Titre 1. Les relations internationales depuis...

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1 Titre 1. Les relations internationales depuis 1945. Chapitre 1 (introductif). Le monde en 1945. Introduction : dès la fin de la guerre, quand il s’agit d’organiser la paix, les désaccords entre les Alliés apparaissent. Entre les soviétiques et les alliés occidentaux, la logique des zones d’influence et les affrontements idéologiques l’emportent sur la logique de la Grande Alliance. Lecture et problématisation : cartes pp 16.17 (vérification des connaissances sur la 2° G.M) Apprendre les dates de capitulations : Allemagne : 8 mai 1945 ; Japon : 2 septembre 1945. Reproduire et apprendre la frise chronologique p.15 ; exercice maison : questions 9-10 p.17. Fiche synthétique sur le bilan en 1945 1. Les morts 60 millions dont 1/3 de soviétiques et près de 6 millions de juifs. La grande différence par rapport à la 1° G.M c’est que les civils sont beaucoup plus touchés (2° G.M), exple sur les 7 millions d’Allemands tués 50 % sont civils (bombardements). 2. Une guerre totale (pp.18-19). Il s’agit d’une guerre d’idéologie contre idéologie, nation contre nation, le nazisme (race supérieure)-fascisme contre le communisme (c.f cours de 1°) sur les Totalitarismes) et contre les démocraties, chacun étant persuadé que son système est le meilleur, c’est donc une guerre de survie face à autre système prédateur. En 1945 communistes et démocraties capitalistes restent seuls face à face, système contre système. Les économies européennes sont totalement épuisées et leur endettement plus l’immensité de la reconstruction font que la situation perdure pendant plusieurs années. 3. Les traumatismes. Vocabulaire-notions à apprendre : « crime contre l’humanité » ; épuration. p.20 La brutalisation de la guerre inventée au cours de la 1° G.M a été systématisée dès 1939 puisqu’on s’est attaqué aux civils, parce que des populations ont été déportées, massacrées, parce que les soldats ont participé (ou tout au moins subi) aux atrocités et donc parce qu’on les tient pour responsables (eux et leurs familles) ; les perdants vont devoir faire l’analyse de l’échec de leur modèle (véritable épreuve psychologique) ; les européens alliés aux vainqueurs (ex : France) font leur « épuration ». Le monde entier est profondément marqué par l’horreur de l’extermination des juifs et par le sadisme des S.S. (+ atrocités commises par des Japonais). En Europe les USA organisent le procès de Nuremberg (20.11.45 - 1.10.46), très médiatisé, afin de montrer et juger les criminels nazis accusés de crime contre l’humanité (des procès sont également organisés en Pologne et en URSS). Les bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki (août 45) ont certes permis la fin de la guerre contre le Japon, mais elles créent aussi une crainte permanente (les Russes détiendront la bombe A en 1949) de destruction totale (p.21). Pourtant l’humanité aspire à construire un « monde meilleur » sur la base de réformes et de nouvelles organisations comme l’O.N.U (siège à New York alors que la S.D.N siégeait à Genève).

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Titre 1. Les relations internationales depuis 1945.

Chapitre 1 (introductif). Le monde en 1945.

Introduction : dès la fin de la guerre, quand il s’agit d’organiser la paix, les désaccords entre les Alliés apparaissent.

Entre les soviétiques et les alliés occidentaux, la logique des zones d’influence et les affrontements idéologiques

l’emportent sur la logique de la Grande Alliance.

Lecture et problématisation : cartes pp 16.17 (vérification des connaissances sur la 2° G.M)

Apprendre les dates de capitulations : Allemagne : 8 mai 1945 ; Japon : 2 septembre 1945. Reproduire et apprendre

la frise chronologique p.15 ; exercice maison : questions 9-10 p.17.

Fiche synthétique sur le bilan en 1945

1. Les morts

60 millions dont 1/3 de soviétiques et près de 6 millions de juifs.

La grande différence par rapport à la 1° G.M c’est que les civils sont beaucoup plus touchés (2° G.M), exple sur les 7

millions d’Allemands tués 50 % sont civils (bombardements).

2. Une guerre totale (pp.18-19).

Il s’agit d’une guerre d’idéologie contre idéologie, nation contre nation, le nazisme (race supérieure)-fascisme contre

le communisme (c.f cours de 1°) sur les Totalitarismes) et contre les démocraties, chacun étant persuadé que son

système est le meilleur, c’est donc une guerre de survie face à autre système prédateur. En 1945 communistes et

démocraties capitalistes restent seuls face à face, système contre système.

Les économies européennes sont totalement épuisées et leur endettement plus l’immensité de la reconstruction

font que la situation perdure pendant plusieurs années.

3. Les traumatismes.

Vocabulaire-notions à apprendre : « crime contre l’humanité » ; épuration. p.20

La brutalisation de la guerre inventée au cours de la 1° G.M a été systématisée dès 1939 puisqu’on s’est attaqué aux

civils, parce que des populations ont été déportées, massacrées, parce que les soldats ont participé (ou tout au

moins subi) aux atrocités et donc parce qu’on les tient pour responsables (eux et leurs familles) ; les perdants vont

devoir faire l’analyse de l’échec de leur modèle (véritable épreuve psychologique) ; les européens alliés aux

vainqueurs (ex : France) font leur « épuration ». Le monde entier est profondément marqué par l’horreur de

l’extermination des juifs et par le sadisme des S.S. (+ atrocités commises par des Japonais). En Europe les USA

organisent le procès de Nuremberg (20.11.45 - 1.10.46), très médiatisé, afin de montrer et juger les criminels nazis

accusés de crime contre l’humanité (des procès sont également organisés en Pologne et en URSS).

Les bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki (août 45) ont certes permis la fin de la guerre contre le Japon, mais

elles créent aussi une crainte permanente (les Russes détiendront la bombe A en 1949) de destruction totale (p.21).

Pourtant l’humanité aspire à construire un « monde meilleur » sur la base de réformes et de nouvelles organisations

comme l’O.N.U (siège à New York alors que la S.D.N siégeait à Genève).

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Méthode (sujet guidé) : L’inquiétude d’un intellectuel après le bombardement d’Hiroshima

http://lewebpedagogique.com/histoire/albert-camus-edito-de-combat-apres-hiroshima-liens/

Questions . [Présentez le document]

1. Quelles raisons justifient l’emploi de la bombe atomique ? Qu’en pense l’auteur ?

Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que

chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio,

les journaux et les agences d'information viennent de déclencher

au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au

milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe

quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par

une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux

américains, anglais et français se répandent en dissertations

élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation

pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et

même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous

résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de

parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir,

dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou

l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.

En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à

célébrer ainsi une découverte qui se met d'abord au service de la

plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve

depuis des siècles. Que, dans un monde livré à tous les

déchirements de la violence, incapable d'aucun contrôle,

indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la

science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à

moins d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.

Déjà, on ne respirait pas facilement dans ce monde torturé. Voici

qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les

chances d'être définitive (…)

Qu'on nous entende bien. Si les japonais capitulent après la

destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous

en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave

nouvelle autre chose que la décision de plaider plus

énergiquement encore en faveur d'une véritable société

internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits

supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre,

fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine,

ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.

Albert Camus (1913-1960), éditorial de Combat, 8 août 1945.

Camus dénonce

l’attitude de ses

confrères. Sa

position est très

courageuse à ce

moment historique

Prise de position

explicite de Camus :

il emploie « une

formule choc »

restée très célèbre.

D’autres passages du

texte appuient cette

prise de position

Allusion directe à un

événement récent

(avril-juin 1945).

Camus critique les

décisions prises lors de

cet événement.

Cet article réagit

à une actualité

brûlante qu’il

faut identifier

avec précision.

Ce propos

nuance

fortement la

prise de position

précédente.

Camus sait que la

victoire militaire

a un prix.

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2. Les pays vainqueurs ont-ils retenu les principes évoqués par Camus pour assurer la paix ?

3. Expliquez les phrases soulignées (aide dans votre réponse, établissez un lien entre le texte et les faits ci-dessous : 1942 . Conférence de Wannsee (« solution finale »).

Tests des avions robots V1 et des missiles V2 par les Allemands (10 000 savants mobilisés).

Projet nucléaire Manhattan aux Etats-Unis : 15 000 chercheurs mobilisés. (c.f lien http://www.curiosphere.tv/retro2005/infographie/HiroshimaFR0408/index1.html )

1944 Bombardements massifs par les V1 et les V2 sur Londres.

1945 Découverte des expériences japonaises sur des cobayes humains pour se doter d’une arme microbienne ( 3000 victimes).

4. La période suivante a-t-elle été marquée par l’ « angoisse nouvelle » dont parle l’auteur ?

[c.f site TPE Simon Cleys sur « little boy » : http://hiroshimabomb.free.fr/

___________________________________________________________

4. Le monde des vainqueurs (reprise du cours)

En juillet 44 sont signés les Accords de Bretton woods par 44 Etats afin de définir un nouveau système monétaire

international (remarquons que cela se passe aux USA qui croient que les crises monétaires engendrent des crises

donc des guerres) ; l’or est la référence (étalon) de toutes leurs monnaies, ce qui signifie que celui qui a le plus de

réserves d’or est de facto une très grande puissance, ce qui signifie aussi que l’Europe occidentale perd

définitivement sa prépondérance au profit des U.S.A. (détention des ¾ des réserves mondiales, donc le dollar est la

monnaie internationale).Par ailleurs le système assure une conversion (parité, c.f doc 1 p. 22) entre toutes ces

monnaies (le rouble russe n’est pas convertible) ; le Fonds Monétaire International (F.M.I) doit aider les pays à risque

notamment par des conseils. La BIRD (banque internationale pour la reconstruction) est créée pour la reconstruction

des Etats membres.

http://www.universalis.fr/encyclopedie/Z020085/ACCORDS_DE_BRETTON_WOODS.htm

financement

contrôle

accorde des crédits

Convertibilité

Or dollar

Gold Exchange Standard

Parités fixes

à + ou – 1%

Etats membres du F.M.I qui contribuent

(1/4 en or + ¾ en monnaie nationale) en

fonction de leur poids dans le

commerce mondial (en 1944, Etats

Unis : 31 %)

Russie : 18 %

France : 5 % Monnaies nationales

F.M.I

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Liaison : les derniers accords interalliés sont ceux de Yalta (fev. 45) et de Potsdam (juilt 45). C’est à propos de leur

application que le climat entre Alliés se détériore.

