TIPOS TEXTO

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Catégorie : Ressource théorique Université de Lille 3 – UFR IDIST – Méthodologie documentaire – page 1 Note de lecture Les textes : types et prototypes. Récit, description, argumentation, explication et dialogue. Auteur de la ressource : Marie-Hélène CONDETTE, étudiante, Master IDEMM Date de création du document : 18/12/2004 Date de mise à jour du document : 14/02/2005 Mots-clés : Jean-Michel Adam ; linguistique textuelle ; typologie des textes ; séquences textuelles. Références bibliographiques de l’ouvrage ADAM Jean-Michel, Les textes : types et prototypes. Récit, description, argumentation, explication et dialogue, Paris : Nathan, 2001, © 1992. 223 pages. (Collection Nathan Université, Série fac.linguistique). ISBN 2-09-191167-4. Résumé de l’ouvrage Objet paratextuel par excellence, le texte de présentation situé sur la quatrième de couverture d’un ouvrage, s’il est présent avant tout pour inciter le lecteur à consulter, voire à acheter, l’ouvrage qu’il tient dans les mains, permet néanmoins à ce dernier, et cela est particulièrement vrai dans le cas présent, de mieux cerner l’objet d’étude de cet ouvrage. Il est ainsi précisé à ce sujet : « Les textes sont des structures tellement diverses et complexes qu’il est impossible d’en établir une typologie sauf par commodités pédagogiques illusoires. En revanche, on peut repérer des segments de plus petite taille, généralement composés de plusieurs phrases : les séquences. Apparaissant avec régularité dans les textes, ces schémas de regroupement sémantique des énoncés induisent des

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Note de lecture

Les textes : types et prototypes. Récit, description,

argumentation, explication et dialogue.

Auteur de la ressource : Marie-Hélène CONDETTE, étudiante, Master IDEMM

Date de création du document : 18/12/2004

Date de mise à jour du document : 14/02/2005

Mots-clés : Jean-Michel Adam ; linguistique textuelle ; typologie des textes ;

séquences textuelles.

Références bibliographiques de l’ouvrage

ADAM Jean-Michel, Les textes : types et prototypes. Récit, description,

argumentation, explication et dialogue, Paris : Nathan, 2001, © 1992. 223 pages.

(Collection Nathan Université, Série fac.linguistique). ISBN 2-09-191167-4.

Résumé de l’ouvrage

Objet paratextuel par excellence, le texte de présentation situé sur la

quatrième de couverture d’un ouvrage, s’il est présent avant tout pour inciter le

lecteur à consulter, voire à acheter, l’ouvrage qu’il tient dans les mains, permet

néanmoins à ce dernier, et cela est particulièrement vrai dans le cas présent, de

mieux cerner l’objet d’étude de cet ouvrage. Il est ainsi précisé à ce sujet :

« Les textes sont des structures tellement diverses et complexes qu’il est

impossible d’en établir une typologie sauf par commodités pédagogiques illusoires.

En revanche, on peut repérer des segments de plus petite taille, généralement

composés de plusieurs phrases : les séquences. Apparaissant avec régularité dans

les textes, ces schémas de regroupement sémantique des énoncés induisent des

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effets de lecture immédiatement reconnaissables, comme, par exemple, un effet de

description. Plutôt que de types de textes, ce livre étudie les caractéristiques de cinq

prototypes de séquences : narratif, descriptif, argumentatif, explicatif et dialogal.

Tout en introduisant, entre la phrase et le texte, l’unité intermédiaire de la

séquence, cette analyse substitue à la distinctivité absolue du type la souplesse du

prototype. Une séquence, et plus encore un texte complet, n’offre jamais qu’une

actualisation plus ou moins approchée du modèle prototypique de référence. Cela

n’empêche nullement sa caractérisation mais la rend au contraire plus exacte et plus

fine. »

Dans cette optique, l’ouvrage est composé de sept chapitres distinctifs,

répartis de manière nettement structurée et ordonnée. Après une introduction dans

laquelle Jean-Michel Adam revient sur les notions de typologie, de typologisation et

d’hétérogénéité textuelle, le chapitre 1 est consacré au cadre théorique d’une

typologie séquentielle, dans lequel l’auteur analyse d’abord l’hétérogénéité

compositionnelle des énoncés, définit la séquence comme étant un des plans

d’organisation de la textualité, établit une approche unifiée de la structure

séquentielle des textes, et termine enfin par une étude de l’unité de base qu’est la

« proposition énoncée ».

Ces précisions théoriques et terminologiques étant clairement établies dans le

chapitre 1, Jean-Michel Adam détermine, définit et analyse ensuite dans son ouvrage

cinq typologies textuelles, ou plutôt cinq types ou prototypes de séquences textuelles

que sont :

- le prototype de la séquence narrative ou récit (chapitre 2) ;

- le prototype de la séquence descriptive ou description (chapitre 3) ;

- le prototype de la séquence argumentative ou argumentation (chapitre 4) ;

- le prototype de la séquence explicative ou explication (chapitre 5) ;

- et le prototype de la séquence dialogale ou dialogue (chapitre 6).

Enfin, dans le dernier chapitre de l’ouvrage, à savoir le chapitre 7, Jean-Michel

Adam se propose d’étudier un exemple d’hétérogénéité réglée, en l’occurrence celui

du monologue narratif dans le théâtre classique, à travers des exemples de textes

tirés des œuvres de Molière, Corneille et Racine.

