Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

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1 Université Catholique de Louvain (UCL) Faculté de Médecine Ecole de Médecine Dentaire et de Stomatologie Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par Ramin MARASHI Promoteurs : Professeur H. REYCHLER Service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale Cliniques Universitaires St-Luc (UCL) Professeur J.-M. GUERIT Unité d'Explorations Electrophysiologiques du Système Nerveux Cliniques Universitaires St-Luc (UCL) 2005

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Université Catholique de Louvain (UCL)

Faculté de Médecine

Ecole de Médecine Dentaire et de Stomatologie

Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire

par

Ramin MARASHI

Promoteurs :

Professeur H. REYCHLER

Service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale

Cliniques Universitaires St-Luc (UCL)

Professeur J.-M. GUERIT

Unité d'Explorations Electrophysiologiques du Système Nerveux

Cliniques Universitaires St-Luc (UCL)

2005

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2

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION …………………………………………………………………………11

OBJECTIFS ………………………………………………………………………………. 15

CHAPITRE 1 : Synthèse et analyse de la littérature sur l’examen de la

suppression extéroceptive du muscle temporal (EST) …………………………………. 19

1- Introduction …………………………………………………………………………….. 20

2- Définition ……………………………………………………………………………….. 21

2.1- Le réflexe d’ouverture mandibulaire ……………………………………………. 21

2.2- Etude électrophysiologique du JOR …………………………………………….. 21

2.3- Intérêt de l’étude électrophysiologique de l’EST ……………………………….. 22

3- Aspects anatomiques, mécanismes neurophysiologiques ……………………………… 23

3.1- Organisation anatomo-fonctionnelle de l’EST………………………………….. 23

3.1.1- Quelles sont les fibres sensitives afférentes mises en jeu ………................ 24

3.1.2- Localisation et connectivité des interneurones …………………………… 25

3.2- Corrélats fonctionnels de l’EST ………………………………………………... 27

3.2.1- Une EST peut être produite par stimulation d’autres territoires nerveux … 27

3.2.2- Une suppression extéroceptive peut être obtenue dans d’autres muscles…. 30

3.2.3- Les modèles de douleur expérimentale …………………………………... 30

3.2.4- L’influence des stimulations répétitives …………………………………. 31

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3

3.2.5- L’EST est peu corrélée à la perception douloureuse …………………….. 31

3.3- L’EST peut-il être utilisé comme instrument de mesure de la douleur ? …….. 32

3.3.1- Le «contre» ……………………………………………………………….. 32

3.3.1.1- L’EST n’est pas un réflexe nociceptif ………………………………. 32

3.3.1.2- Absence de corrélation entre l’EST et la perception douloureuse ….. 33

3.3.2- Le «pour» …………………………………………………………………. 33

3.3.2.1- Relations fonctionnelles entre l’EST et la douleur ………………….. 33

3.3.2.2- Bref rappel de physiologie de la douleur …………………………… 33

3.3.2.2.1- Interaction entre afférences nociceptives et non-nociceptives au niveau de la corne postérieure de la moelle ……………….. 34

3.3.2.2.2- Contrôles descendant d’origine cérébrale …………………………. 34

3.3.3- L’EST peut constituer un examen utile chez les patients douloureux …... 35

4- Corrélats hormonaux et pharmacologiques …………………………………………… 36

4.1- Modulations hormonales ……………………………………………………… 36

4.2- Modulations pharmacologiques ………………………………………………. 36

4.2.1- Revue systématique de l’influence de différentes drogues …………..… 36

4.2.2- Interprétation physiopathologique ……………………………………… 38

5- L’EST en clinique neurologique ……………………………………………………. . 40

5.1- Les céphalées de tension ……………………………………………………….40

5.2- Les migraines ………………………………………………………………….41

5.3- Les céphalées cervicogéniques ………………………………………………. 41

5.4- Les céphalées post-traumatiques …………………………………………… 42

5.5- La maladie de Parkinson …………………………………………………….. 43

5.6- Le torticolis spasmodique …………………………………………………… 43

5.7- Synthèse …………………………………………………………………….. 43

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4

6- Analyse des méthodologies d’examen de la suppression extéroceptive ……………. 44

7- Conclusions ……………………………………………………………………………... 45

7.1- Intérêt potentiel de la suppression extéroceptive dans les études de la douleur … 45

7.2- Limitation potentielles de l’EST ………………………………………………… 46

7.3- Orientation de notre travail ……………………………………………………… 47

Références ………………………………………………………………………………. 49

CHAPITRE 2 : Technique électrophysiologique de la suppression

extéroceptive du muscle temporal (EST) ………………………………………………. 59

1- Introduction …………………………………………………………………………….. 60

2- Matériel et méthode …………………………………………………………………….. 60

2.1- Protocole expérimental ……………………………………………………….. 61

2.1.1- Population ………………………………………………………….. 61

2.1.2- Organisation des examens ………………………………………….. 61

2.2- Examen de la suppression extéroceptive du muscle temporal (EST) ………… 62

2.2.1- Matériel utilisé ……………………………………………………… 62

2.2.2- Méthode de stimulation et d’enregistrement ………………………. 62

2.2.3- Méthode d’analyse technique ……………………………………… 63

2.2.4- Méthode de sélection des courbes …………………………………. 66

2.2.5- Méthode de traitement des courbes ……………………………….. 68

3- Analyse des résultats ………………………………………………………………….. 74

3.1- Les distributions des durées de ES1 et de ES2 sont-elles normales ? ………. 74

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5

3.2- Y’a-t-il une différence entre les côtés gauche et droit ? …………………….. 74

3.3- L’examen est-il fiable et reproductible ? ………………………………….. 76

4- Discussion …………………………………………………………….……………….. 81

5- Conclusion ……………………………………………………………….…………... 84

Références ………………………………………………………………………….…… 85

CHAPITRE 3 : Evaluation prospective de la suppression extéroceptive

dans le cadre de désordres temporo-mandibulaires (DTM) ……………………………. 87

1- Introduction ……………………………………………………………………………… 88

2- Les désordres temporo-mandibulaires (DTM) …………………………………………. 88

2.1- Définition des désordres temporo-mandibulaires …………………………….. 89

2.2- Etiopathogénie des désordres temporo-mandibulaires ……………………….. 89

3- Population …… .…………………………………………………………………….…… 90

4- Examen clinique …………………………………………………………………………..91

4.1- Examen cliniques des sujets ………………………………………………….. 91

4.1.1- Anamnèse …………………………………………………………… 91

4.1.2- Observations cliniques ……………………………………………… 92

4.1.2.1- Palpation musculaire ……………………………………… 92

4.1.2.2- Palpation des articulations temporo-mandibulaires ………. 92

4.1.2.3- Auscultation articulaire …………………………………… 92

4.1.2.4- Examen des trajectoires mandibulaires ………………….. 92

4.1.2.5- Bilan occlusal ……………………………………………. 92

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6

4.1.3- Examen de kinésithérapie cervico-maxillo-faciale ………………….. 93

5- Méthodologie …………………………………………………………………………… 93

6- Résultats ……………………………………………………………………………….. 98

7- Analyse des résultats …………………………………………………………………… 98

7.1- Y’a-t-il des différences entre le côté gauche et le côté droit ? ……………….. 99

7.2- Les groupes témoin et DTM sont-ils différents ? …………………………….. 99

7.3- L’examen est-il fiable et reproductible ? ………………………...……...….. 100

7.4- Quels sont les effets de la modification occlusale réversible ? …………..… 101

7.5- Quels sont les effets de la séance d’ultrasons « à froid » ? ………………... 101

7.6- Quels sont les effets de la séance d’ultrasons « à chaud » ? ………………... 102

7.7- Quels sont les effets de la mobilisation cervicale structurée ? ……..………. 102

7.8- Synthèse de l’analyse statistique ……………………………………………. 103

8- Discussion ……………………………………………………………………………. 105

9- Conclusion ……………………………………………………………………………. 107

Références ………………………………………………………………………………. 108

CHAPITRE 4 : Evaluation rétrospective de la suppression extéroceptive

dans plusieurs douleurs oro-faciales ……………………………………………………. 111

1- Introduction …………………………………………………………………………….. 112

2- Population ………………………………………………………………………………. 113

2.1- Critères d’inclusion …………………………………………………………… 113

2.1.1- Groupe témoin ……………………………………………………… 113

2.1.2- Groupe migraine …………………………………………………… 113

2.1.3- Groupe céphalées de tension chronique ……………………………. 114

2.1.4- Groupe céphalées cervicogéniques ………………………………… 114

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2.1.5- Groupe acouphènes ……………………………………………….. 114

2.1.6- Groupes de désordres temporo-mandibulaires ……………………. 115

2.2- Critères d’exclusion …………………………………………………………. 116

2.3- Résumé des groupes étudiés ………………………………………………… 118

3- Méthodologie …………………………………………………………………………. 118

4- Analyse statistique et résultats ……………………………………………………….. 120

4.1- Organisations des groupes étudiés pour l’analyse statistique ……………… 120

4.2- Y’a-t-il une différence d’âge et de sexe entre les 17 groupes ? ……………. 121

4.3- L’examen est-il reproductible ? ……………………………………………. 121

4.4- Y a-t-il des interactions entre les groupes ? ……………………………….. 128

4.5- Quels sont les groupes différents du groupe témoin ? …………………….. 128

4.5.1- Synthèse ……………………………………………………….. 130

4.6- L’examen 2 permet-il une distinction entre les groupes différents

du groupe témoin ? ……………………………………………………… 130

4.6.1- Pour le groupe DTM classe II ipsilatérale ……………………. 130

4.6.2- Pour le groupe DTM classe II bilatérale ……………………… 130

4.6.3- Pour le groupe DTM classe III unilatérale …………………… 131

4.6.4- Pour le groupe DTM classe III bilatérale ……………………. 131

4.6.5- Pour le groupe DTM classe IV unilatérale …………………... 131

4.6.6- Pour le groupe DTM classe IV bilatérale ……………………. 131

4.6.7- Pour le groupe céphalées cervicogéniques ………………….. 131

4.6.8- Différences avec le groupe céphalées de tension chroniques .. 131

4.6.9- Synthèse ……………………………………………………. 133

4.7- Quels sont les effets de la modification occlusale réversible ? ……...……. 133

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4.7.1- Effets de la modification occlusale réversible sur les durées

de ES1 et de ES2 ……………………………………………… 133

4.7.2- Effets de la modification occlusale réversible sur les vitesses

de ES1 et de ES2 ………………………………………………. 134

4.7.3- Synthèse ………………………………………………………. 135

4.8- La modification occlusale réversible (examen 3) permet-elle

une distinction entre les groupes ? …………………………………….. 135

4.8.1- Synthèse ……………………………………………………….. 138

4.9- Dans quel sens se font les changements des durées et des vitesses

de ES1 et ES2 suite à la modification occlusale réversible ? ………….. 138

4.9.1- Pour les durées de ES1 et de ES2 ……………………………. 138

4.9.2- Pour les vitesses de ES1 et de ES2 …………………………… 140

4.9.3- Synthèse ……………………………………………………… 142

4.10- Quels sont les effets de la mobilisation cervicale structurée ? ……….. 142

4.10.1- Effets de la mobilisation cervicale structurée sur les

durées de ES1 et de ES2 …………………………………….. 142

4.10.2- Effets de la mobilisation cervicale structurée sur les

vitesses de ES1 et de ES2 …………………………………… 144

4.10.3- Synthèse ……………………………………………………. 144

4.11- La mobilisation cervicale structurée (examen 4) permet-elle

une distinction entre les groupes ? …………………………………… 144

4.11.1- Synthèse …………………………………………………… 148

4.12- Dans quel sens se font les changements des durées et des vitesses

de ES1 et ES2 suite à la mobilisation cervicale structurée ? ……….. 148

4.12.1- Pour les durées de ES1 et de ES2 …………………………. 148

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9

4.12.2- Pour les vitesses de ES1 et de ES2 ………………………… 150

4.12.3- Synthèse ………………………………………………… … 152

4.13- Analyse quantitative ………………………………………………... 152

4.13.1- Résultats des groupes «bilatéraux» ………………………… 155

4.13.2- Résultats des groupes «unilatéraux»………………….… .… 158

5- Discussion ……………………………………………………………………… 161

6- Conclusion ……………………………………………………………………… 178

Références ………………………………………………………………………… 180

CONCLUSION GENERALE ………………………………………………….. 185

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INTRODUCTION

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L'évaluation, le diagnostic et le traitement des douleurs et des dysfonctionnements de

l'appareil stomatognathique, encore appelés « Syndrome algo-dysfonctionnel de l'appareil

manducateur », ont évolué dans leur approche clinique. En fonction du choix des organes observés, de

l’appréciation du rôle respectif des différents facteurs déclenchant ou entretenant la pathologie et en

considérant l’étiopathogénie de ces désordres, de nombreuses propositions de dénomination se sont

succédées au fil des années. Il s'agit maintenant de dysfonctions cranio-mandibulaires ou de désordres

temporo-mandibulaires (DTM) qui prennent plus en considération les causes extérieures à la sphère

oro-faciale. Les désordres temporo-mandibulaires sont reconnus comme une cause majeure de

douleurs oro-faciales non dentaire et représentent une classe de désordres musculo-squelettiques1. La

recherche conduit à considérer les DTM comme un ensemble corrélé de symptômes affectant

l’appareil manducateur. De toute évidence, les signes et symptômes rencontrés lors de l’analyse des

patients présentant des algies ou des dysfonctionnements de l’appareil manducateur, même s’ils

intéressent un territoire bien délimité, ne peuvent pas être placés dans une urne commune. Ainsi,

conformément à la conception moderne d’une étiologie multifactorielle, les désordres temporo-

mandibulaires revêtent, par leurs manifestations cliniques, une sémiologie très polymorphe.

Les patients consultent pour des douleurs exquises ou diffuses de la mâchoire rebelles à toute

thérapeutique médicale, pour des bruits au niveau de l'articulation temporo-mandibulaire, pour une

gêne lors des mouvements mandibulaires mais également pour des céphalées, des otalgies et des algies

cranio-cervico-faciales. De plus, la multiplicité des signes objectifs et subjectifs peut constituer un

véritable dédale dans lequel un diagnostic précis s’avère délicat.

Les neurophysiologistes reconnaissent que plus un appareil ou un système est important, plus

son complexe sensitif apparaît hautement différencié. Ainsi, l’appareil manducateur, par le biais des

nerfs trijumeaux, bénéficie d’une innervation sensitive particulièrement riche. En effet, l'arcade

dentaire mandibulaire entre en contact avec son arcade dentaire antagoniste dans un très grand nombre

de positions dont certaines sont très particulières. L'incision, la mastication, la déglutition, la

respiration, la phonation et la mimique font largement appel à la mobilisation de la mandibule. Cette

polyvalence fonctionnelle repose sur plusieurs mécanismes neurophysiologiques. Le sens de la

proprioception, alimenté par les capteurs musculaires, articulaires, tendineux, parodontaux, muqueux,

informe sur la position mandibulaire et sur les forces musculaires exercées. Il permet d'ajuster les

mouvements, de les coordonner pour remplir au mieux ces fonctions. Enfin, la capsule de l'articulation

temporo-mandibulaire (ATM) est particulièrement riche en récepteurs proprioceptifs pour améliorer la

discrimination des situations et des postures.

Une régulation harmonieuse de cet appareil requiert des informations périphériques et

centrales correctes ; en l’absence de celles-ci, des troubles et des douleurs peuvent apparaître. Vu la

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complexité des connexions du nerf trijumeau, il est tout à fait justifié de penser que des perturbations

dans le système afférent, en provenance des muscles, des tendons, des articulations et des dents,

peuvent entraîner des dysfonctions des circuits neuronaux. De plus, on sait que toute fonction

physiologique requiert l’étude exhaustive de deux aspects, l’un sensitif, l’autre moteur. Les patients

atteints de DTM présentent une altération du système neuromusculaire. Cette conception est admise

par Nielsen2 dans une étude soulignant l’intérêt de l’Electromyographie (EMG) dans les troubles oro-

faciaux. Certains auteurs se sont attachés à étudier d’autres techniques d’exploration

neurophysiologique que l’EMG tels que les potentiels évoqués moteurs et somesthésiques, le réflexe

de clignement ou encore la suppression extéroceptive du muscle temporal (EST).

Nous avons étudié une de ces explorations neurophysiologiques dans le cadre de quelques

pathologies oro-faciales et principalement les désordres temporo-mandibulaires : l’examen de la

suppression extéroceptive du muscle temporal (EST). Dans notre recherche, nous avons pour objectif

d’effectuer dans un premier temps une synthèse et une évaluation de la littérature sur l’EST. Dans un

second temps, nous avons évalué la technique de la suppression extéroceptive en mettant en place une

méthodologie originale d’enregistrement. Nous avons examiné la reproductibilité de cette

méthodologie au sein d’une population de sujets sains. Dans un troisième temps, nous avons évalué la

technique de la suppression extéroceptive, dans une étude prospective randomisée en double aveugle,

sur une population de sujets présentant des désordres temporo-mandibulaires. Enfin, nous avons

évalué la technique de la suppression extéroceptive, dans une étude rétrospective sur des sujets

présentant des désordres temporo-mandibulaires et différents troubles oro-faciaux.

1 Headache classification Committee of the International headache society - classification and diagnostic criteria for

headache disorders - cranial neuralgias and facial pain - Cephalalgia 1988:8 (suppl. 7 p. 20).

2 Nielsen IL, Mc Neill C, Danzing W, Goldman S, Levy J, Miller AJ. Adaptation of craniofacial muscles in subjects with

craniomandibulars disorders. Am J Orthod Dent Fac Orthop 1990; 97:20-34.

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OBJECTIFS DE L’ETUDE

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Objectif 1 : Synthèse et analyse de la littérature sur l’examen de la suppression

extéroceptive du muscle temporal (EST)

L’examen de la suppression extéroceptive du muscle temporal (EST) fait l’objet de

nombreuses recherches. Celles-ci ont permis de mettre en évidence les différents mécanismes

neurophysiologiques sous-jacents et de dégager les intérêts cliniques majeurs de cet examen. Bien que

les bases neurophysiologiques soient pour la plupart bien établies et malgré les qualités de l’examen

EST, celui-ci présente une importante variabilité intra- et interindividuelle. Cette variabilité semble

liée au moins en partie, à un manque de standardisation. En effet, il y a une grande hétérogénéité tant

dans les méthodologies utilisées que dans les différents paramètres utilisés (paramètres

d’enregistrement, de stimulation, choix des populations étudiées,…). A travers cet objectif, nous

tenterons de mettre en évidence, d’une part les qualités de l’examen EST, et d’autre part les problèmes

de standardisation liés à la méthodologie, aux paramètres d’enregistrement et de stimulation mais

également liés au choix des critères d’inclusion et d’exclusion pour la sélection des sujets.

Objectif 2 : Technique électrophysiologique de la suppression extéroceptive du muscle

temporal (EST)

Nous avons tenté de mettre au point une méthodologie standardisée pour déterminer les débuts

et fins des différentes périodes de suppression extéroceptive dans le but d’essayer de limiter les

variabilités individuelles liées à l’expérimentateur. Nous présenterons en détail chacune des étapes de

cette méthodologie qui s’appuie sur un programme automatique informatique. Nous testerons la

reproductibilité des différents paramètres sur une population de sujets sains répondant à des critères

d’inclusion et d’exclusion précis. Nous vérifierons si cette méthodologie permet de diminuer les

variabilités intra- et interindividuelles.

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Objectif 3 : Evaluation prospective de la suppression extéroceptive du muscle

temporal (EST) dans le cadre de désordres temporo-mandibulaires (DTM)

Nous avons effectué une étude prospective randomisée en double aveugle pour étudier

l’examen EST dans le cadre de désordres temporo-mandibulaires (DTM). Nous avons utilisé la

méthodologie décrite dans l’objectif 2. Nous avons effectué un certain nombre de tests cliniques à

savoir : une modification occlusale réversible par la pose de cales dento-dentaires, une séance

d’ultrasons sans émission d’ultrasons pour vérifier l’effet placebo des ultrasons, une séance

d’ultrasons avec émission d’ultrasons et enfin une mobilisation cervicale structurée. Après avoir

vérifié la reproductibilité de l’examen EST, nous examinerons quels sont les effets de ces différents

tests cliniques sur une population de sujets sains et une population de sujets présentant des DTM.

Objectif 4 : Evaluation rétrospective de la suppression extéroceptive du muscle

temporal (EST) dans plusieurs douleurs oro-faciales

Nous avons effectué une étude rétrospective de l’EST dans différentes catégories de douleurs

oro-faciales, à savoir une catégorie de céphalées comprenant un groupe de céphalées de tension

chronique, un groupe de céphalées type migraine et un groupe de céphalées cervicogéniques ; une

catégorie de désordres temporo-mandibulaires comprenant un groupe articulaire, un groupe musculaire

et un groupe musculo-articulaire. Nous avons ajouté un groupe d’acouphènes à cette étude. Comme

dans l’objectif 3, nous avons effectué différents test cliniques : une modification occlusale réversible et

une séance de mobilisation cervicale structurée. Nous avons testé la reproductibilité de l’examen EST

sur l’ensemble de ces sujets puis recherché quelles sont les interactions entre les différents groupes.

Pour chacun d’entre eux, nous regarderons quels sont les effets des deux tests cliniques. Ainsi, nous

dégagerons les intérêts cliniques de l’utilisation de ces tests en complément de l’examen EST.

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CHAPITRE 1

SYNTHESE ET ANALYSE DE LA LITTERATURE SUR

L’EXAMEN DE LA SUPPRESSION EXTEROCEPTIVE

DU MUSCLE TEMPORAL (EST)

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Chapitre 1 : Synthèse et analyse de la littérature sur l’examen de

la suppression extéroceptive du muscle temporal

(EST)

1- INTRODUCTION

La littérature sur l’examen électrophysiologique de la suppression extéroceptive est abondante. De

nombreux auteurs se sont attachés à étudier la suppression extéroceptive dans différents domaines de

la médecine. Au fil du temps, ces études ont permis de mieux comprendre les mécanismes

neurophysiologiques mis en jeu lors de cet examen. L’enjeu majeur pour les chercheurs cliniciens est

de faire passer l’examen de la suppression extéroceptive d’une situation expérimentale à une

reconnaissance clinique. Dans les études déjà réalisées, il y a une grande diversité dans la

méthodologie utilisée. Cette hétérogénéité forme un obstacle à l’utilisation clinique courante de

l’examen de la suppression extéroceptive. C’est pourquoi avant de rentrer dans le vif de nos

expériences, il nous est apparu indispensable d’effectuer une synthèse et une évaluation critique de

cette littérature.

Ainsi, notre premier chapitre a pour but d’exposer, d’une part les connaissances nécessaires à

la compréhension de nos recherches sur la suppression extéroceptive du muscle temporal et d’autre

part, de déterminer l’intérêt d’une telle recherche. Cette synthèse s’articule en plusieurs points : après

une définition de l’examen électrophysiologique de la suppression extéroceptive de l’activité

électrique du muscle temporal (EST), nous montrerons comment s’organise cet examen

électrophysiologique sur le plan anatomo-fonctionnel. Ceci nous amènera à expliquer les mécanismes

neurophysiologiques sous-jacents. Ensuite, nous passerons en revue les nombreuses méthodologies

utilisées dans la littérature. Pour une plus grande simplicité, nous présenterons pour chaque étude les

populations étudiées, les paramètres de stimulation électrique, les paramètres d’enregistrement et les

méthodes utilisées. Suite à cela, nous énoncerons les résultats obtenus pour ces études, résultats qui

sont regroupés en plusieurs tableaux récapitulatifs. Pour finir, une critique objective s’appuyant sur

une littérature récente sera effectuée.

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2- DEFINITION

Chez l'homme, l'ouverture de la mâchoire s’effectue en contractant les muscles ptérygoïdiens externes

et sus-hyoïdiens (par exemple, ventre antérieur du digastrique) et en relâchant les muscles antagonistes

(temporaux et masséters). L’activité de ces muscles peut être objectivée par l’électromyogramme

(EMG).

2.1- Le réflexe d’ouverture mandibulaire

L’application d’une stimulation mécanique ou électrique dans les territoires de la 2ème et/ou de la 3ème

branches du nerf trijumeau peut entraîner une ouverture réflexe de la mâchoire [1]. Ce réflexe,

également désigné sous le terme de « réflexe d’ouverture mandibulaire » (jaw opening reflex ou JOR)

fut initialement décrit par Sherrington chez le chat décérébré [2]. Il s’agit d’un réflexe inhibiteur dont

le rôle essentiel serait de prévenir toute lésion intra-orale liée à une contraction excessive des muscles

assurant la fermeture de la mâchoire durant la mastication ; il pourrait également jouer un rôle

régulateur des muscles de la mâchoire lors de la parole.

2.2- Etude électrophysiologique du JOR

L’étude du JOR peut s’effectuer, soit par l’enregistrement de la contraction des muscles agonistes1,

soit par l’inhibition des muscles antagonistes. On préfère cette dernière car le réflexe digastrique est

très susceptible à l’habituation2. Chez un sujet contractant au maximum les muscles masséters et

temporaux (par exemple, en serrant les dents), l’application d’une stimulation électrique dans les

territoires des 2ème ou 3ème branches du trijumeau entraîne une inhibition transitoire de l’activité

musculaire se marquant par la disparition de l’EMG au niveau des muscles masséters ou temporaux3

[3]. C'est ce qu’on désigne sous le terme de « suppression extéroceptive de l’activité du muscle

temporal » (EST). Desmedt et Godaux, [4] ont proposé le terme « suppression extéroceptive » afin

éviter toute confusion avec les périodes de silence proprioceptives des muscles des membres4. Cette

1 Des explorations neurophysiologiques sont basées sur des enregistrements au niveau des muscles agonistes (par exemple, le

réflexe H) ; ces méthodes sont synthétisées dans une revue de De Laat A. et coll. (1998) mais nous ne les détaillerons pas

dans cet exposé.

2 L’habituation peut être définie comme une diminution d’amplitude des réponses suite à l’application de stimulations

répétées.

3 L’EMG peut être mesuré au niveau des muscles masséters ou temporaux ; dans notre travail, nous utiliserons exclusivement

les muscles temporaux (et choisirons dès lors de mesurer « l’EST » plutôt que « l’ESM ») ; ce choix est justifié par l’accès

plus aisé du muscle temporal antérieur par rapport au masséter. 4 Le terme « extéroceptif » réfère au fait que les stimulations responsables de l’inhibition proviennent de l’extérieur.

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suppression se marque sous forme de deux périodes successives : une période précoce ou « ES1 » et

une période tardive ou « ES2 » [5].

Six phases pourront dès lors être considérées lors d’études de la suppression extéroceptive de l’activité

du muscle temporal [6] (figure 1.1) :

Phase 1 : période précédant le stimulus;

Phase 2 : stimulation électrique péri-orale dans le territoire d’innervation du V2 et V3;

Phase 3 : ES1, suppression extéroceptive primaire ou inhibition précoce;

Phase 4 : période inter-suppression (ISP), cette phase pourrait correspondre, soit à une reprise

simple de l’activité EMG initiale entre les deux périodes de suppression, soit à une

période de facilitation de l’EMG ;

Phase 5 : ES2, suppression extéroceptive secondaire ou inhibition tardive ;

Phase 6 : période post-suppression et reprise de l’EMG qui pourrait, comme l’ISP,

correspondre soit à une reprise simple de l’EMG initial, soit à une période de facilitation.

Figure 1.1 : Les 6 phases de la suppression extéroceptive du muscle temporal (EST)

2.3- Intérêt de l’étude électrophysiologique de l’EST

L’étude du JOR et de la suppression extéroceptive de l’activité des muscles de la fermeture

mandibulaire permet d’étudier les mécanismes du contrôle moteur du muscle temporal et de la

physiologie manducatrice [7, 8].

Phases : 1 2 3 4 5 6

• S t i m u l a t i o n s p é r i o r a l e s

E . S . 1 E . S . 2E . S . 2

0

2 0 1 0 0 1 0 2 0 3 0 4 0 5 0 6 0 7 0 8 0 9 0 1 0 0 1 1 0 1 2 0 1 3 0 1 4 04 0

3 5

3 0

2 5

2 0

1 5

1 0

5

0

5

1 0

1 5

2 0

2 5

3 0

3 5

4 06 tr a c és c o n s é c u t i f s

mV

olt

Stimulations péri-orales

Page 23: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

23

3-Aspects anatomiques, mécanismes neurophysiologiques

Nous envisagerons dans un 1er temps l’organisation anatomo-fonctionnelle de l’EST; cette discussion

s’effectuera en 4 parties : nous décrirons d’abord les voies nerveuses impliquées dans le réflexe. Nous

envisagerons dans un 2ème temps différents facteurs susceptibles de moduler ce réflexe ainsi que les

corrélations entre celui-ci et la perception douloureuse, ce qui nous permettra de répondre à la question

des limites pertinentes d’utilisation de l’EST dans le cadre de la nociception. L’influence de facteurs

chimiques et hormonaux sera envisagée dans un 3ème temps. Enfin, et dans un 4ème temps, nous

présenterons les altérations de ES2 associées à plusieurs pathologies.

3.1- Organisation anatomo-fonctionnelle de l’EST

Tout réflexe comporte un arc afférent constitué de fibres nerveuses sensitives, un arc efférent constitué

de fibres motrices et un ou plusieurs interneurones impliqués dans la régulation du réflexe. En ce qui

concerne l’arc efférent, l’inhibition de l’activité EMG est bien entendu transmise par les fibres

motrices des muscles élévateurs de la mâchoire [9] (figure 1.2).

Par contre, la nature des fibres nerveuses impliquées dans l’arc afférent du réflexe et celle des

interneurones régulateurs ont fait et font l’objet de nombreuses discussions dont l’un des enjeux

principaux est le fait de connaître l’implication de ce réflexe dans la nociception. Cet enjeu est

évidemment essentiel dans la mesure où il conditionne largement la validité de notre travail.

Figure 1.2 : Schéma de l’organisation anatomique d’après Okeson J.P. Bell’s Orofacial Pains.Quintessence , 1995 Modifié.

Page 24: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

24

3.1.1- Quelles sont les fibres sensitives afférentes mises en jeu ?

Lors de la stimulation électrique des territoires du trijumeau, ce sont des fibres sensitives du nerf V de

catégories identiques qui sont responsables de ES1 et ES2. Chez le chat et chez l’homme [1], leur

vitesse de conduction est de l’ordre de 40 à 50 m/s, ce qui suggère qu’il s’agirait de fibres myélinisées

de calibre intermédiaire (fibres Aβ), similaires à celles qui sont responsables du réflexe de clignement

des paupières5. On notera que ces fibres ne sont pas impliquées directement dans la nociception.

Effectivement, Cruccu et coll. avaient déjà montré en 1989 [10], que des périodes ES1 et ES2

pouvaient être obtenues par stimulations mécaniques des muscles (les influx cheminant également par

l’intermédiaire de fibres Aβ). Ceci dit, comme nous le verrons, une période ES1 peut également être

obtenue au moyen de stimuli laser stimulant sélectivement les afférences douloureuses Aδ et C ; son

temps de latence est alors plus important du fait de la vitesse de conduction moindre de ces fibres de

plus fin calibre. Par ailleurs, comme nous le verrons également, la transmission d’influx au départ non-

nociceptifs peut être modulée par les influx nociceptifs cheminant par l’intermédiaire des fibres A� et

C [10, 11].

5 Pour rappel [12], les fibres nerveuses constituant le nerf périphérique peuvent être myélinisées ou non myélinisées et

leur diamètre varie entre 0,5 et 20 µ. En fonction de celui-ci, plusieurs classifications des fibres nerveuses ont été proposées :

- La classification de Erlanger et Gasser propose l'existence de 3 groupes de fibres : A (divisées en A-α, A-β, A-γ et A-δ),

B et C. Les fibres B correspondent aux fibres sympathiques préganglionnaires et ne sont pas retrouvées au niveau du nerf

périphérique ; les fibres C sont non myélinisées.

- La classification de Lloyd est également basée sur le diamètre des fibres et propose l'existence de 4 groupes (I, II, III et

IV).

Les fibres sensitives peuvent être partagées en plusieurs groupes :

- les grosses fibres Ia, proviennent du fuseau neuromusculaire constituent le versant afférent de l'arc réflexe myotatique ;

- les fibres Ib (groupe A-α dans la classification de Erlanger et Gasser) proviennent des récepteurs tendineux de Golgi et

sont responsables de la sensibilité proprioceptive et, plus particulièrement, du sens de position ;

- les fibres II (groupe A-β dans la classification de Erlanger et Gasser) proviennent des récepteurs tactiles et sont

responsables de la sensibilité épicritique (sensibilité vibratoire, sensibilité tactile précise) ;

- les fibres III (groupe A-δ de la classification de Erlanger et Gasser) sont responsables de la transmission du tact

protopathique, de la chaleur et de la douleur dite primaire ;

- les fibres du groupe C assurent également la transmission d'influx douloureux (douleur secondaire, dite protopathique).

Page 25: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

25

3.1.2- Localisation et connectivité des interneurones

Des études [1, 13] réalisées sur des sujets sains ont montré que les deux périodes ES1 et ES2 sont

produites par l’activation, au départ d’afférences provenant du nerf trijumeau, d’interneurones du tronc

cérébral inhibiteurs des motoneurones des muscles de la fermeture mandibulaire. Le résultat de cette

inhibition est un relâchement de la contraction de ces muscles. La période ES1 dépendrait d’un réseau

nerveux constitué seulement de deux synapses (un seul interneurone inhibiteur), la période ES2

dépendrait quant à elle d’un réseau nerveux polysynaptique (figure 1.3).

Figure 1.3 : Schéma de l’organisation fonctionnelle de la suppression extéroceptive

La plupart des auteurs s’accordent sur le fait que les deux périodes de suppression dépendent de

réseaux neuronaux distincts au sein du système nerveux central :

- Il ressort d’études réalisées chez les chats [14, 15, 16] que les interneurones inhibiteurs à l’origine

de ES1 sont localisés dans le pont, dorso-médialement par rapport au noyau moteur du trijumeau,

entre les motoneurones responsables de la fermeture mandibulaire (muscles temporaux et masséters) et

les principaux noyaux sensoriels sur lesquels se projettent les afférences trigéminales [17, 18]. Cette

aire est appelée le « noyau supra-trigéminal », lequel semble ainsi être un important lieu de

STIMULATION ELECTRIQUE DU TERRITOIRE D’INNERVATION DE V2-V3

ACTIVATION DES INTERNEURONES INHIBITEURS DANS LE TRONC CEREBRAL

Fibres Aβ

INHIBITION DES MOTONEURONES DES MUSCLES ELEVATEURS

polysynaptique

ES2

monosynaptique

ES1

LOCALISATION DES INTERNEURONES INHIBITEURS DE ES1 ET ES2

ES1 :

Au niveau du pont : en arrière et en dedans du noyau moteur du trijumeau,

(Aire supra-trigéminale)

ES2 :

Formation réticulaire : au voisinage du noyau caudal du trijumeau,

CONTRACTION VOLONTAIRE DU MUSCLE TEMPORAL

Page 26: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

26

coordination des réflexes trigéminaux et des fonctions motrices [7, 9]. Ce noyau reçoit des afférences

de plusieurs origines, entre autres, du tissu desmodontal [19]. Il ne reçoit que très peu d’afférences

d’origine corticale. [3].

- La localisation des interneurones responsables de ES2 est moins précise. Ces interneurones

appartiennent à la formation réticulaire, au voisinage du noyau caudal du trijumeau, ainsi

probablement qu’au noyau lui-même. Cette aire est appelée « tegmentum bulbaire latéral » [20]. Elle

reçoit des informations, non seulement de la périphérie (afférences sensorielles provenant du territoire

du trijumeau), mais également du système nerveux central (afférences descendantes en provenance du

système limbique, du cortex orbito-frontal, du noyau raphé magnus et de la substance grise

périaqueducale [21, 22]. En particulier, la stimulation de la substance grise périaqueducale inhibe le

JOR, inhibition s’effectuant par l’intermédiaire du noyau raphe magnus, dont il importe de rappeler

qu’il joue un rôle essentiel dans la modulation de la nociception [23] (figure1.4).

