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TCHENREZI Stage I TCHENREZI Stage I Instructions sur Instructions sur LA PRIERE DES SIX SYLLABES LA PRIERE DES SIX SYLLABES du Grand Maître Tsultrim Zangpo du Grand Maître Tsultrim Zangpo Explications données au Bost par Lama Lhundroup du 9 au 15 Février 2003 __________________________________________________________________________________________ Prière des Six Syllabes de Tchenrézi 1

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TCHENREZI Stage ITCHENREZI Stage I

Instructions surInstructions sur

LA PRIERE DES SIX SYLLABES LA PRIERE DES SIX SYLLABES

du Grand Maître Tsultrim Zangpo du Grand Maître Tsultrim Zangpo

Explications données au Bost par Lama Lhundroup

du 9 au 15 Février 2003

__________________________________________________________________________________________ Prière des Six Syllabes de Tchenrézi 1

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Explication brève du texte

Introduction

Ce texte est un ancien texte tibétain, qui est enseigné ici pour la première fois. Ceci est pos­sible grâce à Khentchen Rinpotché, un des tuteurs du Karmapa qui était ici pour la retraite du Karma­pa. Il nous a offert ce texte, et nous a donné le loung avec quelques instructions, que je vais partager avec vous. On va regarder ce texte, et passer par les différentes phases de la pratique. Aujourd’hui, je vous donne juste les titres clés de chaque passage pour que vous puissiez suivre le texte. Et dans la se­maine on regardera chaque mot important. Il y aura des explications en détail sur les différents aspects de la pratique.

Il est nécessaire de noter dans votre texte ce qu’il faut pratiquer, au moment où l’on arrive à chaque « OM MANI PEME HOUNG » après chaque quatre vers.

Le titre est : « La pratique riche de bénédictions de la Prière des Six Syllabes du Grand Com­patissant. ».

Les six syllabes sont le mantra « OM MANI PEMÉ HOUNG » et le grand compatissant c’est Tchenré­zi. Cette pratique est écrite par le fameux yogi moine Mahasiddha Tsultrim Zangpo, et porte sa béné­diction. Elle appartient au « anuttara yoga tantra » le plus haut niveau de tantra. C’est donc un niveau plus élevé que la pratique habituelle.

Seule, sans autre pratique, cette pratique en elle-même suffit complètement, pour atteindre l’é­veil. Du début jusqu’à la fin c’est une pratique complète. Si on veut l’inclure dans la pratique habi­tuelle de Tchenrézi on peut faire la prière à la lignée du Mahamoudra ; on dit le refuge, on récite la louange « djowo kyeun gyi ma goeu kounn do kar etc…. » et on fait aussi la prière à 7 branches. Après la prière à 7 branches qui est une accumulation de mérites, au niveau relatif, on commence avec ce texte. On le termine et à la fin, on peut continuer avec les prières à Gourou Rinpotché, la prière à Déouatchène, et bien sûr les dédicaces plus extensives comme à la fin de la pratique habituelle. Ce texte remplace donc la prière des six royaumes et la phase centrale avec le mantra.

Question : A ce moment-là, est-ce que l’on récite le passage sur la visualisation, dans le texte de la pratique habituelle, qui se trouve entre le refuge et les louanges (djowo kyeun gyi) ?

Réponse : Oui, tu la fais et après cette visualisation change en suivant le nouveau texte.

Question : Mais quand on fait le « djowo kyeun gyi… » Tchenrézi est en face de nous ?

Réponse : Non. Dans la pratique habituelle, Tchenrézi est au-dessus de la tête. Et quand tu commences ce texte de six syllabes, tout de suite tu vas devenir toi-même Tchenrézi.

Donc, la version de combiner les deux textes, c’est pour ceux qui veulent faire une longue ses­sion de Tchenrézi de deux heures, ou plus.

Hommage et réflexions préliminaires

« Je supplie le Seigneur, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG. ».

Pendant cette première phase de OM MANI PÉMÉ HOUNG, on récite un mala et on contemple les quatre pensées préliminaires qui sont la précieuse existence humaine, l’impermanence et la mort, le karma et les défauts du samsara. Aussi cette première phase du mantra nous aide à nous poser, à arri­ver vraiment sur notre coussin. C’est donc une phase où l’on fait une première salutation à Tchenrézi et après on s’établit dans la pratique, on établit les bases. OM MANI PEME HOUNG…

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Refuge, Bodhicitta, les Quatre illimitées

« Je prends refuge dans le protecteur Tchenrézi, développe l’esprit d’éveil pour le bien des six classes d’êtres, mes mères, et médite l’amour, la compassion, la joie et l’équanimité. Je supplie la di­vinité le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Pendant cette phase de OM MANI PÉMÉ HOUNG, nous méditons le refuge, tout en récitant OM MANI PÉMÉ HOUNG qui est l’expression du refuge ; donc pas besoin de répéter le refuge trois fois. C’est OM MANI PÉMÉ HOUNG qui est le refuge, qui est l’expression du refuge. Après on prend le vœu de bodhisatt­va, on développe donc la bodhicitta, pendant cette même phase du mantra ; et en plus, on médite les quatre illimitées qui sont nommées : l’amour, la compassion, la joie et l’équanimité. Ces quatre quali­tés s’appellent les quatre incommensurables ou illimitées. OM MANI PEME HOUNG…

Création des offrandes

« Production magique du clair samadhi de la sphère, les nuées d’offrandes du glorieux Kun­touzanpo, emplissent lieux et espace continuellement sans interruption. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG »

Pendant cette phase nous allons visualiser toutes les offrandes qui vont être mises à la disposi­tion des êtres éveillés. Ce n’est pas encore le moment de les offrir, c’est comme préparer l’offrande avant d’inviter les êtres éveillés. En attendant on imagine qu’il y a plein d’offrandes qui émanent de notre cœur, de notre esprit et qui remplissent tout l’espace. OM MANI PEME HOUNG…

« Tous les phénomènes sont la dimension de la vacuité, tous les lieux et pays sont la terre pure de la montagne du Potala avec son palais, clairs et parfaits. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est notre entrée en Déouatchène. On voit autour de soi-même Déouatchène avec la « mon­tagne du Potala ». C’est le nom du palais central où habite Tchenrézi, avec les quatre grands portails, les différents étages du temple. Vous pouvez imaginer un super grand temple comme celui là en bas, mais beaucoup plus grand et lumineux, entouré de lacs, de rivières. de parcs, etc. OM MANI PEME HOUNG…

Visualisation de soi-même comme Tchenrézi (en neuf phases)

« Au milieu j’apparais comme Tchenrézi ; le corps blanc lumineux diffuse par centaines de milliards ses rayons. Il a les marques majeures et mineures, le sourire paisible, les expressions de la grâce. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Nous nous visualisons nous-mêmes au centre de ce palais, sur le trône principal du Potala. Nous sommes nous-mêmes Tchenrézi avec les marques majeures et mineures d’un bouddha etc. tout comme vous le connaissez. OM MANI PEME HOUNG…

« Son visage, l’essence du corps de sagesse (dharmakaya), exprime l’unité. Ses yeux mi-clos, moyens et sagesse, regardent avec compassion. Ses mains, les quatre illimitées, sont douces et souples. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Pendant cette phase du mantra nous méditons l’aspect symbolique de notre apparence exté­rieure. Le fait d’avoir un corps, c’est l’unité, l’union de tous les aspects éveillés. Les deux yeux, sont les moyens habiles et la sagesse. Les quatre mains sont les quatre illimitées (amour, compassion, joie et équanimité). Les autres explications sur la symbolique de sa manifestation extérieure vont être don­nées plus tard. OM MANI PEME HOUNG…

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Question : On se visualise comme Tchenrézi à partir d’ici. Avant est-ce qu’on visualise Tchenrézi en face de soi ou au sommet de la tête, ou est ce qu’on peut dès le début de la pratique se vi­sualiser comme Tchenrézi ?

Réponse : Quand on prend refuge et qu’on prend les vœux de bodhisattva on est sous sa forme normale. Donc, page 2 tu es sous ta forme ordinaire et tu prends refuge avec Tchenrézi en face de toi ; Tchenrézi tout seul suffit. Mais si tu veux, tu peux visualiser Tchenrézi au centre d’un arbre de refuge ou d’un palais de refuge. Mais Tchenrézi seul en face de toi suffit. Ensuite, pour la production des of­frandes de mantras, des offrandes imaginées, on reste encore sous sa forme normale et comme tu dis, c’est page 4 que l’on devient Tchenrézi.

« Ses deux mains (on peut aussi dire nos deux mains) principales sont jointes au niveau du cœur, la main droite inférieure tient un mala de cristal et la main gauche inférieure tient un lotus blanc. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG »

C’est déjà la troisième phase où l’on continue avec la visualisation de soi-même. La médita­tion du symbolisme de tout ce qu’on visualise continue aussi avec tous ces détails. Le fait qu’il a ses mains jointes au niveau du cœur, veut dire par exemple qu’il tient le joyau qui est la nature de notre esprit. OM MANI PEME HOUNG…

« Les cheveux bleu foncé sont coiffés en chignon, d’autres mèches en boucles sont répandues et un joyau flamboyant orne le sommet de sa tête. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est la quatrième phase de la visualisation de soi-même. Nous continuons donc à nous visua­liser plus en détails. Là ça concerne les cheveux, la tête, le sommet de la tête. OM MANI PEME HOUNG…

« Il est revêtu de soieries diaprées, d’un diadème et de robes, et il est complètement embelli par une variété d’ornements précieux, sa poitrine gauche est couverte par une peau de biche. Je sup­plie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est la cinquième phase de la visualisation de soi-même. Et bien sûr il y a encore plus d’attri­buts symboliques à méditer. Je vous donne un exemple : la peau de biche. Cette biche là c’est une anti­lope, une gazelle, qui est parmi les animaux les plus paisibles du monde. Et ce n’est pas que Tchenrézi ait tué cet animal. Le fait qu’il porte cette peau de lumière comme un attribut est le signe que lui-même est l’expression de cette même douceur et paix d’esprit qui symbolise cette biche. OM MANI PEME HOUNG…

« Chaque pore de la peau de son corps (on peut dire aussi de notre corps) est paré d’une infi­nité des terres pures, où demeurent tous les Bouddhas et les Bodhisattvas. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Visualisation de soi-même, phase six. Se visualiser avec des terres pures dans chaque pore de la peau, avec une immensité de Bouddhas et Bodhisattvas, cela demande que notre esprit devienne beaucoup plus vaste. Le corps de Tchenrézi n’est pas du tout limité, il peut accueillir vraiment cette in­finité d’êtres. Donc ici il s’agit de la visualisation de soi-même, de l’aspect du corps éveillé. Après il y aura la parole et l’esprit. OM MANI PEME HOUNG…

« Sa parole bénit tous les sons, et les voix du monde extérieur et ses habitants en tant que mantra aux six syllabes, dont la vue, l’audition, le rappel et la connaissance libèrent. Je supplie la di­vinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Là nous sommes encore dans cette prise de conscience de qui nous sommes, et la visualisation de nous-mêmes continue. Mais on prend contact avec ce que veut dire avoir une parole éveillée.

Question : il y a marqué « sa parole bénit… »…est ce que l’on peut corriger en mettant « notre » parole …. ?

Réponse : c’est juste une autre façon de lire. Le tibétain est non spécifique. Cela dit juste « pa­role ». « Notre parole » ou « sa parole », donc si vous avez besoin de vous faire le rappel que c’est vraiment « nous-mêmes », « moi-même » ; vous pouvez toujours lire « ma parole » ou « notre pa­

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role ». Ce qu’on imagine ici, c’est que la parole du mantra émane et touche tous les univers partout, pénètre tous les univers et le fait que les êtres et le monde extérieur soient touchés par les six syllabes, les libèrent. Parce que ce mantra libère par la vue, l’audition, le rappel et la connaissance. Il faut connaître cela. OM MANI PEME HOUNG…

« Son esprit, sans quitter la dimension de la vacuité, avec l’éclat de sa compassion (de notre compassion) sans référence, considère comme ses enfants les six classes d’êtres, nos mères. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant :OM MANI PEME HOUNG »..

C’est l’esprit de la compassion et de la sagesse éveillées. Le fait qu’il y ait la compassion qui considère tous les êtres comme ses enfants, est ce qui rend cette compassion illimitée. Il n’y a pas un seul être qui soit exclu. OM MANI PEME HOUNG…

« Il réside sur un siège de lotus blanc avec une lune épanouie, les jambes dans l’assise adamantine - rayonnant de lumière, il illumine tout. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

On visualise l’assise adamantine, la posture d’un bouddha, les jambes complètement croisées : c’est l’assise qui symbolise l’entrée dans la méditation vadjra, le moment où l’on devient un bouddha. Et on visualise l’éclat de la lumière qui part de son corps. Donc on continue encore bien sûr la visuali­sation de soi-même. C’est la neuvième partie. OM MANI PEME HOUNG…

Invitation des êtres de sagesse et bénédiction

« A ses trois lieux (à nos trois lieux) les lettres OM blanc, AH rouge, HOUNG bleu – claires et resplendissantes – sont la perfection des trois vadjras ultimes. Je supplie la divinité, le Grand Com­patissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est la visualisation intérieure de nous-même qui commence maintenant, qui est donc un OM blanc au front, un AH rouge à la gorge et un HOUNG bleu au cœur. Et ces trois sont la perfection des trois vadjras ultimes, ce sont : les trois vadjras – corps, parole, esprit. Corps, parole, esprit, OM, AH, HOUNG.

« La lumière fuse depuis son cœur, sa quintessence vitale, l’héroïque esprit de sagesse pri­mordiale tombe en pluie et se fond dans l’expression du samaya. Je supplie la divinité, le Grand Com­patissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est l’invitation de ceux que l’on appelle « les êtres de sagesse ». Nous avons jusque là fait une visualisation de nous-mêmes, qui est la création de notre esprit. Et dans l’Anouttara – yoga - tan­tra, on invite à ce moment, la conscience primordiale qui n’est pas la production d’un esprit dualiste, à bénir cette visualisation de nous-mêmes, à l’investir de la présence éveillée. Pour cela, il y a une éma­nation de lumière de OM, AH, HOUNG, qui va vers les êtres éveillés, les invite à être présents. Ils tombent comme une pluie de petits Tchenrézi qui se fondent en nous. On peut appeler ce pas­sage: « Bénédiction de la visualisation de soi-même. ». La visualisation de soi-même est ici appelée « l’expression du samaya ». OM MANI PEME HOUNG…

Question : demande d’une précision par rapport au commentaire habituel de Khakyab Dordjé.

Réponse : Le texte que l’on est en train d’étudier, est un peu plus précis sur quelques détails de la visualisation. Cela peut être complémentaire au commentaire de Khakyab Dordjé. La différence la plus grande est que nous sommes nous-mêmes Tchenrézi. Dans la pratique habituelle, Tchenrézi est au-dessus de notre tête.

Initiation

« De nouveau la lumière fuse, convie les divinités d’initiations ; l’initiation est conférée, les voiles sont purifiés, les qualités parachevées et le glorieux Amitabha couronne ma tête. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

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C’est la phase qui s’appelle l’initiation. C’est la continuation de la Bénédiction. Initiation veut dire que le Bouddha nous confère le pouvoir d’accomplir l’activité éveillée. Il y a là toute une visuali­sation à faire avec les cinq dhyani bouddhas, avec leurs dakinis qui arrivent, méditent, et versent de l’eau dans le sommet de notre tête. Après le nectar sort de la tête et nous sommes couronnés par Ami­tabha qui représente notre lama racine. OM MANI PEME HOUNG…

Question : Donc on a bien le bouddha Amitabha au-dessus de notre tête ?

Réponse : Oui, le bouddha Amitabha représente votre lama racine. Il est rouge, habituel avec son bol, avec les mains en posture de méditation.

Prosternations

« Vous pensez avec amour à vos enfants tous les êtres des six domaines, et considérez particu­lièrement les êtres du pays des neiges. Je me prosterne devant Tchenrézi, je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Maintenant nous sommes complètements initiés, nous sommes un Bouddha complet, parfait avec tout ce qu’il faut. Et quand quelqu’un devient bouddha, le monde alentour se prosterne. C’est la réaction naturelle que de rendre hommage à celui et celle qui a atteint la bouddhéité. Donc, on imite, on pourrait dire, le processus de devenir un bouddha avec l’hommage qui est rendu à ce Bouddha qui vient d’apparaître dans le monde. C’est donc la phase des prosternations ou des hommages.

Question : on se prosterne devant quel Tchenrézi ?

Réponse : nous-même. Il y a les autres, il y a tous les êtres, des dakinis, des déesses d’of­frandes etc. qui se prosternent devant nous. Et ce sont eux qui disent cette phrase, eux qui disent : « vous pensez avec amour à vos enfants. ». Quand on dit : « Je supplie la divinité, le Grand Compatis­sant. » « Je me prosterne devant Tchenrézi » tout cela c’est nous-même. Tout le monde est nous-même, il n’y a pas de séparation entre Tchenrézi et les êtres, mais on imagine que les prosternations et puis les offrandes sont faits à Tchenrézi. Il n’y a pas un autre Tchenrézi dans cette pratique. Il n’y a pas deux Tchenrézi ou trois. C’est Tchenrézi au centre qui est le Bouddha. On dit : « je me prosterne » parce que l’on reste dans une attitude humble. Je ne développe pas d’orgueil. Quand on fait offrande d’un mandala à Karmapa, lui aussi il joint ses mains pour faire l’offrande en même temps. Et quand il reçoit le mandala, il jette du riz aux Bouddhas. On reste dans l’attitude humble de ne pas faire de louanges à soi-même, qui ferait accroître l’orgueil. Donc cette humilité est exprimée par cette tournure de phrase, c’est quand même moi qui supplie, qui rends hommage. OM MANI PEME HOUNG…

Offrandes

« En m’appuyant sur la base des offrandes véritablement présentes j’offre des océans de nuées d’offrandes inépuisables émanées grâce à la méditation profonde. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Des offrandes sont faites à ce bouddha nouveau-né, à nous-même on pourrait dire, mais c’est un « nous-même » où il n’y a pas de moi, pas de je. Quand on dit : « on s’appuie sur la base des of­frandes véritablement présentes. », on parle des offrandes sur l’autel, qui représentent, qui symbolisent les offrandes qui sont faites par l’esprit, qui sont beaucoup plus vastes et inépuisables. Et ces offrandes sont émanées dans la méditation profonde, dans le samadhi. On imagine que maintenant des offrandes sont faites par tous les êtres véritablement présents dans l’imagination. OM MANI PEME HOUNG…

Louanges

« Vous avez obtenu la maîtrise des moyens et de la sagesse excellents, vous détenez les quali­tés inconcevables de la sagesse primordiale resplendissante, Protecteur Tchenrézi, avec dévotion je vous loue. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

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Les êtres témoignent de ce bouddha qui vient de naître, qui vient d’apparaître dans ce monde ; ils ont fait leurs prosternations, ils ont fait leurs offrandes et ils font maintenant des louanges. C’est dans la continuité de ce même processus.

Nous avons vu une série de six visualisations qui vont ensemble. Cela commence avec la vi­sualisation des trois syllabes OM AH HOUNG, base pour l’invitation des êtres de sagesse, c’est la phase 1. L’invitation, la bénédiction de la visualisation de soi-même c’est la phase 2. L’initiation comme un bouddha avec tous les transferts de pouvoir, la bouddhéité c’est la phase 3. Ensuite les prosternations, les offrandes et les louanges pour ce Bouddha, ce sont les phases 4, 5 et 6. Cela fait un ensemble. C’est ainsi que l’on sort de la fixation sur une visualisation produite par soi-même et on entre dans ce qui est la dimension de la bouddhéité, qui n’est plus juste une imagination. C’est un transfert de bénédiction suivi par le témoignage des autres.

Question : Où est le moi, où sont les autres ?

Réponse : Il n’y a pas de « moi bouddha », le moi n’existe plus. Le bouddha n’est pas dif­férencié des êtres. Donc quand des êtres font des offrandes, des louanges à un bouddha, personne n’est là, à qui l’on peut s’adresser comme à un moi. C’est l’esprit éveillé, plein d’amour, de compassion, de générosité qui est naturellement présent, et qui fait en même temps des offrandes et des louanges. C’est bénéfique de faire offrandes, prosternations, louanges à un bouddha. C’est une accumulation de mérites. Cette phase là est une petite phase d’accumulation de mérites, de très haut niveau. On pra­tique l’accumulation de mérites déjà du point de vue du Bouddha. OM MANI PEME HOUNG…

Visualisation intérieure

« Au cœur sur la lune, il y a un lotus blanc à six pétales, avec au centre le Hri, les six pétales étant marqués des six syllabes. Le son naturel du mantra résonne et la lumière flamboie. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est maintenant la préparation à la visualisation pour la phase du mantra. C’est la première phase de visualisation intérieure. Le HRI peut être lu de la gauche, debout. Quand on visualise le HRI on peut le lire quand on regarde de la gauche. Le mantra sur les pétales regarde à l’intérieur, on peut le lire de l’intérieur. Vous aurez plus de détails dans les jours qui viennent. OM MANI PEME HOUNG…

Offrande aux êtres éveillés et bénédiction

« Exhortée par la récitation du mantra, la lumière issue du HRI fait offrande aux Nobles ; toutes leurs bénédictions se rassemblent et se fondent en moi. Je supplie la divinité, le Grand Compa­tissant : OM MANI PEME HOUNG ».

On imagine que du HRI émanent des lumières qui vont dans les dix directions, dans les terres pures et qui rassemblent les bénédictions des Bouddhas. C’est ce que l’on appelle une première éma­nation de lumière qui accomplit notre propre bienfait. L’activité éveillée a toujours deux bienfaits : le bienfait pour soi-même, pour s’éveiller, pour arriver à la bouddhéité et le bienfait pour les autres. Cette phase là, le fait de recevoir les bénédictions, représente le bienfait pour soi-même. Après, tout le reste de la pratique va être le bienfait pour les autres. OM MANI PEME HOUNG…

Aussi cette phase d’émanation de lumière envers les bouddhas puis les lumières qui re­viennent dans notre cœur, éliminent toute saisie égoïste qui aurait pu s’installer depuis que nous sommes devenus un bouddha. On a peut-être oublié entre - temps. Cela fait que toute saisie sera annu­lée encore une fois par la bénédiction des bouddhas qui se rassemblent dans notre cœur. Maintenant l’activité qui va émaner de notre cœur ne sera pas une activité de nous-mêmes mais sera la conséquence, le résultat naturel de la bénédiction de tous les bouddhas.

Purification des six royaumes

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Le OM blanc fuse vers les domaines divins, l’orgueil et les souffrances du transfert et de la chute sont purifiés du courant de l’être, la sagesse ultime de l’égalité se manifeste. Je supplie la divi­nité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Ici, c’est la lumière de cette syllabe OM, qui est sur le pétale de devant, juste en face du HRI, qui va purifier l’orgueil partout, et revenir chargée, des bienfaits de cette purification. Cette lumière développe la sagesse ultime de l’égalité dans tous les endroits qu’elle touche et on imagine aussi qu’en nous cette sagesse se manifeste pleinement. Ici c’est juste la lumière qui émane, ce n’est pas plus com­pliqué que cela, pas de syllabe à multiplier. OM MANI PEME HOUNG…

Question : Ce qui me gêne un peu c’est que d’habitude le OM touche l’ignorance plutôt que l’orgueil ?

Réponse : Non, c’est un autre enseignement. Ici le OM dans ce mantra là, c’est toujours l’or­gueil. Et quand tu as d’autres mantras, « OM BENZA GOUROU etc. », là, le OM est l’appel à la sa­gesse de tous les bouddhas qui purifie l’ignorance, mais cela n’a rien à voir avec cette explication spécifique de : « OM MANI PEME HOUNG ».

