Thomas Romer, 02. Le Cycle d’Abraham. (Suite) Alliances, Guerres Et Sacrifice Scandaleux

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  • Milieuxbibliques

    M.Thomas Rmer, professeur

    Enseignement et recherche

    Cours:LecycledAbraham(suite):alliances,guerresetsacrificescandaleux

    La suite du cours sur la formation du cycle dAbraham a complt lanalyse des textes de Gense 11,27-25,31 dans le but de reconstruire les contextes socio-historiques dans lesquels les diffrents rcits sur lanctre fondateur du judasme ont vu le jour.

    Rappelons brivement les rsultats obtenus lors de la premire partie de ce cours.Nous avons vu quil est impossible de reconstruire une poque patriarcale .

    Abraham, comme Isaac et Jacob, sont des anctres, des figures de lgende qui chappent lhistorien. Cela nexclut pas la possibilit que certains noms ou des coutumes gardent des traces de mmoire de constellations du deuxime millnaire avant notre re. Mais il faut dabord se concentrer sur le fait que lhistoire dAbraham comme celle de Jacob nous renseigne sur un type de religion populaire en Isral et en Juda durant le premier millnaire. Les attestations dAbraham en dehors de la Gense (Ez 33,24 ; Es 51,1-3) indiquent que le patriarche fut apparemment un personnage connu au moment de lexil babylonien. Les rfrences en Ez et Es font apparatre Abraham comme un anctre autochtone qui nest pas venu dailleurs mais qui a toujours habit dans le pays. Les deux textes font apparatre les deux thmes qui structurent le cycle dAbraham : le problme de la possession du pays et celui du fils ou de la descendance. On peut donc imaginer une premire version crite de lhistoire dAbraham qui se base sur certains rcits pouvant remonter lpoque de la monarchie.

    1. Il est fort possible que les premiers rcits sur Abraham soient chercher Hbron qui tait au viiie/viie sicle la capitale du Nguev. Certains rcits o Abraham apparat comme aristocrate rurale, propritaire et leveur de btail, refltent apparemment la situation socio-conomique du am haaretz juden.

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    Lauteur serait alors un reprsentant de cette couche aise de paysans leveurs mfiants vis--vis dun pouvoir central (jrusalmite) et dune organisation urbaine de la socit.

    2. lpoque babylonienne, ces narrations ont t regroupes pour justifier le droit des Judens non-exils au pays et un avenir (descendance). Cette dition exilique comportait sans doute les rcits suivants : 12,10-20; 13*; 16*; 18,1-16*; 19*; 21*. Abraham tel quil apparat dans ces textes est une figure autochtone, rien nest dit dune provenance extra-cananenne.

    Gn12,10-20 : La descente dAbram en gypte peut se comprendre comme un rcit danti-xode. Pharaon est dcrit dune manire positive et Abram fait preuve dun comportement ambigu. Gn12,10-20 (comme dailleurs Gn16) correspond dans sa structure un type de rcit folklorique pouvant provenir de la tradition orale. Ce rcit a tellement intrigu quil a connu deux relectures en Gn20 et 26 qui tous les deux tentent de rpondre des questions restes ouvertes et disculper autant que possible le comportement du Patriarche. Sur le plan hermneutique, le choix des derniers diteurs du Pentateuque de laisser coexister les trois versions est significatif et nous renseigne sur lintelligence du Pentateuque. Cest une conception dynamique qui inscrit la ncessit de linterprtation dans le texte mme.

    Gn 16 tait peut-tre lorigine conu comme la suite de 12,10-20, puisque Hagar est expressment prsente comme une servante gyptienne. Le rcit primitif (1-2.4-7a.8.11-13) contient une narration tiologique expliquant le nom dIsmal. Il reflte une situation du viiesicle si on peut mettre le nom dIsral en relation avec celui de la confdration de tribus proto-bdouines du nom de Shumuil attest dans des documents no-assyriens. Ce rcit est li Gn 12,10-20 par sa vise anti-exodique . Hagar, selon le texte primitif de Gn16,13, proclame avoir vu Dieu et tre reste en vie, prcdant voire dpassant ainsi la figure Mose.

    Gn 13 constitue le premier grand rcit concernant la relation entre Abraham et Lot. Un rcit qui aboutit la sparation des deux parents. Il est possible qu un stade prsacerdotal les ch.13.18-19* aient form une petite nouvelle dAbraham et Lot. Le rcit dans sa forme primitive (v.2, 5, 7-11a, 12-13*) traite de la parent entre les Judens et leurs voisins lest : Moabites et Ammonites, dont Lot est lanctre.

    Gn 18 : lhistoire de la visite des 3 hommes (dieux ?) se termine sans que lannonce du fils (allusion au nom dIsaac par le rire de Sarah) saccomplisse. Il est donc possible que lhistoire se terminait par la naissance du fils, fin qui aurait dans la suite t remplace par la version sacerdotale en 21,1ss. Dans sa forme actuelle cest le thme de lhospitalit qui fait le lien entre ce rcit et la destruction de Sodome qui a t aborde en ouverture de la deuxime partie de ce cours.

    3. Au dbut de lpoque perse, le milieu sacerdotal rdige la premire histoire des origines du monde et dIsral, allant de la cration du monde en Gn11 jusqu ltablissement du culte sacrificiel dans le Lvitique. La version sacerdotale de lhistoire dAbraham comporte les lments suivants : 11,27-31; 12,4b-5;

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    13,6.11b-12; 16,3.15s; 17; 19,29; 21,1b-5; 23; 25,7-11a. Si P est le premier tablir un lien littraire entre les patriarches et les traditions de lexode et du dsert, on comprend bien la transformation du pays dAbraham en pays de migrations (17,8). P donne galement Abraham une origine msopotamienne (11,27 ss) peut-tre pour en faire un modle pour le retour de Golah babylonienne.

    4. Un rdacteur universaliste a peut-tre combin la version P avec les rcits non-P sur Abraham. Il a cr avec Gn12,1-9 une nouvelle introduction, tout en corrigeant dune certaine manire la prsentation sacerdotale : Le dpart dAbraham nest pas du la seule dcision de son pre de quitter la Msopotamie, mais un appel de Yhwh, en ajoutant le passage 12,1-4a. Abraham est ici le croyant exemplaire (il excute lordre sans questionner, en cela ce texte a des liens vidents avec le sacrifice de Gn22). Ce mme auteur a aussi mis en parallle Abraham et Jacob en appliquant litinraire de Jacob (Bethel Sichem Harran) Abraham (Gn12,6-9 et 13,1.3-4,14-17). Gn18,17-19.22b-33 proviennent peut-tre des mmes rdacteurs qui se sont identifis ici avec un Abraham, paradigme de linstructeur de la loi (avant sa rvlation), ayant comme tche denseigner Isral le chemin de Yhwh (contrairement Gn 12,1-3 et 22, Abraham parle beaucoup dans ce passage).

    Lanalyse des textes restants a permis de vrifier lexistence de ces diffrentes strates rdactionnelles. Elle a galement ncessit lhypothse dajouts encore plus tardifs, notamment pour Gn14 et 15 et aussi 24.

    Gense 19 : la destruction de Sodome et Gomorrhe

    Les allusions la destruction de Sodome et Gomorrhe en dehors de Gn font de cet pisode le plus cit dans la Bible parmi les histoires de Gn. On les trouve dans les textes suivants : Dt 29,22 ; 32,32 ; Es 1,9s ; 3,9 ; 13,19 ; Jr 23,14 ; 49,18 ; 50,40 ; Ez16,44-48 ; Am4,11 ; Soph2,9 ; Lam4,6 (voir encore avec les noms dAdma et Zebom Os11,8et Dt29,22). On les retrouve aussi dans le Nouveau Testament en Mt10,15parr. ; Lc9,51-56 (Hb13,2) ; Mt11,23-24 ; Lc17,22-37 ; Rm9,29 ; Jude7 ; 2P 2,6 ; Ap11,8. Il sagit probablement dune tradition plus ancienne que celle dAbraham, puisquaucun de ces textes ne fait le lien entre ce renversement et le patriarche Abraham. Lot, le hros principal de Gn 19 est galement absent de ces mentions de Sodome et Gomorrhe. Gn19 est donc une mise en narration de cette tradition dune destruction dune ville (dune civilisation) par le feu.

