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TRAVAUX ET DOCUMENTS Responsable de la collection : Patrick Quantin Y a-t-il une vie après le pouvoir ? Le devenir des anciens chefs d’État africains Sandrine Perrot Doctorante, Centre d’étude d’Afrique noire N° 51-52 - 1996 CENTRE D'ÉTUDE D'AFRIQUE NOIRE Institut d'Études politiques de Bordeaux B.P. 101 - Domaine universitaire F-33405 TALENCE CEDEX Tél. (33) 05 56 84 42 82 Fax (33) 05 56 84 43 24 E-mail : [email protected]

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TRAVAUX ET DOCUMENTS Responsable de la collection : Patrick Quantin

Y a-t-il une vie après le pouvoir ? Le devenir des anciens chefs d’État africains

Sandrine Perrot

Doctorante, Centre d’étude d’Afrique noire

N° 51-52 - 1996

CENTRE D'ÉTUDE D'AFRIQUE NOIRE

Institut d'Études politiques de Bordeaux B.P. 101 - Domaine universitaire

F-33405 TALENCE CEDEX Tél. (33) 05 56 84 42 82 Fax (33) 05 56 84 43 24

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l peut paraître bien anodin de traiter des présidents sortis du pouvoir *. Boudée par la science politique, qui focalise légitimement son attention sur les hommes au pouvoir, cette partie de la carrière des entrepreneurs politiques ne manque pourtant pas d’intérêt. Les démêlés de Kenneth Kaunda avec le nouveau gouvernement

zambien, l’exil doré du tchadien Hissein Habré perturbant le gouvernement sénégalais et surtout les récents retours à la magistrature suprême de Pierre Buyoya au Burundi et de Mathieu Kérékou au Bénin ont démontré, si besoin était, qu’une trajectoire politique ne s’arrêtait pas toujours à la sortie du pouvoir. Les présidents sortants ne sont pas tous (loin de là) de paisibles “retraités” du pouvoir.

Nous n’employons pas ici les termes “d’entrepreneur” et de “carrière politique” au hasard car nous partons de l’idée que dans le contexte très particulier d’un État africain néo-patrimonial, un chef d’État accumule au cours de sa présidence un stock de ressources (politiques, économiques ou sociales) considérable dont l’État, monopolisé par une élite restreinte, est le plus grand fournisseur. Devant l’inégalité du contrôle et de la distribution des ressources, c’est principalement dans l’accès aux dépouilles de l’État que réside l’enjeu de la compétition politique (1).

R. Dahl définit simplement une ressource comme “un moyen par lequel une personne peut influencer le comportement d’autrui” (2). Parmi les ressources politiques, ce même auteur cite “l’argent, l’information, la nourriture, la menace de la force physique, les emplois, l’amitié, le rang social, le droit de légiférer, les votes et toute une variété d’autres phénomènes” (3). La liste est loin d’être exhaustive. Une fois son “stock” accumulé, l’entrepreneur politique aura pour tâche, tout au long de sa carrière, de gérer ses ressources, de les mobiliser de façon rationnelle pour parvenir à ses fins (4). Le “politicien investisseur” fait alors fructifier ses ressources, les utilise, les néglige, les active et les désactive selon les stratégies qu’il élabore pour sa survie politique (5). Ilchman, Uphoff, et bien d’autres, donnent à la mobilisation des ressources l’image d’une évaluation de la “valeur marchande” des stocks de ressources qui permettrait ensuite de répondre au jeu de l’offre et de la demande sur un marché politique (6). Pourtant, si la métaphore olsonienne des coûts et bénéfices semble en effet appropriée pour évoquer ce processus, la vision économiciste qui en résulte est de toute évidence simpliste et illusoire.

En effet, contrairement à ce qu’affirmait C. Tilly, les ressources mobilisables ne possèdent pas toutes et à tout moment des “caractères intrinsèques”, une réalité “en soi”, qui permettent une estimation quantitative précise (7). Comment mesurer le charisme ou la légitimité d’un acteur politique? Ces deux avantages ne prennent en effet leur valeur que par rapport au contexte dans lequel ils sont utilisés : _________________

(*) Je tiens à remercier J.-P. Daloz pour m’avoir suggéré le thème de cette étude et avoir dirigé mon travail de DEA, P. Quantin, directeur de cette publication, pour avoir porté son attention sur ce texte et m’avoir apporté son aide au cours des corrections, J.-F. Médard, mon directeur de thèse, pour sa lecture attentive et enfin les différents chercheurs ou doctorants qui ont bien voulu m’accorder un peu de leur temps pour discuter du devenir des anciens présidents africains (M. Cahen, R. Buijtenhuijs, C. Toulabor, M. Gazibo et E. Gauvrit). Bien sûr, toutes les erreurs, lacunes ou inexactitudes qui pourraient se trouver dans ce texte m’incombent personnellement et n’engagent en rien la responsabilité des personnes précédemment citées.

Les données ne prennent pas en compte les événements postérieurs à septembre 1996, comme la mort de Bokassa ou la réélection de D. Ratsiraka.

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“En résumé et plus abruptement, ni la ‘valeur’ ou l’efficacité des ressources politiques, ni leurs ‘propriétés’ - aussi ‘intrinsèques’ soient-elles -, ni les calculs ou même les manipulations dont elles sont l’objet ne peuvent être appréhendés indépendamment de leurs rapports aux contextes sociaux dans lesquels les mobilisations s’inscrivent, et surtout, pour ce qui est des crises politiques, des bouleversements que ces contextes peuvent connaître” (8).

Ainsi la “valeur” des ressources varie de manière très sensible, notamment dans des conjonctures de fluidité politique comme le sont les sorties de pouvoir (9).

La perte de pouvoir en effet rend complexe toute analyse de la situation, autant par le repositionnement stratégique et multilatéral des acteurs politiques que par le brouillage conséquent des instruments d’évaluation. Le génie de l’ancien chef d’État se mesurera alors, non seulement à la façon dont il gérera la fin de son accès privilégié aux ressources de l’État, mais surtout au succès de ses choix stratégiques et à sa capacité à maîtriser le mieux possible le jeu politique. Son capital ne sera plus jamais alimenté de façon aussi féconde que lors de sa présidence. Son entreprise politique enregistre donc des déperditions qui mènent parfois à une pénurie complète, voire à la faillite de l’entrepreneur. En d’autres termes, l’ancien président n’est plus alors en position de limiter les contraintes et d’élaborer librement des stratégies de repositionnement politique ou de remobilisation des ressources. Son stock se tarit ou perd sa valeur : c’est la chute du big man évoquée par Jean-François Médard (10).

Toutefois, ces pertes peuvent varier considérablement selon la nature et l’importance du stock accumulé, la

valeur de ces ressources lors de la disgrâce présidentielle et le contexte de la sortie de pouvoir. Un entrepreneur qui quittera volontairement ses fonctions (démission, acceptation des résultats électoraux, alternance constitutionnelle) aura certainement plus de chance de conserver et de restructurer son capital que celui qui épuisera son stock à tenter d’assurer sa survie politique et sera chassé par un coup d’État. Aussi n’est-ce pas seulement la quantité de ressources ni même sa valeur sur le marché qui est ici en jeu, mais le savoir-faire de l’entrepreneur, sa capacité non seulement à accumuler mais aussi à restructurer son capital en fonction de son obsolescence, de son usure ou au contraire de sa pertinence dans la dynamique contextuelle, à utiliser la ressource qui, pour un moindre coût, lui rapportera un plus grand bénéfice et à évaluer, à un moment “t”, les ressources des autres acteurs politiques.

Contrairement à une entreprise menée au pouvoir, celle dirigée par un ancien président a pour particularité de voir ses contraintes environnementales se multiplier de façon incontrôlée puisqu’au sommet de la pyramide étatique se trouve un autre entrepreneur dont les intérêts entrent en collision avec ceux de l’ancien président. Le contexte de non-institutionnalisation du pouvoir permet alors au successeur de contrecarrer les stratégies de l’ancien président, de ponctionner son capital ou de le neutraliser définitivement, et ce malgré l’existence dans certains pays de statuts légaux concernant les anciens chefs d’État (11).

Mais l’idée préconçue selon laquelle tous les anciens dirigeants auraient été mis hors circuit par les nouveaux

gouvernements ne rend pas du tout compte de la diversité extrême des devenirs postprésidentiels : nombreux sont ceux qui ont été destitués par un coup d’État, assassinés ou emprisonnés, mais d’autres se sont reconvertis dans l’économie ou les carrières internationales, sont revenus sur la scène politique ou sont tout simplement retraités. C’est cette hétérogénéité qui nous a poussée à recueillir minutieusement toutes les données concernant ces acteurs politiques particuliers. Pour des besoins comparatifs et afin de combler le manque d’information sur ce sujet, nous avons regroupé dans un même tableau tous les pays d’Afrique subsaharienne et pris comme dates butoirs celles des indépendances.

Tout d’abord conçu en annexe d’un mémoire de DEA, ce tableau récapitulatif est ici présenté dans le corps du

texte car il nous a semblé que sa conception originale et son apport de matières brutes seraient utiles en tant que base de données à l’échelle du sous-continent (12). Notre corpus comprend cent cinquante-quatre cas (13). Le gros travail préliminaire de recueil d’informations éparses effectué pour cette étude n’a pas empêché, à notre grand regret, certaines lacunes ou peut-être même certaines erreurs ou imprécisions qu’un spécialiste de tel ou tel pays africain relèvera sans doute. Cependant, nous estimons sincèrement que ces imperfections ne nuisent pas à l’analyse de la situation des anciens présidents dans son ensemble. Le bref traitement des données qui est fait ici sous l’angle des ressources, et qui nous semblait le plus pertinent, n’est bien sûr pas le seul possible. Il nous permettra de dégager les stratégies décelables des acteurs politiques en termes de mobilisation des ressources, que ce soit à la sortie du pouvoir ou au cours du devenir ultérieur des anciens présidents. Par souci démonstratif, nous avons classé les sorties de pouvoir et les devenirs ultérieurs sous de grands chapitres ce qui permet d’ordonner une réalité très complexe. Notons que les exemples traités ici sont de grandes tendances qu’il nous semblait intéressant de relever. L’utilisation des informations est rendue plus aisée par la conception du tableau qui facilite non seulement le décompte, mais aussi le traitement informatique des données dont l’apport visuel sera d’une aide précieuse.

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Les sorties de pouvoir Violence et pouvoir

Souvent mise en avant par les afro-pessimistes ou ceux qui analysent ce phénomène comme un atavisme de

comportements précoloniaux, l’utilisation de la violence au cours du transfert de pouvoir est sans aucun doute un symptôme non pas des Africains, mais de l’État en Afrique, de sa non-institutionnalisation et de l’hypertrophie de son chef d’État. Le contrôle de l’État et de ses ressources par un seul homme - ou plus exactement un homme et sa famille, son clan, son ethnie… - ne laisse dans la plupart des cas aucune chance à des ambitions extérieures de se manifester si ce n’est en s’exprimant par la force.

Les coups d’État

Les coups d’État sont sans conteste le mode le plus répandu d’alternance politique utilisé en Afrique depuis

l’indépendance, que ce soit le fait des militaires ou du moins des dirigeants des forces de coercition, l’organisation d’un complot par une faction d’un groupe armé ou une partie d’une institution, une émeute récupérée par une institution comme prétexte à son intervention, une insurrection demandant à l’armée d’intervenir, une révolte populaire, des manifestations de masse dans tout le pays… .

Les chiffres dénombrent quatre-vingt-six coups d’État en Afrique noire depuis le premier, en 1958, qui fit tomber au Soudan Ismaïl al-Azhari jusqu’au plus récent, celui qui destitua le président malgache Albert Zafy suite à la confirmation, le 5 septembre 1996, par la Cour constitutionnelle de “l’empêchement définitif” du chef de l’État suite à des violations répétées de la Constitution. Cette sortie de pouvoir est placée loin devant les assassinats (17 cas dont 8 au cours d’un coup d’État), les présidents décédés au pouvoir (12 cas), les démissionnaires (12 cas) et enfin les présidents tout nouvellement battus aux élections (10 cas). En dehors de toute proportion, l’amplitude de ce phénomène est d’autant plus frappante qu’elle est concentrée à la fois dans le temps et dans l’espace.

Il n’est pas dans notre propos de nous attarder sur les raisons des coups d’État (14). Remarquons simplement

leur importance, notamment au cours des années 1966 et 1979 où les militaires se sont imposés sur la scène politique dans de nombreux pays d’Afrique. Mais notons surtout qu’un rapide coup d’œ il sur le tableau établit sans conteste la concentration géographique du phénomène. Alors que les pays d’Afrique australe semblent épargnés par ce phénomène, l’Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment le Bénin, le Burkina, le Ghana et le Nigéria détiennent des records avec, par exemple, six coups d’État au Bénin sur une période de dix ans.

Graphique n° 1 : les coups d’État

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Examinée sous l’angle de la mobilisation des ressources, cette abrupte interruption du pouvoir est sans doute la

faillite la plus effective de l’entrepreneur politique. La neutralisation de l’ancien président est immédiate politiquement, économiquement et très souvent physiquement. Coupé du contrôle physique de ses ressources, aucune stratégie ne peut être mise en place immédiatement. La captation du capital, quelle que soit son importance, est automatique et l’entrepreneur se voit réduit à gérer un stock de ressources, soit nulles, soit entièrement inutilisables dans le nouveau contexte, quelle que soit la taille du stock accumulé. L’exemple de Jean-Bedel Bokassa, aussi démesuré qu’il puisse être, est sur ce point édifiant. Craignant de subir lui aussi le sort de Fulbert Youlou (Congo), il avait ponctionné de façon phénoménale les richesses de la République centrafricaine, en plaçant son argent dans des sociétés agricoles, commerciales et industrielles installées à Bangui et à Berengo. Il avait également ouvert divers comptes en France et en Suisse (15). Il possédait une fabrique de disques, un atelier pour ustensiles de cuisine, des marchés de café… Il contrôlait l’exploitation de l’ivoire, les sociétés minières Diadème, Diafin ou Sicamine, l’exploitation de caféiers, d’hévéas… Enfin, restaurants, quincailleries, pharmacies, garages, immeubles commerciaux et autres compagnies aériennes constituaient son capital (16). Pourtant rien de tout cela n’a résisté au retour au pouvoir de David Dacko qui lui a confisqué tous ses biens, à part ses deux châteaux français où vivent encore sa femme Augustine et ses enfants, ainsi que son fils aîné, Georges (17). C’est donc dans la plus grande pauvreté qu’il a rejoint son palais de Berengo vidé de ses meubles par une vente aux enchères et de ses documents compromettants par les services de renseignements français (18).

La difficulté la plus grande qui se pose à un Président victime d’un coup d’État est la vitesse de réalisation des événements qui le mettent souvent “échec et mat” avant qu’il ait le temps de réfléchir à un coup. Pourtant, cet arrêt brusque dans la carrière d’un président n’est pas donné une fois pour toutes. Il apparaît sur un total de quatre-vingt-six coups d’État que huit présidents ont été assassinés pendant l’événement, huit ont été exécutés ultérieurement, trente ont été mis en détention, trente-huit se sont exilés (cinq étaient déjà à l’étranger lors des événements), dix ont pu se reconvertir dans un autre domaine, cinq se retirer de toute vie publique et enfin dix-neuf sont revenus sur la scène politique dont cinq à la magistrature suprême.

Ainsi, sans stopper de façon automatique une carrière postprésidentielle, un coup d’État entrave considérablement la liberté d’action d’un entrepreneur et réduit proportionnellement ses choix. L’exil reste un réflexe sécuritaire pour ceux qui, en quittant le pouvoir, ont perdu une ressource institutionnelle fondamentale pour sa survie : l’usage des forces de coercition. L’emprisonnement est lui aussi très fréquent, car de la neutralisation du chef d’État dépend souvent la réussite du coup d’État. Mais les chiffres montrent que d’autres “retraites” s’ouvrent aux anciens présidents. Nous y reviendrons dans la deuxième partie.

Les assassinats

C’est le même processus de neutralisation de l’entrepreneur politique qui se met en place lors des assassinats.

Nous avons déjà compté huit présidents décédés pendant des coups d’État réussis, deux pendant des coups avortés. Mais les assassinats présidentiels ne marquent pas forcément la fin du régime en place. Le meurtre du général Murtala Mohammed le 13 février 1976 au Nigéria au cours d’une tentative de coup d’État n’a pas provoqué la chute du Conseil militaire suprême, pas plus que celle de Marien Ngouabi en mars 1977 n’a mené à la dissolution du Parti congolais du travail (PCT). En prenant donc en considération cet autre cas de figure, ainsi que les “accidents” d’avion ou autres qui apparaissent dans les représentations populaires comme de véritables assassinats - Samora Machel par exemple (19) -, le nombre des chefs d’État africains assassinés s’élève à dix-sept.

La caractéristique de ces cas d’alternance politique réside dans la nature symbolique des ressources qu’ils produisent. Indéniablement, l’élimination physique d’un Président, fut-il sorti du pouvoir, se répercute sur l’imaginaire populaire, que ce soit de façon productive ou contre-productive. Autant par exemple le meurtre du libérien Samuel K. Doe renforça par sa violence la valeur des ressources coercitives de son commanditaire, autant l’assassinat de Sylvanius Olympio (Togo), de François Tombalbaye (Tchad) ou de Thomas Sankara (Burkina) rejaillissent de façon contre-productive sur le pouvoir en place (20). A tel point qu’aujourd’hui les fils de S. Olympio et de F. Tombalbaye sont dotés de ressources de légitimité “héréditaire”, en quelque sorte, très utiles pour renforcer leur carrière politique (21). On assiste alors au transfert, à “l’héritage” des ressources du père, revalorisées par sa mort, vers son fils.

Les lieux de sépulture clandestine choisis par le nouveau gouvernement vont tout à fait dans le même sens. Ainsi, au Tchad, ce n’est que sur les recommandations de la Conférence nationale en 1993, soit dix-huit ans après son décès, que les restes de F. Tombalbaye ont été exhumés près de l’aéroport de Faya-Largeau où, craignant que les pèlerinages ne s’organisent autour de son tombeau, le Conseil supérieur militaire l’avait transporté clandestinement (22). Le corps de T. Sankara a été jeté dans une fosse commune. En dehors de notre corpus, les ossements de l’empereur Haïlé Sélassié furent découverts le 16 février 1992 sous le bureau de l’ancien président H. Mengistu à trois mètres sous terre là où il avait été enterré en secret dans la nuit du 27 août 1975. Déposé par des

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militaires lors de la Révolution de 1974, l’ex-empereur, officiellement mort d’un accident circulatoire, aurait, selon d’autres sources, été étouffé sur les ordres de H. Mengistu, onze mois plus tard, sous un oreiller imbibé d’éther (23). Sa dépouille avait été recherchée dès la destitution de H. Mengistu. Trois tombes auraient été creusées en secret pour éviter tout risque de rassemblement autour de la sépulture. En février 1992, ses ossements exhumés ont été ensevelis dans une partie du mausolée de Ménélik II, en attendant que le gouvernement de Mélès Zenawi autorise des funérailles officielles. Elles avaient été prévues le 23 juillet 1992, le jour anniversaire de la naissance de l’empereur, mais M. Zenawi a fait savoir au mouvement monarchiste Moa Ambessa, ainsi qu’au fils d’Haïlé, Amha Sélassié, prétendant au trône, et qui avait été proclamé empereur en 1988 par un gouvernement en exil à Londres, qu’il faudrait reporter les funérailles sine die afin de ne pas conférer à l’événement une portée nationale (24).

Dans le cas de Samuel Doe, son assassinat a eu bien plus de puissance sur l’imaginaire social qu’aucune autre prise de pouvoir, conférant ainsi à l’exécutant un stock extraordinaire de ressources fondées sur la terreur. D’autant plus après l’exhibition du cadavre mutilé et conservé par une injection de formol dans la cour de l’hôpital de la ville (25).

Nous l’avons dit, cette image de passation de pouvoir brutale est sans doute celle qui s’accroche le plus à l’Afrique ; pourtant, elle n’est pas la seule forme d’alternance car si elle représente de manière emblématique la volonté farouche de certains hommes de pouvoir de se maintenir à la tête de l’État le plus longtemps possible, d’autres ont choisi de se retirer volontairement : il s’agit d’un côté des démissionnaires, de l’autre des militaires cédant le pouvoir aux civils.

