Theories Et Symboles Des Alchimistes Albert Poisson

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COLLECTION D'OUVRAGES RELATIFS AUX SCIENCES HERMETIQUES ALBERT POISSON THEORIES ET SYMBOLES DES ALCHIMISTES LE GRAND ŒUVRE Suivi d'un essai sur la bibliographie des Alchimistes du XIX° siècle Ouvrage orné de 15 planches représentant 42 figures BIBLIOTHEQUE CHACORNAC 11 Quai Saint-Michel Paris 1891

Transcript of Theories Et Symboles Des Alchimistes Albert Poisson

  • COLLECTION D'OUVRAGES RELATIFS AUX SCIENCES HERMETIQUES

    ALBERT POISSON

    THEORIES ET SYMBOLES DES ALCHIMISTES

    LE GRAND UVRE

    Suivi d'un essai sur la bibliographie des Alchimistes du XIX sicle

    Ouvrage orn de 15 planches reprsentant 42 figures

    BIBLIOTHEQUE CHACORNAC 11 Quai Saint-Michel Paris

    1891

  • INTRODUCTION

    I L'Alchimie est la science la plus nbuleuse que nous ait lgu le Moyen Age. La Scolastique avec son argumentation, la Thologie avec sa phrasologie ambigu, l'Astrologie si vaste et si complique, ne sont que jeux d'enfants, compares l'Alchimie. Ouvrez un de ces vnrables traits hermtiques du quinzime ou seizime sicle et lisez ! Si vous n'avez pas fait des tudes spciales sur le sujet, si vous n'tes dj initi la terminologie alchimique, si enfin vous n'avez une certaine connaissance de la chimie inorganique, vous fermerez bientt le volume du et dcourag. Quelques uns diront que ces allgories sont vides de sens, que ces symboles mystrieux sont des figures faites plaisir. Il est facile de ddaigner une chose que l'on entend pas, mais ils sont peux nombreux ceux que la rsistance irritent et qui aiment la lutte. Ceux-l sont les lus de la science, ils ont la persvrance qui est la premire vertu du savant. Qu'un problme se prsente eux, ils travailleront sans relche en trouver la solution:l'illustre chimiste Dumas partant d'un fait, mit dix ans pour dcouvrir la loi des substitutions ! Les traits hermtiques sont obscurs, il est vrai, mais, sous cette obscurit se cache la lumire. Une fois la thorie alchimique connue, possdant la clef des principaux symboles, vous pouvez hardiment entreprendre la lecture de Raymond Lulle, Paracelse, Bernard le Trvisan, Flamel, Roger Bacon, Philalthe. Ce qui vous paraissait vide de sens, vous le trouverez logique, vous lirez comme Marielle lisait les hiroglyphes, vous prouverez dchiffrer vous-mme, peler pour ainsi dire cette langue inconnue, marcher pas pas, mais srement vers la lumire.

    II Comme bien. D'autre science, l'alchimie est ne dans l'antique Egypte. A l'origine la connaissance en tait rserve aux prtres et aux initis qui n'opraient qu'avec le plus grand mystre dans le silence des sanctuaires. Vint l conqute romaine, les secrets isiatiques passrent aux no-platonicien et aux gnostiques. C'est de cette poque que (II et III sicle de l're chrtienne) que date vritablement l'alchimie. C'est alors que furent crit les premiers traits alchimiques. Quelques uns nous sont parvenus, nous les nommons Ostans, Plage, le pseudo-Dmocrite, Synsius, Zosime, Herms, l'anonyme chrtien, Cloptre. Ces traits o art de faire de l'or se trouvent cot de recettes mtallurgiques et conomiques ont t tudis et mis jour par Monsieur Berthelot dans son "Introduction l'tude de la Chimie " et surtout dans sa "Collection des alchimistes grecs". L'on peut constater que ds lors l'alchimie est constitue de toutes pices, ses thories traverseront les ges sans changer, jusqu' notre grand Lavoisier. Puis les barbares envahissent l'Europe, les sciences, les arts, les lettres sont morts en occident. C'est en orient que nous les retrouvons entre les mains des Arabes. Leurs chimistes observateurs patients et oprateurs habiles, accrurent le domaine de la science et le dbarrassrent de ses lments trangers, magie, cabale et mysticisme. Le plus clbre d'entre eux est Geber qui parle le premier de l'acide azotique et de l'eau rgale. Qu'il nous suffise de citer cot de lui quelques noms : Avicenne, Rhass, Alphidius, Calid, Morien, Avenzoar. Avec les arabes finissent les dbuts de l'alchimie, elle va dsormais marcher vers son apoge. Dans l'Europe dbarrasse des terreurs de l'An Mil, il y eut comme une sorte de Renaissante (Que l'on nous pardonne cet anachronisme qui rend bien la chose). Les Croisades avaient permis l'Occident d'acqurir gloire et science. Ce que les Croiss rapportrent de plus prcieux, ce furent les uvres d'Aristote et les traits des alchimistes Arabes. La Philosophie prit un nouvel essor et l'alchimie compta en Europe ses premiers grands matres: Alain de Lille, Albert-le-Grand, Roger Bacon, Saint-Thomas d'Aquin, Raymond

  • Lulle! La voie tait dsormais largement ouverte, non seulement l'Alchimie mais toutes les sciences de l'observation : Roger Bacon et Albert-le-Grand n'avaient-il pas substitu l'exprience l'autorit des anciens ? Les Alchimistes se multiplient surtout la fin du XIV et du XV sicle, en Angleterre, Georges Riple, Norton, Bartholome, en France, Bernard le Trvisan, le clbre Nicolas Flamel, en Allemagne Eck de Sultz Bach, Ulsted, Trithme, Basile Valentin, Isaac le Hollandais,

    III Avec Basile Valentin nous entrons dans une re nouvelle, l'Alchimie tend au mysticisme, elle s'allie de nouveau, comme dans son enfance avec la cabale et la magie, en mme temps la chimie proprement dite apparat et peu peu se spara de sa mre. Le reprsentant le plus illustre de l'alchimie du XVI sicle est Paracelse. Jamais rformateur ne fut plus violent, jamais homme n'eut d'amis aussi enthousiastes et d'ennemis aussi acharns. Un volume entier ne suffirait pas numrer les uvres de ses disciples et les pamphlets de ses dtracteurs. Les plus connus des paracelsistes furent Thurmeysser, Croll, Dorn, Roche-le Baillis, Bernard Penot, Quercetanus et surtout Libavius. Les autres alchimistes de cette poque n'appartenant aucune cole sont le fameux Denys Zachaire, Blaise de Vigenre, Barnauld, Grosparmy, Vicot, Gaston Claves ou Dalco, Kelley, Sendivogius ou le Cosmopolite. On peut mettre cot d'eux Jean-Baptiste Porta., l'auteur bien connu de la Magie naturelle et de la Physionomie humaine . Aux XVII sicle l'Alchimie est dans tout: son clat, des adeptes sillonnent l'Europe, dmontrant la vrit de la science d'Herms par des transmutations rellement tonnantes. Vritables aptres, vivant pauvrement, se cachant sous une misrable apparence, ils vont par les grandes villes, ne s'adressent qu'aux savants; leur unique dsir est de dmontrer la vrit de l'Alchimie par des faits. C'est ainsi que Van Helmont, Brigard de Pise, Crosset de la Haumerie, Helvetius furent convertis l'Alchimie. Le rsultat fut atteint, la soif de l'or s'empara du monde entier, tous les couvents ont un laboratoire, les princes et les rois en compagnie d'alchimistes gage travaillent au Grand uvre, les mdecins surtout et les pharmaciens s'adonnent l'hermtisme. En mme temps parait la fameuse socit des Rose Croix sur laquelle on ne sait encore aujourd'hui rien de bien certain. Les traits d'alchimie qui ont vu le jour au XVII sicle sont innombrables, mais il n'y a pas de grand nom citer sauf Philalthe, le Prsident d'Espagnet et Michel Mayer. Au second rang nous trouvons : Chartier, Nuysement, Clleson, d'Atremont, Salmon, Helias, Barchusen, Planiscampi, Saint Romain, etc.

    IV Au XVIII sicle l'Alchimie est en pleine dcadence, la chimie a progress au contraire, elle s'est constitue en science, les dcouvertes se succdent, les faits s'entassent. L'Alchimie a bien encore des partisans, mais ils se cachent dj pour travailler, on les regarde comme des insenss. Il n'y a plus d'adeptes, on se contente de rimprimer des traits anciens, ou de produire au jour des compilations sans valeur aucune. Peu de noms citer: Pernety, Respour, Lengtet Dufresnoy, auteur de l'histoire de la philosophie hermtique, Libois, Saint-Germain. L'histoire de l'Alchimie au XVIII sicle finit avec deux charlatans, Cagliostro et Elleila. Dans notre sicle l'Alchimie semble morte, ce n.'est plus qu'une science curieuse, intressante connatre pour l'histoire de la chimie. D'alchimistes attachs l'antique doctrine, nous n'en trouvons que deux Cyliani et Cambriel. Quant Tiffereau et Louis Lucas c'est sur la chimie moderne qu'ils s'appuient pour arriver aux mmes conclusions que les alchimistes proprement dits, car chose curieuse, les dernires dcouvertes de la science tendent dmontrer l'unit de la matire et par consquent la possibilit de la transmutation. Il est.

  • vrai que Pythagore avait dj dit positivement que la terre tourne autour du soleil, et aprs deux mille ans d'erreur Copernic rtabli cette vieille vrit !

    V Quelques mots maintenant sur ce livre. On s'est efforc de le rendre aussi clair que possible, mais toutes choses s'y enchanant rigoureusement comme en une dmonstration, il est ncessaire de le lire avec attention et mthode. Les gravures ont t reproduites par des procds phototypiques, elles ne laissent donc rien dsirer pour l'exactitude. Les nombreuses citations qui taient indispensables pour appuyer ce que nous avanons ont t traduites fidlement ou si elles taient en vieux franais reproduite avec leur orthographe. On trouvera la fin du volume un dictionnaire rsumant la signification des symboles hermtiques les plus communs, une liste des auteurs cits dans ce volume et un essai sur la bibliographie alchimique de notre sicle, enfin une table analytique trs dtaille. Cet ouvrage continue une srie d'tudes sur l'Alchimie, srie que nous avions commence par la publication des Cinq traits d'Alchimie. Nous nous proposons de livrer successivement, l'Alchimie depuis l'antiquit jusqu' nos jours, puis une tude sur les laboratoires alchimiques, les instruments et les oprations chimiques des philosophes hermtiques.

    A. Poisson.

  • THORIES & SYMBOLES

    DES ALCHIMISTES LE GRAND-UVRE

    PREMIRE PARTIE

    LES THORIES

    CHAPITRE I

    DEFINITION DE L'ALCHIMIE. L'ALCHIMIE VULGAIRE ET LA PHILOSOPHIE HERMTIQUE. SOUFFLEURS ET ADEPTES. LES BUTS DE L'ALCHIMIE : LE GRAND-UVRE, L'HOMUNGULUS,

    L'ALKAEST, LA PALINCNSIE, LE SPIRITUS MUNDI, LA QUINTESSENCE, L'OR POTABLE.