5. Retour sur YALTA [Crimée, Mer noire URSS]

Trois des futurs vainqueurs du nazisme _ France exclue_ se réunissent à Yalta.

Soviétiques et Américains se sont-ils ici « partagés le monde » ? [4-11 / 02/ 1945]

Pour W. Churchill (R.U), J. Staline (URSS) et F-D. Roosevelt [mort le 12 avril 1945] avaient prévu cette

réunion pour « régler le sort de la 2° G.M. ; ils ont signé les accords qui allaient symboliser le partage de

l’Europe entre l’Occident capitaliste et l’Est socialiste (futur « bloc communiste »).

*Les Alliés avaient imaginé le démembrement de l’Allemagne dès la Conférence de Téhéran à l’automne

1943, et c’est à Potsdam, en juillet 1945 qu’ils règleraient la question de la victoire.+

À Yalta, la guerre n’est pas encore terminée. Le président Roosevelt rêvait d’associer une « URSS

démocratique » ( !) à une structure internationale garante de la paix.

« L’esprit de Yalta » c’est l’idée que des zones d’influence de l’URSS et des Occidentaux. La philosophie de

l’époque était que c’étaient les Grands qui pouvaient et devaient décider du sort des autres pays !

(Roosevelt voulait _ peut-être naïvement _ que tous les pays soient égaux dans une seul architecture, alors

que Staline _ avec sa vision « impériale » méprise les petites nations).

On a pu penser que des élections libres auraient lieu en Europe centrale parce que Staline en avait adopté

le principe. Ce qui va rester dans l’Histoire c’est la non-réalisation des accords sur les frontières. Et si ce

partage de fait (grâce à la présence de l’armée rouge) a perduré jusque vers 1990 c’est à cause de l’arrivée

de l’arme nucléaire et la peur de l’apocalypse. En fait de zones d’influence (idée de Churchill) l’Europe sera

divisée en 2 blocs politiques, vite suivis sur le plan économique (OTAN, Pacte de Varsovie, COMECON et

Plan Marshall). Le plan Marshall trouvait son sens dans la résistance au communisme. Il ne pouvait être

accepté par l’URSS ni par les pays dominés par elle (le « rideau de fer », réalisé en 1949, était d’emblée une

barrière économique.

Au final, Yalta a permis à Staline d’imposer plus de 40 ans de domination impériale (y compris une

idéologie et un programme économique : la RDA produisant l’acier, etc.), alors que 6 mois plus tard Harry

TRUMAN (succédant à Roosevelt) avait l’arme nucléaire pour faire pression.

Bilan ; beaucoup ont considéré que l’Occident avait démissionné à Yalta ; ces Accords auront imposé aux

peuples d’Europe centrale et orientale un long calvaire (dont les traces persistent). Pour justifier Yalta on a

dit que les « accords étaient satisfaisants » mais que Staline qui les avait violés (mais ce comportement

était largement prévisibles ; il suffisait de regarder le comportement des troupes soviétiques en 1945 dès

les premières semaines d’occupation). Churchill ne se faisait aucune illusion, Roosevelt était très malade.

Yalta n’est donc pas justifiable, et pourtant, les alliés occidentaux auraient-ils pu faire reculer Staline sans

une confrontation militaire ?

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EXERCICE

SUJET : COMMUNIQUE FINAL DE LA CONFERENCE DE YALTA. 1945. (extraits)

« Nous nous sommes mis d'accord sur la politique commune et les plans communs à adopter

pour assurer l'exécution des termes de la capitulation allemande, après que la résistance de l'armée allemande aura été définitivement écrasée. Les plans adoptés prévoient que chacune des trois puissances occupera avec ses forces armées une zone séparée en Allemagne. Il a été en outre convenu que la France serait invitée par les trois puissances, si elle le désire, à occuper une zone et à faire partie de la commission de contrôle comme quatrième membre. Notre dessein inflexible est de détruire le militarisme allemand et le nazisme. Nous sommes décidés à désarmer et à dissoudre toutes les forces armées allemandes [ ... ], à traduire en justice tous les criminels de guerre et à les châtier rapidement [ ... ].

Nous sommes résolus à créer avec nos alliés aussitôt que possible une organisation internationale générale pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité. Nous croyons qu'une telle organisation est essentielle pour empêcher de nouvelles agressions et éliminer les causes politiques, économiques et sociales des guerres au moyen d'une collaboration étroite et permanente de tous les peuples pacifiques. Nous avons convenu de convoquer le 25 avril 1945, à San Francisco, une conférence des Nations unies qui établira sur la base des entretiens officieux de Dumbarton Oaks*, la charte de l'organisation.

Nous avons rédigé et signé une déclaration commune sur l'Europe libérée: [ ... ] Le rétablissement de l'ordre en Europe et la reconstruction de la vie économique nationale devront être réalisés par des méthodes qui permettront aux peuples libérés d'effacer les derniers vestiges du nazisme et du fascisme et de se donner les institutions démocratiques de leur choix. Ce sont les principes de la Charte de l'Atlantique - droit de tous les peuples à choisir la forme de gouvernement sous lequel ils veulent vivre - restauration des droits souverains et d'autogouvernement au profit des peuples qui en ont été privés par les puissances d'agression... »

* Série d'entretiens tenus aux États Unis, dans la banlieue de Washington, du 21 août au 7 octobre 1944, entre les représentants de plusieurs pays, principalement les États Unis, l'URSS, le Royaume Uni, la France libre et la Chine, ayant abouti à l'élaboration d'un plan prévoyant la création d'une Organisation des Nations unies et son fonctionnement.

Questions :

[présentez le document (date, genre, contexte)].

1. Quel sort est réservé aux allemands ? (citez)

2. Que prévoit-on pour assurer la paix mondiale ? (explication rédigée)

3. Sur quels principes veut-on fonder la reconstruction en Europe ? (idem)

Recherche (donnant droit à bonus).

4. Ce texte ne présente pas la totalité des accords de Yalta. Quels sont les autres points importants

du texte non mentionnés dans ces extraits ?

5. Ces principes ont-ils été respectés ? (argumentez avec des faits, c.f livre).

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Chapitre 2. Les modèles américain et soviétique

et la « bipolarisation du monde » [Guerre Froide].

En janvier 1947 les Américains, les Anglais et les Français fusionnent leurs zones d’occupation en

Allemagne, et les communistes prennent le pouvoir en Pologne (c.f point de vue de Staline). Staline fort de

la présence de l’armée rouge viole les Accords de Yalta ; les élections libres n’ont pas lieu. Non seulement

l’URSS construit un glacis (zone défensive) mais elle impose son modèle à l’Europe orientale. Churchill

alerte les occidentaux dans son discours de Fulton (c.f notion de « rideau de fer ») ; les Anglais puis les

Américains s’opposent à la prise des détroits et de l’Iran par l’armée rouge.

1. Deux « blocs ». 2 idéologies antagonistes (développement en §2. et §3.)

Etat des lieux : partir de la carte pp. 114-115 (1945-1956) pour montrer que le monde est

bipolaire (à apprendre par cœur). Quelles divisions repérez-vous ?

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TRUMAN ET JDANOV NOUS EXPLIQUENT LA GUERRE

FROIDE

Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples qui

résistent à des tentatives d'asservissement par des minorités

armées ou des pressions venues de l'extérieur.

[...] Notre aide doit consister [surtout] en un soutien économique et

financier [...] indispensable à la stabilité économique et à une vie

politique cohérente.

Dès que le texte de mon discours fut donné, [...] une ligne de

démarcation bien nette [fut] tracée car [...] chaque nation se

trouvait [...] en face d'un choix à faire entre deux modes de vie

opposés.

L'un d'eux repose sur la volonté de la majorité, [...] est caractérisé

par un gouvernement représentatif, des élections libres, des

garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de

religion, et l'absence de toute oppression politique.

Quant à l'autre, il repose sur la volonté d'une minorité, s'appuie

sur la terreur et l'oppression, une presse et une radio contrôlées,

des élections truquées et la suppression des libertés personnelles.

[...] Les peuples libres du monde attendent de nous que nous les

aidions à sauvegarder leurs libertés.

Voilà ce que dit Harry Truman

Président des Etats-Unis, devant le Congrès, le 12 mars 1947

Et voici la réponse de Andreï Jdanov

Collaborateur de Staline chargé de la propagande, en septembre 1947 à Moscou.

Plus nous nous éloignons de la fin de la guerre et plus

nettement apparaissent les deux principales directions de la

politique internationale de l'après-guerre, correspondant à la

disposition en deux camps principaux des forces politiques [.]

Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp

impérialiste. L'Angleterre et la France sont unis aux Etats-Unis

[...]. Le camp impérialiste est soutenu aussi par les Etats

possesseurs de colonies, tels que la Belgique et la Hollande

[...]

Les forces anti-impérialistes et anti-fascistes forment l'autre

camp. L'URSS et les pays de démocratie nouvelle tels que la

Roumanie et la Hongrie en sont les fondements [...]

Le nouvel expansionnisme des Etats-Unis s'appuie sur un large

programme de mesures d'ordre militaire, économique et

politique dont l'application établirait [...] la domination politique

[...] des Etats-Unis.

[Les] partis communistes frères de France, d'Italie, d'Angleterre

et d'autres pays [...] doivent [...] se mettre à la tête de la

résistance aux plans américains d'asservissement de l'Europe.

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COMMENT FAIRE POUR TRAVAILLER ET

COMPRENDRE CES TEXTES DIFFICILES ?

Voilà ce que dit Harry Truman

Président des Etats-Unis, devant le Congrès, le 12 mars 1947

Et voici la réponse de Andreï Jdanov

Collaborateur de Staline chargé de la propagande, en septembre 1947 à Moscou.

QUESTIONS DISCOURS 1 DISCOURS 2

AUTEUR ? QUAND ? OU ?

Tout d'abord, je construis un tableau comparatif par étapes !

