Théophraste Caracteres Fr

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[1] Le fourbe.(1) {La fourberie, pour le dire en un mot, pourrait bien tre une feinte humilit en actes et en paroles.}Le fourbe (2) est quelqu'un du genre aborder ses ennemis et vouloir causer avec eux {au lieu de les har}. Il louange en leur prsence ceux qu'il a attaqus en secret et tmoigne de la compassion aux gens , ds lors qu'ils sont perdants. Il pardonne ceux qui mdisent de lui et des propos tenus son encontre. (3) Des gens s'indignent-ils d'avoir t lss, il leur tient des propos feutrs. (4) Il n'avoue rien de ce qu'il fait, mais affirme qu'il en est encore se consulter, fait semblant de n'tre l que depuis un moment, {dit qu'il est bien tard} et qu'il s'est senti souffrant.(5) Des gens cherchent-ils emprunter ou faire une collecte, abordant quelqu'un, il lui demande d'attendre jusqu' ce qu'il ait fait sa promenade.(5) Enlevant le gosse des bras de la nounou, il mche lui-mme la nourriture pour lui donner la becque, claque la langue en lui susurrant des bruits de baisers, le dorlote avec des petits noms tout en l'appelant "un plus grand bandit que son papa !"(6) Alors qu'il est en train de manger, il explique qu'ayant bu de l'ellbore il s'est nettoy par en haut et par en bas, et que la bile vacue dans ses selles tait plus noire que la sauce pose ici sur la table. (7) Il est homme encore demander, en prsence de toute la maisonne : "Dis, maman, quand tu prouvais les douleurs de l'enfantement pour me mettre au monde, c'tait quel jour ?" (8) {et de dire sa place que c'est bien doux et qu'il n'est pas facile de trouver un homme qui n'ait les deux} (9) et qu'il y a chez lui une citerne d'eau bien froide, un jardin qui donne beaucoup de lgumes bien tendres, un cuisinier qui lui prpare bien ses repas et qu'en somme sa maison est un htel; d'ailleurs, elle est toujours pleine et ses amis sont comme le tonneau perc : c'est qu'il a beau les bien traiter, il est impossible de les combler !(10) Quand il reoit des htes, il fait voir ses convives quel lascar est son parasite; pour les mettre en train quand on commence boire, il signale qu'on a "programm l'agrment de l'assistance" et que "la fille, s'ils la demandent, l'esclave ira sur l'heure la chercher chez l'entrepreneur, afin que nous soyons tous bercs par sa flte et mis en joie". [21] Le faiseur.(1) Ce type d'ambition apparatra comme un vil apptit d'honneurs, et le faiseur est du genre (2) que voici. Est-il pri dner, il s'empresse de s'installer aux cts de son hte lui-mme. (3) Pour faire couper les cheveux son fils, il le conduit Delphes (4) et veille avoir dans sa suite un thiopien.(5) A-t-il rembourser une mine d'argent, il rembourse en monnaie toute neuve. (6) Pour son geai apprivois, il est homme acheter une chelle miniature et faire fabriquer un petit bouclier de bronze, que l'oiseau porte pour sauter sur l'chelle. (7) A-t-il sacrifi un boeuf, il cloue face sa porte d'entre la peau de la tte entoure de larges bandelettes, afin que ceux qui entrent chez lui voient bien qu'il a sacrifi un boeuf !(8) S'il a pris part la procession avec les cavaliers, il donne son esclave l'ensemble de son quipement rapporter la maison, mais garde tout de mme son manteau retrouss et ses perons pour dambuler sur le march. (9) Son bichon de Malte tant mort, il lui fait faire un monument et une petite stle avec l'inscription "Greffon de Malte". (10) A-t-il ddi, dans le sanctuaire d'Asclepios, un petit doigt de bronze, il l'astique, le couronne, l'oint chaque jour d'huile parfume.