These Olivier BEGUY

download These Olivier BEGUY

of 186

description

thèse olivierthèse

Transcript of These Olivier BEGUY

  • TROIS ESSAIS SUR LA SURLIQUITE BANCAIRE

    DANS LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET

    MONETAIRE DAFRIQUE CENTRALE (CEMAC)

    Olivier Beguy

    To cite this version:

    Olivier Beguy. TROIS ESSAIS SUR LA SURLIQUITE BANCAIRE DANS LA COMMU-NAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DAFRIQUE CENTRALE (CEMAC). Economieset finances. Universite dAuvergne - Clermont-Ferrand I, 2012. Francais.

    HAL Id: tel-00679471

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00679471

    Submitted on 15 Mar 2012

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

    Larchive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinee au depot et a` la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publies ou non,emanant des etablissements denseignement et derecherche francais ou etrangers, des laboratoirespublics ou prives.

  • Universit dAuvergne Clermont-Ferrand I

    Facult des Sciences Economiques et de Gestion

    Centre dEtudes et de Recherches sur le Dveloppement International (CERDI)

    TROIS ESSAIS SUR LA SURLIQUIT BANCAIRE DANS LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DAFRIQUE CENTRALE (CEMAC)

    Thse Nouveau Rgime

    Prsente et soutenue publiquement le 16 fvrier 2012

    Pour lobtention du titre de Docteur s Sciences Economiques

    Par

    BEGUY Olivier

    Sous la direction de

    M. Jean-Louis Combes, Professeur, Universit dAuvergne

    M. Samuel Guerineau, Maitre de confrences HDR, Universit dAuvergne

    Membres du jury:

    M. Gilles Dufrnot, Professeur, Universit Aix-Marseille 2

    M. Christian Aubin, Professeur, Universit de Poitiers

    M. Gervasio Semedo, Maitre de confrences HDR, Universit de Tours

    M. Jean-Louis Combes, Professeur, Universit dAuvergne (CERDI)

    M. Samuel Guerineau, Maitre de confrences HDR, Universit dAuvergne (CERDI)

  • i

  • ii

    LUniversit dAuvergne Clermont 1 nentend donner aucune approbation ni

    improbation aux opinions mises dans la thse. Ces opinions doivent tre

    considres comme propres lauteur.

  • iii

  • iv

    Remerciements

    Pour achever cette thse, dimportantes contributions ont t mises ma disponibilit. Pour

    preuve de reconnaissance, cest le lieu ici de remercier tous ceux qui mont aid de prs ou de

    loin laccomplissement de cette tache.

    Avant tout, je tiens exprimer ma profonde gratitude Jean-Louis Combes et Samuel

    Guerineau pour lencadrement de cette thse. Ils nont mnag aucun effort pour me soutenir,

    morienter, me conseiller et mencourager pendant toutes ces annes. Leur implication active

    et constante ont t dterminants pour laccomplissement de cette thse.

    Merci tous les membres du jury davoir accept den faire partie et pour leurs apprciations.

    Je remercie sincrement Inessa Love qui ma fourni son programme destimation des modles

    VAR en panel utiliss dans le Chapitre III. Je remercie galement Rotoudjimbaye Thophile

    qui ma initi au logiciel R. Son apport ma permis dlaborer les prvisions baysiennes.

    Je tiens remercier vivement toute lquipe denseignants chercheurs du CERDI. Je remercie

    galement lensemble du personnel administratif du CERDI pour leurs appuis logistiques

    durant ces annes de thse. Je pense notamment Annie Cuer, Solange Debas et Lina

    Lacroix.

    Je remercie galement les Doyens de lUniversit de Ndjamena qui se sont succd pendant

    le droulement de la thse savoir Djikoloum Benjamin et Abba Danna pour mavoir donn

    lautorisation de me rendre plusieurs fois Clermont Ferrand poursuivre mes travaux. Il en est

    de mme pour Jean-Claude Brou, Jan Walliser et Raju Singh, mes chefs hirarchiques la

    Banque Mondiale qui mont autoris venir soutenir cette thse.

    Je tiens remercier aussi tous les collgues et amis de Clermont Ferrand qui mont aid

    passer un sjour agrable en Auvergne. Je pense notamment Romuald Kinda, Bokilo

    Christian Fred, Ousmane Aboubakar, Ndjilkodje Patrice, Hissein Djaldi, Boel Taro, Aristide

    Mabali, Christian Guerd, Eric Djimeu, Tamib Pofinet, Outhman Hamdan, Salomon

    Allaramadji. Je noublie non plus mes parents de Lyon, particulirement la famille dEvariste

    Djimasd ainsi que Desir Neld, Honor Nodjibeye et Madjirangue Djimremadji. Tous mes

  • v

    remerciements vont aussi spcialement la famille de Mbaissin Moita Yabao qui ma

    toujours accueilli chaleureusement pendant mes sjours Paris.

    Je noublie non plus mes parents, proches et amis du Tchad qui nont cess de mencourager

    fortement pour lachvement de cette thse pendant les moments de doute. Je tiens exprimer

    toute ma reconnaissance et mes remerciements mes frres et surs Angle, Dotom,

    Djimounoum, Rodrigue et Arnaud, pour leur amour, leur patience, leur soutien indfectible

    durant toutes ces longues annes dtudes. Jai naturellement une pense profonde pour mon

    pre partie trop tt, mais qui ma tant difi et ma mre dont la dtermination pour la russite

    de ses enfants demeure un modle prenniser. Je leur ddie cette thse.

    Je voudrai autant remercier tous mes collgues enseignants chercheurs de la Facult de Droit

    et des Sciences Economiques de lUniversit de Ndjamena, particulirement Reounodji

    Madji Cyrille, Ousmane Ada, Younous Abdoulaye, Mouta Djirabi, Mogod Nadine, Thierry

    Mamadou Asngar, Rimabaye Gabriel, Tawfick Djarma, Awat Hissein, Alfarouk, Kosseimi

    Issa Djibrine.

    Enfin, je tiens exprimer ma gratitude envers tous mes amis de longue date qui ont eu

    partager avec moi mes moments de tristesse et de bonheur depuis mon enfance. Je pense

    singulirement feu Vidal dont la mort prmature nous a normment affects. Tous mes

    remerciements Chris_Kedy, Christian, Lipelba, Guilou III, Carlos, Beosso, Alexis, Alain,

    Eric, Fata, Vridao, Herv, Sylvain, Gordon, Djinodji, Mbaitetroh, Beassoum, Sarah, Erudyce.

    Jen oublie sans doute.

  • vi

  • vii

    A mes parents

    BEGUY MBAIOLO et KOUTOU NDIGRADE

  • viii

  • ix

    Rsum Cette thse sarticule autour de trois essais consacrs lanalyse de la surliquidit bancaire

    dans les pays de la CEMAC. Le premier essai a cherch identifier les dterminants de la

    surliquidit des pays membres de la CEMAC sur la priode de 1985 2002. Lestimation

    GMM utilis a permis de montrer que la surliquidit en Afrique Centrale drive la fois du

    comportement de prcaution des banques commerciales et des facteurs exognes. La grande

    prudence des banques peut sexpliquer par lexprience de la crise financire des annes

    1980, la restructuration du systme bancaire, linstabilit des dpts et un contexte

    conomique trs risqu. Lembellie du cours du ptrole alimente les rserves excdentaires

    due la faible capacit dabsorption des pays de la zone. Dans le deuxime essai, il a t

    question didentifier les canaux de transmission les plus oprationnels en Afrique Centrale. La

    modlisation VAR a permis de montrer que le taux dintrt est le canal le plus faible. Cest

    prcisment la carence dun march financier qui ne permet pas dassurer le rle de recyclage

    de la liquidit bancaire et de la transmission de la politique montaire. Dans le troisime essai,

    a t labor un modle de prvision dinflation dans un des pays membres de la CEMAC

    savoir le Tchad.Les modles BVAR se sont rvls en Afrique Centrale tre plus efficaces que les outils traditionnels (AR, ARIMA, VAR). Lanalyse de sensibilit entreprise par

    lapproche bayesienne indique que la surliquidit exercerait des tensions inflationnistes dans

    la zone.

    Mots-clefs : Surliquidit, GMM, canaux de transmission, VAR, prvision, inflation, politique

    montaire, BVAR, BEAC, CEMAC.

  • x

    Abstract

    This thesis is based on three essays focused on analysis of the excess liquidity in the CEMAC

    countries. The first one identifies the determinants of excess liquidity in developing countries

    by studying the case of CEMAC member countries from 1985 to 2002. The GMM estimator

    used has shown that the excess liquidity in Central Africa derived from both the prudence of

    commercial banks and exogenous factors. The precaution of Commercial Banks can be

    explained by the financial crisis in 1980s, the restructuring of the banking system, the

    instability of deposits and a very risky economic environment. The increasing in oil prices

    fueling excess reserves due to the low absorption capacity of countries in the region. In the

    second essay, it was discussed the transmission channels in Central Africa. The VAR model

    used has shown that the interest rate channel is the lowest. This is exactly the lack of a

    financial market that does not allow ensuring the function of the recycling of liquidity and the

    transmission of monetary policy. At the last essay, it was developed a forecasting model of

    inflation in Chad which is member of CEMAC countries. BVAR models have been shown in

    Chad to be more effective than traditional tools (AR, ARIMA and VAR). A sensitivity

    analysis undertaken by the Bayesian approach indicates that the excess liquidity would exert

    inflationary pressures.

    Keywords: Excess liquidity, GMM, transmission channels, VAR, forecasting, inflation,

    monetary policy, BVAR, BEAC, CEMAC.