ET je REPERE dans les documents les ELEMENTS DE MES REPONSES.

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Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples qui

résistent à des tentatives d'asservissement par des minorités

armées ou des pressions venues de l'extérieur.

Dès que le texte de mon discours fut donné, [...] une ligne de

démarcation bien nette [fut] tracée car [...] chaque nation se

trouvait [...] en face d'un choix à faire entre deux modes de vie

opposés.

Quant à l'autre, il repose sur la volonté d'une minorité, s'appuie

sur la terreur et l'oppression, une presse et une radio contrôlées,

des élections truquées et la suppression des libertés personnelles.

Plus nous nous éloignons de la fin de la guerre et plus

nettement apparaissent les deux principales directions de la

politique internationale de l'après-guerre, correspondant à la

disposition en deux camps principaux des forces politiques [.]

Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp

impérialiste. L'Angleterre et la France sont unis aux Etats-Unis

[...]. Le camp impérialiste est soutenu aussi par les Etats

possesseurs de colonies, tels que la Belgique et la Hollande

[...]

Les forces anti-impérialistes et anti-fascistes forment l'autre

camp. L'URSS et les pays de démocratie nouvelle tels que la

Roumanie et la Hongrie en sont les fondements [...]

MON TABLEAU EVOLUE EN FONCTION DES QUESTIONS POSEES !

QUESTIONS DISCOURS 1 DISCOURS 2

AUTEUR ? QUAND ? OU ?

QUEL EST LE CONSTAT DES AUTEURS ?

ET je continue à CHERCHER CE QUI PERMET DE REPONDRE !!!

Le nouvel expansionnisme des Etats-Unis s'appuie sur un large

programme de mesures d'ordre militaire, économique et

politique dont l'application établirait [...] la domination politique

[...] des Etats-Unis.

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10

Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples qui

résistent

[...] Notre aide doit consister [surtout] en un soutien économique et

financier [...] indispensable à la stabilité économique et à une vie

politique cohérente.

L'un d'eux repose sur la volonté de la majorité, [...] est caractérisé

par un gouvernement représentatif, des élections libres, des

garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de

religion, et l'absence de toute oppression politique.

[...] Les peuples libres du monde attendent de nous que nous les

aidions à sauvegarder leurs libertés.

Les forces anti-impérialistes et anti-fascistes forment l'autre

camp. L'URSS et les pays de démocratie nouvelle tels que la

Roumanie et la Hongrie en sont les fondements [...]

doivent se mettre à la tête de la résistance

aux plans américains d'asservissement de l'Europe.

EVOLUTION SUIVANTE...je continue à répondre

en remplissant le tableau qui a désormais toutes ses questions.

QUESTIONS DISCOURS 1 DISCOURS 2

AUTEUR ? QUAND ? OU ?

QUELS EST LE CONSTAT DES AUTEURS ?

QUELS SONT LES BUTS DES AUTEURS ?

QUELS SONT LES MOYENS UTILISABLES ?

[Les] partis communistes frères de France, d'Italie, d'Angleterre et d'autres pays [...]

J'AI REPERE TOUTES LES INFORMATIONS...

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LES TEXTES PRENNENT CET ASPECT, JE SAIS QUELS ELEMENTS ME PERMETTRONT DE REPONDRE AUX DIFFERENTES QUESTIONS

Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples qui résistent à des tentatives d'asservissement par des minorités armées ou des pressions venues de l'extérieur.[...]Notre aide doit consister [surtout] en un soutien économique et financier [...] indispensable à la stabilité économique et à une vie politique cohérente.Dès que le texte de mon discours fut donné, [...] une ligne de démarcation bien nette [fut] tracée car [...] chaque nation se touvait [...] en face d'un choix à faire entre deux modes de vie opposés.L'un deux reposait sur la volonté de la majorité, [...]est caractérisé par un gouvernement représentatif, des élections libres, des garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion, et l'absence de toute oppression politique.Quant à l'autre, il repose sur la volonté d'une minorité, s'appuie sur la terreur et l'oppression, une presse et une radio contrôlées, des élections truquées et la suppression des libertés personnelles.[...] Les peuples libres du monde attendent de nous que nous les aidions à sauvegarder leurs libertés.

Voici ce que dit Harry Truman Président des Etats-Unis, devant le Congrès, le 12 mars 1947

Et voici la réponse de Andreï Jdanov, collaborateur de Staline chargé de la propagande, le 22 septembre 1947 à Moscou.Plus nous nous éloignons de la fin de la guerre et plus nettement apparaissent les deux principales directions de la politique internationale de l'après-guerre, correspondantà la disposition en deux camps principaux des forces politiques [.]Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste. L'Angleterre et la France sont unis aux Etats-Unis [...] Le camp impérialiste est soutenu aussi par les Etats possesseurs de colonies tels la Belgique et la Hollande [...]Les forces anti-impérialistes et anti-fascistes forment l'autre camp. L'URSS et les pays de démocratie nouvelle tels que la Roumanie et la Hongrie en sont les fondements [...]Le nouvel expansionnisme des Etats-Unis s'appuie sur un large programme de mesures d'ordre militaire, économique et politique dont l'application établirait [...] la domination politique [...]des Etats-Unis.[Les] partis communistes frères de France, d'Italie, d'Angleterre et d'autres pays [...] doivent [...] se mettre à la tête de la résistance aux plans américains d'asservissement de l'Europe.

ENSUITE, J'EXPLIQUE CHACUN DES PASSAGES RELEVES

Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples qui résistent à- Lutter contre la propagation du communisme dans le monde

UN EXEMPLE ?

L'un deux reposait sur la volonté de la majorité, [...]est caractérisé par un

gouvernement représentatif, des élections libres, des garanties assurant

la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion, et l'absence de

toute oppression politique.Les peuples libres du monde attendent de nous que nous les aidions à sauvegarder leurs libertés.

- Sauvegarder les libertés du monde libre

ENCORE et ENCORE...

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QUESTIONS DISCOURS 1 DISCOURS 2

AUTEUR ? QUAND ? OU ? Harry Truman, Président américain le 12 mars 1947devant le Congrès, deux ans après la fin de la guerre

Andreï Jdanov, proche de Staline en riposte à Truman, le 22septembre 1947 devant les Partis Communistes du monde

QUELS EST LE CONSTAT DES AUTEURS ? - Le monde doit choisir entre le communisme et lelibéralisme : la misère en est la cause.- Le communisme cherche à s'imposer par l'applicationdu totalitarisme stalinien.

Deux camps exisent dans le monde :- le camp soviétique propose le meilleur modèle.- le camp américain cherche à faire des conquêteset à détruirele communisme.

QUELS SONT LES BUTS DES AUTEURS ? - Lutter contre la propagation du communisme.- Sauvegarder les libertés du monde libre.

- Développer le communisme dans le monde.- Lutter contre la présence américaine et son modèle.

QUELS SONT LES MOYENS UTILISABLES ? Un soutien économique et financier mais aussi militaire. Uti lier les partis communistes du monde entier qui adhèrent auKominform.

LE TABLEAU PEUT ETRE DEFINITIVEMENT REMPLI APRES COMPREHENSION DES DIFFERENTS PASSAGES

ENFIN, J'ai DECOUVERT que :

Le seul point commun des deux discours est le constat de la séparation du monde en deux camps opposés

C'est un affrontement idéologiqueéconomique

et militaire indirect

...Et que c'est le début d'une opposition forte

OUF ! J'AI FINI........

COURS (chrono)

Dates à retenir

_1947 Traité de Rio : tous les Etats américains sauf le Canada.

_OTAN (1949) USA, B, Canada, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas,

Portugal, Royaume-Uni (plus la Turquie en 1952 et la Grèce ; la RFA* en 1955).

_1951 ANZUS : Australie, Nouvelle Zélande, Pakistan, Philippines, Thaïlande ? Royaume-Uni, USA.

Le « BLOC DE L’EST » fait « contrepoids en 1955 par la création de Pacte de VARSOVIE : URSS +

MAO (dep. 1949), Albanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, RDA, Roumanie, Tchécoslovaquie.

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2. Définition du modèle américain

En 1945, grâce à la victoire, le « modèle américain est à son apogée » : il apparaît comme un

modèle politique (le pays de la liberté), économique (le pays de la libre entreprise) et culturel

(le cinéma, la chanson, la mode). Il se définit par : une société démocratique car il a défendu les

libertés contre les dictatures (c.f. discours de Fulton) ; il a séduit ceux qui désirent la garantie

des droits et la liberté des personnes (la présence de l’armée américaine en Europe de l’ouest a bien

sûr aidé !).

http://lewebpedagogique.com/geographie/plans-corriges/les-etats-unis/

a) Une société démocratique

_L’Amérique se flatte d’avoir su séparer les 3 pouvoirs depuis 1787, évitant ainsi le

despotisme ; stricte séparation des pouvoirs, système présidentiel, libertés laissées aux Etats,

importance des contre-pouvoirs (syndicats, groupes de pression = lobbies), existence d’un

consensus accord de la majorité de la population) sur les valeurs essentielles : la croyance en

Dieu, la croyance à la mission des Etats-Unis, l’idée du melting pot (ou mélange issu de

l’immigration européenne blanche), le respect de la constitution. Le président est élu pour 4

ans (renouvelables une fois), il est également chef du gouvernement (13 secrétaires d’Etat =

ministres). Le pouvoir législatif appartient au Congrès : ce sont deux chambres : celle des

Représentants (en proportion de la population) et le Sénat = 2 élus par Etat (fédération = 50) ;

et enfin la Cour suprême composée de 9 juges nommés à vie. Le président n’a pas le pouvoir de

décider de la guerre sans le Congrès (la procédure d’Empeachment peut l’empêcher de passer

outre. Deux grands partis (ci-dessous) prennent le pouvoir en alternance démocratique. On dit

que la presse est le 4° pouvoir (c.f ; Watergate page suivante).1

1 Vingt ans plus tard, cependant, ce modèle est rejeté par sa propre jeunesse (le mouvement hippy au

moment de la guerre au Viet Nam) et par une partie de la planète (le refus de l’impérialisme américain).