    Qu'est-ce que l'Alchimie ? Pour nous ce n'est gure qu'une science naturelle, mre de la Chimie. Mais les Alchimistes eux-mmes, comment dfinissaient-ils leur science. L'Alchimie, dit Paracelse, est une science qui apprend changer les mtaux d'une espce en une autre espce. (Le ciel des philosophes). C'est la dfinition qu'en donnent la plupart des alchimistes, ainsi Denys Zachaire, dans son Opuscule de la philosophie naturelle des mtaux, dit : .C'est une partie de philosophie naturelle, laquelle dmontre la Faon de parfaire les mtaux sur terre, imitant la Nature en ses oprations, au plus prs que lui est possible, Roger Bacon, esprit exact, donne une dfinition plus prcise : L'Alchimie est la science qui enseigne , prparer une certaine mdecine ou lixir, lequel tant projet sur les mtaux imparfaits leur communique la perfection, dans le moment mme de la projection). (Miroir d'Alchimie.) De mme l'Argyrope et la Chrysope est l'art qui enseigne donner la matire prochaine de l'or et de l'argent, la forme de ces mtaux (G. Claves : Apologia Chrysopai et Argyropti). Au XVIII sicle o la chimie brillait dans tout son clat, il fallut diffrencier les deux sciences, et voici comment en parle dom Pernety : La chymie vulgaire est l'art de dtruire les composs que la nature a forms, et la chymie hermtique est l'art de travailler avec la nature pour les perfectionner ". (Fables grecques et gyptiennes).

    Mais tous ces alchimistes n'ont envisag que la haute Alchimie ; il y avait en effet deux espces d'alchimistes : les souffleurs, gens dpourvus de thorie, travaillant l'aventure, ils cherchaient il est vrai la pierre philosophale, mais empiriquement, entre temps, ils faisaient de la chimie industrielle, fabriquant des savons, de fausses pierres prcieuses, des acides, des alliages, des couleurs; ce sont eux qui donnrent naissance aux chimistes ; ce sont eux qui vendaient pour de l'argent le secret de faire de l'or, charlatans et filous, ils faisaient de la fausse monnaie, plus d'un souffleur fut pendu au gibet dor, supplice rserve cette sorte d'imposteurs; les philosophes hermtiques; au contraire, ddaignant ces travaux qu'ils flagellaient du nom de sophistications, s'adonnaient la recherche de la pierre philosophale non par avarice mais pour l'amour de la science. Ils avaient des thories spciales qui ne leur permettaient pas de s'carter de certaines limites dans leurs recherches. Ainsi, dans la prparation de la pierre philosophale, ils ne travaillaient que sur les mtaux et gnralement sur les mtaux prcieux, tandis que les souffleurs faisaient dfiler dans leurs cornues les produits htroclites du rgne vgtal, animal et minral. Aussi les Philosophes persvrent-ils dans la voie qu'ils se sont trace, leurs doctrines traversent intactes des sicles, tandis que les souffleurs abandonnent peu peu des recherches coteuses et trs longues pour s'occuper de choses prosaques mais d'un bon rapport, peu peu la Chimie se constitue en

  • science et se spare de l'Alchimie. On ne peut mieux rsumer la question qu'en citant un passage de la Physica Subterranea de Beccher. Les faux alchimistes ne cherchent qu' faire de l'or, les vrais philosophes ne dsirent que la science, les premiers ne font que teintures, sophistications, inepties, les autres s'enquirent des principes des choses. Nous allons maintenant examiner les problmes que les alchimistes se proposaient de rsoudre. Le premier et le principal consistait dans la prparation d'un compos, nomm lixir, magistre, mdecine, pierre philosophique ou philosophale, dou de la proprit de transmuer les mtaux ordinaires en or ou en argent. On reconnaissait deux lixirs, un blanc transmuant les mtaux en argent et un rouge les transmuant en or. Les alchimistes grecs connaissaient cette distinction en deux lixirs, le premier blanchissait les mtaux, , le second les jaunissant, ; (voir Berthelot : Origines de l'alchimie). La pierre philosophale n'eut d'abord qu'un simple pouvoir transmutatoire sur les mtaux, mais plus tard les philosophes hermtiques lui reconnurent une foule d'autres proprits : produire des pierres prcieuses, du diamant, gurir toutes les maladies, prolonger la vie humaine au-del des limites ordinaires, donner celui qui la possde la science infuse et le pouvoir de commander aux puissances clestes, etc. On trouvera ce point, plus dvelopp dans la seconde partie de cet ouvrage. Les premiers alchimistes n'avaient pour but que la transmutation des mtaux, mais plus tard ils se proposrent plusieurs autres problmes. Dans leur orgueil, ils crurent, pouvoir s'galer Dieu et crer de toutes pices des tres anims. Dj suivant la Lgende Albert le Grand avait construit un automate en bois, un androde auquel il avait donn la vie par des conjurations puissantes. Paracelse alla plus loin et prtendit crer un tre vivant en chair et en os, l'homunculus. On trouve dans son trait : De natura rerum (Paracelsi opera omnia medico chimico chirurgica, tome II) la manire de procder. Dans un rcipient on place diffrents produits animaux que nous ne nommerons pas et pour cause ; les influences favorables des plantes et une douce chaleur sont ncessaires pour la russite de l'opration. Bientt une lgre vapeur s'lve dans le rcipient, elle prend peu peu la forme humaine, la petite crature s'agite, elle parle, l'homunculus est n Paracelse indique trs srieusement le parti que l'on en peut tirer et la faon de le nourrir. Les alchimistes cherchaient encore l'alkaest ou dissolvant universel. Ce liquide devait dissoudre tous les corps qu'on y plongerait. Les uns crurent le voir dans la potasse caustique, d'autres dans l'eau rgale, Glauber dans son sel admirable (sulfate de soude). Ils n'avaient oubli qu'un point, c'est que l'alkaest dissolvant tout, aurait attaqu le vase qui le contenait. Mais comme il n'y a d'hypothse si fausse qui ne fasse dcouvrir quelque vrit, en cherchant l'alkaest les alchimistes trouvrent plusieurs corps nouveaux. La Palingnsie, peut comme conception, tre rapproche de l'homunculus. Ce mot signifie rsurrection, c'tait en effet une opration par laquelle on reconstituait un arbuste, une fleur, avec ses seules cendres. Kircher dans son Mundus subterraneus a indiqu la faon de faire renatre une fleur de ses cendres. Les alchimistes essayrent aussi de recueillir le Spiritus mundi l'esprit du monde. Cette substance rpandue dans l'air, sature des influences plantaires possdait une foule de proprits merveilleuses, notamment de dissoudre l'or. Ils la cherchaient dans la rose, dans flos clis ou nostoc, sorte de cryptogame, qui apparat aprs les grandes pluies : La pluye de l'quinoxe me sert d'instrument pour faire sortir de la terre le flos clis ou la manne universelle que je vais cueillir pour la faire corrompre, afin d'en sparer miraculeusement une eau qui est la vraie fontaine de Jouvence qui dissout l'or radicalement (de Respour, Rares

  • expriences sur l'esprit minral). Le problme de la Quintessence tait plus rationnel, il s'agissait d'extraire de chaque corps les parties les plus actives: le rsultat immdiat fut le perfectionnement des procds distillatoires. Enfin les alchimistes cherchaient l'or potable. Suivant eux, l'or tant un corps parfait, devait tre un remde nergique et communiquant l'organisme une rsistance considrable toute espce de maladies. Les uns se servaient d'une solution de chlorure d'or ainsi qu'on peut le voir par le passage suivant : Si on verse abondamment de l'eau dans cette solution et qu'on y mette de l'tain, du plomb, du fer ou du bismuth, l'or tant prcipit, a accoutum de s'attacher au mtal. Et aussitt que vous remuerez l'eau, l'or prcipit qui ressemble un limon trouble se rassemble dans l'eau (Glauber : La mdecine universelle). Mas gnralement les empiriques vendaient fort cher sous le nom d'or potable, tout liquide offrant une belle couleur jaune, notamment la solution de perchlorure de fer. Comme on le voit, les Alchimistes ne manquaient pas de sujets pour exercer leur patience : mais le plus grand nombre dlaissant les problmes secondaires ne poursuivaient que la ralisation du grand uvre. La plupart des traits hermtiques ne parlent que de la pierre philosophale, aussi n'examinerons-nous que ce seul point, sans plus nous occuper des problmes de second ordre qui au reste n'apparaissent que fort tard dans l'histoire de l'Alchimie, et qui furent soumis une foule de variations, chacun modifiant le problme ou lui donnant une solution diffrente.

  • CHAPITRE II

    LES THORIES ALCHIMIQUES. UNIT DE LA MATIRE. LES TROIS PRINCIPES : SOUFRE, MERCURE, SEL OU ARSENIC. THORIE D'ARTPHIUS. LES QUATRE LMENTS.

    L'on a souvent rpt que les alchimistes travaillaient en aveugles, c'est une grave erreur, ils avaient des thories trs rationnelles qui mises par les philosophes grecs du second sicle de l're chrtienne, se sont maintenue peu prs sans altration jusqu'au XVIII sicle. A la base de la thorie Hermtique, on trouve une grande loi: l'Unit de la Matire. La Matire est une, mais elle peut prendre diverses formes et sous ces formes nouvelles se combiner elle-mme et produire de nouveaux corps en nombre indfini. Cette matire premire tait encore appele semence, chaos, substance universelle. Sans entrer dans plus de dtails, Basile Valentin pose en principe l'unit de la matire. Toutes choses viennent d'une mme semence, elles ont toutes t l'origine enfantes par la mme mre (Char de triomphe de l'antimoine). Sendivogius, plus connu sous le nom de Cosmopolite, est plus explicite dans ses Lettres Les chrtiens, dit-il, veulent que Dieu ait d'abord cr une certaine matire premire... et que de cette matire par voie de sparation, ayant t tirs des corps simple, qui ayant ensuite t mls les uns avec les autres, par voie de composition servirent faire ce que nous voyons... Il y a eu dans la cration une espce de subordination, si bien que les tres les plus simples ont servi de principes pour la composition des suivants et ceux-ci des autres, il rsume enfin tout ce qu'il vient de dire dans ces deux propositions Scavoir: 1 la production d'une matire premire que rien n'a prcd; 2 La division de cette matire en lments et enfin moyennant ces lments la fabrique et la composition des Mixtes (Lettre XI). Il entend par Mixte toute espce de corps compos. D'Espagnet complte Sendivogius, en tablissant l'indestructibilit de la matire, il ajoute qu'elle ne peut que changer de forme. .... Tout ce qui porte le caractre de l'tre ou de la substance ne peut plus le quitter et par les lois de la nature, il ne lui est pas permis de passer au non-tre. C'est pourquoi Trismgiste dit fort propos, dans le Pimander que rien ne meurt dans le monde, mais que toutes choses passent et changent (Enchiridion phisic restitut). Naturellement il admet l'existence d'une matire premire. Les Philosophes ont cr, dit-il, qu'il y avait une certaine matire premire, antrieure aux lments. Cette hypothse ajoute- t-il se trouve dj dans Aristote. Il examine ensuite les qualits que les mtaphysiciens ont attribues la matire. Barlet nous renseigne sur ce point : La substance universelle est toute tout intrieurement sans distinction de genre ou de sexe, c'est--dire grosse, fconde et empreinte de toutes choses sensibles l'advenir (Barlet : La thotechnie ergocosmique). Ce qui revient dire que la matire premire ne contient aucun corps en action et les reprsente tous en puissance. Gnralement l'on admettait que la matire premire est liquide, c'est une eau qui l'origine du monde tait le chaos. C'tait la matire premire contenant toutes les formes en puissance... Ce corps uniforme tait aquatique et appel par les Grecs , dnotant par le mme mot l'eau et la matire . (Lettre philosophique). Plus loin il est dit que ce fut le feu qui joua le rle de mle par rapport la matire femelle, ainsi prirent naissance tous les corps qui composent l'univers. Comme on le voit l'hypothse de la matire premire tait la base mme de l'Alchimie, partant de ce principe, il tait rationnel d'admettre la transmutation des mtaux. La matire, se diffrenciait d'abord en soufre et en mercure, et ces deux principes s'unissait en diverses proportions formaient tous tes corps. Tout se compose de matires sulfureuses et mercurielles dit l'Anonyme chrtien, alchimiste grec. Plus tard on ajouta un troisime principe te sel ou arsenic, mais sans lui donner autant d'importance qu'au soufre et au mercure. Ces trois principes ne dsignaient en aucune faon