  • xi

  • xii

    Sommaire

    CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE ................................................ 1

    CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE DANS LES

    PAYS EN DEVELOPPEMENT : CAS DE LA CEMAC .................................. 31

    CHAPITRE III : IDENTIFICATION DES CANAUX DE TRANSMISSION DE

    LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BEAC : UNE APPROCHE PAR LA

    MODELISATION VAR ..................................................................................... 62

    CHAPITRE IV : PREVISION DE LINFLATION AU TCHAD : UNE

    APPROCHE BAYESIENNE ............................................................................ 104

    CONCLUSION GENERALE ........................................................................... 137

  • xiii

  • 1

    CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE

  • 2

    La Communaut Economique et montaire dAfrique Centrale (CEMAC) a pour vocation de

    complter la coopration montaire existante par la constitution dun espace conomique

    unifi, fond sur lharmonisation graduelle des politiques conomiques et de lenvironnement

    juridique (Banque de France, 2009). Elle se prsente comme une zone montaire dans laquelle

    lunicit de la monnaie a devanc toutes les autres tapes de la mise en place dun march

    commun. L'intgration montaire n'a pas t suffisante pour compenser des handicaps

    structurels majeurs : une structure d'exportation centre sur des produits peu transforms, des

    infrastructures insuffisamment dveloppes, des marchs troits et de nombreux obstacles aux

    changes. Cette Union Montaire appartient la zone franc qui est caractrise par un modle

    de coopration montaire assez singulier1. La zone franc a t formellement cre en 1939 dans le cadre des mesures lies la dclaration de guerre par un dcret instituant une

    lgislation des changes pour tous les territoires de lempire colonial franais (Guillaumont et

    Guillaumont, 2002). Le contour gographique de cette zone sest modifi au fil du temps, car

    on a assist des sorties et des entres de certains pays. La zone franc comprenait ses

    dbuts, la France et la plupart de ses colonies. De nos jours, la zone franc comprend en plus

    de la CEMAC en Afrique Centrale, les pays membres de lUEMOA en Afrique de lOuest et

    les Comores (Cf. Annexe Figure 1.1).La CEMAC, objet de notre tude, sest substitue ainsi lUnion Douanire des Etats de lAfrique Centrale (UDEAC). Les Etats membres entendent

    ainsi passer dune situation de coopration qui existe dj entre eux une situation dunion

    susceptible de parachever le processus dintgration conomique et montaire2.Dans la zone,la surveillance multilatrale a t mise en place 1994. Elle consiste, selon les textes

    fondateurs, pour les Etats de la CEMAC, tablir les procdures permettant de respecter les

    rgles communes de coordination des politiques conomiques nationales, notamment en

    matire budgtaire. La surveillance multilatrale vise, travers la dfinition des critres de

    convergence, renforcer la cohrence entre les variables de la politique montaire et celles de

    la politique budgtaire (Policy mix). Cependant selon Dufrenot (2009), la policy mix est

    difficile mettre en uvre dans une union montaire quand chaque pays membre poursuit ses

    propres objectifs. Cest ainsi que les pays appartenant cette union montaire, narrivent

    pas toujours respecter les critres de convergence3 et les rsultats macroconomiques

    diffrent relativement dun pays un autre. Lexamen de la situation de la convergence, au 31

    1RelationdeCooprationmontaireNordSuduniqueaumonde.2Article1dutraitinstituantlaCEMAC3Lesquatre(4)critressont: SoldebudgtairedebaserapportauPIBnominal>=0%; Tauxdinflationannuelmoyen

  • 3

    dcembre 2009, montre que seul le Gabon a respect les quatre critres de convergence, les

    autres pays de la zone en respectant deux, lexception du Tchad (un seul critre)4. Les

    conomies de la sous rgion se distinguent aussi relativement dun pays un autre mais ont

    peu dchanges commerciaux entre elles. Cette situation sexplique par le fait quils sont tous

    sans exception spcialiss dans les produits primaires.

    Cet espace conomique pesait en 2008 en termes de PIB, 34069 milliards de franc CFA et

    contenait 39,4 millions de population. Quand on observe les indicateurs macroconomiques

    depuis lan 2000, le taux de croissance conomique demeure toujours au dessus de 3% avec

    un pic en 2004 (6,6%) prcisment d au secteur ptrolier qui a connu pendant cette anne

    une croissance de 20,1%. Bien que le relvement du rgime dinflation depuis dix ans soit

    utilis comme argument de lintrt de la question de lefficacit de la politique montaire on

    constate nanmoins que le taux dinflation a dpass le seuil de 3% en 2001(4,4%), 2006

    (5,4%) et continue daller au-del depuis 2008 (5,9%)5 (Cf. Annexe Figure 1.3). Cette

    situation illustre ainsi que le problme principal concernant la stabilit montaire demeure

    entier dans la zone et pose ainsi la question de lefficacit de linstitut dmission. Pourquoi la

    politique montaire semble inoprante dans la zone et comment y remdier ? Notre travail de

    thse cherche apporter des lments de rponse ces questions.

    Nous proposons plus exactement des analyses conomtriques pour lefficacit de la politique

    montaire en nous focalisant sur les origines de la surliquidit, les canaux de transmission et

    la prvision de linflation qui demeure la cible des autorits montaires. Dans ce qui suit nous

    essayons dabord didentifier les difficults qui entravent lefficacit de la politique montaire

    en Afrique Centrale. Ensuite, nous avons cherch dterminer les dfis relever par les

    autorits montaires pour rendre la politique de la BEAC plus efficace. Nous terminons ce

    chapitre introductif par un rsum des principales contributions de ce travail de thse.

    1.1 Les difficults de la politique montaire en Afrique Centrale

    La politique montaire dans cette zone, qui a vraiment pris son envol partir de 1972

    (Godeau, 1996) est rgie par la Banque des Etats de lAfrique Centrale (BEAC). Cette

    dernire avait dabord pratiqu une politique axe sur le dveloppement pour soutenir le

    4BanquedeFrance(2009)5Sources:AdministrationsNationales,FMIetBEAC

  • 4

    contexte macroconomique des pays membres (Banque de France, 2002). La BEAC parvenait

    entre temps maitriser efficacement les tensions inflationnistes dans la zone. Cependant cela

    lui a valu nanmoins quelques critiques de la part de certains auteurs qui considrent que le

    niveau dinflation entretenue par la zone tait trop bas pour stimuler la croissance. la zone

    franc suscitait un biais anti-inflationniste excessif, car selon Devarajan et Rodrik (1991, pp

    23), les rsultats de croissance court terme auraient pu tre amliors si les autorits

    montaires staient autorises 1,5% dinflation annuelle supplmentaire pour rapprocher le

    PIB de son niveau potentiel .

    Il est intressant de rappeler que la politique montaire de la BEAC est pratique dans le

    cadre de la zone franc. La zone franc a t formellement cre en 1939 dans le cadre des

    mesures lies la dclaration de guerre par un dcret instituant une lgislation des changes

    pour tous les territoires de lempire colonial franais (Guillaumont et Guillaumont, 1984).

    Cest une union montaire regroupant tous les pays qui utilisent le franc6 comme monnaie ou

    qui en ont arrim leur monnaie et y gardent lessentiel de leurs avoirs extrieurs. Cependant

    en 1972 et 1973, en prlude la crise du systme montaire international et la volont des

    Banques Centrales des pays africains de la zone franc de renforcer leur pouvoir et leur

    domaine dintervention, ont t sign de nouveaux accords de coopration montaire. Ce sont

    des rgles, dfinies par ces accords, qui rgissent mme actuellement le fonctionnement de la

    zone franc, malgr lavnement de lEuro. Les principes manant de ces accords sont les

    suivants :

    La parit fixe du franc CFA : elle fixe les modalits respecter pour prserver la valeur externe de la monnaie. A dfaut de lliminer compltement, la parit fixe permet de

    rduire un risque ventuel concernant les oprations de change. De ce fait la France scurise

    les sources dapprovisionnement en les soustrayant des alas de la spculation et des

    fluctuations des prix. Le taux de change fixe garantit galement aux africains des gains stables

    dans leurs oprations dexportation, surtout que la France est lun des principaux partenaires ;

    La garantie de convertibilit illimite du franc CFA en franc franais et aujourdhui en euro : la France sous certaines conditions, pourra avancer des fonds pour viter aux pays

    africains de la zone franc une crise de liquidit lorsque leurs comptes doprations sont

    6Lapicedorfranaisedunfrancauraittcrele5dcembre1360,aupoidsde3,877gdorfin(dAlmeida,1999).

  • 5

    dficitaires, pour assurer le maintien de leurs activits extrieures. En cas de dficit du compte

    d'opration, des mesures de politique montaire restrictives, portant sur les taux d'escompte et

    les plafonds de rescompte notamment, doivent tre prises.

    La libre transfrabilit : lapplication de ce principe donne la possibilit aux expatris de rapatrier de manire scurise leurs bnfices commerciaux, et facilite pour les locaux, les

    changes montaires et financiers entre la France et les pays africains de la zone franc,

    notamment dans le cadre de partenariats commerciaux ou mme de transfert de technologie ;

    La centralisation des rserves de change : ce principe sopre dans un compte vue dit compte dopration ouvert auprs du Trsor franais. Ces avoirs extrieurs domicilis dans le

    compte dopration reprsentaient au dbut 65% des devises captes par les exportations des

    pays africains membres de la zone franc. Ce taux a t rduit provisoirement 55% en juillet

    2008 pour stablir dornavant 50% partir de juillet 2009.

    Ces principes sappliquent dans la zone grce une organisation sappuyant sur les lments

    suivants :

    Le compte dopration cit ci-dessus ; Le compte de correspondant log la Banque de France. Compte tenu du fait

    que le Trsor franais ne peut crer de la monnaie, il assure la convertibilit du

    franc CFA grce ce compte ;

    Les Banques Centrales ont pour rle de mettre en uvre, de superviser et de coordonner les actions de cette politique.

  • 6Encadr 1. 1 : Schma simplifi du circuit montaire franc CFA dAfrique Centrale

    Source : OMGBA, ENJEUX, N19, Avril-Juin 2000

    Dans tout le systme, cest le principe du compte dopration, contrepartie de la garantie de la

    convertibilit illimite, qui retient plus lattention de la plupart des auteurs. Pour Pouemi

    (1980), le compte dopration nest rien dautre quune expression curieuse, mystrieuse,

    inconnue du monde des conomistes, mais brviaire de tous les financiers des Etats membres.

    A partir de 1990, conscutivement la crise conomique suivie de la crise financire la fin

    des annes 1980 et surtout face lintransigeance des institutions financires internationales,

    les autorits montaires taient obliges de reformer le secteur en passant ainsi de la

    rpression la libralisation financire pour ne retenir la fin quun seul objectif savoir la

    stabilit montaire. La libralisation financire sinscrivait ainsi dans la logique dune large

    gamme de reformes impulse par les institutions de Bretton Woods. Ces reformes taient

    constitues entre autres, dune nouvelle srie de taux dintrt, de lintroduction du march

    montaire, de la cration de la Commission Bancaire dAfrique Centrale (COBAC)7, de la

    mise en place de la programmation montaire (Cf. Annexe) sans oublier la dvaluation du

    franc CFA de 1994.