    Le rcit de Gn19 parle en gnral de la destruction dune seule ville, seulement les v. 24 et 28 mentionnent Sodome et Gomorrhe et le v. 25 des villes en gnral. Il est possible que derrire ces versets se cache une tradition ancienne : un mythe qui raconte comment un dieu solaire dtruit au lever du soleil les deux grandes villes de la rgion de la mer morte, une sorte de dluge par le feu. Tandis que le v.24 parle dune destruction par le feu, le v.25 mentionne le renversement ; il a peut-tre t ajout par un rdacteur pour intgrer la tradition trs rpandue dun renversement (tremblement de terre ?).

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    Trois versets seulement mentionnent Abraham. Ils ne font pas partie du rcit primitif. Le v.29 appartient la version sacerdotale qui interprte le sauvetage de Lot par le fait que Dieu sest souvenu dAbraham. Les v.27-28 ont t ajouts pour rattacher lhistoire de la destruction de Sodome au rcit de Gn18. Lpisode de la fuite de Lot Tsoar aux v.18-22.23b et 30a* est galement une insertion dans le rcit ancien : cet pisode se trouve en tension avec les vv.30-38 o Lot habite dans une caverne ; il sagit dune tiologie ajoute aprs coup qui veut expliquer pourquoi il existe un endroit dans la rgion de la mer Morte qui est habitable (peut-tre sagit-il de Ghor es-Safy). Le rcit primitif se trouverait alors dans les vv.1-16* ; 23a.24*.26.30-38*.

    Au dbut du chapitre, le comportement de Lot est dpeint en parallle avec celui dAbraham en Gn 18. Les deux protagonistes montrent une hospitalit exemplaire, mais trs vite le texte montre la diffrence entre le sage, le raisonn (Abraham) et le fou (Lot). Ds que Lot essaie de dfendre les deux hommes contre les habitants, il en devient en fait incapable ; cette dfense devient alors insense (change contre ses filles), puis Lot devient passif et ce sont ses deux invits qui doivent le sauver. Lot est alors un personnage tragique et comique la fois qui va devenir pre de ses deux descendants, nouveau de manire tout fait passive. Lagression des habitants de Sodome se trouve en contraste total avec le comportement de Lot et justifie dans la suite la destruction de la ville. La demande adresse Lot (v.5) fais les (=les invits) sortir pour que nous les connaissions a traditionnellement t interprt sous langle du pch de lhomosexualit . Cest cette histoire qui dailleurs est lorigine de lexpression sodomie . Mais ce nest gure ou pas en premier lieu la prsume homosexualit des habitants de la ville qui va provoquer la punition divine. Ce qui est en jeu ici cest le viol, une sexualit sans relation qui rduit lautre ltat dobjet de satisfaction de son propre dsir. Tous les autres textes de lAncien Testament qui parlent du pch de Sodome ne mentionnent jamais lhomosexualit : par ex. Ez 16,49-50 : Voici que fut la faute de ta sur Sodome : orgueilleuse, repue, tranquillement insouciante, () ; Jr 23,14 o il est question dadultre, fausset, encouragement des malfaiteurs ; ou Siracide 16,8 qui parle simplement de lorgueil. Cette diversit dans la description du comportement de Sodome montre que la tradition ntait pas fixe sur un pch spcifique mais plutt sur la destruction effrayante de cette ville. Selon Gn19 le pch majeur de Sodome est donc clairement une atteinte lhospitalit et la violation, voire le viol des droits des trangers (lhospitalit tant un des piliers de toute socit du Proche-Orient ancien). Cette interprtation du pch majeur de Sodome comme relevant de linhospitalit se trouve dans le Nouveau Testament lorsque Jsus parle du cas o ses disciples seraient reus avec hostilit : Lc10,10-12. Lorigine de linterprtation de Gn19 comme condamnant les rapports homosexuels se situe probablement dans la rencontre du judasme avec la culture grecque aux alentours du troisime sicle avant notre re. Il est fort possible qu ce moment-l, on se soit mis voir dans la ville de Sodome le symbole dune certaine civilisation grecque (pdrastie, nudit) que le judasme orthodoxe avait du mal accepter.

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    La description du jugement divin reprend une srie de motifs rpandus : linterdiction de se retourner (voir Orphe et Eurydice) est utilis ici pour expliquer des formations salines au bord de la mer Morte rappelant des personnages humains, notamment dans la rgion appele en arabe dshebel usdum ( colline de Sodome ). La destruction de la ville est relate brivement. Le verbe Kph renverser (trs li la tradition de Sodome et Gomorrhe) se trouve en tension avec lide dune pluie de feu et de souffre (qui, elle, suggre une activit volcanique), mais laisse plutt penser un tremblement de terre. Mais le mot peut aussi, comme la traduction grecque, tre utilis pour exprimer une catastrophe inaugurale (comparable celle du Dluge).

    Lpisode burlesque de la naissance des deux fils de Lot a galement des parallles avec le Dluge : il pose la question de lavenir de lhumanit aprs la catastrophe, comme le montre le commentaire du v.31 : il ny a pas dhomme dans le pays , et comme en Gn9,20ss on trouve aussi une histoire de vin. Le problme de linceste par lequel les filles obtiennent une descendance par leur pre nest, contrairement ce quen disent la plupart des commentateurs modernes, pas condamn (au moins pas de manire explicite). Ce qui est important, cest que la vie sauve de la catastrophe na de sens que si elle peut se perptuer dans une descendance. La stratgie des filles de Lot met le pre dans une situation o il est totalement passif et cre aussi un contraste ironique avec le dbut de Gn19 : les filles que Lot voulait offrir aux habitants de Sodome pour quils aient des relations sexuelles avec elles vont utiliser maintenant leur pre pour avoir des relations sexuelles avec lui. Les fils qui vont natre sont les anctres des Moabites et des Ammonites, les voisins lest dIsral et de Juda. Ici le texte construit une parent avec ces peuples.

    Gn17 et 21,1-9 : la version sacerdotale de lalliance avec Abraham et de la naissance dIsaac

    Ce texte est dune importance majeure, non pas seulement pour la comprhension de lidologie du courant sacerdotal, mais aussi dans le dbat thologique sur la relation entre Isaac et Ismal et la question de la possession du pays. Gn17 est le texte central du document sacerdotal partir duquel on peut reconstruire la premire partie de lhistoire dAbraham assez facilement :

    11,27-32 Voici lhistoire de Trah : Trah engendra Abram, Nahor et Harran, et Harran engendra Lot. Harran mourut devant la face de Trah son pre en son pays natal, Our Casdim. Abram et Nahor se prirent des femmes. Le nom de la femme dAbram tait Saray et le nom de la femme de Nahor Milka, la fille de Harran, le pre de Milka et le pre de Yiska. Saray tait strile, elle navait pas denfant. Et Trah prit Abram, son fils, et Lot, le fils de Harran, le fils de son fils, et Saray, sa belle-fille, la femme dAbram son fils. Ils sortirent avec eux dOur Casdim pour aller dans le pays de Canaan. Ils arrivrent jusqu Harran et sinstallrent l-bas. Et les jours de Trah taient de 205 (ou 145) ans, et Trah mourut Harran. 12,4b-5 Abram avait 75ans lorsquil sortit de Harran. Abram prit Saray, sa femme, et Lot, le fils de son frre et toutes les richesses quils possdaient et tous les tres quils avaient acquis Harran. Ils sortirent pour aller vers le pays de Canaan. Ils arrivrent dans le pays de Canaan.13.6 Et la terre ne les supportait pas pour quils demeurent ensemble. En effet, leurs possessions taient grandes, ils ne pouvaient

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    demeurer ensemble.13,11b-12 Ils se sparrent lun de lautre. Abram stait tabli dans le pays de Canaan, et Lot stait tabli dans les villes du district. Il dressa sa tente jusqu Sodome.16,3 Saray sa femme prit Hagar, sa servante gyptienne il y avait dix ans quAbram stait tabli dans le pays de Canaan pour la donner comme femme Abram son mari. 16,15-16 Hagar enfanta un fils Abram ; il appela Ismal le fils que Hagar lui avait enfant. Abram avait 86 ans quand Hagar enfanta Ismal pour Abram.17,1 Lorsque Abram avait 99 ans, Yhwh apparut Abram et lui dit : Je suis El Shadday. Marche devant ma face et sois intgre

