Ann. Kinésithér., 1992, t. 19, nO 2, pp. 73-76© Masson, Paris, 1992

MÉMOIRE

@Techniques de recrutement des muscles releveurs du pied

G. PIERRON (1), A. LEROY (2)(1) ECK Bois-Larris, B.P. 12, F 60260 Lamorlaye. (2) ENKRE, 12, rue du Val-d'Osne, F 94410 Saint-Maurice.

A partir des conclusions tirées de l'étudeprécédente, des exercices de facilitation sontproposés, tous à partir de sollicitation calca­néenne. Ils sont ordonnés en progression dedifficultés croissantes selon l'intensité mécani­que des sollicitations. Ceci permet de répondreà toutes les situations et à toutes les étapes dela rééducation, avec les objectifs de précocité,de dosage précis et d'orientation fonctionnelleimmédiate. Il n'est pas précisé d'indicationpathologique, c'est en effet au praticien de fairele choix de l'exercice et de la gradation enfonction du type de pathologie, de l'évolutionde celle-ci et des buts fixés.

Fm. 1. - Le sujet est en procubitus, le genoufléchi, la jambe est verticale. Le praticien poseune main à plat sur la plante du pied, le ligamentannulaire antérieur du carpe en regard ducalcanéus, l'autre main maintient la jambe. Ilsuffit d'exercer un déplacement cutané talonnier

Tirés à part: G. PIERRON, à l'adresse ci-dessus.

vers le dorsal pour réaliser la stimulation la plusspécifique des releveurs du pied. Cet exerciceextrêmement dosable peut être proposé trèsprécocement en traumatologie; il est bon de leprécéder de mobilisation de la sole plantaire,manœuvre indispensable d'entretien des mé­cano-récepteurs, si importants lors de la reprised'appui. On demande tout d'abord au patientde se concentrer sur la sensation de déplacementde la peau, puis de s'y opposer. Il est à noterque le glissement vers l'avant recrute les.extenseurs de la tibio-tarsienne et les fléchisseursdes orteils.

Fm. 2. - Après avoir augmenté l'intensité del'exercige par une augm~lltation de la pressiontangentiellesurJa planté du pied, il devientnécessaire de modifier la technique pour pour­suivre la progression. Le praticien bascule samain de façon à la postérioriser et à laverticaliser, la force verticale, appliquée enarrière de l'axe de la cheville, conjuguée àl'étirement cutané provoque une réponse mus­culaire intense, celle-ci peut être de typeisométrique ou concentrique.

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pour une variante. Le sujet est dans la mêmeposition, pied à plat sur la table. Une premièrerésistance, identique à celle de l'exercice 3 estplacée sur le genou, la deuxième dirigée versl'avant est placée à la face postérieure du tibia.Elle s'oppose avec une grande efficacité au reculdu tibia, qui accompagne l'élévation de l'astra­gale; elle correspond à la force cinétiquehorizontale qui tend à glisser le talon vers l'avantlors de l'attaque du pas. L'utilisation conjointedes deux résistances permet de solliciter l'acti­vité de muscles forts tout en conservant lastimulation intense des éléments sensitifs de laface plantaire du talon.

FIG. 3. - Le sujet allongé, hanche et genou enflexion, pose le pied à plat sur la table.L'opérateur applique une, ou les deux mains auniveau de la région condylo-rotulienne et, exerceune force descendante dans l'axe du tibia. Le

patient est invité à repousser le tibia vers le haut,en enfonçant le talon dans la table. Cet exercicedont le principe a été étudié précédemment esttrès favorable à l'action musculaire, il est doncrecommandé pour des muscles faibles; d'autantplus qu'il peut être réalisé en isométrique ou enexcentrique, il suffit de positionner le pied audépart et de demander au sujet de résister à al'écrasement. L'exercice semble en outre dépla-cer le centre d'intérêt vers le genou et libère descraintes injustifiées.

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1/\\FIG. 4. - Les situations précédentes sontfavorables au moment moteur et limitent lespossibilités de résistance du praticien, afind'augmenter l'intensité de l'exercice, il faut opter

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FIG. 5 a et 5 b. - Afin de sélectionner l'activitédes muscles releveurs internes ou externes, lethérapeute doit moduler la place de l~ "'~,:istancejambière. Celle-ci s'oriente légèrement en avantpuis franchement en dehors ou en ded::~.s. Il estpar contre impossible de prédéterminer le typede réponse musculaire; pour une directiondonnée de la résistance, certains sujets contrac-

tent les releveurs internes, d'autre utilisent lesexternes. La réponse dépend de l'association ounon d'une légère rotation du genou, il suffit doncde réaliser quelques essais préalables précisantles muscles en jeu, ou d'effectuer un travail destabilisation rythmique, donc alternatif.

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il est possible de focaliser le travail sur lesexternes ou sur les internes selon la modalitéabordée dans l'exercice précédent.

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Fm. 7. - La diagonale de P.N.F. de B' vers A'correspond à une réception antéro-externe, lecontact pied/sol se fait par le bord interne dutalon, et les releveurs externes sont prédomi­nants. La reproduction de cette cinèse exigedonc que la résistance manuelle distale se situeà la même place, pour ce faire le praticien sesitue homo latéralement par rapport au membreà travailler (sur le dessin, pour des raisons devue, il est du côté opposé), la main crurale résisteà l'abduction flexion de hanche, la main podalerésiste à la flexion/pronation du pied, et du faitde sa position en arrière de l'axe de rotation dumembre inférieur résiste tout naturellement à larotation interne de celui-ci. Elle ·est donc biendestinée au travail des releveurs externes.

Fm. 6 a et 6 b. - Le sujet en chevalier servantse rapproche de la position érigée permettantune mise en charge partielle du membre inférieuret une conjugaison des informations plantairesavec celles en provenance de la nuque ou dusystème labyrinthique. Cela aborde le réentraî­nement de la concordance des différentes bouclesinterférentes de l'équilibration, Le thérapeutepeut réaliser des exercices similaires à ceuxexécutés en décubitus avec une résistance uniquesur le genou, ou une double résistance sur legenou et face postérieure du tibia; dans ce cas,

Fm. 8. - La diagonale de D' vers C' correspondà une réception antéro-interne avec un contact

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pied/sol au niveau du bord postéro-externe dutalon, dans ce cas les releveurs internes sontparticulièrement actifs. Pour reproduire cettesituation, le thérapeute place une résistanceproximale à la face antéro-interne de la cuisseet, une résistance distale à la partie inféro­externe du talon pour s'opposer à la flexionsupination du pied, ainsi qu'à la rotation externedu membre inférieur sur son axe.

\ \FIG. 9. - L'exercice peut associer l'extension dela hanche et du genou à la flexion de latibio-tarsienne, sans composante latérale ourotatoire. Exercice simple permettant un recru­tement intense, et qui repraduit la synergiemusculaire extenseurs de hanche et de genouassociés aux releveurs du pied, en jeu lors dela réception taligrade de la marche.

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FIG. 10 a et 10b. - Dans ce schéma, le travaildifférencié des releveurs internes et externess'obtient en réalisant les diagonales brisées deP.N.F., départ genou fléchi, arrivé genou tendu;la résistance distale appliquée à la partieinféra-interne du talon pour les releveurs exter­nes, ou à sa partie inféra-externe pour lesreleveurs internes.