Tap Lejeune Van Heems 091105

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COLLECTION DE LA MAISON DE L’ORIENT ET DE LA MÉDITERRANÉE 43 SÉRIE LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIQUE 6 AUTOUR DE MICHEL LEJEUNE Édité par Frédérique Biville et Isabelle Boehm

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COLLECTION DE LA MAISON DE LrsquoORIENT ET DE LA MEacuteDITERRANEacuteE 43

SEacuteRIE LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIQUE 6

autour de michel lejeune

Eacutediteacute parFreacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm

Autour de Michel LejeuneActes des Journeacutees drsquoeacutetude

Maison de lrsquoorient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux

(Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2 ndash CNRS)

Publications dirigeacutees par Jean-Baptiste Yon

Dans la mecircme collection Seacuterie linguistique et philologique

CMO 7 Ling 1 L BASSET Les emplois peacuteriphrastiques du verbe grec μέλλειν 1979 245 p

CMO 20 Ling 2 L BASSET La syntaxe de lrsquoimaginaire Eacutetude des modes et des neacutegations dans lrsquoIliade et lrsquoOdysseacutee 1989 264 p

(ISBN 2-903264-12-0)

CMO 32 Ling 3 L BASSET Lrsquoimaginer et le dire Scripta minora 2004 366 p (ISBN 2-903264-25-2)

CMO 33 Ling 4 L BASSET et F BIVILLE (eacuteds) Les jeux et les ruses de lrsquoambiguiumlteacute volontaire dans les textes grecs et latins 2005 248 p

(ISBN 2-903264-26-0)

CMO 41 Ling 5 F BIVILLE et D VALLAT (eacuteds) Onomastique et intertextualiteacute dans la litteacuterature latine 2009 236 p

(ISBN 978-2-35668-006-8)

Autour de Michel Lejeune Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agrave lrsquoUniversiteacute Lumiegravere Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee 2-3 feacutevrier 2006 Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (eacuteds) ndash Lyon Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux 2009 ndash 406 p 25 cm (Collection de la Maison de lrsquoOrient 43)

Mots-cleacutes linguistique indo-europeacuteen grec langues italiques veacutenegravete grec myceacutenien latin eacutetrusque eacutepigraphie morphologie phoneacutetique systegraveme numeacuteral

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

copy 2009 Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux 7 rue Raulin 69365 Lyon cedex 07

Les ouvrages de la Collection de la Maison de lrsquoOrient sont en vente agrave la Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Publications 7 rue Raulin 69365 Lyon CEDEX 07

httpwwwmomfrService-des-publications ndash publicationsmomfr

et chez de Boccard Eacutedition-Diffusion 11 rue de Meacutedicis 75006 Parishttpwwwdeboccardcom ndash deboccarddeboccardcom

coLLection de LA MAison de Lrsquoorient et de LA MeacutediterrAneacutee 43seacuterie Linguistique et phiLoLogique 6

Autour de Michel Lejeune

Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agravelrsquoUniversiteacute Lumiegravere-Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee

2-3 feacutevrier 2006

eacutediteacutes par

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm

HiSoMA - UMR 5189 (CNRS - Lyon 2)

soMMAire

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Avant-propos 9

Christine BoYer (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Arriveacutee de la bibliothegraveque personnelle de Michel Lejeune agrave la BibliothegravequeInter-Universitaire Lettres et Sciences Humaines de Lyon (juin 2003) 15

Marie-Josette Perrat (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Le fonds Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-UniversitaireLettres et Sciences Humaines de Lyon 17

i - Linguistique grecque et linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes

Alain Christol (Universiteacute de Rouen)Michel Lejeune et lrsquoeacutetymologie 21

Franccediloise Bader (ePhe Paris)Le nom des Veacutenegravetes et leur expansion 31

Charles de lamBerterie (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)En hommage agrave Michel Lejeune myceacutenien o-wo-weet le nom de lrsquolaquo oreille raquo en grec 79

Louis Basset (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Agrave propos de la nouvelle sifflante sourde forte en grec ancien (M LejeuneTraiteacute de phoneacutetique historique du grec ancien et du myceacutenien sect 96-97) 117

Catherine doBias-lalou (Universiteacute de Bourgogne)Retour sur les laquo traitements grecs de -ns- raquo 127

Alain BlanC (Universiteacute de Rouen)Langue eacutepique parler des aegravedes et datifs en -εσσι 137

Jean-Louis PerPillou (Universiteacute de Paris 4-Sorbonne)Le wanax entre actif et moyen 153

sommaire

Massimo Perna (Universitagrave degli Studi Suor Orsola Benincasa Naples)Michel Lejeune et la fiscaliteacute myceacutenienne 169

