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  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Transcription de

    LAcadmie de LEspe

    de

    Girard Thibault DAnvers

    O se dmontrent par rgles mathmatiques

    sur le fondement dun Cercle mystrieux

    la Thorie et Pratique des vrais et jusqu prsent inconnus secrets

    du maniement des armes pieds et cheval

    - 1628 -

    LIVRE I

    TABLEAU 4

    ParAlexandre GUIDOUX

    Transcription avec actualisation de lorthographe, de la conjugaison, de la ponctuation et insertion des

    gravures.

    Source des gravures : gallica.bnf.fr ; origine : Bibliothque nationale de France, dpartement Rserve des livres rares, RES

    ATLAS-V-110

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    Alexandre GUIDOUX

    Dclaration des oprations du tableau Quatrime [pages 1]. ............................................ p.3

    Cercle 1 [pages 1 et 2]. ..................................................................................................... p.3

    Cercle 2 [pages 2 et 3]. ..................................................................................................... p.5

    Cercle 3 [pages 3]. ............................................................................................................ p.6

    Cercle 4 [pages 4]. ............................................................................................................ p.7

    Discours sur lexcellence de la Droite Ligne [pages 4 9]. ................................................ p.8

    Discours de lusage et excellence de la Premire instance, avec la manire de

    la changer et accommoder selon les diverses mesures de lpe

    [pages 9 et 10]. ................................................................................................................ p.13

    Annexe ............................................................................................................................. p.15

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    Alexandre GUIDOUX

    Dclaration des oprations du tableau Quatrime.

    Je crois quil y en aura plusieurs qui nauront pas si tt jet les yeux sur ce tableau IV et sur ses

    crits quils ne jugent tout linstant que le sujet en eusse t trop maigre pour un si long discours, si nous

    navions tch plus tt damplifier la matire que de la rendre simplement intelligible.

    Mais je les prie de considrer que ce sont ici les fondements de la science qui tirent aprs eux une

    traine de difficults infinies et impossibles rsoudre, moins quils ne fussent examins curieusement lentre de la discipline. Car comme les effets le conforment toujours leurs causes, il ne faut pas douter,

    erreur tant le premier maitre, que les doctrines ensuivante ne fut pleine dabus et de tromperie.

    Cest pourquoi jentends user dune exacte dclaration de ces premiers commencements puisquil

    en dpend de si grandes consquences.

    Ayant donc enseign par les quatre figures de Zacharie au tableau III la manire de donner la droite

    ligne, sur le cercle ou sur un autre plan que ce soit ; nous commenons prsentement la poursuite des

    opration dAlexandre, a demi parachev au dit tableau III, pour faire ses approches contre la droite ligne et

    contre langle obtus ; puis entrerons en discours touchant lexcellence de la droite ligne et de la mesure de

    la premire instance, quoi nous ajouterons finalement la manire de la changer et de laccommoder selon

    les diverses mesures de lpe.

    Cercle N1

    Alexandre ayant commenc

    faire ses approches contre la droite ligne,en la forme quil est reprsent au Tableau III,

    cercle n1, il en poursuit ici le reste ; en venant sur la

    premire instance avec lpe tendue en droite ligne au-

    dessous de lpe contraire.

    Touchant le cercle N1 il a t dit au prcdent tableau

    que Zacharie sest mis le premier en campagne, en la posture de

    la droite ligne, le pied sur la ligne XY en touchant du bout de

    celui-ci la circonfrence et le pied gauche sur la ligne pdale Z ;

    tenant le corps tendue en ligne perpendiculaire et flanqu enprofil sur lennemi, en telle sorte que la tte et le centre du corps

    rpondent justement dessus le milieu du quadrangle o il est

    plac.

    Pour laborder, Alexandre fait deux, trois ou quatre pas en avant, plus ou moins selon la distance, et

    a port lpe librement sa fantaisie ; puis en faisant la dmarche du pied gauche et venant le planter si

    prs du cercle quil puisse y arriver du prochain pas faire du pied droit, sur la premire instance au point

    C, durant cette dmarche, il a port le bras tendu ensemble avec lpe, en ligne droite, en bas, son

    ct droit, et en poursuivant lever le pied droit et porter ensemble le bras avec lpe en haut en angle

    obtus au mme ct, il sest prpar pour faire le pas en suivant tant plus juste, en prenant la mesure

    laulne de la venue, au regard de la distance du corps, du bras et de lpe contraire, afin de porter sa

    pointe tout prs de la garde contraire ; et justement dessous la mme ligne, au mme temps quil entrera

    en mesure et quil se mettra exactement sur la premire instance, en la manire qui soit tantt dcrite.

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    Alexandre GUIDOUX

    Jusquici toutes ses actions ont t reprsentes et dclares au cercle N1 du tableau III dont

    toutefois il me semble que la rptition a t ncessaire en cet endroit, afin den expliquer quelques

    particularits de plus prs et pareillement pour vous mettre devant les yeux tout dune suite la totale

    description de cette approche, qui autrement ressemblerait un corps dmembr, comme tant divis en

    deux tableaux, sans que lun fut suffisamment claircis par lautre au contentement du lecteur. Voyons

    donc le parachvement de cette premire approche.