« Le MA vert fuse vers les domaines des demi-dieux. La jalousie et les souffrances des que­relles et des conflits sont purifiées du courant de l’être, la sagesse ultime toute accomplissante se manifeste. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Même principe : maintenant c’est la syllabe MA vert qui est sur le deuxième pétale, devant à droite, et d’où émane bien sûr de la lumière verte qui va dans tous les univers, notamment dans le do­maine des demi-dieux qui souffrent le plus de la jalousie. Toutes les jalousies, toutes les ambitions sont purifiées, la sagesse ultime toute accomplissante se manifeste. La lumière revient dans la syllabe et on reste dans cette purification complète de la jalousie. OM MANI PEME HOUNG…

« Le NI jaune fuse vers les domaines humains. Les doutes et les souffrances des préoccupa­tions et de la pauvreté sont purifiés du courant de l’être, la sagesse ultime spontanée se manifeste. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Le NI jaune sur le pétale derrière à droite, dans notre cœur, émane de la lumière jaune ; il puri­fie ici les souffrances spécifiques des humains, les doutes, les préoccupations, le « business » et la pau­vreté, le sentiment de n’avoir jamais assez. OM MANI PEME HOUNG…

« Le PAD (PE) bleu fuse vers les domaines des animaux. L’ignorance et les souffrances de la stupidité et de l’aveuglement sont purifiées du courant de l’être. La sagesse ultime de la sphère des phénomènes (dharmadhatou) se manifeste. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Ici du PE qui est écrit en sanskrit Pad, (cela vient de padma, lotus) sur le pétale derrière le centre émane de la lumière bleue envers tous les êtres et les purifie de l’ignorance. On reste ensuite dans la sagesse de la sphère des phénomènes. OM MANI PEME HOUNG…

« Le ME rouge fuse vers les domaines des yidaks ; le désir-attachement et les souffrances de la faim et de la soif sont purifiés du courant de l’être, la sagesse ultime toute discriminante se mani­feste. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Maintenant nous sommes sur le pétale derrière à gauche avec le ME rouge qui envoie de la lu­mière rouge dans toutes les directions en purifiant les désirs, et nous restons ensuite dans la sagesse ul­time toute discriminante. OM MANI PEME HOUNG…

Question : A propos des yidaks, on purifie la souffrance qui est celle du désir attachement, alors que cette souffrance est habituellement celle du monde des humains, pour les yidaks on parle plutôt de l’avarice … ?

Réponse : Oui, d’accord. Ici dans ce texte, pour les humains, il est dit en premier lieu : « doute » et pour les esprits avides il est dit : « désir ». Cela suit une logique qui est celle de l’Abhidharma où il y a six émotions perturbatrices, notamment aussi le doute. Mais au niveau de l’a­nalyse de notre situation humaine, cela ne change rien. Cela reste « avarice, désir-attachement » pour

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les esprits avides ; les humains avec leur pauvreté et leurs préoccupations, sont bien dans le désir fort, fortement dedans.

« Le HOUNG bleu fuse vers les domaines infernaux. La colère et les souffrances de la cha­leur et du froid sont purifiées. La sagesse ultime semblable au miroir se manifeste. Je supplie la divi­nité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

C’est le HOUNG qui est sur le pétale devant à gauche qui envoie de la lumière bleue dans toutes les directions et qui purifie la colère, la haine etc. et ensuite nous restons dans la sagesse ultime semblable au miroir. OM MANI PEME HOUNG…

Question : Les lettres on les voit de l’intérieur pas de l’extérieur ?

Réponse : Khentchen Rinpotché m’a dit d’appliquer dans toutes les instructions, le commen­taire de Kakyab Dordjé à ce texte. Ceci veut dire que les lettres sur les pétales regardent vers l’inté­rieur. Les syllabes du mantra ne tournent pas. Elles sont arrangées sur leurs pétales individuels dans le sens des aiguilles d’une montre.

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Méditation générale

« Les formes et les apparences des trois mondes sont Tchenrézi, tous les sons sont le bourdon­nement du son naturel du mantra, les concepts et réminiscences sujet - objet sont la dimension de claire lumière. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Maintenant viennent des instructions plus générales sur la méditation qui nous permettent de rester dans la pratique du mantra sans continuer à avoir des références précises comme les êtres dans le royaume divin etc. Ce sont les mêmes instructions que vous trouvez dans l’autre texte de Tchenrézi. On médite toutes les apparences comme l’expression du corps de Tchenrézi. On est en Déwatchène, et tous les êtres sont Tchenrézi. Tous les sons, on les médite comme ayant la qualité du mantra. Tous les concepts, toutes les pensées qui s’élèvent, on les médite comme ayant la dimension de la claire lu­mière, c'est-à-dire la nature de la vacuité qui s’exprime sous différentes formes. Dans cette méditation générale, l’idée est de rester dans la purification accomplie : la purification des six royaumes, de nous-même et de tous les êtres. On reste dans cette vision pure de corps, parole, esprit, c’est à dire des phé­nomènes visibles, des sons et de tous les concepts. Ce serait l’endroit pour rester longtemps dans la méditation si vous voulez faire une grande accumulation de Manis. Vous pouvez faire plein de malas pour méditer cette pureté au-delà des concepts. OM MANI PEME HOUNG…

Question sur la visualisation pendant la phase générale de méditation.

Réponse : La chose la plus simple serait de laisser les syllabes arrangées « om mani pémé houng » comme ça, avec le HRI au centre, et la lumière émane tout simplement avec les cinq couleurs, voire les six couleurs, dans toutes les directions. Pas besoin de s’occuper d’avoir encore un autre man­tra qui tourne. Mais pour ceux qui sont habitués à cette visualisation et qui la connaissent depuis nos explications orales sur le commentaire du quinzième Karmapa, vous pouvez si vous le souhaitez, mettre un deuxième mantra à l’intérieur, sur le bord de la lune au centre du lotus, qui tourne et qui ac­complit cette activité. Si on ajoute un mantra qui tourne, ces syllabes regardent vers l’extérieur et tournent dans le sens des aiguilles d’une montre. Mais si vous ne voulez pas compliquer votre visuali­sation restez avec ce qui a été dit ici.

Supplique finale

« Ô ! Protecteur du pays des montagnes neigeuses : Pensez avec amour à nous, vos enfants qui vous supplient. Bénissez, je vous prie, le courant de notre être. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Peut-être êtes-vous surpris que cela prenne maintenant la tournure d’une prière comme si on était dans l’ignorance, dans l’émotion où l’on se tourne vers Tchenrézi ? C’est parce que maintenant on termine la phase du mantra et on fait une supplique finale, un souhait qui exprime que l’on est bien conscient que l’on a encore un peu de chemin à faire. On demande à Tchenrézi de toujours rester en nous, de toujours nous accorder sa grâce. Il faut le comprendre comme un souhait final de la médita­tion. Comme vous l’avez aussi dans la pratique de Dordjé Sempa : dans le texte des préliminaires, quand on arrive à la phrase où l’on dit : « pardonnez moi toutes mes erreurs etc.. », comme si on n’a­vait pas déjà fait cela auparavant. C’est parce que c’est le souhait final est comme un sceau de prise de conscience, pour conclure la méditation et pour générer un mouvement final de dévotion. OM MANI PEME HOUNG…

Dissolution

« Tous les sons et les apparences se fondent dans la sphère de claire lumière. La base est le mahamoudra naturel sans artifice, le chemin est le non agir et la vision du visage du Noble. Je sup­plie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

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Ceci est donc la phase de dissolution suivie par la méditation de mahamoudra. Vous pouvez encore réciter : « OM MANI PEME HOUNG » en visualisant l’univers autour qui se fond dans la claire lumière et en nous. Nous aussi on se fond du haut et du bas, c.-à-d. des pieds et de la tête, dans le cœur, dans le mantra, puis dans le HRI. Le HRI qui reste comme dernière visualisation, se fond du bas vers le haut et se dissout complètement. Puis, on peut rester, si on le souhaite, dans la méditation silencieuse, sans mantra, et faire la pratique de shiné, mahamoudra, rester dans l’esprit naturel. On peut aussi faire cette méditation tout en récitant le mantra, cela dépend de vous, c’est votre choix.

Il est dit : « le chemin est le non agir… » c’est le non agir du mahamoudra, de ne rien faire avec une volonté personnelle. Et le chemin est aussi la vision du visage du Noble. Parce que « voir le visage du Noble » c’est : « être toujours en contact avec la présence éveillée de Tchenrézi, dans tout ce que l’on fait. ». C’est avoir l’apparition de Tchenrézi à tous moments. C’est le chemin, de toujours être en contact.

Ma suggestion est de réciter seulement quelques « OM MANI PEME HOUNG » à ce moment et après d’entrer dans la phase silencieuse. Ce qu’il faut faire c’est réciter encore le mantra pendant qu’on visualise que tout le monde se dissout, qu’on se dissout du haut et du bas vers le HRI et on dis­sout le HRI du bas vers le haut, et le moment où le dernier tiglé, le dernier point se dissout, à ce mo­ment-là on arrête le mantra et on reste dans la méditation. OM MANI PEME HOUNG… (phase silencieuse après la récitation du mantra).

Réapparition

« De l’espace ouvert, la vacuité omniprésente, j’apparais à nouveau sous la forme de Tchen­rézi et accomplis le bien des êtres avec amour et compassion. Je supplie la divinité, le Grand Compa­tissant : OM MANI PEME HOUNG ».

Je me manifeste encore une fois comme Tchenrézi, cette fois-ci pour pouvoir accomplir l’acti­vité du quotidien. Je suis alors Tchenrézi qui réapparaît pour pouvoir sauver les êtres. OM MANI PEME HOUNG…

Dédicace

« Prenant appui sur ma récitation et cette méditation et par la force de la vertu rassemblée des trois temps, que les profondeurs du samsara avec les six classes d’êtres, mes mères, soient bras­sées. Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

On s’appuie sur ce qu’on a accompli comme vertu par cette récitation et méditation et on dis­sout cette vertu dans l’océan de la vertu déjà accomplie par tous les êtres dans les trois temps ; ceci est ce qu’on va dédier pour l’éveil de tous les êtres. Après cette dédicace on peut encore une fois rester dans la phase non conceptuelle. D’abord on récite « om mani pémé houng », jusqu'à avoir vraiment ac­compli la dédicace relative ; et le moment où l’on fait la dédicace ultime, non conceptuelle, on laisse le mantra, on laisse le mala et on reste pour un instant dans l’ouverture. OM MANI PEME HOUNG… .

Question : Que veut dire : « que les profondeurs du samsara avec les six classes d’êtres, mes mères soient brassées ». ?

Réponse : « Brassées » ici cela veut dire, secouées. Quand les profondeurs du samsara sont se­couées, c’est que tous les êtres vont être libérés. Il n’y a rien qui reste, il n’y a personne qui s’accroche encore aux profondeurs du samsara. Tout le monde est secoué, remué, ébranlé !

Souhaits pour renaître en Déwatchène

« Aussitôt venu le temps de quitter les apparences de cette vie, puissé-je renaître dans la terre de félicité véritable à l’ouest et obtenir rapidement l’éveil. Je supplie la divinité, le Grand Compatis­sant : OM MANI PEME HOUNG ».

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On récite le « OM MANI PÉMÉ HOUNG » comme prière pour renaître en Déwatchène OM MANI PEME HOUNG…

Souhaits de bon augure

« Grâce aux bénédictions du puissant protecteur Tchenrézi, qui est l’essence des trois rares et sublimes refuges, qu’il advienne toujours dans tous les mondes un bonheur et un bien être excellents ! Je supplie la divinité, le Grand Compatissant : OM MANI PEME HOUNG ».

On fait la récitation du mantra comme souhait de bon augure. Ce qu’on appelle prières de « ta­shi ».

Quand on fait des souhaits de bon augure, on imagine que tout ce qui est autour de nous, la planète terre avec l’Auvergne y compris les Combrailles, tout l’univers se transforme en lieux purs. Que les récoltes soient très bonnes, que les humains, les êtres soient en harmonie, que les animaux ain­si que les humains soient en bonne santé, que tout soit propice au développement du dharma. Là on amène, on pourrait dire, le dharma sur la terre, et on imagine que les conditions sont vraiment les meilleures possibles ce qui a un effet sur la proximité immédiate autour du pratiquant, l’environne­ment proche du pratiquant. Ce n’est plus seulement un souhait pour tout l’univers en général, mais on souhaite, que vraiment, tous ceux autour de nous , qui nous soutiennent, tous ceux qui sont proches, qui habitent près de chez nous, que tous, soient touchés par la bénédiction des Trois Joyaux. OM MANI PEME HOUNG…

Colophon

En petites lettres, il est dit :

« Méditez le sens de ces vers et dans les intervalles récitez le mantra des six syllabes une cen­taine de fois ou plus si vous le pouvez. »

On a donc fait 34 fois la récitation de « OM MANI PÉMÉ HOUNG » avec plus de 40 malas pour l’en­semble.

Puis il est dit : « Etablissez-vous dans la méditation claire et profonde. »

Elle est claire parce qu’on visualise bien et elle est profonde parce qu’on est conscient de sa nature illusoire.

« Si on pratique sans manquer un seul jour, dès la mort et le transfert on renaîtra dans la terre pure de grande félicité. Cela ne fait aucun doute. »

C’est donc la voie pour renaître en Déwatchène Si on pratique ainsi et que l’on fait une accu­mulation de cent millions de mantras de Tchenrézi pendant sa vie, là Guendune Rinpotché disait : « Vous devenez comme Lama Pourtsé, sûr de renaître en Déwatchène ». En faire une pratique vraiment quotidienne, c’est le but de la pratique, et non pas la faire de temps en temps et l’oublier à d’autres moments.

« Ce sont les paroles vajra porteuses de bénédictions accordées réellement par Tchenrézi au yogi secret le grand accompli Tsultrim Zangpo alors qu’il demeurait dans la vallée de Gougué du haut Ngari, un avec l’esprit (lui, il est dit être un avec l’esprit) du Mahasiddha Thangtong Gyalpo .

On disait de lui, de ce yogi Tsultrim Zangpo qu’il était une émanation de Thangtong Gyalpo, parce qu’il lui ressemblait vraiment. Thangtong Gyalpo est l’auteur de notre pratique habituelle de Tchenrézi qu’on utilise normalement.

Tsultrim Zangpo, (comme aussi Thangtong Gyalpo) vécut cent trente ans parmi les hommes et son corps que n’affectaient pas les atteintes de la vieillesse fondit en une masse de lumière.

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C'est-à-dire qu’il n’a pas eu une mort habituelle, mais qu’ il s’est dissout en lumière à la fin de sa vie. « Vertu » Le souhait à la fin d’un texte, veut dire que l’auteur souhaite que ce texte apporte vraiment de l’ouverture, du bonheur de la vertu à tous ceux qui le touchent, qui le lisent et qui le pra­tiquent.

Maintenant vous avez reçu, une première instruction sur le texte qui convient déjà pour pou­voir pratiquer. On va approfondir les points clés dans les jours qui viennent mais ce sera toujours un peu ce que vous avez déjà entendu dans l’enseignement sur la pratique de Tchenrézi habituelle.

On ne m’a pas enseigné une mélodie pour le texte, mais il y a un air que l’on peut utiliser qui est l’air qu’on utilise pour les chants en tibétain en général, comme dans la pratique de Milarépa. La première phrase « Djowo toukdjé tchenpo la seulwa dep om mani pémé houng », c’est une récitation sans mélodie. Après on peut chanter… On peut aussi réciter tout plat, juste réciter. La récitation n’a pas besoin d’un chant, on peut juste réciter ce qui est là.

Je vous encourage à pratiquer aussi en français ou en allemand, pour bien comprendre le sens avant de passer au chant tibétain.

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EXPLICATION DETAILLEE Dans l’explication détaillée du texte, nous essayons d’arriver à une compréhension de chaque

mot du texte.

Le titre

La pratique riche de bénédictions de « La Prière des Six Syllabes » du Grand Compatissant.

Grand compatissant c’est : toukdjé tchenpo en tibétain et cela veut dire à la fois : « la Grande Compassion » et « le Grand Compatissant ».

Et toukdjé : Compassion, est composé de Touk, c’est « l’esprit éveillé », veut dire aussi cœur, le lieu du cœur, et de Djé, que veut dire « noble ». Et donc c’est : « l’esprit du cœur qui est noble ». C’est cela le sens du mot compassion, et ce n’est pas : souffrir avec. C’est : « l’esprit noble d’un être éveillé dirigé vers les autres ».

Il est tchenpo, « grand » cet esprit parce qu’il inclut tous les êtres sans exception et parce que cet esprit ne se trompe pas, il n’est pas dans l’illusion. Il est grand parce qu’il est au-delà de toute confusion, au-delà de toute saisie, celle par exemple, de l’existence réelle des êtres.. La grande com­passion est libre de cette notion illusoire, que la souffrance et les êtres existent vraiment dans le sens ultime du monde.

Toukdjé tchenpo c’est un synonyme pour Tchenrézi. Ce que veut vraiment dire « La Grande Compassion », c’est : « le Grand Esprit Noble du Cœur d’un être éveillé »

Le petit mot djé veut dire « noble », et cette noblesse vient d’une réalisation. Ce mot djé est ré­servé à des êtres éveillés, tout au moins réalisés.

Après le titre continue avec : yigué droukpé « les six syllabes ».

Les six syllabes ici sont à comprendre comme en incluant tout l’enseignement du bouddha, notamment du mahayana. Elles sont au nombre de six, parce que le chemin vers l’éveil est décrit comme parcourant l’accomplissement parfait des six paramitas, les six qualités éveillées : la générosi­té, la discipline, la patience, la persévérance joyeuse, la stabilité méditative et la sagesse.

Les six syllabes ne sont pas six, par chance. Ces six syllabes représentent tout le chemin vers l’éveil. Et c’est sous-entendu quand on parle de la « Prière à six syllabes ».

Le prochain mot : seul dep. On le traduit normalement comme « prière », mais dans le mot seulwa, il y a seul, qui veut dire « requête », faire une requête, un souhait ; mais il y a aussi la connota­tion d’un engagement que l’on prend. On s’engage à quelque chose. Et dep veut dire « faire », donc on accomplit une pratique de souhaits et d’engagements. C’est le sens aussi du mot sanskrit pranidhana. On s’engage à quelque chose que l’on souhaite profondément pour soi-même et tous les êtres. Tout cela c’est derrière le mot prière.

Cet engagement, ces vœux que l’on va mettre en pratique se traduisent dans une drouptap. C’est le prochain mot, qui veut dire « pratique ». Mais si on regarde droup et tap : Tap, veut dire « méthode », la méthode pour arriver à droup, à « accomplir », à « parfaire », à « réaliser » quelque chose. C’est « une méthode de réalisation », c’est cela la pratique : une méthode complète pour ac­complir, réaliser les souhaits que nous nous sommes engagés à mettre en pratique pour notre propre bien et pour le bien de tous les êtres.

Cette pratique là, cette drouptap, cette sadhana est djinlaptchen, est « pleine de bénédic­tions », « riche de bénédictions ».

Quand on regarde djinlap : Lap veut dire « vague », des vagues comme dans l’océan. Quelque chose qui ondule, qui vibre. Djin, est difficile à traduire, mais d’une façon très lointaine cela vient de

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chaleur. Le sens originel de ce mot c’est « la chaleur qui émane de la réalisation de l’éveil ou de maîtres éveillés ». Entrer dans la bénédiction, veut donc dire, entrer dans les vagues d’un esprit cha­leureux. On s’approche de la chaleur d’un maître avec un cœur ouvert, et cela nous touche et nous transforme. C’est ce qu’on appelle bénédiction. Cela nous touche parce que ça fait chaud, ça fait chaud au cœur, mais cela fait aussi fondre nos protections. Donc une bénédiction ce n’est pas toujours agréable à vivre, parce que ça nous touche profondément et nous transforme en même temps, si on s’ouvre à cette transformation, « Riche en bénédictions », veut donc dire : riche en pouvoirs transfor­mants.

On dit aussi que plus on s’approche du maître, plus on se brûle. Cela brûle tout ce qui est notre saisie égoïste, nos défenses. Tout va être mis dans le feu de la sagesse, à cause de notre rencontre avec un esprit ouvert.

On peut donc traduire djinlap plus littéralement : « des vagues d’inspiration ». Et quand on dit qu’une prière est riche de bénédictions, djinlap tchen, c’est que cette pratique est « authentique ». Elle émane vraiment d’une source éveillée, écrite par un maître qui a pleinement réalisé l’éveil. Elle est is­sue d’un esprit complètement réalisé et donc représentative de l’activité de tous les êtres éveillés. Cette pratique ici représente l’activité éveillée. Et sa bénédiction, c’est de nous faire rencontrer cette activité. Et cette activité, cette bénédiction prend différentes formes : parfois paisible, parfois courroucée et tout le reste.

Shoug so à la fin du titre veut dire « ce texte contient ». C’est la fin du titre.

Quand on lit le titre d’un texte, on croit tout comprendre. Mais tout ce qui est derrière ces quelques mots, on ne le voit pas parce que personne ne nous l’a expliqué. C’est la tâche de la transmis­sion orale. Cela ne peut se faire que dans les rencontres comme celle-ci. On peut bien sûr lire, une fois que ce sera écrit, mais il y a une transmission directe qui nous fait entrer dans la compréhension du dharma et qui se fait par cette transmission orale, qui va toujours rester orale. On ne peut pas y arriver seul. C’est grâce à la richesse de la transmission d’une lignée d’explications orales.

Hommage et les quatre réflexions préliminaires

Regardons la première phrase :

« Djowo toukdjé tchenpo la seulwa dep », « Je supplie le Seigneur, le Grand Compatis­sant »

Djowo : est un titre réservé aux Bouddhas. On ne trouve ce titre que pour des maîtres complè­tement éveillés. Djowo c’est un synonyme de Bouddha. On parle de la statue de Djowo à Lhassa, c’est une grande statue du Bouddha Sakyamuni. Quand on appelle un maître Djowo c’est qu’il est complè­tement réalisé. Ici Tchenrézi est regardé comme un bouddha et non pas comme un bodhisattva. Information très importante parce ce qu’il y a d’autres points de vue sur la pratique de Tchenrézi ou sur sa vie, et son activité où il est regardé plutôt comme un bodhisattva. Ici, on nous dit tout de suite qu’il est regardé comme un Bouddha.

Bouddha toukdjé tchenpo : « le bouddha de la grande compassion » ou « le grand compatis­sant »

Ceci était l’explication de la première phrase qui se termine avec OM MANI PEME HOUNG. Et pendant cette phase là on arrive sur son coussin et on fait ce que l’on fait toujours pour bien établir le fondement de la pratique, on contemple les quatre réflexions préliminaires, que je ne vais pas expli­quer moi-même parce que les autres enseignants vont prendre un petit moment pendant le stage pour vous donner quelques instructions clés là-dessus. Il s’agit de quatre réflexions où d’abord je me de­mande :

- « Pourquoi maintenant, aujourd’hui, je peux ressentir de la gratitude ? Qu’est-ce qui, dans ma vie, pourrait être regardé vraiment comme précieux ? Très précieux dans le sens où il ne faut pas le

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gaspiller. Qu’est ce qui est la véritable valeur de ma vie ? » Cette question là je me la pose tout au dé­but de la réflexion sur la précieuse existence humaine.

- La deuxième question est : « Est-ce que cela va durer ou est-ce que c’est impermanent ? Où est l’impermanence maintenant ? » Réfléchir sur l’impermanence jusqu’à ce qu’on arrive à un moment où l’on ressent une urgence, un sentiment d’urgence naître en nous : « oui c’est très précieux et c’est trop précieux pour être perdu, avant de l’avoir bien utilisé. La mort peut arriver à n’importe quel mo­ment. Je vais tout faire pour bien utiliser ces moments et cette vie précieuse.

- La troisième réflexion est sur le karma. On se demande : « que faire de cette situation précieuse et impermanente ? » Alors, si je veux bien l’utiliser, qu’est-ce qu’il faut éviter et qu’est-ce qu’il faut faire, maintenant, aujourd’hui ?.

- La quatrième question va avec la troisième : « Pourquoi est-ce que je fais cela, quels sont les risques si je n’applique pas bien la loi de cause à effet qui est la troisième réflexion. Qu’est-ce que je risque, quels sont les risques inhérents au samsara ? Dans quelle direction est-ce que je veux me diri­ger ? » C’est la quatrième réflexion. « Quelle direction à prendre ? » La réponse, c’est « hors du sam­sara », mais que veut dire hors du samsara aujourd’hui ? Il est où mon samsara aujourd’hui ? Et quelle direction je vais prendre aujourd’hui ?

