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1 THEME III : PUISSANCES ET TENSIONS DANS LE MONDE DE LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE A NOS JOURS CHAPITRE 9 : LES ETATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS LES « 14 POINTS » DU PRESIDENT WILSON ( DE 1918 A NOS JOURS) Comment naît et se déploie la puissance des Etats-Unis depuis 1918 ? Quelles en sont les caractéristiques et en quoi consiste le rapport au monde des Américains tout au long du XXème siècle ? I. LA TENTATION DE L’ISOLATIONNISME (1918/1941) A) L’engagement dans la guerre et la fin de l’idéalisme wilsonien a) Le rôle des Etats-Unis dans la victoire des Alliés Durand la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis ont d’abord observé une stricte neutralité militaire conformément à la doctrine Monroe. La doctrine Monroe est issue d’un discours du Président Républicain J Monroe en 1823 et revendique une forme d’hégémonisme des Etats-Unis sur l’ensemble du continent américain et en contre partie, ils s’excluent de se mêler des affaires européennes. Cependant, différents événements les ont poussés à intervenir en 1917 (notamment la guerre sous-marine à outrance décidé par les puissances de l’axe. Ils entrent en guerre le 2 avril 1917. Ils envoient du ravitaillement, de l’argent et des troupes aux côtés de la Triple Entente. b) Le poids économique des Etats-Unis en 1918 En 1918, les Etats-Unis sont la seule nation en capacité de dominer la hiérarchie économique mondiale. Ils sont à l’origine de 16% du commerce mondial et disposent de 60% du stock d’or mondial. Leur appareil productif est performant et ils sont les créanciers de l’Europe. c) Les 14 points du Président Wilson Le Président démocrate Thomas W.Wilson aspire à un programme ambitieux de paix mondiale faisant une large place au « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et le présente au Congrès au début 1918. C’est ce que l’on appelle « les 14 points de Wilson ». Ils donnent la tâche aux Etats-Unis de défendre la liberté dans le monde et de refonder l’ordre international sur les principes du Droit et de la Liberté. Le wilsonisme vaudra à son auteur le prix Nobel de la paix en 1919. B) retour à l’isolationnisme : Les roaring twenties, un relatif repli sur soi (1920- 1933) Favorablement accueilli en Europe, le wilsonisme est contesté par de nombreux américains. L’ancien Président Théodore Roosevelt refuse le principe de la SDN au nom de l’isolationnisme. En 1920, le Sénat rejette le Traité de Versailles dont le préambule fondait la Société des Nations, et les démocrates sont battus aux élections présidentielles de novembre 1920 par le républicain Warren G Harding dont le slogan était « America first ». L’idéal wilsonien a échoué. On parle des « roaring twenties » qui marque un repli sur soi des Etats-Unis (1920-1933)

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THEME III : PUISSANCES ET TENSIONS DANS LE MONDE DE LA FIN DE LA

PREMIERE GUERRE MONDIALE A NOS JOURS

CHAPITRE 9 : LES ETATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS LES « 14 POINTS »

DU PRESIDENT WILSON ( DE 1918 A NOS JOURS)

Comment naît et se déploie la puissance des Etats-Unis depuis 1918 ? Quelles en sont les

caractéristiques et en quoi consiste le rapport au monde des Américains tout au long du

XXème siècle ?

I. LA TENTATION DE L’ISOLATIONNISME (1918/1941)

A) L’engagement dans la guerre et la fin de l’idéalisme wilsonien a) Le rôle des Etats-Unis dans la victoire des Alliés Durand la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis ont d’abord observé une stricte neutralité militaire conformément à la doctrine Monroe.

La doctrine Monroe est issue d’un discours du Président Républicain J Monroe en 1823 et revendique une forme d’hégémonisme des Etats-Unis sur l’ensemble du continent américain et en contre partie, ils s’excluent de se mêler des affaires européennes.

Cependant, différents événements les ont poussés à intervenir en 1917 (notamment la guerre sous-marine à outrance décidé par les puissances de l’axe. Ils entrent en guerre le 2 avril 1917. Ils envoient du ravitaillement, de l’argent et des troupes aux côtés de la Triple Entente. b) Le poids économique des Etats-Unis en 1918

En 1918, les Etats-Unis sont la seule nation en capacité de dominer la hiérarchie économique mondiale. Ils sont à l’origine de 16% du commerce mondial et disposent de 60% du stock d’or mondial. Leur appareil productif est performant et ils sont les créanciers de l’Europe.

c) Les 14 points du Président Wilson Le Président démocrate Thomas W.Wilson aspire à un programme ambitieux de paix mondiale faisant une large place au « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et le présente au Congrès au début 1918. C’est ce que l’on appelle « les 14 points de Wilson ». Ils donnent la tâche aux Etats-Unis de défendre la liberté dans le monde et de refonder l’ordre international sur les principes du Droit et de la Liberté. Le wilsonisme vaudra à son auteur le prix Nobel de la paix en 1919.