    7Cf.Encadr1.2

    BEAC

    Comitnationalmontaireetfinancier

    BailleursdeFonds

    PAYSdelaCEMAC MinistredesFinances

    BANQUEDEFRANCE Comptedecorrespondant

    Misedispositiondesfonds

    Transfertdefondsdemands

    Misedispositiondesfonds

    TRESORFRANAIS Comptedopration

    BEAC

    Comitnationalmontaireetfinancier

    Demandedefinancement

    Demandedemisedispositiondesfonds

    Opration de conversion si besoin

    TRESORFRANAIS Comptedopration

  • 7

    Conformment aux nouveaux statuts de la BEAC, lobjectif dornavant poursuivi est la

    stabilit montaire dfinie par une faible inflation et une couverture extrieure de la monnaie

    dau moins 20% (Cf. Annexe). Plus question pour les autorits montaires de sencombrer

    dobjectif de croissance qui demeure nanmoins, incontestablement, un facteur crucial de

    dveloppement de tout pays pauvre. Pour atteindre lobjectif final de stabilit montaire, deux

    objectifs intermdiaires ont t retenus. Il sagit des crdits lconomie et de lagrgat

    montaire M2. Labsence de marchs financiers trs dvelopps, peut encourager les banques

    centrales utiliser les agrgats montaires, les crdits ou les autres composantes de son bilan

    comme indicateurs ou objectifs intermdiaires de la politique montaire (Schaechter, 2001).

    En ayant lil ces grandeurs montaires, la BEAC utilise grce aux reformes successives

    des instruments indirects en intervenant travers la politique de refinancement sur loffre de

    monnaie centrale et travers les rserves obligatoires sur la demande de monnaie centrale. La

    BEAC arrte ainsi, un objectif de refinancement reprsentant la limite maximale des avances

    quelle est dispose accorder au march montaire. Suivant les objectifs de la politique

    montaire, la BEAC accorde des avances un taux dintrt fixe (taux dintrt des appels

    doffres ou TIAO) (Cf. Annexe Figure 1.2). Par contre, la liquidit est ponctionne, par le

    biais des appels doffres ngatifs, un taux dintrt appel le Taux dintrt sur les

    placements ou TISP.

    Ces reformes ont contribu largement assainir le systme financier8 de la zone (Cf. Annexe

    Tableau 1.2) et stabiliser efficacement le niveau dinflation (Elbadawi et Nadj, 1996) en

    Afrique Centrale pendant quelques annes. Le secteur bancaire est devenu globalement

    rentable aussi (Hugon, 2006), mais il existe des disparits en fonction des pays membres

    (FMI, 2005). Cependant il faut noter quelles ont engendr aussi des effets inattendus tels que

    lmergence de la microfinance et la forte augmentation de la liquidit. Cest cette dernire,

    particulirement qui retient notre attention.

    Do viendrait cette surliquidit qui tend devenir quasi structurelle ? En plus de la

    prcaution du systme bancaire, dautres facteurs tels que les opportunits limites et des

    chocs exognes sont mis en exergue. La prcaution du systme bancaire a engendr une forte

    prudence des Banques Commerciales qui prennent dornavant assez de prcautions pour se

    conformer aux ratios prudentiels engendrs par la rforme et entretiennent un certain effet

    de mmoire dans leurs comportements suite la crise financire vcue dans les annes 1980. 8PlusfaibleauniveaudelaCEMACquedanslesautrespaysafricains(FMI,2005)

  • 8

    Encadr 1. 2: Les diffrents pouvoirs de la COBAC

    La COBAC dispose de comptences et de pouvoirs divers en matire de rglementation et dorganisation de lactivit bancaire, dont les plus importants sont :

    - le pouvoir administratif : la COBAC est charge de dlivrer des avis conformes dans les procdures dagrment et dautorisation individuelles qui restent la prrogative des autorits montaires nationales. La COBAC peut prendre des mesures conservatoires en mettant un tablissement de crdit sous le rgime dadministration provisoire et est habilite nommer un liquidateur dans les tablissements qui cessent dtre agrs.

    - le pouvoir rglementaire : La COBAC dispose de toutes les comptences pour dfinir le plan et les procdures comptables applicables aux tablissements de crdit, et les normes prudentielles de gestion (ratios de solvabilit, de liquidit, de division des risques, de transformation, de couverture des immobilisations par les ressources permanentes, etc.). Le dispositif prudentiel de la COBAC a t largement inspir des principes dicts par le Comit de Ble sur le contrle bancaire en sappuyant sur les spcificits des conomies des pays membres.

    - le pouvoir de contrle : la COBAC veille ce que la rglementation bancaire soit respecte par les tablissements de crdit. Pour ce faire, elle organise et exerce, par l'intermdiaire de son Secrtariat Gnral, des contrles sur place et sur pices de ces tablissements. Elle est habilite diligenter toutes les vrifications commandes par lurgence et elle rend simplement compte aux Autorits montaires nationales des rsultats des enqutes. Les membres de la COBAC et les personnes habilites agir en son nom son tenus au secret professionnel.

    - Le pouvoir de sanction : la COBAC est galement un organe juridictionnel et peut intervenir titre disciplinaire, sans prjudice des sanctions que pourront prendre les Autorits judiciaires nationales. Les sanctions prvues sont : lavertissement, le blme, linterdiction deffectuer certaines oprations ou toute autre limitation dans lexercice de lactivit bancaire, la suspension ou la rvocation des commissaires aux comptes, la suspension ou la dmission doffice des dirigeants responsables et enfin, le retrait dagrment de ltablissement.

    Source : BEAC

    Ensuite, labsence dun march de titres et lexistence des avances aux trsors nationaux,

    noffrent pas beaucoup de possibilits aux Banques Commerciales de dtenir des actifs

    rmunrateurs, et ainsi elles se contentent daccumuler plutt des liquidits excdentaires.

    Enfin, la dvaluation du franc CFA de 1994, en entrainant lamlioration des recettes

    dexportations (ce qui induit lentre des devises) et le rapatriement des capitaux, a contribu,

    elle aussi, la surliquidit structurelle du systme bancaire de la zone (FMI, 2006). En Outre

    le renchrissement du cours du brut a entrain un afflux important de la liquidit dans les pays

  • 9

    membres de la CEMAC exportateurs du ptrole9. Cette surliquidit a affaiblit davantage la

    situation de la BEAC qui fait malheureusement face une tension inflationniste ces dernires

    annes. Saxegaard (2006) a indiqu que la surliquidit affaiblit les canaux de transmission

    dune Banque Centrale. Pour ponger cette surliquidit, la BEAC a mis en place un

    mcanisme des rserves obligatoires qui prouve nanmoins des difficults tre efficace.

    Dailleurs Nissanke et Aryeetey (1998) ont prcis quen situation de surliquidit le

    mcanisme des rserves obligatoires demeure compltement inefficace. Il faut reconnaitre

    quen passant dun contrle direct un contrle indirect de la liquidit bancaire, avec la

    cration dun march montaire, les effets de la politique montaire peuvent se rvler moins

    prcis en Afrique Centrale.

    La BEAC se retrouve ainsi face un dfi majeur quelle doit relever afin de permettre aux

    Etats membres de respecter le seuil de 3% dinflation inscrit dans les critres de convergence.

    1.2 Les dfis relever par les autorits montaires

    Les diffrents enjeux pralablement exposs et les constats tablis soulvent de nombreuses

    questions qui constituent les principales problmatiques de la thse. En premier lieu, il

    convient de savoir quelles sont les origines du phnomne de la surliquidit qui a survenu

    depuis quelques annes en Afrique Centrale et tend devenir totalement structurel. Il sagit en

    fait didentifier ses dterminants principaux afin de pouvoir lendiguer car elle est souvent

    considre comme un facteur daffaiblissement des canaux de transmission pouvant rendre

    impuissante la Banque Centrale. Dans la littrature conomique, des controverses subsistent

    sur le caractre involontaire ou non de laccumulation de la surliquidit par les Banques

    Commerciales. Les modles de la gestion des risques de liquidit, en rapport avec les

    rserves, ont t largement exposs dans la littrature par Baltensperger (1974), Santomero

    (1984) et Swank (1996). Agnor, Aizenman, et Hoffmaister (2004) en sinspirant du modle

    de Baltensperger (1974) postulent thoriquement quun accroissement du taux de pnalit, ou

    de la volatilit de la production, augmente le niveau de rserves dtenus par les Banques

    Commerciales.

    9ApartlaCentrafrique,touslesautrespaysmembressontexportateursdeptrole.

  • 10

    En Afrique Centrale, laccumulation des recettes ptrolires, ltroitesse du march

    interbancaire, les faibles niveaux de bancarisation et des marchs financiers peuvent

    permettre de postuler que la surliquidit est totalement indpendante de la volont des

    Banques Commerciales. Cependant, ces dernires, comme voqu ci-dessus, ont aussi en

    mmoire la grave crise des annes 1980, et en outre face lincertitude et aux risques

    encourus, elles peuvent dtenir des actifs liquides volontairement pour des motifs de

    prcaution.

    La seconde question centrale concerne les mcanismes de transmission de la politique

    montaire qui poursuit pour but ultime la stabilit montaire malgr les dfis importants

    auxquels elle fait face. Les canaux de transmission de la politique montaire, qui se trouvent

    tre des mcanismes par lesquels une dcision de politique montaire, en affectant le

    comportement des agents conomiques, agit sur la croissance et les prix, constituent des

    processus trs complexes. On distingue le canal du taux dintrt, le canal des prix dautres

    actifs et le canal du crdit. Les canaux du taux dintrt constituent le principal mcanisme

    keynsien de transmission de la politique montaire. Selon Taylor (1995) lexprience a

    montr que les taux dintrt ont une influence considrable sur les dpenses de

    consommation et dinvestissement, ce qui en fait un parfait mcanisme de transmission de la

    politique montaire. Cependant Bernanke et Gertler (1995) affirment quil nest pas du tout

    facile de montrer empiriquement que le taux dintrt a une influence considrable. En outre,

    la principale critique labore, lencontre de lanalyse keynsienne, repose sur le fait,

    quelle ne retient pas le prix des autres actifs financiers (taux de change, cours des actions)

    part le taux dintrt. Ito et Sato (2006) montrent quen Indonsie, la rponse des variables

    de la politique montaire en prsence des chocs de taux de change, tait statistiquement

    significative. Cependant, selon Caballero et Krishnamurthy (2004), en priode de crise

    externe dans les pays en transition, la politique montaire expansionniste exacerbe la

    dprciation du taux de change et a ainsi peu deffet sur lactivit relle. Le dernier canal qui

    concerne celui du crdit bancaire est fond sur lide que les banques jouent un rle

    spcifique au sein du systme financier, car elles sont particulirement bien places pour

    rsoudre les problmes dasymtrie dinformation sur les marchs de crdit (Mishkin, 1996).