Figure 1.4 : Schéma de la production de ES2

INTERNEURONES INHIBITEURS

STRUCTURES

LIMBIQUES

MATIERE GRISE PERI-AQUEDUCALE

NOYAU RETICULAIRE

LATERAL

NOYAUX MOTEURS

DES MUSCLES DE LA

FERMETURE

MANDIBULAIRE

Interneurones excitateurs

NOYAU RAPHE

MAGNUS ANTINOCICEPTION

+ +

- -

Noyaux moteurs des

muscles de l’ouverture

mandibulaire

Jaw-Opening Reflex

ES2

Fibres afférentes du nerf trijumeau

Page 27: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

27

- Bien que les périodes ES1 et ES2 surviennent bilatéralement en réponse à une stimulation

unilatérale du V et que certains interneurones de l’aire péri-trigéminale se projettent également sur le

noyau moteur controlatéral, la plupart de ceux-ci se projettent sur le noyau moteur ipsilatéral [24, 25,

26].

3.2- Corrélats fonctionnels de l’EST

Ce paragraphe sera consacré à plusieurs études portant sur la modulation de l’EST. Les informations

collectées devraient nous permettre de répondre à la question théorique centrale à notre étude, à savoir

la pertinence de l’EST en tant qu’outil clinique d’étude des désordres temporo-mandibulaires.

3.2.1- Une EST peut être produite par stimulation d’autres territoires nerveux

Wang et Schoenen [27] ont démontré que des stimulations à haute intensité (40 mA) de l’index ou du

nerf médian (mais pas des nerfs suraux ou sciatiques poplité externes) pouvaient donner lieu à une

stimulation douloureuse alors qu’au niveau de la commissure labiale, une stimulation plus faible de 20

mA, est ressentie comme douloureuse (figure1.5). Les auteurs interprètent cette donnée en proposant

que, lors de la stimulation des nerfs médians, les périodes ES1 et ES2 résulteraient de la stimulation

des fibres Aδ et C alors que, comme nous l’avons vu, ce seraient essentiellement les fibres Aβ qui

seraient responsables de ES1 et ES2 lors des stimulations de la commissure labiale.

Figure 1.5 : Schéma de la procédure expérimentale d’après Wang et Schoenen, 1994 [27] Une stimulation de l’index (S1) est effectuée et 60 msec plus tard, une stimulation de la commissure labiale (S2) produit ES1 et ES2 du temporal à l’aide des électrodes de surface (R) durant le serrement dentaire.

Page 28: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

28

Les auteurs proposent qu’un stimulus nociceptif périphérique activant les fibres Aδ et C est capable

d’exciter directement les interneurones inhibiteurs de ES2 par les voies spino-réticulaires [27]. Par

contre, une activation périphérique des fibres de large calibre telles que les fibres Aβ ne peut pas

produire une inhibition des motoneurones des muscles de fermeture mandibulaire après stimulation de

l’index/médian. Cependant, à travers des connections spino-réticulaires, elle peut activer le noyau

prétectal antérieur et/ou la formation réticulaire comme le noyau raphé magnus inhibant les

interneurones médiatisant ES2 (figure 1.6).

Figure 1.6 : Les voies et relais de la période de suppression tardive (ES2) des muscles de la fermeture mandibulaire d’après Wang et Schoenen, 1996 [27]

1 : l’ES2 suite à une stimulation labiale est produite par l’activation des interneurones du complexe spino-trigéminal par les fibres Aββββ. 2 : l’ES2 suite à une stimulation de l’index/médian est produite par l’activation des interneurones inhibiteurs par les fibre Aδδδδ et les fibres C via un relais dans la corne postérieure de la moelle. 3 : l’activation des afférences de large calibre en provenance d’un membre périphérique peut inhiber l’ES2 labiale par relais dans la formation réticulaire.

INTERNEURONES INHIBITEURS DE ES2

FORMATION RETICULAIRE :

Noyau prétectal antérieur

NOYAU RAPHE MAGNUS

(5-HT)

MOTONEURONES DES MUSCLES DE LA

FERMETURE MANDIBULAIRE

Afférences trigéminales

1

2 3Afférences périphériques

Complexe Spino-trigéminal Corne

Postérieure de la moelle

Fibres Aβ

Fibres Aβ

Fibres Aδ / C

BILATERAL

Page 29: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

29

Une EST peut également être obtenue par stimulation du nerf sus-orbitaire [28, 29]. Cependant, celle-

ci est alors limitée à la période ES2, parfois précédée d’une autre suppression de faible amplitude.

Selon Cruccu (1986), les réseaux nerveux à l’origine de cette suppression seraient les mêmes que ceux

qui sont impliqués dans la période ES2 obtenue par stimulation de V2 et V3.

Enfin, une inhibition de l’activité du muscle temporal peut également être obtenue par stimulation

électrique ou magnétique du cortex moteur [30, 31] (figure 1.7). Cette inhibition, désignée sous le

terme de « suppression intéroceptive de l’activité du muscle temporal » survient 5 à 6 ms plus

précocement que la période ES2 obtenue par stimulation de la commissure labiale. Il n’y a pas de

période d’inhibition correspondant à ES1. L’aire corticale responsable de cette inhibition serait l’aire

43 de Brodmann, au pied de la circonvolution frontale. Clemente et coll. en1966 [32] ont effectivement

montré chez le chat que la stimulation de l’aire 43 entraînait une suppression de l’activité du masséter.

Cette inhibition s’exercerait par l’intermédiaire d’une voie directe de projection de l’aire 43 sur les

circuits inhibiteurs du bulbe [33, 34].

Figure 1.7 : Stimulation corticale électromagnétique donnant une suppression intéroceptive (IS) du muscle temporal d’après Göbel, 1992 [30]

1. Noyau ventral postéro-médian

2. Noyau réticulo-bulbaire oral

3. Noyau réticulo-bulbaire caudal

4. Noyau réticulo-giganto-cellulaire

5. Noyau moteur du trijumeau

6. Noyau pontique du trijumeau

7. Noyau spinal du trijumeau

Page 30: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

30

3.2.2- Une suppression extéroceptive peut être obtenue dans d’autres muscles

La stimulation du nerf trijumeau peut également entraîner une suppression d’activité dans les muscles

orbiculaires des paupières [35], sterno-cléido-mastoïdiens [35] et trapèzes [27]. Cette suppression

ressemble davantage à la période ES2, ES1 est difficile à identifier.

3.2.3- Les modèles de douleur expérimentale

Les études de douleur expérimentale consistent à examiner dans quelle mesure une douleur continue

peut moduler les réponses ES1 et ES2 obtenues par stimulation électrique ou par laser. Deux types de

modèles de douleur expérimentale ont été utilisés : une injection de solution saline isotonique (peu ou

pas douloureuse) ou hypertonique (plus douloureuse) au sein d’un muscle [36] d’une part,

l’application cutanée de capsaïcine [37] d’autre part. Dans le premier cas, la douleur est provoquée par

l’activation des fibres afférentes Aδ et est généralement décrite sous forme de crampes, de tension, de

constriction, d’endolorissement ; elle constitue ainsi une approximation assez correcte, par exemple,

des névralgies cervicogéniques. Dans le second cas, la douleur est davantage décrite sous forme de

« brûlures intenses, de picotements cuisants ». On explique ceci par le fait que la capsaïcine agit par

l’intermédiaire des fibres C, la douleur produite étant ainsi souvent considérée comme un bon modèle

de douleur neuropathique. En fin de compte, les études de douleur expérimentale permettent donc de

voir dans quelle mesure les voies de l’EST peuvent être modulées par une stimulation continue des

afférences Aδ et C.

L’injection d’une solution saline hypertonique dans le muscle masséter gauche entraîne une

diminution de la durée et du degré de suppression de ES2 dans le même muscle masséter gauche, que

la stimulation appliquée pour obtenir ES2 soit réalisée au niveau du nerf mentonnier gauche ou droit.

Par contre, aucune modulation de ES2 n’est observée lorsque l’injection est réalisée dans le muscle

tibial antérieur [36].

L’injection d’une solution saline isotonique dans le muscle trapèze droit entraîne une diminution de la

durée ES2 dans le même muscle. L’injection d’une solution hypertonique dans le trapèze droit

entraîne également une diminution de la durée et du degré de suppression ES2 dans les muscles

trapèze gauche et temporal droit. Aucune modification de ES2 n’est observée dans le muscle temporal

gauche. Inversement, l’injection d’une solution saline hypertonique (mais pas isotonique) dans le

muscle temporal droit raccourcit la durée de ES2 dans les deux muscles temporaux et trapèzes [38].

Page 31: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

31

Tant la douleur expérimentale induite par l’injection de solution saline hypertonique que par

application de capsaïcine entraînent une diminution de la suppression ES2 induite par le laser. L’effet

induit par la capsaïcine dépasse même la durée des symptômes douloureux provoqués par le produit

[39].

Quelle que soit la méthode utilisée, la douleur expérimentale n’entraîne aucune modulation de ES1.

La relation entre l’intensité de la douleur expérimentale et la modulation d’ES2 est complexe. Ainsi,

selon Göbel et coll. en 1992 [30], une céphalée expérimentale induite par pression sur le vertex peut

être associée à une diminution de ES2 uniquement si elle est d’intensité moyenne mais pas d’intensité,

soit très légère, soit très importante.

3.2.4- L’influence des stimulations répétitives

Deux types de phénomènes peuvent être attendus lors de stimulations répétitives. D’une part, une

habituation, que l’on définit comme une diminution de réactivité à ces stimulations répétées ;

l’habituation est caractéristique des réflexes extéroceptifs comme, par exemple, les réflexes

abdominaux [40] ou de clignement [40, 41]. Classiquement, ce phénomène concerne davantage les

réflexes excitateurs que les réflexes inhibiteurs [42]. D’autre part, le phénomène de sommation

temporelle entraînant une augmentation de la perception douloureuse, laquelle peut devenir

intolérable, sous l’action de stimulations répétées. C’est ce type de phénomène qui explique qu’une

lésion nerveuse ou l’inflammation de tissus lésés puisse faire mal.

Hansen et coll. en 2002 [42] ont étudié l’influence, sur les périodes ES1 et ES2, de stimulations

répétées (un train de 5 stimuli présentés à une cadence de 2 stimuli par sec) d’intensité variable (50%,

100% ou 150% du seuil de perception douloureuse). Une habituation de ES2 (mais pas de ES1) fut

observée ; cependant, l’intensité de cette habituation n’était pas corrélée à la perception douloureuse ;

en particulier, l’amplitude de l’habituation était identique selon que l’intensité de stimulation se situait

au-dessus ou en dessous du seuil de perception de la douleur.

3.2.5- L’EST est peu corrélée à la perception douloureuse

A l’instar de l’étude de Hansen et coll. en 2002 [42], de nombreux arguments suggèrent que la

corrélation entre EST et perception douloureuse est, en réalité, très faible.

Page 32: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

32

Premièrement, aucune des études de douleur expérimentale mentionnées ci-dessus n’a pu mettre en

évidence de relation entre l’EST et l’intensité de la douleur perçue, exprimée généralement sur une

échelle analogique visuelle6. Cette absence de corrélation concerne à la fois l’intensité de la douleur

expérimentale induite et l’intensité douloureuse perçue du stimulus électrique permettant l’obtention

de l’EST.

Comme nous venons de le signaler, des modulations de ES2 observées lors de stimulations répétitives

ne sont pas corrélées aux modifications de perception des stimuli consécutives aux phénomènes de

sommation temporelle.

Cette absence de corrélation entre EST et perception contraste avec la corrélation très significative

démontrée par Cruccu et coll. en 1998 entre l’intensité de perception de stimuli laser et amplitude des

potentiels évoqués corticaux produits par ces stimuli [43].

3.3- L’EST peut-elle être utilisée comme instrument de mesure de la douleur ?

3.3.1- Le « contre »

3.3.1.1- L’EST n’est pas un réflexe nociceptif

La notion de réflexe nociceptif est précise : il s’agit d’un réflexe provoqué par une stimulation

nociceptive, réflexe dont le rôle est de protéger l’organisme contre les influences néfastes possibles à

court terme de cette stimulation. Les circuits à l’origine des réflexes nociceptifs, dont l’arc afférent

correspond à des fibres Aδ et C, se situent au niveau médullaire ; ils impliquent un ensemble complexe

de motoneurones permettant le retrait de la partie du corps touchée. Un exemple de réflexe nociceptif,

ou « réflexe de défense », est le retrait du bras lors d’une brûlure de la main. L’idée selon laquelle le

JOR permettrait de préserver les structures intra-orales des traumatismes potentiels liés à une

contracture excessive de la mâchoire cadrerait bien avec un réflexe nociceptif.

Si l’on s’en tient à cette définition, le JOR et l’EST ne sont pas un réflexe nociceptif puisque, dans

leurs conditions habituelles d’obtention, les périodes ES1 et ES2 sont produites par des stimuli non-

nociceptifs transmis par les afférences Aβ. Si les stimulations électriques peuvent également stimuler

les fibres Aδ, ainsi qu’en atteste leur caractère potentiellement douloureux, nous avons vu que le

temps de latence des réponses ES1 et ES2 implique une vitesse de conduction sensitive des fibres

afférentes de l’ordre de 30 à 40 m/s, incompatible avec la simple stimulation des fibres Aδ et C [43].

6 L’échelle analogique visuelle (« Visual Analogic Scale » ou « VAS ») consiste à demander au sujet d’évaluer l’intensité de

la sensation douloureuse par rapport aux extrémités d’une ligne, par exemple, de 10 cm. L’extrémité gauche de la ligne (0

cm) correspond à l’absence de toute sensation, le milieu de la ligne (5 cm) à la limite entre une sensation douloureuse et non

douloureuse et l’extrémité droite de la ligne (10 cm) à la douleur la plus forte qu’il soit possible d’imaginer.

Page 33: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

33

3.3.1.2- Absence de corrélation entre l’EST et la perception douloureuse

Un autre argument souvent cité dans la littérature en défaveur de la nature nociceptive de l’EST est

l’absence de corrélation entre cette dernière et la perception douloureuse. Cet argument nous semble

peu fondé. La notion de « nociception » doit effectivement être clairement distinguée de celle de

« douleur ». Le terme « nociception » réfère à la réception par le système nerveux central de signaux

évoqués par la stimulation de récepteurs spécifiques ou « nocicepteurs » qui le renseignent à propos

d’éventuelles lésions tissulaires. La « douleur » correspond à une perception désagréable au départ

d’une certaine région du corps. S’il est exact que, très souvent, l’activation des nocicepteurs évoque

une douleur, les deux phénomènes étant dès lors souvent corrélés, l’association n’est pas obligatoire.

La douleur implique une perception des stimuli par le cortex cérébral et il n’est dès lors pas surprenant

à cet égard que la perception douloureuse soit mieux corrélée aux potentiels évoqués corticaux – alors

que, strictement, le JOR et l’EST n’impliquent que des relais au niveau du tronc cérébral et de la

jonction cervico-bulbaire. Le JOR et l’EST ne seront donc jamais un instrument de mesure de la

perception de la douleur.

3.3.2- Le « pour »

3.3.2.1- Relations fonctionnelles entre l’EST et la douleur

Plusieurs arguments, exposés précédemment, plaident en faveur d’une interaction entre la suppression

extéroceptive de l’activité du muscle temporal et la douleur. Premièrement, nous avons vu que l’EST

pouvait également être produit par des stimulations laser stimulant sélectivement les afférences

nerveuses nociceptives Aδ et C. Deuxièmement, les expériences de douleur expérimentale ont

effectivement démontré que celle-ci modifiait les caractéristiques de ES2 (contrairement à ES1).

Troisièmement, même si l’EST n’est pas, au départ, un réflexe nociceptif, il est sous l’influence de

circuits nerveux impliqués dans la nociception ; cette influence s’effectue, d’une part, au niveau des

influx nerveux ascendants et, d’autre part, par l’intermédiaire d’un contrôle descendant d’origine

cérébrale.

3.3.2.2- Bref rappel de physiologie de la douleur

Globalement, la perception douloureuse est permise par l’arrivée au niveau du cortex cérébral d’influx

en provenance des nocicepteurs. Ces derniers, comme nous l’avons signalé, transmettent leurs

informations par l’intermédiaire des fibres Aδ et C qui se projettent sur la corne postérieure de la

moelle épinière.

Page 34: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

34

3.3.2.2.1- Interaction entre afférences nociceptives et non-nociceptives au niveau de la corne

postérieure de la moelle

Les fibres Aδ et C se projettent principalement sur les couches I, II et V des cornes postérieures de la

moelle épinière. Ces projections sont de 3 types : (1) des neurones dits « de projection » qui relaient

l’information sensorielle vers le cortex cérébral (permettant la perception consciente des stimuli), (2)

des interneurones excitateurs qui se projettent également sur les neurones « de projection » et (3) des

interneurones inhibiteurs qui se projettent également sur les neurones « de projection ». Parmi les

neurones « de projection », certains ne reçoivent leurs informations que des nocicepteurs (par

l’intermédiaire des fibres Aδ et C), d’autres reçoivent à la fois des informations en provenance des

nocicepteurs et des mécanorécepteurs (via les fibres Aβ). Ces derniers portent le nom de neurones

« wide dynamic range » ou WDR [37, 44].

Par l’intermédiaire de ces neurones WDR, des stimulations répétées des fibres C à une fréquence

supérieure à 1/3 Hz pourrait entraîner à la fois une augmentation durable de l’excitabilité de centres

dépendant des mécanorécepteurs ainsi qu’une augmentation de la perception douloureuse et

l’apparition de douleurs intolérables. Ce phénomène, connu sous le terme de « sommation

temporelle », est également responsable d’une accentuation des réflexes spinaux de retrait [42, 45].

Si l’on admet alors que l’EST est, au niveau trigéminal, soumis aux mêmes influences des influx

nociceptifs que les réflexes de retrait au niveau spinal, on doit considérer que les neurones du faisceau

spinal trigéminal partageraient les mêmes caractéristiques que les neurones spinaux WDR, à savoir

répondre par une dépolarisation prolongée à un barrage d’influx nociceptifs répétés. Une augmentation

du niveau d’excitabilité de ces neurones, produite par les influx nociceptifs, entraînerait donc une

augmentation de l’influence des fibres non-nociceptives Aβ [46].

Par ailleurs, les interneurones inhibiteurs dont il a été question ci-dessus permettent notamment aux

informations lemniscales non-nociceptives (informations relatives à la sensibilité profonde ou

« pallesthésie » - par exemple le sens vibratoire ou de position - cheminant par les fibres Aα et Aβ)

d’inhiber le transfert des informations douloureuses vers le cortex cérébral. Cette interaction est à

l’origine de la théorie connue sous le nom de « théorie du contrôle de la porte » (Wall & Melzack)

[47]. En clinique par exemple, elle justifie l’implantation de stimulateurs du cordon postérieur chez

des patients présentant des douleurs intolérables rebelles aux médicaments7.

3.3.2.2.2- Contrôle descendant d’origine cérébrale

Il ressort du paragraphe précédent que les interactions entre stimuli nociceptifs et non-nociceptifs

s’effectuent par l’intermédiaire de circuits intégrateurs situés à la fois au niveau de la moelle et de

7 Pour être complet, on devrait également signaler que des régulations analogiques de l’activité sensorielle afférente

s’effectuent également au niveau thalamique. Nous n’en parlerons pas dans cet exposé.

Page 35: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

35

centres cérébraux, par exemple le thalamus. A leur tour, ces circuits intégrateurs sont sous l’influence

de centres cérébraux susceptibles de réguler l’information nociceptive afférente et, dès lors, la

perception douloureuse. Ceci explique, par exemple, l’influence essentielle de l’état psychologique ou

du stress8 sur la perception douloureuse.

On sait depuis de nombreuses années que, chez l’animal, la stimulation électrique de la substance grise

autour du 3ème ventricule, de l’aqueduc de Sylvius ou du 4ème ventricule peut entraîner une inhibition

des voies nociceptives afférentes et, ainsi, une analgésie. On sait maintenant que cette inhibition

s’effectue au départ de la substance grise périaqueducale qui se projette sur le noyau raphé magnus et,

de là, sur les circuits neuronaux précédemment décrits dans la corne postérieure de la moelle [48].

3.3.3- L’EST peut constituer un examen utile chez les patients douloureux

Il est exact que l’EST n’est probablement pas un réflexe nociceptif ; nous avons vu par ailleurs que ses

caractéristiques quantitatives n’étaient pas étroitement corrélées à la perception douloureuse. Ceci dit,

nous savons maintenant, premièrement que les interneurones inhibiteurs, dont l’activation explique

ES2, sont sous l’influence de la substance grise périaqueducale par l’intermédiaire du noyau raphé

magnus et, deuxièmement, que l’activation de ces structures entraîne au niveau spinal une inhibition

de l’activité nociceptive afférente.

Il est raisonnable de penser que les mécanismes spinaux régulateurs des informations nociceptives

issues des nerfs somatiques peuvent être transposés au niveau des nerfs crâniens et, en particulier, des

nerfs trijumeaux. Les modulations, certes faibles, de ES2 par stimulation des nerfs médians et les

expériences de douleur expérimentale avec enregistrements au niveau des muscles trapèzes, masséters

et temporaux vont dans ce sens.

Rappelons enfin que la substance grise périaqueducale constitue l’un des sites de projection du

système limbique et du cortex cérébral, ce qui permet de rendre compte d’interactions possibles entre

émotions (ou stress) et douleur. Ces projections permettent d’expliquer l’influence mentionnée ci-

dessus des stimulations électriques ou magnétiques transcrâniennes.

Il nous apparaît donc justifié d’utiliser l’EST comme outil d’évaluation des patients présentant des

douleurs dans le territoire cranio-cervico-facial ou des désordres temporo-mandibulaires ; il importera

néanmoins de garder à l’esprit qu’il ne s’agit nullement d’une technique de mesure ou d’objectivation

de la douleur mais simplement d’un moyen de révéler d’éventuels mécanismes physiopathologiques

susceptibles d’intervenir dans le déclenchement de ces douleurs chroniques. L’utilisation de cet outil

présupposera par ailleurs l’intégrité des fibres nerveuses afférentes du nerf trijumeau.

8 Par exemple, un stress important peut entraîner une diminution de la perception douloureuse, ce qui peut s’avérer très utile

au cas où cette perception douloureuse interagirait négativement avec les stratégies de défense de l’organisme placé en

situation dangereuse. Une autre application potentielle de ce contrôle descendant est l’analgésie par hypnose.

Page 36: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

36

4. Corrélats hormonaux et pharmacologiques

La suppression extéroceptive de l’activité du muscle temporal peut être modulée par des facteurs

hormonaux ou pharmacologiques.

4.1- Modulations hormonales

La durée de ES2 est plus faible lors du 1er jour de la menstruation que lors du 15ème jour du cycle

ovarien [48]. Cependant, cette différence ne serait statistiquement significative que chez des femmes

présentant des céphalées de tension [49]. En période de menstruation, une corrélation peut être trouvée

entre la durée de ES2 et le rapport oestradiol/progestérone dans le plasma [48].

4.2- Modulations pharmacologiques

De nombreux auteurs ont utilisé l’EST pour évaluer l’effet de drogues sur le système nerveux central.

Nous présenterons dans un 1er temps l’influence de plusieurs de ces drogues sur la suppression

extéroceptive en général et la durée de ES2 en particulier. Dans un second temps, nous tenterons, à la

lumière des circuits exposés dans le paragraphe précédent, de synthétiser l’influence de ces drogues

sur base de leurs mécanismes d’action.

4.2.1- Revue systématique de l’influence de différentes drogues

La nicotine entraîne à la fois une diminution du temps de latence et de la durée de ES2 [35].

L’hypothèse est que la nicotine affaiblirait l’inhibition produite par les interneurones du tegmentum

bulbaire, probablement par l’intermédiaire du noyau raphé magnus [48].

En ce qui concerne la sérotonine, des études montrent que des antagonistes telle la méthysergide

induisent un allongement transitoire de l’ES2 temporale [35, 48]. La ritanserine, bloqueur sélectif des

récepteurs 5-HT2, n’a pas d’effet [48] ; La fluoxetine, bloqueur de la recapture de la sérotonine

diminuerait la durée de ES2 [48], une tendance identique bien que non significative fut retrouvée par

Bendtsen et coll. en 1996 [50], avec le citalopram. Globalement, il apparaît donc que les drogues qui

accroissent le tonus sérotoninergique diminuent ES2 et inversement.

Des résultats contradictoires sont obtenus avec l’aspirine qui produit un allongement de ES2 pour les

patients présentant des céphalées de tension mais réduit sa durée chez les sujets sains contrôles [51].

La morphine supprime de façon réversible l’EST chez l’animal mais le fentanyl n’a aucune influence

sur la suppression extéroceptive du masséter chez les sujets normaux.

La naloxone n’a pas d’effet sur l’ES2 temporale [48].

Page 37: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

37

Chez des sujets présentant des céphalées de tension avec diminution de la durée ES2, l’ES2 est

prolongée après administration de tizanidine, agoniste des récepteurs alpha-2. Cet effet est observé

lorsque l’intensité de stimulation est 4 fois supérieure au seuil sensitif mais pas lorsque l’intensité est

10 fois supérieure ce qui, selon Nakashima et coll., montrerait que la puissance de cette substance est,

en fait, relativement faible dans cet objectif [52]. Selon les auteurs, ces modifications de ES2

reflètent, en fin de compte, un fonctionnement accru des interneurones inhibiteurs à l’origine de ES2.

Cette substance donnerait lieu à une amélioration du fonctionnement des interneurones inhibiteur du

tronc cérébral en même temps qu’elle soulage les céphalées.

Chez des patients migraineux, le sumatriptan entraîne une augmentation des durées de ES1 entre et

durant les attaques de migraines [53] alors que les durées de ES2 ne sont augmentées que durant des

attaques de migraine. Il est difficile d’expliquer cette dissociation. Selon Göbel, il est difficile

d’admettre que le sumatriptan agisse via les fibres périphériques afférentes dans la mesure où ce sont

les mêmes fibres qui sont responsables de ES1 et ES2 et que, dès lors, une influence sur les afférences

périphériques devrait produire les mêmes changements pour ES1 et ES2, ce qui n’est pas le cas. Une

hypothèse alternative proposée par Göbel serait que l’influence du sumatriptan sur ES2 refléterait en

fait, tout comme l’aspirine dans certains cas, la diminution de l’intensité de la céphalée, argument que

l’auteur réfute sur base de l’absence de corrélation entre ES2 et douleur et que nous réfutons

également sur base du fait que ceci ne permettrait pas d’expliquer les modifications de ES1, entre et

durant les attaques de migraine. Les mécanismes de l’influence du sumatriptan ne sont donc pas clairs.

Göbel et coll. [53] ne détectent chez des patients souffrant de céphalées de tension aucune

modification de ES2 avant et après traitement par amitriptyline, bien que ces patients présentent une

amélioration de leurs céphalées. Bendtsen et coll. [54] quant à eux trouvent une diminution de la durée

de ES2 durant un traitement par amitriptyline chez des patients présentant des céphalées de tension ;

pour rappel, une tendance dans le même sens mais non significative fut trouvée avec le citalopram.

Cette influence de l’amitriptyline pourrait sembler relativement paradoxale dans la mesure où celle-ci

s’avère souvent efficace sur les céphalées de tension dont on sait par ailleurs qu’elles peuvent être

associées à une diminution de ES2 ; le paradoxe s’estompe si l’on rappelle qu’il n’y a guère de

corrélation entre ES2 et perception de la douleur. L’amitriptyline est un inhibiteur combiné de la

recapture de la sérotonine et de la noradrénaline et interagit également avec les récepteurs

adrénergiques, cholinergiques et histaminergiques. On ne connaît pas ses mécanismes précis sur les

céphalées de tension mais le rôle de la sérotonine est généralement placé au premier plan. Cette

hypothèse ne se trouve que partiellement confirmée par les présentes études [45]. Une hypothèse

alternative, basée sur le fait que la durée de ES2 diminue avec l’intensité de stimulation est que les

propriétés analgésiques de l’amitriptyline contribueraient à diminuer les influx douloureux en

provenance de la périphérie et, par voie de conséquence, seraient responsables de la réduction de ES2,

ce qui ne concorde pas avec l’observation de Göbel et coll. en 1994 [53] selon laquelle la réduction de

Page 38: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

38

ES2 n’est pas corrélée à la réduction des céphalées durant le traitement par amitriptyline. Bendtsen et

coll. [54] proposent en fin de compte l’hypothèse selon laquelle l’amitriptyline modulerait ES2 via la

neurotransmission sérotoninergique. Cette affirmation est renforcée par la corrélation existant entre les

modulations de ES2 induites par la fluoxetine et l’amitriptyline. Il laisse cependant ouverte

l’hypothèse d’une action via des mécanismes noradrénergiques (tableau 1.1).

INFLUENCE DES SUBSTANCES CHIMIQUES SUR ES2

DIMINUTION NE CHANGE RIEN AUGMENTATION

Nicotine Ritanserine Sumatriptane (sujets migraine)

Fluoxetine Naloxone Méthysergine

Aspirine (sujets sains) Acide acétylsalicylique (sujets CTH)

Amitriptyline Tizanidine (sujets CTH)

Tableau 1.1: Effets de différents agents pharmacologiques sur la durée de ES2

4.2.2- Interprétation physiopathologique

Il ressort de l’ensemble des travaux que nous venons de citer que les interneurones inhibiteurs

responsables de ES2 se situent sous l’influence à la fois de mécanismes cholinergiques nicotiniques et

sérotoninergiques qui les inhibent [34, 52] et alpha-2 adrénergiques qui les activent. Pour rappel, les

neurones sérotoninergiques et adrénergiques participent également au contrôle de la relaxation

musculaire [55]. Des études réalisées chez le chat ont effectivement montré que la tizanidine agissait

sur les interneurones du tronc cérébral et de la moelle épinière et entraînait une relaxation musculaire.

Ce sont par ailleurs des mécanismes sérotoninergiques qui sont invoqués pour expliquer l’hypotonie

musculaire lors du sommeil paradoxal.

La question fondamentale est celle de savoir si l’action de ces substances s’effectue directement au

niveau des interneurones ou indirectement par l’intermédiaire des influences cérébrales descendantes

sur ces motoneurones. On pourrait également émettre l’hypothèse d’une action directe sur les

motoneurones. Dans ce cadre, une modulation pré-synaptique des noyaux moteurs du trijumeau par la

sérotonine a été démontrée chez l’animal [56].

On sait que, d’une part, le noyau raphé magnus joue un rôle central dans le contrôle des interneurones

inhibiteurs responsables de ES2 et, d’autre part, qu’il s’agit d’un noyau sérotoninergique. L’influence

du noyau raphé magnus sur les interneurones inhibiteurs médullaires permet de rendre compte de leur

inhibition par la sérotonine et il est tentant d’étendre cette notion à l’influence du noyau raphé magnus

sur les interneurones trigéminés [48]. Dans le même cadre, les variations de l’ES2 temporale

rapportées lors du cycle ovarien pourraient s’expliquer par un effet excitateur des oestrogènes sur les

récepteurs 5-HT pré-synaptiques [49]. La différence des résultats entre certaines études peut être

Page 39: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

39

incriminée soit à la méthodologie utilisée lors de l’enregistrement et l’analyse de ES2, soit au fait que

les différents sujets étudiés réagissent différemment aux substances sérotoninergiques [54] (figure

1.8).

Le rôle des influences descendantes, corticales, limbiques et sous-corticales, sur les interneurones

inhibiteurs du tronc cérébral est également invoqué pour rendre compte des modifications de ES2

induites par les mécanismes nicotiniques et alpha-2 noradrénergiques.

Globalement, l’EST se présente comme un outil non-invasif intéressant surtout dans l’étude de la

neurotransmission sérotoninergique au sein du système nerveux central [54]. Cependant, vu la

complexité des voies nerveuses investiguées, des études ultérieures s’avèrent indispensables pour

préciser davantage les autres mécanismes impliqués dans le domaine de la neurotransmission [57].

Figure 1.8 : Schéma des effets des agents pharmacologiques sur la durée de ES2

AGENTS

PHARMACOLOGIQUES

AUGMENTATION DU NIVEAU DE SEROTONINE

DIMINUTION DU NIVEAU DE SEROTONINE

(Blocage des récepteurs sérotoninergiques)

DIMINUTION DE ES2

AUGMENTATION DE ES2

Page 40: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

40

5- L’EST en clinique neurologique

De nombreuses pathologies sont investiguées par l’examen de la suppression extéroceptive.

Nous détaillerons ces différentes études dans la partie suivante. Nous présenterons ici les mécanismes

physiopathologiques responsables d’une modulation de la suppression extéroceptive dans le cadre de

ces pathologies.

5.1- Les céphalées de tension

En 1987, Schoenen montre que, dans le cadre de céphalées de tension, il y a une activation insuffisante

ou une inhibition excessive des interneurones inhibiteurs des motoneurones trigéminés, responsable

d’une diminution de la durée de ES2 [58] (figure 1.9).

Selon cet auteur, la période ES2 représenterait ainsi une interface entre les facteurs psychologiques et

myogènes et sa diminution reflèterait un déficit dans les mécanismes du contrôle de la douleur. Cette

découverte fut confirmée par de nombreux groupes [35, 59, 60]. En clinique, les céphalées de tension

épisodiques (« Episodic Tension Headache » ou ETH) sont difficiles à distinguer des migraines sans

aura [61]. En effet, certains des patients souffrant de ETH présentent des symptômes retrouvés lors de

migraines tels que nausées ou photophobie. En ce qui concerne ES2, les ETH se situeraient entre les

sujets contrôle et les céphalées de tension chronique [62]. Ceci est par ailleurs confirmé par des études

de flux sanguin utilisant le doppler transcrânien [63].

De nombreuses études de groupes ont par ailleurs démontré l’absence de corrélation entre les

caractéristiques de ES2 et la présence de céphalées le jour de l’examen [49, 64]. Au niveau individuel

également, les caractéristiques de ES2 sont les mêmes selon que l’examen est réalisé un jour où le

patient présente ou ne présente pas de céphalées [65].

Il persiste un débat quant à la présence d’anomalies de ES2 chez les patients présentant des céphalées

de tension chroniques (« Chronic Tension Headache » ou CTH). Ainsi, de récentes études en double

aveugle par Zwart et Sand en 1995, Lipchik et coll. en 1997 ainsi que Schoenen et Bendtsen en 2000

[66, 67, 68] montreraient l’absence de différence significative.

Une réponse à ce débat pourrait se situer dans les techniques de sensibilisation du test. Premièrement,

la diminution de ES2 chez les sujets CTH serait beaucoup plus prononcée si l’on réalise un

conditionnement cutané avant la mesure du réflexe [61]. Deuxièmement, si Wang et Schoenen ne

trouvent pas de différence entre leur groupe contrôle et leur groupe ETH, plus de la moitié des sujets

ETH avec une ES2 normale présentent une absence de ES2 après stimulation de l’index à une intensité

supérieure à 20mA [61]. Ce phénomène n’est pas observé chez les sujets contrôle et seulement dans

Page 41: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

41

2% des cas chez les sujets migraineux. Leurs résultats ne permettent pas de conclusions directes

maissur base de leurs données, les auteurs proposent de sensibiliser les tests en intégrant à l’examen

EST une stimulation de 20mA au niveau de l’index. En effet, celle-ci est tolérée par la plupart des

sujets sains et pourrait augmenter le champ de diagnostic des ETH. [61]

Figure 1.9 : Exemple de tracé EMG montrant la diminution de l’ES2 pour un sujet CTH (B) par rapport à un sujet sain (A)

5.2- Les migraines

De nombreux auteurs ont étudié l’examen de la suppression extéroceptive dans le cadre de migraines

sans aura [35, 58, 59, 69] et dans le cadre d’algies vasculaires de la face (« cluster headaches ») [69].

Tous s’accordent à dire qu’il n’y aucune diminution significative de ES2 pour ces deux populations.

De plus, après stimulation de l’index à une intensité supérieure à 20mA, Wang et Schoenen [61] ne

trouvent qu’une absence de ES2 pour seulement 2% des sujets migraineux. Toutefois, les céphalées

durant la menstruation, classiquement considérées comme migraineuses, sont accompagnées d’une

légère diminution de ES2 [70].