Ces questions sont très terre à terre, et elles doivent être reliées avec ma situation présente. Si­non cela va rester vague, abstrait, et, après, les dix premières fois où l’on va réfléchir là-dessus, cela ne va plus nous toucher. Ce sera une réflexion un peu abstraite comme se répéter les chapitres d’un livre, le catéchisme, et rien ne se transformera.

Voilà, ces quatre réflexions peuvent être faites pendant cette récitation du mantra OM MANI PEME HOUNG ; et on peut bien sûr faire quatre malas ; un mala pour chacune de ces réflexions, ou plus long comme vous voulez. OM MANI PEME HOUNG…

Refuge

« Gueun Tchenrézi la kyap sou tchi », je prends refuge dans le protecteur Tchenrézi.

Il est appelé Gueun : protecteur, parce que c’est un véritable protecteur. Il nous protège contre le samsara, pour ne pas retomber dans la saisie égoïste. Toutes les autres protections, les protecteurs mondains, peuvent peut-être nous protéger contre des dangers extérieurs, mais contre le danger de tourner dans le samsara vie après vie, il n’y a qu’un bouddha pour nous protéger de cela. C’est pour cela qu’il est appelé gueun, protecteur. Quand on parle de protecteur, encore une fois il faut com­prendre que c’est aussi la dimension éveillée elle-même. Si on a un contact avec cette dimension éveillée, c’est le Bouddha. Dans ce sens là, ce n’est pas un être, qui protège. C’est l’être et c’est aussi la dimension. Dès que l’on a établi un contact avec cette dimension éveillée, c’est la protection !

Il est appelé Tchenrézi : Tchen : ce sont les yeux, Ré : veut dire avec sagesse, et Zi : c’est re­garder.

C’est alors « celui qui regarde avec les yeux de sagesse », Tchenrézi. Ce ne sont pas les yeux de la compassion comme on pourrait penser. Ce sont les yeux de la sagesse. C’est le fait qu’il regarde, qui exprime la compassion. Il regarde tous les êtres dans les six royaumes avec les yeux qui ne se trompent pas, qui sont des yeux de sagesse.

C’était la traduction du nom de Tchenrézi.

Tchenrézi, ici, c’est notre lama racine. Ce n’est pas seulement un bouddha ou une dimension quelque part, mais c’est aussi le lama ou les lamas dans lesquels nous avons confiance et que l’on re­garde comme étant nos guides, notre refuge dans cette vie sur terre, d’une façon très directe. Quand on parle de « Kyap sou tchi », prendre refuge, ça veut dire que l’on prend le refuge qui est Mahayana. Ce n’est pas une prise de refuge juste pour se libérer soi même, mais c’est un refuge qui inclut tous les êtres. Je prends refuge avec tous les êtres qui sont visualisés autour de moi : mon père, ma mère, mes amis, les gens qui semblent être difficiles pour moi, tout le monde, tous les animaux, tous les êtres in­

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visibles. Je prends refuge avec tous les êtres et non seulement pour cette vie, mais jusqu’à l’éveil, et pas seulement jusqu’à mon éveil à moi mais jusqu’à l’éveil de tous les êtres. C’est le refuge Mahayana dont on parle ici.

En quoi est-ce que je prends refuge ? En face de moi il y a le bouddha Tchenrézi assis sur un lotus, avec une lune qui est comme vous les connaissez habituellement. J’ai Tchenrézi en face de moi et ça suffit. C’est le Lama racine qui prend forme comme Tchenrézi. Quand je m’adresse à lui comme source de refuge, c’est que je m’adresse à ses corps, parole et esprit éveillés qui sont vraiment la source du refuge.

L’esprit, c’est ce qu’on appelle le Bouddha. La parole, bien sûr, c’est le Dharma : ce qui est enseigné. Le corps, la forme de Tchenrézi c’est ce qu’on appelle normalement Sangha, qui se mani­feste aussi par le fait qu’on peut visualiser Tchenrézi entouré de tous les autres bouddhas, bodhisatt­vas, lamas, yidams protecteurs ; toutes les sources de refuge du vajrayana. On peut carrément imagi­ner, comme sur des nuages, toutes les sources de refuge que l’on visualise habituellement dans l’arbre de refuge.

Mais quand on prend un seul refuge, comme par exemple, le bouddha Tchenrézi : son esprit représente le Bouddha, sa parole représente le Dharma, et sa présence c’est la Sangha.

Il unit Bouddha, Dharma, Sangha comme source de refuge.

Cette visualisation est encore embellie, enrichie par la présence de plein de divinités d’of­frandes, plein de lumières, le soleil, la lune, des arcs en ciel qui entourent Tchenrézi. Il n’y a pas de li­mite à la beauté de ce que vous pouvez imaginer. Tout se passe sur un fond de ciel bleu qui est lucide et transparent, très inspirant, avec les lumières qui éclairent toute la visualisation. On va maintenant faire un mala pour prendre refuge. OM MANI PEME HOUNG…

Bodhicitta

« Ma drodrouk deuntou djangsem kyé », je développe l’esprit d’éveil pour le bien des six classes d’êtres, mes mères.

C’est le moment du développement de la bodhicitta. Ma, signifie mère. Et quand on dit dro­drouk, dro ce sont les êtres qui bougent ; et drouk : six. Quand on appelle les six classes d’êtres nos mères, c’est un sentiment de gratitude et d’amour. C’est en se souvenant de nos connexions avec tous les êtres des différentes existences que l’on a déjà pu rencontrer dans toutes nos vies antérieures ; on se souvient que chacun a quand même essayé de nous aider à un moment ou un autre, comme une mère qui s’occupe d’un enfant. Même si après, la relation a pu être parfois un peu difficile, il y avait l’inten­tion, la motivation de base d’une mère de vouloir faire le bien de son enfant. Dans la pratique, quand je me souviens de mes mères antérieures, c’est dans un sentiment de gratitude et d’amour. Et ce senti­ment, je l’élargis jusqu’à inclure tous les êtres des six royaumes. Six royaumes, dans le contexte boud­dhiste, sous entend « prisonniers ». Mes mères, aujourd’hui sont prisonnières de leur propre saisie égoïste, de leur propre ignorance. Elles souffrent dans les six royaumes du samsara. Je développe l’es­prit d’éveil en pensant qu’elles n’ont pas réalisé la nature de leur esprit comme étant la grande com­passion éveillée qui est la compassion et la sagesse. Je fais le vœu de les aider, les libérer de cette pri­son.

Il y a alors une contemplation à faire. D’abord on développe ce sentiment de gratitude et d’a­mour, en contemplant notre connexion avec ces êtres, qui a quand même été une connexion très béné­fique par moments ; et deuxièmement on contemple le fait qu’ils sont tous prisonniers. Aussi, il ne reste plus qu’une seule solution : tout faire pour les libérer. Nous sommes obligés par notre gratitude et notre amour de faire quelque chose pour eux et pour tous sans exception. C’est en ressentant cette nécessité là que je développe alors l’esprit d’éveil, qui est le souhait de tous les libérer.

Quand on dit Deun dou, c’est : « dans ce but », dans ce but de tous les libérer.

Dans djangsemkyé : djang c’est l’éveil, sem c’est l’esprit, kyé, veut dire développer.

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Quand on parle de développer l’esprit d’éveil, on parle d’un engagement. Je m’engage au fruit, qui va être l’éveil. Je m’engage à obtenir l’éveil. Ceci sous-entend une forme d’éveil qui va être actif pour le bien des êtres, un éveil dynamique, actif. Et je m’engage aussi à la cause : je vais faire ce qui est nécessaire pour atteindre l’éveil, je vais pratiquer les six paramitas.

Je m’engage à pratiquer continuellement jusqu’à l’obtention de l ‘éveil pour moi et tous les êtres. Développer l’esprit d’éveil, c’est cela. On va réciter, un petit mala pour nos chères mères et pères. OM MANI PEME HOUNG……

Quand on développe l’esprit d’éveil, c’est déjà l’entrée dans l’esprit de Tchenrézi. Nous avons pris refuge avec le sentiment de le faire pour tous les êtres, maintenant on s’engage comme Tchenrézi s’est engagé sur le chemin et on entre déjà dans son esprit.

Quatre illimitées

Maintenant, pour approfondir cette entrée dans l’esprit de Tchenrézi il y aura quatre contem­plations à faire, les quatre illimitées. Cela permettra d’approfondir la bodhicitta.

La première de ces quatre illimitées, c’est djam , amour. L’amour, ici n’est pas « sentimen­tal ». Ce n’est pas une émotion d’attachement. Amour, c’est tout simplement tout faire pour que les êtres soient heureux. C’est ce souhait, qui pénètre notre esprit.

Nyingdjé veut dire : compassion. Ce n’est pas non plus un sentiment vraiment émotionnel, pas du tout. C’est le souhait que tous les êtres soient libres de souffrance, qui pénètre notre esprit.

Amour et compassion vont ensemble : tout faire pour qu’ils aillent bien et tout faire pour qu’ils ne rencontrent pas de souffrance. Les deux vont ensemble, amour et compassion se complètent. C’est le même sentiment, le même état d’esprit qui s’exprime une fois vers le bonheur, que tous les êtres expérimentent le bonheur et à un autre moment qu’ils soient libres de souffrance. Les deux vont ensemble, il ne peut pas y avoir l’un sans l’autre. On va réciter un mala pour développer ces deux atti­tudes d’esprit.

− Djam : amour, est l’antidote contre le désir.

− Nyingdjé : compassion, est l’antidote contre la haine, la colère.

− Gawa : la joie, la réjouissance, est l’antidote contre la jalousie

− Tangnyom : l’équanimité, est l’antidote contre l’orgueil.

− Gawa, c’est le souhait que tous les êtres puissent expérimenter la joie suprême, la plus grande sous toutes ses formes. Pour que ces souhaits viennent vraiment du cœur il faut être libre de la jalousie. Parce que quand on voit les autres se réjouir et que l’on ne se ré­jouit pas avec eux, c’est que l’on n’est pas vraiment dans un esprit de souhaiter leur bon­heur et leur joie. Pour que ce soit un souhait vraiment profond il faut alors avoir transfor­mé cette jalousie. C’est une attitude d’esprit où l’on devient de plus en plus joyeux quand on voit les autres joyeux, quand on voit les autres heureux.

Tangnyom : équanimité, c’est un état d’esprit qui ne s’attache à rien, ni à mes proches ni à des êtres que je ne connais pas. C’est un état d’esprit équanime. Je les traite tous avec le même amour. Je n’ai pas plus d’amour pour ceux qui me sont proches que pour ceux qui semblent être loin. Tous re­çoivent tout l’amour, il n’y a pas d’êtres exclus de l’amour. Il n’y a pas de sentiment d’aversion, il n’y a pas de préférence, il n’y a pas un être qui soit plus important que l’autre. C’est un état complètement équanime. Mais bien sûr le « moi », ce petit être que je suis, moi, n’est pas plus important que les autres êtres mais pas non plus moins important que les autres. C’est à égalité ! Je suis un parmi des bil­lions et des billions d’êtres, d’accord ! On s’occupe de soi-même comme on s’occupe des autres bil­lions d’êtres. C’est la fin de l’orgueil. Ce n’est pas non plus l’orgueil inversé qui dit : « moi je ne suis rien, les êtres sont tout. ». Ce ne serait pas correct non plus. Il faut s’occuper de ce petit être là aussi. A ce moment, la saisie égoïste n’a plus de possibilités pour mettre des bâtons dans les roues de notre ac­

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tivité pour le bien de tous les êtres, parce que c’est vraiment un état équanime. Ce que donne l’équani­mité c’est aussi la paix dans l’esprit ; un état libre d’attachement et d’aversion. C’est l’état d’esprit complètement ouvert. On ne diminue pas son amour pour que tous les êtres reçoivent le même petit amour. On augmente, on purifie l’amour, même envers nos proches, pour que tous les êtres reçoivent le même grand amour, l’amour maximal. Il faut bien comprendre : ce n’est pas une équanimité qui est triste, un peu poussiéreuse. Pas du tout, c’est très dynamique, c’est ouvert et ça grandit de plus en plus. L’équanimité n’est pas un état de manque d’intérêt pour les êtres. Ce n’est pas par exemple, couper avec ses proches en disant : ‘ je suis un pratiquant bouddhiste maintenant et je ne m’occupe plus d’eux.’. Non ! On s’occupe de ses proches, mais on va s’occuper de la même façon de tous les autres. L’équanimité n’est pas un état d’indifférence. C’est un état d’esprit très vif, très dynamique, plein d’a­mour. Alors, on va chanter les quatre vers et faire encore un mala pour ces deux dernières qualités. OM MANI PEME HOUNG…

Le refrain

« Lha toukjé tchenpo seulwa dep »

C’est le refrain de notre prière, qui revient tous les quatre vers dans notre sadhana. La seule différence avec la première phrase du texte est que djowo est remplacé par lha. Donc Bouddha, Djowo prend le sens de lha, de yidam, ou « divinité ». Quand les tibétains disent : « Les lha, les divinités m’ont écouté », c’est que les bouddhas m’ont écouté. C’est comme le mot Dieu pour nous, comme s’ils s’adressaient à un joyau qui exauce tous les souhaits. Ce qui est sous-entendu avec Djowo et lha, c’est qu’on parle de la Grande Compassion comme étant la dimension qui exauce tous les souhaits.

Toukdjé tchenpo, « la grande compassion » est un synonyme de Tchenrézi. Il n’est pas seule­ment la compassion simple, mais la dimension de la grande compassion, qui elle seule a la puissance, le pouvoir d’ouvrir mon esprit et de me transformer. Qu’elle se manifeste ou non comme un person­nage, ou un symbole comme Tchenrézi que l’on va méditer, ce n’est même pas la chose la plus impor­tante. Il faut s’adresser au cœur de ce qui est Tchenrézi, c’est l’esprit éveillé. Donc, quand on s’adresse à « toukdjé tchenpo » on s’adresse comme je l’ai déjà expliqué à cet « esprit du cœur complètement éveillé qui est la Grande Compassion douée de sagesse. ».

Pourquoi dit-on « Je supplie » ? Le tibétain évite souvent et, peut éviter plus facilement que d’autres langues le pronom « je ». Ici, il n’y a pas de pronom « je » dans le tibétain. Il y a simplement des prières qui sont faites, où, l’on s’engage aux vœux de la grande compassion. On pourrait même traduire seulwa dep ainsi. On utilise la prière duelle pour arriver à la non dualité. C’est pour stimuler l’énergie de notre cœur que l’on prie, que l’on supplie ; mais ce n’est jamais dans cette idée de vouloir établir une relation dualiste avec quelqu’un, un Tchenrézi qui est ailleurs. Très bientôt, deux pages plus tard on sera nous-même Tchenrézi, alors il n’est plus possible de prier de manière dualiste. Mais cela s’exprime quand même ainsi, parce qu’il y a cet engagement, cette pratique de vœux et d’engage­ment continuel qui continue tout le long de la pratique. C’est pour cela qu’à chaque fois on dit : « Je pratique les vœux de la Grande Compassion. ». « Je mets en application les vœux » : seul dep.

Seulwa : les vœux ou l’engagement de la grande compassion.

Depa : mettre en application.

Nous avons vu refuge, bodhicitta, et les quatre illimitées. Quand on arrive à cette phase du mantra, début de page 3, on peut faire entre 1 et 6 malas. Si on fait 1 mala pour le refuge, 1 mala pour la bodhichitta, et 1 mala pour chacune des quatre illimitées, ça fait 6, et bien sûr on peut aller plus loin encore.

Tonglen

Si vous voulez introduire une pratique de Tonglen, la prise en charge et le don avec le souffle, ce sera après cette phase de mantra ; vous laissez le mala et vous faites une phase de tonglen. Nous

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sommes encore sous notre forme ordinaire, normale, nous ne sommes pas encore devenu Tchenrézi. On s’imagine que le Tchenrézi qui était en face de nous pendant le refuge, se dissout en nous, qu’il nourrit on pourrait dire, la lumière de notre cœur, et c’est de là que l’on va faire notre pratique de l’é­change avec autrui. C’est juste une parenthèse, pour les personnes qui aimeraient continuer avec la pratique de tonglen tout en faisant cette pratique de Tchenrézi.

Q : On peut faire tonglen, parce que l’on est toujours sous sa forme ordinaire. La question est, pourquoi, parce que quand je fais tonglen, il est plus facile pour moi d’imaginer soit Tchenrézi, soit Dordjé Tchang qui prend cette fumée noire et qui envoie la lumière ?

R : C’est une bonne question, parce qu’il existe la transmission de visualiser Tchenrézi dans notre cœur et de faire tonglen au travers de Tchenrézi dans notre cœur. Néanmoins, il y a l’explication de Guendune Rinpotché, et c’est l’explication traditionnelle de lodjong aussi, qui est de ne pas se ca­cher derrière une divinité. Quand il s’agit de prendre la souffrance des autres et de donner le bonheur, on travaille au niveau relatif, là où il y a encore un travail à faire, et c’est la saisie égoïste qui est tra­vaillée à ce moment-là. Si je visualise que tout ce travail se fait à partir d’un Tchenrézi dans mon cœur, moi, je suis peinard ! Je ne suis pas touché. La souffrance se dissout en Tchenrézi, le don est issu de Tchenrézi, et moi, je ne change pas. Ce serait un travail impersonnel, non-personnel. Par contre, toute la force de tonglen, se développe au moment où c’est carrément moi, avec mes identifica­tions, qui commence à m’ouvrir. J’imagine : oui, il y a cette personne-là, en face de moi, qui a un mal de tête, et j’imagine prendre ce mal de tête. Ce n’est pas Tchenrézi qui va le prendre, c’est moi. Alors le moi, si je saisis ou si je ne le saisis pas, cela va être autre chose, mais, j’imagine que c’est vraiment dans ce courant d’être, avec ces cinq éléments, avec ce corps, etc., que la pratique de tonglen se fait. Donc c’est beaucoup plus direct. On ne va pas aller aussi vite pour prendre tout la souffrance de tout le monde, on va aller doucement et vraiment ouvrir notre cœur, pas le cœur de Tchenrézi. Notre cœur, dans ce sens relatif de la pratique.

Le moment où l’on passe à la phase d’être Tchenrézi, il n’y a plus personne qui prend quelque chose. Il y a vraiment l’ouverture. On fait encore une activité pour des êtres qui sont dans la souf­france, mais eux aussi, on les voit comme Tchenrézi. On est dans la vision pure de Tchenrézi. C’est un niveau plus élevé.

Au début de la pratique de tonglen, pour absorber un peu le choc, c’est bien de s’imaginer que c’est le lama au cœur qui fait tonglen, après dans la deuxième phase, le lama se dissout en nous, il bénit notre courant d’être avec sa bodhicitta, mais après, dans le cœur, on visualise juste une boule de lumière blanche, et c’est de là que l’on fait le travail.

Puis, il y a une autre étape : on laisse le lama se dissoudre dans notre cœur, on ne visualise plus rien, même pas une boule de lumière dans notre cœur, on est juste l’être béni, le pratiquant que nous sommes, et on fait ce travail de tonglen. Au début de la pratique de tonglen, on a tellement peur de la souffrance des autres, on a tellement peur de perdre quelque chose, cela nous aide un peu de nous faire le rappel que finalement c’est juste l’ouverture elle-même qui travaille, symbolisée par Tchenrézi ou Dordjé Tchang. Mais après, il faut retourner aux instructions premières, où il n’y a ni Dordjé Tc­hang, ni Tchenrézi dans le cœur du pratiquant de tonglen.

Création des offrandes

« Ying tingdzin selwai tchotrul lé » production magique du clair samadhi de la sphère,

Ying, le premier mot, veut dire : sphère, espace, dimension. C’est : tcheu ying, le dharmadha­tou, c’est la sphère de tous les phénomènes. De cette sphère là, qui est la sphère de la vacuité de toute chose, émanent ou se produisent toutes les offrandes.

Ce qui fait naître toutes ces offrandes, c’est le tingdzin, le samadhi. C’est l’absorption, dzin, qui est ting, profonde. On est dans cette absorption profonde de la vacuité et c’est de là que la clarté de notre esprit, selwai, clair, va se manifester comme un jeu magique, comme des offrandes. Jeu magique parce que illusoire. Tchotrul, comme les productions magiques d’un magicien. Cela apparaît, mais ce

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n’est pas vrai, réel. C’est magique, illusoire. Dans ce sens là, toutes les visualisations de notre esprit sont illusoires, ne sont pas véritablement réellement présentes.

Pour bien comprendre ying, ici représente la vacuité, et cette vacuité n’est pas vide mais a un aspect de clarté, de manifestation. Et la manifestation qui est dite « vide », illusoire, c’est le jeu ma­gique de notre esprit qui produit tout notre monde ; pas seulement les offrandes, tout ce que nous ex­périmentons c’est le jeu magique de notre esprit : à la fois vide, sans existence réelle, et néanmoins clair, visiblement présent, pour notre œil mental.

« Pel kuntou zangpeu tcheupai trin… », les nuées d’offrandes du glorieux Kuntouzanpo

De ce jeu magique sont produits des nuages d’offrandes, tcheupa trin. Tcheupa, ce sont les of­frandes, trin, les nuages. Nuages, parce qu’il y a un amoncellement d’une multitude d’offrandes dif­férentes, comme des nuages qui s’empilent. Il n’y a pas de limites à ce que vous pouvez imaginer. Tcheupa, a deux sens : faire offrande et rendre hommage. Tcheupa ce n’est pas seulement offrir, c’est aussi rendre hommage, vénérer. Ce sont des offrandes avec lesquelles on vénère les bouddhas.

Ces offrandes sont dites être comme celles du glorieux Kuntouzanpo, pel kuntou zangpeu. Kuntouzanpo est un des grands bodhisattvas que l’on visualise aussi dans l’arbre de refuge. Sa spécia­lité était d’entrer dans un samadhi et de faire manifester ce jeu magique de notre esprit en remplissant tout l’espace de tous les univers avec des offrandes qui ne cessaient même pas de se multiplier. Même après le samadhi, le jeu magique continuait. C’est l’ultime de ce que l’on peut imaginer comme of­frande. Vous imaginez, en suivant Kuntouzanpo, que tout l’espace est rempli simultanément par une multitude de fleurs, des océans de fleurs, des océans d’encens, des océans de déesses, des océans de joyaux, des océans d’arbres fruitiers, des océans de … imaginez-vous tout ce que vous voulez, des ani­maux de toutes sortes, des soleils, des astres etc.…, des richesses, tout ce qu’on peut imaginer, tout si­multanément, à l’infini. C’est ce que veut dire produire le jeu magique d’offrandes comme Kuntouzan­po.

Question : Est-ce que Samantabhadra c’est autre chose ?

Réponse : C’est la même personne. Samantabhadra, c’est son nom sanskrit, et Kuntouzanpo c’est son nom tibétain.

Il faut bien comprendre que du fait que ces offrandes sont immatérielles et vides par nature, elles ne prennent pas d’espace. Elles peuvent s’interpénétrer. Ce n’est pas parce qu’il y a une fleur là, que dans cet endroit dans l’espace il ne peut pas y avoir aussi un joyau, ou une montagne. Ce serait en­core une visualisation matérialiste, de visualiser qu’une chose empêche une autre d’exister. Dans le jeu magique de l’esprit ce n’est pas du tout le cas. Toutes ces offrandes peuvent exister simultanément et se multiplier encore.

Réponse à une question inaudible : on offre des océans de chevaux de la meilleure sorte aux bouddhas, et des voitures de la meilleure sorte et de tout ce que tu veux, tout pour l’éveil.

« Yul khakhyap gyun mi tchépar gyour », emplissent lieux et espace continuellement sans interruption.

gyun mi tchépar veut dire qu’ils se produisent continuellement sans interruption. Gyun veut dire continuellement, mi tchépar, sans interruption. Ils emplissent lieux et espace, yul khakhab. C’est leur nature. « Lha toudjé tchenpor seulwa dep : OM MANI PEME HOUNG. Alors on va chanter et vi­sualiser des offrandes

Sens du mantra

Quand on récite maintenant « OM MANI PÉMÉ HOUNG », le sens le plus simple du mantra est : OM, personnifie les 5 aspects de la conscience primordiale, les 5 kayas, les 5 corps du Bouddha. Les 5 kayas sont : le nirmanakaya, sambhogakaya, dharmakaya, le svabavikakaya et le mahasoukakaya qui est le kaya de la grande joie, félicité. Tout cela est symbolisé par, on pourrait dire, l’essence de la bouddhéité, l’essence de l’éveil , symbolisé par OM.