    Dans le contexte des pays en dveloppement, les canaux que lon pourrait prendre compte

    concerneraient prcisment le canal du taux dintrt et celui du crdit, car la zone entretient

    un taux de change fixe avec lEuro et son march financier est quasi inexistant. Cependant, en

  • 11

    ce qui concerne le canal du taux dintrt, il existe presquun consensus quil est difficilement

    oprationnel dans un tel contexte. Dabord, la prsence des banques filiales de multinationales

    qui entretiennent des relations verticales avec leur maison mre fausse le jeu de la Banque

    Centrale (Hugon, 2006). En plus, dans le secteur rel, leffet de la politique montaire est

    difficilement apprhendable du fait que la majeure partie de la population se trouve dans le

    secteur agricole et naccde pas ainsi au systme financier traditionnel. Par consquent

    lautoconsommation ainsi que lauto investissement demeurent encore prpondrants dans ces

    conomies.

    Dans le contexte de la BEAC, en intgrant le problme dasymtrie dinformation, qui gnre

    lala moral et la slection adverse, les canaux du crdit ou de la masse montaire10 ne

    peuvent-ils pas sembler les mieux adapts pour rendre efficace la politique montaire ? Etant

    donn que le franc CFA est arrim leuro, le canal du taux de change ne relve pas de la

    politique montaire de la BEAC.

    Enfin, la dernire question et non la moindre concerne la prvision du niveau des prix qui doit

    samliorer afin de rendre les autorits montaires plus proactives, car la pression

    inflationniste constate ces dernires annes loigne de plus en plus la BEAC de son objectif

    principal. Il sagit ici de ne pas seulement sarrter sur loprationnalit des canaux existants,

    mais didentifier dans quelle mesure, dvelopper une certaine capacit rendre plus proactive

    les autorits montaires. La gestion de la politique montaire requiert une trs bonne

    anticipation afin de permettre aux dcideurs de prvoir et de mettre sur pied des mcanismes

    permettant datteindre les objectifs fixs. Cependant, en plus du trs faible niveau financier de

    la zone, la surliquidit en affaiblissant les canaux de transmission de la politique montaire

    vient rduire davantage les marges de manuvre de la BEAC, face un ventuel choc

    inattendu sur le niveau dinflation. Cet vnement, comme dcrit prcdemment, a

    occasionn plusieurs ractions de la BEAC, qui narrivent pas contenir le phnomne. On

    peut citer entre autres, les variations des coefficients de rserves obligatoires dans le temps et

    entre les pays, ainsi que la diminution de leur taux de rmunration. Malgr ces interventions,

    la surliquidit prend toujours de lampleur au fil du temps et ainsi laisse craindre le pire pour

    lavenir de la stabilit montaire dans la zone. En outre, les rcentes crises alimentaire et

    nergtique sont susceptibles de crer des tensions inflationnistes que les autorits montaires

    10M2illustreleschocsdoffreetdedemandedemonnaie,tandisquelecrditintrieurpermetdvaluerlimportanceducanalducrdit.

  • 12

    sont supposes tre capables de maitriser. Comment laborer alors dans ce contexte, des

    modles performants qui permettraient aux autorits de la BEAC de faire preuve dune

    certaine proactivit afin dassurer la stabilit montaire de la zone ?

    1.3 Les Principaux rsultats

    Lobjectif de cette thse est dapporter des lments de rponse aux questions exposes ci-

    dessus et de proposer des solutions envisageables pour lAfrique Centrale. Elle est pour cela

    organise en trois chapitres.

    Le premier chapitre, a pour objet danalyser le phnomne de la surliquidit et didentifier

    surtout ses principaux dterminants dans le contexte de la CEMAC. En affaiblissant les

    canaux de transmission, la surliquidit que connaissent les pays membres de la CEMAC, peut

    contribuer mettre en mal la politique montaire de la BEAC. Cest eu gard ce constat

    quil a t jug important danalyser le phnomne en identifiant surtout ses principaux

    dterminants. Notre modle qui sinspire des travaux raliss par Agnor, Aizenmann et

    Hoffmaister (2004) et Saxegaard (2006) prend en compte deux groupes de variables

    reprsentant les origines volontaires et les causes involontaires de dtention de rserves en

    excs par les banques commerciales. Cependant, la diffrence de Saxegaard, nous

    utiliserons un modle en panel dynamique afin de prendre en compte lhtrognit de

    certains phnomnes dans les diffrents pays membres de la CEMAC. Lutilisation des

    mthodes GMM nous a permis de dceler que la surliquidit dans la CEMAC proviendrait

    la fois de la forte prudence des banques commerciales et des facteurs exognes,

    principalement le cours du ptrole. La grande prudence des banques peut sexpliquer par

    lexprience de la crise financire des annes 1980, la restructuration du systme bancaire,

    linstabilit des dpts et un contexte conomique trs risqu. Lembellie du cours du ptrole

    alimente les rserves excdentaires cause de la faible capacit dabsorption des pays de la

    zone. Les autorits montaires, pour enrayer le problme peuvent acclrer le dveloppement

    des oprations dopen-market par lmission des titres publics, la diminution puis la

    suppression des avances aux trsors nationaux, qui peuvent tre remplaces par lmission des

    bons et des obligations du trsor. Les diffrents Gouvernements peuvent encourager les

    banques octroyer plus de crdits en accordant un bonus fiscal, en crant un fonds de garantie

    ou en procdant une recapitalisation. Il faut aussi remarquer que le dveloppement des

  • 13

    marchs financiers est fondamental pour le financement de la dette publique, et surtout pour

    lefficacit de la politique montaire.

    Dans le deuxime chapitre, il a t question de chercher revisiter les canaux de transmission

    proposs par la BEAC. Etant de plus en plus confronte au problme de la surliquidit, la

    BEAC voit ainsi son pouvoir diminu, travers la baisse du niveau de refinancement. Dans

    ces conditions, il est judicieux de dterminer les canaux de transmission qui marchent le

    mieux, afin doptimiser profondment la politique montaire pour lensemble des pays de la

    zone CEMAC. La modlisation VAR utilise a permis de montrer que le taux dintrt est le

    canal le plus faible. La masse montaire entretient une forte relation avec le niveau de la

    production. Le canal du crdit nest oprationnel quau Cameroun. En plus de la modlisation

    VAR simple, nous avons cherch renforcer nos rsultats en utilisant le modle VAR en

    Panel. Lunicit des objectifs et des critres de convergence peut imposer de prendre en

    compte dans une tude de la zone, les diffrentes caractristiques des pays dans leur ensemble

    car la CEMAC est dirige malgr tout, par une Banque Centrale commune. En outre

    techniquement, lajout de la dimension pays permet daccroitre le nombre de donnes (donc le

    degr de libert), (Hurlin et Mignon, 2007). Ensuite, cela permet de contrler lhtrognit

    individuelle des pays membres de la CEMAC, et didentifier des effets qui ne peuvent pas

    tre dtects par une simple srie de donnes temporelles ou en coupe transversale. Le

    modle VAR en panel utilis vient confirmer les rsultats des estimations antrieures qui

    montrent que le taux dintrt est le canal le moins oprant.

    Au troisime chapitre, un modle de prvision de linflation tenant compte de ces difficults

    est construit. Cest pour cela que notre choix sest port sur le Tchad qui sattendait recevoir

    dnormes entres de devises partir de 2003 suite au dmarrage de la production du ptrole.

    Pour atteindre notre objectif, nous avons utilis plusieurs modles de prvision en allant de

    simples modles autorgressifs (AR, ARIMA, SARIMA) aux modles de prvision

    bayesienne (BVAR) en passant par les diffrents VAR (vecteurs autorgressifs). Lapproche

    bayesienne est gnralement considre comme un outil permettant damliorer sensiblement

    la prcision dans le domaine de la prvision. Elle consiste en une mthode statistique

    combinant les priori du modlisateur, provenant de la thorie conomique, et linformation

    contenue dans les donnes (Lardic et Priso, 1996).

  • 14

    Cet outil, a permis dexplorer un nouveau champ de prvision pour les conomies des pays en

    dveloppement, malgr la problmatique de la qualit et de la fiabilit de leurs donnes

    macroconomiques. Les modles BVAR se sont rvls dans le cas du Tchad tre plus

    efficaces que les outils traditionnels (AR, ARIMA, VAR) dans les prvisions de court terme.

    Lanalyse de sensibilit entreprise par lapproche bayesienne indique que la surliquidit

    exercerait des tensions inflationnistes dans la zone.

    Lapport de la prsente thse se situe plusieurs niveaux. Cette thse a permis pour la

    premire fois didentifier les dterminants de la surliquidit en Afrique Centrale grce des

    donnes de panel, et lestimateur de la Mthode des Moments Gnraliss en panel

    dynamique qui permet de contrler pour les effets spcifiques pays et temporels et de pallier

    aux biais dendognet des variables explicatives (Bond, 2002). Une des innovations dans ce

    chapitre a consist dmontrer empiriquement que les variables reprsentants les motifs

    involontaires de la dtention des rserves agissent sur la surliquidit travers les motifs de

    prcaution Au chapitre II, nous avons innov en utilisant pour la premire fois pour

    lidentification des canaux de transmission un modle combinant la fois les approches VAR

    et panel qui permettent de contrler lhtrognit individuelle des pays membres de la

    CEMAC, et didentifier des effets qui ne peuvent pas tre dtects par une simple srie de

    donnes temporelles ou en coupe transversale. Enfin au dernier chapitre nous sommes passs

    des outils traditionnels de prvision (AR, ARIMA, SARIMA, VAR) vers une approche

    bayesienne. Cette dernire permet aussi dvaluer limpact dune intervention des dcideurs

    ou dun choc affectant lconomie dun pays ou dune zone montaire (Leeper et Zha, 1996 ;

    Sims et Zha, 1998 ; Brandt et Freeman, 2005). Cette approche sest rvle dans le contexte

    de notre tude tre plus efficace que les outils traditionnels.

  • 15

    ANNEXES CHAPITRE I

  • 16

    Figure 1 1: Cartographie des pays de la Zone Franc

    Source : Banque de France

  • 17

    Figure 1. 2: Activit du march interbancaire

    TIMP: Taux Interbancaire Moyen Pondr

    TIAO : Taux dintrt sur les appels doffres positifs

    Source : COBAC

  • 18

    Tableau1. 1 : Rpartition des Banques Commerciales par pays en 2007

    Source : COBAC

  • 19

    Tableau1. 2 : Rsultats des Banques de la CEMAC (en millions de FCFA)

    Source : COBAC

  • 20

    Tableau1. 3: Rpartition des Etablissements Financiers par pays en 2007

    Source: COBAC

  • 21

    Figure 1. 3: Taux dinflation annuelle de la zone CEMAC de 2000 2009

    Source : BEAC

    0.0

    1.0

    2.0

    3.0

    4.0

    5.0

    6.0

    7.0

    2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

  • 22

    La structure organique de linstitut dmission

    Compte tenu du fait que notre tude est circonscrite lAfrique Centrale, nous essayerons de

    ne dcrire que la structure organique de la BEAC, sans oublier de prendre en compte ses

    organes suprieurs qui sont la CEMAC et lUnion Montaire dAfrique Centrale (UMAC).