(11) n'en pas douter, il s'arrange avec les prytanes ses collgues pour faire lui-mme au peuple l'annonce du sacrifice et, s'tant procur un manteau d'un blanc clatant, la tte couronne, il s'avance en disant : "Citoyens d'Athnes, nous, vos prytanes, avons offert la Mre des dieux le sacrifice des Galaxies; le sacrifice est favorable, recevez-en, vous autres, le bienfait !". Aprs cette annonce, il se retire et rentre la maison raconter sa femme comme il a suprieurement bien russi. [22] Le grippe-sous.(1) Le comportement d'un grippe-sous, c'est une absence de gnrosit en ce qui concerne la dpense, et le grippe-sous est du genre (2), le jour o il a remport le prix du concours, ddier Dionysos une plaquette de bois o est inscrit tout simplement son nom. (3) Demande-t-on au peuple des contributions volontaires, il se tait ou se lve pour se retirer de l'assemble.(4) Marie-t-il sa fille, il fait vendre les viandes du sacrifice sauf celles destines aux prtres et prend en location pour la noce des serviteurs qui doivent apporter leur propre repas ! (5) Lorsqu'il est commandant d'un navire, il fait disposer pour lui sur le pont les couvertures du pilote et retirer les siennes.(6) Il est homme encore ne pas envoyer ses enfants l'cole quand vient la fte des Muses et prtendre qu'ils sont malades, afin qu'ils n'aient pas y participer.(7) A-t-il achet ses viandes au march, il les rapporte lui-mme, avec les lgumes, dans le pli de son vtement. (8) Chaque fois qu'il a donn son manteau laver, il reste chez lui !(9) Un ami sollicite un prt et en a discut avec lui : ds que notre homme le voit venir, il rebrousse chemin et rentre chez lui en faisant le grand tour.(10) Pour sa femme -- et elle lui a cependant apport une belle dot --, il n'achte pas de servante, mais prend en location au march des femmes un esclave pour l'escorter dans ses sorties. (11) Il porte des chaussures maintes fois ressemeles et affirme que a vaut de la corne... (12) Sitt lev, il nettoie la maison et puce les lits. (13) Quand il s'assied, il ramne son ct le vieux manteau qu'il porte sans rien par-dessous. [23] Le hbleur. (1) Faire semblant de disposer de biens en ralit inexistants : telle apparatra sans doute la hblerie, et le hbleur est du genre que voici.(2) Debout sur le mle, il explique des trangers qu'il a des fonds considrables engags en mer; il discourt sur l'importance de son entreprise de prt, en prcisant combien il y a lui-mme perdu et gagn . Et tout en enflant les chiffres, il envoie son petit esclave la banque -- o il a tout juste une drachme !(3) En voyage, il est homme snober son compagnon de route, en racontant comment il a fait campagne avec Alexandre, en quels termes il tait avec lui, et combien de coupes incrustes de pierreries il a rapportes; il prtend que les artisans d'Asie sont meilleurs que ceux d'Europe -- voil ce qu'il affirme, lui qui n'a jamais rsid nulle part en dehors de sa cit !(4) Il dit aussi qu'il possde des lettres d'Antipatros, trois en fait, qui l'invitent en Macdoine; on lui donnait licence d'exporter du bois en franchise, ce qu'il a refus de peur d'tre attaqu ne serait-ce que par un seul dlateur -- "les Macdoniens auraient bien d penser un peu plus loin" !(5) Et d'affirmer encore qu' l'poque de la disette, il a dpens plus de cinq talents en faveur de ses concitoyens ncessiteux, car il ne sait pas dire non.(6) Des inconnus se sont-ils assis prs de lui, notre homme prie l'un d'eux de disposer les jetons calcul et, faisant le total depuis la colonne des milliers jusqu' celle des units, puis ajoutant de faon toute plausible les noms des bnficiaires, il arrive bien dix talents -- et ceci, affirme-t-il, pour n'allguer que ses prts d'amiti, sans parler de ses trirarchies et de toutes les liturgies dont il s'est acquitt.