B) retour à l’isolationnisme : Les roaring twenties, un relatif repli sur soi (1920-1933)

Favorablement accueilli en Europe, le wilsonisme est contesté par de nombreux américains. L’ancien Président Théodore Roosevelt refuse le principe de la SDN au nom de l’isolationnisme. En 1920, le Sénat rejette le Traité de Versailles dont le préambule fondait la Société des Nations, et les démocrates sont battus aux élections présidentielles de novembre 1920 par le républicain Warren G Harding dont le slogan était « America first ». L’idéal wilsonien a échoué. On parle des « roaring twenties » qui marque un repli sur soi des Etats-Unis (1920-1933)

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L’isolationnisme est une doctrine diplomatique dominante aux Etats-Unis au XIXèlme siècle et dans l’entre deux-guerres. Elle pose le principe de la non-ingérence des Etats-Unis dans les conflits extérieurs et sa neutralité dans les conflits en Europe.

a) le poids de la grande crise

Face à la crise mondiale de 1929, le repli sur les intérêts nationaux l’emporte et les Etats-Unis affichent même une certaine neutralité à l’égard des régimes fascistes en Europe. Ils relèvent leurs tarifs douaniers et rapatrient leurs capitaux. Le démocrate Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et ne change pas de politique extérieure. Il doit compter avec le nationalisme de l’opinion publique américaine et donne la priorité au redressement intérieur par sa politique de New Deal. Les Etats-Unis reconnaissent l’URSS en 1933, accordent l’indépendance aux Philippines en 1934 abandonnent l’étalon-or et dévaluent le dollar. Ils entretiennent une politique de « bon voisinage » avec l’Amérique Latine. Durant l’entre deux guerres, les Etats-Unis se recentrent sur leur territoire et la gestion de la grande crise et leur politique extérieure consiste à maintenir un équilibre entre la défense de leurs intérêts économiques et le refus de tout engagement contraignant.

b) le maintien d’une forte influence culturelle américaine en Europe La crise n’entrave pas l’essor de l’influence culturelle des Etats-Unis illustrée par 3 prix Nobel de littérature dans les années 1930 et la diffusion internationale de productions destinées à un large public, tels les films hollywoodiens qui véhiculent l’image d’une société américaine jeune, dynamique, moderne.

C) L’engagement contre la montée des totalitarismes (1933-1941) a) Les lois de neutralité (« Neutrality Acts » dans les années 1930)

Les Etats-Unis ne condamnent que moralement l’agression japonaise contre la Chine en 1931 et quand l’Italie menace l’Ethiopie, le Congrès américain vote une première loi de neutralité en 1935 et interdisent la vente d’armes aux pays en guerre et aux citoyens américains de voyager sur des vaisseaux appartenant à des nations belligérantes. Elle a été amendée en février 1936 pour s’étendre aussi à l’interdiction de prêts à des pays en guerre.

b) Les lois Cash and Carry et la Loi Prêt-Bail La loi Cash and Carry est votée en novembre 1939 pour diminuer la portée des lois de neutralité parce que la défaite de la Grande Bretagne apparaît comme une éventualité et que la menace nazie inquiète davantage les Etats-Unis : cette loi autorise la vente sous conditions de matériel de guerre aux nations belligérantes. Les pays doivent venir eux-mêmes s’approvisionner, payer cash et assurer le transport La loi Prêt-bail est votée en mars 1941 et permet d’aider le Royaume-Uni et les pays en guerre contre l’Axe en leur fournissant une aide matérielle sans s’engager officiellement dans la guerre. Elle a été présentée par le Président Roosevelt comme « une tuyau d’arrosage à un voisin dont la maison est en feu ». Elle autorise le président des Etats-Unis a « vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d’autres moyens tout matériel de défense à tout gouvernement dont « le Président estime la défense vitale aux intérêts des Etats-Unis. La Grande-Bretagne a donc bénéficié d’un crédit de 7 milliards de $.