    La CEMAC

    Cre lors de la Confrence des Chefs dEtat au Tchad en 1999, la CEMAC sest substitue

    ainsi lUnion Douanire des Etats de lAfrique Centrale (UDEAC). Les Etats membres

    entendent ainsi passer dune situation de coopration qui existe dj entre eux une situation

    dunion susceptible de parachever le processus dintgration conomique et montaire11. Elle

    est constitue de quatre institutions savoir:

    LUnion Economique de lAfrique Centrale (UEAC) ; LUnion Montaire dAfrique Centrale (UMAC); Le Parlement Communautaire ; La Cour de Justice Communautaire.

    Chacune de ces institutions fait lobjet dune convention. Il est noter que la BEAC et la

    Commission Bancaire de lAfrique Centrale (COBAC) font partie des principaux organes de

    la Communaut.

    LUMAC

    LUMAC se caractrise par ladoption dune mme unit montaire dont lmission est

    confie un institut dmission commun, la BEAC12. Outre la BEAC, les autres organes de

    lUMAC sont : la Confrence des Chefs dEtat, le Comit Interministriel et la COBAC.

    Cette dernire cre en janvier 1993, en rponse la crise financire des annes 1980, a pour

    rle principal, llaboration de la rglementation prudentielle des banques et les contrles sur 11Article1dutraitinstituantlaCEMAC12Article3duChapitreIdelaconventionrgissantlUMAC.

  • 23

    pices et sur place des tablissements de crdit accompagns des sanctions en cas de

    manquements constats. La Confrence des Chefs dEtat, lautorit suprme au niveau de la

    CEMAC, assure lorientation de laction du Comit Interministriel de lUMAC.

    La BEAC13

    Rgie par la convention de lUMAC et la convention de coopration montaire entre la

    France et les Etats membres, la BEAC a le privilge exclusif dmission de la monnaie dans

    toute la zone CEMAC. En plus de lmission montaire, les autres missions assignes la

    BEAC sont les suivantes :

    Dfinir et conduire la politique montaire de lUMAC ; Conduire la politique de change de lUMAC ; Dtenir et grer les rserves de change des Etats membres ; Promouvoir le bon fonctionnement des systmes de paiements et des rglements.

    Les organes de dcision au niveau de la BEAC sont les suivantes : le Conseil

    dAdministration, le Comit de Politique Montaire, le Gouvernement de la BEAC et dans

    chaque Etat membre, le Comit Montaire et Financier National.

    a) Le Conseil dAdministration

    Constitu de 14 membres raison de 2 administrateurs par Etat membre et 2 administrateurs

    pour la France, le Conseil dAdministration est lorgane suprme de la BEAC. Il administre et

    veille au bon fonctionnement de linstitution.

    13StatutdelaBEACdisponiblesurwww.beac.int

  • 24

    b) Le Comit de Politique Montaire

    Le Comit de Politique Montaire a en charge toutes les dcisions qui concernent les

    politiques montaires et de gestion des rserves de change de la BEAC. Il est constitu de 15

    membres raison de 2 par Etat membre, 2 pour la France et un Prsident qui nest rien dautre

    que le Gouverneur. Le Comit de Politique Montaire se runit au moins 4 fois par an.

    c) le Gouvernement de la BEAC

    Compos de 6 membres savoir le Gouverneur, le Vice-gouverneur, le Secrtaire Gnral et

    3 Directeurs Gnraux, le Gouvernement de la BEAC soccupe de la direction et de la gestion

    courante de linstitut dmission en fonction des diffrents textes le rgissant qui sont en

    vigueur. Chaque Etat membre dispose dans son pays dun Directeur National qui reprsente le

    Gouvernement de la BEAC.

    d) le Comit Montaire et Financier National

    Le Comit Montaire et Financier National tablit un examen des besoins gnraux de

    financement de lconomie de lEtat membre tout en dterminant les moyens propres les

    satisfaire. Il lui est aussi assign de proposer des pistes quant la coordination de la politique

    conomique nationale avec la politique montaire commune. Il est compos des membres du

    comit interministriel, des membres du Conseil dAdministration, dune personnalit

    nomme par le Gouvernement de lEtat membre et du Gouverneur.

  • 25

    Figure 1. 4: Organigramme du cadre institutionnel de la politique montaire dans la CEMAC

    ConfrencedesChefsdEtat(CEMAC)

    ComitInterministriel(UMAC)

    BEAC

    ComitdePolitiqueMontaire

    ConseildAdministration(CEMAC)

    ComitMontaireetFinancierNational

    GouvernementdelaBEAC

  • 26

    La Politique Montaire de la BEAC14

    L'objectif final de la politique montaire est dfini par l'article 21 de la convention rgissant

    l'UMAC : L'objectif de la BEAC est de garantir la stabilit de la monnaie. Sans prjudice de

    cet objectif, la BEAC apporte son soutien aux politiques conomiques gnrales labores

    dans les tats membres de l'Union montaire .

    Les statuts de la BEAC prcisent, par ailleurs, un objectif intermdiaire de la politique

    montaire : l'article 11 indique que le taux de couverture extrieure de la monnaie, dfini par

    le rapport entre lencours moyen des avoirs extrieurs de la BEAC et lencours moyen de ses

    engagements vue, ne peut tre infrieur ou gal 20 % au cours de trois mois conscutifs.

    Dans le cas contraire, ou si le compte doprations est dbiteur pendant plus de trois mois

    conscutifs, les plafonds de refinancement des banques sont rduits :

    de 20 % dans les pays dont la situation fait apparatre une position dbitrice en compte doprations ;

    de 10 % dans les pays dont la situation fait apparatre une position crditrice en compte doprations mais dun montant infrieur 15 % de la circulation fiduciaire rapporte cette

    mme situation.

    La BEAC dispose de trois types d'instruments : le refinancement des banques, les taux

    d'intrt et les rserves obligatoires.

    Le refinancement des banques

    Sappuyant sur un objectif de refinancement fix chaque anne par le CPM pour chaque pays

    membre, le refinancement des banques s'effectue travers deux guichets :

    le guichet A, par appel d'offres l'initiative de la BEAC pour une dure de 7 jours (ce

    mcanisme peut tre utilis pour les retraits de liquidit), et par prises en pension l'initiative

    des banques pour une dure de 2 7 jours ;

    le guichet B, auprs duquel sont refinancs les anciens crdits moyen terme irrvocables et

    les nouveaux crdits d'investissement productifs ayant bnfici d'un accord de classement de

    la BEAC.

    14Source:BanquedeFrance,2007,RapportannueldelaZoneFranc.

  • 27

    Lorsque le taux de couverture extrieure de la monnaie pour l'ensemble de la zone d'mission

    est suprieur au plancher statutaire de 20 %, les objectifs de refinancement peuvent tre

    dpasss, en particulier dans le cadre des interventions ponctuelles directes de la BEAC. En

    revanche, lorsque le taux de couverture extrieure est infrieur 20 % ou si le pays est sous

    programme avec le FMI, les objectifs de refinancement deviennent des plafonds impratifs.

    Les taux d'intrt

    La BEAC utilise quatre taux directeurs, fixs par le CPM, en vertu des nouveaux statuts de la

    Banque centrale :

    le taux d'intrt sur les appels d'offres (TIAO), taux de refinancement des banques qui y soumissionnent ;

    le taux d'intrt sur les placements (TISP) des banques effectus dans le cadre des appels d'offres ngatifs , procdure instaure en janvier 1996 ; ce taux varie selon les chances (

    7, 28 et 84 jours) ;

    le taux d'intrt des prises en pension (TIPP), gal au TIAO major de 150 200 points de base ;

    le taux de pnalit des banques (TPB), taux appliqu au dcouvert des tablissements de crdit sur leur compte auprs de la BEAC.

    La politique et les agrgats montaires dans la CEMAC

    Le CPM fixe aussi, en vertu de l'article 17 des statuts, le taux des avances statutaires aux

    Trsors nationaux, lequel correspond au principal taux de refinancement des tablissements

    de crdit (TIAO).

    Par ailleurs, le taux crditeur minimum (TCM), qui s'applique aux dpts d'pargne ou sur

    livret infrieurs FCFA 5 millions, reste un taux rglement par la BEAC. Le CPM, lors de

    sa runion du 2 juillet 2008, la ramen de 4,25 % 3,25 % et a dcid la suppression du taux

    dbiteur maximum (TDM).

    Enfin, une nouvelle politique de rmunration des dpts publics par la BEAC a t adopte

    en mars 2006 et rvise en juillet 2008 ; elle sest traduite par linstauration de 3 taux

    diffrents pour les placements publics :

  • 28

    le taux dintrt sur placement public au titre des fonds de rserve pour les gnrations futures (TISPP0), fix 3,65 % compter du 10 juillet 2008,

    le taux dintrt sur placement public au titre du mcanisme de stabilisation des recettes budgtaires (TISPP1), fix 3,45 % compter du 10 juillet 2008,

    le taux dintrt sur placement public au titre des dpts spciaux classiques (TISPP2), fix 3,15 % compter du 10 juillet 2008.

    Les rserves obligatoires

    Depuis 2001, sur dcision du Gouverneur de la BEAC agissant par dlgation du Conseil

    dadministration, les banques de la zone dmission sont soumises la constitution de

    rserves obligatoires. Cette dcision a t motive par la ncessit de contribuer rsorber la

    forte liquidit bancaire et renforcer lefficacit de la politique des taux dintrt. Dans le

    cadre de cette mesure, les banques sont contraintes de conserver une partie des dpts

    collects auprs de leur clientle sur des comptes rmunrs tenus par la BEAC. Seules sont

    concernes les banques qui collectent des dpts et disposent dun compte courant auprs de

    la BEAC, les tablissements financiers et les institutions financires publiques en tant

    dispenss.

    Conformment aux nouveaux statuts de la BEAC, les coefficients de rserves obligatoires

    sont fixs et modifis par le CPM, dans les mmes conditions que les taux dintervention de la

    Banque centrale, en fonction de lvolution de la conjoncture conomique interne et externe.

    Depuis 2002, les coefficients de rserves obligatoires sont appliqus de faon diffrencie

    selon les pays, du fait des disparits constates en matire de liquidit bancaire entre les tats

    de la CEMAC.