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Note détaillée de lecture

Introduction

L’hétérogénéité textuelle

Face à l’hétérogénéité constitutive de toute production textuelle, l’être humain,

par commodité, a toujours ressenti le besoin et la nécessité de classer les textes et

d’établir ainsi des classements typologiques selon la forme, la composition,

l’organisation et la structuration de ces textes. Certes, vouloir ranger l’extrême variété

des textes en fonction de quelques typologies établies semble utopique, illusoire,

voire impossible. En effet, aucune typologie, aussi satisfaisante soit elle, ne pourra

jamais rendre compte de la diversité et de la complexité de l’ensemble des

productions textuelles humaines. Néanmoins, à défaut de typologie textuelle à

proprement parler, il est possible de repérer et d’identifier dans les textes des

fragments et des segments constituant les schémas prototypiques plus restreints que

sont les séquences. D’où l’évolution et le passage, dans l’analyse de cette

problématique, d’une dimension textuelle à une dimension séquentielle : au lieu de

déterminer des « types de textes », Jean-Michel Adam détermine des « prototypes

de séquences ». Dans cet ouvrage, Il en vient ainsi à définir cinq typologies

séquentielles ou cinq prototypes séquentiels : la séquence narrative, descriptive,

argumentative, explicative et dialogale.

Texte, discours, typologie et typologisation

Dans cette optique, afin de parvenir à identifier clairement ces prototypes de

séquence textuelle, il convient au préalable de distinguer nettement les concepts de

« texte » et de « discours ». Ainsi, le texte se définit comme un « objet abstrait,

construit par définition et qui doit être pensé dans le cadre d’une théorie (explicative)

de sa structure compositionnelle » (p.15). En revanche, par opposition au texte, le

discours est pris au sens d’objet concret, « d’objet matériel oral ou écrit, d’objet

empirique […], observable et descriptible » (ibid.). Ainsi, l’intérêt principal de la

théorie des prototypes séquentiels de Jean-Michel Adam est d’apporter des éléments

théoriques d’analyse et de traitement qui soient les plus adéquats et les plus à même

de pouvoir répondre et faire face à l’hétérogénéité compositionnelle des textes.

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1. Cadre théorique d’une typologie séquentielle

1. 1. L’hétérogénéité compositionnelle des énoncés

Devant la diversité et la complexité de l’ensemble des productions textuelles,

l’individu est ainsi amené à faire face à un certain nombre de contraintes, locales et

globales, textuelles et discursives, parmi lesquelles les plus importantes et les plus

significatives sont :

- les contraintes discursives, liées à l’existence des genres de discours (dont font

partie notamment les genres littéraires tels que la poésie, le roman et le théâtre) ;

- les contraintes textuelles, liées à la nature intrinsèquement hétérogène de la

production langagière humaine ;

- les contraintes locales, liées notamment aux spécificités phonétiques, graphiques,

orthographiques, morpho-syntaxiques, lexico-sémantiques d’une langue donnée.

1. 2. La séquence comme plan d’organisation du texte

Dans la perspective pragmatique et textuelle qu’adopte Jean-Michel Adam, un

texte « peut être considéré comme une configuration réglée par divers modules ou

sous-systèmes en constante interaction. » (p.21)

L’auteur dénombre ainsi cinq modules autrement dit cinq plans d’organisation

textuelle :

- le plan de la visée illocutoire, selon lequel « un texte est une séquence d’actes de

discours qui peut être considérée elle-même comme un acte de discours unifié »

(ibid.) ;

- le plan des repérages énonciatifs, selon lequel « un ancrage énonciatif global

confère à un texte sa tonalité énonciative d’ensemble tandis qu’alternent

d’incessants changements de plans énonciatifs » (p.23). On peut ainsi dénombrer

plusieurs grands types de repérages énonciatifs : une énonciation orale, une

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énonciation écrite, une énonciation non actuelle, une énonciation proverbiale, une

énonciation du discours logique, théorique et scientifique, une énonciation du

discours poétique ;

- le plan de la cohésion sémantique, selon lequel « la dimension sémantique globale

est représentée par ce qu’on appelle la macrostructure sémantique ou, plus

simplement, le thème global d’un énoncé. » (p.24) ;

- le plan de la connexité textuelle, décrit traditionnellement par la « grammaire du

texte », selon lequel peuvent à nouveau être pris en compte différents plans

correspondant aux spécificités microlinguistiques et stylistiques du texte ;

- le plan de la structure compositionnelle, selon lequel les individus, au cours de leur

développement personnel et cognitif, élaborent progressivement, et ce aussi bien en

compréhension qu’en production, des schémas séquentiels prototypiques. Comme le

déclare Jean-Michel Adam, « la description de ce dernier plan d’organisation doit

permettre de théoriser de façon unifiée les « types relativement stables d’énoncés »

ou « genres primaires du discours » dont il a été question plus haut. » (p.28).

1. 3. La structure séquentielle des textes

La séquence est une unité textuelle qui peut être définie comme une structure,

c’est-à-dire comme :

- un réseau relationnel hiérarchique, autrement dit une entité décomposable en

parties reliées à la fois entre elles mais aussi au tout dont elles font partie ;

- une entité relativement autonome, dotée de sa propre organisation interne et reliée

également à l’ensemble plus vaste dont elle fait partie.

Ainsi, sur le plan de sa structure séquentielle, un texte T comporte un nombre n de

séquences qui peuvent être complètes ou elliptiques. Tous les textes constituent des

structures séquentielles, d’où la notion d’hétérogénéité compositionnelle des

énoncés, développée notamment par Mikhaïl Bakhtine.

