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Thème 5 Intégration, conflit et changement social Chapitre 1 Quels sont les liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ? Notions de Terminale Acquis de 1 ère Solidarité mécanique Solidarité organique Cohésion sociale Socialisation Sociabilité Anomie Désaffiliation Disqualification Réseaux sociaux Indications complémentaires Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim , on montrera que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes (I). On traitera plus particulièrement de l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille, école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne remet pas en cause l'intégration sociale (II). Plan I) L’évolution des formes de solidarité A / La thèse d’E Durkheim : de la solidarité mécanique à la solidarité organique B) La solidarité organique a-t-elle remplacé définitivement la solidarité mécanique ? C) De nouveaux liens dans des sociétés où s’affirment le primat de l’individu 1 - L’affirmation du primat de l’individu 2- Des individus plus autonomes et plus singuliers …. 3-… continuant à partager des croyances et valeurs communes II) L’évolution du rôle des instances d’intégration remet-elle en cause de l’intégration sociale ? A) Évolution du rôle de la famille et ses effets sur l’intégration 1 - Une instance d’intégration en évolution 2 - Une fragilisation du rôle intégrateur de la famille B) Évolution du rôle de l’école et ses effets sur l’intégration 1 - L’école a un rôle intégrateur direct et indirect 2 - Cependant ce rôle est critiqué C) Évolution du rôle du travail et ses effets sur l’intégration 1 - Les multiples dimensions intégratrices du travail… 2 - … sont fragilisées par les transformations de l’emploi. D) Évolution du rôle de l’Etat et ses effets sur l’intégration 1 - Un rôle intégrateur… 2 - … fragilisé

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Thème 5 – Intégration, conflit et changement social

Chapitre 1 – Quels sont les liens sociaux dans des sociétés où

s’affirme le primat de l’individu ?

Notions de Terminale Acquis de 1ère

Solidarité mécanique

Solidarité organique

Cohésion sociale

Socialisation

Sociabilité

Anomie

Désaffiliation

Disqualification

Réseaux sociaux

Indications complémentaires

Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera

que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour

autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes (I).

On traitera plus particulièrement de l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille,

école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne

remet pas en cause l'intégration sociale (II).

Plan

I) L’évolution des formes de solidarité A / La thèse d’E Durkheim : de la solidarité mécanique à la solidarité organique

B) La solidarité organique a-t-elle remplacé définitivement la solidarité mécanique ?

C) De nouveaux liens dans des sociétés où s’affirment le primat de l’individu

1 - L’affirmation du primat de l’individu

2- Des individus plus autonomes et plus singuliers ….

3-… continuant à partager des croyances et valeurs communes

II) L’évolution du rôle des instances d’intégration remet-elle en cause de l’intégration sociale ? A) Évolution du rôle de la famille et ses effets sur l’intégration

1 - Une instance d’intégration en évolution

2 - Une fragilisation du rôle intégrateur de la famille

B) Évolution du rôle de l’école et ses effets sur l’intégration

1 - L’école a un rôle intégrateur direct et indirect

2 - Cependant ce rôle est critiqué

C) Évolution du rôle du travail et ses effets sur l’intégration

1 - Les multiples dimensions intégratrices du travail…

2 - … sont fragilisées par les transformations de l’emploi.

D) Évolution du rôle de l’Etat et ses effets sur l’intégration

1 - Un rôle intégrateur…

2 - … fragilisé

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I) L’évolution des formes de solidarité

Introduction La naissance, à la fin du 19

ème siècle, de la sociologie comme discipline visant une connaissance scientifique du social, peut être

analysée comme une conséquence des inquiétudes provoquées par la Révolution industrielle et la montée de l’individualisme dans

les sociétés occidentales. La sociologie va alors s'intéresser à la capacité des sociétés modernes à créer de la cohésion sociale.

Emile Durkheim, fondateur de la sociologie en France, parle de solidarité sociale pour désigner ce qui relie les différentes

composantes de la société (donc ce terme est synonyme de lien social, cohésion sociale = notions pas utilisés à l'époque).

Durkheim cherche à élucider un paradoxe : « Comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus

étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? »

A) La thèse d’E Durkheim : de la solidarité mécanique à la solidarité organique

E. Durkheim (1858-1917), sociologue français.

« De la division du travail social », 1893 : évolution des formes de solidarité et du lien social dans nos sociétés.

Solidarité mécanique

« par similitude »

Solidarité organique

« par complémentarité »

Type de sociétés Sociétés traditionnelles

Sociétés modernes

Niveau de division du travail Faible division du travail

Forte division du travail

Division sociale du travail

Ressemblance des individus ou

différence ?

Individus qui se ressemble, similitude

Individus différents, qui se divise les

tâches, répartition des différentes

professions, etc.

Conscience collective Conscience collective forte

Conscience collective faible

Conscience individuelle

(Autonomie individuelle)

Conscience individuelle faible

Conscience individuelle forte et qui se

développe

Relations entre conscience

individuelle et collective ?

Conscience individuelle absorbée par la

conscience collective

Conscience individuelle supérieure à la

conscience individuelle

Type de droit Droit répressif

Déf = ……………………………………

Droit restitutif

Déf = ………………………………………

Fondement du lien social Lien social fondée sur la similitude

Lien social fondée sur la complémentarité

et l’interdépendance

Sociétés traditionnelles : poids de la tradition, structures sociales simples, solidarité mécanique, peu de

différence sociale, individu n’existe que comme membre du groupe, conformisme, importance de la religion,

droit répressif. Une conscience collective qui absorbe la conscience individuelle.

Sociétés modernes : forte division du travail, spécialisation des activités, hétérogénéité et différenciation

sociale, individu existe comme une entité unique. La conscience individuelle n’est plus absorbée par la

conscience collective. Elle peut être différente. Un individualisme croissant.

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BONUS

Transition : la DT crée du lien en instaurant un nouveau type de solidarité. Mais ce n'est pas toujours le cas, la

DT peut prendre des formes pathologiques, notamment une forme anomique.