Aujourd’hui, les grandes lignes du modèle américain se sont imposées au monde entier, à part quelques espaces irréductibles,

mais le modèle contient en lui-même les éléments de sa contestation. N.B. Le droit de vote des femmes date de 1920.

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Mais La lutte pour les droits civiques révèle l’importance de la fracture sociale : ce n’est qu’en

1964 que sont votées des lois interdisant la ségrégation raciale dans les Etats (du sud surtout) qui la

pratiquaient encore, sous la pression des marches pacifiques du pasteur Martin Luther King et des

émeutes violentes des Black Panthers.

Mais Le scandale du Watergate et la guerre du Vietnam ébranlent le prestige des Etats-Unis

La guerre du Vietnam (1964-1975) entraîne une profonde remise en cause du rôle des Etats-

Unis dans le monde (aussi bien dans l’opinion internationale que chez les étatsuniens eux-

mêmes, surtout les jeunes); Nixon doit démissionner à la suite du scandale du Watergate

(compromission de la C.I.A) dénoncé par la presse qui garantit, donc, aussi la démocratie !).

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Watergate personnel diagram created by Woodward and Bernstein's research assistant Al Kamen, 1974.

En 1979, les islamistes iraniens prennent en otage le personnel de l’ambassade américaine à Téhéran

et humilient les Etats-Unis pendant plus d’un an2.

b) Un pays de libre entreprise.

Les Etats-Unis se voient comme le pays où tout est possible (fait partie de leur histoire) si l’on veut

entreprendre, et où le secteur privé n’est pas très contrôlé par l’Etat3 : la réglementation sociale est peu

développée, la libre concurrence peut s’exercer à l’intérieur de certaines limites (loi anti-trust c.à.d.que

l’on considère qu’un monopole à plusieurs = trust est une concurrence déloyale).

http://histoire-geo-remiremont.blogspot.com/2006_09_01_archive.html

2 L’Iran était un allié des USA avant la révolution ; le changement de régime le fait basculer vers l’URSS.

3 Hors l’expérience du New Deal [1933-1941].

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c) Un modèle culturel qui influence l’ensemble du bloc.

Les Etats-Unis des années 1950 sont vus par les autres pays comme un modèle culturel, celui de l’american

way of life, fait de voitures, d’appareils ménagers, de télévision, de cinéma (Humprey Bogart) et de musique

(jazz, rock, etc.).4 Et pourtant … le refus de la guerre du Vietnam ainsi que la contestation de la société

véhiculée notamment par le rock, amène une remise en cause de l’intérieur : les beatniks, puis les hippies, ne

veulent plus de la société de leurs parents et cherchent un autre mode de vie (Woodstock 1969). La critique

du modèle américain devient (progressivement) mondiale. C.f. ci-dessous l’opposition des 2 genres entre

affiche /Livre.

4 C.f. le film de Franck Capra La vie est belle qui montre le standing de vie américain à la fin des années quanrante.

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d) Finalement : Le retour de l’Amérique ou la révolution conservatrice reaganienne : America is back

Ronald Reagan, président de 1980 à 1988, et son successeur George Bush (1988-1992) symbolisent

le retour des Etats-Unis sur le devant de la scène mondiale autour du modèle idéologique et

économique du libéralisme, partagé avec la Grande Bretagne de Margaret Thatcher. Il s’agit de

revenir à l’esprit de l’Amérique pionnière en laissant libre cours à l’initiative individuelle, que l’Etat

ne doit pas entraver. Sur le plan international, c’est le retour de la fermeté face aux soviétiques

(initiative de défense stratégique, crise des euromissiles, soutien aux guérillas anticommunistes en

Afghanistan et au Nicaragua). La fin de l’URSS et la guerre du Golfe au tout début des années 1990

laissent les Etats-Unis seuls sur la scène politique mondiale et la Guerre froide prend fin.

Conclusion partielle : tous américains ?

A la fin du 20ème siècle, le monde entier, grâce à la télévision, aux chansons, aux réseaux

informatiques, est influencé par la culture des Etats-Unis ; pourtant les réticences sont nombreuses,

en France par exemple (exception culturelle : cinéma, musique), mais tout compte fait, peu

efficaces.

Les formes de contestation du modèle existent à l’intérieur même de celui-ci : le leadership mondial

des Etats-Unis est contesté par les courants isolationnistes aux Etats-Unis même, le modèle reaganien

a été remplacé par un libéralisme moins dogmatique avec Clinton. Cependant, rien n’apparaît

aujourd’hui qui pourrait réellement remplacer le modèle.

http://www.ac-orleans-tours.fr/hist-geo3/normand/MODELE-USA.htm

3. Pendant la guerre froide, l’antithèse c’est (donc) l’URSS

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L’URSS est un des 2 grands vainqueurs du « fascisme » (terme générique) ; elle représente pour bon

nombre l’espoir d’une société meilleure (nota. une partie des intellectuels Français).

Pendant une grande partie du 20ème siècle, le communisme a représenté pour les millions de sympathisants

de cette cause un modèle, incarné par l’URSS de Lénine et de Staline. A partir des années 1960, la Chine de

Mao Zedong rejette ce modèle (soviétique) et représente dès lors, aux yeux de la planète, une nouvelle voie

communiste, concurrente de la première. A partir de 1985, devant la crise aiguë de ce système, les deux

régimes réagissent différemment, les soviétiques tentent de réformer le système politique et aboutissent à

l’effondrement de leur système, les Chinois réforment l’économie sans toucher au système politique, qu’ils

maintiennent jusqu’à nos jours (en prenant quelques libertés avec l’idéologie du communisme).

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a) L’URSS, une dictature totalitaire (c.f. frise chrono. p. 85 et lire intro p 845)

On cherche à cerner les caractéristiques des années 50 et 60, et l’évolution après 1960 et jusque 1991.

les principes (de ce modèle)

Le communisme (ou, dans le cas de l’URSS, le marxisme-léninisme) a pour objectif l’établissement d’une

société sans classes où chacun aura selon ses besoins. Pour y parvenir, le prolétariat* doit renverser la

bourgeoisie (octobre 1917) et faire « régner sa dictature ».

Mais, le modèle « stalinien » c’est un régime totalitaire (cours de 1°) qui fait régner la terreur grâce à sa

police et à son système répressif (des millions de prisonniers politiques qui creusent des canaux, font des

voies ferrées en Sibérie, cherchent de l’or et du pétrole, etc.)

les pratiques

Tout le pouvoir appartient au parti communiste, considéré comme le représentant de la classe ouvrière (c’est

sa légitimité), aucun autre parti n’est toléré. C’est Lénine qui a imposé cette interprétation de la doctrine

marxiste et qui a créé le moyen de l’imposer au peuple, c’est à dire la police politique (la tchéka) et les

camps de rééducation (le goulag). Staline n’a fait qu’accentuer dans les années trente ce que Lénine avait

établi dès les premiers mois de son pouvoir, en 1918. Le parti est organisé selon le principe du centralisme

démocratique (définition page 120). L’individu n’existe pas : le communisme est un système totalitaire, où

l’emprise de l’Etat sur l’individu est totale (c.f. Le premier cercle d’Alexandre Soljenitsyne). Staline est

idolâtré.

L’aveu de Costa Gavras (1969)6.

La propagande soviétique, quel que fut le dirigeant en place, a présenté une société communiste idéale et

idéalisée. La remise en cause du modèle ne se fit souvent que par réaction à la politique du prédécesseur

ou à l’extérieur de l’URSS. Cela entraîna un cinéma manichéen (gentils et méchants), allant de la

propagande d’Etat à la contestation d’où qu’elle ait pu venir. Vecteur de propagande efficace car 5 [Il faut savoir différencier] On retiendra plusieurs « temps » : le modèle stalinien ; la déstalinisation et les réformes ; la stagnation sous Brejnev et la perestroïka sous Gorbatchev.

6 La polémique qui avait entouré ce film paraît presque dérisoire quelque 35 ans après sa sortie : concernant les procès staliniens en Tchécoslovaquie, il n’est plus aujourd’hui question de nier ni l’exactitude des faits ni la nécessité de les dénoncer. Le film de Costa-Gavras perd ainsi en grande partie son rôle militant mais conserve un intérêt historique certain. Il montre l’implacable machine mise en œuvre pour forcer un homme à témoigner contre lui-même et les faits contenus dans le livre autobiographique d’Artur London sont suffisamment terrifiants *…+. Il se dégage une indéniable force de ce film qui a tracé la voie d’un certain cinéma militant style “coup de poing”, dans les années 70. Montand trouve là un de ses rôles les plus bouleversants.

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s’adressant aux masses, le cinéma a pu témoigner de l’évolution des relations entre l’URSS et les Etats-

Unis, jusqu’à la victoire de ces derniers. Plus la Guerre froide avance, plus ce qui est « occidental » et

surtout US est interdit (dangereux, exple les Rolling stones sont « subversifs », anti-communistes etc.) ; la

musique doit être « soviétique » (c’est ce que Staline ordonne au compositeur Chostakovitch).

Exo : Commentaire de l’affiche doc 7 p. 89. « L’URSS serait une locomotive en pleine croissance, entrainant les mines et les usines, la construction dans son sillage, alors que les USA stagneraient ».

Explication : l’URSS a choisi l’industrie lourde au détriment de l’agriculture car le communisme c’est la dictature pour et par les ouvriers et celle-ci permet la fabrication d’armes, toujours au détriment des produits courants ; mais personne ne conteste à cause de la peur mais aussi à cause de la propagande [le « guide » = Staline a gagné la guerre parce qu’il avait fait les « bons choix » !] organisée par l’Etat c.a.d. par le parti et sa nomenklatura* (à l’école, à l’usine, au cinéma, etc.).

/b) Une économie contrôlée par l’Etat

Tous les moyens de production (terres, usines, banques, commerces) sont nationalisés et l’Etat planifie

l’économie par les plans quinquennaux (il est obligatoire de parvenir à leur réalisation…quitte à truquer les

chiffres !). Staline choisit de privilégier les industries lourdes et les infrastructures (routes, canaux,

ports, chemin de fer) aux dépends de l’agriculture et des industries de biens de consommations, qui resteront

le point faible de l’économie soviétique7 (famine du monde rural des années Trente).

