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TERRITOIRES, AGRICULTURES, PECHES ET FORETS FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : MIEUX COMPRENDRE LES VULNERABILITES POUR MIEUX LES ANTICIPER COMPTE RENDU DES TRAVAUX DES RENCONTRES Rencontre internationale sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, entre responsables de collectivités territoriales et dorganisations professionnelles France, Brest - Le Quartz, 21-22 octobre 2009

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TERRITOIRES, AGRICULTURES, PECHES ET FORETS

FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : MIEUX

COMPRENDRE LES VULNERABILITES POUR MIEUX

LES ANTICIPER

COMPTE RENDU DES TRAVAUX DES

RENCONTRES

Rencontre internationale sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, entre responsables de collectivités territoriales et d’organisations professionnelles

France, Brest - Le Quartz, 21-22 octobre 2009

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Sommaire Contexte de la rencontre ........................................................................................................................................... 3

Séance d’ouverture .................................................................................................................................................. 8

Exposés Introductifs : l’état des connaissances sur l’impact du changement climatique et sur la

sécurité alimentaire (agricultures, pêches et forêts) ....................................................................................... 12

Les modèles climatologiques sont-ils fiables ? par Hervé Le Treut, membre du GIEC, directeur de

recherche au CNRS ............................................................................................................................................. 12

Les agricultures peuvent-elles s’adapter, réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ? par

Suresh Gokhale, Directeur de recherche au BAIF, Fondation des Agro-industries de Bharatiya, Inde .. 14

Le Changement Climatique menace-t-il les ressources halieutiques ? par Paul Tréguer, Président

GIS Europôle Mer ................................................................................................................................................. 15

La biodiversité forestière face au changement climatique, par Natalia Lukina, Centre pour

l’Écologie et la Productivité de la Forêt, Russie ............................................................................................... 16

Conséquences du Changement Climatique sur la sécurité sanitaire des aliments, par Dominique Parent-Massin, Vice-présidente de la société française de toxicologie, Université de Bretagne

Occidentale ............................................................................................................................................................ 17

Echanges avec les participants ........................................................................................................................... 18

L’Approche Territoriale, faire le développement différemment, par John Hough, Coordinateur

Exécutif Adjoint du PNUD/FEM, New York ....................................................................................................... 19

L’Approche Territoriale des problèmes liés au Changement Climatique, par Jean Bonnal,

Consultant en développement rural, FAO ......................................................................................................... 21

Échanges avec les participants ........................................................................................................................... 22

Synthèses des groupes de travail du 21 octobre ........................................................................................... 23

Groupe Agriculture ................................................................................................................................................ 23

Groupe Pêche ....................................................................................................................................................... 24

Groupe Forêt ......................................................................................................................................................... 26

Synthèses des groupes de travail du 22 octobre ........................................................................................... 28

Groupe Agriculture ................................................................................................................................................ 29

Groupe Pêche ....................................................................................................................................................... 30

Groupe Forêt ......................................................................................................................................................... 32

Session de recommandations : les messages forts à faire passer pour le Sommet de Copenhague

en décembre prochain ........................................................................................................................................... 33

Echanges avec les participants ........................................................................................................................... 35

Session de synthèse .............................................................................................................................................. 38

Séance de clôture ................................................................................................................................................... 39

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Contexte de la rencontre En décembre 2009, tous les pays de la planète vont se retrouver à Copenhague pour finaliser les

négociations en vue d’un accord post-Kyoto dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur

le changement climatique. En 2008, plusieurs événements ont attiré l’attention sur l’importance de

l’agriculture, de la pêche et des forêts dans les questions de changement climatique. L’agriculture,

l’élevage, la pêche et les forêts sont responsables d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de

serre. Mais ils sont aussi un des éléments clef de la solution à ces problèmes au vu des nombreuses

possibilités qu’ils offrent en matière d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. C’est

pour rappeler ce message que la FAO a organisé la « Conférence de haut niveau sur la sécurité

alimentaire mondiale : les défis des bioénergies et du changement climatique » en juin 2008 à Rome.

Les émeutes de la faim de début 2008, consécutives à une flambée des prix des produits alimentaires

due entre autres à des évolutions climatiques et au développement des biocarburants, ont illustré les

liens qui existent entre sécurité alimentaire et changements climatiques.

La conférence a recommandé dans sa déclaration finale d’accroître les investissements dans

l’agriculture et la capacité de résilience des actuels systèmes de production alimentaire face aux défis

du changement climatique.

En octobre 2008, la Journée mondiale de l’alimentation consacrée au même thème que la conférence

de juin a permis de poursuivre les débats et de faire le point sur ces questions au niveau national dans

de nombreux pays.

En complémentarité des efforts des États et des organisations internationales, fin octobre 2008, le

« Sommet mondial des Régions - Changement climatique : les régions en action » a permis d’associer

le niveau de gouvernance des régions à la réflexion sur les changements climatiques. Ce sommet a été

organisé par le Réseau des gouvernements régionaux pour le développement durable (Network of

Regional Governments for Sustainable Development, Nrg4SD) et la région Bretagne avec l'appui de la

Conférence des régions périphériques maritimes d'Europe (CRPM). Cette dynamique s’inscrit dans la

suite de la 2ème Convention pour une approche territoriale du développement tenue en mai 2008 à

Tanger avec les réseaux de Régions membres du Forum Global d'Associations de Régions (FOGAR) ainsi

que de l’Assemblée Générale de la CRPM tenue en octobre 2008 à Bayonne. Lors de ce Sommet mondial

des régions, le PNUD a lancé un Partenariat entre les Nations Unies et les associations de Régions

(Nrg4SD, CRPM, FOGAR...) autour du programme « Vers des territoires moins émetteurs de gaz à effet

de serre et plus résistants au changement climatique ».

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Ce partenariat vise à accompagner les régions dans la construction et la mise en œuvre de véritables

stratégies en matière d'atténuation et d'adaptation au changement climatique leur permettant

d'élaborer leur propre Plan Climat Territorial Intégré. Ce PCTI se déclinera en une politique publique de

régulation et en projets d'investissement ou de renforcement institutionnel pour lesquels les

partenaires se mobiliseront afin d'accéder aux différents mécanismes financiers existants. Ce partenariat

a également permis la création, avec l’appui de la Région Bretagne, du Conseil Général du Finistère et de

Brest métropole océane d’un « centre expert » intitulé ClimSAT : outil d'appui technique aux régions du

monde pour les études territoriales de vulnérabilité au changement climatique.

Suite à la Conférence de juin 2008 et au Sommet d’octobre 2008, la FAO et le PNUD ont souhaité

poursuivre la réflexion et les échanges d’expériences entre régions et acteurs locaux et internationaux

sur cette articulation entre changements climatiques/sécurité alimentaire et régions. La FAO se propose

de rejoindre le partenariat lancé par le PNUD avec le PNUE. La FAO en association avec les réseaux

nrg4SD, FOGAR et CRPM et avec l’aide du Centre PNUD ClimSAT souhaite faciliter la réflexion en

organisant une rencontre autour du thème : « Territoires, agricultures, pêches et forêts face aux

changements climatiques : mieux comprendre les vulnérabilités pour mieux les anticiper ».

L’événement s’est déroulé les 21 et 22 octobre 2009 à Brest en France.

L’objectif était de dynamiser la réflexion sur le caractère essentiel d’une alliance renforcée entre

gouvernements régionaux et organisations professionnelles aux fins de relever le défi du changement

climatique, en lien avec la recherche.

La réunion a cherché à dégager les éléments nécessaires pour éclairer le rôle spécifique que les régions

et les acteurs locaux sont appelés à jouer dans ce domaine ainsi qu’à jeter les bases pour une meilleure

coordination des efforts des collectivités territoriales et des organisations professionnelles, en lien avec

la recherche, pour faire face au changement climatique.

La rencontre a rassemblé plus de 140 participants venus de 33 pays : Alaska, Albanie, Algérie,

Allemagne, Bangladesh, Bénin, Brésil, Burkina Faso, Cameroun, Chili, Chine, États-Unis, Espagne, Haïti,

Inde, Islande, Mali, Mexique, Nicaragua, Niger, Ouganda, Philippines, République Démocratique du

Congo, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Rwanda, Sénégal, Suisse, Togo, Uruguay, Vietnam, Zimbabwe

incluant ainsi les régions les plus vulnérables au changement climatique : celles situées aux pôles

(Alaska) et à l’équateur (Afrique de l’Ouest). Elle réunissait à la fois des représentants d’autorités

régionales, d’organisations professionnelles des secteurs de l’agriculture, les pêches et les forêts et des

scientifiques mais aussi des représentants des organisations internationales.

Les messages forts de cette rencontre seront portés par les agences et les organisations de Régions à

Copenhague en décembre dans les discussions de la Conférence des Parties de la Convention-cadre des

Nations Unies sur le changement climatique en vue d’un accord post-Kyoto.

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REGIONS ET ORGANISATIONS INVITEES

Régions de pays développés impliquées dans des actions de lutte contre le

changement climatique - Région de Kukes (Albanie) - Région des Asturies (Espagne) - Région d’Andalousie (Espagne) - Région de la Catalogne (Espagne) - Région de Schleswig-Holstein (Allemagne) - Canton de Genève

Régions de pays en développement impliquées dans des actions de lutte contre le

changement climatique

Amériques : - Uruguay (Montevideo) - Nicaragua

- Chili (Chiloé) - Brésil (Sao Paulo) - Alaska - Mexique (Etat de Puebla, Veracruz, Baja California) - Haïti

Afrique :

- Sénégal (régions Fatick, St Louis)

- Bénin (Dpt Borgou et Alibori) - Ouganda (N’Bale) - Algérie (Région de Tizi Ouzou) - République Démocratique du Congo - Cameroun - Mali

- Rwanda - Zimbabwe - Niger (Région Agadez) - Togo - Burkina Faso (Région Est et Centre)

Asie-Pacifique :

- Bangladesh

- Vietnam (Haiphong) - Inde - Philippines - Chine (Shandong)

Organisations professionnelles - Mouvement de l’Agriculture Biologique du Rwanda (ROAM)

- Association des Paysans d’Asie (AFA) - Association des Organisations Professionnelles Paysannes (AOPP) (Mali) - Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) - Conseil National de concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) (Sénégal) - Plate-forme sous-Régionales des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale (PROPAC)

- Femmes Organisant le Changement dans l’Agriculture et la Gestion des Ressources Naturelles

(WOCAN) - Fondation des Agro-industries de Bharatiya (BAIF) (Inde) - Société Nationale de la Pêche (Chili) - Forum Mondial des Pêcheurs et Travailleurs de la Pêche (WFF)

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- Collectif International d’Appui aux Travailleurs de la Pêche (ICSF) - Association Coordinatrice Indigène et Paysanne d’Agroforesterie Communautaire de l’Amérique

Centrale (ACICAFOC) - Collège des Ingénieurs Forestiers du Chili

- Chambre Forestière de Bolivie - Coordination d’Organisations d’Agriculteurs et de Paysans en Espagne (COAG)

- Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles du Finistère (FDSEA) - Agriculteurs français et développement international (AFDI) - Fédération Nationale des Producteurs de Plants de Pomme de Terre (FNPPPT) - La confédération paysanne - Coordination rurale - Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CNPMEM)

- Fédération Française des Pêcheurs en Mer (FFPM) - Centre national professionnel de la propriété forestière - Fédération nationale des syndicats de forestiers privés

Organisations Non Gouvernementales - Agro sans Frontière

- Afrique Verte - Organisation d’Appui au Développement Local (OADEL) (Togo)

- Action pour le Renforcement des Initiatives de Développement Local (ARIDEL) (Niger) - Northern Forum (Alaska)

Organisations européennes et internationales - Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) - Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) - Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)

Ministères, Instituts de Recherche et Organismes publics français - Ministère des affaires étrangères et européennes – Direction des biens publics mondiaux

- Ministère de l’Ecologie, de l’Energie du Développement Durable et de la Mer - Ministère de l’Aménagement du Territoire / DATAR

- Centre national de la recherche scientifique (CNRS) - Institut français pour l’exploitation de la mer (IFREMER) - Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement

(CIRAD) - Agrocampus Ouest - Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM/UBO)

- Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin (IUEM/UBO) - Institut de recherche pour le développement (IRD) - Service météorologique national (Météo-France) - Conservatoire botanique national - Brest - Conservatoire National de la Biodiversité Forestière (CNBF) - Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN)

- Institut départemental d’analyses, de conseil et d’Hygiène Alimentaire (IDHESA)

Instituts et Organismes de Recherche étrangers - Université d’Océanographie de Chine - Institut des Resources et de l’Environnement Marin (Vietnam)

- Institut de l’Energie et des Ressources indiennes (TERI) (Inde) - Université autonome de Baja California (Mexique)

- Institut Polytechnique National. Centre Interdisciplinaire de Sciences Marines (CICIMAR) (Mexique)

- Université d’Etat de Campinas (Brésil)

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- Université d’Akureyri (Islande) - Centre pour l’Écologie et la Productivité de la Forêt, Académie Russe de Sciences - Institut National de la Pêche (INAPESCA) (Mexique) - Conseil National de Science et Technologie (CONACYT) (Mexique)

- Centre de Recherche et d’Etudes Avancées de l’Institut Polytechnique National (CINVESTAV) (Mexique)

- Centre de Recherche Biologique du Nordeste (CIBNOR) (Mexique) - Centre Interdisciplinaire de Recherches et Etudes pour l’Environnement et le Développement

(CIIEMAD) (Mexique) - Université Ouvidus de Constanza (Roumanie) - Université des Régions Autonomes de la Côte Caribéenne Nicaraguayenne (URACCAN)

(Nicaragua) - Centre de Recherche sur la Biodiversité et le Climat de Francfort (Bik-F) (Allemagne)

Co-organisateurs - Brest métropole océane - Conseil Général du Finistère

- Conseil Régional de Bretagne - Chambre Régional d’Agriculture - Comité Régional des Pêches - Université de Bretagne Occidentale, Brest - Technopôle Brest-Iroise - Réseau Mondial de Régions pour le Développement Durable (NRG4SD) - Forum Mondial des Organisations et Associations de Gouvernements Régionaux (FOGAR)

- Conférence des Régions Périphériques Maritimes (CRPM) - Fondation pour l’Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM)

- Conférence des villes de l’Arc Atlantique - Conférence des villes Portuaires périphériques

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Première partie en plénière

Séance d’ouverture

Accueil par les représentants des collectivités territoriales François Cuillandre, Maire de Brest, Président de Brest métropole océane

M. Cuillandre salue la présence d’acteurs institutionnels, professionnels et associatifs des

différents pays du monde mobilisés à cette rencontre afin d’avancer ensemble sur l’ « enjeu majeur »

qu’est le réchauffement climatique.