    Alexandre commenant avancer galement le ct droit du corps, pied, bras et pe ensemble ;

    abaisse tout linstant sa lame un peu circulairement vers le devant et en mettant le pied terre sur la

    circonfrence du cercle au point C, le talon de celui-ci sur la ligne collatrale du quadrangle main droite,

    au mme temps, en raidissant le bras et le poignet de la main, il avance sa lame circulairement en haut

    dessous lpe contraire en ligne parallle, en situant la pointe droit la garde contraire, le plus prs quil

    puisse le faire, sans toucher, ainsi quon le voit en la figure.

    Ce dernier mouvement de porter lpe en haut dessous lpe contraire, il le fait avec une certaine

    imptuosit, de quoi le ct droit du corps est tir en avant et par consquence le talon du mme se glisse

    en dehors sur la ligne CB, entrainant tant et tant le pied gauche par terre, jusqu sa place ordinaire ; qui

    est la ligne pdale ; auquel instant, il se redresse le corps perpendiculairement , le mettant de profil et

    finissant le mouvement de lpe en ligne droite au-dessous de lpe contraire.

    Par l-mme, les voil tout deux en pareille posture, ayant les pieds placs sur les mmes lignes, la

    tte et le centre du corps rpondant au-dessus du mme centre, chacun au sien, les corps tendus

    perpendiculairement et en flanc ; tous les nerfs et les muscles tendus, les genoux et le bras de lpe raide,

    la poigne bien serre dedans le poing, les deux lames colloqus en ligne parallles dessous et dessus ; la

    pointe, la garde et lpaule droite, tant quil est possible, en gale hauteur.

    Posture du tout naturelle qui a la situation des pieds, du corps et de lpe grandement favorable et

    avantageuse, tant pour demeurer, que pour se bouger, droite, gauche, en avant et en arrire sans nulle

    incommodit. Ce qui ne rencontre pas en des autres postures, quelles quelles soient.

    Car pour les avantages quelles donnent, elles donnent toujours pareillement autant ou plus de

    dsavantage en contrepartie. La seule droite ligne est une posture tout faire, munie de tous cts

    galement et galement prpar de ct la dfense.

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    Alexandre GUIDOUX

    Cercle N2

    Alexandre poursuit la premire approche

    contre langle obtus, par lui commence et demi faite

    au tableau prcdent cercle n2 o il tait venu jusqu semettre lpe ct de la tte, avec le pied droit un peu avanc

    en lair ; maintenant en venant sur la premire instance, il met

    pareillement en angle obtus contre lautre en dedans du bras.

    Sur le cercle N2, Zacharie prsente lpe en angle

    obtus, tenant au reste le corps tout de mme quau cercle

    prcdent ; de faon que ces deux postures revienne quasi en

    une.

    Voyons comment cest quAlexandre travaille

    lencontre.Ayant tourn la poitrine contre sa partie, il sest

    achemin tout droit lui en faisant deux, trois ou quatre pas,

    plus ou moins la mesure de la distance qui est entre deux ; se

    mettant cependant lpe sur le coude du bras gauche en avanant le pied droit ; et derechef en avanant

    et mettant le pied gauche en terre, si prs du cercle quil peut atteindre la circonfrence au premier pas en

    suivant ; il la port diagonalement en avant vers sa main droite en angle aigu et puis la remont encore

    pour la seconde fois durant llvation et lavancement du pied, ct de la tte par-dessus lpaule droite,

    tenant la garde un peu avanc sur la hauteur de cette paule et la pointe un peu en amont de la tte.

    Jusquici ses actions ont t dcrites au tableau prcdent ; sen suit maintenant le reste :Il avance le ct droit du corps, menant galement au mme temps le pied, le bras et lpe, dont il

    plante le pied sur le ct du quadrangle CB (non pas sur la collatrale comme il la fait en la dmonstration

    prcdente), laissant trainer le pied gauche aprs sur la ligne pdale ; et au mme temps, il porte lpe en

    avant droit lpe en avant droit lpe de lennemi, la mettant contre celle-ci en angle obtus en dedans

    du bras, nombre 5 contre nombre 5, sans faire aucun effort lencontre ; sapprtant par ce moyen

    marcher par-del le diamtre, en assujettissant lpe contraire la seconde instance, comme il sera

    dclar autre part.

    Entre toutes les postures qui puissent tre, celle de langle obtus est la plus forte. Partant quiconque

    ne veut donner sa partie adverse de lavantage lorsquil en use, il faut quil porte son pe de mme en

    angle obtus lencontre, et principalement sil prtend lui donner lassaut. Car sil veut y aller autrement,

    supposons quil veuille lattaquer avec la droite ligne, ladversaire pourra laisser descendre au mme temps

    lpe de haut en bas, dangle obtus angle droit et par ainsi rencontrer lestocade de la ligne droite

    infrieure dune semblable ligne droite, mais suprieure et par consquent plus naturelle et plus puissante.

    Car les mouvements qui viennent de haut ont la nature en aide ; nous les appelons donc naturels.

    Les autres sont violents et par consquent plus faibles, qui plus et qui moins.

    Cela se voit manifestement par exemple ; quand une pierre est jete de haut en bas et une autre

    jete de la main dune personne en contremont. Lune perd tout moment de sa vigueur, de plus en plus

    jusqu tant quelle retombe delle-mme terre, comme lass du travail et opprim de sa propre charge.