c) Roosevelt et la guerre C’est le Président Roosevelt qui fait entrer les Etats-Unis dans la guerre en prenant conscience que la politique d’apaisement avec l’Allemagne nazie est inefficace. Le 7 avril 1941, suite à l’agression japonaise contre la base militaire américaine de Pearl Harbor à Hawaï, dans le Pacifique, les Etats-Unis s’engagent dans une Alliance avec l’URSS et le Royaume-Uni. A Pearl Harbor étaient stationnés, 86 navires, 231 avions, et 25000 hommes. La base a été attaquée depuis 6 porte-avions par 353 avions japonais en deux vagues successives faisant 2400 morts américains et 64 morts japonais. Dès janvier 1942, le Président Roosevelt lance le « Victory Program », très conséquent qui absorbe 80% du budget fédéral. L’économie est convertie en « économie de guerre ». Les industries sont orientées vers la fabrication massive d’armement passant ainsi de 2100 avions construits en 1940 à 97000 en 1944 et de 350 chars à 30 000. En 1945, les Etats-Unis représentent 50% de la production industrielle mondiale. En outre, la conscription est rétablie et 16 millions d’hommes sont mobilisés (dont 4 millions envoyés au front) ce qui porte l’armée américaine de 190000 soldats en 1939 à 11 millions en 1945. Cet effort de guerre considérable est relativement soutenu par la population d’autant qu’à partir de juin 1942, la bataille de Midway permet aux Etats-Unis de stopper l’avance japonaise et de reprendre confiance. De plus, les Liberty ship, 2751 cargos construits par les Etats-Unis entre 1941 et 1945, permettent de ravitailler les Alliés et illustrent bien la puissance de guerre des américains.

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C’est le Président Roosevelt qui détermine les priorités militaires et il fait le choix, avec les Etats-Majors, d’une stratégie de débarquement d’abord en Afrique du Nord en 1942, puis en Italie du Sud en 1943, en France en juin 1944 et dans le Pacifique. Enfin, le Manhattan Project permet d’asseoir la supériorité scientifique et militaire des Etats-Unis de manière incontestable. C’est le projet secret lancé en 1942 visant à doter le pays de la bombe atomique. C’est ce qui permettra au Président Truman de sortir de la guerre sur le front japonais, sans débarquement, et de riposter à la multiplication des attentats kamikazes des pilotes japonais le 6 et le 9 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. Cette puissance de frappe accompagne la volonté des Etats-Unis de jouer un rôle déterminant dans l’organisation d’un nouveau monde, et ce bien avant la chute du nazisme.

II. L’AFFIRMATION D’UN ROLE DE LEADER DU MONDE LIBRE (1941-1985)

A. Prendre la direction du monde libre pendant la guerre (1941-1947)

a) La Charte de l’Atlantique Dès août 1941 les Présidents Roosevelt et Churchill avaient signé au large de Terre Neuve une Charte qui posait les principes de reconstruction du monde libre et affirmait notamment « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».

La Charte de l'Atlantique

14 août 1941,

Le Président des États-Unis et M. Churchill, Premier Ministre, représentant le Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-

Uni s'étant réunis, croient devoir faire connaître certains principes communs de la politique nationale de leurs pays respectifs sur

lesquels ils fondent leurs espoirs d'un avenir meilleur pour le Monde.

• Premièrement, leurs pays ne recherchent aucune expansion territoriale ou autre.

• Deuxièmement, ils ne désirent voir aucune modification territoriale qui ne soit conforme aux désirs librement exprimés

des populations intéressées.

• Troisièmement, ils respectent le droit qu'ont tous les peuples de choisir la forme de Gouvernement sous laquelle ils

entendent vivre; et ils désirent voir restituer, à ceux qui en ont été privés par le force, leurs droits souverains.

• Quatrièmenent, ils s'efforceront, tout en respectant comme il se doit leurs obligations existantes, d'assurer, sur un pied

d'égalité, à tous les États, grands et petits, vainqueurs ou vaincus, l'accès et la participation, dans le monde entier, au

commerce et aux matières premières indispensables à leur prospérité économique.

• Cinquièmement, ils désirent faire en sorte que se réalise, dans le domaine économique, la plus entière collaboration

entre toutes les nations, afin d'assurer à toutes de meilleures conditions de travail, le progrès économique et la sécurité

mondiale.

• Sixièmement, une fois définitivement détruite la tyrannie nazie, ils espèrent voir s'établir une paix qui offrira à toutes les

nations les moyens de demeurer en sécurité à l'intérieur de leurs propres frontières et qui assurera à tous les êtres

humains de tous les pays la possibilité de vivre durant toute leur existence à l'abri de la crainte et du besoin.

• Septièmement, une telle paix doit permettre à tous les hommes de parcourir sans entrave les mers et les océans.