Il insiste sur l’honneur pour la ville de Brest d’accueillir cette rencontre. Le choix de Brest par le

PNUD pour l’implantation du Centre d’expertise satellitaire ClimSAT n’est pas un hasard car Brest est la

capitale Européenne des sciences et technologies de la mer. De plus, la qualité de l’environnement

marin est un sujet qui sensibilise les habitants de cette région.

Le rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique ne fait plus de doute

aujourd’hui. L’enjeu du réchauffement climatique est mondial. Cependant, cette problématique n’est

pas étrangère à Brest puisque la ville s’est portée candidate pour accueillir la plate-forme nationale

technologique sur les énergies marines en vue de l’émergence d’une filière industrielle européenne.

Brest mène également avec d’autres villes une réflexion sur les Plans Climats deuxième génération qui

devront prendre en compte les réfugiés climatique et la production alimentaire pour nourrir 9 milliards

d’individus en 2050. François Cuillandre indique aussi que la lutte contre l’étalement urbain, c’est-à-dire

le grignotage progressif des terres agricoles productives par les villes est au cœur des questions

d’aménagement pris en compte par la municipalité.

Ces deux journées de rencontres rassemblent des professionnels qui sont les acteurs d’un

changement dont la mise en œuvre passe par le Sommet de Copenhague en décembre. Ce rendez-vous

est un facteur de réussite dans la préalable et nécessaire construction d’un compromis. Le Maire de

Brest plaide pour que ce rendez-vous brestois s’inscrive dans la durée par des rencontres régulières. Il

restera nécessairement un « après Copenhague » pour mettre en œuvre l’ambition dégagée lors de ce

sommet.

M. Cuillandre rappelle à la fin de son discours qu’un désintérêt face à l’enjeu du changement

climatique serait fatal pour les générations futures, que la mobilisation est un choix autant qu’un devoir.

Pierre Maille, Président du Conseil Général du Finistère M. Maille souhaite aux participants la bienvenue en Finistère. A l’instar de M. Cuillandre, il se

réjouit que la ville de Brest soit le lieu d’accueil d’une telle rencontre autour de préoccupations

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importantes « territoires, agriculture, pêche, forêt face au changement climatique », sous l’égide

d’autorités internationales : la FAO et le PNUD.

Il évoque, dans nos sociétés, le besoin de partage sur les connaissances scientifiques et de

compréhension des mécanismes qui régissent le changement climatique, pour ne pas abandonner aux

seuls experts des décisions qui nous concernent tous et auxquelles nous devons être associés et acteurs.

Cette rencontre doit permettre de faire entendre les voix des populations à Copenhague.

Le Finistère a une légitimité à s’intéresser aux questions du changement climatique puisque

c’est un territoire de production agricole et de zone littorale avec plus de 1000 kilomètres de côtes et

une activité pêche très importante. Les questions liées à l’évolution de la production agricole, des

ressources halieutiques, de la préservation de la biodiversité, des risques encourus par la population

nous intéressent et nous voulons y apporter une contribution. Nous avons besoin d’anticiper et de faire

évoluer nos comportements.

Jean-Yves Le Drian, Président du Conseil Régional de Bretagne

M. Le Drian entame son intervention en évoquant le Sommet de Copenhague. Quels que soient

les résultats de ce sommet, la lutte pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique passera

obligatoirement par la mobilisation des régions. Si les territoires et les régions ne prennent pas toute

leur place dans la suite de Copenhague, les déclarations de principe n’auront pas de traduction

concrète.

C’est dans cet esprit que la Région Bretagne a pris l’initiative en octobre 2008 de réunir les

régions du monde voulant échanger sur les bonnes pratiques au niveau mondial. Cette réunion s’est

tenue à Saint-Malo , notamment avec la participation active de NRG4SD. Elle a été le premier point de

prise de conscience et d’échanges mutuels entre le Nord et le Sud des initiatives nécessaires à

développer et concrétiser.

Dans la continuité de cette démarche, la région Bretagne sera présente à Copenhague pendant

les journées du 10 et 11 décembre consacrées aux régions et au changement climatique, pour faire

valoir ce point de vue.

Ces deux jours de rencontre à Brest font partie de cette stratégie : les élus, professionnels,

scientifiques sont réunis pour discuter d’un sujet bien défini sur l’ensemble pêche, agriculture et foret,

qui est adapté aux enjeux bretons. Ces échanges s’intègrent dans la dynamique des régions et des

territoires du monde dans la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique.

La région Bretagne est fière d’avoir accueilli ClimSAT. Elle souhaite poursuivre avec le PNUD une

relation contractuelle de longue durée pour faire en sorte qu’à partir de Brest, ClimSAT, en tant qu’outil

d’analyse, d’évaluation et d’ingénierie pour l’ensemble des territoires, soit une référence. Brest veut

devenir une plate-forme technique, par le biais de ClimSAT, de lutte contre les conséquences du

changement climatique, de vulgarisation des connaissances, et d’offre aux régions d’outils nécessaires

pour agir. Brest donne également la possibilité de renouveler régulièrement ce type de rencontre afin

d’échanger les points de vue.

De part son positionnement, la Bretagne n’échappe pas aux conséquences du changement

climatique. Quelques observations d’impacts sont ainsi cités comme la migration de certaines espèces

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de poissons vers le Nord ou la régression des feuillus avec le développement du Pin maritime… La région

est en phase d’élaboration d’un Plan Climat Territorial Intégré (PCTI) qui sera mis en œuvre en 2010.

Pascal Mailhos, Préfet du Finistère Le préfet du Finistère rappelle tout d’abord l’échéance de moins de 50 jours de la Conférence

Internationale de Copenhague sur le climat, chargée de remplacer le protocole de Kyoto qui expire en

2012.

Le changement climatique et l’importance des enjeux mondiaux qui en découlent, sont une

réalité. Les effets du changement climatique sont une préoccupation quotidienne dans la presse

(changement de végétation, modification du trait de côte…). Face à cette prise de conscience, des

réponses émanant d’activités européennes ou internationales sont proposées de manière concertée.

L’union Européenne a montré l’exemple en prenant des mesures courageuses comme la décision

historique en décembre 2008 pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La déclinaison des politiques au plan national conserve un même degré d’ambition. Les objectifs

fixés par le Grenelle de l’Environnement place le changement climatique parmi les préoccupations

prioritaires de notre pays.

Sensible aux sujets de l’agriculture et de la pêche le Finistère à toute sa place dans cette réponse

aux défis climatiques mondiaux. Le département est fortement exposé au risque de submersion

maritime, les îles étant particulièrement menacées. L’État a adopté des plans de prévention avec les

communes littorales, par la maîtrise de l’urbanisation et la réflexion concertée sur l’aménagement du

territoire.

Les recherches dans le cadre du Pôle Mer sont des pistes tracées pour un développement

économique respectueux de l’environnement et soucieux de préserver le rôle de régulation climatique

que jouent les océans dans la lignée du Grenelle de la Mer.

La recherche de solutions durables à ces défis est une entreprise ambitieuse qui doit s’inspirer

de réponses locales pour réagir de façon cohérente à l’échelle globale.

Présentation du contexte et objectif de la rencontre John Hough, Coordinateur Exécutif Adjoint du PNUD/FEM, New York

M. Hough initie son discours en remerciant la ville de Brest, le département du Finistère et la

Région Bretagne pour l’accueil de cette rencontre et pour la collaboration avec le programme ClimSAT.

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a pour rôle de soutenir les

pays en voie de développement. Composé de 7000 membres présents dans 130 pays du monde, le

PNUD travaillait jusque-là au niveau national. Son action au niveau régional date seulement de quelques

années.

La résolution des problèmes dépend d’une collaboration entre tous les partenaires : le système

national, le système sous national et les communautés. Ce type de réunion est une opportunité de lier

les approches entre tous ces niveaux.

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Depuis un an, le PNUD a lancé le programme de l’ « approche territoriale » avec le Sommet

Mondial des Régions à Saint-Malo. Ce programme a pour objectif de soutenir les régions par un système

de partenariat entre les régions dans les pays en voie de développement et celles des pays développés.

Plus de 35 régions de 15 pays en voie de développement y sont aujourd’hui impliquées, en Albanie, en

Uruguay, en Égypte, au Sénégal…. C’est une opportunité d’échanger sur les expériences et les leçons

tirées des travaux entrepris.

Le changement climatique est un problème de grande envergure qui demande une réponse

intégrée à tous les niveaux et qui prend en compte les spécialités locales. Cette rencontre est

l’opportunité de cibler les questions liées à l’agriculture, la pêche, la forêt et la gestion des problèmes

climatiques des communes décentralisées.

Peter Holmgren, Directeur de la division de l'environnement, changement climatique et bioénergie de la FAO, Rome

Peter Holmgren ouvre son discours sur l’importance de l’événement international du Sommet

de Copenhague au sein duquel va se jouer le « sort de l’humanité ». Cependant, le résultat se limitera à

des recommandations qu’il sera essentiel de traduire en actes concrets. Comment encourager le

changement de comportement sur le terrain localement? La situation globale n’est que le fruit d’une

multitude de réalités locales.

Du point de vue de la FAO, les problématiques liées au changement climatique ne peuvent être

résolues de façon isolée, il est indispensable de travailler ensemble en réseau, en partenariat… Le sujet

du changement climatique est inhérent à l’adaptation des pratiques. Celle-ci est une composante vitale

dans la problématique de la sécurité alimentaire, l’adaptation est un but au service de plus grands

objectifs. M. Holmgren fait référence au second paragraphe de la Convention des Nations Unies sur le

Changement Climatique (UNCC), intitulé « Secure sustainable development and food production ».

Le secteur vert va devoir répondre à deux grands défis : celui de la sécurité alimentaire et celui

des émissions de gaz à effet de serre. En effet, un tiers des émissions de gaz à effet de serre provient de

ce secteur agricole. En trouvant les moyens de diminuer ces émissions, il est lui-même la solution au

problème.

Aujourd’hui, jamais les politiques n’ont été aussi impliquées dans la lutte contre le changement

climatique et les moyens mis en place, comme les mécanismes financiers, pour y parvenir sont sans

précédent (exemple du programme REDD (Reducing Emission from Deforestation and Forest

Degradation in Developping Countries ( UN –REDD Programme)).

Dans cette démarche, la FAO doit apporter un rôle d’assistance technique, d’assistance au développement des compétences, de partage et développement des connaissances, et d’aide aux décideurs.

Cette rencontre s’inscrit dans la continuité de la Conférence de haut niveau sur la sécurité

alimentaire mondiale organisée par la FAO en juin 2008 et de la Journée mondiale de l’alimentation en

octobre 2008. Elle précède le Sommet mondial de Copenhague en décembre prochain.

Le défi actuel est de créer une interface au niveau régional car c’est l’échelon indispensable

pour résoudre le problème global du changement climatique.

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Christian Guyonvarc’h, Vice-président du réseau Nrg4SD Partenaire du PNUD pour la mise en œuvre du programme TACC, le réseau NRG4SD s’est

constitué en 2002 à l’occasion du sommet mondial des régions de Johannesburg. Il traite des questions

de développement durable (biodiversité, gestion de l’eau et des déchets, maîtrise de l’énergie, énergies

renouvelables et changement climatique) et compte 45 adhérents directs ainsi que différents réseaux

géographiques de régions (Forum des Régions Arctiques, OLAGI, CRPM). NR4SD a toujours reposé sur

une coprésidence Nord-Sud. Il possède un statut d’observateur pour la Conférence des Nations Unies

sur le Changement Climatique depuis 2005 et est cosignataire, avec 7 autres réseaux mondiaux, pour la

mise en œuvre du programme TACC.

Christian Guyonvarc’h évoque l’importance qu’accorde les Nations Unies à l’échelon régional

dans la réalisation d’actions concrètes dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et

souligne le rôle prépondérant des collectivités territoriales en ce sens.

L’enjeu majeur est de responsabiliser toutes les collectivités du monde face aux enjeux du

changement climatique et d’obtenir que les textes internationaux post-Kyoto reconnaissent enfin le rôle

des régions et des villes dans la lutte contre le réchauffement.

En termes d’efficacité, si les états cosignataires de la COP 15 souhaitent des résultats tangibles,

tous les acteurs régionaux et toutes les collectivités devront être mobilisés. NRG4SD mobilise déjà ces

acteurs fondamentaux notamment au travers de partenariats Nord-Sud qui favorisent le transfert de

compétences, de connaissances scientifiques et de technologies vertes innovantes.