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Mani veut dire : avec un joyau, Pémé : avec un lotus. Donc, cela fait référence à celui qui a un joyau et un lotus, Tchenrézi. HOUNG : que son activité s’accomplisse pour les êtres, que tous les êtres soient secourus de leur souffrance et amenés à l’éveil. HOUNG c’est la syllabe d’activité.

Si on résume le mantra : « par la force de l’essence même de la bouddhéité, que sont les 5 kayas et les 5 sagesses, que l’activité de celui qui tient un joyau et un lotus se manifeste. », ou on peut dire : « que l’activité de la compassion éveillée se manifeste. ». C’est le sens simple du mantra. OM MANI PEME HOUNG…

Commence maintenant, en bas de la page 3, la phase principale de la pratique, avec le déve­loppement de la visualisation qui va nous permettre de pratiquer la phase principale.

Dans d’autres pratiques, à cet endroit, on trouvera le mantra sanscrit « OM SOBHAWA SHOUDDHA SAROUA DHARMA SOBHAWA SHOUDDHO HANG », qui indique le début de la phase de visualisation de la pratique principale. Ce mantra n’est pas nécessaire, parce que le premier vers que nous allons réciter exprime la même chose en tibétain :

« Tcheu tamtché tongpa nyi kyi ngang » : Tous les phénomènes sont la dimension de la va­cuité.

Quand on parle de phénomènes, en tibétain Tcheu ou « dharma » en sanscrit, ceci inclut tout ce qui peut apparaître, c’est à dire les phénomènes extérieurs, les objets matériels, les êtres, leurs pen­sées, leurs émotions, tout – tout ce qui peut être un mouvement de l’esprit, une perception mentale. On appelle tout cela des « dharmas », des phénomènes. Et tous ces phénomènes, tcheu tamtché, ne sont jamais séparés de la dimension de la vacuité, tongpa nyi kyi ngang, qui est l’absence d’une réalité éter­nelle. Aucun de ces phénomènes n’a quelque chose comme un noyau, quelque chose qui va toujours être, toujours exister, que l’on pourra identifier. Il n’y a pas de noyau identifiable, ni dans les objets matériels, ni dans les êtres, ni dans leurs pensées et leurs perceptions.

Vacuité

Cette absence de quelque chose qui existe pour toujours, c’est ce qu’on appelle la vacuité, tongpa nyi. Je vous donne un exemple classique qui explique la vacuité : Vous cherchez votre ami, vous pensez qu’il est dans la chambre juste à côté, vous entrez dans la chambre, vous regardez, mais il n’est pas là. Vous ressortez de la chambre, et vous dites : « la chambre est vide », parce que la per­sonne que vous cherchez n’est pas à l’intérieur. Mais la chambre n’est pas vide, il y a plein de choses dedans, elle est peut-être même complètement encombrée, seulement, ce que vous avez cherché n’est pas là. Dans votre perception, la chambre est vide, parce que la personne cherchée n’est pas dedans.

C’est la même chose avec l’esprit. On cherche le « je », le « moi », l’égo, on ouvre la porte, on regarde, on cherche partout, mais l’esprit est vide. On ne trouve pas cette personne que l’on cherche. Cela ne veut pas dire que l’esprit est vide de toute chose, l’esprit est plein d’une multitude de qualités. On peut trouver toutes les qualités du bouddha dans l’esprit, et c’est cela qui fait que l’on dit que l’es­prit est à la fois vide et plein. Plein de qualités et vide d’une personne, d’une personnalité, d’un « je », d’un « moi ». Il faut bien comprendre les deux à la fois.

C’est un point vraiment essentiel. La notion de la vacuité dans le bouddhisme, n’est pas une négation ou un nihilisme, c’est la découverte qu’on s’est trompé tout simplement. On a pensé qu’il y avait quelque chose, et quand on cherche vraiment, on ne trouve nulle part ce « moi », ce « je ». Pour dire : « je me suis trompé », on dit : « j’ai découvert que l’esprit est vide de ce qui était ma présomp­tion ». Il y avait la présomption de l’existence du « je », du « moi », et j’ai basé toute ma vie là-dessus. J’ai pensé que le « je », le « moi », existe. Et cette présomption, je découvre qu’elle est fausse. Quand je regarde, et cherche le penseur, celui qui crée toutes ces pensées, je ne le trouve pas. Je cherche quelque chose qui pourrait être un noyau éternel de ce qu’on appelle esprit. Je ne trouve pas cela. Cette absence de ce que j’avais présumé être présent, c’est cela la vacuité. Ce n’est pas la négation des quali­tés de l’esprit. Ce n’est pas de se dire que l’on ne peut plus utiliser le mot, « moi ». On peut toujours utiliser les mots « moi », « je », tout en sachant que c’est au niveau relatif, de la communication. C’est

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pour donner un nom à quelque chose qui est complètement fluctuant et dynamique, qui n’existe pas dans le sens véritable du terme, éternellement. On ne trouve pas cette existence-là.

Notre problème, c’est de prendre les mots pour la réalité. Quand je parle, je dis « moi », « je ». Même dans l’enseignement, j’emploie les mots : « moi », « je ». Ce n’est pas grave si l’on ne prend pas les mots pour une réalité existante. Il y a beaucoup de commentaires écrits dans la philosophie bouddhiste pour donner des exemples sur la différence entre un concept et la réalité. Un exemple cé­lèbre, c’est le chariot. Aujourd’hui, ce serait une voiture. A partir de quel moment est-ce que le chariot existe ou n’existe plus ? Quand j’enlève une roue, est-ce que le chariot existe encore ? Quand j’en en­lève deux, trois, quatre ? Quand j’enlève les sièges ? Est-ce que le chariot est l’ensemble de tous ces détails ? Le chariot, n’est-il pas juste le concept que l’on peut même utiliser quand il n’y a pas tous ces détails ?

Quand on commence à dessiner pour un enfant, on peut faire un jeu. On commence à dessiner une voiture, et on dit à l’enfant : dis-moi ce que je dessine. Puis on commence à faire la première roue, on commence juste à faire la carrosserie, et l’enfant dit déjà : « une voiture ! ». La voiture est déjà là, mais c’est un concept. Il n’y a pas de voiture. Il n’y a que des traces de crayons sur le papier. De cette manière-là, on prend souvent un concept pour la réalité, quand on parle de « je », de « moi ». Quand on regarde vraiment dedans, on ne trouve jamais ce « je », comme étant une entité fixe.

C’est la même chose avec nous en tant que personne. Ce mouvement continuel dont on peut témoigner, qui se manifeste depuis notre naissance. On l’appelait d’abord « Tilmann », et maintenant on l’appelle « Lhundroup », mais cette continuité-là, pour mes parents, c’est toujours « Tilmann ». Cela semble être la même personne depuis sa naissance, mais c’est juste un fleuve, c’est une rivière qui s’écoule dans le temps et qui n’est jamais pareil d’un instant à l’autre. C’est un changement qui se fait, et ce bébé qui était, n’est plus. Il n’y a plus rien de ce bébé. Mais il y a eu une continuité, quelque chose qui a fait naître le prochain instant. Du fait qu’il y a un instant qui donne naissance au prochain, c’est cette continuité-là, la continuité de causes à effets, c’est cela qui nous donne l’illusion de quelque chose de stable, d’une réalité vraiment existante.

Le bouddha a pointé cette erreur de notre intellect, de se positionner comme étant vraiment existant. Normalement on dirait qu’une telle erreur n’est peut-être pas grave, on peut vivre avec. Mais cette erreur-là nous fait tomber dans tous nos attachements et aversions. C’est cette erreur qui nous fait penser qu’il y a un « je » qui existe, que je dois défendre, que je dois nourrir, dont je dois m’occuper, c’est cette erreur-là qui nous fait réagir émotionnellement et qui crée toute la souffrance. Au moment où je réalise profondément, d’une réalisation qui naît de l’intérieur de l’être, que ce « je », ce « moi », n’a jamais existé, les tendances fondamentales à recréer cette illusion tombent C’est ce qu’on appelle la réalisation.

Toute la pratique que nous allons voir maintenant est basée sur cette compréhension de la va­cuité. Il y a déjà une compréhension intellectuelle en chacun de vous, chacun de nous, et tout ce qui va suivre, c’est la pratique du Yidam, qui va nous aider à en faire une réalisation personnelle. C’est cela le but de la pratique. Pratiquer un Yidam, veut dire entrer dans la vision du non soi. Entrer dans la vi­sion du bouddha. Libre d’illusion, sans illusion, sans confusion. C’est ce que nous allons faire mainte­nant.

Déwatchène

« Né yul kun riwo potalai » : Tous les lieux et pays sont la terre pure de la montagne du Po­tala

Dans la vision d’une pratique de Yidam, on utilise tout, on ne laisse rien dehors. Ce n’est pas juste le « moi », la personnalité qui est pratiquée comme Yidam où l’existence semblable est enlevée, mais on pratique aussi avec tout ce qui nous entoure, né yul kun, tous les lieux et pays, les phénomènes extérieurs comme étant libres d’un « moi, d’un « je », d’une existence véritable. C’est pour cela que l’on pratique toujours un Yidam dans sa terre pure. Ici, le Potala représente Déwatchène. Quand on parle de la montagne du Potala, riwo potalai, c’est un autre nom pour Déwatchène. La raison est qu’il

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ne faut pas réaliser seulement l’absence de soi, la personne, mais il faut réaliser aussi l’absence de soi, de tous les phénomènes, semble t-il, extérieurs. Il faut les deux : la terre pure et le Yidam.

« Ching chelyé gangtché sel la dzok » : avec son palais, clairs et parfaits.

C’est la visualisation du palais central avec ses quatre portails, où habitent Tchenrézi, Ami­tabha avec tout ce qui les entoure en Déwatchène. Tout cela apparaît « sel la », clair et « dzok », par­fait. Quand on dit que les choses apparaissent clairement, c’est que l’on voit tous les détails. Quand on dit qu’ils apparaissent parfaitement, c’est sans confusion, et que tous les détails sont au complet. On n’est pas dans la confusion concernant leur réalité semblable, leur vacuité. On est conscient de la va­cuité en même temps que de la manifestation.

Bien sûr, parfait, cela veut aussi dire que le palais et sa terre pure sont ornés de tous les attri­buts d’une terre pure. On va alors entrer en Déwatchène. Déwatchène, c’est tout ce que vous imaginez, tout ce que vous souhaitez comme votre paradis préféré. On dit que c’est plat, parce que montagneux, c’est trop épuisant. Mais si vous aimez la montagne, il peut y en avoir, on peut s’arranger, disait Shamar Rinpotché. Il y a des courants d’eau qui sont exactement à la profondeur et à la température que vous souhaitez. Si vous voulez prendre un bain, c’est exactement comme vous le souhaitez, frais ou chaud. Il n’y a pas de naissance, enfance, adolescence pour les êtres. Tous les êtres sont nés parfai­tement dans un corps de bouddha, dans un corps lumineux, transparent, il n’y a ni homme ni femme, tout le monde a la capacité de comprendre le dharma, et le dharma est enseigné en permanence. S’il y a des moments pendant lesquels on ne veut pas l’écouter, si l’on veut dormir, alors on n’entend plus rien. Il y a une dimension de l’esprit où tout ce que l’on rencontre, toutes les situations nous parlent et nous enseignent plus profondément sur le dharma.

A l’instant où l’on est en Déwatchène, à l’instant où le lotus s’ouvre complètement, à ce mo­ment-là, on entre dans la réalisation qu’il n’y a pas de « moi » de « je », qu’il y a cette vacuité de l’es­prit. Ce que je viens de vous dire, c’est le début. Tous ceux qui sont en Déwatchène ont cette réalisa­tion de base qui se produit au moment de leur entrée en Déwatchène, de leur entrée complète.

Il faut bien comprendre qu’il y a différentes façons de présenter Déwatchène. Déwatchène est à la fois une terre pure qui peut être vécue comme un endroit où l’on peut vivre, mais c’est aussi une dimension de l’esprit. C’est une façon d’être en relation avec les phénomènes, grâce à la puissante pré­sence de Tchenrézi, Amitabha et Vajrapani. Vous pouvez l’imaginer un peu comme lorsque vous entrez en présence d’un grand maître complètement éveillé. Peut-être l’avez-vous vécu avec Karmapa, lors de l’initiation de Tchenrézi. Quand on entre dans la présence d’un grand lama, c’est comme si notre esprit était capté par son samadhi, sa méditation. Le temps que l’on demeure auprès de lui, nous sommes comme en Déwatchène. Notre vision change. C’est cela la puissance d’une terre pure, c’est grâce au samadhi du bouddha qui réside dans la terre pure que les êtres peuvent entrer dans une vision de la réalité, et dans cette vision, ils peuvent progresser vers l’éveil.

C’est le même principe pour toutes les terres pures. Elles naissent du samadhi d’un bouddha, et de toute cette accumulation de mérites que ce bouddha a fait sur son chemin vers la bouddhéité. En­suite le bouddha reste dans son samadhi, et grâce à notre connexion, on peut entrer dans cette dimen­sion. L’entrée dans cette terre pure, cette dimension pure, nous permet de pouvoir progresser. Si on a trop de résistance, si on ne veut pas y aller, on ne va pas y aller. Quand on va rencontrer Karmapa, si on a trop de résistances, on ne va rien ressentir. Mais, même ceux qui ont des résistances, le pouvoir du samadhi du maître est tellement grand, que des fois, on ne sait pas ce qui se produit, on fond, nos résistances s’écroulent, et quelque chose se passe.

Visualisation de soi-même comme Tchenrézi (en neuf phases)

« Dëi u sou rangnyi tchenrézi » : Au milieu, j’apparais comme Tchenrézi

Rangnyi, qui est traduit comme « je », moi-même, c’est correct, mais le nyi après le rang, veut dire aussi, moi-même dans ma nature véritable. Le nyi veut dire mon essence fondamentale, ma nature véritable se manifeste comme Tchenrézi. On ne va pas dire : « l’essence profonde de moi-même appa­

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raît comme Tchenrézi », cela devient trop compliqué, mais quand on dit « je », il faut savoir que c’est notre nature de bouddha qui se manifeste à ce moment-là. Cette manifestation se produit étape par étape.

Si on veut, on peut faire toute une visualisation. On peut visualiser un lotus blanc, avec un disque lunaire sur lequel se trouve la syllabe HRI blanche. De cette syllabe, va émaner de la lumière qui va aller vers les bouddhas et bodhisattvas, et qui va aussi toucher tous les êtres. Cette lumière va revenir chargée de la bénédiction des bouddhas et des bodhisattvas, et chargée du mérite, aussi, d’a­voir purifié tous les êtres. Quand cette lumière revient dans la syllabe HRI, elle se transforme instanta­nément en Tchenrézi. C’est ainsi que Tchenrézi apparaît. Quand il est dit u sou, au milieu du palais, sur un lotus blanc et un disque lunaire, j’apparais moi-même comme Tchenrézi. OM MANI PEME HOUNG…

« Kou kar sel euzer boum trak tro » : le corps blanc lumineux diffuse par centaines de milliards ses rayons

Notre corps est un corps de lumière : apparaissant, mais vide, union de la manifestation et de la vacuité. C’est cela le corps, kou, Kaya, en sanscrit. Ce corps est kar, blanc, lumineux, transparent, complètement sans substance, comme des cristaux de neige au soleil, symbole de la pureté complète.

Euzer, les rayons de lumière sont des cinq couleurs, à dominante blanche, qui symbolisent les cinq facettes de la conscience primordiale. Quand on dit qu’il diffuse par milliards ou billions, boum trak tro, c’est sans limite, on ne peut pas les compter, et ces diffusions se font à travers tous les royaumes d’existence et toutes les terres pures. Ils font disparaître la souffrance partout et nourrissent la joie de tous les êtres. Ils établissent tous les êtres dans la joie ultime. OM MANI PEME HOUNG…

« Tsen pédjé chi dzoum guékpai nyiam » : Il a les marques majeures et mineures, le sourire paisible, les expressions de la grâce.

Tsen pédjé : Il a les 32 marques majeures, et les 80 marques mineures d’un bouddha, parce que Tchenrézi a toutes les caractéristiques que l’on peut imaginer d’un bouddha complet.

Quand on dit chi dzoum, le sourire paisible, c’est qu’il est entré dans le nirvana au-delà de la souffrance, et qu’il est tourné vers les êtres.

Guékpai nyiam sont les expressions de la grâce. Cela veut dire qu’il est très attirant. Quand on le regarde, on n’a pas envie de détourner les yeux, on le regarde encore et encore. Il est comme un ai­mant, il attire tous les êtres vers lui. Alors on va pratiquer nous-même comme étant ce Tchenrézi qui attire tous les êtres, qui est déjà dans la paix, complètement éveillé, avec un corps de lumière. OM MANI PEME HOUNG…

« Chel tcheukou tiglé tchiktou kyil » : Son visage, l’essence du corps de sagesse, exprime l’unité.

Chel, est le visage. Il faut savoir qu’il a un seul visage. Il n’y en a pas deux ou trois comme avec d’autres Yidams. N’avoir qu’un seul visage, exprime le dharmakaya, le corps de sagesse unique. L’essence de tous les phénomènes est le dharmakaya. Il n’y a qu’un seul dharmakaya, il n’y en a pas deux. C’est pour cela que Tchenrézi a un seul visage.

« Tchen thapshé nyindjé zimbour zi » : Ses yeux mi-clos, moyens et sagesse, regardent avec compassion.

Tchen, ce sont les yeux, il en a deux. Ils symbolisent méthodes ou moyens et sagesse. Moyens, c’est la compassion. Sagesse, c’est la vacuité. C’est l’union de la sagesse et de la compassion. On re­garde toujours avec les deux yeux. C’est l’union de la compassion et de la sagesse.

Quand on dit qu’il regarde avec nyindjé compassion, c’est cela l’expression de thap, des moyens. Le fait de regarder avec la compassion. Compassion, c’est ce qui cherche les moyens pour ai­der les êtres. Et tout ce qui apparaît dans l’esprit est un moyen pour pouvoir aider les êtres.

Zimbour, est un regard mi-clos. Les yeux ne sont pas grand ouverts, mais en absorption médi­tative. C’est le symbole de la sagesse. Les yeux ne sont pas complètement clos, parce que toujours di­

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rigés vers les êtres. Zimbour est l’expression de shé, la sagesse qui ne se fixe sur rien, qui ne s’attache pas..

Quand on dit zi, regarde, c’est qu’il est constamment conscient des six royaumes, de tous les êtres dans les six royaumes.

« Tcha tsémé chiden djam ching nyièn » : Ses mains, les quatre illimitées, sont douces et souples.

Tcha, sont les mains, il y en a quatre. Elles représentent les quatre illimitées, tsemé chi, sont amour, compassion, joie et équanimité. Ces mains sont douces, djam, et souples, nyièn, très sensibles. C’est une qualité de l’esprit. Doux, veut dire que son esprit est doux. Cela s’exprime par ses mains. Son esprit est un esprit sensible, qui sait exactement comment prendre chaque être, comment être en harmonie avec les aspirations de chaque être. Le mot nyièn veut dire souple, c’est aussi une qualité d’esprit, la souplesse, la flexibilité. Il s’adapte au besoin de chaque être. Il n’a pas de concepts, de pré­jugés qui l’empêchent de s’adapter à chaque être, aux besoins de chaque être. C’est cela sa souplesse, la souplesse d’un bouddha. Ce qui s’exprime par la douceur et la souplesse de ses mains. OM MANI PEME HOUNG…

« Tsa tchak nyi touk kar telmo djar » : Ses deux mains principales sont jointes au niveau du cœur,

Les deux mains principales sont jointes, au niveau du cœur et tiennent un joyau qui exauce tous les souhaits. Mais le fait que les deux mains soient jointes, c’est que les deux accumulations sont parfaitement accomplies, l’accumulation de mérites et de sagesse, et que les deux bienfaits, le bienfait pour soi-même et le bienfait pour les autres, sont aussi tous les deux parfaitement accomplis.

Ce joyau qui exauce tous les souhaits, c’est la nature de l’esprit qui exauce tous les souhaits. Ce n’est pas un joyau magique, un objet extérieur, mais c’est vraiment notre propre esprit. C’est là où l’on trouve la paix, la libération, le contentement, l’amour, la compassion, tout ce que l’on souhaite, c’est le joyau de notre propre esprit qui nous le donne.

Le fait d’avoir les deux mains jointes, devant son cœur, veut dire aussi qu’il prie constamment, il fait constamment des souhaits pour le bien de tous les êtres.

« Yé okmai shel gyi trengwa tang » : la main droite inférieure tient un mala de cristal

Inférieure, okmai, c’est la main inférieure au niveau de l’épaule. Les bras principaux sont les bras en haut de l’épaule, les bras inférieurs sont en bas de l’épaule, parce qu’il a quatre bras. Cette main inférieure, comme ici avec le mala de cristal, peut être située plus haut que la main au cœur, mais elle est quand même appelée, main ou bras, inférieur parce qu’au niveau de l’épaule, elle sort du bas.

Le fait de tenir le mala, qu’il tourne constamment, c’est tirer les êtres du samsara. C’est l’acti­vité constante d’un bouddha, qui tire les êtres vers la libération, avec chaque perle du mala, chaque pensée.

« Yeun okmai péma karpo nam » : et la main gauche inférieure tient un lotus blanc.

Ce péma karpo, ce lotus blanc est le symbole de sa bodhicitta, son esprit d’éveil, qui est com­plètement épanoui, c’est un lotus complètement ouvert, c’est la bodhicitta complètement développée, et présente. Le lotus symbolise aussi qu’il se manifeste en samsara, dans le monde de la saisie sans être entâché par la saisie ; il n’est pas influencé par la saisie. C’est le lotus comme symbole de la pure­té immaculée. L’image, est celle du lotus qui sort de la boue, mais quand les pétales s’ouvrent, il n’y a pas la moindre tâche visible, il est complètement pur. On pourrait dire que c’est un miracle de la na­ture. Nam, tenir. veut dire que Tchenrézi est le détenteur de la motivation d’un bodhisattva. Il est le dé­tenteur de la transmission bodhisattva. OM MANI PEME HOUNG…

« Tra teun ting tortsouk tchiwor tching » : Les cheveux bleu foncé, sont coiffés en chignon

Bleu foncé, est la couleur habituelle pour les cheveux des bouddhas. Les indiens ont tous des cheveux noirs et quand ils sont très beaux, on voit comme un reflet bleu dans les cheveux. C’est une explication très simple. Tortsouk, est le chignon. Une partie de ses cheveux est mis en haut comme une

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boule de cheveux tout en haut qui symbolise le fait d’avoir atteint l’état de bouddha. C’est la réalisa­tion suprême.

« Lhakma nam tchangleu tsultou tchang » : d’autres mèches en boucles sont répandues

Tchangleu, veut dire répandu. Le fait que les cheveux tombent vers le bas, signifie que Tchen­rézi est toujours prêt à se lancer en samsara pour aider. Il ne reste pas dans une réalisation suprême dé­tachée du monde, mais comme c’est exprimé, symbolisé par une partie de ses cheveux, il est toujours prêt à se lancer pour le bien de tous les êtres.

« Tchi tsouktou norbou barwai tsen » : et un joyau flamboyant orne le sommet de sa tête.

Ce norbou, ce joyau, est le symbole de l’activité du samadhi de tous les bouddhas. Peut-être avez-vous lu des soutras mahayana, c’est du sommet de leur tête que les bouddhas émanent des rayons de lumière qui ouvrent l’esprit des êtres et qu’ils communiquent leur samadhi, leur vision. Par exemple, si le bouddha dans son samadhi, va dans d’autres terres pures, il y a des rayons de lumière qui émanent, et les disciples présents peuvent le suivre grâce à cette activité issue du sommet de la tête.

Question : concernant le joyau qui couronne la tête de Tchenrézi comme étant Amitabha.