Rappel 1ère

: Anomie = Absence de règles

Si division du travail trop poussée, si spécialisation du travail excessive => isolement des individus. Dans ce cas,

la solidarité organique reste faible et la société connait une situation d’anomie : il n’y a plus de solidarité car il

n’y a plus de valeurs et de normes communes.

Synthèse : Les « formes anormales » de la division du travail sont des dysfonctionnements qui empêchent la

division du travail de produire de la solidarité. Elles affectent les processus de socialisation et de régulation

sociale et menacent l’intégration de l’individu à la société et la cohésion sociale.

B) La solidarité organique a-t-elle remplacé définitivement la solidarité mécanique ?

Exemple : les prénoms bretons

Part des prénoms bretons donnés en Bretagne a été multiplié par 3 depuis 1945 => augmentation de la part

des prénoms bretons qui affirment une identité commune => mise en avant d’une appartenance à un groupe

culturel spécifique.

Exemple : les ultras

Un groupe de supporters proche de la solidarité mécanique : individus qui partagent la même passion, même

valeurs, même club => solidarité qui repose sur la similitude des individus

La solidarité organique n’a pas complètement remplacé la solidarité mécanique.

=> Pas de disparition de la solidarité mécanique !

=> Les deux sont présentes dans notre société :

- on est solidaire avec ceux qui nous ressemblent (mécanique). ex = entre jeunes, entre femmes

- on est solidaire aussi parce qu'on est différent, avec ceux dont on a besoin (échange)

Bilan : la solidarité mécanique existe toujours

BONUS

Peut également citer le fonctionnement des sectes ou encore des nouveaux mouvements religieux (pentecôtisme,

évangélisme) ; les mouvements intégristes des religions traditionnelles également.

Peut aussi évoquer le fonctionnement des clubs de sports (groupes de supporters dans le foot par ex),…

Peut aussi évoquer le fonctionnement des ghettos

- Dans le ghetto le lien social repose largement sur la proximité des individus, la conscience collective

domine la conscience individuelle

- Repose sur des groupes primaire

- Peu de place pour l’individu. Il est protégé par le groupe mais peut difficilement s’en émanciper. Peu

d’autonomie et de liberté. Ex : place des femmes.

Solidarité mécanique

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C) De nouveaux liens dans des sociétés où s’affirment le primat de l’individu

1 - L’affirmation du primat de l’individu

Les sociétés modernes se caractérisent par l’affirmation de l’individu : une montée de l’individualisme.

Individualisme : mode de fonctionnement de la société privilégiant l’individu, son autonomie, au détriment des

appartenances collectives. Autonomie de l’individu par rapport aux groupes sociaux et à la société.

Une vision positive de l’individualisme : synonyme d’émancipation, autonomie, liberté. (ex : émancipation de la femme

de l’autorité du père ou du mari).

Individualisme = conception optimiste

Mariage = choix libre des conjoints et non des parents

A chacun son choix !

Une vision plus négative qui associe l’individualisme à l’égoïsme, à un repli sur soi et à un risque d’exclusion sociale.

Individualisme = conception pessimiste

De plus en plus de divorce

Chacun pour soi !

Dans ces cas-là l’individualisme peut avoir des effets négatifs sur la cohésion sociale et peut entrainer anomie,

désaffiliation et disqualification.

Anomie : absence ou affaiblissement des normes collectives qui ne permettent plus à l’individu d’orienter son

comportement. Un relâchement du contrôle social qui entraine une augmentation des actes déviants et délinquants.

Désaffiliation (Robert Castel) : processus de fragilisation du lien social qui s’explique par un affaiblissement des

solidarités de proximité (familial par exemple) et la précarité de l’emploi. Ce processus conduit à une situation de

pauvreté et d’exclusion.

Donc ambivalence du processus d’individualisation.

Bilan

Les sociétés démocratiques modernes se caractérisent par l'individualisation : long processus historique au

cours duquel l'individu devient libre et autonome, et acquiert une importance croissante dans la vie sociale.

Le « je » prend plus de place au détriment du « nous ».

cf. titre du chapitre : « société où s'affirme le primat de l'individu » = société marquée par l'individualisation.

Le processus d'individualisation doit être relié à la montée de l'individualisme : conception selon laquelle

l'individu prime par rapport au groupe et à la société.

Attention, il ne s'agit pas d'un synonyme d'égoïsme, qui désigne un développement exacerbé de

l'individualisme.

1/3 des français pensent que l’individualisme est la principale cause de la fragilisation de la cohésion sociale.

2- Des individus plus autonomes et plus singuliers ….

1945 = Création de l’Etat providence => système d’assurance à visée universelle créé et permet aux individus d’être

protégés indépendamment de leur famille. Ce système permet aux individus des sociétés modernes d’être plus autonomes.

Distinction HOLISME / INDIVIDUALISME

Holisme = la société est supérieure au tout

Individualisme = l’individu est supérieur à la société

Caractéristiques des individus dans les sociétés modernes ?

- Une multitude liens sociaux mais des liens moins forts qu’avant.

- Accroissement des mobilités géographiques et professionnelles.

- Une multitude d’appartenances.

Nombreuses formes de sociabilité, multitude réseaux sociaux.

Sociabilité : ensemble des relations qu’un individu entretient avec d’autres. L’ensemble forment son réseau social.

Réseaux sociaux : configurations de relations interpersonnelles.

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Quelles inquiétudes sont associées à la montée de l’individualisme ?

Crainte de rupture progressive de l’ensemble des liens sociaux dans les sociétés modernes.

Pourquoi ces craintes ne sont pas justifiées ?

Pas de suppression de l’ensemble des liens de solidarité mais une évolution : diversité et

assouplissement des appartenances collectives.

Ces nouveaux liens sociaux plus nombreux, plus souples seraient plus respectueux des individus.