  • des corps vulgaires. Ils reprsentaient: certaines qualits de la matire, ainsi le soufre dans un mtal, figure la couleur, fa combustibilit, la proprit d'attaquer les autres mtaux, la duret, au contraire le mercure reprsente l'clat, la volatilit, la fusibilit, la mallabilit. Quant au sel c'tait simplement un moyen d'union entre le soufre et le mercure, comme l'esprit vital entre le corps et l'me. Le sel, fut introduit comme principe ternaire, surtout par Basile Valentin, Khunrath, Paracelse, en un mot par les alchimistes mystiques. Avant eux Roger Bacon en avait bien parl, mais incidemment sans lui attribuer de qualits spciales, sans s'en occuper beaucoup, au contraire Paracelse s'emporte contre ses prdcesseurs qui ne connaissaient pas le sel. Ils ont cru, que le Mercure et le Soufre taient des principes de tous les mtaux, et ils n'ont pas mentionn mme en songe le troisime principe (Le trsor des trsors). Mais le sel est fort peu important et mme aprs Paracelse, nombre d'alchimistes le passrent sous silence. Le Soufre, le Mercure et le Sel ne sont donc que des abstractions, commodes pour dsigner un ensemble de proprits, un mtal tait-il jaune ou rouge, difficilement fusible, on disait que le Soufre abondait en lui. Mais il ne faut pas oublier que le Soufre, le Mercure et le Sel drivaient de la Matire premire: O merveille, le Soufre, le Mercure et le Sel me font voir trois substances en une seule matire (Lumire sortant par soi-mme des Tnbres Marc Antonio). Eliminer dans un corps certaines proprits, c'tait sparer le Soufre ou le Mercure, par exemple rendre un mtal infusible en le transformant en chaux ou oxyde, c'tait avoir volatilis son Mercure et extrait son Soufre. Autre exemple, le Mercure ordinaire contient des mtaux trangers qui restent dans la cornue quand on le distille, cette partie fixe tait considre comme le Soufre du Mercure vulgaire par les alchimistes; transformant le vif- argent ou mercure en bichlorure, ils obtenaient ainsi un corps compltement volatil et croyaient avoir extrait par cette opration le Mercure principe du Mercure mtal. Nous ne pouvons quitter la question des trois principes sans mentionner la thorie d'Artphius, alchimiste du XI sicle. Pour qui le Soufre reprsente dans les mtaux les proprits visibles, le Mercure, les proprits occultes ou latentes. Dans tout corps il faut distinguer les proprits visibles : couleur, clat, tendue, c'est le Soufre qui reprsente cela ; puis les proprits occultes qui ne se rvlent que par l'intervention d'une force extrieure : fusibilit, mallabilit, volatilit, etc., proprits dues au Mercure. Cette explication diffre peu de celle donne ci-dessus. A ct du Soufre, du Mercure et du Sel, les alchimistes admettaient quatre lments thoriques, la Terre, l'Eau, l'Air et le Feu ; ces mots taient pris dans un sens absolument diffrent du sens vulgaire. Dans la thorie alchimique les quatre lments pas plus que les trois principes, ne reprsentent des corps particuliers, ce sont de simples tats de la matire, des modalits. L'Eau est synonyme de liquide, la Terre c'est l'tat solide, l'air l'tat gazeux. Le Feu un tat gazeux trs subtil, tel qui celui d'un gaz dilat par la chaleur. Les quatre lments reprsentent donc les tats sous lesquels la matire se prsente nous, on pouvait par suite dire logiquement que les lments composent tout l'Univers. Pour un alchimiste tout liquide est une Eau, tout solide est Terre en dernire analyse, toute vapeur est Air. C'est pour cela que l'on trouve dans tes anciens traits de physique que l'eau ordinaire chauffe se change en Air. Ceci ne veut pas dire que l'eau se transforme dans le mlange respirable qui constitue l'atmosphre, mais bien que l'eau, d'abord liquide se change en un fluide ariforme, en un gaz comme on la dit plus tard. Les Elments reprsentaient non seulement des tats physiques, mais par extension des qualits.

  • Tout ce qui tait de qualit chaude a t appel par les anciens : feu ; ce qui tait sec et solide, terre ; ce qui tait humide et fluide, eau; froid et subtil, air (Eptre d'Alexandre). L'Eau se transformant en vapeur ainsi que tous les liquides quand on les chauffe, d'autre part les corps solides tant gnralement combustibles, des Philosophes Hermtiques avaient cru devoir rduire le nombre des Elments deux visibles, la Terre et l'Eau, renfermant en eux les lments invisibles, le Feu et l'Air. La terre contient en soi le Feu, et l'Eau renferme l'air tat invisible. Qu'une cause extrieure vienne agir, le feu et l'air se manifesteront. Rapprochons ceci de la thorie d'Artphius mentionne plus haut, la Terre correspondra au Soufre, l'Eau au Mercure et rciproquement. En somme les quatre lments avec le Soufre et le Mercure reprsentaient peu prs les mmes modifications de la matire premire, destines composer le reste des corps. Seulement le Soufre et le Mercure reprsentant des qualits mtalliques taient plus spcialement rservs aux Mtaux et aux minraux tandis que les quatre Elments s'appliquaient au rgne vgtal et animal. Quand un alchimiste distillait un bois et obtenait un rsidu fixe, une essence ou huile, et des produits inflammables, il disait avoir dcompos ce bois en Terre, Eau et Feu. Plus tard aux quatre Elments on en surajouta un cinquime, la Quintessence : L'on peut nommer les parties les plus solides terre, les plus humides eau, les plus dlies et spirituelles air, la chaleur naturelle, feu de la nature et les autres occultes et essentielles s'appellent fort propos des natures clestes et astrales ou Quintessence. (D'Espagnet : Enchiridion phisic restitut) Cette quintessence correspondrait au Sel. L'on voit combien les thories des alchimistes taient cohrentes. Alors qu'un Souffleur se perdait dans ce ddale, trois principes quatre lments, une Matire universelle, un Philosophe conciliait facilement ces diffrences apparentes. Et maintenant l'on comprendra comment il faut entendre ces paroles du moine Hlias. C'est avec les quatre lments que tout ce qui est en ce monde t cr par la toute-puissance de Dieu (Hlias: Miroir d'Alchimie). Ces thories existaient ds l'origine de l'Alchimie. Chez les Grecs l'alchimiste Synsius dans son Commentaire sur le livre de Dmocrite nous fait remarquer que dans l'opration alchimique l'artiste ne cre rien, il modifie la Matire, il change sa Forme. L'Anonyme Chrtien que nous avons cit appartient la mme poque. Quant aux quatre lments ils taient connus depuis longtemps. Zosime donne leur ensemble le nom de Ttrasomie ou les Quatre Corps. Voici sous forme de tableau le rsum de la Thorie alchimique gnrale.

  • CHAPITRE III

    LES SEPT MTAUX. LEUR COMPOSITION. LEUR GENESE. LE FEU CENTRAL. CYCLE DE FORMATION. INFLUENCES PLANTAIRES.

    Les alchimistes travaillant surtout sur les Mtaux, on comprend qu'ils se sont beaucoup tendus sur la gense et la composition des mtaux, ils en reconnaissaient sept auxquels ils attribuaient le nom et je signe des sept plantes :

    Voyons quelle est l'application de la thorie hermtique aux mtaux. D'abord les mtaux doivent tous driver d'une mme source : la Matire premire. Les philosophes hermtiques sont au reste unanimes sur ce point. Les mtaux sont tous semblables dans leur essence, ils ne diffrent que par leur forme (Albert le Grand : De Alchimia). " II n'y a qu'une seule matire premire des mtaux, elle revt diffrentes formes selon le degr de cuisson, selon la force plus ou moins puissante d'un certain agent naturel (Arnauld de Villeneuve : Le Chemin du chemin). Soit dit en passant la thorie est absolument applicable aux minraux. II n'y a qu'une matire pour tous les mtaux et las minraux (Basile Valentin) et enfin : La nature des pierres est la mme que celle des autres choses (Le Cosmopolite). Le passage d'Albert le Grand est on ne peut plus explicite : la matire une pour tout ce qui existe, dirait-on aujourd'hui, se diffrencie d'elle-mme par la forme, c'est--dire que les atomes identiques entre eux, affectent en se groupant diverses formes gomtriques et de l vient la diffrenciation entre les corps. En chimie, l'allotropie justifie parfaitement cette manire de voir. Il s'ensuit que le Soufre et le Mercure, principes secondaires (par opposition la. Matire, principe premier) ne reprsentent qu'un ensemble de qualits : Et ainsi tu peux voir clairement que Soufre n'est pas une chose part hors de la substance du Mercure, et que ce n'est pas Soufre vulgal. Car si ainsi estoit, la Matire des mtaux ne serait point d'une nature homogne, ce qui est contre le dire des philosophes (Bernard le Trvisan : Livre de la Philosophie naturelle des mtaux). Dans le mme ouvrage, Bernard le Trvisan revient sur ce sujet important : Le Soufre n'est point une chose qui soit divise du vif argent, ne spare ; mais est seulement cette chaleur et scheresse qui ne domine point la froideur et humidit du Mercure, lequel Soufre aprs digr, domine les deux autres qualits, c'est--dire, froideur et

  • moiteur et y imprime ses vertus. Et par ces divers degrs de dcoctions se font les diversits des mtaux (Idem). Le Soufre, de nature chaude, est actif, le Mercure de nature froide est passif: Je dis: il y a deux natures, l'une active, l'autre passive. Mon matre me demanda quelles sont ces deux natures ? Et je rpondis: l'une est de la nature du chaud, l'autre du froid. Quelle est la nature du chaud? Le chaud est actif et le froid passif (Artphius: Clavis majoris sapient).

    Le Soufre ou le Mercure peuvent dominer dans la composition des mtaux, en un mot certaines qualits peuvent l'emporter sur d'autres. Quant au Sel, nous avons dj expliqu que ce principe inconnu aux premiers alchimistes, n'eut mme plus tard qu'une importance restreinte malgr les Paracelsistes. Le Sel ou Arsenic n'tait que le lien qui unit les deux autres principes : Le Soufre, le Mercure et l'Arsenic sont les principes composants des mtaux. Le Soufre en est le principe actif, le Mercure, le principe passif, l'Arsenic est le lien qui les unit (Roger Bacon : Breve breviarium de dono dei.) Roger Bacon attachait lui mme si peu d'importance au Sel, que dans un autre de ses ouvrages il n'en; fait pas mention comme principe composant. Notez, dit-il, que les principes des mtaux sont le Mercure et. le Soufre. Ces deux principes ont donn naissance tous tes mtaux et tous les minraux dont il existe pourtant un grand nombre d'espces diffrentes (Miroir d'Alchimie). Donc on peut dire que tous les mtaux sont composs de Soufre et de Mercure, tous deux rductibles la matire premire.

    Car tous mtaux de Soufre sont

    Formez et Vif Argent qu'ils ont

    Ce sont deux spermes des mtaux.

    (Nicolas Flamel. : Sommaire). Le Soufre est le pre (principe actif) des mtaux, disaient encore les Alchimistes, et le Mercure (principe passif) est leur mre.

    Mercurius est Vif Argent Qui a tout le gouvernement

    Des sept mtaux, car c'est leur mre.