Amitabha va apparaître plus tard. C’est vrai dans notre texte de pratique habituelle du soir, le joyau qui couronne la tête de Tchenrézi, c’est Amitabha. Il n’y a pas de différence. Là, il y a le joyau et il y a Amitabha. En plus ce qui n’est pas mentionné ici, c’est que sur la tête, il y a les cinq joyaux qui représentent les cinq Dhyani bouddhas, les cinq tathaghatas, par lesquels il est couronné, parce que Tchenrézi a purifié complètement les cinq émotions, et manifesté les cinq sagesses. OM MANI PEME HOUNG…

« Dar natsok tcheupèn nazé loup » : Il est revêtu de soieries diaprées, d’un diadème et de robes

Natsok veut dire multicolore. Diaprées, semble être le bon choix de mot. Dar natsok, sont dif­férents vêtements de soie, de différentes couleurs. Il y en a trois. Il y a la robe en soie qui est son vête­ment pour les jambes, elle est de plusieurs couleurs avec des dessins dorés, des symboles auspicieux. L’or symbolise ici, la nature fondamentale du bouddha. Ensuite, il y a un autre vêtement en soie, qui est un vêtement supérieur blanc, et le troisième vêtement est le tcheupèn, qui est blanc. C’est un grand ruban qui flotte dans le vent. C’est traduit comme diadème. Ici c’est un ruban de soie attaché derrière le diadème des 5 bouddhas qui va jusqu’aux oreilles puis flotte dans le vent. C’est la soie qui est der­rière le diadème. Les trois ensemble, le vêtement en bas, le tissu qui couvre le torse, et le ruban, ce sont les trois robes qui symbolisent les trois robes du dharma, qui sont normalement, le chamtab, et les deux zen (châles) jaunes du bouddha, le Tcheugeu et le Namgal en tibétain.

« Gyen rintchen toumé kunné dzé » : et il est complètement embelli par une variété d’orne­ments précieux

Le fait qu’il a une variété d’ornements précieux, gyen rintchen, c’est qu’il est habillé et orné comme un riche prince. Cela symbolise la richesse d’un bouddha, la richesse de ressources, des res­sources illimitées pour pouvoir aider les êtres. Le fait qu’il soit si riche d’un point de vue extérieur, re­présente la richesse intérieure, ses ressources illimitées. Tous ces joyaux représentent les qualités d’un bouddha, les six paramitas. Il y a entre autres, le diadème dont on a déjà parlé, les boucles d’oreilles, trois colliers de différentes tailles, des bracelets en haut du bras, aux poignets et autour des chevilles. Après il porte des bagues aux différents doigts, puis il a une ceinture avec de petites clochettes.

« Ridak kyi pakpé nou yeun kap » : sa poitrine gauche est couverte par une peau de biche

La biche, on a déjà vu, c’est l’antilope Krishnasara, une forme d’antilope en Inde, qui est connue pour n’avoir jamais mangé d’animaux. C’est un animal complètement végétarien qui fait atten­tion à ne pas manger d’insectes. La peau est donc l’expression de la non-violence, de l’absence de toute agressivité. C’est aussi la dédicace complète aux êtres sans la moindre saisie personnelle. C’est la bodhicitta qui est symbolisée par cette ridak, cette biche.

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Question : Est-ce la même antilope qui est près de la roue du dharma ?

R. : C’est une autre histoire. Ce sont les biches qui étaient dans le parc près de Bénarès, où le bouddha a donné son premier enseignement devant les cinq disciples. Ils étaient entourés par des biches, des gazelles qui écoutaient aussi. OM MANI PEME HOUNG…

« Kou bapou koungbou réré chin, djinyé kyi chingkam rabjam dzok, dényi kyi sangyé djangsem chou » : Chaque pore de sa peau, de son corps est paré d’une infinité de terres pures, où demeurent tous les bouddhas et les bodhisattvas.

Comment visualiser cela ? Nous avons un corps de lumière, mais ce corps de lumière n’a pas de pores. Doit-on donc s’imaginer des pores, même dans un corps de lumière ? Il y a autant d’endroits de rassemblement, comme si on avait un corps de chair avec des pores. Le corps de Tchenrézi, c’est l’union de toutes les terres pures qui existent. Tout est inclus dans le corps de Tchenrézi. Son activité est symbolisée par le fait d’avoir des bouddhas qui enseignent dans chaque pore de sa peau à des mil­lions et des billions d’êtres entourés par des bouddhas et bodhisattvas comme la Sangha. Donc, ce corps est complètement au-delà de tous nos concepts. Ce n’est pas un corps habituel. Ce n’est pas non plus juste un corps humain transparent. C’est beaucoup plus. C’est le corps d’un bouddha qui a cette capacité de complètement transformer notre perception de la réalité, notamment si on commence à vraiment voir toute cette activité qui émane de Tchenrézi. On peut voir des millions de terres pures avec des bouddhas, assis sous l’arbre de la bodhi, entourés par des millions de bodhisattvas. Ils en­seignent le dharma simultanément, l’enseignement vient de partout. Si nous avons la capacité de bien écouter, nous allons entendre l’enseignement de toutes parts. Cela résonne de partout dans l’espace. Vous pouvez imaginer, pour faciliter, que l’enseignement résonne avec le mantra de OM MANI PÉMÉ HOUNG, et que ce mantra qui émane des pores de chaque bouddhas, c’est l’enseignement, mais de nom­breuses façons différentes. Chaque bouddha explique à ses disciples la nature ultime des choses et la nature relative des choses, les deux niveaux de réalité.

Chacun de ces bouddhas manifeste de partout, les douze actes d’un bouddha : partir d’une terre pure, la naissance, l’éveil, les miracles, l’enseignement, les douze actes que l’on connaît du Bouddha Sakyamuni. Chacun de ces bouddhas a un corps de lumière qui est comme Tchenrézi, c’est à dire avec des billions de bouddhas dans chaque pore. Ainsi que des bouddhas qui enseignent à des bodhisattvas, ils font des émanations de bouddhas dans d’autres terres pures. Ils restent dans le samadhi d’un bouddha qui est capable d’émaner autant d’émanations qu’il lui est nécessaire pour en­seigner aux êtres.

Visualiser tous ces bouddhas qui enseignent en même temps, nous aide à comprendre l’union de tous les bouddhas. Il n’y a pas à faire la différence entre tel bouddha et tel enseignement, chaque enseignement s’adapte au besoin des êtres. Ces enseignements ont la même essence. S’imaginer tous ces bouddhas, nous aide à avoir une compréhension vaste d’une activité universelle, cosmique, qui a différentes façons de se manifester, mais qui est toujours une activité pour secourir les êtres.

Etes-vous prêts à imaginer notre corps comme étant le siège de milliers de bouddhas qui en­seignent ? OM MANI PEME HOUNG…

« Soung tchinang neutchu draké kun, ngag yigué drouktou djinlap pai » : Sa parole bénit tous les sons et les voix du monde extérieurs et ses habitants en tant que mantra aux six syllabes

Il faut déjà comprendre le mot soung, ce qu’est la parole d’un bouddha. Un bouddha enseigne de plusieurs manières très différentes : il peut enseigner en prose, en direct, avec un langage simple, il peut enseigner par la poésie, en utilisant la poésie spontanée, il peut enseigner par des mantras ou des dharanis. Ce sont des formules plus longues qui sont un peu comme des mantras, qui ont un sens sou­vent un peu caché. Il peut enseigner par des chants spontanés mélodieux, qui transforment l’esprit des êtres, qui font que l’esprit s’ouvre plus facilement au message du bouddha. Tout cela c’est la parole du bouddha. On dit qu’il y a une douzaine de manières différentes dont un bouddha enseigne. Ici, on parle de Tchenrézi qui a la capacité avec sa parole de bénir tout l’univers. La matière, c’est ce qui est appelé le neu, le container, le réceptacle, le monde extérieur et le tchu, ce sont les êtres qui habitent dans l’univers.

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Quand on dit que sa parole bénit tous les sons et les voix, on se demande ce que veut dire « bénir » djinlap. Ici, cela veut dire que notre perception va être transformée, grâce à la force du man­tra. On va découvrir que dans ce son, cette voix que l’on entend, il y a cette même dimension que l’on a déjà entendue, déjà vue, déjà touchée, grâce au mantra.

Pour que cela devienne plus clair, nous récitons le mantra OM MANI PÉMÉ HOUNG. Ce mantra est répétitif, on dit toujours la même chose, mais il y a un sens profond, qui nous a déjà été expliqué en partie. En récitant on commence à ressentir les choses au delà du son. C’est comme si notre esprit s’ouvrait à cette dimension de la vacuité, de la nature illusoire de toute chose, grâce à la force du man­tra, et on découvre que le son du mantra est illusoire. Le son du mantra est vide, il n’y a rien de vérita­blement existant dans le mantra. Le son va et vient, il n’y a rien qui reste. Cette absence de quelque chose qui dure, c’est sa vacuité. Notre esprit s’ouvre dans une détente, une détente induite par le fait de réciter ce mantra chargé de sens et de connotation. Ce son aide tout simplement à nous ouvrir, à nous détendre encore plus. En récitant le mantra, on entend aussi d’autres sons, un tracteur qui passe, un enfant qui crie, et on réalise que ces sons là, ont la même nature, celle de ne pas avoir quelque chose qui dure, qui reste, cela vient et cela passe, c’est fini. S’il n’y a pas de saisie, il n’y a pas de trace. On découvre cette même dimension d’ouverture dans le son du tracteur comme dans le son de l’enfant, comme dans tous les sons de l’univers. C’est comme si l’on redécouvrait le son du mantra, dans tout ce qui touche nos oreilles. C’est ce que veut dire la parole du bouddha qui « bénit tous les sons ». Cela transforme notre perception des sons jusqu’à voir la nature profonde de tous les sons et de toutes les voix que l’on peut entendre.

Ce que je viens de vous expliquer, c’est tout un chemin. C’est un chemin qu’il faut parcourir, un chemin qui va ouvrir notre esprit à une véritable réalisation. On ne va plus donner d’importance à la surface des choses. Quand on entend un enfant crier, c’est aussi un appel au secours ! A la surface, il y a peut-être une action qui est nécessaire, mais beaucoup de sons ne nécessitent aucune réaction de notre part. Ce qu’on fait normalement, on entend un oiseau, et on dit : « Oh oui, il y a un oiseau ! Mais quel oiseau est-ce ? Quel type d’oiseau est-ce ? Il y a tout un enchaînement de pensées qui se projette sur ce simple événement d’avoir entendu un son. Entendre le son avec la réalisation veut dire être complètement libre de réaction, et entendre le son de la vacuité. On entend le son qui nous enseigne le dharmakaya, et sa manifestation comme étant sambhogakaya et nirmanakaya. C’est ce qu’entend un être réalisé. Et bien sûr, il est à la fois au niveau de réalité ultime, et au niveau relatif où un son peut avoir un contenu auquel il faut réagir. Un être éveillé intègre ces deux niveaux de réalité en même temps. Et dans sa réaction aux sons, aux paroles, il va être libre de saisie, parce qu’il est en contact avec cette dimension ultime de ce qui se passe dans la situation, cette dimension de la vacuité. Et au niveau relatif, il va faire ce qui est nécessaire. C’est ce que l’on peut apprendre, en utilisant entre autre des mantras. Mais il faut les utiliser vraiment très longtemps, toute la vie. Toute la vie, il faut pratiquer avec.

Un bouddha, ce n’est pas quelqu’un qui part dans une autre dimension de perception, qui s’éloigne en disant : « bon tout est vacuité, pas besoin de réagir ! » Il pourrait, mais il ne le fait pas. Il reste présent aux deux niveaux de réalité, au niveau relatif des êtres qui appellent « au secours » où il y a une communication à faire au niveau relatif, toujours en étant en contact avec le niveau ultime. C’est cela Tchenrézi, c’est ce que l’on apprend avec le mantra de Tchenrézi.

Question : sur le nirvana et parinirvâna d’un bouddha

R : Aller dans le parinirvâna, c’est aller dans une dimension d’activité invisible. Nirvana, c’est l’éveil, dans cette vie. Sakyamuni a atteint le nirvana à l’âge de 40 ans. Après, il a continué dans ce corps, son activité. Puis à 80 ans, il a manifesté le parinirvâna, en quittant son corps. Il n’apparaît plus comme un être visible sur la terre. Repousser le parinirvâna, comme on le dit de Tchenrézi, veut dire qu’il continue à se manifester visiblement.

Question : On dit aussi que mahamoudra, c’est être « libre des extrêmes du samsara et du nir­vana »… ?

R : Oui. L’extrême du nirvana c’est rester au-delà. C’est ne pas s’engager pour les êtres, et l’extrême du samsara c’est être complètement englué dans le monde de la saisie. Tchenrézi ne va

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jamais être collé au samsara, parce qu’il garde la réalisation de cette dimension ultime présente en lui, et il ne va pas aller au-delà sans contact avec les êtres, dans l’extrême du nirvana, grâce à la compas­sion qui est une manifestation spontanée pour le bien de tous les êtres.

« Tong teu tang drénrik dreulwar dzeu » : dont la vue, l’audition, le rappel et la connais­sance libèrent.

Libérer par la vue tong, cela veut dire que l’on peut écrire le mantra : OM MANI PÉMÉ HOUNG, et que certains êtres vont être libérés, juste par le fait de voir le mantra, ce qui est déjà arrivé. Cela n’ar­rive pas à tout le monde, notez bien ! Après il y a ceux qui s’éveillent à la nature de leur esprit en écoutant le mantra, teu, en l’entendant. D’autres s’éveillent en le gardant présent dans leur esprit, dren, c’est le rappel. Lorsque nous pratiquons avec le mantra, c’est dren, on se souvient. Rik, c’est la connaissance du mantra, c’est connaître son sens, avoir une connaissance, de l’origine, etc. Il y a une cinquième forme qui n’est pas mentionnée ici, c’est toucher le mantra. Cela aussi, c’est une possibilité pour quelques uns de réaliser la nature de l’esprit.

Pour se mettre dans cette dimension du mantra ce que l’on doit imaginer, c’est que tout l’uni­vers est rempli du mantra. Que les arbres, la terre, les océans, les animaux, tout se ressent avec le man­tra. Quand des sons naturels arrivent, quand on entend quelqu’un tousser juste à côté, alors on écoute la nature même du son, l’essence même, on écoute plus profondément. Ce n’est pas d’en faire un man­tra, on n’a pas à faire tout un truc dans son esprit pour imposer une autre écoute, on entend bien que quelqu’un tousse, mais on entend aussi que ce ne sont que des sons qui arrivent, ce sont des vibrations qui arrivent, il n’y a pas à donner d’importance à cela, et d’en faire tout un discours dans l’esprit. OM MANI PEME HOUNG…

Bien sûr ce que je viens de dire pour les sons sera la même chose pour les formes. En méditant le corps comme étant un corps de lumière, on se rend compte avec le temps que le corps des autres c’est pareil, que les objets matériels sont pareils : des formes qui ont comme nature profonde la nature de la vacuité. C’est en visualisant des formes transparentes, qu’on développe cette capacité de voir un peu plus la nature essentielle. Bien sûr, il y a une table là. Mais cette table-là aussi, est impermanente. Elle est faite d’éléments qui vont se désintégrer un jour et rien ne va rester de cette table. Cette conscience-là, de même que pour les sons, pour toutes les formes extérieures, va nous accompagner, et cela va devenir de plus en plus facile de voir la nature véritable, la nature profonde de tout ce qui se manifeste comme forme.

« Touk tongnyi nganglai mayeu ching, dang mikmé nyingdjé tchenpo yi, ma drodrouk kunla boutar gong » : Son esprit, sans quitter la dimension de la vacuité, avec l’éclat de sa compas­sion sans référence, considère comme ses enfants les six classes d’êtres, nos mères.

Cela signifie qu’il ne quitte jamais cette dimension ultime dont je vous ai parlé, cette réalisa­tion de la vacuité, de la nature illusoire. Ici nous avons ce même jeu de deux niveaux de réalité. C’est une compassion sans référence, non dualiste, qui ne prend pas comme référence, un « moi », un « je ». C’est une compassion sans référence qui est l’expression de la réalisation de la non dualité. Cette com­passion non duelle qui est la sagesse primordiale considère toutes les six classes d’êtres comme ses en­fants, cela c’est le niveau relatif. Le bouddha va considérer tous les êtres comme ses propres enfants. Parce qu’il n’a pas de références, comme « mes enfants », « mes proches », il va pouvoir les consi­dérer tous d’une manière égale. La seule chose qui importe, c’est que ces êtres n’ont pas réalisé la na­ture ultime des choses. C’est pour cela qu’ils souffrent. Avec cette compréhension profonde, le boud­dha qui est au-delà de toute dualité, s’occupe quand même des êtres qui, eux, sont encore dans la dua­lité. Et le bouddha ne pense même pas que ces êtres existent vraiment. Il s’occupe des êtres sans tom­ber dans cette illusion qu’il y a des êtres vraiment existant. Comme lui a réalisé aussi que le bouddha n’existe pas vraiment. Il n’y a pas un « moi » bouddha, cela n’existe pas. Ce que l’on réalise pour soi-même, on le réalise aussi pour tous les êtres. On voit que c’est ainsi avec tous les êtres. Ce n’est pas seulement dans notre propre esprit qu’il n’y a pas de « moi ».

Question : Quand on visualise Tchenrézi et qu’on imagine que dans tous ses pores, il y a des bouddhas et bodhisattvas à l’état pur, est-ce qu’on peut imaginer que Tchenrézi aussi, est composé et en essence vide ?

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R. : Tchenrézi c’est exactement cela, il est vide. On visualise Tchenrézi avec ses bouddhas et bodhisattvas, mais il n’y a pas un Tchenrézi dans tout cela. Il n’y a pas une personne qui s’appelle Tchenrézi, sinon il y aurait obstruction à cette manifestation illimitée. La manifestation est illimitée parce qu’il n’y a pas de « je » ou « moi » qui occupe le territoire.

Question : La différence entre un objet, par exemple un pot de fleurs qui est vide et qui n’a pas la nature de bouddha parce que ce n’est pas un être conscient, et un être comme un animal ou une per­sonne, qui est vide aussi, mais qui a la nature de bouddha. Comment peut-on comprendre la dif­férence ?

R : Vide, cela veut dire qu’il n’y a pas de soi, mais la nature de bouddha veut dire qu’il y a plein de qualités comme la compassion, l’amour etc. C’est juste cela la différence. La confusion est entre le mot « vacuité » et le mot « nature de bouddha ». Ce n’est pas la même chose. On va regarder un peu les mots. : Touk tongnyi, c’est la vacuité, et c’est bien sûr la plénitude. Peut-être prenez-vous l’­habitude de dire les deux en même temps pour éviter tout malentendu nihiliste. C’est une plénitude de bouddhas et bodhisattvas qui enseignent à tous les êtres. Et en même temps c’est vide. Voyez-vous quelle plénitude, jusqu’à quel point c’est plein ?

Question : En français, plénitude veut dire épanoui.

R : Epanoui ? Très bien. Plénitude cela veut dire plein, épanoui. Il y a une multitude de choses.

Quand on dit : mayeu, cela veut dire qu’il ne quitte pas qu’il ne bouge pas de la dimension de la vacuité, c’est le vadjra-samadhi, c’est le samadhi d’un bouddha qui est décrit comme étant mayeu. C’est le seul samadhi qui est vraiment imperturbable.

Après, on parle de dang, c’est l’éclat, la puissance, le rayonnement de l’esprit. Cet éclat qui est ici attribué à la compassion, représente les quatre activités du bouddha. L’activité paisible ou paci­fiante, c’est la première. Ensuite, il y a l’activité stimulante ou enrichissante, la deuxième. La troi­sième, c’est l’activité magnétisante ou puissante, qui contrôle. La quatrième, c’est celle qui est dite courroucée, c’est celle qui subjugue tout.

Pour la quatrième, je préfère l’expression, « l’activité qui subjugue tout », parce que le sens « courroucé », n’est pas directement dans le mot tibétain, dragpo, qui veut dire « violent ». Mais dans le sens où rien ne peut résister à cette activité. Cela écrase tout ce qui résiste encore à l’éveil. Dans ce sens, c’est peut-être courroucé, mais il n’y a pas d’émotion derrière.

On va méditer cela, et regarder tous les êtres sans tomber dans l’illusion de les prendre comme complètement existants. Il y a trois formes de compassion : La compassion avec référence, c’est quand on regarde les êtres et quand on est ému par leur souffrance. Mais déjà cette compassion-là, c’est tous les êtres sans exception. Puis il y a la compassion qui n’est pas émue par la souffrance visible, mais par la souffrance profonde, qui est celle de ne pas avoir réalisé la nature de l’esprit. Enfin, il y a la compassion non référentielle. On va prier pour que la compassion non référentielle s’ouvre à notre es­prit. OM MANI PEME HOUNG…

« Den pékar dawa gyépai teng » : Il réside sur un siège de lotus blanc avec une lune épa­nouie

Le siège d’une divinité, d’un bouddha, symbolise toujours la base, le fondement de son activi­té. Pékar, le lotus blanc, symbolise la compassion de tous les bouddhas. On pourrait dire que Tchenré­zi naît de la compassion de tous les bouddhas. C’est cela le fondement, la base.

Dawa gyépai, la lune épanouie, symbolise le fait que Tchenrézi détient tous les moyens ha­biles de la compassion. C’est pour cette raison que la lune est épanouie, elle est ronde et complète. Le lotus, c’est la compassion qui cherche toujours à aider. C’est pour cela que la compassion trouve tous les moyens qui sont possibles, pour pouvoir aider les êtres. Les deux, compassion et moyens, font un ensemble, c’est la compassion éveillée qui dispose de tous les moyens.

« Chap dordjé kyilmo troung gui chou » : les jambes dans l’assise adamantine

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L’assise adamantine, dordjé kyilmo troung, c’est l’assise d’un bouddha qui est imperturbable, il ne va jamais quitter le dharmakaya.

« Tcho kuntou eu kyi nangwai kyap » : rayonnant de lumière, il illumine tout.

Il illumine toutes les directions de l’univers. La lumière ici symbolise l’activité du bouddha qui rayonne dans tout l’univers, dans toutes les directions. Tcho, c’est la direction, et Kuntou, c’est toutes les directions.

Pour compléter la visualisation de Tchenrézi, ce qui n’est pas mentionné ici, c’est qu’il y a une lune derrière son dos, qui fait comme un dossier, mais son dos ne touche pas ce dossier. Et cette lune épanouie derrière son dos, symbolise le fait qu’il demeure dans la pureté, que son activité est immacu­lée, et que toute son activité est l’expression de la compassion et la sagesse immaculées. Une autre ex­plication que j’ai reçue de ce disque lunaire derrière son dos, est que cela symbolise son absorption profonde, dans la joie et dans le bonheur illimités. Mais c’est juste une information supplémentaire. Khentchen Rinpoché a dit qu’il n’y a pas de différence dans la visualisation entre les deux textes que l’on connaît, donc, on peut bien inclure cette lune dans la visualisation.

Question : Pourquoi, n’y a t’il pas de soleil ?

R : Parce que le soleil représente l’aspect de la sagesse, et Tchenrézi est médité ici, principale­ment comme la manifestation de la compassion. –OM MANI PEME HOUNG…

Invitation des êtres de sagesse et bénédiction

« Né soum tou OM kar AH marpo, HOUNG tingai, yigué sel la tsèr deun dordje soum gyi ngowor dzok » : A ses trois (ou à nos trois) lieux, les lettres OM blanc, AH rouge HOUNG, bleu – claires et resplendissantes sont la perfection des vadjras ultimes.

Ce sont les trois lieux classiques, qui représentent, en ce qui concerne le OM, au front, le corps éveillé, pour le AH rouge, à la gorge, la parole de tous les bouddhas, et le HOUNG bleu représente l’esprit de tous les bouddhas. Ces syllabes, soit vous les visualisez en phonétique, soit en tibétain.

Ces syllabes, on les visualise au centre de notre être plutôt que dans la ‘peau’. En ce qui concerne la syllabe HOUNG qui est au cœur, elle va être plus basse que la syllabe HRI qui est la syllabe centrale au cœur de Tchenrézi.