Plus de liens mais moins forts

Il faut en quelque sorte assumer, successivement, voire simultanément, plusieurs vies (profL, amicale, familiale,

associative, politique, sportive, etc.), l’individu acquiert forcément une relative indépendance vis-à-vis de ses multiples

appartenances.

La montée de l'individualisme a des effets ambivalents sur l'individu :

- L’individu peut se libérer grâce à l’individualisme : individualisme émancipateur, qui lui permet de faire des choix

libres et informés, cad d'être autonome. Grâce à l'individualisation, l'individu a plus de marges de manoeuvre dans la

conduite de sa vie, il a peu à peu acquis une capacité à se définir par lui-même et non en fonction de son appartenance à

telle ou telle entité collective.

- Mais l’individualisme comporte aussi des aspects négatifs : décomposition des liens sociaux antérieurs qui peut

laisser l’individu seul, développement de pathologies de l'individu moderne (égoïsme, narcissisme, recherche de

satisfaction immédiate...)

il faut se méfier du lieu commun selon lequel l'individualisme serait nécessairement une menace pour le lien social.

2 visions !

3 /… mais continuant à partager des croyances et valeurs communes

Disparition de la conscience collective dans les sociétés modernes ne signifie pas pour autant que tout lien social reposant

sur le partage de croyances et de valeurs communes a disparu dans ces sociétés. Ce type de lien persiste dans les sociétés

modernes.

Phénomène associatif très fort en France : 12 millions de bénévoles = plus de 1 personne sur 4

+ de 900 000 associations en France

Une pratique en hausse

Nombreuses associations correspondant à un engagement altruiste (action sanitaire et sociale OU humanitaire et caritative,

Défense de droits et d’intérêts communs, Syndicat groupement professionnel)

Valeurs et croyances communes qui peuvent être partagées dans les associations sportives, les syndicats, etc.

Associations sportives = respect, tolérance, effort, travail, ponctualité

Syndicat = respect, liberté d’expression, ponctualité, travail, éthique professionnelle.

Or, participer à une association revient à partager des valeurs communes = solidarité mécanique Mobilisation de personnes qui partagent les mêmes valeurs (concert, sit-in, ex .). Un ensemble de valeurs partagées

(respect, tolérance,…) contribue à faire primer les normes collectives sur les aspirations individuelles.

Selon François de Singly, la montée de l’individualisme n’est pas une évolution négative

- Construction de lien social plus souple, plus respectueux des personnes car chacun est valorisé car c’est un INDIVIDU à part

entière.

- Et de plus en plus de lien ELECTIF => donc on choisit ses relations => donc pas négatif

Selon François De Singly, des liens multiples remplacent un lien fort, l'individualisation permet aux individus d'avoir plusieurs

appartenances pour ne pas être lié par un lien unique.

Elle est à l'origine d'un nouveau type de lien social : loin d’atomiser la société en un rassemblement d’individus isolés et sans aucun

lien entre eux, elle leur permettrait au contraire de devenir détachés de leurs appartenances traditionnelles (famille, village, Eglise) et

donc libres d’en (re)nouer de nouvelles, choisies (électives) et non pas contraintes par le statut : l'individu choisit plus librement ses

relations.

Remarque : ne note pas un affaiblissement du lien social mais une transformation.

L’individualisation s’est paradoxalement traduite par une hausse des interdépendances collectives = l’individualisation

n’entraîne pas nécessairement un isolement accru des individus mais au contraire un besoin accru de relations sociales (à

relier à l'analyse de Durkheim).

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Transition : L'individualisme ne signifie donc pas affaiblissement des liens sociaux. Cependant, dans une société marquée

par la montée de l'individualisme, les instances d'intégration jouent-elles encore leur rôle ? Peut-on parler de « crise » du

rôle intégrateur de la famille, de l'école ou du travail ?

II) L’évolution du rôle des instances d’intégration remet-elle en cause de

l’intégration sociale ? Mutations du rôle des principales instances d’intégration face à la modernité (division du travail, montée de l’individualisme,…).

Entre intégration et crise du lien social.

A) Evolution du rôle de la famille et ses effets sur l’intégration

1- Une instance d’intégration en évolution

- Transformation de la famille => données chiffrées ! Progression des divorces (1 couple sur 3)

Nombre de divorce multiplié par 4 depuis 1960 alors que nombre de mariage diminue

Union libre progresse

Taux de fécondité divisé par 2

Rétrécissement de la famille au cours du temps : communautaire => nucléaire => décomposée

- Différentes manières d’interpréter ces transformations ? Recul des liens familiaux

Liens familiaux plus forts entre grands-parents / parents / enfants => allongement de l’esp de vie

Couple plus fragiles, mais chacun est plus exigeant sur la qualité de la relation familiale =>liens familiaux + électifs

(beau père, belle mère, etc)

La famille institution basée sur le mariage établissait des liens contraignants, de type statutaire, cad basé sur le statut, sur

la place occupée par chacun dans la parenté (parent / enfant, frère / soeur...).

Ces relations n'ont pas disparu, mais aujourd'hui, les liens au sein de la famille sont davantage électifs, affinitaires : au

lieu d'être un lieu imposant des normes et des valeurs à ses membres, la famille serait devenu un lieu de relations

librement choisies.

La tendance principale concernant l'évolution de la famille est l'affaiblissement du mariage : entre 1960 et 2010, le nombre de

mariages a baissé de 24 % et le nombre de divorces a été multiplié par 4.

De plus, la part de couples non mariés a fortement augmenté : l'union libre (la cohabitation sans mariage) et le PACS s'affirment

comme des alternatives au mariage (cf doc 4 p. 242).

Cet affaiblissement du mariage, associé au recul de près de 6 ans de l'âge moyen au premier mariage entre 1975 et 1995, a entraîné

une forte hausse de la part d'enfants nés hors mariage : alors qu'ils ne représentaient que 6 % des naissances en 1960, plus d'un enfant

sur 2 naît hors mariage depuis 2007.