    Questions de diachronie : Lordre de la circoncision en 9-14 est souvent considr comme un ajout. Grnwaldt1 avance les arguments suivants : Lexpression garder lalliance en v.9 et 10 ne se trouve en dehors de ce texte que dans des textes de type deutronomiste. Idem pour lexpression rompre lalliance et la formule dexcommunication qui se trouvent seulement dans des textes Ps. De plus, les v. 15-19 (changement de nom pour Saray) nont pas de lien avec 9-14, mais constituent la suite logique de 4-8. Si on accepte cette hypothse, on ne comprend pas pour quelle raison Abraham et sa maison se font circoncire la fin du texte. Abraham aurait donc tout seul pris linitiative de faire circoncire tout le monde dans sa maison, ce qui est une ide assez tonnante. Nanmoins les v.9 et 14 sont problmatiques lintrieur dun texte Pg. Notamment lide du v.14 qui thmatise une sorte dopposition la circoncision et qui annonce un retranchement de la personne concerne de lalliance, une sorte dexcommunication, ne colle pas trs bien avec le contexte. Linsistance sur le fait que quelquun ne veut pas se faire circoncire fait seulement sens partir de lpoque hellnistique, comme le montre notamment 1 Macc1,15 : Ils se refirent des prpuces et renirent lalliance sainte pour sassocier aux nations . On pourrait donc considrer seulement les v.9 et 14 comme un ajout et imaginer le discours primitif dans les v. 10-13*. Dans ces versets, lexpression rcurrente qui largit la circoncision aux esclaves dans la maison dAbraham et ceux achets des trangers pourrait tre un largissement secondaire : celui qui est n dans la maison ou celui acquis avec de largent (de nimporte quel tranger) (12b, 13a, 23a*). On pourrait du coup aussi comprendre le v.27 comme un ajout, puisquil reprend la mme formule, peut-tre ensemble avec le v.26 qui fait doublon avec 24-25. Finalement, le v.21 qui prcise lalliance avec Isaac est un doublet au v. 19 (Isaac alliance). Le texte originel de P se trouverait donc en 17,1-8.10-12a.15-20.22.23a* (Ismal).24-25.

    La prsentation de Yhwh comme El Shadday (v.1) est mettre en relation avec les dyn (des dieux apparemment infrieurs) dans linscription de Deir Alla, et l dy dans une inscription thamoudenne des environs de Teima (v e-iiie sicles). P utilise ce nom pour expliquer que le dieu qui sest rvl Abraham doit, par consquent, aussi tre connu dIsmal et dEsa. Il utilise donc un nom archaque, mais qui tait son poque encore un nom divin vnr en Arabie, pour construire une histoire de la rvlation.

    1. K. Grnwaldt, Exil und Identitt. Beschneidung, Passa und Sabbat in der Priesterschrift, Frankfurt/M. (Athenum Monographien Theologie. BBB 85), 1992.

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    Lannonce dune alliance (bert) se trouve au centre du rcit. Le terme hbreu est peut-tre rapprocher du mot akkadien biritu (entre, lespace entre deux), faisant allusion aux deux partenaires et qui peut aussi signifier lien, chane. On aurait ainsi lide quon est li par une alliance (voir Ez20,37 : lien de lalliance ).

    Cest ici quAbraham devient le pre par excellence, tel quil sera compris dans le judasme par la suite. On peut se demander qui sont les nations dont il est question dans la suite : sagit-il des proslytes ? Mais cela signifierait que lon devrait dater ce texte au plus tt du quatrime sicle. Il sagit plutt des diffrents peuples (Ismalites, Arabes, Edomites) qui selon P descendent dAbraham. Le changement de nom : hamon dsigne dabord le bruit dune grande foule, puis simplement la foule. P utilise de hamon la syllabe ha- pour lajouter a Abram Abraham = ab (ra)ham(on). Il ne sagit pas dune explication tymologique, mais dun programme thologique de P qui sest sans doute inspir du changement du nom de Jacob en Isral pour lappliquer galement Abraham. Cest peut-tre P qui a cr le nom dAbraham, pour lequel il nexiste contrairement Abram pas dattestations extrabibliques claires. Le changement de nom est courant dans lidologie royale : un roi qui accde au trne reoit un nouveau nom. P veut sans doute construire Abraham dune certaine manire en parallle cette idologie royale (voir aussi lexpression : des rois sortiront de toi ). Le verset7 insiste sur la dure de lalliance pour toutes les gnrations : bert olam. Pour P, lalliance avec Abraham demeure pour toujours (contrairement la pense deutronomiste, elle ne peut tre rompu). Pour P, la destruction de Jrusalem et lexil ne signifient pas la fin de lalliance de Dieu avec Isral. Dans cette vision, la circoncision nest pas un prcepte, mais comme larc-en-ciel en Gn9 signe de cette alliance.

    La promesse du pays au v.8 : en ce qui concerne lexpression de la terre o lon sjourne comme immigr on peut se demander si pour P le pays nest jamais donn autrement que sous cette forme l. Beaucoup dpend en effet du sens que lon veut donner hzx). Ce nom drive dune racine signifiant saisir, tenir et est souvent traduit par possession . Il pourrait cependant en premier lieu signifier lusufruit de quelque chose, comme lattestent apparemment des textes de Mari. Lide se retrouve aussi en Lv 25 o il est dit que Yhwh est le vrai propritaire du pays, et les Isralites nont quun statut dhtes et de rsidents dans ce pays ( le pays est moi, car vous tes chez moi comme des immigrs gurim et comme habitants , v.23). Dans ce cas on peut dire que les deux expressions au v.8 se compltent : ceux qui le pays est donn en usufruit permanent y restent cependant des trangers, puisque le vrai propritaire du pays est Yhwh. Donc ce qui est permanent pour Abraham et sa descendance, cest le droit de profiter du pays dont jouissent tous de ses descendants qui y vivent.

    La circoncision : Selon Westermann2 et dautres, P aurait ici repris une formulation indpendante sur la pratique du rite de la circoncision (10b.11a.12-13a.14) puisquon

    2. C. Westermann, Genesis. Teilband 2, Genesis 12-36 (BK I/2), Neukirchen-Vluyn, Neukirchener Verlag, 1981.

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    passe de la 2epersonne du singulier la 2e personne du pluriel. Ce nest pas impossible, car P, en Lv, reprend souvent aussi des torot, lorigine couches sur des feuilles indpendantes. La circoncision est rpandue partout dans le monde. On la trouve en Asie mineure, en Afrique, Australie, aux Amriques, mais pas chez les Indoeuropens. Jr9,24-25 indique la circoncision pour les Egyptiens, les Edomites, Ammonites et Moabites et les tribus arabes. Elle nest apparemment pas pratique chez les Babyloniens et les Assyriens. Il est donc plausible quau moment de lexil babylonien, P a pu dcouvrir la circoncision comme un moyen dexprimer la diffrence dIsral par rapport aux Babyloniens. On peut mme se demander si cest P qui a dplac la circoncision du rite de passage de lentre dans lge adulte vers la circoncision du nouveau-n pour distinguer la circoncision judenne de celle de ses voisins (Ismal est pubre lors de la circoncision, Isaac sera circoncis aprs sa naissance).

    Le rire dAbraham : cest une allusion au nom dIsaac, qui se retrouve en Gn18 de la part de Sarah. P a apparemment connu ce rcit, et transfre ce rire de Sarah Abraham. Dans le contexte narratif de Gn18 le rire parat logique ; ici cest un peu trange , Abraham se prosterne tout en riant. On peut lire le ch.17 comme une correction de Gn18 : cest nest pas seulement la raction de Sarah qui est lorigine du nom dIsaac (probablement que El sourisse, se rjouisse ; il nexiste ce jour pas dattestation extrabiblique de ce nom).

    La rponse dAbraham Dieu au verset 18 introduit Ismal, et pose ainsi la question de son statut dans lalliance. Isaac est aux v.19-21 prsent comme celui avec qui Dieu tablira lalliance quil a pourtant dj tablie avec Abraham comme alliance perptuelle. La formulation un peu maladroite veut sans doute dire que cette alliance continuera dans la prochaine gnration via Isaac. Ici, il faut sans doute comprendre quil sagit de lalliance qui dbouchera en Ex 6 sur la vraie connaissance du nom divin qui est en effet rserve Isral. La limitation de lalliance Isaac ne concerne ni la multiplication, ni la circoncision.

    21,1-7 : La naissance dIsaac : Ce texte ou une partie de ce texte (probablement les v. 2-5) devait, dans le document P, suivre directement Gn 17. Le v. 1 peut conserver des traces dun rcit plus ancien de la naissance dIsaac, il fait peut-tre allusion ce que Yhwh dit Sarah en Gn 18. P raconte la naissance dIsaac en parallle celle dIsmal, ce qui confirme la grande estime de P pour Ismal et sa descendance.