Des progrès existent, telle la gratuité de l’enseignement (idem à Cuba) et des soins, l’abondance des

installations sportives ; la retraite est précoce et le chômage n’existe pas (dans le sens que nous lui donnons

du moins). Mais la réalité est toute autre, le niveau de vie réel (à notre sens) est très bas alors que la

nomenklatura (des listes de postes que l’on ne peut occuper que dans l’appareil d’Etat et avec l’accord du

parti, autrement dit avec les dérives facilement imaginables « l’élite du parti = PCUS » a de gros avantages

(privilèges : voitures, vacances et datchas de la Mer noire). Autrement dit l’URSS et les pays « satellites »

ont (re)créé une bureaucratie avec ses cadres. Le système n’a jamais correctement fonctionné ; il a permis

cependant de bâtir une solide industrie lourde, qui a permis à l’URSS de battre l’Allemagne nazie et de se

lancer dans la conquête spatiale.

c) Un système conquérant , mais contesté

La victoire soviétique dans la seconde guerre mondiale a donné à l’URSS un immense prestige et une zone

d’influence en Europe de l’Est, où Staline va pouvoir installer des régimes communistes à la suite

d’élections truquées et de coups d’état (le coup de Prague en février 1948). La victoire des communistes en

Chine en 1949 augmente encore la puissance du bloc communiste, auquel il faut ajouter la Corée du Nord, le

Vietnam du Nord et à partir de 1960 Cuba (cartes pages 114-115).

Les Soviétiques ont du mal à maintenir leur emprise sur l’Europe de l’est : en 1953, les ouvriers de Berlin

Est se soulèvent, en octobre 1956, ce sont les Polonais, le mois suivant les Hongrois, en août 1968 les

Tchèques et les Slovaques. A chaque fois, la réponse est la même, l’URSS envoie ses chars et écrase les

révoltes dans le sang. Pourtant, la contestation ne cesse jamais tout à fait : les Hongrois acceptent la

domination politique mais libéralisent l’économie, les Polonais obtiennent de maintenir les libertés

7 Tout le monde travaille mais sans grande productivité.

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religieuses et créent avec Lech Walesa le syndicat Solidarité, les soviétiques ont leurs dissidents comme

Andrei Sakharov ou Alexandre Soljenitsyne.

L’utopie

pandouworld.wordpress.com/.../ et membres.lycos.fr/ geographiehistoire/Annales/E...

Apprendre les définitions p. 88 (goulag, kolkhoze) ; lire la page 87 pour comprendre qui est Staline.

D ) Déstalinisation et réformes [1953/1956 – 1964] : coexistence pacifique ?

Nikita Krouchtchev8, nouveau 1° secrétaire du PCUS en 1953 essaie de « déstaliniser ». Il n’en reste pas

moins un dirigeant autoritaire, il vise cependant un assouplissement dans les goulags, tente de mettre en

culture (sovkhozes d’Etat) des milliers d’hectares de terrain non utilisés (mais trop froids, c’est un échec).

Avec lui, l’appareil du parti veut mettre fin à la répression de masse (en 1953 Beria, chef de la police de

Staline est exécuté). En 1956 lors du Congrès du parti (PCUS), le nouveau secrétaire (K.) montre sa

volonté de rompre avec l’ère stalinienne et propose de remplacer la « guerre froide » par la

« coexistence pacifique » (mais les anciens « staliniens » s’opposent à lui et n’attendent qu’un faux

pas, ce sera Cuba en 1962 » pour le faire tomber). La déstalinisation est tout de suite populaire dans les

pays « satellites » de l’URSS (Hongrie, c.f. chap. suiv), ce qui provoque l’intervention de l’armée rouge.

L’objectif de la période est de rattraper les USA sur le plan économique. Krouchtechev a conscience de

l’obsolescence des usines ; on annonce à nouveau « la société d’abondance » à grand renfort de

propagande. Le Plan de 1959 insiste sur les biens de consommation, les logements et l’agriculture.

Certaines améliorations sont réelles, tel l’abaissement de l’âge à la retraite et la durée de travail descend à

42 heures. Ce qui impressionne nombreux occidentaux ! La même année, Nikita K. visite les USA, on pense

à une réelle amélioration des relations Est-Ouest ; à son retour, Il fait de la culture du maïs une grande

campagne, mais les terres russes s’y prêtent mal (on développera, par les sovkhozes, les « terres vierges »

du Kazakhstan au sud de l’URSS.

8 On le représente en mineur tel STAKHANOV (son équipe en réalité) qui bat des records [donc face aux USA) ;

en réalité K. n ‘a été mineur que quelques mois.

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Fiche synthétique : La Guerre froide, c’est une confrontation entre 2 blocs…

Un bloc se constitue…

…autour d’une superpuissance

… autour d’une idéologie

…en organisation économique

….par des alliances militaires

….grâce à des moyens de

Propagande

… grâce à des moyens d’espionnage

en utilisant

des moyens d’intimidation

et réprime toute déviance

BLOC OCCIDENTAL BLOC SOVIETIQUE

Les Etats-Unis L’ URSS

Le Libéralisme Le Communisme

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Churchill et le discours de Fulton ; définition du « rideau de fer ».

http://www.ena.lu/discours-winston-churchill-fulton-mars-1946-010000103.html

ÉVÉNEMENTS HISTORIQUES >> 1945-1949 L'ère des précurseurs >> Le début de la Guerre froide

LA GUERRE FROIDE (Etude de cas).

Cours-EXERCICE [Mes commentaires et questions sont en bleu]

Discours de Winston Churchill, prononcé à Fulton (Missouri), en présence du président Truman (Roosevelt est

mort en 1945) 5 mars 1946

(…) C'est pourquoi, fort de l'expérience de toute une vie, je puis permettre à mon esprit de s'attarder sur les

problèmes qui nous accablent au lendemain de notre victoire absolue par les armes et tenter, de toutes mes

forces, de faire en sorte que ce qui a été gagné au prix de tant de sacrifices et de souffrances soit préservé

pour la gloire et la sécurité futures de l'humanité.

Les États-Unis, Mesdames et Messieurs, sont actuellement au pinacle de la puissance mondiale. C'est un

moment solennel pour la démocratie américaine car la primauté en matière de puissance

s'accompagne aussi d'une responsabilité redoutable pour l'avenir. En regardant autour de vous, vous

devez éprouver non seulement le sentiment du devoir accompli, mais également la crainte de tomber en-

dessous du niveau atteint. Une chance s'ouvre ici à nos deux pays, claire et lumineuse. Si nous la

rejetons, si nous l'ignorons ou si nous la gaspillons, nous attirerons sur nous tous les longs reproches

des générations futures. Il faut que la fermeté d'esprit, la persistance de l'intention et une grande simplicité

de décision guident et régissent la conduite des peuples anglophones en temps de paix comme elles l'ont fait

en temps de guerre. Nous devons (…) nous montrer à la hauteur de cette lourde exigence.

Commentaire : [l.5 à 13] Churchill dit aux américains que c’est leur idéologie* qui a

permis la victoire face au nazisme et au totalitarisme japonais ; ils sont persuadés

d’avoir une quasi-religieuse à accomplir (ensemble). Il souligne leur union et leur

mission commune (atlantisme) face à l’avenir. Il propose de conduire l’après guerre

ensemble (« anglophones »).

Quel est donc notre concept stratégique global aujourd'hui ? Ce n'est rien de moins que

la sécurité et le bien-être, la liberté et le progrès pour les foyers et les familles, pour tous

les hommes et toutes les femmes dans tous les pays. Je pense tout particulièrement ici à la

myriade de petites maisons et d'appartements où les salariés s'efforcent au milieu des vicissitudes et des

difficultés de la vie de préserver leurs épouses et leurs enfants des privations et d'élever leur famille dans la

crainte du Seigneur ou selon des conceptions éthiques dont le rôle est souvent important.

Commentaire : [l.14] Définition du « concept stratégique », selon lui : sécurité, liberté,

progrès, pour leur famille et le monde. On remarquera qu’il s’adresse aux classes

moyennes (« salariés »). Son discours est très WASP (white anglo saxon protestant) :

« dans la crainte du seigneur ».

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Pour assurer la sécurité de ces innombrables foyers, il faut les protéger contre les deux

affreux maraudeurs que sont la guerre et la tyrannie. (…) Les terribles destructions qui se

sont abattues sur l'Europe, avec toutes ses gloires anéanties, et sur de vastes parties de l'Asie

nous saute aux yeux. Lorsque les desseins conçus par des hommes frappés de folie ou les

envies agressives d'États puissants rompent sur de vastes étendues le cadre de la société

civilisée, les gens humbles [seconde allusion populaire] sont confrontés à des difficultés

auxquelles ils ne peuvent pas faire face. Pour eux, tout est déformé, tout est cassé et même

réduit en bouillie. (…) Notre tâche et notre devoir suprêmes exigent que nous

préservions les foyers des gens humbles des horreurs et des misères d'une nouvelle

guerre.

Après avoir proclamé leur « concept stratégique global » et évalué les ressources disponibles,

nos collègues militaires américains passent toujours à l'étape suivante, à savoir la méthode.

Là encore, nous sommes largement d'accord. Une organisation mondiale a déjà été

instaurée, dont la mission première est d'empêcher la guerre. L'ONU, qui succède à la

Société des Nations, avec l'adhésion déterminante des États-Unis et tout ce que cela

implique, a déjà commencé à travailler. Nous devons faire en sorte que son travail porte des

fruits, qu'elle soit une réalité et non une fiction [contrairement à ce qu’était la SDN

veut-il dire], qu'elle soit une force tournée vers l'action [mais comment ?] et non

seulement un flot de paroles creuses, qu'elle soit un vrai temple de la paix où pourront

un jour être suspendus les boucliers de beaucoup de nations, et non seulement un poste

de contrôle dans une tour de Babel. Avant de nous défaire de nos armements nationaux,

qui constituent une assurance solide pour notre sécurité, nous devons être sûrs que notre

temple a été construit non pas sur des sables mouvants ou des bourbiers, mais sur du roc. Il

suffit d'ouvrir les yeux pour voir que notre sentier sera ardu et long, mais si nous persévérons

ensemble, comme nous l'avons fait dans les deux Guerres mondiales - mais non pas,

hélas, dans l'intervalle qui les a séparées – [il critique le manque d’unité entre les deux

guerres], je ne doute pas que nous finirons par accomplir notre mission commune

[nouvelle allusion à l’idée de « mission », de rôle qui leur serait imparti !].