Florica BeChet (Universiteacute de Bucarest)Sur le genre masculin des plantes leacutegumineuses en grec ancien 179

Jean-Pierre levet (Universiteacute de Limoges)En amont de lrsquoindo-europeacuteen les enseignements eurasiatiquesde J Greenberg et de quelques vieux hydronymes 195

ii - Les langues de lrsquoitalie antique

Pierre-Yves lamBert (EPHE CNRS AIBL)Michel Lejeune et le deacutefi des inscriptions nouvelles 217

La langue eacutetrusque

Dominique Briquel (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)Qursquoest ce que la glose TLE 848 = Festus 162 L (nepos) hellipTuscis dicitur peut nous apprendre sur la langue eacutetrusque 237suivi deJacques sChamP (Universiteacute de Fribourg Suisse)Pour une eacutetude des milieux latins de Constantinople 255

Jean hadas-leBel (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lrsquoœnochoeacute putlumza un pocolom eacutetrusque 273

Gilles van heems (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lire eacutecrire compter quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur le systegravemenumeacuteral eacutetrusque en marge des travaux de Michel Lejeune 287

Les langues italiques

Fabrice Poli (Universiteacute de Bourgogne)Relecture de lrsquoinscription osque Vetter 132 321

Emmanuel duPraz (Universiteacute de Rouen)Lrsquoinscription frentanienne Ve 173 = Ri Fr 2 la tradition poeacutetiqueitalique et le nom-racine h2ep- laquo eaux courantes raquo 331

Vincent martzloff (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Questions drsquoexeacutegegravese piceacutenienne 359

index

Index des mots et des formes eacutetudieacutes 381Index des documents et corpus eacutepigraphiques 395Index des auteurs et des passages eacutetudieacutes 399

Liste des contributeurs (coordonneacutees mai 2009) 405

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

rix H (eacuted) 1991 Etruskische Texte Editio minor 2 vol Tuumlbingen (noteacute ET)

mdash 1984 laquo La scrittura e la lingua raquo in M Cristofani (eacuted) Gli Etruschi una nuova immagine Milan p 199-227

mdash 2004 laquo Etruscan raquo in RD Woodard (eacuted) The Cambridge Encyclopedia of the Worldrsquos Ancient Languages Cambridge p 943-966

serBat G 1975 Les Structures du latin Paris

torP A 1902 Etruskische Beitraumlge I Leipzig

tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 2: Tap Lejeune Van Heems 091105

Autour de Michel LejeuneActes des Journeacutees drsquoeacutetude

Maison de lrsquoorient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux

(Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2 ndash CNRS)

Publications dirigeacutees par Jean-Baptiste Yon

Dans la mecircme collection Seacuterie linguistique et philologique

CMO 7 Ling 1 L BASSET Les emplois peacuteriphrastiques du verbe grec μέλλειν 1979 245 p

CMO 20 Ling 2 L BASSET La syntaxe de lrsquoimaginaire Eacutetude des modes et des neacutegations dans lrsquoIliade et lrsquoOdysseacutee 1989 264 p

(ISBN 2-903264-12-0)

CMO 32 Ling 3 L BASSET Lrsquoimaginer et le dire Scripta minora 2004 366 p (ISBN 2-903264-25-2)

CMO 33 Ling 4 L BASSET et F BIVILLE (eacuteds) Les jeux et les ruses de lrsquoambiguiumlteacute volontaire dans les textes grecs et latins 2005 248 p

(ISBN 2-903264-26-0)

CMO 41 Ling 5 F BIVILLE et D VALLAT (eacuteds) Onomastique et intertextualiteacute dans la litteacuterature latine 2009 236 p

(ISBN 978-2-35668-006-8)

Autour de Michel Lejeune Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agrave lrsquoUniversiteacute Lumiegravere Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee 2-3 feacutevrier 2006 Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (eacuteds) ndash Lyon Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux 2009 ndash 406 p 25 cm (Collection de la Maison de lrsquoOrient 43)

Mots-cleacutes linguistique indo-europeacuteen grec langues italiques veacutenegravete grec myceacutenien latin eacutetrusque eacutepigraphie morphologie phoneacutetique systegraveme numeacuteral

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

copy 2009 Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux 7 rue Raulin 69365 Lyon cedex 07

Les ouvrages de la Collection de la Maison de lrsquoOrient sont en vente agrave la Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Publications 7 rue Raulin 69365 Lyon CEDEX 07

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et chez de Boccard Eacutedition-Diffusion 11 rue de Meacutedicis 75006 Parishttpwwwdeboccardcom ndash deboccarddeboccardcom

coLLection de LA MAison de Lrsquoorient et de LA MeacutediterrAneacutee 43seacuterie Linguistique et phiLoLogique 6

Autour de Michel Lejeune

Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agravelrsquoUniversiteacute Lumiegravere-Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee

2-3 feacutevrier 2006

eacutediteacutes par

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm

HiSoMA - UMR 5189 (CNRS - Lyon 2)

soMMAire

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Avant-propos 9

Christine BoYer (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Arriveacutee de la bibliothegraveque personnelle de Michel Lejeune agrave la BibliothegravequeInter-Universitaire Lettres et Sciences Humaines de Lyon (juin 2003) 15

Marie-Josette Perrat (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Le fonds Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-UniversitaireLettres et Sciences Humaines de Lyon 17

i - Linguistique grecque et linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes

Alain Christol (Universiteacute de Rouen)Michel Lejeune et lrsquoeacutetymologie 21

Franccediloise Bader (ePhe Paris)Le nom des Veacutenegravetes et leur expansion 31

Charles de lamBerterie (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)En hommage agrave Michel Lejeune myceacutenien o-wo-weet le nom de lrsquolaquo oreille raquo en grec 79

Louis Basset (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Agrave propos de la nouvelle sifflante sourde forte en grec ancien (M LejeuneTraiteacute de phoneacutetique historique du grec ancien et du myceacutenien sect 96-97) 117

Catherine doBias-lalou (Universiteacute de Bourgogne)Retour sur les laquo traitements grecs de -ns- raquo 127

Alain BlanC (Universiteacute de Rouen)Langue eacutepique parler des aegravedes et datifs en -εσσι 137

Jean-Louis PerPillou (Universiteacute de Paris 4-Sorbonne)Le wanax entre actif et moyen 153

sommaire

Massimo Perna (Universitagrave degli Studi Suor Orsola Benincasa Naples)Michel Lejeune et la fiscaliteacute myceacutenienne 169

Florica BeChet (Universiteacute de Bucarest)Sur le genre masculin des plantes leacutegumineuses en grec ancien 179

Jean-Pierre levet (Universiteacute de Limoges)En amont de lrsquoindo-europeacuteen les enseignements eurasiatiquesde J Greenberg et de quelques vieux hydronymes 195

ii - Les langues de lrsquoitalie antique

Pierre-Yves lamBert (EPHE CNRS AIBL)Michel Lejeune et le deacutefi des inscriptions nouvelles 217

La langue eacutetrusque

Dominique Briquel (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)Qursquoest ce que la glose TLE 848 = Festus 162 L (nepos) hellipTuscis dicitur peut nous apprendre sur la langue eacutetrusque 237suivi deJacques sChamP (Universiteacute de Fribourg Suisse)Pour une eacutetude des milieux latins de Constantinople 255

Jean hadas-leBel (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lrsquoœnochoeacute putlumza un pocolom eacutetrusque 273

Gilles van heems (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lire eacutecrire compter quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur le systegravemenumeacuteral eacutetrusque en marge des travaux de Michel Lejeune 287

Les langues italiques

Fabrice Poli (Universiteacute de Bourgogne)Relecture de lrsquoinscription osque Vetter 132 321

Emmanuel duPraz (Universiteacute de Rouen)Lrsquoinscription frentanienne Ve 173 = Ri Fr 2 la tradition poeacutetiqueitalique et le nom-racine h2ep- laquo eaux courantes raquo 331

Vincent martzloff (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Questions drsquoexeacutegegravese piceacutenienne 359

index

Index des mots et des formes eacutetudieacutes 381Index des documents et corpus eacutepigraphiques 395Index des auteurs et des passages eacutetudieacutes 399

Liste des contributeurs (coordonneacutees mai 2009) 405

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 3: Tap Lejeune Van Heems 091105

Maison de lrsquoorient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux

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Publications dirigeacutees par Jean-Baptiste Yon

Dans la mecircme collection Seacuterie linguistique et philologique

CMO 7 Ling 1 L BASSET Les emplois peacuteriphrastiques du verbe grec μέλλειν 1979 245 p

CMO 20 Ling 2 L BASSET La syntaxe de lrsquoimaginaire Eacutetude des modes et des neacutegations dans lrsquoIliade et lrsquoOdysseacutee 1989 264 p

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CMO 32 Ling 3 L BASSET Lrsquoimaginer et le dire Scripta minora 2004 366 p (ISBN 2-903264-25-2)

CMO 33 Ling 4 L BASSET et F BIVILLE (eacuteds) Les jeux et les ruses de lrsquoambiguiumlteacute volontaire dans les textes grecs et latins 2005 248 p

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CMO 41 Ling 5 F BIVILLE et D VALLAT (eacuteds) Onomastique et intertextualiteacute dans la litteacuterature latine 2009 236 p