Ceci est le début de la visualisation de l’invitation aux bouddhas, aux êtres de sagesse de venir, et cette invitation part toujours de ce que l’on appelle les trois vadjras ultimes, ou les deun dord­jé soum. Les dordjé soum, les trois vadjras, ce sont les corps, parole et esprit éveillés. La lumière va partir de ces trois syllabes, et aussi du cœur de Tchenrézi.

On établit les syllabes, on n’a rien d’autre à faire pour le moment. On les visualise très claires et resplendissantes comme si on entendait le son ensemble avec la forme que l’on voit. Chaque fois que l’on visualise une syllabe, ou un mantra, le son et la forme vont ensemble. Le fait que la syllabe soit vibrante et très active, cela montre qu’elle est vivante, qu’elle n’est pas morte. Ce n’est pas juste une lettre que l’on pose, c’est l’esprit des bouddhas qui est très actif. OM MANI PEME HOUNG…

« Touk dangmai soklé euzer treu » : La lumière fuse depuis notre cœur, la quintessence vi­tale.,

Touk, c’est à la fois l’esprit éveillé et le cœur. Cela se réfère au centre, au chakra du cœur, où se trouve le dangmai sok. Sok, veut dire vitalité, ou quintessence, dangmai, c’est vital, resplendissant ou rayonnant, plein d’énergie. Au cœur se trouve alors, la vitalité « quintessencielle » ou resplendis­sante, et ceci se réfère à la syllabe essentielle HRI de Tchenrézi, qui représente toute sa force. De cette syllabe HRI, qui est le cœur de l’activité de Tchenrézi, ensemble avec OM, AH, HOUNG que nous avons déjà visualisées, vont émaner des rayons de lumière qui vont aller dans les terres pures….

« Yéshé kyi sempa tchartar bab » : l’héroïque esprit de sagesse primordiale tombe en pluie

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Ils vont inviter les yéshé kyi sempa. Ce sont les êtres de sagesse. Nous allons changer un peu la traduction. Il est traduit, ce qui n’est pas faux : l’héroïque esprit de sagesse primordiale tombe en pluie. La pluie tombe en réponse à la requête qui sont les rayons de lumière. Yéshé, la conscience pri­mordiale, et sempa, ici est écrit différemment que d’habitude. Normalement, ce serait juste un pa tout simple qui indique un être de sagesse. Mais là, le pa est écrit comme « héros ». C’est pour cela que nous avons séparé dans la traduction, sem qui est l’esprit, de pa qui veut dire ici, héroïque. Mais je crois que dans la traduction finale, on va écrire, les héros de conscience primordiale tombent en pluie.

Il s’agit d’une visualisation où l’on visualise des êtres de lumière qui sont sous forme de Tchenrézi. Il y a une pluie de nombreux Tchenrézi qui va tomber en nous-mêmes, visualisé comme Tchenrézi, et cela confère toute une bénédiction.

« Damtsik gui tchagyar yérmé tim » : et se fond (inséparablement) dans l’expression du samaya.

Damtsik c’est samaya en sanscrit. C’est notre engagement, les liens que nous avons établis avec les bouddhas, avec Tchenrézi, et la pratique de Tchenrézi, quand nous avons reçu l’initiation. Dans l’initiation, nous avons reçu l’autorisation et aussi l’encouragement de nous visualiser nous-mêmes comme Tchenrézi. Ce que nous avons fait maintenant. Nous avons donc fait ce qui est notre samaya. Nous nous sommes visualisés nous-mêmes sous la forme du bouddha Tchenrézi. Et le tcha­gyar, c’est « l’expression » ou la manifestation visible de ce samaya qui est notre visualisation. Cette pluie de sagesse tombe dans ce que l’on appelle le moudra, en sanscrit, l’expression du samaya. C’est l’expression de notre engagement à faire la pratique comme nous l’avons reçue pendant l’initiation. Et on peut dire, qu’une pluie de bouddhas tombe dans notre visualisation. C’est cela le sens le plus simple. Mais on parle des héros de la conscience ultime, qui tombent dans ce qui est l’expression de notre esprit relatif, qui se tient à son samaya ce n’est pas notre création. Cet esprit relatif produit une visualisation, une forme, et cette forme est appelée « moudra ». Un moudra est l’expression de ce qui se passe dans l’esprit, on le montre à l’extérieur. La visualisation, elle aussi, est une production de notre esprit et montre ce qui se passe à l’intérieur.

Question : Est-ce qu’à ce moment-là, le moudra, c’est la fusion, ou l’indissociabilité entre les yéshépas et damtsik ?

R : Non ! ici, c’est le damtsik qui est moudra. C’est le moudra du samaya. La fusion, vient après. Ici moudra ne veut pas dire union. Cela veut juste dire expression visible.

Ensuite : « se fond », il manque la traduction d’un mot. Ce mot c’est yermé, qui veut dire insé­parable, indissociable, indifférencié. Il faut ajouter : inséparablement ».

Question à propos de l’initiation

R : Quand le lama nous donne une initiation, il nous transmet l’autorisation d’utiliser une mé­thode, par exemple ici Tchenrézi, comme Karmapa nous l’a donnée, avec un engagement de notre part d’utiliser l’outil qu’il nous a donné. Cela c’est notre samaya. Nous avons fait notre travail jusque là. On s’est visualisé comme Tchenrézi et maintenant, on demande que cet artifice de notre esprit, soit béni par la conscience primordiale qui n’est pas artificielle.

Il faut comprendre que la visualisation proposée n’est pas un produit artificiel, une création de l’esprit de Karmapa ou d’un autre maître éveillé. Cette visualisation était au début une vision, qui s’est manifestée spontanément et naturellement dans la conscience éveillée d’un maître authentique. Toutes les visualisations du vajrayana commencent avec des visions qui ne sont pas la création d’un esprit qui cherche à développer des méthodes pédagogiques pour enseigner aux êtres. Pas du tout. Cela vient spontanément : bien que le pratiquant soit dans une autre forme de méditation, il s’ouvre à cette vision et la communique ensuite à ses disciples, comme une visualisation à refaire pour pouvoir entrer dans la vision éveillée.

Question : Je ne suis pas sûre. En fait les visualisations viennent de visions qu’ont eu des êtres éveillés ? Qui décide ? enfin comment décide t-on de cela ?

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R : Regarde, pour Tchenrézi, c’est assez facile à comprendre. Quand tu regardes tous ces lamas de la lignée, autour de nous, chacun d’eux a eu des visions directes de Tchenrézi. En ce qui concerne Tchenrézi à quatre bras, blanc, comme on le visualise, ils l’ont tous vu pareil. Mais il y a eu aussi d’autres visions. Il y a eu Tchenrézi qui s’est manifesté à deux bras et debout, à quatre bras, mais rouge, avec une parèdre. Il y a d’autres manifestations de Tchenrézi qui parfois, ne sont pas partagées par des centaines de maîtres, mais juste par un, trois, cinq, dix maîtres. Tu vois ? Mais les manifesta­tions sont authentiques à partir du moment où une seule vision se fait dans l’esprit d’un maître qui n’a pas de saisie égoïste. Et cette vision peut devenir une méthode, une pratique, pour ses disciples.

Il y a d’autres visions, par exemple de Tara verte, qui se sont produites tellement souvent, à des maîtres différents, dans des pays différents, qu’il y a eu des confirmations encore et encore de ce type d’activité éveillée. D’autres, par contre, sont très rares et très spéciales, et elles portent une béné­diction très spécifique, pour un certain aspect de l’activité éveillée.

L’intérêt, de Djamgeun Kontrul, Lodreu Tayé et ses amis quand ils ont essayé de garder in­tactes toutes les lignées de transmission au Tibet, était qu’aucune de ces visions et aucune de ces mé­thodes, ne soit perdue. Parce qu’il y avait des méthodes issues d’une rencontre d’un maître éveillé avec une manifestation de cette activité éveillée, qui étaient très rares et peu transmises. Si on ne conti­nue pas cette transmission, elle se perd. Il y avait beaucoup de lignées de transmission, avec des visua­lisations, des mantras, et des commentaires joints, qui avaient un grand risque de se perdre. C’est comme si vous aviez un grand atelier, avec plein d’outils. Bien sûr, comme le menuisier, nous n’avons pas besoin de tous ces outils tout le temps. Il travaille avec son marteau, sa scie, sa pince, etc., il y a une dizaine d’outils qui vont être les outils de tous les jours. Les autres outils, on en a très peu besoin et très rarement. Et on commencera peut-être même à les oublier après un certain temps, sans les avoir utilisés. Mais il y a des moments, où cet outil-là va être le meilleur. Et l’idée du maître éveillé, c’est de garder tous les outils disponibles, parce qu’il y aura des moments, où cette pratique-là, pour un prati­quant, pour un disciple, sera l’outil à utiliser, plus qu’un autre.

Un bodhisattva, souhaite préserver et apprendre tous les outils possibles, pour pouvoir les don­ner aux autres en cas de besoin. Et pour notre pratique personnelle on va utiliser l’outil, la méthode qui nous convient, qui peut être la méthode de routine, le marteau, ou la pince, ce qui est utilisé par tout le monde, et cela suffit, on n’a pas besoin de chercher plus loin.

On va pratiquer : visualisez bien le hri au cœur d’où émane ensemble om, ah, houng, et la lu­mière envers les royaumes de bouddha. Les bouddhas répondent par une pluie de bénédiction sous forme de millions, de billions de Tchenrézi qui se fondent en nous de manière indissociable. OM MANI PEME HOUNG…

Initiation

« Lar eutreu wangla tchéndrang né » : De nouveau la lumière fuse, convie les divinités d’i­nitiations,

Pourquoi, encore des divinités d’initiations ? On se demande, on a déjà eu la pluie des êtres de sagesse. Il faut savoir qu’il y a une deuxième étape. Maintenant, notre visualisation est bénie, la deuxième étape est d’être autorisé par les bouddhas, d’accomplir l’activité d’un bouddha. C’est ce qui va se faire maintenant. C’est l’autorisation, l’initiation.

« Wangkour ching drip dak yeunten dzok » : l’initiation est conférée, les voiles sont puri­fiés, les qualités parachevées,

On visualise les cinq dhyani bouddhas devant nous, avec leurs parèdres. N’allez pas compli­quer votre visualisation avec des détails, vous allez juste les visualiser comme cinq bouddhas Sakya­muni. Ceux qui connaissent peuvent visualiser, Vairocana, Ratnasambhava, etc. les cinq bouddhas. Les aspects masculins restent en samadhi (en méditation profonde). Les cinq parèdres vont verser l’eau d’initiation (c’est de la lumière, et non de l’eau) simultanément, avec des vases, en nous comme Tchenrézi, ce qui va complètement purifier tout ce qui reste encore comme voiles, et faire que toutes

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les qualités vont se manifester pleinement.. On devient un bouddha complet ; quelqu’un qui est com­plètement capable d’aider les êtres, et qui est aussi autorisé et encouragé à le faire.

« Pel nangwa tayé oula gyen » : et le glorieux Amitabha couronne ma tête.

Ce nectar qui nous a remplis entièrement va sortir par notre orifice de Brahmâ, l’ouverture en haut, et se manifester comme le bouddha Amitabha au dessus de notre tête, comme signe que tous les bouddhas ont toujours des maîtres. Tous les bouddhas du passé, présent et futur se manifestent grâce à la transmission et aux explications reçues de leur maître. Bien entendu, des maîtres dans leur vie anté­rieure, comme des maîtres aussi dans leur vie présente.

Ce lama Amitabha, représente notre lama racine. Nous sommes Tchenrézi, et notre lama ra­cine est Amitabha. C’est le signe que toutes les qualités découlent du maître, que toutes les qualités de la bouddhéité viennent du lama. Sans ses instructions, sans sa transmission, rien n’est possible.

Amitabha, son corps est rouge, il est vêtu des trois robes d’un moine. Il tient un bol d’aumône dans ses deux mains qui sont dans le geste de la méditation. Dans ce bol d’aumône, il y a le nectar d’immortalité. Le nectar d’immortalité symbolise la sagesse innée, non née, le dharmakaya. Quand on réalise la dimension non née, on réalise l’état immortel. Cela ne veut pas dire que le corps devient im­mortel. Le dharmakaya, cette dimension immortelle, n’est complètement réalisé qu’au moment où l’on devient un bouddha. C’est vrai que dès le premier instant où l’on entre dans la nature de l’esprit, on réalise déjà le dharmakaya. Mais dans tous ces aspects, dans tout ce que cela veut dire, dans tout ce qui se libère en nous, c’est seulement au moment de la bouddhéité, que le dharmakaya est complètement réalisé dans tous ses aspects.

Etre couronné par Amitabha, c’est le signe que nous sommes devenus des bouddhas complets, parfaits, couronnés d’un bouddha qui certifie, l’état d’éveil complet. Avec cette conscience d’être des bouddhas complets et parfaits, nous allons réciter. OM MANI PEME HOUNG…

Encore une petite remarque : Nous sommes le sambhogakaya bouddha Tchenrézi, et nous sommes couronnés par un nirmanakaya bouddha Amitabha. Amitabha est visualisé comme le bouddha Sakyamuni. Nirmanakaya, veut dire visiblement manifeste, avec un corps et des vêtements de moine. Ceci symbolise que la manifestation suprême d’un bouddha, c’est le nirmanakaya, c’est de se mani­fester complètement dans ce monde. Rien ne peut être mieux ou plus grand qu’un bouddha qui se manifeste comme lama. Cela veut dire que le lama devrait être un nirmanakaya. C’est le plus ex­cellent.

Après, il y a une manifestation spontanée de déesses d’offrandes qui vont faire aussi des louanges et des prosternations. Elles disent :

Prosternations

« Tchir drodrouk kunla boutar tsé » : Vous aimez tous les êtres des six domaines comme vos enfants.

Tsé, c’est vous aimez les êtres. Boutar, comme vos enfants, et plus spécifiquement comme le fils unique d’une mère en Asie. C’est le symbole d’un amour extrême, car elle n’a qu’un seul enfant, et en plus c’est un fils. Cela symbolise la dévotion la plus forte qu’une mère peut expérimenter. Ici, cela veut dire que Tchenrézi ne va jamais arrêter de secourir les êtres des royaumes inférieurs et d’en­seigner le dharma dans les royaumes supérieurs. Il se manifeste partout. C’est son activité générale. Tchir veut dire en général. Ce n’est pas traduit. Cela se comprend tout de suite.

« Gueu gangtchen drola lhakpar gong »: et considérez particulièrement les êtres du pays des neiges

Gueu veut dire particulièrement. Tchenrézi a pris soin spécifiquement des êtres du pays des neiges. C’est dû à une prophétie du bouddha Sakyamuni qui savait que le dharma ne serait pas tou­jours en Inde, et qu’il y aurait d’autres pays où le dharma allait se répandre et devrait être protégé. Il disait que ce serait au Tibet que beaucoup de gens allaient atteindre la libération grâce à la pratique de

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Tchenrézi. Alors Tchenrézi s’est manifesté au Tibet sous la forme de rois, de ministres, de traducteurs, des érudits, des yogis, des maîtres et toutes sortes de garçons et filles qui ont ensuite fait leur travail, souvent de manière complètement inconnue des autres.

Gourou Rinpotché, qui a été le premier maître à vraiment répandre le dharma au Tibet, a carré­ment donné Tchenrézi comme yidam aux tibétains. Il leur a dit, « C’est votre divinité. Pratiquez le, c’est bon pour tout le pays ».

« Gueun tchenrézi la tchak tsel lo » : je me prosterne devant le protecteur Tchenrézi

Alors les divinités d’offrande se prosternent devant nous, le bouddha parfaitement accompli. Elles honorent encore l’éveil d’un autre bouddha. A chaque session de Tchenrézi, nous manifestons l’éveil complet, et il y a ce témoignage des êtres qui se prosternent devant nous. On va pratiquer. OM MANI PEME HOUNG…

Offrandes

« Gyou ngeusou shampai tseundjé té, kyen ting-ngé dzinn gyi namtrul pai, zakmé kyi tcheutrin gyamtso bul » : En m’appuyant sur la base des offrandes véritablement présentes, j’offre des océans de nuées d’offrandes inépuisables émanées grâce à la méditation profonde.

Gyou, c’est la base, la cause. Ce qui est la cause des offrandes que l’on va accomplir mainte­nant, ce sont les offrandes véritablement présentes, on pourrait dire. Il faut quand même faire quelques offrandes dans le concret, pour ensuite pouvoir visualiser dans le virtuel. Une générosité qui ne se pra­tique que dans le virtuel, cela ne va pas très loin. Il faut que notre générosité s’exprime aussi dans le concret. Même si c’est seulement prendre une fleur et l’offrir au bouddha. Juste cela, c’est quelque chose que tout le monde peut faire. Il y a eu des bodhisattvas qui ont pris l’engagement des vœux de bodhisattvas avec un brin d’herbe allumé comme offrande de lumière.

Sur cette base-là, kyen, la condition supplémentaire qui est notre samadhi, va accroître cette générosité, va accroître l’offrande pour en faire une offrande illimitée. Ce sont aussi les déesses d’of­frandes qui vont réciter ce vers, et qui vont faire offrande à nous, le bouddha Tchenrézi. Et bien sûr, il faut penser aussi à tous les autre bouddhas qui viennent juste d’être couronnés. C’est la cérémonie d’accueil du bouddha. D’abord des prosternations, maintenant les offrandes, ensuite les louanges. On va méditer cela. OM MANI PEME HOUNG…

Louanges

Les déesses d’offrande continuent avec une louange :

« Tap shérab tchokla nganyié shing » Vous avez obtenu la maîtrise des moyens et de la sa­gesse excellente, suprême

Tap, ce sont les moyens, et Shérab, la sagesse. Ces deux, sont ce qu’il faut pour un bouddha. C’est tout le chemin vers la bouddhéité, et toute l’activité d’un bouddha en deux mots. Tap, ce sont les moyens de la compassion, et shérab, c’est la connaissance, vers où guider et comment appliquer les moyens pour y arriver. Il faut les deux. La compassion seulement , cela ne marche pas, la sagesse sans les moyens, cela ne marche pas non plus.

« Pel yéshé yeuntèn sam mi kyap »: vous détenez les qualités inconcevables de la sagesse primordiale resplendissante,

Yéshé, est la sagesse primordiale qui est pel, qui est resplendissante qui est pleine ou riche de bénédictions. Pel est un mot très large, qui veut dire toute la splendeur de la sagesse, donc tu détiens la sagesse resplendissante, d’un bouddha. Tes yeunten, tes qualités sont sam mi kyap, inconcevables. Ce sont les qualités d’un bouddha qui sont inconcevables, parce que dans chaque situation, il y en a des nouvelles qui se manifestent, qui s’adaptent, qui se manifestent grâce aux besoins des êtres.

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« Gueun tchenrézi la gupai teu » : Protecteur Tchenrézi, avec dévotion, je vous loue.

Dans ce sens, Tchenrézi est dit être un gueun, un protecteur. Il est le protecteur de tous les êtres, et la louange teu, est faite avec gupai, avec respect, avec dévotion. On va donc imaginer deux choses : que ces louanges sont faites, et méditer la présence de ces qualités. OM MANI PEME HOUNG…

Visualisation intérieure

« Tou pékar dapdrouk téwar HRI » : Au cœur d’un lotus blanc aux six pétales, avec au centre le HRI,

La syllabe HRI, vous la trouvez fin du premier vers. S’il y a une syllabe à apprendre à visuali­ser dans toute cette pratique, c’est celle-là. Un lotus, cela se visualise avec un centre plat, c’est le cœur du lotus. Ensuite, il y a six pétales qui vont dans les six directions. Sur ces six pétales vont être les six syllabes du mantra.

Question : Je n’ai pas compris où était le lotus

R : Il est au centre de notre cœur.

« Dapma nam yigué droukpai tsen, ngag rangdra drok shing euzer bar » : les six pétales étant marqués des six syllabes,le son naturel du mantra résonne et la lumière flamboie.

Pour cette visualisation, on visualise les six pétales en blanc, le lotus reste complètement blanc. Les syllabes ont leur propre couleur. OM étant blanc, MA vert, NI jaune etc. Les différentes cou­leurs vont être décrites après. Quand on dit le son naturel du mantra résonne, c’est qu’une émanation constante de chaque syllabe donne le son OM MA NI PEME HOUNG, avec une émission de la lumière des six couleurs, il y a deux fois bleu. Le bleu pour PÉ qui n’est pas aussi foncé que le HOUNG qui est un bleu très foncé.

Question : De quelle couleur est la syllabe HRI ?

R : Elle est blanche, comme aussi le OM

On va méditer cela. OM MANI PEME HOUNG…

Une visualisation a pour but de nous permettre d’entrer dans la vision, dans l’expérience d’un bouddha. Cela commence en utilisant les moyens qui nous sont donnés, c’est à dire, vraiment faire la visualisation. En la faisant, on commence à goûter un petit peu comment cela pourrait être. C’est une première approche. Et en la faisant encore et encore, et en utilisant la parole à la manière du bouddha, en utilisant son esprit à la manière du bouddha, peu à peu, on va entrer dans le champ de l’activité et de la pensée des bouddhas.

Offrandes aux êtres éveillés et bénédiction

« Ngak dé pai kyen gyi kulwa lé, HRI yi gué eu kyi pakpa tcheu »: Exhortée par la récita­tion du mantra, la lumière issue de la syllabe HRI fait offrande aux Nobles,

La récitation du mantra est la condition kyen, qui fait que la syllabe HRI va être kulwa, stimu­lée, ou exhortée. Elle va émaner de la lumière pour faire offrandes aux Nobles, les bouddhas et bodhi­sattvas, tous ceux qui ont réalisé la nature de l’esprit.

La syllabe HRI symbolise l’esprit de Tchenrézi. La stimulation par la récitation du mantra, fait que le cœur de Tchenrézi se réchauffe et devient de plus en plus vivant pour émaner de la lumière. Quand on dit que l’on fait offrande aux Nobles, c’est en visualisant que la lumière va dans les terres pures, et si on veut, on peut imaginer qu’à la fin de chaque rayon de lumière, la lumière se transforme en déesses d’offrandes qui elles font offrande aux bouddhas, avec tout ce que l’on peut imaginer : fleurs, vêtements, encens, nourriture, tout, la danse, la grâce, etc.. Elles font offrande de toutes ces di­verses façons, et après, il y aura leur réponse :

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« Djinlab kun tsourdu da la tim » : toutes leurs bénédictions se rassemblent et se fondent en moi.

La réponse, c’est que leur bénédiction, djinlab, va revenir grâce à cette offrande comme une pluie de bénédictions qui se rassemble dans le HRI, et dans le mantra. A ce moment-là, on peut faire une longue phase de méditation en recevant la bénédiction des bouddhas. C’est comme dans la pra­tique de Dordjé Sempa, où l’on reçoit la bénédiction de Dordjé Sempa, c’est une phase d’ouverture, on peut rester dans la bénédiction. Vous pouvez noter dans votre texte qu’à cet endroit-là, on peut faire plus de malas, plus de récitations.

Tsour, veut dire ils reviennent, et du, veut dire, ils se fondent dans la syllabe.

Cette visualisation est pour le bienfait de nous-mêmes. C’est comme dans toute pratique, on commence par soi-même. Quand on est complètement rempli, sûr, et bien dans sa peau, si l’on peut dire, bien dans le fait d’être Tchenrézi, et complètement assuré d’être Tchenrézi, on peut commencer avec l’activité pour les autres. On va le faire. OM MANI PEME HOUNG…

Purification des six royaumes

Maintenant, c’est l’activité pour les autres.

« OM karpo lha yi yul tou treu » : Le OM blanc fuse vers les domaines divins,

Du HRI, la syllabe, au centre, émane une lumière qui touche la syllabe OM, qui elle, est activée par cette lumière et qui émane une multitude de syllabes OM dans l’univers, qui vont faire leur travail, qui vont être les représentants de l’activité de Tchenrézi. Vous pouvez aussi simplement visualiser une lumière qui part directement de OM, sans stimulation préalable par le HRI et sans émanation de syl­labes OM..