    (JEHAN de la FONTAINE : Fontaine des amoureux de science)

    Nous ne nous occuperons que du Soufre et du Mercure et de leur rle dans la Gense des mtaux. Ces deux principes existent spars dans le sein de la terre. Le Soufre sous forme d'un corps solide, fixe, onctueux, le Mercure sous forme de vapeur. Le Soufre est la graisse de la terre, paissie dans les Mines par une cuisson modre, jusqu' ce qu'elle durcisse, alors elle constitue le Soufre (Albert le Grand: De Alchimia.) Attirs sans cesse l'un vers l'autre, les deux principes se combinent en diverses proportions pour former mtaux et minraux. Mais il y a encore d'autres circonstances qui modifient laffinit des deux principes : le degr de cuisson, la puret, les accidents divers. Les. Alchimistes admettaient en effet l'existence d'un feu situ dans les entrailles de la terre, le mlange de Soufre et le Mercure plus ou moins cuit et digr, variait par suite proprits : On a observ que la nature des mtaux, telle que nous la connaissons, est d'tre engendre par le Soufre et le Mercure. La diffrence seule de cuisson et de digestion produit la varit dans l'espce mtallique (Albert le Grand : le Compos des composs). Pour ce qui est de la puret, nous citerons le passage suivant : Selon la puret ou l'impuret des principes composants, Soufre et Mercure, il se produit des mtaux parfaits ou imparfaits (Roger Bacon : Miroir d'Alchimie). Ceci nous amne dire que les mtaux imparfaits naissent les premiers, ainsi

  • le fer se transforme en cuivre ; puis se perfectionnant le cuivre se change en plomb, ce dernier son tour devient tain, mercure, puis argent et enfin Or. Les mtaux parcourent une sorte de cycle : Nous avons en effet dmontr clairement dans notre Trait des minraux, que la gnration des mtaux est circulaire : on passe facilement de l'un l'autre suivant un cercle. Les mtaux voisins ont des proprits semblables ; c'est pour cela que l'argent se change facilement en or (Albert le Grand : le Compos des composs). Glauber va plus loin, il met l'opinion singulire que les mtaux une fois arrivs l'tat d'or, parcourent le cycle en sens inverse, devenant de plus en plus imparfaits jusqu'au fer, pour remonter ensuite en perfection et ainsi de suite indfiniment. Par la vertu et par la force des Elments, il s'engendre tous les jours de nouveaux mtaux et les vieux tout au contraire se corrompent en mme temps (Glauber : l'uvre minral). Le mot Elment est pris dans le sens de Force minralisante. L'Or qui est la perfection est donc le but constant de la nature; outre un degr insuffisant de cuisson ou l'impuret du Soufre et du Mercure, divers accidents peuvent entraver son action. Je dis de plus que la Nature a pour but et s'efforce sans cesse d'atteindre la perfection, l'or. Mais par suite d'accidents, qui entravent sa marche, naissent les varits mtalliques (Roger Bacon; Miroir d'Alchimie). Un de ces accidents c'est que la minire o se dveloppent les mtaux vienne tre ouverte. Par exemple si une Mine toit ventre, l'on y pourroit trouver des mtaux non encore achevez, et parce que l'ouverture de la mine interromperoit l'action de la nature, ces mtaux resteroient imparfaits et ne s'accompliroient jamais, et toute la semence mtallique contenue en cette mine perdroit sa force et sa vertu (Texte d'Alchimie). Nous ne pouvons terminer ce chapitre sans parler des influences plantaires qui intervenaient dans la gense mtallique. Au moyen ge on admettait une relation absolue entre tout ce qui avait lieu sur la terre et les Plantes. Rien ne se produit, en la terre et en l'eau, qui n'y soit sem au ciel. Le rapport permanent entre ces deux grands corps pourroit tre figur par une pyramide dont le sommet appuy sur le Soleil et la base sur la Terre (Blaise et Vigenre : Trait du feu et du sel). De mme Sachez donc, O mon fils et le plus cher de mes enfants, que le Soleil, la Lune, et les toiles jettent perptuellement leurs influences dans le centre de la terre (Valois : uvres manuscrites). L'on a dj vu plus haut que les sept mtaux taient consacrs aux sept plantes qui leur donnaient naissance. On confondait plantes et mtaux sous le mme nom et le mme signe. Ces thories remontent l'origine mme de l'Alchimie. Proclus, philosophe no-platonicien du V sicle de notre re, dans son Commentaire sur le Time de Platon expose que l'or naturel, l'argent et chacun des mtaux comme des autres substances, sont engendrs dans la terre sous l'influence des divinits clestes et de leurs effluves. Le Soleil produit l'or, la Lune l'argent, Saturne le plomb et Mars le fer (Voir Berthelot : introduction l'lude de la chimie). On peut mme remonter plus haut, chez les Perses les mtaux taient aussi consacrs aux plantes, mais ils ne correspondaient pas aux mmes astres qu'au moyen ge, ainsi l'tain tait consacr Vnus et le fer Mercure.

  • En rsum, mtaux et minraux, forms la base, de la Matire premire sont composs de Soufre et de Mercure. Le degr do cuisson, la puret variable des composants, divers accidents, les influences plantaires, causent les diffrences qui sparent les mtaux las uns des autres.

  • CHAPITRE IV

    L'ALCHIMIE MYSTIQUE. THORIES FANTAISISTES. LA CABALE ALCHIMIQUE. TRIPLE ADAPTATION DE LA THORIE HERMTIQUE. LE SANCTUAIRE.

    L'Alchimie chez les Grecs tait, en raison mme de son origine, mle la. magie et la thurgie. Plus tard, grce aux philosophes arabes, cette science s'pura et ce n'est qu'au XV et au XVI sicle qu'elle s'allia de nouveau aux sciences occultes proprement dites. Ds lors un grand nombre d'alchimistes demandrent la Cabale, la Magie, l'Astrologie la clef du Grand-uvre. Paracelse n'admettait parmi ses disciples que des gens verss dans l'astrologie, comme il l'affirme lui-mme : Mais il me faut revenir mon sujet pour satisfaire mes disciples que je favorise volontiers quand ils sont pourvus des lumires naturelles, quand ils connaissent l'Astrologie et surtout quand ils sont habiles dans la Philosophie qui nous apprend connatre la matire de tout (Paracelse: Le Trsor des trsors). Alors que ses prdcesseurs ou contemporains, Calid, Valois, Blaise de Vigenre admettaient simplement l'action des astres dans la gnration des mtaux, Paracelse allait plus loin et prtendait calculer quand et comment les plantes' influaient sur les mtaux. Suivant cette doctrine, quelques alchimistes alliaient intimement l'astrologie l'hermtisme et ils ne commenaient jamais une opration sans s'tre assurs auparavant que les plantes taient favorables. C'est encore Paracelse que l'ont doit d'avoir introduit des donnes cabalistiques dans l'Alchimie. Il a condens ses doctrines occultes dans son Trait de Philosophie occulte et dans ses Archidoxes magiques. Ceci nous amne parler de la Cabale. Cette science consiste dcomposer les mots additionner la valeur numrique des lettres et en tirer selon des rgles spciales toutes les dductions possibles. Ainsi le nombre de l'or en hbreu est 209, c'est l'ornement du rgne minral, il correspond Jhovah dans le monde des esprits. Hoeffer dans son Histoire de la chimie, a consacr quelques pages la cabale applique aux mtaux. L'Alchimie, science d'observation, ne pouvait profiter en rien de son alliance la Cabale, science purement spculative. L'adjonction d'lments trangers ne devait que la rendre plus obscure, aussi Paracelse eut-il tort sur ce point.

    Aprs Paracelse on ne trouve gure que deux auteurs ayant trait spcialement de Cabale alchimique. Ce sont Panthe, prtre vnitien et Jean Dee, alchimiste et mathmaticien anglais. Panthe a crit deux traits, l'un est l'Ars et Theoria transmutatiois metallic, et l'autre: Voarchadumia. On y trouve que le nombre de la gnration est 544, celui del putrfaction

  • 772 que le mercure l'or et l'argent correspondent aux lettres hbraques, seth, he, vau, et autres rveries semblables. Jean Dee dans son trait: la Monade hiroglyphique, a essay de constituer une cabale particulire l'aide des symboles alchimiques.

    Ces alchimistes et quelques autres tels que Khunrath Mayer, Blaise de Vigenre introduisirent dans la Science une interprtation nouvelle de la thorie alchimique. Alors que les sciences exactes et naturelles procdent par Induction et dduction, les sciences occultes procdent par analogie; ils appliqurent la mthode de l'analogie l'alchimie. Ainsi ils disaient: il y a trois mondes, le matriel l'humain, le divin. Dans le monde humain, nous avons le Soufre, le Mercure et le Sel, principes de toutes choses et une Matire; dans le monde humain ou microcosme le corps, l'esprit et l'me runis en l'homme, dans le monde divin trois personnes en un seul Dieu. Ainsi est Trinit en unit, et unit en Trinit, car l sont corps, esprit et me. L est aussi Soulphre Mercure et Arsenic (Bernard le Trvisan: la Parole dlaisse). Le Grand-uvre a par suite un triple but dans le monde matriel : la transmutation des mtaux pour les faire arriver l'or, la perfection ; dans le microcosme, le perfectionnement de l'homme moral ; dans le monde divin la contemplation de ta Divinit dans sa splendeur. D'aprs la seconde acception, l'homme est l'Athanor philosophique o s'accomplit l'laboration des vertus, c'est dans ce sens selon les mystiques qu'il faut entendre ces paroles : Car l'uvre est avec vous et chez vous, de sorte que le trouvant en vous-mme, o il est continuellement, vous l'avez aussi toujours, quelque part que vous soyez, sur terre et sur mer (Herms les Sept chapitres). Les Alchimistes mystiques entendaient par Soufre, Mercure et Sel, la Matire, le Mouvement et la Force. Le Mercure, principe passif et femelle, c'est la matire; le Soufre principe actif et mle, c'est la force, qui faonne la matire et lui donne toute espce de formes par le moyen du mouvement qui est le Sel. Le Sel, c'est le moyen terme, c'est le rsultat de l'application de la force ta matire, symboliquement c'est le nouvel tre qui prend naissance par l'union du mle et de la femelle. Cette haute thorie ne semble pas en contradiction avec l science actuelle. La chimie ne rpugne pas l'hypothse d'une Matire unique, hypothse admise depuis longtemps par la mtaphysique comme indispensable l'explication du Monde. Le savant anglais Crookes appelle cette Matire unique le Protyle ; dans sa thorie nos corps simples actuels ne sont que des polymres du protyle. D'autre part il est trs juste que la Matire n'agit, n'a da proprits particulires que lorsqu'elle est en mouvement, tout mouvement suppose chaleur; par suite 273 degrs au-dessous de zro, au zro calorique absolu les proprits chimiques sont nulles, l'acide sulfurique est sans action sur la potasse caustique ; enfin l'unit de la Force s'impose aussi aux physiciens. Quel est le savant qui fait aujourd'hui une diffrence entre la cause du magntisme, de la chaleur, de l'lectricit, de la lumire, du son ; les fluides

  • n'existent plus, ils sont remplacs par des forces rductibles les unes aux autres; ce qui diffrencie la Force d'elle-mme nos yeux, c'est le nombre de vibrations qu'elle imprime tel ou tel corps et encore n'y a-t-il pas de limite absolue, un corps vibrant ou en mouvement ce qui est la mme chose, produit d'abord un son; que les vibrations deviennent plus nombreuses le corps s'chauffe sensiblement et bientt il se produit des phnomnes lumineux. ou finit le Son, o commencent la Chaleur et la Lumire? Il n'y a pas d'intervalle. Natura non facit saltus. Il faut ajouter que les alchimistes n'avaient qu'entrevu cette haute thorie, l'tat des sciences leur poque ne leur permettait pas de lui donner le dveloppement que nous lui avons donn. Pour eux, comme nous l'avons dmontr, la Matire tait unique en principe ; ils l'appelaient Matire premire ou Hyl ; ils reconnaissaient aussi une force universelle. Baudoin l'appelle Magntisme universel, Souffle Magntique, pour les mystiques la Force, c'est le Souffle de Dieu, principe premier de la vie, du mouvement. Paracelse l'appelle Arche. L'Arche, c'est la force, toujours active qui en s'appliquant la matire la met en mouvement, lui donne une forme. Les termes Ares et Clissus ont dans Paracelse peu prs le mme sens. Quant au mouvement, ils l'assimilaient au feu, qui est en effet l'image la plus parfaite de la matire actionne par la force. Telle tait la liants thorie alchimique que peu d'adeptes ont possde: que l'on ne s'tonne pas de cette admirable Synthse ; le raisonnement avait suffit ici aux alchimistes comme il suffit jadis Pythagore, Dmocrite et Platon pour s'lever la conception des plus hautes vrits. Les alchimistes reprsentaient cette thorie par un triangle, symbole de l'quilibre absolu, au premier angle le signe du Soufre, symbole de la Force ; au second le signe du Mercure, la Matire ; au troisime le signe du Sel, le Mouvement. Pour terminer, voici le tableau analogique de la triple adaptation de l thorie alchimique.