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Autour de Michel Lejeune Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agrave lrsquoUniversiteacute Lumiegravere Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee 2-3 feacutevrier 2006 Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (eacuteds) ndash Lyon Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux 2009 ndash 406 p 25 cm (Collection de la Maison de lrsquoOrient 43)

Mots-cleacutes linguistique indo-europeacuteen grec langues italiques veacutenegravete grec myceacutenien latin eacutetrusque eacutepigraphie morphologie phoneacutetique systegraveme numeacuteral

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Autour de Michel Lejeune

Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agravelrsquoUniversiteacute Lumiegravere-Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee

2-3 feacutevrier 2006

eacutediteacutes par

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm

HiSoMA - UMR 5189 (CNRS - Lyon 2)

soMMAire

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Avant-propos 9

Christine BoYer (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Arriveacutee de la bibliothegraveque personnelle de Michel Lejeune agrave la BibliothegravequeInter-Universitaire Lettres et Sciences Humaines de Lyon (juin 2003) 15

Marie-Josette Perrat (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Le fonds Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-UniversitaireLettres et Sciences Humaines de Lyon 17

i - Linguistique grecque et linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes

Alain Christol (Universiteacute de Rouen)Michel Lejeune et lrsquoeacutetymologie 21

Franccediloise Bader (ePhe Paris)Le nom des Veacutenegravetes et leur expansion 31

Charles de lamBerterie (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)En hommage agrave Michel Lejeune myceacutenien o-wo-weet le nom de lrsquolaquo oreille raquo en grec 79

Louis Basset (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Agrave propos de la nouvelle sifflante sourde forte en grec ancien (M LejeuneTraiteacute de phoneacutetique historique du grec ancien et du myceacutenien sect 96-97) 117

Catherine doBias-lalou (Universiteacute de Bourgogne)Retour sur les laquo traitements grecs de -ns- raquo 127

Alain BlanC (Universiteacute de Rouen)Langue eacutepique parler des aegravedes et datifs en -εσσι 137

Jean-Louis PerPillou (Universiteacute de Paris 4-Sorbonne)Le wanax entre actif et moyen 153

sommaire

Massimo Perna (Universitagrave degli Studi Suor Orsola Benincasa Naples)Michel Lejeune et la fiscaliteacute myceacutenienne 169

Florica BeChet (Universiteacute de Bucarest)Sur le genre masculin des plantes leacutegumineuses en grec ancien 179

Jean-Pierre levet (Universiteacute de Limoges)En amont de lrsquoindo-europeacuteen les enseignements eurasiatiquesde J Greenberg et de quelques vieux hydronymes 195

ii - Les langues de lrsquoitalie antique

Pierre-Yves lamBert (EPHE CNRS AIBL)Michel Lejeune et le deacutefi des inscriptions nouvelles 217

La langue eacutetrusque

Dominique Briquel (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)Qursquoest ce que la glose TLE 848 = Festus 162 L (nepos) hellipTuscis dicitur peut nous apprendre sur la langue eacutetrusque 237suivi deJacques sChamP (Universiteacute de Fribourg Suisse)Pour une eacutetude des milieux latins de Constantinople 255

Jean hadas-leBel (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lrsquoœnochoeacute putlumza un pocolom eacutetrusque 273

Gilles van heems (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lire eacutecrire compter quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur le systegravemenumeacuteral eacutetrusque en marge des travaux de Michel Lejeune 287

Les langues italiques

Fabrice Poli (Universiteacute de Bourgogne)Relecture de lrsquoinscription osque Vetter 132 321

Emmanuel duPraz (Universiteacute de Rouen)Lrsquoinscription frentanienne Ve 173 = Ri Fr 2 la tradition poeacutetiqueitalique et le nom-racine h2ep- laquo eaux courantes raquo 331

Vincent martzloff (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Questions drsquoexeacutegegravese piceacutenienne 359

index

Index des mots et des formes eacutetudieacutes 381Index des documents et corpus eacutepigraphiques 395Index des auteurs et des passages eacutetudieacutes 399

Liste des contributeurs (coordonneacutees mai 2009) 405

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 4: Tap Lejeune Van Heems 091105

coLLection de LA MAison de Lrsquoorient et de LA MeacutediterrAneacutee 43seacuterie Linguistique et phiLoLogique 6

Autour de Michel Lejeune

Actes des Journeacutees drsquoeacutetude organiseacutees agravelrsquoUniversiteacute Lumiegravere-Lyon 2 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee

2-3 feacutevrier 2006

eacutediteacutes par

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm

HiSoMA - UMR 5189 (CNRS - Lyon 2)

soMMAire

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Avant-propos 9

Christine BoYer (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Arriveacutee de la bibliothegraveque personnelle de Michel Lejeune agrave la BibliothegravequeInter-Universitaire Lettres et Sciences Humaines de Lyon (juin 2003) 15