    Gn 15 : le texte le plus rcent du cycle dAbraham

    Questions de diachronie : On a toujours eu du mal attribuer ce texte une des strates du Pentateuque, J, E, D ou P. Ces derniers temps, on le considre souvent comme assez tardif, mais nanmoins comme antrieur P. Il existe galement des indices qui pourraient suggrer lintervention de plusieurs rdacteurs. On a observ que le discours divin en 13-16 interrompt la suite narrative entre le v.12 (le soleil en train se coucher) et 17 (le soleil sest couch). Ces versets sont-il une anticipation de la promesse du pays au v.18 ? Cependant, les vv.13-16 ne sont pas un doublet du v.18, ils prcisent le cadre dans lequel il faut comprendre le don du pays au v.18.

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    Lapparition des rapaces au v.11 na gure de sens sans les v.13-16, dans la mesure o la fonction de ces oiseaux est apparemment dvoquer des prdictions sur le futur. De mme, louverture du v. 13 : sache avec certitude , reprend la question dAbraham formule au v.8 : comment saurai-je ? . On a galement postul une contradiction entre les indications chronologiques du v.5 (Abraham contemple le ciel toil, ce que prsuppose une situation nocturne) et du v.12 ( au coucher du soleil ). La suppose tension chronologique entre le v.5 et le v.12, sestompe si lon tient compte du fait que le premier entretien entre Dieu et Abram est situ dans le cadre dune vision (v.1). La liste des peuples en v.19-21 est galement souvent considre comme ajout, puisque celle-ci est juxtapose et manque de formule de liaison. On ne peut exclure dfinitivement la possibilit dun ajout postrieur. Il est vrai que grammaticalement ces versets ne sont pas lis ce qui prcde de la manire la plus lgante. Cependant, les marqueurs du COD reprennent celui du v.18, de sorte que les v. 19-21 fonctionnent comme apposition. Le fait que la liste est unique (dix membres) dans la Bible ne parle pas en faveur dun ajout de glossateur qui aurait repris six ou sept de ces noms, comme ils apparaissent couramment dans les textes deutronomistes. Il y a un doublet entre les v.2 et 3, ce qui a souvent t interprt dans le sens que le v.3 est une sorte de glose interprtative, puisque le v.2 est quasi incomprhensible. Mais le v.4 ( Non celui-ci nhritera pas de toi ) ne va pas bien aprs 2a ( Je men vais sans enfants ). La solution de Seebass est donc la meilleure, savoir que le texte originel consistait en les v.2a et 3b ( Je marche sans enfants et quelquun de ma maison hritera de moi ), et que le v.3a aurait t ajout pour faire la transition aprs lajout de la glose en 2b3. En rsum, on ne peut exclure que ce chapitre ait connu plusieurs stades rdactionnels, mais, contrairement dautres textes, il ny a pas, part les versets 2-3, de vrais problmes diachroniques ncessitant lide de nombreuses strates rdactionnelles.

    Gn 15 est le dernier grand texte quon a intgr dans lhistoire dAbraham ; son auteur prsuppose les textes sacerdotaux et notamment Gn17, mais aussi Gn14 auquel il fait allusion plusieurs reprises ; ainsi lannonce du butin un Abraham royal en Gn15,1 (cf. galement lutilisation du genre de loracle de salut) est inspire des exploits militaires dAbraham en Gn14. La valeur numrique du servant dAbraham en Gn15,3, Eliezer , est 318 et correspond au nombre des serviteurs dAbraham selon 14,15.

    On peut lire Gn 15 comme une sorte de catchisme que Dieu apprend Abraham qui couvre lensemble des grands thmes du Pentateuque. Le fait que le patriarche porte ici des traits royaux et prophtiques peut sexpliquer par la volont

    3. H. Seebass, Genesis II. Vtergeschichte I (11,27-22,24), Neukirchen-Vluyn: Neukirchener Verlag, 1997. Selon C. Levin, Jahwe und Abraham im Dialog: Genesis 15, in M. WITTE (d), Gott und Mensch im Dialog. Festschrift fr Otto Kaiser zum 80. Geburtstag (BZAW 345), de Gruyter, Berlin - New York, 2004, 237-257, 244, le v. 2 aurait t ajout aprs le v. 3 pour dfinir, quoique de manire obscure le statut dIsmal. Dans sa forme primitive, le v. 2 ferait allusion Ismal, le v. 2b aurait t une glose ultrieure pour interprter le v. 2a comme se rfrant Elizer.

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    de faire dAbraham un prcurseur de Mose. Le thme du bouclier de Gn15,1 nest attest dans le Pentateuque quencore une fois en Dt33,29, qui est la dernire parole de Mose avant sa mort. En mettant Gn15,1 et Dt33,29 en relation, la promesse divine Abraham saccomplit dans la dernire parole de Mose.

    La question de la justice au v.6 : La question du sujet et objet du v.6b est difficile trancher. LXX traduit par un passif : cela lui fut compt comme justice (passif divin). La vocalisation massortique permet cependant de comprendre Abraham comme sujet du deuxime verbe : Abraham fit confiance Yahv, et lui imputa cela (ce quil avait dit) comme un acte juste/de salut. Dans ce cas, ce texte ne peut servir de base de lide dune justification par la foi .

    Le rituel de lalliance : Abram prpare un rituel qui se trouve galement en Jr34, 18. Il existe galement des parallles extrabibliques du premier millnaire, notamment dans un trait aramen du huitime sicle entre deux roitelets Bar-Gayah et Mati-ilu. Dj dans des textes de Mari, on trouve la mise mort dun ne comme lment constitutif pour la conclusion dun trait, tuer un ne devenant presque un terme technique pour la conclusion dune alliance. Les animaux coups symbolisent alors le destin qui attend celui qui ne respecterait pas le trait. En Gn 15, limage est trs ose, sans parallles dans la Bible : Yhwh lui-mme se soumet une maldiction symbolique. Cette action mystrieuse est explique en Gn15,18 par lexpression karat britqui est le terme technique de lalliance du Sina/Horeb et qui est ainsi anticipe pour Abram.

    La liste des peuples aux vv.19-21 : cest le seul endroit de la Bible hbraque o la liste des peuples comporte dix membres. Dans les textes dtr cette liste comporte le plus souvent six et parfois cinq ou sept noms. Les noms spcifiques de Gn15 se trouvent en ouverture de la liste. Il sagit de trois noms de groupes qui sont plutt connots positivement, contrairement aux noms des listes traditionnelles. La liste en 19-21 modifie la liste traditionnelle dtr en linterprtant plutt comme un immense pays de rassemblement.

    Gn 22 : sacrifice scandaleux et naissances

    Ce texte dont la premire partie (22,1-19) est la plus connue de lhistoire dAbraham est construit comme contrepoint la vocation dAbraham. En Gn 12,1 ss Abraham doit renoncer son pass, en Gn 22 Dieu semble lui demander de renoncer son avenir et celui du peuple dont il est lanctre. Dans le deux textes Abraham obit, sans faire part dune quelconque raction.

    Diachronie : le deuxime discours de lange en 15-18 est un ajout. Ce discours vient trop tard ( une deuxime fois ) aprs le dnouement de lhistoire ; le v.16 reprend le v.12 qui tait laboutissement logique de la mise lpreuve dAbraham. On pourrait aussi se poser la question si le dbut du v.1 Le dieu mit lpreuve Abraham nest pas ajout aprs coup comme un titre et un modle explicatif tentant rassurer quelque peu lauditeur. Il est cependant difficile de trancher sur cette question. La rinterprtation du lieu en v.14b ressemble une glose. Le rcit primitif se trouve alors en 22,1*.2-14a.15-19. Probablement lauteur de Gn 22*

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    est identique celui de Gn 12,1-9* qui a voulu encadrer une grande partie de lhistoire dAbraham par le thme de lobissance de lanctre.