  • 29

    Encadr 1. 3 : La Programmation montaire de la BEAC

    La Banque Centrale a engag, au cours de la dcennie qui vient de scouler, une srie de rformes en profondeur au nombre desquelles figurent la politique rnove des taux dintrt, la mise en place de la programmation montaire et le lancement du march montaire. Ces rformes importantes ont confr la politique montaire commune davantage de flexibilit et defficacit dans la poursuite de lobjectif primordial de sauvegarde de la stabilit interne et externe de la monnaie. Depuis sa mise en place en septembre 1991 au Cameroun et en janvier 1992 dans les autres pays de la CEMAC, la programmation montaire sest trouve au centre du nouveau dispositif dintervention de la Banque Centrale. Cet exercice a en effet permis lInstitut dEmission de renforcer la cohrence entre la politique montaire et le cadre macroconomique des pays membres et dinstaurer un dialogue permanent entre la Banque Centrale, les administrations publiques et les tablissements de crdit sur la dtermination des objectifs montaires et de crdit.

    1. But de la programmation montaire

    La mise en place de la programmation montaire dans la Zone dEmission constitue la rponse de la BEAC aux critiques formules lencontre de lancien systme, en vigueur jusquau dbut des annes 90, des plafonds globaux de refinancement des banques commerciales. Cette mthode, qui permettait de dterminer le montant maximum dintervention de la Banque Centrale partir des prvisions de dficits des banques aprs confrontation de leurs emplois et ressources sest en effet avre limite et inoprante, particulirement dans le contexte de crise de la fin des annes 80.

    2. Dmarche de la programmation montaire

    La programmation montaire repose sur la mthode dite de projection directe. Celle-ci consiste dterminer par tapes successives les diffrents agrgats des secteurs macroconomiques (secteur rel, finances publiques, secteur extrieur, secteur montaire) avant dassurer la cohrence densemble du cadre macroconomique. Lavantage de cette mthode, par ailleurs utilise dans llaboration et le suivi des programmes dajustement soutenus par le FMI, est de laisser une bonne place au jugement. Elle soppose ainsi la mthode conomtrique qui suppose lutilisation dun modle conomtrique complexe comportant plusieurs quations et ncessitant des donnes trs fiables. Dans les deux cas, le recours linformatique ainsi quaux tests de cohrence et de pertinence des donnes est incontournable. La dmarche de la programmation montaire tant essentiellement macroconomique, lexercice sarticule gnralement en deux temps, savoir tout dabord ltablissement des prvisions des agrgats conomiques et financiers et ensuite la dtermination des objectifs montaires et de crdit. Cependant, il importe de prciser que cette dcomposition apparat purement analytique et didactique car les diffrentes tapes de la programmation se confondent en pratique travers les multiples itrations et tests de cohrence devant conduire ltablissement du cadrage macroconomique dfinitif.

    Source : www.beac.int

  • 30

  • 31

    CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE DANS LES PAYS

    EN DEVELOPPEMENT : CAS DE LA CEMAC

  • 32

  • 33

    INTRODUCTION

    Apres avoir subi une crise sans prcdent dans les annes 1980, le systme bancaire de la

    zone CEMAC a connu des restructurations occasionnes par la Banque des Etats de lAfrique

    Centrale (BEAC) au dbut de la dcennie 1990. Ces rformes qui ont conduit la

    libralisation du secteur, avaient pour but dune part de remdier aux principaux maux qui ont

    min les banques commerciales savoir linsolvabilit et le manque de liquidit et dautre

    part de passer dun contrle direct un contrle indirect de la situation montaire. Le premier

    objectif est atteint, mais le passage au contrle indirect de la situation montaire rend la

    politique montaire moins efficace.

    Depuis la dvaluation du franc CFA, qui a contribu aux rapatriements des capitaux et

    laugmentation des recettes dexportations, le systme bancaire est pass au fil du temps

    dune situation de tensions une situation daisance de trsorerie. Cependant, cet tat de fait

    met mal la politique montaire conduite par la BEAC dans cette zone. Car la surliquidit

    affaiblit les canaux de transmission de la politique montaire (Saxegaard, 2006). Or, la BEAC

    face aux tensions inflationnistes observes ces dernires annes, ne devrait pas demeurer

    impuissante et utiliser ses instruments les plus efficaces afin de freiner la hausse des prix.

    Pour grer ce problme, une des solutions a consist en lintroduction depuis 2001 des

    rserves obligatoires. Cependant Nissanke et Aryeetey (1998) montrent quen situation de

    surliquidit, il devient d'ailleurs difficile de rguler loffre de monnaie par les rserves

    obligatoires. Le cas de la CEMAC corrobore cette thse, car la surliquidit na pas t

    rsorbe par les rserves obligatoires et ne cesse de poser des difficults la BEAC. En dpit

    de cela, lenvole du cours du ptrole risque daggraver la fois cette crise de surliquidit et

    les tensions inflationnistes.

    Compte tenu de tout ce qui prcde, il est particulirement important danalyser le phnomne

    de la surliquidit et didentifier surtout ses principaux dterminants. Ce phnomne

    proviendrait-il de la forte prudence des banques commerciales due un effet de mmoire par

    rapport la crise prcdente o de la faible demande de crdit ?

    En plus des proccupations de la BEAC, cette situation interpelle tout observateur

    conomique de cette sous-rgion, soucieux de faire sortir ces pays de la spirale de la pauvret.

    Car au moment, o les experts jugent que laccs des pauvres au crdit peut contribuer

  • 34

    rduire la pauvret, de manire tout fait paradoxale, les banques commerciales des pays en

    dveloppement sont caractrises par une certaine "thsaurisation". Cest ainsi quune

    meilleure lisibilit des causes de ce phnomne permettrait non seulement de contribuer

    rsoudre le problme de la stabilisation des prix, mais aussi de rendre moins surliquide les

    banques commerciales afin de faciliter laccs au systme financier, dune plus grande partie

    de la population.

    Plusieurs auteurs se sont penchs sur le phnomne de la surliquidit en cherchant

    dterminer les principaux facteurs qui lengendrent. Dollar et Hallward-Driemeier (2000)

    affirment que la surliquidit, en Asie de lEst, rsulte de la baisse de la demande de crdit qui

    est due la contraction de la demande agrge engendre par la crise. Par contre, pour

    Agnor, Aizenman, et Hoffmaister (2004), le phnomne drive plutt de la contraction de

    loffre de crdit par les banques commerciales. Le dbat se situe finalement sur la volont des

    banques commerciales accorder du crdit ou dtenir des rserves peu ou pas rmunrs15.

    En Afrique Centrale, ltroitesse du march interbancaire, les faibles niveaux de bancarisation

    et des marchs financiers peuvent permettre de comprendre que la surliquidit serait

    indpendante de la volont des Banques Commerciales. Cependant, ces dernires ont en

    mmoire la grave crise des annes 1980, et en outre face lincertitude et aux risques

    encourus, elles peuvent dtenir des actifs liquides volontairement pour des motifs de

    prcaution.

    Lapproche mthodologique de notre travail sappuiera sur le modle conomtrique

    dAgnor, modifi par Saxegaard (2006)16, qui a servi dterminer les facteurs engendrant la

    surliquidit dans le systme bancaire. Ce modle prend en compte les variables expliquant la

    surliquidit pour des motifs de prcaution et des variables montrant quelle peut tre

    influence par des facteurs involontaires. A la diffrence de Saxegaard, nous utiliserons un

    modle en panel dynamique afin de prendre en compte lhtrognit de certains

    phnomnes dans les diffrents pays membres de la CEMAC.

    Apres avoir soulign les origines de la surliquidit dcrites dans la littrature (I), nous

    identifierons quelques faits styliss relatifs au phnomne (II), avant de passer lapproche

    15LaBEACnermunrequelesrservesobligatoiresavecuntauxde0,55%.16PendantqueAgnorcaptelasurliquiditinvolontairedanslersidudesonquation,SaxegaardlidentifiepartirdesvariablesintroduitesdanslquationenplusdecellesutilisesparAgnor.

  • 35

    empirique(III) et de proposer finalement quelques recommandations pour la politique

    montaire (IV)

    2.1 La surliquidit dans la zone CEMAC

    2.1.1 Dfinition

    La surliquidit peut tre dfinie comme tant la quantit de rserves dtenues par les Banques

    Commerciales la Banque Centrale en plus du niveau statutaire ou requis de rserves (

    Saxegaard, 2006). Khemraj (2008) aborde le sujet dans le mme sens en dfinissant la

    surliquidit comme tant lensemble des actifs liquides des banques auquel on soustrait les

    rserves obligatoires. Certains auteurs apportent des dfinitions prenant plutt en compte les

    agrgats macroconomiques tels que le ratio de crdit ou de masse montaire sur le PIB. Pour

    Gouteron et Szpiro (2006) lexcs de liquidit est gnralement entendu comme le surplus de

    monnaie - ou de crdit incompatible avec la stabilit des prix long terme et que cette

    dfinition prend gnralement appui sur la thorie quantitative de la monnaie17. Cest aussi la

    dfinition retenue par Wyplosz (2005) qui indique que labondance de liquidit nest pas un

    phnomne propre la zone Euro, mais quil concerne le monde entier. Dans le mme sens

    Bruggeman (2007) identifie la surliquidit soutenue comme tant une dviation vers le haut

    du ratio masse montaire sur PIB, par rapport son niveau cible pendant trois trimestres

    conscutifs.

    Ces dfinitions qui prennent en compte le ratio masse montaire ou crdit sur PIB, identifient

    ainsi les actifs dtenus par les agents conomiques non financiers. Mais tant donn que notre

    souci majeur est de savoir pourquoi les banques dtiennent des rserves en excs non

    rmunres auprs de la Banque Centrale dans des pays pauvres, nous nutiliserons par la

    suite que la dfinition considrant la surliquidit comme le surplus de rserves par rapport au

    niveau statutaire. Le problme est de savoir comment rendre moins surliquide les banques

    commerciales afin quelles puissent financer des investissements productifs pour la zone.

    Fondamentalement, une banque commerciale a pour rle lintermdiation financire qui

    consiste collecter lpargne des agents capacit de financement, pour loctroyer en crdit

    aux agents besoin de financement. Sa rentabilit provient mme de ce mcanisme de

    gestion. Cependant elles sont aussi confrontes au phnomne du risque encouru lors

    17Pourplusdedtail,voirGouteronetSzpiro(2006)

  • 36

    dattribution du crdit aux agents conomiques, ou certains chocs exognes susceptibles de

    fragiliser leur niveau de liquidit.

    2.1.2 Les manifestations de la surliquidit dans la CEMAC 2.1.2.1 Le niveau des rserves libres

    Figure 2. 1: Evolution trimestrielle des ratios rserves obligatoires/dpts et rserves libres/dpts de la zone CEMAC de 1990 2006.