La séquence, définie comme unité constituante du texte, est composée d’ensembles

de propositions, appelées macro-propositions, elles-mêmes composées de n

propositions, ce qui permet à J-M Adam d’élaborer et d’établir le schéma suivant :

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« Soit une structure hiérarchique élémentaire qui vaut pour tous les textes (je note ici

par / # / la délimitation des frontières du (péri)texte, marques de début et de fin d’une

communication) :

[ # T # [ séquence(s) [ macro-propositions [ proposition(s) ] ] ] ]

En d’autres termes, les propositions sont les composantes d’une unité

supérieure, la macro-proposition, elle-même unité constituante de la séquence, elle-

même unité constituante du texte. Cette définition de chaque unité comme

constituante d’une unité de rang hiérarchique supérieur et constituée d’unités de

rang hiérarchique inférieur est la condition première d’une approche unifiée de la

séquentialité textuelle.

Mon hypothèse est la suivante : les « types relativement stables d’énoncés » et les

régularités compositionnelles dont parle Bakhtine sont à la base, en fait, des

régularités séquentielles. Les séquences élémentaires semblent se réduire à

quelques types élémentaires d’articulation des propositions. Dans l’état actuel de la

réflexion, il me paraît nécessaire de retenir les séquences prototypiques suivantes :

narrative, descriptive, argumentative, explicative et dialogale. » (p.30).

Deux cas de figures se présentent alors :

- le texte ne comporte qu’une seule séquence homogène ;

- ou bien le texte comporte un nombre n de séquences, soit de même type, donc

homogènes, soit de types différents, donc hétérogènes. Dans le cas de structures

séquentielles hétérogènes, on parle alors des notions d’insertion de séquences

hétérogènes et de dominante séquentielle.

En somme, pour résumer ici l’approche théorique telle qu’elle est présentée

dans cet ouvrage, on peut dire avec Jean-Michel Adam qu’un texte « est une

structure hiérarchique complexe comprenant n séquences – elliptiques ou complètes

– de même type ou de types différents.

Cette hypothèse peut raisonnablement précéder la définition des types de

séquences si […] quelles qu’elles soient, les unités désignées par la notion de

séquence possèdent la propriété d’obéir toutes au même principe hiérarchique de

regroupement des propositions en macro-propositions, des macro-propositions en

cinq prototypes de séquences de base et des séquences en textes. » (pp.34-35).

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1. 4. La proposition énoncée comme unité de base

La proposition énoncée (ou clause) est une unité textuelle comprenant les

trois éléments complémentaires suivants :

- l’aspect référentiel ou référence : il s’agit de la construction d’une représentation

discursive. En ce sens, la proposition est prédication, c’est-à-dire attribution de

propriétés à un individu ;

- l’aspect énonciatif, autrement dit la prise en charge de la proposition par un

locuteur, dans la mesure où la construction de la référence implique nécessairement

la représentation et le point de vue d’un sujet ;

- l’aspect textuel, autrement dit, la mise en relation, le liage, de la proposition avec

d’autres propositions. « En considérant ce troisième aspect comme constitutif de la

proposition énoncée, il s’agit de […] proposer une définition textuelle de la

proposition : unité liée selon le double mouvement complémentaire de la connexité

(succession linéaire de propositions) et de la séquentialité (structure hiérarchique de

propositions). » (p.41). La proposition énoncée se définit donc comme étant une

unité liée à d’autres propositions.

1. 5. La structure compositionnelle des textes

Il convient de préciser ici que les combinaisons séquentielles ne déterminent

pas complètement la structure générale des textes dans la mesure où celle-ci est

fixée à un niveau hiérarchique supérieur par les genres du discours.

Les genres de discours déterminent ainsi les « plans de textes fixes », propres à un

genre donné (cf. structure du sonnet, structure de la comédie classique en trois

actes, structure de la tragédie classique en cinq actes, etc.).

Les textes sont également structurés parfois par les « plans de textes

occasionnels », relatifs pour leur part à un texte unique et singulier, et

reconnaissables par des signes de segmentation (alinéas, numéros, etc.) et / ou des

marqueurs d’organisation (énumératifs, connecteurs, etc.).

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A l’intérieur de ces plans de textes, les combinaisons de séquences donnent

lieu à trois types d’agencements séquentiels combinables entre eux :

- les séquences coordonnées, par succession ;

- les séquences insérées, par enchâssement ;

- les séquences alternées, par montage en parallèle.

Enfin, une séquence dite « dominante », déterminée soit par une séquence

enchâssante (ouvrant et fermant le texte), soit par une séquence résumante

(résumant tout le texte), génère un effet de typification textuelle globale, d’où la

notion de types de textes telle qu’elle peut être ressentie par tout individu.

2. Le prototype de la séquence narrative : le récit

2. 1. Les critères pour une définition du récit

« En tant qu’unité textuelle, tout récit correspond certes idéalement à la

définition minimale qu’on peut donner de la textualité : suite de propositions liées

progressant vers une fin, mais comment définir ce qui fait la spécificité de ce type de

mise en texte ? » (p.45). Pour répondre à cette problématique, Jean-Michel Adam en

vient ainsi à déterminer six critères pour une définition du récit :

- une succession d’événements, à savoir une succession temporelle minimale

d’événements survenant en un temps t puis t + n ;

- une unité thématique, avec la présence indispensable d’au moins un acteur-sujet

anthropomorphe ;

- des prédicats transformés, entre un avant-procès et un après-procès ;

- un procès, avec une situation initiale (un avant), une transformation (agie ou subie)

et une situation finale (un après) ;

- la causalité narrative d’une mise en intrigue, avec une logique narrative faisant en

sorte que ce qui se produit apparaît comme ayant été causé par ce qui précède ;

- une évaluation finale (explicite ou implicite).