Les départs pacifiques

Cette catégorie d’anciens présidents associe à la fois les chefs d’État qui, grâce à leur génie d’entrepreneur, sont

parvenus à maintenir entre leurs mains le pouvoir, et ce malgré leur âge ou leur maladie, et les autres présidents qui au contraire ont quitté le pouvoir volontairement avant le terme de leur mandat politique. Pourtant d’un côté comme de l’autre, le transfert de pouvoir s’est produit sans à-coup et de façon pacifique. Seule, la Guinée a connu un coup d’État immédiatement après le décès du président Sékou Touré.

Les décès au pouvoir

Notons tout de suite que douze présidents africains sont morts alors qu’ils étaient encore au pouvoir (Agostinho

Neto en Angola, Félix Houphouët Boigny en Côte-d’Ivoire, Léon M’ba au Gabon, Sékou Touré en Guinée, le président libérien Tubman, Jomo Kenyatta au Kénya, le Nigérien Kountché, Seretse Khama au Botswana, le roi Sobhuza du Swaziland, plus récemment le roi Moshoeshoe II du Lesotho, Mohammed Farah Aïdid en Somalie et Milton Margaï de Sierra Leone). Nous l’avons déjà évoqué, les artifices de la survie politique en Afrique sont souvent déployés de telle sorte que le pouvoir reste une rente à vie. Quelle plus grande preuve de survie politique pour un autocrate que de mourir dans son lit? Pour éviter de quitter le pouvoir, Francisco Nguema n’avait pas hésité à s’autodiviniser. Quant à l’empereur J.-B. Bokassa il avait souhaité restaurer le droit régalien en nommant l’un de ses fils héritier de l’empire. Quelque temps plus tard, regrettant son choix, il changea le nom de celui-ci pour mettre à la place celui de son fils le plus jeune!

A l’inverse, vingt présidents ont interrompu leur présidence de plein gré et parfois avant leur terme. Douze ont

donné leur démission : J. Ankrah (Ghana) et B. Vorster (Afrique du Sud) à la suite d’un scandale, L. Senghor (Sénégal), J. Nyerere (Tanzanie), A. Ahidjo (Cameroun), I. Babangida (Nigéria), P. Botha (Afrique du Sud), S. Stevens (Sierra Leone), F. Malloum (Tchad), A. Osman et I. Al-Azhari (Soudan), enfin Letsie III (Lesotho) qui abdique en faveur de son père. Par ailleurs, huit militaires ont rendu le pouvoir aux civils (A. Alley, P. De Souza et C. Soglo au Bénin, Siwar al-Dahab au Soudan, J. Rawlings au Ghana, P. Ramaema au Lesotho, O. Obasanjo au Nigéria et A. Touré au Mali). Ces quelques cas méritent d’être cités autant pour leur rareté que pour leur “exemplarité”. Au contraire des cas précédemment cités, cette sortie du pouvoir permet à l’entrepreneur de gérer son capital de façon tout à fait différente de celle de ses homologues dans le sens où les contraintes liées au nouvel environnement sont préparées, limitées, voire parfaitement contrôlées par le président sortant (L. Senghor par exemple).

Les démissionnaires

Dans ce contexte de rétention du pouvoir, vouloir quitter volontairement et prématurément la tête de l’État

semble tenir de l’hérésie. Bien plus, ce retrait éveille la méfiance des moins soupçonneux. Peut-on l’interpréter comme un moyen, pour ces entrepreneurs politiques, de partir avant l’obsolescence totale de leurs ressources,

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quand ils jugent d’un œ il avisé qu’il ne leur reste que peu de temps avant de subir un coup de force? Est-ce une façon de préparer une retraite paisible? Est-ce enfin limiter en professionnel de la politique les risques conséquents à une chute involontaire? Atout considérable, les démissionnaires (qu’ils soient militaires ou civils) peuvent, alors qu’ils sont encore au pouvoir, préparer l’ascension de leur successeur, ce qui limite leurs contraintes postprésidentielles de façon considérable.

L. Senghor n’a semble-t-il négligé aucun détail concernant la passation de pouvoir. Au niveau légal, tout d’abord, le statut des anciens présidents est très bien régi par la loi sénégalaise. L’ancien chef d’État bénéficie, aujourd’hui encore, du paiement régulier d’une pension ainsi que d’un bureau et d’une voiture de fonction. D’autre part, Senghor fit modifier la Constitution tout d’abord en 1969 pour y inscrire le poste de Premier ministre. Il accrut considérablement les pouvoirs de son bras droit, lui apporta un soutien sans faille et lui confia de nombreuses missions diplomatiques notamment en France. En d’autres termes, il participa à la formation d’un stock de ressources confortables pour Abdou Diouf (26). La modification constitutionnelle d’avril 1976 vint compléter ce schéma en faisant du Premier ministre le successeur automatique du chef de l’État “jusqu’à la fin de son mandat en cours, sans avoir à se présenter d’ici là devant les électeurs en cas de décès, d’empêchement ou de démission de ce dernier” (27). Ainsi, en démissionnant deux ans avant les prochaines élections, L. Senghor permettait à A. Diouf d’asseoir son pouvoir sans craindre les échéances présidentielles qui devaient se tenir en février 1983. Il s’assurait également une sortie de pouvoir sans fracas et sans compétition vis-à-vis de son héritier.

Cela ne signifie pas pour autant que la sortie de pouvoir des démissionnaires soit chaque fois réussie. Ahmadou Ahidjo fait partie de ces dirigeants qui croyaient avoir préparé rationnellement leur retraite en formant leur successeur ou en gardant un “placement en politique” grâce à des nominations signées au bénéfice de leurs proches dans les derniers jours de leur présidence (28). Il semble pourtant qu’A. Ahidjo ait été manipulé par son successeur. En effet, le Président camerounais avait consulté divers médecins, camerounais et français, qui tous lui auraient confirmé son piteux état de santé. C’est donc en raison de cette “maladie” qu’A. Ahidjo décida de sa démission en prenant soin de placer à la tête de l’État son dauphin, Paul Biya. Or, une fois sorti du pouvoir, il n’eut plus aucun symptôme de son mal (29).

Conscient de ce piège Ahidjo décide alors, malgré son manque de soutien évident, de barrer la route à son successeur. La mainmise qu’il gardait sur l’UNC, le parti dirigeant, lui fit envisager de créer un État bicéphale avec primauté du parti sur l’État, espérant ainsi regagner le pouvoir. Mais le 18 juin 1982, P. Biya forme un nouveau gouvernement sans Ahidjo. Celui-ci fomente alors un coup d’État qui sera stoppé aussitôt (30). Quittant le Cameroun avec sa famille, il rejoint la France puis se rend au Sénégal en 1987 où il décède d’une crise cardiaque deux ans plus tard (31).

Le pouvoir cédé aux civils

Sur quatre-vingt-six coups d’État, seuls huit militaires ont rendu le pouvoir aux civils. Le retour des militaires

dans les casernes a chaque fois été périlleux puisqu’en tant que dirigeants de l’armée, les généraux et autres commandants en chef de l’armée détiennent entre leurs mains le maniement des ressources coercitives. Pourtant, la stratégie qui consiste à effectuer un retour aux casernes en se soumettant à l’autorité civile peut tout à fait garantir une reconversion fructueuse des ressources. Comme dans le cas des démissionnaires, le fait de céder le pouvoir aux civils ne remet pas en cause la viabilité de l’entreprise politique. Bien sûr, l’accès aux dépouilles de l’État est réduit, mais le repositionnement à l’échelle internationale des acteurs politiques leur assure une trajectoire de réussite sans commune mesure avec celle de leurs homologues qui ont décidé de s’attacher au pouvoir. Les ressources accumulées sont conservées et réinvesties dans d’autres positions de pouvoir, à tel point que les anciens présidents deviennent gênants auprès de leur successeur en raison de leur popularité. Ils se trouvent dotés d’une image de garant du bon fonctionnement de l’État et apparaissent comme les hommes de la providence en cas d’échec de leur successeur.

Parmi ces militaires respectueux de la parole donnée, deux sont revenus au pouvoir : Jerry Rawlings, le président ghanéen et le béninois Christophe Soglo. Le retour au sein des forces armées et l’ascendant qu’ils avaient sur leurs hommes ont sans doute bénéficié à Soglo et Rawlings qui, après être sortis du pouvoir, sont tous deux réapparus à la faveur d’un coup d’État. Hilla Limann avait tenté de mettre Rawlings au ban de l’armée considérant avec raison la menace qu’il représentait pour le nouveau pouvoir. Rawlings est toujours à la tête de l’État ghanéen.

Les autres anciens chefs d’État, pour la plupart, ont pris leur retraite dans l’armée ou se sont reconvertis dans une carrière internationale - reconversion qui devient d’autant plus facile que cette sortie de pouvoir gagne les faveurs des instances internationales.

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Accepter les règles du jeu

Nous avons regroupé, sous cette dernière référence, les sorties de pouvoir qui se sont effectuées selon les règles

à portée démocratique du jeu politique, que ce soit un retrait présidentiel à la fin d’un mandat ou le renoncement au pouvoir d’un président battu aux élections. Les alternances constitutionnelles

Bien qu’elle n’apparaisse pas en Afrique comme une voie classique de sortie de pouvoir, l’alternance que nous

qualifions de “constitutionnelle” - dans le sens où elle se fait dans le respect des règles politiques - est elle aussi présente sur le continent noir.

Huit anciens présidents au total se sont retirés du jeu politique à la fin de leur mandat. Au Zimbabwe, les accords de Lancaster House avaient donné à Canaan Banana un rôle protocolaire et au Premier ministre (Robert Mugabe) la plénitude des pouvoirs. C’est donc R. Mugabe qui devient président après la réforme constitutionnelle de 1987 supprimant le poste de Premier ministre; Ali Saïbou s’est soumis aux prescriptions de la Conférence nationale nigérienne; Hubert Maga a cédé le pouvoir à son homologue béninois Ahomadegbe selon les accords du triangle tournant; Pinto da Costa à São Tome et Principe, devant la défaite de son parti, le MLSTP, en janvier 1991, a décidé de ne pas se présenter aux présidentielles de mars 1991. Au Congo, Alfred Raoul a consenti, selon les nouvelles dispositions constitutionnelles, à céder les pleins pouvoirs au Président du Conseil national de la révolution, Marien Ngouabi. Julius Maada Bio en Sierra Leone accepte la tenue d’élections auxquelles il ne se présente pas; le tanzanien Ali Mwinyi se retire, selon les dispositions constitutionnelles, après avoir effectué deux mandats; enfin Paul Muwanga a fidèlement laissé la place à Milton Obote en préparant de surcroît activement le retour sur la scène politique de l’ancien président ougandais. Tous sont restés après leur départ à l’ombre de la scène publique - en dehors de P. Muwanga qui fut un temps rappelé comme vice-président auprès d’Obote puis Premier ministre sous le régime militaire de Tito Okello (32). Il fut arrêté après la victoire de Yoweri Museveni sous l’accusation de haute trahison avant que les charges ne soient abandonnées en février 1987 (33).

Il semble que si leur capital reste quasiment le même avant et après leur passage au pouvoir du fait de leur succession sans à-coup, la plupart de ces entrepreneurs aient cessé toute activité. Ils font partie de la catégorie des “paisibles” retraités du pouvoir.

Enfin la dernière sortie de pouvoir que nous allons évoquer est la plus récente. La libéralisation engagée dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne aboutit, depuis le début des années 1990, à l’instauration de nouvelles voies de sortie de pouvoir totalement inédites, celles des élections libres.

Les échecs électoraux

Le nombre de présidents quittant le pouvoir après leur défaite électorale a en effet considérablement grossi ces

dernières années : ils sont actuellement au nombre de dix (F. De Klerk en Afrique du Sud, M. Kérékou et N. Soglo au Bénin, K. Banda au Malawi, K. Kaunda en Zambie, D. Sassou Nguesso au Congo, P. Buyoya au Burundi, D. Ratsiraka à Madagascar, A. Pereira au Cap-Vert et A. Kolingba en Centrafrique) et la prochaine échéance électorale qui devrait avoir lieu dans la plupart des pays autour de 1997, laisse entrevoir un accroissement rapide de ce chiffre si toutefois l’interruption des processus démocratiques, au Niger par exemple, ne freine pas cette tendance. Il serait à ce propos certainement intéressant de suivre le déroulement des carrières postprésidentielles des chefs d’État parvenus au pouvoir puis sortis du pouvoir par le biais des élections, dans le sens où cette nouvelle perspective, qui dicte au chef d’État sa date d’entrée et de sortie de façon institutionnelle, influe bien sûr sur la gestion des ressources qu’il détient.

Ce sont des génies de la survie politique, tels que D. Sassou Nguesso, K. Hastings Banda ou M. Kérékou qui ont quitté le pouvoir au début des années 1990 après avoir été sanctionnés par les urnes (34). Tous ces présidents se sont laissés prendre au jeu démocratique qui consistait à accepter la tenue d’élections libres et multipartites décidée parfois dans le cadre d’une conférence nationale. Tous espéraient plus ou moins une nouvelle victoire mais les résultats furent sans appel. D. Ratsiraka fut battu au second tour par Albert Zafy avec 33,3% des voix contre 66,7% à son adversaire (35). M. Kérékou n’obtint lui que 32,4% des voix contre 67,4% au bénéfice de Nicéphore Soglo. D. Sassou ne passa pas le premier tour, etc.

L’acceptation des règles démocratiques, loin de signifier une prise de conscience particulièrement tardive du sens de l’État, représentait l’unique moyen pour ces entrepreneurs d’éviter le coup de force qui aurait pu leur être fatal. Devant l’obsolescence parfois subite (comme la chute du communisme pour M. Kérékou), le tarissement incontrôlable de leurs ressources et surtout leur manque de légitimité dans le nouveau contexte démocratique, ces autocrates ne trouvent dans leur départ que la seule issue possible. Toutefois, comme pour toutes les sorties

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volontaires du pouvoir, l’entrepreneur ne met pas en danger son stock de ressources. Dans ce cas très précis, il est clair que le capital de chacun des présidents était profondément ébranlé, usé par le temps et inutilisable dans ce nouvel environnement politique. Nous le verrons, la carrière de ces nouveaux démocrates n’est pas pour autant terminée et certains d’entre eux (M. Kérékou bien sûr mais aussi K. Kaunda) sont parvenus à reconvertir leur stock inadéquat en ressources pertinentes (36).

Ainsi, la diversité des sorties de pouvoir n’est plus à démontrer. Il en est bien sûr de même en ce qui concerne

les devenirs postprésidentiels. C’est pourquoi dans la même optique, nous avons tenté de mettre à jour les différentes stratégies de recomposition des entreprises politiques. Notons encore ici que ces catégories ne sont que quelques grandes tendances dont la liste n’est nullement exhaustive et ne doit pas être figée. Rien en effet n’empêche un ancien président de passer au cours de sa carrière d’un type de “retraite” à un autre. Nous avons classé ces devenirs sous trois chapitres : les mises hors circuit, les reconversions et les retours sur la scène politique.

Les devenirs postprésidentiels Devons-nous le redire, la sortie de pouvoir influe considérablement sur la suite de son itinéraire. Plus la chute du

“big man” sera dure, plus son entreprise politique en sera affectée. D’autant plus que la compétition qui s’engage avec le pouvoir en place est féroce.

Certains anciens présidents peuvent être perçus comme une menace par le nouveau chef d’État, de par leur popularité, leurs ressources économiques ou même leur activisme politique. Certains semblent détenir un stock de ressources suffisant pour revenir en politique à tout moment. D’autres détiennent des informations susceptibles de mettre en péril la “nouvelle” classe dirigeante qui, bien souvent, ne s’est que très peu renouvelée par rapport à la précédente. Aussi est-il obligatoire et parfois urgent de pouvoir prévenir les troubles qu’un ancien président pourrait causer et de neutraliser ses ressources avant même qu’il n’ait le temps de les utiliser.

Les mises hors circuit

Il existe plusieurs formes de mises hors circuit des anciens présidents, de la plus violente (l’exécution, que nous

ne confondrons pas avec l’assassinat comme alternance politique), à la plus nuancée, celle qui consiste à éloigner un ancien président en lui confiant des missions internationales. Les exécutions

Huit anciens présidents ont été exécutés par leur successeur. F. Akuffo, I. Acheampong et A. Afrifa au Ghana,

F. Nguema en Guinée équatoriale, A. Massamba-Débat au Congo, enfin Aman Andom en Éthiopie et C. Ndizeye (Ntare V) au Burundi sans autre forme de procès. Le cas du président comorien Ali Soilih est un peu particulier dans le sens où il fut abattu quinze jours après sa mise en détention alors qu’il tentait de s’évader.

Cette mise hors circuit rejoint les assassinats que nous évoquions auparavant si ce n’est que le commanditaire est dans ce cas officiellement au pouvoir et légitime ses actes en utilisant les ressources juridiques à sa disposition. Justifiée par un procès sous l’accusation de complot ou de détournement d’argent, l’exécution des anciens présidents est souvent rapide voire expéditive ne laissant pas la possibilité au chef d’État déchu de monter une quelconque stratégie de défense.

Dans le cas de A. Massamba-Débat, par exemple, l’ancien président s’était effectivement retiré de la politique et avait rejoint son village natal lorsqu’il fut accusé du meurtre du président Ngouabi en mars 1977. Selon diverses sources, Marien Ngouabi aurait en fait contacté peu avant son assassinat Massamba-Débat auquel il aurait souhaité remettre le pouvoir en raison des difficultés qui lui rendaient la gestion du pays impossible. Yhombi Opango accusa pourtant l’ancien président A. Massamba-Débat et le fit exécuter ainsi que le cardinal Bayenda, archevêque de Brazzaville, probablement témoin du crime deux jours seulement après la mort de Ngouabi, sans procès, ni témoin (37).

Lorsque J. Rawlings prit le pouvoir au cours du mois de juin 1979, il organisa, quelques jours après, l’exécution des trois anciens présidents : Akuffo, Afrifa et Acheampong accompagnés de cinq généraux de l’armée. N’était-ce pas, selon lui, la façon la plus efficace de ne plus être gêné par les relations collusoires entre officiers supérieurs et poten-tats civils qui affaiblissaient et mettaient en danger son tout nouveau pouvoir? (38) On sait par ailleurs que le lieutenant-colonel Ignatius Acheampong avait pris sa retraite dans l’armée avant d’être arrêté. Doit-on alors évoquer le soutien qu’il gardait auprès de ses troupes pour expliquer le geste de Rawlings? A. Afrifa, pour sa part, avait repris une carrière politique et avait été réélu au Parlement en 1979 avant le coup d’État de Rawlings. Quant à F. Akuffo, il ne fut pas à même d’élaborer un plan de retraite ou de reconversion puisqu’il fut abattu seulement

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vingt jours après sa chute du pouvoir.

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Graphique n° 2 : les sorties de pouvoir

Graphique n° 3 : Evolution des sorties de pouvoir depuis les indépendances

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Coups d'État Pouvoir cédé aux civils Décès au pouvoir DémissionsDéparts constitutionnels Défaite électorale Assassinats

Démissions

Coups d'État

Cession aux civils

Assassinats

Décès

Sorties constitutionnelles

Défaites

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La neutralisation de la gestion stratégique des ressources par l’exécution est alors définitive et sans appel

d’autant plus qu’elle s’inscrit dans des références au droit et “légalise” cet acte de violence. La faillite de l’entrepreneur est totale, l’entreprise de son successeur est florissante : il est en effet parvenu à limiter ses propres contraintes.

Les mises en détention

La mise en détention, pour être moins brutale, n’en est pas moins efficace pour “geler” une carrière politique.

Quarante et un anciens présidents en tout ont été placés aux arrêts pendant des périodes allant de quelques jours à plusieurs années. Mais certaines détentions ne duraient guère que le temps d’installer le nouveau pouvoir. D’autres, comme celles d’Ahomadegbe, durèrent plus longtemps (neuf ans pour le président béninois), celle de D. Dacko (Centrafrique) onze ans, M. Keita (Mali) neuf ans et G. Kayibanda (Rwanda) trois ans. La durée de l’emprisonnement n’est pas le seul élément à prendre en compte du point de vue des ressources. Les conditions de détention par exemple, influent de façon considérable sur la suite de la carrière postprésidentielle. Les mauvais traitements subis par G. Kayibanda pendant ses trois années de détention ont été la cause de son décès. Au contraire, D. Dacko a été rappelé après onze ans de détention en tant que conseiller personnel de J.-B. Bokassa.

Chaque fois pourtant, un ancien président devenu gênant ne peut plus être réactif une fois qu’il est en prison ou

en résidence surveillée. Sa détention s’accompagne souvent de restriction voire d’interdiction de communication avec l’extérieur; ainsi O. Obasanjo, accusé d’avoir fomenté un coup d’État contre le président nigérian Sani Abacha, avait été arrêté le 12 mars 1995. Après avoir été détenu en résidence surveillée pendant onze jours, il a été libéré sous les pressions internationales notamment celles de Jimmy Carter, puis assigné à résidence le 23 mars 1995 dans sa ferme d’Otta à 60 km au nord de Lagos sans avoir à sa disposition ni radio, ni télévision, ni téléphone, ni même de journaux (40).