5.3- Les céphalées cervicogéniques

L’ES2 présente un intérêt potentiel dans le cadre de céphalées cervicogéniques [66] étant donné que la

convergence des influx sensoriels issus des racines spinales et trigéminales sur les neurones de second

ordre des noyaux du nerf V situés dans la moelle cervicale (ou « Principe de Kerr ») implique qu’une

douleur cervicale peut moduler les activités nerveuses dans les voies trigéminales et induire ainsi une

douleur dans une aire cutanée innervée par le trijumeau [71, 72]. Ceci constitue l’une des hypothèses

explicatives des céphalées cervicogéniques. Pour rappel, les travaux ultérieurs qui seront consacrés à

l’influence sur ES2 d’une douleur expérimentale induite dans le muscle trapèze apportent également

des arguments en faveur de l’utilité potentielle de l’EST dans ces situations.

ES1 | ES2 ES1 | ES2

Page 42: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

42

Cependant, Zwart et Sand ne trouvent pas de différence pour ES2 entre leurs groupes de patients

présentant des céphalées cervicogéniques ou d’autres natures (migraines, CTH) [66], ce qui les mène à

remettre partiellement en question l’utilité diagnostique de ES2 dans ces pathologies. Néanmoins, ils

démontrent également une relation inverse entre la durée de ES2 et l’ancienneté des céphalées,

suggérant ainsi un effet d’ancienneté de la pathologie pour expliquer la divergence entre leur étude et

les nombreuses autres études antérieures déjà citées.

5.4- Les céphalées post-traumatiques

Récemment, des études des réflexes inhibiteurs de l’activité du muscle temporal chez les patients

présentant des céphalées primaires aiguës suite à un traumatisme de type « coup du lapin » (whiplash)

ont démontré que ES2 était diminué dans ce groupe par comparaison à des céphalées primaires de type

CTH [64]. Dans le même sens, Keidel démontre une corrélation négative très significative entre

l’intensité d’une douleur aiguë post-traumatique et la durée de ES2, dans le sens où une douleur

importante est en relation avec une diminution de ES2. Ces observations sont interprétées en

considérant que c’est la douleur elle-même qui constituerait le facteur influençant la diminution de

ES2. Ceci va dans le même sens que les publications récentes montrant une diminution de ES2 par un

conditionnement au moyen de stimulations douloureuses [73], par une douleur expérimentale dans le

muscle masséter ou trapèze [36] ou par une stimulation thermique douloureuse [74, 75].

Deux types de mécanismes, primaires et secondaires, peuvent être invoqués a priori pour rendre

compte des modifications de ES2 dans les céphalées post-whiplash. Les mécanismes primaires sont les

mêmes que ceux des céphalées cervicogéniques, à savoir une augmentation des influx proprioceptifs

afférents cheminant via les fibres Aβ des muscles de la nuque et nociceptifs cheminant via les fibres

Aδ et C, laquelle entraînerait une facilitation du noyau moteur trigéminal au départ d’une activation du

système réticulaire latéral [36]. En d’autres termes, ce mécanisme primaire fait appel à une

exagération des influx nociceptifs liée au traumatisme local. Les mécanismes secondaires ne seraient

pas spécifiques des douleurs post-whiplash mais seraient en fait identiques à ceux rencontrés dans les

autres céphalées symptomatiques, en particulier de type CTH ou post-traumatiques, lesquelles peuvent

effectivement, comme signalé plus haut, être également associées à une diminution de ES2 [64].

Dans cette perspective, il semble que les phénomènes décrits ci-dessus relèvent bien des céphalées et

non du contexte psychiatrique dans lequel s’inscrivent fréquemment les patients présentant un

syndrome post-commotionnel. Effectivement, une étude de la modulation de ES2 en fonction de l’état

de bien-être [62], étude contrôlant les variables psychologiques au moyen d’une échelle visuelle

analogique (VAS), montre l’absence de corrélations entre la VAS et la durée de ES2, suggérant ainsi

que la diminution de ES2 dans le cadre de céphalées primaires n’est pas liée aux facteurs

psychologiques concomitants. Ceci va dans le même sens qu’une autre étude précédente qui n’avait

pas démontré d’effets modulatoires significatifs d’exercices mentaux sur ES2 [76]. Ceci dit, vu

Page 43: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

43

l’influence sur les céphalées post-traumatiques (comme sur les céphalées de tension) de facteurs

psychologiques, en particulier émotionnels, ou psychiatriques (dépression, anxiété), il est tentant de

spéculer que les interneurones responsables de ES2 puissent également être excessivement inhibés par

des modifications des influx nerveux au départ des structures limbiques [48].

5.5- La maladie de Parkinson

Dans la même ligne, Nakashima et coll. [77] ont étudié la suppression extéroceptive chez des sujets

parkinsoniens. Ils trouvent une ES1 normale et une ES2 diminuée par rapport à la normale. Ces

résultats confirment d’autres études. Alfonsi et coll. [78] ont également démontré une tendance non

significative à la diminution de ES2 chez les sujets parkinsoniens. Nakashima et coll. expliquent cette

différence par la méthodologie utilisée et par le faible nombre de sujets (7 dans l’étude d’Alfonsi et

coll. contre 23 dans leur étude). Cette diminution de ES2 est corrélée à la sévérité des symptômes

cliniques, particulièrement à la rigidité de la nuque [77]. Les auteurs considèrent que les projections

des ganglions de la base concerneraient les interneurones médiatisant ES2 et non ES1. Cette

observation s’inscrit dans un cadre plus général, à savoir que la plupart des systèmes de contrôle des

réflexes du tronc cérébral sont anormaux chez les patients parkinsoniens [77, 78, 79], les anomalies

étant en rapport avec des altérations de fonctionnement de la formation réticulaire. Ainsi, la

diminution de ES2 chez le parkinsonien reflèterait une diminution du système inhibiteur de la

formation réticulaire et une incapacité à relâcher les muscles de la face. La diminution de ES2

proviendrait ainsi d’un manque de relaxation musculaire parallèle à l’augmentation du tonus.

5.6- Le torticolis spasmodique

La suppression extéroceptive du muscle sterno-cléido-mastoïdien (SCM) par une stimulation du nerf

sus-orbitaire est diminuée dans les torticolis spasmodiques [80]. Comme dans la maladie de Parkinson,

des perturbations au niveau des ganglions de la base pourraient être à l’origine d’hémidystonies (dont

fait partie le torticolis spasmodique) [81]. Bien que la genèse de ces torticolis spasmodiques ne soit

pas clairement établie, il semble effectivement que ceux-ci, à l’instar d’autres hémidystonies comme,

par exemple des blépharospasmes ou des hémidystonies oro-mandibulaires, puissent survenir suite à

un déficit fonctionnel unilatéral des ganglions de la base [82].

5.7- Synthèse

Cette revue des modifications de ES2 dans différentes pathologies, en particulier douloureuses,

débouche sur un constat en demi-teinte. D’une part, les mécanismes physiopathologiques associés à

ces pathologies concernent des structures nerveuses impliquées dans la genèse et la modulation de

l’EST, en particulier de ES2, ce qui laisse entrevoir son utilité potentielle dans l’évaluation de ces

pathologies. Le nombre important d’étude montrant, effectivement, des modifications de ES2

confirme cette impression. D’autre part et par contre, il persiste des doutes quant à la sensibilité et à la

Page 44: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

44

spécificité de la méthode pour les études individuelles, au moins deux facteurs étant susceptibles de

rendre compte des divergences : des facteurs méthodologiques liés à la stimulation, à l’enregistrement

ou aux méthodes d’analyse et l’utilisation de techniques trop peu sensibles, justifiant les propositions

de tests visant à sensibiliser la méthode. Comme nous le verrons, ce constat justifiera partiellement nos

choix méthodologiques à l’occasion de notre travail.

6- Analyse des méthodologies d’examen de la suppression

exteroceptive

Nous présentons dans notre annexeCD Rom, la revue chronologique de la littérature sur la

suppression extéroceptive et les différentes méthodologies rapportées (annexeCD Rom 1.1). Nous

présenterons pour chaque étude : la ou les populations étudiées, les paramètres de stimulation, les

paramètres d’enregistrement, la méthode utilisée pour déterminer les deux périodes de suppression et

les résultats obtenus. Les éléments importants dans les paramètres de stimulation sont l’intensité (mA),

la durée de la stimulation (msec), le nombre de stimulations, la localisation de la stimulation, le côté

de la stimulation et le type de stimulation. Au niveau des paramètres d’enregistrement, il faut tenir

compte du muscle pour lequel la réponse est enregistrée, du côté de l’enregistrement et des électrodes

utilisées. Il y a plusieurs méthodes pour déterminer les deux périodes de suppression extéroceptive.

Enfin, cette présentation se fera sous forme chronologique afin de mieux comprendre l’évolution des

recherches sur l’examen de la suppression extéroceptive. Différentes populations ont été étudiées dans

la littérature : populations saines et populations pathologiques. [35, 36, 37, 38, 42, 51, 52, 53, 54, 58,

59, 60, 61, 64, 65, 66, 67, 73, 77, 78, 80, 82, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101]

Page 45: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

45

7- Conclusions

Au terme de cette revue théorique, nous souhaitons justifier notre choix de l’EST en tant qu’outil de

mesure des désordres temporo-mandibulaires et quelques principes directeurs de notre étude.

7.1- Intérêt potentiel de la suppression extéroceptive dans les études de la douleur

Il est clair que, même si, en tant que telle, elle ne constitue pas un réflexe nociceptif, l’EST est

modulée par la douleur expérimentale. Dans la mesure où les circuits impliqués relèvent du nerf

trijumeau, elle constitue dès lors une méthode de choix pour l’étude des douleurs rentrant dans le cadre

des désordres temporo-mandibulaires. Elle devrait permettre une meilleure compréhension des

troubles associés de la neurotransmission (sérotonine, substance P, endorphines) ou liés à une

hyperactivité musculaire. Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, l’étude de l’EST permet de

poser des questions à propos des mécanismes sous-jacents à la douleur aux niveaux tissulaire,

cellulaire et moléculaire. Toute amélioration de nos connaissances dans ce domaine devrait permettre

de mieux gérer les céphalées de tension chroniques et autres douleurs myofasciales (figure 1.10).

Figure 1.10 : Les qualités théoriques de EST

QUALITES

DE EST

* AGE

* TENSION DES MUSCLES

PERICRANIENS

* FREQUENCE ET DUREE

DES CEPHALEES

* INTENSITE DE LA

DOULEUR

* SEUIL DOULOUREUX DE

LA STIMULATION

PAS

COORELEE

OUTIL POUR

ETUDE DES NEURO-

TRANSMETTEURS

DIAGNOSTIC CTH & HYPERACTIVITES

MUSCULAIRES

INVESTIGATIONS DU CONTROLE

CENTRAL DE LA DOULEUR

INTERFACE FACTEURS MYOGENES

FACTEURS PSYCHOGENES

Page 46: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

46

Ces propriétés de l’EST justifient les trois intérêts cliniques majeurs soulignés par la littérature en

neurologie : céphalées de tension chroniques [83], neuropathie sensorielle du trijumeau [84], en

médecine physique : céphalées cervicogéniques, troubles de la nuque [66] et en stomatologie : étude

des désordres temporo-mandibulaires (DTM), recherche d’une éventuelle origine centrale des

hyperactivités musculaires chez les sujets présentant des DTM [85] (figure 1.11).

Figure 1. 11 : Les trois domaines cliniques majeurs dans l’application de l’EST

7.2- Limitations potentielles de l’EST

Une limitation ancienne de l’EST relevait de la standardisation des paramètres de stimulation et

d’enregistrement (figure 1.12).

Les travaux de Schoenen et Göbel [86] ont largement contribué à l’établissement d’un consensus.

L’autre limitation de l’EST en tant qu’outil clinique potentiel est son importante variabilité intra- et

interindividuelle liée, d’une part, à des facteurs intrinsèques au patient (status hormonal,

INTERETS CLINIQUES

DE

L’EXAMEN EST

NEUROLOGIE

MEDECINE PHYSIQUE

STOMATOLOGIE

• CEPHALEES • PARKINSON • ETUDE DES NEUROTRANSMETTEURS • ETUDE DU CONTROLE CENTRAL DE LA DOULEUR

• ETUDE DE L’ORIGINE CENTRALE DES HYPERACTIVITES MUSCULAIRES DE DESORDRE TEMPORO-MANDIBULAIRE.

• CEPHALEES CERVICOGENIQUES, • CEPHALEES POST-TRAUMATIQUES

Page 47: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

47

sensibilisation à la douleur, tensions musculaires, profil psychologique) et, d’autre part, à la

subjectivité de l’examinateur lorsqu’il doit déterminer manuellement ses paramètres [87].

Figure 1.12 : Standardisation des paramètres de stimulation et d’enregistrement de l’EST

7.3- Orientation de notre travail Sur base de ce qui précède, nous avons décidé d’utiliser l’EST comme outil de mesure en nous basant

sur la méthodologie standardisée de Schoenen et Göbel [86].

En vue d’éviter tout biais lié à l’examinateur, toutes les analyses furent réalisées après mise au point

initiale d’un outil informatique d’analyse des durées, temps de latence et niveaux d’atténuation.

Toutes nos études s’effectuent avec des critères d’inclusion stricts visant à minimiser l’influence des

variations d’origine intrinsèque (figure 1.13).

STANDARDISATION

DES

PARAMETRES

1- DE STIMULATION 2- D’ENREGISTREMENT

• TYPE • MODALITE • INTENSITE • LOCALISATION • FREQUENCE • AUTOMATIQUE OU MANUELLE • CONTROLE DE LA CONTRACTION

MUSCULAIRE (FEEDBACK)

• PLACEMENT DES ELECTRODES • FILTRAGE • MOYENNAGE • REDRESSEMMENT • AUTOMATIQUE OU MANUEL

DES COURBES

Page 48: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

48

Enfin, nos études s’intéresseront à l’ensemble des groupes homogènes ayant suscité un intérêt

clinique : céphalées de tension ou migraineuses, céphalées cervicogéniques et les désordres temporo-

mandibulaires.

Figure 1.13 : Homogénéité des groupes d’étude

GROUPES D’ETUDE

HOMOGENES

CRITERES D’INCLUSION ET

D’EXCLUSION CLAIRS

ET PLURIDISIPLINAIRE

NOMBRE

SUFFISANT

ETRE ATTENTIF A L’ETAT

PSYCHOLOGIQUE

CONSIDERER LES CARACTERISTIQUES

DE LA DOULEUR

ETUDE PROSPECTIVE EN

DOUBLE AVEUGLE

POUR LES POPULATIONS :

• PATHOLOGIQUES • TEMOINS

• INTENSITE • DUREE • LOCALISATION

Page 49: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

49

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Page 59: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

59

CHAPITRE 2

TECHNIQUE ELECTROPHYSIOLOGIQUE

DE LA SUPPRESSION EXTEROCEPTIVE

DU MUSCLE TEMPORAL (EST)

Page 60: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

60

Chapitre 2 : Technique électrophysiologique de la suppression

extéroceptive du muscle temporal (EST).

1- INTRODUCTION

Nous avons vu qu’il y avait un manque de standardisation dans les études sur la suppression

extéroceptive du muscle temporal. Il est indispensable de pallier ce manque de standardisation pour

permettre une meilleure progression de la recherche. Ainsi, nous avons mis au point une méthode

originale qui intervient sur les deux facteurs de standardisation : les paramètres de stimulation et

d’enregistrement et la détermination de ES1 et ES2. Dans cette partie, nous avons élaboré une

méthode automatique informatisée permettant d’identifier précisément les deux périodes de

suppression. Nous avons appliqué cette méthode à une population de sujets sains, répondant à des

critères d’inclusion et d’exclusion pluridisciplinaires.

2- MATERIEL ET METHODE

Nous présentons dans cette partie la méthodologie technique que nous avons utilisée pour

l’ensemble de nos études.

Page 61: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

61

2.1- Protocole expérimental

2.1.1- Population

La population contrôle est composée de 79 volontaires sains (40 femmes et 39 hommes), âgés

de 16 à 55 ans (moyenne 31.9 ans ± 9.6). Sont exclus de la population saine [1, 2, 3, 4, 5] les sujets

présentant : des céphalées habituelles, des douleurs cervicales, la prise de médications anti-

inflammatoires, anti-dépressives ou analgésiques depuis 3 jours, des parafonctions orales, une prothèse

dentaire amovible ou une édentation postérieure non compensée par une prothèse fixe. Les sujets

féminins en période de menstruation et les femmes enceintes sont également exclus de la population

[2, 6, 7, 8].

2.1.2- Organisation des examens

Au début de chaque séance, les sujets sont invités à remplir un questionnaire détaillé [Annexe

2.1]. Les sujets sont placés en décubitus dorsal, la tête légèrement relevée (angle de 15°). Ils subissent

2 examens. Lors d’une première séance, nous enregistrons les valeurs des durées et des latences pour

ES1 et ES2 (examen 1). Les sujets sont conviés à revenir 7 jours plus tard. Lors d’une deuxième

séance, nous enregistrons les valeurs de ES1 et de ES2 (examen 2) comme nous l’avons fait lors de la

première séance, afin de déterminer les éventuelles variabilités intra-individuelles. Pour chaque

examen, nous mesurons les temps de latence et les durées de ES1 et de ES2 à différents pourcentage

d’atténuation d’activité EMG (figure 2.1).

Figure 2.1 : organisation de l’expérimentation

POPULATION CONTROLE =

79 SUJETS SAINS

Ière

SEANCE

DETERMINATION DE :

ES1 & ES2

IIème SEANCE

DETERMINATION DE :

ES1 & ES2

+ 7 JOURS

Page 62: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

62

--++ -

+

-+

P a t h f i n d e r I N ic o le t

0 2000 40000

200

400

600

800

1000EMG Droit

0 2000 40000

200

400

600

800

1000EMG Gauche

2.2- Examen de la suppression extéroceptive du muscle temporal (E.S.T.)

Tous les enregistrements sont réalisés à l’Unité d'explorations électrophysiologiques du

système nerveux (Prof. J.-M. GUERIT), des Cliniques Universitaires Saint Luc.

2.2.1- Matériel utilisé

Pour déclencher les stimulations électriques, nous utilisons un appareil Pathfinder I Nicolet

Biomédical. Les enregistrements sont réalisés au moyen de 6 électrodes de surface Ag/AgCl

autocollantes, dont 2 de masse, disposées au niveau des muscles temporaux antérieurs droit et gauche.

Les 2 canaux (droit et gauche) sont utilisés à 30-3000 Hz et 1 mV/div [9]. Le temps d’analyse est de

160 msec, dont 20 msec de préstimulation. L’échantillonnage se fait à 25000 Hz (4096 points), la

bande passante (filtre) des amplificateurs est de 20 à 5000 Hz et le gain est de 1000 (1mv/div.)

(figure 2.2). Il y a un biofeedback visuel et auditif.

Figure 2.2 : Schéma du matériel utilisé

2.2.2- Méthode de stimulation et d’enregistrement

Les électrodes d'enregistrement sont placées sur les muscles temporaux antérieurs droit et

gauche, en arrière des jonctions fronto-malaires, tandis que les électrodes de référence sont placées en

avant des lobes des oreilles droite et gauche.

Nous demandons au sujet de mordre le plus fort possible sur ses dents et nous envoyons une

stimulation augmentée progressivement de 0,2 mA à 20 mA au niveau de la commissure labiale.

Toutes les 10 secondes, une nouvelle stimulation est envoyée jusqu'à atteindre 16 stimulations de 20

mA.

Electrodes d’enregistrement : Le muscle temporal antérieur Electrodes de référence :

Biofeedback

Page 63: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

63

Les stimulations sont alternées (gauche et droite) et sont administrées avec une intensité de 20

mA, une durée de 0.2 msec et une fréquence de 0.1 Hz. Etant donné la difficulté de maintenir un

serrement maximal des dents durant une centaine de secondes, les sujets sont invités à relâcher la

contraction musculaire 2 secondes après la stimulation et à contracter de nouveau, sur avertissement,

2 secondes avant la stimulation suivante. Les stimulations sont effectuées sur les territoires

d’innervation des nerfs trijumeaux droit et gauche. Elles sont déclenchées manuellement par

l’expérimentateur en fonction de l’activité EMG. Les sujets bénéficient d’un feedback par boucle

rétroactive visuelle et acoustique de l’EMG : ces contrôles sont vite apparus indispensables car ils

permettent à l’expérimentateur de contrôler la bonne contraction musculaire c'est-à-dire au moins 100

µvolte bilatéralement avant d’envoyer la stimulation. De plus, ils permettent une bonne relaxation

entre les stimulations et limitent la présence d’artefacts extérieurs qui nuisent à une bonne ligne de

base. Enfin, ils aident le patient à comprendre ce qu’on lui demande.

2.2.3- Méthode d’analyse technique

Pour les enregistrements, nous avons suivi au début de cette étude le programme standard de

stimulation préconisé par J. SCHOENEN et H. GÖBEL [9].Pour améliorer la qualité de l’examen,

nous réalisons un programme d’enregistrement beaucoup plus sophistiqué avec 16 acquisitions

bilatérales et des stimulations péri-orales alternées gauche et droite. Dans le cas de notre application,

nous avons enregistré une activité EMG filtrée analogiquement de 30 à 3000 Hertz (Hz). Afin

d'additionner les différentes acquisitions, nous devons prendre les valeurs absolues des points de

chaque courbe. Cela équivaut à un redressement double alternance et à un signal qui pourra monter

jusqu'à 6000 Hz. Nous allons travailler confortablement avec une fréquence d'échantillonnage

quadruple à la fréquence maximale du signal, soit 25000 Hz. (figure 2.3)

Page 64: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

64

Suite à l’enregistrement de ces acquisitions bilatérales, nous faisons successivement les phases

suivantes (figure 2.4) : - Phase 1 : séparation des tracés obtenus en temporal G et D

- Phase 2 : superposition des tracés

- Phase 3 : redressement des tracés

- Phase 4 : moyennage des tracés

- Phase 5 : lissage par médiane des tracés

- Phase 6 : mise en évidence de la diminution progressive de

l’EMG à 50% / 60% / 70% / 75% et 80% par rapport à l’activité EMG préstimulus.

Nous avons choisi le terme de degré de suppression pour représenter les différents pourcentages

d’atténuation de l’activité EMG.

Figure 2.3 : 16 acquisitions bilatérales, temps d’analyse = 160 msec, dont 20 msec avant la stimulation

Stimulation

140 - 20 0

100 50

temps en ms

-20

Page 65: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

65

Toutes ces phases sont décrites et expliquées avec les détails de la méthode de sélection des

courbes ainsi que de la méthode de traitement des courbes.

Figure 2.4 : Analyse des données

A : Tracés EMG enregistrés et les courbes superposées (phase 2).

B : Les mêmes enregistrements après redressement des tracés (phase 3) et moyennage (phase 4), lissage

par médiane (phase 5) et détermination des pourcentages d’atténuation.

B

A

ES1 ES2

�Volts

mVolts

EMG après lissage par médiane

EMG brut

10 0 %

50 %

25 %

Page 66: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

66

2.2.4- Méthode de sélection des courbes

Les courbes sont sélectionnées automatiquement sur la machine d’acquisition avec des logiciels en

Fortran 77 selon 3 critères :

• celles qui ont la plus importante activité EMG préstimulation,

• celles au niveau desquelles, après la deuxième période ES2, persistent au minimum 80%

de l’activité EMG préstimulation (> à 100 msec)

• celles au niveau desquelles les activités musculaires droites et gauches respectant les deux

premiers critères (Figure 2.5).

Autrement dit, les courbes sont sélectionnées automatiquement selon trois critères principaux :

l'activité EMG préstimulation, l'activité EMG après la période ES2 et l'activité EMG droite et gauche.

a- L'activité EMG préstimulation

L'activité EMG préstimulation (EMGpré) est l'activité moyenne calculée sur les points

précédant la stimulation au temps 0. Les courbes retenues sont redressées et additionnées. Le

redressement des courbes est classique dans le moyennage d'activités EMG enregistrées avec des

électrodes de surface. En effet, un moyennage aurait pour effet de réduire l’amplitude de l'activité

EMG de chaque courbe, du fait de la présence aléatoire de positivités et de négativités. Il faut donc

prendre la valeur absolue des points. Celle-ci est calculée pour chaque courbe n.

Supposons que l’EMG préstimulation soit calculé sur N points d’échantillonnage précédant la

survenue de la stimulation, la valeur de l’EMG préstimulation est donnée par la formule 1 dans

laquelle l’indice i varie de –N à -1 et V(i) correspond à l’amplitude de la courbe redressée pour le

point d’échantillonnage –i.

Formule 1

La première courbe est systématiquement rejetée. Nous disposons donc de (16-1) = 15 valeurs

de l’EMG préstimulation. Leur moyenne est donnée par la formule 2 dans laquelle EMGpré j

correspond à la valeur de EMGpré pour la jème courbe et leur écart type par la formule 3.

EMG pré

1

N V

i= -N

i= -1

i

Page 67: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

67

Formule 2 : Moyenne

Formule 3 : Ecart-type

Les courbes présentant les 10 meilleures activités EMG sont retenues.

b- L'activité EMG après la période ES2

L'activité EMG moyenne est calculée sur les points au-delà de 100 ms après la stimulation

jusqu'à la fin des courbes. Pour chaque courbe, celle-ci est calculée au moyen de la formule 4.

Formule 4

Des courbes sélectionnées auparavant, nous retenons celles qui reprennent au moins 80 % de

leur activité préstimulation.

s 1

15

16

pré

2

EMG post

1

164 i=492

i=655

t

EMG pré

1

15 i= 2

j= 16 � EMG

Pré j

EMGj= 2

EMG

pré

� EMG

Pré j

iv

Page 68: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

68

c- L'activité EMG droite et gauche

Finalement, nous retenons les courbes qui sont satisfaisantes selon les deux premiers

principes pour la droite et pour la gauche (figure 2.5).

Figure 2.5 : Exemples de tracés gauches et droits sélectionnés

2.2.5- Méthode de traitement des courbes

Les différents traitements sont constitués des différentes étapes suivantes : le grand

moyennage, le lissage par médiane et la détermination des points de coupure. Le traitement décrit ci-

après s'applique pour les activités EMG droites et gauches. Cette quantification se réalise sur un

ordinateur avec un programme conçu à l’aide du logiciel Mathcad 7 Pro de Mathsoft.

a- le grand moyennage (figure 2.6): Nous disposons de 10 courbes Cj avec j=1,…,10 et chaque

courbe Cj est constituée 656 points d’échantillonnage (4096 points/sec pour une durée de 160 ms). Soit

Cij (i=0,…,655) le ième point de la courbe j.

Chacune des 10 courbes est tout d’abord redressée, ce qui consiste à remplacer chaque Cij par sa

valeur absolueCij ; nous obtenons ainsi une courbe Cj constituée par la suite des points Cij.

0 2000 40000

200

400

600

800

1000E M G D ro i t

0 2000 40000

200

400

600

800

1000E M G G a uc h e

Page 69: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

69

La grande moyenne consiste à créer une courbe C dont chaque point Ci est donné par la formule 5.

Formule 5

Figure 2.6 : Le grand moyennage

b- le lissage (figure 2.9, 2.10): les courbes sont filtrées par lissage des médianes. Cette

fonction utilise une médiane cumulée comme outil de lissage. Pour rappel, la médiane est un

paramètre statistique qui, comme la moyenne arithmétique, constitue une valeur centrale d'une série.

Mais contrairement à la moyenne, elle n'est pas liée à la valeur numérique des observations et n'est pas

influencée par des valeurs extrêmes ou aberrantes. Supposons que l’on effectue 2N+1 observations ;

ces N+1 observations sont rangées, par exemple, en ordre croissant. La médiane est la valeur telle que

le nombre d'observations de la série ordonnée qui la précède (N observations) est égal au nombre

d'observations qui la suive (N observations également).

Ci 1

10 j = 1

10

Cij

Page 70: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

70

Dans notre travail, nous avons opté pour une valeur de N=3 : chaque point Ci est remplacé par

la médiane des 7 points qui l’entourent, soient les points Ci-3 à Ci+3. Ce calcul nous permet de

transformer la courbe C en une courbe lissée, soit CL. Nous calculons alors la « courbe résiduelle »,

soit CR cette courbe, en soustrayant CL de C. La courbe CR est alors lissée de la manière que la courbe

C, fournissant une «courbe résiduelle lissée», soit CRL. «La courbe finale lissée», soit CF est donnée

par la somme CL+CRL (figure 2.7).

Figure 2.7 : Différentes étapes de lissage

A noter que nous avions essayé d’autres algorithmes de filtrage, énumérés dans la figure 2.8.

Notre choix s’est finalement porté sur le lissage par médiane dans la mesure où ce dernier fournissait

le meilleurs compromis entre une suppression des composantes rapides, parasites de l’EMG et le

maintien des transitions brusques des périodes ES1 et ES2.

no n liss ém édian e cu m uléeré siduré sidu li ssélissé

mse c

Courbe C

Courbe CL

Courbe CR

Courbe CRL

Courbe CF

Page 71: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

71

Figure 2.8 : Différents types de lissage

Figure 2.9 : Courbe lissée Figure 2.10 : Courbe après lissage par médiane

0

0 50 100

ondelettemédianemoyenne localemoyenne mobilefftlissage exponentielleoriginal

msec

mV

olt

original

médiane

Page 72: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

72

c- La détermination des points de coupure : nous calculons la valeur de l'activité EMG

préstimulation de cette courbe lissée. Nous établissons ensuite des lignes de référence correspondant à

100%, 50%, 40%, 30%, 25% et 20% de cette valeur moyenne. Nous recherchons les points de coupure

de la courbe avec ces différentes lignes.

En résumé, la figure 2.11 montre les trois étapes de méthode de traitement des courbes qui se réalise

automatiquement à l’aide de notre logiciel informatique.

Figure 2.11 : Détermination des différents degrés de suppression

Les points de coupure étant trouvés, la durée de ES1 et de ES2 est calculée : la figure 2.12 reprend et

récapitule la méthodologie de stimulation et d’enregistrement.

0 50 100 0

500

1000

1500

2000

Courbe brute

Courbe lissée

0 degré

50 degrés 60 degrés

70 degrés 75 degrés 80 degrés

ms

µV

Exemple de tracé EMG

montrant la diminution

progressive de l’activité, à

différents degrés de

suppression par rapport à

l’activité EMG

préstimulation. Les lignes

correspondent à différents

pourcentages d’atténuations

d’activité EMG en différents

degrés de suppression : 50,

60, 70, 75, et 80 degrés de

suppression.

Page 73: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

73

--++ -

+

-+

* B il a t e r a l s t im u la t i o n ( V )

A l t e r n a t e d : 2 0 m A

* B il a t é r a l r e c o r d in g

P a th f i n d e r I N ic o le t o rd i n a te u r im p r i m a n te

0

20 10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 14040

35

30

25

20

15

10

5

0

5

10

15

20

25

30

35

406 tracés consécutifs

mV

olt

0 2000 40000

200

400

600

800

1000EMG Droit

0 2000 40000

200

400

600

800

1000EMG Gauche

Mesure automatique des paramètresMesure automatique des paramètres

0

20 0 20 40 60 80 100 120 1400

256

512

768

EMG filtréEMG brut100%50%25%

droit

0

20 0 20 40 60 80 100 120 1400

256

512

768

EMG filtreEMG brut100%50%25%

gauche

valeurs pour 5 pourcentages d'atténuation (50%,60%,70%,75%,80%).

latence :ES1 ES2

debut fin debut fin

ES1 ES2

debut fin debut fin

50%60%70%75%80%

LATENCEd

12.3

12.6

12.9

13.2

13.8

32.4

28.8

27.9

27.6

26.9

47.1

49.9

52.2

54.5

55.8

93.4

90.9

90.3

89.5

85.3

= LATENCEg

10.9

12.2

12.5

12.8

13.8

32.6

31.5

31.2

31.0

30.6

48.1

49.7

53.0

53.8

54.5

90.0

89.2

87.7

87.0

86.0

=

durée :

ES1 ES2 EStot ES1 ES2 EStot

50%60%70%75%80%

DUREEd

20.1

16.2

15.0

14.4

13.1

46.4

41.0

38.1

35.0

29.5

81.1

78.3

77.4

76.3

71.4

= DUREEg

21.8

19.3

18.8

18.1

16.8

41.9

39.5

34.7

33.2

31.5

79.2

77.0

75.2

74.2

72.2

=

100100

5050

7575

50 degrés50 degrés

60 degrés60 degrés

70 degrés70 degrés

75 degrés75 degrés

80 degrés80 degrés

Valeurs pour Valeurs pour 55 degrés de suppression extéroceptivedegrés de suppression extéroceptive

LatenceLatence

DROITDROIT

DuréeDurée

LatenceLatence

GAUCHEGAUCHE

DuréeDurée

ES1 ES2ES1 ES2 ES1 ES2ES1 ES2

ES1 ES2 ES1 ES2 ES1 ES2ES1 ES2

Figure 2.12 : Schéma récapitulatif de la méthodologie

• Stimulation bilatérale (V) alternée : 20 mA • Enregistrement bilatéral

Biofeedback visuel et auditif

ms

ms ms

ms

Page 74: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

74

3- ANALYSE DES RESULTATS

A l’aide des résultats statistiques, nous allons répondre à un certain nombre de questions. Nous

testerons dans un premier temps la distribution des paramètres EST dans notre population saine. Suite

à cela, nous regarderons s’il y a des différences entre les paramètres du côté gauche et ceux du côté

droit. Enfin, nous testerons la reproductibilité de l’examen EST en comparant les examens 1 et 2.

3.1- Les distributions des durées de ES1 et de ES2 sont-elles normales ?

Il parait intéressant d’étudier dans un premier temps la distribution de notre population saine

pour les moyennes des durées de ES1 et de ES2 à différents degrés de suppression (figure 2.13).

Pour cela, nous comparons la distribution de notre population avec une distribution Gaussienne. Nous

utilisons le test de Kolmogorov-Smirnov. Nous ne relevons aucune différence statistiquement

significative (P> 0,05) pour les temps de latence et les moyennes des durées de ES1 et de ES2. A la

vue de ces résultats, nous n’avons aucune évidence de déviation de notre population saine par rapport

à la distribution normale.

3. 2- Y a-t-il une différence entre les côtés gauche et droit ?

Pour vérifier s’il existe une différence de latéralité, nous comparons les valeurs des paramètres

obtenues à gauche avec celles obtenues à droite. L’analyse des résultats statistiques ne montre aucune

différence statistiquement significative pour les temps de latences et les moyennes des durées de ES1

et de ES2, quel que soit le degré de suppression.

Page 75: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

75

ES1 ES2

50

1 5 9 13 17 21 25 29

10

20

30

33

%

msec

2

4

6

8

9 19 39 29 49 59 69 79 msec

%

60

1 5 9 13 17 21 25 29

10

20

30

33

%

msec

2

4

6

8

9 19 39 29 49 59 69 79 msec

%

70

1 5 9 13 17 21 25 29

10

20

30

33

%

msec

2

4

6

8

9 19 39 29 49 59 69 79 msec

%

75

1 5 9 13 17 21 25 29

10

20

30

33

%

msec

2

4

6

8

9 19 39 29 49 59 69 79 msec

%

80

1 5 9 13 17 21 25 29

10

20

30

33

%

msec

2

4

6

8

9 19 39 29 49 59 69 79 msec

%

Figure 2.13 : Distribution des durées de ES1 et de ES2 à chaque degré de suppression

Page 76: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

76

Le tableau 2.1 reprend les durées de ES1 et de ES2 du côté gauche et celles du côté droit pour

chaque degré de suppression.