(7) Allant du ct des chevaux de prix, il se donne l'air auprs des vendeurs de vouloir acheter. (8) Se dirigeant vers le secteur des lits au march, il affirme chercher des tissus pouvant aller jusqu' deux talents et gourmande son esclave, parce qu'il l'escorte sans avoir pris d'or avec lui.(9) Habitant une maison dont il est locataire, il assure qui l'ignore que c'est sa demeure de famille et qu'il va la vendre parce qu'elle est trop exigu pour ses rceptions... [24] L'arrogant.(1) L'arrogance est un mpris de tout sauf de soi-mme, et l'arrogant est du genre (2) dire une personne presse qu'il la rencontrera aprs dner, durant sa promenade. (3) A-t-il rendu un service, il entend bien qu'on s'en souvienne. (4) Rencontre-t-il en rue des gens qui lui ont confi le soin de dpartager leurs arbitres, il se fraie de force un passage !(5) Est-il lu une fonction gouvernementale, il se drobe en affirmant sous serment... qu'il n'a pas le temps. (6) Il ne consent aborder personne le premier. (7) Il est homme inviter vendeurs et salaris se rendre chez lui au lever du jour.(8) Lorsqu'il marche en rue, tte baisse, il ne parle pas aux gens qu'il rencontre, mais redresse derechef la tte ds lors qu'il en a envie. (9) Donne-t-il un dner ses amis, lui-mme ne mange pas avec eux, mais il charge quelqu'un de son personnel de s'occuper d'eux.(10) Quand il est en route, il envoie par avance quelqu'un pour dire qu'il arrive. (11) Il ne laisse entrer personne au moment de sa friction, de son bain ni de son repas. (12) Bien entendu, lorsqu'il rgle un compte avec quelqu'un, il enjoint son esclave de pousser les jetons et, une fois le total fait, de l'inscrire pour lui sur son compte.(13) Dans une lettre, il n'crit pas "Vous me feriez plaisir...", mais "Je veux que..." et "J'ai envoy quelqu'un prendre chez vous..." et "Afin que cela ne se fasse pas autrement" et "au plus vite" ! [25] Le couard. (1) La couardise, sans nul doute, aurait assez bien l'air d'une dfaillance craintive de l'me, et le couard est du genre (2) prtendre, en mer, que les caps sont des barques de pirates; si la houle se lve, il demande s'il se trouve bord quelqu'un qui n'a pas t initi; la tte leve, il questionne le pilote : est-on mi-chemin ? que pense-t-il de l'tat du ciel ? Il dit au passager assis auprs de lui qu'il se trouve effray du fait d'un rve, enlve sa tunique pour la donner son esclave et demande qu'on le conduise terre.(3) Au cours d'une expdition militaire, alors que l'infanterie se porte en renfort, il appelle tout le monde de son ct, enjoignant qu'on se tienne prs de lui et que, tout d'abord, on observe les alentours; il dit que le tout est de discerner lesquels en fait sont nos ennemis...(4) Ds qu'il entend des cris et voit tomber des hommes, il dit ceux qui l'entourent qu'il a oubli, dans sa hte, de prendre son pe; il court sa tente, envoie son esclave au dehors en lui ordonnant d'observer les positions de l'ennemi... et cache l'pe sous son oreiller... pour passer ensuite beaucoup de temps paratre la chercher !(5) Voyant, dans sa tente, qu'on ramne un de ses amis blesss, il se prcipite, l'exhorte au courage, le soulve et le transporte. Puis il soigne cet homme, ponge le sang et, assis auprs de lui, chasse les mouches de sa blessure : bref, tout plutt que combattre l'ennemi ! Et lorsque le trompette a sonn la charge, le gaillard dit, assis dans sa tente : "Va-t-en au diable ! C'est qu' sonner sans arrt, il ne laissera pas le pauvre homme prendre de repos !"