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EMILIE ROCHETTE
TEMPERAMENT ET ATTACHEMENT CHEZ LE JEUNEENFANT :
Predicteurs des habiletés de régulation émotionnelle à l'âgepréscolaire
Mémoire présentéà la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de Maîtrise en Psychopédagogie (adaptation scolaire)pour l'obtention du grade de Maître es arts (M.A.)
DÉPARTEMENT DES ÉTUDES SUR L'ENSEIGNEMENT ET L'APPIŒNTISSAGEFACULTÉ DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION
UNIVERSITÉ LAVALQUÉBEC
2007
Emilie Rochette, 2007
Il
RÉSUMÉ
Le tempérament de l'enfant et l'attachement parent-enfant ont souvent été évoqués
pour expliquer des différences individuelles dans la régulation émotionnelle chez les
enfants d'âge préscolaire (Thompson, 1994). Le tempérament reflète des caractéristiques
internes de l'enfant en lien avec sa réactivité émotionnelle. L'attachement s'élabore dans le
contexte d'interactions parent-enfant, dans lequel l'enfant apprend à organiser ses
comportements et ses émotions autour de son parent, comportements qu'il peut généraliser
à d'autres situations.
Durant la période préscolaire, la régulation émotionnelle est évaluée par divers
moyens, mais il est rare que le donneur de soins principal soit directement impliqué. De
plus, mis à part quelques exceptions (p. ex., Braungart et al., 2001), la recherche en
régulation émotionnelle portant sur les processus d'attachement débute seulement durant la
période préscolaire. La présente étude évalue les habiletés de régulation émotionnelle chez
des enfants d'âge préscolaire en contexte d'interaction dyadique et les observations faites
dans ce contexte sont mises en lien avec des mesures d'attachement et de tempérament en
bas âge. Ce projet s'inscrit donc dans une perspective longitudinale. De plus, l'échantillon
de cette étude est principalement composé de mères adolescentes à risque sur le plan
psychosocial.
Les résultats de la présente étude montrent que, dans un contexte d'interaction
dyadique perturbée, la régulation émotionnelle de l'enfant d'âge préscolaire se manifeste
par deux grandes catégories de comportements : des comportements centrés sur la tâche, et
des comportements liés à des émotions négatives. De plus, les variables liées à
l'attachement, autant l'attachement de la mère que l'attachement mesuré à 15 et à 18 mois,
sont en lien avec les habiletés de régulation émotionnelle à 36 mois, mais seulement dans le
cadre d'interactions prévisibles, soit dans la première phase de la procédure. Les réactions
de l'enfant pendant la deuxième phase, lorsque l'interaction est perturbée, semblent
davantage liées aux caractéristiques tempéramentales de l'enfant mesurées à 15 et à
18 mois.
III
Avant -propos
Tout d'abord, je tiens à remercier toutes les familles qui ont accepté de participer à
l'étude; sans elles, ce mémoire ne pourrait pas exister. Je remercie également Marie-Hélène
Foucault qui a joué un rôle déterminant dans l'élaboration de la grille de codification et la
codification des nombreuses (!) dyades de l'étude.
Je tiens également à souligner le soutien de ma famille et de mes ami(e)s durant la
période de rédaction de ce mémoire. Un immense merci à ma mère qui m'a beaucoup aidée
dans la relecture et la correction du texte, et un merci tout particulier à Mark, pour le
soutien moral et la présence assidue.
Finalement, le dernier, mais non le moindre, je remercie sincèrement mon directeur
de maîtrise, M. George Tarabulsy. Je le remercie d'avoir cru autant en moi et de m'avoir
encouragée à persévérer dans les moments plus difficiles. Je le remercie en outre parce que
sans lui l'écriture de ce mémoire n'aurait pas été possible, mais surtout merci de m'avoir
communiqué la passion de la recherche, qui m'incite maintenant à poursuivre au doctorat.
IV
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ H
AVANT-PROPOS ffl
1. CONTEXTE THÉORIQUE 4
1.1. DÉFINITIONS ET THÉORIES DE LA RÉGULATION ÉMOTIONNELLE 4
1.2. Le tempérament 81.2.1. Définition 8
1.3. L'ATTACHEMENT 111.3.1 Bases théoriques de l'attachement en bas âge et à l'âge préscolaire 111.3.2 État de la recherche sur le lien entre la régulation émotionnelle et l'attachement. 16
1.4. LIMITES DES ÉTUDES DANS LE DOMAINE DE LA RÉGULATION ÉMOTIONNELLE 191.5. OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES 20
2. MÉTHODE 22
2.1 PARTICIPANTS 22
2.2 INSTRUMENTS DE MESURE 242.2.1. Évaluation du tempérament de 1'enfant : version française du « Toddler Behavior AssesmentQuestionnaire (TBAQ) » (Goldsmith, 1996) 242.2.2. Evaluation de l'attachement : Le Q-Sort d'attachement (Water, 1995) 252.2.3. Evaluation de la régulation émotionnelle : Procédure du visage impassible (Tronick et al., 1978;E.Z. Tronick, communication personnelle avec G.M. Tarabulsy, avril, 1999) 25
3. RÉSULTATS 29
3.1. VARIATIONS DES 11 SOUS-ÉCHELLES SELON LA PHASE DE LA PROCÉDURE 303.2. LIENS ENTRE LA RÉGULATION ÉMOTIONNELLE MESURÉE À 36 MOIS ET LES SCORES MOYENS DETEMPÉRAMENT MESURÉ À 1 5 ET 1 8 MOIS 31
3.2.1. Liens entre les facteurs de régulation émotionnelle et le tempérament, selon les trois phases de laprocédure 313.2.2. Liens entre les facteurs de régulation émotionnelle et l'attachement, selon les trois phases de laprocédure 33
4. DISCUSSION 34
4.1. LIMITES DE L'ÉTUDE ET RECOMMANDATIONS 38
RÉFÉRENCES 40
TABLEAU 1 46
TABLEAU 2 47
TABLEAU 3 48
TABLEAU4 49TABLEAU 6 49
TABLEAU 7 50
FIGURE 1 ERREUR ! SIGNET NON DÉFINI.FIGURE 2 ERREUR ! SIGNET NON DÉFINI.
1. CONTEXTE THEORIQUE
1.1. Définitions et théories de la régulation émotionnelle
La définition de la régulation émotionnelle semble faire consensus dans la
littérature. Thompson (1994) définit la régulation émotionnelle comme un ensemble de
processus intrinsèques et extrinsèques responsables de la supervision, de l'évaluation et de
la modification des réactions émotionnelles en intensité et dans le temps, afin de permettre
à l'individu d'atteindre un but particulier. Plus précisément, gérer une émotion suppose de
contenir ou de rehausser l'intensité de l'émotion et sa persistance, et de retarder ou
d'accélérer le retour à la normale. Chacune de ces dimensions de la régulation doit être
interprétée en regard de son lien avec la perception de l'objectif visé par l'individu.
D'autres auteurs, tels que Grolnick, Bridges et Connell (1996), définissent la régulation
émotionnelle comme un ensemble de processus qui se compose de l'initiation, du maintien
et de la modulation de la réponse émotionnelle, qu'elle soit positive ou négative. Cole,
Martin et Dennis, (2004), quant à eux, définissent plus précisément la régulation
émotionnelle comme une interaction dynamique de multiples systèmes comportementaux,
psychophysiologiques, d'attention et affectifs qui permettent à l'enfant de participer
efficacement au monde social. En résumé, la régulation émotionnelle consiste en la manière
dont l'individu gère, par ses comportements et ses processus cognitifs, son expérience
émotionnelle afin d'être le plus cohérent possible par rapport à l'environnement et les
objectifs précis qui doivent être atteints.
Les habiletés de régulation émotionnelle se développent et se complexifient avec
l'acquisition de nouvelles habiletés sociales et cognitives de l'enfant. Dès le tout début de
la vie, les enfants montrent déjà une grande variabilité interindividuelle en ce qui concerne
les habiletés de régulation émotionnelle (Tarabulsy et al. 2003; Weinberg, Tronick, Cohn &
Oison, 1999). Les comportements reliés à la régulation émotionnelle durant la période du
nourrisson correspondent au niveau d'affect positif et/ou négatif et au nombre de
comportements autoréconfortants manifestés par le jeune enfant en situation stressante
(Braungart-Rieker, Garwood, Powers & Notaro, 1998; Tarabulsy et al., 2003; Weinberg et
al., 1999). Durant cette période de la vie, l'enfant dépend beaucoup de son parent qui le
guide et le rassure. De 12 à 18 mois, l'enfant commence à développer une certaine
autonomie dans l'expression de ses émotions et la manière de les gérer. À cet âge, l'enfant
est mesure d'initier, de maintenir, de cesser des comportements, de se maîtriser et de
prendre conscience des exigences sociales (Kochanska, Coy & Murray, 2001). Les
résultats de recherches convergent pour démontrer que l'âge de trois ans est significatif
dans le développement de l'enfant en ce qui a trait à ses capacités de gérer et de réguler ses
émotions et l'expression de ces dernières, et ce dans différents contextes sociaux
(Kochanska et al., 2001; Sroufe, 1996). Par exemple, un enfant de 3 ans, comparativement
à un enfant de 18 mois, va davantage rediriger son attention vers d'autres activités face une
situation stressante ou frustrante, plutôt que de montrer beaucoup de détresse (Sroufe,
1996). De plus, il est observé qu'entre 2 et 5 ans, les enfants montrent moins de défiance et
de désobéissance passive face aux parents, deux attitudes qui sont remplacées par
davantage de négociation avec ceux-ci (Kuczynski & Kochanska, 1990).