Remarque : c'est un signe de la baisse des valeurs religieuses et de la baisse de l'influence de l'Eglise sur la vie des individus.

Transition = La hausse des séparations a entraîné une hausse de la part des familles recomposées (comprenant un coupe d'adultes et

au moins un enfant né d'une union précédente de l'un des conjoints) et monoparentales (composées d'un seul parent vivant avec au

moins un enfant). Emergence de nouveaux modèles familiaux qui remettent en question la norme de la famille “traditionnelle” avec

un couple marié et ses enfants.

2- Une fragilisation du rôle intégrateur de la famille

- Familles monoparentales Difficultés d’ordre économique (allocations parents isolés 1976)

Difficultés d’ordre psychologique = mère seule, pas image paternelle, symbole de l’autorité => plus de déviance,

délinquance

PB familles monoparentales = autant femme pauvre seule délaissée par son mari que femme diplômée qui décide d’élever

seule son enfant.

Familles monoparentales davantage touchées par la pauvreté, l’exclusion,…

- Famille recomposées Situation anomique = manque de règles, manque de repère, pas de noms pour s’appeler (beau-père, belle mère)

Dissolution de l’autorité avec plusieurs parents, balloté entre plusieurs foyers => manque de repères

L'affaiblissement du rôle du mariage et l'émergence de nouveaux modèles familiaux, ainsi que la montée de

l'individualisme, ont entraîné une désinstitutionnalisation de la famille = remise en cause de la famille en tant

qu'institution, réduction de l'emprise de cette institution sur les individus.

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3- Un rôle intégrateur persistant

Exercice : complétez le texte suivant avec : différenciée, normes, valeurs, croyances, politique, religieuse, genre, école,

milieu social, les médias.

La famille exerce une fonction de socialisation. A ce titre elle transmet des ……………… et ………………….. facilitant

l’intégration des individus dans la société. Cette fonction de socialisation exercée par la famille se perçoit à travers la

socialisation …………………………………………. selon le …………………. mais aussi selon le

………………………………. D’autres exemples tels que la socialisation …………………………….. ou

………………………….…….. témoignent aussi du rôle prégnant de la famille en matière de socialisation même si celle-

ci est parfois concurrencée par d’autres instances de socialisation telles que …………………… ou l’…………………..

Solidarité familiales multiples :

- Ressources Economique (soutien financier, études des enfants payées par les parents, garde des

petits enfants par les grands parents)

- Ressources Sociale (soutien relationnel)

- Ressources matérielles (travail domestique)

Persistance du rôle intégrateur de la famille. Une des sources principales de l’intégration par son rôle dans la

socialisation + par les liens de solidarité qu’elle tisse entre les individus.

Conclusion

Conclusion : des mutations de la famille mais globalement vitalité des liens familiaux. Solidarité affective et matérielle

importante.

Rôle crucial de la famille dans l’intégration à la fois par la socialisation familiale et par les solidarités familiales.

+ si les couples sont devenus plus fragiles résultat de l’individualisme et de la recherche de relations de qualité, d’une

émancipation, d’une réalisation de soi,…

Conclu = transformation de la famille, désinstitutionnalisation, mais pas d'affaiblissement du rôle intégrateur de la

famille, la famille produit toujours du lien social.

Ainsi, l'individualisme ne conduit pas au repli sur soi mais permet à l'individu de nouer de nouvelles formes de relations

sociales fondées sur des liens électifs (au sein de la famille, mais au delà amis, participation à des associations...)

On peut relier les transformations de la famille à l'évolution des valeurs des français et notamment à l'individualisation.

Les français sont de plus en plus nombreux à accepter que ce ne soit pas la société qui dicte les modèles familiaux (ex se

marier avant d'avoir un enfant), mais bien la recherche de bonheur personnel et les choix individuels. D'où notamment la

tolérance de plus en plus forte envers les naissances hors mariage ou les couples homosexuels et la possibilité pour eux

d'avoir des enfants (même si parallèlement forte mobilisation de ceux qui sont contre).

Les études d'opinions rejoignent également l'idée de liens familiaux davantage électifs, choisis par les individus, et non

pas imposés par les normes ou le statut des individus.

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B) Évolution du rôle de l’école et ses effets sur l’intégration

1 / L’école a un rôle intégrateur direct et indirect

Rôle direct = former des citoyens

Rôle indirect = en allant à l’école, on rencontre des camarades => Intégration

Ecole républicaine = intégrer les enfants => en faire des citoyens

Affaiblissement des particularismes locales (langues) pour former la République => Ecole pour tous

Matières qui permettent de créer une culture commune ? histoire géo + français + math

1881-1882 : lois Jules Ferry : école gratuite, laïque et obligatoire de 7 à 13 ans.

(1959 : scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans).

Massification scolaire Une conséquence de cet allongement des scolarités est la baisse sensible du pourcentage de jeunes pas ou très peu

qualifiés.

La massification de l’école généralise son rôle intégrateur. Création du collège unique en 1975 par exemple. 2/3 d’une

génération à le bac en 2010

Lien entre diplômes / emploi / salaire Le diplôme reste la meilleure arme contre le chômage = intégration ! (doc 3 p.243)

L'école favorise l'intégration professionnelle, car le diplôme offre une protection contre le chômage.

Ainsi, 40 % des non diplômés étaient au chômage en 2010, contre moins de 11 % de ceux qui avaient un diplôme du

supérieur.

Remarque : le bac général sert à poursuivre des études supérieures ; si on ne fait pas d'études après, autant faire un bac

pro, cela protège davantage contre le chômage.

->Le diplôme protège-t-il contre la précarité ? Le diplôme protège contre la précarité, car plus on est diplômé, plus on a de chance d'avoir un emploi stable (en CDI ou

fonctionnaire).

->Le diplôme permet-il d'avoir un meilleur salaire ? Le diplôme permet d'avoir un emploi plus qualifié (on a plus de chance d'être cadre ou profession intermédiaire) et donc

d'avoir un bon salaire. Ainsi, le salaire médian de ceux qui ont un bac + 5 est presque 2 fois supérieur à celui des non

diplômés.