    Source : FMI et estimations de lauteur

    On observe daprs la figure 2.1, que lvolution du niveau du ratio rserves libres/dpts a

    chang de rgime avec lavnement de la dvaluation de 1994 pour se situer dans une

    fourchette de 10 20%, alors quelle oscillait autour de 5% auparavant. Juste aprs la

    rcession de 1999 quont connue les conomies de la zone, le niveau du ratio a pris un autre

    envol, mais a connu toutefois des perturbations importantes avec lintroduction des rserves

    obligatoires ds 2001.Cependant depuis 2005, la tendance est une hausse assez vertigineuse,

    imputable lembellie du cours du ptrole. La figure 2.1 montre ainsi que la mise en place des

    rserves obligatoires reste un mcanisme jusque l inappropri pour la baisse de la surliquidit

    dans la zone. Depuis sa cration, la BEAC a diffrenci (par pays), et augment les

    coefficients des rserves obligatoires mais la surliquidit persiste et prend des proportions

    beaucoup plus inquitantes.

    0

    0.05

    0.1

    0.15

    0.2

    0.25

    0.3

    0.35

    0.4

    Reserveslibres/depots Reservesobligatoires/depots

  • 37

    2.12.2 Le refinancement de la BEAC

    Lvolution du montant de rfinancement des Banques Commerciales par la Banque Centrale

    reflete le niveau de liquidit sur le march interbancaire. En effet, lorsque le sytme bancaire

    est "en banque ", il ny a pas de raison de solliciter le concours de la Banque Centrale.

    Figure 2. 2: Evolution annuelle du montant du rfinancement de la BEAC (en pourcentage du PIB)

    Source : FMI

    Figure 2. 3: Evolution du montant des avances de la BEAC aux Trsors Nationaux (en pourcentage du PIB)

    Source : FMI

    0%

    2%

    4%

    6%

    8%

    10%

    12%

    14%

    Cameroon CentralAfricanRep. Chad Congo,Republicof EquatorialGuinea Gabon

    0

    0.05

    0.1

    0.15

    0.2

    0.25

    0.3

    Cameroun RCA Tchad RepubliqueduCongo GuineEquatoriale Gabon

  • 38

    La Figure 2.2, montre en effet que la tendance de lvolution du refinancement, est

    lannulation complte dans toute la zone dmission de la BEAC. Cependant, on observe

    toutefois, deux phases. Dans la premire phase qui stale de 1985 1993, le refinancement

    existait encore dans la zone. Ces diffrents pays venaient de sortir de la crise du systme

    bancaire des annes 1980, donc les banques commerciales avaient fortement besoin du

    concours de la Banque Centrale en termes de liquidit. Dans la seconde phase, le montant du

    refinancement est presque nul dans la plupart des pays et dans toute la zone sauf en 1998-

    199918. On peut interprter ce fait comme tant un impact de la dvaluation ou de

    lintroduction du march montaire la mme anne en 1994. Soit la dvaluation a acclr le

    rapatriement des capitaux, soit les banques commerciales se procurent en liquidit

    exclusivement sur le march interbancaire. Cette dernire hypothse doit tre carte du fait

    que le march interbancaire a du mal fonctionner. Notons aussi que le systme financier de

    la zone CEMAC est domin par les banques dont les capitaux sont pour la plupart trangers

    (Y. Saab et J. Vacher, 2007), et qui bnficient de nombreux " circuits de financements clos"

    depuis le financement des filiales par leur maison mre jusquaux rseaux chinois dont les

    activits croissantes sont finances hors du systme bancaire (Hugon, 2006). Ces nombreux

    "circuits de financements clos" viennent affaiblir davantage les effets de la politique

    montaire de la BEAC, et rendent cette dernire surtout impuissante face un risque de

    surchauffe de lconomie.

    Contrainte par les banques commerciales qui nont plus besoin de son concours de

    refinancement, la Banque Centrale arrive quand mme injecter de la liquidit par le biais des

    avances aux trsors nationaux, comme latteste la figure 2.3. Cette dernire montre une

    certaine stabilit dans le recours aux avances statutaires pour la plupart des pays sauf la

    Guine Equatoriale sur toute la priode. La Guine Equatoriale faisait fortement recours ces

    avances jusquen 1996, avant de dcliner loffre suite son entre dans le groupe des pays

    exportateurs du ptrole.

    Cette situation est trs favorable linflation, car dune part, la BEAC pratiquerait du

    seigneuriage par le canal des avances aux trsors nationaux, et dautre part elle narriverait

    plus exercer un pouvoir sur le secteur rel, car le refinancement aux banques commerciales

    qui demeure le seul moyen permettant dassurer la stabilit montaire de la zone tend tre

    18Priodequiconcideaveclarcessionquecertainspaysdelazoneontconnu.

  • 39

    non oprationnel. Ainsi, si la surliquidit nest pas fonction de la volont des banques

    commerciales et que ces dernires se trouvent dans des conditions leur permettant doctroyer

    davantage des crdits, le risque inflationniste peut saggraver dans la zone, et la Banque

    Centrale ne pourra quobserver les faits sans pouvoir se mettre dans une position lui

    permettant dagir efficacement. Quen est-il des taux dintrt?

    Les taux d'intrt dbiteurs et crditeurs sont fixs librement par ngociation entre les

    tablissements de crdit et les agents conomiques, mais tout en respectant les bornes

    engendres par le taux crditeur minimum (TCM) et le taux dbiteur maximum (TDM) qui

    relvent de la comptence des autorits montaires. La figure 3 reprsente lvolution

    trimestrielle du taux directeur fix par la BEAC de 1990 2005. Le taux directeur de la

    BEAC, appel Taux d'Intrt des Appels d'Offres (TIAO) est fix par le Gouverneur dans le

    cadre des oprations sur appels d'offres en tenant compte des conjonctures conomiques

    intrieure et internationale. On constate que la BEAC, depuis la libralisation financire,

    pratique une politique montaire qui nest pas trs favorable loctroi des crdits. Alors que

    la libralisation financire se justifie thoriquement par largument de Mac Kinnon (1973) et

    Shaw (1973) selon lequel, la hausse des taux dintrt crditeurs permettra un accroissement

    des fonds disponibles pour linvestissement, le taux dintrt dbiteur plafond pratiqu

    pendant un moment dans la zone tait suffisamment lev pour pouvoir favoriser

    efficacement les investissements. En effet, les agents conomiques pour sassurer de

    bnficier dun financement dune banque commerciale, doivent prsenter un projet ayant une

    rentabilit prvisionnelle dau moins 25%. Cette exigence nest pas aise satisfaire compte

    tenu de lenvironnement difficile des affaires dans la zone (Mougani, 2006). Il serait judicieux

    de baisser davantage le taux dbiteur, car la libralisation financire, sans cela, peut entrainer

    un cout prohibitif du crdit tel que dnoncs par Taylor (1995) et Aryeetey et al. (1997).

    Bien que la BEAC se donne pour objectif principal, la stabilit montaire et ainsi demeure

    trs rigide quant lajustement des taux dintrt, elle se retrouve limite dans son action par

    les "rseaux de financement clos" et la forte liquidit des banques commerciales qui peuvent

    constituer des menaces importantes envers linflation dans les pays membres de la CEMAC.

    Une des rponses a consist en lintroduction des rserves obligatoires19 en 2001. Ces

    dernires, qui ont pour but dexercer une pression sur la liquidit bancaire, sont censes

    19CesrservesobligatoiressontsingulirementrmunresdanslaCemac

  • 40

    augmenter la sensibilit des banques lvolution des taux directeurs. Malheureusement le

    niveau du refinancement, comme tabli ci-dessus, tend au fil du temps vers zro, dmontrant

    ainsi linefficacit du procd dans la zone.

    2.2 Les origines de la surliquidit

    2.2.1 Le comportement de prcaution du systme bancaire

    On voque le caractre volontaire de la surliquidit des banques, le plus souvent, pour

    expliquer un mcanisme de protection contre le risque de liquidit. Il sagit donc dune

    rponse planifie des Banques Commerciales pour faire face un risque potentiel. Pour grer

    ce type de risque, et prendre une dcision concernant la quantit dactifs liquides quelles

    doivent dtenir, les Banques Commerciales internalisent le fait quelles peuvent emprunter

    des fonds sur le march interbancaire ou la Banque Centrale en cas dventualits non

    anticipes (Agnor, Aizenman, et Hoffmaister, 2004). Les modles de la gestion des risques

    de liquidit, en rapport avec les rserves, ont t largement exposs dans la littrature par

    Baltensperger (1974), Santomero (1984) et Swank (1996).

    Agnor, Aizenman, et Hoffmaister (2004) en sinspirant du modle de Baltensperger (1974)

    postulent thoriquement quun accroissement du taux de pnalit, ou de la volatilit de la

    production (si le niveau initial du taux de pnalit est suffisamment lev), augmente le

    niveau de rserves dtenus par les Banques Commerciales ; tandis quun accroissement des

    rserves obligatoires produit un effet inverse. Les facteurs institutionnels peuvent aussi tre

    lorigine de la dtention volontaire des rserves en excs. Ltroitesse du march

    interbancaire, ainsi que le contrle des Banques Commerciales par la Banque Centrale, pour

    le respect des normes prudentielles, encourageraient les banques dtenir des rserves afin de

    pallier dventuels chocs.

    Les rsultats des tests empiriques, cependant, nattestent pas tous que cest le motif de

    prcaution qui explique le niveau de la surliquidit. Pendant que Agnor, Aizenman, et

    Hoffmaister (2004) attestent que le phnomne de la surliquidit est fonction de la volont des

    banques en Thalande, Saxegaard, (2006) reste un peu sceptique dans le cas des pays de la

    CEMAC. Pour Khemraj (2008), dans les pays en dveloppement et en situation doligopole,

    les banques dtiennent volontairement de la liquidit et ont besoin dun taux dintrt

  • 41

    minimum avant daccorder un crdit un emprunteur marginal. Lauteur dfinit ce taux

    minimum, comme tant une majoration sur le taux dintrt extrieur, le cot marginal de

    transaction et la prime de risque. Certains auteurs pensent que la surliquidit ne proviendrait

    pas seulement de la volont des banques, donc il va falloir chercher encore dautres facteurs

    exognes pour mieux cerner le phnomne.

    2.2.2 Des opportunits dexploitation limites

    Les pays en dveloppement sont caractriss par un faible niveau dinfrastructure financire

    (Hugon, 2006) pouvant occasionner des goulots dtranglement rendant impossible le

    dsengorgement des Banques, ayant accumul une forte liquidit. Labsence dun march de

    titres et lexistence des avances20 aux trsors nationaux, noffrent pas beaucoup de possibilits

    aux Banques Commerciales de dtenir des actifs rmunrateurs, et ainsi elles se contentent

    daccumuler plutt des liquidits excdentaires.