L'importance d'étudier ce phénomène et d'en comprendre les processus réside dans
le fait que les expériences précoces de régulation émotionnelle semblent être des
précurseurs importants du développement social, affectif, cognitif et de la personnalité
future (Cassidy, 1994; Goldberg, 2000; Kochanska et al., 2001; Thompson, 1994). D'une
part, certains travaux de recherche montrent l'existence de liens entre des lacunes en ce qui
concerne les habiletés de régulation émotionnelle observées en bas âge et l'apparition de
comportements intériorisés et extériorisés plus tard dans le développement. Une étude de
Moore, Cohn et Campbell (2001) montre que les réponses de l'enfant pendant la procédure
du visage impassible, dans la période du nourrisson, sont prédictives de l'apparition de
comportements intériorisés à 18 mois. Cette procédure de laboratoire consiste en trois
périodes de 2 minutes d'interaction face à face entre la mère et l'enfant, où la mère a
comme consigne d'arrêter de réagir aux demandes de l'enfant, dans le but d'observer
comment l'enfant réagit lorsque l'interaction est perturbée. De plus, à l'âge préscolaire et
scolaire, l'utilisation de stratégies de régulation émotionnelle non adéquates semble être un
meilleur prédicteur que les caractéristiques associées au tempérament de l'enfant dans
6
l'apparition de comportements intériorisés et extériorisés (Blair, Denham, Kochanoff &
Whipple, 2004). Les travaux d'Eisenberg et de ses collègues (Eisenberg, Fabes, Guthrie &
Rieser, 2002; Eisenberg, Fabes, Guthrie et al , 1996; Eisenberg, Guthrie et al, 2002;) vont
dans le même sens en montrant que les habiletés de régulation émotionnelle jouent un rôle
clé dans la prédiction du taux de comportements intériorisés et extériorisés chez des enfants
d'âge préscolaire et scolaire. Par exemple, la régulation émotionnelle est un meilleur
prédicteur que le tempérament chez les enfants présentant un faible taux de comportements
problématiques. Par contre, chez les enfants qui présentent une émotionalité très négative,
les comportements intériorisés et extériorisés semblent augmenter si les habiletés de
régulation émotionnelle diminuent. Dans ce cas, les habiletés de régulation émotionnelle
jouent un rôle médiateur dans la prédiction de comportements problématiques. Par ailleurs,
la régulation émotionnelle semble être en lien avec plusieurs indices de fonctionnement
social chez les enfants tout au cours de son développement (comportements appropriés,
popularité chez les pairs, ajustement, timidité et sympathie) (Eisenberg, Fabes, Guthrie &
Rieser, 2002). La régulation émotionnelle joue un rôle dans des processus plus complexes
que la simple expression des émotions : elle joue un rôle dans le pourquoi et le comment les
émotions dirigent ou perturbent des processus psychologiques comme l'habileté à
maintenir l'attention, à résoudre des problèmes, et elle contribue à l'établissement
d'interactions et de relations sociales (Cole, Martin & Dennis, 2004). Les résultats de ces
différents travaux de recherche montrent que les habiletés de régulation émotionnelle font
partie intégrante du développement global de l'enfant et qu'elles sont prédictrices de
l'adaptation de l'enfant dans divers contextes, à différentes périodes de son développement.
Pour cette raison, il est pertinent de mieux comprendre les origines et l'évolution de ce
phénomène.
1.1.2. Facteurs contribuant au développement des habiletés de régulation émotionnelle
L'étude du développement de la régulation émotionnelle, comme l'étude de
nombreux autres aspects du développement de l'enfant, s'intéresse aux différences
possibles entre les garçons et les filles dans l'acquisition et l'utilisation des habiletés de
régulation émotionnelle dans différents contextes. Les résultats des études qui ont observé
des différences entre les garçons et les filles en très bas âge en ce qui a trait à la régulation
émotionnelle sont peu constants. Dans la plupart des études, les différences entre garçons et
filles sont inexistantes ou non significatives, mais il semble, par contre, que selon les
procédures utilisées, il est possible d'observer des différences. Selon une étude
observationnelle de nouveau-nés, Brazelton, 1974 conclut que les garçons sourient moins,
démontrent davantage d'irritabilité, de pleurs, de grimaces et de labilité des états
émotionnels. Cette étude observe également que les garçons adoptent moins de
comportements auto-réconfortants que les filles. 11 semblerait également que les filles
soient plus en détresse lorsque les patrons d'interaction sont perturbés, comme, par
exemple, dans la procédure du visage impassible. Une autre étude de Tronick et al. (1999)
observe que les garçons semblent avoir plus de difficulté que les filles à maintenir une
régulation émotionnelle. De plus, cette étude montre que les garçons présentent plus
d'affects négatifs, plus de colère, font plus de grimaces, pleurent davantage et essaient plus
souvent de s'échapper de la chaise sur laquelle ils sont assis pendant l'évaluation que les
filles. En contrepartie, les garçons émettent plus de comportements sociaux, font plus de
références à leur mère, vocalisent plus et montrent plus d'expressions faciales de joie.
Finalement, selon les résultats de cette étude, les filles passent plus de temps à explorer les
objets et montrent plus d'expressions faciales liées à de l'intérêt pendant l'interaction avec
la mère. Les auteurs insistent sur le fait qu'en plus des différences observées entre les
garçons et les filles, il y a beaucoup de variations interindividuelles qui semblent provenir
d'autres sources d'influence que le sexe de l'enfant.
Outre le sexe de l'enfant, la recherche dans ce domaine pointe vers deux sources
majeures qui contribuent à la manière dont l'enfant gère ses émotions dans différents
contextes sociaux. Ces sources sont le tempérament de l'enfant, qui est constitué des
caractéristiques comportementales et émotionnelles perçues comme inhérentes à l'enfant
(Calkins, 1994), et la relation d'attachement, la première relation qui résulte des interactions
parent-enfant au cours des premières années de vie (Cassidy, 1994). La section suivante
définit d'abord ce qu'est le tempérament, puis les résultats des différentes études qui
établissent un lien entre le tempérament et les habiletés de régulation émotionnelle.
1.2. Le tempérament
1.2.1. Définition
Selon la définition de Rothbart et Bâtes (1998), le tempérament désigne les
différences individuelles présentes à la naissance en ce qui concerne la réactivité
émotionnelle, motrice et attentionnelle et les capacités d'autorégulation de l'enfant. Il s'agit
d'une caractéristique propre à l'enfant (Goldsmith, 1996) qui influence divers aspects de
son développement émotionnel, social et cognitif (Lewis et al., 2001). L'une des sphères
qui est le plus souvent affectée par les dispositions tempéramentales de l'enfant est celle de
la régulation émotionnelle dans des contextes sociaux, impliquant des interactions avec la
mère (Rothbart & Bâtes, 1998; Sanslow et al., 2002; van Den Boom & Hoeksma, 1994).
Les prédispositions tempéramentales chez l'enfant peuvent avoir des souches génétiques ou
prénatales (influences dans l'environnement intra-utérin), mais dans les deux cas, ces
souches semblent reposer sur une infrastructure psychobiologique complexe, oeuvrant sur
plusieurs systèmes. Les caractéristiques psychobiologiques les plus souvent étudiées en lien
avec la régulation émotionnelle concernent l'activité cardiaque, le tonus vague (Porges &
Doussard-Roosevelt, 1994), le système neuroendocrinien associé à l'axe impliquant
l'hypothalamus, la glande pituitaire et la glande surrénale (Gunnar & Donzella, 2002), ainsi
que l'activité cérébrale souvent évaluée par résonance magnétique (Gunnar, 1990; Rothbart
étal., 1998).
Cependant, même si l'on reconnaît que la contribution du tempérament au
développement humain réside nécessairement dans la physiologie et la neurologie de
l'enfant, le tempérament est plus souvent étudié sous ses composantes comportementales,
émotionnelles et cognitives. Depuis plus de deux décennies, la recherche sur le
tempérament tente de circonscrire un nombre de facteurs qui reflètent les différentes
dimensions du tempérament. Il existe dans la recherche sur le tempérament une diversité
d'approches théoriques et méthodologiques, mais ces diverses approches se résument à un
certain nombre de facteurs tempéramentaux. Malgré quelques variations liées au nombre de
facteurs et à leur définition, la littérature sur le tempérament est assez constante (Buss et
9
Plomin, 1975; Rothbart, 1981; Rothbart et al., 1998; Sanson, Hemphill & Smart, 2004).
Chez le nourrisson et le jeune enfant, les dimensions cognitives et comportementales du
tempérament portent le plus souvent sur la détresse liée à la peur (qui inclut le retrait et
l'adaptation face à de nouvelles situations), la détresse liée à l'irritabilité sociale (détresse
par rapport aux limites, à la colère et à la frustration), l'affect positif, le niveau d'activité,
l'attention et la rythmicité (Rothbart et al, 1998). Selon les mêmes auteurs, à partir de l'âge
de trois ans, le tempérament se définit par seulement trois grands facteurs. Le premier
facteur englobe les échelles d'approche, d'affect positif, de recherche de sensations et le
niveau d'activité; le deuxième facteur, lié à l'affectivité négative, englobe les échelles de
peur, d'inconfort, de frustration, de colère, de tristesse et d'autoréconfort; le troisième
facteur, lié quant à lui aux dimensions davantage cognitives, englobe la maîtrise de
l'inhibition, le focus attentionnel, le plaisir de faible intensité et la sensibilité perceptuelle.
Ces grandes dimensions temperamentales ont été étudiées par rapport au développement de
la régulation émotionnelle.
1.2.2 Etat de la recherche sur les liens entre le tempérament et la régulation
émotionnelle
La recherche sur le tempérament s'intéresse de plus en plus à l'influence de
certaines caractéristiques temperamentales précoces sur le développement des habiletés de
régulation émotionnelle. Certains auteurs laissent entendre que les différences de régulation
émotionnelle observées chez le nourrisson sont par définition des éléments qui constituent
le tempérament (Rothbart, 1989; Rothbart et Derryberry, 1981) et que, par conséquent, il
existe un chevauchement conceptuel important entre les domaines d'étude que sont le
tempérament et la régulation émotionnelle. Les études récentes proposent plutôt que
l'apparition des stratégies de régulation émotionnelle dépend du degré de précocité des
caractéristiques temperamentales, évaluées tôt dans le développement de l'enfant et liées à
la régulation émotionnelle plus tard dans le développement. La principale question qui
retient l'attention au sujet des liens qui existeraient entre ces deux concepts a trait à la
manière dont le tempérament influence le développement des habiletés de régulation.
10
Plusieurs études montrent des relations linéaires directes entre des dispositions
tempéramentales et le développement des habiletés de régulation émotionnelle. La
réactivité à la frustration semble une caractéristique tempéramentale centrale dans le
développement des habiletés de régulation émotionnelle (Calkins, 1994; Calkins et Fox,
1992; Stifter et Fox, 1990; Stifter & Spinrad, 2002). Les enfants qui semblent naturellement
prédisposés à vivre beaucoup de détresse face à certains événements qui bloquent leurs
actions (évalués tôt dans le développement à 2 ou 3 mois), sont si submergés par leur
réponse émotionnelle et l'activité psychophysiologique qu'elle engendre et dont elle
découle, que l'acquisition d'habiletés de régulation émotionnelle est chez eux entravée.
Une étude de Braungart et Stifter (1995) illustre bien cette hypothèse. Les résultats de leur
étude révèlent que certaines habiletés précoces de régulation émotionnelle, telles que
réorienter son attention, sont efficaces pour diminuer l'activation émotionnelle chez les
enfants qui réagissent peu à la frustration, tandis que les enfants qui réagissent beaucoup
semblent ne pas être capables d'intégrer des habiletés de régulation émotionnelle apportées
par les parents. Cette étude suggère que la détresse chez les nourrissons, causée par une
frustration ponctuelle trop élevée, nuit à l'acquisition de certains comportements adaptatifs
qui normalement aident à gérer la détresse.
Une étude de Calkins, Dedmon, Gill, Lomax & Johnson (2002) montre que des
enfants âgés de 6 mois qui réagissent à la frustration utilisent des stratégies de régulation
émotionnelle différentes; on observe qu'ils sont moins attentifs et plus actifs dans
différentes tâches en laboratoire que les enfants qui réagissent à la frustration. De plus, ces
mêmes enfants sont décrits par leurs parents comme des enfants plus actifs, moins attentifs
et montrant plus de détresse face à la nouveauté. Les résultats de cette étude donnent
également à entendre que les enfants qui réagissent à la frustration semblent moins aptes à
réguler leur réactivité physiologique que les enfants moins réactifs à la frustration.