Je tiens à faire, à cet égard, une proposition d'action précise et concrète. Nous avons beau

instituer des tribunaux et des magistrats, ils ne pourront pas fonctionner sans police.

L'Organisation des Nations unies doit être équipée dès le départ d'une force armée

internationale [les futurs casques bleus]. (…) Je propose que chaque Puissance et chaque

État soit invité à déléguer un certain nombre d'escadrilles aériennes au service de

l'organisation mondiale. Ces escadrilles pourraient être entraînées et préparées dans leur propre pays

mais se déplaceraient par voie de rotation d'un pays à l'autre. Elles porteraient l'uniforme de leur propre pays

mais avec des insignes différents. Elles ne seraient pas appelées à intervenir contre leur propre nation mais

pour le reste elles seraient sous les ordres de l'organisation mondiale. Cette initiative pourrait commencer à

petite échelle et s'étendre à mesure que grandira la confiance. J'aurais voulu déjà qu'elle soit prise après la

Première Guerre mondiale et je suis fermement convaincu qu'elle pourra l'être maintenant.

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Commentaire : Churchill sait d’expérience qu’on ne peut maintenir la paix sans armée

« de la paix ». Son idée est prémonitoire puisque l’adhésion à l’ONU s’est faite

progressivement. On voit ci-dessous qu’il s’arroge par contre le droit d’être un des

seuls détenteurs (tous anglo-saxons en 1946) de la puissance nucléaire (l’URSS l’aura

en 1949) au nom de leur « maturité et de leur sagesse »

Il serait cependant erroné et imprudent, Mesdames et Messieurs, de confier le secret de la connaissance

ou de l'expérience de la bombe atomique, que partagent désormais les États-Unis, la Grande-Bretagne

et le Canada, à une organisation mondiale encore dans l'enfance. Ce serait folie criminelle que de le

divulguer dans ce monde toujours agité et désuni. Personne, dans aucun pays, n'a vu son sommeil troublé en

sachant que cette connaissance ainsi que la méthode et les matières premières nécessaires pour la mettre en

pratique se trouvent aujourd'hui essentiellement entre les mains de l'Amérique [exagération]. Je ne pense

pas que nous aurions tous dormi si profondément si la situation avait été renversée et qu'un État

communiste ou néofasciste [il considère les deux aussi dangereux] détenait actuellement le monopole

de ces porteurs de terreur. La seule peur qu'ils inspirent aurait très bien pu suffire pour imposer des

systèmes totalitaires sur le monde démocratique libre, avec des conséquences terrifiantes pour

l'imagination des hommes. Dieu a voulu qu'il n'en soit rien et nous disposons au moins d'un répit pour

mettre de l'ordre dans notre maison avant que nous ayons à affronter ce péril : même alors, si nous ne

ménageons pas nos efforts, notre supériorité devrait être telle qu'elle empêchera efficacement les autres de

s'en servir ou de menacer de s'en servir. Lorsqu’enfin la fraternité profonde entre les hommes sera

réellement ancrée et exprimée dans une organisation mondiale, avec toutes les mesures de sauvegarde

concrètes qui seront nécessaires pour la rendre efficace, ces pouvoirs seront naturellement confiés à cette

organisation mondiale.

Il lui semble donc évident que « il vaut mieux que cette arme soit en possession du

monde occidental » qu’il considère, bien sûr, plus raisonnable, plus intelligent (…que

les russes !) Combien de temps reste-t-il avant la fin du “ répit “ ?

J'en arrive maintenant au second danger qui menace les maisons, les foyers et les gens humbles, à savoir la

tyrannie. Nous ne pouvons fermer les yeux devant le fait que les libertés dont jouit chaque citoyen partout

aux États-Unis et partout dans l'Empire britannique n'existent pas dans un nombre considérable de pays,

dont certains sont très puissants. Dans ces États un contrôle est imposé à tout le monde par

différentes sortes d'administrations policières toutes puissantes. Le pouvoir de l'État est

exercé sans restriction, soit par des dictateurs, soit par des oligarchies* compactes qui

agissent par l'entremise d'un parti privilégié et d'une police politique. [QUI vise-t-il à

votre avis ?]A un moment où les difficultés sont si nombreuses, notre devoir n'est pas

d'intervenir par la force dans les affaires intérieures de pays que nous n'avons pas

conquis [ !] pendant la guerre. Toutefois nous ne devons jamais cesser de proclamer sans

peur les grands principes de la liberté et les droits de l'homme, qui sont l'héritage

commun du monde anglophone [il ne parle pas de la France ni des principes de la

Révolution mais évoque l’antériorité de leur système démocratique] et qui, en passant

par la Grande Charte, la Déclaration des Droits, l’Habeas Corpus, les jugements par un jury

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et le droit civil anglais trouvent leur plus célèbre expression dans la Déclaration

d'Indépendance américaine. Il rappelle ci-après les règles de la démocratie.

Tout cela signifie que les populations de n'importe quel pays ont le droit et devraient

avoir la possibilité, constitutionnellement garantie, de choisir ou de changer le

caractère ou la forme du gouvernement sous lequel elles vivent, au scrutin secret, dans

des élections libres et sans entraves ; cela signifie qu'il faudrait que règne la liberté de

parole et de pensée ; que les tribunaux, indépendants du pouvoir exécutif et impartiaux

devraient appliquer les lois qui ont reçu l'assentiment massif de larges majorités ou qui

ont été consacrées par le temps et par l'usage. Voilà les titres de liberté que l'on devrait

trouver dans chaque foyer. Voilà le message que les peuples britannique et américain

adressent à l'humanité. Prêchons ce que nous pratiquons ; pratiquons ce que nous

prêchons.

J'ai exposé maintenant les deux grands dangers qui menacent les foyers des gens : la guerre et la tyrannie. Je

n'ai pas encore parlé de la pauvreté, ni des privations qui sont souvent le principal sujet d'anxiété. Mais si

les dangers de la guerre et de la tyrannie sont écartés, il n'y a pas de doute que la science et la coopération

pourront apporter d'ici quelques années et certainement au cours des prochaines décennies, au monde qui

vient de tirer les leçons de l'école de la guerre, une expansion de son bien-être matériel au-delà de tout ce

que l'humanité a connu jusqu'à présent. Aujourd'hui, en ce moment triste et étouffant, nous sommes

plongés dans la famine et la détresse qui sont les conséquences de notre formidable résistance ; mais

cela passera, cela passera peut-être rapidement et rien, sauf la folie humaine ou le crime indigne des

hommes, ne devrait empêcher une nation d'inaugurer et de jouir d'une ère de plénitude. Tout en continuant

de rechercher le moyen de réaliser notre concept stratégique global, j'en arrive maintenant au point crucial

de ce que je suis venu vous dire ici. Ni la prévention certaine d'une guerre, ni la montée

continue de l'organisation mondiale [Bretton woods et le GATT !] ne seront acquises

sans ce que j'ai appelé l'association fraternelle des peuples anglophones. Cela implique

une relation particulière entre le Commonwealth et l'Empire britanniques d'une part et

les États-Unis d'autre part. Une association fraternelle exige non seulement une amitié

croissante et une compréhension mutuelle entre nos deux systèmes de société [Modèle !]

vastes mais analogues, mais également la continuation des relations étroites entre nos conseillers militaires,

menant à l'étude commune de dangers potentiels, à la similitude de nos armements et de nos manuels

d'instruction ainsi qu'à l'échange d'officiers et de cadets dans les hautes écoles techniques. Elle devrait

comprendre la continuation des efforts actuels en faveur de la sécurité mutuelle par l'utilisation commune de

toutes les bases militaires navales et aériennes qu'un de nos pays possède, partout dans le monde. Une telle

association permettrait peut-être de doubler la mobilité des forces navales et aériennes américaines. Elle

augmenterait sensiblement celle des forces de l'Empire britannique et mènerait très probablement, au fur et à

mesure que le monde se calmera, à d'importantes économies financières. Nous utilisons d'ores et déjà

ensemble un grand nombre (…) Les États-Unis ont déjà conclu un accord de défense

permanent avec le Dominion du Canada, très attaché au Commonwealth et à l'Empire

britanniques. Cet accord est plus efficace que beaucoup d'autres qui ont souvent été conclus

au sein d'alliances formelles. Ce principe devrait être étendu à tout le Commonwealth

britannique à titre de réciprocité totale. Ainsi, quoi qu'il arrive, et ainsi seulement, nous assurerons

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notre propre sécurité et serons capables de travailler ensemble pour les causes nobles et simples qui nous

sont chères et qui ne risquent de porter préjudice à personne. Finalement nous pourrons voir naître - et je

sens que finalement nous verrons naître - le principe d'une citoyenneté commune (…) Nous devons

toutefois nous poser une question importante. Les relations spéciales entre les États-Unis et le

Commonwealth britannique seraient-elles incompatibles avec notre loyauté primordiale à l'égard de

l'organisation mondiale ? Je répondrai que, au contraire, c'est peut-être le seul moyen de permettre à cette

organisation d'atteindre sa pleine grandeur et sa pleine puissance. Il y a déjà les relations spéciales entre les

États-Unis et le Canada, que je viens de mentionner, et il y a les relations spéciales entre les États-Unis et les

Républiques d'Amérique du Sud. La Grande-Bretagne a conclu pour vingt ans un traité de

coopération et d'assistance mutuelle avec la Russie soviétique. « Dans la maison de mon

père, il y a beaucoup de demeures » [ce passage de la bible signifie qu’on peut prendre

des chemins différents tout en étant frères]. (…)

J'ai parlé tout à l'heure, Mesdames et Messieurs, du temple de la paix. Les travailleurs de tous les pays

doivent construire ce temple.