D’autres parviennent à écarter toutes contraintes pour monter des stratégies de repositionnement politique. Ainsi Alphonse Alley au Bénin, condamné en 1969 sous l’accusation de complot contre la sûreté de l’État à dix ans de travaux forcés, fut relâché la même année et nommé secrétaire général de la défense nationale (40).

Garder un ancien président en prison constitue une assurance pour le gouvernement en place et lui laisse la mainmise sur la plupart de ses ressources. C’est pourquoi d’autres anciens présidents, souhaitant éviter les mauvais traitements subis par leurs homologues, ont préféré partir et continuer leur carrière en exil.

Les exilés

Quarante-deux anciens présidents au total ont choisi l’exil. Il nous faut nuancer ici encore les différents exils :

présidents surpris par un coup d’État à l’étranger (5 cas) et qui, par la force des choses, se doivent d’y rester pour sauver leur vie, présidents en fuite à la suite d’un coup d’État (38 cas), exilés à la suite d’une incarcération ou de l’échec de leur stratégie de reconversion (2 cas). Il nous faut encore nuancer les cas de N. Soglo, Aristides Pereira et Pinto da Costa qui se sont installés dans un pays étranger sans en subir l’obligation. Enfin Mohammed Ould Haïdallah est resté sept ans en exil intérieur avant de pouvoir revenir à Nouakchott.

Le coup d’État qui précède un exil est souvent l’occasion pour le nouveau gouvernement de confisquer un

maximum de ressources au président déchu. L’exil, par la distance qu’il instaure avec les soutiens ou les réseaux de clientèle que l’ancien président entretenait à l’intérieur de son pays, ne fait qu’aggraver cette perte de ressources et compliquer une gestion adéquate du reste du stock. Si sa qualité principale est d’assurer l’intégrité physique de l’ancien président, l’exil n’assure pas pour autant la survie du capital accumulé au cours de la présidence. Les situations d’exil sont elles encore extrêmement diverses. Plus encore que les autres mises hors circuit, l’amorti de la chute dépend d’abord de l’anticipation que l’ancien président a pu faire devant son itinéraire et notamment la façon dont il a su ménager ses soutiens extérieurs, internationaux. Il devient primordial à ce moment pour l’ancien président de trouver un pays d’accueil auprès duquel il trouve un soutien politique et économique. Le choix du pays d’asile est un instrument d’analyse intéressant dans le sens où il rend compte de la valeur des appuis internationaux dont l’ancien président peut bénéficier. Il est toujours délicat du point de vue diplomatique d’accueillir un ancien président, surtout lorsque celui-ci s’appelle Bokassa ou Amin Dada. Certains d’entre eux errent parfois à leur sortie du pouvoir d’un pays à l’autre en éprouvant quelques difficultés pour obtenir le droit d’asile. L’exil errant

C’est bien l’activation de ces ressources internationales qui fut la pierre d’achoppement des carrières de F. Youlou, J.-B. Bokassa ou I. Amin qui se sont vu refuser le droit d’asile par les pays qu’ils avaient sollicités.

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L’épuisement total de leurs ressources au sortir du pouvoir les avait rendus particulièrement vulnérables et indésirables. F. Youlou, après avoir dû renoncer au soutien des troupes françaises qui devaient l’aider à faire avorter le coup d’État, s’est vu refuser le droit d’asile en France et a été contraint de finir ses jours en Espagne dans le plus grand dénuement économique. I. Amin, après avoir été refusé au Nigéria puis au Gabon, fut refoulé du Sénégal et consigné à l’aéroport de Kinshasa avant d’être accepté par la Libye puis, à contrecœ ur semble-t-il, par l’Arabie saoudite (41). J.-B. Bokassa enfin, après être resté deux jours sur la base militaire d’Évreux avec vingt-six membres de sa suite, fut accepté en Côte-d’Ivoire où l’asile politique lui fut accordé mais où il fut aussi mis sous clef par Houphouët Boigny qui aurait ainsi suivi les recommandations de Valéry Giscard d’Estaing (42).

Tous les itinéraires cependant ne sont pas voués à un tel échec et une fois le pays d’accueil trouvé, l’exil peut parfois être le lieu de rebondissement des carrières politiques. L’exil activiste

Comme nous l’avions dit, du fait de la distance que l’exil impose avec les soutiens de l’ancien président, le

nouveau gouvernement peut sans trop de difficultés intercepter ou contrecarrer tous les plans de recomposition politique des anciens présidents. L’épuisement des ressources est rapide.

Mais certains parviennent par leur activisme et en faisant jouer le droit international à continuer une carrière “politique” en dehors de leur pays d’origine, à tel point qu’il n’est pas rare d’entendre les noms de Jaafar Al-Nimeyri ou Haïlé Mengistu mêlés à une tentative de coup d’État. Ce dernier est actuellement réfugié au Zimbabwe auprès de Wendemu Kassa, son oncle, ancien ambassadeur à Harare. Loin d’être sans ressources, Mengistu possède là-bas plusieurs fermes et jouit du soutien financier du gouvernement d’Harare. La distance avec son pays d’origine ne l’empêche pas de mener encore une action revendicatrice visant à déstabiliser Mélès Zenawi. Il entretient notamment des relations téléphoniques avec des opposants restés au pays (43). Le matériel le plus sophistiqué de télécommunication n’a plus de secret non plus pour Hissein Habré qui parvenait, grâce à un système de communication satellite très évolué, à contacter depuis le Sénégal ses hommes restés au Tchad (44). L’exil est souvent l’occasion pour les anciens présidents de monter un parti d’opposition (Andrew Juxon-Smith de Sierra Leone), de se déclarer président du gouvernement en exil (Goukouni Weddeye au Tchad) ou même de préparer un retour à la magistrature suprême. N’oublions pas que M. Obote grâce au renforcement de ses soutiens transfrontaliers et à la reconstitution de ses réseaux de solidarité revint, neuf ans après son départ, à la tête de l’État ougandais (45).

Il faut pourtant apporter un bémol à cette forme d’activisme à distance, car si dans les premiers temps on accorde une oreille attentive aux présidents déchus, les négociations avec les acteurs politiques locaux font vite oublier les potentialités extérieures. Les relations diplomatiques sont souvent normalisées avec les “putschistes” et l’idée d’un retour du président exilé, même si elle se fonde sur le droit, apparaît de plus en plus saugrenue. En avril 1987, le recrutement d’anciens soldats de l’Uganda National Liberation Army (UNLA) par M. Obote et ses agissements visant, depuis son exil de Zambie, à déstabiliser le régime de Museveni ont suscité de vives tensions diplomatiques entre les deux pays. Malgré l’amitié qui unissait K. Kaunda et M. Obote, le président zambien dut assurer de son soutien le nouveau Président ougandais (46).

Après avoir été convaincu par les conseillers militaires américains de quitter la Gambie à bord du navire de guerre américain, le Lamoure County, Dawda Jawara avait décidé de faire une tournée des capitales européennes et s’était rendu par la suite aux États-Unis afin de réclamer une intervention militaire pour rétablir le droit dans son pays (47). Après avoir reçu l’asile au Sénégal, il vint à Paris et se réfugia en Grande-Bretagne. Quelques sanctions européennes furent prises à l’égard de l’Armed Forces Provisional Ruling Council (AFPRC) du gouvernement mais aucune véritable action ne fut mise en place (48). Après quelques mois, D. Jawara ne recevait déjà plus la visite des ministres anglais et son écho international ne cesse de diminuer, tout autant que celui de Mengistu d’ailleurs.

A l’inverse, il est un cas qui, sans affecter la carrière de l’entrepreneur, donne au contraire à son exil la couleur de l’or.

L’exil doré

A notre connaissance, aucun des anciens présidents recensés à ce jour n’a connu un exil plus confortable et si

peu contraignant qu’Hissein Habré et cela malgré la commission d’enquête sur ses crimes, malgré son désaveu international officiel et malgré le pillage méthodique qu’il a pratiqué avant sa fuite. En dépit de celle-ci, dont la précipitation fut provoquée par l’avancée des troupes d’Idriss Déby, l’ancien président tchadien prépara son départ d’une façon très réfléchie. En effet, la veille, il fit piller toutes les réserves d’argent du pays en prétextant un “effort de guerre exceptionnel”. Habré fit ainsi collecter dans la seule journée du 30 novembre 1991 toutes les liquidités disponibles dans les établissements publics, les sociétés d’État ou mixtes, certaines entreprises privées (Caisse

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nationale de prévoyance sociale, Cotontchad, Sonatsuc… ) ainsi que dans toutes les banques, comme la Banque tchadienne pour le commerce et le développement (49). Le rapport de la commission d’enquête précise que deux jours avant ce pillage des diverses caisses du Tchad, le président Habré avait rencontré les responsables financiers civils et militaires de la présidence, pour leur demander de faire la situation de leur trésorerie. La somme volée est estimée à 7 milliards de francs CFA par Déby et à 3.032.080.000 f. CFA par la commission d’enquête. Aujourd’hui à la charge de l’État sénégalais, sur la demande de F. Mitterrand semble-t-il, avec deux de ses épouses et une grande partie de sa garde personnelle, Habré se sert de l’argent détourné des caisses de l’État tchadien pour investir dans l’immobilier au Sénégal. Il aurait également tenté de financer le Mouvement pour la démocratie et le développement (MDD), mouvement d’opposition armé au régime de Déby depuis le Cameroun (50).

Jamais l’État sénégalais n’a forcé Habré à rendre la somme faramineuse qu’il avait emportée avec lui dans son exil. Au contraire, c’est l’émissaire tchadien chargé de réclamer les armes, les voitures et même l’Hercule C130 qu’Habré avait emportés dans sa fuite qui a été tué par la garde personnelle de l’ancien chef d’État (51). Hissein Habré, qui serait étroitement surveillé, recevrait enfin la “protection” du groupe d’intervention rapide (GIR) ainsi que des brigades d’intervention polyvalente (BIP) qui s’associent en quelque sorte à ses gardes personnels et renforcent la valeur de ses ressources personnelles coercitives. Plus étonnant encore, jamais le gouvernement de Déby n’a demandé l’extradition d’Habré pour qu’il comparaisse devant les tribunaux. Soulignons enfin que s’il était sujet à polémique à son arrivée en terre sénégalaise, Hissein Habré gagne aujourd’hui la popularité des habitants de Dakar. L’ex-président tchadien a en effet parfaitement su activer les ressources issues de la religion musulmane, qu’il partage avec une majorité de Sénégalais, en se rendant à la grande mosquée pour les prières et en multipliant ses relations avec l’organisation de la confrérie islamique et les marabouts tidjanes ou mourides. Voici une ressource bien originale et innovante que celle de la religion qui, comme nous le verrons, a aussi profité à Jean-Bedel Bokassa et à Saye Zerbo. La fuite d’Hissein Habré ne semble donc en aucun cas avoir terni son génie d’entrepreneur et sa capacité à gérer son capital, à accumuler de nouvelles ressources ou à faire fructifier de plus anciennes.

Ainsi, malgré quelques exceptions, dans la majorité des cas évoqués sous la rubrique “mises hors circuit”, la

gestion postprésidentielle est lourdement soumise aux contraintes imposées par le nouveau gouvernement. Ce sont justement ces pressions que vingt-six anciens chefs d’État ont réussi à éviter en abandonnant leur carrière politique pour se reconvertir dans un autre domaine.

Les reconversions

Nous avons qualifié de reconversion le processus qui consiste à déclasser les ressources obsolescentes, usées ou en voie de tarissement du stock de l’entrepreneur pour mieux en promouvoir d’autres. En d’autres termes, la reconversion vise à faire prendre à une carrière postprésidentielle une autre voie que celle de la politique. Ces entrepreneurs décident en quelque sorte de fermer une filiale pour en ouvrir une autre. Le phénomène de “straddling” ou chevauchement que relève Jean-François Médard dans son article sur le big man est sur ce point très utile (52). Le multipositionnement des acteurs politiques varie selon la dynamique contextuelle, et par l’échangeabilité des ressources qu’il facilite, permet aux anciens présidents de passer d’une fonction à une autre sans que leur entreprise subisse trop de déperdition.

Nous avons pu relever trois grands types de reconversion des plus classiques aux plus insolites : la reconversion dans les affaires, dans une carrière internationale ou dans la religion. A cette liste nous annexons deux cas originaux et incomparables, celui de Jean-Baptiste Ouedraogo tout d’abord qui, par sa profession initiale s’est aisément reconverti dans la médecine et celui de Yakubu Gowon ensuite qui, après s’être exilé en Angleterre, reprit ses études obtint son PhD et enseigne actuellement la science politique (53).

Les reconversions économiques

A travers les données recueillies, sept anciens chefs d’État se sont reconvertis officiellement dans le secteur

économique : Alphonse Alley au Bénin, le président nigérian Alhari Shagari, Manuel Pinto da Costa à São Tome et Principe, Ismaïl al-Azhari au Soudan, les présidents tchadiens Felix Malloum et Hissein Habré, enfin le chef d’État togolais Nicolas Grunitzki qui ouvrit une entreprise de travaux publics en Côte-d’Ivoire. De plus, il nous semble que nombreux sont ceux qui gardent une activité économique parallèle. O. Obasanjo par exemple entretenait, outre ses activités internationales, un domaine agricole, ce qui lui valut le prix initiative 1990 du projet Faim qui récompense les entreprises luttant en faveur de la suffisance alimentaire. Il prit également des participations dans la sucrerie de Savé au Bénin (54).

La reconversion dans le secteur économique quel qu’il soit, peut en fait correspondre pour les anciens présidents à une situation d’attente en vue des prochaines élections (D. Sassou ou K. Kaunda) ou à une aide “alimentaire”

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complémentaire pour financer les autres activités de l’entrepreneur. En général, les présidents au pouvoir, quand ils ne possèdent pas la plupart des entreprises du pays comme J.-B. Bokassa, gardent plus ou moins une mainmise sur le secteur industriel. C’est pourquoi la reconversion dans ce domaine reste la plus aisée et la plus “classique”. L’entrepreneur revient en fait à une accumulation de base qui lui permettra ensuite de réinvestir et de transférer les capitaux dans des réseaux de clientèle.

Si cette première reconversion est ouverte à tous, la seconde qui concerne la reconversion dans le domaine international est plus sélective dans le sens où elle requiert le soutien des homologues étrangers.

Les activités internationales

Ils ne sont que six à s’être reconvertis dans des activités internationales, que ce soit dans les cercles

d’intellectuels et d’artistes internationaux (L. Senghor), l’aide humanitaire (A. Toumani Touré, M. Kérékou, P. Buyoya) ou la diplomatie (O. Obasanjo, J. Nyerere, A. Toumani Touré, P. Buyoya). Bien qu’ayant des répercussions sur la politique interne de l’État, cette dernière activité n’est pas considérée ici comme une carrière politique à proprement parler car ses activités se font au sein d’organisations consultatives uniquement ou de groupes de réflexion multinationaux.

Le cas de L. Senghor est assez exceptionnel pour que nous le mettions à part. Nous l’avons déjà souligné, il est très frappant par sa rupture hors norme avec le monde politique. S’il avait parfois été critiqué au cours de sa présidence pour les colloques qu’il organisait sur les différents thèmes rattachés à la littérature, il est aujourd’hui loué autant pour sa retraite politique que pour son talent artistique. Doit-on croire aux rumeurs à propos d’un prix Nobel de littérature que sa fonction de Président empêcherait de lui décerner? (55). Toujours est-il qu’en plus d’aménager sa sortie de pouvoir, Senghor a tout au long de sa présidence cultivé parallèlement ses carrières politiques et artistiques en passant sans cesse de l’une à l’autre. Il serait trop long ici d’énumérer les prestigieuses occupations postprésidentielles de L. Senghor qui bien sûr ne se limitent pas à la littérature mais concernent aussi la diplomatie, les missions internationales et autres consultations en tant que “sage”. Nous ne citerons ici que sa nomination à l’Académie française, la vice-présidence du Haut Conseil de la francophonie ou encore sa participation à la Commission du dictionnaire français (56).

En ce qui concerne les présidents qui se sont voués à l’aide humanitaire, le chiffre de trois n’est qu’indicatif dans le sens où, tout comme les activités économiques, le secteur humanitaire est souvent une des branches d’activité des entrepreneurs au pouvoir et reste une activité nécessaire pour stimuler des soutiens, internationaux notamment.

La diplomatie formelle ou informelle - celle qui se servira du prestige d’un ancien président pour des actions internationales en dehors de toute mission ministérielle - enfin, est une reconversion qui reste proche de la scène politique intérieure même si elle n’en est pas partie intégrante. Elle associe les anciens chefs d’État aux très prestigieux groupes des “sages” menés de mains de maître par Jimmy Carter entre autres. Nous n’évoquerons que le cas d’O. Obasanjo car il est sans doute celui qui a le plus élargi ses ressources postprésidentielles avant son arrestation. Parmi les diverses activités de l’ancien chef d’État nigérian, Obasanjo organisa souvent, dans sa résidence d’Otta, des conférences, des groupes de réflexion sur l’avenir de l’Afrique en y invitant d’autres figures internationales comme Senghor ou Jimmy Carter (57). Certains affirment qu’il aurait souhaité devenir secrétaire général des Nations Unies à la suite de Javier Perez de Cuellar. Membre de la prestigieuse Commission des sages (Eminent Persons Group), il a notamment mené des actions de réconciliation nationale en Afrique du Sud en 1986, joué en 1988 au messager de la paix dans la guerre civile du Soudan ou agi récemment encore en faveur d’un règlement pacifique au Burundi. En 1987, Obasanjo crée l’Africa Leadership Forum (Forum des dirigeants africains), organisation indépendante qui consiste en un conseil consultatif de membres éminents de la politique mondiale (L. Senghor, J. Nyerere, Helmut Schmidt… ). Il fut créé pour aider à la formation de jeunes cadres africains mais aussi pour sensibiliser les esprits aux problèmes du continent.

En mars 1987, Obasanjo publiait “Les perspectives africaines” et “L’Afrique attaquée” en juin 1988, ouvrages de réflexion sur la place de l’Afrique dans le monde ainsi qu’un recueil de mémoires, “Not my will” en 1990 (58). La diversité de ses activités postprésidentielles est le signe, sans aucun doute, d’une bonne gestion de ses ressources. Obasanjo fait partie des anciens chefs d’État qui avaient trouvé bon d’investir dans leur avenir au cours de leur mandat présidentiel. Sa sortie en tant que militaire cédant le pouvoir aux civils tout autant que les amitiés internationales qu’il avait nouées alors avec des personnes éminentes l’ont aidé à entretenir, tout comme Senghor, une “retraite politique” prestigieuse.

Mais doté d’un prestige exceptionnel dû à la fois à sa démission, à sa réussite économique et à sa reconversion internationale, O. Obasanjo dérangeait considérablement le gouvernement par ses critiques de plus en plus vives. Comme dans le cas d’Amadou Toumani Touré, un ancien président actif sur la scène internationale n’est utile que lorsqu’il entre dans le jeu du gouvernement en place. Si le nouveau Président parvient à coopter son puissant prédécesseur à sa nouvelle équipe, il peut en tirer des bénéfices en transférant à son propre compte les ressources

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de l’ancien président. Dans le cas inverse, il devient une contrainte à éliminer. Aujourd’hui, malgré la gestion remarquable de ses ressources postprésidentielles, Obasanjo est en résidence surveillée. Son implication dans une tentative de “coup d’État” en mars 1995 n’a jamais été ni prouvée, ni démentie. Certains ténors auraient alors demandé son arrestation en critiquant son manque de loyauté à l’égard de la nation. Rien ne dit pourtant que le gel momentané (?) de sa carrière correspondra à la fin de son itinéraire.

Les reconversions religieuses

Il existe enfin une autre reconversion, plus récente et plus innovante qui regroupe jusqu’à maintenant trois

présidents : celle de la religion. Voilà une voie bien insolite de restructuration des ressources. Parmi ces trois présidents, Bokassa est certainement le plus étonnant. Nous l’avons vu en abordant les coups d’État, Bokassa à sa sortie de pouvoir s’est fait déposséder de tous les biens qu’il avait pu accumuler en dépouillant l’État centrafricain. Après son passage en France, puis en Côte-d’Ivoire, son retour dans son pays (RCA), son procès, sa condamnation à mort et sa réinstallation au palais de Berengo, Bokassa est à présent reconverti dans le prosélytisme religieux (59).