Enfin, une autre étude de Braungart et Stifter (1996) obtient des résultats qui
appuient ces idées concernant le rôle des caractéristiques tempéramentales dans le
développement de la régulation émotionnelle. Cette étude montre que la réactivité à la
frustration rapportée par les parents à 5 mois est liée à l'utilisation de moins de
Il
comportements régulateurs à 10 mois. Les résultats de ces travaux donnent à penser que
certaines dispositions tempéramentales, particulièrement liées à la détresse, semblent être
des précurseurs importants des habiletés de régulation émotionnelle. Zimmermann &
Stansbury (2003) ont, quant à eux, évalué simultanément de quelle manière certaines
dispositions tempéramentales pouvaient influencer les habiletés de régulation émotionnelle,
observées à l'intérieur de tâches en laboratoire, chez des enfants âgés de trois ans. Les
résultats de l'étude révèlent que les enfants utilisent des stratégies de régulation
émotionnelle différentes selon leur tempérament. Les enfants rapportés comme étant plus
timide par leur mère ont tendance à utiliser des stratégies de régulation émotionnelle
orientées vers les objets et les enfants rapportés par leur mère comme étant plus focusés au
niveau de l'attention auraient plus tendance à utiliser des stratégies de régulation auto-
réconfortantes. Ces résultats suggèrent une certaine stabilité de l'influence du tempérament
sur les habiletés de régulation émotionnelle chez les enfants d'âge préscolaire.
Les différents travaux présentés illustrent l'importance du tempérament sur le
développement des habiletés de régulation émotionnelle. De plus, de par sa nature sociale,
le développement de la régulation émotionnelle est influencé par des processus externes à
l'enfant. La recherche recense de nombreux travaux qui montrent l'importance de la
relation parent-enfant, plus particulièrement l'importance de l'attachement parent-enfant
dans ce développement. La section suivante présente les bases théoriques sur lesquelles
repose le concept d'attachement et par la suite, les études qui montrent l'importance de
cette relation dans le développement des habiletés de la régulation émotionnelle.
1.3. L'attachement
1.3.1 Bases théoriques de l'attachement en bas âge et à l'âge préscolaire
La recherche sur le développement de l'enfant reconnaît l'importance de
l'environnement social pour le développement de l'enfant, et plus particulièrement
l'importance de la première relation de l'enfant avec un donneur de soins principal.
L'attachement parent-enfant, dans la plupart des cas l'attachement mère-enfant, résulte de
12
cette première relation et se construit durant la première année de la vie. L'attachement se
définit habituellement comme un lien émotionnel entre deux individus basé sur l'attente
qu'une des deux personnes de la dyade va prendre soin de l'autre et va le protéger selon ses
besoins (Goldberg, 2000). Selon la théorie de Bowlby (1969), la propension de l'enfant à
rechercher la proximité et à solliciter des comportements réconfortants de la part du
donneur de soins dans une situation perçue comme menaçante, est à la base de la théorie de
l'attachement. Ainsworth, Blehar, Waters & Wall (1978) identifient une autre fonction,
outre celle de protection de la relation d'attachement parent-enfant, soit le recours au
donneur de soins principal comme base sécurisante pour l'exploration de l'environnement.
À mesure que l'enfant évolue et que la relation d'attachement se développe, l'enfant
acquiert des modèles cognitifs internes à partir des expériences quotidiennes avec son
parent (Bowlby, 1969). Le contenu et les attentes de l'enfant qui constituent ces modèles
internes varient selon la sensibilité du parent, c'est-à-dire la rapidité et la qualité des
réponses du parent lorsque l'enfant exprime un besoin ou qu'il est en détresse (Bretherton,
1992; Carlson & Sroufe, 1995).
L'évaluation de l'attachement se fait par l'entremise d'une procédure en laboratoire
qui crée un stress chez l'enfant, appelée « Situation étrangère » et constituée de séparations
et de réunions entre la mère et l'enfant. C'est à partir de l'observation de nombreuses
dyades mère-enfant qu'Ainsworth et ses collègues (1978) observent que les enfants, selon
les réponses du parent, réagissent différemment aux séparations. Trois grandes catégories
d'attachement découlent de ces observations : 1) l'attachement sécurisant 2) l'attachement
insécurisant évitant et 3) l'attachement insécurisant ambivalent.
Une relation sécurisante est caractérisée par de la détresse lors des séparations et
une recherche active de proximité avec le donneur de soins lorsque l'enfant est en détresse
et un retour relativement rapide à l'exploration et au jeu lorsqu'il est réconforté. Une
relation d'attachement sécurisante est marquée par la disponibilité, le soutien, la sensibilité
et l'empathie de la part du donneur de soins (Ainsworth et al. 1978; Goldberg, 2000).
13
Une relation d'attachement insécurisante/évitante est caractérisée par l'exploration
active de l'environnement, peu ou pas de détresse apparente lors des séparations, et très peu
de recherche de proximité de la part de l'enfant au moment des réunions. Les mères
d'enfants évitants semblent être moins sensibles et encourager les comportements
d'indépendance et d'autonomie précoce (Ainsworth et al., 1978; Cassidy, 1994).
Finalement, un enfant dont l'attachement est ambivalent est un enfant qui va
montrer beaucoup de détresse lors des séparations, une recherche très active de proximité
au moment des réunions, tout en affichant des comportements de résistance face au parent
et en éprouvant beaucoup de difficulté à retourner au jeu après les réunions. La recherche
montre que les mères d'enfants ambivalents démontrent moins de sensibilité que les mères
d'enfants qui ont développé un attachement sécurisant, par le fait qu'elles répondent
sélectivement aux besoins et à la détresse de l'enfant.
La relation d'attachement sécurisante est décrite dans la littérature comme une
relation optimale, et les deux autres catégories d'attachement comme des situations peu
idéales pour le développement futur de l'enfant. Les chercheurs rattachent davantage les
deux dernières catégories au risque développemental, plutôt qu'à des problèmes
d'adaptation en soi. Dans une certaine mesure, ces catégories correspondent à une
adaptation de l'enfant aux réponses de sa mère et de son environnement général à ses
signaux, à ses comportements et à ses besoins. Chacune des catégories d'attachement
insécurisant est considérée comme des stratégies qui visent soit à mieux réguler les
émotions dans le cas de relation évitante, soit à maximiser la disponibilité et les réponses
du donneur de soins dans le cas d'une relation ambivalente (DeOliviera, Bailey, Moran, &
Pederson, 2004).
À partir de la troisième année de la vie, la relation d'attachement se modifie et se
complexifie avec le développement de l'enfant. Dans ce contexte, une collaboration se crée
entre le parent et l'enfant pour résoudre des problèmes, c'est alors que la relation
d'attachement se transforme en partenariat à buts corrigés (Bowlby, 1973; Moss, Parent,
14
Gosselin et Dumont, 1993). Les partenariats à buts corrigés sont en fait une évolution de ce
qui est observé dans le cadre de la situation étrangère, soit l'équilibre ou le déséquilibre
entre la recherche de proximité et l'exploration. Pendant l'âge préscolaire, l'enfant est
davantage capable d'adopter la perspective d'autrui, de communiquer ses plans et de
participer à des échanges dans le but d'atteindre un but commun (Moss, St-Laurent &
Humber, 2000). Un partenariat à buts corrigés efficace est caractérisé par une habileté à
négocier verbalement des plans partagés qui peuvent entrer en conflit avec les motivations
de l'enfant (Moss et al., 1993). Dans cette perspective, l'enfant doit avoir acquis des
habiletés de régulation qui vont lui permettre de gérer une activation émotionnelle dans un
contexte d'interaction pour atteindre le but visé.
À l'âge préscolaire, d'autres indices de la qualité de la relation d'attachement sont
pris en compte parce que le registre des comportements d'expression émotionnelle, de
signalement, d'exploration et d'interaction de l'enfant change considérablement. Le
changement le plus important a trait au développement du langage chez l'enfant. À cet
égard, l'analyse du discours prend une signification singulière dans la compréhension de
l'attachement et les autres caractéristiques (proximité, contact physique, manifestations
émotionnelles) vont être interprétées à la lumière des échanges verbaux.
Comme il l'a fait pendant la petite enfance, l'enfant d'âge préscolaire utilise son
parent comme base de sécurité pour organiser son exploration et l'aider dans les contextes
de régulation émotionnelle. La relation d'attachement sécurisante est alors caractérisée par
des interactions réciproques, prévisibles et agréables. Les enfants ayant un attachement
sécurisant montrent beaucoup d'autonomie si le parent est absent et utilisent différents
types de stratégies pour gérer une activation émotionnelle négative crée par le départ du
parent. C'est lorsque le parent revient qu'il est possible d'observer que l'enfant partage
activement les émotions qu'il a vécues et les solutions qu'il a utilisées pour y faire face
(Moss et al., 1997). La sécurité de l'attachement semble également en lien avec certaines
habiletés cognitives et habiletés dans des contextes d'interaction. Les enfants ayant une
relation d'attachement sécurisante montreraient un meilleur jeu symbolique, plus
d'exploration et d'engagement dans le jeu et de meilleures habiletés de négociation avec
15
l'environnement en contexte d'interaction (Moss, Gosselin, Parent, Rousseau & Dumont,
1997). Selon Matas et al., 1978, les dyades sécurisantes sont également caractérisées par
une meilleure compétence de l'enfant dans la résolution de problèmes, une meilleure
persistance dans la tâche, plus d'imagination dans le jeu symbolique, plus d'initiative pour
exécuter un jeu à sa manière, une meilleure réciprocité dans l'interaction et un échange
d'interaction davantage empreint de maturité au niveau cognitif.
En ce qui concerne les relations d'attachement insécurisantes, elles présentent
également des modèles de comportements différents à l'âge préscolaire. Les enfants ayant
une relation d'attachement insécurisante ont tendance à minimiser l'importance de la
relation d'attachement. En contexte d'interaction, ils créent une distance physique et
émotionnelle, en ignorant les approches verbales de la mère (Moss et al., 1997). Selon les
mêmes auteurs, les enfants ayant une relation d'attachement insécurisante ont davantage
tendance à jouer de manière parallèle au lieu d'interagir avec leur parent. Ces enfants
montrent beaucoup d'autonomie, mais ne partagent pas leur expérience émotionnelle. Une
étude de Berlin et Cassidy (2003), avec un échantillon d'enfants d'âge préscolaire, montre
que les enfants évitants limitent l'expression de leur émotions, autant positives que
négatives. Au niveau cognitif, ce type d'enfant montre moins de motivation et est moins
orienté vers un but dans une situation de jeu, et montre moins d'activité métacognitive
(Moss et al, 1993).
Les enfants ayant une relation d'attachement ambivalente semblent présenter deux
patrons de comportements d'attachement. Le premier se caractérise davantage par la
résistance et l'opposition. Le deuxième se manifeste par un manque excessif de maturité et
un manque d'autonomie, et on observe alors beaucoup de passivité dans le jeu de l'enfant
(Moss et al., 1997). Il est à noter que les modèles de comportements des enfants
ambivalents sont plus difficiles à cerner et que les données empiriques à ce sujet sont peu
concluantes.