ES 1 ES 2 Durées ± sd

Droit Gauche Droit Gauche

Ex. 1 20.12 ± 2.8 20.09 ± 3.2 48.36 ± 10.7 47.60 ± 11.4 D50

Ex. 2 19.89 ± 3.16 20.54 ± 3.22 49.57 ± 9.95 48.36 ± 8.84

Ex. 1 17.77 ± 3.0 18.41 ± 3.4 43.93 ± 11.2 42.52 ± 11.4 D60

Ex. 2 18.08 ± 3.30 18.20 ± 3.06 44.64 ± 10.61 43.97 ± 8.47

Ex. 1 15.80 ± 3.1 16.27 ± 3.4 38.42 ± 11.1 36.34 ± 10.5 D70

Ex. 2 16.19 ± 3.65 16.15 ± 2.96 38.20 ± 9.89 37.87 ± 8.76

Ex. 1 14.20 ± 3.3 14.77 ± 3.3 33.44 ± 11.1 31.71 ± 10.6 D75

Ex. 2 14.38 ± 3.83 14.38 ± 3.17 34.44 ± 10.46 32.73 ± 8.01

Ex. 1 12.15 ± 3.6 12.53 ± 3.7 26.76 ± 10.7 25.30 ± 10.3 D80

Ex. 2 12.48 ± 3.82 12.50 ± 3.39 27.20 ± 8.92 26.72 ± 8.75

Tableau 2.1 : Moyennes des durées de ES1 et de ES2 du côté gauche et du côté droit à l’examen 1 et 2

3.3- L’examen est-il fiable et reproductible ?

Dans cette étude, nous examinons si, avec notre méthodologie, l’examen EST est un examen

fiable et reproductible pour notre population saine. Nous comparons les différents paramètres obtenus

lors de l’examen 1 avec ceux obtenus lors de l’examen 2. L’analyse paramétrique (Anova F-test) ne

montre aucune différence statistiquement significative entre les valeurs de l’examen 1 et de l’examen

2. Une analyse non paramétrique (Mann-Withney) confirme ce résultat statistique. La notion de

pourcentage de présence (mesure de l’amplitude) permet de mesurer le nombre de sujets présentant

ES1 et ES2 pour chaque degré de suppression, quelle que soit la valeur de la durée en ms. L’analyse

statistique (test chi-2) nous montre que tous les sujets de la population saine sont présents à différents

degrés de suppression (y compris 80 degrés).

Le tableau 2.2 reprend les valeurs des moyennes des durées de ES1 et de ES2 ainsi que les déviations

standard pour chaque degré de suppression.

Page 77: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

77

ES1 ES2

Durées ± sd Examen 1 Examen 2 Examen 1 Examen 2

D50 20.11 ± 2.99 20.22 ± 3.20 47.99 ± 11.05 48.97 ± 9.40 D60 18.09 ± 3.23 18.14 ± 3.17 43.22 ± 11.33 44.31 ± 9.57 D70 16.04 ± 3.27 16.17 ± 3.31 37.38 ± 10.82 38.04 ± 9.32 D75 14.49 ± 3.30 14.38 ± 3.50 32.58 ± 10.84 33.59 ± 9.32 D80 12.35 ± 3.63 12.49 ± 3.60 26.04 ± 10.50 26.96 ± 8.81

Tableau 2.2 : Moyennes des durées de ES1 et de ES2 pour les examens 1 et 2

Nous avons testé la reproductibilité de l’examen EST en comparant l’examen 1 avec l’examen

2 pour l’ensemble des sujets de l’étude. Nous avons utilisé le coefficient intra-classe de Pearson. Ce

coefficient est toujours compris entre 0 et 1. Au plus il est proche de 1, au plus les examens sont

superposables. De plus, nous avons effectué les graphiques (2.1 à 2.10 pour ES1 ; 2.11 à 2.20 pour

ES2) selon la méthode de Bland et Altman [23] afin d’illustrer la reproductibilité de l’examen EST.

Les valeurs (r²) du coefficient de corrélation intra-classe de Pearson sont données dans le

tableau 2.3 Tous ces coefficients diffèrent très significativement de zéro ; il en résulte que l’examen

peut être considéré comme suffisamment reproductible.

Coefficients intra-classe de Pearson pour les durées

r2

ES1 ES2

Côté gauche Côté droit Côté gauche Côté droit

D 50 0.37 0.39 0.67 0.64

D 60 0.27 0.31 0.62 0.64

D 70 0.21 0.41 0.53 0.59

D 75 0.28 0.36 0.52 0.59

D 80 0.30 0.39 0.53 0.46

Tableau 2.3 : Coefficients de corrélation r² entre l’examen 1 et l’examen 2

Page 78: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

78

Graphiques 2.1 à 2.10 selon Bland et Altman pour les durées de ES1 du côté gauche :

Durée de ES1 côté Gauche à 50°

(Ex 1 + Ex 2)/2

28262422201816141210

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

Durée de ES1 côté Gauche à 60°

(Ex 1 + Ex 2)/2

2422201816141210

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

Durée de ES1 côté Gauche à 70°

(Ex 1 + Ex 2)/2

24222018161412108

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

d50 ES1 Gauche

3025201510

30

25

20

15

10

d60 ES1 Gauche

30252015105

30

25

20

15

10

5

d70 ES1 Gauche

252015105

25

20

15

10

5

2.1 2.2

2.4 2.3

2.5 2.6

Durée de ES1 à 50 degrés de suppression

Durée de ES1 à 60 degrés de suppression

Durée de ES1 à 70 degrés de suppression

Page 79: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

79

Durée de ES1 côté Gauche à 75°

(Ex 1 + Ex 2)/2

2220181614121086

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

Durée de ES1 côté Gauche à 80°

(Ex 1 + Ex 2)/2

201816141210864

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

d75 ES1 Gauche

2520151050

25

20

15

10

5

0

d80 ES1 Gauche

2520151050

25

20

15

10

5

0

Graphiques 2.11 à 2.20 selon Bland et Altman pour les durées de ES2 du côté gauche :

Durée de ES2 côté Gauche à 50°

(Ex 1 + Ex 2)/2

90807060504030

Ex 1

- E

x 2

30

20

10

0

-10

-20

-30

-40

d50 ES2 Gauche

9080706050403020

90

80

70

60

50

40

30

20

2.8 2.7

2.9 2.10

2.12 2.11

Durée de ES1 à 75 degrés de suppression

Durée de ES1 à 80 degrés de suppression

Durée de ES2 à 50 degrés de suppression

Page 80: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

80

Durée de ES2 côté Gauche à 60°

(Ex 1 + Ex 2)/2

9080706050403020

Ex 1

- E

x 2

30

20

10

0

-10

-20

-30

-40

Durée de ES2 côté Gauche à 70°

(Ex 1 + Ex 2)/2

8070605040302010

Ex 1

- E

x 2

40

30

20

10

0

-10

-20

-30

Durée de ES2 côté Gauche à 75°

(Ex 1 + Ex 2)/2

8070605040302010

Ex 1

- E

x 2

60

50

40

30

20

10

0

-10

-20

-30

-40

d60 ES2 Gauche

9080706050403020

90

80

70

60

50

40

30

20

d70 ES2 Gauche

8070605040302010

80

70

60

50

40

30

20

10

d75 ES2 Gauche

8070605040302010

80

70

60

50

40

30

20

10

2.14 2.13

2.15 2.16

2.18 2.17

Durée de ES2 à 60 degrés de suppression

Durée de ES2 à 70 degrés de suppression

Durée de ES2 à 75 degrés de suppression

Page 81: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

81

Durée de ES2 côté Gauche à 80°

(Ex 1 + Ex 2)/2

706050403020100

Ex 1

- E

x 2

50

40

30

20

10

0

-10

-20

-30

d80 ES2 Gauche

806040200

80

60

40

20

0

Chacune de ces courbes compare les valeurs obtenues à 2 examens successifs. Pour chaque point

(correspondant à un sujet) de la courbe de droite (graphiques 2.2, 2.4, 2.6, 2.8, 2.10, 2.12, 2.14, 2.16,

2.18, 2.20) l’ordonnée correspond à la valeur obtenue à l’examen 2 et l’abscisse à celle obtenue à

l’examen 1. Une concordance parfaite entre les deux examens donnerait lieu à des points tous situés

sur la bissectrice (y=x) ; l’écartement de ces points par rapport à la bissectrice donne une idée de la

variabilité intra-individuelle des valeurs; cette variabilité peut être mesurée par le coefficient de

corrélation (r=1 si reproductibilité parfaite, r=0 si reproductibilité nulle).

Une autre manière de représenter la variabilité est l’utilisation des courbes de Bland & Altman

courbes de gauche (graphiques 2.1, 2.3, 2.5, 2.7, 2.9, 2.11, 2.13, 2.15, 2.17, 2.19; l’abscisse

représente la moyenne des valeurs obtenues à chaque examen et l’ordonnée à la différence entre ces

valeurs. Une parfaite reproductibilité se traduirait par une différence toujours nulle ; inversement, une

variabilité importante se traduirait par des points s’écartant fortement de l’axe des abscisses. Les 2

lignes horizontales sont obtenues en calculant les moyennes et déviations standard des différences

obtenues pour tous les sujets et correspondent à ±2 sd.

4- DISCUSSION

Afin de pouvoir utiliser l’examen EST, il faut impérativement qu’il y ait une standardisation

complète de tous les paramètres pouvant influencer l’examen. Il existait déjà un consensus proposé par

Schoenen et Göbel [9] concernant les paramètres d’enregistrement de l’examen EST. Il fallait une

méthodologie susceptible d’exclure l’influence de la subjectivité des examinateurs. Un programme

informatique automatisant les mesures permet de diminuer les variabilités intra- et inter-individuelles.

2.19 2.20

Durée de ES2 à 80 degrés de suppression

Page 82: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

82

Nous avons dès lors mis au point une méthode qui nous permet de réduire considérablement

ces variabilités individuelles de paramètres. Pour rappel, il est indispensable de tenir compte des

différents points suivants :

• Une acquisition correcte respectant la théorie d’échantillonnage: l'échantillonnage ne résulte

pas en une perte d'information puisque le signal continu peut être reconstruit à partir du signal

échantillonné ;

• Une acquisition simultanée au niveau des muscles temporaux droit et gauche ;

• Un contrôle (biofeedback) par boucle rétroactive de l’activité EMG, acoustique pour le

patient, visuel pour l’opérateur ;

• Une sélection quantitative des courbes acquises en fonction de l’EMG spontané ;

• Une mesure automatique de la durée des deux périodes de suppression (ES1 et ES2).

Avec notre protocole expérimental et la méthodologie standardisée, l’examen EST apparaît

comme un examen fiable et suffisamment reproductible. Ceci confirme le consensus proposé par

Schoenen et Göbel relatif aux paramètres d’enregistrement de l’examen EST.

Au sein d’une population saine, la distribution de ES1 et de ES2 suit une distribution normale.

Il est donc possible de dégager les moyennes des durées de ES2 aux différents degrés de suppression

ainsi que les déviations standard respectives. Cela permettra une comparaison entre un groupe

pathologique et un groupe témoin répondant à des critères d’inclusion et d’exclusion précis. Nous

proposons alors dans les recherches sur l’examen EST et l’analyse statistique de groupes, d’intégrer la

notion de pourcentage de présence pour les différents paramètres mesurés. Grâce à l’analyse des

pourcentages de présence pour chaque degré de suppression, nous ne sommes plus dépendants des

valeurs des moyennes des durées en ms pour ES1 et pour ES2. Le critère principal de sélection devient

l’arrivée à tel ou tel niveau de degré de suppression. Nous attribuons une valeur en pourcentage.

L’analyse des données montre clairement 100% de présence pour chaque degré de suppression pour

ES1 et ES2 chez notre population saine.

Nous avons également étudié la latéralité de l’examen EST et l’analyse statistique conclut que

les effets de latéralité sont absents au sein de notre population saine.

Dans cette étude, nous avons choisi de prendre 5 degrés de suppression. Ils devraient permettre de

nuancer une modification éventuelle de ES1 ou de ES2 au sein d’une population pathologique. Les

figures 2.14 et 2.15 montrent les valeurs normales (moyenne ± 2 déviations standard) pour ES1 et ES2

en fonction la durée et le degré de suppression afin de définir les limites de normalité en clinique (les

abaques). (AnnexeCD ROM 2)

Page 83: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

83

0

10

20

30

40

50

60

70

80

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

ES

1 d

uré

e (

ms

)

Maximum

Minimum

0

10

20

30

40

50

60

70

80

D50 D60 D70 D75 D80

Level of attenuation

ES

2 d

ura

tio

n (

ms)

Minimum

Maximum

ES

2 d

uré

e (

ms)

Figure 2.14 : les limites de ES1 dans une population saine

Figure 2.15 : les limites de ES2 dans une population saine

Degrés de suppression

Page 84: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

84

5- CONCLUSION

L’automatisation de l’analyse (traitement des courbes et détermination des différents points de

coupure à des degrés de suppression différents) permet de minimiser la subjectivité de

l’expérimentateur dans l’identification des paramètres (temps de latence et durées). L’introduction

d’un support informatique dans cette automatisation permet de diminuer l’influence de

l’expérimentateur et apporte une reproductibilité supplémentaire. Ceci rend l’appareil moins

dépendant des différents opérateurs. Nous avons introduit dans notre méthodologie la notion de degré

de suppression afin de pouvoir classer la valeur de chaque paramètre selon un degré de suppression

marqué ou une atténuation progressive de l’activité EMG. Cela permettra d’étudier dans quelles

mesures un groupe pathologique et une modification expérimentale influencent l’examen EST.

Au vu des résultats obtenus avec notre méthodologie chez notre population homogène saine, nous

pouvons conclure que notre méthodologie standardisée permet de diminuer considérablement les

variabilités intra-individuelles. L’examen EST est donc un examen reproductible au sein d’une

population saine. Il devient nécessaire de vérifier cette reproductibilité dans le cas de différents

groupes de douleurs oro-faciales.

Page 85: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

85

Références

[1] Schoenen J. Exteroceptive suppression of temporalis muscle activity in patients with chronic

headache and in normal volunteers: methodology, clinical and pathophysiological relevance.

Headache 1993; 33: 3-17.

[2] Schoenen J, Raubüschl O, Sianard J. Pharmacologic modulation of temporalis exteroceptive silent

periods in healthy volunteers. Cephalalgia 1991; 11(suppl 11): 16-17.

[3] Göbel H. Effects of aspirin on headache mechanisms in the central nervous system. In: Ekbom K,

Gerber WD, Henry P, Nappi G, Pfaffenrath V, Tfelt-Hansen P Eds European Headache Federation. 1st

International Conference. München, Arcis, 1992: 1.

[4] Schoenen J. Tension-type headache: pathophysiologic evidence for a disturbance of “limbic”

pathways to the brainstem. Headache 1990; 30 (5): 314-315.

[5] Göbel H. Scmerzmessung. Grundlagen-Methodik-Anwendungen bei Kopfschmerz. Stuttgart,

Fischer, 1992: 1-304.

[6] Cruccu G, Bowsher D. Intracranial stimulation of the trigeminal nerve in man. II. Reflex

responses. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1986; 49: 419-427.

[7] Bottin D, Sulon J, Schoenen J. The second silent period of temporalis muscles is reduced during

menstruation, but not at mid-cycle, in women reporting menstrual headaches. Cephalalgia 1991; 11:

87-91.

[8] Welch KRA, Darnley D, Simkins RT. The role of estrogen in migraine: a review and hypothesis.

Cephalalgia 1984; 4: 227-236.

[9] Schoenen J, Göbel H. Exteroceptive suppression in headache research. Discussion summary.

Cephalalgia 1993; 13: 20.

Page 86: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

86

Page 87: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

87

CHAPITRE 3

EVALUATION PROSPECTIVE DE LA SUPPRESSION EXTEROCEPTIVE

DU MUSCLE TEMPORAL (EST) DANS LE CADRE DE DESORDRES

TEMPORO-MANDIBULAIRES (DTM)

Page 88: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

88

Chapitre3 : Evaluation prospective de la suppression

extéroceptive du muscle temporal (EST) dans le cadre des

désordres temporo-mandibulaires (DTM)

1- INTRODUCTION

Le but de la mise au point d’une méthodologie standardisée dans l’évaluation de la

suppression extéroceptive du muscle temporal (EST) est son application au sein d’une population

pathologique. Nous avons vu que l’examen EST est un examen fiable et reproductible au sein d’une

population saine. Il paraît alors intéressant d’étudier l’examen EST dans le cas de désordres temporo-

mandibulaires (DTM) pour différentes raisons : le complexe temporo-mandibulaire est sous le contrôle

du système trigéminé [1] et ses mécanismes neurophysiologiques de fonctionnement sont peu connus

[2-8]. De plus, dans le cas de DTM, on note souvent la présence de céphalées [9, 10] et de troubles de

la nuque [11-13]. L’acquisition d’un langage neurophysiologique faciliterait une approche

diagnostique globale et pluridisciplinaire.

La présente étude a pour objectif de vérifier l’importance de l’examen EST dans

l’investigation des mécanismes physiopathologiques [14-16] et de déterminer les éventuelles

perspectives qu’apporte l’EST dans le cadre des DTM [17, 18]. Il est intéressant de regarder dans

quelle mesure l’EST peut être appliquée comme examen complémentaire dans le diagnostic

différentiel des DTM. La littérature [19] montre le grand avantage de l’EST en tant qu’examen corrélé

à la douleur mais indépendant de l’intensité de la douleur, fort variable d’un individu à l’autre. Cela

pourrait donner à l’examen EST un avantage pour mieux comprendre hyperexcitabilité d’origine

centrale.

2- LES DESORDRES TEMPORO-MANDIBULAIRES (DTM)

Nous allons présenter succinctement quelques notions cliniques et étiopathogéniques sur les

désordres temporo-mandibulaires (DTM).

Page 89: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

89

2- 1. Définition des désordres temporo-mandibulaires

Les désordres temporo-mandibulaires (DTM) recouvrent un ensemble de problèmes

cliniques et d’affections qui impliquent la musculature masticatrice, les articulations temporo-

mandibulaires et d’autres structures associées. Les DTM sont reconnus comme une cause majeure de

douleurs oro-faciales non dentaires et représentent une classe de désordres musculo-squelettiques [20].

La recherche a conduit à considérer les DTM comme un ensemble corrélé de symptômes affectant

l’appareil manducateur. Les doléances habituelles des patients comprennent : des douleurs de la

mâchoire, des céphalées, des otalgies et des algies cranio-cervico-faciales.

Les désordres temporo-mandibulaires sont caractérisés par des douleurs cranio-faciales et une

distinction nette devrait être faite parmi les conditions suivantes [21] : désordre d’origine articulaire,

désordre d’origine musculaire ou superposition de ces deux désordres chez le même patient.

Les dysfonctions des articulations temporo-mandibulaires peuvent être classées en différentes

anomalies :

- anomalies de position de l’appareil discal : déplacement discal réductible ou irréductible,

hyperlaxité ligamentaire et luxation condylienne.

- anomalies de structure de l’appareil discal : adhérences et perforation discales

- anomalies osseuses et cartilagineuses : ostéoarthrose

2. 2- Etiopathogénie des désordres temporo-mandibulaires

La «coexistence pacifique» des éléments de l'appareil manducateur pourrait être rompue par

différents facteurs étiologiques :

- les relations intermaxillaires dysharmonieuses,

- les hyperfonctions musculaires,

- une pathologie articulaire de l’ATM,

- la tension psychique, responsable du comportement musculaire hypertonique,

- les traumatismes,

- les troubles posturaux, notamment de la nuque. Le déclenchement des désordres temporo-

mandibulaires nécessite, le plus souvent, l’association de plusieurs facteurs.

Des données bibliographiques s’accordent à reconnaître l'importance des facteurs centraux

dans les manifestations oro-faciales. Une hyperactivité centrale peut projeter des douleurs ou des

troubles fonctionnels dans différentes parties du corps [22].

Des désordres musculaires et des facteurs psychophysiologiques peuvent intervenir ensemble dans des

douleurs faciales. Un des mécanismes retenu est que les facteurs psychogènes, tels que la dépression et

Page 90: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

90

l’anxiété, pourraient augmenter la tendance à l’hyperparafonction musculaire [23,24], conduisant ainsi

à la fatigue et à la douleur musculaires.

Des désordres musculaires pourraient secondairement se compliquer de la superposition chez

le même patient d’altérations posturales [22, 24]. Cela entraîne en outre des changements morpho-

fonctionnels des muscles de la tête, du cou et de la ceinture scapulaire (avec des orientations et des

longueurs pathologiques des fibres musculaires). Ceci constitue d’autre part, une nouvelle cause

d’augmentation de l’activité musculaire et peut conduire à une contracture musculaire avec zones

gâchettes et douleurs référées dans les différentes régions de la tête.

Une observation fréquente est celle du déplacement en avant de la tête, du cou et des épaules,

avec comme conséquence une perte ou une inversion de la courbure rachidienne cervicale. La position

de l’os hyoïde peut aussi être modifiée et, par suite, la posture mandibulaire par les muscles sus-

hyoïdiens.

La surcharge musculaire se traduit par des contractions, la douleur pouvant être présente dans

les régions cervicales et scapulaires, ainsi que dans différents territoires crâniens (douleur référée)

[23].

3- POPULATION

Le groupe contrôle est composé de 15 volontaires sains (7 femmes et 8 hommes), âgés de 21 à

52 ans (âge moyen 30.6). Le groupe pathologique est composé de 20 patients présentant des DTM

bilatéralement (14 femmes et 6 hommes), âgés de 16 à 60 ans (âge moyen 37.25). Le tableau 3.1

reprend la répartition des sujets de l’étude.

Groupe contrôle Groupe DTM

Taille de l’échantillon 15 volontaires 20 patients % de femmes 46.7 70.0

Ecart d’âge (mini-maxi) 21-52 16-60 Moyenne d’âge 30.6 37.25

15-24 46.7 15 25-34 26.7 35 35-44 13.3 15 45-54 13.3 25

Distribution (%) par

classe d’âge 55-64 - 10

Tableau 3.1 : Répartition des sujets sains et des sujets DTM

Page 91: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

91

Ces sujets sont sélectionnés suivant des critères d’inclusion et d’exclusion (tableau 3.2).

Groupe témoin

Groupe pathologique

Céphalées habituelles Absentes Présentes Douleurs cervicales Absentes Présentes

Usures dentaires (parafonctions orales)

Absentes Présentes Critères

d’inclusion

Symptômes de DTM Absents Présents Médication anti-

inflammatoire, anti-dépressive ou analgésique

depuis trois jours

Absentes Absentes

Prothèse dentaire amovible et édentation postérieure non compensée par une

prothèse

Absentes Absentes

Sujets féminins en période de menstruation

Absents Absents

Critères

d’exclusion

Femmes enceintes Absentes Absentes

Tableau 3.2 : Critères d’inclusion et d’exclusion des groupes étudiés

4- EXAMEN CLINIQUE

4. 1- Examens cliniques des sujets

Les sujets sont vus à différentes consultations au sein des Cliniques Universitaires St-Luc

(UCL) afin d'établir un diagnostic différentiel des douleurs oro-faciales :

• Consultation de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale

• Consultation de neurologie

• Consultation d'oto-rhino-laryngologie

4.1.1- Anamnèse

L'anamnèse est plus un dialogue praticien-patient qu'un véritable interrogatoire afin de

l'orienter et de cibler les questions essentielles. Il prend en considération non seulement les problèmes

spécifiques à la sphère oro-faciale, mais aussi ceux intéressant la pathologie plus générale et les

éventuels traitements antérieurs. Les signes douloureux majeurs qui ont amené le patient à consulter

doivent être pris en considération.

Page 92: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

92

4.1.2- Observations cliniques

L'élaboration d'une fiche clinique est indispensable pour archiver les multiples informations

obtenues. Elle permet en outre de visualiser rapidement la pathologie du malade et sa chronologie

quand il revient en consultation pour son suivi.

4.1.2.1- Palpations musculaires

Nous avons examiné la sensibilité des muscles, à savoir :

a- les temporaux

b- les masséters

c- les ptérygoïdiens externes

d- les ptérygoïdiens internes

e- les sterno-cléido-mastoïdiens

f- les trapèzes

4.1.2.2- Palpations des articulations temporo-mandibulaires

La palpation douloureuse, bouche fermée, des pôles externes des articulations temporo-

mandibulaires indique une sensibilité capsulaire signant un désordre articulaire; la palpation

douloureuse, bouche ouverte, signe un problème de la zone rétro-articulaire. La palpation intra-

auriculaire apporte le même renseignement tout en donnant la possibilité d'apprécier la mobilité

condylienne ainsi que sa symétrie de fonctionnement.

4.1.2.3- Auscultation articulaire

Le rattrapage du disque par le condyle mandibulaire se manifeste par un bruit de claquement

articulaire qui est plus ou moins précoce en fonction de l'ancienneté de la pathologie. Celui-ci se

produit au début, au milieu ou à la fin de l'ouverture buccale. Quand l'antéposition discale est

ancienne, le disque ne jouant pas son rôle protecteur, la surface cartilagineuse et/ou corticale osseuse

du condyle se modifie de telle sorte que le bruit articulaire est un crissement ou des crépitations

signant une lésion anatomique dégénérative [25].

4.1.2.4- Examen des trajectoires mandibulaires

L'examen des trajectoires mandibulaires en ouverture, fermeture, propulsion et latéralité tant

dans la forme des trajets que dans leurs amplitudes renseigne le praticien sur la présence ou non et

l'importance de la dysfonction temporo-mandibulaire.

4.1.2.5- Bilan occlusal

Page 93: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

93

Le bilan occlusal constitue une étape de l'examen de l'appareil manducateur. Il comprend le

bilan dentaire et l'analyse occlusale [26].

a- bilan dentaire : ce bilan permet d'apprécier le nombre et l'état des dents

b- analyse occlusale : réalisée en bouche, elle permet la mise en évidence des facteurs

dentaires de déséquilibre de l'appareil manducateur. L'examen en bouche recherche successivement les

points suivants :

- recherche d'une instabilité mandibulaire en occlusion d’intercuspidie maximale : sont

notées les édentations, les supraclusions (recouvrements excessifs) et les infraclusions

(béances), les occlusions croisées (d'une cuspide ou de toute la dent), la hauteur cuspidienne,

l'évaluation de l'espace libre d'inocclusion physiologique

- les prématurités en relation centrée

- les interférences occlusales, définies comme étant un contact occlusal anormal lors

d'un mouvement de propulsion ou de diduction. Elles sont recherchées par le contrôle de

l'efficacité de la guidance antérieure.

4.1.3- Examen de kinésithérapie cervico-maxillo-faciale

Cet examen a été réalisé par Monsieur Claude BIALAS, kinésithérapeute au Service de

Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-faciale des Cliniques Universitaires St-Luc (UCL). Il consiste en

un bilan postural et musculo-articulaire. Il permettra de découvrir non seulement la topographie

superficielle du cou et de la ceinture scapulaire mais également la topographie profonde du segment

cervical. C'est à son niveau qu'il pourra décrypter les spasmes musculaires nodulaires qui sont le reflet

de l'état lésionnel de l'étage cervical. C'est ainsi que l'on peut par exemple mettre en évidence au

niveau du plan superficiel les zones de tension, des états cordés, des plages ou des points

d'hypersensibilité et au niveau du plan profond des indurations du côté perturbé. Du côté opposé à

l'induration nodulaire, caractérisant le côté "sain", la musculature est plus souple, à basse tonicité, peu

algique. Tout au plus on découvre des fibroses ou des états cordés lorsque la souffrance de l'étage est

ancienne et chronique. Il s'agit d'interroger, en mobilisant séparément chaque étage, la première

composante qui précise l'état de coincement et la seconde, la sensibilité algique des tissus à l'étirement.

5- METHODOLOGIE

Tous les sujets de la population contrôle et de la population pathologique sont sélectionnés

suite à cet examen clinique. Une fois sélectionnés, ils participent au protocole suivant : les sujets vont

subir une série de 6 examens répartis en 2 séances (figure 3.7). Pour tous les examens, les sujets sont

Page 94: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

94

placés dans la même position (décubitus dorsal, la tête légèrement relevée, angle de 15°), dans la

même salle de laboratoire. L’installation technique reste la même et c’est le même expérimentateur qui

effectue toutes les mesures. Trois équipes participent à ce protocole expérimental: l’équipe

électrophysiologique, l’équipe de médecine dentaire et l’équipe de médecine physique.

* Ière SEANCE

Examen 1 : lors d’une première séance, l’équipe électrophysiologique enregistre les valeurs

des différents paramètres de ES1 et ES2 à différents degrés de suppression. Les sujets sont invités à

revenir 7 jours après pour réaliser la 2ème séance. Les sujets ne revenant pas sont exclus de l’étude.

* IIème SEANCE

Examen 2 : l’équipe électrophysiologique enregistre dans un premier temps les valeurs des

différents paramètres de ES1 et ES2.

Examen 3 : l’équipe de médecine dentaire place des cales dento-dentaires entre les dents des

sujets. Après cette modification occlusale réversible, ils demandent au sujet de serrer les dents et de

déglutir à plusieurs reprises. L’équipe électrophysiologique effectue alors un nouvel enregistrement

des différents paramètres de ES1 et ES2.

Pour l’examen 3, nous avons choisi des cales dentaires de papier cartonné de double épaisseur, de 400

µm d’épaisseur chacune (BAUSCH).

Examen 4 : l’équipe de médecine physique applique pendant 20 minutes des ultrasons « à

froid » (c'est-à-dire sans émission d’ultrasons) au niveau de la nuque en utilisant un gel de contact.

L’équipe électrophysiologique effectue alors une autre série de mesures des différents paramètres de

ES1 et ES2.

Examen 5 : l’équipe de médecine physique applique pendant 20 minutes des ultrasons « à

chaud » (c’est-à-dire avec émission d’ultrasons) au niveau de la nuque de la même façon que lors de

l’examen 4. L’équipe électrophysiologique effectue une autre série de mesures des différents

paramètres.

L’appareil à ultrasons utilisé lors des séances de kinésithérapie est un appareil Gymna Pulson 310.

Nous avons réglé l’appareil en mode continu et nous nous sommes servis de la grosse tête (1MHz) à

une puissance de 1.5 Watts/cm2. Un gel de contact est appliqué pour une meilleure transmission des

ultrasons.

Examen 6 : l’équipe de médecine physique réalise un massage de détente et de palpation des

tensions nucales ainsi que des mobilisations cervicales pendant 20 minutes. L’équipe

électrophysiologique effectue une dernière série de mesures des différents paramètres de ES1 et ES2.

Page 95: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

95

Figure 3.7 : Organisation de l’expérimentation

Plusieurs équipes participent au déroulement de ce protocole :

L’équipe électrophysiologique est chargée d’enregistrer les stimulations et les réactions

électrophysiologiques. La méthode d’enregistrement et la méthode d’analyse technique restent la

même que celle utilisée dans l’étude de la population saine (chapitre 2). Lorsque plusieurs

enregistrements se font au cours d’une même séance (par exemple examens 2, 3, 4, 5 et 6), les

électrodes d'enregistrement restent collées à leur emplacement initial jusqu'à la fin de la séance. Les

15 SUJETS CONTRÔLES +

20 SUJETS DTM

Ière SEANCE

EXAMEN 1 :

DETERMINATION

DE ES1 ET DE ES2

IIème SEANCE

+ 7 JOURS

EXAMENS

EXAMEN 2 :

DETERMINATION

DE ES1 ET DE ES2

EXAMEN 3 :

MODIFICATION

OCCLUSALE

REVERSIBLE

+

DETERMINATION

DE ES1 ET DE ES2

EXAMEN 6 :

MOBILISATION CERVICALE

STRUCTUREE

+

DETERMINATION

DE ES1 ET DE ES2

EXAMEN 5 :

ULTRASONS

« à chaud » +

DETERMINATION

DE ES1 ET DE ES2

EXAMEN 4 :

ULTRASONS

« à froid » +

DETERMINATION

DE ES1 ET DE ES2

Page 96: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

96

paramètres mesurés sont les temps de latence et les durées de ES1 et de ES2 à différents degrés de

suppression.

L’équipe de médecine dentaire est chargée de la mise en place des cales dento-dentaires

(examen 3). Ce sont les mêmes personnes qui effectuent l’examen clinique des sujets.

L’équipe de médecine physique effectue le bilan postural et musculo-articulaire, les séances

d’ultrasons (examens 4 et 5) et la séance de mobilisation cervicale structurée (examen 6). Le but est

d'observer si la mobilisation cervicale structurée, par des techniques kinésithérapeutiques, apporte des

modifications significatives chez le sujet soumis à l'examen EST. La mobilisation cervicale structurée

se compose de mouvements généraux mettant en jeu l'ensemble du rachis cervical et ne se limitant pas

à une articulation spécifique [27-30].

Cette mobilisation cervicale structurée se compose des mouvements suivants (figure 3.8) :

1. Glissement latéral du rachis cervical,

2. Glissement antérieur du rachis cervical,

3. Glissement postérieur du rachis cervical,

4. Glissement et traction du rachis cervical,

5. Rotation de l'occiput sur C1,

6. Pression vertébrale centrale postéro-antérieure,

7. Pression vertébrale unilatérale postéro-antérieure,

8. Pression vertébrale transversale.

La mobilisation cervicale structurée va améliorer la mobilité de l'empilement. Elle joue par sa

répétition et non par sa puissance. Elle s'adresse souvent à des enraidissements chroniques et ne

convient que très rarement à la normalisation des perturbations au stade aigu. Le but de cette

mobilisation cervicale structurée est de mettre l’étage lésé sous tension et de libérer les contraintes de

tassement, sans dépasser les contraintes physiologiques. Le dégagement tracté est maintenu une

dizaine de secondes puis très lentement relâché. La manœuvre est répétée quatre fois avant de revenir

au massage, puis à de nouvelles tractions.

Page 97: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

97

Figure 3.8 : Schéma de la mobilisation cervicale structurée

Relation entre les trois équipes

Les différents examens sont réalisés en double aveugle. Les sujets des deux groupes ne

connaissent ni la nature ni l’ordre des différents tests et manœuvres subis lors des séances. Les trois

équipes suivent un protocole expérimental en double aveugle. L’expérimentateur de l’équipe

électrophysiologique ne sait pas dans quel ordre sont effectués les différents tests par les équipes de

médecine dentaire et de médecine physique. Pour permettre le double aveugle, nous attribuons

aléatoirement à chaque examen un numéro entre 1 et 210 afin d’éviter toute reconnaissance. De plus,

REPERES POUR LA PALPATION DU RACHIS CERVICAL

C3

C7

GLISSEMENT ANTERIEUR GLISSEMENT DE TRACTION

GLISSEMENT LATERAL ROTATION

C1

C2

C4

C5

C6

Page 98: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

98

les équipes de médecine dentaire et de médecine physique n’ont ni accès à la salle de laboratoire, ni

aux résultats en cours d’expérimentation.

6- RESULTATS

Nous présentons ici les différents résultats des paramètres mesurés, c'est-à-dire les moyennes

des temps de latence et des durées de ES1 et de ES2 de l’examen 2 pour le groupe témoin et le groupe

pathologique. (AnnexeCD ROM 3.1)

Groupe témoin Groupe pathologique

ES1 moy. ± sd ES2 moy.± sd ES1 moy. ± sd ES2 moy.± sd

Latence 12.83 ± 1.71 41.21 ± 6.94 13.25 ± 1.70 47.53 ± 14.30 50

Durée 20.17 ± 4.36 59.97 ± 10.77 18.58 ± 2.96 33.13 ± 16.45 Latence 13.99 ± 2.68 45.11 ± 6.56 14.62 ± 1.96 48.39 ± 12.16

60 Durée 17.81 ± 4.06 54.99 ± 11.64 15.98 ± 3.13 23.26 ± 15.63

Latence 16.08 ± 3.71 51.13 ± 10.24 16.19 ± 2.57 56.03 ± 14.90 70

Durée 15.01 ± 4.04 45.92 ± 12.36 14.72 ± 16.18 11.78 ± 11.70 Latence 17.70 ± 2.60 53.55 ± 10.21 17.62 ± 4.80 60.57 ± 14.62

75 Durée 12.63 ± 4.65 41.85 ± 13.10 9.72 ± 3.12 7.49 ± 10.00

Latence 19.09 ± 4.68 56.63 ± 11.34 19.45 ± 3.20 61.69 ± 15.19 80

Durée 10.36 ± 5.01 34.92 ± 10.96 6.43 ± 3.02 4.43 ± 10.24

Tableau 3.1 : Moyennes des durées et des temps de latence pour les groupes témoin et DTM

Nous constatons que les valeurs des moyennes des durées de ES2 du groupe pathologique sont

bien inférieures à celles du groupe témoin sans changement de l’EMG de base (préstimulation).