Marie-Josette Perrat (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Le fonds Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-UniversitaireLettres et Sciences Humaines de Lyon 17

i - Linguistique grecque et linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes

Alain Christol (Universiteacute de Rouen)Michel Lejeune et lrsquoeacutetymologie 21

Franccediloise Bader (ePhe Paris)Le nom des Veacutenegravetes et leur expansion 31

Charles de lamBerterie (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)En hommage agrave Michel Lejeune myceacutenien o-wo-weet le nom de lrsquolaquo oreille raquo en grec 79

Louis Basset (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Agrave propos de la nouvelle sifflante sourde forte en grec ancien (M LejeuneTraiteacute de phoneacutetique historique du grec ancien et du myceacutenien sect 96-97) 117

Catherine doBias-lalou (Universiteacute de Bourgogne)Retour sur les laquo traitements grecs de -ns- raquo 127

Alain BlanC (Universiteacute de Rouen)Langue eacutepique parler des aegravedes et datifs en -εσσι 137

Jean-Louis PerPillou (Universiteacute de Paris 4-Sorbonne)Le wanax entre actif et moyen 153

sommaire

Massimo Perna (Universitagrave degli Studi Suor Orsola Benincasa Naples)Michel Lejeune et la fiscaliteacute myceacutenienne 169

Florica BeChet (Universiteacute de Bucarest)Sur le genre masculin des plantes leacutegumineuses en grec ancien 179

Jean-Pierre levet (Universiteacute de Limoges)En amont de lrsquoindo-europeacuteen les enseignements eurasiatiquesde J Greenberg et de quelques vieux hydronymes 195

ii - Les langues de lrsquoitalie antique

Pierre-Yves lamBert (EPHE CNRS AIBL)Michel Lejeune et le deacutefi des inscriptions nouvelles 217

La langue eacutetrusque

Dominique Briquel (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)Qursquoest ce que la glose TLE 848 = Festus 162 L (nepos) hellipTuscis dicitur peut nous apprendre sur la langue eacutetrusque 237suivi deJacques sChamP (Universiteacute de Fribourg Suisse)Pour une eacutetude des milieux latins de Constantinople 255

Jean hadas-leBel (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lrsquoœnochoeacute putlumza un pocolom eacutetrusque 273

Gilles van heems (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lire eacutecrire compter quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur le systegravemenumeacuteral eacutetrusque en marge des travaux de Michel Lejeune 287

Les langues italiques

Fabrice Poli (Universiteacute de Bourgogne)Relecture de lrsquoinscription osque Vetter 132 321

Emmanuel duPraz (Universiteacute de Rouen)Lrsquoinscription frentanienne Ve 173 = Ri Fr 2 la tradition poeacutetiqueitalique et le nom-racine h2ep- laquo eaux courantes raquo 331

Vincent martzloff (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Questions drsquoexeacutegegravese piceacutenienne 359

index

Index des mots et des formes eacutetudieacutes 381Index des documents et corpus eacutepigraphiques 395Index des auteurs et des passages eacutetudieacutes 399

Liste des contributeurs (coordonneacutees mai 2009) 405

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 5: Tap Lejeune Van Heems 091105

soMMAire

Freacutedeacuterique Biville et Isabelle Boehm (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Avant-propos 9

Christine BoYer (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Arriveacutee de la bibliothegraveque personnelle de Michel Lejeune agrave la BibliothegravequeInter-Universitaire Lettres et Sciences Humaines de Lyon (juin 2003) 15

Marie-Josette Perrat (Bibliothegraveque Inter-Universitaire LSH de Lyon)Le fonds Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-UniversitaireLettres et Sciences Humaines de Lyon 17

i - Linguistique grecque et linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes

Alain Christol (Universiteacute de Rouen)Michel Lejeune et lrsquoeacutetymologie 21

Franccediloise Bader (ePhe Paris)Le nom des Veacutenegravetes et leur expansion 31

Charles de lamBerterie (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)En hommage agrave Michel Lejeune myceacutenien o-wo-weet le nom de lrsquolaquo oreille raquo en grec 79

Louis Basset (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Agrave propos de la nouvelle sifflante sourde forte en grec ancien (M LejeuneTraiteacute de phoneacutetique historique du grec ancien et du myceacutenien sect 96-97) 117

Catherine doBias-lalou (Universiteacute de Bourgogne)Retour sur les laquo traitements grecs de -ns- raquo 127

Alain BlanC (Universiteacute de Rouen)Langue eacutepique parler des aegravedes et datifs en -εσσι 137

Jean-Louis PerPillou (Universiteacute de Paris 4-Sorbonne)Le wanax entre actif et moyen 153

sommaire

Massimo Perna (Universitagrave degli Studi Suor Orsola Benincasa Naples)Michel Lejeune et la fiscaliteacute myceacutenienne 169