M. Guyonvarc’h se félicite que l’Union Européenne, publie depuis peu des appels à projets

permettant de cofinancer sur des fonds européens des partenariats entre collectivités européennes et

collectivités de pays en voie de développement dans la lutte contre le changement climatique.

L’Approche Territoriale dans la lutte contre le changement climatique ne sera efficace que s’il

existe une bonne interaction entre les services de l’État (décentralisés ou non), les organisations

professionnelles, les ONG et la communauté scientifique.

Exposés Introductifs : l’état des connaissances sur l’impact du changement climatique et sur la sécurité alimentaire (agricultures, pêches et forêts)

Les modèles climatologiques sont-ils fiables ? par Hervé Le Treut, membre du GIEC, directeur de recherche au CNRS

Avant de répondre directement à cette question et en guise d’introduction, Hervé le TREUT a

tenu à souligner quelques éléments caractéristiques du problème climatique.

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La nouveauté du problème du changement climatique : l’évolution des émissions de CO2 ( mais

aussi du NO2 par exemple) sur 10 000 ans indique une augmentation brutale de ces émissions à partir

de l’époque préindustrielle. Cette hausse a pour conséquence une modification significative et rapide

des équilibres du système climatique de la période de l’Interglaciaire, période à laquelle se sont

développées nos civilisations. Une augmentation fulgurante de la concentration des gaz à effet de serre

est observable depuis les années 50. En 1950, I’ homme a produit un surplus de 2 milliards de tonnes

dans un contexte climatique durable. Aujourd’hui, l’estimation atteint les 7, 5 Milliards de tonnes par an

(évolution notamment due à la combustion du pétrole, charbon..) et atteint les 9 milliars si l’on y rajoute

les émissions dues à la déforestation.

La brutalité du changement climatique : entre les années 1950 et 2000, on constate une

perturbation considérable du système climatique. Cette perturbation est couplée par une prise de

conscience tardive des conséquences des émissions de gaz à effet de serre de quelques décennies. Ceci

s’explique surtout par le fait que ces impacts, couplés à de fortes composantes de variabilités naturelles,

n’ont été discernables que vers les années 90-2000). Ce problème devrait croitre dans un futur proche.

L’ampleur des efforts à mettre en œuvre pour réduire de manière significative ces changements

climatiques est considérable.

Projections futures et Modèles :

Les résultats des derniers exercices du GIEC simulent une évolution de la température globale

de la planète pour nombre de scénarii et donnent en moyenne une augmentation de 2 à 6 degrés de la

température selon les conditions, avec assurément une minimale d’1/2 degré supplémentaire.

Un des efforts du GIEC ces derniers temps a été de cerner au mieux les incertitudes liées aux

modèles. C’est la raison pour laquelle les experts ont décidé de se limiter à quelques scenarii clés (20)

qui permettent de mettre en évidence les tendances lourdes et claires ainsi que les différents éléments

d’incertitudes.

Les régions polaires et les continents sont les zones les plus fortement touchées. Dans le cas de

l’évolution des températures à l’échéance de la fin du siècle, un seuil de danger, c’est-à-dire

d’irréversibilité du changement climatique, est fixé à 2°C en plus.

De manière générale, les tendances observées ressemblent de plus en plus aux prévisions des

modèles. Il existe un accord entre ce qui est prévu et ce qui est constaté. Si l’on reconstitue le climat du

XXème siècle, en se basant sur les tendances des modèles, il est prouvé à 80% que le réchauffement

climatique est une résultante de l’activité humaine.

Cependant, existent deux grands changements globaux sur lesquels demeurent beaucoup

d’incertitudes :

- La montée du niveau de la mer, liée à la dilatation des océans, la fonte des grands glaciers, la

fonte des glaces du Groenland… La tendance actuelle est une hausse de 3mm/an ou 30 cm à la

fin du siècle. Cette tendance pourrait s’accélérer. Certains experts prédisent une augmentation

de 60 cm et plus à la fin du siècle.

- Les précipitations : comment et où vont-elles se localiser ? Des incertitudes demeurent et sont

liées aux modèles quand on se projette au niveau régional. Ceci représente une entorse aux

problématiques d’adaptation, car on ne sait pas correctement raffiner les modèles pour passer

des modèles globaux aux modèles régionaux.

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Conclusion : une approche basée sur la vulnérabilité des systèmes sociaux et économiques permettrait

d’interroger en retour les modèles sur la probabilité ou l’improbabilité des changements observés à

l’échelle globale. Toute cette démarche doit se construire conjointement avec les centres de recherche.

Les agricultures peuvent-elles s’adapter, réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ? par Suresh Gokhale, Directeur de recherche au BAIF, Fondation des Agro-industries de Bharatiya, Inde

L’étendue de l’Inde offre diverses conditions climatiques: hivers froids au nord, climat tropical

au sud, climat aride à l’ouest, climat humide à l’est, climat océanique sur la côte, et climat continental

sec dans l’intérieur. Les températures maximales sont de l’ordre de 45°C dans le centre de l’Inde, 35 à

40°C le long de la côte ouest, et 25°C au nord. Les projections révèlent un réchauffement global du

subcontinent indien de 3.5 à 5.5°C d’ici 2080. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 4%

annuellement sur la période 1990-2000 .Une hausse supplémentaire de 5% est prévue d’ici 2020.

Les impacts du changement climatique dans le domaine de l’agriculture se manifestent par

l’élévation de la température, la modification du régime de précipitations avec des sécheresses et

inondations plus fréquentes, l’érosion des sols et la réduction de la disponibilité en eau douce

conduisant à la salinisation des sols, un taux d’évapotranspiration plus élevé, l’émersion et l’érosion des

zones côtières, la perturbation des écosystèmes complexes… etc.

Des initiatives pour des pratiques de développement plus durable au niveau du gouvernement

national et des ONG ont été entreprises. Elles se concentrent sur l’augmentation de l’efficacité

énergétique, l’introduction des bio-carburants, la recherche de technologies sur les énergies

renouvelables et la promotion de la forêt. Aujourd’hui, vingt plans d’action couvrent les différentes

régions d’Inde. Ils incluent des aspects de formation et de communication pour sensibiliser sur la

nécessité d’efficacité énergétique dans la lutte contre le changement climatique.

BAIF, Fondation pour la recherche et le développement, est une ONG indienne travaillant à

améliorer les conditions de vies des familles rurales pauvres à travers une gestion efficace des

ressources naturelles dans les activités agricoles. BAIF a mis en place des activités climatiquement

durables sur une large échelle, auprès de 2.5 millions de familles paysannes réparties dans 45 000

villages sur 12 régions du pays. Ces familles sont composées en moyenne de 5 membres et possèdent

environ 0.4 hectares. Les techniques adoptées sont, par exemple, l’utilisation de variétés de semences

traditionnelles résistantes aux maladies et exigeant moins d’eau, de races de bétails résistantes aux

maladies et produisant suffisamment, d’abris de protection de l’eau, de l’agroforesterie, la mise en place

de circuits courts de commercialisation des produits de la ferme qui réduisent le transport et de

techniques d’emploi des déchets de la ferme (utilisant d’autres techniques que la destruction par le feu).

Le renforcement systématique des connaissances sur les émissions du cycle de vie d’un produit,

l’élaboration d’un système d’évaluation des émissions de gaz à effet de serre au niveau rural, la

planification de stratégies pour réduire ces émissions, et l’évaluation des approches collaboratives de

projets internationaux conçus sur des références climatiques locales, font partis des actions

recommandées.

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Le Changement Climatique menace-t-il les ressources halieutiques ? par Paul Tréguer, Président GIS Europôle Mer

L’exposé de M. Tréguer traite de deux cas d’étude : le cas du plancton et de larves de cabillaud

de la Mer du Nord et celui de l’Afrique du Sud.

Cas de la Mer du Nord : du planton à la survie des larves de Cabillaud

L’évolution de la relation entre la biomasse du cabillaud et celle du zooplancton montre une

forte corrélation entre ces deux paramètres depuis les années 60.

Cependant, depuis 1962, la mer subit un réchauffement climatique et les proies des larves de Cabillaud

(Copépodes) ont varié en espèce. Dans les années 60, on pouvait constater un relatif équilibre entre

proies et prédateurs, mais au fur et à mesure que le réchauffement de la Mer du Nord s’est manifesté,

on a pu constater un déséquilibre trophique c’est-à-dire un découplage entre les maximums

d’abondance entre proies et prédateurs, défavorable donc au développement des larves de morues.

En somme, la hausse de la température des eaux s’est traduite par une exacerbation du métabolisme

larvaire et ainsi par une demande énergétique accrue. Dans le même temps, on a pu observer une

dystrophie du nombre de proies (donc du gain énergétique) qui rendra défavorable les conditions de

croissance et de survie des larves de Cabillaud. Cette réduction du stock de Cabillaud est par ailleurs

couplée avec une surpêche.fusé pendant pause)

Une approche éco-systémique des ressources halieutiques en Afrique du Sud : cas de la pêcherie de

sardines

Afin de mieux comprendre les problèmes dûs au changement climatique (ex : réduction du

nombre de cabillaud) et ses couplages avec d’autres phénomènes (ex surpêche), le consortium

EUROCEANS a mis au point des outils : par exemple, l’approche éco-systémique des pêcheries

développée par Université Capetown dans l’optique d’implémenter un concept de Développement

Durable sous un angle pratique en fonction des besoins et désirs des sociétés humaines.

Dans un contexte sociétal, cette approche intégrée des pêcheries tient compte d’une multitude

de données, d’incertitudes et de risques (ex : variabilité, changement climatique…). Elle doit être

pratique et pragmatique (ex du contexte Sud Africain : approche éco-systémique de la pêcherie de

sardines). Pour mettre en œuvre cette approche, il convient de réaliser les étapes suivantes :

- Faire un bilan des données

- Identifier les problèmes de la pêcherie en concertation avec les scientifiques, les pêcheurs, les

acteurs économiques des bassins d’emploi ainsi qu’avec les collectivités locales et régionales.

- Etudier les données relatives au management des pêches

- Evaluer les risques écologiques : les définir et les prioriser

- Identifier les actions de gestion

- Réaliser une analyse coût/bénéfice

- Publier des rapports réguliers

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Des outils assistés par ordinateur ont par ailleurs été développés pour prendre en compte divers

facteurs tels que : le bien être humain, le profit des entreprises, les salaires des pêcheurs, l’emploi dans

les bassins côtiers, les niveaux de vie des communautés limitrophes…

Pour mettre en exergue cette approche éco-systémique des pêches, la dimension humaine est

cruciale car il s’agit d’un processus long (3ans) qui nécessite énormément d’interactions, notamment

lorsque les acteurs sont liés par des intérêts économiques contradictoires.

En conclusion et en perspective, l’approche éco-systémique est un outil destiné à mieux

comprendre l’adaptabilité des espèces et leur réaction aux variations et changements climatiques.

D’importants progrès ont été réalisés en termes de modélisation et de scénarii pour approcher ces

phénomènes. Toutefois, plusieurs données inconnues préoccupent les chercheurs :

- L’augmentation de l’acidité des océans dont les conséquences sont encore inconnues.

- La manière dont les espèces, dans des décennies, vont s’adapter aux changements climatiques

(résultantes positives ou négatives ?)

La biodiversité forestière face au changement climatique, par Natalia Lukina, Centre pour l’Écologie et la Productivité de la Forêt, Russie

Les forêts de la planète fournissent la plus grande partie de la biodiversité de tous les

écosystèmes. Elles sont un habitat pour plus de la moitié des espèces terrestres végétales et animales

mondiales. L’écosystème forestier conserve encore le potentiel de fournir aux sociétés des services en

approvisionnement, en régulation ou encore des services culturels. La biodiversité souligne les services

des écosystèmes forestiers. Le changement climatique aura une influence majeure sur la biodiversité

forestière : une réorganisation des communautés, un déplacement de certaines espèces vers les pôles,

le développement de l’éventail des insectes nuisibles aux forêts, des pathogènes, des espèces invasives,

etc. D’un autre côté, la biodiversité forestière joue un rôle central dans la régulation du climat de la

Terre. Des caractéristiques comme les espèces d’arbres et les différentes combinaisons d’unités

paysagères forestières influencent la capacité des écosystèmes forestiers à réguler le climat par le biais

de la séquestration de carbone à différents niveaux spatiaux et à travers les variations de l’albédo, de la

température, de l’évapotranspiration, de la fréquence des incendies, etc.

Une large gamme de pratiques d’atténuation sont actuellement prises en considération : le

ralentissement de la déforestation et de la dégradation forestière, la mise en œuvre de conservations

forestières, la reforestation, le reboisement et la plantation de bio-carburants, l’utilisation des résidus

forestiers comme source d’énergie. Il est évident que la plantation de bio-carburants et l’emploi de

résidus forestiers peuvent avoir un effet négatif sur la biodiversité. Les programmes d’adaptation qui

ont pour objectif d’accroître la stabilité, la vitalité et la résistance des forêts au changement climatique

devraient promouvoir l’augmentation de la taille des réserves forestières, le maintien des espèces

indigènes, l’incitation à la régénération naturelle, la foresterie de faible intensité et la correcte gestion

forestière. Cette dernière favorise la coexistence d’arbres d’âges différents, les variations horizontales et

verticales de la structure forestière, la diversité d’espèces, une proportion optimale d’arbres morts. Une

bonne gestion forestière prolonge la durée des rotations, assure une zone de lisière continue et des

corridors entre les différentes forêts et les autres types paysagers et réduit la fragmentation. La

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foresterie multifonctionnelle est la seule alternative pour faire face au challenge du changement

climatique.