    Lautre qui vient de haut augmente continuellement sa force. Sil advient que ces deux pierres se choquent

    en lair lune contre lautre, tout le monde sait que celle den haut enfoncera lautre et que le violent ne

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    Alexandre GUIDOUX

    pourra rsister au naturel, non plus que le faible au fort, no celui qui sera perclus de ses membres un qui

    ft dispos, gaillard et habile.

    Cercle N3

    Alexandre tant venu planter le pied gauche la

    circonfrence au point C, ensemblement mettre lpe en

    angle aigu dessous lpe contraire, suivant la reprsentation

    du tableau III cercle N3 ; il poursuit ici le reste de cette seconde

    approche en venant en premire instance et accouplant derechef

    les pes en angles obtus en dehors du bras.

    En ce cercle N3 la posture de Zacharie ne diffre en

    rien de la prcdente ; mais bien lapproche dAlexandrecomme il apparaitra dans la description suivante.

    Je dis donc quAlexandre a march trois ou

    quatre pas en avant, mesure de la distance ; tenant

    du commencement de lpe de travers par devant la

    poitrine, en la manire quil a t dit ci-dessus aprs le

    dgainement, ou layant couch sur le coude du bras

    gauche ; et que finalement en approchant le pied droit

    si prs du cercle quil ne reste plus quun pas faire pour venir en premire instance, il a hauss

    galement le bras ave lpe, en angle obtus un peu ct, et derechef en levant, avanant et abaissant le

    pied gauche en terre, la circonfrence lettre C, il les a descendus galement de haut en bas, portantlpe diagonalement dessous lpe contraire en angle aigu, avec le corps pench un peu lenvers sur le

    genou droit, celui-ci tant pli.

    Puisque lusage de cette opration viendra souvent point en plusieurs occasions, je vous avertis,

    en mettant le pied gauche en terre, la premire instance, et portant lpe dessous lpe contraire en

    angle aigu, tant pour travailler sur lennemi que pour attendre sa charge, de ce faire en toutes occasions

    avec le susdit penchement du corps sur la jambe droite, le genou de celle-ci pli pour demeurer tant plus

    hors de prsence, afin que sil [NDT : Zacharie] voulu travailler sur vous avec lavantage de la supriorit,

    qui est pour le moment de son ct, il eut besoin dun plus grand temps pour vous atteindre ; et vous, au

    contraire, plus de commodit pour faire la dfense.

    Tout ce quAlexandre a fait jusquici, a t dclar assez particulirement en la description du

    tableau III. En voici donc ici sa poursuite.

    Ayant mis le pied gauche la circonfrence au point C, il commence soulever sur celui-ci son

    corps, en levant et avanant le pied droit, et haussant au mme temps le bras avec lpe en angle

    obtus ; laccouplant avec lpe contraire en dehors du bras nombre 6 au nombre 5, ainsi quil est dmontr

    sur la gravure. Stant par ainsi apprt marcher du pied droit, qui est prsent en lair, main droite, en

    assujettissant lpe contraire la seconde instance ; comme il montr ci-aprs en plusieurs endroits.

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    Alexandre GUIDOUX

    Cependant lecteur, soyez averti que touchant le portrait de cette figure dAlexandre, quelle ne

    saccorde pas du tout notre description : car le pied gauche qui devrait toucher la circonfrence, ne vient

    quen milieu du quadrangle ; ce qui a t fait tout exprs, afin quil nempcht pas la vue de la figure qui se

    tient derrire, sur le quatrime.

    Cercle N4

    Alexandre ayant recommenc

    faire une seconde approche contre la droite ligne,

    et celle-ci est poursuivie jusqu porter lpe ct

    de sa tte, avec le pied droit lev (comme il est reprsent

    au tableau prcdent Cercle N4) il entre ici en mesure la

    premire instance, en tournant et avanant lpe en ligne

    parallle au-dessus de lautre.

    Zacharie se tenant derechef en la posture de la droite ligne,

    Alexandre vient laborder en la manire suivante ; savoir, en ayant

    pralablement fait trois ou quatre pas et port lpe en avant en

    angle aigu durant la dmarche du pied gauche, par laquelle il sest

    approch si prs du cercle, quil peut dsormais arriver en un pas

    la premire instance ; par consquence en levant et avanant le

    pied droit, il a ramen lpe en haut, ct de la tte, tenant le

    pommeau de celle-ci au-devant, la hauteur de lpaule et la pointe

    en derrire, un peu hauss. Le tout suivant la dclaration plus particulire du tableau III.

    Disons maintenant comment il poursuit parachever le surplus.

    Le pied droit est mis en terre la lettre C, voltant la pointe de sa lame en arrire ; en tournant le

    poignet avec quelque petite descente du bras, jusqu la porter finalement par-dessus lpe contraire en

    ligne parallle.

    Voil donc deux manires de faire ses approches contre la droite ligne : lune qui est dmontr sur

    le cercle premier et lautre sur le quatrime ; dont la premire est la plus sure. Car de porter sa pointe

    derrire le dos, ou ct, pendant que lon entre en mesure, lennemi tant sur ses gardes la premire

    instance, quest ce, sinon lui donner un franc avantage hasarder au mme temps une bonne estocade,

    tirer naturellement et de prs, sur celui qui se met en tat de faire sa dfense violement en amont avec des

    mouvements plus grand et plus loin ?