(6) Et plein d'un sang qui provient de la blessure d'autrui, il rencontre ceux qui reviennent du combat; il raconte, comme s'il avait couru un danger :"J'ai sauv un de nos amis !", et introduit auprs du gisant les hommes de son dme, ceux de sa tribu, tout en expliquant chacun de ceux-ci comment lui-mme a, de ses mains, rapport le bless dans la tente. [26] Le ractionnaire.(1) La tendance ractionnaire aurait assez bien l'air d'un amour du pouvoir qui convoite puissance et profit, et le ractionnaire est un homme du genre (2) que voici. Alors que le peuple dlibre sur le choix des citoyens qui, avec l'archonte, s'occuperont de la procession, notre homme se prsente la tribune pour dclarer que ces citoyens doivent disposer des pleins pouvoirs; si d'aucuns proposent dix noms, lui, il assure : "Il suffit d'un seul, mais celui-l doit tre un homme !". Des vers d'Homre, voici le seul qu'il retient (quant au reste, il n'en connat rien) : "Ce n'est pas un bien qu'une souverainet multiple; qu'un seul soit le chef !"(3) Il est homme, assurment, tenir des propos de ce genre : "Nous devons nous runir entre nous pour dlibrer de ces questions, nous carter de la foule et de la place publique, cesser de prendre part au gouvernement et de nous laisser ainsi maltraiter ou honorer par ces gens-l"; et encore "soit c'est eux, soit c'est nous d'habiter la cit".(4) Le personnage sort vers midi, manteau drap, cheveux mi-longs, ongles soigneusement taills et il s'avance firement en entonnant des discours de ce genre : (5) "Avec les dlateurs, la ville n'est plus habitable !", "nous en voyons de belles, dans les tribunaux, avec nos juges achets !", "je me demande ce que cherchent ceux qui s'introduisent dans la chose publique", "comme la masse est ingrate et se livre toujours quiconque partage ou donne !". Et de dire qu'il se sent honteux, l'Assemble, quand s'assied prs de lui un individu chtif et malpropre.(6) Il ajoute encore : "Quand cesserons-nous de nous ruiner en liturgies et en trirarchies ?", "Combien hassable la race des chefs populaires ! C'est Thse qui a t le premier responsable des maux de notre cit, lui qui a ramen dans une seule cit les populations de douze, et aboli leurs royauts; au reste, il a subi son juste sort, puisqu'il a pri le premier sous leurs coups !"{Et autres propos du genre l'adresse des trangers et de ceux qui, parmi ses concitoyens, ont mme caractre et mmes prfrences politiques.} [27] Le vieux jouvenceau.(1) {L'instruction tardive aurait assez bien l'air d'une application au travail excessive par rapport l'ge} et l'homme form sur le tard est du genre (2) que voici. soixante ans, il apprend des tirades, qu'il oublie quand il veut les rciter lors d'un banquet. (3) Avec son fils, il apprend "droite", "gauche", "en arrire !". (4) Aux ftes des hros, il apporte sa cotisation aux jouvenceaux et participe la course aux flambeaux. (5) A-t-il t invit dans un sanctuaire d'Hracls, le voil videmment qui jette son manteau et soulve le boeuf pour lui faire tendre le cou. (6) Il entre dans les palestres pour s'exercer la lutte.(7) Aux spectacles de foire, il endure trois ou quatre reprsentations, tant il s'efforce d'apprendre les airs chants. (8) Se fait-il initier au culte de Sabazios, il s'empresse pour paratre tout beau auprs du prtre. (9) S'amourachant d'une prostitue, il attaque sa porte coups de blier, se fait rosser par son rival et se trouve en procs.