A sa libération, en novembre 1993, Bokassa a demandé à plusieurs reprises au gouvernement Patassé de lui restituer ses biens, en vain. Quelques serviteurs lui sont un temps restés attachés espérant glaner ça et là quelques diamants épargnés par les pillards. Puis devant sa ruine, Bokassa isolé activa une toute autre ressource qui lui permet aujourd’hui de regagner en partie la sympathie des Centrafricains.

Tout comme Saye Zerbo et Hissein Habré, dont nous avons déjà évoqué les rapports avec les confréries sénégalaises, Bokassa se voue désormais au culte du Seigneur. Libéré de sa prison le 1er septembre 1993, Bokassa utilise la ressource de la religion pour se créer de nouveaux appuis et générer une rénovation de son image. L’ex-empereur a en effet déclaré le dimanche suivant sa sortie devant environ 4 000 personnes rassemblées à la cathédrale de Bangui : “Je suis content d’avoir été en prison en votre nom, comme le Christ l’a été pour nous tous”. Puis “Jésus aussi avait beaucoup d’ennemis. Il leur a pardonné” (60). Fidèle à sa logique en effet, Bokassa s’est crée, à partir de la religion, non pas une image de repenti, mais celle d’un martyr, d’un apôtre du seigneur. Bokassa aurait requis auprès du président Patassé la construction d’une chapelle à Berengo où il pourrait, lui-même, dire la messe (61). Parviendra-t-il, après avoir parcouru son chemin de croix, à obtenir une réhabilitation politique auprès des Centrafricains?

La reconversion dans la religion en effet n’oblige aucunement un ancien chef d’État à renoncer à la politique. On connaît déjà l’utilisation et l’influence des activités ésotériques dans le domaine politique. Dans le cadre d’un parcours postprésidentiel, ce type de reconversion pourrait tout à fait être le lieu de rebondissement d’une carrière politique. Plus ou moins fructueuse, cette reconversion a pour avantage de relancer la carrière de nos entrepreneurs politiques dans une voie autre que celle de la politique et sans doute moins risquée. Nous aurions pu ajouter à cette liste d’autres chefs d’État qui eux aussi se sont retirés de la politique sans garder, du moins en apparence, aucune activité officielle, ni pratiquer aucune reconversion. Nous pourrions les considérer comme de véritables retraités.

Les retraités du pouvoir

Nous plaçons ces anciens chefs d’État à l’intérieur de la catégorie des reconvertis dans le sens où une activité

autre que la politique est nécessaire pour assurer leur subsistance car tous ne touchent pas leur pension d’anciens présidents. S’ils ont en général perdu tout crédit politique il nous paraît rationnel de les associer avec une autre activité, quelle qu’elle soit, plus ou moins lucrative pour eux. Ils sont au nombre de huit : les présidents sud-africains Balthazar Vorster et Peter Botha se sont retirés de toute action politique après avoir perdu le soutien des leurs; Philibert Tsiranana à Madagascar est resté dans son fief jusqu’à son décès malgré les accusations de complot proférées envers lui; Mohammed Ould Louly en Mauritanie semble subvenir à ses besoins grâce à sa pension d’ancien président; Siaka Stevens en Sierra Leone écrivit son autobiographie au cours de sa retraite; enfin Ibrahim Abboud au Soudan, Joseph Ankrah au Ghana et Aristides Pereira au Cap-Vert sont sortis de la scène publique (62).

Si le retrait de la politique caractérise les “reconvertis”, c’est au contraire le renforcement, voire l’élargissement des ressources politiques qui sera le but de ceux qui souhaitent effectuer un retour en politique.

Les retours en politique

Quarante-trois anciens présidents ont choisi pour leur “retraite” de chef d’État de rester en politique, avec succès pour certains puisque douze d’entre eux sont revenus à la magistrature suprême. Grâce à une bonne gestion de leurs ressources, ces entrepreneurs politiques sont parvenus à entretenir, d’une façon très pertinente dans le nouveau contexte qui s’offrait à eux, les ressources dont ils disposaient auparavant. Ils ont su, dès leur sortie, ne

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jamais être court-circuités totalement du pouvoir. A des niveaux différents, tous ont su revenir ou rester en politique, que ce soit une nouvelle fois en tant que chef d’État (Milton Obote en Ouganda, David Dacko en Centrafrique, Christophe Soglo, Hubert Maga et Mathieu Kérékou au Bénin, Jerry Rawlings au Ghana, Ahmad Maghoub et Sadiq al-Mahdi au Soudan, Ahmed Abdallah aux Comores, Letsie III et Moshoeshoe II au Lesotho ainsi que Pierre Buyoya au Burundi), en tant que leader politique (Choua Lol au Tchad, Jean-Baptiste Bagaza au Burundi, André Kolingba en Centrafrique ou Mohammed Ould Salek en Mauritanie) ou à divers postes de la machine étatique (Paul Muwanga et Tito Okello en Ouganda, Alphonse Alley au Bénin, Joaquim Yhombi-Opango au Congo, Akwasi Afrifa au Parlement ghanéen, David Dacko en Centrafrique, Frédérik De Klerk en Afrique du Sud, Alfred Raoul au Congo, Kpomakpor au Libéria, Ali Saïbou au Niger, Ismaïl Al-Azhari au Soudan et ChouaLol au Tchad). Il existe enfin une dernière catégorie d’ancien président qui, bien que retiré officiellement de la scène politique, tire quelques ficelles en coulisse (Didier Ratsiraka à Madagascar) (63). La nature officieuse de cette activité politique ne nous a pas permis d’établir avec certitude quels anciens présidents appartenaient à cette catégorie.

Les rouages étatiques

Si le retour en tant que chef d’État est le plus remarquable comme nous le verrons ultérieurement, il est d’autres

carrières qui permettent à d’anciens présidents de conserver et de réactiver leurs ressources politiques en fonction du nouveau contexte. Ainsi, douze anciens présidents sont revenus à des postes subalternes à l’intérieur des rouages étatiques.

Joaquim Yhombi Opango, grâce à l’exploitation de ses ressources personnelles contextuelles, est revenu au pouvoir au poste de Premier ministre entre 1993 et 1996 à la faveur de la Conférence nationale. Fort populaire dans l’armée, J. Yhombi Opango a permis, devant les difficultés que rencontre actuellement le gouvernement congolais, de faire pencher un moment la balance dans le camp des lissoubistes. Nous évoquions déjà ce genre d’association avec une personne éminente à propos d’A. Touré ou d’O. Obasanjo. Dans ce cas très précis le gouvernement en place est parvenu à coopter l’ancien président au sein de sa stratégie d’ascension politique. Le pouvoir utilise alors à la fois l’homme et ses ressources.

La raison du rappel de D. Dacko auprès de Bokassa en tant que conseiller personnel a bien sûr longtemps été le sujet d’interrogations. Comment souhaiter le retour d’un homme que l’on a renversé onze ans auparavant? Didier Bigo précise dans “Pouvoir et obéissance en Centrafrique” que le rappel de D. Dacko s’inscrivait dans le désir de Bokassa d’être couronné empereur. En effet, Bokassa aurait appris que Mobutu, de concert avec Omar Bongo, souhaitait proclamer “que la royauté et l’empire étaient dans la tradition africaine” de façon à se faire nommer “empereur des Bantous” :

“S’engage alors une course contre la montre pour mettre Mobutu devant le fait accompli et l’obliger à laisser la primeur à Bokassa. Celui-ci rappelle David Dacko à ses côtés, car il est un ami personnel d’Omar Bongo, et il espère ainsi le circonvenir pour réaliser son projet d’être le premier empereur d’Afrique centrale” (64).

En cooptant D. Dacko, il utilise alors les ressources de celui-ci pour en faire bénéficier sa propre entreprise. Paul Muwanga, nous l’avons déjà dit, fut nommé vice-président par M. Obote puis Premier ministre sous le

régime de Tito Okello. Le président ghanéen Akwasi Afrifa fut élu au Parlement après le renversement d’Ignatius Acheampong en 1978. Alphonse Alley, comme nous le précisions plus haut, fut libéré de sa prison alors qu’il avait été condamné à dix ans de travaux forcés pour être nommé secrétaire général de la défense nationale. Le président Nelson Mandela enfin, pour des raisons symboliques principalement, a associé l’ancien président F. De Klerk au pouvoir en le nommant lui aussi au poste de deuxième vice-président. Nous pourrions évoquer d’autres exemples. Malgré l’étonnement qui entoure ces nominations, le fait est qu’elles entrent autant dans la dynamique d’une carrière personnelle que dans la logique du nouveau gouvernement qui entend utiliser certaines ressources très ciblées des anciens présidents pour se tirer d’un mauvais pas.

Les leaders de mouvements politiques

Dix-huit chefs d’État en exil ou à l’intérieur de leur pays ont repris ou gardé la direction d’un parti politique.

Après sa destitution, alors qu’il se trouvait au deuxième sommet de la francophonie au Québec, le Burundais Jean-Baptiste Bagaza avait trouvé refuge à Kampala d’où il tenta en vain de regagner son pays. Le 16 janvier 1989, il quitta l’Ouganda pour Tripoli avant de rentrer d’exil le 26 juillet 1993 et de mettre sur pied le coup d’État contre M. Ndadaye (65). Il anime aujourd’hui un parti d’opposition favorable à l’instauration du “tutsi power” (66). A. Kolingba, ancien président centrafricain, s’occupe lui aussi d’un parti politique, le Rassemblement démocratique centrafricain qui ne détient cependant que trois sièges à l’Assemblée. Mustapha Ould Salek, destitué par le Comité militaire de salut national, est depuis l’un des chefs de l’opposition mauritanienne. K. Kaunda a repris la tête de

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l’UNIP, l’ancien parti unique. Amin Dada, en exil en Arabie saoudite, garde contre toute attente un écho auprès d’anciens soldats qui se sont regroupés au sein du mouvement rebelle du West Nile Bank Front (WNBF), dirigé par Juma Oris, l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Amin.

Le dernier exemple que nous prendrons, celui du président tchadien Mahammat Choua Lol, est à l’évidence le plus intéressant. Il avait été nommé à la tête de l’État par un accord entre les factions après la démission de Félix Malloum. Renversé six mois seulement après par Goukouni Weddeye, il se retire alors à Paris. Pourtant, après cette retraite de quelques mois, il rentre à N’Djamena pour y être élu maire puis nommé au ministère des Transports. C. Lol a, par la suite, fondé un parti bien implanté, le Kanem-Lac, qui pourrait lui permettre d’accéder à la magistrature suprême. Son influence se mesure notamment à l’importance qu’il eut lors de la Conférence nationale, au cours de laquelle il fut nommé président du Conseil supérieur de la transition (67).

Du point de vue des ressources, le poste de dirigeant d’un parti d’opposition est bien sûr très dangereux car il ouvre alors officiellement le conflit avec le chef d’État en place. Il exprime pourtant le crédit et l’implantation de l’ancien président dans le paysage politique. En d’autres termes, chacun de ces anciens dirigeants a pu, si ce n’est conserver, du moins accumuler de nouveau des ressources politiques de manière efficace.

La magistrature suprême

Parmi les douze anciens chefs d’État revenus à la magistrature suprême, cinq avaient été chassés par un coup d’État (A. Abdallah, M. Obote, D. Dacko, H. Maga et le roi du Lesotho Moshoeshoe II), C. Soglo et J. Rawlings avaient cédé le pouvoir aux civils, A. Maghoub et S. Al-Mahdi avaient été renversés par des motions de censure, Letsie III a cédé le pouvoir à son père, M. Kérékou et P. Buyoya ont été battus aux élections. Nous traiterons ces deux derniers cas à part car ils s’inscrivent dans le contexte particulier de la démocratisation. Buyoya est revenu à la suite d’un coup de force le 25 juillet 1996. Il semble pourtant que contrairement à un coup d’État classique, celui de P. Buyoya visait à rétablir la démocratisation dans le bon chemin.

Hubert Maga, figure quasi omniprésente de la politique béninoise (malgré son exil de cinq ans en France) après avoir subi un coup d’État le 28 octobre 1963, a conclu en exil un accord avec un ancien président et un vice-président (M. Apithy et Ahomadegbe) pour mettre en place une figure de pouvoir fondée sur un “triangle tournant”, sorte de triptyque présidentiel. H. Maga, bien qu’absent du pays, était considéré avec ses deux partenaires comme des chefs d’État de réserve. De nombreux plans se sont échafaudés autour de ces trois figures politiques pour reprendre le pouvoir au Bénin. Leur troïka présidentielle échoua cependant à la prise de pouvoir de J. Ahomadegbe qui fut renversé par le lieutenant colonel Mathieu Kérékou (68).

Un des cas les plus intrigants est celui de David Dacko car on peut évoquer son retour en politique à deux titres; d’une part, en tant que conseiller personnel de Bokassa, rappelé personnellement par l’ex-empereur; d’autre part, en tant que nouveau chef d’État puisque Dacko profita de cette “aubaine” qui le ramenait dans la voie du pouvoir pour reprendre ses anciennes fonctions de chef d’État suite à l’opération “Barracuda” menée par les troupes françaises. En plus de ses amitiés africaines que nous évoquions antérieurement, David Dacko avait l’avantage d’avoir gardé de très bons rapports avec les autorités françaises. Bokassa lui confia donc diverses missions diplomatiques - comme celle de convaincre la France de ne pas rompre ses relations avec la RCA en raison des rapports trop proches du chef de cet État avec la Libye de Khadaffi (69). Ceci fut l’occasion bien sûr pour D. Dacko de renforcer ses ressources internationales. S’inscrivant dans la logique contextuelle pour devenir un instant un serviteur patrimonial, David Dacko profite de la “révolte des enfants” d’avril 1979 pour commencer ses tractations avec le gouvernement français. C’est uniquement à partir de ce moment qu’il s’affirme comme un fervent “résistant” à Bokassa, dans le but “de s’assurer le monopole de la représentation des enfants martyrs” (70). En 1979, D. Dacko rencontre divers responsables du bureau de l’Elysée aux Affaires africaines, afin de mettre au point une intervention militaire de la France.

Après avoir décidé de l’opération “Barracuda” contre l’empereur centrafricain, la France dut choisir le

remplaçant de Bokassa. David Dacko sembla alors le mieux placé d’entre tous malgré son manque de soutien populaire. De fait, il s’était attaché depuis son retour au gouvernement à éliminer un à un les concurrents potentiels à la succession. Il avait tout d’abord fait fructifier ses ressources personnelles contextuelles en portant la disgrâce sur le Premier ministre, Ange Patassé, avant d’exclure Henri Maïdou des diverses tractations qu’il menait avec Paris (71). La France décida de l’embarquer à bord d’un transall qui se dirigeait vers Bangui et de le faire débarquer en même temps que les troupes de l’opération Barracuda. Après avoir restauré le multipartisme, il se fait élire le 20 mars 1981 avec un peu plus de 50% des suffrages. Il est à nouveau destitué en septembre 1981. Pourtant, après avoir connu deux présidences, deux coups d’État et seize ans d’emprisonnement, Dacko est parvenu aujourd’hui encore à prendre la tête de l’un des principaux partis d’opposition, le Mouvement pour la démocratie et le développement (MDD). Après dix ans de silence, Dacko annonçait à Paris, le 22 septembre 1992, son retour sur la scène politique. David Dacko s’est en effet porté candidat aux élections du 25 octobre 1992 car

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“les gens me réclament” soutint-il. Le slogan de sa campagne était “le peuple me connaît”. Certes! Mais Dacko n’a pu réussir à réunir les fonds nécessaires pour faire campagne, soit cinq millions de f. CFA selon le code électoral, et ce malgré ses amitiés dans le milieu des affaires (72).

Pourtant, après l’annulation des élections de 1992 par A. Kolingba, D. Dacko parvint à se présenter à celles de 1993 face à A. Patassé et recueillit un bon score qui ne suffit pas cependant à battre son rival d’autrefois. Ses visées présidentielles ont aujourd’hui été partiellement stoppées par le président Patassé. Craignant de devoir lutter à nouveau avec D. Dacko, Ange Patassé a décidé de supprimer sa pension d’ancien président nécessaire à la poursuite de ses ambitions. Enfin, lorsque Dacko subissait déjà l’interdiction de quitter Bangui, on lui aurait supprimé en 1993 le droit d’entreprendre la moindre activité économique (73).

Il va sans dire qu’un tel louvoiement dans la gestion des ressources a été particulièrement habile de la part de D. Dacko surtout lorsque l’on pense à la concurrence exceptionnelle du gestionnaire politique en place (Bokassa). A notre connaissance, David Dacko est en outre l’un des seuls présidents au pouvoir à avoir eu l’idée de créer une caisse de retraite au début des années soixante destinée aux dirigeants politiques. Lui-même y a versé des cotisations dont il ne peut tirer les bénéfices. Lorsqu’il appartenait à la mouvance présidentielle, D. Dacko proposa, sous la présidence d’Ange Patassé, un projet relatif à l’attribution d’une rente viagère aux anciens dirigeants. Ce projet a lui aussi été rejeté (74).

Les chefs d’État “recyclés”

Nous voudrions enfin revenir sur le cas de M. Kérékou, assez exceptionnel, car non seulement M. Kérékou est

revenu à la magistrature suprême, mais il y est revenu en tant qu’ancien autocrate battu aux élections puis réélu à la tête du pays dans le nouveau contexte de démocratisation. Dans notre premier texte de 1995, nous avions classé ces présidents battus aux élections dans un groupe particulier, celui des “nouveaux démocrates” mais ils n’avaient alors plus aucune activité politique officielle. Tous espéraient cependant un retour prochain à leur fonction, que ce soit D. Sassou, M. Kérékou ou K. Kaunda. Aujourd’hui, le plus intéressant est de remarquer que les deux derniers ont repris une activité intense en politique (même si K. Kaunda semble actuellement court-circuité par F. Chiluba) à tel point que M. Kérékou a remporté haut la main les élections libres de mars 1996. Ainsi, après avoir subi les processus de libéralisation et les recommandations des conférences nationales ou des pressions internationales, les deux anciens chefs d’État ont rebondi sur la vague de démocratisation pour apparaître aujourd’hui comme des démocrates victorieux du système qui les avait écartés du pouvoir.

En d’autres termes, alors que l’on estimait que ces autocrates sortiraient entièrement et définitivement de la scène politique sous les coups de la démocratisation, ils ont recyclé leurs ressources appauvries, usées, pour les transformer en un stock enrichi et tout à fait adapté au nouveau contexte démocratique. Après avoir été débordés par le flux de revendications, les anciens présidents ont repris la maîtrise du jeu politique et le “caméléon” est remonté aux branches en revenant à la magistrature suprême (75).

K. Kaunda lui aussi avait certainement recyclé assez efficacement son stock de ressources et pouvait user, au

gré de la libéralisation, des moyens constitutionnels mis à sa disposition pour reconquérir la magistrature suprême. Chiluba n’a pas vu cette renaissance d’un bon œ il et a depuis utilisé toutes les stratégies de mises hors circuit à sa disposition pour barrer la route de son adversaire qui avait, entre-temps, regagné la tête de l’UNIP (ancien parti unique). Il est intéressant de constater que cette manipulation des ressources démocratiques par Kaunda se serait avérée beaucoup moins aisée dans un contexte autre que celui qui s’amorce actuellement. En effet, un gouvernement autoritaire ne se serait sans doute pas embarrassé, comme le fait par exemple F. Chiluba, d’un ancien président activiste tel que Kaunda s’il avait eu la possibilité de l’évincer d’une autre façon. Or aujourd’hui, le nouveau gouvernement zambien, pour parvenir à éliminer K. Kaunda de la course aux présidentielles, doit prendre de nombreux détours, tels que lui intenter procès sur procès pour quelque raison que ce soit, ou plus récemment modifier la Constitution, en n’autorisant plus que les candidats dont les deux parents sont de nationalité zambienne à se présenter aux présidentielles (Kaunda est d’origine malawite) (76).