7- ANALYSE DES RESULTATS

Dans cette étude, nous voulons répondre à un certain nombre de questions à l’aide de l’analyse

des divers résultats statistiques. Pour cela, nous analysons les pourcentages de présence, c'est-à-dire le

nombre de sujets arrivant à chaque degré de suppression, des deux populations afin de vérifier

l’influence des différents tests expérimentaux sur la proportion des sujets présentant ES1 et ES2. Nous

utilisons pour cela le test de Chi-2. Nous vérifions ensuite si les différents examens font varier les

valeurs des moyennes des durées de ES1 et de ES2 parmi la proportion des sujets présentant ces deux

valeurs. Nous utilisons pour cela le test U de Mann Whitney (test non paramétrique). Dans l’analyse

statistique, nous considérons comme très significatif P< 0,001 et hautement significatif P< 0,0001.

Page 99: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

99

7. 1- Y a-t-il des différences entre le côté gauche et le côté droit ?

Pour vérifier s’il existe une différence entre les côtés gauche et droit, nous comparons les

valeurs des paramètres obtenues à gauche avec celles obtenues à droite, tant pour le groupe témoin que

pour le groupe pathologique. L’analyse des résultats statistiques ne montre pas de différence

statistiquement significative au niveau des moyennes des temps de latence et des durées de ES1 et de

ES2, quel que soit le degré de suppression. (AnnexeCD ROM 3.2)

7.2- Les groupes témoin et DTM sont-ils différents ?

Pour répondre à cette question, nous comparons les résultats du groupe témoin avec ceux du

groupe pathologique obtenus lors de l’examen 2. Il n’y a pas de différence statistiquement

significative entre les pourcentages de présence de ES1 du groupe témoin et ceux du groupe

pathologique, quel que soit le degré de suppression. En revanche, au niveau des pourcentages de

présence de ES2, il y a une différence très significative à 60 degrés de suppression et une différence

hautement significative à 70, 75 et 80 degrés de suppression. Parmi tous les sujets présentant ES1,

nous notons une différence très significative à 70 et à 75 degrés de suppression et une différence

hautement significative à 80 degrés de suppression au niveau des moyennes des durées de ES1. De

plus, il y a une différence hautement significative au niveau des moyennes des durées de ES2, quel

que soit le degré de suppression. Les graphiques 1 et 2 reprennent les moyennes des durées et les

pourcentages de présence de ES1 et de ES2 pour le groupe témoin et le groupe pathologique (examen

2).

Pourcentages de présence de ES1 et de ES2 pour

l'examen 2

0

20

40

60

80

100

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

% d

e p

rés

en

ce

ES1 - TEMOINS

ES1 - PATHOS

ES2 - TEMOINS

ES2 - PATHOS

Graphique 3.1 : Pourcentages de présence de ES1 et de ES2 des groupes témoins et DTM lors de l’examen 2

Page 100: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

100

Durées de ES1 et de ES2 pour l'examen 2

0

10

20

30

40

50

60

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

Mo

yen

nes d

es d

uré

es (

ms)

ES1 - TEMOINS

ES1 - PATHOS

ES2 - TEMOINS

ES2 - PATHOS

Graphique 3.2 : Moyennes des durées de ES1 et de ES2 des groupes témoins et DTM lors de l’examen 2

Les graphiques montrent qu’au sein de la population pathologique, les moyennes des durées

de ES1 sont plus faibles que celles du groupe contrôle, bien qu’il n’y ait aucune différence de

pourcentage de présence (c’est-à-dire que les sujets pathologiques présentent toujours un ES1). Par

contre, en ce qui concerne ES2 du groupe pathologique, non seulement il est moins souvent présent

mais en plus, quand les sujets présentent ES2, sa durée est nettement plus petite que celle du groupe

contrôle. (AnnexeCD ROM 3.3)

7. 3- L’examen est-il fiable et reproductible ?

Pour répondre à cette question, nous comparons les différents paramètres obtenus lors de

l’examen 1 avec ceux obtenus lors de l’examen 2. Au niveau des pourcentages de présence de ES1 et

de ES2 du groupe témoin, il n’y a pas de différence statistiquement significative, quel que soit le degré

de suppression. Pour le groupe pathologique, il y a une différence hautement significative à 75 et à 80

degrés de suppression entre le pourcentage de présence de ES1. Cependant, il n’y a pas de différence

statistiquement significative pour les pourcentages de présence de ES2, quel que soit le degré de

suppression.

Parmi les sujets présentant ES1 et ES2, il n’y a pas de différence statistiquement significative

au niveau des moyennes des durées de ES1 et de ES2 entre les deux examens, quel que soit le degré de

suppression, à la fois chez les témoins et chez les pathologiques.

Cette analyse nous permet de dire que l’EST reste stable chez le groupe témoin puisque entre

les deux examens, la proportion de sujets présentant ES1 et ES2 reste la même et que les moyennes

des durées de ES1 et de ES2 ne changent pas entre les examens. Au sein du groupe pathologique, la

proportion de sujets présentant ES1 varie dans les 2 derniers degrés de suppression, mais parmi ces

Page 101: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

101

sujets, il n’y a pas de changement au niveau des moyennes des durées de ES1 d’un examen à l’autre.

Par contre, ES2 reste stable puisque entre les deux examens, la proportion de sujets pathologiques

présentant ES2 reste la même et que les moyennes des durées de ES2 ne changent pas entre les

examens. Même si nous relevons des variabilités de pourcentage de présence à des degrés importants

d’atténuation de ES1, nous ne notons rien pour ES2. (AnnexeCD ROM 3.4)

7.4- Quels sont les effets de la modification occlusale réversible ?

Pour répondre à cette question, nous comparons pour chaque groupe les résultats de l’examen

2 avec ceux de l’examen 3 (graphiques 3.3 à 3.6). Il n’y a pas de différence statistiquement

significative au niveau des pourcentages de présences de ES1 et de ES2 du groupe contrôle. Pour le

groupe pathologique, il n’y a pas de différence statistiquement significative au niveau des

pourcentages de présence de ES1. Par contre, au niveau des pourcentages de présence de ES2, il y a

une différence hautement significative à 80 degrés de suppression.

Parmi les sujets du groupe contrôle présentant ES1 et ES2, il n’y pas de différence

statistiquement significative au niveau des moyennes des durées de ES1 et de ES2, quel que soit le

degré de suppression. Parmi les sujets du groupe pathologique présentant ES1 et ES2, il n’y a pas de

différence statistiquement significative au niveau des moyennes des durées de ES1, quel que soit le

degré de suppression. Par contre, au niveau des moyennes des durées de ES2, il y a une différence très

significative à 60 degrés de suppression et une différence hautement significative à 70, 75 et 80

degrés.

Nous pouvons alors dire que la modification occlusale réversible ne modifie pas l’examen

EST pour le groupe contrôle. Par contre, cette modification occlusale réversible modifie le

pourcentage de présence de ES2 du groupe pathologique dans les derniers degrés de suppression. En

d’autres termes, elle augmente la proportion de sujets pathologiques présentant ES2 sans changement

de l’EMG de base. Nous déduisons alors de l’analyse des moyennes des durées de ES2 que les sujets

présentant ES2 lors de l’examen 2 augmentent, suite à la modification occlusale réversible, leurs

moyennes des durées de ES2. Cette augmentation est principalement visible dans les 3 derniers degrés

de suppression. (AnnexeCD ROM 3.5)

7.5- Quels sont les effets de la séance d’ultrasons « à froid » ?

Nous vérifions avec cette question l’effet placebo d’ultrasons « à froid ». Pour cela nous

comparons pour chaque groupe les résultats de l’examen 2 avec ceux de l’examen 4 (graphiques 3.3 à

3.6). Pour le groupe pathologique comme pour le groupe témoin, il n’y a pas de différence

statistiquement significative au niveau des pourcentages de présence de ES1, quel que soit le degré de

suppression.

Page 102: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

102

Parmi les sujets du groupe pathologique et ceux du groupe témoin présentant ES1 et ES2, il

n’y a pas de différence statistiquement significative au niveau des moyennes des durées de ES1 et de

ES2, quel que soit le degré de suppression.

Nous pouvons alors dire que les ultrasons « à froid » (sans émission d’ultrasons) n’ont pas

d’effet placebo, ni sur ES1, ni sur ES2. (AnnexeCD ROM 3.6)

7.6- Quels sont les effets de la séance d’ultrasons « à chaud » ?

Pour répondre à cette question, nous comparons pour chaque groupe les résultats de l’examen

2 avec ceux de l’examen 5 (graphiques 3.3 à 3.6). Il n’y a pas de différence statistiquement

significative au niveau des pourcentages de présence de ES1 et de ES2 du groupe témoin et du groupe

pathologique, quel que soit le degré de suppression.

Parmi les sujets du groupe témoin présentant ES1 et ES2, il n’y a pas de différence

statistiquement significative au niveau des moyennes des durées de ES1 et de ES2, quel que soit le

degré de suppression. Parmi les sujets pathologiques présentant ES1, il n’y a pas de différence

statistiquement significative au niveau des moyennes des durées de ES1, quel que soit le degré de

suppression. Par contre, au niveau des moyennes des durées de ES2, il y a une différence très

significative à 75 et à 80 degrés de suppression.

Nous pouvons alors dire que les ultrasons « à chaud » ne modifient en rien l’examen EST du

groupe témoin, quel que soit le degré de suppression. Les ultrasons n’entraînent pas de changement

pour les pourcentages de présence de ES1 et de ES2 pour le groupe pathologique, mais augmentent la

durée de ES2 pour les sujets pathologiques. (AnnexeCD ROM 3.7)

7.7- Quels sont les effets de la mobilisation cervicale structurée ?

Pour répondre à cette question, nous comparons pour chaque groupe les résultats de l’examen

2 avec ceux de l’examen 6 (graphiques 3.3 à 3.6). Il n’y a pas de différence statistiquement

significative au niveau des pourcentages de présence de ES1 et de ES2 du groupe témoin, quel que soit

le degré de suppression. Pour le groupe pathologique, il n’y a pas de différence statistiquement

significative au niveau des pourcentages de présence de ES1, quel que soit le degré de suppression.

Par contre, au niveau des pourcentages de présence de ES2, il y a une différence hautement

significative à 80 degrés de suppression.

Parmi les sujets du groupe témoin présentant ES1 et ES2, il n’y a pas de différence

statistiquement significative au niveau des moyennes des durées de ES1 et de ES2, quel que soit le

degré de suppression. Parmi les sujets du groupe pathologique présentant ES1, il y a une différence

hautement significative à 80 degrés de suppression au niveau des moyennes des durées de ES1. Parmi

les sujets pathologiques présentant ES2, il y a une différence très significative à 70 et à 75 degrés de

Page 103: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

103

suppression et une différence hautement significative à 80 degrés de suppression au niveau des

moyennes des durées de ES2.

Nous concluons que la mobilisation cervicale n’entraîne aucun effet sur l’examen EST du

groupe témoin. Par contre, dans les derniers degrés de suppression, la mobilisation cervicale augmente

la proportion des sujets pathologiques présentant ES2. De plus, ils voient leurs moyennes des durées

de ES2 augmentées à la suite de la séance de la mobilisation cervicale structurée. (AnnexeCD ROM 3.8)

7.8- Synthèse de l’analyse statistique

L’analyse des résultats statistiques montre qu’il n’y a pas de différence statistiquement

significative entre le côté gauche et le côté droit. De plus, l’examen est fiable et reproductible puisqu’il

n’y a pas de différence entre l’examen 1 et l’examen 2. Les moyennes des durées et les pourcentages

de présence de ES1 et de ES2 sont fortement diminués dans le groupe pathologique par rapport au

groupe témoin. Les différents tests cliniques n’ont pas d’effet chez le groupe témoin mais la

modification occlusale réversible, l’application d’ultrasons « à chaud » et la mobilisation cervicale

structurée entraînent des changements dans le groupe pathologique. Les graphiques 3.3, 3.4, 3.5 et 3.6

illustrent ces résultats : pour chacun des examens, ES1 et ES2 sont toujours présentes chez le groupe

témoin quel que soit le degré de suppression, tandis que les pourcentages de présence de ES2 du

groupe DTM varient suivant l’examen et le degré de suppression. De plus, les durées de ES1 et ES2

du groupe témoin restent quasiment les mêmes durant les 6 examens tandis que celles du groupe DTM

varient fortement d’un examen à l’autre.

Pourcentages de présence de ES2 pour

le groupe témoin

0

20

40

60

80

100

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

% d

e p

résen

ce Ex1

Ex 2

Ex 3

Ex 4

Ex 5

Ex 6

Graphique 3.3 : pourcentage de présence de ES2 du groupe témoin

Page 104: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

104

Pourcentages de présence de ES2 pour le groupe

D.T.M.

0

20

40

60

80

100

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

% d

e p

rés

en

ce Ex1

Ex 2

Ex 3

Ex 4

Ex 5

Ex 6

Graphique 3.4 : pourcentage de présence de ES2 du groupe DTM

Durées de ES2 pour le groupe témoin

0,00

10,00

20,00

30,00

40,00

50,00

60,00

70,00

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

Mo

yen

nes d

es d

uré

es (

ms)

Ex 1

Ex 2

Ex 3

Ex 4

Ex 5

Ex 6

Graphique 3.5 : Durées de ES2 du groupe témoin

Page 105: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

105

Durées de ES2 pour le groupe D.T.M

0,00

10,00

20,00

30,00

40,00

50,00

D50 D60 D70 D75 D80

Degrés de suppression

Mo

ye

nn

es

de

s d

uré

es

(m

s)

Ex 1

Ex 2

Ex 3

Ex 4

Ex 5

Ex 6

Graphique 3.6 : Durées de ES2 du groupe DTM

8- DISCUSSION

Cette étude prospective en double aveugle montre qu’avec notre protocole expérimental et la

méthodologie standardisée, l’examen EST est un examen fiable et suffisament reproductible à la fois

pour le groupe témoin et pour le groupe pathologique. Cette méthodologie a permis de minimiser les

variabilités intra-individuelles. De plus, la présence d’un effet test-retest fait qu’il est tout à fait justifié

de réaliser deux examens (examen 1 et 2) à une semaine d’intervalle. En effet, même si l’examen EST

reste stable d’un jour à l’autre, les valeurs des paramètres étudiés et les pourcentages de présence

augmentent lors de l’examen 2 par rapport à l’examen 1. Ainsi, les variabilités interindividuelles

diminuent fortement suite à la réalisation de deux examens à une semaine d’intervalle.

D’après les résultats obtenus dans cette étude, les différents paramètres mesurés sont fortement

différents entre le groupe témoin et le groupe pathologique. Cependant, les valeurs des durées de ES2

n’ont pas d’importance diagnostique tant qu’il n’a pas été démontré que ces valeurs sont

reproductibles avec au moins une semaine d’intervalle, d’un examen à l’autre.

Page 106: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

106

Nous proposons, dans les recherches sur l’examen EST et l’analyse statistique, d’intégrer la

notion de pourcentages de présence pour les différents paramètres mesurés. L’avantage de l’analyse

des pourcentages de présence pour chaque degré de suppression est que nous ne sommes plus

dépendants uniquement des moyennes des temps de latence et des durées en ms pour ES1 et ES2. Le

critère principal de sélection devient l’arrivée à un certain niveau de degré de suppression. Nous lui

attribuons alors une valeur en pourcentage. L’analyse des données montre clairement 100% de

présence pour chaque degré de suppression pour ES1 et ES2 chez le groupe témoin. De plus, il y a une

diminution progressive du pourcentage de présence avec l’augmentation du degré de suppression pour

le groupe pathologique. Cette augmentation du pourcentage de présence des réponses pour des degrés

de suppression plus marqués est en fin de compte équivalente à une augmentation de l’amplitude de la

suppression.

Nous avons également étudié la latéralité de l’examen EST. Notre analyse statistique nous

amène à conclure que les effets de latéralité sont absents chez le groupe témoin comme chez le groupe

pathologique. Cependant, le groupe pathologique se constitue de DTM bilatéraux et il serait

intéressant de vérifier ces résultats au sein d’une population de sujets présentant un DTM unilatéral.

Dans cette étude, nous avons choisi de prendre 5 degrés de suppression. L’analyse statistique montre

que l’examen EST commence à être légèrement différent entre le groupe témoin et le groupe

pathologique à 60 degrés de suppression et sensiblement différent à partir de 70 degrés jusqu’à 80

degrés de suppression. C’est pourquoi nous avons ajouté un degré intermédiaire : 75 degrés. Notons

que le degré 50 reste indifférent à la fois pour le groupe contrôle et pour le groupe pathologique.

Pour utiliser l’examen EST comme examen complémentaire dans l’analyse des DTM,

l’analyse des paramètres de EST seule n’est pas suffisante. Pour attribuer un caractère complémentaire

à l’examen EST, il faut obligatoirement prévoir un programme d’évaluation de la suppression

extéroceptive appelé ESEP (Exteroceptive Suppression Evaluation Program). Nous proposons un

ESEP composé de 3 tests cliniques :

• une modification occlusale réversible par la pose de cales dentaires afin d’étudier l’effet d’un

changement de positionnement mandibulaire et une modification proprioceptive du système

trigéminal,

• l’application d’ultrasons sur la nuque,

• une mobilisation cervicale structurée.

Il est impératif de connaître l’ESEP pour le groupe témoin et notre étude montre que l’ESEP

ne change pas les paramètres du groupe témoin. Notre étude montre également que chez le groupe

pathologique, l’ESEP augmente le pourcentage de présence et la durée de ES2 pour des degrés de

suppression élevés. Ceci montre qu’au sein de cette population, il y a une augmentation d’amplitude

de l’enregistrement. Notons alors que la modification occlusale réversible influence grandement

l’examen EST, ainsi que la mobilisation cervicale structurée. Les modifications de EST survenant à la

Page 107: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

107

suite de l’application d’ultrasons au niveau de la nuque sont moins prononcées que celles survenant à

la suite de la mobilisation cervicale.

Au regard des résultats obtenus dans cette étude, la modification occlusale réversible et la

mobilisation cervicale structurée semblent plus indiquées que l’application d’ultrasons pour les études

ultérieures. Ainsi, l’ESEP que nous proposons pourra être étudié pour différents groupes

pathologiques, à savoir différents type de DTM musculaires, articulaires ou encore musculo-

articulaires unilatéraux (ipsilatéraux et controlatéraux) ou bilatéraux mais également pour différentes

pathologies oro-faciales (céphalées de tension chronique, migraine, céphalées cervicogéniques,

acouphènes). Nous proposons une étude plus large afin de mieux étudier l’intérêt de ESEP comme

examen neurophysiologique complémentaire.

9- CONCLUSION

L’EST est un examen reproductible d’un jour à l’autre au sein du groupe témoin, mais

également au sein d’un groupe pathologique (DTM bilatéral). L’intégration d’un programme

d’évaluation de la suppression extéroceptive (ESEP) par différents tests cliniques telles une

modification occlusale réversible par cale dento-dentaire, l’application d’ultrasons sur la nuque et une

mobilisation cervicale structurée, peut jouer un rôle appréciable dans l’utilisation de l’examen EST

comme examen complémentaire. L’ESEP ne doit pas influencer le groupe témoin. Une méthodologie

standardisée diminue les variabilités intra-individuelles en relation avec la subjectivité de

l’expérimentateur. Elle rend ainsi l’analyse des paramètres beaucoup plus fiable à l’aide d’un

programme de mesure automatique informatisé. Nous proposons l’application de l’ESEP pour l’étude

d’autres populations pathologiques à savoir différents types de DTM et différentes douleurs oro-

faciales.

Page 108: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

108

Références

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period of temporal muscle activity in episodic and chronic tension-type headaches. Cephalalgia 1991;

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[2] Mason P, Strassman A, Maciewicz R. Intracellular responses of raphe magnus neurons during the

jaw-opening reflex evoked by tooth pulp stimulation. Brain Res 1986; 379: 232-241.

[3] Sessle BJ, Dubner R, Greenwood LF, Lucier GE. Descending influences of periaqueductal gray

matter and somatosensory cerebral cortex on neurons in trigeminal brain stem, nuclei. Can J Physiol

Pharmacol 1976; 54: 66-69.

[4] Sessle BJ, HU JW. Raphe-induced suppression of the jaw-opening reflex and single neurons in

trigeminal subnucleus oralis and influence of naloxone and subnucleus caudalis. Pain 1981; 10: 19-36.

[5] Dostrovsky JO, Hu JW, Sessle BJ, Sumino R. Stimulation sites in periaqueductal gray, nucleus

raphe magnus and adjacent regions effective in suppressing oral-facial reflexes. Brain Res 1982; 252:

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Page 111: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

111

CHAPITRE 4

EVALUATION RETROSPECTIVE DE LA SUPPRESSION

EXTEROCEPTIVE DU MUSCLE TEMPORAL (EST) DANS

PLUSIEURS DOULEURS ORO-FACIALES

Page 112: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

112

Chapitre 4 : Evaluation rétrospective de la suppression

extéroceptive du muscle temporal (EST) dans plusieurs

douleurs oro-faciales

1- INTRODUCTION

Les douleurs oro-faciales regroupent un large ensemble de pathologies qu’il est parfois

difficile de distinguer les unes des autres. La classification de l’International Headache Society (I.H.S.)

[1, 2] constitue bien une référence en la matière, mais le diagnostic différentiel de certaines

pathologies qui présentent des symptômes cliniques semblables, reste difficile. Aussi les examens

permettant un diagnostic différentiel sont d’une importance capitale pour une prise en charge

thérapeutique appropriée. L’évaluation de la suppression extéroceptive du muscle temporal (EST)

apparaît comme un examen complémentaire intéressant pour certaines de ces pathologies, telles que

les céphalées de tension chroniques (CTH) [3-7], mais il mérite d’être étudié dans d’autres pathologies

[8-10].

Dans la présente étude, l’examen de la suppression extéroceptive du muscle temporal (EST)

est évalué dans trois grandes classes de céphalées suivant la classification d’I.H.S. (annexeCD Rom 4.1) à

savoir les céphalées de type migraine, les céphalées de tension chroniques (CTH) et les céphalées

cervicogéniques. Deux autres groupes sont également étudiés à savoir un groupe de sujets présentant

des acouphènes et un vaste groupe de sujets souffrant de désordres temporo-mandibulaires (DTM).

Il est important d’évaluer l’examen EST pour la classe CTH et la classe migraine, afin de

confronter les résultats obtenus dans ces classes avec les études précédentes [3-13]. L’étude de la

classe céphalées cervicogéniques est importante dans le diagnostic différentiel des douleurs référées de

la nuque et c’est pourquoi nous l’avons intégrée dans cette étude. Enfin, nous avons consacré une

grande partie de l’étude à l’examen EST dans les désordres temporo-mandibulaires (DTM) pour

différentes raisons : les mécanismes neurophysiologiques sont peu connus et nous notons souvent la

présence de céphalées et de douleurs de la nuque. Un des grands problèmes des DTM est le diagnostic

Page 113: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

113

différentiel. L’examen clinique et les examens complémentaires, telles que la résonance magnétique

nucléaire et l’arthroscopie, permettent le diagnostic des DTM articulaires [14, 15], mais celui des

DTM musculaires reste difficile du fait des hyperexcitabilités d’origine centrale.

La présente étude a pour objectif de déterminer l’importance de l’examen EST et les

éventuelles perspectives diagnostiques qu’apporte cet examen dans le cadre des différentes

pathologies étudiées.

2- POPULATION

Nous avons étudié l’examen EST dans plusieurs populations (figure 4.2). Comme dans le

chapitre 3, les sujets sont sélectionnés suivant des critères d’inclusion et d’exclusion précis. Les

examens cliniques décrits dans le chapitre 3 sont réalisés pour l’ensemble des sujets de cette étude afin

de permettre leur inclusion dans les groupes. Enfin, précisons qu’aucun des sujets ayant participé à

l’étude prospective ne participe à cette étude-ci. (AnnexeCD ROM 4.1)

2.1- Critères d’inclusion

2.1.1- Groupe témoin

Il est composé de 64 volontaires sains (33 femmes et 31 hommes). Ces sujets sont inclus dans

le groupe témoin s’ils ne répondent pas aux critères de sélection des autres groupes.

2.1.2- Groupe migraines

Il est composé de 16 sujets (9 femmes et 7 hommes) présentant des migraines avec ou sans

aura selon les critères définis par I.H.S. (1.) [2]. Les critères de diagnostic des migraines sans aura

(1.1.) sont :

- au moins 5 attaques de migraine,

- des céphalées de 4 à 72 heures sans succès thérapeutique,

- la présence d’au moins deux caractéristiques suivantes : douleur unilatérale, pulsatile,

d’intensité modérée ou sévère (limitant ou interdisant les activités quotidiennes), aggravée par des

activités physiques de routine,

- la présence d’au moins deux caractéristiques suivantes : nausées et/ou vomissements,

photophobie et acouphobie.

Les critères de diagnostic des migraines avec aura (1.2.) sont :

- au moins 2 attaques de migraine,

Page 114: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

114

- la présence d’au moins 3 caractéristiques suivantes : 1- un ou plusieurs symptômes

réversibles d’aura; 2- au moins un symptôme d’aura se développant graduellement plus de 4 minutes

ou, deux ou plusieurs symptômes apparaissant successivement; 3- céphalées suivies d’aura avec un

intervalle de 60 minutes maximum; 4- absence de symptômes d’aura après plus de 60 minutes mais si

un symptôme d’aura est présent, la durée est proportionnellement augmentée.

2.1.3- Groupe céphalées de tension chroniques

Il se compose de 42 sujets (34 femmes et 8 hommes) présentant des CTH selon les critères de

diagnostic définis par I.H.S. (2.2.) [2] :

- une fréquence � 15 jours/mois (180 jours/an) durant plus de 6 mois,

- la présence des critères suivants, à savoir, douleurs d’intensité moyenne ou modérée

(pouvant limiter les activités quotidiennes mais sans les empêcher), bilatérales et non empirées par les

activités physiques habituelles,

- l’absence de vomissement,

- la présence d’un seul symptôme suivant : nausées, photophobie ou acouphobie.

2.1.4- Groupe céphalées cervicogéniques

Il est composé de 19 sujets (11 femmes et 8 hommes) présentant des céphalées

cervicogéniques selon les critères de diagnostic définis par I.H.S. (11.2.) [2] :

- la présence de douleurs localisées au niveau de la nuque ou de la région occipitale. Ces

douleurs peuvent se projeter dans la région frontale, orbitale, du vertex ou dans la région auriculaire,

- la douleur provoquée ou aggravée par certains mouvements ou certaines postures de la

nuque,

- la présence d’au moins une des caractéristiques suivantes : limitation ou résistance aux

mouvements passifs de la nuque; tension anormale des muscles de la nuque; changements du contour,

de la texture, du tonus des muscles de la nuque ou de la réponse de ces muscles à une contraction ou

un étirement actif ou passif,

- la présence d’au moins une des caractéristiques suivantes, révélées par un examen

radiologique : mouvements anormaux en flexion/extension, alignement cervical anormal, fractures,

malformation congénitale, tumeur cervicale, arthrite rhumatoïde cervicale.

2.1.5- Groupe acouphènes

Il se compose de 12 sujets (5 femmes et 7 hommes) présentant des acouphènes. Garnier et

Delamare définissent les acouphènes comme étant des sensations auditives ne résultant pas d’une

excitation extérieure de l’oreille [16]. Les critères d’inclusion pour ce groupe sont : présence bilatérale

Page 115: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

115

de sifflements ou de bourdonnements de l’oreille depuis plus de trois mois sans céphalées ni désordre

temporo-mandibulaire.

2.1.6- Groupes de désordres temporo-mandibulaires

La présente étude s’intéressant plus particulièrement aux désordres temporo-mandibulaires

(DTM), nous avons étudié un ensemble de 264 sujets présentant des DTM selon différents critères de

diagnostic. La littérature montre une grande hétérogénéité dans la classification des DTM [17]. Ces

critères de classification des DTM peuvent être :

- désordres des muscles masticateurs ou désordres organiques de l’articulation [18],

- désordres intra-capsulaires ou désordres musculaires [19],

- désordres articulaires inflammatoires, désordres articulaires non inflammatoires ou désordres

non articulaires [20].

D’une manière générale, les auteurs [18, 19, 20] classent les DTM en trois grandes catégories :

articulaires, musculaires et musculo-articulaires. Cependant, il est important de prendre en

considération la présence de céphalées dans la classification des DTM [21, 22].

Ainsi, pour avoir une distinction claire entre les différents types de DTM, nous avons intégré à

la classification des DTM la présence ou l’absence de céphalée et de cervicalgie (figure 4.1). Nous

avons alors classé les 264 sujets présentant des DTM en 4 classes :

• Classe I : se compose de sujets présentant un DTM articulaire sans céphalée ni

cervicalgie. Les sujets présentent donc un seul groupe de symptômes. Ils peuvent présenter ce

symptôme d’un seul côté : c’est la classe I unilatérale (15 sujets: 8 femmes et 7 hommes); ou des deux

côtés : c’est la classe I bilatérale (15 sujets: 9 femmes et 6 hommes).

• Classe II : se compose de sujets présentant un DTM musculaire seul et/ou associé à

des céphalées ou à des cervicalgies. Les sujets de la classe II présentent donc au maximum 2 groupes

de symptômes :

- désordres musculaires seuls

- désordres musculaires et céphalées,

- désordres musculaires et cervicalgies.

Les sujets peuvent présenter ces symptômes d’un seul côté : c’est la classe II unilatérale (8

sujets: 4 femmes et 4 hommes); ou des deux côtés : c’est la classe II bilatérale (32 sujets: 14 femmes et

18 hommes).

• Classe III : se compose de sujets présentant un DTM musculo-articulaire seul et/ou

associé à des céphalées ou à des cervicalgies. Les sujets de la classe III présentent donc 2 ou 3 groupes

de symptômes au maximum :

- désordres musculaires et désordres articulaires,

- désordres musculaires, désordres articulaires et céphalées

Page 116: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

116

- désordres musculaires, désordres articulaires et cervicalgies.

Les sujets peuvent présenter ces symptômes d’un seul côté : c’est la classe III unilatérale (25

sujets: 14 femmes et 11 hommes); ou des deux côtés : c’est la classe III bilatérale (42 sujets: 25

femmes et 17 hommes).

• Classe IV est composée de sujets présentant un DTM musculo-articulaire, des

céphalées et des cervicalgies. Les sujets de la classe IV présentent toujours 4 groupes de symptômes.

Les sujets peuvent présenter ces groupes de symptômes d’un seul côté : c’est la classe IV unilatérale

(47 sujets: 30 femmes et 17 hommes) ; ou des deux côtés : c’est la classe IV bilatérale (80 sujets: 53

femmes et 27 hommes).

Si les désordres temporo-mandibulaires sont présents des deux côtés, alors le DTM est dit bilatéral.

S’ils sont présents d’un seul côté, alors le DTM est dit unilatéral. Au sein d’un DTM unilatéral, nous

différencions le côté ipsilatéral et du côté controlatéral. Pour les classes I et II de DTM, le côté

ipsilatéral constitue le côté douloureux et pathologique tandis que le côté controlatéral constitue le côté

sain. Par contre, pour les classes III et IV de DTM, le côté ipsilatéral correspond au côté où nous

retrouvons simultanément un désordre musculaire et un désordre articulaire. Par contre, le côté

controlatéral correspond au côté où nous n’avons pas de désordre articulaire. Autrement dit, le côté

controlatéral de ces deux classes de DTM n’est pas forcement un côté sain.

Cette classification des DTM montre la place des différents types de désordres temporo-

mandibulaires parmi les pathologies oro-faciales. Elle permet d’avoir un langage médical commun et

pluridisciplinaire pour chaque situation clinique, ceci explique aussi que trois types d’observations

cliniques ont systématiquement été réalisées:

- observation en médecine dentaire chez les patients présentant des DTM, selon les

critères diagnostiques pour déterminer les désordres articulaires, les désordres musculaires et

les désordres musculo-articulaires,

- observation en neurologie chez les patients présentant des DTM, afin de vérifier

l’absence ou la présence de céphalées habituelles,

- observation en médecine physique chez les patients présentant des DTM, afin de

vérifier l’absence ou la présence de cervicalgies ou de trouble de la nuque.

2.2- Critères d’exclusion

Les sujets prenant des médications anti-inflammatoires, anti-dépressives ou analgésiques

depuis 3 jours, les sujets porteurs d’une prothèse dentaire amovible ou d’une édentation postérieure

non compensée par une prothèse fixe, les sujets féminins en période de menstruation et les femmes

enceintes sont exclus de l’étude.

Page 117: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

117

En résumé, les critères des 4 classes de DTM sont :

Classe I

Classe II Classe III Classe IV

Désordres

articulaires Présents Absents Présents Présents

Désordres musculaires

Absents Présents Présents Présents

Céphalées

habituelles Absentes

Présentes ou absentes

Présentes ou absentes

Présentes

Douleurs cervicales

Absentes Présentes ou

absentes Présentes ou

absentes Présentes

Classe I de DTM Classe II de DTM Classe III de DTM Classe IV de DTM Figure 4.1 : Les quatre classes de désordres temporo-mandibulaires : La place des différents types de DTM parmi les douleurs oro-faciales et les trois types d’observations cliniques distincts : observation en médecine dentaire (A), observation en neurologie (B) et observation en médecine physique (C)

A

B

C

Page 118: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

118

2.3- Résumé des groupes étudiés

En résumé, notre étude rétrospective comporte plusieurs groupes :

Figure 4.2 : Populations étudiées

3- METHODOLOGIE

Les sujets subissent une série de 4 examens répartis en 2 séances (figure 4.3). Au début de

chaque séance, ils sont invités à remplir un questionnaire (annexeCD ROM 4.2). Pour tous les examens,

les sujets sont placés dans la même position (décubitus dorsal, la tête légèrement relevée, angle de

15°). Il y a toujours trois équipes qui participent à ce protocole expérimental dont le rôle a été détaillé

dans le chapitre 3: l’équipe électrophysiologique, l’équipe de médecine dentaire et l’équipe de

médecine physique.

* Ière SEANCE :

Examen 1 : lors d’une première séance, l’équipe électrophysiologique enregistre les valeurs

des différents paramètres, à différents degrés de suppression extéroceptive. Les sujets sont invités à

revenir 7 jours après pour réaliser la deuxième séance. Les sujets ne revenant pas sont exclus de

l’étude. Ceci concerne moins de 7 % des sujets.

ETUDE RETROSPECTIVE

(n=417)

GROUPES DE CEPHALEES (n=77)

GROUPES

DE DTM

(n=264)

GROUPE

ACOUPHENES

(n=12)

• CEPHALEES DE TENSION CHRONIQUES (n=42)

• MIGRAINES (n=16)

• CEPHALEES CERVICOGENIQUES (n=19)

• CLASSE I (n=30)

• CLASSE II (n=40)

• CLASSE III (n=67)

• CLASSE IV (n=127)

GROUPE

TEMOIN

(n=64)

Page 119: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

119

* IIème SEANCE :

Examen 2 : l’équipe électrophysiologique enregistre dans un premier temps les valeurs des

paramètres.

Examen 3 : l’équipe de médecine dentaire place des cales dento-dentaires entre les dents des

sujets. Après cette modification occlusale réversible, ils demandent au sujet de serrer les dents et de

déglutir à plusieurs reprises. Nous utilisons des cales dentaires de papier cartonné de double épaisseur,

de 400 µm d’épaisseur chacune (BAUSCH). L’équipe électrophysiologique effectue alors un nouvel

enregistrement des paramètres.

Examen 4 : l’équipe de médecine physique réalise un massage de détente et de palpation des

tensions nucales ainsi que des mobilisations cervicales pendant 20 minutes. L’équipe

électrophysiologique effectue une autre série de mesures des paramètres.