Synthèse : le diplôme (donc l'école) protège contre le chômage et la précarité et permet d'obtenir de meilleurs salaires,

c'est donc un facteur d'intégration professionnelle.

L'école est une instance qui contribue à la cohésion sociale et à l'intégration :

- en accueillant tous les individus quelle que soit leur origine sociale et géographique (obligation et gratuité scolaires),

- en transmettant des normes et des valeurs qui servent de base à la culture commune (ex : respect, laïcité...),

- en diffusant des savoirs et en offrant des qualifications qui permettent aux individus à la fois de s'insérer sur le marché

du travail, mais aussi de participer à leur épanouissement et à leur autonomie grâce à une meilleure compréhension du

monde qui les entoure.

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2 / Cependant ce rôle est critiqué

Ne suffit pas de créer des diplômes pour créer des emplois

Hausse du niveau de diplôme mais pas baisse des difficultés d’insertion !

Persistance des inégalités sociales à l’école

Français plus inscrits mais leurs destinées toujours très inégales => peu de mobilité

Avec hausse du chômage => le diplôme devient de + en + important ! =>Pression et inquiétude dans notre jeunesse

(bien + que chez nos pays voisins)

->nourrissent chez les élèves un utilitarisme croissant assorti d’une perte de sens des apprentissages

->souffrance des « vaincus » (Dubet)

Q2 : L'école permet-elle l'intégration professionnelle de tous ?

L'école est une clé d'entrée sur le marché du travail (doc 12). Mais favorise réellement cette intégration professionnelle ?

Depuis 50 ans, la hausse du niveau de diplôme s'est accompagnée d'une hausse du chômage des jeunes, de la précarité,

des difficultés d'insertion sur le marché du travail. Même si les diplômés sont moins touchés par le chômage que les non

diplômés, le diplôme ne garantit plus l'intégration sur le marché du travail. Le chômage de masse a donc diminué

l'efficacité de certains diplômes scolaires.

A relier au paradoxe d'Anderson et au risque de déclassement (chap 5)

Q3 : L'école permet-elle la réussite et l'intégration de tous ?

cf chap 5 : les inégalités de réussite scolaire selon le diplôme remettent en cause le principe méritocratique de l'école : elle

accueille les enfants de toutes origines sociales mais ils n'ont pas tous les mêmes chances de réussir.

Le système scolaire a connu une forte massification scolaire (cf doc. 7 p. 243 : part de bacheliers multipliée par 6 entre

1960 et 2010), mais il reste sélectif et, en ce sens, ne permet donc pas d'intégrer tous les individus. Ainsi, chaque année,

environ 150 000 élèves quittent l'école sans qualification et vont donc rencontrer des difficultés pour s'insérer sur le

marché du travail.

Remarque : l'école a des objectifs parfois contradictoires, l'objectif de démocratisation de l'éducation (bases pour tous),

entre en contradiction avec la fonction de sélection, qui vise créer une élite occupant les postes les plus qualifiés.

Les désillusions du diplôme

En France, dès 1978, Bourdieu parlait d'une "génération abusée" qui, découvrant le décalage entre le diplôme et ses

débouchés, ne pouvait que verser dans le désenchantement, la désaffection à l'égard du travail et plus largement […] dans

une « humeur anti-institutionnelle » aux manifestations multiformes. […] C'est particulièrement net dans les milieux

populaires où l'on a cru pouvoir échapper à la condition ouvrière en poursuivant des études. C'est par exemple le cas des

jeunes dotés d'un bac professionnel qui deviennent pour près des deux tiers ouvriers qualifiés : la désillusion est souvent

cruelle, et la déception patente, même si le seul fait d'avoir trouvé un emploi le tempère quelque peu.

C'est le cas également de ces jeunes issus de l'immigration qui ont cru à la promotion sociale par les études et qui se

retrouvent à 23-24 ans en échec dans les filières les plus dévalorisées de l'enseignement supérieur. […]

Q : En réutilisant la notion de déclassement, montrez en quoi l'école peut être source de désillusion.

L'échec scolaire est vécu comme une forme de mépris, engendre de la frustration et des comportements anomiques :

violences, absentéisme, déscolarisation...

Mais même pour ceux qui réussissent, le décalage entre le niveau de diplôme et les débouchés liés à ce niveau de diplôme

(cf paradoxe d'Anderson) est source de désillusion, de frustration. Les individus qui ont placé leurs espoirs d'ascension

sociale dans l'école peuvent ainsi se sentir trompés par l'école si leur position sociale ne correspond pas à l'investissement

qu'ils ont consacré à l'école : le déclassement scolaire est donc source de frustration et de désillusion.

Conclu

La cohésion sociale est assurée par l’école républicaine de deux manières :

-agent de socialisation : transmission de normes et valeurs, d’une culture commune et d’une identité nationale. Rôle de

formation des citoyens.

-instruction pour éviter les situations d’exclusion. Socle commun aujourd’hui. Doit assurer à tous un minimum de savoir

et le système méritocratique permet aux plus méritants de s’élever dans la hiérarchie sociale

+ peut rajouter une 3ème

manières : par le rôle de l’école et du diplôme sur l’intégration dans la vie professionnelle.

Mais comme pour la famille certaines évolutions de l’école tendent à remettre en question son rôle intégrateur. Voir

chapitre sur les inégalités et sur la mobilité sociale :

-toujours 150 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification

-élévation du niveau de diplômes mais difficultés d’insertion sur le marché du travail, situations de déclassement,…

Voir paradoxe d’Anderson, inflation scolaire,…

-reproduction sociale et faible fluidité sociale/ méritocratie comme fiction nécessaire,

Page 10: Thème 5 Intégration, conflit et changement social Chapitre ...Thème 5 – Intégration, conflit et changement social Chapitre 1 – Quels sont les liens sociaux dans des sociétés

C) Évolution du rôle du travail et ses effets sur l’intégration L’intégration de l’individu dans les sociétés modernes est de plus en plus fondée sur le travail. Et le fait d’être exclu du

monde du travail rend de plus en plus probable l’exclusion.