Après l’annonce faite par Kaunda de son retour en politique, il est d’abord accusé en mars 1993 de fomenter un coup d’État contre le nouveau gouvernement. Son fils, Maj Wezi, qui était sous la présidence de son père à la tête de la branche armée de l’UNIP, a été arrêté sous ce même chef d’accusation le 5 mars 1993 (77). En octobre 1994, Kaunda est poursuivi pour avoir organisé une réunion publique sans autorisation de la police. Puis à nouveau en mars 1995, le Movement for Multiparty Democracy (parti de Chiluba) le menaçait de le mener en justice s’il continuait de “provoquer le peuple de Zambie” (78). Tous ces exemples ne sont qu’une partie des accusations portées contre Kaunda avant qu’il ne soit mis définitivement hors course par la nouvelle disposition constitutionnelle. Pour Kaunda en particulier, la démocratie avait constitué une ressource lui permettant de se remettre en selle pour les prochaines élections même si certaines autres ressources contre-productives l’auraient certainement freiné dans sa course. A contrario, c’est aujourd’hui le gouvernement démocratiquement élu qui

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apparaît comme a-démocrate du fait qu’il ne cesse de harceler un ancien président. Nombreux ont été les représentants des pays donateurs qui ont mis en garde Chiluba contre un harcèlement de l’ancien président qui remettrait en jeu l’aide économique à la Zambie.

Il est probable que, dans le contexte africain, les nouveaux présidents élus par le biais d’élections libres et multipartites ne disposent pas, pour la plupart, à leur arrivée au pouvoir, du charisme des hommes forts qui viennent d’en sortir, ni du pouvoir coercitif dont pourrait disposer un régime militaire. La démocratie a été tour à tour à la source du départ et du retour des anciens présidents sur la scène politique. Elle devient paradoxalement l’une des ressources dont les anciens présidents peuvent garnir leur escarcelle en leur permettant de quitter le pouvoir sans trop d’à-coups, de critiquer ouvertement le pouvoir en place et de se proposer comme successeur potentiel. Le nouveau jeu démocratique fait aussi celui des anciens présidents. Ces nouveaux démocrates, professionnels du changement d’identité, apparaissent aujourd’hui comme ceux qui respectent les règles de la démocratie et peuvent, sous cette étiquette, commencer une nouvelle étape de leur carrière politique. Pourtant, il nous faut rester prudent quant à leur rôle dans le processus de démocratisation et le cas de D. Sassou Nguesso vient s’ajouter à celui de K. Kaunda pour illustrer nos propos.

Certes, D.Sassou à autorisé la tenue de la Conférence nationale et s’est retiré du pouvoir après son échec électoral en juillet 1992. Mais il semble que son parcours, depuis sa sortie de pouvoir ou plus exactement depuis octobre 1992 (date du renversement d’alliance entre les partis politiques), aille dans le sens d’une fragilisation du processus de démocratisation. En effet, après sa défaite au premier tour des présidentielles de 1992, D. Sassou avait associé son parti, le Parti congolais du travail (PCT), à celui de Pascal Lissouba, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) afin d’offrir la victoire à ce dernier. Mais déçu de ne pas avoir reçu les portefeuilles ministériels qu’il souhaitait pour son parti, D. Sassou décide dès octobre 1992, soit quatre mois seulement après les élections, de dissoudre l’alliance avec l’UPADS pour en contracter une autre avec le MCDDI (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) dirigé par son ennemi de toujours, Bernard Kolelas. Cette union contre-nature eut pour effet direct de rendre la mouvance présidentielle minoritaire à l’Assemblée. Aussitôt, le gouvernement Bongho Nouarra est censuré, Lissouba dissout l’Assemblée et les premières barricades font leur apparition dans Brazzaville (79). Le Président congolais annonce alors des élections législatives anticipées pour mai 1993. Dans un climat très tendu, les résultats du premier tour sont contestés par l’opposition qui refuse de participer au second tour. B. Kolelas appelle à la désobéissance civile. C’est le début d’une guérilla urbaine à Brazzaville et d’une crise politique telle qu’en juin 1993, l’opposition forme un gouvernement parallèle à celui de J. Yhombi (80). Par la suite, des pourparlers entre parlementaires parviennent à un accord politique qui aboutira à un processus de normalisation dans le courant de l’année 1994.

L’implication de D. Sassou dans ces révoltes “populaires” ne fait aucun doute auprès des spécialistes. On le soupçonne tout d’abord d’avoir conçu son alliance avec B. Kolelas en sachant que ce dernier n’avait pas la stature nécessaire pour contrecarrer ses projets politiques. On dit même que c’est D. Sassou qui aurait poussé B. Kolelas et les Laris à l’affrontement avec les forces gouvernementales (81).

Depuis fin 1995, D. Sassou, qui reste le membre le plus influent de l’opposition au sens le plus strict - contrairement à B. Kolelas qui participe au gouvernement d’union nationale proposé par P. Lissouba en janvier 1995 - s’est installé à Paris car il craignait pour sa sécurité au Congo. Aujourd’hui, les divers contacts qu’il noue renforcent la probabilité de sa candidature aux prochaines élections. Sa fortune personnelle, son ascendance sur l’armée et même les qualités de sorcellerie qu’on lui prête accroissent bien sûr son influence et rendent incertaine l’issue des présidentielles de 1997.

Conclusion

Les quelques grandes tendances que nous avons esquissées ici justifient, selon nous, l’utilisation que nous avons

faite de la théorie de la mobilisation des ressources. Sans pour autant donner un sens à chaque reconversion, cet angle d’approche nous a permis de suivre au plus juste les stratégies de carrière postprésidentielles des anciens chefs d’État africains et de mesurer l’importance du contexte dans lequel ces ressources sont utilisées. L’apparition de nouveaux types de sorties de pouvoir et de nouvelles reconversions ne rendent que plus intéressant le contenu de cette étude en ce sens qu’ils apportent de nouveaux paramètres à la réflexion ébauchée sur la situation des retraités du pouvoir en Afrique.

Il nous faudra en effet rester attentifs aux prochaines évolutions des parcours postprésidentiels qui vont subir les effets des modifications constitutionnelles établies dans les années 1990. La régularisation du transfert de pouvoir ainsi que les nouvelles pratiques instaurées récemment (limitation de la gestion personnalisée du pouvoir, de la durée et de la renouvelabilité des mandats, principe d’accountability… ) influent considérablement sur les sorties des chefs d’État africains autant que sur leurs logiques de retraite ou d’accumulation prévisionnelle de ressources. La démocratisation parviendra-t-elle à institutionnaliser de façon accrue le statut des anciens chefs d’État? Elle leur permet en tout cas de se maintenir en place dans le jeu politique.

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Les anciens présidents faisaient déjà partie intégrante du processus de transition. Au Tchad, au Bénin et au Congo, ils ont été conviés à participer à la réconciliation nationale et ont, pour la plupart, bénéficié en ce sens d’amnisties qui leur ont permis, non seulement de revenir au pays, mais aussi d’absoudre leurs crimes passés. Libérés des menaces de poursuites judiciaires, ces anciens présidents retrouvent au sein même du système qui les a chassés du pouvoir, la possibilité de faire évoluer à nouveau leur carrière politique.

Le retour au pouvoir ou sur la scène politique d’anciens autocrates comme M. Kérekou ou K. Kaunda laisse comme un goût amer dans la bouche des adeptes de la démocratisation. Ne faut-il pas voir là un des effets pervers du processus démocratique qui permet aux anciens leaders de revenir sur le devant de la scène politique en faisant craindre la réalisation de l’aphorisme lampédusien (“Tout changer pour que rien ne change”) et le retour, dans un contexte “pseudo-démocratique” - qui n’aurait de démocratique que le nom -, des “anciens” autocrates africains et de leur pratique du pouvoir? Serait-ce trop naïf de croire que le retour de M. Kérékou dans la transparence et par le biais des urnes lui confère assez de légitimité pour qu’il puisse désormais gouverner avec les seules ressources que lui confère l’État démocratique?

L’acceptation des règles démocratiques, nous l’avons dit, ne va pas forcément dans le sens de sa consolidation. La présence persistante d’anciens présidents sur la scène politique (D. Sassou au Congo ou K. Kaunda en Zambie) ou en coulisse (D. Ratsiraka à Madagascar) perturbe parfois ou fragilise considérablement le processus de démocratisation. Il apparaît en effet que certains anciens présidents ont la capacité de faire parvenir la transition au point de déclencher comme au Congo, par exemple, des émeutes populaires ou de contester le gouvernement nouvellement élu (Zambie, Madagascar). Du rôle d’exclus qui leur avait été conféré, ces autocrates africains passent à celui de vainqueur du système démocratique et déstabilisent à leur tour leurs successeurs sans pour autant sortir (officiellement) du cadre institutionnel qui leur a été imposé. Ironie du sort?

Il semble aujourd’hui encore qu’on puisse légitimement s’interroger sur la capacité de la démocratisation à régulariser la situation des anciens présidents d’Afrique noire afin que la sortie de pouvoir et la retraite présidentielle ne ressemblent plus à un horizon flou, dévalorisant et peu sécurisant et ne constituent plus pour l’entrepreneur politique un enjeu justifiant une soif de pouvoir et une accumulation démesurée de ressources en prévision de sa chute. Car s’ils ne sont pas à proprement parler des éléments constitutifs de la démocratie, le sort réservé à un ancien président et son devenir postprésidentiel en sont peut-être l’expression.

Septembre 1996

Graphique n° 4 : Les devenirs postprésidentiels

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ExilAutres reconversions

Carrière économique

Carrière internationale

Retour à un poste politique

Retour au pouvoir

Retraite

Prison

Exécution

Retour à l'intérieur d'un parti

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NOTES

(1) Voir sur ce point R. DAHL, L’analyse politique contemporaine, Paris, R. Laffont, 1983, p. 162 et suivantes et l’introduction de la thèse de doctorat de D. COMPAGNON, Ressources politiques, régulation autoritaire et domination personnelle en Somalie (1969 - 1991), Université de Pau, février 1995.

(2) R. DAHL, op. cit., p. 94.

(3) Ibid.

(4) Nous reprenons ici la métaphore économique suggérée par SCHUMPETER dans Capitalisme, socialisme et démocratie, Paris, Payot, 1974 et M. WEBER dans Le savant et le politique, Plon, 1959 (10/18).

(5) J.-P. LACAM, “Le politicien investisseur : un modèle d’interprétation de la gestion des ressources politiques”, Revue française de science politique, 38(1), février 1988, p. 23-47.

(6) W.F. ILCHMAN et N.T. UPHOFF, dans The Political Economy of Change, Berkeley, University of California Press, 1969, parlent même de “liquidités politiques” qui s’échangeraient ou seraient convertibles tout comme le sont les biens économiques.

(7) C. TILLY, From Mobilization to Revolution, Reading (Mass.), Addison-Wesley, 1978. Voir la mise en garde de M. DOBRY à ce sujet, Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de la FNSP, 1992, pp. 34-35 (Références).

(8) M. DOBRY, op. cit., p. 38.

(9) Pour une définition précise de la notion de “conjoncture de fluidité politique”, voir M. DOBRY, op. cit.

(10) J.-F. MÉDARD, “Le big man en Afrique : esquisse d’analyse du politicien entrepreneur”, L’année sociologique, 1992, pp. 168-192.

(11) Nous avons étudié dans notre DEA plusieurs statuts légaux et leur application restrictive, au “cas par cas” en Afrique. Pour plus de détails, voir S. PERROT, La situation des anciens présidents d’Afrique noire : contribution à la réflexion sur les élites et les ressources politiques, pp. 80-83 (Mém. de DEA : Études africaines : CEAN-IEP de Bordeaux : 1995).

(12) Un tableau de la même facture avait déjà été établi, il y a plus de dix ans de cela, par R. JACKSON et C.G. ROSBERG dans Personal Rule in Black Africa : Prince, Autocrat, Prophet, Tyrant, University of California Press, 1982, 315 p. Nous soulignons d’autre part l’ouvrage de J.A. WISEMAN, Political Leaders in Black Africa : A Biographical Dictionary of Major Politicians since Independence, Brookfield, E. Edgar, 1991, XIII - 248 p. qui nous a été très utile.

(13) Pour douze des cent quarante-six chefs d’État étudiés, les informations que nous avons recueillies concernant leur sortie ou leur devenir étaient contradictoires ou trop évasives pour les inclure dans le tableau. Ce fut le cas notamment pour les présidents libériens.

(14) Sur ce sujet, voir l’ouvrage classique de J.-P. PABANEL, Les coups d’État militaires en Afrique noire, Paris, l’Harmattan, 1984, 188 p. (Racines du présent).

(15) F. HOUPHOUËT BOIGNY, “J’ai des milliards en Suisse”,

Peuples Noirs-Peuples Africains, n° 41-42, septembre-octobre et novembre-décembre 1984, n° spécial : Côte-d’Ivoire.

(16) Pour plus de détails sur les placements financiers de Bokassa, voir P. LAMOTHE, Le Centrafrique de Bokassa : un pouvoir néo-patrimonial? (Mém. de DEA : Études africaines : CEAN-IEP de Bordeaux : 1982).

(17) Jeune Afrique, n° 1865, 2-8 octobre 1996, p. 35.

(18) Un article récent de Jeune Afrique soulignait que, suite à une congestion cérébrale et des troubles rénaux (depuis septembre 1995) qui obligent Bokassa à rester en Côte-d’Ivoire pour y recevoir des soins, l’armée française se servirait du palais de Berengo comme base d’entraînement. Ces informations doivent être vérifiées, voir Jeune Afrique, n° 1865, 2-8 octobre 1996, p. 34-37.

(19) I. CHRISTIE, Samora Machel, a Biography, London, Panafrican Books, 1989, 181 p.

(20) En ce qui concerne le Président togolais, voir A. N. BONIN, Le Togo, du sergent en général, [s.l.], Lescaret éd., 1983, 231 p. Le mythe Sankara a été la source de nombreux ouvrages, nous ne citerons que L. MARTENS et H. MEERSTERS, Sankara, Compaoré et la révolution burkinabè, Berchem, Éd. EPO, 1989, 335 p.

(21) Le fils de Tombalbaye, Salomon Ngarbaye Tombalbaye, dirige actuellement le Mouvement pour la démocratie et le socialisme au Tchad (MDST), mouvement d’opposition à Idriss Déby, Le Monde sur CD-Rom, article du 25 mai 1994, p. 5.

(22) B. LANNE, “Plaidoyer pour Tombalbaye” deuxième partie, Le mois en Afrique, décembre 1986-janvier 1987, n° 251-252, p. 155.

(23) Jeune Afrique, n° 1646, 23-29 juillet 1992, pp. 38-40.

(24) Le Monde sur CD-Rom, article du 19 septembre 1994, p. 2.

(25) Pour une interprétation du “warlordism” fondé sur un usage exclusif de la violence, consulter A. MBEMBE, “Pouvoir, violence et accumulation”, Politique africaine, n° 39, 1990, et notamment les pages 18 à 24.

(26) Sur cet accroissement progressif des pouvoirs d’Abdou Diouf, voir “Senegal : after Senghor?”, Africa Confidential, 20(12), 6 juin 1979, p. 6.

(27) Le Monde, 21 octobre 1980, p. 3.

(28) Jeune Afrique, n° 1751, 28 juillet-3 août 1994.

(29) Jeune Afrique, n° 1510, 11 décembre 1989, p. 15.

(30) P. GAILLARD, Le Cameroun, T. 1 et 2, Paris, L’Harmattan, 1989.

(31) Jeune Afrique Economie, n° 138, décembre 1990, p. 178. Troisième volet d’une série consacrée aux présidents démissionnaires.

(32) Nous n’avons pu recueillir que très peu d’informations sur cette catégorie de présidents du fait de leur retraite hors de la scène publique. En ce qui concerne Paul Muwanga, voir Africa Research Bulletin, 15 novembre 1986, p. 8277 et E.A. BRETT, “Neutralising the Use of Force in Uganda”, The Journal of Modern African studies, 33(1), 1995, p. 144.

(33) Africa Research Bulletin, 15 mars 1987, p. 8411.

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24

(34) C. CHAMPIN, “Malawi : la fin d’un règne”, pp. 269-280 in L’Afrique politique 1994, Paris, Bordeaux-Talence, Karthala, CEAN, 1994.

(35) Pour plus de détails sur les dernières années de la présidence du malgache Ratsiraka, voir E. REVEL, L’île rouge : les remords d’un président déchu, Didier Ratsiraka, Paris, Balland, Le Nadir, 1994, 208 p.

(36) F. CONSTANTIN et P. QUANTIN, “Zambie : fin de parti”, Politique africaine, n° 45, mars 1992, pp. 123-128.

(37) Entretien avec P. Quantin, chercheur au CEAN-IEP de Bordeaux-Talence.

(38) C. THIRIOT, L’armée face à la démocratisation : Mali, Ghana, Burkina Faso, Congo, Togo (Mém. de DEA : Études africaines : CEAN-IEP de Bordeaux : 1994).

(39) AFP Afrique, 11 avril 1995.

(40) J. WISEMAN, Political Leaders in Black Africa : A Biographical Dictionary of Major Politicians since Independance, Brookfield, E. Elgar, 1991, p. 12.

(41) Africa Confidential, 20(14), 4 juillet 1979, p. 3 et Jeune Afrique, n° 1465, 1er février 1989, pp. 40-41.

(42) Le Canard Enchaîné, 17 septembre 1980.

(43) Le ministère des Télécommunica-tions du Zimbabwe a d’ailleurs soulevé le problème de la dette que Mengistu avait contractée. Le non-paiement de cette dette par l’État, garant des dépenses de Mengistu, fut la source d’une affaire publique retentissante.

(44) Jeune Afrique, n° 1642 et 1577, 25 juin-1er juillet 1992 et 20-26 mars 1991.

(45) “Uganda : Obote again?”, Africa Confidential, 21(2), p. 1.

(46) Africa Research Bulletin, 15 avril 1987, pp. 8446-8447.

(47) E. SALL, “Gambie : le coup d’État de juillet 1994”, pp. 181-192 in Afrique politique 1995, Paris, Bordeaux-Talence, Karthala, CEAN, 1995.

(48) West Africa, 20-26 février 1995, p. 270 et 6-12 mars 1995, p. 349.

(49) Tchad, Ministère de la Justice, Rapport de la commission d’enquête nationale sur les crimes et détournements commis par l’ex-président Habré, ses coauteurs et/ou ses complices, L’Harmattan, 1993.

(50) Jeune Afrique, n° 1642, 25 juin-1er juillet 1992.

(51) Jeune Afrique, n° 1577, 20-26 mars 1991.

(52) J.-F. MÉDARD, art. cit., p. 172.

(53) Entretien avec J.-P. Daloz, chercheur au CEAN, Bordeaux-Talence.

(54) Jeune Afrique Economie, n° 137, novembre 1990, p. 127.

(55) J.-P. BIONDI, Senghor ou la tentation de l’Universel, Paris, Denoël, 1993, 197 p. (L’aventure coloniale de la France).

(56) Jeune Afrique Economie, n° 136, octobre 1990, p. 124.

(57) Jeune Afrique Economie, n° 137, novembre 1990, p. 127.

(58) Ibid.

(59) D. BIGO, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Karthala,

1989, p. 323.

(60) Le Canard Enchaîné, 29 septembre 1993, p. 5.

(61) Ibid.

(62) Le caractère privé de leur retraite ne nous a pas permis de connaître leurs moyens de subsistance.

(63) Entretien avec J. DU BOIS DE GAUDUSSON, professeur de droit, Université de Bordeaux 4, spécialiste de Madagascar.

(64) D. BIGO, op. cit., p. 149-150.

(65) Jeune Afrique, n° 1712-1713, 28 octobre-10 novembre 1993. La thèse du coup d’État a été confirmée lors d’une question au cours d’une conférence de C. Braeckman sur le Rwanda au Centre Marcel Paul de Bordeaux, le 31 mai 1995.

(66) Jeune Afrique, n° 1465, 1er février 1989.

(67) Entretien avec R. Buijtenhuijs, chercheur à l’Afrika-Studiecentrum, Leiden, et spécialiste du Tchad.

(68) R. CORNEVIN, La République populaire du Bénin, des origines dahoméennes à nos jours, Paris, G.P. Maisonneuve et Larose, 1981.

(69) D. BIGO, op. cit., p. 150.

(70) Ibid., p. 236.

(71) D. BIGO, op. cit., p. 241 précise que Dacko aurait promis en contrepartie du coup d’État d’organiser un soulèvement populaire. Or il s’est avéré qu’il n’avait plus aucune influence sur le tissu politique local. Ce n’est qu’après avoir pris connaissance de ces faits que la France décida d’agir ouvertement en Centrafrique sans être “couvert” par une “révolte” intérieure.

(72) “Moi, David Dacko, je reviens!”, Jeune Afrique, n° 1656, 1er-7 octobre 1992, pp. 8-9.

(73) “Je dois quémander pour survivre”, Jeune Afrique, n° 1770, 8-14 décembre 1994, pp. 34-37.

(74) Ibid.

(75) Le caméléon est le symbole utilisé par M. Kérékou. Pour plus de détails voir C. MAYRARGUE, “Le caméléon est remonté en haut de l’arbre : le retour au pouvoir de M. Kérékou au Bénin”, Politique africaine, n° 62, juin 1996, pp. 124-131.