    Cest ce qui me fait dire que cette dernire opration dAlexandre est assez gracieuse pour se

    mettre le premier en posture, mais trop dangereuse pour entrer en mesure et que la premire cest la

    meilleur en toute sorte doccurrences.

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    Alexandre GUIDOUX

    Discours sur lexcellence de la Droite Ligne.

    Cette posture de la droite ligne que nous venons de dcrire est la plus noble et la plus parfaite de

    toutes ; raison de quoi, Zacharie sen servira ordinairement dans ce livre pour sa dfense, en donnant

    Alexandre, qui est sa partie adverse une infinit de diffrentes occasions dont elle est la plus capable, et

    par consquence, aussi la plus utile aux instructions et aux exercices des coliers que nulle autre. Vousassurant que celui qui saura bien se gouverner lencontre de celle-ci, comprendra aussi bien tt tous les

    moyens de dompter les autres ; desquelles on voit plusieurs nations en usent en tant de diverses

    manires, soit quils se servent de lpe seule ou quils sassistent de la main gauche. Desquelles

    postures et de leurs contraires nous avons insr, sur la fin du premier livre, telle quantit que tout le reste

    pourra facilement sen rapporter aux mmes leons.

    Touchant lusage des postures, jestime que sil est question de tirer des armes par courtoisie, celui

    qui saura prsenter la droite ligne nen aura besoin de nulle autre pour sa dfense si la dfense dpend

    des postures, voire quelle sera battante celui saura lutiliser dextrement pour attendre, rabattre et

    dompter tous les plus rudes assaut mme du plus grand tireur darmes, moyennant quil ne pratique queles vieux style.

    Mais quand il sera question de tirer pour de bon et surtout quand il en ira de vie, il ny a nulle garde,

    haute ou basse, longue ou courte, nulle posture de corps, nulle tenue dpe, fut elle qualifi de tous les

    avantages possibles, en laquelle on se doit de sarrter pour attendre. Il est vrai que ce livre est

    grandement rempli des postures de la droite ligne, mais ce nest que pour donner instruction.

    Quand viendra la pratique, je veux que notre colier abandonne tout cela et quil tienne, quant lui, la

    mme contenance et les mimes de ceux qui se donnent lassaut bon escient, soit que lennemi se tienne

    arrt en posture, soit quil avance ou quil travaille.

    Il continuera toujours cheminer, en usant dune dmarche franche et naturelle, vers lun ou lautre des

    deux cts, fuyant surtout la ligne du diamtre o le corps de lennemi est dress et tenant

    perptuellement, tant quil sera possible, les corps, diamtres, instances et mouvements en ingalit.

    Car pour bien travailler sur ladversaire ; il faut lavantage. Et pour avoir lavantage, il faut des

    ingalits, tant impossible quentre toute chose gales, tant gale, il y ait aucune prrogative.

    Si tt quil viendra mesure, il sassurera de lpe contraire en lattaquant pour lassujettir, ou obliger, ou

    en la couvrant, ou en tirant le long de celle-ci des estocades de premire intention, sil en a la commodit ;

    continuant toujours sa dmarche sans nulle interruption. Il est vrai quil se comportera diversement selon la

    diversit des occasions, mais jamais ne plantera les deux pieds ensemble en terre en forme de posture, si

    ce nest quand il se mettra dans la ligne de lpe contraire en lieu sr et libre, en excutant en mme

    temps le coup qui sera donn selon lexigence.

    L, il ne lui est permis de rompre aucunement la course de ses actions, mais pas devant ; raison

    que le corps qui est en a t de se mouvoir, est aussi plus prompt changer et accommoder sesmouvement toute les occasions, ce qui naurait t le cas si il se tient arrt dans dautre posture. Car

    aussi bien pour lavoir commander, on est contraint de le mettre premirement en mouvement, qui lui sert

    de prparation pour se disposer se tourner, retourner, virer et en somme faire toutes ses affaires avec

    vitesse, promptitude et facilit requise.

    Voil touchant les postures en gnral ; retournons la droite ligne ; et puisque nous venons de

    dire que cest la plus parfaite de toutes, faisons paratre cette vrit par de bonne preuve.

    Toutes qui ne contraignent pas de toucher la lame avant de tirer (ce sont celles qui sloignent de

    prsenter lpe en droite ligne), on peut les rendre inutiles en tirant dessus pour frapper tout du premier

    abord ; dont lennemi en demeure atteint ou contraint de parer et en parant, il se dcouvre toujours enquelque nouvel endroit du corps ; de faon que si on dresse l sa pointe, on le fera sortir de ses postures et

    lentrainer dans un labyrinthe de parade.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Cest aussi la cause pour laquelle ceux qui usent de ces postures, en reconnaissant par exprience

    limperfection, ne sy fient qu demie, prenants recours lassistance dune main gauche. En quoi ils

    dmontrent bien le peu destime et le peu de connaissance quils ont du grand pouvoir de lpe ; ne

    sachant pas quelle est suffisamment qualifi delle-mme, de tout ce qui est requis donner lassaut et

    faire la dfense.