    Et pour rsumer toute la thorie: la Matire, une dans son essence, se diffrencie d'elle-mme par la Forme, effet du Mouvement que lui communique la Force.

  • LES SYMBOLES

    CHAPITRE PREMIER

    POURQUOI LES TRAITS D'ALCHIMIE SONT OBSCURS. MOYENS EMPLOYES PAR LES ALCHIMISTES POUR CELER LE GRAND-OEUVRE. SIGNES. SYMBOI.ES.NOMS MYTHOLOGIQUES. MOTS TRANGERS. ANAGRAMMES. FABLES. ENIGMES. ALLGORIES. CRYPTOGRAPHIE.

    Les traits hermtiques sont obscurs pour le lecteur, d'abord parce que les thories alchimiques ne sont gnralement pas connues, ensuite et surtout parce que des philosophes les ont rendus obscurs volontairement. Les Matres, regardaient l'alchimie comme la plus prcieuse des sciences. L'Alchimie est l'art des arts, c'est la science: par excellence ! s'crie emphatiquement Calid dans le Livre des trois paroles. Une telle science ne devait selon eux, n'tre connue que du petit nombre. Faut-il les blmer d'avoir voulu rserver exclusivement pour eux la science ? Ceci nous semble aujourd'hui excessif, mais dans l'antiquit qu'taient ce que les mystres, sinon la transmission sous le sceau du serment, de quelques secrets naturels, de quelques points peu connus de haute philosophie. Au moyen ge les corporations de mtiers avaient des secrets pratiques qu'aucun membre ne se serait avis de divulguer. La prparation de certaines couleurs constituait un hritage prcieux que les grands peintres ne lguaient qu' leurs disciples les plus chris. Les savants n'hsitaient pas vendre la solution de problmes embarrassants. Les Philosophes hermtiques s'ils cachaient la science, ne la vendaient pas cependant ; quand ils rencontraient un homme digne d'tre initi, ils te mettaient dans le droit chemin sans jamais lui rvler tout. Il fallait que le disciple travaillt son tour pour trouver ce qui lui manquait. C'est de cette faon qu'ils ont procds dans leurs crits, l'un indique la matire du grand uvre, l'autre le degr du feu, celui-ci les couleurs qui apparaissent pendant les oprations, celui-l le dispositif de l'Athanor ou fourneau philosophique; mais il n'y a aucun exemple connu de trait hermtique, parlant ouvertement la fois de toutes les parties du Grand uvre. Les alchimistes auraient cru en agissant ainsi s'exposer aux chtiments clestes, selon eux le rvlateur aurait t frapp de mort subite. Je ne reprsenteray point, dit Flamel en parlant du livre d'Abraham le Juif, ce qui estoyt crit en beau et trs intelligible latin en tous les autres fueillets crits, car Dieu me puniroit (Explication des Figures de Nicolas Flamel). Quant ce qu'on a dit, que les Alchimistes crivaient d'une faon obscure et symbolique pour se prserver des accusations que des thologiens trop zls auraient pu porter contre eux, cela nous semble absolument faux, attendu que rien ne prtait plus le flanc l'accusation de magie, que les symboles et figures tranges qui encombrent leurs traits. Roger Bacon, Albert le Grand, Arnauld de Villeneuve, n'ont pas chapp l'accusation de magie. Et cependant les alchimistes taient fort pieux, on trouve chaque instant dans leurs crits des invocations Dieu, ils partageaient leur temps entre l'tude, le travail et la prire. Quelques-uns prtendaient avoir reu de Dieu lui-mme le secret de la Pierre des Philosophes. Avant d'expliquer les symboles relatifs chacune des parties du Grand uvre, nous allons indiquer d'une manire gnrale quels taient les moyens employs par les Alchimistes pour drober aux profanes la science de la Pierre bnite. Et d'abord viennent les signes. Ils sont ns avec l'Alchimie. Ce sont les Grecs qui les

  • employrent les premiers. Tenant eux mmes leur science de l'Egypte, on voit que les signes alchimiques tirent leur origine directe des hiroglyphes. Le signe de l'eau employ par les alchimistes n'est autre chose que l'hiroglyphe de l'eau, et ainsi de quelques autres, tels que les signes de l'Or et de l'Argent (Voir Hffer : Histoire de la chimie, tome I, et Berthelot : Origines de l'Alchimie}. Les signes alchimiques sont trs nombreux .dans certains traits (ainsi celui de Khunrath intitul: Confessis de chao physico chimicorum, o ils remplacent tous les noms de matires chimiques et d'oprations, aussi importe-t-il de les connatre. Dans cette intention, nous avons fait reproduire les principaux signes alchimiques dans la planche ci-jointe. Les Symboles taient aussi fortement employs, c'est ainsi que des oiseaux s'levant figuraient la sublimation ou un dgagement de vapeurs, que des oiseaux tombant terre figuraient au contraire la prcipitation.

  • Le Phnix tait le symbole de la Pierre parfaite, capable de transmuer les mtaux en or et en argent. Le corbeau symbolisait la couleur noire que prend d'abord la Matire du grand uvre quand on la chauffe. Un livre hermtique singulier: le Liber Mutus ou Livre sans parole, ne contient en effet pas une ligne de texte, il se compose simplement d'une suite de gravures symbolisant la marche suivre pour accomplir le Grand uvre. Les Noms mythologiques taient en grand honneur dans ta nomenclature alchimique, Mars dsigne le fer, Vnus le cuivre, Apollon l'or, Diane, Hcate ou la Lune l'argent, Saturne le plomb; la Toison d'Or c'est la Pierre philosophale et Bacchus la matire de la pierre. C'est encore l une tradition grco-gyptienne ; au moyen ge, on se servit seulement ou peu prs des noms mythologiques des mtaux, mais partir de la fin du XVI sicle, leur usage prit une telle extension que le bndictin Dom Joseph Pernety dut crire deux gros volumes (Fables grecques et gyptiennes dvoiles) pour expliquer leur sens et leur origine. Aux noms mythologiques vinrent se joindre un grand nombre de mots trangers, hbreux, grecs, arabes. En raison mme de l'origine de l'alchimie, on doit forcment y trouver des mots grecs, en voici quelques-uns : Hyl, matire premire; hypoclaptique, vase sparer les huiles essentielles; hydrelum, mulsion d'huile et d'eau, etc. Les mots arabes sont de beaucoup les plus nombreux, quelques uns tels que: lixir, alcool, alcali, borax, sont venus jusqu' nous, d'autre tombs dans l'oubli se retrouvent dans les traits hermtiques tels : alcani, tain, alafar, matras; alcahal, vinaigre ; almizadir, airain vert ; zimax, vitriol vert, etc., etc. Quant aux noms hbreux, on ne les rencontre gure que dans les traits des Alchimistes cabalistes. Nous renvoyons pour tous ces mots au Dictionnaire mytho-hermtique de Pernety et au Lexicon chimicun de Johnson. On comprend que dj cette glossologie spciale devait suffire souvent carter les profanes, mais les Alchimistes usaient encore d'autres moyens pour celer te Grand-uvre. Ainsi trs souvent ils employaient l'Anagramme. A la fin du Songe Verd , on trouve plusieurs anagrammes, voici l'explication de deux d'entre eux : Seganissegde signifie : Gnie des sages, et Tripsarecopsena : esprit, corps, me. Ils procdaient encore par nigmes. En voici une Facile rsoudra. Tout le monde connat la pierre, et je l'affirme par le Dieu vivant, tous peuvent avoir cette matire que j'ai nomme clairement dans le livre : vitrium , selon les ignorants, mais il faut y ajouter L et O, la question est de savoir o il faut placer ces lettres (Hlias : Miroir d'alchimie.). Le mot de l'nigme est vitriol. Une curieuse nigme fort connue des alchimistes se trouve dans le troisime volume de Theatrum chimicum, page 744 accompagne d'un commentaire de dix pages de Nicolas Barnauld. La voici : lia Loelia Crispis est mon nom. Je ne suis ni homme, ni femme, ni hermaphrodite, ni vierge, ni adolescente, ni vieille. Je ne suis ni prostitue, ni vertueuse, mais tout cela ensemble. Je ne suis morte ni de faim, ni par le fer, ni par tu poison mais par toutes ces choses la fois. Je ne repose ni au ciel, ni sur terre, ni dans l'eau, mais partout. Lucius Agatho Priscius qui n'tait ni mon mari, ni mon amant, ni mon esclave, sans chagrin, sans joie, sans pleurs, m'a fait lever, sachant et ne sachant pas pour qui, ce monument qui n'est ni une pyramide, ni un spulcre, mais les deux. C'est ici un tombeau qui ne renferme pas de cadavre ; c'est un cadavre qui n'est pas renferm en un spulcre. Le cadavre et le spulcre ne font qu'un. Barnauld tablit dans son commentaire qu'il s'agit de la pierre des philosophes. Une autre nigme non moins clbre est la suivante, tire des alchimistes grecs : J'ai neuf lettres et quatre syllabes, retiens-moi. Les trois premires ont chacune deux lettres. Les autres ont le reste, il y a cinq consonnes. Connais-moi et tu auras la Sagesse. Le mot de l'nigme est, parat-il, ARSENICON.

  • Une autre forme d'nigme, l'acrostiche consistait prsenter une formule, o les premires lettres de chaque mot runies, formaient un mot que le Philosophe hermtique ne voulait pas rvler directement. Nous avons fait reprsenter deux de ces formules ; la premire tire des ouvrages de Basile Valentin donne le mot vitriol : Visitabis Interiora Terr, Rectificando invenies 0ccultum Lapidem. L'autre signifie Sulphur Fixum, elle ajoute comme complment : Sol est. Elle est tire du tome second du Mundus sublerraneus du P. Kircher. Tous les moyens prcdemment numrs ne cachaient que des mots, nous allons voir maintenant comment les alchimistes voilaient les ides. Au premier rang se placent les fables tires de ta mythologie grecque ou latine, voire mme gyptienne. On ne les trouve gure que chez les alchimistes postrieurs la Renaissance. Non seulement on se servit des mythes pour voiler le Grand-uvre, mais admettant la rciproque, on s'effora de prouver qu'Homre, Virgile, Hsiode, Ovide avaient t des adeptes et avaient

  • enseign la pratique de la Pierre dans leurs uvres. Cette opinion extravagante est sur de celle qui donnait Adam la connaissance de la Pierre. Pernety dans ses Fables grecques et gyptiennes n'hsite pas donner l'explication hermtique de l'Iliade et de l'Odysse. Aucune Fable n'chappa sa fureur d'expliquer. Son ouvrage est des plus curieux, mais sa lecture prolonge est indigeste. Disons la dcharge de Pernety qu'il avait t prcd dans cette voie par Libois {Encyclopdie des dieux et des hros sortis des quatre lments et de leur quintessence, suivant la science hermtique, 2 vol.) Les Alchimistes ont aussi employ de tout temps l'allgorie. Le Grec Zosime en a fait une assez typique, rapporte par Hffer dans son Histoire de la chimie. En voici une plus moderne o se trouvent indiques les couleurs de la Matire pendant le Grand uvre: noir, gris, blanc, jaune, rouge. Or, comme j'tais all faire un voyage, je me rencontrai entre deux montagnes, o j'admirai un homme des champs, grave et modeste en son maintien, vtu d'un manteau gris, sur son chapeau un cordon noir, autour de lui une charpe blanche, ceint d'une courroie jaune et bott de bottes rouges (Cassette du petit paysan, par Ph... Vr)... L'allgorie se continue ainsi plusieurs pages. On trouvera plusieurs allgories curieuses, notamment l'allgorie de Merlin, rapportes soit dans Hoeffer, soit dans l'Alchimie et les alchimistes de Figuier. Ces deux auteurs en donnent des explications fort rjouissantes, notamment Hffer qui voit dans l'allgorie de Merlin l'indication de l'analyse chimique par voie sche et par voie humide !