(76) Entretien avec M. Mukilete, chercheur zambien.

(77) West Africa, 15-21 mars 1993, p. 939.

(78) West Africa, 27 mars-2 avril 1995, p. 476, cite ici le Zambian Daily Mail.

(79) Pour plus de détails sur cette crise politique congolaise, voir E. LE BRIS et P. QUANTIN, “Les barricades sont-elles anticonstitutionnelles?”, Politique africaine, n° 48, décembre 1992, p. 142-145.

(80) Nous n’entrons pas en détail sur les conflits entre bandes armées et milices présidentielles. Toutes les informations sur ce sujet sont parfaitement traitées dans R. BAZENGUISSA-GANGA, Milices politiques et bandes armées à Brazzaville. Enquête sur la violence politique et sociale des jeunes déclassés, Paris, CERI-FNSP, avril 1996, 34 p. (Les Études du CERI, n° 13).

(81) Les Laris sont la composante ethnique la plus importante des soutiens de B. Kolelas.

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Tableau récapitulatif des chefs d’État

d'Afrique noire depuis les indépendances

Dernière remise à jour : septembre 1996

Afrique du Sud

(31 mai 1961)

1958 - 6 septembre 1966 Dr Hendrick VERWOERD ( né en 1901)

Assassiné le 6 septembre 1966 en plein Parlement par D. Safendas, qui lui reprochait sa complaisance à l'égard des Noirs. Le Parti national désigne son successeur.

septembre 1966 - septembre 1978

Balthazar Johannes VORSTER (né en 1915)

Prime Minister jusqu'en septembre 1978, lorsqu'il démissionne pour prendre la présidence de la République après la mort de Nico Diederichs en août, mais huit mois plus tard, Vorster est impliqué dans le scandale du Muldergate ou scandale de l'information. Il démissionne officiellement pour raison de santé. Vorster meurt en 1983 loin de la scène politique.

septembre 1978 - 14 août 1989

Pieter Willem BOTHA (né en 1916)

La réforme constitutionnelle de 1984 le fait passer du statut de Prime Minister à celui de Président. Il démissionne en août 1989 car il fut désavoué par les siens après avoir eu une congestion cérébrale. Une fois retiré du pouvoir, les critiques que P. Botha porte aux réformistes le poussent à résilier sa carte du parti en signe de protestation. Il se retire alors de toute action politique.

août 1989 - mai 1994

Frédérick DE KLE (né en 1936)

De Klerk fait libérer Mandela le 11 février 1990 et proclame la fin de l’apartheid en 1991. Novembre 1993 : Constitution intérimaire. Le NP perd les élections de 1994. De Klerk devient deuxième vice-président jusqu’en juin 1996 et reste chef de l’opposition.

mai 1994 - Nelson MANDELA (né en 1918)

En 1994 Mandela est élu Président.

Angola

(11 novembre 1975)

novembre 1975 - 10 septembre 1979

Antonio Agostinho NETO (né en 1922)

Meurt d'un cancer à 56 ans le 10 septembre 1979 à Moscou. Le 20 septembre 1979, le Comité central du Movimento Popular de Libertação de Angola (MPLA) désigne son successeur.

septembre 1979 - José Eduardo DOS SANTOS (né en 1942)

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Bénin (ex-Dahomey)

(1er août 1960)

août 1960 - 28 octobre 1963

Hubert MAGA (né en 1916)

Après des grèves et des soulèvements populaires, l'armée prend le pouvoir. Coup d'État du colonel Christophe Soglo, conseiller militaire du président Maga. Après deux ans en résidence surveillée, Maga s'exile en France en 1965. En 1970, il rejoint le Bénin pour reprendre la tête de l'État avec Apithy et Ahomadegbe.

octobre 1963 - janvier 1964 Colonel (puis général) Christophe SOGLO (né en 1912)

Soglo rend le pouvoir aux civils. Des élections sont organisées en janvier 1964. Soglo se retire dans l'armée avant de revenir à la tête de l‘État en 1965.

janvier 1964 - 27 novembre 1965 Sourou Migan APITHY (né en 1913)

Le Parti Démocratique Dahoméen (PDD) démet Apithy de ses fonctions et nomme Ahomadegbe à la tête de l’Etat mais le 29 novembre, le coup d’Etat de C. Soglo force Apithy et Ahomadegbé à démissionner. Le président de l'Assemblée nationale prend la tête du gouvernment provisoire. Apithy s'exile en France jusqu'en 1970 lorsqu'il revient pour passer l'accord du "triangle tournant" avec Ahomadegbe et Maga. Mais il ne put exercer sa présidence prévue de 1974 à 1976 en raison du coup d'État de Kérékou en 1972. En mission à Paris, S.M. Apithy regagne Cotonou, où il est incarcéré jusqu'en 1981. Affaibli par sa maladie, il vit à Paris où il rédige ses Mémoires et complète deux ouvrages déjà parus. Le gouvernement a décrété quatre jours de deuil national après son décès le 12 novembre 1989 à Paris.

novembre - 22 décembre 1965 Tahirou CONGAKOU Coup d'État mené par Christophe Soglo, alors chef des armées.

décembre 1965 - décembre 1967 Général Christophe SOGLO (né en 1912)

Coup d'État par le colonel M. Kouandété qui cède le pouvoir au chef des armées Alley. Soglo vit alors en exil en France avec sa femme française et ne retourne au Bénin que peu de temps avant sa mort en 1984.

décembre 1967 - juin 1968 Lieutenant colonel Alphonse ALLEY (né en 1930)

Suite à plusieurs crises gouvernementales et à la division entre les militaires, Emile Derlin Zinsou est choisi pour prendre la tête de l’Etat. Il sera confirmé par le référendum de juillet 1968. Alley fut jugé en 1969 sous l'accusation de complot contre la sûreté de l'État et condamné à dix ans de travaux forcés. Il fut cependant relâché la même année et nommé secrétaire général de la défense nationale. Après le coup d'État de Kérékou, il est renvoyé de l'armée mais obtient un poste dans une firme nationale. En 1973, il est à nouveau accusé pour complot et condamné à 20 ans de prison, mais en 1975, un groupe de supporters l'aide à s'évader. Il fuit alors en exil en France. Le gouvernement lui accorde une amnistie en 1984.

juin 1968 - 10 décembre 1969 Emile Derlin ZINSOU (né en 1918)

Coup d'État dirigé par Maurice Kouandété, Sinzogan et Paul Emile de Souza. Le conseil militaire désigne un Président modéré, de Souza. Zinsou vient en exil en France et est condamné à mort en 1975 par contumace pour complicité dans une tentative de coup d'État. Depuis lors, il reste une figure éminente de l'opposition en exil contre Kérékou et son nom s'est trouvé mêlé à plusieurs tentatives de renversement. En 1990, les charges furent abandonnées et il revint au Bénin pour participer à la Conférence nationale.

décembre 1969 - mai 1970 Lieutenant colonel Paul Emile DE SOUZA

Rend le pouvoir aux civils. Maga est désigné comme chef d'une troïka dont font partie Apithy et Ahomadegbe. Une rotation est prévue tous les deux ans.

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Bénin (ex-Dahomey)

mai 1970 - mai 1972 Hubert MAGA (né en 1916)

Triangle tournant. Après le coup d'État de Kérékou en 1972, Maga est emprisonné et ne sera remis en liberté qu'à partir de 1981. Il reviendra une fois encore sur la scène politique lors de la Conférence nationale où il était invité avec les autres anciens présidents.

mai 1972 - 26 octobre 1972 Justin Tometin AHOMADEGBE (né vers 1917)

Coup d'État par Kérékou. Ahomadegbe est alors emprisonné et reste en prison jusqu'en 1981. Il se rend alors en exil en France avant de revenir au Bénin pour participer avec les autres anciens présidents à la Conférence nationale en 1991.

octobre 1972 - mars 1991 Mathieu KÉRÉKOU (né en 1933)

Battu aux élections de mars 1991. Après sa défaite électorale, Kérékou se retire un moment de la scène publique avant de déclarer qu'il se représentera aux prochaines élections en 1996. Pendant ce temps, il a ouvert une fondation qui porte son nom et s'occupe de fournir des prothèses aux handicapés, d'aider les plus démunis et d'organiser des colloques. Il est réélu en mars 1996 en battant son adversaire Nicéphore Soglo grâce à ses soutiens autant intérieurs qu’extérieurs (Abacha, Eyadema, Compaoré, Sassou Nguesso, Foccard...).

mars 1991 - mars 1996 Nicéphore SOGLO (né en 1934)

Battu aux élections de mars 1996. Soglo s’est depuis installé aux États-Unis où il a confié sa communication d’ancien chef d’État au Washington World Group Limited qui assure sa promotion aux États-Unis depuis 1990. Il retourne régulièrement au Bénin.

mars 1996 - Mathieu KÉRÉKOU

Botswana septembre 1966 - juillet 1980 Seretse KHAMA (né en 1921) Décède d’un cancer en juillet 1980.

(30 septembre 1966)

juillet 1980 - Quett Ketumile MASIRE

Burkina Faso / ex Haute-Volta

(5 août 1960)

2 septembre 1959 (élections) - janvier 1966

Maurice YAMEOGO (né en 1921)

Yaméogo cède le pouvoir après des révoltes populaires devant le palais demandant sa démission. Une autre version affirme que Yaméogo aurait ordonné de tirer sur la foule et que l'armée aurait refusé. Yaméogo aurait alors été arrêté et aurait donné sa démission le soir même en annonçant "un transfert de ses compétences au lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana". Passé en jugement, Yaméogo a été condamné à cinq ans de prison de 1966 à 1970 et est resté privé de ses droits civiques plusieurs années. Thomas Sankara le remettra en prison quelque temps car, selon certains, il serait devenu plus populaire que lorsqu'il était Président. En 1987, il est devenu président de l'UNAB (Union des Anciens du Burkina). Par la suite, il se rend à Abidjan. Il meurt le 15 septembre 1993 dans l'avion qui le ramenait au Burkina.

janvier 1966 - 25 novembre 1980 Lieutenant colonel Sangoulé LAMIZANA (né en 1916)

Coup d'État mené par le colonel Saye Zerbo qui décide la mise en place du Comité militaire de redressement pour le progrès national. Lamizana est placé en résidence surveillée en novembre 1983, puis arrêté sous le gouvernement de Sankara et accusé de détournement de fonds. Il est acquitté par les tribunaux populaires de la révolution (TPR) en janvier 1984 et devient secrétaire général de l’UNAB en 1987.

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Burkina Faso / Haute-Volta

novembre 1980 - 7 novembre 1982 Colonel Saye ZERBO (né en 1932)

Coup d'État par le colonel Some Yoryan. Zerbo fut jugé pour corruption et condamné à quinze ans de prison dont sept avec sursis. Mais il fut relâché quelques temps plus tard. Il semblerait que Saye Zerbo se soit reconverti dans des actions de prosélytisme religieux.

novembre 1982 - 4 août 1983 Commandant Jean-Baptiste OUEDRAOGO

Coup d'État par Thomas Sankara, jeune officier, et mise en place du Conseil national de la révolution. Ouedraogo reprit l'exercice de sa profession antérieure : il était médecin commandant.

août 1983 - 15 octobre 1987 Thomas SANKARA (né en 1949)

Coup d'État mené par B. Compaoré et assassinat de Sankara. Le corps de Sankara fut jeté dans une fosse commune. T. Sankara fut ensuite réhabilité par B. Compaoré.

octobre 1987 - Blaise COMPAORE (né en 1951)

Burundi 1915 - 8 juillet 1966 Roi MWAMBUTSA II (né en 1912)

Déposé par le prince héritier.

(1er juillet 1962) Royauté abolie en 1966, au profit de la République.

juillet 1966 - 28 novembre 1966 Prince héritier Charles NDIZEYE qui devient NTARE V en septembre 1966 (né en 1947)

Révolution de palais pendant une visite du roi au Zaïre. Le Premier ministre Micombero établit la République le 29 novembre 1966. Ntare V resta en exil au Zaïre jusqu'en 1972 lorsqu'il fut invité par le président Micombero à revenir au Burundi. Mais dès son arrivée, il fut assassiné par un groupe armé.

novembre 1966 - 1er novembre 1976

Capitaine Michel MICOMBERO (né en 1940)

Coup d'État sans effusion de sang. Devenu alcoolique, il est d'abord arrêté puis relâché. Il se rend en exil en Somalie où il meurt d'une crise cardiaque en 1983.

novembre 1976 - 3 septembre 1987 Lieutenant-colonel Jean-Baptiste BAGAZA (né en 1946)

Coup d'État par le major Pierre Buyoya alors que Bagaza se trouvait au Canada. En mars et novembre 1989, il tenta de revenir au Burundi mais devant l'échec de cette tentative, il retourna en exil en Libye. Au milieu des années 1990, il revint au Burundi. Disposant d'une grosse fortune personnelle, il est aujourd'hui l'un des opposants au pouvoir les plus extrémistes réclamant le "tutsi power".

septembre 1987 - juin 1993 Major Pierre BUYOYA (né en 1949)

Battu aux élections. Buyoya s'était attelé tout au long de son mandat à rendre réalisable la réconciliation nationale. Avant de revenir au pouvoir à la faveur d’un coup d’État le 25 juillet 1996, il s'occupait d'une fondation humanitaire de diplomatie internationale et touchait sa retraite d'ancien président régulièrement.

juin 1993 - 21 octobre 1993 Melchior NDADAYE (né en 1953)

Assassiné par des putschistes tutsi lors d’un coup d’Etat impliquant le chef d’Etat major des armées et J.B. Bagaza.

octobre 1993 - 6 avril 1994 Cyprien NTAYRAMIRA (né en 1955)

Tué dans un attentat avec le Président Habyarimana du Rwanda lors d’un trajet en avion. L’Assemblée désigne son successeur en septembre.

septembre 1994 - 25 juillet 1996 Sylvestre NTIBANTUNGANYA (né en 1956)

Destitué par le coup d’État du major Pierre Buyoya. Il s’est depuis réfugié d’abord à l’ambassade américaine puis dans la résidence privée de l’ambassadeur américain. Sa femme en exil dénonce l’insécurité qui pèse sur lui.

juillet 1996 - Major Pierre BUYOYA (né en 1949)

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Cameroun

(1er janvier 1960)

5 mai 1960 - 4 novembre 1982 Ahmadou AHIDJO (né en 1924)

Démissionne le 4 novembre 1982 en laissant sa succession à Paul Biya. Après avoir tenté de garder le contrôle sur la politique du Cameroun à travers l'UNC dont il était toujours le président, Ahidjo fomente une tentative de coup d'État. La France l'oblige à démissionner de la tête du parti en 1983. Il reste en exil en France puis au Sénégal en 1987 où il décède le 30 novembre 1989. 6 avril 1984 : tentative de putsch par Saleh Ibrahim (fidèle d'Ahidjo). Procès de l'ancien président : Ahidjo est condamné à mort par contumace, peine que Biya commua en détention à vie.

novembre 1982 - Paul BIYA (né en 1933)

Cap-Vert

(5 juillet 1975)

juillet 1975 - février 1991

Aristides Maria PEREIRA (né en 1924)

Battu aux élections, il habite désormais au Portugal. Retraité. Pereira aurait fait des déclarations selon lesquelles il n'aurait pas dû demander l'indépendance et laisser le pays au même statut que les Açores.

février 1991 - Antonio Manuel Mascarenhas MONTEIRO

République Centrafricaine

(13 août 1960)

13 août 1960 - 31 décembre 1965

David DACKO (né en 1930)

Coup d'État par le chef des armées le colonel Jean-Bedel Bokassa. Dacko fait un long séjour en prison avant d'être réhabilité en 1976, d'être rappelé par Bokassa comme conseiller personnel et de fomenter le coup d'État de septembre 1979 qui le ramènera au pouvoir.

31 décembre 1965 - 20 septembre 1979

Colonel Jean-Bedel BOKASSA (né en 1921)

Coup d'État de Dacko avec l’aide de l'armée française (“opération Baraccuda”) lors d'un voyage de Bokassa en Libye. Bokassa s'enfuit alors en France où il ne reste que deux jours avant de trouver asile en Côte-d'Ivoire. Puis condamné par contumace, il décide de retourner de son plein gré en RCA en 1986. Un long et retentissant procès eut lieu qui le condamne à mort. En 1988, la peine fut commuée en détention à vie. Grâcié par Kolingba en 1993, il est libéré en septembre 1993. Aujourd'hui il est ruiné, demeure dans son palais de Berengo et s'est reconverti dans le prosélytisme religieux.

septembre 1979 - 1er septembre 1981

David DACKO (né en 1930)

Coup d'État militaire après sa réélection en mars 1981. Depuis, il s’est retiré dans sa ferme en Centrafrique tout en souhaitant se représenter aux prochaines élections. Il est actuellement à la tête d’un des principaux partis d’opposition. Il avait fait un bon score aux élections de 1993 sans toutefois parvenir à battre A. Patassé. Aujourd’hui Patassé lui a supprimé sa pension d’ancien président et le droit d’entreprende toute activité économique.

septembre 1981 - septembre 1993 Général André KOLINGBA (né en 1935)

Battu dès le premier tour des élections de 1993. Après sa défaite, une enquête a été ouverte sur le régime Kolingba. Il s'occupe aujourd'hui de son parti, le Rassemblement démocratique centrafricain qui n’a que trois sièges à l'Assemblée mais il est toujours tenu pour responsable du délabrement économique du pays.

septembre 1993 - Ange Félix PATASSÉ (né en 1937)

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Comores

juillet 1975 - 3 août 1975 Ahmed ABDALLAH (né en 1919)

Coup d'État par le prince Saïd Mohammed Jaffar. A. Abdallah se rend pendant trois ans en exil en France avant de revenir au pouvoir en 1978.

(6 jullet 1975) août 1975 - janvier 1976 Prince Saïd Mohammed JAFFAR Le prince Jaffar quitte le pouvoir après l’élection d’Ali Soilih à la tête de l’Etat.

janvier 1976 - 13 mai 1978 Ali SOILIH (né en 1936)

Coup d'État. Soilih est renversé avec l'aide de mercenaires étrangers conduit par Bob Denard. Il fut abattu deux semaines après le coup d'État alors qu'il tentait de s'évader. Un directoire est mis en place codirigé de mai à octobre 1978 par Ahmed Abdallah et Mohammed Ahmed.

octobre 1978 - 26 novembre 1989 Ahmed ABDALLAH (né en 1919)

Assassiné lors d'une altercation par un adjoint de Bob Denard qui était à son service. Le nouveau Président fut installé avec l’aide de la France.

novembre 1989 - 28 septembre 1995

Saïd Mohammed DJOHAR (né en 1916)

Devenu très impopulaire, il est écarté du pouvoir lors de la tentative de coup d’État de Bob Denard le 28 septembre 1995. Il s’exile alors en France avant d’être autorisé à revenir aux Comores en janvier 1996. Un Comité militaire de transition est alors mis en place, dirigé par Ayouba Comba et co-présidé par M. Abdoulkarim et Kamal Saïd Ali jusqu’en mars 1996.

mars 1996 - Mohammed Taki ABDOULKARIM

Congo

(15 août 1960)

20 mars 1961 - 13-15août 1963

Abbé Fulbert YOULOU (né en 1917)

En août 1963, il démissionne sous la pression des manifestations populaires. Youlou est placé en résidence surveillée. Il s'évade dans la nuit du 25 au 26 mars 1965, probablement avec l'aide des réseaux Foccard puis gagne Kinshasa en passant le fleuve Congo. Il arrive le 30 janvier 1966 en France qui lui refuse l'asile politique. Il se rend donc à Madrid où il passe son temps à écrire des pamphlets anticommunistes. Le 8 juin 1965, il est condamné à mort par contumace. Il décède en Espagne en 1972 .

août 1963 - 4 septembre 1968

Alphonse MASSAMBA-DÉBAT (né en 1921)

Coup d’État militaire par des supporters du capitaine Ngouabi qui est arrêté et jeté en prison. Massamba-Débat est rappelé à la présidence le 4 août 1968 mais démissionne le 4 septembre 1968. Alfred Raoul assume les pleins pouvoirs. Massamba-Débat fut jugé puis acquitté et relaxé en 1969. Il se retira dans son village et sembla être entièrement sorti de la scène politique mais il fut accusé de complicité dans l'assassinat de Ngouabi puis exécuté en mars 1977. Il semble en fait que Ngouabi ait contacté Massamba-Débat dans le but de l’associer au pouvoir.

septembre 1968 - janvier 1969 Alfred RAOUL (né en 1938)

Le 31 décembre 1968, une modification de l’Acte fondamental rétablit la fonction présidentielle et le bicéphalisme. Ngouabi, président du Conseil National de la Révolution devient président. A. Raoul reste Premier ministre.

janvier 1969 - 18 mars 1977 Capitaine Marien NGOUABI (né en 1938)

Assassiné le 18 mars 1977 dans des conditions mystérieuses. L'ancien président Massamba-Débat ainsi que l'archevêque de Brazzaville, le cardinal Bayenda, dont beaucoup pensent qu'il fut témoin du crime, furent accusés et exécutés dans les jours qui suivirent. Ngouabi est devenu un martyr légendaire. Joachim Yhombi Opango est nommé Président par le comité militaire du Parti congolais du travail (PCT).