    Mais que dis-je ? il ne faut pas stonner, si ceux qui naspirent aucune science des armes, ainsi

    seulement, tachent de parvenir par longs et continuels exercices une vitesse du corps et du bras dont ils

    puissent prvaloir en prvenant et abusant leurs contraires plutt que de les contraindre, ne comprennentpas les secret dune armure si noble ; et que tout ce quils font nest fond en aucune raison de vrai et

    solide thorie, mais en pratique simple et mal assure de faon que de vouloir comparer lescrime au vrai

    art de manier les armes, cest tout autant que de mettre en parangon le manuel des uvres Mcaniques

    avec les invention des Mathmatiques ; dont les unes se contente dobtenir seulement leffet de leur

    intention, encore que ce fut par hasard ; et les autres navouent rien pour bon qui ne soit fond sur des

    rgles infaillibles.

    Pour donc comprendre lexcellence de cette Droite Ligne, la premire de toutes les postures ;

    considrons quelle retient le corps en une situation du tout naturelle et commode, dispose travailler et

    se transporter de toute part galement ; en avant, en arrire, droite et gauche, en allongeant ou en

    raccourcissant la dmarche comme bon lui semble, sans nulle autre prparation : en ayant le bras et lpe

    avancs en ligne droite et apprts parer toutes sortes destocades, estramaons et revers, sans user

    lencontre daucuns mouvement extrmes.

    Voire que la tte, les paules et la poitrine jusquau ttons sont couvert de la garde ; si bien que

    lennemi ne peut les offenser, sinon en passant de sa pointe, qui est le faible de lpe, du long de la garde

    qui est le fort droit et se compare un boulevard de ville ou une forteresse, bastante soutenir leffort

    dune grande arme avec bien peu de gens.

    Sil advient que lennemi se hasarde de tirer les parties susdites, tout linstant que vous apercevez vue

    dil le commencement de son mouvement, vous ferez votre prparation lencontre pour laccueillir de la

    branche de votre garde le faible de sa lame, au nombre 3 ou 4, avant que sa pointe ne puisse arriver ou

    passer lendroit de votre coude ; en continuant la graduer et vous avancez et flanquez sur lui un peu

    ct du diamtre, en sorte quil sera contraint de vous quitter la droite ligne, laquelle vous demeura franche

    et ne tiendra qu vous de lui mettre la pointe devant les yeux, en larrtant par courtoisie, ou de lexcuter

    par rigueur, selon votre apptit.

    Que si en reconnaissant le peu davantage quil aura venir si prs de votre garde, tant en dehors

    comme en dedans du bras, il tache de vous frapper au ventre en abaissant la pointe ; sans considrer quil

    sloigne dautant de la droite ligne et du plus proche endroit dattouchement qui est votre paule droite,

    autant il perd sur la longueur de son pe, raison de quoi il vous donne aussi plus de loisir de voir,

    discerner et juger tous les mouvements : vous naurez autre chose faire sinon de creuser au mme

    temps un peu le ventre, en penchant de la poitrine sur lavant et prsentant la pointe de votre pe droit

    son paule.Car ce faisant, si vous tes gaux et que vous avez pareillement les pes gales, vtre droite ligne pourra

    le toucher lorsque sa pointe sera encore loign de vous de plus dun pied de distance.

    Or toutes ces oprations avec quelques autres qui dmontrent si clairement les avantages de cette

    posture seront reprsentes au tableau V qui nous servira pour cet gard dune preuve de la droite ligne,

    comme de celle qui sera en la plus part des tables suivantes le principal sujet dexercice.

    De vouloir aborder cette posture avec des feintes tires de loin et hors de mesures, suivant

    lordinaire de la vieille mode, en tachant par celle-ci de mettre ladversaire en confusion pour le frapper au

    dcouvert de ses armes ; tout cela nest rien, dautant que la droite ligne est suffisante pour sen dfendredelle-mme, de sorte quelle ne doit se mouvoir loccasion de telles feintes, pas plus quun cheval ne

    sarrte laboiement tmraire de quelque petite bestiole.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Mais si il ose entrer avec ses feintes en mesure et passer de sa lame votre garde jusquaux

    nombres 2, 3 ou 4 soit en dehors, soit en dedans, pensant vous faire parer et carter votre pe ; il courra

    lui-mme grande fortune de recevoir au lieu de donner, si vous vous approchez de lui ce mme instant

    quil sapproche, en continuant avancer seulement vtre pe en droite ligne : car peine il pourra se

    garder de se blesser lui-mme.

    Si pour faire sortir vtre pe de sa situation, il vient lattaquer la mode ancienne, en dehors ou en

    dedans, pour lengager, en avanant quand et quand lun ou lautre des pieds sur le diamtre, afin degagner la mesure et pouvoir vous toucher ; il lui sera besoin, pour trouver cet effet, de faire avec son pe

    une grande ouverture en cartant la pointe si loin de vous quil se prive lui-mme de toute dfense et se

    mette en bute plusieurs coups de pointe ou de taille, comme il sera montr en la dduction de ces crits,

    votre entier consentement.

    Il pourra user encore dune autre pratique pour vous assaillir ; cest quil viendra porter sa lame

    dessous la vtre en courbant le corps et avanant le bras droit ensemble avec la main gauche, en espoir

    de sapprocher assez prs de votre pointe pour la battre et tirer une estocade au second temps.