    D'autres fois les alchimistes crivaient rebours : Zenerp al ereitam euq suov zevas, c'est-- dire : prenez la matire que vous savez. Ou bien ils ajoutaient au corps des mots des lettres inutiles l'azoth des philosophes est leur mercure devenait : M. l'azothi adoespuphiloqsophesa lesati pleururi imeracuret. D'autres supprimaient au contraire des lettres, Paracelse tronque ainsi : Aroma philosophorum est fait : Aroph. D'Atremont dans le "Tombeau de la pauvret" va plus loin il remplace des membres de phrases entiers par des mots forgs plaisir, ainsi : La cinquime qualit est la puret et transparence de notre Sel afin qu'il pntre mieux, et cela s'acquiert ongra neligilluk eude firseigli, comme sera dit ci- aprs. Heureusement qu' la fin du volume se trouve une clef ou traduction de ces termes baroques ; ceux ci-dessus cits signifient: par la filtration aprs la rsolution en vinaigre distill. Raymond Lulle affectionne un genre particulier de cryptographie, il dsigne les principales oprations, les produits, les appareils, par de simples lettres de l'alphabet. Ainsi dans son : Compiendium amm transmutationis on lit Vois, mon fils, si tu prends F et que tu le

  • poses dans C et que tu mettes le tout en H tu as la premire figure FCH, etc. F signifie les mtaux, C une eau acide qui dissout les mtaux et H le feu du premier degr. Chaque alchimiste pouvait employer des moyens particuliers de cryptographie, cette tude dtaille est inutile et nous entranerait trop loin. Qu'il nous suffise d'avoir parl des plus communs.

    Explication de la Planche III. Figure I (Tire de l'Azoth des philosophes de B. Valentin). Les premires lettres de chaque mot tant runies on trouve Vitriol: Visitabis Interiora Terr, Rectificando invenies 0ccultum Lapidem. On y voit de plus les signes des sept mtaux: l'Aigle, symbole du volatil et le Lion symbole du fixe. Figure II (Tire du Mundus Subteraneus du Pre Kircher). Pour les 2 premires phrases concentriques, le procd de lecture est le mme que dans la figure prcdente, on trouve : Sulphur Fixum. Pour la troisime phrase : Ergo Sic Tuos Lege Omnes Sophos. Il faut partager la phrase en deux parties, la premire donne Est, la seconde lue en commenant par Sophos, donne Sol. Le tout veut dire: Le Soufre fixe est le Soleil. C'est--dire le Soufre ou principe fixe est synonyme de Soleil ou Or (voir chapitre III). Pour ces deux figures voir chapitre I. N. B. Toutes les figures se rapportent la seconde partie de cet ouvrage : les Symboles. Il s'agira donc pour les renvois des chapitres de cette seconde partie.

  • Explication de la planche IV Figure I (Tir du Liber singularis de Barchusen). L'Alchimiste en prires dans son Laboratoire, supplie Dieu avant de commencer le Grand uvre, qu'il lui aplanisse les difficults et qu'il lui donne l'intelligence des ouvrages des Philosophes (Voir chapitre I).

    Figure II (Tir des Douze Clefs de Sagesse de B.Valentin). Le Dragon symbolise la Matire premire. Deux petits cercles l'entourent l'un ses ailes, pour indiquer le Volatil, l'autre ses pattes pour indiquer le Fixe. Les trois serpents et le triangle reprsente les trois principes le tout est renferm dans l'uf des Philosophes (Voir chapitre II).

  • CHAPITRE II

    SYMBOLES DE LA THEORIE ALCHIMIQUE. LA MATIRE. LES TROIS PRINCIPES, LES QUATRE LMENTS, LES SEPT MTAUX ET LEURS SYMBOLES.

    On appelle pentacles des figures symboliques, composes des lments les plus varis et qui rsume et en elles seules toute une thorie. Un pentacle fait comprendre d'un seul coup d'il et grave plus facilement dans la mmoire ce qu'il serait difficile de retenir autrement. C'est une formule brve et concise que l'on: peut dvelopper volont. Les pentacles ne sont pas rares dans les traits d'Alchimie. Les uvres de Basile Valentin: Les douze clefs, et l'Azoth des philosophes, principalement, en contiennent un grand nombre, de mme l'Amphitreatrum sapienti tern de Khunrath. Les Elementa chimic: de Barchusen, sont suivis d'un trait de la Pierre philosophale o la suite des oprations est expose en soixantedix-huit pentacles. Les quatre grandes figures du Janitor Pansophus rsument toute la philosophie hermtique. Nous aurons l'occasion d'expliquer plusieurs de ces figures et nous ne le ferons que brivement, leur dveloppement complet demandant parfois, plusieurs, pages. Nous allons examiner en ce chapitre les symboles ou pentacles par lesquels les Alchimistes rsumaient leurs thories.

    Les trois principes avaient des signes spciaux sauf le Mercure dont le signe dsignait aussi l'argent vif ordinaire. Le Soufre des philosophes tait figur par un triangle souscrit de trois flches ou d'une croix, le Sel par un cercle travers par une ligne ; le Mercure par un cercle surmont du croissant lunaire et souscrit d'une croix. Les trois principes sont symboliss dans les figures de Lambsprinck par trois personnages: le Pre, le Fils et le Saint-Esprit. On les reprsentaient aussi par trois serpents, ou par un serpent trois ttes pour indiquer qu'ils n'avaient qu'une seule racine : la Matire. On les comparait volontiers la sainte Trinit, trois personnes en un seul Dieu, trois principes en une seule matire. Nous avons dj vu que les principes taient ta plupart du temps rduits deux: Soufre et Mercure, on les figurait alors par deux serpents formant cercle, l'un ail pour indiquer le Mercure, femelle et volatil, l'autre sans ailes pour le Soufre, mle et fixe. Les quatre lments avaient pour signe, l'Air un triangle sommet suprieur, travers par une ligne parallle sa base, l'Eau prise dans le sens d'lment : un triangle sommet infrieur, le: feu: un triangle sommet suprieur, la Terre: un triangle sommet infrieur travers par une ligne parallle la base. Le pentacle rsumant les signes des quatre lments est l'toile six branches.

  • Explication de la planche V. Cette figure se trouve en tte du Gloria mundi dans le Museum hermticum. D'abord l'Initiateur et l'Initi, le vieillard et le jeune homme. Puis la Matire universelle symbolise par l'arbre mtallique portant les sept mtaux, l'or et l'argent avec leurs symboles ordinaires, les outres mtaux simplement figurs par des toiles. On y voit aussi les Elments, la Terre symbolise par l'Homme et le Lion, le Feu symboliss par le Dragon, l'Eau par la mer, le dauphin et la Femme, l'Air par l'oiseau plac prs de la Femme. Les Sept petites figures accessoires ont rapport aux oprations et aux couleurs. Le corbeau et le crne ; Noir, mortification. Les deux corbeaux: distillation. Les trois corbeaux: sublimation les deux oiseaux et la couronne: couleur blanche, fin du petit magistre. Les deux oiseaux et l'arbre, rgime de Mars, les couleurs de 1'arc-en-ciel. La licorne et le rosier, couleur rouge. Enfin l'enfant qui nat indique la fin de l'uvre, c'est le symbole de la Pierre parfaite (Voir chapitres II, VI et VII.)

  • On trouve ces signes correspondant aux quatre lments dans une figure du Vialorium spagyricum. Les lments taient encore symboliss : l'Air par un oiseau; l'Eau par un navire, un poisson ou une vaste tendue d'eau ; le Feu par une salamandre, un dragon vomissant des flammes, un flambeau allum, la Terre par une montagne, un lion roi des animaux terrestres, ou un homme. C'est ainsi qu'on les trouve reprsents en tte du Gloria mundi imprim dans le Museun hermeticum. L'arbre qui occupe le centre de la figure reprsente l'or, l'argent et les cinq autres mtaux. Quant aux sept figures plus petites enfermes dans des cercles, elles symbolisent diverses oprations du Grand uvre (voir chapitres VI et VII). Enfin le carr tait le pentacle synthtique des quatre lments. Nous avons dj parl des signes des sept mtaux, disons seulement propos du signe du mercure que les uns y ont vu la reprsentation du caduce, d'autres un dieu gyptien tte d'ibis surmonte du disque solaire et de cornes, symboles de fertilit. Les Alchimistes reprsentent souvent les mtaux sous l'aspect de dieux d l'Olympe, Saturne arm de sa faux c'est le plomb, Mars, le casque en tte et la lance au poing c'est le fer; Mercure, avec son caduce, ses ailes aux talons et la tte, c'est l'argent vif, etc. C'est ce que reprsente la figure tirs du Viatorium spagyricum. Une gravure sur bois de la Pretiosa margarita nous montre les mtaux sous forme de six jeunes gens genoux aux pieds d'un Roi sur son trne, qui est le septime mtal, te plus parfait, l'Or. Le texte nous apprend qu'ils demandent au Roi un royaume pour chacun d'eux. Aprs divers pisodes, symbolisant le Grand uvre, le Roi leur accorde ce qu'ils demandent et une dernire figure les reprsente couronns, rois leur tour, c'est--dire changs en Or; mais ceci a plutt trait au symbolisme du Grand uvre que nous traitons compltement dans les chapitres suivants.

  • CHAPITRE III THORIE GNRALE DU GRAND-UVRE. LA MATIRE DU GRAND-UVRE. .SOUFRE ET

    MERCURE. LEURS SYMBOLES. LES DRAGONS DE FLAMEL. LISTE DES SYNONYMES HERMTIQUES DU SOUFRE ET DU MERCURE.

    Le Grand uvre ou prparation de la Pierre philosophale, tait comme nous l'avons dj dit, le but principal des alchimistes, leurs traits ne roulent gnralement que sur ce seul sujet, aussi dans les chapitres qui vont suivre, nous parlerons exclusivement du Grand uvre. Mais avant de donner la clef des symboles hermtiques nous allons exposer en peu de mois la marche que suivaient les Alchimistes pour la prparation de la pierre philosophale, ensuite nous reprendrons chaque partie sparment. La matire du Grand uvre tait l'Or et l'Argent, unis au Mercure et prpars d'une faon spciale. L'Or tait pris comme riche en Soufre, l'Argent comme contenant un Mercure trs pur, quant au vif-argent il reprsentait le Sel, moyen terme d'union. Ces trois corps prpars selon certains procds taient enferms dans un matras de verre, l'uf philosophique, ferm avec soin. Le tout tait chauff dans un fourneau nomm Athanor. Aussitt le feu allum, le Grand uvre proprement dit commenait; diffrents phnomnes se produisaient: cristallisations, dgagement de vapeurs qui ensuite se condensaient, etc., cela constituait les oprations. Au cours desdites oprations, la Matire prenait diverses colorations, que l'on nommait les Couleurs de l'uvre. Enfin la couleur rouge annonait la fin de l'uvre. On prenait la matire, on lui communiquait une plus grande puissance de transmutation l'aide d'une opration nomme fermentation et l'on avait enfin ta Pierre philosophale. Nous allons examiner la composition thorique de la Matire du Grand uvre. D'aprs la thorie alchimique, il tait rationnel que la Matire de la pierre des philosophes ft compose de Soufre, de Mercure et de Sel. Ces trois principes pris l'tat de puret absolue, unis et cuits selon les rgles de l'Art devaient composer un nouveau corps, qui sans tre un mtal par lui- mme pouvait communiquer la perfection mtallique au vif-argent, au plomb, l'tain.