Figure 4.3 : Organisation de l’expérimentation :

L’ensemble des sujets subit une série de 4 examens répartis en 2 séances. Lorsque plusieurs enregistrements se font au cours de la même séance (par exemple examens 2, 3 et 4), les électrodes d'enregistrement restent collées à leur emplacement initial jusqu'à la fin de la séance.

GROUPES PATHOLOGIQUES ET

GROUPE TEMOIN

Ière

SEANCE

EXAMEN 1 :

DETERMINATION DE ES1 ET DE ES2

IIème

SEANCE

+ 7 JOURS

3 EXAMENS :

EXAMEN 2 :

DETERMINATION DE ES1 ET DE ES2

EXAMEN 3 :

MODIFICATION OCCLUSALE REVERSIBLE

+ DETERMINATION DE ES1 ET DE ES2

EXAMEN 4 :

MOBILISATION CERVICALE STRUCTUREE

+ DETERMINATION DE ES1 ET DE ES2

Page 120: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

120

L’équipe de médecine physique a deux objectifs : d’une part le bilan postural et musculo-

articulaire de la nuque et d’autre part, la mobilisation cervicale structurée (jeu articulaire). Celle-ci se

constitue de mouvements généraux mettant en jeu l'ensemble du rachis cervical qui ne se limite pas à

une articulation spécifique [23-26]. Elle se compose des mouvements suivant : glissement latéral du

rachis cervical, glissement antérieur du rachis cervical, glissement postérieur du rachis cervical,

glissement et traction du rachis cervical, rotation de l'occiput sur C1, pression vertébrale centrale

postéro-antérieure, pression vertébrale unilatérale postéro-antérieure et pression vertébrale

transversale.

L’équipe de médecine dentaire est chargée de la mise en place des cales dento-dentaires. Ce

sont les mêmes personnes qui effectuent l’examen clinique des sujets, c'est-à-dire anamnèse,

observation clinique (palpation musculaire, palpation des articulations temporo-mandibulaire (ATM)

et auscultation articulaire), examen des trajectoires mandibulaires, bilan dentaire et analyse occlusale.

L’équipe électrophysiologique est chargée d'enregistrer les stimulations. Lorsque plusieurs

enregistrements se font au cours de la même séance (par exemple examen 2, 3 et 4), les électrodes

d'enregistrement restent collées à leur emplacement initial jusqu'à la fin de la séance. Enfin, cette

équipe est chargée de mesurer les différents paramètres à savoir :

- les temps de latence de ES1 et de ES2,

- les durées de ES1 et de ES2.

Nous avons choisi d’analyser ces paramètres à différents pourcentages d’atténuation de

l’activité EMG ou degrés de suppression : D50, D60, D70, D75 et D80.

4- ANALYSE STATISTIQUE ET RESULTATS

Avant de présenter les différents résultats, nous expliquerons quelle a été notre démarche dans

l’analyse statistique, tant dans la répartition des groupes d’étude que dans le choix des tests statistiques

utilisés. Suite à cela, nous tenterons de répondre à un certain nombre de questions à l’aide des résultats

statistiques obtenus.

4.1- Organisations des groupes étudiés pour l’analyse statistique

Nous avons réparti les groupes d’étude en 17 groupes. En effet, les groupes de DTM

unilatéraux sont divisés en deux sous groupes en raison de la latéralité de la pathologie : soit à gauche

(ipsi gauche) soit à droite (ipsi droit). Ainsi, le côté ipsilatéral représente le côté où l’ensemble des

désordres est présent (désordre musculo-articulaire). Ceci nous permet d’analyser ce qui ce passe du

Page 121: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

121

côté ipsilatéral et du côté controlatéral. Nous avons donc 17 groupes différents pour l’analyse

statistique :

- 1 groupe témoin,

- 1 groupe céphalées de tension chroniques (CTH),

- 1 groupe migraines,

- 1 groupe céphalées cervicogéniques (CC)

- 1 groupe acouphènes,

- 4 groupes de DTM bilatéraux (DTM Bi) : classes I, II, III et IV,

- 4 groupe de DTM unilatéraux, côté ipsilatéral (DTM Ipsi) : classes I, II, III et IV,

- 4 groupes de DTM unilatéraux, côté controlatéral (DTM Contro) : classe I, II, III et IV.

Suite à cette répartition, nous avons séparé les paramètres du côté gauche et ceux du côté droit.

Nous avons effectué les différents tests statistiques pour chacun de ces deux côtés.

4.2- Y a-t-il une différence d’âge et de sexe entre les 17 groupes ?

Pour répondre à cette question, les comparaisons globales ont été réalisées au moyen d’une

analyse de variance (test ANOVA). En cas de significativité, des tests «post hoc» ont été réalisés pour

les comparaisons entre groupes. Vu les comparaisons multiples, une correction de Bonferroni a été

appliquée.

Au niveau du sexe, l’analyse de variance donne P=0.27. Par conséquent, nous ne faisons pas

de comparaisons multiples.

Au niveau de l’âge, l’analyse de variance donne P value<0.001. Par conséquent, nous faisons

une comparaison multiple. Il y a une différence significative entre le groupe témoin et le groupe

céphalées de tension chroniques qui ont en moyenne 7 ans de plus que les témoins (P =0.025).

4.3- L’examen est-il reproductible ?

Nous avons testé la reproductibilité de l’examen EST en comparant l’examen 1 avec l’examen

2 chez tous les groupes confondus. Nous avons utilisé le coefficient intra-classe de Pearson. Ce

coefficient est toujours compris entre 0 et 1. Au plus il est proche de 1, au plus les examens sont

superposables. De plus, nous avons effectué les graphiques (4.1 à 4.10 pour ES1; 4.11 à 4.20 pour

Page 122: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

122

ES2) selon la méthode de Bland et Altman [27] afin d’illustrer la reproductibilité de l’examen EST.

Nous ne présentons que le côté gauche (les graphiques du côté droit sont repris dans l’annexeCD ROM

4.3).

Les valeurs (r) du coefficient de corrélation intra classe de Pearson sont données dans le

tableau 4.1 Globalement, nous constatons que toutes les valeurs de r se situent autour de 0.70. Par

conséquent, les examens 1 et 2 sont superposables et reproductibles.

Coefficients intra-classe de Pearson pour les durées

r ES1 ES2

DEGRES Côté Gauche Côté Droit Côté Gauche Côté Droit

D 50 0.67 0.66 0.88 0.81

D 60 0.65 0.65 0.82 0.82

D 70 0.66 0.62 0.82 0.79

D 75 0.62 0.62 0.79 0.80

D 80 0.66 0.64 0.84 0.81

Tableau 4.1 : Coefficients de corrélation entre l’examen 1 et l’examen 2

Page 123: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

123

Graphiques 4.1 à 4.10 selon Bland et Altman pour les durées de ES1 du côté gauche :

Durées de ES1 (msec.) à 50°

Examen 2

30252015105

Exa

me

n 1

30

25

20

15

10

5

Durées de ES1 (msec.) à 60°

Examen 2

302520151050

Exa

me

n 1

30

25

20

15

10

5

0

Durées de ES1 (msec.) à 50°

(Ex 1 + Ex 2)/2

3020100

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

Durées de ES1 (msec.) à 60°

(Ex 1 + Ex 2)/2

3020100

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

4.1 4.2

4.4 4.3

D50 D50

D60 D60

Page 124: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

124

Durées de ES1 (msec.) à 70°

Examen 2

302520151050

Exa

me

n 1

30

25

20

15

10

5

0

Durées de ES1 (msec.) à 75°

Examen 2

302520151050

Exa

me

n 1

30

25

20

15

10

5

0

Durées de ES1 (msec.) à 80°

Examen 2

2520151050

Exa

me

n 1

25

20

15

10

5

0

Durées de ES1 (msec.) à 70°

(Ex 1 + Ex 2)/2

3020100

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

Durées de ES1 (msec.) à 75°

(Ex 1 + Ex 2)/2

3020100

Ex 1

- E

x 2

30

20

10

0

-10

-20

Durées de ES1 (msec.) à 80°

(Ex 1 + Ex 2)/2

3020100

Ex 1

- E

x 2

20

10

0

-10

-20

4.9

4.6

4. 10

4.5

4.7 4.8

D70 D70

D75 D75

D80 D80

Page 125: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

125

Graphiques 4.11 à 4.20 selon Bland et Altman pour les durées de ES2 du côté gauche :

Durées de ES2 (msec.) à 50°

Examen 2

706050403020100

Exam

en 1

70

60

50

40

30

20

10

0

Durées de ES2 (msec.) à 60°

Examen 2

706050403020100

Exam

en 1

70

60

50

40

30

20

10

0

Durées de ES2 (msec.) à 70°

Examen 2

6050403020100

Exam

en 1

60

50

40

30

20

10

0

Durées de ES2 (msec.) à 50°

(Ex 1 + Ex 2)/2

706050403020100

Ex 1

- E

x 2

40

20

0

-20

-40

Durées de ES2 (msec.) à 60°

(Ex 1 + Ex 2)/2

6050403020100

Ex 1

- E

x 2

30

20

10

0

-10

-20

-30

Durées de ES2 (msec.) à 70°

(Ex 1 + Ex 2)/2

6050403020100

Ex 1

- E

x 2

40

30

20

10

0

-10

-20

-30

4.15

4.12 4.11

4.13

4.16

4.14

D50 D50

D60

D60

D70 D70

Page 126: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

126

Durées de ES2 (msec.) à 75°

Examen 2

6050403020100

Exa

me

n 1

60

50

40

30

20

10

0

Durées de ES2 (msec.) à 80°

Examen 2

50403020100

Exa

me

n 1

50

40

30

20

10

0

Durées de ES2 (msec.) à 75°

(Ex 1 + Ex 2)/2

6050403020100

Ex 1

- E

x 2

30

20

10

0

-10

-20

-30

Durées de ES2 (msec.) à 80°

(Ex 1 + Ex 2)/2

50403020100

Ex 1

- E

x 2

30

20

10

0

-10

-20

4.20

4.18 4.17

4.19

D75 D75

D80 D80

Page 127: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

127

Une autre manière de représenter la variabilité est l’utilisation des courbes de Bland & Altman

(courbes de droite, graphiques 4.2, 4.4, 4.6, 4.8, 4.10, 4.12, 4.14, 4.16, 4.18, 4.20); l’abscisse

représente la moyenne des valeurs obtenues à chaque examen et l’ordonnée à la différence entre ces

valeurs. Une parfaite reproductibilité se traduirait par une différence toujours nulle ; inversement, une

variabilité importante se traduirait par des points s’écartant fortement de l’axe des abscisses. Les 2

lignes horizontales sont obtenues en calculant les moyennes et déviations standard des différences

obtenues pour tous les sujets et correspondent à ±2 sd.

Nous présentons ici les moyennes des durées, des temps de latence de ES1 et de ES2

obtenues lors des examens 1 et 2 sur l’ensemble des sujets participant à l’étude :

ES1 ES2 Durées (ms) ± sd

Gauche Droite Gauche Droite

Ex. 1 16.96 ± 3.5 18.24 ± 3.5 35.76 ± 12.4 35.09 ± 13.1 D50

Ex. 2 18.47 ± 3.3 18.37 ± 3.2 35.97 ± 12.7 36.37 ± 12.3 Ex. 1 16.04 ± 3.5 16.29 ± 3.4 31.61 ± 12.6 31.35 ± 12.9

D60 Ex. 2 16.56 ± 3.4 16.34 ± 3.4 31.95 ± 12.1 31.79 ± 12.6 Ex. 1 13.85 ± 3.7 14.12 ± 3.4 26.19 ± 13.2 26.08 ± 12.3

D70 Ex. 2 14.56 ± 3.4 14.57 ± 3.7 26.83 ± 12.0 27.33 ± 12.2 Ex. 1 12.16 ± 4.0 12.50 ± 3.6 23.38 ± 12.4 23.06 ± 11.3

D75 Ex. 2 12.65 ± 3.7 12.87 ± 3.8 24.05 ± 11.8 24.39 ± 11.8 Ex. 1 9.89 ± 4.1 10.16 ± 3.9 20.82 ± 11.0 21.64 ± 10.2

D80 Ex. 2 9.97 ± 3.8 10.31 ± 4.1 20.00 ± 11.3 21.24 ± 10.2

Tableau 4.2 : Moyennes des durées de ES1 et de ES2 pour les examens 1 et 2

ES1 ES2 Temps de latence

(ms) ± sd Gauche Droite Gauche Droite

Ex. 1 12.11 ± 1.8 12.07 ± 1.6 45.78 ± 8.0 46.50 ± 8.0 D50

Ex. 2 12.36 ± 1.8 12. 21 ± 1.6 45.47 ± 7.4 45.90 ± 7.6 Ex. 1 13.15 ± 1.9 12.99 ± 1.6 49.08 ± 8.0 49.87 ± 7.6

D60 Ex. 2 13.39 ± 1.9 13.18 ± 1.6 48.86 ± 7.2 49.38 ± 7.5 Ex. 1 14.24 ± 2.1 14.07 ± 1.8 52.35 ± 8.2 52.75 ± 7.8

D70 Ex. 2 14.49 ± 2.1 14.21 ± 1.8 51.90 ± 8.1 52.04 ± 7.5 Ex. 1 15.18 ± 2.4 14.99 ± 2.1 55.11 ± 8.5 55.07 ± 8.2

D75 Ex. 2 15.49 ± 2.3 15.04 ± 2.0 53.30 ± 8.2 54.06 ± 7.9 Ex. 1 16.31 ± 2.7 16.12 ± 2.4 55.98 ± 8.1 56.33 ± 7.8

D80 Ex. 2 16.62 ± 2.6 16.24 ± 2.4 56.24 ± 7.9 55.06 ± 7.7

Tableau 4.3 : Moyennes des temps de latence de ES1 et de ES2 pour les examens 1 et 2

Page 128: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

128

4.4- Y a-t-il des interactions entre les groupes ?

Pour répondre à cette question, nous avons fait une analyse de variance (ANOVA) pour les

résultats de l’examen 2. Pour les résultats significatifs de l’ANOVA, des comparaisons multiples ont

été réalisées (test post hoc) avec la méthode de Bonferroni pour chercher quels étaient les groupes qui

différaient significativement. Nous considérons comme étant significatif un p-value <0.001. Pour les

durées de ES1 et de ES2, il y a des différences significatives quels que soient l’examen, le côté ou le

degré de suppression (p-value<0.001).

La présentation de l’ensemble de l’analyse des résultats du test post hoc à l’examen 2 est

reprise en annexe (annexeCD ROM 4.4). Nous pouvons répondre à un certain nombre de questions à

partir de cette analyse : quels sont les groupes différents du groupe témoin ? L’examen 2 permet-il de

faire une distinction entre les groupes différents du groupe témoin ?

4.5- Quels sont les groupes qui sont différents du groupe témoin ?

Pour répondre à cette question, nous nous appuyons sur les résultats du test post hoc du groupe

témoin à l’examen 2 (tableau 4.4).

Au niveau de ES1, ils sont tous identiques au groupe témoin sauf les groupes DTM classe III

bilatérales, classe IV ipsilatérales, controlatérales et bilatérales, le groupe CTH.

Au niveau de ES2, ils sont tous différents du groupe témoin sauf les groupes DTM classe I

ipsilatérale, controlatérale et bilatérale, DTM classe II controlatérale, le groupe migraine et le groupe

acouphènes.

Page 129: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

129

DEGRES DE SUPPRESSION D50 D60 D70 D75 D80

DTM III Bi, DTM IV Contro, DTM IV Bi, CTH ES1

DTM IV Ipsi

DTM III Bi, DTM IV Ipsi, DTM IV Contro, DTM IV Bi, CTH DTM III Ipsi, DTM III Contro

DTM II Bi, CC

ES2

DTM II Ipsi

Tableau 4.4 : Groupes différents du groupe témoin lors de l’examen 2

Dans ce tableau et dans les tableaux similaires suivants, l’étendue du remplissage grisé des cellules permet

d’évaluer pour quel(s) degré(s) de suppression, les population indiquées dans ces cellules s’écartent de la

normes ; par exemple, dans ce tableau, la population «DTM IV Ipsi» ne s’écartait de la norme ES1 que pour

80 degrés de suppression, alors que toujours pour ES1, les populations «DTM II Bi, DTM IV Contro, …,

CTH» s’écartaient de la norme pour tous les degrés de suppression.

De plus, nous constatons que la durée de ES2 de ces groupes est fortement diminuée par

rapport au groupe témoin. Ces résultats sont illustrés dans les graphiques 4.21 et 4.22 qui reprennent

les durées de ES1 et de ES2 à D80. Les graphiques des autres degrés de suppression sont repris dans

l’annexeCD ROM 4.5.

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Duré

es d

e E

S1 à

80°

de s

uppre

ssio

n (

ms)

14

12

10

8

6

Graphique 4.21 : Durées de ES1 à 80 degrés de suppression lors de l’examen 2

I

II

III

IV

Page 130: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

130

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bil

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bil

clas II contro

clas II ipsi

clas I bil

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Duré

es d

e E

S2 à

80°

de s

uppre

ssio

n (

ms)

40

30

20

10

0

Graphique 4.22 : Durées de ES2 à 80 degrés de suppression lors de l’examen 2

4.5.1 Synthèse

Les groupes qui sont différents du groupe témoin sont les groupes DTM classe II (ipsilatérale

et controlatérale), DTM classe III (ipsilatérale, controlatérale et bilatérale), DTM classe IV

(ipsilatérale, controlatérale et bilatérale), CC et CTH.

4.6- L’examen 2 permet-il une distinction entre les groupes différents du

groupe témoin ?

Pour répondre à cette question, nous nous appuyons sur les résultats du test post hoc de chaque groupe

différent du groupe témoin à l’examen 2 (annexeCDROM 4.6). Nous comparons ces groupes uniquement

avec les groupes différents du groupe témoin. Le tableau 4.5 résume les interactions de ES2 pour

l’ensemble de ces groupes.

4.6.1- Pour le groupe DTM classe II ipsilatérale

Au niveau de ES1, il n’y a aucune différence significative. Au niveau de ES2, il y a une

différence significative avec le groupe CTH uniquement à D50.

4.6.2- Pour le groupe DTM classe II bilatérale

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe III

ipsilatérale (à D75), DTM classe III bilatérale, DTM classe IV bilatérale, DTM classe IV ipsilatérale,

I

II

III IV

Page 131: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

131

DTM classe IV controlatérale et CTH. Au niveau de ES2, il y a des différences significatives avec les

groupes DTM classe IV ipsilatérale, DTM classe IV controlatérale, DTM classe IV bilatérale et CTH.

4.6.3- Pour le groupe DTM classe III unilatérale

Du côté ipsilatéral : au niveau de ES1, il y a des différences significatives avec le groupe DTM

classe II bilatérale. Au niveau de ES2, il y a des différences significatives avec le groupe CTH (à D50

et D60 uniquement).

Du côté controlatéral : au niveau de ES1, il n’y a aucune différence significative. Au niveau de

ES2, il y a une différence significative avec le groupe CTH à D60.

4.6.4- Pour le groupe DTM classe III bilatérale

Au niveau de ES1, il n’y a aucune différence significative. Au niveau de ES2, il y a des

différences significatives avec les groupes DTM classe IV ipsilatérale, DTM clase IV controlatérale,

DTM classe IV bilatérale et CTH.

4.6.5- Pour le groupe DTM classe IV unilatérale

Du côté ipsilatéral : au niveau de ES1, il y a des différences significatives uniquement avec le

groupe le groupe DTM classe II bilatérale. Au niveau de ES2, il y a des différences significatives avec

les groupes DTM classe II bilatérale, DTM classe III bilatérale et CC.

Du côté controlatéral : au niveau de ES1, il n’y a aucune différence significative. Au niveau de

ES2, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe II bilatérale, DTM classe III

bilatérale, CC et CTH.

4.6.6- Pour le groupe DTM classe IV bilatérale

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives uniquement avec le groupe DTM classe

II bilatérale. Au niveau de ES2, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe II

bilatérale, DTM classe III bilatérale et CC.

4.6.7- Pour le groupe céphalées cervicogéniques

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives uniquement avec le groupe CTH. Au

niveau de ES2, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe IV ipsilatérale, DTM

classe IV controlatérale, DTM classe IV bilatérale et CTH.

4.6.8- Différences avec le groupe céphalées de tension chroniques

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe II

bilatérale et CC. Au niveau de ES2, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe

Page 132: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

132

II ipsilatérale, DTM classe II bilatérale, DTM III ipsilatérale, DTM III controlatérale, DTM classe III

bilatérale, DTM classe IV controlatérale et CC.

DEGRES DE SUPPRESSION ES2

D50 D60 D70 D75 D80 DTM II

Ipsi CTH

DTM IV Ipsi, DTM IV Bi, CTH DTM II Bi DTM IV Contro

DTM III Ipsi

CTH

DTM III Contro

CTH

DTM IV Ipsi, DTM IV Bi, CTH DTM III Bi DTM IV Contro

DTM II Bi DTM IV Ipsi DTM III Bi, CC

DTM II Bi CTH

DTM IV Contro

DTM II Bi, DTM III Bi, CC

DTM II Bi, CC DTM IV Bi DTM III Bi

DTM IV Bi, CTH

DTM IV Ipsi CC DTM IV Contro

DTM II Bi, CC DTM III Bi

DTM IV Contro DTM III

Contro

DTM III Ipsi

CTH

DTM II Ipsi

Tableau 4.5 : Interactions des groupes différents du groupe témoin lors de l’examen 2

Pour tous les tableaux représentant les interactions, la 1ère colonne (à gauche) reprend les populations

pathologiques de référence (lignes successives) auxquelles sont comparées les autres populations (partie

droite du tableau)

Page 133: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

133

4.6.9- Synthèse

L’analyse de variance et les résultats du test post hoc montrent que les résultats de l’examen 2

ne permettent pas de distinguer clairement et avec précision certains des groupes :

- CTH avec les groupes DTM classe IV ipsilatérale et DTM classe IV bilatérale,

- DTM classe IV bilatérale avec les groupes DTM classe II ipsilatérale, DTM classe III

ipsilatérale et controlatérale, DTM classe IV ipsilatérale et controlatérale et CTH,

- DTM classe IV controlatérale avec les groupes DTM classe II ipsilatérale, DTM classe III

ipsilatérale et controlatérale, DTM classe IV ipsilatérale et bilatérale et CTH,

- DTM classe IV ipsilatérale avec les groupes DTM classe II ipsilatérale, DTM classe III

ipsilatérale et controlatérale, DTM classe IV controlatérale et bilatérale et CTH,

- DTM classe III bilatérale avec les groupes DTM classe II ipsilatérale et bilatérale, DTM

classe III ipsilatérale et controlatérale et CC,

- DTM classe III (ipsi et contro) avec tous les groupes de DTM et le groupe CC,

- DTM classe II bilatérale avec les groupes DTM classe II ipsilatérale, DTM classe III

ipsilatérale, controlatérale et bilatérale et CC,

- DTM classe II DTM ipsilatérale avec tous les groupes de DTM et le groupe CC,

- CC avec les groupes DTM classe II ipsilatérale et bilatérale et DTM classe III ipsilatérale,

controlatérale et bilatérale.

4.7- Quels sont les effets de la modification occlusale réversible ?

Pour répondre à cette question, nous avons comparé les résultats de l’examen 2 avec ceux de

l’examen 3 en utilisant le test t pairé. Les paramètres de comparaison sont les durées et les vitesses de

ES1 et de ES2 à chaque degré de suppression. Les valeurs sont reprises dans l’annexeCDROM 4.7. La

vitesse correspond au pourcentage d’atténuation divisé par 100 x le temps de latence :

Vitesse = % d’atténuation / (100 x temps de latence)

Il faut signaler que cette notion de «vitesse» n’est pas à prendre au sens d’une «vitesse de

conduction» ; on parle de vitesse simplement parce qu’il s’agit de l’inverse d’un temps.

4.7.1- Effets de la modification occlusale réversible sur les durées de ES1 et de ES2

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe I, II et IV

bilatérales, pour le groupe acouphènes, pour le groupe migraine, pour le groupe CC et pour le groupe

CTH (tableau 4.6).

Page 134: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

134

DUREES – ES1 DEGRES DE SUPPRESSION

Examen 3 D50 D60 D70 D75 D80

DTM I Bi. P<0.001 DTM II Bi. P<0.001 DTM IV Bi. P<0.001

ACOUPHENES P<0.001 MIGRAINE P<0.001

CC P<0.001 CTH P<0.001

Tableau 4.6 : Groupes pour lesquels les durées de ES1 changent à l’examen 3

Au niveau de ES2, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe II

bilatérale, DTM classe III ipsilatérale, DTM classe III bilatérale, DTM IV ipsilatérale et DTM classe

IV bilatérale (tableau 4.7).

DUREES – ES2 DEGRES DE SUPPRESSION

Examen 3 D50 D60 D70 D75 D80

II Bi. P<0.001 Ipsi P <0.001

III G. Contro

Ipsi P<0.001 III Dr.

Contro III Bi. P<0.001

Ipsi P<0.001 IV G.

Contro Ipsi P<0.001

IV Dr. Contro

DTM

IV Bi. P<0.001

Tableau 4.7 : Groupes pour lesquels les durées de ES2 changent à l’examen 3

4.7.2- Effets de la modification occlusale réversible sur les vitesses de ES1 et de ES2

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe IV

bilatérale, acouphène, migraine, CC et (tableau 4.8).

VITESSE- ES1 D50 D60 D70 D75 D80

IV Bi. P <0.001 ACOUPHENES P <0.001

MIGRAINE P <0.001 CC P <0.001

CTH P <0.001

Tableau 4.8 : Groupes pour lesquels les vitesses de ES1 changent à l’examen 3

Page 135: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

135

Au niveau de ES2, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe II

bilatérale, DTM classe IV ipsilatérale et DTM classe IV bilatérale (tableau 4.9).

VITESSE- ES2 D50 D60 D70 D75 D80

II Bi. P<0.001 P<0.001 Ipsi P<0.001

IV G. Contro

Ipsi P<0.001 IV Dr.

Contro

DTM

IV Bi. P<0.001

Tableau 4.9 : Groupes pour lesquels les vitesses de ES2 changent à l’examen 3

Remarque : le groupe DTM classe IV gauche (DTM IV G.) signifie que le côté ipsilatéral est

le côté gauche. Le groupe DTM classe IV droite (DTM IV Dr.) signifie que le côté ipsilatéral est le

côté droit.

4.7.3- Synthèse

Nous pouvons dire que la mise en place de la modification occlusale réversible entraîne des

effets sur les durées de ES2 des groupes DTM classe II, classe III et classe IV bilatérales et DTM

classe III et classe IV ipsilatérales. De plus, elle provoque des changements au niveau des vitesses des

ES2 des groupes DTM classe II et classe IV bilatérale et DTM classe IV ipsilatérale. Nous pouvons

alors nous demander si la mise en place de cette modification occlusale réversible permet une

meilleure distinction entre ces groupes.

4.8- La modification occlusale réversible permet-elle une distinction entre

les groupes ?

Pour répondre à cette question, nous nous appuyons sur les résultats du test post hoc de l’examen 3

pour les groupes différents du groupe témoin à l’examen 2 (annexeCD ROM 4.8.). Nous comparerons

chacun de ces groupes avec les groupes différents du groupe témoin. Le tableau 9 résume les

interactions de ES2 lors de l’examen 3 de ces groupes. Les graphiques 4.23 et 4.24 montrent les durées

de ES1 et ES2 à 80 degrés de suppression pour l’ensemble des groupes de l’étude. L’annexeCD ROM 4.9

reprend les graphiques pour les autres degrés de suppression.

Pour le groupe DTM classe II ipsilatérale, le groupe DTM classe III ipsilatérale et le groupe

CC : il y a des différences significatives uniquement avec le groupe CTH.

Pour le groupe DTM classe II bilatérale : il y a des différences significatives avec les groupes

DTM classe IV controlatérale, DTM classe IV bilatérale et CTH.

Page 136: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

136

Pour le groupe DTM classe III controlatérale : il y a des différences significatives avec les

groupes DTM classe IV bilatérale et CTH.

Pour le groupe DTM classe III bilatérale : il y a des différences significatives avec les groupes

DTM classe IV controlatérale, DTM classe IV bilatérale et CTH.

Pour le groupe DTM classe IV ipsilatérale : il y a des différences significatives avec les

groupes DTM classe IV controlatérale, DTM classe IV bilatérale et CTH.

Pour le groupe DTM classe IV controlatérale : il y a des différences significatives avec les

groupes DTM classe II et classe III bilatérales, DTM classe IV ipsilatérale et CTH.

Pour le groupe DTM classe IV bilatérale : il y a des différences significatives avec les groupes

DTM classe II et classe III bilatérales, DTM classe III controlatérale, DTM classe IV ipsilatérale et

CTH. Pour le groupe CTH : il y a des différences significatives avec tous les groupes.

DEGRES DE SUPPRESSION ES2

D50 D60 D70 D75 D80 DTM II

Ipsi CTH

DTM IV Bi, CTH DTM II Bi DTM IV Contro

DTM III Ipsi

CTH

CTH DTM III Contro DTM IV Bi

DTM IV Bi, CTH DTM III Bi DTM IV Contro

DTM IV Bi, CTH DTM IV

Ipsi DTM IV

Contro

CTH DTM II Bi

DTM IV Contro

DTM III Bi DTM IV Ipsi

DTM II Bi, DTM III Bi, DTM IV Ipsi, CTH DTM IV

Bi DTM III

Contro

CC CTH

DTM II Ipsi et Bi, DTM III Ipsi et Bi, DTM IV Ipsi, Contro et Bi CTH

DTM III Contro, CC Tableau 4.10 : Interactions lors de l’examen 3 des groupes différents du groupe témoin à l’examen 2

Page 137: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

137

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Duré

es d

e E

S1 à

80°

de s

uppre

ssio

n (

ms)

30

25

20

15

10

Graphique 4.23 : Durées de ES1 à D80 lors de l’examen 3

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bil

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bil

clas II contro

clas II ipsi

clas I bil

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Du

tée

s d

e E

S2

à 8

de

su

pp

ressio

n (

ms)

40

30

20

10

0

Graphique 4.24 : Durées de ES2 à D80 lors de l’examen 3

I

II

III

IV

I

II

III IV

Page 138: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

138

4.8.1- Synthèse

La mise en place d’une modification occlusale réversible permet de distinguer plusieurs

groupes :

- le groupe CTH avec toutes les classes de DTM (ipsi, contro et bi) et le groupe CC,

- le groupe DTM classe IV bilatérale avec les groupes DTM classes II, III et IV ipsilatérales,

DTM classe III (contro), DTM classes II et III bilatérales et CTH,

- le groupe DTM classe IV controlatérale avec les groupes DTM classes II et III bilatérales,

DTM classe IV (contro) et CTH,

- le groupe DTM classe IV ipsilatérale avec les groupes DTM classe IV (contro et bi),

4.9- Dans quel sens se font les changements des durées et des vitesses de

ES1 et ES2 suite à la modification occlusale réversible ?

Pour répondre à cette question, nous présenterons les valeurs des durées et des vitesses de ES1 et de

ES2 des groupes pour lesquels la modification occlusale réversible entraîne des changements

significatifs (annexeCD ROM 4.10).

4.9.1- Pour les durées de ES1 et de ES2

Les durées de ES1 et de ES2 augmentent lors de la mise en place de la modification occlusale

réversible (examen 3) par rapport à l’examen 2. Le tableau 4.11 (pour ES1) et le tableau 4.12 (pour

ES2) reprennent les moyennes des durées ES1 et ES2 à 80 degrés de suppression (± déviation

standard).

Durée-ES1 Examen 2 Examen 3

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM I Bi. 11.8 ± 2.8 12.4 ± 3.6 21.0 ± 7.4 12.0 ± 3.5

DTM II Bi. 12.2 ± 2.6 12.8 ± 2.7 17.1 ± 7.7 11.5 ± 2.0

DTM IV Bi. 8.9 ± 3.7 9.3 ± 3.6 12.2 ± 8.8 9.8 ± 3.7

ACOUPHENES 13.6 ± 2.5 14.6 ± 3.6 19.8 ± 11.6 13.4 ± 3.0

MIGRAINE 11.5 ± 4.5 9.9 ± 4.2 14.1 ± 7.8 9.0 ± 4.4

CC 8.5 ± 3.0 9.1 ± 5.8 11.1 ± 8.9 10.2 ± 4.7

CTH 6.7 ± 4.2 7.9 ± 4.3 11.9 ± 10.2 9.1 ± 4.9

Tableau 4.11 : Durées de ES1 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 3

Page 139: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

139

Durée -ES2 Examen 2 Examen 3

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM II Bi. 10.8 ± 9.4 12.9 ± 10.1 20.9 ± 11.7 22.3 ± 9.1

DTM III Uni. G. 1.7 ± 2.6 9.6 ± 11.9 15.4 ± 12.4 9.2 ± 10.2

DTM III Uni. Dr. 7.1 ± 12.3 3.4 ± 5.3 9.1 ± 9.1 18.7 ± 8.9

DTM III Bi. 6.8 ± 7.6 6.8 ± 8.6 17.2 ± 11.5 18.6 ± 11.1

DTM IV Uni. G. 0.5 ± 1.9 4.9 ± 9.7 20.2 ± 11.9 8.0 ± 11.2

DTM IV Uni. Dr. 7.0 ± 10.0 1.5 ± 4.2 13.5 ± 12.1 22.0 ± 9.8

DTM IV Bi. 1.2 ± 3.7 1.7 ± 4.9 9.2 ± 11.6 8.1 ± 11.3

Tableau 4. 12 : Durées de ES2 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 3

Les graphiques 4.25 et 4.26 illustrent l’augmentation des durées de ES1 et de ES2 lors de

l’examen 3 par rapport à l’examen 2 : les différents groupes sont repris sur l’axe des abscisses tandis

que la différence Ex.3 – Ex.2 constitue l’axe des ordonnées.

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Diffé

rences d

e E

S1 à

80°

de s

uppre

ssio

n

30

20

10

0

-10

Graphique 4.25 : Différences Ex.3 – Ex.2 pour les durées de ES1 à 80 degrés de suppression

I II

III IV

Page 140: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

140

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Diffé

ren

ce

de

ES

2 à

80

° d

e s

up

pre

ssio

n

30

20

10

0

-10

Graphique 4.26 : Différences Ex.3 – Ex.2 pour les durées de ES2 à 80 degrés de suppression

4.9.2- Pour les vitesses de ES1 et de ES2

Les vitesses de ES1 diminuent tandis que les vitesses de ES2 augmentent lors de la mise en

place de la modification occlusale réversible (examen 3) par rapport à l’examen 2. Le tableau 4.13

(pour ES1) et le tableau 4.14 (pour ES2) reprennent les moyennes des vitesses de ES1 et ES2 à 80

degrés de suppression (± déviation standard).

Vitesse-ES1 Examen 2 Examen 3

D80 Gauche Droite Gauche Droite

IV Bi. 5.9 ± 1.0 5.8 ± 1.3 3.6 ± 2.7 5.6 ± 1.1

ACOUPHENES 6.4 ± 1.0 6.8 ± 1.1 3.8 ± 2.4 6.3 ± 1.1

MIGRAINE 6.1 ± 1.0 6.1 ±1.0 3.7 ± 2.6 6.1 ± 1.4

CC 5.8 ± 1.1 6.4 ± 1.0 2.9 ± 2.7 5.8 ± 1.0

CTH 5.0 ± 2.2 5.5 ± 1.6 3.5 ± 2.7 5.3 ± 1.6

Tableau 4.13 : Vitesses de ES1 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 3

I

II

III

IV

Page 141: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

141

Vitesse-ES2 Examen 2 Examen 3

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM II Bi. 1.5 ± 0.7 1.4 ± 0.8 1.5 ± 0.5 1.7 ± 0.4

DTM IV Uni. G. 0.1 ± 0.4 0.5 ± 0.9 1.5 ± 0.8 0.8 ± 0.9

DTM IV Uni. Dr. 0.8 ± 0.9 0.3 ± 0.7 1.2 ± 0.9 1.7 ± 0.5

DTM IV Bi. 0.2 ± 0.5 0.2 ± 0.5 0.7 ± 0.8 0.6 ± 0.8

Tableau 4.14 : Vitesses de ES2 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 3

Les graphiques 4.27 et 4.28 illustrent la diminution des vitesses de ES1 et l’augmentation des

vitesses de ES2 lors de l’examen 3 par rapport à l’examen 2 : les différents groupes sont repris sur

l’axe des abscisses tandis que la différence Ex.3 – Ex.2 constitue l’axe des ordonnées. Nous ne

présentons que les graphiques à 80 degrés de suppression (pour les autres degrés, voir annexeCD ROM

4.9).