    Sil fait son approche en cette manire, en voici le remde : au mme instant quil entre sur le lieu o il

    sattend vous battre la pointe, il faut que vous entriez pareillement sur lui en marchant un peu en dehors

    main droite, vous mettant sur le ct droit, la pointe montante et la garde basse pour vous couvrir les

    parties inferieurs. Cette prparation tant faite adroitement ; soit quil poursuive pour travailler sur vous, soit

    quil demeure sur la parade, vous aurez moyen de le toucher de votre postes. Telles et semblables preuves

    seront proposes au tableau XXVII, o vous en trouverez pareillement les raisons tirs de dmonstrations

    autant vidente et certaine que belles et admirable.

    Lon pourrait proposer encore dautres preuves de la Droite Ligne, si celle-ci ne fussent pas

    battantes pour donner connaitre quelle est la premire et la plus sure de toute au regard de la dfense. Il

    est vrai qui ne sont pas adroits en lexercice, ne pourront pas se dfendre avec celle-ci contre les dites

    preuves ; mais limperfection de leur ignorance ne doit tourner en prjudice la perfection de leur posture,

    la faute en sera en ce quils ne seront lappliquer au temps et la distance quelle demande ; ce qui sera

    facile aux autres.

    Or quoi que nous la prisions et lexaltons tant, ce nest pas pourtant dire quil ne se trouve assez

    de moyens de travailler lencontre, mme avec avantage ; mais nous jugeons que cela sera fort difficile

    voire impossible tous ceux qui ne se seront exercez srieusement en la mme pratique de nos

    prceptes. Dont la cause principale gt en ce que la pointe de lpe situ en ligne droite est si forte en

    prsence de ladversaire quil ne saurait travailler, sinon en la divertissant de sa situation.

    A raison de quoi, il est contraint de venir lattouchement et de vous prsenter le moyen de connaitre par

    le sentiment le poids et la force, quil luse est un avertissement de tous ses desseins et une rgle de toute

    les actions contraires.De manire que cette posture ressemble une chambre ferme o lon ne peut entrer sans cong

    du matre de maison ; ainsi on est contraint de frapper lui pour entrer avec permission. Toutes les autres,

    tant quil y en a, mme celle de langle obtus, ressemble une chambre ouverte o on peut se fourrer

    dedans malgr quils en aillent car on peut toucher le corps sans venir lpe.

    Sensuit donc que la difficult de travailler sur la droite ligne est toute vidente, il faut donc en

    conclure que ses contraintes ont besoin de plus grand artifice pour cette raison, comme aussi pour ce

    quelle est capable dune grande varit de diversifier ses occasions, nous lavons choisie pour y exercer

    notre colier afin quayant premirement rompu cette pointe de difficult, il se rende aprs capable plus

    aisment dassimiler le reste [ de foncer tout le surplus]qui ne sera que la moindre partie de la besogne.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Parce qui a t discouru jusqu prsent, il a t dmontr lexcellence de la droite ligne au regard

    de la tenue de lpe ; maintenant nous en parlerons aussi plus particulirement au regard de la situation

    des pieds.

    Car puisque les pieds modrent les mouvements, allongent les pas, les raccourcissent, les htent

    ou les retardent, ils soulvent, haussent, baissent, redressent le corps, il nest rien de plus ncessaire que

    de bien entendre quelle en est la situation la plus commode et naturelle, afin de sen loigner le moins quil

    est possible en toutes ses actions.

    Or voici la situation dont nous parlons :Zacharie se tient plant, le pied droit sur le ct extrieur du quadrangle XY, en touchant de ses orteils la

    circonfrence du cercle la lettre X et le pied gauche sur la ligne pdale.

    Alexandre tenant aussi les pieds de mme lautre bout du plan ; le pied droit sur le ct du quadrangle

    CB, en touchant pareillement la lettre C et le pied gauche sur la pdale A. Le tout se voit plus clairement

    trac en figure plane au premier Cercle du Tableau I, o nous avons exprim par la reprsentation des pies

    comment les parties doivent se mettre sur la premire instance ; laquelle nous tenons pour le vrai

    fondement de toutes les mesures et pour lunique entre de tout assaut et dfenses.

    Cette situation de pieds nest pas seulement propre pour prsenter la droite ligne, mais aussi pour

    tenir les forces toujours unies et le corps naturellement prt tous changements et se transporter

    aisment (qui est le propre office des pieds) dune place lautre.

    Si vous en demandez la preuve, laissez le pied gauche comme il est, sur la ligne ordinaire ; et

    tournez seulement le talon du pied droit en dedans sur le diamtre prolong, laissant les orteils en C, sans

    varier le bras tendu avec lpe en droite ligne au-dessus du diamtre. Je dis quen ce faisant, vous

    sentirez que les membres de la partie suprieure du corps contesteront les membres de la partie infrieure

    du corps ; et qu grande peine pourrez-vous continuer tenir lpe en la mme ligne.

    Davantage en cheminant avec le pied droit vers la deuxime instance, soit droite, soit gauche, il ne

    pourra se faire que vous ne soyez contraint de tourner le pied, environ la mi-chemin, en sa vrai situation

    o il avait t premirement ; autrement la dmarche en sera plus mole et plus tardive.

    Il est vrai que le changement du pied tant fait en le forme dernirement dite, vous augmentera la

    force de lpe en dehors et que si lennemi vient la toucher de ce ct-l, pour lemmener ou pour

    lassujettir, vous pourrez lui faire rsistance avec moins de force quen le tenant selon la forme de notre

    description ; mais autant que cela vous sera profitable en dehors, autant il sera nuisible en dedans, car

    mesure que la vigueur se renforce dun ct, elle saffaiblie dautant de lautre.