  • Explication de la planche VI Figure I (tire du Viatoriun spagyricum de Jamshaler). Symboles des quatre lments, se reporter la planche II qui donnera la signification des triangles, signes des lments (Voir chapitre II).

    Figure II (tire de l'Azoth des philosophes, imprim au tome II de la Biblioteca chimica Mangeli). Les signes des sept mtaux. Au milieu Rebis, l'hermaphrodite chimique, homme et femme, fixe et volatil, Soufre et Mercure, Le globe ail, symbole de la Matire, mise en mouvement par la Force, l'Arche. Le Dragon, symbole de l'unit de la Matire. Le Triangle: les trois principes. Le Carr et la Croix, les quatre lments (Voir chapitres II, III et IV).

  • Les Alchimistes en parlant de la Matire de la Pierre l'envisageaient tantt comme une, en se rapportant sa composition invariable, tantt comme triple, en se rapportant aux principes qui la formaient, tantt ils l'appelaient quadruple, remplaant les principes par les lments. C'est ainsi que notre Magistre est tir d'un, se fait avec un, et il se compose de quatre et trois sont en un (Arnauld de Villeneuve : le Chemin du chemin.). Un c'est la Matire de la pierre considre dans son ensemble, c'est aussi la Matire unique universelle. Quatre : les quatre lments ; trois : Soufre, Mercure et Sel. Les quatre lments sont rductibles aux trois principes, ce qui ressort d'un autre passage d'Arnauld de Villeneuve : il existe une pierre compose de quatre natures : le feu, l'air, l'eau et la terre. Le Mercure est l'lment humide de la pierre, l'autre lment est la Magnsie, qui ne se rencontre pas vulgairement . (Lettre au roi de Naples). Le Mercure froid et humide reprsente l'eau et l'air, la Magnsie ou Soufre, reprsente le feu et la terre, le chaud et le sec. Ceci explique ce que disaient nigmatiquement les Philosophes que la Matire de la pierre a trois angles en sa substance (les trois principes), quatre angles en sa vertu (les lments), deux angles en sa matire (fixe et volatil) un angle en sa racine (la matire universelle). Cabalistiquement le nombre de la matire est 10, car en traduisant en chiffres ce paragraphe on trouve l+2 +3+4=10. Ils disaient encore que la Matire est vgtale, animale et minrale. Vgtale parce qu'elle a un esprit, minrale parce qu'elle a, un corps et animale parce qu'elle a une me ; nous retrouvons encore ici la trilogie : Soufre, Mercure, Sel : Ce Sel, ce Soufre, ce Mercure, qui sont le corps, l'esprit et l'me, sortent tous trois du chaos o ils taient en confusion ou plutt de la mer des philosophes (Psautier d'Hermophile). Cette mer des philosophes, ce chaos, dsignent l'unit de la Matire. Ce tangage symbolique a ruin bien des souffleurs, au lieu de travailler sur les mtaux, prenant les paroles des philosophes la lettre, ils passaient leur vie distiller des plantes, des urines, des excrments, des cheveux, du lait, esprant trouver enfin la Matire de la pierre des sages. Un triangle ou un carr symbolisaient la Matire de la pierre, selon qu'on l'envisageait comme forme des principes ou des lments. Parfois ce triangle est enferm dans un carr, tel est le symbole qui se trouve en tte de ce volume, il a t tir du trait intitul : Le Grand uvre dvoil en faveur des enfants de lumire. La matire prsentait donc la mme composition que les mtaux : Examine donc avec soin de quoi est form le mtal. Je te dis en vrit qu'en cela consiste tout l'uvre des sages (Texte d'Alchymie). Mais ainsi que nous l'avons vu un grand nombre de philosophes ont pass sous silence le Sel comme troisime principe des mtaux et ils ne se sont gure occups que du Soufre et du Mercure, lis donnaient au mlange de Soufre et de Mercure, prpars pour l'uvre, le nom de Rebis. Philippe Rouillac donne ce mot l'tymologie suivante : Voil pourquoi les Philosophes ont appel la matire de leur bnite pierre : Rebis, qui est un mot latin form de Res et de Bis, qui est autant dire une chose deux, nous voulant induire chercher deux choses, qui ne sont pas deux, mais une seule chose, qu'ils ont nomme Soufre et Mercure (Abrg du grand uvre par Ph. Rouillac, cordelier). Le Soufre et le Mercure, principes mle et femelle, taient symboliss par un homme et une femme, ordinairement un roi et une reine. C'est ainsi qu'ils sont reprsents dans le Grand Rosaire imprim au tome II, page 243 de l'Artis Aurefer. C'est encore sous le symbole du roi et de la reine qu'ils sont reprsents au premier symbole des douze clefs de Basile Valentin, page 393 du Musum hermeticum. L'union du roi et de la reine constituait le mariage philosophique. Sois averti, mon fils, que notre uvre est un mariage philosophique qui doit tre compos de mle et de femelle (Ph. Rouillac : Abrg du grand uvre). C'est proprement parler aprs ce mariage: ou union,

  • que la matire prenait le nom de Rebis ; on symbolisait Rebis par un corps humain surmont de deux ttes, une d'homme, une de femme. Cet hermaphrodite chimique est commun dans les traits hermtiques. On le trouve notamment en tte du : De Alchimia opuscula complura, puis dans le Viatorium spagyricum. dans la traduction allemande du Crede Mihi de Northon, etc. Dans les traits hermtiques manuscrits le roi est vtu de rouge, et la reine da blanc, car le Soufre est rouge et le Mercure blanc. C'est l ntre Mercure double, cette matire blanche en dehors, rouge en dedans (Texte d'Alchymie).

    Explication de la planche VII

    Figure I (Tire du Viatorium spagyricum). Les sept mtaux symboliss par les divinits de l'Olympe payen, Apollon, Diane, Jupiter, Saturne, Mercure, Mars, Vnus (Voir chapitre II).

    Figure II (Tire de la Margarta pretiosa). Le Roi figure l'Or, les enfants agenouills ses pieds figurent les six autres mtaux. Ils implorent l'Or pour qu'il leur communique sa perfection (Voir chapitre II)

  • L'on figurait aussi le Soufre et le Mercure par les signes de l'or et de l'argent, cela indiquait que le Soufre doit tre tir de l'or et le Mercure de l'argent. On trouve les signes de l'or et de l'argent correspondant ceux du Soufre et du Mercure dans un des pentacles du : Liber singularis de Alchimia, de Barchusen. Ce point sera dvelopp dans le chapitre suivant. Le Soufre tant fixe en son essence et le Mercure, volatil, les alchimistes reprsentaient le Soufre par le lion, roi des animaux terrestres et le Mercure par l'aigle, roi des oiseaux: Le Mercure, des philosophes est la partie volatile de leur matire : le lion est la partie fixe, l'aigle la partie volatile. Les philosophes ne parlent que des combats de ces deux animaux (Pernety : Fables gyptiennes.) Par suite un aigle dvorant un lion signifiera la volatilisation du fixe ; inversement un lion terrassant un aigle signifiera la fixation du Mercure par le Soufre disons en passant que le mot aigle a dans Philalthe une signification diffrente de celle que nous. venons de donner, c'est pour lui le symbole de la sublimation en tant qu'opration, ainsi sept aigles, signifi, Sept sublimations (voir : Entre ouverte au palais Ferm du roi.) On employait encore dans le mme sens le symbole de deux serpents dont l'un est ail et l'autre sans ails, le serpent ail c'est le principe volatil, le Mercure; le principe fixe. Soufre, est reprsent par le serpent sans ailes. Le Secret animal est reprsent par un cercle fait de deux serpents, l'un ail, l'autre sans ailes, qui signifient les deux esprits, fixe et volatil, unis ensemble. (Lebreton; Clefs de la philosophie spagyrique). Les deux serpents sont tantt unis, comme dans le caduce de Mercure, tantt spars. Dans les figures d'Abraham le Juif se trouve reprsent un serpent clou sur une croix, ce qui alchimiquement signifie que le volatil doit tre fix. Les dragons ont absolument la mme signification que les serpents. Le dragon sans ailes que l'on trouve dans les figures d'Abraham le Juif et de Nicolas Flamel, c'est le Soufre mle et fixe, le dragon ail, c'est le Mercure, volatil et femelle. Considrez ces deux dragons, car ce sont les vrais principes de la philosophie des sages... Celui qui est au-dessous sans ailes, c'est le fixe ou le mle, celui qui est au-dessus, c'est le volatil ou bien la femelle noire et obscure qui va prendre la domination pendant plusieurs mois. La premier est appel Soufre ou bien calidit et siccit et le second Argent vif, ou frigidit et humidit. Ce sont le Soleil et la Lune de source mercurielle et origine sulfureuse (Le livre de Nicolas Flamel). Les dragons de Flamel taient clbres parmi les alchimistes et souvent cits : Flamel veut que ce soient deux dragons, dont un a des ailes et l'autre n'en a point. Il les explique lui-mme, l'un est mle, l'autre femelle, l'un est le fixe, l'autre, le volatile l'un le Soufre, et l'autre le Mercure, qui ne sont pas le Soufre et le Mercure du vulgaire, mais ceux des philosophes (Filet d'Ariadne.)

  • Explication de la planche VIII Figure I ( Tire d'une dition allemande du Crede Mihi de Northon.) Rebis, l'hermaphrodite chimique, Soufre et Mercure, couch dans un jardin entour de murs qui symbolisent le triple vaisseau : Athanor, bain de sable, uf philosophique. Mercure on la mme signification, placs prs de Rebis il indique que l'hermaphrodite est le Mercure des philosophes pris dans le sens de Matire du Grand uvre (Voir chapitres III et IV).

    Figure II (Tire du Viatorium spagyricum). Nous retrouvons Rebis. Le corbeau symbole du noir, veut dire que le mariage philosophique, l'union du Soufre et du Mercure, du mle et de la femelle a lieu pendant la couleur noire. Les trois serpents, symboles des trois principes. Le croissant et l'arbre lunaire signifient qu'il s'agt ici de la Pierre blanche, du petit magistre (Voir chapitres II, III et IV).

  • Un seul dragon peut reprsenter les trois principes mais alors il a trois ttes : La toison d'or est garde par un dragon trois ttes, l'une c'est l'eau, la seconde c'est la terre, la troisime c'est l'air. Ces trois ttes doivent se runir en une seule qui sera assez forte et assez puissante pour dvorer tous les autres dragons (D'Espagnet : Arcanes de la philosophie d'Herms).