Florica BeChet (Universiteacute de Bucarest)Sur le genre masculin des plantes leacutegumineuses en grec ancien 179

Jean-Pierre levet (Universiteacute de Limoges)En amont de lrsquoindo-europeacuteen les enseignements eurasiatiquesde J Greenberg et de quelques vieux hydronymes 195

ii - Les langues de lrsquoitalie antique

Pierre-Yves lamBert (EPHE CNRS AIBL)Michel Lejeune et le deacutefi des inscriptions nouvelles 217

La langue eacutetrusque

Dominique Briquel (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)Qursquoest ce que la glose TLE 848 = Festus 162 L (nepos) hellipTuscis dicitur peut nous apprendre sur la langue eacutetrusque 237suivi deJacques sChamP (Universiteacute de Fribourg Suisse)Pour une eacutetude des milieux latins de Constantinople 255

Jean hadas-leBel (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lrsquoœnochoeacute putlumza un pocolom eacutetrusque 273

Gilles van heems (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lire eacutecrire compter quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur le systegravemenumeacuteral eacutetrusque en marge des travaux de Michel Lejeune 287

Les langues italiques

Fabrice Poli (Universiteacute de Bourgogne)Relecture de lrsquoinscription osque Vetter 132 321

Emmanuel duPraz (Universiteacute de Rouen)Lrsquoinscription frentanienne Ve 173 = Ri Fr 2 la tradition poeacutetiqueitalique et le nom-racine h2ep- laquo eaux courantes raquo 331

Vincent martzloff (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Questions drsquoexeacutegegravese piceacutenienne 359

index

Index des mots et des formes eacutetudieacutes 381Index des documents et corpus eacutepigraphiques 395Index des auteurs et des passages eacutetudieacutes 399

Liste des contributeurs (coordonneacutees mai 2009) 405

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

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wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 6: Tap Lejeune Van Heems 091105

sommaire

Massimo Perna (Universitagrave degli Studi Suor Orsola Benincasa Naples)Michel Lejeune et la fiscaliteacute myceacutenienne 169

Florica BeChet (Universiteacute de Bucarest)Sur le genre masculin des plantes leacutegumineuses en grec ancien 179

Jean-Pierre levet (Universiteacute de Limoges)En amont de lrsquoindo-europeacuteen les enseignements eurasiatiquesde J Greenberg et de quelques vieux hydronymes 195

ii - Les langues de lrsquoitalie antique

Pierre-Yves lamBert (EPHE CNRS AIBL)Michel Lejeune et le deacutefi des inscriptions nouvelles 217

La langue eacutetrusque

Dominique Briquel (Universiteacute Paris 4-Sorbonne ndash EPHE)Qursquoest ce que la glose TLE 848 = Festus 162 L (nepos) hellipTuscis dicitur peut nous apprendre sur la langue eacutetrusque 237suivi deJacques sChamP (Universiteacute de Fribourg Suisse)Pour une eacutetude des milieux latins de Constantinople 255

Jean hadas-leBel (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lrsquoœnochoeacute putlumza un pocolom eacutetrusque 273

Gilles van heems (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Lire eacutecrire compter quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur le systegravemenumeacuteral eacutetrusque en marge des travaux de Michel Lejeune 287

Les langues italiques

Fabrice Poli (Universiteacute de Bourgogne)Relecture de lrsquoinscription osque Vetter 132 321

Emmanuel duPraz (Universiteacute de Rouen)Lrsquoinscription frentanienne Ve 173 = Ri Fr 2 la tradition poeacutetiqueitalique et le nom-racine h2ep- laquo eaux courantes raquo 331

Vincent martzloff (Universiteacute Lumiegravere-Lyon 2)Questions drsquoexeacutegegravese piceacutenienne 359

index

Index des mots et des formes eacutetudieacutes 381Index des documents et corpus eacutepigraphiques 395Index des auteurs et des passages eacutetudieacutes 399

Liste des contributeurs (coordonneacutees mai 2009) 405

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

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torP A 1902 Etruskische Beitraumlge I Leipzig

tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 7: Tap Lejeune Van Heems 091105