Une ombre est tombée sur les scènes qui avaient été si clairement illuminées récemment

par la victoire des Alliés. Personne ne sait ce que la Russie soviétique et son

organisation communiste internationale ont l'intention de faire dans l'avenir immédiat,

ni où sont les limites, s'il en existe, de leurs tendances expansionnistes et de leur

prosélytisme. J'éprouve une profonde admiration et un grand respect pour le vaillant peuple

russe et pour mon camarade de combat, le maréchal Staline. Nous comprenons le besoin de

la Russie de se sentir en sécurité le long de ses frontières occidentales en éliminant toute

possibilité d'une agression allemande [le glacis]. Nous accueillons la Russie à sa place

légitime au milieu des nations dirigeantes du monde. Nous accueillons son pavillon sur les

mers. Par-dessus tout, nous nous félicitons des contacts fréquents et croissants entre le peuple russe et nos

propres populations de part et d'autre de l'Atlantique. Il est toutefois de mon devoir, car je suis sûr

que vous souhaitez que je vous expose les faits tels que je les vois, de rappeler devant vous

certains faits concernant la situation présente en Europe.

De Stettin dans la Baltique jusqu'à Trieste dans l'Adriatique, un rideau de fer est

descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des

anciens États de l'Europe centrale et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne,

Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia ; toutes ces villes célèbres et les populations qui

les entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et toutes sont

soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l'influence soviétique,

mais aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au

contrôle de Moscou. Seule Athènes - la Grèce et ses gloires immortelles - est libre de

décider de son avenir dans des élections contrôlées par des observateurs britanniques,

américains et français. Le gouvernement polonais dominé par la Russie a été encouragé

à empiéter largement et de façon illégitime sur l'Allemagne, et nous assistons

actuellement à des expulsions massives de millions d'Allemands dans une mesure atroce

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et inimaginable. Les partis communistes, qui étaient très faibles dans tous ces États de

l'Est européen, se sont vu élevés à une prédominance et un pouvoir bien au-delà de leur

importance numérique et cherchent partout à accéder à un contrôle totalitaire. Des

gouvernements policiers dominent dans presque tous les cas et, jusqu'à présent, à

l'exception de la Tchécoslovaquie, il n'y a pas de vraie démocratie. La Turquie et la Perse

[Iran] sont toutes les deux profondément inquiètes et troublées devant les revendications dont elles font

l'objet et la pression exercée par le gouvernement de Moscou. Les Russes à Berlin tentent

actuellement de mettre sur pied un parti quasi communiste dans leur zone de l'Allemagne

occupée en accordant des faveurs spéciales à des groupes de dirigeants allemands de gauche. À la fin des

combats en juin dernier, les armées américaines et britanniques se sont retirées vers l'ouest, conformément à

un accord conclu préalablement, jusqu'à une distance atteignant par endroits plus de 200 kilomètres le long

d'un front de près de 600 kilomètres, afin de permettre à nos alliés russes d'occuper ce vaste territoire que les

démocraties occidentales avaient conquis. Si le gouvernement soviétique tente maintenant, par

une action séparée, de construire une Allemagne pro-communiste dans les régions qu'il

contrôle, cela va provoquer de nouvelles difficultés sérieuses dans les zones britannique

et américaine, et donner aux Allemands vaincus le pouvoir de se mettre eux-mêmes aux

enchères entre les Soviétiques et les démocraties occidentales. Quelles que soient les

conclusions que l'on peut tirer de ces faits - car ce sont des faits - ce n'est certainement pas

là l'Europe libérée pour la construction de laquelle nous avons combattu. Ce n'est pas non

plus une Europe qui présente les caractéristiques essentielles d'une paix durable. La sécurité du monde exige

une nouvelle unité en Europe, dont aucune nation ne doit être exclue pour toujours [même pas l’Allemagne !

; je coupe]9.

Face au rideau de fer qui divise l'Europe, il y a d'autres causes d'inquiétude. En Italie le parti communiste

se trouve sérieusement gêné parce qu'il doit soutenir les revendications du maréchal Tito, formé par le

communisme, sur l'ancien territoire italien au nord de l'Adriatique. Néanmoins l'avenir de l'Italie est en

suspens. Une fois de plus, il est impossible d'imaginer une Europe régénérée sans une France puissante.

Tout au long de ma vie publique, j'ai œuvré pour une France forte et je n'ai jamais perdu confiance en sa

destinée, même au cours des heures les plus sombres. Je ne vais pas perdre confiance maintenant. Pourtant,

dans un grand nombre de pays, loin des frontières russes et partout à travers le monde, les cinquièmes

colonnes communistes [espions] se sont installées et travaillent en parfaite unité et dans l'obéissance absolue

aux directives qu'elles reçoivent du centre communiste. A l'exception du Commonwealth britannique et des

États-Unis, où le communisme en est encore à ses débuts, les partis communistes ou les cinquièmes

colonnes constituent un défi et un danger croissants pour la civilisation chrétienne. (…) Les perspectives

sont effrayantes aussi en Extrême-Orient et surtout en Mandchourie. L'accord conclu à Yalta, avec ma

9 C'est de la lutte entre les races puissantes de nos ancêtres en Europe que sont nées les guerres mondiales que nous avons vécues

(…). Deux fois au cours de notre propre vie, nous avons vu comment, contre leur volonté et leurs traditions, contre les arguments

invoqués dont il est impossible de ne pas comprendre la force, les États-Unis ont été entraînés par des forces irrésistibles dans ces

deux guerres, à temps pour assurer la victoire de la bonne cause, mais seulement après qu'avaient eu lieu des massacres et des

destructions effroyables. Deux fois les États-Unis ont été obligés d'envoyer plusieurs millions de leurs jeunes gens au-delà de

l'Atlantique pour trouver la guerre ; mais maintenant la guerre peut trouver n'importe quelle nation, n'importe où et n'importe

quand. Il est évident que nous devons travailler avec détermination pour rétablir une paix globale en Europe, au sein de la

structure des Nations unies et en accord avec sa charte. À mon sens c'est là un devoir politique évident d'une très grande

importance.

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participation, a été extrêmement favorable à la Russie soviétique, mais il a été conclu à un moment où

personne ne pouvait dire que la guerre contre l'Allemagne ne risquait pas de se prolonger tout au long de

l'été et de l'automne de 1945 et où l'on s'attendait à ce que la guerre contre le Japon se poursuive encore

pendant 18 mois après la fin de la guerre contre l'Allemagne. Dans votre pays, vous êtes tous si bien

informés sur l'Extrême-Orient et vous êtes des amis si dévoués de la Chine que je n'ai pas besoin de

m'étendre sur la situation qui règne là-bas.

J'ai senti qu'il était de mon devoir d'attirer votre attention sur l'ombre qui, à l'ouest comme à l'est, tombe sur

le monde. J'étais ministre au moment du traité de Versailles et un proche ami de Lloyd George, qui était à la

tête de la délégation britannique à Versailles. Pour ma part, je n'étais pas d'accord sur un grand nombre de

choses qui ont été faites, mais je garde en moi une très forte impression de la situation d'alors et il m'est

douloureux de la comparer à ce qui se passe maintenant. À ce moment-là régnaient de grands espoirs et une

confiance illimitée que les guerres étaient finies et que la Société des Nations allait devenir toute puissante.

Je ne retrouve ni ne sens cette confiance, ni même ces espoirs, dans le monde inquiet d'aujourd'hui. D'un

autre côté, Mesdames et Messieurs, je repousse l'idée qu'une nouvelle guerre est inévitable, voire imminente.

C'est parce que je suis sûr que notre destin est toujours entre nos mains et que nous détenons le pouvoir de

sauver l'avenir, que j'estime qu'il est de mon devoir de parler maintenant (…). Je ne crois pas que la

Russie soviétique désire la guerre. Ce qu'elle désire, ce sont les fruits de la guerre et une

expansion illimitée de sa puissance et de ses doctrines.10

Questions

1. Dégagez les différents thèmes annoncés par Churchill.

2. Expliquez ce que chacun d’eux signifie pour lui.

3. Sont-ils suivis d’effet5S° à court, moyen et long terme (1946 et ensuite !).

10 Nous ne viendrons pas à bout des difficultés et des dangers en se voilant la face. Nous ne les ferons pas disparaître en attendant

simplement de voir ce qui va se passer ; nous ne les écarterons pas non plus par une politique d'apaisement. Ce qu'il faut, c'est un

arrangement et plus nous tardons à le conclure, plus il sera difficile à trouver et plus les dangers qui nous menacent deviendront

importants. Ce que j'ai pu voir chez nos amis et alliés russes pendant la guerre, m'a convaincu qu'il n'y a rien qu'ils admirent autant

que la force et rien qu'ils respectent moins que la faiblesse, surtout la faiblesse militaire. C'est pourquoi la vieille doctrine d'un

équilibre des forces est hasardeuse. Nous ne pouvons nous permettre, s'il est en notre pouvoir de l'éviter, de nous appuyer sur des

marges étroites et d'éveiller ainsi les tentations d'une épreuve de force. Si les démocraties occidentales s'unissent dans le strict

respect des principes de la Charte des Nations unies, leur influence dans la propagation de ces principes sera immense et personne

ne sera capable de les molester. Mais si elles sont divisées, si elles manquent à leur devoir et qu'elles laissent échapper ces années

ô combien importantes, alors une catastrophe risque effectivement de s'abattre sur nous tous. La dernière fois, j'ai tout vu venir et

je l'ai crié à mes propres concitoyens et au monde mais personne n'y a prêté attention. Jusqu'en 1933 ou même jusqu'en 1935,

l'Allemagne aurait peut-être pu être sauvée du terrible destin qui s'est abattu sur elle et nous aurions peut-être pu échapper tous aux

malheurs que Hitler a lâchés sur l'humanité. Jamais dans toute l'histoire une guerre n'aurait pu être évitée plus facilement par une

action engagée au moment opportun que celle qui vient de ravager de si vastes étendues du globe. Cette guerre aurait pu être

évitée à mon avis sans coup férir, et l'Allemagne pourrait être puissante, prospère et honorée aujourd'hui ; mais personne ne

voulait écouter et l'un après l'autre nous fûmes tous aspirés par l'affreux tourbillon. Nous devons absolument faire en sorte,

Mesdames et Messieurs, que cela ne se reproduise plus. Nous n'y parviendrons que si nous réalisons aujourd'hui, en 1946, une

bonne entente sur tous les points avec la Russie sous l'autorité générale de l'Organisation des Nations unies et si nous maintenons

cette bonne entente pendant de longues années de paix grâce à cet instrument mondial soutenu par toute la force du monde

anglophone et de toutes ses connections. Voilà la solution que je vous offre respectueusement dans ce discours auquel j'ai donné le

titre « Le nerf de la paix »…

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Chapitre 3. Les relations internationales entre 1948 et 1962

La Guerre froide au paroxysme : « Les crises, de Berlin à Cuba ».