Conséquences du Changement Climatique sur la sécurité sanitaire des aliments, par Dominique Parent-Massin, Vice-présidente de la société française de toxicologie, Université de Bretagne Occidentale

Les autorités s’inquiètent quant au danger de la diminution de la production agricole et du

risque de famine, induits par le changement climatique. Les conséquences sur la sécurité sanitaire des

aliments sont moins connues et médiatisées.

Le rapport FAO de 2008 avait pour objectifs d’identifier les impacts potentiels des changements

climatiques à toutes les étapes de la chaine alimentaire, de sensibiliser les acteurs aux problèmes, de

faciliter la coopération internationale pour mieux appréhender la situation, de développer et

implémenter des stratégies pour y faire face.

Plusieurs familles de contaminants ont été identifiées comme pouvant poser des problèmes,

tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Les denrées alimentaires peuvent être contaminées par des

molécules chimiques, mais également par des toxines naturelles. Les plus puissants poisons sont

fabriqués par la nature et ce n’est pas parce qu’un produit est naturel qu’il est sain.

L’augmentation de la température et de l’humidité avec le réchauffement climatique entraîne

l’accélération de la capacité de développement des champignons et moisissures sur les matières

premières, sur les cultures de céréales… Avec le changement climatique, il est ainsi prévu une

augmentation de la contamination de la chaine alimentaire par des contaminants naturels (toxines

fabriquées par les moisissures qui contaminent les denrées alimentaires issues des céréales). Il existe six

familles de toxines, mycotoxines produites par des champignons dangereuses pour l’homme. Cela peut

induire, à très faible dose, des cancers du foie, du rein et une diminution de la réaction immunologique,

une destruction des cellules sanguines… etc.

Durant la canicule de l’été 2003, de dangereuses aflatoxines (toxines produites par des

moisissures dans des conditions de température et d’humidité généralement rencontrées dans les zones

tropicales) ont été retrouvées dans de nombreux pays européens (Grèce, France, Italie, Espagne,

France), sur le blé, alors qu’il n’en avait jamais été trouvé par le passé.

Il existe également une augmentation des booms phytoplanctoniques. Le phytoplancton produit

des toxines excessivement dangereuses, qui s’accumulent dans les fruits de mer. Elles induisent des

effets toxiques graves (paralysie, trouble digestif important, perte de mémoire, trouble nerveux

important).

Avant de s’alarmer et de s’inquiéter, il ne faut jamais oublier que comme le disait Paracelse, le

fondateur de la toxicologie alimentaire : « Seule la dose, fait le poison ». Il ne faut pas confondre danger

et risque. Il sera impossible d’empêcher l’existence de ces toxines, par contre il sera nécessaire de

diminuer la probabilité d’exposition des consommateurs à ces toxines. Le paramètre ADI (Acceptable

Daily Intake : quantité que chaque individu peut ingérer tous les jours de sa vie, sans courir de risque)

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doit être comparé avec l’exposition afin d’évaluer le risque. L’exposition représente la quantité que va

ingérer un consommateur, c’est-à-dire la consommation d’un aliment contaminé multipliée par la

concentration du toxique que l’on va retrouver. Si l’exposition est inférieure au paramètre, le

consommateur ne court aucun risque. Si l’exposition est supérieure, le risque sera présent.

Le rapport de la FAO conseille et propose de générer des données sur la consommation

alimentaire et le niveau de consommation des aliments par ces toxines, que l’on suppose pouvoir être

présentes en quantités plus importantes. En effet, un riz contaminé par une mycotoxine n’aura pas les

mêmes conséquences en Europe, où l’on consomme peu de riz, que dans les pays dans lesquels le riz est

l’aliment exclusif.

Echanges avec les participants

Suite aux exposés introductifs, de nombreux participants des Pays du Sud ont réagi sur les

problèmes de sécurité alimentaire en invoquant le besoin de politiques en matière de bonne

conservation des aliments. La mauvaise conservation est à l’origine du développement de nouvelles et

d’anciennes maladies, accentué par le réchauffement climatique. Les savoir-faire traditionnels doivent

être aussi valorisés. La calebasse comme contenant, a été citée comme exemple de savoir-faire

traditionnel adapté à la conservation des aliments (« elle respire mais ne transpire pas »). La question de

l’accessibilité à l’eau potable pour les paysans a aussi été évoquée.

Les femmes, particulièrement en Afrique et Asie, assurent la préparation des aliments,

l’approvisionnement en eau, la conservation des graines. Elles sont ainsi très concernées par les effets

du changement climatique, notamment sur la sécurité alimentaire, et sollicitent des recommandations

au Sommet de Copenhague quant à leur rôle.

Certains participants ont souligné la saturation des pays du Nord face aux multiples demandes

de projets des pays du Sud, qui ont un sentiment d’abandon.

La faible prise en compte des enjeux forestiers dans les politiques a été mise en évidence.

Pourtant, en France, par exemple, un quart du territoire est recouvert de forêts (souvent privées) qui

contiennent l’essentiel de la biodiversité. Le devenir des espèces forestières face au changement

climatique reste une grande inconnue, comme pour le chêne pédonculé boisant 2 millions d’hectares

dans l’Ouest de la France et amené peut-être à disparaître d’ici la fin du siècle. La gestion et la culture

des forêts sont nécessaires, afin d’éviter leur pillage minier. Cependant, le secteur forestier doit faire

face à la difficulté de trouver des systèmes de culture et de gestion sur le long terme dans un contexte

de changement climatique rapide.

Dans certaines régions forestières du monde, comme la province de l’Équateur de la République

Démocratique du Congo, la forêt et son exploitation représentent la seule source de revenu pour la

population. Or, ce sont des compagnies forestières libanaises ou chinoises qui abattent la forêt sans se

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soucier de son renouvellement, et laissent les populations indigènes sans revenu. Celles-ci ne sont alors

pas en mesure de pouvoir lutter contre les émissions de gaz à effet de serre de leur propre région.

A ce sujet, lors du Sommet de Copenhague, les Nations Unies ont l’intention de soutenir le

programme REDD qui est un système de transfert de crédits par les pays émetteurs de gaz à effet de

serre aux pays possédant des forêts agissant pour leurs conservation.

L’Approche Territoriale, faire le développement différemment, par John Hough, Coordinateur Exécutif Adjoint du PNUD/FEM, New York

Tracer une route loin du dangereux changement climatique : une fenêtre d’opportunité de 100 mois

Nous avons approximativement 100 mois pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en

dessous du seuil de risque d’un changement climatique catastrophique raisonnable. Pour limiter le

réchauffement climatique à 2°C supplémentaires, la concentration de CO2 atmosphérique doit être

stabilisée à 450 ppm. Le budget carbone est établi à 1,456 Gt de CO2 pour le 21ème siècle. Pour cela, le

monde doit diviser ses émissions par deux d’ici 2050. Les modèles de production et de consommation

sont à modifier.

Atténuation et adaptation sont complémentaires dans une stratégie de gestion du risque

Atténuation: réduction des émissions, réduction de l’amplitude du changement climatique

Adaptation: réduction de la vulnérabilité aux impacts du changement climatique, réduction des pertes

La réponse pour un développement durable est d’opter pour un modèle de développement

différent: un développement pauvre en carbone, un développement résistant climatiquement, un

développement de faibles émissions. Comment les pays émetteurs doivent-ils soutenir l’adaptation des

pays en développement subissant les conséquences de ces émissions? Les pays développés et en

développement doivent travailler ensemble sur l’adaptation et la réduction des émissions. Les

ressources financières nécessaires pour faire ce changement de développent sont considérables. Les

financements ne sont pas suffisants, il est nécessaire de les compléter par des connaissances et une

assistance technique.

L’approche territoriale au changement climatique est basée sur ces trois composantes:

- Nous devons nous développer différemment

- Nous devons financer ce développement

- Nous devons fournir l’assistance technique

L’objectif est d’imaginer de nouvelles stratégies de développement.

Faire face au déficit financier du changement climatique

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Les opportunités de financements sont diverses. Quels mécanismes un gouvernement régional

d’un pays développés ou en développement devra-t-il élaborer pour obtenir des financements ?

L’approche territoriale doit rassembler l’ensemble des ressources financières et techniques.

Formuler des stratégies de développement pauvres en carbone et résistant climatiquement

Le cœur de l’approche territoriale consiste en la préparation de plans d’actions intégrés du

changement climatique nationaux ou sous nationaux ( voir programme TACC, Territorial Approach to

Climate Change).

L’approche territoriale a développé une méthodologie constituée d’une série d’étapes :

- Création d’un partenariat et d’une structure de coordination et mise en œuvre d’un processus de

co-développement.

- Établissement de différents scénarios du changement climatique et étude de leurs impacts dans

la région particulière analysée. Quelles sont les conséquences sur l’agriculture, la pêche et la

forêt ?

- Mise en place de scénarios d’atténuation et d’adaptation en identifiant les options prioritaires

d’action et en évaluant les besoins technologiques.

- Évaluation des besoins financiers et des coûts additionnels de chaque option.

- Identification de possibles politiques et mécanismes financiers pour mettre en œuvre les

priorités d’atténuation et d’adaptation (mécanismes de financement innovants aux niveaux sous

nationaux).

- Établissement d’une carte de route des politiques et investissements à mettre en place. Mise en

relation des politiques publiques et des instruments de financement.

- Suivi et évaluation des stratégies de développement pauvres en carbone et résistants

climatiquement.

La Région doit être responsable, doit mener ses propres stratégies, son propre développement,

en partenariat avec d’autres régions du monde.

Actuellement, des structures de support technique se développent, à l’instar de la structure

ClimSAT à Brest en partenariat avec les autorités locales. Ce centre d’expertise scientifique et technique

aide à prévoir les impacts des scénarios de changement climatique sur des périodes différentes à des

résolutions fines (de l’ordre de 5 km). A partir de ces éléments, il sera possible de réfléchir sur la

modification de la gestion de notre agriculture, notre pêche, et notre forêt pour faire face aux

conditions établies.

Le partenariat ClimSAT est bâti en relation avec des institutions scientifiques, des centres

d’excellence, des secteurs privés, des ONG et des organisations internationales, sur le thème: comment

prédire les caractéristiques du climat sur le globe terrestre dans son ensemble? Des gouvernements

régionaux d’Uruguay, d’Albanie, du Sénégal, d’Algérie sont déjà impliqués dans cette collaboration en

cohérence avec les gouvernements nationaux.

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L’Approche Territoriale des problèmes liés au Changement Climatique, par Jean Bonnal, Consultant en développement rural, FAO

L’exposé se divise en deux parties. En s’appuyant sur des exemples concrets au Maroc et en

Afrique du Sud, une première partie présente les enjeux majeurs quant à la sécurité alimentaire en

relation avec le changement climatique, avec une problématique plus proche des préoccupations locales

et propres aux comportements des agriculteurs. La seconde partie traite du rôle des régions dans la

gestion de ces défis, avec la proposition d’une méthodologie simple et participative des différents

acteurs du territoire, basée sur des expériences concrètes de la FAO sur le terrain.

La sécurité alimentaire doit répondre à quatre caractéristiques :

- Assurer une alimentation adéquate selon les différents types de personnes (nourrissons,

personnes âgées…)

- Assurer une alimentation sûre et de qualité

- Assurer une alimentation stable, tout au long de l’année

- Assurer une alimentation correspondant aux préférences alimentaires des populations

Au Maroc, la Banque Mondiale, la FAO et le ministère marocain ont étudié l’impact des grandes

tendances du changement climatique sur l’ensemble de la chaîne alimentaire des différentes régions de

ce pays. Ils ont établi un scénario pessimiste dans lequel aucune action n’est entreprise pour aller à

l’encontre du changement, et un scénario positif, dans lequel des actions de gestion des ressources en

termes d’eau, de terres… sont initiées. Les conclusions de cette étude révèlent des impacts très mitigés

pour les cultures des différentes zones agro-écologiques, qui peuvent fortement être atténués selon

l’introduction ou non de nouvelles techniques : un bilan mitigé, en partie contrôlable. La contribution

négative au changement climatique est due essentiellement à la déforestation et aux pratiques

agricoles, qui sont paradoxalement un potentiel important de séquestration de carbone, c’est-à-dire de

contribution positive.

Pour répondre au problème du changement climatique sur les situations locales, le premier

enjeu correspond à la gestion des risques.

En Afrique du Sud, la concertation des différents acteurs directs et indirects, des visites de

zones, et des essais chez les paysans ont pu répondre aux problèmes de la dégradation des cultures des

producteurs de thé. De cet exemple, l’évaluation des risques environnementaux peut se faire en tenant

compte de la grande variabilité selon les zones.

L’objectif de la FAO est d’essayer d’améliorer la capacité de réaction, la résilience des

écosystèmes, la résistance des plantes et des races autochtones et de promouvoir des pratiques

culturales, halieutiques, forestières adaptées, pour permettre la conservation des sols, une meilleure

gestion de l’eau, la résistance des cultivars, une approche intégrée de l’agroforesterie… toujours avec ce

souci d’intégrer les spécificités. Il s’agit aussi d’adapter les actions et les priorités pour agir dans le futur,

en phase avec les exigences locales et internationales.

La gestion des risques est complexe et nécessite une vision intégrée et un environnement

favorable.