• Huitièmement, ils sont convaincus que toutes les nations du monde, pour des motifs aussi bien réalistes que spirituels,

devront finir par renoncer à l'usage de la violence. Puisqu'à l'avenir aucune paix ne saurait être durable tant que les

nations qui menacent ou pourraient menacer de commettre des actes d'agression en dehors de leurs frontières

continueront à disposer d'armements terrestres, navals ou aériens, ils sont convaincus qu'en attendant l'institution d'un

système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel de désarmer ces nations. En

outre, ils entendent faciliter et encourager toutes autres mesures pratiques susceptibles d'alléger, pour les peuples

pacifiques, le fardeau des armements.

b) L’idéal Onusien, les institutions de l’ONU et la reconstruction de l’économie mondiale

Roosevelt très malade à la fin de la guerre voulait voir triompher son projet d’organisation mondiale capable d’assurer la paix et la prospérité entre les nations qui permette de dépasser l’impuissance de la SDN qui s’était avérée incapable d’empêcher la guerre. 51 nations ont signé la Charte des Nations Unies, le 26 juin 1945 à San Francisco. Ces pays s’engagent à maintenir ensemble la sécurité mondiale et à résoudre les problèmes internationaux d’ordre économique, sociaux, humanitaires. Elle est organisée sur le modèle de la SDN avec un

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Conseil de Sécurité composé de membres permanents et non permanents, d’une Assemblée Générale et d’une multitude d’organisations spécialisées. Son siège est à New York et le poids des grandes puissances dans les prises de décision est assuré. http://www.un.org/fr/ et http://www.un.org/fr/aboutun/structure/org_chart.shtml

Les Etats-Unis accueillent sur leur sol en juillet 1944, la conférence de Bretton Woods qui réorganise l’économie mondiale et celle de San Francisco qui crée en juin 1945 l’ONU. A Bretton Woods, on redessine le système monétaire international qui fait du dollar la monnaie de référence dont le cours est fixé sur sa valeur en or, les Etats-Unis étant les seuls à détenir les 2/3 du stock d’or mondial. Ils parviennent, grâce à leur position de premier créancier de la planète à imposer leur vision libérale de l’économie mondiale. Ces accords sont accompagnés de la création d’un certain nombre d’outils qui vont organiser le fonctionnement du Libre échange : le FMI, la Banque mondiale et en 1947, un accord commercial le GATT (général agreement on tariffs ans trade) harmonise les politiques douanières pour faire baisser les prix. Cela deviendra l’OMC en 1995 dont le siège est à Genève.

c) Truman et la Pax Americana

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Harry Truman est un démocrate qui succède à Roosevelt de 1945 à 1953. Il est l’artisan de la Guerre froide en mettant en œuvre une politique fondée sur le « containment » c’est-à-dire l’endiguement du communisme. Les Alliés d’hier qui avaient cherché un compromis pour finir la guerre ensemble à la conférence de Yalta en février 1945, ont développé une méfiance aigue en juillet 1945 à Potsdam dès lors que Roosevelt et mort, que Truman lui succède et que les Etats-Unis se savent assez forts, parce que maitrisant la bombe atomique, pour se passer du soutien soviétique. A partir de 1945, 1946, l’URSS qui multiplie les « coups de force » dans ce qui va devenir les « démocraties populaires », est devenu un adversaire de l’autre côté du « rideau de fer » métaphore utilisée par r dès 1946. Les Etats-Unis souhaitent alors exporter la démocratie libérale et le libre-échange « la pax americana ».

B. S’affirmer comme un modèle aux yeux du monde (de 1947 au début des années 1960)

a) L’impérialisme américain dans les premières années de la guerre froide

Les Etats-Unis inaugurent après 1945 une politique assumée de lutte contre le communisme appuyée d’abord sur la doctrine Truman du containment puis par des aides financières comme le plan Marshall en 1947, octroyées à toute nation qui souhaite lutter contre l’expansion soviétique mais aussi par des engagements dans différents conflits indirects : la crise de Berlin en 1948, la guerre de Corée, le Vietnam. Pour contrer l’URSS devenue puissance atomique en 1949, les Etats-Unis mettent en place progressivement de nombreux systèmes d’Alliances qui visent à protéger leurs alliés : on parle alors de pactomania. En 1949 c’est la création de l’OTAN (organisation du Traité de l’Atlantique Nord), puis de l’OTASE et du Pacte de Bagdad qui viennent prolonger le dispositif. L’aide économique et militaire des Etats-Unis aux pays d’Asie et d’Europe représente environ 300 milliards de dollars entre 1945 et 1985.

Des doctrines successives complètent et modifient la doctrine Truman

• La Doctrine Dulles : du nom du Secrétaire d’Etat (1953-1959) qui définit la doctrine dite des « représailles

massives » qui caractérise les débuts de la guerre froide

• La Doctrine McNamara dite de « riposte graduée » par le Secrétaire d’Etat à la défense de 1961 à 1968.

• En outre, des outils de contrôle du monde s’étendent peu à peu grâce à des initiatives comme le réseau

Echelon destiné à intercepter les communications de l’adversaire. Mis en place en 1948 et considérablement

modernisé aujourd’hui il permet d’intercepter des communications privées et publiques qui permettent aux

Etats-Unis de disposer d’une masse d’informations grâce à des stations d’écoutes multiples.