16
II est important de mentionner ici que la littérature a déjà critiqué le caractère
artificiel de la situation étrangère. C'est en réponse à cette lacune que Waters (Waters &
Deane, 1985; Waters, 1995) a élaboré le « tri de cartes de comportements d'attachement »
qui vise à évaluer la sécurité d'attachement par des observations en milieu naturel. La
plupart des études de validation de la situation étrangère et portant sur l'association entre
l'attachement et le développement de la régulation émotionnelle établissent des liens qui
ont principalement trait à la distinction entre les enfants sécures et insécures. C'est pour
cette raison que le choix du « tri de cartes d'attachement » est tout à fait indiqué dans le
cadre de cette étude, puisque cette mesure donne un score continu de sécurité, permettant
de qualifier le degré de sécurité chez tous les enfants.
1.3.2 Etat de la recherche sur le lien entre la régulation émotionnelle et l'attachement
Les liens établis entre les concepts de régulation émotionnelle et d'attachement
montrent que les deux processus s'influencent l'un l'autre. Plusieurs auteurs s'entendent
pour dire que la régulation émotionnelle serait un mécanisme à travers lequel la sécurité
d'attachement affecterait le développement social futur (Kochanska, 2001; Cassidy, 1994;
Berlin et Cassidy, 2003). De nombreuses études montrent un lien entre la sécurité
d'attachement et diverses facettes de la régulation émotionnelle. Par exemple, des études
observent ces liens dans une perspective de socialisation parentale, c'est-à-dire la manière
dont la relation d'attachement influence le développement des capacités d'expression et de
régulation émotionnelle (Berlin et Cassidy, 2003; Diener, Mangelsdorf, McHale et Frosch,
2002). Dans cette optique, les réponses du donneur de soins principal, la mère la plupart du
temps, offrent à l'enfant une base sécurisante ou non pour le développement de ses
habiletés de régulation émotionnelle. Les éléments les plus importants de cette base sont les
capacités du parent à détecter et à interpréter les différents affects de l'enfant en accord
avec les différentes attentes culturelles de l'environnement, et à y répondre. Donc
conceptuellement, le développement de la sécurité d'attachement est associé à l'élaboration
de la régulation émotionnelle, car dans une certaine mesure, la sécurité se définit par la
régulation émotionnelle de l'enfant dans des circonstances alarmantes. Selon les bases
17
théoriques de l'attachement présentées précédemment, le but principal de l'enfant est de
maintenir une proximité avec sa figure d'attachement lorsqu'il se sent en danger, lorsqu'il
vit des émotions négatives.
Il est également pertinent de présenter les résultats de l'étude de Braungart-Rieker,
Garwood, Powers & Wang, (2001), qui démontrent que les capacités de régulation d'affect
observées à 4 mois, prédisent la classification d'attachement à 12 mois. Cette étude donne à
penser que la régulation émotionnelle fait partie de la sécurité d'attachement, tant dans son
élaboration que dans son développement. En général, l'enfant ayant une relation
d'attachement sécurisante développe l'attente que son parent va répondre aux signaux
émotionnels qu'il émet, tandis que l'enfant qui vit une relation insécurisante développe
l'attente que ces signaux seront ignorés ou répondus sélectivement. Selon Braungart-Rieker
et al., 2001, les réactions des enfants diffèrent dans une situation potentiellement
menaçante, telle que la situation étrangère, selon le degré de détresse éprouvé et la sécurité
d'attachement.
Par contre, cette manière d'aborder les liens entre les habiletés de régulation
émotionnelle et la sécurité d'attachement n'est pas abordée dans le cadre du présent projet.
En qui a trait aux différences individuelles, la littérature montre que les enfants
diffèrent dans leur développement émotionnel, tant au niveau de l'expression des émotions
que dans la régulation de celles-ci, selon leur classification d'attachement. Les résultats
d'une étude longitudinale de Kochanska (2001) révèlent qu'à 33 mois, les enfants ayant un
attachement sécurisant montrent moins de colère dans une situation frustrante que les
enfants ayant une relation insécurisante. De plus, selon la même étude, les enfants ayant
une relation d'attachement insécurisante montrent un taux plus élevé d'émotions négatives
(colère, peur) et moins d'affects positifs (joie) dans différentes procédures provoquant ces
émotions, que les enfants ayant un attachement sécurisant. Il est donc possible de penser
que la sécurité d'attachement favorise le développement des habiletés de régulation
émotionnelle. Selon Goldberg (2000), les modèles cognitifs internes liés à l'attachement
18
comprennent l'attente de la part de l'enfant que le parent va répondre efficacement aux
signaux de détresse, ce qui va mener à une recherche active de proximité auprès du parent.
Dans le contexte où le parent offre une base sécurisante, cette stratégie est tout à fait
appropriée, tandis que lorsque les modèles cognitifs de l'enfant sont basés sur l'attente que
le parent va répondre de manière sélective, l'enfant doit adopter d'autres stratégies que la
recherche de proximité pour réguler sa détresse. Dans le cadre de procédures qui suscitent
des réactions émotionnelles en contexte d'interaction avec le parent, les enfants ayant un
attachement sécurisant expriment davantage leur besoin de protection directement et
franchement, les enfants ayant un attachement évitant limitent l'expression leurs besoins
liés à un besoin de réconfort, et les enfants ayant un attachement ambivalent ont tendance à
exagérer leurs comportements visant à obtenir du réconfort (Goldberg, 2000).
Un autre champ d'étude en psychologie s'intéresse aux bases biologiques de
certaines caractéristiques de la régulation émotionnelle et le rôle médiateur que pourrait
jouer la classification d'attachement dans le développement de ces habiletés. Des études ont
démontré que les réponses psychobiologiques aux événements potentiellement menaçants
et stressants se diviseraient en deux grands facteurs. Le premier a trait aux efforts déployés
par l'enfant et associés à la vigilance, à l'attention, à l'engagement, à l'activité
catécholaminique et aux mesures cardiaques. Le deuxième est un facteur de détresse
associé à un niveau d'émotion élevé, lié au besoin de support, à la perte de contrôle, à la
peur et à l'anxiété. Ce deuxième facteur est associé à la hausse de l'activité du système
HPA (hypothalamo-hypophyso-corticosurrénal) qui sécrète une hormone associée au
stress : le cortisol. Les études sur les systèmes HPA ont montré que la disponibilité des
ressources de l'enfant pour faire face à des situations menaçantes ou stressantes joue un
rôle majeur dans la manière dont l'enfant va percevoir le niveau de stress de cette situation,
ce qui peut stimuler l'élévation de cortisol au-delà du niveau de base. Selon une étude de
Gunnar (1992), la présence d'un parent qui fournit une base sécurisante à son enfant en
situation de stress, prévient l'élévation de cortisol au moment d'une séparation. Les
résultats d'une étude de Gunnar, Mangelsdorf, Parsitz & Buss, 1996, démontrent que les
enfants ayant un attachement sécurisant possèdent de meilleures stratégies pour faire face à
des situations stressantes, comparativement aux enfants qui ont un attachement
insécurisant. Les résultats de cette étude sont particulièrement intéressants dans le sens où
ils suggèrent qu'en présence d'un attachement sécurisant, des aspects biologiques en lien
avec la régulation émotionnelle se manifestent de manière différente qu'en présence d'un
attachement insécurisant, ce qui donne à penser que l'attachement jouerait sur
l'infrastructure de la régulation émotionnelle. Par le fait même, ces résultats montrent que
l'environnement joue un rôle déterminant dans le développement de l'enfant et que la
relation d'attachement semble être un aspect crucial du développement des habiletés de
régulation émotionnelle.
En résumé, la recherche dans le domaine de la régulation émotionnelle détermine
deux grandes sources d'influence dans le développement des habiletés de régulation. Dans
un premier temps, les recherches semblent s'entendre sur le fait qu'un tempérament
difficile mesuré en bas âge, lié à la susceptibilité à la détresse et aux manifestations de
colère, est en lien avec davantage de difficulté de régulation émotionnelle plus tard dans le
développement. Dans un deuxième temps, la relation d'attachement entre le parent et
l'enfant semble également jouer un rôle déterminant dans le développement de la régulation
émotionnelle. Plusieurs études montrent que la sécurité d'attachement crée un contexte
favorable à l'acquisition d'habiletés de régulation, tandis que l'insécurité d'attachement
serait associée à des difficultés à gérer et à réguler les émotions dans des contextes
provoquant de la détresse ou de la frustration. De plus, d'autres études montrent qu'en
présence d'un tempérament difficile, une relation d'attachement sécurisante peut agir
comme facteur de protection relativement aux indicateurs physiologiques de régulation des
émotions.
1.4. Limites des études dans le domaine de la régulation émotionnelle
II est important de signaler ici que les études dans le domaine du développement de
la régulation émotionnelle présentent différentes limites qui empêchent de déterminer
clairement les origines et trajectoires de développement des habiletés de régulation
émotionnelle. Premièrement, les études n'utilisent pas toujours des devis longitudinaux.
20
Souvent, les études sont transversales (e.g. Calkin et al., 2002; Nachmias et al, 1996;
Zimmermann & Stansbury, 2004), ce qui a pour effet de confondre les contributions de
l'attachement et du tempérament avec le phénomène de la régulation émotionnelle. De plus,
dans un devis transversal, il est difficile de tirer des conclusions sur les influences des
événements précoces par opposition aux événements concurrents. Si l'attachement est
associé à une régulation émotionnelle favorable, il est difficile de ne pas émettre
l'hypothèse que la régulation émotionnelle positive contribue favorablement à la sécurité de
l'attachement. Il est donc primordial d'aborder ces questions sous un angle longitudinal qui
permet de distinguer les contributions des diverses variables dans le temps. Deuxièmement,
comme il a été dit ci-dessus, le développement de la régulation émotionnelle semble être
influencé tant par des caractéristiques propres à l'enfant que par la qualité de la relation
entre le parent et l'enfant. Or, il est étonnant de constater que nombreuses études ne
considèrent qu'une seule de ces dimensions dans l'élaboration de la régulation
émotionnelle. Il est alors plus difficile de départager la part d'influence de ces deux
dimensions. Finalement, la majorité des études qui évaluent la régulation émotionnelle
utilisent des procédures « non sociales », qui font abstraction du fait que les habiletés de
régulation émotionnelle se manifestent le plus souvent en contexte social. Il est clair que les
contextes non sociaux (ex., tâche de seuil de frustration) permettent de structurer le
contexte d'observation et donnent une validité méthodologique plus solide que d'autres
contextes. Cependant, il est aussi évident qu'ils reproduisent des événements qui ne font
pas partie de l'expérience quotidienne de l'enfant et, par conséquent, peuvent être remis en
question sur le plan de la validité écologique. Dans cette perspective, il serait peut-être
pertinent d'examiner la régulation émotionnelle dans l'interaction sociale qui donne le
contexte de son développement.