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2.2. La pragmatique du récit

Comme le préconise l’article « Récit » de l’Encyclopédie, trois règles

pragmatiques doivent être respectées dans tout récit digne de ce nom : la concision

(loi d’économie), la clarté, et la vraisemblance, auxquelles il convient d’ajouter aussi

l’intérêt, qui ne s’accorde pas toujours avec la loi d’économie classique.

D’un point de vue narratologique, l’émergence de l’approche pragmatique et

textuelle a entraîné un changement de direction de la narratologie vers :

- d’une part, la prise en considération du langage ordinaire, et non plus seulement de

la narration littéraire ;

- d’autre part, la prise en compte de la non-homogénéité du récit, autrement dit de

son orientation argumentative.

D’où le constat d’un glissement effectif des préoccupations du plan de la

« normalité formelle » au plan de l’« interaction langagière en situation ».

Ainsi, en matière de pragmatique du récit, Jean-Michel Adam rappelle qu’il

faut penser le récit comme étant le produit d’une construction textuelle (plan de la

structure séquentielle) et d’une orientation pragmatique (plan de l’interaction

langagière), comme le montrent d’ailleurs fort bien à la fois l’ouvrage d’Umberto Eco,

Lector in fabula, qui peut être considéré comme le premier essai de pragmatique

textuelle appliquée au récit, et celui de Paul Ricoeur, Temps et récit, dans lequel la

triple mimesis de Ricoeur rejoint de fait la pragmatique textuelle d’Eco.

3. Le prototype de la séquence descriptive : la description

3. 1. Histoire d’un rejet quasi général

Du point de vue de l’histoire littéraire, la tradition rhétorique et stylistique, issue

de l’esthétique classique, accuse la description, et notamment celle présente dans la

poésie descriptive du XVIIIe siècle, de tous les maux, dans la mesure où elle

accumule un certain nombre de défauts parmi lesquels on peut citer :

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- l’anarchie et la « monstruosité textuelle » de la description, qui, pour l’esthétique

classique, ne comporte ni ordre ni limites (notamment dans les énumérations), ce qui

l’oppose nettement de l’ordre et de l’action propres au récit ;

- la difficulté de son intégration dans un récit, avec le risque qu’elle implique

d’entraîner un ralentissement et une cassure dans le récit, comme le soulignait déjà

Charles Perrault en 1690 dans son Parallèle des Anciens et des Modernes ;

- l’hétérogénéité et l’étrangeté de la description par rapport au contexte et au co-texte

dans lesquels elle se trouve insérée, d’où le problème de l’insertion de séquences

descriptives dans un texte particulier, narratif, argumentatif ou autre ;

- sa tendance à la dépersonnalisation et à la stagnation, dans la mesure où la

description touche aussi bien les êtres animés (portrait) que les choses inanimées

(description proprement dite), contrairement au récit jugé plus positif et plus actif

puisqu’il comporte toujours au moins un acteur-sujet anthropomorphique ;

Notons aussi l’existence, toujours héritée de la rhétorique classique, de l’énumération

des types de descriptions, que Fontanier résume et synthétise dans ses « figures de

pensées par développement » et autres « différentes espèces de description », tirées

de son Traité général des figures du discours autres que les tropes (1821), parmi

lesquelles on trouve successivement et respectivement : la topographie, la

chronographie, la prosopographie, l’éthopée, le portrait, le parallèle, le tableau, et

l’hypotypose. Parmi les différents types de descriptions, Fontanier privilégie ainsi le

temps, le lieu, l’apparence extérieure et les qualités morales. Aujourd’hui, on assiste

plutôt à une réduction des catégories descriptives à la description de l’humain d’une

part (portrait) et à celle du non-humain d’autre part (description proprement dite).

Face à ce rejet quasi général de la description, Jean-Michel Adam préconise

de rompre avec cette vision négative de la description et propose donc l’analyse

d’une procédure descriptive beaucoup plus structurée qu’il n’y paraît.

3. 2. Quatre procédures descriptives comme base du prototype descriptif

Selon Jean-Michel Adam, quatre procédures descriptives (ou macro-

opérations) sont à la base du prototype :

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- la procédure d’ancrage : ancrage, affectation et reformulation :

Par l’opération d’ancrage, la séquence descriptive signale, par l’intermédiaire d’un

thème-titre :

- de qui ou de quoi il va être question, en début de séquence (ancrage

proprement dit) ;

- de qui ou de quoi il vient d’être question, en fin de séquence (affectation) ;

- ou bien la combinaison des deux procédures, avec la reprise modifiée du

thème-titre initial (reformulation).

- la procédure d’aspectualisation :

« [L]’opération d’ancrage est responsable de la mise en évidence d’un tout et

l’opération d’aspectualisation du découpage en parties » (p.89).

- la procédure de mise en relation :

Cette procédure descriptive correspond à une opération d’assimilation qui peut être

soit comparative, soit métaphysique.

- la procédure d’enchâssement par sous-thématisation :

« Cette opération d’enchâssement d’une séquence dans une autre est à la source de

l’expansion descriptive. » (p.93)

En résumé, pour reprendre ici les propos de Jean-Michel Adam : « Par

l’opération d’aspectualisation, les différents aspects de l’objet (parties et / ou qualités)

sont introduits dans le discours. Par la mise en relation, l’objet est, d’une part, situé

localement et / ou temporellement et, d’autre part, mis en relation avec d’autres par

les divers procédés d’assimilation que constituent la comparaison et la métaphore.