« Gyu ngagyal potoung doukngel djang » : l’orgueil et les souffrances du transfert et de la chute sont purifiés du courant de l’être,

Le gyu, le courant d’être de tous les êtres est purifié, pas seulement les êtres divins. L’orgueil, c’est être rempli de ngagyal, moi, le roi. Nga, c’est moi, gyal, c’est roi. L’orgueil, c’est le sentiment de moi suprême, moi roi. A cause de cette saisie de soi-même comme étant suprême et superbe, la souf­france de po, d’un changement de mon statut et de toung, de tomber de ma tour d’ivoire, est expé­rimentée. C’est la source de Doukngel, la souffrance. Cette souffrance est djang, elle est purifiée par l’activité de OM.

« Deun nyamnyi yéshé ngueun tou gyour » : la sagesse ultime de l’égalité se manifeste.

Grâce à cette purification, la conscience primordiale, la sagesse ultime va se manifester sous son aspect de sagesse ultime de l’égalité. Nyamnyi, veut dire égalité. Il n’y a plus moi le roi, et les autres comme servant mes désirs. Tout le monde est pareil, et ceci pour tous les phénomènes de l’uni­vers. Il y a égalité dans le fait d’être vide en essence. Grâce à leur vacuité, tous les phénomènes sont égaux. C’est la réalisation profonde que ce « je » est vide en essence, comme le moi de tous les autres êtres. Donc, nous sommes tous égaux. Nous sommes égaux aussi dans le sens où nous avons tous la nature de bouddha. Nyamnyi, c’est l’absence d’une différence, concernant la nature profonde des choses.

Question : Les mondes divins pour la visualisation ?

R : Tu ne les visualises même pas. Ce sont des êtres qui sont bien dans leur samadhi, qui se plaisent soit avec des jouissances sensorielles, pour le monde de la forme et du désir, et pour le monde de la non forme, ce ne sont que des absorptions dans le samadhi, donc ce sont des courants d’être dans la méditation, une méditation de shiné. Il n’y a pas assez de sagesse, qui tranche la saisie égoïste. OM MANI PEME HOUNG…

« MA djang-gou lha min yul tou treu, gyou tradok taptseu doukngel djang, deun dja­droup yéshé ngeun tou gyour » : Le MA vert fuse vers les domaines des demi-dieux, la jalousie et les

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souffrances des querelles et des conflits sont purifiées du courant d’être, la sagesse tout accomplis­sante se manifeste.

MA djang-gou, c’est le Ma vert qui va aller vers tous les êtres qui ont de la jalousie, on ne s’occupe pas seulement des demi-dieux qui sont très jaloux des dieux qui ont plus de puissance, plus de tout. La situation de la jalousie, c’est de regarder l ‘autre et de penser qu’il a plus que « moi », mieux que « moi ». C’est ce qui génère la jalousie. Le résultat de la jalousie, c’est la colère : « je ne suis pas content ». Cela mène à plein de querelles et de conflits. Tout cela est purifié par l’activité du mantra, et la sagesse ultime tout accomplissante se manifeste. Elle est djadroup, elle fait ce qui est à faire. Tout accomplissante, dans le sens qu’elle voit aussi que tout est déjà parfait. Ce n’est pas une sa­gesse qui doit faire beaucoup de choses. Elle voit que tout est déjà accompli. C’est ainsi quand on sort de l’état de la jalousie, quand la jalousie se termine, on se dit : « mais tout va bien, il n’y a rien à faire ! ». Tant que l’on est encore dans la jalousie, il y a plein de choses à faire. Mais quand tout est déjà accompli, je peux me détendre. C’est la détente qui s’installe dans l’esprit.

Donc la conscience tout accomplissante, n’est pas une conscience d’ambition, ou d’omnipotence, qui accomplit tout. Elle est capable de tout faire seulement dans le sens qu’elle perfec­tionne tout. On pourrait aussi traduire « toute perfectionnante ». Elle voit la perfection inhérente de tous les phénomènes. C’est la capacité de voir la perfection déjà existante en tous les phénomènes.

Question : Quand on visualise le MA, est-ce que l’on maintient le OM ?

R : Non, tu oublies le OM pour le moment, tu restes avec le MA. Tu peux faire la même chose, le HRI qui stimule le MA qui envoie ces syllabes, ou tu as le MA qui envoie ses lumières. Il y a chaque fois ces deux possibilités, mais on ne se focalise que sur une syllabe.

Question : sur les différentes sagesses. Comment discriminer une qualité de sagesse ?

R : C’est toujours la même sagesse qui apparaît. Là, vous n’avez rien à visualiser ou imaginer. Juste avoir la confiance, rester dans cette confiance que la conscience primordiale est toujours la même. Elle est comme un joyau qui a différentes facettes. Comme ce joyau là, l’autre jour, quand la lumière allait à l’intérieur, il manifestait cinq couleurs mais c’est un seul joyau qui manifeste ces cinq couleurs.

Ceci est identique pour chaque phase. On accomplit la purification et ensuite, on lâche dans l’état le plus naturel possible. C’est l’état le plus détendu qui nous est accessible à ce moment. Pas be­soin de faire des différences entre les différentes facettes. Il n’y en a pas. C’est juste une description sous un angle différent.

Question : J’ai du mal à comprendre comment voir la perfection inhérente, dans tous les phé­nomènes, face à la guerre et tout cela.

R : Oui, les phénomènes sont parfaits dans la vacuité. C’est leur nature profonde qui est par­faite, et non pas leur manifestation relative.

On va pratiquer cela. OM MANI PEME HOUNG…

« NI serpo miyi yul tou treu, gyou tétsom drelpong doukgnel djang, deun rangdjoung yé­shé ngeun tou djé » : le Ni jaune fuse vers les domaines humains. Les doutes et les souffrances des préoccupations et de la pauvreté sont purifiés du courant de l’être, la sagesse ultime spontanée se manifeste.

Mi, ce sont les humains. De NI comme les autres syllabes va émaner de la lumière dans toutes les directions, pas seulement chez les humains, mais dans toutes les directions et tous les royaumes. Il va purifier le courant d’être, gyou, de tous les êtres des tétsom, des doutes. Les doutes, ce sont des doutes qui empêchent notre chemin vers l’éveil. Ce sont des pensées sur le dharma, sur ce qui est et ce qui n’est pas, qui sont malsaines. Ce ne sont pas des réflexions saines dans le sens où l’on peut se de­mander des choses, on peut avoir des questions, on ne comprend pas bien, et on n’a pas encore clarifié certaines questions. Cela ce sont des doutes ou des questions tout à fait saines qui mènent vers plus de compréhension. Ici, c’est la tendance à douter, même de ce que l’on a déjà compris auparavant. « Oui mais,…C’est vrai, les maîtres sont vraiment inspirants, mais je ne sais pas si c’est vraiment possible de

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pratiquer, de changer son esprit… Est-ce que l’éveil existe vraiment ? » Ce sont des doutes qui em­pêchent que l’on s’applique à la pratique, et que l’on change véritablement. C’est la protection de la saisie égoïste qui fait monter des doutes pour se protéger.

Quelqu’un qui est vraiment intelligent, ce n’est pas quelqu’un qui a beaucoup de doutes. C’est quelqu’un qui sait comment faire pour éliminer tous les doutes. Celui-là c’est quelqu’un de vraiment intelligent. Ceux qui sont toujours critiques, qui ont plein de doutes sur tout, qui n’arrivent jamais à se poser, à poser leur esprit, ne sont pas vraiment intelligents. C’est un signe de stupidité. Dans l’Abhidharma, les doutes sont qualifiés comme faisant partie de l’ignorance, de la stupidité. Il ne faut pas rester stupide. Notre intelligence doit être bien mise à l’œuvre de l’éveil. Si nous avons des doutes, il faut s’en rendre compte en premier lieu. Ensuite, il faut se demander, comment est-ce que je peux résoudre cette question, et appliquer la méthode à suivre. Puis c’est une affaire classée, c’est terminé. Une fois que l’on a établi une certitude par expérience, par réalisation, c’est bon, on ne revient pas là-dessus, sauf s’il y a d’autres éléments qui en surgissant pourraient créer encore un questionnement sur ce que l’on vient de voir.

Je vous donne un exemple : Une colère forte se manifeste. Par expérience, on sait que la colère se dissipe en un seul instant. On a déjà vu cela. Cela arrive ! Mais, au lieu de rester avec cette expé­rience très simple, d’une émotion : la colère qui peut disparaître en un instant, on se dit : « Peut-être que ce n’était pas une véritable émotion, peut-être, etc.. ! » On commence à douter de ce qui était un véritable joyau, un véritable cadeau de notre expérience, sur laquelle on pouvait baser sa pratique. On aurait pu se dire, si c’est comme cela une fois pour la colère, peut-être que cela pourrait arriver chaque fois. Je vais voir s’il est possible une autre fois, juste de lâcher ou faire quelque chose qui fait dispa­raître l’émotion, juste ainsi. Peut-être que cela pourrait se produire avec d’autres émotions. Ce que l’on vient d’expérimenter pourrait être la base pour aller plus loin. Mais si on sème des doutes en se di­sant : « je n’ai peut-être pas bien regardé, j’étais peut-être distrait, elle est peut-être encore quelque part… » On ne va pas pouvoir utiliser cette expérience toute simple pour avancer sur le chemin. C’est pareil avec la dévotion. J’ai un moment de dévotion, d’ouverture envers un lama, puis j’ai des doutes. « Mais non, c’était peut-être juste une projection, ce n’est sans doute pas vrai, ce n’est pas possible que moi, je puisse m’ouvrir, etc.. » L’expérience qui était très simple, un moment d’ouverture, de dé­votion, on ne peut pas l’utiliser pour progresser sur le chemin, on sème des doutes, et on s’arrête là. C’est dommage, mais c’est ainsi que l’on fonctionne. Regardez bien, nous avons tous ces tendances à casser les bases de notre compréhension.

Une autre façon d’être dans le doute sans même s’en apercevoir, c’est : j’ai réalisé qu’il faut changer ma vie, par exemple, ne plus mentir. J’ai réalisé cela profondément. C’était une évidence quand j’ai écouté l’enseignement, quand j’ai réfléchi là-dessus, et j’avais pris la décision de faire ainsi. Mais je ne le fais pas. Et cela, c’est une forme de doute vraiment insidieuse, qui nous empêche de mettre en action la sagesse que nous avons déjà acquise. Ce qui va tout détruire. Après, nos décisions, nos réalisations de compréhension ne valent plus rien, parce qu’on ne les met pas en pratique. Pour­quoi est-ce que l’on ne les met pas en pratique ? Parce qu’il y a des petites pensées qui nous échappent normalement qui font qu’on ne s’applique pas à ce que l’on a compris. Cela, ce sont des petites pen­sées de doutes qui échappent normalement à notre attention.

Question : Parfois, il arrive que pour se protéger, on est obligé de mentir. Enfin je le ressens ainsi. Au niveau de mon travail, si je ne mens pas, je vais être obligé de rentrer dans la logique de la relation qu’il y a entre les personnes …

R : Oui, c’est très dommage, et il faut essayer de mentir le moins possible et d’en sortir. C’est vrai, il existe de telles situations, mais ce n’est pas le point ici. Le point ici, c’est le doute. Je ne vais pas m’éterniser sur toutes les émotions, mais sur le doute, cela me semble être important, parce qu’on en parle trop rarement dans l’enseignement. Le Bouddha Sakyamuni a classé le doute comme un des six obstacles majeurs pour l’éveil.

Alors, les humains qui sont tellement intelligents, ils sont les champions du doute. Ils n’ar­rivent pas à développer un esprit simple. Le plus difficile pour eux, c’est d’être simple. Cela a pour conséquence qu’ils vont toujours être très occupés, très « busy », et dans leur manque de simplicité, ils

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ne peuvent pas apprécier la richesse qu’ils ont déjà. Ils vont se sentir pauvres. Ils n’ont jamais assez. Jamais assez d’amour, jamais assez d’argent, jamais assez de tout. C’est cela qui stimule l’humain à faire des recherches, pour toujours soi-disant améliorer sa vie, toujours faire de nouvelles inventions, il passe son temps à courir après un bonheur qui est déjà là et que l’on n’a pas besoin de chercher ailleurs.

On leur envoie des rayons de lumière symboliques de la compassion éveillée, qui vont purifier cette souffrance et le rangdjoung yéshé, la conscience primordiale qui est spontanée ou qui apparaît d’elle-même va se manifester. Qu’est-ce que l’on appelle la sagesse ultime spontanée ? C’est la même conscience primordiale que l’on a déjà vue, et ici on regarde la facette d’être spontanément présente dès qu’il n’y a plus de saisie. C’est une qualité de cette conscience primordiale, d’être toujours pré­sente, dès qu’on lâche toute saisie dualiste. On va pratiquer cela. OM MANI PEME HOUNG…

« PÉ tingka dudro yul tou treu, gyu timouk lunmong doukkngel djang, deun tcheuying yéshé ngeun tou gyour » : Le Pad (Pé) bleu fuse vers les domaines animaux. L’ignorance et les souf­frances de la stupidité et de l’aveuglement sont purifiées du courant de l’être, la sagesse ultime de la sphère des phénomènes (dharmadhatou) se manifeste.

Dudro, ce sont les animaux. Timouk, c’est l’ignorance, ou plus spécifiquement l’opacité men­tale. Timouk, c’est l’esprit ignorant, dû à une opacité qui obscurcit l’esprit. C’est un état dans lequel on ne peut pas comprendre, parce que l’esprit n’arrive pas à développer la clarté suffisante.

Lun, c’est la stupidité et mong, c’est l’aveuglement. Lun, c’est un intellect vraiment handicapé, qui n’arrive pas à mettre un et deux ensemble. Mongpa, c’est l’obscurcissement de l’esprit. C’est pour cela que l’on dit aveuglement.

Question : Mongpa, est-ce le même mot que dans nyeun mong ?

R : Oui. le mot pour émotion est nyeun mong pa en tibétain. Nyeun, c’est cet aspect de confu­sion, c’est ce qui perturbe et agite l’esprit, c’est ce qui s’appelle en français, émotion, quelque chose qui bouge, et à force de trop de vélocité, trop de mouvement, il y a une confusion qui se crée. Nyeun, c’est être fou ou ivre. Mongpa, c’est le fait qu’à cause de cette agitation, il y a un aveuglement qui s’installe, un obscurcissement de l’esprit. Donc, une émotion en tibétain, c’est quelque chose qui agite et rend fou, qui aveugle et rend stupide.

Après, c’est la sagesse ultime de la sphère des phénomènes qui se manifeste. Tcheuying yéshé. tcheuying, c’est le dharmadhatou, la sphère des phénomènes. C’est regarder cette même conscience primordiale dont nous avons déjà parlé, dans son aspect fondamental. Cette sagesse fondamentale, c’est la sphère d’origine de tous les phénomènes.

Il ne faut pas s’étendre là-dessus, mais concernant les animaux, essayez de faire apprendre à un animal, le sens de Om Mani Pémé HOUNG, vous allez voir, le timouk , le lunmong, est bien pré­sent !

On va pratiquer. OM MANI PEME HOUNG…

« MÉ marpo yidak yul tou treu, gyou deutchak trékom doukgnel djang, deun sortok yé­shé ngeun tou gyour » : Le MÉ rouge fuse vers les domaines des yidaks ; le désir-attachement et les souffrances de la faim et de la soif sont purifiés du courant de l’être, la sagesse ultime toute discri­mante se manifeste.

Les Yidaks sont souvent traduits comme des esprits avides, mais c’est bien aussi de laisser le mot « yidak », dans le sens où ni le mot tibétain, ni le sanscrit, ne se traduisent si on veut être correct par « esprit avide ». C’est plutôt un esprit trop étroit, c’est un esprit qui est sous l’emprise de la peur et du désir et qui ne voit pas autre chose. C’est un esprit qui souffre incroyablement, et la conséquence, c’est de ne pas pouvoir manger, boire, etc.. La peur et le désir quand ils entrent en union, font un esprit extrêmement petit et extrêmement souffrant, et c’est cela la souffrance, dont on parle ici.

Le désir-attachement, deutchak, se traduit par des souffrances de faim et de soif, tré et kom. On imagine que la lumière émanée de Mé ou ses syllabes, purifie le courant d’être de tous ceux qui sont sous l’effet d’une telle peur et d’un tel désir. La sagesse ultime toute discriminante se manifeste,

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sortok yéshé. Tok veut dire discriminer, pouvoir faire la différence, sor c’est l’abrégé de sosor, chaque chose, tout.

C’est l’aspect de la conscience primordiale, qui ne voit pas seulement l’identité de tous les phénomènes dans leur aspect de vacuité, mais qui est capable aussi de différencier. Cette capacité de différenciation est appelée le sortok yéshé la sagesse ultime toute discrimante. Elle fait la différence entre ce qui est la réalité relative et ce qui est la réalité profonde d’une situation. C’est cette capacité là qui est vraiment la qualité de sagesse ultime.

C’est une capacité qui se trouve aussi dans le désir, mais d’une manière névrotique. Le désir discrimine tout. « J’aime, je n’aime pas, oui, cela c’est encore mieux, non, pas cela ». C’est une saisie basée sur cette capacité de discrimination qui mène à une souffrance, dans le désir. Mais quand elle n’est plus liée à la saisie, c’est une capacité tout à fait basique, une facette de notre conscience primor­diale. C’est faire la différence en relation avec un « moi », un « je », qui veut pouvoir discriminer sans faire référence à un « je » à un centre, à quelqu’un qui veut ou qui ne veut pas quelque chose.

Mais, si vous n’avez pas encore reçu des instructions sur les six royaumes, il faut vraiment que vous receviez une description ou que vous lisiez dans des livres la description des six royaumes. C’est très important. Je ne donne pas ici cette description, ce serait trop long. Mais pour pouvoir pratiquer, la purification des six royaumes, il faut être conscient dans le détail de ce qui se passe dans ces royaumes. Sinon, la compassion ne va pas se développer.

Question : A part les livres de Patrul Rinpotché et de Lodreu Tayé, est-ce qu’il y a d’autres descriptions qui sont disponibles ?

R : Gampopa, par exemple est très extensif, dans « Le précieux ornement de la libération ». Si vous avez lu ces deux, Patrul Rinpotché et Gampopa, vous avez une bonne base. Le livre de Patrul Rinpotché en français, c’est « Le chemin de la grande perfection »

Question : Et, le désir-attachement des yidaks, cela vient de leur vie précédente ?

R : Bien sûr, cela vient de leurs vies précédentes, et cela continue, s’aggrave, empire tout le temps, parce qu’ils donnent une telle importance à cela. Il sont continuellement pris par « je veux et je ne veux pas ». Ils le vivent continuellement, et ils n’ont pas vraiment les moyens d’en sortir. Il faut qu’ils aillent au bout de cette existence pour pouvoir vivre autre chose. Pour un yidak, pouvoir prati­quer le dharma, c’est presque impossible, même si dans leur royaume il y a des bodhisattvas, qui es­saient de leur montrer le chemin.

Question : Comment est-ce que les yidaks peuvent dire « j’aime ou je n’aime pas », alors qu’ils n’ont pas à manger… Ce n’est pas un choix.

R : Dès qu’ils voient quelque chose, ils disent : « je veux », et après, ils ne peuvent pas. C’est complètement impulsif.

Alors, on chante, fort. Mais là, il faut aussi s’ouvrir et chanter. Vous ETES Tchenrézi, donc il faut ouvrir les yeux, ouvrir l’esprit et bien dire le mantra. Parfois, on peut faire une récitation vraiment intériorisée, mais, normalement, c’est une offrande, c’est un cadeau aux êtres. On leur chante le man­tra à voix haute, et surtout pour ces deux royaumes des yidaks et des enfers. C’est grâce à nos visuali­sations, et le fait de chanter le mantra, qui sont comme des rayons de lumière qui transpercent, qui percent leur mur de perception, qu’il y a un petit bonheur pour eux, un petit moment de répit et de re­pos qui s’installe. Il faut vraiment se donner à cette récitation.

Alors, on y va. OM MANI PEME HOUNG…

Je suis désolé de vous arrêter, cela réchauffe vraiment le cœur, mon petit esprit avide se réjouit vraiment de votre récitation forte.

« HOUNG tingka nyelwai yul tou treu, gyu chédang tsadrang doukngel djang deun mélong yéshé ngeun tou gyour » : Le HOUNG bleu nuit fuse vers les domaines infernaux ; la colère et les souffrances de la chaleur et du froid sont purifiées. La sagesse ultime semblable au miroir se manifeste.

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Les enfers, ce sont les nyelwai yul. Chédang, c’est la colère, la haine incluse, et toutes les formes d’aversion. Vous savez bien, il y a la colère chaude et la colère froide. Ce qui produit les enfers chauds et les enfers froids. Les souffrances sont épouvantables.

Je ne veux pas parler des enfers, c’est un autre enseignement, mais je voudrais juste vous dire qu’il n’y a pas de douleur, de torture comparable ici, sur cette planète terre. Malgré tout ce que l’on peut expérimenter ici, comme tortures, dans les guerres etc., il y a quand même des pauses, parce qu’on peut s’évanouir, et même les tortionnaires, ils ont besoin de dormir par moment. Il y a donc des moments de répit dans la torture, si l’on peut dire, ici sur la planète, ce qui n’existe pas dans les royaumes des enfers. Donc les souffrances sont beaucoup plus fortes qu’ici. C’est la sagesse ultime semblable au miroir Mélong yéshé qui se manifeste grâce à cette purification. Mélong, c’est le miroir, cela fait référence à la clarté de cette conscience primordiale. Elle a cet aspect de pouvoir tout voir distinctement et précisément. Cela fait miroir à cette qualité de la colère qui elle aussi a la capacité de voir très, très précisément ce qui ne va pas, mais avec une forte émotion qui mène à la souffrance, parce qu’il y a de l’attachement et de la saisie. Mais la capacité de précision, de bien voir les choses, est quand même une qualité de la colère. Quand la colère est purifiée, cette capacité, cette clarté d’es­prit reste, parce qu’elle fait partie des qualités inhérentes à la sagesse ultime.

Un autre aspect de la sagesse semblable au miroir, c’est la capacité d’être conscient d’une multitude de phénomènes en même temps, comme un miroir. Si vous mettez un objet devant un mi­roir, il va refléter un objet. Si vous mettez cent mille objets, il va en refléter cent mille. La capacité du miroir de montrer l’image de ce qui se manifeste, n’est pas du tout empêchée par le nombre de choses que l’on met devant. Il va toujours tout refléter. Cette capacité de clarté illimitée, sans qu’un phéno­mène empêche l’autre, que dans l’esprit tout puisse se manifester sans obstruction, c’est cette clarté in-obstruée qui est cette sagesse semblable au miroir.

Alors, récitons pour les êtres dans les enfers, qui en ont vraiment besoin. Il faut s’imaginer que nos MANIS, nos mantras sont comme des rayons de lumière, qui leur donnent un moment de répit, pour ceux qui peuvent s’ouvrir. Quand il y a des pratiquants qui récitent des MANIS, il peut y avoir un petit moment de répit pour les êtres dans les enfers, où l’esprit qui est complètement dans la torture, dans la panique, dans l’angoisse et dans la haine, peut avoir une autre pensée. Et cette autre pensée, une petite pensée de compassion, d’être touché par la gentillesse, cela termine les enfers pour cet être. Une seule pensée altruiste dans les enfers, et les enfers sont terminés. Cette seule pensée altruiste ou une pensée sur la nature illusoire de tout ce qui se manifeste, ce type de pensée termine l’existence dans les enfers. Mais de telles pensées sont tellement difficiles à avoir, que c’est normalement presque impossible. Avec nos mantras, on peut créer des petites pauses, des interruptions dans la souffrance, et peut-être un être peut-il se réveiller à ce moment-là par cette prise de conscience. OM MANI PEME HOUNG…

Méditation générale

« Kamsoum gyi zouknang, tchenrézi dradrak kun ngag kyi rangdra our, dréntok gui zoungdzin eussel ngang » : Les formes et les apparences des trois mondes sont Tchenrézi, tous les sons sont le bourdonnement du son naturel du mantra, les concepts et réminiscences sujet-objet sont la dimension de claire lumière.

Kamsoum sont les trois mondes, zouk, sont les formes et nang sont les apparences. Cela veut dire tout ce qui est visible dans les trois sphères, les trois mondes. Trois mondes sont le monde du dé­sir, le monde de la forme et le monde de la non forme. C’est une autre façon de parler des six royaumes. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que tout cela, est aussi transparent, aussi illu­soire, aussi vide que le corps de Tchenrézi, et en plus, tout cela, est Déwatchène. Nous contemplons tout l’univers comme étant Déwatchène. On ne croit plus à la réalité des choses. Et quand on ne croit plus à la réalité des choses, on est en Déwatchène.