(10) A-t-il emprunt un cheval pour se rendre la campagne, tout en faisant des exercices d'quitation, il tombe et se brise la tte. (11) Aux banquets des dcadistes, il convie ceux qui, avec lui, en sont les promoteurs. (12) Il joue la grande statue avec son serviteur. (13) Il tire l'arc et lance le javelot avec le surveillant de ses enfants, tout en conseillant ce dernier de prendre des leons avec lui, comme si cet homme-l n'y connaissait rien !(14) Tout en luttant, aux bains, il roule continuellement des hanches, pour avoir l'air bien entran. (15) Y a-t-il des dames en vue, il s'exerce esquisser des pas de danse en se fredonnant lui-mme un accompagnement. [28] La mauvaise langue. (1) Faire la mauvaise langue, c'est un penchant de l'me aller au pire dans les propos, et la mauvaise langue est le genre d'homme que voici.(2) On lui demande : "Un tel, c'est qui ?"; il se gonfle, comme font les gnalogistes : "Tout d'abord, je commencerai par sa ligne. Le pre de cet homme-l s'appelait l'origine Sosias, mais l'arme il est devenu Sosistrate puis, une fois inscrit la commune, . Sa mre pourtant est noble -- une noble Thrace; la chre me s'appelle en tout cas Krinokoraka, et les femmes de cette espce sont, dit-on, nobles dans leur patrie. Aussi l'individu lui-mme, issu de telles gens, n'est-il qu'un coquin, bon pour le fouet !"(3) Mchamment encore, notre homme dit quelqu'un : "Parbleu ! c'est que je connais, moi, ce genre d'affaires, propos desquelles tu te fourvoies, ici, devant moi !" Et l-dessus, entrant dans le dtail : "Ces femmes-l, dans la rue, elles s'emparent des passants !", puis "Cette maison-l, c'est une qui lve les jambes ! C'est pas de la frime, ce qu'on dit : comme les chiennes, elles s'accouplent en rue". Et : "Bref, des filles qui parlent aux hommes !" et : "elles vont elles-mmes rpondre la porte de la cour !"(4) Et bien sr, si d'autres font la mauvaise langue, il vient la rescousse en disant : "Eh ! bien, moi, voil un homme que j'excre plus que tous; car il est dtestable, rien qu' voir son visage; sa mchancet, il n'y a rien de pareil... La preuve : sa femme, qui lui a pourtant apport une belle dot, depuis qu'elle porte un enfant de lui, il donne juste trois sous pour sa nourriture, et il l'oblige prendre un bain froid le jour de Poseidon.(5) Est-il assis dans un groupe, c'est l'homme parler de celui qui vient juste de s'en aller et, une fois qu'il a commenc, ne pas s'abstenir non plus d'insulter la maisonne de l'absent. (6) Il mdit copieusement de ses amis et familiers, et mme des dfunts, dnommant cette attitude libert de parole, dmocratie et libert et tenant cela pour la chose la plus agrable de la vie.(7) {Ainsi la dmangeaison de l'enseignement affole-t-elle les gens et les fait-elle sortir d'eux-mmes.} [29] La canaille.(1) La canaillerie, c'est un dsir du mal, et la canaille est du genre (2) que voici. Cet individu cherche rencontrer les gens qui ont perdu un procs ou ont t condamns dans des actions publiques : il imagine qu' leur contact, il deviendra plus expert et plus redoutable.(3) Des gens honntes, il dit : "Oui, ... en apparence"; il assure que personne n'est honnte, que tous sont pareils, et tourne en drision "il est honnte".(4) Du mchant, il dit que, si on veut bien l'examiner, c'est un homme libre; il admet que tout ce que les gens disent son sujet est vrai, mais il y a tout de mme des choses qu'on mconnat : cet homme-l, dit-il, a une bonne nature, il est attach ses amis, adroit; et de soutenir nergiquement qu'il n'a jamais rencontr personne de plus capable.(4a) La canaille prend encore parti pour le mchant quand celui-ci parle l'Assemble ou se trouve accus au tribunal; il est mme de ceux qui diraient aux juges que ce n'est pas l'homme qui doit tre jug, mais l'affaire... Cet homme-l, affirme-t-il, est un chien de garde pour le peuple, car il surveille les malfaiteurs. Et d'ajouter : "Nous n'aurons personne pour se charger avec nous des intrts publics si nous abandonnons de pareils citoyens".