    Pour la seconde preuve, faites ainsi :

    Laissez le pied gauche et tournez seulement le talon du pied droit en dehors jusqu la

    circonfrence du cercle. Ce faisant, je dis que si lennemi vient toucher votre pe en dedans pour

    lassujettir ou la transporter, il vous sera trs facile de lui retirer cause de laccroissement de la force en

    dedans : mais en change, vous serez dautant plus affaibli en dehors.

    En somme cette situation du pied tant directement contraire la prcdente, les effets aussi ensont contraires.

    Autre preuve, laissez le pied droit immobile et tournez seulement les orteils du pied gauche en

    dedans sur le diamtre prolong, sans sortir lpe de la droite ligne ; je dis que ce faisant, outre le malaise

    du corps provenant du retordement des membres, si lennemi vient vous attaquer par dedans ; il y trouvera

    de lavantage, dautant que le dedans de lpe est affaibli par la situation de lpe, le corps tant inclin

    de lui-mme se tourner en dehors main droite.

    Le contraire adviendra si vous tournez le pied gauche en dehors avec les orteils en arrire sur le

    diamtre prolong, laissant lpe en ligne droite comme auparavant. Car outre le malaise de la posture,

    lpe sera tellement affaiblie par dehors que vous ne pourrez en faire aucune rsistance de ct-l, si cenest avec grand travail ; cause que le bras de lpe en sera comme forc, par la collocation du pied et

    des muscles de la jambe gauche se tourner vers le ct gauche.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Nous avons dcrit ces deux exemples assez extrmes, car en ralit [de vrai] il adviendra peu

    souvent que quelquun plantes ses pieds de manire si dsordonns [si desordronnement] comme nous

    venons de reprsenter.

    Mais il ny a point de difficult en cela ; car qui entendra les fautes les plus lourdes, il comprendra

    aussi bientt les plus subtiles, moyennant quelles puissent tre dcouvertes par les mmes preuves,

    comme nous lavons fait, et ceux afin que la diffrence entre le renforcement et laffaiblissement en soit

    plus vidente.

    Quant lusage de ces preuves et des prceptes mmes, il est tout manifeste : savoir de montrerla manire dattaquer lpe contraire par le ct qui sera le plus faible. Dautant que le faible est incapable

    de rsister et prt tre surmonter de son contraire. Le fort peut modrer toutes ses actions avec peu de

    travail ; le faible est contraint pour se renforcer duser de violence, ce qui le rend sujet trbucher,

    forligner, scarter et en somme de donner loccasion de blesser en plusieurs manires pour celui qui

    connait la valeur du sentiment comme il sera dclar en la suite de nos tableaux.

    Il faut aussi observer en cette situation des pieds le juste espace quil y a entre les deux, qui est

    reprsente assez clairement par les lignes du quadrangle. Car si on se met autrement, par exemple

    pied joint, et que lon commence lever le pied droit pour marcher, le centre du corps demeurera sur le

    pied gauche, et sera-t-on contraint dy ajouter encore quelques autres prparations (comme de pencher le

    corps un peu en avant) pour lui donner sa course avant quil chemine.

    Ce qui est un mouvement superflu est un remarquable avertissement lEnnemi pour dcouvrir et

    prvenir toutes vos entreprises. Sans compter que le corps se tient encore plus ferme quand on a les pieds

    en juste distance ; laquelle tant prise, il ne faut lever tant seulement le pied de devant quand on veut

    marcher car le corps se prparera de lui-mme partir du lieu, de sorte quil faudra plutt le retenir que de

    linciter davantage.

    Le fondement de tout ce discours consiste en ce que cette situation des pieds est toute naturelle.

    On pourra cependant mobjecter quau commencement de lexercice, on y trouve bien de la besogne ; tant

    pour bien porter et tenir lpe en droite ligne, comme aussi planter chacun des pieds sur la ligne et en sa

    forme requise. Je le confesse, mais ce au commencement de lexercice et ceux qui ny sont pas

    accoutum.

    La difficult ne dpend point de ce que la chose ne soit du tout accordante la nature mais que ces

    actions ne sont point accoutumes dtre pratiques en telles occurrences et accompagnes de tels

    mouvements.

    Il est ais den faire la preuve suivant ce que jen ai pratiqu moi-mme plusieurs fois contre ceux

    qui qui soutenaient fort et ferme le contraire de cette situation. Au milieu de la dispute, je me retirai cinq ou

    six pas lcart, puis limproviste je les appelais moi, en faisant semblant de vouloir dire ou montrer

    quelque chose nouvelle, les priant de sarrter tout court en leurs places, sans bouger leur pieds.

    Il fut toujours trouver que la plus part de ceux qui tenaient le corps perpendiculaire et les genoux raides,

    avaient les pieds situs selon la forme de notre description, de sorte que cette preuve a souvent terminnos disputes.