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Comment le territoire peut-il être considéré comme un espace pertinent et quelle

méthodologie utiliser ? Le territoire est un espace complexe et spécifique.

A partir de l’exemple de la coopération du département de la Savoie avec la ville de Dessalines

en Haïti, M. Bonnal présente l’outil de l’analyse des comportements pour intégrer les différentes

problématiques et modifier les comportements des populations rurales de manière concrète. L’analyse

des comportements se base sur trois questions :

- Les populations savent-elles analyser les problèmes auxquels elles sont confrontées ?

- Qu’en pensent-elles ?

- Quelles sont leurs pratiques actuelles ?

Par cette méthode, il est possible d’adapter les actions en concertation et après discussion avec

les populations sur la base de leurs connaissances, leurs attitudes et leurs pratiques.

Comment le territoire ou la région peuvent- ils être reconnus comme institutions compétentes ?

Au Liban, un recensement générale de l’agriculture a permis de produire un atlas des zones

rurales, négocié avec les populations elles-mêmes pour pouvoir assurer leur représentativité. Les

acteurs locaux ont défini eux mêmes un partenariat en cohérence avec l’échelon national.

Bien que les propositions internationales et nationales soient prédominantes, la région peut

être une interface entre les exigences nationales et les attentes locales en s’appuyant, entres autres,

sur le vécu local. Un modèle de réflexion a été monté, basé sur la décentralisation. La région devient

alors un lieu d’agrégation des nombreuses demandes locales qui évite leur éparpillement et leur

superposition. Il est alors nécessaire d’éclater les politiques nationales pour qu’elles prennent en

compte les différenciations régionales.

Un pacte territorial ou plan de développement peut être l’occasion de mettre en relation le

territoire et les acteurs dans une vision commune et d’étudier les potentialités et les vulnérabilités pour

pouvoir tracer des perspectives en termes de négociation, de contraintes à lever, de propositions de

dialogue…

Échanges avec les participants

La gestion intégrée des territoires a été évoquée la première fois lors d’une réunion de l’Unesco

en 1968. Depuis 40 ans, les avancées ont été rares. Néanmoins, il existe actuellement des outils

informatiques permettant de croiser des données plus rapidement.

Le recours à l’histoire socioculturelle des populations est indispensable car les savoir-faire

traditionnels doivent être valorisés pour trouver des solutions adaptées au changement climatique. Tous

les acteurs vecteurs d’un certain nombre de valeurs (religieux…) doivent être impliqués pour motiver

suffisamment le changement de comportements.

Les gouvernements nationaux sont invoqués comme blocage pour les actions au niveau

régional.

Les participants ont souligné que les États du Nord étaient insuffisamment dénoncés quant à

leur responsabilité face au changement climatique qui touche de plein fouet les États du Sud non

responsables. Les Pays du Sud sont donc victimes des excès des Pays du Nord.

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Deuxième partie en Ateliers de travail

Synthèses des groupes de travail du 21 octobre

Travail en groupes sur le thème de l’approche territoriale des problèmes liés au changement climatique

et des solutions possibles

En quoi l’approche territoriale est-elle susceptible d’apporter une meilleure réponse aux

problèmes liés au changement climatique ?

En quoi les Plans Climat Territoriaux Intégrés permettent-ils d’apporter des réponses

pertinentes ?

Pourquoi une alliance entre les collectivités territoriales et les autres acteurs locaux

(organisations professionnelles et autres organisations de la société civile) est-elle nécessaire ?

Comment cette alliance peut- elle s’articuler au niveau local, régional, national et international ?

Groupe Agriculture

Co-présidé par Angel Vidal, Consultant – Représentant de la province de Séville, Espagne et Thierry

Merret, Président de la FDSEA du Finistère; secrétariat de séance par Souleymane Attawel, agent

technique de développement de Dabaga, Niger

Les principales conclusions des discussions étaient les suivantes:

Le premier point abordé était celui de la définition de “territorial”. Un consensus a été trouvé

autour de la définition selon laquelle un territoire ne peut correspondre seulement à une entité

administrative ou politique (seulement une municipalité, ou un canton…etc.). Afin de faire face au défi

du changement climatique, le territoire doit avoir les caractéristiques suivantes:

- Avoir assez de poids en termes de population et dimension (pas trop grand ni trop petit).

- Avoir un niveau minimum physique, économique, sociale et une homogénéité culturelle, afin de

faciliter à la fois le diagnostic et la prise de décision.

Pour le groupe, il était évident que, si le territoire a les caractéristiques clefs mentionnées ci-

dessus, l’approche territoriale est le moyen idéal pour mettre en œuvre les politiques et les actions

concrètes et pour traduire réellement des décisions internationales et nationales.

Cependant, le groupe a mis en évidence l’importance d’un équilibre entre les approches de haut

en bas (top-down) et celles de bas en haut (bottom-up) par rapport à la prise de décision : le niveau

territorial/local devra avoir une voix et une influence dans la définition des politiques internationales et

nationales ; Dans le respect, les gouvernements régionaux peuvent jouer un rôle significatif.

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Pour de nombreux participants du groupe, les Plans Climat Territoriaux Intégrés sont pour le

moment une “nouvelle invention” du PNUD. Il existe déjà trop de plans locaux et territoriaux.

Le groupe a souligné que le PNUD doit faire un effort pour :

- Expliquer plus et mieux la nature du PCTI et sa réelle valeur ajoutée

- Expliciter les conditions requises pour un diagnostic territorial climatique(ou audit) pour être

utilisé et intégré comme éléments clefs dans les plans stratégiques de territoire.

Pour le groupe il est important d’être prudent et d’évaluer dès que possible les premières

expériences pilotes de mise en place de PCTI.

Un travail en commun entre collectivités territoriales et autres acteurs locaux devra être

complété par des partenariats et des alliances stratégiques basés sur la transparence.

Une politique de communication et d’information est nécessaire concernant les problèmes liés

au changement climatique et à l’environnement. L’absence d’information crée un véritable fossé entre

le secteur agricole et la population.

Ces alliances et/ou partenariats devraient soutenir un nouveau type de politiques agricoles plus

liées à la préservation, la protection et l’adaptation au changement climatique.

De nombreuses politiques agricoles sont en contradiction avec des objectifs d’adaptation et

d’atténuation.

Concernant l’articulation d’une alliance entre les collectivités territoriales et les autres acteurs

locaux, le groupe a indiqué que celle-ci ne pouvait pas être uniquement verticale. Il est important qu’elle

prenne aussi la forme d’un réseau dans lequel la collaboration horizontale et les approches ascendantes

soient présentes. Cette alliance peut s’articuler par la mise en place de mécanismes d’arbitrage et la

mise en relation de tous les niveaux.

Angel Vidal

Groupe Pêche

Co-présidé par Diouf Couma Ndoffène, président de la région du Fatick, Sénégal et André Le Berre,

président du Comité régional des pêches de Bretagne ; secrétariat de séance par Alain Le Sann,

membre du Collectif d’Appui aux Travailleurs de la Pêche, ICSF, Inde

Durant deux jours, les 21 et 22 Octobre, à Brest, s’est tenue une conférence sur l’impact des

changements climatiques sur les territoires, l’agriculture, les pêches et les forêts, organisée par la FAO,

le PNUD et ClimSAT. Sur 100 personnes environ, la présence des représentants du monde de la pêche

était faible: trois Bretons, un Islandais, une femme d’Alaska, une d’Ouganda pour Le Forum mondial

(WFF) et quelques scientifiques et étudiants, de France, de Chine, du Vietnam et du Japon. C’est sans

doute la première fois qu’est abordé le thème de l’impact du changement climatique sur les pêches et

les communautés côtières. Ces communautés sont parmi celles qui subissent le plus rapidement, et

souvent durement, les effets du réchauffement des eaux et du climat.

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L’atelier « pêche » a permis d’aboutir à ces constats :

- La mer se réchauffe rapidement ; dans le Golfe de Gascogne en 30 ans la hausse de la

température de l’eau entre 0 à 50 m a été de 1,5°C.

- La hausse du niveau des mers dépasse les 3 mm par an dans de nombreuses zones.

- Les espèces pêchées évoluent avec une remontée vers le Nord des espèces du Sud.

- Certaines espèces sont menacées par la modification du cycle du Plancton (c’est le cas de la

morue) ; le plancton qui sert de nourriture aux larves n’est pas présent au moment de l’éclosion

et les larves meurent de faim.

- L’aspect le plus grave et le plus méconnu est celui de la modification du plancton du fait des

risques liés à l’acidification, au réchauffement. Les effets du réchauffement sont aggravés par la

pollution : marées vertes, marées rouges, développement de planctons et d’algues toxiques.

- Les côtes sont touchées par de nombreux cyclones plus violents et aux trajectoires imprévisibles

(11 tempêtes tropicales dévastatrices au Vietnam en 2009).

- Les effets se font sentir dans l’intérieur des terres avec la destruction des infrastructures de

protection et d’irrigation ou l’assèchement des rivières (exemple, en Alaska durant deux années).

Il est cependant possible de constater, au moins dans les pays du Nord, que tous les effets ne

sont pas catastrophiques. Les nouvelles espèces peuvent être pêchées, mais leur abondance peut

contribuer à l’écroulement du marché : le merlu est pêché en abondance jusqu’en Norvège. Il faut

d’ailleurs nuancer le catastrophisme généralisé sur la surpêche : il existe des stocks en très bon état et,

en Europe, plusieurs sont en voie de reconstitution. Le réchauffement n’est donc pas toujours néfaste

pour la pêche, mais il crée beaucoup d’incertitudes renforcées par la surpêche ou la pollution. Les

espèces n’ont pas toutes les mêmes réactions, certaines sont très sensibles, d’autres moins.

Quelles actions mener pour la pêche et les communautés de pêcheurs ?

- Associer les pêcheurs aux scientifiques car ils perçoivent rapidement les changements. Ils

disposent d’un savoir unique et important à valoriser.

- L’incertitude et la variabilité accrue nécessitent de mettre en place des approches de gestion

liées aux territoires, associant et responsabilisant les communautés de pêcheurs. Les autorités

locales, dont les pouvoirs doivent être accrus par la décentralisation, doivent appuyer les efforts

des communautés de pêcheurs pour assurer cette gestion et prendre en compte la préservation

de l’environnement.

- Nécessité de mieux contrôler et responsabiliser les flottes industrielles des pays développés pour

ne pas mettre en péril les ressources indispensables aux communautés côtières.

- L’éducation et la formation sont essentielles et il faut insister sur la connaissance de l’invisible (le

plancton) qui est à la base de la vie marine. L’avenir du plancton se joue aussi à terre car

l’essentiel de la pollution vient de la terre. Il est nécessaire d’avoir une bonne gestion des bassins

versants et de renforcer les liens entre les pêcheurs, les conchyliculteurs et les habitants des

zones littorales. Des initiatives existent en ce sens en Bretagne.

- La pêche est l’une des activités les plus gourmandes en énergie fossile. Il faudra imaginer une

pêche sans pétrole. Les Islandais s’y préparent avec l’hydrogène ou les agro-carburants produits

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sur leurs terres aujourd’hui incultes. Il faudra sans doute réintégrer la voile comme un moyen

d’économiser l’énergie à la pêche. Il existe des expériences en ce sens en Bretagne et au Sénégal.

- Le risque avec la crise énergétique est de renforcer la pression sur la bande côtière proche, déjà

souvent surexploitée. Il faut donc pouvoir maintenir une pêche au large, avec de faibles coûts,

accessible aux pêcheurs artisans.

- La mer devient une zone importante pour la production d’énergies alternatives (éoliennes,

hydroliennes, etc.) il faut trouver les moyens de concilier ces activités nouvelles avec le maintien

de la pêche côtière. Le sujet devient difficile en Bretagne et dans le Nord de la France, même si

des compromis sont possibles.

- Les communautés côtières sont dramatiquement touchées par des catastrophes comme les

ouragans ou la hausse du niveau des mers, faut-il créer un particulier dédié à ces communautés

menacées ?

Alain Le Sann

Groupe Forêt

Co-présidé par Mohammed Ikarbane, Président de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou

et Joseph Z.Z. Matowanyika, consultant { l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et

des Ressources Naturelles, Zimbabwe ; secrétariat de séance par Hervé Le Bouler, Directeur du

Conservatoire National de la biodiversité forestière

Contexte et déroulement de la séance de travail.

Le groupe était pour l'essentiel constitué de personnes issues de trois zones géographiques:

Amérique Centrale et Latine, Afrique et Europe équitablement réparties entre responsables politiques

régionaux et acteurs civils des territoires, avec cependant une faible représentation d’acteurs de

structures professionnelles spécifiquement liées à la forêt à l'exception notables des délégués français.

L'ensemble de la séance s'est déroulé en groupe complet et en français car la très grande

majorité des participants était francophone. Les autres personnes, hispanophones et anglophones ont

bénéficié d'une traduction simultanée de la part de participants bilingues.

Une première partie de la réunion a consisté à évoquer des situations concrètes en Afrique et en

Amérique (tropicale) afin de comprendre le contexte et les raisons de la dégradation des forêts.

Un consensus s'est au final dégagé sur l'analyse de la situation, concernant essentiellement les

forêts tropicales ainsi que sur quelques principes généraux en lien avec les quatre questions posées.

Il n'a cependant pas été répondu de façon formelle et complète aux questions. Mais il convient

de considérer la production de cette première séance dans le contexte global des deux réunions de

travail du groupe et de la production du même groupe le lendemain 22 octobre. Cette première séance

peut être considérée comme séance d'introduction, d'analyse et d'affirmation de principes généraux et

ce compte-rendu doit être complété par la prise en compte de celui de la seconde session du groupe

forêt.