1.5. Objectifs et hypothèses
L'objectif principal du présent mémoire est d'identifier les déterminants du
développement des habiletés de régulation émotionnelle observées chez des enfants d'âge
préscolaire et ce, dans le contexte d'un devis de recherche longitudinal. Cette étude est
21
particulièrement pertinente dans le sens où elle tient compte de limites importantes
dénotées dans la section précédente. Premièrement, les habiletés de régulation émotionnelle
sont évaluées dans un contexte observationnel, et deuxièmement, l'étude comprend un
groupe de dyades à haut risque sur le plan psychosocial, soit des mères qui étaient
adolescentes à la naissance de leur enfant. Cette clientèle est choisie afin de permettre une
plus grande variation dans les manifestations d'attachement insécurisant et de difficultés
liées au développement émotionnel chez les enfants. Les difficultés des enfants de mères
adolescentes à ces égards ont été régulièrement documentées (Spieker et al., 2001;
Tarabulsy et al, 2005).
De manière plus précise, il est prévu que les deux classes de facteurs (tempérament
et attachement) seront associées à la régulation émotionnelle durant la période préscolaire.
Sur la base des études antérieures, nous anticipons que :
1) les caractéristiques tempéramentales de l'enfant associées aux manifestations
d'affect négatif (colère et crainte) et évaluées durant la période de la petite enfance seront
directement associées aux dimensions de la régulation émotionnelle liées à la gestion de la
détresse observée durant la période préscolaire.
2) Ces mêmes caractéristiques tempéramentales de l'enfant associées aux
manifestations d'affect négatif seront inversement associées aux dimensions de la
régulation émotionnelle liées aux manifestations d'émotions positives durant la période
préscolaire.
3) La sécurité d'attachement évaluée pendant la période de la petite enfance
sera inversement associée aux dimensions de la régulation émotionnelle liées à la gestion
de la détresse.
22
4) La sécurité d'attachement sera directement associée aux dimensions de la
régulation émotionnelle liées aux manifestations d'émotions positives durant la période
préscolaire.
5) La sécurité d'attachement jouera un rôle de variable modératrice dans une
relation possible entre le tempérament et le développement des habiletés de régulation
émotionnelle. Par exemple, dans le cas d'un tempérament difficile en bas âge, un
attachement sécurisant favorisera l'acquisition d'habiletés de régulation émotionnelle
adéquates.
6) Des différences seront observées dans la manifestation des habiletés de
régulation émotionnelle selon le sexe de l'enfant. Vue l'inconstance des résultats de
recherche en matière de différences entre les sexes dans le domaine de la régulation
émotionnelle, la nature de ces différences n'est pas précisée.
2. Méthode
2.1 Participants
Soixante-sept dyades mère-enfant ont été sélectionnées, tirées d'un plus grand
échantillon de quatre-vingt-neuf dyades de l'étude longitudinale menée par Tarabulsy &
Provost (1996) portant sur le développement social, émotionnel et cognitif des enfants de
mères adolescentes. L'échantillon de la présente étude n'est pas composé des quatre-vingt-
neuf dyades originales pour trois raisons : soit que les dyades n'ont pas participé à cette
étape de l'étude, soit que les règles de passation de la procédure n'ont pas été respectées ou
que la procédure a dû être arrêtée parce que l'enfant était trop en détresse, ce qui a empêché
la codification. Dans cette étude, des évaluations ont été réalisées lorsque les enfants étaient
âgés de 6, 10, 15, 18 et 36 mois. Dans la présente étude, les mesures de tempérament et
d'attachement proviennent des évaluations réalisées à 15 et à 18 mois, et la régulation
23
émotionnelle chez les enfants est évaluée à 36 mois. Les participants de l'étude
longitudinale de Tarabulsy & Provost (1996) ont été recrutés sur une base volontaire par
l'entremise de la collaboration du CLSC et du département de maternité du Centre
hospitalier régional de la ville de Trois-Rivières.
Les enfants qui ont participé à cette étude longitudinale ont été choisis sur la base
des critères d'inclusion suivants : absence d'anomalies physiques et de complications
périnatales, naissance ayant lieu après 38 et 42 semaines de grossesse, naissance à terme et
poids supérieur à 2500 grammes.
Dans le but de mesurer le rôle joué par un contexte de risque psychosocial dans le
développement de l'enfant, deux groupes de mères ont été formés : un groupe de mères
adolescentes, n = 46 (groupe à haut risque sur le plan social) et un groupe de mères adultes,
n = 21 (groupe à faible risque sur le plan social). La moyenne d'âge des mères adolescentes
est égale à 18,3 ans avec un écart type de 1,48. La moyenne d'âge des mères adultes est
égale à 29 ans, avec un écart type de 4,6. Le nombre moyen d'années de scolarité pour les
mères adolescentes est égal à 9,9 avec un écart type de 1,70, et pour les mères adultes, il
égale 14,5 avec un écart type de 3,5. Le revenu familial moyen des mères adolescentes est
inférieur à 15 000 $ par année, tandis que le revenu familial moyen des mères adultes est
supérieur à 45 000 $ par année. Il n'y a pas de différences statistiques entre les mères pour
qui les données sont présentement rapportées et les 27 mères qui n'ont pas participé au
moment du troisième anniversaire de leur enfant en ce qui a trait au revenu familial, à la
scolarité paternelle ou maternelle, ou au statut conjugal des parents.
Insérer le Tableau 1 ici
24
2.2 Instruments de mesure
2.2.1. Évaluation du tempérament de l'enfant : version française du « Toddler Behavior
Assesment Questionnaire (TBAQ) » (Goldsmith, 1996)
Le TBAQ est un questionnaire auto-administré composé de 108 items qui portent
sur différentes dimensions du tempérament de l'enfant âgé entre 1 et 4 ans. Les cinq sous-
échelles du questionnaire évaluent le niveau d'activité, le plaisir, la crainte sociale, la colère
et l'intérêt/attention soutenue. Pour chaque item, le parent doit répondre à quelle fréquence
le comportement a été observé chez son enfant dans le dernier mois. Dans son ensemble, le
TBAQ présente une bonne validité convergente et discriminante et des corrélations test-
retest élevées.
Dans la présente étude, nous analysons uniquement les aspects du tempérament qui
comprennent une dimension d'affect négatif, soit la disposition à la colère et la tendance à
manifester de la crainte dans des contextes sociaux. Ces deux sous-échelles reflètent
davantage les construits étudiés dans la recherche sur la régulation émotionnelle.
Comme pour l'attachement, les données pour les deux dimensions tempéramentales
proviennent de moyennes des rapports maternels obtenus à 15 et à 18 mois. Les scores
moyens de dispositions à la colère pour ces deux temps sont de 4,03 (é.t.=0,92) et de 3,98
(é.t.=0,89) respectivement. La corrélation entre ces deux temps de mesure pour cette
échelle est de 0,50 (p<0,05). En de qui concerne la variable « crainte sociale », les scores
moyens sont de 3,61 (é.t.=0,88) et de 3,66 (é.t.=0,91) à 15 et à 18 mois, et la corrélation
entre les deux temps est de 0,69 (p<0,05). Pour les deux échelles, les alpha de Cronbach de
consistance interne varient entre 0,74 (colère à 15 mois) et 0,87 (crainte sociale à 18 mois).
25
2.2.2. Evaluation de l'attachement : Le O-Sort d'attachement CWater. 1995)
Le tri de cartes des comportements d'attachement contient 90 items visant à évaluer
l'attachement mère-enfant par observation en milieu naturel d'enfants âgés entre 12 et
48 mois. Les différents items de cet instrument portent sur la recherche de proximité, les
manifestations affectives, la capacité de l'enfant d'engager des interactions avec son parent,
la capacité de l'enfant d'avoir des échanges affectifs avec son parent et d'écouter des
consignes du parent. Les observateurs doivent déterminer si les différents items sont
typiques ou atypiques par rapport aux comportements observés chez l'enfant. Le score de
sécurité d'attachement attribué à l'enfant est déterminé par une corrélation entre le score
qu'obtient l'enfant et un score critère pour chaque item. Plusieurs études ont démontré la
validité de construit et prédictive de la mesure d'attachement par le tri de cartes
d'attachement, ainsi que la fidélité test-retest de l'instrument (Tarabulsy, Avgoustis,
Philips, Pederson & Moran, 1997; Van IJzendoorn et al., 2004; Vaughn & Waters, 1990).
Les scores d'accord inter-juges pour cette étude sont de r = 0,88 pour 15 dyades. Dans le
cas de cette étude, l'évaluation de l'attachement à 15 et à 18 mois est prise en compte. Un
score sommaire reflétant la moyenne des deux observations est considéré dans les analyses.
À 15 et à 18 mois, les scores moyens de sécurité sont respectivement de 0,18 (é.t.=0,28) et
de 0,21 (é.t.=0,32). La corrélation entre les deux temps de mesure de la sécurité de
l'attachement est de 0,50 (p<0,001).
2.2.3. Évaluation de la régulation émotionnelle : Procédure du visage impassible (Tronick
et al. 1978; E.Z. Tronick, communication personnelle avec G.M. Tarabulsv. avril, 1999*)
Afin de provoquer une situation sociale créant un défi d'adaptation en lien avec la
régulation émotionnelle, nous avons élaboré une adaptation d'une procédure utilisée durant
la première année de la vie, soit la procédure du visage impassible (Tronick et al., 1978).
Lorsqu'elle est administrée durant la première année de la vie, cette procédure comporte
26
trois phases de durées pouvant varier d'une étude à l'autre, de 1 minute à 3 minutes : 1)
dans la première phase, la mère a comme consigne de jouer normalement avec son enfant
en interaction face à face; 2) dans la seconde phase, la mère a pour consigne d'adopter un
visage impassible et de cesser de répondre aux tentatives d'interaction de l'enfant; 3) dans
la troisième phase, la mère a pour consigne de recommencer à jouer normalement avec son
enfant. Chez les bébés d'un an ou moins, cette procédure crée un contexte dans lequel
l'enfant doit réguler un état désagréable, créé par la violence des contingences interactives
de la mère (le parent) dans la seconde phase. Cette capacité de gérer les états négatifs chez
l'enfant a, dans plusieurs études, été associée aux processus liés au développement de
l'attachement (Braungart et al., 2001; Tarabulsy et al., 2003).
Après des communications avec le concepteur de cette procédure (Edward Z.
Tronick, communication personnelle avec George M. Tarabulsy, avril 1999), celle-ci a été
adaptée afin de permettre de créer un défi de régulation émotionnelle durant la période
préscolaire. Les modifications apportées à la procédure concernent seulement le contexte
précis de l'interaction entre le parent et l'enfant.
Durant la première année de vie, la procédure implique des interactions face à face
entre le parent et l'enfant. Les interactions face à face donnent un contexte dans lequel des
interactions significatives peuvent être observées avec des enfants de cet âge. Pendant la
période préscolaire et selon les travaux de plusieurs chercheurs (Cole et al., 2004; Matas et
al.; 1978; Moss et al, 1993; 1998), les interactions significatives parent-enfant à l'âge
préscolaire peuvent être observées dans un contexte de résolution de problème (voir
Lafrenière & Dumas, 1992). Ce contexte d'interaction réfère aussi à la notion de
« partenariat à buts corrigés » auquel font référence les chercheurs du domaine de
l'attachement (Moss et al., 1998). Le parent et l'enfant travaillent ensemble afin de
résoudre un problème précis, et un arrêt imprévu de cette interaction de la part du parent
nécessite une adaptation de la part de l'enfant. Dans la présente étude, l'interaction se
déroule autour d'un casse-tête choisi comme étant trop difficile pour un enfant de 36 mois
afin de stimuler la collaboration avec le parent. La première phase dure une minute, la
deuxième phase deux minutes, et la troisième, une minute. Il est important de noter ici que
27
comme dans le cas de la procédure du visage impassible administrée chez les nouveau-nés,
lorsque les enfants montrent un niveau de détresse élevé (lorsque l'enfant pleure pendant
plus de 20 secondes), la phase 2 et/ou 3 est interrompue.