Lire eacutecrire coMpter queLques reacutefLexions et hYpothegraveses sur Le sYstegraveMe

nuMeacuterAL eacutetrusque en MArge des trAVAux de MicheL Lejeune 1

Gilles van heems

Universiteacute Lumiegravere-Lyon2reacutesumeacute

Cette eacutetude consacreacutee aux numeacuteraux eacutetrusques srsquoarticule en deux parties bien distinctes La premiegravere preacutesente un document ineacutedit de M Lejeune il srsquoagit des diffeacuterentes entreacutees consacreacutees aux termes de la numeacuteration eacutetrusque et destineacutees au volume II du Thesaurus linguae Etruscae resteacute sans suite On eacutetudie agrave cette occasion lrsquoapport de M Lejeune agrave une question reacutecurrente de la recherche linguistique eacutetrusque La seconde partie propose une hypothegravese susceptible de rendre compte de la variation observeacutee dans la graphie du numeacuteral eacutetrusque de rang lsquo1rsquo θu ~ θun Lrsquoideacutee exposeacutee ici est que θun est la forme drsquoaccusatif de θu et que sa flexion trahit un rapport avec la cateacutegorie des pronoms Apregraves une eacutetude exhaustive des contextes drsquoattestation du numeacuteral on cherche agrave comprendre en particulier agrave lrsquoaide de la typologie linguistique pourquoi ce numeacuteral agrave lrsquoexclusion de tout autre connaicirct une forme distincte drsquoaccusatif et ce que ce deacutetail morphosyntaxique a agrave nous dire sur ce numeacuteral tregraves particulier

aBstraCt

Dedicated to Etruscan numerals this study is divided into two separate halves In the first half the Author presents an umpublished paper by M Lejeune which contains various entries concerning terms of Etruscan numeration destined for the project of a Thesaurus linguae Etruscae volume II thereafter abandoned In such a way M Lejeunersquos contribution to this important question is examined In the second half the A attempts to explain the orthographical variation of the first numeral

1 La preacutesente version de cet article est consideacuterablement reacuteduite par rapport agrave la communication initiale nos consideacuterations sur le systegraveme de notation des nombres paraicirctront agrave part Elle a en revanche beacuteneacuteficieacute des commentaires qursquoelle a susciteacutes de la part de L Agostiniani lors du colloque et des fructueuses discussions que jrsquoai eues avec V Belfiore lors de sa phase drsquolaquo eacutelaboration raquo Je tiens agrave les remercier chaleureusement tous deux ici

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 8: Tap Lejeune Van Heems 091105

2 2 g van heems

θu ~ θun Here it is suggested that qun might be the accusative form of qu and that its inflexion might reveal a pronominal origin After a close study of all the attestations of this numeral the A resorts to language typology in order to explain why this numeral alone receives a distinctive mark of the accusative and which conclusions we are allowed to infer from this phenomenon

introduction

Lrsquointense activiteacute de M Lejeune on le sait a toucheacute agrave peu pregraves toutes les langues du Bassin meacutediterraneacuteen antique qursquoelles soient de souche indo-europeacuteenne ou non et parmi ces derniegraveres lrsquoeacutetrusque nrsquoa certes pas eacuteteacute neacutegligeacute Deux domaines de la linguistique eacutetrusque ont tout particuliegraverement eacuteveilleacute son inteacuterecirct la question de la genegravese de lrsquoeacutecriture eacutetrusque drsquoune part sous le double aspect de son laquo histoire externe raquo et de son laquo histoire interne raquo pour reprendre les termes mecircmes de M Lejeune 2 et le systegraveme numeacuteral drsquoautre part qui recoupe drsquoailleurs en partie la premiegravere question puisque le savant srsquoest eacutegalement interrogeacute sur la genegravese drsquoun systegraveme de notation des nombres et sur sa transmission (lagrave aussi laquo interne raquo pour comprendre comment ce systegraveme graphique eacutetait enseigneacute et dans quelle mesure il a ou non conserveacute son autonomie par rapport agrave lrsquoautre systegraveme drsquoeacutecriture de lrsquoeacutetrusque lrsquoalphabet et laquo externe raquo puisque ce systegraveme de notation srsquoest lui aussi exporteacute) La question de lrsquoalphabet eacutetrusque de sa formation et de sa diffusion en un mot de son enseignement par des maicirctres eacutetrusques agrave des eacutelegraveves ndash qursquoils soient eacutetrusques ou eacutetrangers ndash avait fait lrsquoobjet de deux interventions lors de la journeacutee drsquohommage agrave M Lejeune organiseacutee en mai 2005 agrave la Bibliothegraveque Denis Diderot de Lyon 3 Crsquoest pourquoi je mrsquointeacuteresserai plutocirct dans cette eacutetude au sujet auquel M Lejeune a consacreacute une bonne part de son activiteacute scientifique au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt le systegraveme numeacuteral eacutetrusque Cette circonstance me semble drsquoautant plus adapteacutee que ce colloque reacuteunit L Agostiniani qui a offert agrave la communauteacute scientifique il y a une dizaine drsquoanneacutees une eacutetude remarquable sur le systegraveme numeacuteral eacutetrusque 4 qui doit constituer le point de deacutepart obligeacute de tout nouveau reacuteexamen de la question et P Poccetti qui de son cocircteacute preacutepare lrsquoeacutedition des scripta minora de M Lejeune