L'organisation du compte-rendu se fait en paragraphes qui reprennent les principaux axes des

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débats.

Le paradoxe de la forêt émettrice de gaz à effet de serre.

Le bilan global CO2 des forêts naturelles est neutre sur le long terme. Une forêt, jeune gérée

durablement et exploitée pour la production de bois est fortement fixatrice de carbone si le bois est

utilisé en construction ou au minimum neutre si le bois est utilisé en source d'énergie renouvelée. C'est

uniquement la destruction nette des forêts qui génère des émissions massives de CO2. Cette destruction

nette se produit dans les contextes de défrichement qui peuvent résulter :

● De la surexploitation par les populations locales en situation de pauvreté. La surexploitation est

alors un choix contraint, faute d'accès au crédit, aux techniques qui permettraient une

exploitation durable des ressources naturelles.

● De l'exploitation minière par des compagnies forestières qui ne se préoccupent pas de la

reconstitution forestière après coupe.

● Du défrichage dans le but d'installer des cultures industrielles, alimentaires ou énergétiques.

Les impacts du changement climatique et des politiques internationales.

Les effets du changement climatique sont à ce jour moins perçus que les effets de la pauvreté

des populations et du contexte de la mondialisation des échanges économiques des matières premières

agricoles, alimentaires et énergétiques, et des produits forestiers.

Des effets négatifs des politiques publiques d'atténuations des effets du changement climatique

et de protection des forêts tropicales ont également été soulignés, parfois avec vigueur.

Les plantations compensatrices « puits de carbone » réalisées par des compagnies fortement

émettrices de CO2 se font souvent dans des contextes qui ne prennent pas en compte les usages

traditionnels du territoire par les populations locales. L'interdiction de toute récolte de bois dans les

espaces ainsi reboisés est perçue comme une désappropriation et une stérilisation de l'espace.

Certaines politiques de préservation de la nature visant la protection intégrale de l'habitat

d'espèces sauvages emblématiques sont également localement mal perçues lorsqu'elles ont pour

conséquences l'interdiction d'activités traditionnelles de pêche, de chasse et d’agriculture.

Les conditions d'une participation positive des espaces forestiers tropicaux à la lutte contre les

changements climatiques.

L'enjeu est de sortir de la situation actuelle où la destruction des espaces forestiers fait de la

forêt un émetteur fort de GES en même temps qu'elle se dégrade et disparaît avec des impacts très

négatifs sur les biodiversités.

Le consensus se fait autour du principe que les objectifs de protection des forêts devenant

stockeuses nette de carbone et réservoir de biodiversité ne pourront être atteints que si des conditions

sont satisfaites simultanément:

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- Réduction globale de la pauvreté des populations des territoires où sont situées les forêts.

- Bénéfices économiques apportés par les forêts aux populations locales.

- Intégration simultanée des enjeux économiques et environnementaux dans les politiques de

gestion et d'exploitation.

- Importance de l'implication des acteurs territoriaux dans la définition et la mise en œuvre des

politiques de gestion et d'exploitation forestière.

- Cadres internationaux et nationaux puissants de régulation de la gestion et de l'exploitation des

forêts (codes législatifs et système de certification).

- Politiques de reforestation multifonctionnelle: puits de carbone, production de ressources

renouvelables, création d'espaces à haut niveau de biodiversité et de protection de l'eau et des

sols.

- Mise en place de politiques locales de connaissance, d'éducation forestière et de filières de

production de semences et de plants s'appuyant sur des politiques de conservation et de

valorisation des ressources génétiques ligneuses.

Le groupe a insisté sur les dégâts actuels provoqués par la déconnexion croissante entre les

populations locales et la forêt et ses acteurs. Ces dégâts existent indépendamment du contexte

climatique.

La prise en compte des enjeux climatiques au niveau des forêts tropicales, tant en atténuation

qu'en adaptation est à la fois un impératif et une opportunité si elle se fait aux conditions évoquées ci-

dessus. L'intégration à un haut niveau de visibilité des enjeux forestiers dans les plans climatiques

territoriaux tant en atténuation qu'en adaptation va de soi, leur conception et leur mise en œuvre en

tenant compte de la multiplicité des situations locales également.

Hervé Le Bouler

Synthèses des groupes de travail du 22 octobre

Travail en groupes sur le thème des méthodes et outils à utiliser et développer dans le cadre de

l’approche territoriale du changement climatique

Dans le cadre de l’adaptation aux conséquences du changement climatique, sur quels aspects les

secteurs de l’agriculture, la pêche et la forêt devraient-ils cibler leurs efforts ?

Dans quels domaines prioritaires les secteurs de l’agriculture, la pêche et la forêt pourraient-ils

axer leurs efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

Comment mieux gérer les risques de catastrophes climatiques majeures (inondations, tempêtes,

sécheresses) ?

Quelles sont les technologies nécessaires à une meilleure prise en compte de l’agriculture, la

pêche et la forêt dans le cadre des politiques d’aménagement du territoire ? Comment mieux

organiser les échanges et transferts de compétences en la matière ?

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Groupe Agriculture

Co-présidé par Noel Montoya Valle, Vice-Maire de Mulukukú, Nicaragua et Ibrahima Coulibaly,

Président de la Coordination Nationales des Organisations Paysannes, Mali ; secrétariat de séance par

Jean-Paul Simier, directeur de l’agriculture au Conseil Régional Bretagne

L’atelier était centré sur les méthodes et les outils, mais rapidement, les participants se sont

attachés à définir en premier lieu les objectifs que l’agriculture doit remplir : s’agit-il de l’alimentation,

ou la production d’autres matériaux non alimentaires ou son intégration dans des questions

d’aménagement du territoire ?

Un second point portait sur les différentes manifestations des conséquences du changement

climatique. Beaucoup de participants étaient africains, la discussion a ainsi principalement porté sur

l’agriculture sub-saharienne. Le réchauffement climatique s’y traduit par des épisodes de sécheresses et

d’inondations brutaux. Comment gérer ces phénomènes ? La question de la salinité des sols, de leur

dégradation, de la chute des rendements et du rapport entre l’urbanisation et le foncier agricole a aussi

été soulevée.

En ce qui concerne les outils, le contenu des discussions peut être divisé en 3 axes : la

gouvernance, les techniques agricoles et le Sommet de Copenhague.

Un consensus s’est établi dans le groupe pour définir la gouvernance comme une chaîne de

responsabilités, allant du niveau mondial, se déclinant au niveau des États, des régions, et enfin des

organisations paysannes et des agriculteurs eux-mêmes. La problématique consiste à rendre cette

chaîne cohérente.

Le groupe a également insisté sur le manque d’éducation des adultes et des jeunes, aussi bien

au Nord qu’au Sud. En Afrique, la population est l’une des plus touchées et pourtant, elle est aussi l’une

des moins informées sur les effets du réchauffement climatique.

Différents thèmes autour des techniques agricoles ont été abordés et débattus:

- Gestion des sols (protection et renouvellement)

- Gestion de l’eau

- L’agroforesterie

- Liens entre élevage et agriculture

- La fertilisation

- Les semences : besoin de semences améliorées tout en préservant les semences traditionnelles

Lors du Sommet de Copenhague, certains participants craignent que l’Afrique soit écartée des

négociations. Pourtant, c’est une des zones du monde la plus touchée par le changement climatique et

dans le même temps, c’est celle qui a été la moins contributrice à ce changement.

La lutte contre le changement climatique associera nouvelles technologies et solutions

traditionnelles. Il ne s’agit pas seulement d’un transfert Nord-Sud mais aussi d’un transfert Sud-Nord par

lequel nous avons beaucoup à apprendre sur des questions par exemple de variabilité génétique et de

semences. Le transfert doit aussi se faire entre la recherche et les agriculteurs selon une notion de co-

expertise.

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Jean-Paul Simier

Groupe Pêche

Co-présidé par Jon Rementeria, Maire de Veracruz, Mexique et Thierry Guigue, directeur de la

Fédération des Comités des Pêches Maritimes du Finistère; secrétariat de séance par

Christine Katumba Walusibimbi, Forum Mondial des Pêcheurs et Travailleurs de la Pêche (WFF),

Ouganda

En raison de problèmes de temps et de questions sans doute moins adaptées à l’activité de

pêche, le groupe s’est inspiré de la trame suggérée pour les ateliers mais n’a pas répondu de façon

littérale à chaque point. Il s’agit donc là d’une synthèse des discussions intervenues entre les différents

participants.

Au cours de l’atelier, il est apparu que les pêcheurs étaient très concernés par la question

énergétique et donc par la question des gaz à effet de serre. Que ce soit en effet pour les gros chalutiers

européens mais également pour les petites pirogues asiatiques, la part du carburant dans le chiffre

d’affaires des navires de pêche est très importante. Réduire sa dépendance énergétique devient pour

beaucoup de pêcheurs à travers le monde un enjeu majeur, moins du point de vue de l’environnement

que plus prosaïquement pour leur survie économique.

Plusieurs solutions ou pistes de réflexions ont été évoquées à travers des exemples divers dans

les pêcheries mondiales représentées :

- La réalisation d’économies à l’échelle du navire (stratégie de pêche, comportement en mer,

équipement à bord…)

- La réorientation vers un autre engin, le changement de technique de pêche ou plus simplement

l’optimisation du gréement de pêche (allègement)

- Le recours à des énergies alternatives (hydrogène/Islande) mais seulement pour des pays qui

maîtrisent ces technologies

- Parvenir à une meilleure santé des stocks halieutiques afin d’accroître le rendement des navires,

c'est-à-dire réduire la consommation d’énergie pour une pêche identique en quantité.

L’implication des pêcheurs dans la gestion de leurs zones de pêche et des stocks qu’ils exploitent

est fondamentale pour parvenir à une démarche efficace et acceptable (exemple du Mexique et

de la Bretagne)

Même si cette démarche n’offre pas un caractère volontaire de la part des pêcheurs, il faut tout

de même observer que dans certains pays ou régions, le nombre de navires a été réduit dans des

proportions très considérables. Les plans de sortie de flotte en Europe, en particulièrement en Bretagne,

ont ainsi sensiblement contribué à la réduction des gaz à effet de serre produits par le secteur des

pêches…

Les pêcheurs sont aussi directement concernés par le changement climatique à travers :

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1. L’impact des tempêtes, phénomènes violents et élévation du niveau des océans ; les

communautés de pêcheurs étant par définition proche du littoral, elles subissent de plein fouet

ces évènements

2. Le changement de l’écosystème marin qui a des conséquences sur les ressources qu’ils

exploitent ; les signes sont déjà évidents et multiples (exemple bloom planctonique gigantesque

en mer jaune)

Au premier point, il a été émis l’idée que les nations riches devaient prendre en compte ces

aspects dans leurs futures politiques d’aide et de développement envers les communautés les plus

fragiles.

Par ailleurs, une cartographie des vulnérabilités, prenant en compte l’expérience des épisodes

passés (mémoire des catastrophes) pourrait être utile afin de guider les politiques d’aménagements de

la bande littorale. Il est néanmoins flagrant de constater qu’en l’absence d’une sensibilisation et

d’informations suffisamment claires sur les changements à venir, les derniers travaux portuaires réalisés

dans certains pays développés (Bretagne) ne tiennent vraisemblablement pas compte des modifications

climatiques à venir…

Les pêcheurs sont demandeurs d’informations météorologiques suffisamment fiables et précises

afin de pouvoir anticiper par exemple les tempêtes et ne pas prendre de risques inutiles. Dans certains

pays cette information fait défaut et peut conduire à des catastrophes (exemple de tempête atypique au

Vietnam) du fait de phénomènes totalement nouveaux.

Les pêcheurs peuvent aussi participer à construire cette information météorologique en

transmettant leurs propres observations ; en Bretagne certains communiquent très régulièrement leurs

relevés d’informations aux autorités compétentes, permettant ainsi une amélioration des prévisions au

bénéfice de la société.

L’impact des changements des écosystèmes marins sur l’activité des pêcheurs n’a pas été

longuement abordé du fait d’un manque de temps et du thème proposé pour cette session là ; toutefois

il a été souligné que le maintien d’un « techno-diversité », c'est-à-dire de techniques de pêche variées et

diversifiées, était une solution pour favoriser l’adaptation des communautés de pêcheurs aux variations

de son environnement. La substitution de certaines espèces au profit d’autres mieux adaptées aux

nouvelles conditions hydro-climatiques, peut en effet s’accompagner de la nécessité de changer de

technique de pêche.

En conclusion il apparaît que les pêcheurs sont à la fois des sentinelles du changement

climatique à travers leurs observations biologiques (captures, écosystèmes marins…) et

météorologiques. Ils sont également en quelque sorte des « éclaireurs » car ils sont confrontés avant

beaucoup d’autres à l’enjeu vital de l’adaptation de leurs pratiques aux nouveaux enjeux énergétiques.

Thierry Guigue

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Groupe Forêt

Co-présidé par Sumila Detomasi, de l’Agenda Métropolitain de Montevideo, Uruguay et Alain De

Montgascon, président du syndicat des propriétaires forestiers sylviculteurs de la Sarthe ; secrétariat

de séance par Anna Ricoy, FAO, Italie

Les efforts d’adaptation au changement climatique dans le secteur forestier doivent se

concentrer sur l’augmentation de la masse végétale et sur l’amélioration de la gouvernance territoriale.

