TEST PL2 Prog Coll 2016

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Pages spéciales de L’US n° 788 du 8 juin 2019 LYCÉE PROGRAMMES 2019 ANALYSES ET ENJEUX CONSULTER ET AGIR L a bataille contre la réforme du lycée dure depuis 18 mois maintenant. Alors que nous nous débattons dans les lycées sur l'organisation du niveau de Première, la prise en charge de SNT et des spécialités, le financement des options, les conditions d'enseignement, les contraintes d'emploi du temps, la possibilité ou pas de manuels... nous devons aussi nous pencher sur les nouveaux programmes. Cette brochure donne des éléments d’analyse sur la Seconde, la Première et parfois la Terminale, générales et technologiques, complétés sur le site du SNES-FSU. En décembre dernier, après un marathon de réunions, le ministère n’a pas pris en compte les améliorations des programmes de Seconde et de Première proposées par le SNES-FSU. C'est pourquoi, après s'être rendu aux présentations des programmes de Terminale organisées par le Conseil supérieur des programmes en mars, le SNES-FSU ne participera pas à la concertation de façade du ministère en juin. Au contraire, il appelle à amplifier l'action contre la politique éducative du gouvernement. Il propose aussi à la profession de donner son avis sur les programmes via une enquête en ligne*, qui permettra de soumettre des amendements au Conseil supérieur de l’Éducation de juillet. Nous ne voulons pas de cette réforme, continuons à le faire savoir et à faire pression, en particulier par la grève le 17 juin. Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe Sandrine Charrier, secrétaire nationale *http://www.snes.edu/Enquetes/index.php/657571 Français p. 2 Langues et cultures de l’Antiquité p. 2 Philosophie p. 3 Humanités, littérature et philosophie p. 3 Histoire-géographie p. 4 Enseignement moral et civique p. 4 Sciences économiques et sociales p. 5 Histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques p. 5 Langues vivantes étrangères et régionales p. 6 Arts p. 6 Information documentation p. 7 Éducation physique et sportive p. 7 Mathématiques p. 8 Numérique et sciences informatiques p. 8 Sciences numériques et technologie p. 9 Mathématiques- physique-chimie dans la voie technologique p. 9 Sciences de la vie et de la Terre p. 10 Enseignement scientifique p. 10 Physique-chimie p. 11 Sciences de l’ingénieur p. 11 Enseignements technologiques : - les secteurs de production de biens (STI2D, STL, STD2A) p. 12-13 - les secteurs des services (STMG, ST2S, STHR) p. 14-15 Un moratoire pour une autre construction des programmes scolaires p. 16 CE 16 PAGES A ÉTÉ RÉALISÉ PAR : Éric Boczkowski, Sandrine Charrier, Jean-François Clair, Valérie Degoy, Jean-François Dejours, Magali Espinasse, Romain Gény, Joëlle Georges, Clarisse Guiraud, Amélie Hart-Hutasse, Xavier Hill, Amel Imalhayenne, Anne-Sophie Legrand, Caroline Magaud, Emmanuelle Mariini, Sonia Mollet, Sylvie Obrero, Virginie Pays, Pierre Priouret, Fabrice Rabat, Arthur Reverchon, Marc Rollin, Georges Thai, Isabelle Tourtier, Christian Couturier pour le SNEP-FSU.

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Pages spéciales de L’US n° 788 du 8 juin 2019

LYCÉEPROGRAMMES 2019

ANALYSES ET ENJEUXCONSULTER ET AGIR

L a bataille contre la réforme du lycée dure depuis18 mois maintenant. Alors que nous nous débattonsdans les lycées sur l'organisation du niveau de Première,

la prise en charge de SNT et des spécialités, le financementdes options, les conditions d'enseignement, les contraintesd'emploi du temps, la possibilité ou pas de manuels... nousdevons aussi nous pencher sur les nouveaux programmes.Cette brochure donne des éléments d’analyse sur laSeconde, la Première et parfois la Terminale, généraleset technologiques, complétés sur le site du SNES-FSU.En décembre dernier, après un marathon de réunions,le ministère n’a pas pris en compte les améliorationsdes programmes de Seconde et de Première proposéespar le SNES-FSU. C'est pourquoi, après s'être rendu auxprésentations des programmes de Terminale organiséespar le Conseil supérieur des programmes en mars, le SNES-FSU ne participera pas à la concertation de façadedu ministère en juin. Au contraire, il appelle à amplifierl'action contre la politique éducative du gouvernement.Il propose aussi à la profession de donner son avis surles programmes via une enquête en ligne*, qui permettrade soumettre des amendements au Conseil supérieurde l’Éducation de juillet.Nous ne voulons pas de cette réforme, continuons à lefaire savoir et à faire pression, en particulier par la grèvele 17 juin.

Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointeSandrine Charrier, secrétaire nationale

*http://www.snes.edu/Enquetes/index.php/657571

Français p. 2Langues et cultures de l’Antiquité p. 2Philosophie p. 3Humanités, littérature et philosophie p. 3Histoire-géographie p. 4Enseignement moral et civique p. 4Sciences économiques et sociales p. 5Histoire-géographie, géopolitique,sciences politiques p. 5Langues vivantes étrangères et régionales p. 6Arts p. 6Information documentation p. 7Éducation physique et sportive p. 7Mathématiques p. 8Numérique et sciences informatiques p. 8Sciences numériques et technologie p. 9Mathématiques- physique-chimie dans la voie technologique p. 9Sciences de la vie et de la Terre p. 10Enseignement scientifique p. 10Physique-chimie p. 11Sciences de l’ingénieur p. 11Enseignements technologiques :- les secteurs de production de biens

(STI2D, STL, STD2A) p. 12-13- les secteurs des services

(STMG, ST2S, STHR) p. 14-15Un moratoire pour une autre constructiondes programmes scolaires p. 16

CE 16 PAGES A ÉTÉ RÉALISÉ PAR :

Éric Boczkowski, Sandrine Charrier, Jean-François Clair, Valérie Degoy,

Jean-François Dejours, Magali Espinasse,Romain Gény, Joëlle Georges, Clarisse

Guiraud, Amélie Hart-Hutasse, Xavier Hill,Amel Imalhayenne, Anne-Sophie Legrand,

Caroline Magaud, Emmanuelle Mariini, SoniaMollet, Sylvie Obrero, Virginie Pays, PierrePriouret, Fabrice Rabat, Arthur Reverchon,Marc Rollin, Georges Thai, Isabelle Tourtier,

Christian Couturier pour le SNEP-FSU.

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 2 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Ce programme ne répond ni aux besoins desélèves, ni aux attentes des collègues. Il limitefortement la liberté pédagogique et alourditla charge de travail. Le SNES-FSU avait alerté sur l’écart trop impor-tant entre les exigences du collège et celles dulycée et avait fait des suggestions pour unprogramme à la fois accessible et ambitieux.Hélas, le texte publié se résume à la quantitéd’œuvres à faire lire, de copies à corriger, detypes d’exercices à maîtriser.

Grammaire traditionnellePour répondre aux difficultés des élèves enexpression écrite, priorité est donnée à uneconception traditionnelle de l’enseignement dela grammaire dont l’efficacité est discutable.Cela ne permettra pas, sans temps supplémen-

taire, d’améliorer le niveau des élèves, surtoutavec l’augmentation du nombre de lecturesintégrales et de textes à présenter à l’oral.

Une étude de la littérature peuattractiveL’entrée est chronologique, dès la Seconde,avec quatre « objets d’étude » par an composéschacun d’un « parcours d’histoire littéraire chro-nologique » et d’oeuvres complètes. Les élèvessont censés lire huit livres par an. La littératurecontemporaine est quasiment oubliée et laliberté pédagogique réduite. L’explication linéaire fait son retour dansl’Épreuve anticipée de français (EAF) de fin dePremière alors que nos remarques avaientpermis que sa mention soit effacée duprogramme.

Des épreuves inadaptéesL’épreuve écrite d’EAF est toujours de quatreheures. En Seconde il faudra préparer les élèvesau commentaire, à la dissertation, à la contrac-tion de texte et à l’essai. La disparition du corpus est à double tranchantcar la question guidait les élèves pour l’analysedu texte et le corpus était un point d’appuipour la dissertation. Pour la voie technologique,le sujet contraction-essai porte sur l’objetd’étude littérature d’idée. Nous avons soulignésont extrême difficulté.

: [email protected] : https://www.snes.edu/Petition-pour-d-autres-

programmes-de-francais-au-lycee.html

FRANÇAIS

Quels objectifs ? Les objets d’étude sont pertinents et susciterontl’intérêt des élèves tout comme les axes detravail  : confrontation d’œuvres antiques etmodernes ou contemporaines, étude de motsconcepts, de grands personnages, repères histo-riques et géographiques. Mais rien n’est dit surleur articulation ni sur les objectifs poursuivis.L’association du portfolio demandé en spécialitéet en option facultative, du programme delangue ambitieux et d’une approche large dela traduction interroge sur les objectifs réelsde l’enseignement.Comment maintenir un enseignement linguis-tique ambitieux, débouchant sur des pratiquesautonomes de lecture et de traduction destextes en langue originale, tout en accueillantdes élèves débutants et en ouvrant vers unedimension culturelle plus large ?