Par une opération facultative de thématisation, n’importe quel élément peut se

trouver, à son tour, au point de départ d’une nouvelle procédure d’aspectualisation et

/ ou de mise en situation, processus qui pourrait se poursuivre à l’infini. Enfin, quel

que soit l’objet du discours (humain ou non, statique ou dynamique), il faut souligner

qu’un même opération d’ancrage garantit l’unité sémantique de la séquence en

mentionnant ce dont il est question sous la forme d’un thème-titre donné soit au

début soit à la fin de la séquence. » (p.95).

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4. Le prototype de la séquence argumentative : l’argumentation

4. 1. Le schéma de base de l’argumentation

Ainsi, de même que dans les deux premiers cas, un schéma type est à la

base de la séquence argumentative. Pour reprendre ici les propos de J-M Adam,

« [e]n résumé, le schéma de base de l’argumentation est une mise en relation de

données avec une conclusion. Cette mise en relation peut être implicitement ou

explicitement fondée (garant et support) ou contrariée (réfutation ou exception). Si la

donnée est l’élément le plus souvent explicite, le support est très souvent implicite et

les autres composantes se situent entre ces deux pôles d’implicitation et

d’explication. » (p.106). On obtient ainsi le schéma procédural élémentaire suivant :

Données……→ Règle d’inférence :…………(donc probablement)……..→ Conclusion

garant (puisque) restriction (sauf si)

support (étant donné que) spécification (seulement si)

Ainsi, l’induction (si p alors q), le syllogisme (qui ne nécessite ni support ni

restriction et pour lequel la règle d’inférence est l’application d’un schéma abstrait)

ainsi que l’enthymème (syllogisme abrégé du type de celui de Descartes : « Je

pense, donc je suis »), constituent le degré zéro de la séquence argumentative.

4. 2. La composition de la séquence argumentative

Dans l’analyse du prototype de la séquence argumentative, Jean-Michel

Adam en vient ensuite à « admettre l’idée d’un mode particulier de composition liant

des propositions selon un ordre progressif : données – [inférence] → conclusion, ou

selon un mode régressif : conclusion ← [inférence] – données. Dans l’ordre

progressif [p – donc → q], l’énoncé linguistique est parallèle au mouvement du

raisonnement […]. Dans l’ordre régressif [p ← car – q], la linéarité de l’énoncé

linguistique est l’inverse de mouvement. Tandis que l’ordre progressif vise à

conclure, l’ordre régressif est plutôt celui de la preuve et de l’explication. » (p.115).

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Ainsi, de manière plus complète et plus approfondie, la séquence

argumentative prototypique donne lieu au schéma suivant :

… Thèse … + Données ……… Etayage des………donc probablement → Conclusion

antérieure (prémisses) inférences restriction (sauf si) (nouvelle

spécification (seulement si) thèse)

En somme, la séquence argumentative correspond donc bien à un acte de

discours visant à convaincre, persuader, faire croire, démontrer ou réfuter une thèse

pour en construire une nouvelle.

5. Le prototype de la séquence explicative : l’explication

5. 1. Précisions terminologiques : Texte explicatif, expositif et informatif

Avant tout, il convient de distinguer nettement type informatif-expositif, type

argumentatif et type explicatif. Ainsi, le texte informatif-expositif vise simplement à

apporter un savoir par la transmission de données, mais pas à des fins

démonstratives. En revanche, le texte argumentatif, nous l’avons vu, vise pour sa

part à modifier et à transformer des opinions, des convictions et des représentations.

Quant au texte explicatif, même s’il peut avoir une base informative, il se caractérise

par la volonté de faire comprendre et d’expliquer quelque chose, d’où l’existence

implicite ou explicite d’une question comme point de départ à laquelle le texte va

s’efforcer de répondre afin d’en établir une conclusion.

Partant du constat que le texte informatif-expositif est un genre de discours

encyclopédique fondé en partie sur des enchaînements de séquences descriptives

ou explicatives proprement dites, Jean-Michel Adam en vient alors à exclure

définitivement le type informatif-expositif de ses propos et de ses typologies

séquentielles prototypiques pour se focaliser sur la séquence explicative.

Ainsi, la distinction entre exposition et explication correspond à celle existant

entre pourquoi ? et comment ?, la plupart des séquences en comment n’étant pas de

nature explicative.

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En outre, Jean-Michel Adam opère une autre distinction entre les termes de

justification et d’explication. En effet, la justification apparaît comme une réponse à la

question « pourquoi affirmer cela ? », alors que « l’explication proprement dite doit

plutôt être considérée comme une réponse à « pourquoi être / devenir tel ou faire

cela ? ». En d’autres termes, on justifie des paroles (« de dicto ») et l’on explique des

faits (« de re »). » (pp.129-130).

5. 2. Structuration de la séquence explicative

Pour sa part, le prototype de la séquence explicative se fonde sur l’articulation

et la combinaison entre un premier opérateur [pourquoi] et un second opérateur

[parce que], ce qui correspond logiquement au schéma suivant :

Structure de la séquence explicative = Phase de questionnement + Phase résolutive

+ Phase conclusive.

Ainsi, selon Jean-Michel Adam, un premier opérateur [pourquoi] introduit une

première macro-proposition, un second opérateur [parce que] introduit une deuxième

macro-proposition, et l’on trouve aussi généralement […] « une troisième macro-

proposition qui peut être soit déplacée en tête de séquence, soit être effacée (effet

d’ellipse) et l’ensemble […] est souvent précédé par une description qui correspond à

une schématisation initiale destinée à amener l’objet problématique que thématise la

macro-proposition » (p.132).