    La question des sacrifices humains : Le sacrifice des premiers-ns humains en Juda na sans doute jamais t conu sans la possibilit dun rachat, mais il a t aussi pratiqu comme le plus grand sacrifice pour Yahv4, et ceci jusquaux dbuts de lpoque perse. Quatre textes bibliques mentionnent le mot Molek en lien avec des sacrifices denfants : Lv 18,21; 20,2-5; 2R 23,10; Jr 32,35. La vocalisation molek a t substitue un mlk (roi) primitif. Le mot melek est souvent employ dans la Bible hbraque pour Yahv (plus que 50fois). Cette pratique est tellement enracine dans la religion yahviste que lauteur dEz20,25-26 qui veut sy opposer assimile le sacrifice des premiers-ns humains un mauvais commandement que Yahv aurait donn dans sa colre. Le rcit du sacrifice (substitu) dIsaac en Gn22 sinscrit dans une stratgie similaire. Dans ce texte, Dieu (elohim) demande Abraham de lui sacrifier son fils, alors quun ange de Yahv le retient au dernier moment, ouvrant ainsi la voie une substitution animalire. Les changements des titres divins suggrent dune certaine manire aussi une volution dans la rvlation divine : Yahv, le dieu dIsral est vnr par des sacrifices danimaux. Le thme de la substitution est dailleurs assez frquent (Philos de Byblos ; Iphignie).

    Sur le plan thologique : il sagit dune rflexion sur lavenir possible de la descendance dAbraham aprs la destruction de Jrusalem et lexil. Dune manire gnral, lauteur de Gn 22 pose un problme rcurent de toutes les religions : comment grer les cts cruel ou incomprhensibles de la divinit ?

    Le retour dAbraham aprs le sacrifice (v.19) fait dabord cho au verset5 : nous reviendrons (bw#) . Curieusement, selon le texte, Abraham revient seul, Isaac nest pas mentionn. Il sagit ce niveau dun rcit dinitiation, rflchissant sur la sparation ncessaire entre un pre et son fils. Malgr le happy end Isaac reste spar dAbraham. Isaac devient dornavant un personnage indpendant.

    La notice gnalogique en 22,20-24 : Les derniers quatre versets du chapitre 22 sont gnralement ngligs par les commentateurs. Il y a cependant un lien avec ce qui prcde, car aprs ce qui aurait pu tre la fin de la gnalogie, aprs une menace de mort, on assiste maintenant une srie de naissances. Il est possible quil sagissait dune tradition indpendante de 12 noms laquelle le rdacteur qui la place entre 22,1-19 et 23 a ajout la notice sur Rbecca au v. 23a pour faire le lien avec Gn24. La liste de Gn22,20-24 prsuppose la gnalogie P ; elle est postrieure celle-ci ; son intention est de lier Abraham et son fils des peuples du Nord (Aram), du Sud (Edom, Arabie) et aussi de la Msopotamie.

    4. J.D. Levenson, The Death and the Resurrection of the Beloved Son. The Transformation of Child Sacrifice in Judaism and Christianity, (New Haven-London 1993) parle dun theological ideal about the special place of the first-born son, an ideal whose realization could range from literal to non-literal implementation, that is from sacrifice to redemption (p. 9).

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    Gn 14 : Abraham guerrier et sa rencontre avec Mlkisedek

    Si Gn 22 est lpisode le plus connu de lhistoire dAbraham, Gn 14 est sans doute lhistoire la plus obscure de toute lhistoire. Le Patriarche y est impliqu dans une guerre qui concerne lensemble du Levant et de la Msopotamie et y apparat comme lgal des grands rois aux noms curieux. Gn 14 est conserv dans lApocryphe de la Gense trouv Qumran. Il est possible que lAp Gen se soit bas sur un texte hbreu diffrent du TM de Gn 14 et lon peut utiliser dans certains cas le texte trouv Qumran pour reconstruire une version antrieure du texte hbreu actuel.

    Gn 14 comporte quatre parties : 1) 1-11 : La guerre mondiale : des rois msopotamiens contre des rois cananens . Dfaite des rois de Sodome et de Gomorrhe. 2) 12-16 : Libration de Lot, kidnapp par la coalition msopotamienne, par Abram. 3)17, 21-24 : rencontre entre le roi de Sodome et Abram : Abram refuse les cadeaux. 4) 17,18-20 : rencontre avec Mlkisedek, roi de Shalem : Abram donne la dme.

    On peut imaginer que les vv. 1-11* taient lorigine couchs sur un petit rouleau sur lequel un scribe avait essay dimiter les inscriptions royales msopotamiennes. Les quatre rois symbolisent sans doute quatre empires : Babylone, Assur (?), la Perse, les Hittites ou dj les Grecs. Lide dune vassalit de rois cananens qui se transforme en rvolte peut se lire comme une rflexion sur les petits royaumes du Levant qui constamment furent envahis et intgrs dans des royaumes msopotamiens Lauteur de lhistoire du sauvetage de Lot par Abraham aurait pu lutiliser en le rarrangeant et le modifiant de sorte quil puisse servir dintroduction. Ce mme auteur a peut-tre galement insr les versets 5b-6 qui ont un parallle en Dt2,10-12 et 20 pour renforcer le lien avec les traditions du Pentateuque, et cela dautant plus que Dt2,9 mentionne Loth. On peut donc imaginer la formation de Gn14 de la manire suivante.

    Un texte dcole en 1-4.7-11* est repris et adapt par un auteur qui veut raconter des exploits militaires dAbram en 12-17.21-24* et le faire apparatre comme quelquun qui naccepte pas les cadeaux, mais qui garde son indpendance. Un rdacteur a complt cette histoire par linsertion de la rencontre avec Mlkisedek qui rpond dune certaine manire Gn22 (Abraham offre un sacrifice Moriyyah ; ici il paie la dme Shalem). Dans la bndiction prononce par Melkisdeq, El Elyon est caractris CrE)fwFMyIma#$fhnqo ( crateur du ciel et de la terre ). Ceci rappelle des qualifications dAhura-Mazda. Il sagit, dans sa forme finale, dun rcit qui a vu le jour au plus tt lpoque perse.

    Gn23-25 : la fin du cycle dAbraham

    Gn23 : Ce rcit de lachat dun tombeau par Abraham est racont dune manire tout fait profane. Pour P, ce tombeau est dune grande importance, destin devenir non seulement le tombeau de Sarah, mais aussi dAbraham, dIsaac et de Jacob, et, peut-tre de tous les patriarches abrahamides. P ninvente pas ce tombeau qui se trouve proximit dHbron, mais il en cre un rcit fondateur. P accepte la tradition

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    dun tombeau dAbraham (voir aussi Es51,1 qui parle du rocher en relation avec Abraham), mais il veut montrer que lendroit en tant que tel na rien de sacral, puisquil est le rsultat dune transaction tout fait courante. Cette dsacralisation pourrait aussi expliquer la quasi-absence de Dieu dans cette histoire.

    Gn 24 : Cest le chapitre le plus long de lhistoire dAbraham, avec un style baroque et de nombreuses rptitions. Ce style rappelle en partie lhistoire de Joseph o lon trouve galement des discours rcapitulatifs et une tendance aux redoublements, ou au niveau des longues prires, le livre de Tobie. Ce chapitre fait sa manire le passage dAbraham vers Isaac. Au dbut de lhistoire, cest Abraham qui donne lordre son serviteur, la fin, le serviteur revient vers Isaac, son pre nest plus mentionn. Le style particulier ne permet gure dattribuer ce texte aux couches rdactionnelles dj identifies ; lexception de la liste gnalogique en 22,20-24 qui sert dintroduction Gn 24. Il a t peut-tre retouch certains endroits. Cest donc une nouvelle qui est clairement de lpoque perse, elle semble dailleurs dj connatre P. Ensemble avec 22,20ss lauteur a insr son rcit entre deux textes P, pour insister sur la ncessit pour la Golah de se marier linterne. La thologie est sapientiale, Dieu agit selon linterprtation des personnages et nintervient jamais directement dans lhistoire des hommes. On peut aussi souligner une certaine autonomie dans lagir de Rbecca, ce qui la rapproche de Ruth et de Nomie, et ce qui est galement signe dune rdaction tardive.

    Gn25,1-18 : Ce texte sacerdotal donne Abraham une immense descendance via une troisime femme. Le nom de Qetura est une invention de lauteur, partir de la racine hbraque et arabe : q-t-r : encens. Ce nom est choisi cause des tribus qui sont localises en Arabie, autour de la route de lencens. Se pose de nouveau la question des liens de ces descendants avec Isaac, qui est clarifie dune manire gnrale en 5-6. Le v.5 insiste sur le fait que lhritier dAbraham est Isaac, le v.6 voque dune manire gnrale les descendants des concubines en y incluant, ct de Qetura, Hagar. Leur tablissement lest (qdm) par Abraham dsigne ici toute la rgion des tribus arabes. Le texte veut aussi montrer quAbraham soccupe galement de ces descendants, puisquil leur fait des cadeaux. 25,9 raconte ensuite comment Isaac et Ismal sont prsents lors de lenterrement de leur pre, comme le seront plus tard Jacob et Esa pour Jacob. Pour P, Isaac et Ismal sont donc voisins. Contrairement Gn21, P ne veut pas de sparation stricte entre ces deux fils dAbraham, comme le montre aussi Gn17. Alors quaujourdhui le tombeau dAbraham est devenu un objet de discorde, P en fait au moment de la mort de lanctre un sanctuaire cumnique.