1 / Les multiples dimensions intégratrices du travail…

Travail = épreuve à résoudre, se sentir utile, fierté.

Ex : réparer une moto, trouver une panne, construire une maison, apprendre, renseigner des clients, etc.

+ souci du travail bien fait

Le sociologue Thierry Pillon, qui a collecté de nombreux témoignages d’ouvriers, note que « le travail répétitif de l’usine

par exemple, aussi pénible, soit-il, conduit parfois à une forme d’allégresse, de joie passagère, il permet le rêve et la prise

de distance ». Il n’y a pas que les métiers créatifs (architecte ou publicitaire), intellectuels (journaliste ou chercheur),

prestigieux (avocat ou chirurgien), nobles (tailleur de pierre) qui suscitent des passions. Une foule d’activités sont

attractives en soi parce qu’elles comportent des épreuves, des défis, des problèmes à résoudre, des moments d’attention

où l’on oublie tout le reste.

Doc : Travail : la diversité des dispositifs d’intégration

Source : E. Jestaz, Bréal, 2003

1°) Donne un exemple d’intégration économique, sociale, politique permise par le travail.

2°) Complétez le texte suivant.

Dans nos sociétés modernes, le travail joue un rôle d’intégration, par de nombreux canaux :

L’identité professionnelle est le socle d’une identité sociale et culturelle :

- l’emploi est nécessaire à l’acquisition d’un statut social. Il donne à l’individu une fonction dans la société, un

sentiment d’utilité, un contact avec les autres. Le travail peut conférer un prestige, une autorité… Il est un facteur de

reconnaissance sociale.

- il peut aussi être un facteur d’épanouissement, de réalisation de soi, de fierté pour certains métiers (exemples :

l’artisan, le pompier, l’infirmière, le professeur…)

Le lieu de travail, le monde syndical sont un lieu de socialisation, d’accès à un réseau de sociabilités (échanges entre

collègues : repas, sorties, arbre de noël, homogamie…).

L’emploi influence les attitudes et comportements, fournit des normes et modèles de comportements (exemples :

identité des ouvriers, cheminots, agriculteurs).

Le travail fournit un revenu, nécessaire pour accéder à une norme de consommation (se loger, porter des marques,

partir en vacances…). Le revenu peut aussi être facteur de reconnaissance sociale, car il permet, via le mode de vie et

le niveau de vie, d’afficher une appartenance sociale. Il permet de s’identifier et se distinguer.

Il donne aux individus des droits sociaux, en particulier l’accès à la protection sociale (garantie contre les risques de

la vie). Ces droits sont rattachés à l’activité, en particulier à l’activité salariée, du fait qu’ils sont financés par des

cotisations prélevées sur les revenus d’activité. Pour y « avoir droit », il faut avoir cotisé, donc avoir travaillé.

Intégration et émancipation des femmes par le travail, des immigrés pendant les TG également.

Pour environ un tiers des français le travail est un moyen d’épanouissement personnel avant d’être une

nécessité pour gagner sa vie.

Statut, salaire, droits sociaux, accès à

la norme de consommation, au

crédit

Droit de vote, éligibilité, engagement

dans des actions collectives

Droit de vote, éligibilité,

militantisme

Réunions, évènements,

manifestations culturelles, sportives

Rencontres, discussions, échanges,

sorties,…

Entreprise

Instances représentatives

au sein de l’entreprise

Syndicats et associations

professionnelles

Associations liées à

l’entreprise

Groupes de pairs, collègues

SALARIE

Page 11: Thème 5 Intégration, conflit et changement social Chapitre ...Thème 5 – Intégration, conflit et changement social Chapitre 1 – Quels sont les liens sociaux dans des sociétés

2 / … sont fragilisées par les transformations de l’emploi.

Cependant la montée du chômage et les transformations de l’emploi fragilise le rôle intégrateur du travail dans les

sociétés modernes.

Travail précaire

- Mal rémunéré

- Peu d’intérêt

- Peu de responsabilité

- Pas de reconnaissance

Puisque sa contribution à l’activité productive n’est pas valorisée, il éprouve le sentiment d’être plus ou moins utile.

Précarité du travail !

+ Emploi incertain => dur de prévoir un avenir profL

+ CDD à répétition

+ Risque de licenciement permanent

Vulnérabilité économique + restriction des droits sociaux (car fondé sur les cotisations so = salariat + stabilité de

l’emploi)

Précarité de l’emploi !

+ Chômage croissant

La précarité liée aux formes d’emplois atypiques limitent la capacité de s’intégrer sur son lieu de travail car des

relations éphémères, un statut social inférieur qui ne permettent pas de se mobiliser,…

+ Affaiblit l’intégration dans la société de manière plus large car une situation de pauvreté qui limitent la

consommation, une situation d’instabilité qui limite l’épanouissement,…

« Travailleurs pauvres » !

Castel processus :

- d’une « zone d’intégration » (travail stable, insertion relationnelle forte)

- à une « zone de vulnérabilité » (précarité, fragilité, insertion relationnelle faible)

- à une « zone de désaffiliation » forme de l’exclusion (absence de toute activité productive facteur d’isolement

relationnel et social)

processus de désafilliation sociale (doc 2 p.244)

Paugam, Disqualification sociale : processus de construction d’une image négative de soi par les individus se sentent

stigmatisés par leur condition de « pauvres », « assistés », que leur véhicule les services sociaux, les medias,… et

conduisant à l’exclusion.

De la perte d’emploi à la marginalisation (doc 3 p.245)

- Fragilité (emploi instable)

- Dépendance (précarité profL durable => asssistance, souvent on renonce à chercher un emploi)

- Rupture (lien so rompu, aides so cessent, cumul de handicaps : pas de travail, pas de logement, plus de famille, pb

de santé, etc.