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• Enfin la puissance militaire américaine, le hard power, s’étend au monde. Les Etats-Unis se sont livrés à une

course aux armements et à l’espace avec l’URSS. L’équilibre de la terreur, qui permet paradoxalement

qu’une guerre n’éclate pas entre les deux grands, repose sur la dissuasion nucléaire jusqu’à la décision de les

limiter par les accords SALT I en 1972 et SALT II en 1979 puis de les réduire (Accords START de 1991). Des

bases et des flottes militaires quadrillent le bloc américain et ses périphéries.

http://www.theatrum-belli.com/archives/2008/09/index-3.html

Magnard TS 2012

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La politique étrangère est définie par le Président des Etats-Unis. Les départements d’Etat et de la Défense

conseillent et orientent ce dernier. Le Conseil de sécurité nationale (NSC) décide des grandes orientations

diplomatiques. Il pilote l’Agence centrale de renseignements (CIA) crée en 1947 qui participe à la lutte anti-

communiste. Cependant le Président doit compter avec le Congrès et les lobbies, groupes de pression qui

représentent des intérêts particuliers. Depuis 1973, et l’adoption du « War Power Act » le Président doit

obtenir l’accord du Congrès (Sénat + Chambre des Représentants) pour engager des troupes au-delà) de 60

jours.

b) La diffusion de l’American way of life

La stratégie de puissance des Etats-Unis passe aussi par le rayonnement culturel (un aspect ce

que l’on appelle aujourd’hui le soft power), le contrôle de l’information et la diffusion d’un mode de société

et de consommation (American way of life) qui incarnent une forme de culture américaine et qui passe par

le cinéma, la publicité, l’art etc…

Analyse du tableau de Fougeron « Civilisation Atlantique ». (voir power point)

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ANALYSE D’UN TABLEAU : CIVILISATION ATLANTIQUE DE FOUGERON

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c) Les Etats-Unis « sauveurs de la paix » : la Crise de Cuba

Tout d’abord un lien vers un site très efficace pour se remettre à jour sur la crise de Cuba en octobre 1962 :

http://www.cubacrisis.net/ Cette crise est un point culminant de l’antagonisme entre les deux blocs, entre

Kennedy président démocrate récemment élu (en 1960) et Khrouchtchev, chef du Kremlin. Après la

découverte par des avions espions américains de navires soviétiques chargés de fusées nucléaires faisant

route vers Cuba dirigé par Fidel Castro depuis 1959,.un bras de fer entre les deux présidents tient le monde

en haleine pendant quelques jours . Kennedy utilise les médias et exercent une pression forte sur l’URSS

conforme à la stratégie des représailles massives. Khrouchtchev a cédé moyennant une concession

Amérique (le retrait de fusée en Turquie). Cette crise marque l’apogée de la guerre froide et le passage à une

autre période : la Détente, imposée par le surarmement, l’équilibre de la Terreur et symbolisée par la mise

en place du « téléphone rouge » qui met en contact direct les deux chefs d’Etat.

Pourtant dans les années 1960, le modèle américain est fragilisé pour différentes raisons et la politique

extérieure des Etats-Unis a connu une période de retrait dont l’URSS a profité.

C. Les remises en cause de la puissance et du modèle américain dans les années

1960/1970 a) La contestation interne

Dans les années 1960 la société américaine est travaillée par des mouvements de contestation assez forts :

Le mouvement pour les droits civiques : les minorités ethniques revendiquent l’égalité des droits et

la fin de la ségrégation raciale qui imposait une séparation entre noirs et blancs dans l’espace social.

Suite au refus de Rosa Parks de céder sa place dans un bus, en décembre 1955 à Montgomery en

Alabama, le mouvement de protestation s’organise pacifiquement avec le pasteur Martin Luther

King et de manière plus radicale avec les leaders du Black Power. De 1965 à 1968 les ghettos noirs

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s’embrasent, et s’enfoncent dans un cycle de violence. En 1963 l’assassinat de Kennedy avait

traumatisé l’Amérique et en 1965, Malcom X est abattu lors d’un discours à Harlem et Martin Luther

King en 1968. Ces événements dramatiques déstabilisent la société américaine qui doit faire face de

plus aux soulèvements indiens et hispaniques de moindre intensité cependant. (voir west side

story : http://www.cinehig.clionautes.org/spip.php?article188 et

https://www.youtube.com/watch?v=Qy6wo2wpT2k

La contestation du système est plus large que les seuls afro-americains ; la période est marquée par

l’émergence d’une contre culture, celle des hippies Les hippies, issus en grande partie de la

jeunesse nombreuse du baby boom de l'après-guerre, rejetaient les valeurs traditionnelles, le mode

de vie de la génération de leurs parents et la société de consommation. Ils prônent le retour à des

valeurs spirituelles anti matérialistes, à des expériences mystiques et psychédéliques , se tournent

vers des modes de vie communautaires, les philosophies orientales et le « flower power »