En outre, d’un point de vue pragmatique, le recours à la forme séquentielle

explicative revêt de fait une visée pragmatique, en permettant au locuteur de se

présenter comme un simple observateur des faits et comme un témoin objectif des

événements : ainsi, comme le souligne d’ailleurs fort justement Jean-Michel Adam,

« [s]e donner pour celui qui n’évalue pas ce dont il parle, mais qui en déploie en

toute objectivité l’intelligence, tel est bien le sens de toute stratégie explicative. »

(p.134).

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6. Le prototype de la séquence dialogale : le dialogue

6. 1. Précisions terminologiques : conversation, entretien, dialogue

Il convient avant tout d’établir ici quelques distinctions terminologiques entre

les termes « dialogue », « conversation » et « entretien ».

Comme le précise Jean-Michel Adam, « [d]ialogue et conversation sont

généralement synonymes et l’on parle d’analyse conversationnelle en général […] le

dialogue et la conversation représent[a]nt deux points de vue sur la parole alternée.

La conversation gagne à être considérée comme un point de vue psycho-socio-

discursif ou comme un genre de discours au même titre que le débat, l’interview, la

conversation téléphonique, etc. Le dialogue n’est rien d’autre qu’une unité de

composition textuelle (orale ou écrite). » (p.148).

Ainsi, la conversation admet un nombre illimité de locuteurs et d’interlocuteurs,

et n’a jamais de but déterminé ni d’objectif prédéfini. En revanche, l’entretien se

caractérise par le nombre nécessairement limité de ses participants, et par le

caractère relativement grave et sérieux de leurs propos.

« Même s’il limite le dialogue au phénomène textuel écrit et à l’écrit littéraire,

ce classement a le mérite de distinguer le produit textuel qu’est le dialogue des

pratiques discursives qu’englobe la notion de conversation au sens large ». (p.149).

Dans cette optique, Jean-Michel Adam nomme donc dialogue « aussi bien le produit

textuel des interactions sociales que les échanges des personnages d’un texte de

fiction (pièce de théâtre, nouvelle ou roman). » (p.149).

En outre, il convient de distinguer dialogue écrit et dialogue oral : en effet,

« [d]e façon plus générale et d’un point de vue plus textuel, alors que

tendanciellement le dialogue oral se présente plutôt comme une structure complète

et hiérarchisée d’échanges constitués de répliques qui s’enchaînent selon des

modes spécifiques d’organisation, le dialogue écrit obéit à la tendance inverse en

étant le plus souvent fragmentaire » (p.151), comme c’est souvent le cas dans la

littérature romanesque.

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6. 2. Organisation de la séquence dialogale

Pour ce qui est de la structure de la séquence dialogale en tant que telle,

celle-ci repose sur une macro-unité, le texte dialogal, appelée aussi « « interaction »,

« incursion », « événement de communication » ou encore « rencontre ». Le texte

dialogal peut être défini comme une structure hiérarchisé de séquences appelées

généralement « échanges ». Deux types de séquences doivent être distinguées :

- les séquences phatiques d’ouverture et de clôture,

- les séquences transactionnelles constituant le corps de l’interaction. » (p.154).

« Pour passer de la séquence – unité constitutive du texte dialogal défini

comme la plus grande unité dialogale – à l’unité qui la constitue, il faut d’abord définir

l’échange comme la plus petite unité dialogale. […] C’est ainsi que ce constitue, de

façon minimale, l’unité dialogale de base appelée Echange ». On se rend compte

qu’un échange est une suite d’interventions […]. On voit l’utilité de la distinction entre

une unité appelée séquence – constitutive du texte dialogal et constituée d’échanges

– et une unité appelée échange. […] On dira donc qu’un échange (unité constitutive

de la séquence) est constitué de clauses. » (pp.156-158).

7. Un exemple d’hétérogénéité réglée : le monologue narratif dans le théâtre classique

7. 1. Théâtre et narration

Depuis l’Antiquité, la pensée classique oppose ainsi diègèsis (histoire, récit) et

mimesis (au sens platonicien de dialogue). On a donc d’un côté le récit et de l’autre

le dialogue, autrement dit une opposition et une confrontation de fait entre mode

narratif et mode dramatique. Le texte théâtral peut ainsi être étudié en privilégiant le

mode narratif (analyse narrative) ou le mode dramatique (analyse conversationnelle).

Afin de pouvoir considérer une pièce de théâtre comme un récit, il faut l’envisager

comme un texte global communiqué par un auteur (narrateur) à un public (lecteur).

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Jean-Michel Adam détermine ainsi très clairement dans son ouvrage la

problématique linguistique et narratologique liée à ce constat et à cet état de fait.

« Puisque le texte théâtral classique comporte des séquences narratives, il convient

de se donner les moyens de décrire des séquences monologales et surtout leur

mode d’insertion dans le texte dialogal. Pour une linguistique textuelle, l’étude du

monologue narrratif présente un double intérêt : permettre, d’une part, de poser très

concrètement la question de l’insertion de séquences hétérogènes du type :

[conversation [récit] conversation], permettre, d’autre part, de penser la nature

profondément dialogique des échanges narratifs. Avec ce qu’on peut appeler un type

de récit dans la conversation, il s’agit donc de souligner l’ouverture ou la

coconstruction du récit par le narrateur-récitant et son interlocuteur. Soit une triple

problématique : celle de la structure interne (intra-textuelle) du monologue narratif,

celle de l’insertion (cotextuelle) du récit dans le dialogue, celle de la fonction

interactionnelle (contextuelle) de l’échange narratif. » (pp.171-172).