Les formes atypiques d’emplois limitent la capacité intégratrice du travail et le chômage rend davantage possible

l’exclusion.

Bilan

En quoi le travail contribue à l'intégration sociale et en quoi cela est remis en question ?

Le travail est un vecteur essentiel d'intégration, car il permet d'avoir un revenu, un statut, des relations...

Mais l'effritement de la société salariale (rappel : montée de la précarité, hausse du chômage, affaiblissement des droits

associés au travail, lié notamment aux mesures prises pour flexibiliser le marché du travail) remet en cause son rôle

intégrateur.

La perte du travail conduit à un processus de désaffiliation conduisant à l'absence de participation à toute activité

(productive et sociale) et à l'isolement relationnel.

D'où apparition d’un paradoxe : le travail reste – plus que jamais – une condition d’intégration sociale et un producteur de

lien social, alors que les conditions d’accès à un emploi stable sont de plus en plus difficiles, notamment pour certaines

catégories de la population active (jeunes, peu qualifiés...).

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D) Évolution du rôle de l’Etat et ses effets sur l’intégration Le lien de citoyenneté est en quelque sorte supérieur aux autres, puisqu’il est censé dépasser et transcender tous les

clivages, les oppositions et les rivalités.

1 / Un rôle intégrateur…

Etat un rôle intégrateur très important :

- à travers l’Etat-providence : a permis aux individus de bénéficier de conditions matérielles propices à leur autonomie en

assurant une protection contre les risques sociaux, contre la pauvreté,… (protection sociale, redistribution,…) + rôle

essentiel de l’école

- à travers la citoyenneté

a / la protection sociale Texte à compléter : rappels du cours sur la justice sociale

Exercice : mots manquants = protection sociale, intégration sociale, efficaces, coûteuses, effets pervers, inégalités.

L’Etat contribue à l’………………………….. L’Etat-providence désigne l’organisation par la collectivité d’un système

de ………………………………….destiné à couvrir chacun de ses membres contre des risques sociaux tels que la

maladie, le chômage, la vieillesse, la famille. L’Etat-providence permet de réduire les …………………….. par

différents moyens : redistribution de revenus, production de services collectifs (notamment en matière d’éducation), lois

et sanctions contre les discriminations. Ces actions visant à réduire les inégalités sont également censées renforcer la

justice sociale et l’intégration. Néanmoins les actions de l’Etat-providence sont confrontées à des critiques :

interventions ……………………, peu …………………, risques de désincitation et d’……………………………….

b / la citoyenneté

Document : La citoyenneté dépasse les appartenances particulières

La citoyenneté est […] la source du lien social : vivre ensemble, c’est être citoyen ensemble.

Toute nation démocratique se caractérise par son projet de transcender par la citoyenneté toutes les formes d’appartenance

particulières, qu’elles soient biologiques […], ethniques, historiques, économiques, sociales, religieuses ou culturelles.

Une nation démocratique est, par définition, multiculturelle, elle réunit des populations diverses par leurs origines

régionales (Bretons, Corses ou Lorrains…), leurs origines nationales (immigrés, fils ou petit-fils d’immigrés…), sociales

(ouvriers, techniciens et fonctionnaires, riches et pauvres,…) ou religieuses (catholiques, protestants, juifs, musulmans,

agnostiques ou athées…). Elle se propose de les intégrer par la citoyenneté en dépassant ces diversités, en transcendant

tous les particularismes. Elle définit le citoyen comme un individu abstrait, sans identification et sans qualification

particulières, en deçà et au-delà de toutes ses déterminations concrètes. La citoyenneté est, dans son principe, ouverte à

tous, par-delà les différences ethniques, sociales ou biologiques : la nation démocratique est une organisation politique

fondée sur un principe d’inclusion au nom de valeurs universelles. […] La citoyenneté est travaillée par cette vocation à

l’universalisation […].

D. Schnapper, « la conception de la nation », Cahiers français 281, mai-juin 1997

1°) Donnez une définition de la citoyenneté.

Droits civiques et politiques, ainsi que devoirs, attachés à la nationalité.

Statut d’un individu auquel est reconnu l’égalité de droits et de devoirs avec les autres citoyens et la vocation à participer

aux décisions qui concernent la vie en société.

2°) Quelles sont les différentes communautés d’appartenance que la citoyenneté permet de dépasser ?

Origines régionales, nationales, sociales, religieuses, ethniques, biologiques, culturelles, historiques.

3°) Expliquez la phrase soulignée.

Citoyenneté : un lien politique qui inclut les individus, indépendamment de leurs spécificités sous des valeurs

universelles : liberté, égalité, fraternité.

4°) Pourquoi la citoyenneté est-elle source d’intégration ?

Parce qu’elle donne des points communs aux individus : des droits, des devoirs.

L’appartenance à une nation, avec un statut de citoyen, permet de transcender les particularités et de se fondre dans un

collectif.

Individualisme => affaiblissement du processus démocratique (égoïsme moins de vote moins de citoyenneté)

Le lien de citoyenneté repose sur le principe de l’appartenance à une nation. Dans son principe, la nation reconnaît à ses

membres des droits et des devoirs et en fait des citoyens à part entière. Dans les sociétés démocratiques, les citoyens sont

égaux en droit, ce qui implique non pas que les inégalités économiques et sociales disparaissent, mais que des efforts

soient accomplis dans la nation pour que tous les citoyens soient traités de façon équivalente et forment ensemble un

corps ayant une identité et des valeurs communes. Le lien de citoyenneté est en quelque sorte supérieur aux autres,

puisqu’il est censé dépasser et transcender tous les clivages, les oppositions et les rivalités.

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2 / … fragilisé Crise de l’Etat providence

Mais le ralentissement de la croissance au milieu des années 1970 et la modification du contexte économique suscitent des interrogations sur l’intervention de l’Etat, qui semble confrontée à une crise d’une triple nature :

Une crise de solvabilité. Le financement de la protection sociale est rendu de plus en plus difficile, en raison du ralentissement de la croissance et de l’augmentation des besoins sociaux. Ces difficultés se traduisent par une progression continue du taux de prélèvements obligatoires.