(5) La canaille est homme aussi se faire le dfenseur de vils individus, plaider dans les tribunaux pour de sales affaires et, lorsqu'il rend un jugement, tirer dans le plus mauvais sens les arguments des parties adverses.(6) {Bref, la canaillerie est soeur de la mchancet. C'est bien vrai, ce que dit le proverbe : "Le pareil va vers son pareil".} [30] Le cupide (1) La cupidit est le dsir d'un gain honteux, et le cupide est du genre (2) ne pas faire servir de pain en suffisance quand il invite un repas. (3) Il demande un emprunt un hte qui loge chez lui. (4) Quand il distribue des portions, il affirme qu'il est juste d'en donner le double au distributeur... et se l'adjuge immdiatement lui-mme.(5) Vend-il du vin, il le fournit tout mlang son ami. (6) Il va au thtre avec ses fils les jours o les entrepreneurs de spectacle laissent entrer gratuitement. (7) Voyageant l'tranger en mission officielle, il a laiss chez lui l'indemnit qui lui est alloue par l'tat, mais emprunte auprs de ses collgues d'ambassade; il charge son serviteur d'un fardeau plus lourd que celui-ci n'en peut porter et lui octroie des provisions de route plus chiches que quiconque. Il rclame, pour la revendre, sa part des cadeaux faits aux ambassadeurs.(8) Se frictionne-t-il, au bain, tout en disant : "Mais elle est rance, gamin, l'huile que tu as achete !", il utilise celle de son voisin. (9) Il est homme encore rclamer sa part de la monnaie trouve en rue par ses serviteurs, en affirmant : "Herms est tout le monde !". (10) A-t-il donn son manteau nettoyer, il prend celui d'une connaissance et trane ainsi plusieurs jours, jusqu' ce qu'il lui soit rclam.(11) Et des traits de ce genre : c'est avec une mesure phidonienne, dont le fond est bomb vers l'intrieur, qu'il mesure lui-mme les vivres ncessaires la maisonne, et en nivellant strictement ! (12) Un ami lui parat-il avoir achet une chose au-dessous de son prix, il la rachte sa guise, pour la revendre une fois qu'il la tient. (13) Et bien sr, ayant rembourser une dette de trente mines, il paie quatre drachmes de moins.(14) Si ses fils, parce qu'ils sont souffrants, ne vont pas l'cole pendant le mois tout entier, il dfalque des droits de scolarit un montant proportionnel; et durant le mois d'Anthesterion, o il y a nombre de spectacles, il ne les envoie pas leurs leons, pour ne pas devoir payer le traitement des matres.(15) Peroit-il d'un esclave une redevance, il rclame de surcrot le change de la monnaie de cuivre, et de mme lorsqu'il reoit les comptes de son intendant. (16) Donne-t-il dner aux membres de sa phratrie, il demande la caisse commune la nourriture de ses propres esclaves, et fait inscrire les demi-radis abandonns sur la table, de peur que les esclaves de service ne les prennent.(17) S'il est en voyage avec des connaissances, il se sert de leurs esclaves, tandis qu'il loue les siens l'extrieur, sans verser leurs gages la caisse commune. (18) Des gens se runissent-ils chez lui, il fait bien entendu l'estimation des denres qu'il a lui-mme fournies : bois, lentilles, vinaigre, sel, huile de lampe.(19) Si l'un de ses amis convole ou bien marie sa fille, quelque temps l'avance, notre homme se rend l'tranger, afin de ne pas devoir faire de cadeau. (20) Il emprunte ses connaissances ce genre de choses que personne ne rclamerait ni ne reprendrait volontiers quand bien mme on offrirait de les rendre.