… /…

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… /… Congo avril 1977 - 5 février 1979 Général Joachim YHOMBI-

OPANGO (né en 1939)

Il fut forcé à démissionner le 5 février 1979 par le PCT pour des raisons idéologiques et factionnelles. Sassou Nguesso (n° 2 du parti) est investi par le troisième congrès du PCT. Retrogradé et placé aux arrêts pour "haute trahison" le 20 octobre 1979, Yhombi Opango fut relâché en 1984 et arrêté de nouveau en 1988 après une rebellion dans le nord du pays. Revenant sur la scène politique à la faveur de la Conférence nationale, il a été Premier ministre entre 1993 et août 1996.

février 1979 - août 1992 Colonel Denis SASSOU NGUESSO (né en 1943)

Battu aux élections d'août 1992. Sassou conserve une grosse fortune personnelle. Il est, sur la scène politique congolaise, un des personnages les plus influents de l’opposition. Installé à Paris pour des raisons de sécurité, semble-t-il, il prépare sa candidature aux élections de 1997.

août 1992 - Pascal LISSOUBA (né en 1931)

Côte-d'Ivoire (août 1960)

novembre 1960 - 7 décembre 1993 Félix HOUPHOUET BOIGNY (né en 1905)

Décédé en décembre 1993. Son dauphin prend la suite.

décembre 1993 - Henri Konan BÉDIE (né en 1934)

Djibouti (27 juin 1977)

juin 1977 - Hassan Gouled APTIDON (né en 1916)

Érythrée (24 mai 1993)

mai 1993 - Issayas AFEWORKI (né en 1945)

Éthiopie 12 septembre 1974 - novembre 1974

Général Aman ANDOM Il fut éxécuté quelques jours après le coup d’Etat de novembre 1974. Le président du PMAC lui succède.

(révolution de 1974)

novembre 1974 - février 1977 Général Teferi BANTI (né en 1921)

Le pouvoir est en majeure partie détenu par le vice-président, le major Mengistu et le lieutenant colonel Atnafu Abate. Banti fut assassiné dans une révolution de palais à l'intérieur de l'équipe dirigeante le 3 février 1977. Le président du PMAC lui succède.

février 1977 - 21 mai 1991 Haïlé Mariam MENGISTU (né en 1940)

Destitué par un coup d'État, il part en exil au Kenya puis au Zimbabwe où il avait de nombreux investissements financiers. Il dénonce sans relâche le gouvernement éthiopien en place. Un procès par contumace est actuellement en cours contre Mengistu, notamment pour le meurtre de l’empereur Sélassié.

mai 1991- Mélès ZENAWI (né en 1955)

Gabon

(17 août 1960)

février 1961 - 28 novembre 1967 Léon M'BA (né en 1902)

Après avoir été hospitalisé à Paris, il meurt de maladie en novembre 1967. Il avait auparavant assuré sa succession en désignant Omar Bongo comme "dauphin".

2 décembre 1967 (élections) - Omar BONGO (né en 1935)

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Gambie

(18 février 1965) La Gambie reste une monarchie constitutionnelle avec à sa tête la Reine d'Angleterre et un gouverneur.

avril 1970 - juillet 1994

Sir Dawda JAWARA (né en 1924)

Destitué par un coup d'État mené en douceur par de jeunes officiers. Un conseil provisoire des forces armées est mis en place. Après avoir pu quitter le pays à bord d'un navire de guerre américain, il trouve refuge et asile politique au Sénégal puis se déplace en Angleterre et aux Etats-Unis où il demande aux forces européennes de faire respecter le droit international. Il est accusé de détournement de fonds en janvier 1996. En août 1996, le nouveau gouvernement lui interdit toute fonction publique pendant vingt ans sous cette même accusation.

Devient une République en avril 1970

juillet 1994 - Lieutenant Yayah JAMMEH (né en 1965)

Ghana

(6 mars 1957)

Devient une République le 1er juillet 1960.

juillet 1960 - 24 février 1966 Kwame NKRUMAH (né en 1909)

Coup d'État en raison entre autres du mauvais état économique et de la répression de l'opposition. De plus, il a été accusé de complot contre les présidents Diori et Yaméogo. Lors d'un voyage de Nkrumah à Hanoï et Pékin, l'armée prend le pouvoir. Nkrumah se réfugie en Guinée où Sékou Touré l'avait gratifié du titre honorifique de vice-président. Alors qu'il était en exil, il écrivit un certain nombre d'ouvrages avant que sa santé ne s'aggrave. Il décède d'un cancer le 27 avril 1972 dans un hôpital roumain. On lui dédie des funérailles nationales.

février 1966 - avril 1969

Joseph ANKRAH (né en 1915)

Président du Comité de libération nationale. Forcé à démissionner à cause d'un scandale de corruption. Il décède de mort naturelle. Aujourd'hui seulement on fête l'anniversaire de son décès.

avril 1969 - septembre 1969 Akwasi AFRIFA (né en 1936)

Coup d'État. Il partit de l'armée et fut arrêté en 1972 pour son opposition au coup d'Acheampong. Il fut relâché en 1973 et fit campagne pour un retour du pouvoir aux civils. Après le renversement d'Acheampong en 1978, il est élu au Parlement en 1979. Mais à l'arrivée de Rawlings, Afrifa est arrêté et accusé de corruption. Il est exécuté en juin 1979. K. Busia prend la tête du gouvernement provisoire. Il reste le premier ministre de la IIe République avec comme président, depuis août-septembre 1970, Edward Akufo-Addo (né en 1906).

septembre 1969 - 13 janvier 1972 Dr Kofi BUSIA (né en 1913)

Coup d’Etat par I. Acheampong alors que K. Busia se trouvait à Londres.

janvier 1972 - 5 juillet 1978 Lieutenant colonel Ignatius Kutu ACHEAMPONG (né en 1931)

Coup d'État par le chef des armées Akuffo. Après une courte détention, il est relâché et prend sa retraite dans l'armée jusqu'à ce qu'il soit exécuté en juin 1979.

juillet 1978 - 4 juin 1979 Frédérick AKUFFO (né en 1937)

Elections prévues le 18 juin 1979 mais dès le 16 mai 1979, Rawlings tente de renverser le pouvoir. Rawlings est arrêté puis libéré lors d'un nouveau coup d'État, le 4 juin 1979. Akuffo est rapidement jugé et exécuté en juin 1979.

juin 1979 - juillet 1979 Lieutenant Jerry RAWLINGS (né en 1947)

Rawlings cède le pouvoir aux civils qui organisent des élections. Rawlings est mis à la retraite de l'armée et quelques temps en résidence surveillée. Il reste une personne d'influence et revient au pouvoir deux ans plus tard.

juillet 1979 - décembre 1981 Hilla LIMANN (né en 1934)

Renversé par Rawlings. Arrestation de l'ancien président qui sera relâché en 1983.

décembre 1981 - Lieutenant Jerry RAWLINGS

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Guinée

(2 octobre 1958)

1958 - 26 mars 1984

Sékou TOURÉ (né vers 1922)

Décède de maladie dans un hôpital américain le 26 mars 1984. Lansana Beavogui (né en 1923) prend la tête de l’Etat du 26 mars au 4 avril 1984 mais tout de suite, il est renversé par le coup d’Etat des colonels Lansana Conté et Diarra Traoré qui marque la fin de la période du PDG.

avril 1984 - Lansana CONTÉ (né en 1944)

Guinée Bissau

(24 septembre 1973 - 10 septembre 1974 : reconnu par le Portugal)

septembre 1973 - 14 novembre 1980

Luis de ALMEIDA CABRAL (né en 1931)

Coup d'État du Premier ministre Vieira dit "Kabi", en raison du pouvoir accru de Cabral. Cabral est arrêté, jugé et condamné à mort mais il fut ensuite libéré et obtint la permission de se réfugier à Cuba, au Cap-Vert puis au Portugal.

novembre 1980 - João Bernardo VIEIRA (né en 1939)

Guinée équatoriale

(12 octobre 1968)

octobre 1968 - 3 août 1979

Francisco Macias NGUEMA (né en 1924)

Sa famille organise un coup d'État au moment où Macias entend éliminer quelques-uns de ses membres. Macias, est emprisonné à la prison de Bata dans le Rio Muni, jugé de façon expéditive puis exécuté pour génocide le 29 septembre 1979.

août 1979 - Colonel Teodoro Obiang NGUEMA MBAZOGO (né en 1942)

Kénya décembre 1963 - 22 août 1978 Jomo KENYATTA (né vers 1890)

Décédé de mort naturelle en 1978 à environ 88 ans.

(12 décembre 1963)

octobre 1978 - Daniel ARAP MOI (né en 1924)

Lesotho

(4 octobre 1966)

octobre 1966 - 1970 Roi MOSHOESHOE I (né en 1938)

Destitué par le Premier ministre Jonathan Leabua qui suspend la constitution et réduit les pouvoirs du Roi. Il est arrêté puis part en exil en Hollande. Il reviendra dans les années 1970 mais sera alors mis au ban de la politique. Il garde à la tête de l’État un rôle protocolaire jusqu’en novembre 1990 lorsqu’il est déposé au profit de son fils Mohato Seeiso. Il rentre d’exil en juillet 1992 et sera rappelé sur le trône par son fils en 1995.

1970 - janvier 1986 LEABUA Jonathan (né en 1914)

Destitué par un coup d’État. Il est alors arrêté puis relâché et meurt d’un cancer en avril 1987 dans un hôpital sud-africain.

janvier 1986 - avril 1991 Justin Metsing LEKHANYA (né en 1938)

Lekhanya est destitué par un coup d’État. Un conseil militaire est mis en place avec à sa tête le colonel Elias Pishona Ramaema.

… /…

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… /… Lesotho avril 1991 - mars 1993 Colonel Elias Pishona

RAMAEMA Rend le pouvoir aux civils. Des élections législatives sont tenues donnant la victoire au parti de N. Mokhele, le parti du Congrès Basotho (BCP).

mars 1993 - août 1994 Ntsu MOKHELE Letsie III dissout le Parlement et destitue le premier ministre. Mokhele est immédiatement privé de bureau et de résidence officielle. Le Roi nomme alors Hae Phoofolo président du conseil provisoire mais il s’attribue également des pouvoirs législatifs et exécutifs. Letsie III devient donc le réel détenteur du pouvoir.

août 1994 - 25 janvier 1995 Mohato Seeiso dit LETSIE III (né en 1963)

Il abdique en faveur de son père puis, à la mort de celui-ci, revient sur le trône.

janvier 1995 - 15 janvier 1996 Roi MOSHOESHOE II (né en 1938)

Décède dans un accident de voiture dans son royaume.

janvier 1996 - Roi LETSIE III (né en 1963)

Libéria janvier 1944 - 23 juillet 1971 William V.S. TUBMAN (né en 1895)

Décédé en 1971 à Londres à 75 ans de mort naturelle. Succession constitutionnelle par le vice-président.

(26 juillet 1847) juillet 1971 - 12 avril 1980 William R. TOLBERT (né en 1913)

Coup d'État mené par Samuel Doe. Tolbert est tué dans son sommeil par le caporal Harrison Penue pendant le coup d'État militaire du 12 avril 1980 en même temps que d'autres membres du gouvernement.

avril 1980 - août 1990 Sergent Samuel K. DOE (né en 1950)

En 1990, une rébellion armée éclate et dégénère en guerre civile. Pour tenter de mettre fin au conflit, un gouvernment d’union nationale (IGNU) est mis en place avec à sa tête Amos Sawyer. S. Doe est assassiné par des rebelles en septembre 1990, à 38 ans, après d'atroces tortures. Prince Johnson et le vice-président de Doe, Harry Moniba, se proclament tous deux Présidents mais aucun des deux n’est reconnu. Johnson est réfugié politique à Lagos depuis 1992.

août 1990 - mars 1994 Amos SAWYER

En octobre 1990, Charles Taylor est élu Président du National Patriotic Reconstruction Assembly Government (NPRAG) basé à Gbarnga et qui contrôle 95 % du territoire. Le Libéria est alors divisé entre l’IGNU dans la capitale qui a une légitimité internationale et le NPRAG dans le reste du pays. En mars 1994, l’IGNU et le NPRAG sont dissous. Un gouvernement de transition est mis en place avec à sa tête David Kpomakpor. Amos Sawyer fonde alors une association visant à promouvoir diverses activités au sein de la société civile. Il vit entre les Etats-Unis et Monrovia. Charles Taylor est vice-président au sein du Liberia National Transitional Government (LTNG) et souhaite se présenter aux élections de mai 1997.

mars 1994 - août 1995 David KPOMAKPOR Le Conseil d’État passe de 5 à 6 membres. Wilton Sankawulo est nommé Président. Kpomakpor devient député.

août 1995 - août 1996 Wilton SANKAWULO Après sa sortie de pouvoir, Sankawulo a repris ses activités d’écrivain.

août 1996 - Ruth PERRY

Madagascar

(26 juin 1960)

1959 - mai 1972

Philibert TSIRANANA (né en 1912)

Il est forcé de démissionner en mai 1972 et cède le pouvoir aux militaires après de graves émeutes et des grèves générales. Il ne garde aucune activité politique depuis, même s'il fut un moment accusé de complicité dans l'assassinat de Ratsimandrava. Il reste dans son fief jusqu'en 1978 quand il décède d'une attaque cardiaque.

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mai 1972 - 5 février 1975 Général Gabriel RAMANANTSOA (né en 1906)

En février 1975, on le força à démissionner et à céder le pouvoir à Ratsimandrava qui fut assassiné quelques jours plus tard. Ramanantsoa meurt à Paris en 1979.

6 - 11 février 1975 Colonel Richard RATSIMANDRAVA (né en 1931)

Assassinat mystérieux de Ratsimandrava six jours après son investiture.

février 1975 - juin 1975 Général Gilles ANDRIAMAHAZO

Remplacé quatre mois plus tard par Ratsiraka.

juin 1975 - mars 1993 Didier RATSIRAKA (né en 1936)

Battu aux élections de 1993. Malgré sa "retraite", il semble beaucoup influencer la politique du pays avec sa femme.

mars 1993 - 5 septembre 1996 Albert ZAFY

Le 5 septembre 1996, la Haute Cour constitutionnelle confirme “l’empêchement définitif” du Président Zafy accusé d’avoir violé plusieurs fois la Constitution. Les élections présidentielles sont donc avancées au 3 novembre 1996. Zafy déclare qu’il se présentera aux élections. L’intérim est assuré par le Premier ministre.

septembre 1996 - Norbert RATSIRAHONANA

Malawi

(6 juillet 1964)

6 juillet 1964 - mai 1994

Hastings Kamuzu BANDA (né en 1902)

Battu en mai 1994 aux élections. Procès en 1995 pour le meurtre de quatre ministres commis en mai 1983 (Il est arrêté avec sa femme Cécilia et son bras droit John Tembo ainsi que deux policiers eux aussi inculpés). Le procès fut longtemps repoussé en raison de l'état physique et mental de l'ancien président. Banda fut acquitté en décembre 1995. Les médecins l’avaient dispensé du procès car il n’avait plus la capacité physique d’y assister.

mai 1994 - Bakili MULUZI (né en 1943)

Mali

(20 juin 1960)

septembre 1960 - 19 novembre 1968

Modibo KEITA (né en 1915)

Renversé par la junte militaire. Il meurt en prison neuf ans après sans avoir eu de procès et dans des conditions qui restent mystérieuses.

novembre 1968 - mars 1991 Général Moussa TRAORÉ (né en 1936)

Émeutes populaires puis coup d'État militaire. Arrêté en mars 1991 avec sa femme et ses enfants, il subit un long procès et est condamné à mort. Il reste en prison, séparé de sa famille mais n'a toujours pas été exécuté.

mars 1991 - mai 1992 Lieutenant Colonel Amadou TOURÉ (né en 1949)

Cède le pouvoir aux civils à la fin de la période de transition après les élections de 1992. ATT rejoint alors sa caserne et s'occupe désormais d'oeuvres humanitaires et de diplomatie internationale.

mai 1992 - Alpha Oumar KONARÉ (né en 1946)

Ile Maurice

(12 mars 1968) Devient une République en mars 1992.

mars - juin 1992 Sir Veerasamy RINGADOO Avant cette date, la Reine d’Angleterre était représentée par un gouverneur général. Sir Ringadoo est très vite remplacé à la tête de l’Etat en raison sans doute de son origine hindoue. Le Parlement nomme Cassam Uteem en tant que président.

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juin 1992 Cassam UTEEM (né en 1941)

En décembre 1995, Navin Ramgoolam a succédé à Anerood Jugnauth en tant que Premier ministre.

Mauritanie

(28 novembre 1960)

novembre 1960 - 10 juillet 1978

Mokhtar Ould DADDAH (né en 1924)

Coup d'État par le chef des forces armées, le colonel Salek. En exil à Nice en France, il aurait eu des complicités avec un mouvement d'opposition en exil (l'Alliance pour une Mauritanie démocratique). Ce mouvement dirigea un coup d'État contre Haïdallah en avril 1981 en souhaitant replacer Ould Daddah à la tête de l'État mais le coup échoua. Depuis avril 1995, Ould Daddah est de retour en Mauritanie, et espère à 76 ans environ, reprendre les rênes du pays.

juillet 1978 - 3 juin 1979 Lieutenant-colonel Mustapha Ould Mohammed SALEK

Destitué par le CMSN, il fut forcé de démissionner. Le CMSN désigne son successeur. Il est désormais un des chefs de l'opposition mauritanienne.

juin 1979 - 4 janvier 1980 Lieutenant-colonel Mohammed Mahmoud Ould LOULY

Coup d'État. Il reste en Mauritanie où il reçoit une pension d'ancien président.

janvier 1980 - 12 décembre 1984 Lieutenant-colonel Mohammed Ould HAIDALLAH (né en 1940)

Coup d'État. Depuis sa sortie du pouvoir, Haïdallah fut sept ans en exil intérieur. Détenu d'abord dans une caserne, il est ensuite libéré et devient éleveur de chameaux jusqu'en novembre 1991 où il rejoint sa villa de Nouakchott et reprend contact avec les leaders de l’opposition.

décembre 1984 - Maaouya Ould TAYA (né en 1941)

Mozambique 1975 - 19 octobre 1986 Samora MACHEL (né en 1933)

Décédé le 19 octobre 1986 dans un "accident d'avion" qui n’a jamais été éclairci.

(25 juin 1975) 1986 - Joaquim CHISSANO (né en 1939)

Namibie

(21 mars 1990)

21 mars 1990 - Samuel Daniel NUJOMA (né en 1929)

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Niger

(3 août 1960)

août 1960 - 15 avril 1974 Hamani DIORI (né en 1916)

Coup d'État par Seyni Kountché. Sa femme est assassinée pendant le coup d'État et il est emprisonné jusqu'en 1980, puis transféré en résidence surveillée. Il fut finalement relaxé en 1987 et se rend pour raison de santé au Maroc où il meurt en avril 1989.

avril 1974 - 10 novembre 1987 Seyni KOUNTCHÉ (né en 1931)

Décédé en novembre 1987. Le CMS choisit l’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé pour lui succéder par interim.

novembre 1987 - mars 1993 Ali SAÏBOU (né en 1940)

Perd ses prérogatives au cours de la transition démocratique. Il se retire dans sa maison de Niamey. Il touche régulièrement sa retraite d'officier et de président. Il a été gratifié du titre de Grand chancelier des ordres nationaux et devient Président du Conseil des Sages après le coup d’Etat de Baré.

mars 1993 - 27 janvier 1996 Mahamane OUSMANE (né en 1950)

Coup d’État de I. Maïnassara. Ousmane est d’abord détenu en résidence surveillée avant d’être relâché. Il est réelu à la tête de son parti et s’est présenté aux présidentielles de juillet 1996.

janvier 1996 - Ibrahim Baré MAINASSARA (né en 1949)

Nigéria 1960 - 15 janvier 1966 Sir Abubacar Tafawa BALEWA (né en 1912)

Il est assassiné au cours d'un coup d'État mené par de jeunes officiers.