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV ipsi

clas iV contro

clas III bi

clas III ipsi

clas III contro

clas II bi

clas II ipsi

clas II contro

clas I bi

clas I ipsi

clas I contro

témoin

Diffé

ren

ce

s d

e E

S1

à 8

de

su

pp

ressio

n

,4

0,0

-,4

-,8

-1,2

Graphique 4.27 : Différences Ex.3 – Ex.2 pour les vitesses de ES1 à 80 degrés de suppression

I II

III

IV

Page 142: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

142

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Diffé

ren

ce

s d

e E

S2

à 8

de

su

pp

ressio

n

1,5

1,0

,5

0,0

-,5

Graphique 4.28 : Différences Ex.3 – Ex.2 pour les vitesses de ES2 à 80 degrés de suppression

4.9.3- Synthèse

Suite à la mise en place de la modification occlusale réversible, lorsqu’il y a des variations,

celles-ci consistent en :

- pour ES1 : une augmentation des durées et une diminution des vitesses,

- pour ES2 : une augmentation des durées et des vitesses.

4. 10- Quels sont les effets de la mobilisation cervicale structurée ?

Pour répondre à cette question, nous avons comparé les résultats de l’examen 2 avec ceux de

l’examen 4 en utilisant le test t pairé. Les paramètres de comparaison sont les durées et les vitesses de

ES1 et de ES2 à chaque degré de suppression. Les valeurs sont reprises dans l’ annexeCD ROM 4.10.

4.10.1- Effets de la mobilisation cervicale structurée sur les durées de ES1 et de ES2

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe I, DTM

classe II bilatérale, DTM classe IV bilatérale, acouphènes, migraine, CC et CTH (tableau 4.15).

I II

III

IV

Page 143: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

143

Au niveau de ES2, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe II

bilatérale, DTM classe III ipsilatérale, DTM classe III bilatérale, DTM classe IV ipsilatérale, DTM

classe IV bilatérale et CC (tableau 4.16).

DUREES – ES1 DEGRES DE SUPPRESSION

Examen 4 D50 D60 D70 D75 D80

DTM I Bi. P <0.001

DTM II Bi. P<0.001

DTM IV Bi. P <0.001

ACOUPHENES P <0.001

MIGRAINE P <0.001

CC P <0.001

CTH P <0.001

Tableau 4.15 : Groupes pour lesquels les durées de ES1 changent à l’examen 4

DUREES – ES2 DEGRES DE SUPPRESSION

Examen 4 D50 D60 D70 D75 D80

II Bi. P <0.001

Ipsi P <0.001 III G.

Contro

III Bi. P <0.001

Ipsi P<0.001 IV G.

Contro

Ipsi P<0.001 IV Dr.

Contro

DTM

IV Bi. P<0.001

CC P <0.001

Tableau 4.16 : Groupes pour lesquels les durées de ES2 changent à l’examen 4

Page 144: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

144

4.10.2- Effets de la mobilisation cervicale structurée sur les vitesses de ES1 et de ES2

Au niveau de ES1, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe IV

bilatérale, acouphènes, CC et CTH (tableau 4.17).

Au niveau de ES2, il y a des différences significatives pour les groupes DTM classe IV

ipsilatérale et DTM classe IV bilatérale (tableau 4.18).

VITESSE – ES1 DEGRES DE SUPPRESSION

Examen 4 D50 D60 D70 D75 D80

DTM IV Bi. P<0.001

Acouphènes P <0.001

Migraine P <0.001

CC P <0.001

CTH P <0.001

Tableau 4.17 : Groupes pour lesquels les vitesses de ES1 changent à l’examen 4

VITESSE – ES2 DEGRES DE SUPPRESSION

Examen 4 D50 D60 D70 D75 D80

Ipsi P <0.001 IV G.

contro

Ipsi P <0.001 IV Dr.

contro

DTM

IV Bi. P <0.001

Tableau 4.18 : Groupes pour lesquels les vitesses de ES2 changent à l’examen 4

4.10.3- Synthèse

Nous pouvons dire que la mobilisation cervicale structurée entraîne des effets sur les durées de

ES2 des groupes DTM classe II, classe III et classe IV bilatérales, DTM classe III et classe IV

ipsilatérales et du groupe CC. De plus, elle provoque des changements au niveau des vitesses des ES2

des groupes DTM classe IV ipsilatérale et DTM classe IV bilatérale. Nous pouvons alors nous

demander si cette mobilisation cervicale structurée permet une meilleure distinction entre les groupes.

Page 145: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

145

4.11- La mobilisation cervicale structurée permet-elle une distinction

entre les groupes ?

Pour répondre à cette question, nous nous appuyons sur les résultats du test post hoc de

l’examen 4 pour les groupes différents du groupe témoin à l’examen 2 (annexeCD ROM 4.11). Nous

comparerons chacun de ces groupes avec les groupes différents du groupe témoin. Le tableau 4.19

résume les interactions de ES2 lors de l’examen 3 ces groupes. Les graphiques 4.29 et 4.30 montrent

les durées de ES1 et ES2 à 80 degrés de suppression pour l’ensemble des groupes de l’étude (pour les

autres degrés de suppression, annexeCD ROM 4.12).

Pour le groupe DTM classe II ipsilatérale, le groupe DTM classe III controlatérale et le groupe

DTM classe IV ipsilatérale, il y a des différences significatives uniquement avec le groupe CTH.

Pour le groupe DTM classe II bilatérale, le groupe DTM classe III ipsilatérale et le groupe

DTM classe III bilatérale, il y a des différences significatives avec le groupe DTM classe IV bilatérale

et le groupe CTH.

Pour le groupe DTM classe IV controlatérale, il y a des différences significatives avec les

groupes CC et CTH.

Pour le groupe DTM classe IV bilatérale, il y a des différences significatives avec les groupes

DTM classe II bilatérale, DTM classe III ipsilatérale, DTM classe III bilatérale, CC et CTH.

Pour le groupe CC, il y a des différences significatives avec les groupes DTM classe IV

controlatérale, DTM classe IV bilatérale et CTH.

Pour le groupe CTH, il y a des différences significatives avec tous les groupes.

Page 146: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

146

DEGRES DE SUPPRESSION ES2

D50 D60 D70 D75 D80 DTM II

Ipsi CTH

CTH DTM II

Bi DTM IV Bi DTM IV Bi

CTH DTM III Ipsi DTM IV Bi

DTM III Contro

CTH

CTH DTM III

Bi DTM IV Bi

DTM IV Ipsi

CTH

CTH DTM IV

Contro CC

DTM II Bi DTM III Ipsi

et Bi, CC et CTH

DTM II Bi,

CC et CTH

CC et CTH

DTM II Bi,

CC et CTH

CC, CTH DTM II Bi DTM II Bi

DTM IV Bi

DTM III Ipsi

et Bi

DTM IV Bi et CTH

CC DTM IV Contro

DTM II Ipsi, DTM III Contro

CTH DTM II Bi, DTM III Ipsi et Bi, DTM IV Ipsi, Contro et Bi

CC

Tableau 4.19 : Interactions lors de l’examen 4 des groupes différents du groupe témoin à l’examen 2

Page 147: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

147

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Duré

es d

e E

S1 à

80°

de s

uppre

ssio

n (

ms)

30

20

10

0

Graphique 4.29 : Durées de ES1 à 80 degrés de suppression lors de l’examen 4

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bil

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bil

clas II contro

clas II ipsi

clas I bil

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Du

rée

s d

e E

S2

à 8

de

su

pp

ressio

n (

ms)

40

30

20

10

0

Graphique 4.30 : Durées de ES2 à 80 degrés de suppression lors de l’examen 4

I II III

IV

I

II

III IV

Page 148: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

148

4.11.1- Synthèse

La mobilisation cervicale structurée permet de distinguer plusieurs groupes :

- le groupe CTH avec toutes les classes de DTM (ipsi, contro et bi) et le groupe CC,

- le groupe CC avec les groupes DTM classe IV (ipsi, contro et bi),

- le groupe DTM classe IV bilatérale avec les groupes DTM classe III ipsilatérale,

DTM classe III bilatérale et DTM classes II bilatérale.

4.12- Dans quel sens se font les changements des durées et des vitesses de

ES1 et ES2 suite à la mobilisation cervicale structurée ?

Pour répondre à cette question, nous présenterons les valeurs des durées et des vitesses de ES1

et de ES2 des groupes pour lesquels la mobilisation cervicale structurée entraîne des changements

significatifs (annexeCD ROM 4.12).

4.12.1- Pour les durées de ES1 et de ES2

Les durées de ES1 et de ES2 augmentent lors de la mobilisation cervicale structurée (examen

4) par rapport à l’examen 2. Le tableau 4.20 (pour ES1) et le tableau 4.21 (pour ES2) reprennent les

moyennes des durées de ES1 et ES2 à 80 degrés de suppression (± déviation standard).

Durée-ES1 Examen 2 Examen 4

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM I Bi. 11.8 ± 2.8 12.4 ± 3.6 21.1 ± 10.9 12.3 ± 3.1 DTM II Bi. 12.2 ± 2.6 12.8 ± 2.7 16.6 ± 6.7 11.8 ± 2.9 DTM IV Bi. 8.9 ± 3.7 9.3 ± 3.6 13.1 ± 9.6 10.3 ± 3.7

ACOUPHENES 13.6 ± 2.5 14.6 ± 3.6 14.2 ± 10.6 13.7 ± 2.2 MIGRAINE 11.5 ± 4.5 9.9 ± 4.2 13.6 ± 10.4 9.0 ± 3.3

CC 8.5 ± 3.0 9.1 ± 5.8 7.2 ± 6.8 9.9 ± 5.7 CTH 6.7 ± 4.2 7.9 ± 4.3 12.4 ± 9.2 8.2 ± 4.5

Tableau 4.20 : Durées de ES1 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 4

Page 149: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

149

Durée-ES2 Examen 2 Examen 4

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM II Bi. 10.8 ± 9.4 12.9 ± 10.1 19.5 ± 11.1 18.6 ± 9.5 DTM III Uni. G. 1.7 ± 2.6 9.6 ± 11.9 19.3 ± 13.8 13.3 ± 10.7

DTM III Bi. 6.8 ± 7.6 6.8 ± 8.6 16.0 ± 11.3 15.8 ± 11.2 DTM IV Uni. G. 0.5 ± 1.9 4.9 ± 9.7 17.8 ± 10.6 12.9 ± 10.9 DTM IV Uni. Dr. 7.0 ± 10.0 1.5 ± 4.2 14.4 ± 11.7 17.3 ± 12.6

DTM IV Bi. 1.2 ± 3.7 1.7 ± 4.9 9.9 ± 11.0 8.8 ± 11.8 CC 11.2 ± 12.6 9.9 ± 12.0 25.1 ± 11.1 26.5 ± 14.2

Tableau 4.21 : Durées de ES2 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 4

Les graphiques 4.31 et 4.32 illustrent l’augmentation des durées de ES1 et de ES2 lors de

l’examen 4 par rapport à l’examen 2 : les différents groupes sont repris sur l’axe des abscisses tandis

que les différences Ex.4 – Ex.2 constituent l’axe des ordonnées. Nous ne présentons que les

graphiques à 80 degrés de suppression (pour les autres degrés, annexeCD ROM 4.12).

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II ipsi

clas II contro

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Diffé

ren

ce

s d

e E

S1

po

ur

Ex.4

- E

x.2

à 8

20

10

0

-10

Graphique 4.31 : Différences Ex. 4 – Ex. 2 pour les durées de ES1 à 80 degrés de suppression

I

II III

IV

Page 150: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

150

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Diffé

ren

ce

de

ES

2 p

ou

r E

x.4

-Ex.2

à 8

20

10

0

-10

Graphique 4.32 : Différences Ex.4 – Ex.2 pour les durées de ES2 à 80 degrés de suppression

4.12.2- Pour les vitesses de ES1 et de ES2

Les vitesses de ES1 diminuent tandis que les vitesses de ES2 augmentent lors de la

mobilisation cervicale structurée (examen 4) par rapport à l’examen 2. Le tableau 4.22 (pour ES1) et le

tableau 4.23 (pour ES2) reprennent les moyennes des vitesses de ES1 et de ES2 à 80 degrés de

suppression (± déviation standard).

Vitesse-ES1 Examen 2 Examen 4

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM IV Bi. 5.9 ± 1.0 5.8 ± 1.3 3.6 ± 2.6 5.7 ± 1.2 Acouphènes 6.4 ± 1.0 6.8 ± 1.1 3.8 ± 2.5 5.8 ± 1.1

Migraine 6.1 ± 1.0 6.1 ±1.0 3.8 ± 2.7 6.0 ± 1.3 CC 5.8 ± 1.1 6.4 ± 1.0 2.7 ± 2.9 5.8 ± 1.8

CTH 5.0 ± 2.2 5.5 ± 1.6 3.6 ± 2.5 5.4 ± 1.7

Tableau 4.22 : Vitesses de ES1 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 4

IV

I

II

III

Page 151: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

151

Vitesse-ES2 Examen 2 Examen 4

D80 Gauche Droite Gauche Droite

DTM IV Uni. G. 0.1 ± 0.4 0.5 ± 0.9 3.3 ± 2.1 5.8 ± 1.6 DTM IV Uni. Dr. 0.8 ± 0.9 0.3 ± 0.7 4.3 ± 2.6 6.3 ± 1.5

DTM IV Bi. 0.2 ± 0.5 0.2 ± 0.5 3.6 ± 2.6 5.7 ± 1.2

Tableau 4.23 : Vitesses de ES2 à 80 degrés de suppression lors des examens 2 et 4

Les graphiques 33 et 34 illustrent la diminution des vitesses de ES1 et l’augmentation des

vitesses de ES2 lors de l’examen 4 par rapport à l’examen 2 : les différents groupes sont repris sur

l’axe des abscisses tandis que les différences Ex.4 – Ex.2 constituent l’axe des ordonnées.

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV ipsi

clas iV contro

clas III bi

clas III ipsi

clas III contro

clas II bi

clas II ipsi

clas II contro

clas I bi

clas I ipsi

clas I contro

témoin

Diffé

ren

ce

s d

e E

S1

po

ur

Ex.4

- E

x.2

à 8

,4

0,0

-,4

-,8

-1,2

Graphique 4.33 : Différences Ex.4 – Ex.2 pour les vitesses de ES1 à 80 degrés de suppression

I

II

III IV

Page 152: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

152

CTH

CC

migraine

acouphène

clas IV bi

clas IV contro

clas iV ipsi

clas III bi

clas III contro

clas III ipsi

clas II bi

clas II contro

clas II ipsi

clas I bi

clas I contro

clas I ipsi

témoin

Diffé

ren

ce

s d

e E

S2

po

ur

Ex.4

- E

x.2

à 8

20

10

0

-10

Graphique 4.34 : Différences Ex. 4 – Ex. 2 pour les vitesses de ES2 à 80 degrés de suppression

4.12.3- Synthèse

Suite à la mobilisation cervicale structurée, lorsqu’il y a des variations, celles-ci consistent en :

- pour ES1 : une augmentation des durées et une diminution des vitesses,

- pour ES2 : une augmentation des durées et des vitesses.

4.13- Analyse quantitative

Pour chaque patient, nous disposons de 8 données : examens 1, 2, 3 et 4 avec enregistrements réalisés,

soit à gauche, soit à droite. Nous ne considérerons que les examens réalisés lors de la seconde session,

à savoir les examens 2, 3 et 4 (les données de l’examen 1 ont été utilisées pour l’évaluation de la

reproductibilité) ; chaque patient est dès lors caractérisé par 6 données.

Nous considérerons uniquement les durées des intervalles ES2 aux différents degrés de suppression.

Celles-ci sont considérées comme pathologiques lorsqu’elles excèdent d’au moins 2 déviations

standard les normes définies à l’occasion de notre première étude, en d’autres termes lorsqu’elles se

situent en dehors de l’intervalle normal figurant dans les abaques du chapitre 2 (figure 2.15). Pour

I

II

III IV

Page 153: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

153

chaque patient, chaque degré de suppression (D50, D60, D70, D75, D80) se voit attribuer une valeur

de 1 ou 0 selon que la durée ES2 est ou n’est pas normale pour ce degré de suppression ; chaque

examen se voit dès lors attribuer un « score » compris entre 0 et 5 ; pour l’examen 2, ces scores seront

regroupés en 3 catégories : « examen EST normal » (4 ou 5), « examen EST modérément perturbé » (2

ou 3), « examen EST nettement perturbé » (0 ou 1).

Les examens 3 et 4 seront comparés à l’examen 2 : lorsque la différence entre le score obtenu à l’un de

ces examens et celui obtenu à l’examen 2 ne dépasse pas ±1, nous considérerons le résultat comme

« inchangé », une augmentation de 2 ou plus sera considérée comme une « amélioration », une

diminution de 2 ou plus comme une « détérioration ».

Sur base de cette méthode chaque patient pourra, pour chacun des côtés examinés, être placé dans 17

catégories possibles (Tableau 4.24) :

Examen 2 Examen 3 Examen 4 Pattern

Inchangé P1 Inchangé

Détérioré P2

Inchangé P3 Normal

Détérioré Détérioré P4

Amélioré P5

Inchangé P6 Amélioré

Détérioré P7

Amélioré P8

Inchangé P9 Inchangé

Détérioré P10

Amélioré P11

Inchangé P12

Modérément

perturbé

Détérioré

Détérioré P13

Amélioré P14 Amélioré

Inchangé P15

Amélioré P16 Nettement perturbé

Inchangé Inchangé P17

Tableau 4.24 – Catégories définies sur base des Examens 2, 3 et 4.

Ceci nous permettra de calculer les sensibilités, spécificités, valeurs prédictives positives et négatives

selon la méthode suivante (tableau 4.25) :

Page 154: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

154

La sensibilité du test à une pathologie est la probabilité qu’une personne présentant cette pathologie

soit anormale pour ce test.

On définit classiquement la spécificité du test comme la probabilité que ce test s’avère normal chez un

sujet normal ; en d’autres termes, un test très spécifique n’est jamais anormal chez un sujet normal.

Nous étendrons cette notion de spécificité à la comparaison entre différents groupes pathologiques.

La valeur prédictive positive (VPP) du test pour une pathologie est la probabilité qu’un sujet chez

lequel le test s’avère anormal présente la pathologie.

La valeur prédictive négative (VPN) du test est la probabilité qu’un sujet chez lequel le test s’avère

normal ne présente pas la pathologie.

Le tableau ci-dessous, résume la manière de calculer ces paramètres.

Pathologie présente

Oui Non

Normal a b a + b Test

Anormal c d c + d

a + c b + d a + b + c + d

Sensibilité = ca

a+ Valeur prédictive positive =

baa+

Spécificité = db

d+ Valeur prédictive négative =

dcd+

Tableau 4.25. – Mesures de la sensibilité, spécificité, VPP, VPN

Les données obtenues à gauche et à droite seront confondues pour tous les groupes bilatéraux. Pour les

groupes unilatéraux (DTM I, II, III et IV), nous distinguerons les données obtenues ipsi- et

controlatéralement par rapport au côté symptomatique.

Page 155: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

155

4.13.1- Résultats des groupes « bilatéraux »

Nous incluons ici les sujets normaux (groupe témoin), les DTM I, II, III et IV bilatéraux, les

acouphènes, migraines, céphalées cervicogéniques (CC) et céphalées de tension chroniques (CTH).

Ceci représente au total 644 côtés chez 322 sujets.

Le tableau ci-dessous reprend la distribution de ces sujets parmi les patterns définis dans le Tableau

4.24.

Pattern Témoin

DTM I

Bi

DTM II

Bi

DTM

III Bi

DTM

IV Bi Acouph. Migraines CC CTH Total

P 1 124 28 38 31 15 22 28 20 0 306

P 2 1 1 2 2 1 1 0 0 0 8

P 3 2 0 1 0 1 0 1 1 1 7

P 4 1 0 0 0 0 0 0 0 2 3

P 5 0 0 8 11 16 1 2 3 0 41

P 6 0 0 4 7 4 0 0 0 0 15

P 7 0 0 1 3 1 0 0 0 0 5

P 8 0 0 1 3 7 0 0 5 1 17

P 9 0 1 0 3 1 0 0 2 1 8

P 10 0 0 1 0 1 0 0 0 1 3

P 11 0 0 0 1 1 0 0 1 0 3

P 12 0 0 0 0 1 0 0 0 1 2

P 13 0 0 0 0 1 0 0 0 2 3

P 14 0 0 4 8 28 0 0 0 1 41

P 15 0 0 0 8 13 0 1 0 4 26

P 16 0 0 2 5 18 0 0 4 5 34

P 17 0 0 2 2 51 0 0 2 65 122

Total 128 30 64 84 160 24 32 38 84 644

Tableau 4.26 – Répartition des sujets sur base des patterns définis dans le Tableau 4.24

Au total, examen EST est normal pour 324 côtés, modérément perturbé pour 97 côtés et nettement

perturbé pour 223 côtés.

Lorsque l’examen 2 est normal, l’examen 3 n’est détérioré par rapport à l’examen 2 que dans 10 cas

sur 324 (3%) et l’examen 4 n’est détérioré par rapport à l’examen 2 que dans 11 cas sur 324 (3%).

Lorsque l’examen 2 est modérément perturbé, l’examen 3 est inchangé par rapport à l’examen 2 dans

28 cas sur 97 (29%), amélioré dans 61 cas (63%), détérioré dans 8 cas (8%) ; l’examen 4 est inchangé

par rapport à l’examen 2 dans 25 cas sur 97 (26%), amélioré dans 61 cas (63%), détérioré dans 11 cas

(11%).

Page 156: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

156

Lorsque l’examen 2 est fortement perturbé, l’examen 3 est amélioré ou inchangé par rapport à

l’examen 2 dans 67 cas (30%) et 156 cas (70%), respectivement et l’examen 4 est amélioré ou

inchangé par rapport à l’examen 2 dans 75 cas (34%) et 148 cas (66%), respectivement.

Au total, la modification occlusale réversible comme la mobilisation cervicale structurée ne détériorent

l’examen 2 que dans 18 cas sur 644 (2.8%). Elles améliorent l’examen 2 dans 2/3 des cas si l’examen

2 n’est que modérément perturbé au départ et dans 1/3 des cas si l’examen 2 est nettement perturbé au

départ.

Nous allons dans un 1er temps définir les sensibilités, spécificités, VPP et VPN de ES2 pour l’examen

2 en comparant chaque groupe avec les autres groupes pathologiques (tableau 4.27). Nous avons

décidé de ne pas inclure les sujets normaux (groupes témoin) ni les acouphènes dans la mesure où la

question que nous nous posons actuellement est celle de la différenciation entre les sous-groupes de

sujets présentant des douleurs.

Durée ES2

Examen 2 DTM I Bi DTM II Bi DTM III Bi DTM IV Bi Migraines CC CTH

Sensibilité 0.03 0.36 0.61 0.89 0.09 0.45 0.96

Spécificité 0.31 0.31 0.34 0.47 0.31 0.33 0.42

VPP 0.00 0.07 0.16 0.45 0.01 0.05 0.25

VPN 0.83 0.76 0.81 0.90 0.83 0.88 0.98

Tableau 4.27- Sensibilité, spécificité, VPP et VPN de durée ES2 lors de l’examen 2

La sensibilité de ES2 est particulièrement faible dans les DTM I (0.03) et les migraines (0.09) ; elle est

intermédiaire pour les DTM II (0.36) et III (0.61) ainsi que pour les céphalées cervicogéniques (0.45),

très importante pour les DTM IV (0.89) et les céphalées de tension chronique (0.96). Il s’ensuit – et

ceci est confirmé par les VPP - que l’observation d’un ES2 pathologique permet virtuellement

d’exclure que les plaintes rentrent exclusivement dans le cadre de DTM I, de migraines ou de

céphalées cervicogéniques ; des DTM II sont également peu probables mais non exclues (du moins si

l’on s’en tient à une valeur seuil de p= 0.05) ; par contre, les hypothèses de DTM III ou IV ou de

céphalées de tension chronique sont toutes vraisemblables. Inversement, un ES2 normal permet

virtuellement d’exclure des céphalées de tension chronique (VPN = 0.98) ou des DTM IV (VPN=0.90)

mais ne permet guère d’être affirmatif pour les autres groupes. Par contre, l’examen 2 est très peu

spécifique quelle que soit la pathologie (tableau 4.27).

Page 157: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

157

Dans quelle mesure les examens 3 et/ou 4 permettent de différencier ces groupes pathologiques ?

Nous avons sélectionné les cas où l’examen 2 était nettement perturbé et avons considéré l’examen 3

et/ou l’examen 4 comme positif lorsqu’ils donnaient lieu à une amélioration de ES2 par rapport à celui

de l’examen 2 (tableau 4.28)

Examen 3 (EX 3) : la probabilité qu’une modification occlusale réversible entraîne une amélioration

est très faible dans les céphalées cervicogéniques (sensibilité : 0.00) et les céphalées de tension

chroniques (sensibilité : 0.07), importante dans le DTM III (sensibilité : 0.70), moyenne dans le DTM

II, faible dans le DTM IV. Par conséquent, la positivité du test rend très peu probable les céphalées

cervicogéniques (VPP=0.00) ou céphalées de tension chroniques (VPP=0.08) et l’appartenance au

DTM II (VPP=0.06), nettement plus probable l’appartenance au DTM IV (VPP=0.62). La négativité

du test rend très probable l’appartenance au DTM II (VPN=0.97), DTM III (VPN=0.96) ou aux

céphalées cervicogéniques (VPN=0.96) ; elle permet difficilement de se prononcer sur les céphalées

de tension chroniques (tableau 4.28).

Examen 4 (EX 4) : la probabilité que la mobilisation cervicale structurée entraîne une amélioration est

très faible dans les céphalées de tension chroniques (sensibilité : 0.08) et importante dans le DTM II

(sensibilité : 0.75) et les céphalées cervicogéniques (sensibilité : 0.67), moyenne dans les DTM III

(sensibilité : 0.57) et DTM IV (sensibilité : 0.42). La positivité du test rend très peu probable les

céphalées de tension chroniques (VPP=0.08) et l’appartenance au DTM II (VPP=0.08), nettement plus

probable l’appartenance au DTM IV (VPP=0.61). La négativité du test rend très probable

l’appartenance au DTM II (VPN=0.99), DTM III (VPN=0.93) ou au groupe des céphalées

cervicogéniques (VPN=0.99) ; elle permet difficilement de se prononcer sur les céphalées de tension

chroniques (VPN=0.53). (tableau 4.28)

EX 3 ou EX 4 : nous retenons surtout que la probabilité que l’un ou l’autre test s’avère positif reste

très faible dans les céphalées de tension chroniques (sens=0.13). (tableau 4.28)

Page 158: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

158

ES2 DTM II Bi DTM III Bi DTM IV BI CC CTH

EX 3

Sensibilité 0.50 0.70 0.37 0.00 0.07

Spécificité 0.71 0.75 0.78 0.69 0.59

VPP 0.06 0.24 0.62 0.00 0.08

VPN 0.97 0.96 0.56 0.96 0.55

EX 4

Sensibilité 0.75 0.57 0.42 0.67 0.08

Spécificité 0.68 0.69 0.74 0.67 0.53

VPP 0.08 0.17 0.61 0.05 0.08

VPN 0.99 0.93 0.56 0.99 0.53

EX 3 ou EX 4

Sensibilité 0.75 0.91 0.54 0.67 0.13

Spécificité 0.56 060 0.63 0.56 0.39

VPP 0.06 0.21 0.59 0.04 0.10

VPN 0.98 0.98 0.58 0.98 0.47

Tableau 4.28 – Sensibilité, spécificité, VPP et VPN de ES2 pour les différents groupes pour l’examen 3 (EX 3) et l’examen 4 (EX 4)

4.13.2- Résultats des groupes « unilatéraux »

Nous incluons ici les groupes DTM I, II, III et IV unilatéraux. Ceci représente au total 190 côtés chez

95 patients.

Le tableau 4.29 reprend la distribution des cas unilatéraux dans les 17 catégories.

Page 159: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

159

ES2 DTM I DTM II DTM III DTM IV

Pattern ipsi contro ipsi contro ipsi contro ipsi contro

P 1 14 14 2 6 2 7 3 11

P 2 0 0 0 0 0 0 1 2

P 3 1 0 1 1 1 1 0 0

P 4 0 1 0 0 0 0 0 1

P 5 0 0 1 0 5 1 6 3

P 6 0 0 2 0 2 0 0 1

P 7 0 0 0 0 1 0 0 0

P 8 0 0 0 0 0 1 1 1

P 9 0 0 0 0 2 1 0 2

P 10 0 0 0 0 0 0 0 0

P 11 0 0 0 0 1 0 0 0

P 12 0 0 0 0 0 0 0 0

P 13 0 0 0 0 0 0 0 0

P 14 0 0 0 0 6 6 22 8

P 15 0 0 2 1 3 1 9 6

P 16 0 0 0 0 2 6 5 6

P 17 0 0 0 0 0 1 0 6

Tableau 4.29 – Répartition des sujets DTM unilatéraux sur base des patterns définis dans le tableau 4.24

Le tableau 4.30 reprend les caractéristiques de l’examen 2 : à l’exception du groupe DTM I au sein

duquel l’examen est toujours normal, quel que soit le côté, on constate que l’examen 2 s’avère plus

souvent pathologique ipsilatéralement que controlatéralement. Par contre, et toujours à l’exception du

groupe DTM I, les résultats de l’examen 2 s’avèrent pathologiques du côté asymptomatique dans un

pourcentage significatif pour les groupes DTM III et IV ; le côté contolatéral ne peut dès lors pas être

considéré comme équivalent à celui d’un sujet normal.

Page 160: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

160

ES2 DTM I DTM II DTM III DTM IV

Examen 2 ipsi contro ipsi contro ipsi contro ipsi contro

Normal 15 15 3 7 3 8 4 14

Modérément perturbé 0 0 3 0 11 3 7 7

Nettement perturbé 0 0 2 1 11 14 36 26

Total 15 8 25 47

Tableau 4.30– Distribution des résultats de l’examen 2 dans les groupes DTM unilatéraux, comparaison entre les résultats ipsi- et controlatéraux

La distribution des anomalies de l’examen 2 ne diffère pas significativement lorsque l’on

compare le côté symptomatique des DTM unilatéraux (ipsi) avec les DTM bilatéraux (tableau

4.31).

ES2 DTM I DTM II DTM III DTM IV

Examen 2 ipsi bilatéral ipsi bilatéral ipsi bilatéral ipsi bilatéral

Normal 100 % 97 % 38 % 64 % 12 % 39 % 9 % 11 %

Modérément perturbé 0 % 3 % 38 % 23 % 44 % 33 % 15 % 21 %

Nettement perturbé 0 % 0 % 24 % 13 % 44 % 28 % 76 % 68 %

Tableau 4.31 – DTM unilatéraux, comparaison (en %) de la distribution des anomalies ES2 du côté symptomatique (ipsi) et dans les DTM bilatéraux.

Nous constatons que (tableau 4.29), lorsque l’examen 2 est nettement perturbé, la modification

occlusale réversible améliore les résultats (cumul des P14 et P15) dans 9 cas sur 11 pour le DTM III et

31 cas sur 36 pour le DTM IV, soit une sensibilité de 0.81 dans le DTM III (vs 0.70 pour le DTM III

bilatéral) et une sensibilité de 0.86 pour le DTM IV (vs 0.37 pour le DTM IV bilatéral). Le DTM IV

bilatéral semble donc moins sensible à la modification occlusale réversible que le DTM IV unilatéral.

La mobilisation cervicale structurée (cumul des P14 et P16) améliore les résultats dans 8 cas sur 11

pour le DTM III et 27 cas sur 36 pour le DTM IV, soit une sensibilité de 0.73 dans le DTM III

unilatéral (vs 0.57 pour le DTM III bilatéral) et 0.75 pour le DTM IV unilatéral (vs 0.42 pour le DTM

IV bilatéral).

Page 161: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

161

5- DISCUSSION

Les résultats du coefficient de corrélation intra-classe de Pearson montrent qu’avec notre

protocole expérimental et la méthodologie standardisée, l’examen EST est un examen fiable et

suffisamment reproductible pour l’ensemble des sujets participant à l’étude (4.3). La littérature montre

cependant que l’ES2 présente de nombreuses variabilités intra- et inter-individuelles [3, 6, 28]. Nos

résultats favorables peuvent être expliqués d’une part par la méthode informatique automatisée [29],

utilisée pour déterminer les périodes de suppression ES1 et ES2, et d’autre part par la mise en place de

critères d’inclusion et d’exclusion dans la sélection des sujets participant à l’étude. En effet, ces

critères tiennent compte des médications en cours [30-32] et de l’état hormonal des sujets [32-35].

Ainsi, vu les variations de ES2 consécutives à la prise de médication ou à l’état hormonal, ces deux

points doivent être considérés dans les études; car ils contribuent à la stabilité des deux périodes de

suppression. De plus, nos groupes d’étude sont homogènes sauf pour l’âge.

En effet, l’analyse de variance ne montre, dans l’ensemble, aucune différence significative (4.2).

Enfin, cette existence d’un effet test-retest rend tout à fait justifié de réaliser deux examens (examens

1 et 2) à une semaine d’intervalle. En effet, même si l’examen EST reste stable d’un jour à l’autre, les

valeurs des paramètres étudiés augmentent de manière non significative lors de l’examen 2 par rapport

à l’examen 1 (4.3). Ainsi, la mise en place de deux examens à une semaine d’intervalle diminue

encore les variabilités interindividuelles. Par conséquent, il est indispensable de comparer les

différents tests (examens 3 et 4) à l’examen 2 réalisé le même jour.

Les pourcentages d’atténuation de l’activité EMG, à partir desquels sont mesurés les durées et

les temps de latence de ES1 et ES2, varient d’une étude à l’autre. La plupart des auteurs prennent 80%

d’atténuation d’activité EMG : Schoenen et coll. [3], Paulus et coll. [28], Raudino et coll. [8], Zwart et

Sand [9], Aktekin et coll. [36], Keidel et coll. [37] et Ge et coll. [38]. D’autres auteurs prennent 50%

d’atténuation de l’activité EMG : Lipchick et coll. [13] et Romaniello et coll. [39]. Schoenen et Göbel

[40] préconisent pourtant, dans leur consensus de 1993, de prendre 80% d’atténuation de l’activité

EMG comme critère de sélection. Dans notre étude, nous avons choisi de prendre 5 degrés de

suppression : 50, 60, 70, 75 et 80 degrés. L’analyse de variance à l’examen 2 (4.5) montre que ES2

peut être identique entre un groupe témoin et un groupe pathologique dans les premiers degrés de

suppression (D50 et D60) mais différent à des degrés de suppression marqués (D70, D75 et D80).

C’est le cas entre le groupe témoin et les groupes céphalées cervicogéniques et DTM classe II

bilatérale. Il est donc intéressant d’avoir plusieurs degrés de suppression pour l’analyse statistique. De

plus, on peut ne pas avoir de différence à 70 degrés de suppression mais en avoir une à 80 degrés de

Page 162: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

162

suppression, comme c’est le cas entre le groupe témoin et le groupe DTM classe II ipsilatérale. C’est

pourquoi nous avons ajouté un degré intermédiaire : 75 degrés.

Vu les propriétés anatomo-fonctionnelles de la deuxième période de suppression (ES2), celle-

ci apparaît comme l’élément le plus important dans l’analyse des résultats. Pour chaque degré de

suppression, nous avons comparé les durées de ES2 du groupe témoin, obtenues lors de l’examen 2,

avec les durées de ES2 de l’ensemble des groupes étudiés. L’analyse de variance et les résultats du test

post hoc (4.5) font apparaître clairement qu’un certain nombre de groupes se détachent du groupe

témoin : DTM classe II ipsilatérale, DTM classe II bilatérale, DTM classe III ipsilatérale, DTM classe

III controlatérale, DTM classe III bilatérale, DTM classe IV ipsilatérale, DTM classe IV

controlatérale, DTM classe IV bilatérale, céphalées cervicogéniques (CC) et céphalées de tension

chroniques (CTH).

