,lavie,etl’amour.Jesuismariée,j’aideuxenfantsettroischiens;jepassemontempsàfairedesgâteaux,marcher,écrire,lire,etàprendresoindemafamille.Mercid’avoirpassédu tempsavecmoietd’avoirchoisimonhistoire.J’espèrequevousavezpasséunsupermomentàlalire,toutcommemoiàl’écrire.Sivousvoulezensavoirplussurleslivresàvenir,cherchezmonnomsurInternet,j’adorerecevoirvosmessages!

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