Quelles épreuves ?L’épreuve de spécialité en Première surprendet nos remarques n’ont pas été entendues. Endeux heures il faudra lire un texte bilingue de300 mots, traiter une question sur le lexiqueet une sur la langue. Puis il y aura le choix entreversion et essai. La version est aussi longue (50 mots) que celle de spécialité actuelle en L,avec une heure de moins pour l’épreuve et uneformation totale réduite d’un an. L’essai seracertainement le sujet refuge. Pourquoi le limiterà 500 mots ? Avec 4 heures de cours hebdo-madaires, les élèves ne pourraient-ils produireque 50 lignes sur l’objet d’étude travaillé enclasse ?

: [email protected] : https://www.snes.edu/Les-LCA-dans-la-

reforme-du-lycee-Resumons-nous.html

L’étude des LCA sera possible en option facul-tative (de la Seconde à la Terminale) et/ou enspécialité (en Première et Terminale).

Option ou spécialité... un vrai faux choix Les moyens alloués aux lycées conduiront àregrouper les élèves d’option et de spécialité.Les deux programmes sont compatibles, dumoins en Première, mais associer grandscommençants - ce que permet la spécialité -et élèves aguerris sera difficile.Le SNES-FSU avait déposé des amendementsvisant à préciser le « caractère littéraire plusaffirmé » de la spécialité et limiter les entravesà la liberté pédagogique (contraintes en matièred’évaluation, portfolio obligatoire). Aucun n’aété repris.

LANGUES ET CULTURESDE L’ANTIQUITÉ

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 3 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Le projet de programme du CSP du mois de maiprend à contre-pied celui du groupe d’experts surlequel nous avions été consultés le 20 mars. Difficiledans ces conditions de travailler sérieusement surdes propositions aussi changeantes que contra-dictoires. Si l’on est rassuré par le maintien decertaines notions « historiques » comme le travail,l’inconscient, le bonheur (comme le SNES-FSU enavait fait la demande au CSP), la disparition pureet simple des champs du programme – héritagedu difficile compromis de 2003 – témoigne d’unparti pris radical du CSP qui ne répond pas à uneattente exprimée par la profession dans l’enquêtedu SNES-FSU sur les programmes de 2018.

Une démocratisation en panne...L e s p r o g r a m m e s d e p h i l o s o p h i e s o n tconstruits autour de notions (depuis 1973),

laissant à chaque professeur la liberté de lescombiner à loisir dans la construction de soncours. D’où une certaine «  loterie  » le jourde l’examen qui déroute les élèves les plusfragiles, voire les plus scolaires... Faut-il alorsrenforcer cette approche strictement notion-nelle, quitte à en réduire le nombre, ou faut-il limiter cette part de contingence, à l’aided’un programme associant plus explicitementles notions à des champs de réflexion, ycompris dans l ’é laborat ion des sujetsd’examen ?

Il pourrait être pertinent que la version définitivedes programmes cherche à concilier la nécessaireliberté philosophique du professeur, avec uneclarification du lien entre les sujets d’examenet les programmes.

… dans un contexte hostile L’effet systémique des réformes (Parcoursup-baccalauréat-lycée) n’épargnera pas l’ensei-gnement de la philosophie : montée des effectifset faibles coefficients (8 % des coefficients dubaccalauréat dans la voie générale, 4 % dansla voie technologique), coup de grâce portéaux dédoublements en séries technologiques,rapport instrumental à la discipline dans uncontexte sélectif d’évaluation permanente…la spécialité « humanités, littérature et philo-sophie » risque de ne pas suffire à faire passerla pilule.

: [email protected] : https://www.snes.edu/A-l-ombre-de-la-

fabrique-des-programmes-de-philosophie.html

PHILOSOPHIE

ni vraiment philosophiques. Il est présentédans un ordre chronologique du premiersemestre de Première au dernier de Terminale,ordre auquel il est cependant possible de dérogeren classe.

De la culture générale ? Si le programme initial a été conçu dans uneoptique très « culture générale et transversale »,les recommandations des deux inspectionsgénérales assurent que cet enseignementconservera pourtant une dimension « discipli-naire authentique », « problématique et concep-tuelle »... donc en contradiction avec un ensei-

gnement d’histoire de la culture et des idées.La bibliographie hermétique rebutera les élèveshabituellement attirés par l’ancienne série L.De quoi les transformer en orphelins de cettesérie et en futurs étudiants inquiets pour leurpoursuite d’études.

: https://www.snes.edu/Humanites-litterature-et-philosophie-de-quoi-HLP-est-elle-le-nom.html

: https://www.snes.edu/Programme-Humanites-Litterature-et-Philosophie-que-de-flou.html

Le vertige du « en même temps »...Enseignée et évaluée «  à parts égales  » parun professeur de littérature et un de philoso-phie, cette spécialité risque de laisser sur leurfaim les deux disciplines. Les élèves ne la pour-suivant pas en Terminale passeront en Premièreune épreuve de deux heures littéraire et (enmême temps...) philosophique, mais sur unseul texte qui pourra être tantôt littéraire,tantôt philosophique.

Du flou...Le programme est structuré en «  objetsd’études » assez flous, ni vraiment littéraires

HUMANITÉS, LITTÉRATUREET PHILOSOPHIE

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 4 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Faire du neuf avec du vieuxLes programmes du tronc commun de la voiegénérale sont particulièrement denses etcorsetés. En histoire, les « points de passage etd’ouverture » sont en réalité des exemples obli-gatoires autour desquels les professeurs devrontconstruire leur cours. Ils renforcent le caractèreencyclopédique des programmes, davantageconçus comme une somme de connaissancesplutôt que comme un cadre permettant laconstruction de méthodes et de capacités propresà l’histoire et à la géographie.

Manque de temps et d’espaceIl est bien illusoire de penser que ces capacitéspourront être travaillées en classe à raison detrois heures hebdomadaires dans la voie géné-rale, sans dédoublement, dans des classes char-gées, et en respectant une progressioncommune pour les épreuves de contrôle continu(E3C). Le pire est à craindre pour les séries tech-nologiques : avec une heure trente hebdoma-daire, le programme garde les mêmes théma-

tiques que dans la voie générale. On peut voirdans cette posture un mépris pour les spécificitésde la voie technologique ainsi que pour lesréalités du terrain.

Des problèmes épistémologiquesLa notion de transition qui sert de fil conducteuren géographie en Seconde ne semble pas conso-lidée dans la communauté scientifique, ellerelève avant tout du champ politique. Le conceptde développement (au singulier) n’est pas inter-rogé alors qu’il fait l’objet de nombreux débatschez les géographes, notamment quant à l’étudedes inégalités.En histoire on assiste à un retour en arrière,par exemple dans l’approche du XIXe siècleauquel le programme de Première est presqueentièrement consacré, ou pour le chapitre surla Méditerranée médiévale en Seconde. Il n’estpas tenu compte des renouvellements histo-riographiques et des réflexions épistémologiquesrécentes. L’entrée se fait souvent par l’histoirepolitique, aride pour les élèves, sans équilibre

avec les entrées culturelles, économiques,sociales...

Des épreuves sous contraintede temps Les exercices prévus pour les E3C ont été choisisnon pas tant en fonction des objectifs discipli-naires que de la durée de l’épreuve (deux heurespour ne pas trop désorganiser la vie des établis-sements...). Dans la voie technologique, ils sontidentiques à l’épreuve écrite terminale actuelle.Dans la voie générale, ils constituent un entre-deux entre l’épreuve du DNB (« réponse orga-nisée » rédigée en une heure, notée sur 10) etl’épreuve terminale actuelle (analyse de docu-ment, croquis de géographie réalisé à partird’un texte).

: [email protected] : https://www.snes.edu/Faire-du-neuf-avec-du-

vieux-les-programmes-d-histoire-geographie-du-lycee-a-la.html

HISTOIRE-GÉOGRAPHIE

tions y compris artistiques... Pourtant cetteapparente liberté ne pourra s’exercer que dansun cadre notionnel très contraint, d’une ariditésurprenante pour un enseignement de tronccommun s’adressant à des adolescents. Lesnot ions à acquér i r sont complexes etnombreuses, relevant très majoritairement duchamp de la philosophie politique, voire del’histoire politique.La question de la formation continue, pourpermettre à tous les professeurs de prendreen charge l’EMC quelle que soit leur disciplinede recrutement, est un serpent de mer... Uneplate-forme numérique pour mutualiser letravail des uns et des autres ne saurait en tenirlieu.