Pour comprendre et analyser les réactions des enfants de trois ans dans le cadre de
cette procédure, une grille de codification a été élaborée. Cette grille de codification a été
inspirée de deux sources précises, soit une grille préliminaire mise au point par Tronick et
ses collaborateurs (2000) spécifiquement pour cette procédure chez des enfants de 36 mois,
et une grille du partenariat à buts corrigés, rapportée par Moss et al., (2000). Durant
l'élaboration de la grille de codification, 11 comportements de l'enfant ont été jugés
pertinents. Ces comportements sont les suivants : l'autonomie démontrée par l'enfant, le
focus de l'enfant sur la tâche, l'efficacité de l'enfant dans la tâche, l'intérêt de l'enfant
envers la tâche, la collaboration entre la mère et l'enfant (mesurée dans les phases 1 et 3),
les pleurs de l'enfant, l'anxiété exprimée par l'enfant, la résistance, l'opposition et
l'évitement démontrés par l'enfant envers son parent, les cris de l'enfant et la colère
exprimée par l'enfant. Chaque comportement ou émotion de l'enfant est codifiée par
tranche de 30 secondes. Certaines échelles sont codifiées en termes d'intensité (sur une
échelle de 1 à 7), d'autres échelles sont codifiées en termes d'occurrence de
comportements, et d'autres échelles sont codifiées en termes d'intensité et d'occurrence.
Certaines échelles seront ignorées dans le cadre des analyses de la présente étude
pour deux raisons : soit parce que les accords inter-juges sont jugés insuffisants (r<0,70),
soit parce que les comportements ont été observés dans moins de 3 % des dyades. Les
échelles qui ne respectent pas le critère d'accord inter-juges sont les suivantes : les échelles
évaluant les plaintes, l'irritation et l'irritation exprimées par l'enfant; l'échelle de
comportement confus; l'échelle visant à compter le nombre de fois que l'enfant détourne
son regard de sa mère pendant la procédure; l'échelle visant à dénombrer les
comportements auto-réconfortants de l'enfant et à en déterminer l'intensité; et finalement,
l'échelle visant à compter le nombre de fois où l'enfant touche et/ou fait une caresse à sa
mère pendant la procédure. Les échelles ignorées parce que le comportement n'a pas eu
lieu ou a eu lieu très rarement par l'ensemble de l'échantillon sont : l'échelle visant à
28
compter le nombre de fois où l'enfant demande de quitter le jeu, frappe sa mère, lance un
jouet, fait un câlin à sa mère, embrasse sa mère; et finalement, l'échelle visant à identifier la
présence de renversement de rôle (voir Tableau 2).
Insérer Tableau 2 ici
Les 11 catégories de comportements et d'affects qui ont été conservées dans la grille
ont par la suite été divisées en deux sous-catégories : les affects positifs et les
comportements comportant un degré d'orientation vers la tâche (autonomie, intérêt, focus
sur la tâche, efficacité dans la tâche, et collaboration mère-enfant), et les émotions
négatives (pleurs de l'enfant, anxiété, résistance et opposition, évitement, cris et colère).
Afin de réduire le nombre total de comportements pouvant être analysés, ces catégories de
comportements ont été soumises à des analyses de composantes principales avec rotation
varimax pour chacune des phases de la procédure. Donc, pour chacune des phases, une
analyse de composante principale a été effectuée pour les comportements positifs et pour
les comportements négatifs.
Les analyses de composantes principales révèlent que les comportements observés
dans la procédure du visage impassible se divisent en deux facteurs : 1) les comportements
positifs et orientés vers la tâche et 2) les comportements de détresse et liés à des affects
négatifs.
Le premier facteur est constitué des sous-échelles d'autonomie, de collaboration, de
focus sur la tâche, d'intérêt de l'enfant envers la tâche et de l'efficacité de l'enfant dans la
tâche. Ce facteur de comportements positifs garde la même structure factorielle et est
représenté dans les trois phases de la procédure. Les analyses de composantes principales
montrent que toutes les sous-échelles de ce facteur obtiennent un coefficient de saturation
supérieur à 0,40 (voir Tableau 3). Il est noter que la sous-échelle de collaboration n'est pas
présente dans la deuxième phase de la procédure parce qu'elle est codifiée seulement
lorsque la mère et l'enfant sont en interaction.
29
Insérer Tableau 3 ici
Le deuxième facteur, composé des comportements de détresse et d'affects négatifs,
ne garde pas la même structure factorielle selon les trois phases de la procédure (voir
Tableau 4). Dans la phase 1, deux facteurs émergent des analyses. Le premier facteur
négatif est un facteur de détresse et est composé des sous-échelles de cris, de colère et de
résistance/opposition. Le deuxième facteur négatif de la phase 1 de la procédure est un
facteur d'anxiété, composé des sous-échelles de pleurs, d'anxiété et d'évitement. Les
analyses factorielles de la deuxième phase de la procédure révèlent l'émergence d'un seul
facteur de détresse composé des sous-échelles de pleurs, de cris, de colère et d'anxiété.
Finalement, les analyses de la phase 3 de la procédure montrent une structure semblable à
celle de la phase 1. Le premier facteur est toujours un facteur de détresse composé de sous-
échelles de résistance/opposition, d'évitement, de cris et de colère. Le deuxième facteur est
également un facteur d'anxiété et est composé de sous-échelles de pleurs et d'anxiété.
L'ensemble des sous-échelles, et ce, dans les trois phases de procédure, obtient des
coefficients de saturation supérieurs à 0,40 (voir Tableau 4). Il est à noter ici que les sous-
échelles de résistance/opposition et d'évitement ne sont pas présentes dans la phase 2, parce
que ces sous-échelles sont codifiées seulement lorsque la mère et l'enfant sont en
interaction.
Insérer Tableau 4 ici
3. Résultats
La présentation des résultats de la présente étude est présentée en deux sections. La
première section est consacrée à la description des scores moyens obtenus pour l'ensemble
30
de l'échantillon aux différentes sous-échelles, selon les phases de la procédure. Cette
section permet de constater les variations des affects positifs et négatifs lorsqu'une
interaction parent-enfant, dans le cas de cette étude mère-enfant, est perturbée à l'âge
préscolaire. Dans une certaine mesure, cette première série d'analyses nous permet de
déterminer si la procédure est efficace à perturber l'enfant suffisamment pour produire des
changements notables dans ses réponses émotionnelles. Il s'agit donc d'une étape de
validation de la procédure du visage impassible telle que nous l'avons adaptée pour les
enfants de 36 mois.
La deuxième section contient les résultats concernant les liens entre la régulation
émotionnelle mesurée à l'âge préscolaire, le tempérament mesuré à 15 et à 18 mois, et
l'attachement également mesuré à 15 et à 18 mois.
3.1. Variations des 11 sous-échelles selon la phase de la procédure
Les données descriptives révèlent que les sous-échelles d'affects positifs varient de
manière semblable à travers les trois phases de la procédure, sauf dans le cas de la sous-
échelle de collaboration entre le parent et l'enfant face à la tâche qui est seulement codifiée
dans les phases 1 et 3 de la procédure. La procédure est d'une durée totale de 4 minutes et
est codifiée en tranches de trente secondes. Les 11 sous-échelles sont codifiées en termes
d'intensité sur une échelle de 1 à 7. Les phases 1 et 3 ont respectivement une durée d'une
minute, donc le score minimum est de deux et le score maximum est de quatorze. La
phase 2, pour laquelle la durée est de deux minutes, a un score minimum de 3 et un score
maximum de 21.
Les résultats montrent que les scores moyens des sous-échelles d'autonomie, de
focus de l'enfant sur la tâche, de l'efficacité de l'enfant dans la tâche et de l'intérêt de
l'enfant envers la tâche, ont un niveau moyen pendant la phase 1 de la procédure,
augmentent pendant la deuxième phase et reviennent sensiblement au même niveau dans la
troisième phase de la procédure (voir Figure 1). En ce qui concerne la sous-échelle de
31
collaboration entre la mère et l'enfant, les scores moyens restent stables dans les phases 1
et 3.
Insérer Figure 1 ici
En ce qui concerne les sous-échelles d'affects négatifs, les variations des scores
moyens sont semblables à celles des affects positifs. Les données révèlent que dans la
première phase, les sous-échelles étant reliées à de l'affect négatif, soit les pleurs de
l'enfant, l'anxiété démontrée par l'enfant, la résistance, l'opposition et l'évitement
démontrée par l'enfant envers son parent, les cris émis par l'enfant et la colère démontrée
par l'enfant sont à un niveau très faible. Dans la deuxième phase, les scores moyens de
toutes les échelles augmentent et dans la troisième, les scores moyens reviennent au même
niveau que dans la première phase de la procédure (voir Figure 2).
Insérer Figure 2 ici
3.2. Liens entre la régulation émotionnelle mesurée à 36 mois et les scores moyens de
tempérament mesuré à 15 et 18 mois
Insérer Tableau 5 ici
3.2.1. Liens entre les facteurs de régulation émotionnelle et le tempérament, selon les trois
phases de la procédure
Dans la première phase de la procédure, le facteur positif de régulation émotionnelle
est marginalement en lien (p < 0,10) avec l'échelle de crainte sociale de tempérament
(r=0,21). Ce résultat signifie que plus la mère rapporte que l'enfant démontrait de la crainte
sociale à 15 et à 18 mois, plus il obtient un score élevé aux sous-échelles du facteur
32
d'affects et de comportements positifs à 36 mois. Les facteurs de détresse et d'anxiété sont
tous deux marginalement en lien avec l'échelle de crainte sociale de tempérament (r = -0,20
et r = -0,22). Ces résultats signifient que plus la mère rapporte de la crainte sociale lorsque
son enfant était âgé de 15 et de 18 mois, moins celui-ci exprime de l'affect négatif dans la
première phase de la procédure.
Dans la deuxième phase de la procédure, les résultats révèlent un lien
marginalement significatif entre le facteur positif et l'échelle de crainte sociale de
tempérament (r = 0,24), ce qui signifie que plus la mère rapporte que l'enfant exprimait de
la crainte sociale à 15 et à 18 mois, plus l'enfant démontre de l'affect et des comportements
positifs pendant la deuxième phase de la procédure.