    En plus, du faible niveau dinfrastructure financire, il faut noter aussi lenvironnement

    difficile des affaires (Mougani, 2006), un risque de dfaillance lev et le faible niveau

    dducation de la population.

    2.2.3 Les facteurs exognes

    La dvaluation du franc CFA de 1994, en entrainant un accroissement des recettes

    dexportations (ce qui induit lentre des devises) et le rapatriement des capitaux, a contribu,

    la surliquidit structurelle du systme bancaire de la zone (FMI, 2006). La dvaluation mne

    ainsi directement sur la piste du systme de change pratiqu dans la zone. En effet lancrage et

    la convertibilit illimite avec lEuro, sont de nature favoriser une dtention de la liquidit

    en franc CFA par les agents au dtriment de linvestissement.

    Lenvole du cours du ptrole est aussi retenue par la BEAC, comme facteur prpondrant

    dans lexplication de la surliquidit de la zone. Autant leffondrement du cours des matires

    premires a engendr une crise dans le systme bancaire dans les annes 1980, autant son

    envole serait lorigine de cette aisance de trsorerie qui inquite toujours les autorits

    montaires. Dollar et Hallward-Driemeir (2000) montrent que la surliquidit dans les pays de

    20Lesavancesauxtrsorspeuventtreremplacesparunemissiondesbonsetdesobligationsdutrsorpublic

  • 42

    lAsie de lEst pendant la crise rsulte dune baisse de la demande de crdit, engendre par la

    contraction de la demande agrge qui a accompagne la crise. En dfinitive, on peut affirmer

    que les banques dans leur mcanisme de gestion des risques, doivent dtenir de la liquidit,

    mais quau-del de cette contrainte dautres facteurs contribuent la surliquidit structurelle.

    En Afrique Centrale, en plus des facteurs prcits, nous mettons lhypothse dun

    phnomne inverse au phnomne de la "panique bancaire". Les mesures de protection contre

    le risque de liquidit, pour viter la crise prcdente, a entrain une aisance de trsorerie qui a

    redonn confiance aux dposants. A la place dune rue pour le retrait de la liquidit en cas de

    panique bancaire, on assisterait plutt une affluence pour le dpt de la liquidit. Et tant

    donn le caractre volatil de ces dpts, les Banques prennent leur prcaution en les

    conservant sous forme de rserves libres.

    2.3 Identification du modle, rsultats et estimations

    Notre travail consiste saisir prcisment les dterminants de la surliquidit dans les pays

    membres de la CEMAC. Notre modle va sappuyer sur celui de Saxegaard (2006) qui, lui-

    mme sest inspir de la mthodologie propose par Agnor, Aizenmann et Hoffmaister

    (2004). Notre approche se distingue par le fait que nous utilisons les donnes en panel. Notre

    choix se justifie dabord par le fait que la politique montaire dans la zone nest conduite que

    par une seule Banque Centrale dans plusieurs pays ayant des caractristiques

    macroconomiques non homognes21. Etant donn que lobjectif de stabilit montaire est le

    mme et que les critres de convergence sont aussi les mmes, il serait judicieux de permettre

    la BEAC davoir une meilleure lisibilit de sa politique en fonction des caractristiques

    idiosyncratiques, de diffrentes conomies des pays membres de la zone qui forment, malgr

    tout un march montaire commun.

    21MmelaBEACfractionnelespaysmembresenfonctiondelaliquidit

  • 43

    2.3.1 Le modle Notre modle scrit sous la forme suivante :

    1(L)ELit = 2(L)X1it + 3(L)X2 it + i + t +it (2.1)

    o i reprsente la dimension individuelle et t la dimension temporelle, ELit est le ratio dexcs

    de rserves sur le total des dpts, X1it et X2 it sont les vecteurs de variables qui expliquent

    respectivement, les causes volontaires et involontaires de dtention de rserves en excs par

    les banques commerciales, i reprsente leffet individuel pays, it est le terme derreur et les coefficients j(L) sont dfinis de la manire suivante :

    1(L) = 1- 11L, j(L) = j0 + j1L, j2 (2.2)

    O (L)22 est loprateur retard, par consquent le modle scrit finalement sous la forme :

    ELit = 11(L)ELit + 20X1it + 21(L)X1it + 30X2 it + 31(L)X2 it + i + t +it (2.3)

    o X1 et X2 se dcomposent comme suit:

    X1 = {RR VOLY VOLPS VOLGOV VOLCD Y rD}

    X2 = {DEPPS DEPG CREDPS CREDG OIL rL}

    RR reprsente les rserves obligatoires, VOLY, VOLPS, VOLGOV et VOLCD correspondent

    respectivement la volatilit de lcart tendanciel de la production, des dpts du secteur

    priv, des dpts du gouvernement, et du ratio de lensemble des actifs liquides sur

    lensemble des dpts. Y23 est lcart tendanciel de la production rD reprsente le taux

    directeur appliqu dans la zone. La volatilit des diffrentes variables est saisie par le

    coefficient de variation qui est gal lcart-type de la variable spcifie divise par sa

    moyenne pour deux priodes retardes et deux priodes avances, centres sur la priode

    22Seulelavariableretardedunepriodeserautilisecomptetenudelafaibletailledelchantillon23Yestcalculcommeladiffrenceenpourcentageentrelaproductionobserveetlaproductiontendancielle.

  • 44

    contemporaine. Deux techniques ont t utilises pour calculer la production tendancielle : les

    valeurs prdites de la rgression de Y sur le temps, et le filtre de Hodrick-Prescott.

    DEPPS et DEPG sont respectivement les dpts du secteur priv et les dpts du

    gouvernement. CREDPS et CREDG indiquent respectivement les crances accordes par les

    Banques Commerciales au secteur priv et au Gouvernement, OIL est le cours du ptrole et

    rL le taux dbiteur.

    La liste des variables du vecteur X1 est construite grce au modle thorique dvelopp par

    Agnor, Aizenmann et Hoffmaister (2004). Ainsi, un accroissement des rserves obligatoires

    saccompagnerait dune diminution du niveau de surliquidit. VOLY et VOLCD identifies

    comme tant des variables lies directement au motif de prcaution volueraient, de ce fait,

    dans le mme sens que la surliquidit. Il en va de mme pour la volatilit des dpts du

    secteur priv et du gouvernement (VOLPS et VOLGOV). Car les banques auront tendance

    dtenir plus de liquidit, si la base des dpts demeure trs volatile. Lcart tendanciel de la

    production Y est introduit pour saisir la demande de la liquidit. En cas de rcession par

    exemple, la baisse de la production va entrainer une chute dans la demande de liquidit, par

    consquent, les banques nauront pas intrt constituer beaucoup de rserves. rD tant le taux

    directeur, donc le cot du refinancement, son augmentation va conduire les banques prfrer

    dtenir des rserves excdentaires non rmunres.

    Pour le vecteur X2 des variables, Saxegaard (2006) reconnat dans ses travaux quil nexiste

    pas vraiment un corpus thorique permettant de les justifier. Par consquent nous nous

    appuierons sur les travaux empiriques prcdents. Gilmour (2005)24 trouve quen Ethiopie, la

    constitution de la surliquidit est associe avec un accroissement des dpts (DEPPS et DEPG)

    du secteur priv et du gouvernement. Toute chose tant gale par ailleurs, laugmentation des

    crdits du gouvernement et des entreprises publiques (CREDG), et des crdits du secteur

    priv (CREDPS) contribueraient diminuer le niveau de liquidit. Par contre on sattendra

    avoir une augmentation de la surliquidit, suite une hausse du taux dintrt dbiteur rL. Les

    pays de notre chantillon sont exportateurs du ptrole brut, cest ainsi que nous jugeons utile

    dintgrer son cours (Oil), qui pourrait alimenter la surliquidit du fait de la faible capacit

    dabsorption de ces conomies.

    24InSaxegaard,2006.

  • 45

    2.3.2 Source des donnes

    Les donnes proviennent pour la plupart du FMI travers sa base de donnes IFS

    (International Financial Statistics).

    La priode dtude retenue pour notre chantillon va de 1985 2002. Plusieurs raisons

    militent pour ce choix. Dabord la disponibilit des donnes ne nous permet pas de faire

    davantage surtout que nous avons besoin de cylindrer notre panel25. Ensuite cette priode

    permet denglober lavnement de la crise du systme bancaire, la dvaluation du franc CFA

    et la libralisation financire qui la suivie, et qui a occasionn certains faits (introduction du

    march montaire, libralisation des taux dintrt, etc.) susceptibles de marquer la liquidit

    bancaire de la zone.

    2.3.3 Estimations et interprtation des rsultats

    Nous nous retrouvons donc ainsi, daprs la forme de lquation (2.3), en prsence dun panel

    dynamique, avec la variable dpendante retarde comme variable explicative. Mme si les

    coefficients de la variable dpendante retarde nont pas un effet direct, la forme dynamique

    de lquation peut tre cruciale pour lobtention des estimateurs efficaces des autres

    paramtres (Bond, 2002). Ce qui suppose lutilisation de la Mthode des Moments

    Gnraliss en panel dynamique26 qui permettra de contrler pour les effets spcifiques pays

    et temporels et de rduire le biais dendognet des variables explicatives (Bond, 2002).

    Cette mthode permet aussi dapporter des solutions aux problmes de biais de simultanit,

    de causalit inverse et de variables omises (Araujo, Brun et Combes, 2008). Les deux

    variantes de lestimateur GMM en panel dynamique seront utilises savoir lestimateur

    GMM en premire diffrence (Arellano et Bond, 1991) et lestimateur GMM en systme

    (Blundell et Bond, 1998). Cela nous permettra de tester aussi la robustesse de nos rsultats

    empiriques.

    Etant donn que notre quation est en panel, contrairement aux travaux prcdents, nous

    estimerons dabord le modle initial, avec les variables dAgnor, Aizenmann et Hoffmaister

    (2004) c'est--dire X1, avant dintgrer les variables du vecteur X2 . Compte tenu du fait que, 25LaGuineEquatorialeestentredanslazonepartirde1985.26Plusieursauteursontmontrquelestechniquesconomtriquesstandardsengendrerontdesrsultatsnonefficientspouruntelmodle

  • 46

    nous formulons aussi lhypothse dun phnomne inverse la "panique bancaire", nous

    testerons si certaines variables de X2 , surtout les dpts (DEPPS et DEPG) peuvent expliquer

    la surliquidit, mais ne seraient pas significatives en prsence des variables qui reprsentent

    essentiellement les motifs de prcaution. Par la suite, nous considrons les variables suivantes

    comme tant endognes : rD, CREDPS, et CREDG. Leurs valeurs