(1er octobre 1960)

janvier 1966 - 29 juillet 1966 Général Johnson Thomas AGUIYI-IRONSI (né en 1924)

Coup d'État. Ironsi est assassiné, ce qui est un des éléments qui mènera à la guerre civile.

juillet 1966 - juillet 1975 Yakubu GOWON (né en 1934)

Coup d'État alors qu'il assistait à une réunion de l'OUA en Ouganda. Il se rendit en exil en Grande-Bretagne où il reprit ses études et obtint un PhD de science politique à l'université de Warwick. Il fut accusé un moment de complicité dans le meurtre de Murtala Mohammed, mais en 1981, toutes les charges furent abandonnées et il retourna au Nigéria en 1983.

juillet 1975 - 13 février 1976 Brigadier Murtala Ramat MUHAMMED (né en 1938)

Assassiné lors d'un coup d'État avorté.

février 1976 - juillet - août 1979 Général Olusegun OBASANJO (né en 1937)

Il céda le pouvoir aux civils en respectant le calendrier que son successeur avait mis au point. Il mena ensuite une carrière internationale très brillante avant d'être arrêté en 1994 soupçonné de complicité dans une tentative de coup d'État perpétré contre Sani Abacha.

août 1979 - 31 décembre 1983 Alhaji Shehu SHAGARI (né en 1924)

Coup d'État par Buhari. Shagari fut arrêté et détenu jusqu'en 1986. Il fut ensuite obligé de rester dans son village natal jusqu'en 1988 lorsque toutes les sanctions furent levées. Il s'est depuis reconverti dans les affaires.

31 décembre 1983 - 27 août 1985 Mohammed BUHARI (né en 1942)

Coup d'État du général Babangida. Buhari est placé en résidence surveillée jusqu'en septembre 1989. On le força à se retirer de l'armée.

… /…

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… /… Nigéria août 1985 - 26 août 1993 Général Ibrahim BABANGIDA

(né en 1941) Après avoir annulé les résultats des élections de juin 1993, Babangida décide la mise en place d’un gouvernement intérimaire puis démissionne le 26 août 1993.

août 1993 - 17 novembre 1993 Ernest SHONEKAN Coup d'État de Sani Abacha. S. Abacha, ministre de la Défense et seul militaire du gouvernement intérimaire, assume les pleins pouvoirs.

novembre 1993 - Général Sani ABACHA (né en 1943)

Ouganda 1939 - 22 février 1966 Sir Edward MUTESA (né en 1924)

Coup d'État par Obote, le Premier ministre. L'armée s'empare du palais. Mutesa est contraint à l’exil. Il se réfugie en Grande-Bretagne où il meurt en novembre 1969.

(9 octobre 1962) février 1966 - 25 janvier 1971 Apollo Milton OBOTE (né en 1925)

Coup d'État par Amin Dada alors qu'Obote est absent du pays. Obote reste en exil pendant neuf ans en Tanzanie avant de revenir pour les élections de 1980 qu’il remporte grâce à de nombreux trucages.

janvier 1971 - 11 avril 1979 Général Idi AMIN DADA (né en 1925)

Mis en fuite par l'armée tanzanienne associée aux troupes du Front de libération de l'Ouganda constituées d'exilés ougandais qui le renversent le 11 avril 1979. Après s'être enfui au Nigéria et au Gabon, il est refoulé du Sénégal, consigné à l'aéroport de Kinshasa avant d'être recueilli par la Libye puis par l’Arabie Saoudite. En 1989, il se tourne vers le Zaïre en clamant qu'il va revenir au pouvoir mais retourna vite en Arabie Saoudite. Lors de leurs attaques, les rebelles du Front de la rive Ouest du Nil (WNBF) font passer des bandes enregistrées de l’ancien dictateur annonçant son retour prochain au pouvoir. Amin conserve des soutiens dans la région du West Nile.

avril 1979 - 20 juin 1979 Yusuf LULE (né en 1912)

Président du gouvernement transitoire. Il est contraint de quitter le pouvoir et s'exile à Dar Es Salaam puis Londres. Il s’associe à Y. Museveni pour fonder le National Resistance Movement, mouvement d’opposition armée contre Obote puis Okello. Il décède à Londres. Son corps est rapatrié pour être inhumé en Ouganda. Le National Consultation Council désigne son successeur.

juin 1979 - mai 1980 Godfrey Lukwongwa BINAISA Destitué par une commission militaire présidée par Paulo Muwanga. D'abord en résidence surveillée, il fut libéré lorsqu'Obote arriva de nouveau au pouvoir. Il préféra pourtant s'exiler au Kénya.

mai 1980 - décembre 1980 Paulo MUWANGA (né en 1925)

Organise le retour d'Obote le 1er mai 1980 ainsi que des élections qui donneront Obote vainqueur. Le nouveau Président nomme Muwanga vice-président. Il sera aussi Premier ministre sous le régime militaire d’Okello. Après la victoire de Museveni, Muwanga est arrêté avec d’autres personnalités dont trois ministres en poste, accusé de fomenter un coup d’État contre Museveni.

… /…

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… /… Ouganda décembre 1980 - 27 juillet 1985 Apollo Milton OBOTE

(né en 1925) Renversé à 61 ans par un coup d'État des Okello (Tito et Bazilio) Obote est depuis en exil en Zambie d’où il mène une opposition active. Il garde une grande influence sur l’Uganda People’s Congress (UPC) et fut souvent accusé de recruter des anciens soldats de l’Uganda National Liberation Army (UNLA) afin de déstabiliser le régime de Museveni.

juillet 1985 - 26 janvier 1986 Général Tito OKELLO (né en 1914)

Coup d'État à la suite d'une guerre civile remportée par les combattants de Museveni. Il décède le 4 juin 1996 des suites d’une attaque cérébrale à 82 ans. Après son renversement, il s’était réfugié au Soudan puis est revenu en Ouganda grâce à une amnistie. Une retraite et une résidence d’ancien président lui avaient alors été allouées.

janvier 1986 - Yoweri MUSEVENI (né en 1944)

Rwanda 26 octobre 1961 - 5 juillet 1973 Grégoire KAYIBANDA (né en 1924)

Coup d'État militaire. Il fut condamné à mort mais sa peine fut commuée en détention. Emprisonné dans de très mauvaises conditions, il meurt en 1976 alors qu'il était toujours en détention.

(1er juillet 1962) juillet 1973 - 6 avril 1994 Juvénal HABYARIMANA (né en 1937)

Décédé dans un attentat alors qu’il revenait par avion de la signature des accords d'Arusha prévoyant le partage du pouvoir entre les Tutsi et les Hutu.

juillet 1994 - Pasteur BIZIMUNGU

São Tome et Principe

(12 juillet 1975)

juillet 1975 - mars 1991 Manuel PINTO DA COSTA (né en 1937)

Son parti (le MLSTP) ayant perdu les élections législatives de janvier 1991, il annonça qu'il ne se présenterait pas aux élections présidentielles de mars 1991. Il n'a depuis plus aucune popularité. Il réside au Portugal, où il s'est reconverti dans les affaires.

mars 1991 - Miguel TROVOADA (né en 1940)

Sénégal

(1960)

septembre 1960 - 31 décembre 1980

Léopold Sédar SENGHOR (né en 1906)

Donne sa démission volontairement en décembre 1980. Il mène depuis une vie consacrée à la littérature entre Paris, Dakar et Verson en Normandie et une brillante carrière post-présidentielle. Il a été élu membre de l'Académie française en 1983. D’autres part, il participe à des groupes de réflexion multinationaux. Il fait partie du groupe des “sages”.

1er janvier 1981 - Abdou DIOUF (né en 1935)

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Seychelles

(29 juin 1976)

juin 1976 - 5 juin 1977

James MANCHAM (né en 1930)

Déposé par un coup d'État en juin 1977 alors qu'il s'était rendu à une conférence du Commonwealth à Londres, où il est demeuré en exil. Mancham ne retourna jamais aux Seychelles où il était interdit de territoire. Il est lourdement suspecté d'avoir eu des complicités dans des tentatives de coup d'État.

juin 1977 - France-Albert RENÉ (né en 1935)

Sierra Leone avril 1961 - avril 1964 Milton Augustus MARGAÏ (né en 1895)

Décède de mort naturelle en 1964.

(27 avril 1961) reste une monarchie constitutionnelle jusqu'en 1967.

avril 1964 - mars 1967 Albert MARGAÏ (né en 1910)

Suite au scrutin des élections de mars 1967, le gouverneur-général nomme lui même le 21 mars comme Premier ministre S. Stevens. Mais le général Lansana effectue un coup d’Etat le 23 mars. Un groupe d’officiers se désolidarise ensuite de lui et place en résidence surveillée Albert Margaï, Siaka Stevens, Lansana et le gouverneur général puis nomme à la tête de l’Etat Andrew Juxon Smith. Margaï se rendit en exil en Angleterre où il meurt de cause naturelle en 1980.

mars 1967 - 18 avril 1968 Lieutenant-colonel Andrew JUXON-SMITH (né en 1931)

Renversé par un coup d'État. Il fut condamné à mort, mais relaxé en 1972. Il vit en exil aux Etats-Unis où il a formé un groupe d'opposition, le NAP, qu'il dirige toujours.

avril 1968 - août 1985 Siaka Probyn STEVENS (né en 1905)

Démissionne de son poste de Président en 1985 et de la politique en général. Il installa son successeur Joseph Momoh. Il écrivit ensuite son autobiographie, “What life has taught me”. Il meurt de causes naturelles en mai 1988. On lui offrit des funérailles nationales.

septembre 1985 - 29 avril 1992 Joseph MOMOH (né en 1937)

Coup d'État du capitaine Valentine Strasser.

avril 1992 - 16 janvier 1996 Capitaine Valentine STRASSER (né en 1966)

Destitué par des hauts responsables de la junte militaire. Strasser, après le coup d’État, cherchait un point de chute au Ghana ou aux Etats-Unis. Il semble qu’il garde des soutiens dans l’armée.

janvier 1996 - mars 1996 Général Julius Maada BIO (né en 1966)

Il accepte de se retirer après la tenue d’élections en mars 1996.

mars 1996 - Ahmad Tejan KABBAH

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Somalie

(1er juillet 1960)

juillet 1960 - juin 1967

Aden Abdullah OSMAN (né en 1908)

Il démissionna peu avant la fin du terme de son deuxième mandat en raison des conflits factionnels grandissants au sein du gouvernement. Bien qu'il ait démissionné, il fut arrêté après 1969 et resta en détention jusqu'à sa libération en 1973.

juin 1967 - 15 octobre 1969 Abdirashid SHERMAKE (né en 1919)

Assassinat de Shermake le 15 octobre 1969 pendant une tournée qu'il faisait dans le nord du pays. Sa mort provoqua une crise qui poussa l'armée à intervenir quelques jours plus tard.

octobre 1969 - janvier 1991 Major Général Mohammed SIIYAD BARRÉ (né en 1919)

Fuite de Siiyad Barré avec quelques centaines de partisans le 27 janvier 1991 devant la progression de la guerre civile entre factions rivales. Réfugié quelques jours à Garbaharrey, capitale du Gedo, il tente fin mars 1992 de reconquérir la capitale mais le général Aïdid l'arrête dans sa course. Siiyad Barré se réfugie quelques mois au Kénya avant d'être accueilli en exil au Nigéria.

janvier 1991 -

Ali Mahdi MOHAMMED (par interim)

Depuis 1993, le Somaliland s’est déclaré indépendant avec à sa tête Mohammed Ibrahim Egal. Suite aux combats entre factions rivales en Somalie, depuis 1994 Ali Mahdi Mohammed et Mohammed puis Hussein Aïdid (suite à la mort de son père en juillet 1996) s’autoproclament chacun président et se disputent la tête de l’Etat. Aucun des deux gouvernements n’est officiellement reconnu.

Soudan

(1er janvier 1956)

janvier 1956 - juillet 1956

Ismaïl al-AZHARI (né en 1902)

Il donne sa démission en raison des dissensions au sein du NUP, reçoit une pension d’ancien Premier ministre et devient le leader de l'opposition au Parlement. Après l'intervention militaire de 1958, al-Azhari se retire dans les affaires mais mène une campagne politique en faveur du retour au gouvernement civil. Après le retour au pouvoir des civils, I. Al-Azhari, resté leader du NUP, prend la présidence du Conseil Suprême, sorte de présidence collégiale. Il garde un rôle prépondérant sur la scène politique soudanaise jusqu’au coup d’Etat de J. Nimeiri. I. al Azhari décède en 1969.

juillet 1956 - 17 novembre 1958 Abdallah KHALIL Coup d’État d’Abboud. A. Khalil aurait lui même soutenu le coup d’État pour mettre un terme aux alliances partisanes qui le déstabilisaient. Il reçoit une pension d’ancien premier ministre.

17 novembre 1958 - octobre 1964 Général Ibrahim ABBOUD (né en 1900)

Coup d'État en douceur suite à des manifestations sociales. Militaire de formation, il manquait d’efficacité politique. Abboud cède le pouvoir à un gouvernment provisoire dirigé par Sirr al Khatim al Khalifa. I. Abboud prend sa retraite au Soudan où il décède.

octobre 1964 - juin 1965 Sirr al-Khatim al-KHALIFA Des élections sont organisées et se met alors en place un gouvernement de coalition avec comme Premier ministre Ahmad Maghoub et à la tête du Conseil suprème, I. al Azhari.

juin 1965 - juin 1966 Ahmad MAGHOUB Maghoub est renversé par une motion de censure en 1966 et sera réélu en mai 1967.

juin 1966 - mai 1967 Sadiq al-MAHDI Il est renversé par une motion de censure. Il reste l’un des leaders de l’opposition. Il sera arrêté après le coup d’Etat de Nimeiri et passe une grande partie de son temps en exil ou en détention avant de reprendre la tête de l’État en avril 1986.

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Soudan mai 1967 - 25 mai 1969 Ahmad MAGHOUB Coup d’État de Jaafar Nimeiri qui met fin au deuxième régime parlementaire.

mai 1969 - 6 avril 1985 Général Mohammed Jaafar al-NIMEIRI (né en 1930)

Alors que Nimeiri se trouvait en voyage officiel aux Etats-Unis, il est renversé en 1985 après des manifestations populaires et des émeutes anti-gouvernementales. Il vit depuis en exil et son nom est associé à des tentatives de coup d'État. Un conseil militaire de transition (CMT) est constitué sous la présidence de Siwar al-Dahab.

avril 1985 - avril 1986 Général Siwar al-DAHAB

Rend le pouvoir aux civils. Il se retire après la dissolution du CMT. Un conseil suprême de cinq hommes est mis en place avec à sa tête Ali al-Mirghani. Des élections sont tenues en avril.

avril 1986 - 30 juin 1989 Sadiq al-MAHDI Coup d'État par le brigadier al-Bashir. Sadiq al-Mahdi fut arrêté puis relâché en 1990. Il dirige actuellement le groupe d’opposition armée National Democratic Alliance.

juin 1989 - Omar Hassan Ahmad al-BASHIR (né en 1944)

Swaziland 1968 - 21 août 1982 Roi SOBHUZA (né en 1899)

Décède au pouvoir à 83 ans. Son fils héritier lui succède après une période de régence (août 1982 - août 1983: Reine Dzeliwe et août 1983 - avril 1986: Reine Ntombi).

(6 septembre 1968)

avril 1986 - Roi MSWATI (né en 1968)

Tanzanie

(29 octobre 1964)

Née de l’union du Tanganyika (9 octobre 1961)

novembre 1962 -octobre 1985

Julius Kambaraga NYERERE (né en 1922)

Nyerere démissionna de son poste en 1985 mais resta à la tête de son parti (le Chama cha Mapinduzi) jusqu'en 1990. Il fait partie des plus célèbres figures internationales africaines et garde un grand prestige à l’intérieur du pays. Il a dernièrement soutenu Mpaka pour les élections présidentielles.

et de Zanzibar (10 décembre 1963)

novembre 1985 - novembre 1995 Ali Hassan MWINYI (né en 1925)

Après avoir effectué deux mandats de cinq ans, Mwinyi ne pouvait plus se présenter aux élections. Il se retire donc constitutionnellement de la course aux présidentielles.

novembre 1995 - Benjamin William MPAKA

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Tchad

(11 août 1960)

août 1960 -13 avril 1975 François TOMBALBAYE (né en 1918)

Coup d'État militaire après que Tombalbaye ait effectué des purges au sein de l'armée. Le Président est assassiné pendant le coup d'État, privé du soutien de la France.

avril 1975 - 23 mars 1979 Général Félix MALLOUM (né en 1932)

Désavoué durant la Conférence de Kano, Malloum décide de démissionner. Un conseil d’Etat provisoire est mis en place de mars à avril 1979 avec à sa tête Goukouni Weddeye. Malloum fuit en exil d'abord au Nigéria puis en France. Il se reconvertit dans les affaires. Il n'est plus apparu sur la scène politique sauf au cours de la Conférence nationale pendant laquelle il a fait lire une allocution.

avril 1979 - août 1979 Mahammat Choua LOL (né en 1939)

Désigné après un accord entre les factions, Lol fut renversé six mois seulement après son arrivée au pouvoir. Il se retira alors à Paris ou il sombra dans l'alcoolisme avant de revenir à N'Djamena pour devenir ministre des Transports puis maire de la capitale. Lol a fondé un parti qui est aujourd'hui bien implanté, le Kanem-lac. Il joua un rôle important lors de la Conférence nationale.

août 1979 - 7 juin 1982 Goukouni WEDDEYE ou OUEDDEÏ (né vers 1944)

Perd un combat armé contre les troupes d'Habré. Il fuit alors vers le Nord et établit un gouvernement de reconstruction nationale à Bardai, près de la frontière libyenne. Mais perdant le soutien de ses amis tchadiens, il est contraint de s'exiler en Libye. En 1988, il se déclare président du gouvernement en exil. Il se réfugie au Cameroun puis en Libye. Il fut invité à la Conférence nationale de février 1993 et garde une immense popularité.

juin 1982 - décembre 1990 Hissein HABRÉ (né en 1936)

Il est obligé de fuir devant les troupes de Déby. Il s'enfuit d'abord au Cameroun puis trouve refuge et asile au Sénégal où l'on dit qu'il investit dans l'immobilier. Avant de quitter le Tchad, Habré a fait dévaliser les caisses de l’État. Il a emporté avec lui une somme considérable, un avion, des voitures et sa garde personnelle.

décembre 1990 - Idriss DÉBY

Togo avril 1960 - 13 janvier 1963 Sylvanius OLYMPIO (né en 1902)

Coup de force par Gnassingbe Eyadema dont la légende veut qu'il ait assassiné le président Olympio de ses mains.

(27 avril 1960) janvier 1963 - 13 janvier 1967 Nicolas GRUNITZKY (né en 1913)

Coup d'État. L'armée prend le pouvoir le 13 janvier 1967. Réfugié en Côte-d'Ivoire, il crée une entreprise de travaux publics, car il avait reçu en France une formation d'ingénieur. Il s'occupait, avant sa présidence, des chemins de fer togolais. Officiellement décédé en 1969 dans un accident de voiture en Côte-d'Ivoire.

janvier 1967 - Gnassingbé EYADÉMA (né en 1937)

Zaïre

(30 juin 1960)

juin 1960 - 24 novembre 1965 Joseph KASAVUBU (né en 1913)

Après un premier coup d'État manqué par Mobutu, Kasavubu est réinstallé mais tombe sous un autre coup d'État en 1965. Le haut commandement de l'armée prend le pouvoir. Kasavubu meurt en 1969.

novembre 1965 - Général Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO (né en 1930)

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Zambie

(24 octobre 1964)

octobre 1964 - novembre 1991

Kenneth David KAUNDA (né en 1924)

Battu aux élections de 1991. Aujourd'hui harcelé par le pouvoir en place, il a gagné l'amitié des Zambiens. Il reste présent sur la scène publique. Mais les nouvelles dispositions constitutionnelles sur la nationalité l’empêchent de se présenter aux élections. Il a regagné la tête de l’UNIP.

novembre 1991 - Fredérick CHILUBA (né en 1943)

Zimbabwe

(18 avril 1980)

avril 1980 - décembre 1987 Révérend Canaan BANANA (rôle protocolaire)

Il quitte le pouvoir après la réforme constitutionnelle de 1987 qui supprime le poste de Premier ministre. Le premier ministre Mugabe, réél détenteur du pouvoir, devient Président. Depuis, Banana donne des cours de théologie.

décembre 1987 - Robert Gabriel MUGABE (né en 1928)