Etude de cas introductive Le Plan Marshall.

A partir de 1947, le Plan Marshall est une arme économique utilisée par les Américains pour combattre le

communisme (donc il a des finalités géopolitiques liées au modèle américain). Il correspond au côté

économique de la doctrine Truman : le containment. L’idée est que la misère fait le lit du communisme, le

Plan Marshall permet donc à la fois de combattre le communisme et de convertir l’économie de guerre

américaine en économie de paix, nécessaires (hantise du retour de la crise de 1929 qui ne s’est arrêtée

qu’en relançant l’industrie d’armement en 1941).

Avec le Plan Marshall les Américains entendent se rallier l’Europe. L’aide financière est assortie de

conditions d’achat de produits américains (agricoles, etc.). L’U.R.S.S. s’oppose à ce projet et empêche les

pays d’Europe de l’Est de bénéficier de ce plan. Par exemple, le Plan Marshall d’abord accepté en

Tchécoslovaquie par le gouvernement doit être refusé sous la pression de Moscou. En revanche, 17 pays

qui acceptent cette aide créent en 1948 l’Organisation Européenne de Coopération Economique (O.E.C.E.

et qui de viendra O.C.D.E. : Organisation de Coordination et de Développement Economique).

En mai 1949 est créée la R.F.A. ; un ancien résistant à Hitler, le démocrate chrétien Konrad ADENAUER en

devient le premier chancelier. Il ancre solidement son pays dans le camp de l’ouest et accepte le Plan

Marshall. Ce plan permet aussi d’effectuer des pressions sur les Alliés des Etats-Unis ; ainsi, les Américains

menacent les Pays-Bas de suspendre le plan si ceux-ci n’accordent pas l’indépendance à l’Indonésie (chose

faite en 1949).

1. La (première) crise de Berlin [24 juin 1948-12 mai 1949]. p.108.

On a souvent dit que la ligne de rupture passait par l’Allemagne (en tout cas pour l’Europe !).

Staline décida le blocus de Berlin dans le but d’étouffer cette enclave « occidentale » au cœur du glacis

contrôlé par l’Armée rouge ; bien sûr c’est aussi une réaction (conséquence) de la théorie

d’endiguement de Truman. Concrètement, la doctrine Truman, ou politique de containment, repose sur

une offre d'assistance militaire et financière de la part des États-Unis, s'adressant aux pays décidés à

s'opposer aux pressions communistes. Dans l'immédiat après-guerre, elle concernait des pays comme

la Grèce, la Turquie ou encore l'Iran, et si elle a porté ses fruits en Europe (avec en particulier le « plan

Marshall » qui en découle directement), la doctrine Truman n'a pas eu le même succès en Asie (en

particulier en Chine). Cependant, elle est à l'origine (en partie du moins), grâce au plan Marshall de

l'ascension économique du Japon. Cette doctrine de politique étrangère marque le début véritable du

bras de fer de la guerre froide. Elle sera suivie de la proclamation soviétique antagoniste de

la doctrine Jdanov.

Les U.S.A réagissent par un pont aérien (doc 1 p.108) et par la création du Traité de l’Atlantique Nord

[04.04.1949] pour rassurer l’Europe (page 70 section A). Le résultat c’est qu’en cette même année

1949 on arrive à un statu quo et l’apparition de 2 Etats distincts : la RFA (capitale Bonne) et la RDA

(Berlin Est) [Berlin ouest restant sous contrôle occidental]. C.f. doc 1 p 108.

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Mais les soviétiques ont la bombe depuis juillet 194911.

http://ann.ledoux.free.fr/bb/blocus.htm

2. La guerre de Corée [juin 1950 – 1953] p.108

Il s’agit du dernier conflit localisé de l’ère stalinienne (avec les Chinois de Mao Zedong* aux

commandes). On a cru au déclenchement de la 3° Guerre mondiale. En effet, la Corée était occupée par

les troupes communistes au Nord du 38) parallèle, et par les U.S.A au sud (p.109). Comme en Allemagne

et faute d’un accord, ces 2 zones ont donné naissance à 2 Etats idéologiquement opposés (le Nord dirigé

par Kim Il Sung). Pour des raisons obscures le 25.06.1950, le Nord lance une vaste offensive contre le

Sud ; la riposte U.S est faite sous drapeau ONU (≠ SDN). 500 000 volontaires chinois contre-attaquent et

le front se stabilise en mars 1951. Le commandant US des troupes internationales, Mac Arthur propose

d’utiliser la bombe A (et Truman le relève de ses fonctions). S’ensuivent 3 ans de conflit et plus d’un

million de morts. L’armistice est déclaré le 27 juillet 1953 (pas de vainqueur = « paix blanche » ; depuis

une frontière les sépare avec un no man’s land).

Depuis cet événement, on parle de « coexistence pacifique » des deux blocs. Nous allons voir que le terme

a ses causes et qu’il est parfois exagéré.

3. La « coexistence [plus ou moins] pacifique ». [1953-1962].

En 1953 la mort de Staline ouvre une période de « dégel » (des relations), que son successeur Nikita

Krouchtchev qualifie de « coexistence pacifique12

» ; pourtant une véritable « détente » n’existera

qu’après la crise des missiles de 1962 (ce qui ne signifie en rien la fin des tensions et des conflits qui se

poursuivent en périphérie des blocs, en Asie et nota. au Proche-Orient*

11 Il faut savoir qu’Harry TRUMAN (arrivé en avril 1945) n’a que du dégoût pour l’espionnage et il baisse leurs crédits, ainsi les

Russes gagnent 1 an dans leur recherche de la bombe A. *n° spécial l’Histoire, janvier 1992, « le KGB dans le monde de 1947 à

1990 ».

12 On reprend ici une expression de Lénine sur l’idée de conflit « seulement idéologique et économique ».

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. http://www.atlas-historique.net/recherche_geographique/recherche_procheorient.html

Complétez (ETATS, Mers, fleuves).

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4. Les crises de 1956 et la crise des fusées (1962).

En 1956 éclate la crise du canal de Suez, lorsque Nasser nationalisa ce qu’il considérait être « le bien »

du peuple égyptien. En fait le chef d’état arabe cherche des financements pour développer son pays, et,

s’étant tourné en vain vers l’Occident, il prit par la force ce qui lui rapporterait un droit de passage (les

navires empruntent ce canal pour joindre la mer rouge puis le golfe persique depuis le Méditerranée (le

canal construit avec des capitaux franco-britanniques avait été inauguré sous Napoléon 3 en 1856). Ainsi,

les Européens ne pouvaient rester sans réagir et leurs gouvernements envoyèrent les parachutistes qui

combattirent l’armée égyptienne. Après d’âpres combats la pression es USA et de l’URSS sur nos

gouvernements nous fit abandonner le terrain.

Bilan : les pays dominants du XIX° siècle étaient dès lors réduits à l’échelon des puissances de seconde

zone13

(hors leurs blocs respectifs), quant à Nasser il triomphait devant son peuple et le monde musulman.

Il va pouvoir construire le barrage d’Assouan qui permettra d’irriguer.

L’insurrection de Budapest (en Hongrie) est réprimée par l’armée du Pacte de Varsovie, ce qui ne suscite

que des condamnations (mais de principe) à l’ouest, comme si, on entérinait (accepter en signant) le fait de

l’ « ordre bipolaire » entre 2 adversaires qui tentent de démontrer au monde leur supériorité idéologique et

économique.

En octobre 1962 on frôle la guerre nucléaire. En 1959, Fidel Castro a chassé le dictateur Batista (pro.US),

et installe un régime communiste à Cuba. Il entraine une réforme agraire et la nationalisation des propriétés

privées. (1960)

Che Guevara annonce l’entrée dans le camp soviétique. Malgré la doctrine Monroe (non-

interventionnisme) les USA vont opérer un embargo (blocage) sur le sucre ; ils soutiennent également le 15

avril 1961 un débarquement d’exilés cubains anticastristes dans la Baie des cochons (échec au bout de 3

jours). Fidel Castro se rapproche encore de l’URSS (protecteur), qui essaie d’installer (p. 109, doc 6) des

rampes de lancement de missiles (repérés par l’aviation U.S le 14 octobre 1962). J.-F. Kennedy (président

de 1961 à 1963) annonce que l’US Navy va faire le blocus de l’île pour empêcher l’arrivée des missiles ;

un ultimatum (mise en demeure) est adressé aux Russes. La tension est terrible ! Au bout de quelques

jours, Krouchtchev renonce, contre l’assurance directe de Kennedy de ne pas chercher à envahir Cuba.

Conclusion partielle sur la guerre froide

Ce statu quo rapproche les 2 Grands, qui ont bien conscience d’avoir évité le pire (téléphone rouge). Le

monde se détend ! Après l’affaire de Cuba, les Américains abandonnent la théorie des « représailles

massives » pour adopter celle de la « riposte graduée » ; en cas d’attaque nucléaire, ils répondront avec

une intensité « équivalente », au lieu d’utiliser tout leur arsenal. On envisage bientôt des traités…

L'Historien préfère découper cette période en grandes tranches : La montée de la méfiance entre 1945 et

1947, la guerre froide de 1947 à 1956, ensuite la coexistence pacifique (1956-1962), puis la

détente entre 1962 et 1973 ou encore la paix chaude de 1973 à 1985, et enfin la période contemporaine.

13 Les parachutistes français sont écœurés, d’autant qu’ils ont déjà « abandonné » l’Indochine l’année précédente. L’armée ne le

pardonnera jamais à la 4° république ; pour l’heure il leur faut regagner l’Algérie qui a commencé (1.11.1954), en fait, sa guerre

d’indépendance.