Une crise d’efficacité. Les inégalités se creusent malgré l’effet redistributif de la protection sociale ; les dispositifs mis en place dans le passé paraissent de moins en moins adaptés aux besoins d’une société qui s’est beaucoup transformée (ex des retraites ou des politiques familiales) ; enfin, les prélèvements effectués sur l’activité économique semblent, pour certains, contreproductifs, et nuiraient à la croissance.

Une crise de légitimité. La solidarité nationale fondée sur un système de protection collective semble se heurter à une montée des valeurs individualistes. En effet, les mécanismes impersonnels de prélèvements et de prestations sociales, caractéristiques de l’État-providence, ne satisfont plus des citoyens à la recherche de relations moins anonymes et d’une solidarité davantage basée sur des relations inter-individuelles. L’État-providence doit également affronter l’effacement des cadres collectifs de cohésion (solidarités nationale et professionnelle) devant la montée des logiques de privatisation du risque. Les difficultés de financement de la protection sociale, les doutes quant à son efficacité et à sa légitimité caractériseraient, selon certains, une "crise de l’État-providence".

Un tel constat doit malgré tout être nuancé. En effet, si les limites rencontrées depuis une vingtaine d’années par les différents systèmes d’État-providence démontrent la nécessité d’engager des réformes profondes, l’État et ses systèmes de régulation collective demeurent aujourd’hui les meilleurs garants de la cohésion sociale. L’État-providence doit certes adapter son intervention aux évolutions de son environnement économique (concurrence sociale dans une économie mondialisée, vieillissement démographique, nouveaux comportements économiques et sociaux) et répondre de manière adéquate à l’émergence de nouveaux besoins sociaux (exclusion, dépendance), mais il demeure le socle d’un véritable "modèle social européen".

Le lien de citoyenneté n’est pas à l’abri d’une rupture

Quand les individus sont trop éloignés –ou tenus à l’écart- des institutions pour accéder à des papiers d’identité et

pouvoir exercer leurs droits. Les étrangers éprouvent parfois des difficultés à régulariser leurs titres de séjour et sont, de

ce fait, en situation illégale.

Les « sans-domicile » sont également souvent coupés des circuits administratifs ou renvoyés d’un bureau à un autre tant

qu’ils ne parviennent pas à réuni les papiers nécessaires à une aide.

Notons que, dans un système catégoriel d’aide sociale, il existe toujours des exclus du droit, c’est-à-dire des personnes

qui ne correspondent à aucune des catégories prévues par le droit.

=>On peut également admettre que le lien de citoyenneté est pour ainsi dire rompu lorsque les personnes en détresse sont

maintenues de façon durable, souvent contre leur gré, dans des structures provisoires.

L’individualisme menace la citoyenneté

De façon plus générale, les structures de masse cèdent la place aux réseaux de proximité, chacun se sentant libre

d’adhérer à ceux de son choix et de les quitter au gré de sa seule volonté. Alors que le modèle démocratique

s’accompagne initialement de la participation des citoyens aux affaires de la cité, l’individualisme contemporain conduit à

privilégier les investissements personnels et à se désengager des actions collectives durables, ce que montre notamment la

croissance de l’abstention électorale et le faible taux d’adhésion aux partis politiques.

Dans le monde du travail, les salariés veulent davantage participer à la prise de décision afin de faire de leur activité

professionnelle un instrument d’épanouissement et de réalisation de soi. Mais là encore, ce souci de liberté se double d’un

moindre engagement dans les actions communes dont témoigne entre autre la crise du syndicalisme.

Un affaiblissement du rôle intégrateur de l’Etat :

- crise de la citoyenneté : montée de l’abstention par exemple, montée des extrêmes,..

- les trois crises de l’Etat-providence : problème du financement, de l’efficacité et de la légitimité

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Conclu du II

Document de synthèse sur les instances d’intégration et leurs évolutions

Moyens par lesquels ces instances

jouent un rôle intégrateur

Eléments de remise en cause de leur

rôle intégrateur

Famille -par son rôle dans la socialisation

-par le biais des solidarités familiales

(temps, argent,…)

-mutations de la famille qui la rendent

plus fragile : divorces,

monoparentalité,…

Ecole -par son rôle dans la socialisation

-par l’instruction, la mise en place d’un

socle de connaissances et d’une culture

commune

-par son rôle dans l’insertion

professionnelle

-rejet des valeurs de l’école pour

certains exclus du système scolaire sans

qualification

-paradoxe d’Anderson et inflation

scolaire

-reproduction sociale et inégalités

sociales à l’école

Travail -statut social et reconnaissance sociale

-socialisation politique

-sociabilités professionnelles

-droits sociaux

-montée du chômage et risque

d’exclusion

-précarité de l’emploi et emplois

atypiques

Etat -par le biais de l’Etat-providence

(système de protection sociale, services

collectifs tels que l’école,…)

-par l’intermédiaire de la citoyenneté

-la remise en cause de l’Etat-

providence : les « trois crises de l’Etat-

providence »

-une crise de la citoyenneté ?

BILAN

Une double dimension permettant d’appréhender le lien social dans les sociétés modernes : protection

(« compter sur ») et reconnaissance (« compter pour ») pour quatre liens sociaux : lien de filiation, lien

de participation élective, lien de participation aux activités professionnelles et liens de citoyenneté.

Conclusion : l'intégration sociale repose sur une diversité de liens sociaux (en référence

aux travaux de Serge Paugam)

- entre membres de la famille

- entre conjoints, amis (relations électives, choisies)

- entre personnes participant à des activités professionnelles

- entre citoyens, cad membres d'une même communauté politique

Ces différents liens se combinent et constituent le système de relations au sein duquel les

individus développent leur vie sociale et sont plus ou moins intégrés.