    Cette deuxime partie termine le cours sur la formation de lhistoire dAbraham. Le cours sera repris et fera lobjet dune publication sous forme de commentaire dans la collection CAT des ditions Labor et Fides, Genve.

    Sminairesousformedecolloque:Lesvivantsetleursmorts

    Le colloque Les Vivants et leurs morts , organis conjointement par la chaire dAssyriologie et celle des Milieux bibliques, sest droul au Collge de France les mercredi14 et jeudi15 avril 2010. Il a permis de runir des chercheurs europens

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    dhorizons scientifiques divers : archologie et pigraphie, hittitologie, ougaritologie, sumrologie, assyriologie, histoire ancienne et Bible hbraque. Il sagissait denquter sur la manire dont les vivants grent la mort et leurs morts et comment les morts restent prsents dans la vie des vivants. Il est apparu que la mort nest pas, pour les Anciens, une coupure dfinitive. Le colloque a ainsi pu mettre en valeur la richesse dune approche pluridisciplinaire : les pratiques densevelissement, les rituels funraires, le culte des morts sont autant de questions qui ont bnfici dclairages divers ainsi que de questionnements encore ouverts selon les aires gographiques et les poques depuis le IIIemillnaire jusquau Iermillnaire avant notre re. Parmi les thmes plus particulirement abords, il faut mentionner limportance de la mort des rois et des pratiques souvent somptueuses pour maintenir leur souvenir vivant (Michal Guichard, universit ParisI, Funrailles hroques dans la littrature sumrienne ; Mical Brki, Collge de France, Les notices funraires des rois dans le livre des Chroniques ). Les listes et les gnalogies jouent ainsi un rle pour comprendre la construction dun pass et danctres parfois mythiques (Jean-Marie Durand, Collge de France, Les listes dAnctres en palo-Msopotamie et le culte familial ). Mais plus tonnantes sont apparues les pratiques punitives royales au-del de la mort de lennemi avec le traitement ou lacharnement sur les ossements du vaincu (Lionel Marti, CNRS, La punition par del la mort : lexemple assyrien ). Les archives administratives anciennes ont aussi livr nombre de dtails concernant les pratiques funraires (Dominique Charpin, EPHE, Les vivants et leurs morts dans la Msopotamie palo-babylonienne : lapport des textes darchives ). Les pratiques de ncromancie ont t galement abordes sous diffrents aspects, et il sest avr quil sagit-l de pratiques apparemment plus restreintes et moins bien attestes que lon ne le dit communment (Jean-Marie Husser, universit de Strasbourg, Ncromancie et oracles cultuels dans la liturgie royale dUgarit ). Mais la critique mme du culte des morts dans la Bible hbraque lie la question de puret rituelle pourrait au contraire manifester la persistance de ces pratiques lpoque perse (Thomas Rmer, Collge de France, Les vivants et les ossements des morts , Christian Frevel, Ruhr Universitt Bochum, Corpses, Red Cows and Waters of Purity: Worlds of Death in Numbers 19 , Christophe Nihan, universit de Lausanne, Le rejet du culte des anctres dfunts dans les traditions bibliques. Origines, contours et enjeux ). La prsence des morts dans la vie des humains peut se manifester par des enterrements dans la maison (Jrg Hutzli, Collge de France & Stefan Mnger, universit de Berne, et on linhuma dans sa maison [1 S 25,1] : Indices littraires et archologiques au sujet de lenterrement dans la maison dhabitation en Ancien Isral et dans ses alentours ) ou dans des tombes (Christophe Nicolle, CNRS, Faire parler les morts : regard darchologues sur les modes dinhumation au Proche-Orient ). Et les rituels permettent de dfinir les limites entre le monde des vivants et celui des morts (Vanna Biga, Sapienza Universit di Roma, Funrailles et rituels funraires en Syrie lpoque dEbla ; Jrg W. Klinger, Freie Universitt Berlin, La mort et lau-del dans la vie des hittites ; Andr Lemaire, EPHE, Rites des vivants pour les morts dans le Royaume de Samal [viiie sicle av.n..] ). Enfin la mise en littrature de la mort montre les

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    enjeux de ce questionnement au cur des diffrentes civilisations au Proche-Orient ancien (Stphanie Anthonioz, Collge de France, De la mort qui spare celle qui unit : le message et la formation de lpope de Gilgame ; Hans-Peter Mathys, universit de Ble, La mort littraire ; Dorotha Erbele-Kster, universit de Bruxelles, Donner naissance pour les morts : la relation entre la naissance et la mort dans quelques textes bibliques ). Les actes du colloque seront publis dans la srie Orbis Biblicus et Orientalis Fribourg (Suisse).

    EnseignementsdonnsluniversitdeChicago

    Grce une invitation de la Faculty of Divinity de lUniversit de Chicago et grce au soutien du France Chicago Center le professeur a donn au mois de mai les enseignements suivants lUniversit de Chicago5.

    The Exodus in Genesis: Competing Origin Stories and their Combination

    Les rcits patriarcaux taient lorigine un des rcits indpendants du rcit de lexode. Certains textes de la gense reprennent des motifs de lexode mais pour critiquer une idologie exodique (Gn 12,10-20 ; Gn 16 ; Gn 37-50) alors que Gn15 tente de rconcilier patriarches et xode.

    The Current Debate about Israels First History

    La thorie de lhistoire deutronomiste est aujourdhui mise en question dans la recherche germanophone, alors que les chercheurs anglo-saxons privilgient toujours le modle de F.M.Cross. Pour sortir de limpasse, il sagit de prendre au srieux les arguments pour et contre la thorie de M.Noth. La solution propose est de concevoir une bibliothque dtr (et non pas une histoire couche sur un seul rouleau) existant entre les viie et ve sicles, lintrieur de la quelle diffrents scribes soccupaient de diffrents rouleaux.

    King Josiahs Reform: Between Historical Reality and Literary Construction

    Le noyau historique des changements sociopolitiques et religieux sous Josias sont difficiles dcrire en dtail. Les vidences archologiques et textuelles parlent cependant en faveur de lhistoricit de cette rforme .

    Penta-, Hexa-, Enneateuch? How Can One Define aLiterary Work Inside the Hebrew Bible?

    Examen des diffrents modles pour expliquer la formation du Pentateuch et des Prophtes antrieurs. La meilleure thorie est celle de la combinaison dun Tetrateuque et de lhistoire dtr dont le rsultat fut le Pentateuque et les nebiim aharonim.

    5. http://webcache.googleusercontent.com/u/uchicago?q=cache:DbSu3RY1sNgJ:divinity.uchicago.edu/news/romer.shtml+Rmer&cd=1&hl=fr&ct=clnk&ie=UTF-8

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    Sminaires

    Some (Partially) Censored Traditions about MosesOutside the Hebrew Bible

    Enqute sur des traditions que lon trouve chez Hcate dAbdre, Artapan et Flavius Josphe sur un Mose moins pacifique que dans le Pentateuque. Ces traditions remontent sans doute la diaspora juive dElphantine.

    The Book of Numbers and the Question of theFormation of the Pentateuch

    Expos et discussion de lhypothse selon laquelle le livre des Nombres serait le dernier ensemble du Pentateuque avoir pris forme.

    Confrences, congrs, colloques

    31.08-03.09.2009 : AGAT (Arbeitsgemeinschaft der deutschsprachigen katholischen Alttestamentlerinnen und Alttestamentler), Salzburg, Autriche : Die Wstentraditionen im Deuteronomium und im DtrG .

    21.-23.09.2009 : Exegetical Day, universit dUppsala (Sude) : Abraham and the Exodus .

    02.-03.10.2009 : Ouverture du colloque A.Loisy organis au Collge de France.12.11.2009 : Formation continue, universit de Lausanne : Quelle est la vrit des rcits

    bibliques des origines ? 21.-24.11.2009 : Congrs de la SBL, Nouvelle-Orlans (tats-Unis) : Tracking Some

    Censored Moses Traditions Inside and Outside the Hebrew Bible .10.-12.01.2010 : Symposium The Pentateuch: International Perspectives on Current

    Research , universit de Zurich : Extra-Pentateuchal Biblical Evidence for the Existence of a Pentateuch? The Case of the Historical Summaries, especially in the Psalms .