Dans la troisième phase de la procédure, les résultats révèlent que le facteur positif
est marginalement en lien avec les échelles de colère et de crainte sociale de tempérament
(r = 0,24 et r = 0,22). Ces résultats suggèrent que plus les mères rapportent que les enfants
exprimaient de la colère et de la crainte sociale à 15 et à 18 mois, plus les enfants
obtiennent des scores élevés aux sous-échelles d'affects et de comportements positifs au
retour au jeu. En ce qui concerne les facteurs d'affects et de comportements négatifs, le
premier facteur est marginalement en lien avec l'échelle de colère de tempérament
(r = -0,23), mais pas en lien avec l'échelle de crainte sociale et le deuxième facteur est
marginalement en lien avec l'échelle de crainte sociale (r = -0,24), mais pas
significativement en lien avec l'échelle de colère. Le premier lien suggère que moins les
mères rapportent que les enfants exprimaient de la colère à 15 et à 18 mois, plus les enfants
obtiennent des scores élevés aux sous-échelles de résistance, d'évitement, de cris et de
colère dans la troisième phase de la procédure. Les résultats concernant le lien entre le
deuxième facteur donnent à penser que moins la mère rapporte de crainte sociale chez
l'enfant à 15 et à 18 mois, plus l'enfant obtient des scores élevés aux sous-échelles de
pleurs et d'anxiété pendant la troisième phase de la procédure.
3.2.2. Liens entre les facteurs de régulation émotionnelle et l'attachement, selon les trois
phases de la procédure
Les analyses révèlent seulement un lien significatif entre l'attachement mesuré à 15
et à 18 mois, et les facteurs de régulation émotionnelle observés à 36 mois. Les résultats
suggèrent que seul le facteur positif de régulation émotionnelle est significativement en lien
avec la sécurité d'attachement et ce, seulement dans la première phase de la procédure. Ce
résultat signifie que les enfants ayant un attachement sécurisant montrent davantage
d'affects et de comportements positifs pendant la première phase d'interaction de la
procédure.
Des corrélations ont également été faites pour vérifier s'il y avait présence de
différences dans la manifestation des facteurs de comportements positifs et négatifs dans
les trois phases de la procédure entre les garçons et les filles. Aucun résultat significatif n'a
été constaté à cet effet.
Suite aux corrélations présentées précédemment, des analyses de régressions
linéaires multiples ont été faites pour confirmer les hypothèses de l'étude. Huit analyses de
régressions ont été effectuées, une pour chaque facteur de comportements et ce, pour les
trois phases de la procédure. Trois variables prédictrices ont été intégrées dans l'équation
de régression : l'échelle de colère du TBAQ, l'échelle de crainte sociale du TBAQ, et la
sécurité d'attachement mesurée par le TCCA. Les analyses de régressions linéaires
multiples sont résumées dans le Tableau 7. Seul le modèle pour le facteur positif de la
troisième phase de la procédure se révèle significatif. Des tendances marginales sont
observées pour les modèles : 1) du facteur positif et du premier facteur négatif de la
première phase de la procédure, et 2) pour le premier facteur négatif de la troisième phase
de la procédure.
Le modèle est significatif pour le facteur positif de la troisième phase de la
procédure. Ici, un effet principal est observé pour l'échelle de tempérament de colère (T =
34
2,11, /K0,05) et des effets marginaux sont constatés pour l'échelle de tempérament de
crainte sociale (T= 1,68,p<0,10), et pour l'attachement de l'enfant (T= l,83,p<0,10).
Insérer Tableau 7 ici
Des analyses d'interaction ont été effectuées entre les deux échelles de tempérament
(colère et crainte sociale) et la sécurité d'attachement. Aucune interaction ne se révèle
significative.
4. DISCUSSION
Le présent mémoire avait pour but d'identifier les déterminants du développement
des habiletés de régulation émotionnelle observées chez des enfants d'âge préscolaire et ce,
dans une perspective longitudinale. La recherche dans le domaine pointe vers deux sources
d'influence principales sur le développement des habiletés de régulation émotionnelle, soit
le tempérament, associé à des caractéristiques inhérentes à l'enfant, et l'attachement mère-
enfant, constituant l'influence de l'environnement. Avant d'aborder les résultats concernant
les liens entre ces variables, il est pertinent ici de discuter de la procédure observationnelle
utilisée dans la présente étude pour évaluer les habiletés de régulation émotionnelle chez
des enfants d'âge préscolaire, puisqu'à notre connaissance, c'est la première fois que cette
procédure est utilisée avec des enfants de cet âge.
Le choix de la procédure du visage impassible modifiée (Tronick et al, 2000;
Rochette, Foucault & Tarabulsy, 2004) est basé sur le fait que cette procédure serait en
mesure de provoquer un stress chez l'enfant, ce qui favoriserait la manifestation de
régulation émotionnelle. De plus, cette procédure se fait dans un contexte d'interaction et
de résolution de problèmes entre la mère et l'enfant, ce qui non seulement favorise la
35
manifestation de régulation émotionnelle puisque ce concept est de nature sociale, mais
aussi active le système d'attachement chez les enfants d'âge préscolaire (Lafrenière et
Dumas, 1992; Moss et al., 1998) . Il était donc pertinent dans ce contexte de vérifier si cette
procédure atteint les objectifs visés. Les analyses descriptives exposées précédemment
révèlent que la procédure du visage impassible est une tâche qui semble perturber l'enfant
suffisamment pour produire des changements notables dans ses réponses émotionnelles. Ce
résultat valide l'utilisation de la procédure du visage impassible telle que nous l'avons
adaptée pour évaluer et mesurer la régulation émotionnelle chez des enfants d'âge
préscolaire.
Deux hypothèses étaient posées en ce qui concerne les liens possibles entre le
tempérament de l'enfant mesuré en bas âge et les habiletés de régulation émotionnelle
observées à 36 mois. Premièrement, il était postulé que les caractéristiques
tempéramentales de l'enfant, associées aux manifestations d'affect négatif (colère et crainte
sociale) évaluées durant la période de la petite enfance, seraient directement associées aux
dimensions de la régulation émotionnelle liées à la gestion de la détresse observée durant la
période préscolaire. Les résultats concernant cette hypothèse vont dans le sens inverse de
nos prévisions. Deuxièmement, il était postulé que ces mêmes caractéristiques
tempéramentales de l'enfant, associées aux manifestations d'affect négatif, seraient
inversement associées aux dimensions de la régulation émotionnelle liées aux
manifestations d'émotions positives durant la période préscolaire. En ce qui concerne
l'échelle de colère, des liens marginaux sont observés seulement dans la troisième phase de
la procédure avec le facteur de résistance de régulation émotionnelle. Ces résultats
signifient que plus la mère rapporte que l'enfant montrait de la colère à 15 et à 18 mois,
moins il exprime de comportements négatifs lors du retour au jeu. Ce résultat peut
s'expliquer par le fait que l'enfant âgé de 36 mois a acquis ou est en train d'acquérir la
capacité d'inhiber l'expression d'émotions négatives lorsqu'une situation est stressante ou
contrariante (Kochanska et al., 2001; Kochanska, Coy, Tjebkes & Husarek, 1998). Ce qui
pourrait expliquer pourquoi les enfants ne manifestent pas de comportements négatifs liés à
la détresse lors du retour au jeu et sont donc en mesure de bien réguler l'activation
émotionnelle provoquée par la procédure. Par contre, la deuxième hypothèse postulait que
36
la colère évaluée à 15 et à 18 mois serait inversement liée aux comportements positifs. Les
résultats concernant cette hypothèse vont dans le sens inverse de celui qui était espéré, ce
qui infirme l'explication des résultats de la première hypothèse. Il est à noter ici qu'il est
important d'interpréter ces résultats prudemment, puisque les liens observés sont
marginaux. Une autre explication possible de ces résultats est que le tempérament observé
à 15 et à 18 mois n'est pas en lien avec les manifestations de régulation émotionnelle
à 36 mois. Il est possible qu'il soit préférable de considérer des mesures de tempérament
mesurées encore plus tôt dans le développement, soit pendant la période du nourrisson. Ce
choix permettrait probablement de mieux distinguer la part du tempérament, dans une
période où l'environnement a eu peu d'influence sur l'enfant comparativement à l'âge
de 15 et de 18 mois.
Dans le cas de l'échelle tempéramentale de crainte sociale, les résultats vont dans le
sens inverse de qui était attendu. Dans un premier temps, l'échelle de crainte sociale est
négativement en lien avec les comportements de gestion de détresse de régulation
émotionnelle et ce, dans la première et la troisième phase de la procédure. Dans un
deuxième temps, l'échelle de crainte sociale est positivement en lien avec le facteur de
comportements positifs de régulation émotionnelle, et ce, dans les trois phases de la
procédure. Ce résultat est particulièrement intéressant en raison de sa constance. L'échelle
de crainte sociale est la seule variable pour laquelle on observe des liens avec le même
facteur dans les trois phases de la procédure. Il est alors possible de penser que les enfants
qui montrent de la crainte sociale tôt dans le développement, utiliseraient des
comportements positifs, plutôt que négatifs, de régulation émotionnelle dans une situation
stressante. Les liens observés sont, comme dans le cas de l'échelle de colère, marginaux, ce
qui incite à beaucoup de prudence dans l'interprétation des résultats.
La troisième hypothèse qui postulait que l'attachement mesuré par observation à 15
et à 18 mois serait inversement lié aux comportements négatifs de régulation émotionnelle
n'est pas confirmée. Ce résultat peut être expliqué par le fait que le stress provoqué par la
procédure modifiée du visage impassible n'active pas le système d'attachement tel que
défini précédemment. Les résultats associés à la quatrième hypothèse, qui postulait que la
37
sécurité d'attachement serait directement associée aux dimensions de la régulation
émotionnelle liées aux manifestations d'émotions positives, appuient cette hypothèse. En
effet, les analyses révèlent un lien significatif entre la sécurité d'attachement de l'enfant et
l'utilisation de comportement positifs de régulation émotionnelle, mais seulement dans la
première phase de la procédure. L'absence de lien entre ces deux dimensions dans les deux
autres phases de la procédure confirme la littérature existante sur l'attachement chez des
enfants d'âge préscolaire. Selon la recherche dans ce domaine de l'attachement chez les
enfants d'âge préscolaire, les comportements d'attachement se manifestent dans un
contexte de résolution de problèmes entre la mère et l'enfant. La première phase de la
procédure correspond à ce genre de contexte, tandis que la deuxième phase de la procédure
constitue un arrêt de cette interaction, et en ce qui concerne la troisième phase, l'interaction
est peut-être trop perturbée par l'arrêt précédent pour constituer un contexte propice à la
résolution de problèmes, ce qui expliquerait l'absence de lien. Cela explique également
pourquoi aucun comportement négatif de régulation émotionnelle n'est associé à la sécurité
d'attachement, puisque l'expression de ces comportements est surtout observée dans la
deuxième et la troisième phase de la procédure. Ces résultats suggèrent et appuient le fait
que l'attachement à l'âge préscolaire se manifeste dans un contexte « normal »
d'interaction et de résolution de problèmes entre la mère et l'enfant.
La cinquième hypothèse postulait que l'attachement jouerait un rôle de variable
dans le cas d'une relation entre le tempérament et le développement d'habiletés de
régulation émotionnelle. Cette hypothèse n'est pas confirmée. Cela s'explique par le fait
que 1) les relations entre le tempérament et les habiletés de régulation émotionnelle sont
marginales et ne vont pas de le sens attendu, et 2) la sécurité d'attachement pourrait
difficilement jouer un rôle de variable médiatrice dans le cas d'un enfant ayant un
tempérament difficile et des lacunes relativement aux habiletés de régulation émotionnelle,
puisque aucune relation n'est observée entre la sécurité d'attachement à 15 et à 18 mois et
l'expression de comportements négatifs liés à la gestion de la détresse.