Le mouvement irrigue profondément la musique et le rock et l’une des grandes manifestations

hippies se déroula à Woodstock en 1969. Voir la très célèbre interprétation de l’hymne américain

par Jimmy Hendrix https://www.youtube.com/watch?v=DcZKkZO7CTI et pour en savoir plus sur les

autres participants et saisir l’ambiance en partie sous une pluie battante

https://www.youtube.com/watch?v=R8b9HEIx5J8 et un lien vers le musée de Bethel (lieu où se

trouve le champ qui a accueilli le festival, très très réussi (à voir !)

http://www.bethelwoodscenter.org/museum.aspx

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• Toutes ces contestations convergent vers la remis en cause du modèle américain, vers la dénonciation des

inégalités et la condamnation massive de la guerre du Vietnam qui a donné lieu à des manifestations très

• Spectaculaires. http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAF97051780/manifestation-aux-

usa.fr.html ou encore https://www.youtube.com/watch?v=9eNSvWzKQaQ ou encore dans la fiction » Forest

Gump ».

b) La contestation externe

Les américains dénoncent massivement l’engagement des boys au Vietnam où le pays s’enlisent année

après année et où les GI combattent aussi des civils au nom de la démocratie. Partout dans le monde le

modèle est critiqué et remis en question à la fois par la jeunesse révoltée du printemps de 1968 mais aussi

par le chef de l’Etat, le Général de Gaulle qui affirme à plusieurs reprises son indépendance à l’égard des

Etats-Unis (au Cambodge en 1965, en sortant du commandement de l’OTAN en 1966, au Québec en 1967).

c) Les difficultés des années 1970

Le leadership américain est encore plus affaibli sous le président Républicain Nixon. celui-ci doit

annoncer la fin de la convertibilité du dollar en or en août 1971 et pour la première fois les Etats-Unis

enregistrent un déficit commercial. La crise financière est déclenchée et s’exprime par le choc pétrolier à

partir de 1973. En 1974 le président Nixon doit démissionner pour éviter « l’impeachment » après que

la presse ait révélé sa culpabilité dans l’affaire du Watergate. Ce bâtiment qui abritait des locaux du

parti démocrate avait été mis sous écoute à la demande de la Maison Blanche. Les mandats des

présidents suivants (Ford (républicain) et Carter (démocrate) ont été marqués par un net recul de

l’influence américaine sur la scène mondiale. De plus la Révolution iranienne en 1979 entraîne la chute

du régime pro-américain du Shah d’Iran et l’établissement d’une théocratie islamiste dirigée par

l’Ayatollah Khomeiny qui fait des Etats-Unis « le grand Stan », un adversaire majeur. Le mandat du

Président Carter est marqué par la prise d’otage de l’ambassade américaine à Téhéran, qui a duré 444

jours (les étudiants islamistes réclament que les EU leur livrent le shah d’Iran hospitalisé à New York).

Les 42 otages au final ont été libérés en janvier 1981, après la défaite de Carter et la mort du Shah, sous

l’administration de Ronald Reagan. Ce républicain est élu en novembre 1980 et son programme est sans

équivoque « América is back ». Les Oscars décernés en février 2012 au film Argo montrent que les Etats-

Unis reviennent sur cette séquence traumatisante de leur histoire.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19402653&cfilm=190267.html

Ici la bande annonce

III. DU « GENDARME DU MONDE » A L’HYPERPUISSSANCE EN DECLIN RELATIF

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A. « América is back » un rapport au monde sous le signe de la domination

(1980/1988)

a) Reagan et « l’Empire du mal »

Ce président Républicain est élu de 1981 à 1989 et durant ses deux mandats à mis en place une politique

néolibérale de dérégulation et de désengagement de l’Etat dans l’économie et du point de vue extérieur,

reprend une politique d’endiguement sous des formes nouvelles. Il soutient les opposants à l’URSS dans le

Tiers-monde, comme les talibans en Afghanistan, finance avec des ventes d’armes à l’Iran officiellement

sous embargo, les « contras » au Nicaragua (mercenaires violents contre le régime socialiste des sandinistes)

qui terrorisent les populations civiles.

b) L’IDS et la « guerre des étoiles »