    21.01.2010 : Universit de Graz (Autriche) : Die aktuelle Debatte um das DtrG : literarhistorische und theologische Perspektiven .

    27.01.2010 : Institut suprieur dtudes cumniques (ISEO), Paris : Comment grer la mort ? Les rponses de la Bible hbraque .

    08.-10.04.2010 : Congrs international de Transeuphratne, organis par la revue Transeuphratne et la chaire des Milieux bibliques, communication sur : La formation des 3Grands Prophtes comme rponse la crise de lexil babylonien .

    10.-12.06.2010, Congrs du RRENAB, Lausanne : Lautorit du livre dans les trois parties de la Bible hbraque .

    17.06.2010, CLIO, Paris : Comment la Bible fut-elle crite ? .18.-19.06.2010 : Symposion sur la formation du Pentateuque, organise par la chaire des

    Milieux bibliques grce lappui de la Fondation Hugot : Josua 24 als Abschlutext .02-04.07.2010 : Centre des Dominicaines, StMathieu de Trviers : Bible et archologie :

    la Bible hbraque face aux nouvelles thories littraires et archologiques .25.-29.07.2010 : SBL International Meeting, Tartu (Estonie) : The Case of the Books

    of Kings .01.-06.08.2010 : Congrs International de lIOSOT, Helsinki (Finlande) : organisation

    et prsidence dune table ronde sur le thme What does deuteronomistic Mean ?

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    Invitations

    Deux professeurs trangers ont t invits par la chaire des Milieux bibliques donner des cours au Collge de France : Jack Sasson, professeur luniversit de Vanderbilt (tats-Unis) a donn du 22octobre au 9novembre 2009 quatre cours sur le thme : Extraits dun commentaire au Livre des Juges : 1. Fragments et cohrence : Le Livre des Juges la lumire des documents msopotamiens ; 2.Otniel et hud : lAnalyse gnrique de leurs rcits ; 3.Les deux mres de Sisra et le pome didactique de Dborah ; 4.Jepht : Portrait dun hros manqu.

    Oded Lipschits, professeur luniversit de Tel Aviv (Isral), a donn le 7avril une confrence sur le thme : How did the Babylonian Empire Rule in Judah? First Clues for Babylonian Administration in the Empty Land (cf. rsum infra, p.1020-1021).

    Publications du professeur

    Livres

    Rmer T., Les Cornes de Mose. Faire entrer la Bible dans lhistoire (Leons inaugurales du Collge de France 206), Paris, Collge de France - Fayard, 2009.

    Rmer T., Dieu obscur. Cruaut, sexe et violence dans lAncien Testament (Essais bibliques, 27), Genve, Labor et Fides, 2009 (3e d. augmente).

    Livresdits

    Rmer T., avec Macchi J.-D. et Nihan C. (ed.), Introduction lAncien Testament (MdB, 49), Genve, Labor et Fides, 2009 (2e d. revue et augmente).

    Rmer T., avec Borgeaud P. et Volokhine Y. (ed.), Interprtations de Mose : gypte, Jude, Grce et Rome (Jerusalem Studies in Religion and Culture, 10), Leiden-Boston, Brill, 2010.

    Articles

    Rmer T., Le Cantique des Cantiques : un hymne lamour et lrotisme , Itinraires, 2009, p.12-15.

    Rmer T., articles Achan I. Hebrew Bible/Old Testament , col.272, Amon (Person) , cols 1014-1016, EBR I (2009) ; Annunciation I. Hebrew Bible/Old Testament , cols.54-56, EBRII (2009).

    Rmer T., The Exodus Narrative According to the Priestly Document , in ShectmanS. et Baden J.S. (ed.), The Strata of the Priestly Writings. Contemporary Debate and Future Directions (AThANT 95), Zrich, TVZ, 2009, pp.157-174.

    Rmer T., Histoire biblique - mythe ou ralit ? , in Magne de la Croix P. et Janus G. (ed.), largir les horizons. Les confrences 2007-2009 (Les Cahiers de lAUP 3), Strasbourg, 7 Avenir, 2009, pp.23-41.

    Rmer T., The Book of the Twelve - Fact and Fiction ? , in Ben ZviE. et NogalskiJ.D., Two Sides of a Coin : Juxtaposing Views on Interpreting the Book of the Twelve/the Twelve Prophetic Books (Analecta Gorgiana 201), Piscataway, NJ: Gorgias Press, 2009, pp.1-10.

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    Rmer T., Gilgamesh au bois des Cdres , Htrographe, 2, 2009, pp.72-76.Rmer T., Redaction Criticism : 1 Kings 8 and the Deuteronomists , in J.M. LeMon

    et Richards K.H. (ed.), Method Matters, Essays on the Interpretation of the Hebrew Bible in Honor of David L. Petersen (SBL Resources for Biblical Study 56), Atlanta, GA, Society of Biblical Literature, 2009, pp.63-76.

    Rmer T., Provisorische berlegungen zur Entstehung von Exodus 18-24 , in Achenbach R. et Arneth M. (ed.), Gerechtigkeit und Recht zu ben (Gen 18,19), Studien zur altorientalischen und biblischen Rechtsgeschichte, zur Religionsgeschichte Israels und zur Religionssoziologie. Festschrift fr Eckart Otto zum 65. Geburtstag (BZAR 13), Wiesbaden, Harrassowitz, 2009, pp.128-154.

    Rmer T., The Formation of the Book of Jeremiah as a Supplement to the So-Called Deuteronomistic History , in Edelman D.V. et Ben Zvi E. (ed.), The Production of Prophecy. Constructing Prophecy and Prophets in Yehud (BibleWorld), London-Oakville, CT, Equinox, 2009, pp.168-183.

    Rmer T., Von Maulwrfen und verhinderten Propheten: Einige Anmerkungen zum prophetischen Buch , Communio Viatorum, 51, 2009, pp.173-183.

    Rmer T., Le dossier biblique sur la statue de Yhwh dans le premier temple de Jrusalem. Enqutes scripturaires travers la bible hbraque , RThPh, 141, 2009, pp.321-342.

    Rmer T., La littrature sapientiale , in Rmer T., Macchi J.-D. et Nihan C. (ed.), Introduction lAncien Testament (MdB,49), Genve, Labor et Fides, 2009 (2e d. revue et augmente), pp.579-589.

    Rmer T., avec J. Rckl, Jesus, Son of Joseph and Son of David, in the Gospels , in TaitM.et OakesP. (ed.), The Torah in the New Testament. Papers Delivered at the Manchester-Lausanne Seminar of June 2008 (LNTS 401), London-New York, T&T Clark International, 2009, pp.65-81.

    Rmer T., avec R. Bloch et al., Les Fragments dArtapan cits par Alexandre Polyhistor dans la Prparation Evanglique dEusbe. Traduction et commentaire , in Borgeaud P., Rmer T.et Volokhine Y. (ed.), Interprtations de Mose : gypte, Jude, Grce et Rome (Jerusalem Studies in Religion and Culture 10), Leiden-Boston, Brill, 2010, pp.25-39.

    Rmer T., Mose: un hros royal entre chec et divinisation , in Borgeaud P., RmerT.et Volokhine Y. (ed.), Interprtations de Mose : gypte, Jude, Grce et Rome (Jerusalem Studies in Religion and Culture 10), Leiden-Boston, Brill, 2010, pp.187-198.

    Rmer T., Abraham et Mose, deux manires de construire une identit , Le Monde de la Bible, 192, 2010, pp.27-31.

    Rmer T., 1, 2 Kings , in Coogan M.D. (ed.), The New Oxford Annotated Bible. New Revised Standard version With the Apocrypha. Fully revised Forth Edition Oxford, Oxford University Press, 2010, pp.485-574.

    Rmer T., Identit et Bible : Naissance dune identit porteuse dun universel , in Coll., Lidentit en panne ou en devenir ? Valence, Peuple Libre, 2010, pp.13-38.

    Rmer T., articles Decalogo , pp. 306-312 et Deuteronomista , pp. 340-348, in Penna R., Perego G. et Ravasi G. (ed.), Temi teologici della Bibbia, Milano, San Paolo, 2010.