Finalement, la dernière hypothèse supposait la présence de différences dans la
manifestation des habiletés de régulation émotionnelle selon le sexe de l'enfant. Les
résultats de cette étude ne révèlent aucune différence entre les garçons et les filles pour
aucun des facteurs de régulation émotionnelle, dans aucune phase de la procédure. Ce
résultat n'est pas surprenant, car les résultats des études prenant en compte cette variable ne
sont pas constants. D'autres études utilisant la procédure du visage impassible ont trouvé
des différences entre les garçons et les filles dans les manifestations émotionnelles
(Brazelton, 1984; Weinberg, Cohn & Oison, 1999). Par contre, ces études ont été effectuées
avec des enfants de l'âge de la période du nourrisson, il serait alors possible de penser que
les différences entre les garçons et les filles s'estompent à mesure que les enfants
grandissent. Il est pertinent de noter ici que les études varient beaucoup dans la précision et
les types de mesure et les recherches sont rarement répliquées. Ces différents facteurs font
qu'il est difficile de dire s'il existe vraiment des différences entre les sexes en ce qui
concerne la régulation émotionnelle. Il est également possible que l'échantillon utilisé dans
cette étude ne soit pas assez grand pour déceler des différences possibles entre les garçons
et les filles en ce qui a trait aux habiletés de régulation émotionnelle chez des enfants d'âge
préscolaire.
4.1. Limites de l'étude et recommandations
II est important de préciser des limites inhérentes à la présente, parce qu'elles
pourraient expliquer certains des résultats obtenus. Premièrement, un échantillon de plus
grande taille aurait peut-être permis d'identifier certaines différences qui n'ont pas émergé
des analyses, notamment en ce qui concerne les différences possibles entre les garçons et
les filles dans l'expression des habiletés de régulation émotionnelle. Deuxièmement, les
résultats donnent à penser que les réactions de l'enfant dans la deuxième et la troisième
phase de la procédure sont davantage liées au tempérament de l'enfant qu'à la relation
d'attachement. En ce sens, il aurait peut-être été préférable de considérer des mesures de
tempérament plus tôt dans le développement, pendant la période du nourrisson, pour être en
mesure d'observer des liens significatifs entre le tempérament en bas âge et des habiletés de
régulation émotionnelle à l'âge préscolaire. Troisièmement, la sensibilité et les
comportements maternels n'ont pas été considérés comme prédicteurs du développement
des habiletés de régulation émotionnelle, malgré le fait que ces deux variables sont
39
reconnues comme des variables importantes de plusieurs facettes du développement de
l'enfant. Finalement, la procédure du visage impassible est une procédure effectuée en
laboratoire lorsqu'elle est administrée en bas âge. Dans le cadre de la présente étude, pour
des raisons de faisabilité, la procédure s'est faite lors de visites à la maison. Il est alors
possible de penser qu'il y avait plus de sources de distraction qui ont pu perturber
davantage la procédure que si elle avait eu lieu en laboratoire, ce qui a pu avoir un effet sur
les résultats obtenus.
Les résultats de la présente étude confirment non seulement des faits déjà établis
dans le domaine de la recherche sur l'attachement à l'âge préscolaire, mais donnent
également des pistes prometteuses quant aux déterminants précoces des habiletés de
régulation émotionnelle. Ils confirment également la pertinence de l'utilisation d'une
procédure observationnelle en contexte d'interaction mère-enfant dans l'évaluation des
habiletés de régulation émotionnelle. À cet effet, d'autres études sont nécessaires pour une
validation plus rigoureuse de la procédure du visage impassible administrée à l'âge
préscolaire. De plus, il serait pertinent de prendre en compte des mesures de sensibilité et
de comportements maternels dans l'étude du développement des habiletés de régulation
émotionnelle chez des enfants d'âge préscolaire.
40
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ANNEXES
46
Tableau 1Statistiques descriptives de l'échantillon
Mères adolescentesn = 54MoyenneType
18,39,9
Écart
1,481,70
Mères adultesn= 18MoyenneType
2914,5
Écart
4,63,5
Age moyen (années)Scolarité moyenne (années)Revenu moyen (dollars) 15 000 > 45 000
47
Tableau 2
Structure originale (échelles et sous-échelles) de la grille de codification de la procéduredu visage impassible
Echelles et sous-échelles
Affect
PleursColèreIrritationPlaintesTristesseAnxiétéPeurIntérêtJoie/exubéranceEvitementRésistance/OppositionComportementconfusComportementsagressifs etdérangeants
CriFrapper mamanLancer des jouetsCourir partoutFaire une criseRecherche deproximitéToucher ou caressermamanCâlin ou bébé monteSur mamanBébé tourne le dos àmamanBébé quitte la pièceBébé embrassemamanAutonomie/Dépen-
Accords inter-juges
0,960,850,660,570,280,730,790,950,800,990,84
0,02
0,930,030,150,180,70
0,77
-0,31
0,95
10,00
0,91
Intensité(I)? Occurrence(O)?Intensité et Occurrence(IO)?
IIIIIIIIIII
O
II/O
oI/OI
I/O
I/O
o
ooI
Echelles / Sous-échellesconservées?
OuiOuiNonNonNonOuiNonOuiNonOuiOui
Non
OuiNonNonNonNon
Non
Non
Non
NonNon
Oui
48
dance de l'enfantCollaboration etstructuration du jeuentre la mère etl'enfantOrientation del'enfant vers latâcheRenversement derôlePrésence ou nonType (agressif ouréconfortant)
0,80
0,97
0,46
0,390,53
I
I
I
Oui
Oui
Non
NonNon
Tableau 3
Résumé de la structure factorielle des comportements positifs et d'orientation vers latâche observés dans la procédure du visage impassible
Sous-échelles
AutonomieFocusEfficacitéIntérêtCollaboration
VarianceExpliquée
Phase 1
Facteur 1
0,72
0,91
0,83
0,91
0,52
6 3 %
Phase 2
Facteur 1
0,93
0,97
0,87
0,97
7 3 %
Phase 3
Facteur 1
0,78
0,96
0,74
0,95
0,76
7 1 %
Tableau 4
Résumé de la structure factorielle des comportements négatifs et de détresse observésdans la procédure du visage impassible
Sous-échelles
PleursAnxiétéRésistance/Opposition
ÉvitementCrisColère
VarianceExpliquée
Phase 1
Facteur 2-
-
0,86
-
0,84
0,88
38%
Facteur 30,71
0,43_
0,73
-
-
2 3 %
Phase 2
Facteur 20,88
0,59-
-
0,95
0,95
73 %
Facteur 2-
-
0,92
0,60
0,81
0,88
46 %
Phase 3
Facteur 30,69
0,67_
-
-
-
28%
Tableau 5
Statistiques des mesures
Mesures Moyenne Ecart typeTBAQColèreCrainte socialeTCCA
4,043,610,19
0,780,820,26
Tableau 6
Liens entre les facteurs liés à la régulation émotionnelle, au tempérament et àl'attachement, selon la phase de la procédure
FacteursTBAQColèreCrainte socialeTCCA
1
-0,0290,208"0,244*
Phase 12
0,014-0,205a
-0,178
3
-0,116-0,212a
-0,059
1
0,1630,237a
0,017
Phase 2
~1
0,041-0,1120,006
r~0,243a
0,223a
0,124
Phase2
-0,230'0,150-0,091
33
' -0,113-0,242a
0,107
* p<0,05ap<0,10
50
Tableau 7
Résumé des analyses de régressions multiples prédisant la manifestation des différentsfacteurs de comportements, selon les phases de la procédure à 36 mois, à partir desmesures de tempérament et d'attachement à 15 et à 18 mois
VariablesPhase 1Variable dépendante : Facteur 1"InterceptColèreCrainte socialeTCCA
Variable dépendante : Facteur 2b
InterceptColèreCrainte socialeTCCA
Variable dépendante : Facteur 3e
InterceptColèreCrainte socialeTCCA
Phase 2Variable dépendante : Facteur ld
InterceptColèreCrainte socialeTCCA
Variable dépendante : Facteur 2e
InterceptColèreCrainte socialeTCCA
Phase 3Variable dépendante : Facteur tfInterceptColèreCrainte socialeTCCA
Variable dépendante : Facteur 2g
InterceptColèreCrainte socialeTCCA
Variable dépendante : Facteur 3h
Intercept
B
-1,133-0,0090,2750,962
0,882-0,006-0,210-0,718
1,639-0,153-0,250-0,447
-1,8980,2130,2540,423
0,1740,096-0,1500,051
-2,420,3580,2250,814
0,796-0,3460,172-0,479
1,204
Erreur type
0,8340,1740,1380,455
0,6610,1380,1090,360
0,8370,1820,1450,476
0,8410,1760,1390,841
0,8890,1860,1470,485
0,8130,1700,1340,445
0,6940,1450,1140,380
0,877
Bêta
0-0,0070,2410,261
0-0,006-0,243-0,247
0-0,107-0,215-0,119
00,1530,2240,123
00,067-0,1300,014
00,2610,2030,225
0-0,3000,185-0,157
0
T
-1,36-0,051,992,12
1,34-0,05-1,92-1,99
1,88-0,84-1,73-0,94
-2,261,221,820,99
0,200,52-1,020,10
-2,982,111,681,83
1,15-2,391,51
-1,26
1,37
P
nsns
0,050,05
nsns
0,100,10
nsns
0,10ns
0,05ns
0,10ns
nsnsnsns
0,010,050,100,10
ns0,05nsns
ns
51
ColèreCrainte socialeTCCA
-0,076-0,2560,304
0,1830,1450,480
-0,054-0,2230,081
-0,42-1,770,63
ns0,10ns
(F(3,66) = 2,62, p<0,10) R2 = 11,11%= 2,37, p<0,10)R2 = 10,14%= 1,52, p>0,23)R2 = 6,73%= 1,95, p>0,13) R2 = 8,51%= 0,40, p>0,76) R2 = 1,85%= 3,30, p<0,05) R2 = 13,98%
(F(3,64) = 2,61, p<0,10) R2 = 11,37%(F(3,64) = 1,52, p>0,21) R2 = 6,98%
(F(3,66)(F(3,66)
d {F(3,66)e(F(3,66)f(F(3,66)
Figure 1
52
Variations des scores moyens des comportementspositifs, selon la phase de la procédure
1 2 3
Phases de la procédure
—•— Autonomie
—•— Focustâche
Efficacité
X Intérêt
—*— Collaboration
Nota : La sous-échelle de « collaboration » est seulement codifiée lorsque la mère et l'enfant sont en interaction, c'est-à-dire dans la phase I et 3 de la procédure.
Figure 2
Variations des scores moyens descomportements négatifs, selon la phase
de la procédure
—•— Pleurs
—•— Anxiété
Résistance/Opposition
—X— Évitenienl
X Cris
- • — Colère
Phases de la procédure
Nota: Les sous-échelles de «résistance/opposition» et d'«évitement » sont seulement codifiées lorsque la mère etl'enfant sont en interaction, c'est-à-dire dans la phase 1 et 3 de la procédure.