Pour tous ces groupes, les durées de ES2 sont bien inférieures à celles du groupe témoin

obtenues aux mêmes degrés de suppression. Ainsi, à partir des durées de ES2 obtenues lors de

l’examen 2 et des 5 degrés de suppression, nous pouvons classer les groupes étudiés en cinq niveaux

de variabilité de durées de ES2 (figure 4.4) :

• Niveau 0 : groupes pour lesquels, lors de l’examen 2, il n’y a pas de différence significative

avec les durées de ES2 du groupe témoin, quel que soit le degré de suppression. Nous

retrouvons le groupe acouphènes, le groupe migraine et les groupes DTM classe I ipsilatérale,

DTM classe I controlatérale, DTM classe I bilatérale et DTM classe II controlatérale.

Comme on pouvait s’y attendre, nous constatons à ce niveau une excellente concordance entre

les données de groupes et les données individuelles (4.13) faisant état d’une très faible

sensibilité de ES2 dans ces groupes ; la faible spécificité, telle que nous l’avons définie au

niveau individuel, confirme par ailleurs l’impossibilité de différencier les étiologies au sein de

ces groupes.

• Niveau 1 : groupes pour lesquels, lors de l’examen 2, il y a des différences significatives avec

les durées de ES2 du groupe témoin à 75 et 80 degrés de suppression. Nous qualifions cette

variabilité de légèrement diminuée. Nous retrouvons le groupe DTM classe II ipsilatérale.

Selon l’analyse individuelle (4.13), le niveau 1 correspond aux altérations légères de ES2 ;

celles-ci constituent effectivement la caractéristique dominante (38%) du groupe DTM classe

II ipsilatérale ; le faible nombre de sujets dans ce groupe (8 patients) nous empêche cependant

toute analyse plus précise au niveau individuel.

Page 163: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

163

• Niveau 2 : groupes pour lesquels, lors de l’examen 2, il y a des différences significatives avec

les durées de ES2 du groupe témoin à 70, 75 et 80 degrés de suppression. Nous qualifions

cette variabilité de diminuée. Nous retrouvons le groupe DTM classe II bilatérale et le groupe

céphalées cervicogéniques.

Selon l’analyse individuelle, le niveau 2 correspond également à des altérations moyennes.

Celles-ci furent observées chez environ 25% des patients des groupes DTM classe II bilatérale

et céphalées cervicogéniques.

• Niveau 3 : groupes pour lesquels, lors de l’examen 2, il y a des différences significatives avec

les durées de ES2 du groupe témoin à 60, 70, 75 et 80 degrés de suppression. Nous qualifions

cette variabilité de très diminuée. Nous retrouvons les groupes DTM classe III ipsilatérale et

DTM classe III controlatérale.

Selon l’analyse individuelle, des altérations sévères de ES2 furent retrouvées chez 44% et 56%

des patients, pour les DTM classe III ipsilatérale et controlatérale, respectivement. Il est

remarquable de constater que, dans le DTM classe III, les anomalies de ES2 sont observées du

côté ipsilatéral comme du côté controlatéral..

• Niveau 4 : groupes pour lesquels, lors de l’examen 2, il y a des différences significatives avec

les durées de ES2 du groupe témoin dès 50 degrés de suppression. Nous qualifions cette

variabilité de totalement diminuée. Nous retrouvons le groupe céphalées de tension

chroniques et les groupes DTM classe III bilatérale, DTM classe IV ipsilatérale, DTM classe

IV controlatérale et DTM classe IV bilatérale. Ces données sont totalement confirmées au

niveau individuel, les sensibilités de ES2 dans ces différents groupes étant respectivement de

0.96, 0.61, 0.77, 0.55 et 0.89. (4.13)

Page 164: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

164

Figure 4.4 : Les 5 niveaux de variabilité de durées de ES2

5 NIVEAUX DE VARIABILITE DE

DUREES DE ES2

0 = aucune différence avec ES2 du groupe témoin

1 = ES2 différent à 75 et 80 degrés de

suppression

3 = ES2 différent à 60, 70, 75 et 80

degrés de suppression

2 = ES2 différent à 70, 75 et 80 degrés

de suppression

4 = ES2 différent à tous les degrés de

suppression

Acouphènes Migraine DTM I Ipsi DTM I Contro DTM I Bi DTM II Contro

DTM II Ipsi

DTM II Bi, CC

DTM III Bi DTM IV Ipsi DTM IV Contro DTM IV Bi CTH

DTM III Ipsi DTM III Contro

Page 165: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

165

L’analyse statistique (5.6) montre que la réalisation de l’examen 2 seul ne permet pas de

différencier les uns par rapport aux autres un certain nombre de groupes, et donc, ne permet pas un

diagnostic différentiel entre plusieurs pathologies (figure 4.5) :

- CTH avec les DTM classes IV unilatérale et IV bilatérale,

- DTM classe IV bilatérale avec les DTM classes II, III et IV unilatérales et les CTH,

- DTM classe IV unilatérale avec les DTM classes II et III unilatérales, les DTM classe IV

bilatérale et les CTH,

- DTM classe III bilatérale avec les DTM classes II et III unilatérale, les DTM classe II

bilatérale et les CC,

- DTM classe III unilatérale avec toutes les classes de DTM et les CC,

- DTM classe II bilatérale avec les DTM classe II et III unilatérales, les DTM classe III

bilatérale et les CC,

- DTM classe II unilatérale avec toutes les classes de DTM et les CC,

- CC avec les DTM classe II et III unilatérale et les DTM classes II et

classe III bilatérales.

Avec cette nouvelle présentation, il devient possible de distinguer les groupes qui sont à des

niveaux de variabilité de durées ES2 différents. Par contre, les groupes appartenant à un même niveau

ne sont pas identifiables distinctement. Ainsi, pour utiliser l’examen EST comme examen

complémentaire, l’analyse des paramètres d’un seul examen EST n’est pas suffisante. C’est pourquoi

nous avons évalué l’intérêt d’effectuer différents tests cliniques :

• une modification occlusale réversible par la pose de cales dentaires (examen 3) dans le but

d’étudier l’effet d’un changement de positionnement mandibulaire et une modification

proprioceptive du système trigéminal,

• une mobilisation cervicale structurée (examen 4).

Page 166: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

166

Figure 45 : Problème de diagnostic différentiel avec un simple examen EST

Les flèches relient les pathologies qui ne peuvent pas être différenciées sur base d’une simple analyse des durées de ES2 lors de l’examen 2.

Le test t pairé montre qu’à la suite des tests cliniques constitués par une modification occlusale

réversible (4.9) et par une mobilisation cervicale structurée (4.12), les durées de ES1 à 80 degrés de

suppression augmentent tandis que les vitesses diminuent ; autrement dit, l’arrivée au degré de

suppression est plus lente, mais la durée de suppression d’activité électrique est plus longue. Au

niveau de ES2, les durées et les vitesses de ES2 augmentent simultanément à 80 degrés de

suppression ; autrement dit, l’arrivée au degré de suppression est plus rapide et la suppression

CTH

DTM classe IV unilatérale

DTM classe IV bilatérale

DTM classe II unilatérale

DTM classe II bilatérale

DTM classe III bilatérale

CC

DTM classe III unilatérale

Page 167: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

167

d’activité électrique est plus longue. Toutefois, ce ne sont pas les mêmes groupes qui sont soumis à

ces variations (figure 4.6).

Figure 4.6 : Effets de la modification occlusale réversible et de la mobilisation cervicale structurée sur les durées et les vitesses de ES1 et de ES2 à 80 degrés de suppression

Ainsi, la modification occlusale réversible entraîne des effets sur les durées de ES2 (4.7) des

groupes DTM classe II, classe III et classe IV bilatérales et DTM classe III et classe IV ipsilatérales

(test t pairé). De plus, elle provoque des changements au niveau des vitesses des ES2 des groupes

DTM classe II et classe IV bilatérale et DTM classe IV ipsilatérale (test t pairé). La mobilisation

cervicale structurée entraîne des effets sur les durées de ES2 (4.10) des groupes DTM classe II, classe

III et classe IV bilatérales, DTM classe III et classe IV ipsilatérales et du groupe CC (test t pairé). De

Modification occlusale réversible : examen 3

Mobilisation cervicale structurée : examen 4

ES1

ES2

Vitesses

Vitesses

Durées

Durées

DTM IV Bilatérale, Acouphènes, Migraine, CC, CTH

DTM I bilatérale, DTM II bilatérale, DTM IV bilatérale, Acouphènes, Migraine, CC, CTH

DTM IV ipsilatérale DTM IV bilatérale

DTM II bilatérale DTM IV ipsilatérale DTM IV bilatérale

DTM II bilatérale DTM III ipsilatérale DTM III bilatérale DTM IV ipsilatérale DTM IV bilatérale

DTM II bilatérale DTM III ipsilatérale DTM III bilatérale DTM IV ipsilatérale DTM IV bilatérale CC

Page 168: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

168

plus, elle provoque des changements au niveau des vitesses des ES2 des groupes DTM IV ipsilatérale

et DTM classe IV bilatérale (test t pairé).

Au sein des niveaux de variabilité de ES2, les modifications engendrées par les deux tests

cliniques sur les paramètres de ES2 (vitesses et durées) permettent de distinguer les groupes au sein

d’un même niveau (4.8 et 4.11). La figure 4.7 reprend ces distinctions :

• Niveau 0 : les groupes sont identiques au groupe témoin ;

Au niveau individuel, l’absence d’amélioration par la modification occlusale réversible ou la

mobilisation cervicale structurée était attendue, les résultats étant normaux dès le départ.

• Niveau 1 : un seul groupe appartient à ce niveau de variabilité : groupe DTM classe II

ipsilatérale et il n’y a pas de changement à l’examen 3 et à l’examen 4.

On notera que, parmi les 3 patients de la classe II ipsilatérale chez lesquels ES2 était

modérément altérée dès le départ, les modifications occlusales réversibles s’avérèrent efficaces

dans les 3 cas alors que la mobilisation cervicale structurée ne fut efficace que dans 1 cas sur

3. Le nombre de patients est évidemment trop faible pour en tirer des conclusions au niveau

statistique.

• Niveau 2 : la modification occlusale réversible augmente les durées de ES2 du groupe DTM

classe II bilatérale (de D60 à D80) tandis qu’elle n’a aucun effet sur le groupe CC (test t

pairé). La mobilisation cervicale structurée a des effets sur le groupe DTM classe II bilatérale

(à D80) et sur le groupe CC (de D70 à D80). Ainsi, les deux tests cliniques permettent de

distinguer le groupe DTM classe II bilatérale du groupe CC.

Individuellement, les céphalées cervicogéniques présentent comme caractéristiques d’être très

sensibles (0.67) à la mobilisation cervicale structurée mais pas aux modifications occlusales

réversible (0%) alors que des résultats homogènes sont obtenus pour la classe II bilatérale

(0.50 et 0.75 pour les examens 3 et 4, respectivement). Il s’agit là d’une donnée

pragmatiquement utile sur le plan clinique.

• Niveau 3 : les deux tests cliniques ont des effets sur le groupe DTM classe III ipsilatérale (de

D75 à D80) mais n’ont aucun effet sur la classe III controlatérale (test t pairé). Ainsi, ces deux

tests permettent de distinguer les deux groupes.

Cette donnée n’est que partiellement confirmée au niveau individuel. En effet, la sensibilité de

l’examen 3 et de l’examen 4 fut calculée à 0.81 et 0.73, respectivement, dans le groupe DTM

classe III ipsilatérale ; cependant, parmi les 14 patients de DTM Classe III controlatérale chez

lesquels ES2 était nettement altéré dès le départ, l’absence d’effet de modification occlusale

réversible ou de la mobilisation cervicale structurée ne fut observée qu’à une reprise. Il y a

donc une contradiction apparente entre les données de groupe et les données individuelles ;

nous n’avons pas d’explication satisfaisante à apporte à ce stade de l’étude, il importerait,

Page 169: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

169

d’une part, de mieux évaluer la variabilité inter-individuelle et, d’autre part, d’inclure

éventuellement les cas individuels où ES2 était, au départ, modérément altéré ; le faible

nombre de patients appartenant à cette catégorie nous a empêché de réaliser ces calculs au

niveau individuel.

En pratique, nous concluons donc que la modification occlusale réversible et/ou la

mobilisation cervicale structurée s’avèrent en réalité individuellement efficaces sur ES2, y

compris dans la Classe III controlatérale, même si cet effet ne pouvait être démontré

globalement au niveau du groupe.

• Niveau 4 : les tests d’interactions permettent de constater, suite à la modification occlusale

réversible, 3 entités séparées :

a- DTM classe III bilatérale et DTM classe IV ipsilatérale avec un effet de D50 à

D80,

b- DTM classe IV bilatérale et DTM classe IV controlatérale et nous constatons

l’effet uniquement dans le cadre de classe IV bilatérale de D60 à D80,

c- CTH sans aucun effet.

Les tests d’interactions permettent de constater, suite à la mobilisation cervicale structurée, 3

entités séparées. :

a- DTM classe III bilatérale avec un effet de D60 à D80,

b- DTM classe IV ipsilatérale, DTM classe IV bilatérale et classe IV controlatérale

avec un effet de D50 à D80 pour les deux premiers groupes et sans effets pour le

groupe DTM classe IV controlatérale,

c- CTH sans aucun effet.

Ces données démontrées au niveau des groupes sont remarquablement confirmées au niveau

individuel : dans les céphalées de tension chroniques, la sensibilité des examen 3 et examen 4

(c'est-à-dire la probabilité d’amélioration par la modification occlusale réversible et la

mobilisation cervicale structurée) était pratiquement nulle (0.07 et 0.08 pour l’examen 3 et

l’examen 4, respectivement) ; au contraire, cette sensibilité était significativement plus élevée

dans les DTM classe IV bilatérale (0.37 et 0.42, respectivement) ; la très faible sensibilité aux

modifications occlusales réversibles et aux mobilisations cervicales structurées notée dans les

céphalées de tension chroniques explique que ces manœuvres augmentent considérablement la

spécificité du test (0.78 et 0.74, respectivement, vs 0.47 pour l’examen de départ examen2)

lorsque les DTM classe IV doivent être comparées aux céphalées de tension chroniques.

L’importance de cette observation doit être soulignée, le diagnostic différentiel entre DTM

classe IV et les céphalées de tension s’avérant particulièrement difficile sur base

exclusivement clinique.

Page 170: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

170

Figure 4.7 : Répartition des groupes et les tests cliniques dans les niveaux de variabilité des durées de ES2

17 groupes : témoin, acouphènes, migraine, CC, CTH, DTM I ipsilatérale, controlatérale et bilatérale, DTM II ipsilatérale, controlatérale et bilatérale, DTM III

ipsilatérale, controlatérale et bilatérale et DTM IV ipsilatérale, controlatérale et bilatérale.

EXAMEN 2

Niveau 0 : Témoin Acouphènes Migraine DTM I : - ipsilatérale - controlatérale - bilatérale DTM II : controlatérale

Niveau 1 : DTM II ipsi

Niveau 2 : DTM II bi CC

Niveau 3 : DTM III ipsi DTM III contro

Niveau 4 : DTM III bi DTM IVcontro

DTM IV ipsi DTM IV bi CTH

Ex.3

Ex.4

Ø Ø

Ex.4

Ex.3

Ex.4

Ex.3

Ex.4

Ex.3 Ex.4

Ex.3

X (D60-D80) X (D80) Ø

X (D70-D80)

X (D75-D80) X (D75-D80)

Ø Ø

DTM IV contro DTM IV bi

DTM III bi DTM IV ipsi

CTH CTH

DTM IV ipsi DTM IV contro DTM IV bi

DTM III bi X (D50-D80)

X (D50-D80)

Ø

X (D60-D80)

Ø

X (D60-D80) X (D50-D80) Ø X (D50-D80) Ø

EXAMEN 3 EXAMEN 4

Page 171: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

171

Ainsi, tous les groupes du niveau 4 peuvent être distingués les uns des autres par l’ensemble

des examens : examen EST de départ (examen 2) et les deux tests cliniques (examens 3 et 4). D’un

point de vue clinique, les modifications apportées par les deux tests cliniques sur les durées de ES2

combinées aux niveaux de variabilité permettent de distinguer l’ensemble des pathologies étudiées :

- céphalées de tension chroniques versus céphalées cervicogéniques;

- céphalées de tension chroniques versus désordres temporo-mandibulaires;

- céphalées cervicogéniques versus désordres temporo-mandibulaires;

- les différents désordres temporo-mandibulaires.

Céphalées de tension chroniques versus céphalées cervicogéniques (figure 4.8) :

Ces deux groupes ont des durées de ES2 différentes de celles du groupe témoin lors de

l’examen 2 mais :

1- ils n’appartiennent pas au même niveau de variabilité de ES2 ;

2- la mobilisation cervicale structurée a des effets sur les durées de ES2 du groupe CC mais

pas sur le groupe CTH.

Figure 4.8 : Différences entre CC et CTH

Céphalées de tension chroniques versus désordres temporo-mandibulaires (figure 4.9) :

Les durées de ES2 du groupe CTH sont différentes de celles des classes I, II et III de DTM

(unilatérales et bilatérales). Par contre, la classe IV de DTM et les CTH ont des durées de ES2

semblables mais les deux tests cliniques distinguent :

1- les CTH et les DTM classe IV bilatérale par leurs effets sur celle-ci ;

VS Céphalées

cervicogéniques

Céphalées de tension

chroniques

Examen 2 Mobilisation cervicale structurée (Ex.4)

Différent niveau de variabilité de durée de ES2

CTH = Ø CC = augmente durées de ES2

Page 172: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

172

2- les CTH et les DTM classe IV unilatérale par leurs effets sur le côté ipsilatéral de celle-ci.

Ainsi, les CTH deviennent différents des DTM classe IV suite à la modification occlusale

réversible et la mobilisation cervicale structurée car il n’y a aucun changement.

Figure 4.9 : Différences entre CTH et DTM

Céphalées cervicogéniques versus désordres temporo-mandibulaires (figure 4.10) :

Les durées de ES2 du groupe CC sont différentes de celles des DTM classes I et IV

(unilatérales et bilatérales). Par contre, CC et les DTM classe II et III (unilatérales et bilatérales) ont

des durées de ES2 semblables mais les deux tests cliniques distinguent :

1- les CC et les DTM classe II et III bilatérales par les effets de la modification occlusale

réversible sur les DTM et non sur les CC;

2- les CC et les DTM classe II et III unilatérales par les effets de la modification occlusale

réversible sur les DTM et non sur les CC.

VS DTM classes

I, II, III et IV

Céphalées de tension

chroniques

Examen 2 Mobilisation cervicale structurée (Ex.4)

CTH : ES2 différentes avec : - DTM classe I - DTM classe II - DTM classe III

CTH = Ø DTM IV uni = augmentation des durées de ES2 du côté ipsilatéral, DTM IV bi = augmentation des durées de ES2

Modification occlusale réversible (Ex.3)

Page 173: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

173

Figure 4.10 : Différences entre CC et DTM

Les différents désordres temporo-mandibulaires :

Les DTM classe I (unilatérale et bilatérale) ont des durées de ES2 identiques à celles des

témoins tandis que les autres classes de DTM présentent des durées de ES2 différentes de celles des

témoins.

Pour les autres classes, il faut pouvoir distinguer d’une part le côté ipsilatéral du côté

controlatéral (pour les classes unilatérales) et d’autre part, les classes unilatérales avec les classes

bilatérales. Enfin, au sein des classes unilatérales et bilatérales, il faut pouvoir distinguer les classes

entre elles.

a- le côté ipsilatéral et le côté controlatéral : pour la classe II, les durées de ES2 du côté

ipsilatéral sont différentes de celles des témoins tandis que les durées de ES2 du côté controlatéral sont

identiques à celles des témoins. Pour les classes III et IV, les deux tests cliniques augment les durées

de ES2 du côté ipsilatéral mais n’ont aucun effet sur le côté controlatéral (figure 4.11).

VS DTM classes

I, II, III et IV

Céphalées

cervicogéniques

Examen 2 Mobilisation cervicale structurée (Ex.4)

CC : ES2 différentes avec : - DTM classe I - DTM classe IV

CC = Ø DTM II et III uni = augmentation des durées de ES2 DTM II et III bi = augmentation des durées de ES2

Modification occlusale réversible (Ex.3)

Augmentation des durées de ES2 : - CC, - DTM II et III uni - DTM II et III bi

Page 174: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

174

Figure 4.11 : Différences entre les côtés ipsilatéral et controlatéral

b- les classes unilatérales et les classes bilatérales : les deux tests cliniques n’agissent que sur

le côté ipsilatéral des classes unilatérales tandis qu’ils ont des effets des deux côtés pour les classes

bilatérales (figure 4.12).

Figure 4.12 : Différences entre les DTM unilatéraux et bilatéraux

VS Côté Ipsilatéral

Classe II Classe III Classe IV

ES2 Ipsi � témoin, ES2 Contro = témoin

Modification occlusale réversible et Mobilisation cervicale structurée : Effets sur le côté Ipsi uniquement

Côté Controlatéral

VS DTM bilatéraux

Modification occlusale réversible et mobilisation cervicale structurée

Pour DTM Unilatéraux : effets sur le côté Ipsi uniquement ; Pour DTM Bilatéraux : effets de chaque côté.

DTM unilatéraux

Page 175: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

175

c- les classes unilatérales entre elles : les deux tests cliniques n’ont pas d’effet sur la classe II

unilatérale tandis qu’ils en ont sur les classes III et IV unilatérales. La modification occlusale

réversible et la mobilisation cervicale structurée augmentent les durées de ES2 de la classe III et de la

classe IV. De plus, elles augmentent les vitesses de ES2 de la classe IV mais pas celles de la classe III

(figure 4.13).

d- les classes bilatérales entre elles : les deux tests cliniques ont des effets sur les durées de

ES2 des classes II, III et IV bilatérales. Toutefois, ils n’ont aucun effet sur les vitesses de ES2 de la

classe III tandis qu’ils en ont sur celles de la classe IV et que la mobilisation cervicale structurée

augmente les vitesses de ES2 de la classe II (figure 4.14).

Figure 4.13 : Différences entre les DTM unilatéraux

Figure 4.14 : Différences entre les DTM bilatéraux

Modification occlusale réversible et mobilisation cervicale structurée

DTM classe I et II : Ø DTM classe III : augmentent uniquement les durées de ES2, DTM classe IV : augmentent les durées et les vitesses de ES2

DTM unilatéraux

Modification occlusale réversible

DTM classe II et III : augmente les durées de ES2, DTM classe IV : augmente les durées et les vitesses de ES2

DTM bilatéraux

Mobilisation cervicale structurée

DTM classe III : augmente uniquement les durées de ES2, DTM classe II et IV : augmente les durées et les vitesses de ES2

Page 176: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

176

Etant donné que l’examen de la suppression extéroceptive du muscle temporal permet de

distinguer le groupe témoin des DTM classes II, III et IV, des céphalées cervicogéniques et des

céphalées de tension chroniques, nous pouvons dire que cet examen est indiqué comme un examen

complémentaire dans le diagnostic de ces désordres oro-faciaux. De plus, un simple examen EST

permet déjà de différencier plusieurs pathologies présentant un tableau clinique fort semblable mais

d’étiologie différente.

Ainsi, pour attribuer un caractère complémentaire à l’examen EST, il faut prévoir un

programme d’évaluation de la suppression extéroceptive appelé ESEP. Nous avons pour cette étude un

ESEP composé de 2 tests cliniques : une modification occlusale réversible et une mobilisation

cervicale structurée. L’ESEP ne doit modifier ni l’ES1, ni l’ES2 du groupe témoin si nous voulons

l’utiliser à des fins de diagnostic. De plus, il est important de connaître les effets de l’ESEP pour les

différentes pathologies étudiées :

- un sujet présente des CTH si sa durée de ES2 est fortement diminuée lors de l’examen 2

(niveau 4 de variabilité) et si l’ESEP ne change absolument pas son ES2;

- un sujet présente des CC si sa durée de ES2 est diminuée lors de l’examen 2 (niveau 2 de

variabilité) et si l’ESEP entraîne certaines variations : la modification occlusale réversible ne change

pas son ES2 mais la mobilisation cervicale structurée augmente les durées de son ES2 ;

- un sujet présente un DTM classe II, III ou IV si sa durée de ES2 est diminuée lors de

l’examen 2 (niveau 1 à 4 de variabilité) et si l’ESEP augmente les durées de son ES2.

Les modifications de ES2 apportées par l’ESEP, conjuguées aux différents degrés de

suppression et à un enregistrement bilatéral avec une stimulation électrique alternée, permettent le

diagnostic différentiel de plusieurs désordres oro-faciaux :

- les céphalées de tension chroniques et les DTM classe II, classe III et classe IV (uni- et

bilatérales);

- les céphalées cervicogéniques et les DTM classe II, classe III et classe IV (uni- et

bilatérales);

- les céphalées de tension chroniques et les céphalées cervicogéniques;

- les différentes classes de DTM entre elles;

- le côté ipsilatéral et le côté controlatéral des classes de DTM unilatérales.

Dans cette étude, nous avons choisi une classification originale des DTM, avec des critères

d’inclusion par rapport aux DTM et aux désordres oro-faciaux tels que céphalées habituelles et

Page 177: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

177

cervicalgies. Cette classification comprend 4 classes se définissant suivant le nombre maximal de

désordres :

• classe I, désordre articulaire seul ;

• classe II, désordre musculaire, présence de céphalées habituelles ou de cervicalgies ;

• classe III, désordre musculo-articulaire, présence de céphalées habituelles ou de cervicalgies ;

• classe IV, désordre musculo-articulaire, présence de céphalées habituelles et de cervicalgies.

Nous avons vu que les différentes classes de DTM se répartissent dans les 5 niveaux de

variabilité de ES2 :

- pour un désordre articulaire isolé (classe I), il n’y a pas de différence de ES2 avec le témoin.

Le côté controlatéral de la classe II, pour lequel il n’y a pas de désordre musculaire, se comporte vis-à-

vis de ES2 comme le témoin.

- pour un désordre musculaire sans désordre articulaire (classe II), il commence à y avoir des

changements au niveau de ES2 (par rapport au témoin). La présence d’un trouble musculaire isolé

amène des variations de ES2.

- pour un désordre musculo-articulaire (classe III), les variations de ES2 sont plus marquées.

La coexistence combinée des céphalées habituelles et des cervicalgies à des désordres musculo-

articulaires (classe IV) diminue considérablement la durée de ES2 à chaque degré de suppression.

Dans ce cas, le diagnostic différentiel entre un DTM classe IV et des céphalées de tension chroniques

devient nécessaire.

L’examen EST, associé à l’ESEP revêt un intérêt non négligeable dans une pratique clinique

courante. Nous considérons que, d’un point de vue pragmatique, ses intérêts cliniques principaux sont

les suivants :

• la différenciation entre les céphalées de tension chroniques et les DTM Classe IV :

pour rappel sur base de la VPP, une efficacité de modification occlusale réversible ou

de mobilisation cervicale structurée doit mener dans plus de 90% des cas à rechercher

une autre cause que des céphalées de tension chroniques ;

• la différenciation entre les céphalées de tension chroniques et les céphalées

cervicogéniques, ces dernières présentant comme caractéristiques, d’une part, un

niveau d’altérations moindre que les céphalées de tension chroniques et, d’autre part,

une meilleure sensibilité à la mobilisation cervicale structurée exclusivement : on

notera en particulier une VPN à 0.99, impliquant que l’absence d’efficacité de la

mobilisation cervicale structurée devrait faire rechercher dans plus de 90% des cas une

autre cause que l’origine cervicogénique ;

• la différenciation entre céphalées cervicogéniques et DTM Classe II, sur base de

l’influence des modifications occlusales réversibles (examen 3), efficaces dans les

Page 178: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

178

DTM mais pas dans les céphalées cervicogéniques. Pour rappel, la VPN de l’examen

3 était de 0.97 dans les DTM Classe II et la VPP de l’examen 3 de 0 dans les

céphalées cervicogéniques, impliquant que l’efficacité des modifications occlusales

réversibles doive faire rechercher dans plus de 90% des cas une autre cause que

l’origine cervicogénique.

6- CONCLUSION

L’EST est un examen reproductible pour l’ensemble des sujets de l’étude. L’intégration d’un

programme d’évaluation de la suppression extéroceptive (ESEP) composé de différents tests cliniques,

telles qu’une modification occlusale réversible par la pose de cales dento-dentaires et une mobilisation

cervicale structurée, joue un rôle déterminant et fondamental dans l’utilisation de l’examen EST

comme examen complémentaire à part entière. L’ESEP ne doit pas faire varier les paramètres du

groupe témoin. Par contre, il influence certains groupes de notre étude : les céphalées cervicogéniques

et les classes II, III et IV de DTM, et il n’a pas d’influence sur les céphalées de tension chroniques.

Dans l’analyse des résultats, il est indispensable de déterminer 5 niveaux de variabilité de ES2

en fonction des différences avec le groupe témoin à différents degrés de suppression (50, 60, 70, 75 et

80 degrés) :

- Niveau 0 : ES2 identique à celles des témoins, c'est-à-dire les groupes acouphènes, migraine,

DTM classe I (ipsi-, contro- et bilatérale) et DTM classe II controlatérale;

- Niveau 1 : ES2 diminuée à 75 et 80 degrés de suppression, c’est-à-dire le groupe DTM classe

II ipsilatérale;

- Niveau 2 : ES2 diminuée à 70, 75 et 80 degrés de suppression, c’est-à-dire les groupes DTM

classe II bilatérale et céphalées cervicogéniques;

- Niveau 3 : ES2 diminuée dès 60 degrés de suppression, c’est-à-dire les groupes DTM classe

III ipsi- et controlatérale;

- Niveau 4 : ES2 diminuée quel que soit le degré de suppression, c'est-à-dire les groupes

céphalées de tension chroniques, DTM classe III bilatérale et DTM classe IV ipsi-, contro- et

bilatérale.

Pour faire de l’examen EST un examen complémentaire, il faut, à partir d’un enregistrement

bilatéral et des stimulations électriques alternées, considérer les 5 niveaux de variabilité de ES2, les

durées de ES2 lors d’un examen de départ (l’examen 2), les 5 degrés de suppression, l’ESEP et les

durées et vitesses de ES1 et de ES2 obtenues suite aux deux tests cliniques. Ainsi, il est possible

Page 179: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

179

d’isoler les céphalées de tension chroniques, les céphalées cervicogéniques et les 4 classes de

désordres temporo-mandibulaires en faisant systématiquement des enregistrements bilatéraux.

Il est évident qu’une des faiblesses de notre étude au niveau individuel est de s’adresser à une

population de patients identique à celle utilisée pour les analyses de groupes. Cet écueil était

inévitable. En particulier, le nombre important de sous-groupes différents au sein de notre groupe de

patient impliquait, malgré un nombre total de patient assez considérable, un échantillonnage

relativement restreint au sein de certains sous-groupes, par exemple, les DTM ; ceci nous empêchait de

scinder notre groupe en deux parties, l’une utilisée pour les analyses de groupe et l’autre pour les

analyses individuelles. Ceci justifie, dans l’avenir, d’autres études menées sur des populations

indépendantes en vue de confirmer les résultats que notre travail laisse prévoir.

Page 180: Thèse présentée pour le Doctorat en Science Dentaire par

180

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CONCLUSION

GENERALE

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Dans notre revue de la littérature, nous avons vu que l’examen de la suppression extéroceptive

présentait trois intérêts cliniques majeurs : en neurologie pour l’étude des céphalées de tension

chroniques, en médecine physique pour l’étude des mécanismes sous-jacents aux céphalées

cervicogéniques et aux troubles de la nuque, et en stomatologie pour vérifier une éventuelle origine

centrale des hyperactivités musculaires chez des sujets présentant des désordres temporo-

mandibulaires. Toutefois, il y a un grand obstacle dans l’utilisation clinique de l’examen EST. En

effet, il y a non seulement un manque de standardisation des paramètres de stimulation et

d’enregistrement, mais également une inhomogénéité des groupes d’étude. Enfin, la méthode utilisée

pour déterminer ES1 et ES2 semble un paramètre déterminant pour éviter les variations liées à la

subjectivité de l’expérimentateur.

Dans cette optique, nous avons mis en place une méthodologie standardisée qui détermine les

deux périodes de suppression ES1 et ES2 à l’aide d’un programme informatique. L’automatisation de

l’analyse permet de supprimer la subjectivité de l’expérimentateur dans l’identification des paramètres

(temps de latence et durées). Nous avons introduit dans notre méthodologie la notion de degré de

suppression afin de pouvoir classer la valeur de chaque paramètre selon un degré de suppression

extéroceptive marqué ou une atténuation progressive de l’activité EMG. Au vu des résultats obtenus

sur la population saine, nous pouvons conclure que notre méthodologie standardisée permet de

diminuer considérablement les variabilités intra-individuelles. Toutefois, il est indispensable d’avoir

des critères d’inclusion et d’exclusion afin d’obtenir une population homogène. Il apparaît nécessaire

d’avoir un groupe contrôle sain, à la fois sur le plan neurologique (absence de céphalées habituelles),

sur le plan médecine physique (absence de désordres musculo-articulaires de la nuque) et sur le plan

médecine dentaire.

Nous avons alors vérifié cette reproductibilité dans le cas de désordres temporo-mandibulaires.

L’examen EST reste reproductible au sein du groupe de DTM. Là encore, il faut des critères

d’inclusion et d’exclusion afin d’avoir des groupes d’étude homogènes. L’intégration d’un programme

d’évaluation de la suppression extéroceptive (ESEP) par différents tests cliniques, telles une

modification occlusale réversible par cale dento-dentaire et une mobilisation cervicale structurée, peut

jouer un rôle déterminant dans l’utilisation de l’examen EST comme examen complémentaire.

En effet, nous avons appliqué l’ESEP sur divers désordres oro-faciaux et l’étude montre qu’il

joue un rôle déterminant et fondamental dans l’utilisation de l’examen EST comme examen

complémentaire. Il influence certains groupes de notre étude : les céphalées cervicogéniques et les

classes II, III et IV de DTM, et il n’a pas d’influence sur les céphalées de tension chroniques. A partir

de l’analyse des résultats, nous avons déterminé 5 niveaux de variabilité de ES2 en fonction des

différences avec le groupe témoin, pour différents degrés de suppression (50, 60, 70, 75 et 80 degrés) :

- Niveau 0 : ES2 identique à celles des témoins, c'est-à-dire les groupes acouphènes, migraine,

DTM classe I (unilatérale et bilatérale) et DTM classe II controlatérale ;

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- Niveau 1 : ES2 diminuée à 75 et 80 degrés de suppression, c’est-à-dire le groupe DTM classe

II ipsilatérale ;

- Niveau 2 : ES2 diminuée à 70, 75 et 80 degrés de suppression, c’est-à-dire les groupes DTM

classe II bilatérale et céphalées cervicogéniques ;

- Niveau 3 : ES2 diminuée dès 60 degrés de suppression, c’est-à-dire les groupes DTM classe

III ipsi- et controlatérale ;

- Niveau 4 : ES2 diminuée quel que soit le degré de suppression, c'est-à-dire les groupes

céphalées de tension chroniques, DTM classe III bilatérale et DTM classe IV ipsi-, contro- et

bilatérale.

Pour faire de l’examen EST et, plus particulièrement, de l’évaluation de la durée ES2, un

examen complémentaire utile en vue du diagnostic différentiel entre céphalées de tension chroniques,

céphalées cervicogéniques et DTM, il faut, à partir d’un enregistrement bilatéral et des stimulations

électriques alternées, considérer les 5 niveaux de variabilité de ES2, les durées de ES2 lors d’un

examen de départ (l’examen 2), les 5 degrés de suppression et, tout particulièrement, l’ESEP.