7. 2. Les trois lois du monologue narratif classique

Partant des considérations sur les règles théâtrales du théâtre classique telles

qu’elles sont développées dans l’ouvrage de J. Schérer, La dramaturgie classique en

France (édité à Paris, chez Nizet, en 1966), Jean-Michel Adam propose de regrouper

ces règles en trois grandes lois :

- une loi d’homogénéité textuelle ou loi d’économie :

« La loi d’économie contrôle essentiellement la fréquence et la durée des récits :

dans un genre dramatique dialogal dont l’essence est la matérialisation par la parole

des émotions et des passions, la narration monologale apparaît comme un pis-aller

auquel il ne faut recourir qu’à propos et sans excès. […] De la même façon que la

description peut venir perturber la progression narrative dans le genre romanesque,

le caractère monologal du récit risque de briser le rythme des enchaînements de

répliques. Cette loi d’économie est donc entièrement justifiée par la crainte toute

classique de l’hétérogénéité et par le recherche constante d’une unité discursive : le

dialogue. » (pp.176-177).

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- une loi référentielle ou loi d’information :

« Cette deuxième loi est déterminée par des exigences référentielles. Le récit doit, en

raison des limites imposées par les « unités » [lieu, temps, et action], apporter de

l’information sur des faits inconnus […] ; il doit aussi, en raison cette fois du caractère

psychologique du théâtre classique, fournir des informations sur les caractères des

personnages eux-mêmes […]. L’information porte soit sur les absents dont il est

question dans le récit, soit sur les présents : le narrateur-récitant lui-même et / ou son

auditeur. » (p.177).

- une loi pragmatique ou loi de motivation :

« Loi pragmatique par excellence, cette dernière loi souligne surtout la nécessité

pour le récit de susciter, au-delà d’un simple apport d’information, une véritable

émotion. » (p.178). Ainsi, certains moments du texte peuvent apparaître comme des

temps forts de la motivation narrative : le début d’une pièce de théâtre, avec le récit

d’exposition ; et la fin d’une pièce de théâtre, avec le récit de dénouement. A ces

deux types de récit s’ajoutent des récits intermédiaires, liés à des étapes importantes

de l’action, eux aussi chargés d’émotion.

Conclusion

A la fin de son ouvrage, Jean-Michel Adam en vient lui-même à relativiser la

portée de ses typologies séquentielles prototypiques, dans la mesure où, dans la

réalité effective des textes, l’organisation séquentielle du texte n’offre jamais qu’une

actualisation et réalisation plus ou moins proches du modèle prototypique de

référence, mais cela ne l’empêche nullement d’être cependant valide et pertinente.

Aussi déclare-t-il qu’« [a]u terme de cet essai, on voit que les prototypes séquentiels

sont des catégories floues et pourtant opératoires. S’il est souvent difficile de

déterminer de quel type un texte global est l’actualisation, c’est que la plupart des

textes se présentent comme des mélanges de plusieurs types de séquences. Les

textes homogènes (unitypes) sont plus rares que les textes hétérogènes (pluritypes)

composés, par définition, de séquences actualisant elles-mêmes des prototypes

différents. » (p.195.)

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Bibliographie commentée

- ADAM, Jean-Michel. « Quels types de textes ? ». Le français dans le monde,

n°192, Avril 1985, pp.39-43.

- ADAM, Jean-Michel. « Types de séquences textuelles élémentaires ». Pratiques,

n°56, Décembre 1987, pp.54-79.

Commentaires : Il s’agit là de deux articles dans lesquels Jean-Michel Adam élabore

une typologie de base, incluant, à cette époque, les huit types textuels narratif,

descriptif, explicatif, argumentatif, injonctif, prédictif, conversationnel, et rhétorique,

nombre qu’il a ensuite revu à la baisse et réduit à cinq dans l’ouvrage traité dans

cette note de lecture.

- ADAM, Jean-Michel. Le récit. 3ème éd. mise à jour. Paris : Presses Universitaires

de France, 1991.127 p. (Que sais-je ? n°2149). ISBN 2 13044090 8.

- ADAM, Jean-Michel, PETITJEAN, André et REVAZ Françoise. Le texte descriptif.

Poétique historique et linguistique textuelle. Paris : Nathan, 1989. 239 p. (Collection

Nathan Université, Série fac.linguistique). ISBN 2.09.190005.3

- ADAM, Jean-Michel. La description. Paris : Presses Universitaires de France, 1993.

127 p. (Que sais-je ? n°2783). ISBN 2 13 045580 8.

- ADAM, Jean-Michel. Le texte narratif : traité d’analyse pragmatique et textuelle.

Nouvelle édition entièrement revue et complétée. Paris : Nathan, 1994, 288 p.

(Collection Nathan Université, Série fac.linguistique). ISBN 2-09-190313-2.

- ADAM, Jean-Michel. Linguistique textuelle : Des genres de discours aux textes.

Paris : Nathan, 1999. 208 p. (Collection Nathan Université, Série fac.linguistique).

ISBN 2-09-190840-1.

Commentaires : Il s’agit là de cinq autres ouvrages fondamentaux de Jean-Michel

Adam, traitant plus ou moins de la même thématique que celle analysée dans cette

note de lecture (cas de la Linguistique textuelle), ou approfondissant davantage un

des éléments étudiés (cas des quatre autres ouvrages, consacrés plus précisément

au récit, à la narration et à la description).

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- ADAM, Jean-Michel, LORDA, Clara Ubaldina. Lingüística de los textos narrativos.