Évaluation chiffréeReste entière également la question de l’éva-luation de l’EMC. En tant qu’enseignement dutronc commun, il doit désormais donner lieuà des notes, qui seront prises en compte dansles 10 % de contrôle continu du nouveau bacca-lauréat... Mais les programmes n’offrent aucuncadrage en la matière, alors que les pratiquessont très diverses. On peut supposer qu’en l’ab-sence d’indications officielles, certains chefsd’établissement tenteront d’imposer l’harmo-nisation de ces pratiques.

: https://www.snes.edu/L-EMC-dans-le-LyceeBlanquer-de-l-affichage-a-la-realite.html

Les conditions d’enseignement de l’EMC sedégradent : perte des effectifs réduits obliga-toires, annualisation de l’horaire.Les programmes entendent satisfaire les profes-seurs en leur accordant une grande liberté dansleurs choix de mise en œuvre. Le « projet del’année », qui dans le projet du CSP était obli-gatoire, est devenu facultatif dans le texteréglementaire. C’était une demande forte portéepar le SNES-FSU.

Démarches ouvertes et contenusaridesToutes les démarches sont possibles en EMC,en théorie : exposés, débats, recherche docu-mentaire, travaux sur toutes sortes de produc-

ENSEIGNEMENT MORALET CIVIQUE

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 5 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Lors de leur présentation au CSE, les projets deprogrammes proposés ont fait l’objet d’un rejetunanime de la communauté éducative (aucunvote favorable). Le SNES-FSU a porté denombreux amendements. Malgré cela, ils ontété publiés quasi à l’identique et le ministèreest resté sourd aux nombreuses critiques.

Omniprésence du marchéLes programmes actuels de SES ne sont pas satis-faisants. Rédigés dans un contexte où la disciplinefaisait l’objet de nombreuses attaques de la partdu patronat, qui lui reprochait d’avoir un regardtrop critique sur l’entreprise et de ne pas suffi-samment faire adhérer les élèves aux vertus dumarché, ils avaient déjà introduit un changementimportant, en escamotant les débats de sociétéau profit d’une présentation très formelle et lissedes mécanismes économiques.

Sans grande surprise, les nouveaux programmesde Seconde et de Première poursuivent et renfor-cent cette fâcheuse orientation. On remarqueraen particulier l’omniprésence du marché et lamise en retrait de l’intervention de l’État, quin’est présentée que de façon accessoire. Les méca-nismes du marché sont présentés comme allantde soi et faisant preuve d’une efficacité très peuremise en cause, ce qui conduit à une certainenaturalisation de ce qui n’est pourtant qu’uneforme particulière d’organisation économique.Nulle trace non plus des approches les plus critiquesdans la partie sociologie des programmes : lesélèves n’entendront parler ni de classes sociales,ni d’inégalités, ni de rapports de domination. Lesdébats théoriques qui traversent la discipline sontdonc tout simplement évacués et le choix estclairement fait de privilégier certaines approchesplutôt que d’autres.

Projets de TerminaleApparaissent enfin des questions qui font davan-tage écho à des débats de société : la mobilitésociale, les outils de lutte contre le chômage, leslimites de la croissance, etc. Il est cependantregrettable que les élèves qui auront arrêté lesSES en Seconde ou en Première n’entendentjamais parler de ces sujets et se voient imposerà la place un enseignement de microéconomieinutilement technique et ne permettant pas vrai-ment, comme le promet pourtant le préambuledu programme, de « contribuer à la formationcivique des élèves grâce à la maîtrise de connais-sances qui favorisent la participation au débatpublic sur les grands enjeux économiques, sociauxet politiques des sociétés contemporaines ». : [email protected] : https://www.snes.edu/Programmes-de-SES-

2019

SCIENCES ÉCONOMIQUESET SOCIALES

Quels enseignants ? Alors que la science politique est une compo-sante de la discipline sciences économiques etsociales, le préambule du programme de HGGSPprécise que cette spécialité est prise en charge«  par les professeurs d’histoire-géographie,avec l’appui, le cas échéant, des enseignantsde SES ». L’organisation en grandes thématiques quicroisent systématiquement les approches (parexemple : « Comprendre un régime politique :la démocratie ») rend impossible un découpagede l’horaire de spécialité. La prétendue pluri-disciplinarité ainsi conçue s’avère un outil nonpas au service des apprentissages, mais permet-tant une gestion souple des services. On ne saitpas non plus clairement qui devrait corrigerl’épreuve terminale, ni même l’épreuve despécialité de Première (une composition rédigéeen deux heures) pour les élèves ne poursuivantpas en Terminale.

Des contenus élitistes La spécialité est un enseignement élitiste, diffi-cile, du point de vue des notions, périodes, etespaces géographiques abordés, comme parla somme de travail personnel attendu de lapart des élèves (exposés, fiches de lecture, etc.).Elle vise à préparer au supérieur... en supposantdéjà acquises une autonomie et une maturitéque le lycée devrait construire.

Des questions évacuées et pasd’interdisciplinaritéÀ côté de programmes de tronc commun assezpoussiéreux dans leur approche, on attendaitd’un nouvel enseignement de spécialité uncertain renouvellement. Or on constate que lesthématiques comme les objets d’étude évacuentles questions socialement vives (quid du Moyen-Orient actuel, quand on parle de frontières, derelations entre États et religions ?...) et ne s’orien-tent pas vers une interdisciplinarité féconde.

La spécialité HGGSP est présentée comme« pluridisciplinaire ». Elle est censée donnerdes « clés de compréhension du monde passéet contemporain sur le plan des relationssociales, politiques, économiques et culturelles ».De son côté, le programme d’histoire-géogra-phie, lui, doit « donner les moyens d’unecompréhension éclairée du monde d’hier etd’aujourd’hui ». Quelles différences ?

Où est la science politique ?L’intitulé laisse entendre que le programmecontient des éléments relevant de deux disci-plines, l’histoire-géographie et les scienceséconomiques et sociales. En réalité, les contenus relèvent essentiellementde l’histoire (une histoire très politique), dela géopolitique, un peu de la géographie, etquasiment pas de la science politique, d’oùun agacement certain face à une étiquettemensongère.

HISTOIRE-GÉOGRAPHIEGÉOPOLITIQUE SCIENCES POLITIQUES

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 6 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Ces programmes inter-langues ont une entréeculturelle commune déclinée en axes. Ce quiinterpelle d’abord est l’invitation à (re)travaillerla langue, soulignant peut-être une prise deconscience que cet aspect avait été délaissédans les réformes précédentes.En Seconde, l’entrée reste «  l’art de vivreensemble » et, au cycle terminal, « gestes fonda-teurs et mondes en mouvement », déclinéesen huit axes (dont six doivent être abordésdurant le cycle).

Des programmes ambitieuxLes niveaux du Cadre européen commun deréférence pour les langues (CECRL) à atteindresont modifiés à la hausse, notamment en LVC,mais aussi en séries technologiques. Le SNES-FSU avait pourtant demandé que soit prise encompte la spécificité de ces séries.

Le CECRL reste le document de référence pourl’évaluation puisque les niveaux visés relèventde ses échelles et non des programmes direc-tement, ce qui est discutable. Le niveau B2 (enLVA), de « maîtrise courante de la langue » etC1 (en spécialité), d’« utilisateur expérimenté »,nous semblent difficiles et peu adaptés à unenseignement au lycée.En spécialité LLCE (en anglais, allemand, espa-gnol, italien et langues régionales), au-delàdu C1, les attendus sont très ambitieux : seulsdes élèves «  spécialistes » parviendront àatteindre les objectifs liés notamment auxœuvres complètes.

Une formation nécessaireLes programmes renvoient aussi aux nouveauxdescripteurs du CECRL, parus en 2018, quiincluent notamment la médiation et la compé-

tence plurilingue et interculturelle. Au-delàdes débats qu’elles suscitent, elles mériterontune formation initiale et continue des profes-seurs si l’institution souhaite les évaluer. Le recours aux outils numériques est encouragé,en particulier pour l’expression écrite ; les ques-tions premières sont cependant celle des effectifspléthoriques et d’un temps d’apprentissagetrop limité.

Épreuves Il nous semble difficile d’évaluer plusieurs foistoutes les activités langagières (en Premièreet en Terminale), alors que les conditions d’en-seignement-apprentissage ne sont pas réuniespour les préparer sérieusement. : [email protected] : https://www.snes.edu/Bienvenue-dans-la-

rubrique-les-LVER-au-lycee.html

LANGUES VIVANTES ÉTRANGÈRES ET RÉGIONALES

Ils sont, de plus, curriculaires en musique avecun seul texte pour la Première et la Terminale. La pratique reste au cœur de ces disciplines.Pour les sept enseignements, les programmespermettront une grande liberté pédagogique.Ils sont parfois très denses (en arts plastiquespar exemple) et engagent les professeurs à fairedes choix pour construire un projet d’enseigne-ment pertinent en fonction des profils d’élèves,ce qui pour certains enseignements interrogequant à la construction d’une culture commune.