Reagan relance également un programme de défense : IDS (initiative de défense stratégique) baptisé « star

war » contre « l’Empire du Mal » et "Pour contrer l'horrible menace des missiles soviétiques (...) un

programme ambitieux est mis à l'étude pour protéger les U.S.A par un bouclier spatial, identifiant et

anéantissant tout missile venu de la haute atmosphère. http://www.live2times.com/1983-le-bouclier-anti-

missile-de-ronald-reagan-e--10374/ La période est marquée par des tensions entre les deux grands (voir la

chanson de Sting « Russians » http://lhistgeobox.blogspot.fr/2008/09/russians-de-sting-et-un-peu-de.html

c) La chute de l’URSS L’URSS s’épuise dans cette compétition et dans la reprise de la « guerre fraîche ». Le nouveau dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev lance un programme de réformes « glasnost » et « perestroïka » (transparence et restructuration) mais ne parvient pas à sauver le système qui implose à partir de la chute du mur de Berlin en 1989. L’URSS disparait en 1991 et les Etats-Unis sont alors la seule super puissance à la tête de ce qu’ils vont appeler « le nouvel ordre mondial ».

B) L’illusion d’un nouvel « ordre mondial »

a) La guerre du Golfe, la guerre en ex-Yougoslavie, les accords d’Oslo. En 1990, Saddam Hussein, le dirigeant Irakien envahit le Koweit suite au refus de ses anciens alliés occidentaux de l’autoriser à augmenter les prix du baril de pétrole. Son pays est ruiné, exsangue. Il a accepté d’entrer en guerre, poussé par les Etats-Unis, contre son voisin et rival iranien et s’est épuisé dans 8 longues tragiques années de conflit. Les américains et l’ONU organisent une riposte militaire très rapide. En 3 semaines l’Irak est à terre. L’opération « tempête du désert » a écrasé la résistance irakienne. Le président George H Bush (père) veut alors fonder « un nouvel ordre mondial » censé faire triompher la démocratie, le libre échange partout dans le monde désormais dominé par une puissance unique et sans adversaire depuis l’effondrement du bloc soviétique. Les Etats-Unis jouent alors pleinement leur rôle de « gendarme du monde ». Aucun conflit ne peut alors se résoudre sans leur intervention ou approbation. En Europe, en Ex-Yougoslavie, la dislocation de l’ancien régime communiste laisse place à des conflits entre les différentes nationalités et la volonté hégémonique de la Serbie. Le régime brutal de Milosevic (serbe) lance en 1991 des opérations militaires et met en place une « épuration ethnique » sur les bosniaques sans que l’Europe ne puisse empêcher les massacres de civils et les crimes de guerre. Il faut attendre l’engagement américain entre 1994 en Bosnie et en 1999 au Kosovo pour que les combats cessent. b) La théorie de « l’enlargement de Bill Clinton » Bill Clinton a mené deux mandats entre 1993 et 2001. Ce Président démocrate poursuit l’objectif de faire triompher la démocratie dans les relations internationales. L’enlargement est donc une politique visant à élargir le cercle des nations démocratiques et libérales. Elle s’appuie sur le multilatéralisme et une combinaison du hard et du soft power ainsi que sur une politique active de désarmement nucléaire (traité de START en 1996). Cela conduit les Etats-Unis à quelques avancées dans le conflit israélo-palestinien qui se

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concrétisent par les « accords d’Oslo » le 13 septembre 1993 signés à Washington en présence de Bill Clinton, Ishak Rabin (premier ministre travailliste israélien) et Yasser Arafat, chef de l’OLP et de la future « Autorité palestinienne) qui établissent une reconnaissance mutuelle et une souveraineté sur 22% du territoire initialement prévu pour les palestiniens en Cis-Jordanie.

En 1995, les accords de Dayton mettent fin au conflit bosniaque, issue permise par l’intervention américaine. Toutefois, leur retrait brutal de Somalie en 1993 où l’enlisement militaire les menaçait, montre les premières limites à cette hégémonie. Dans le même temps, les Etats-Unis ont participé activement à la diffusion du libéralisme économique dans Le cadre de l’OMC, de l’APEC (1993) et de l’ALENA en 1994. L’enlargement se heurte cependant à la réalité des relations internationales et les Etats-Unis sont très sélectifs dans leurs interventions : ils se rapprochent de la Chine et n’interviennent pas en Tchétchénie. De plus la reprise des tensions entre Israël et les palestiniens montre les limites de leur efficacité pour l’établissement de la paix. Les Etats-Unis ont même renoué avec leur isolationnisme traditionnel avec le refus du Sénat de ratifier les accords de Kyoto sur les gaz à effet de serre en 1997, celui sur l’interdiction complète des essais nucléaires et en refusant d’adhérer à la Cour pénale internationale en 1998.

c) La théorie de la « nation indispensable » et de la « fin de l’Histoire » Les Etats-Unis ont fait une lecture marquée par l’idéologie traditionnelle, empreinte de religion, de cette période de domination « unipolaire du monde ». Conformément à leur héritage, ils se vivent bien comme la « nation indispensable », investie d’une mission divine (la destinée manifeste), celle de faire régner l’ordre libéral et démocratique et d’apporter ce modèle au monde désormais débarrassé de la puissance sans dieu et communiste qu’était l’URSS ! Le philosophe, politologue américain Francis Fujuyama parle même alors de « fin de l’Histoire » !