Barcelona : Editorial Ariel, 1999. 191 p. ISBN 84-344-8232-0

Commentaires : Cet ouvrage constitue une traduction en espagnol des travaux

théoriques de Jean-Michel Adam sur la linguistique des textes narratifs, d’où l’intérêt

qu’il représente pour un public hispanique et hispanophone.

- JEANDILLOU, Jean-François. L’Analyse textuelle. Paris : A. Colin, 1997. 192 p.

(Collection Cursus). ISBN 2-200-01524-0.

Commentaires : Dans cet autre ouvrage de référence, une première partie est

consacrée au signe et à la communication, une deuxième à la grammaire du texte, et

c’est la troisième partie qui concerne plus spécifiquement les éléments de typologie,

avec des exemples d’application.

- MAINGUENEAU, Dominique. Eléments de linguistique pour le texte littéraire. 2ème

éd. Paris : Dunod, 1993. 203 p. ISBN 2.10.003516.9.

Commentaires : Dans cet ouvrage, l’auteur développe successivement les éléments

suivants : la situation d’énonciation, les plans d’énonciation : « discours » et « récit »,

la « mise en relief » et la description, la polyphonie, le discours rapporté, la

classifiance et non-classifiance, et les notions de grammaire de texte.

- MAINGUENEAU, Dominique. L’analyse de discours. Paris : Hachette, 1997. 268 p.

(Hachette Supérieur, Série Linguistique). ISBN 2.01.016907.7.

Commentaires : Dans cet ouvrage synthétique, l’auteur centre son étude sur

l’analyse de contenu, les mots, la paraphrase, l’énonciation, la pragmatique et la

cohérence discursive.

- SARFATI, Georges-Elia. Eléments d’analyse du discours. Paris : Nathan, 2001.

128 p. (Collection 128 n°156, Nathan Université, Série Linguistique). ISBN

2.09.190374.4.

Commentaires : Cet ouvrage délimite le domaine traité, en définissant les notions de

langue, de parole et de discours, propose une analyse du discours et de

l’énonciation et aborde plus précisément dans le chapitre 4 la question des types et

le problème de la compétence, avant de mettre en perspective l’analyse de discours

dans le chapitre 5.

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Webographie commentée :

- FILLIETTAZ, Laurent. Les types de discours [en ligne]. Murcie : Université

Catholique de Murcie, novembre 2001. [consulté le 02/12/2004]. (8 pages).

Disponible sur Internet : <http://www.ucm.es/info/circulo/no8/filliettaz.htm>

Commentaires : Dans ce document, Laurent Filliettaz s’attache d’abord à décrire

l’hétérogénéité compositionnelle du discours, puis à identifier, définir et classer les

types de discours (narration, description, délibération), avant d’analyser les types de

discours dans un modèle de l’organisation du discours. Comme le précise l’auteur,

« [e]n définitive, la problématique des types de discours illustre donc de manière

emblématique le caractère complexe des réalités discursives, et la nécessité pour les

analystes d’apporter des réponses méthodologiquement adaptées à une telle

complexité ».

- GIELING, Pierre. Les types de textes [en ligne]. [S.l.] : Janvier 2001. [consulté le

29/12/2004]. (6 pages). Disponible sur Internet :

<http://www.oasisfle.com/documents/typologie_textuelle.HTM>

Commentaires : Ce document reprend les cinq typologies d’Egon Werlich et les huit

typologies initialement développées par Jean-Michel Adam, avant de développer et

d’expliciter plus précisément le texte narratif, le texte descriptif, le texte explicatif, le

texte injonctif ou incitatif, et le texte argumentatif, avec des propositions de questions

et de schémas pour exploiter ces types de textes.

- Rézo Ø. Types de textes et séquences textuelles [en ligne]. [S.l.]. Conception et

maintenance du site : Gabriel Fritsch. Dernière mise à jour dimanche 19 décembre

2004. [consulté le 29/12/2004]. (4 pages). Disponible sur Internet :

<http://sites.estvideo.net/gfritsch/doc/rezo-cfa-20020.htm>.

Commentaires : Ce document propose une réflexion intéressante sur le problème

des types de textes et des séquences textuelles, en insistant notamment sur le fait

que, certes, parler de typologie textuelle est pertinent en théorie, mais que, la réalité

langagière et la réalisation des discours étant plus complexe dans les faits, procéder

à des classements typologiques relève plutôt et surtout d’une commodité didactique.

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- Rézo Ø. Les typologies textuelles. Les types de textes dans le contexte scolaire.

[en ligne]. Conception et maintenance du site : Gabriel Fritsch. Dernière mise à jour

dimanche 19 décembre 2004. [consulté le 29/12/2004]. (3 pages). Disponible sur

Internet : <http://sites.estvideo.net/gfritsch/doc/rezo-cfa-2003.htm>.

Commentaires : Ce document reprend la liste des fonctions de communication de

Roman Jakobson, la typologie d’Egon Werlich, et celle de Jean-Michel Adam, et

insiste sur la nécessité didactique de distinguer très clairement les notions de genre,

de type et de forme.

- SANTACROCE, Michel. Linguistique et multimédia [en ligne]. [consulté le

11/01/2005]. Cf. 3. Pragmatique textuelle, multimédia et didactique du français

langue étrangère (pp.8-17). Format PDF. (17 pages) Disponible sur Internet :

<http://perso.wanadoo.fr/michel.santacroce/master_2/fichiers/documents_cours_5/lin

g_multimedia.pdf>.

Commentaires : Ce document pédagogique reprend la typologie de Jean-Michel

Adam en la replaçant d’une part dans le cadre d’un bref historique de la question, et

en la confrontant d’autre part aux théories et aux travaux d’autres auteurs

spécialistes de la question.