Épreuves de spécialité de finde Première Pour les élèves renonçant à la spécialité en Termi-nale, l’épreuve est assez lourde. Dans certainesdisciplines le jury pourra interroger le candidatsur une œuvre inconnue, ce qui est difficile pourles élèves. Pour d’autres, l’épreuve est déroutante :cinq à sept minutes de pratique en théâtre ; enmusique, une vidéo enregistrée devra êtreprésentée au lieu d’une pratique devant le jury.

Rénovation de la série « Techniquesde la musique et de la danse » (TMD)Cette nouvelle série technologique rénovée intègrele théâtre et se nommera S2TMD (sciences et tech-niques du théâtre de la musique et de la danse)En seconde, l’option technologique est intitulée« culture et pratique de la danse, de la musiqueet du théâtre ». Dans le tronc commun du cycle terminal, les ensei-gnements seront les mêmes que dans les autresséries technologiques. Un nouvel enseignement despécialité « économie, droit et environnement duspectacle vivant» est créé, au-delà des enseignementsde spécialité « culture et sciences chorégraphiques,ou musicales, ou théâtrales » et « pratique de ladanse, ou de la musique, ou du théâtre ». Les programmes sont en cours de rédaction, pourapplication en septembre !

: [email protected] : https://www.snes.edu/Arts-programmes-du-

lycee-publies.html

Aucune réflexion préalable sur la démocrati-sation des Arts et de la culture au lycée n’a étémenée par le ministère. Le SNES-FSU a demandé des possibilités de déro-gation pour les élèves qui souhaiteraient suivre unenseignement artistique au lycée et une valorisationdes options facultatives. Il n’a pas été entendu.

Des options en danger à termeLes options ne sont pas financées et devront êtreprises sur la marge horaire octroyée à chaquelycée, tout comme les groupes et l’accompagne-ment. Elles ne comptent plus au baccalauréat quedans le cadre du contrôle continu. Pour retrouverleur poids actuel, il aurait fallu qu’elles bénéficientd’un coefficient 8 !

ProgrammesLes programmes de musique et d’arts plastiquesont été conçus dans la logique de ceux du collège,ce qui peut être déroutant pour les collèguesenseignant en lycée (programmes spiralaires).

ARTS

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 7 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Des contenus en Information-Documentation diluésLa prise de conscience de l’importance de formerles élèves et de leur faire acquérir une cultureinformationnelle s’est traduite par l’apparition del’EMI (2016). Elle semble désormais s’éloigner despréoccupations institutionnelles et des nouveauxprogrammes du lycée. Il en résulte un éparpillementde contenus, au fil des programmes, sans cohé-rence, sans progression – et surtout sans moyenssupplémentaires ! – pour permettre de mettreen œuvre de véritables apprentissages.

Des modalités d’enseignementinexistantesEn s’appuyant sur la nouvelle circulaire demissions (2017) et sur les pratiques profession-nelles, le SNES-FSU a proposé des amendementspour renforcer et rendre visibles les collaborationsavec le professeur documentaliste afin que celui-ci puisse prendre toute sa place dans les ensei-gnements dispensés. Le ministère s’obstine àmaintenir le professeur documentaliste dansun rôle d’accompagnant pédagogique voire àconfondre le professionnel et le lieu, CDI.

SNT : le professeur documentaliste,une variable d’ajustement ?Il y a beaucoup de flou autour de ce nouvelenseignement avec des politiques qui diffèrentd’une académie à l’autre. Il est à craindre quela participation du professeur documentalistereste de l’ordre du bricolage local... au détrimentde la formation de tous les élèves.

: [email protected] : http://snes.edu/Place-du-professeur-

documentaliste.html

INFORMATIONDOCUMENTATION

repère, en termes de contenus. Le niveau d’écri-ture le plus précis dans le texte donne desformules du type « se préparer à un effort spéci-fique, récupérer », ou encore : « maintenir unengagement physique tout en restant lucidedans ses choix ». Outre que ces prescriptions renvoient à desactivités valables du niveau débutant au plushaut niveau sportif, on peut les interprétertout à fait différemment et y mettre descontenus à géométrie variable. Au bout ducompte, la formation dispensée sera différented’un lycée voire d’un professeur à l’autre. Lecaractère national de l’enseignement est misen cause. C’est la porte ouverte au renforcement desinégalités, en fonction des lieux et conditionsde travail, des élèves, de la pression du milieulocal. Ainsi conçu et contrairement aux objectifsaffichés, le programme d’EPS, qui du coup n’enest pas un, est un frein à la démocratisation,alors qu’il devrait être un outil, un point d’appui.Pourquoi une telle volte-face de la part de l’ins-titution ? Pilotage à vue ou volonté de mettrela discipline dans les pas de l’individualisme ?Pour la première fois dans l’histoire de la disci-pline, toutes les organisations syndicales ontvoté contre ce texte.

Enseignement optionnel : infaisable !L’ancienne option d’exploration et de « complé-ment » (cinq heures par semaine en Seconde etquatre heures en Première et Terminale) ne s’estpas transformée en spécialité dans la réforme.Mais l’institution n’a rien trouvé de mieux qued’en transférer le contenu vers le nouvel ensei-gnement optionnel de trois heures et qui n’aaucun coefficient valorisant au baccalauréat. Ce dispositif catastrophique est complété parun abandon de tout référentiel national dansle cadre habituel du contrôle en cours de forma-tion (CCF) en EPS, au profit d’une adaptationlocale. C’est cohérent avec les programmes,mais l’EPS perd ainsi toute ambition de culturecommune  : le ministère se défausse sur lesprofesseurs de toute responsabilité dans ladétermination de ce qui doit être appris.

1. Plusieurs enquêtes montrent la moindre pratique des filles parrapport aux garçons, par exemple :➜ Dossier de DEPP 2006  : Image du sport scolaire et pratiques

d’enseignement au collège et au lycée.➜ INSEE, 2018 : Pratiques physiques ou sportives des femmes et

des hommes : des rapprochements mais aussi des différencesqui persistent.

➜ Quel lien entre les pratiques sportives des élèves et leur perfor-mance et leur bien-être. OCDE, PISA 2018

➜ Avis du CESE  : l’accès du plus grand nombre à la pratiqued’activités physiques et sportives. Juillet 2018, page 27.

: [email protected] : http://www.snepfsu.net/peda/lycees.php

L’éducation physique fait partie du tronccommun, jusqu’en Terminale. Le volumehoraire est de deux heures par semaine, cequi représente en réalité, compte tenu desdéplacements parfois nécessaires et du passagedans les vestiaires, à peine plus d’une heurede pratique en moyenne à l’échelle nationale.Il y a donc des progrès à faire en termes dereconnaissance de la discipline. Pour nombred’élèves, et particulièrement les filles1, c’estle seul temps d’activité physique de la semainealors que l’Organisation mondiale de la santé(OMS) recommande une heure d’activitéphysique... par jour !Pour que cette séance d’EPS soit a minima effi-cace il faudrait des programmes qui soientsuffisamment clairs et précis en vue d’uneculture commune.

Un programme qui n’en est pas unOr, après une décennie de programmes tropprescriptifs, avec des niveaux à atteindre...inatteignables, le ministère a pris un chemindiamétralement opposé : laisser les professeursdécider eux-mêmes de ce qu’il y a à apprendre,le programme ne statuant plus que surquelques généralités, certes louables, mais nedonnant quasiment aucune matière, aucun

ÉDUCATION PHYSIQUE ETSPORTIVE

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Cet enseignement de spécialité de Premièreet Terminale générales totalement nouveauaurait pu s’intituler « Informatique ».

L’occasion ratéeLe programme de Première, très pointu etambitieux (parfois trop), risque fort de décou-rager nombre d’élèves qui auraient pu êtremalgré tout séduits par SNT en Seconde : malgrésa dénomination proche, il est sans grandrapport avec les contenus de ce dernier. Desproblèmes de conditions matérielles et de

formation des personnels semblent avoir étédécouverts après la publication du programmede Première. Une large place est consacrée auxbases de données en Terminale, avec unprogramme toujours très ambitieux, et moinsvarié qu’en Première.

Évaluation En fin de Première, elle est prévue sous formede QCM (42 questions en deux heures, avecpoints négatifs en cas d’erreur !), ce qui exclutde faire de cet enseignement un point d’appui

pour développer l’argumentation ou la prisede distance critique : on sera nettement dansl’applicatif, voire le par cœur... L’année suivante,les élèves conservant la spécialité devraientavoir une épreuve écrite de 3 h 30 centrée surles notions étudiées en Terminale, et uneépreuve sur ordinateur de 30 minutes qui seraitaxée sur les compétences en programmation.