    Rmer T., Lamiti selon la Bible hbraque , Transversalits, 113, 2010, pp.31-45.Rmer T., Les monothismes en question , in Coll., Enqute sur le Dieu unique, Paris,

    Bayard, 2010, pp.7-17.Rmer T., Andr Caquot et le Pentateuque , in RiaudJ. et Chaieb M.-L. (ed.), Luvre

    dun orientaliste: Andr Caquot (1923-2004) (Bibliothque dtudes juives. Srie Histoire, 36), Paris, Honor Champion, 2010, pp.71-82.

    Rmer T., Les interdits des pratiques magiques et divinatoires dans le livre du Deutronome (Dt18,9-13) , in Durand J.-M. et Jacquet A. (ed.), Magie et divination dans les cultures de lOrient (Cahiers de lIPOA 3), Paris, Jean Maisonneuve, 2010, pp.73-85.

  • MILIEUX BIBLIQUES 533

    Missions et oprations de recherche

    Avec le professeur Uwe Becker de luniversit de Ina, un projet franco-allemand portant sur la formation des 3 Grand prophtes a t lanc et accept. Il sagit, avec laide de collaborateurs, de mener une recherche sur les contextes socio-historiques et littraires de la mise par crit des livres dEsae, Jrmie et dEzchiel. Ce projet est financ pour une dure de deux ans. Durant lanne 2009-2010, deux rencontres ont eu lieu les 11-13dcembre 2009 Paris et les 28 juin-1 juillet 2010 Ina (pour plus de dtails voir le rapport de M.Mical Brki).

    En outre les missions lies des congrs et workshops (cf. ci-dessus), le professeur sest rendu les 7 et 8 novembre 2010 luniversit Humboldt de Berlin dans le cadre du projet du projet Die Religionen der Welt . Dans cette rencontre, il a mis en discussion des traductions du livre de Josu de lhbreu en allemand.

    Autres activits de la chaire

    StphanieAnthonioz,ATER

    Lanne 2009-2010 auprs du professeur T.Rmer en tant quATER restera une anne unique et passionnante : jai pu poursuivre mes travaux de recherche (dont la publication de ma thse, Leau, enjeux politiques et thologiques, de Sumer la Bible, Brill VTS 131, et la prparation du volume 2 de La bibliothque de Qumrn, sous presse) et surtout collaborer aux diffrents projets de la chaire des Milieux bibliques, en participant lorganisation de deux colloques, lun tenant lieu de sminaire commun avec la chaire dAssyriologie (J.-M. Durand), intitul Les vivants et leurs morts, lautre fruit dun projet franco-allemand sur le Pentateuque.

    Dans le cadre dun projet ANR sur La composition et rdaction des trois grands prophtes, nous avons pu accueillir les collgues allemands et nous rendre avec T.Rmer et M.Burki luniversit dIna en juin pour un sminaire de travail de trois jours. Les fruits de ces premiers travaux sont en cours de publication dans la revue Transeuphratne. Le 7 avril, le professeur invit O. Lipschits (Tel Aviv) a prsent une confrence en anglais sur ladministration babylonienne de la Jude. Jai alors servi dinterprte.

    MicalBurki,ATER(fondsANR-DFG)

    Lanne 2009-2010 a t consacre au lancement du projet COREGRAP, qui runit une quipe franco-allemande co-dirige par le prof. Thomas Rmer de la chaire Milieux bibliques et le prof. Uwe Becker de luniversit de Ina. Le projet COREGRAP (COmposition et REdaction des GRAnds Prophtes) est financ par lAgence nationale de la recherche et la Deutsche Forschungsgemeinschaft. Laxe de recherche est ltude de la composition et de la rdaction des trois grands livres

  • 534 THOMAS RMER

    prophtiques (Esae-Jrmie-Ezchiel) partir denqutes thmatiques et comparatives. Mes activits comprenaient en particulier :

    recherches bibliographiques et dlimitation du champ dtude : dfinition de la thmatique de lhubris comme sujet de comparaison ;

    mise en place dun outil de travail collectif : laboration dune page Netvibes : http://www.netvibes.com/coregrap ;

    prsentation du projet COREGRAP la rencontre ANR/DFG, les 5-7 mai 2010, Berlin.

    Interventions dans des confrences

    Burki M., Grandeur et dmesure dans les oracles contre les nations duprophte Esae , colloque La Transeuphratne lpoque perse : crises et autres difficults , 8-10 avril 2010, Paris.

    Burki M., Les notices funraires des rois dans le livre des Chroniques , colloque interdisciplinaire des chaires dAssyriologie et des Milieux bibliques : Les vivants et leurs morts , 14-15 avril 2010, Collge de France.

    Burki M., Laine coupe et sang vers : le temps de la rtribution , colloque de la Socit asiatique, La faute et sa punition dans les civilisations orientales , 21-22 juin 2010, Collge de France.

    Traductions

    Lust J., Ezchiel dans la Septante , in Rmer T. (dir.), Les rdactions des livres prophtiques, Genve, Labor & Fides, 2011.

    Ben Zvi E., Lhypothse dun Livre des Douze est-elle possible du point de vue des lecteurs anciens ? , in Rmer T. (dir.), Les rdactions des livres prophtiques, Genve, Labor & Fides, 2011.

    Autres vnements

    12-13 dcembre : Rencontre COREGRAP, Paris.14-15 avril : Participation lorganisation du colloque interdisciplinaire des chaires

    dAssyriologie et des Milieux bibliques, Collge de France.17-19 juin : Participation aux journes dtudes sur le Pentateuque, Fondation Hugot28-30 juin : Rencontre COREGRAP, Ina.

    JrgHutzli,ATER

    Depuis ma prise de fonction au Collge de France, jai assist le prof. Rmer dans la rdaction darticles scientifiques ainsi que dans une contribution une nouvelle traduction de lAncien Testament (en langue allemande).

    Jai aid la prparation de trois colloques : 8e colloque sur la Transeuphratne lpoque perse ( Crises et autres

    difficults ) (8-10 avril 2010) ; confrence intitule Lexcution de sept descendants de Sal par les Gabaonites (2 S 21,1-14) : place et fonction du rcit dans les livres de Samuel ;

  • MILIEUX BIBLIQUES 535

    Colloque interdisciplinaire organis en commun avec la chaire dAssyriologie portant sur le sujet des vivants et leurs morts dans le Proche-Orient (14 et 15avril 2010) ; contribution intitule : lenterrement dans la maison dhabitation en Ancien Isral (en commun avec Stefan Mnger, Universit de Berne) ;

    Runion dtude sur la formation du Pentateuque la Fondation Hugot (18 et 19juin 2010).

    Mes activits ont galement inclus des travaux dans notre bibliothque dtudes ouest-smitiques (rangement, catalogage).

    Quant mes propres tudes, jai continu mon travail dhabilitation sur les diffrentes strates de la tradition sacerdotale du Pentateuque. Li ce travail est une tude sur le rcit de la cration en Gn1. Jai prsent une communication ce sujet la runion annuelle de la Society of Biblical Literature (SBL) New Orleans (21-24novembre 2009) dont je viens dachever la publication ( Tradition and Interpretation in Gen1 , Journal of Hebrew Scriptures, 10/12, 2010, pp.1-22 ; http://www.arts.ualberta.ca/JHS/Articles/article_140.pdf ).

    En outre, jai crit quelques articles scientifiques portant sur des thmes et des problmes des livres de Samuel :

    Hutzli J., Theologisch motivierte Textnderungen im Masoretischen Text und in der Septuaginta von 1-2 Sam , in Hugo Ph. et Schenker A. (ds), Archaeology of the Books of Samuel. The Entangling of the Textual and Literary History, Leiden, Brill, 2009, pp.213-236.

    Hutzli J., The Literary Relationship between III Samuel and III Kings. Considerations Concerning the Formation of the Two Books , Zeitschrift fr Alttestamentliche Wissenschaft 122/3 (2010), paratre prochainement.

    Hutzli J., Lexcution de sept descendants de Sal par les Gabaonites (2 S 21,1-14) : place et fonction du rcit dans les livres de Samuel , Transeuphratne, paratre prochainement.

    Hutzli J., avec Stefan Mnger, Indices littraires et archologiques pour lenterrement dans la maison dhabitation en Ancien Isral in Durand J.-M., Rmer T. (ds), Les vivants et leurs morts, srie OBO, Fribourg (Suisse) Gttingen, Universittsverlag - Vandenhoeck & Rupprecht, paratre prochainement.

    Hutzli J., Nhe zu David, Nhe zu Jhwh. Fremdstmmige in den Daviderzhlungen, in Dietrich W. (d.), Seitenblicke. Nebenfiguren im zweiten Samuelbuch, paratre prochainement.