C) Le 11 septembre et une redéfinition de la politique extérieure

a) La guerre en Afghanistan et en Irak L’attaque par Al Qaïda des Etats-Unis au cœur de leur puissance (World Trade Center à NY et Pentagone à Washington) sont un profond traumatisme. Un musée est aujourd’hui installé sur les lieux de ground zero ou des tours sont reconstruites avec un espace mémoriel aménagé (des bassins au cœur desquels sont gravés les noms des 2753 morts). http://www.groundzeromuseumworkshop.com/french.htm (lien vers le site du musée). Un nouvel ennemi est là : il est invisible, déterritorialisé, imprévisible. Le président GW Bush, néoconservateur, « born again » déclaré, très proche des évangélistes fondamentalistes, veut voir dans ces événements « un choc des civilisations » (et reprend la théorie de Samuel Huntington publiée en 1993 « the clash of civilisation ». Il lance une attaque très rapide, en décembre 2001, avec l’accord de l’ONU, contre les talibans (anciens alliés lors de leur lutte contre l’URSS en Afghanistan), base arrière de Ben Laden et d’Al Qaïda. Les talibans sont chassés du pouvoir mais maintiennent une résistance forte et l’Afghanistan demeure très instable. En 2003, GW Bush, conformément à sa stratégie de « croisade » contre les « Rogues States » (Etats Voyous) lance de manière unilatérale et préventive une guerre en Irak au motif que Saddam Hussein serait un soutien d’Al Qaïda et qu’il posséderait des armes de destruction massives. Cette guerre est enclenchée sans l’accord de l’ONU et provoque de très fortes manifestations de par le monde. La France refuse d’y participer (voir le discours de Dominique de Villepin à l’ONU http://www.youtube.com/watch?v=RNxU-tN8qNc

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Sur le plan intérieur, le gouvernement de GW Bush fait voter le « Patriot Act » qui supprime certaines libertés au profit de la sécurité. Cette politique extérieure agressive marquée par un messianisme contesté nourrit un sentiment anti américain. Quand le Président démocrate Barack Obama est élu en 2008, les Etats-Unis sont concurrencés et remis en question dans leur leadership. Le monde est devenu multipolaire. b) L’élection d’Obama en 2008 et le discours du Caire en 2009. L’arrivée du président noir Barack Hussein Obama marque une nette rupture avec l’ère Bush. Celui-ci est conscient du recul des Etats-Unis sur le plan économique, de la concurrence des pays émergents et de la perte de prestige moral de son pays dans une grande partie du monde. Il envoie cependant un signal fort de « réconciliation » au monde arabe avec le discours du Caire du 4 juin 2009 en prononçant « Salam Aleikhoum » : texte intégral : http://www.lapaixmaintenant.org/Discours-d-Obama-au-Caire-texte, extrait vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=DSjJK3HMbTc Il affirme son attachement aux Droits de l’Homme et s’appuie davantage sur le soft power, aidé par son charisme personnel. Cependant il tarde à rapatrier les troupes d’Irak, ne ferme pas Guantanamo, et ne parvient pas à empêcher la poursuite de la colonisation en Israël. c) La guerre en Lybie en 2011 et la réélection de B Obama Le président américain renoue avec le multilatéralisme en accordant plus d’importance à l’ONU, aux négociations avec les partenaires et les alliés qu’il appelle à « partager le fardeau » de leur sécurité. Pourtant en 2011, les Etats-Unis laissent la France et le Royaume-Uni en première ligne dans le soutien aux rebelles libyens contre Kadhafi. Ils ont en revanche fait le choix d’agir seuls sans consulter leurs alliés lors de la capture puis l’exécution de Ben Laden au Pakistan en 2011. Barack Obama réélu en novembre 2012 n’a pas engagé de troupes en Syrie, ni au Mali et commence son second mandat par des réformes intérieures attendues. CONCLUSION : La politique étrangère des Etats-Unis depuis 1991 est « multilatérale si possible, unilatérale si nécessaire » (Bill Clinton). Sa légitimité est de plus en plus contestée par le renforcement de la multipolarité. Le Soft power reste un moyen de maintenir une suprématie américaine sur le reste du monde mais l’avenir de « l’empire américain » est aujourd’hui en question.

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