: https://www.snes.edu/SNT-et-NSI-les-questions-a-poser-lors-des-formations-a-la-reforme.html

NUMÉRIQUE ET SCIENCESINFORMATIQUES

PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 8 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Les mathématiques subissent de plein fouetune réforme qui fait peu de cas de la didactiqueet de la pédagogie, et piétine allégrement lesconclusions de la Mission mathématiques Villani-Torossian, notamment la recomman-dation d’introduire un enseignement « de réconciliation » avec les mathématiques.

L’envers du décorLes grilles prévues impliqueront des perteshoraires (moins d’heures en groupes à effectifsréduits) et, contrairement à ce que clame leministère, beaucoup d’élèves arrêteront de faitles mathématiques en fin de Seconde. Il estdommage que les programmes de Premièreet de Terminale n’aient pas été pensés en arti-culation et publiés en même temps.Pour l’ensemble des programmes de la Secondeet de la voie générale, on assiste au retour dela démonstration... mais on note aussi beaucoupd’activités « numériques  » qui font courir lerisque que la forme prime sur le fond du contenumathématique.

Seconde : un programmeemblématique Le programme de Seconde, entre volonté derenouer avec les « classiques » et alourdissementcertain par rapport à l’existant, est ambitieux

et pourrait bien décourager les élèves à pour-suivre en Première : il illustre toute la problé-matique de la réforme pour les mathématiques,qui redeviennent un outil de sélection en sortantdu tronc commun à partir de la Première géné-rale.

Première générale : la nostalgiede la série S ?En voie générale, le programme de spécialitéde Première est le plus problématique, carproche de celui de la série S des années 2000,voire des années précédentes, mais en quatreheures au lieu de six. Nombre d’élèves seront face à un dilemme :abandon des mathématiques en fin de Seconde(comment pourraient-elles tenter les actuelsprofils ES ?), ou une à deux années difficilesen conservant des mathématiques pour uneorientation plus ouverte.

Terminale générale : articulationsincertainesL’option de mathématiques complémentairesde Terminale, pensée pour l’accès au supérieur(Médecine, Sciences sociales et économieetc.), risque donc d’offrir à un public fort hété-rogène un contenu à la cohérence incertaine.Concernant la spécialité de Terminale, et son

articulation avec l’option mathématiquesexpertes, nous sommes toujours dans l’ex-pectative. Les premiers éléments concernantcette spécialité confirment l’ambition desprogrammes et laissent penser à un retour àceux de l’ancienne Terminale C.

Voie technologique En rapport avec d’autres disciplines, et bien quesouvent réduits à des « outils », les contenuspeuvent faire sens pour les élèves. Des notionsparfois non abordées en voie générale y figureront(nombres complexes en STI2D par exemple).Hors STHR, à programme spécifique, l’enseigne-ment des mathématiques y sera à double entrée :dans le tronc commun (avec une variante enSTD2A) et au sein des spécialités mathéma-tiques-physique (STL, STI2D), mais avec un horairevariable localement, car non fixé dans les textes.Faire acquérir des automatismes peut être unebonne idée, cependant le probable pilotage parle contrôle continu risque d’imposer des activitésqui pourraient empiéter sur la résolution deproblèmes, ou une étude un tant soit peu appro-fondie des notions. : [email protected] : https://www.snes.edu/Analyse-des-

programmes-de-mathematiques-du-Lycee-Blanquer.html

MATHÉMATIQUES

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 9 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Mathématiques du tronc commundes séries technologiquesLes mathématiques font partie du tronccommun du cycle terminal de toutes les sériestechnologiques, ce dont le SNES-FSU se félicitecar cette discipline est régulièrement convoquéedans les activités techniques. Cependant, leSNES-FSU demande que cet enseignementcontinue d’être décliné en fonction des spécia-lités des séries et de leurs besoins, et donc fassel’objet de plusieurs programmes.Ainsi, ces derniers devraient contenir, d’unepart, une partie commune permettant deconstruire une culture commune et, d’autrepart, des compétences propres aux séries.Dans cette version des programmes, le tronccommun mathématiques propose les classiquesoutils et connaissances mathématiques puisapporte le minimum indispensable à tout élève :

il est assez surprenant qu’il n’ait pu en être demême en voie générale !

Association mathématiques -physique - chimie en série STI2D etSTLDans ces séries, les enseignements de mathé-matiques et de physique-chimie sont regroupéset forment une spécialité pour se raccrocherartificiellement à la structure de la voie générale.Le partage des contenus et des horaires n’estpas précisé : cela conduira à des arbitrages locauxvariables y compris dans le temps, et alimenterala compétition entre disciplines dans la courseaux moyens et aux dédoublements.Les programmes ne mettent pas nécessairementen évidence les ponts possibles entre ces ensei-gnements, et la cohérence de l’ensemble n’estpas toujours assurée.

Pour autant les contenus mathématiques sontplutôt cohérents avec les attendus des disciplinestechnologiques. Les programmes de physique-chimie présentent quant à eux l’incohérencemajeure de vouloir contenir tous les savoirsdes différentes séries. Le SNES-FSU demande que ces derniers soientspécifiques à chaque spécialité et en cohérenceavec les enseignements technologiques afind’éviter les doublons ; les heures doivent êtredédoublées pour permettre des travauxpratiques ou activités expérimentales. Cette« spécialité » sera évaluée en Terminale etpourrait être support pour le projet final.

: https://www.snes.edu/Physique-chimie-analyse-des-programmes-de-physique-chimie.html

sont à l’image du programme : il est difficiled’y trouver ce qui est véritablement essentiel.Au mieux, ils permettront aux enseignantsd’avoir des exemples d’activités thématiques.Quant à la formation accompagnant la miseen place, elle semble bien faible, et on risqued’observer une grande variété d’approches etde pratiques. De plus, les incitations à des misesen pratique vont se heurter aux disponibilitésde salles adaptées ou aux possibilités de dédou-blement, sans lesquelles les expérimentationsrecommandées risquent de finir en démons-trations vidéo-projetées : c’est l’implicationdes élèves qui sera alors en jeu.

Python : le serpent qui se mort la queue Le programme prévoit de la programmationen langage Python, tout comme le programme

de mathématiques de Seconde. Cela pose leproblème de la cohérence et de l’articulationdes apprentissages et des notions abordées.Le découpage des connaissances sur deuxprogrammes distincts – et fortement contraintspar les horaires alloués – fait courir le risqued’un renvoi de l’un à l’autre de l’étude et de lamise en oeuvre de ce langage.

: https://www.snes.edu/Sciences-Numeriques-et-Technologies-l-occasion-ratee.html

: https://www.snes.edu/Sciences-numeriques-et-technologie-qui-n-en-veut.html

Bien qu’avec des contenus fortement connotés« informatique », SNT est une compilation dedifférentes notions et thématiques le plussouvent en rapport avec le « numérique », etpourrait être enseigné par des professeurs dedisciplines diverses : mathématiques, physique-chimie, STI, HG, technologie, documentations,etc., selon les établissements.

Objet pédagogique non identifié Les objectifs de cet enseignement sont tellementvagues qu’ils peuvent être interprétés demanières variées. Sans délimitation exacte desniveaux de connaissances attendues, avec descontenus sujets à interprétations parfois contra-dictoires, cet enseignement risque vite d’avoirpeu de sens pour les élèves, comme pour lesprofesseurs ! Les manuels récemment publiés

SCIENCES NUMÉRIQUESET TECHNOLOGIE

MATHÉMATIQUES – PHYSIQUE – CHIMIEDANS LA VOIE TECHNOLOGIQUE

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 10 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Trois nouveaux programmes concernent lesprofesseurs de SVT à la rentrée prochaine : leprogramme commun de SVT en Seconde, ceuxde la spécialité SVT et de l’enseignement scien-tifique en Première. Un point positif dans lesprogrammes de SVT : la réaffirmation de lanécessité d’effectuer expériences et manipu-lations.

SVT : une structuration artificielle Pas de réelle nouveauté, les rédacteurs s’étantattachés à «  recycler » une bonne partie desprogrammes actuels « pour limiter les difficultésdes collègues ». Les programmes de Seconde et de spécialité dePremière reprennent la structuration précédente,passablement artificielle, en trois thématiques :la Terre, la vie et l’organisation du vivant ; les

enjeux contemporains de la planète ; corpshumain et santé. Sur la forme, la disparition dela présentation en tableau des connaissances etdes capacités ne rend pas la lecture plus aisée.

Des programmes chargésEn Seconde, les principaux changements concer-nent l’apparition de « Nourrir l’humanité » enprovenance du programme actuel de ES/L, leretour de l’étude des paysages, la « descente »en Seconde de l’étude de la « procréation etsexualité humaine », que le SNES-FSU revendiquedepuis de nombreuses années, et l’arrivée del’étude des micro-organismes. L’ensemble appa-raît cependant très chargé, voire infaisable.En spécialité SVT de Première, le programme,peu novateur, est aussi pléthorique. Outre lebasculement de toute la partie immunologie

issue du programme de Terminale, ainsi quede l’étude de l’activité enzymatique, il faut noterle retour de l’écologie et la présence d’une partiede géophysique globale très consistante.