Celle-ci passe par la création de réseaux de partage de l’information, par l’éducation à tous niveaux

(sensibilisation des différents acteurs), par les actions de transfert des prérogatives aux acteurs locaux,

par l’amélioration de la coopération décentralisée Nord-Sud, et par la constitution d’un pôle

d’amélioration génétique orienté sur l’adaptabilité des espèces forestières en préservant la largeur de la

base génétique.

Le bilan global de CO2 des forêts est négatif. En effet, les forêts relâchent globalement

davantage de CO2 qu’elles n’en absorbent. Comment renverser ce bilan ? Dans le secteur forestier les

efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent se concentrer sur le rôle de captage de

CO2 des forêts.

Il est important de souligner qu’une forêt cultivée/gérée absorbe du CO2 et que le bois (par

exemple celui qui sert à faire le parquet ou la charpente) est du CO2 conservé.

Les moyens pour une meilleure gestion forestière comprennent : la conservation de la forêt

primaire, l’utilisation de la forêt par les populations locales (par exemple pour l’usage du bois de feu), les

pratiques d’agroforesterie et/ou pastoralisme. Ces dernières permettent d’une part la captation de

carbone et d’autre part l’utilisation des produits de la forêt.

Il est nécessaire de promouvoir les incitations au reboisement, à la gestion forestière, à la haie

et au pâturage, c’est-à-dire de mieux utiliser la souplesse qui caractérise les usages possibles de la forêt.

Il est cependant important de souligner qu’au-delà de son rôle dans la captation de CO2, la forêt est

avant tout un projet humain. La forêt c’est l’acteur du territoire qui est derrière et son projet relatif au

choix des arbres, à la planification, aux dates de la récolte, etc. Il n’y a pas de forêt s’il n’y a pas de projet

humain.

La gestion des risques de catastrophes climatiques majeures passe par le renforcement des

gouvernements locaux et par l’attribution de responsabilités aux acteurs locaux. Cela nécessite la

création de bases de données pour le suivi du climat, de connaissances techniques au niveau local, de

cartes de vulnérabilité à petite échelle, de PCTI intégrant la gestion de risque au niveau des

communautés. Il est important de focaliser les efforts au niveau des bassins versants, de donner un rôle

prioritaire à la recherche sur la résilience des forêts.

Ces efforts impliquent le renforcement des réseaux d’appui technique à différents niveaux

(local, national, international) et l’appui au niveau législatif de lois sur la préservation de

l’environnement à l’échelle locale. Il est pour cela essentiel d’assurer une adéquate gestion financière,

c’est-à-dire le transfert de financement aux régions pour pouvoir garantir ces processus.

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Dans le domaine forestier, il existe un problème de transfert des savoirs au reste de la société.

Une meilleure organisation des échanges dans la matière passe par la concentration des efforts sur la

garantie de l’accès à l’éducation et la sensibilisation, sur l’échange de données, l’articulation des

compétences sur la base de l’approche participative, la mise en place d’un cadre de régulation multi-

niveaux avec une plateforme intermédiaire pour la mise en place d’un système de décision.

Il est nécessaire de développer différents modèles qui au moyen d’indicateurs biologiques

porteraient à l’établissement de scénarios pour les différents écosystèmes. Il est également essentiel

identifier les ressources génétiques pour sélectionner les arbres en vue d’un effort d’adaptation.

Anna Ricoy

Troisième partie en plénière

Session de recommandations : les messages forts à faire passer pour le Sommet de Copenhague en décembre prochain

Introduction de M. Bouvier et M. Gizard avant les échanges avec les participants Christophe Bouvier, Directeur pour l’Europe, PNUE Le sommet de Copenhague traitera du changement climatique mais le fond de la discussion est

la justice et l’équité.

Les Nations Unies avec ses partenaires travaillent sur la mise en œuvre, et plus particulièrement

les mécanismes de mise en œuvre, des futures décisions prises à Copenhague. Jusque-là, les Nations

Unies n’ont pas suffisamment travaillé en partenariat avec les régions. Ce type de partenariat permet de

profiter des avantages comparatifs des régions et de leurs associations afin de proposer des systèmes de

mise en œuvre des mécanismes qui émergeront du Sommet de Copenhague, qui puissent être

pratiques, de terrain.

Ainsi, les Nations Unies, le FOGAR et d’autres associations ont lancé l’année dernière à Saint-

Malo, en Bretagne, une initiative de coopération sur le thème du changement climatique. A terme, cette

initiative permettra aux régions d’avoir leur propre plan d’action sur le changement climatique sur

lequel viendront s’articuler les financements, en particulier, ceux qui émergeront de Copenhague.

L’établissement de ces plans se fera par l’utilisation de l’immense richesse d’expertises présentes au

sein des régions elles-mêmes.

Les Nations Unies œuvrent pour fédérer ces diverses agences, capables d’apporter une vision

globale de la problématique, une certaine expertise et une relation privilégiée avec la communauté des

gouvernements nationaux, afin de mettre en pratique un réseau qui pourrait conduire à des

investissements concrets. Cette initiative est nommée l’approche territoriale au changement climatique.

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Cette approche peut s’appliquer à beaucoup d’autres domaines qui ont trait à l’environnement (gestion

des écosystèmes, des déchets, des substances dangereuses…). Christophe Bouvier espère que ceci est le

début d’une longue collaboration qui permettra de changer la modalité de coopération internationale

pour aboutir à des résultats plus concrets sur le terrain.

Xavier Gizard, Secrétaire général du FOGAR Plusieurs points de départ expliquent la création du FOGAR (FOrum Global des Associations de

Régions).

Premièrement, les régions européennes, dans la Conférence des Régions Périphériques

Maritimes (CRPM), étaient demandeuses d’une plus importante synergie et efficacité.

Deuxièmement, à la sortie du Sommet de Johannesburg en 2002 sur le changement climatique,

les régions présentes ont décidé la création d’un réseau des régions du monde pour le développement

durable (NRG4SD : Network of Regional Governments for Sustainable Development), co-présidé par le

Pays de Galles en Europe et l’Estat de Sao Paolo au Brésil et dont le point focal en Europe est la région

Bretagne.

Troisièmement, vers 2004-2005, les régions européennes émettent des inquiétudes quant aux

effets de la mondialisation sur les économies européennes, en particulier les délocalisations d’activités.

Ces inquiétudes ont amené à une table-ronde en juin 2006 aux Açores, d’un échantillon de régions des 5

continents, pour échanger sur les bienfaits et méfaits de la globalisation. Les conclusions ont mis en

évidence le besoin, pour les régions, de continuer le travail ensemble et la réflexion sur leur place dans

la mondialisation.

Au même moment, les Nations Unies commencent à donner de l’importance aux régions, à

l’approche par les territoires.

Au printemps 2008, la FAO annonce sa volonté de créer un partenariat avec les régions : les

régions seront représentées dans les comités agriculture, pêche et forêt de la FAO.

En octobre 2008, le réseau NRG4SD a organisé avec la Région Bretagne, le Sommet des Régions

du Monde sur le Changement Climatique.

Enfin, la Commission Européenne distingue en octobre 2008 les régions et les villes dans les

politiques d’aides au développement de l’Union Européenne. Le 2 décembre prochain, auront lieu les

premières assises européennes de la coopération décentralisée, organisée par la Commission

Européenne.

Ainsi, les régions, par elles-mêmes et dans un partenariat avec les Nations Unies, se sont

positionnées comme participants pour une mondialisation mieux réussie. En août 2007, la réunion de 17

réseaux de régions des 5 continents au Cap en Afrique a débouché sur la création du Forum Global des

Associations de Régions (FOGAR).

Le prochain rendez-vous des régions est prévu le 18 et 19 janvier prochains à Dakar sur le thème

de la sécurité alimentaire. Ce sommet contribuera à cibler plus précisément la valeur ajoutée spécifique

de l’action des régions et des coopérations de régions dans la lutte contre la faim par rapport à la

mobilisation générale. Il apportera alors des éléments aux Etats, organisations internationales,

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Commission Européenne pour concevoir des mécanismes de soutien aux régions en matière de sécurité

alimentaire.

Les discussions des ateliers de travail de cette rencontre seront diffusées et feront parties du

document final de Dakar et des propositions de ciblage.

Echanges avec les participants

Suite aux allocutions introductives de M. Bouvier et M. Gizard dans cette session de

recommandations, de nombreux participants ont réagi sur les points ci-après.

L’approche territoriale

Une participante a insisté sur les spécificités des régions, de leur culture, leur savoir-faire… etc.

Elles ne sont pas interchangeables. Les décisions politiques ne sont ainsi pas transposables à 100% d’une

région à l’autre. C’est pourquoi les Nations Unies travaillent maintenant au niveau régional, niveau

suffisamment important pour avoir un impact et suffisamment spécifique pour prendre en compte les

nécessités, les capacités et les besoins particuliers de ces habitants.

La crise financière et le système économique actuel

La crise financière est une source de réflexion et de leçons. Elle démontre une utilisation à

mauvaise escient du capital naturel et financier. Selon Nicholas Stern, ancien vice-président de la

Banque Mondiale, « le changement climatique est la manifestation la plus claire de la faillite du libre-

marché ».

Le système économique actuel présente des défaillances et est malheureusement combiné avec

des subventions perverses dans le domaine de l’énergie. En effet, du fait de bénéfices politiques à court

terme, 400 millions de dollars sont dépensés chaque année pour subventionner des modèles

énergétiques qui vont à l’encontre des objectifs que toute la communauté internationale essaie de

poursuivre.

Bien que actuellement la croissance indique des signes de reprise, le danger serait de

recommencer comme auparavant avec les mêmes chemins d’organisations financières… Au contraire, la

crise est l’occasion de repartir sur une base plus durable. Les pays émergents et en développement ne

doivent pas copier les erreurs des pays occidentaux pour arriver à un même niveau de bien-être, mais

doivent passer directement à un modèle plus durable. La combinaison de la crise et de la réflexion sur le

changement climatique oblige la société à repenser les modèles de développement et les solutions

basées sur l’équité et spécificités de chaque communauté et région.

L’éducation

Le besoin d’éducation a été soulevé. Une éducation non seulement sur le changement

climatique pour aller au devant de la contre information évoquant encore un doute sur l’existence

même d’un réchauffement, pourtant largement démontré scientifiquement, et une éducation aussi sur

l’explication de la coopération Nord-Sud. En effet, les élus en Europe se posent des questions sur

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l’opportunité de verser des subventions pour des projets de coopération et les élus des Pays du Sud

comme à Madagascar, par exemple, voient dans ces initiatives des tentatives de néocolonialisme.

Un atlas géographique des impacts du changement climatique serait intéressant à réaliser pour

informer et éduquer la population.

Se servir des expériences réussies

Pour lutter contre le changement climatique, il est nécessaire d’utiliser les expériences de

mécanismes qui ont déjà fait leur preuve dans certaines régions du Sud ou du Nord, comme les « field

school of climate change » aux Philippines, en Indonésie et au Bangladesh.

Les pays du Nord ont aussi besoin de mettre en application des PCTI dans leurs régions pour

montrer l’exemple aux pays du Sud. Le territoire de Redon et Vilaine en Bretagne est, par exemple, une

région pilote dans la mise en place d’un PCTI dans sa partie énergétique, c’est-à-dire diminution des

émissions de gaz à effet de serre et recherche de solutions alternatives. Ce territoire se propose de

mettre en exécution maintenant la partie adaptation du PCTI sur les aspects forêts et agriculture.

Priorités d’action

L’établissement d’une liste des régions les plus touchées par les effets du changement

climatique qui constitueraient des priorités d’action, a été suggéré. Cette liste serait réalisée sur la base

de critères fiables, équitables et acceptés.

Les mécanismes de financements

La difficulté d’accès aux financements des organisations professionnelles porteuses de projets a

été mise en évidence. Les organisations professionnelles se retrouvent face à un écran étatique et

institutionnel.

De plus, les appels à proposition de la Commission Européenne sont à améliorer car ils sont

sources de concurrence entre les régions des pays du Sud. Il faudrait repenser auprès de l’Union

Européenne, un ensemble d’outils qui permettraient de financer efficacement des actions sensibles et

susceptibles d’améliorer les conditions générales de certains pays très vulnérables.

La crainte concernant le Sommet de Copenhague est l’absence de mécanismes de mise en

œuvre concrète. Dans le cas du protocole de Kyoto, les propositions de projets ont été insuffisants dû à

un manque d’implication des véritables acteurs dont en particulier les autorités locales et les

organisations professionnelles.

La place des organisations professionnelles

Dans le système de partenariat, les associations paysannes doivent être intégrées et leur

émergence doit être facilitée car elles sont garantes de la diffusion et de l’appropriation d’une politique

alimentaire. La relation entre autorités régionales et organisations professionnelles a besoin d’être

mieux construite.

Les organisations professionnelles ont besoin d’être soutenues et renforcées, elles peuvent être

des gestionnaires de fonds en inventant des nouvelles méthodes de contractualisation et d’allocation

des ressources.

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Le rôle des femmes

A travers l’éducation, la gestion familiale, les femmes représentent une partie significative de la

solution dans la lutte contre le changement climatique. Leur rôle doit ainsi être évoqué lors des

discussions au Sommet de Copenhague et figurer dans les déclarations de mise en œuvre concrète sur le

terrain.

La pêche

Dans le secteur des pêches, l’association des pêcheurs dans les programmes de recherche est

essentielle. Les chercheurs et pêcheurs doivent travailler dans un climat de confiance et de

transparence.