    L'eau c'est le Mercure, la terre, c'est le Soufre et l'air c'est le Sel. Trois serpents dans un calice, indiquent les trois corps composant la matire de la pierre, placs dans l'uf philosophique, ce symbole accompagne gnralement l'Hermaphrodite chimique. Pourquoi les alchimistes figuraient-ils le Soufre et le Mercure par des dragons? Flamel va nous rpondre: La cause que je t'ai peint ces deux spermes en forme de dragons, est parce que leur puanteur est trs grande comme celle des, dragons (Le livre de Flamel). Nous avons parl des principaux symboles du Soufre et du Mercure, il en existe une infinit d'autres que l'on comprendra facilement si l'on se rappelle cette rgle : Le Soufre tant fixe et mle, le Mercure volatil et femelle, on les reprsentera soit par des choses naturellement contraires (fixe et volatil), soit par des animaux de sexe diffrent (mle et femelle). Dans les figures de Lambsprinck, on les trouve sous forme de deux poissons, puis d'un lion et d'une lionne et d'un cerf d'une licorne, enfin de deux aigles. Le symbole le plus employ est celui de deux chiens, le Soufre tait appel chien de Corascne et le Mercure, chienne d'Armnie : Mon fils, prends le chien masle de la montagne de Corascne et la chienne d'Armnie, jointz les ensemble et engendreront (Calid : Secrets d'Alquimie). Le Soufre et le Mercure avalent un trs grand nombre de synonymes, dont il est indispensable de connatre les principaux. Synonymes de Soufre: gomme, huile, soleil, fixit, pierre rouge, caill, safran, pavot, laiton rouge, sec, teinture, feu, esprit, agent, sang, homme rouge, terre vive, Gabricius, roi, poux, dragon sans ailes, serpent mle, lion, chien de Corascne, airain, brl, or philosophique, etc. Synonymes de Mercure : principe femelle, blanc, Bea, lune, argent, or blanc, or cru, azoth, eau, lait, couverture blanche, manne blanche, urine blanche, froid, humidit, corps, matrice, femme blanche, habit changeant, volatil, patient, lait virginal, plomb blanc, verre, fleur blanche, fleur de sel, corce, voile, venin, alun, vitriol, air, vent, arc-en-ciel, nue, etc.

  • CHAPITRE IV

    PRATIQUE DE LA MATIRE OU GRANB-UVRK. LES DEUX VOIES.L'OR ET L'ARGENT. LEUR. PURIFICATION. LA FONTAINE DES PHILOSOPHES.BAIN DU ROI ET DE LA REINE. DISSOLUTION DE L'OR ET DE L'ARGENT. LE PETIT MAGISTRE ET LE GRAND-CEUVRE.

    Dans le chapitre prcdant nous avons vu que les alchimistes prenaient le Soufre, le Mercure et le Sel extraits des mtaux comme matire de la pierre. Mais ici ils pouvaient employer plusieurs mthodes qui toutes les conduisaient au mme but, c'est ainsi que certains alchimistes prtendaient tirer la matire, de l'tain, du plomb, du vitriol. Nous reviendront sur ce point. Quant la marche gnrale du grand uvre, les matres les plus illustres de l'hermtisme n'en reconnaissaient qu'une seule : II n'y a qu'une pierre, une seule maniera d'oprer, un seul feu, une seule faon de cuire, pour parvenir au blanc et au rouge, et tout se parfait en un seul vaisseau (Avicenne : Declaratio lapidis physici). Cependant partir du XVII sicle les alchimistes distingurent deux voies, l'humide et la sche. Ils appellent voie humide, l'opration suivante, le Soufre et le Mercure des philosophes sont cuits un feu modr dans un vaisseau ferm jusqu' ce que la matire devienne noire, on augmente le feu et elle devient blanche enfin un feu plus violent la teint en rouge.....; la voie sche consiste prendre le Sel cleste, qui est le Mercure des philosophes, le mlanger avec un corps mtallique terrestre et le mettre en un creuset, feu nu, en quatre jours, l'uvre est parfait. C'est ainsi qu'oprait l'artiste dont Helvtius fait mention dans son : Veau d'or (Barchusen : Liber singularis de Alchimia). Mais cette voie sche fut fort peu en honneur et nous ne connaissons aucun trait Spcial sur ce sujet ; aussi nous ne nous occuperons que del voie humide universellement reconnue par les adeptes de tous les pays et de tous les sicles. Le Soufre, le Mercure et le Sel constituent la matire de la pierre, mais tous les corps renferment ces trois principes. D'o les extraire plus spcialement ? C'est ici qu'erraient les Souffleurs, prenant la lettre les paroles des philosophes, ils ne savaient distinguer le fait de son symbole. Le Soufre est appel fleur rouge, la matire de la pierre est encore dite vgtale, arbre mtallique, les Souffleurs s'empressaient de piler des herbes; de recueillir des sucs, de distiller des fleurs; ailleurs on appelait la matire de la pierre, sang, menstrues, cheveux, chien, aigle, etc.; on dit aussi que la matire est une chose vile, qu'on la trouve partout ; que de causes d'erreur ! Gnralement les souffleurs malheureux s'tonnaient de n'avoir pas russi et accusaient tout, sauf leur ignorance et leur ineptie ; ils faisaient ainsi dfiler dans leurs alambics les produits les plus multiples et les plus bizarres. Je fis amasser morve, crachats, urine, matire fcale de chacun une livre, que je fis mlanger ensemble, et mettre dans un alambic pour en tirer l'essence, laquelle tant toute tire, j'en fis un sel, que j'essayai en la transmutation des mtaux, mais en vain, je ne russis pas (de la Martinire : Le chimique inconnu, ou l'imposture de la Pierre philosophale.) Les philosophes hermtiques sont unanimes dire que la matire doit tre cherche dans les mtaux ; car le but du grand-uvre est de faire de l'or, l'or est un mtal, on doit donc s'adresser aux mtaux : Nature prend ses bats avec Nature et Nature contient nature, et Nature sait surmonter Nature (Texte dAlchymie). Cet axiome clbre, qui mit Bernard le Trvisan sur la voie, se retrouve dans les Physiques et mystiques de Dmocrite le mystagogue,

  • alchimiste grec : La nature triomphe de la nature. Les adeptes ne cessaient de rpter cette formule sous toutes ses formes, ainsi Arnauld de Villeneuve dans son : Flos florum, dit la mme chose. L'homme n'engendre que des hommes, le cheval ne produit que des chevaux, de mme aussi les mtaux ne peuvent tre produits que par leur propre semence. Voici une autre citation conue dans le mme esprit. Maintenant toi, mon fils, va trouver l'Agriculteur et demande-lui quelle est la semence et quelle est la moisson. Tu apprendras de lui que celui qui sme du bl, moissonne du bl, que celui qui sme de l'orge moissonne de l'orge. Ces choses mon fils te conduiront l'ide de la cration, et de la gnration. Rappelle-toi que l'homme engendre un homme, que le lion engendre un lion et le chien un chien. C'est ainsi que l'or produit de l'or, voil tout te mystre (Eptre d'isis sur l'Art sacr ; ms. grec ; passage dj cit par Hffer). Donc la matire doit tre tire des mtaux, mais de quels mtaux? des mtaux parfaits, c'est--dire de l'Or et de l'Argent, du Soleil et de la Lune. Le soleil est son pre, la lune est sa mre (Table d'Emeraude d'Herms). La matire dont est extraite la mdecine souveraine des philosophes est tant seulement or trs pur et argent trs fin et notre vif argent (Bernard le Trvisan : La parole dlaisse). L'Or, l'Argent et le Mercure constituent la matire de la pierre, aprs qu'ils ont t prpares selon l'Art (Libavius : paraphrasis Arnaldi). Les passages indiquant l'or, l'argent et le mercure comme matire, sont innombrables : les prcdents sont suffisamment explicites, surtout celui de Libavius. En voici un dernier trs intressant. Mais je te le dis, travaille avec le Mercure et ses semblables, tu n'y ajouteras surtout rien d'tranger ; sache cependant que l'or et l'argent ne sont pas trangers au mercure (Saint Thomas d'Aquin: Secrets d'Alchimie). Ce qui revient dire : travaille avec le mercure, l'or et l'argent. Mais ces trois mtaux ne constituaient que la matire loigne de la pierre, la matire prochaine c'est le Soufre, le Mercure et le Sel qui en sont tirs. De l'or on tire le Soufre, de l'argent le Mercure, et du vif-argent vulgaire le Sel. D'aprs les thoriciens de l'Alchimie (Roger Bacon en particulier dans son Miroir d'Alchimie), l'or contient un soufre principe trs pur, fixe, rouge, non combustible, et l'argent contient un Mercure principe pur, volatil plus ou moins, brillant, blanc. Quant au Sel il tait fourni par le vif-argent. La matire de la pierre consistait donc en corps extraits de l'or et l'argent. II y a d'autres philosophes qui prtendent qu'on extrait la pierre du Mercure non pas du vulgaire, mais de celui que l'on peut tirer par le secours de l'Art, des mtaux parfaits comme le Soleil et la Lune (Albert le Grand : Concordance des philosophes sur le Grand-uvre). Il semble y avoir ici une lgre contradiction avec ce que nous avons dit plus haut, il n'en est rien, les philosophes dsignaient souvent sous le nom de Mercure des philosophes, la matire de la pierre considre dans son ensemble ; ainsi ce mot du Mercure a quatre acceptions diffrentes, il peut dsigner: 1 le mtal, 2 le principe, 3 l'argent prpar pour l'uvre, 4 la matire de la pierre. C'est dans ce dernier sens qu'il faut l'entendre dans ce passage;

    C'est le Mercure des Mercures

    Et maintes gens mettent leurs cures

    De le trouver pour leur affaire

    Car ce n'est Mercure vulgaire .

  • (Jehan De La Fontaine : La fontaine des amoureux de science ). C'est au contraire dans le sens d'argent prpar pour l'uvre, de Mercure principe extrait de

    l'argent qu'on en parle dans cette citation :

    Cuides-tu fixer l'Argent-vif

    Cil qu'est volalil et vulgal

    Et non cil dont je fais mtal ?

    Pauvre homme tu t'abuses bien !

    Par ce chemin ne feras rien

    Si tu ne marches d'autres pas .

    (JEAN DE MEUNG : La complainte de la Nature l'alchimiste errant). Nous avons dj dit que le Sel comme troisime principe est peine mentionn par les anciens? alchimistes, aussi ne parlent-ils souvent que du Soufre et du Mercure, or et argent, soleil et lune. Pour embarrasser le vulgaire ils prenaient plaisir prendre ces termes les uns pour les autres, Le Soleil est le pre de tous les mtaux, la Lune est leur mre, quoique la Lune reoive sa lumire du Soleil. De ces deux plantes dpend le magistre tout entier (R. Lulle: la Clavicule). Dans la premire phrase. Soleil et Lune sont synonymes de Soufre et Mercure, principes universels, dans la seconde, ils signifient Soufre et Mercure, matire de l'uvre. Ces quatre termes pouvaient donc tre pris deux deux comme synonymes absolus. Une figure de Barchusen reprsente le signe du Soufre correspondant celui du Soleil, de l'or, et celui du Mercure celui de la Lune, de l'argent. Les symboles du Soufre et du Mercure principes sont donc applicables ceux du Soufre et du Mercure, matire de la pierre, l'Or et l'argent (Pour ces symboles, voir chapitres II et III de cette seconde partie). L'Or et l'argent prpars pour l'uvre s'appelaient or et argent des philosophes. Ils taient d'abord purifis, c'est pourquoi Rhass dit: Le commencement de notre uvre est sublimer (Livre des lumires). Sublimer, c'est--dire purifier. C'est ainsi que Grever dit : L'or du vulgaire est impur, souill par la prsence de mtaux trangers, aigre, malade, et pour cela mme strile, de mme l'argent vulgaire. Au contraire, le Soleil et la Lune des philosophes sont des plus purs, ils ne sont contamins par aucun mlange tranger, sains, vaillants, plus abondants en semence gnratrice (Grever: Secretum nobilissimum). En purifiant ces mtaux on augmentait leur perfection, et on leur donnait ainsi la facult de crotre en perfection pendant le grand uvre. L'Or vulgaire n'est que simplement parfait par nature, c'est--dire, n'a qu'autant de perfection qu'il luy en faut pour estre parfait, sans qu'il en puisse faire part aux mtaux imparfaits et partant si on veut que l'or vulgaire introduise la forme d'Or vulgaire dedans les mtaux imparfaits pour les parfaire, il est ncessaire que l'or vulgaire soit rendu plus que parfait (Colleson :