Épreuve de PremièreL’épreuve commune de contrôle continu (E3C),pour les élèves qui abandonneront la spécialitéSVT en fin de Première, ne s’éloigne pas destypes d’exercices proposés actuellement aubaccalauréat, sur une durée réduite (deux exer-cices sur deux heures).Projet de programme de la spécialité en Termi-nale : voir sur le site national.

: [email protected] : https://www.snes.edu/Les-programmes-de-SVT-

en-lycee-Seconde-Premiere-decevants.html

SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE

pour les mathématiques » dans la logique del’affirmation permanente du ministre qui évoquemaintenant des « mathématiques appliquéesdans le tronc commun ». Personne n’est dupe,aucun contenu de ce programme n’a besoind’un modèle mathématique pour être résolu.

Peu adapté à la diversité des élèveset des conditions d’enseignementSi la construction de ce programme est intel-lectuellement intéressante, il est à craindreque de nombreux sujets, arides, soient compli-qués à aborder par des élèves aux appétenceset compétences scientifiques très hétérogènes.D’autant que les conditions d’enseignement,dans le cadre des moyens alloués, ne permet-tront pas la mise en œuvre du vœu pieu del’introduction « […] créer les conditions permet-tant un travail de laboratoire fondé sur diversesformes de manipulation ».Ce programme est complété par un « projetexpérimental et numérique » auquel il faudra

consacrer une douzaine d’heures dans l’annéedans des conditions «  permettant un travailpratique en petits groupes », dont la mise enœuvre s’annonce problématique et très variablesur le terrain.

Épreuve de PremièreLa note de service présente une épreuvecommune de contrôle continu (E3C) très orientéevers une approche interdisciplinaire, comportantune petite partie calculatoire. Il pourrait y avoirdes difficultés à répartir les corrections entreles disciplines.

Projet de programme del’enseignement scientifique enTerminaleIl paraît moins abscons que celui de Première,plus facile à appréhender sur le fond mais posede véritables difficultés de mise en œuvre. : https://www.snes.edu/Programme-de-l-

Enseignement-scientifique-ES-en-1re.html

Le programme de Première de ce nouvel ensei-gnement du tronc commun du cycle terminals’organise autour de quatre thèmes dont lescontenus s’appuient fortement sur les champsdes « sciences expérimentales » : « Une longuehistoire de la matière », « Le soleil, notre sourced’énergie », « La Terre, un astre singulier »,« Son et musique, porteurs d’information  ».

Un enseignement partagéMême si les discours des corps d’inspection,dans le cadre des formations à la réforme, insis-tent de plus en plus lourdement sur le caractèrenécessairement interdisciplinaire de l’approchede ce programme, sa mise en œuvre s’effectueraprincipalement en le partageant pour moitiéentre les professeurs de physique-chimie et deSVT.

Où sont les mathématiques ?Un paragraphe du préambule, ajouté tardive-ment, tente de justifier une « place particulière

ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 11 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Les horaires sont inchangés en Seconde (troisheures par semaine). La physique-chimie peutêtre choisie en spécialité (quatre heures parsemaine en Première et six heures par semaineen Terminale).

Une nouvelle approche bienvenueLes objectifs annoncés des programmes sontde mettre particulièrement en avant la pratiqueexpérimentale et la modélisation. L’accent estmis sur une approche concrète et contextualiséedes différents concepts. Les thèmes assurentla continuité avec le collège. Leur reprise devraitpermettre selon les rédacteurs un « apprentis-sage approfondi de sujets volontairement réduitsmais formateurs ». Les concepts sont moinsnombreux et leur traitement moins superficielque dans les programmes actuels. La compé-tence « extraire, exploiter » a disparu mêmes’il faut continuer à familiariser de manière

raisonnée les élèves avec les documents. Mêmesi l’accent est mis sur la modélisation, la miseen activité des élèves et la contextualisation,qui sont des acquis du programme actuel,permettront de ne pas rendre la discipline aride.Les programmes sont intéressants mais densesmalgré les allègements obtenus par le SNES-FSU (suppression de la notion de vecteurs« variation de vitesse » en Seconde et suppres-sion de la réalisation de vidéo avec un smart-phone).

Deux nouvelles compétences etcapacitésDeux nouvelles compétences transversalesapparaissent : les capacités numériques et lanotion d’incertitude. Les capacités numériques(langage Python et microcontrôleurs) n’ontpas vocation à être au cœur de l’apprentissagede la physique-chimie. Il faut s’accorder quelques

années pour leur introduction progressive. Lescapacités mathématiques et expérimentales(qui ne se limitent pas à mettre en œuvre lacompétence « Réaliser ») sont clairement iden-tifiées. Les professeurs de physique-chimiedevront donc traiter des points de mathéma-tiques.

Quelles conditions d’enseignement ?Les dédoublements pour les sciences expéri-mentales devront être financés par la margehoraire qui sert aussi à l’AP, aux options... Dansces conditions quel sera l’horaire dédié à cettepratique ? On peut craindre de grandes varia-tions suivant les spécificités des établissements.

: [email protected] : https://www.snes.edu/Physique-chimie-

analyse-des-programmes-de-physique-chimie.html

PHYSIQUE-CHIMIE

moins, le programme pointe Python commelangage de programmation, alors même qu’ilne semble pas adapté à la plupart des problèmesabordés en SI.L’ordre des chapitres n’est pas cohérent, car ils’agit, selon les rédacteurs, d’un affichage« vendeur ». Cela pose le problème de l’éva-luation en fin de Première, lorsque cette spécia-lité est abandonnée, puisque l’écrit de 2 heuress’appuiera sur deux exercices concernant unproduit unique, le premier sur « l’étude d’uneperformance du produit », le second sur «  lacommande du fonctionnement »... Quellesparties sont réservées à l’enseignement deTerminale, lorsque la spécialité est conservée ?

Des modalités d’enseignementsdifficiles à mettre en œuvre En Première est institué un projet de 12 heurespour montrer aux élèves comment va se pour-

suivre l’enseignement en Terminale. L’objectifest donc d’éveiller l’appétence des élèves afinqu’ils continuent la spécialité. Mais commentfaire en 12 heures un projet un tant soit peuréaliste ?Cours, TD et TP ? Le programme ne précise pasles modalités d’enseignement. Il serait importantde travailler en effectif réduit, aucune garantien’est offerte.Par ailleurs, la notion de « système multiphy-sique », (MEI), concourt plus que jamais à unerevendication portée par le SNES-FSU  : unepart de co-enseignement inscrite dans les textespour cette spécialité afin de permettre un ensei-gnement de qualité.

: [email protected] : https://www.snes.edu/Series-technologiques-l-

apparence-d-un-maintien.html

Ce programme est conçu pour aborder unmaximum de points sans fixer les attendus dela formation vis-à-vis d’une poursuite d’étudesréussie dans l’enseignement supérieur.

Une grande liberté de traitementLes rédacteurs ont fait part de leur ignorancedes évolutions technologiques futures et s’enremettent donc à l’intelligence des professeurspour faire les choix d’approfondissement. Il n’ya donc pas d’indicateur sur les niveaux d’ac-quisition des connaissances.Le programme aborde un peu plus de notionsque l’actuel mais en ne les précisant pas. Derrièrel’intitulé des connaissances associées, les champsdes savoirs peuvent être vastes. La liberté d’ex-plorer en profondeur ou non est laissée auxprofesseurs.L’information, son traitement et sa transmissionsont toujours bien présents et légitimes. Néan-

SCIENCES DE L’INGÉNIEUR

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 12 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

Les nouveaux programmes des spécialités dela filière STI2D se présentent dans deux nouvellesdéclinaisons : « Innovation technologique ITet Ingénierie et séveloppement durable I2D ».Ils reprennent la quasi-totalité des anciensprogrammes mais ajoutent de nouvelles notionsdans un volume horaire réduit (deux heuresde moins en Terminale) avec davantage de

ENSEIGNEMENTOPTIONNELTECHNOLOGIQUE DESECONDESI ET CIT

ENSEIGNEMENTSSPÉCIFIQUES DUCYCLE TERMINAL INGÉNIERIE,INNOVATION ETDÉVELOPPEMENTDURABLE (2I2D)

L’APPRÉCIATION DU SNES-FSU

Il s’agit dans l’esprit des concepteurs d’options dedécouverte, à base de défis ou de projets àcaractères technoscientifiques, qui doiventpermettre aux élèves d’envisager des études dansla filière STI2D. Mais ces options sont facultatives,financées sur la marge. Autant dire qu’ellesdisparaîtront rapidement. Est-ce sérieux à l’heureoù le besoin de techniciens créatifs est prégnant ?