Le discours de l’Union Européenne sur la libéralisation de la pêche (jours de pêche, quotas de

pêche…) mène à la disparition de la pêche artisanale. D’autres modèles de gestion, comme la gestion

communautaire de biens communs à partir de constructions collectives qui a fait ses preuves, devraient

être promus au niveau de l’Europe. Pour la régénération des stocks halieutiques, la gestion collective

d’aires protégées semble être une solution pertinente et devrait être étendue dans le monde.

La nécessité de régionaliser les pêches est apparue comme évidente. La régionalisation amène à

gérer la pêche sur la base de réalités territoriales et non de quotas européens. La conférence des

Régions Maritimes Périphériques (CRPM) s’est positionnée en faveur de cette régionalisation pour

permettre le travail des communautés de pêche entres elles et contre le système de quotas individuels

qui amènera au démantèlement de certaines communautés. La CRPM est mène actuellement une

réflexion sur un nouveau système de quota qui ferait l’objet de discussion entre communautés de

pêche.

Il a été suggéré à la FAO qu’elle gagnerait à porterait une plus grande attention au secteur de la

Pêche. Peu de programmes de la FAO existent pour soutenir la pêche artisanale, en particulier sur la

question énergétique. Le FOGAR essaie de promouvoir la pêche artisanale car elle est la meilleure

formule en termes d’emploi et de gestion de la ressource.

Avec le changement climatique, le prix des combustibles continuera à augmenter et les

pêcheurs auront tendance à se rapprocher des côtes. Des mécanismes qui permettent aux pêcheurs

artisanaux de continuer à exploiter les ressources du large sont à inventer.

L’agriculture

Trois messages sont ressortis des discussions. Premièrement, l’agriculture intensive et

industrialisée est un contributeur-clef aux émissions de gaz à effet de serre. Deuxièmement, les petits

paysans hommes et femmes sont les premiers touchés par les conséquences du changement climatique

et donc doivent être les premiers visés par les mécanismes d’adaptation. Enfin, l’agriculture durable,

agro-écologique et biologique est également un moyen potentiel d’atténuation du changement

climatique.

La forêt

Les personnes dont la principale ressource relève de la forêt connaissent une difficulté pour

accéder à un statut d’organisations professionnelles, pour porter une parole de professionnels forestiers

non industriels.

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La forêt a pourtant un rôle primordial pour les Nations Unies qui travaillent actuellement sur des

propositions de mécanismes de mise en œuvre sectoriels au Sommet de Copenhague comme par

exemple le programme UNREDD.

Lors de cette rencontre, des projets de partenariat entre la France, la Suisse, l’Espagne, la

Belgique et l’Uruguay, le Nicaragua, l’Algérie, le Maroc ont été initiés pour tester des modèles

climatologiques afin de prévoir les futures forêts de ces pays.

Cette session de débats s’est terminée sur la nécessité de faire pression sur les gouvernements

lors du Sommet de Copenhague afin d’aboutir à une conclusion raisonnable, suffisamment solide, fiable,

prévisible et juste. Les Nations Unies ont lancé pour cela une pétition disponible sur internet, car les

enjeux sont importants. Le sommet de Copenhague n’apportera peut-être pas la solution mais doit être

le point de départ pour une solution plus juste et durable.

Session de synthèse

John Hough, PNUD Dans son discours M. Hough insiste sur le défi de l’adaptation et de l’atténuation des secteurs

agricoles, forestiers et de la pêche au changement climatique, sur les changements dans notre société et

dans notre économie, dans nos pratiques de développement, dans nos modèles de production que cela

va représenter.

L’engagement de tous les acteurs est primordial pour réaliser ces changements. Lors de cette

rencontre, tous les acteurs étaient présents : communautés, gouvernements locaux, gouvernements

régionaux, nationaux, organisations internationales. Il ne faut plus attendre pour agir. Nos habitudes

sont à modifier indépendamment et ensemble.

Afin de changer, il est nécessaire de se servir des expériences réussies des autres régions en les

imitant. Le PNUD, la FAO, le PNUE peuvent aider les régions à copier et échanger ces expériences.

Les technologies existent déjà, les méthodologies sont à mettre au point pour les employer dans

la lutte contre le changement climatique. L’approche territoriale du changement climatique avec la mise

en place de Plans Climat Territoriaux Intégrés représente l’une des méthodologies possibles.

Cette approche territoriale consiste premièrement en la mobilisation de tous les partenaires

engagés, puis, à être capable de prédire le futur climat. ClimSAT aide à établir les scénarios des climats

futurs dans des localités à travers le monde, grâce à l’appui de partenaires scientifiques présents en

Bretagne. Ces scénarios peuvent être utilisés pour identifier les problèmes et les risques, pour

développer des stratégies et des projets.

L’Agriculture, la forêt, la pêche produisent notre nourriture, notre eau et nos abris. Ces trois

secteurs sont fondamentaux et nous devons travailler sur des nouveaux modèles de production et

parallèlement sur de nouveaux modèles de consommation.

Richard China, FAO, Italie

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Durant cette réunion, les effets du changement climatique sur l’agriculture, la forêt et la pêche

ont beaucoup été appréhendés. En revanche, peu de discussions ont porté sur l’approche territoriale et

les partenariats pour l’actionner.

En 2050, la terre comptera plus de 9 milliards d’individus, la population aura donc augmenté de

35%. Pour assurer la sécurité alimentaire de cette population, la production doit quant à elle augmenter

de 70% car les habitudes alimentaires vont changer avec une hausse de la consommation de viande,

principalement dans les pays à forte croissance économique. Ce défi se révèle difficile de part la rareté

de l’eau, des terres et le changement climatique.

Pour cela, des innovations de financements et méthodologiques sont nécessaires. Il est

indispensable aussi de bien définir les objectifs et résultats espérés. L’agriculture doit s’intensifier pour

nourrir 9 milliards d’habitants mais de façon durable, sans effet sur le climat. L’agriculture peut être

utilisée aussi dans la réduction de la vulnérabilité au changement climatique.

Dans une approche régionale ou territoriale, les risques des différents types de producteurs et

les possibilités d’actions en réponse doivent être analysés. La question de la coopération entre les

régions pour aboutir à une voie plus forte et plus unique doit également être examinée.

Il serait pertinent de définir les actions pérennes de cette rencontre dans la constitution d’un

groupe par exemple pour évoquer les avantages de la coopération entre régions au niveau des

politiques, pour partager les expériences…

Séance de clôture

Dominique Cap, Vice-président de Brest métropole océane en charge des relations internationales et maire de Plougastel Daoulas (Finistère)

Après avoir remercié, au nom des collectivités, tous les participants présents (33 pays) pendant

ces deux journées, M. Cap souligne la nécessité d’échanger les expériences, avant de mettre en place

des mesures.

Nous sommes à la fin d’un modèle économique, notamment avec la diminution, voire la

disparition des énergies fossiles. Le modèle de la société de consommation et du « consommer toujours

plus » doit être remis en cause.

Thème de l’agriculture

Le rôle premier de l’agriculture est de nourrir les populations. A l’heure actuelle la population

représente plus de 6 milliards d’habitants et représentera 9 milliards d’habitants en 2050.

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La crise agricole actuelle est très importante et très grave. Ce secteur est confronté à une série

de problématiques : surproduction, problème de prix, rentabilité dans les pays du Nord. Dans les pays

du sud, les problèmes agricoles sont également importants : problème de l’eau, semences, de

développement, du rôle des femmes.

Les systèmes agricoles du Nord et du Sud doivent se remettre en question de manière à se

rééquilibrer. Il n’y a pas un modèle agricole idéal, mais il y a des modèles tenant compte des spécificités

existantes dans les différentes régions du monde.

La notion de sécurité alimentaire est un élément essentiel qui est ressorti fortement durant les

échanges des deux jours. L’aliment est à replacer au cœur des priorités. La part des budgets au Nord

consacrée à la nourriture est en diminution permanente. Parallèlement, les dépenses concernant les

loisirs et les télécommunications sont de plus en plus importantes. Il serait nécessaire de revenir à

l’essentiel et payer le vrai prix, le juste prix des denrées agricoles.

L’agriculture aura un rôle à jouer sur la fixation du carbone car elle produit du végétal et notamment la forêt. Thème de la pêche

Un élément essentiel est ressorti concernant la pêche : les pêcheurs seront toujours en

première ligne dans le cadre du changement climatique car ils sont toujours sur les côtes. Ils sont les

premiers à subir l’augmentation du niveau des mers, les cyclones, les tempêtes.

La réunion PNUD-FAO a offert l’occasion aux représentants de la pêche d’être associés à un

travail sur les liens entre changement climatique et pêche. Ils ont été heureux d’échanger leurs

différentes expériences dans le monde.

La réponse doit venir en partie des professionnels de la pêche. Cette profession doit se

structurer du mieux possible. La solution passera aussi par la préservation et le développement de la

ressource. Plus elle sera importante et riche pour les pêcheurs, moins ils auront à se déplacer loin,

moins ils consommeront de carburant, plus ils participeront à la lutte contre le réchauffement

climatique et plus la filière pourra se structurer.

La gestion et la préservation de la ressource est un des éléments forts de l’avenir de la pêche,

dans toutes les régions du monde avec la structuration de la profession.

Thème de la forêt

La rencontre a permis une prise de conscience de l’importance de la forêt, notamment sur la

notion de temps et de durée de création d’une forêt.

Le bilan carbone des forêts dans le monde est négatif alors que les arbres fixent le carbone. Ceci

est dû à l’action de l’homme. Les gestionnaires des forêts doivent avoir un projet de développement

humain pour le sauvetage de ces milieux.

Par ailleurs, il y a unanimité sur l’énergie (au niveau des trois secteurs : agricultures, pêches et

forêts) pour affirmer qu’un changement de modèle est nécessaire.

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Position des élus des collectivités.

Différents niveaux d’intervention sont présents dans le cadre de cette réunion.

L’ONU, avec ses différentes composantes (PNUD-PNUE-FAO) qui jouent un rôle sur l’ensemble

des politiques générales, se positionnent aux côtés des collectivités, des régions et des professionnels

pour tenter de trouver des solutions. A force d’expérimentations, d’innovations et de créations de

nouveaux modèles, nous parviendrons à trouver des solutions.

Il est important et intéressant de souligner que les instances de l’ONU ont répondu présentes et

nous ont accompagnées dans cette organisation.

Deuxième niveau : les Etats, les organismes nationaux, les différents ministères. Ces deux jours

de débat n’ont pas été organisés par l’Etat français, bien qu’il ait été informé de la manifestation.

Point sur les régions et les villes

Il est important de ne pas se disperser dans les partenariats avec les collègues du Sud. D’autant

plus qu’il est facile au niveau des régions, des villes, des départements, de créer des liens entre

différentes régions du monde pour travailler sur des actions concrètes, car on utilise le même langage,

on est confronté aux mêmes problèmes (urbanisation, transport, nourriture, assainissement, santé)

Un maire ou un responsable de région ne se charge pas des grandes politiques nationales. Il doit

gérer les problèmes quotidiens des habitants de sa commune ou de sa région. Ces derniers demandent

des comptes et posent des questions pratiques, sur l’eau, les transports, l’éducation des enfants. Quel

modèle peut-on proposer à nos concitoyens ?

L’échelon local dans le cadre de la coopération est le plus facile. Il faut bien entendu au

préalable mettre en place les liens entre les différentes parties prenantes.

Pour les représentants qui iront à Copenhague, ou qui seront à Dakar, il est important d’avoir

des exemples concrets, des exemples de terrain. Nous avons l’exemple d’un projet multi-partenarial

actuellement en cours sur la thématique de la forêt.

Présentation de projets dans lesquels la ville de Brest et de Plougastel Daoulas sont impliquées.

Tout d’abord, un projet entre la ville de Brest et la ville de Saponé (Burkina Faso) dans le cadre

d’une loi française (loi Oudin-Santini). 1% du budget de l’eau est prélevé pour l’investir en collaboration

avec d’autres régions.

Depuis 20 ans la ville de Plougastel travaille avec la région de Bobo Silasié. Cette opération a

abouti notamment à un projet de mise en place de panneaux photovoltaïques sur deux collèges de la

région du Burkina Faso, en lien avec les femmes de cette région. Un accompagnement est prévu à raison

de 1 euro par habitant de la ville de Plougastel sur un an. Ce choix a été effectué pour l’éducation des

enfants et pour l’alphabétisation des femmes, notamment le soir.

Quelques mots sur CLIMSAT

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L’entité ClimSAT doit pouvoir intervenir rapidement sur des actions concrètes

d’accompagnement de projets locaux au niveau mondial. Il ne faudra donc pas hésiter à solliciter

ClimSAT Brest en lien avec les collectivités, pour décider si les projets proposés peuvent être

accompagnés.

Conclusion au nom de François Cuillandre, maire de Brest,

Nous remercions la FAO, le PNUD et le PNUE d’avoir été à nos côtés et particulièrement deux

personnes, qui ont fait un gros travail pour mettre en place ces deux jours de réunion dans un délai très

court : Alain Retière (Coordinateur de Climsat) et Michel Morvan (Directeur du Technopôle Brest Iroise,

et Directeur Général Adjoint à Brest Métropole Océane), qui ont énormément travaillé.

Ils ont joint leur effort pour que l’ensemble des participants soient reçus dans de bonnes

conditions, propices à l’échange.

Nous pouvons d’ores et déjà vous annoncer que nous allons nous mettre au travail très

rapidement pour la mise en place des deuxièmes rencontres de Brest sur le changement climatique, en

2010, sur le thème de la biodiversité.