    Et voil comment nous prtendons suivre de partout la nature pour guide, rejetant tous mouvements

    violents et toutes les postures extrmes qui ont t pratiqu par le pass entre ceux qui faisaient la

    profession des armes. Tous nos prceptes seront tirs des observations de la nature mme pour lassister

    du secours quelle-mme nous offre et lacheminer au plus haut degr de perfection.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Discours de lusage et excellence de la Premire instance, avec la manire de la changer et

    accommoder selon les diverses mesures de lpe

    Or il en est assez dit de la posture ; parlons cette heure et brivement de la mesure, en quoi les

    parties se tiennent sur les quatre cercles de ce tableau ; qui est telle que quand ils sentre-prsentent les

    pes en ligne droite, elles viennent se mesurer les unes les autres.

    Cest la premire instance, vrai commencement du jeu tenant les parties en une distance juste ettotalement proportionne aux corps et aux armes ; ni trop large, car on peut y toucher lennemi en un

    temps mdiocre, et ni trop troite, car on peut en celle-ci on peut se dfendre temps de tous les assauts

    du contraire.

    Ceux qui ignorent cette mesure se tiennent plus loigns de ce quils ne devraient, ou si ils veulent

    sapprocher davantage, ils se mettent dans un danger invitable avant darriver la mesure prtendue.

    Cest pourquoi en tout le discours de cet exercice, la connaissance de cette mesure vous servira de

    guide pour arriver aux distances proportionnes vos desseins ; en sorte quelle sera pour nous comme

    une chevette de laquelle on dcouvre toutes les entreprises contraires ; attendu que toutes les oprations

    de lpe sont contrainte de passer le passage de la premire instance avant quelles puissent attenter le

    corps.

    Toutes les actions par lesquelles le jeu peut se diversifier en mille et mille manire, prennent ici,

    proprement parler, leur origine. En effet cest le compas qui nous montre, parmi les vagues imptueuses de

    cette mer, la course que lon doit prendre pour arriver au port de Victoire.

    Mais cest assez pour le moment, sans entrer dans ce discours plus avant car les proprits de la

    premire instance, comme de la seconde et de la troisime ne peuvent se dclarer par le menu, sans

    dclarer quand et quand les occasions qui nous y amnent, lesquelles sont en grand nombre et lon devra

    les chercher dans les tables suivantes.

    Notez que nous prsupposons que les personnes soient gales et quils aient pareillement les

    armes gales, proportionne leurs corps ; de manire que ce sont les corps et les pes qui donnent la

    vrai mesure de cette premire instance. Car si les tant ingales, il faut changer linstance ladvenant :

    - Si lennemi lpe plus longue que la vtre, gardez-vous bien que la pointe ne passe pas outre

    les branches de votre garde, afin quil y demeure toujours entre deux la mesure du bras entier, qui est une

    distance raisonnable et assez grande pour vous prparer toujours la dfense.

    Car si vous tachez de vous avancer plus prs, pour mettre votre garde tout joignant la sienne, il aura

    lavantage en raison de la longueur de ses armes qui le favorise, tellement quen mesure large, il peut

    porter des atteintes sans quil se mette en hasard den recevoir.

    Cest pourquoi on doit lui ter ces avantages, ds quil prsente la lame pour toucher, en tentant de

    lassujettir, ou de lobliger pour entrer dans ses angles, ou pour parvenir en mesure troite, en laquelle il ne

    puisse se prvaloir ni manier si promptement ses armes, comme il en aurait besoin.

    - Si son pe est plus courte que la vtre, ou que la proportion de son corps ne requiert, la vtre

    ayant la juste mesure, vous prendrez la Premire instance un peu plus prs, en sorte que votre pointe

    pourra passer outre sa garde moyennant que la sienne ne passe pas la vtre, dont les raisons sont toutes

    videntes.

    En somme il nest rien de plus certain que davoir les armes proportionnes ; car les trop longues et

    les trop courtes, si elles portent quelques avantages en certains endroits, elles sont aussi accompagns de

    pareilles imperfections en contrepartie ; les proportionnes sont au contraire galement utiles en mesurelarge et troite.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    Voil en somme quel est la perfection de la Droite ligne prsenter sur la Premire instance. On

    pourrait en arguer encore dautre raisons, si celles-ci ntaient pas assez videntes pour persuader de la

    Vrit ceux qui veulent la recevoir.

    Je crois bien que nous avons us plusieurs fois de rptions ; mais lutilit du sujet en sera notre

    excuse, considrant quune matire de si grande importance mritait dtre trait bien exactement ; tant

    expdiant la contemplation du lecteur, pour imiter cet endroit les avaricieux qui laissent longuement courirleur rentes, afin quils les reoivent par aprs avec double usure.

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    ANNEXE 1

    Planche 4 complte

    .

  • 7/28/2019 Thibault Transcription L1-T4

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    Alexandre GUIDOUX

    ANNEXE 2

    Au-del des dcorations architecturales classiques, la planche comprend deux figures qui

    retiennent lattention

    Figure

    de

    gauche

    Agneau au collier inscrit de

    la devise GAVDET PAT [?] ,

    tenant une reprsentation du

    Cercle Mystrieux.

    Figured

    e

    droite

    Lion tenant un cu

    linscription RATIO VINCIT PVRO

    REM pose en fasce vout ;

    charg dun compas, au cur en

    sautoir Plume et Hache darme

    surmontes, en appoint, dune

    pe surmonte dune couronne et

    dune balance, avec dextre la

    lune et senestre le soleil. Coup

    en champagne charg dun coq.