Les enseignements spécifiques (nommésenseignements de spécialité dans le programmeprécédent) sont concentrés sur l’année deTerminale pour représenter environ 70 % del’enseignement de spécialité technologiquerestant (par fusion des spécialités de Première).Ainsi, ces enseignements sont fortementcomprimés dans un volume horaire de 9 h, àcomparer aux 5 h en Première et 9 h en Terminaleprécédemment.Comment est-ce possible ? D’après l’Inspectiongénérale, le glissement de l’étude des solutionsconstructives dans les enseignements spécifiquespermettra de dégager le temps nécessaire pourembrasser des programmes plus denses etabstraits !

LES DEMANDES DU SNES-FSU

Rendre de nouveau obligatoire le choix d’une option enSeconde afin de conforter la réussite de la voietechnologique dans la formation des futurs techniciens etingénieurs.

Une plus large part réservée aux enseignementsspécifiques, à aborder dès la Première, pour notammentrendre les deux projets (36 h en Première et 72 h enTerminale) plus pertinents, source de réalisationsconcrètes et si possible de mises en œuvre spécifiques.Une plus large place aux activités pratiques, répétées pourêtre formatrices et réinvestissables, à l’opposé d’ungavage à base de « granules ».Une marge horaire abondée pour permettre la mise enplace de la pédagogie spécifique de l’enseignementtechnologique : « appropriation des concepts théoriquespar le biais d’activités pratiques ».Le SNES-FSU revendique un programme adapté à ce quesont en droit d’attendre les élèves de la voietechnologique, un programme que les professeurspourrait investir de façon constructive et qui ne lescontraindraient pas à des récitations parfoisapproximatives.

cours en classe entière (perte au minimum de2 heures de dédoublement en Première etTerminale due à la baisse de la marge à14 heures). Les ajouts concernent principale-ment une nouvelle approche dénommée« design » et l’introduction des concepts STEM(Sciences, technologie, ingénierie et mathé-matiques).

Ces apports sont très théoriques, en contradic-tion avec la philosophie de l’enseignement dela filière : manipuler pour comprendre et assi-miler des notions abstraites. Le programmeprécédent déjà pléthorique était inadapté, malperçu par les professeurs et impossible à évaluerde façon satisfaisante.

ENSEIGNEMENTS

Série sciences et technologies industrielles et du développement durable (STI2D)

ENSEIGNEMENTS SPÉCIFIQUES DU CYCLE TERMINAL

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 13 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

changent peu, l’association des mathématiqueset de la physique chimie est un point négatif :il y a risque de confrontation entre les profes-seurs pour le découpage horaire, et d’inégalitésentre les lycées.

TECHNOLOGIQUES

Des changements dans la répartition decertaines disciplines entre les enseignementsgénéraux et technologiques apparaîtraient. Lesdeux spécialités « Biotechnologie » et « Sciencesphysiques et chimiques en laboratoire » sontconservées.

La disparition de la physique chimie du tronccommun et son introduction dans les ensei-gnements technologiques sont une nouveauté.Le rétablissement de la chimie dans les sciencesphysiques répond à une de nos demandes.Si globalement les contenus d’enseignement

Série sciences et technologie de laboratoire (STL)

seurs « avaient l’habitude de dispenser ces ensei-gnements et qu’il n’était pas nécessaire de davan-tage préciser les programmes »...

Les contenus des disciplines d’arts appliquésne semblent pas avoir été réellement travaillés :Outils et langages numériques et Design etmétiers d’art en Première, Analyse et méthodesen design et Conception et création en design

et métiers d’art en Terminale. Les textes secontentent d’énumérer une liste de notions,sans contenus explicites ni niveaux de savoirset de compétences. Devant nos interrogations,l’inspection générale a répondu que les profes-

Série sciences et technologie du design et des arts appliqués (STD2A)

ÉVALUATIONS

L’APPRÉCIATION DU SNES-FSU

Les deux spécialités de Première sont fusionnéesen une seule en Terminale. Il est prévu uneépreuve d’ « Innovation technologique » en fin dePremière. Ainsi, le caractère théorique de cetteformation s’en trouve renforcé car elle donneralieu à un oral sur une réalisation abstraite deconception au mieux virtuelle.

La spécialité 2I2D (Ingénierie, innovation etdéveloppement durable) sera évaluée enTerminale par une épreuve spécifique en plus dugrand oral. Elle regroupe la spécialité IT, soi-disantabandonnée en Première, avec la spécialité I2D etl’inclusion d’un parmi quatre enseignementsspécifiques (AC, ITEC, EE et SIN).L’évaluation donnera lieu probablement à un sujetavec une partie commune et quatre partiesspécifiques.La logique est sauve avec la volonté de conformerde force la filière STI2D avec la filière générale.Mais quid de la cohérence ?

LES DEMANDES DU SNES-FSU

Préciser dans le programme ce qui doit être traité enPremière et Terminale afin d’harmoniser lesenseignements dans les lycées.Étudier dès la Première des solutions constructives afinque ces dernières puissent être réinvesties lors du projetde 36 heures en fin d’année.

Les enseignements spécifiques doivent se faire dès laPremière afin de faciliter la lecture et l’application duprogramme et donc son évaluation.

Une définition claire et précise du grand oral, portant surl’enseignement spécifique technologique, donnant lieu àune réalisation concrète.L’usage du vocabulaire spécifique de la spécialité devraêtre évalué à cette occasion.

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 14 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

ENSEIGNEMENTOPTIONNELTECHNOLOGIQUE DESECONDE

ENSEIGNEMENTSSPÉCIFIQUES DEPREMIÈREDROIT ET ÉCONOMIE

MANAGEMENT

L’APPRÉCIATION DU SNES-FSU

Le nouveau programme de management etgestion prévu avec 1 h 30 hebdomadaire estinfaisable. S’il est maintenu en l’état, il deviendraun enseignement théorique qui n’aura rien detechnologique et n’aidera pas à éclairer le choixvers la série STMG et ses atouts.

En droit et économie, de larges contenus souventcomplexes devront être enseignés en seulement4 heures hebdomadaires sans perspectives dedédoublements : la lourdeur des programmesest particulièrement problématique dans cesconditions.Le programme est trop dense et complexe,particulièrement en économie au niveau decertains concepts abordés. Certaines parties duprogramme, en particulier celles relatives auconcept de marginalité, sont trop complexes auniveau du pré-baccalauréat. Elles alourdissentinutilement un programme d’économie deseulement 2 heures qui a pour vocation d’éclaireret contextualiser les spécialités technologiques dela série.

La préservation de l’ouverture aux différentesorganisations, y compris non marchandes, quifavorise l’attractivité de la discipline est positive.Cependant, les contenus de Première sont uncondensé de ceux de Première et d’une bonnepartie du programme de Terminale actuel avec desajouts liés au numérique. Même avec 1 h 30supplémentaire, il sera difficile de mener unenseignement de qualité avec des mises ensituation si on ne procède pas à des allégements.

LES DEMANDES DU SNES-FSU

Il faut rendre ce programme faisable et attractif, luiredonner une dimension technologique. Le SNES-FSUpropose de laisser aux professeurs la possibilité de choisirdeux thèmes sur les trois proposés et de les mener dans lecadre d’une démarche active de mise en situation desélèves (projet).

Le programme d’économie est celui qui a fait l’objet desdemandes de modifications les plus nombreuses. Parmielles :

Thème 1 : supprimer les notions propres à l’utilitémarginale et au coût marginal : se limiter à laprésentation de l’utilité et du coût pour permettred’interroger la notion de rationalité. Quoiqu’il en soit, cesnotions ne doivent pas donner lieu à une approche detype « universitaire ». En substituant à ces notions trop complexes une approchede la production plus large, on peut donner plus de sens àces notions et on est plus cohérent avec la réalitééconomique (impact et développement de l’économiesociale et solidaire).De plus elle ferait résonnance avec le programme demanagement et donnerait sens à l’ensemble du bloc dedisciplines technologiques.

Thème 5 : revenir aux fondamentaux de la concurrence(types et structures de marché et effets sur laconcurrence).

◗ Ne pas plaquer la question du numérique « comme unedonnée généraliste trop théorique » (point 1.4 et 3.1)mais la lier concrètement à des situations demanagement observées.

◗ Limiter l’étude des stratégies, en particulier celleportant sur l’internationalisation et les partenariats.Son étude serait prématurée au niveau Première.

De même, les méthodes de travail doivent rester réalistespour un niveau Première et privilégier la compréhensiondes fondamentaux du management des organisations,des techniques et de leur mise en œuvre au travers del’étude de différentes situations propres à différents typesd’organisations.