Dradrak kun, ce sont tous les sons. Dra, tout ce qui sont des sons, et drak, tout ce qui est en­tendu. Ngag kyi rangdra, le son naturel du mantra, tout ce que l’on peut entendre dans les trois mondes, c’est comme le mantra vide. On ne donne pas d’importance à la surface, ni au contenu des

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sons, mais à l’essence même, qui est cette dimension complètement ouverte qui est la conscience. On s’imagine que le bourdonnement du samsara est finalement le bourdonnement du mantra. Parce que notre esprit est l’esprit de Tchenrézi, on ne saisit pas les sons comme étant bons ou mauvais. Tous les sons sont perçus de manière équanime, égale. Ils sont les sons de Déwatchène. Chaque son est le son du dharma, parce que chaque son nous enseigne la vacuité, le lâcher prise etc. Donc, ce sont les sons de l’enseignement, ce sont des OM MANI PÉMÉ HOUNG. Le bourdonnement du samsara devient le bourdon­nement du dharma. C’est cela our, c’est le bourdonnement.

Dren et tok sont les concepts, les réminiscences. Cela se réfère ici à des pensées qui sont zoung et dzin, ce qui tient, le sujet, et ce qui est saisi, l’objet. Les concepts dualistes, toutes les pensées sont réalisées dans la nature profonde comme étant le dharmakaya, comme étant la dimension origi­nelle libre de toute existence définitive. Elles sont alors la claire lumière. S’il n’y a plus de saisie sur les concepts, notre esprit est celui de Tchenrézi. Il demeure continuellement dans la dimension de la claire lumière. Claire lumière et dharmakaya sont identiques. C’est une autre façon de dire les choses.

C’est le résumé de tout ce que l’on vient d’apprendre jusqu’à maintenant. C’est la phase du mantra où l’on peut tout visualiser, tout pratiquer, s’imaginer que le mantra tourne, que des six syl­labes émane la lumière. On peut aussi rester simplement dans une récitation du mantra, complètement non conceptuelle, sans saisie, juste laisser le mantra faire son travail, ne pas saisir une seule pensée. Toutes les possibilités de la méditation vous sont ouvertes. OM MANI PEME HOUNG…

Supplique finale

« Kyé gang ri gueunpo tchenrézi, dak seuldep boula tséwai gong, gyu djingyi lap par dzé tou seul » : Ô Protecteur du pays des montagnes neigeuses : Pensez avec amour à nous, vos enfants qui vous supplient. Bénissez, je vous prie, le courant de notre être.

Nous en arrivons maintenant à la phase de conclusion, avec les souhaits finaux qui mettent comme un tampon sur la purification. Tout a déjà été expliqué le premier jour, il n’y a rien à ajouter. On peut passer directement à la pratique. OM MANI PEME HOUNG…

Dissolution

« Nangdra kun eussel ying sou tim, chi matcheu nyoukma tchagya tché, lam djarmé pak­pai rangchel ta » : Tous les sons et les apparences se fondent dans la sphère de claire lumière. La base est le mahamoudra naturel sans artifice, le chemin est le non agir et voir le visage du Noble

C’est la dissolution. Vous retrouvez les mêmes mots qu’auparavant. Nang, les apparences, c’est tout ce qui est visuel. Dra, c’est le son, c’est tout ce qui est auditif. Tout ce qui est visuel et audi­tif, toute la perception du monde qui nous entoure, se fond dans la claire lumière qui est l’esprit. Donc tout est compris à ce moment là, comme n’étant que l’esprit. C’est l’esprit dans sa dimension la plus profonde, la claire lumière, le dharmakaya. Toutes les perceptions se fondent alors dans le dharma­kaya, dans la dimension ultime, et là on va rester dans la méditation.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à ce moment-là, on retire l’esprit des perceptions. On ne reste plus avec les perceptions, avec les sons, et avec les apparences visuelles. Cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas être, mais on ne leur donne aucune importance. Là maintenant on médite que dans la dimension profonde du dharmakaya lui-même, il n’y a pas d’apparence, il n’y a pas de percep­tion. Le dharmakaya est libre d’apparence, libre de perception. C’est quand il se déploie comme samb­hogakaya et comme nirmanakaya, que les apparences apparaissent. La claire lumière est libre de per­ception extérieure relative. Donc, on se retire de toute la dualité. Si on a encore une perception dualiste qui reste, c’est ce qu’il faut lâcher à ce moment-là pour pouvoir entrer dans la méditation.

La base, chi, c’est le tchagya tché, le mahamoudra, naturel, nyoukma, qui est sans artifice, matcheu. Il n’est pas construit, il n’est pas artificiel, on n’a pas créé cette base qui est le mahamoudra. La base, cela veut dire la base de ce qui est notre chemin vers le fruit, vers l’éveil. La base est déjà le

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mahamoudra, et quand on réalise le fruit, on réalise, que depuis toujours, le mahamoudra était présent dans notre esprit. Ce mahamoudra qui est naturel, qui n’a pas besoin d’être produit artificiellement. Quand tout artifice retombe, c’est là où le mahamoudra se manifeste.

Ce qui est artificiel, c’est la dualité. Quand la dualité tombe, c’est le naturel, le nyoukma, qui se manifeste, le mahamoudra. Le chemin, lam, pour y arriver, c’est le non agir : ne pas créer, ne pas produire artificiellement quelque chose, c’est voir le visage du Noble, pakpai rangchel ta. Ta, c’est voir, chel, le visage, rangchel, propre à lui, son visage de pakpa, qui est le Noble. Voir le visage du Noble, c’est entrer dans la vision directe de la nature ultime. Il n’y a pas de ‘visage’ à voir.

Il faut savoir ici, qu’il y a deux connotations. Pakpa, c’est bien sûr Tchenrézi, parce qu’il est appelé le Noble, mais ce sont aussi tous les Nobles. Tous les Nobles, tous les êtres réalisés, ont vu la nature des choses. Rencontrer le visage du Noble, veut dire rencontrer la même réalisation que tous les Nobles. C’est là où on les comprend, les nobles, on les voit vraiment. C’est à ce moment-là que l’on comprend ce qu’est un être Noble.

En plus, on peut avoir une vision directe de Tchenrézi qui se manifeste devant notre œil de sa­gesse. Mais cela, c’est en plus. Ce qu’il faut, c’est réaliser la nature de l’esprit, et après, que Tchenrézi se manifeste ou pas ce n’est pas le plus important. On peut dire que le chemin, c’est toujours se souvenir de Tchenrézi. Tchenrézi, ici, c’est le non agir et la réalisation de notre esprit, c’est cela le chemin.

A la fin, on fait juste un mantra pour cette phase, parce que la dissolution peut se produire très vite, très rapidement. La dissolution de tout ce monde et de ce que l’on a visualisé comme Déwatc­hène, nous-même comme Tchenrézi, mais, comme je l’ai dit au début, vous pouvez réciter autant de mantras que vous souhaitez pour que cette dissolution s’accomplisse. C’est à vous de voir comment vous vous sentez à l’aise pour pouvoir être le plus naturel possible. On ne peut pas forcer la réalisa­tion, il faut laisser venir, il faut se détendre. Il faut lâcher tous les concepts, toutes les perceptions, et juste rester dans l’état naturel qui est la base, le chemin, et le fruit. OM MANI PEME HOUNG…

Le moment pendant lequel on reste naturel, est souvent très court. Si ensuite on continue la méditation, cela devient la méditation de shiné. On travaille avec son esprit, on le détend avec les per­ceptions et les concepts qui s’élèvent, on continue avec la pratique de shiné, qui est la base pour pou­voir développer le mahamoudra. Le moment vraiment naturel, c’est souvent juste un instant, et après, d’accord, on continue. L’esprit dualiste est là, on travaille avec, on accepte, et on fait son chemin.

Q : Sur la phase de dissolution, pourquoi retirer notre esprit des perceptions pour rester dans l’état naturel de la claire lumière, alors que la claire lumière est déjà la nature de toutes ces percep­tions ?

R : C’est une bonne question. L’explication est progressive. C’est vrai si l’on peut juste rester avec l’essence des perceptions, sans se préoccuper de ce qui se passe comme événement visuel ou au­ditif etc., autour de nous, super ! Mais on ne sait pas rester dans la claire lumière au-delà des concepts. Donc, il y a toujours dans toutes les pratiques cette phase de dissolution de l’environnement dans la di­vinité, la divinité du haut et du bas dans le cœur. Le cœur, toute la visualisation, le mantra etc. dans la syllabe germe, la syllabe germe du bas vers le haut dans le dernier tiglé et après dans l’ouverture. Ceci, nous permet, d’oublier d’abord l’environnement, puis d’oublier le corps, le dissoudre, et oublier tout ce que l’on a pu imaginer avant. Ce qui reste est juste l’ouverture ou l’état naturel. Un pratiquant ac­compli n’a pas besoin de faire une dissolution progressive, pas besoin de se dire, je retire mes facultés sensorielles… Juste rester sans saisie, serait normalement suffisant.

Réapparition

« Kakyap kyi tongnyi namkai ngang, lar pakpai kourou lam gyi dang, djam nying djé drowai deun la tcheu » : De l’espace ouvert, la vacuité omniprésente, j’apparais à nouveau sous la forme du Noble et accomplis le bien des êtres avec amour et compassion.

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L’espace ouvert, kakyap. on présume que nous étions dans l’espace ouvert, l’ouverture totale, c’est la vacuité, l’ouverture, la claire lumière, la vacuité omniprésente. De cette dimension là, j’appa­rais, lar, encore une fois, à nouveau, comme le pakpai kou, le corps du Noble.

Vous pouvez vous visualiser comme Tchenrézi à quatre bras dans son assise vadjra, les jambes complètement croisées, ou vous pouvez vous visualiser comme Tchenrézi debout à deux bras, ce qui est plus proche de nous quand on veut marcher et agir pour le bien de tous les êtres. Mais vous pouvez tout à fait rester avec cette visualisation de Tchenrézi à quatre bras, assis pour accomplir votre activité.

Dang, cela veut dire : j’apparais, et lam gyi, pour accomplir le chemin. C’est ce qui est sous-entendu. Pour lam gyi dang, il y a deux connotations. La connotation primaire, c’est que je me mani­feste pour accomplir le chemin, au niveau extérieur. Et la deuxième connotation est qu’au niveau inté­rieur, c’est comme si du canal central, du centre de l’absorption, se déploie tout l’univers. OM MANI PEME HOUNG…

Quand on tourne le mala, il faut que le mantra et les perles soient synchro. J’ai remarqué que moi aussi, j’avais tendance à aller plus vite avec le mala qu’avec la bouche, ou avec la récitation. Cela c’est une erreur, un défaut de la méditation. Il faut que les deux aillent vraiment ensemble. Quand on a l’habitude d’en réciter beaucoup, des fois, on ne fait plus attention à ce que font les doigts, et en plus on compte pour avoir les cent millions. Cela, ce n’est pas quelque chose à imiter, il faut vraiment res­ter avec la synchronisation du corps, parole et esprit. Cela c’est l’entraînement de base du vajrayana : pratiquer les trois à la fois, bien synchroniser.

Dédicace

« Da gomdai diyi tseundjé té, tu soum tou sakpai guéwai tu, ma dro drouk korwa don­trouk shok » : Prenant appui sur ma récitation et méditation, et par la force de la vertu rassemblée des trois temps, que les profondeurs du samsara avec les six classes d’êtres, mes mères, soient bras­sées.

Prenant appui, c’est tseundjé té. Si on traduit plus littéralement, c’est : par ce qui était dé­montré par gomdai, ma récitation et méditation. Tseun, c’est l’index qui pointe quelque chose. On pointe la vertu de la pratique que je viens juste d’accomplir, la méditation et récitation, et on prend cette vertu là, pour faire la suite.

La vertu de ma petite méditation et la vertu, rassemblée dans les trois temps, que tout cela se réunisse et fasse trembler, ébranler, les profondeurs du samsara, c’est cela l’idée. Par ce qui était indi­qué, le petit peu que j’ai pu montrer, et par tout ce que j’imagine et que je sais et qui était déjà accom­pli et qui va encore être accompli par tous les bouddhas, bodhisattvas et êtres non réalisés dans tous les royaumes, je dédie tout cela pour que les êtres soient libérés des six royaumes.

Toutes les dédicaces sont ainsi.. On prend ce que l’on vient d’accomplir, on imagine que cela fond comme une goutte d’eau dans un océan avec tout ce qui est accompli pour le bien des êtres, et on offre toute cette force pour l’éveil. Après, normalement, on reste dans la dédicace non conceptuelle. C’est elle qui scelle vraiment la vertu et qui fait qu’il n’y a plus d’identification. Il faut couper, tran­cher avec l’identification que « moi », j’ai accompli quelque chose de bien. On se lève de son coussin comme si de rien n’était, ou n’avait jamais été. On n’a pas fait quelque chose de bien. Ce n’est pas le « moi », ce n’est pas le « je » qui a pratiqué, et pour en être vraiment sûr, on fait la dédicace, pour qu’il n’y ait vraiment pas de saisie égoïste qui puisse se mêler à la force de la vertu qui vient d’être accom­plie. On l’offre complètement. Cela appartient à tous les êtres, cela n’a plus rien à voir avec « moi ». OM MANI PEME HOUNG…

Ainsi, nous sommes libres de l’orgueil d’avoir accompli quelque chose de bénéfique. C’est du travail tout simple, on n’y donne pas d’importance, on fait juste son travail.

Souhaits pour renaître en Déwatchène

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« Nam tsé di nangwa peu matak, noup détchen ching tou kyé né kyang, djantchoub kyi gopang nyour top shok » : Aussitôt venu le temps de quitter les apparences de cette vie, puissé-je re­naître dans la terre de félicité véritable à l’ouest et obtenir rapidement l’éveil.

Les souhaits qui suivent, il n’y a pas besoin de les expliquer. Ce sont les souhaits pour renaître en Déwatchène, qui est la meilleure condition pour pouvoir continuer la pratique du Dharma. N’es­sayez pas de revenir en tant qu’humain, vous prendriez trop de risques. Si l’on revient sans avoir réali­sé la nature de l’esprit, il peut arriver qu’on ne trouve pas les conditions nécessaires pour la pratique du dharma, et en Déwatchène, les conditions sont complètement rassemblées. Donc, vraiment, le conseil de Guendune Rinpotché, pour tous les pratiquants, à l’exception de ceux qui ont une réalisa­tion stable, est de se diriger vers Déwatchène, puis on revient pour servir les êtres. OM MANI PEME HOUNG…

Pour ceux qui sont intéressés par la longue prière pour renaître en Déwatchène, elle est sur le site Web de Dhagpo Kagyu Ling.

Souhaits de bon augure

« Kyap keuntchok soum gyi ngowo nyi, gueun tchenrézi ouang djinlap kyi, tchokdu kun trashi délai shok » : Grâce aux bénédictions du puissant protecteur Tchenrézi, qui est l’essence des trois rares et sublimes refuges, qu’il advienne toujours dans tous les mondes un bonheur et un bien être excellents !

On visualise que par la grâce de tous les bouddhas et bodhisattvas, la terre encore une fois se transforme en un endroit auspicieux, un endroit de bon augure, où tous les êtres trouvent les conditions pour pratiquer le dharma, où les récoltes sont riches, où le climat est agréable, comme il faut, sans per­turbations climatiques. On visualise toutes les conditions extérieures excellentes, pour les humains, les animaux, et tous les êtres invisibles. Tout cela est comme une pluie de fleurs qui tombe sur la terre. C’est juste une image pour dire que tout ce qui est excellent se manifeste. OM MANI PEME HOUNG…

Colophon

Ceci, était l’explication du texte de pratique, d’un grand maître et accompli qui s’appelle Tsul­trim Zangpo. Il était considéré comme une émanation de Thantong Gyalpo, l’auteur de notre pratique quotidienne de Tchenrézi, qui avait vécu une vie incroyable. Il avait 130 ans quand il s’est dissout dans un arc en ciel. Son émanation ou son tulkou, on n’est pas sûr, qui s’appelle Tsultrim Zangpo, lui aussi a vécu 130 ans et n’a pas laissé de corps à sa mort, et c’est lui, qui a écrit ce texte. On dit dans les petites lignes, que ce texte a la même bénédiction que l’esprit de Thantong Gyalpo, qui était une ré­férence à son époque. C’était un mahasiddha qui a complètement réalisé Tchenrézi. Dire que Tsultrim Zangpo est devenu complètement un avec Thantong Gyalpo, veut dire que cette pratique est devenue aussi authentique que la pratique écrite par Thantong Gyalpo lui-même.

Pratique quotidienne

Vous avez tout reçu maintenant, aucune lacune ne reste, vous avez toutes les explications, tout ce qui est nécessaire pour en faire carrément une pratique à vie. Pour ceux et celles qui souhaitent la faire à la maison, cela prend 1 h 30, si on fait la pratique comme aujourd’hui, tranquillement. Une heure et demi, c’est le minimum, ce n’est donc pas une pratique qui convient pour les KTT, ou le soir ici, au Bost, à Laussédat. Elle est un peut trop longue, surtout si on souhaite encore ajouter des prières pour renaître en Déwatchène, et des prières de longue vie. Tout cela fait environ 1 h ¾. C’est une pra­tique idéale, pour pratiquer chez soi, on peut même faire plus long que cela, on peut rester longtemps avec certains aspects de la pratique que l’on aimerait développer. C’est la pratique par excellence pour des gens qui font de Tchenrézi, leur Yidam, leur divinité de méditation. Yidam, veut dire que c’est la

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pratique principale que l’on va utiliser jusqu’à l’éveil. Jusqu’à la fin de cette vie. Dans ce but-là, cette pratique est excellente.

Quelles sont vos questions, concernant ce point de la pratique quotidienne ?

Q : En ce qui me concerne, est-ce que je peux pratiquer l’autre Tchenrézi en semaine, qui est plus court, et le week-end, celui-ci ?

R : Absolument, tu peux pratiquer le Tchenrézi habituel tous les jours, et dès que tu as un petit moment, tu fais cette pratique plus extensive. Quand tu fais la pratique habituelle, ce qui change, c’est que tu visualises Tchenrézi au-dessus de la tête, pour l’activité de purification des royaumes. C’est après, pendant la phase du mantra, quand tout est déjà purifié, que toi aussi, tu deviens Tchenrézi. Tu peux imaginer que Tchenrézi, descend en toi à ce moment.

Il faut dire aussi que cette pratique est seulement pour ceux qui ont reçu l’initiation de Tchen­rézi. On ne peut pas donner, cette pratique à quelqu’un qui n’a pas reçu l’initiation. C’est lors de l’ini­tiation que nous recevons l’autorisation de nous visualiser nous-mêmes comme Tchenrézi. Toute per­sonne qui n’a pas reçu l’initiation de Tchenrézi, doit rester avec la visualisation de Tchenrézi au des­sus de la tête, parce qu’on n’a pas reçu cette transmission de pouvoir se visualiser comme Tchenrézi, sans tomber dans l’orgueil, sans se sentir, moi, Bouddha. C’est dans l’initiation que cela se passe, que cette porte de compréhension s’ouvre.

Q : Tu nous avais dit que l’on pouvait intégrer d’autres prières de Tchenrézi. Est-ce que je pourrais avoir l’emplacement, pour en intégrer.

R : Si vous voulez utiliser cette pratique au cœur, au centre de la pratique habituelle, vous commencez par la prière à la lignée, ensuite le refuge, la visualisation, la louange à Tchenrézi « Djowo kyeun gyi ma gueu koun do kar… », suivie par la prière à 7 branches. C’est après la prière à 7 branches, que cette pratique est insérée. On ne fait plus la prière des six royaumes. On l’enlève, parce que cela fait partie de cette pratique-là. Ensuite, on peut terminer par les souhaits de dédicace, à la fin de la pratique habituelle, car la phase principale de méditation, elle aussi, est remplacée par ce texte. On n’a même pas besoin de retourner dans le texte habituel, c’est juste le début qui est intéressant pour compléter cette prière de six syllabes. Nous avons toujours fait la première dédicace, le « Seunam diyi.. », mais vous pouvez faire les quatre dédicaces. Vous pouvez aussi, avant de faire cette dédicace, ajouter la courte prière à Déwatchène, « Emaho.. », Vous pouvez ajouter les prières à Gourou Rinpotc­hé, les prières de longue vie, tout comme dans la pratique habituelle.

Q : Si par contre, dans une pratique de Tchenrézi plus brève, je ne fais que la prière des six syllabes, où est-ce que je mets la prière à 7 branches, et la prière à Déwatchène ?

R : La prière à Déwatchène est toujours à la fin, et si tu veux faire une accumulation de mé­rites, il est mieux de faire d’abord une prise de refuge, puis tu fais la prière à 7 branches, et après tu continues avec ton texte.

Moi-même, si je peux vous donner un conseil, la seule chose qui me semble intéressante à ajouter, à cette pratique de six syllabes, c’est, au début la prière à la lignée. Parce que la prière à la li­gnée est quand même très importante. C’est celle qui nous lie avec toute la transmission, avec la lignée de tous ceux qui ont accompli Tchenrézi. C’est grâce à ces lamas là que nous avons la possibilité de pratiquer Tchenrézi aujourd’hui. Ce sont tous ces lamas qui sont nommés dans la prière, qui sont au­tour. Donc moi-même, je ferais cela en premier lieu. Puis à la fin, si vous souhaitez renaître en Dé­watchène, c’est bien de faire la prière à Déwatchène. Même si vous avez déjà cette phase de 1 ou 2 malas de Mani, comme expression de ce souhait, c’est quand même bien de sceller ce souhait avec la prière Emaho.

Je n’ai pas utilisé cette prière durant tout ce stage, parce que cela me semblait trop long. Cela aurait été trop lourd pendant nos sessions. Mais je peux imaginer que l’année prochaine, on peut peut-être inclure la prière à la lignée, et peut-être aussi faire les prières de conclusion, en fin de journée.

Q : Est-ce que la courte prière de Déwatchène, si on la fait une fois par jour est suffisant, ou faut-il également dire la longue prière à Déwatchène ?

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R : Comme Guendune Rinpotché nous l’a expliqué, pour vraiment être sûr de renaître en Dé­watchène, il faudrait pratiquer Tchenrézi tous les jours, avec la prière à Déwatchène en conclusion, et de temps en temps, pratiquer la longue prière, au moment de la pleine lune par exemple, ou des jours où l’on a un peu plus de temps. Ce serait l’idéal, de faire ainsi..

Il a précisé : « Pour être sûr d’aller en Déwatchène, il faut devenir comme Lama Pourtsé ». C’est quelqu’un qui a accompli les 100 millions de mantras de Tchenrézi et qui continue cette pra­tique. Là, on peut vraiment être sûr.

Q : Si on a encore des questions à résoudre, est-ce que l’on pourra… ?

R : Tous les lamas peuvent donner une réponse à vos questions dans la mesure où ils connaissent tous le commentaire du XVème Karmapa sur la pratique de Tchenrézi. Normalement, à l’exception de quelques petits détails qui sont différents dans cette pratique, tout le reste s’applique de la même manière à ces deux pratiques. Et pour ceux qui souhaitent avoir une transmission à toute épreuve, ce serait bien d’avoir la transmission complète du commentaire du XVème Karmapa sur la pratique de Tchenrézi dont je vous ai donné à peu près la moitié pendant ce stage. Une fois dans la vie, recevoir cette transmission, ou même plusieurs fois, fait que l’on a vraiment reçu tout ce qui est nécessaire pour comprendre le sens de cette pratique.

R : Ceux qui ont déjà reçu le commentaire de Kakyab Dordjé, si vous voulez avoir des instruc­tions supplémentaires sur les quatre pensées, le refuge, la bodhicitta, le shiné, le laktong, comment vi­sualiser une divinité, pourquoi renaître en Déwatchène, tout cela, c’est le commentaire de Karma Tc­hagmé Rinpotché, lié à la pratique de Tchenrézi, qu’il faut étudier. Ce texte s’appelle : « L’Union du Mahamoudra et du Dzogchen ».

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Tables des matières

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