ENSEIGNEMENTS

Série sciences et technologies du management et de la gestion (STMG)

ENSEIGNEMENTS SPÉCIFIQUES DE PREMIÈRE

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PROGRAMMES 2019 : ANALYSES ET ENJEUX 15 SUPPLÉMENT À L’US N° 788 DU 8 JUIN 2019

contenus clairs avec des capacités exigiblesbien définies et des activités technologiquesdétaillées. Il est attractif si on envisage unecarrière dans le médical.Par contre, la disparition de la physique enTerminale sera un handicap lourd dans le cadred’une poursuite d’études dans le médical.

TECHNOLOGIQUES (SUITE)

Enseignement optionneltechnologique de SecondeL’horaire d’1 h 30 s’applique comme pour lesautres options (sauf création et culture design)à l’enseignement « santé et social ». Ses horaireset ses contenus ne permettront pas d’entrerdans une démarche technologique de typeprojet. Il ne permettra pas aux élèves de perce-voir le caractère spécifique au domaine de la

santé et du social et de les aider dans une orien-tation au-delà d’un projet prédéfini. Il fautredonner un horaire, des contenus attractifs àcet enseignement.

Cycle terminalL’enseignement de spécialité en Première« biologie et physiopathologie humaines » estambitieux. Il a le mérite de présenter des

Série sciences et technologies du sanitaire et social (ST2S)

15 h à 14 h, marge qui finance non seulementles dédoublements mais aussi l’accompa-gnement personnalisé et les enseignementsoptionnels ;

◗ le projet n’apparaît plus dans la grille et n’aplus d’horaire fléché spécifique ;

◗ l’enseignement technologique en languevivante (ETLV) perd son heure spécifique dansla grille du bloc technologique.

La série garde la Seconde spécifique.

Cycle terminalLes enseignements restent les mêmes maissont regroupés afin d’entrer dans la maquetteà trois spécialités en Premières et deux enTerminales.Cela amène à une répartition des volumeshoraires différente qui rigidifie la répartition

des enseignements. Cette nouvelle grille horaireva également impacter les capacités de travailleren petits groupes donc de travailler sur dessituations. L’augmentation globale du volumehoraire (2 heures) des spécialités a une contre-partie qui portera atteinte au travail en effectifsréduits et à une démarche technologique demises en situations :◗ diminution de la marge horaire qui passe de

Série sciences et technologies de l’hébergement et de la restauration (STHR)

de spécialité de Terminale. Des champs desavoirs et de compétences risquent d’êtreévalués à deux reprises.Il aurait été préférable que ces évaluations dePremière n’aient pas lieu, quitte à construireun barème de baccalauréat technologique sur95 au lieu de 100, et conserver ainsi la fin del’année de Première pour conforter les savoirs,plutôt que de chercher à évaluer de façon anti-cipée des éléments de programmes qui le serontde toute façon à nouveau en fin de Terminale. : [email protected] : https://www.snes.edu/Series-technologiques-l-

apparence-d-un-maintien.html

Les situations de handicap ne sont prévues quepour ST2S et STD2A et pas pour les autres séries,même pour les épreuves écrites de STL et STHR.Les épreuves orales de STI2D et STMG posentun problème de faisabilité : 30 mn d’évaluationpar élève revient à passer environ une dizained’heures en évaluation par classe. Ce tempsd’évaluation sera-t-il pris sur le temps de cours ?En outre, ces épreuves basées sur un projet dePremière vont être redondantes avec au moinsune partie de l’oral final reposant égalementsur un projet. Il est en train de se mettre enplace une évaluation qui serait à la fois formativeet certificative.

La grille d’évaluation en STMG, qui se veut unegrille de « compétences », n’en est pas une, ilne s’agit pas de savoirs mis en action. Les critèresd’évaluation ne sont pas mis en regard decompétences, et les niveaux d’évaluation sontapproximatifs.Les épreuves écrites ST2S, STL, STHR sont certai-nement trop denses par rapport au tempsimparti (2 heures).Excepté pour l’épreuve de physique-chimie deSTD2A, pour l’ensemble des autres séries tech-nologiques les disciplines support des épreuvesne sont pas réellement abandonnées en Termi-nale puisqu’elles sont intégrées aux disciplines

Épreuves de Première pour les séries technologiques dans leur ensemble

SCIENCES DEGESTION ETNUMÉRIQUE

L’APPRÉCIATION DU SNES-FSU

Les contenus peu modifiés permettront auxcollègues en théorie de réinvestir sur la base deleur expérience.

LES DEMANDES DU SNES-FSU

Les améliorations qui avaient été demandées sur l’actuelprogramme doivent être prises en compte : préciser etrecentrer le programme sur des techniques de sciences degestion qui pourront être réinvesties et prolongées dansles enseignements spécifiques en Terminale dans le cadrede la discipline « management, sciences de gestion etnumérique avec un enseignement spécifique ».

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arts plastiques

L’Université Syndicaliste, pages spéciales de L’US n° 788 du 8 juin 2019, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (FSU) : 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13 – Directeur de lapublication : Xavier Marand ([email protected]) – Compogravure : C.A.G., Paris – Imprimerie : SIEP, Bois-le-Roi (77) – N° CP 0123 S 06386 – ISSN No 0751-5839. Dépôt légal à parution. – Régiepublicitaire : Com d’habitude publicité, Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03, [email protected] – Illustrations : © DR ; © FOTOLIA : Sergey Nivens, Franz, Fabien R.C., Julien Eichinger, Giuseppe Porzani,Brad Pict, Digital-Art, nikhg, RealCG, Mimi Potter ; © Flickr.com : Roberto Gauvin, Bibliothe?que Mazarine, Fre?de?ric Bisson, Lali Masriera, PralineB, Pierre Cante, Jean-Pierre Dalabe?ra, Lucas Poisson, forgem

A lors que l’élaboration des programmes liés à la réforme du lycée touche à sa fin,il apparaît que les méthodes de construction des textes définissant les contenusd’enseignement ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Ainsi, de nombreux programmes de Seconde et Première du futur lycée font l’objet decontestations fortes notamment parmi les professeurs chargés de les mettre en œuvre.

Les diverses contraintes et groupes de pression auxquels sont soumis les concepteurs deprogrammes ne permettent pas un travail serein. La multiplication des niveaux de décisions –le Conseil supérieur des programmes, les inspections générales, le ministère et enfin le cabinetdu ministre – ne clarifie pas, et parfois rend impossible le nécessaire débat démocratique :

• Que faut-il enseigner pour former aujourd’hui les jeunes ?• Comment et pourquoi on l’enseigne ?• Quels doivent être les moyens pour mettre en œuvre cette ambition ?

Il faut en finir avec la confiscation de l’écriture de programmes scolaires par quelques « experts »sans réelle concertation avec les professionnels de l’enseignement et de la recherche. Cette méthodeimpose des choix éducatifs contestables à l’ensemble du système éducatif. Elle conduit à publier destextes ignorant jusqu’aux amendements et avis du Conseil supérieur de l’éducation.

Il faut rétablir « l’ordre des choses » en commençant par définir les besoins des jeunes entermes de savoirs et de compétences, pour préciser les disciplines convoquées et les contenusd’enseignements, et enfin prévoir les structures et les modes de certifications adéquats.

Il appartient, certes, à la représentation nationale de fixer les finalités et missions de l’école,lieu de formation de tous les futurs citoyens. Mais les programmes scolaires, vecteurs de cesobjectifs, structurent l’enseignement. C’est pourquoi les professeurs doivent être associés à leurconstruction, avoir les moyens de se les approprier afin de pouvoir, dans le cadre de leurprofessionnalité, en faire des outils puissants et efficaces au service des élèves.

Ces programmes doivent être mobilisateurs pour les élèves, cohérents entre eux, conçus encomplémentarité pour créer du sens et « faire culture ». Pour cela, il faut se donner le temps dela réflexion, de telles évolutions majeures pour l’avenir ne peuvent pas être sérieusementconstruites en quelques semaines, de façon éclatée, sans allers-retours entre l’ensemble desacteurs et des usagers du système éducatif. Aucun autre pays que la France n’oserait réformeren profondeur un cycle complet d’éducation et de formation de sa jeunesse sans y consacrerplusieurs années de débats approfondis.

Le SNES-FSU continue de demander une autre méthode de construction et d’écriture desprogrammes scolaires qui soit démocratique, transparente, plus respectueuse de « l’expertise »enseignante, et plus conforme aux intérêts des élèves. Inscrite dans un temps suffisamment longpour permettre un bilan de l’existant, ouverte à la pluralité des regards et des approches(pédagogiques, disciplinaires, didactiques, sociologiques et politiques...), elle doit prévoir laconfrontation, le suivi de la mise en œuvre et la vérification régulière de la pertinence desprogrammes enseignés avec, en particulier, les personnels et l’ensemble des organisations syndicales.

Dans l’urgence, il demande un moratoire sur la mise en place de la réforme du lycée.

UN MORATOIRE POUR UNE AUTRE CONSTRUCTION

DES PROGRAMMES SCOLAIRES