Mon eacutetude prendra une forme quelque peu atypique puisqursquoelle est articuleacutee en deux parties assez diffeacuterentes lrsquoune de lrsquoautre la premiegravere entend dresser une preacutesentation des travaux que M Lejeune a consacreacutes au systegraveme numeacuteral eacutetrusque et est centreacutee autour drsquoun texte de M Lejeune resteacute ineacutedit lrsquoautre en revanche

2 Voir le titre de son article programmatique ndash resteacute (encore) sans eacutecho ndash paru dans les Studi Etruschi en 1985 qui militait laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo (cf Lejeune 1985)

3 Voir les communications de P-Y Lambert et G Van Heems qui devraient ecirctre publieacutees en ligne

4 Agostiniani 1995

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 9: Tap Lejeune Van Heems 091105

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

propose quelques reacuteflexions et hypothegraveses sur ce systegraveme et srsquoefforce ainsi de rendre un hommage dynamique au maicirctre des eacutetudes de linguistique eacutetrusque et italique en France

1 M Lejeune et le systegraveme numeacuteral eacutetrusque

On peut dater avec une certaine preacutecision lrsquoeacutepoque agrave laquelle M Lejeune srsquoest inteacuteresseacute au systegraveme numeacuteral eacutetrusque ainsi que le contexte laquo scientifique raquo dans lequel est neacutee et srsquoest inscrite cette recherche peut-ecirctre degraves la toute fin des anneacutees soixante-dix en tout cas en 1980 et 1981 puisque crsquoest en 1981 que sont publieacutees trois de ces contributions et que la mecircme anneacutee le savant achegraveve une seacuterie drsquoarticles resteacutes ineacutedits mais dont nous allons longuement parler consacreacutes aux numeacuteraux eacutetrusques Les trois articles concerneacutes qui sont bien connus des eacutetruscologues sont

1 laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo REL 59 1981 p 69-772 laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo BSL 76 1981

p 241-2483 laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo RPh 55 1981 p 15-19

Le dernier de ces titres ne concerne qursquoincidemment la question des numeacuteraux mais sa lecture indique de maniegravere indubitable qursquoil est directement neacute des recherches meneacutees par le savant sur les numeacuteraux 5 Le sous-titre de lrsquoarticle de la Revue de Philologie sur avil(s) laquo essai lexical raquo 6 ainsi que la longue introduction qui lrsquoouvre permettent de comprendre dans quel cadre et dans quel contexte ces recherches ont vu le jour M Lejeune travaillait agrave cette eacutepoque agrave la reacutedaction drsquoune seacuterie drsquoarticles sur les laquo termes de la numeacuteration raquo destineacutee au second volume du Thesaurus Linguae Etruscae alors en preacuteparation les entreacutees furent reacutedigeacutees avec diligence mais ne furent malheureusement jamais publieacutees en raison de lrsquoabandon du projet Il est indispensable de preacutesenter ce projet international si lrsquoon veut correctement comprendre le document ineacutedit que nous allons preacutesenter il srsquoagit en outre drsquoune question drsquoactualiteacute puisque ce laquo second volume raquo du Thesaurus est agrave nouveau en gestation

La publication du premier volume du Thesaurus dont le sous-titre Indice lessicale est significatif marque un moment important de lrsquohistoire de lrsquoeacutetruscologie On pourrait en effet voir en ce Thesaurus lrsquoœuvre cleacute de ce qursquoon pourrait appeler la laquo nouvelle linguistique eacutetrusque raquo eacutetant donneacute qursquoil reacutesume agrave lui seul les principes

5 Lrsquoauteur justifie le choix de ce lexegraveme ainsi laquo Nous avons choisi le premier mot dans lrsquoordre alphabeacutetique qui se preacutesente avec une documentation suffisamment abondante et une signification assez bien eacutetablie raquo (art cit p 15) Mais cet article est avant tout une eacutetude des formulaires drsquoexpression de lrsquoacircge dans les eacutepitaphes dont le substantif avil est un eacuteleacutement central et qui sont par ailleurs la source principale avec le rituel de la Momie de Zagreb qui nous font connaicirctre la structure linguistique des numeacuteraux eacutetrusques

6 Il srsquoagit tout simplement drsquoune proposition drsquoorganisation des diffeacuterentes entreacutees du volume II du Thesaurus Linguae Etruscae (doreacutenavant abreacutegeacute ThLE II) alors (et deacutejagrave) en gestation

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 10: Tap Lejeune Van Heems 091105

20 20 g van heems

et les buts de la geacuteneacuteration de chercheurs qui agrave la fin des anneacutees soixante et tout au long des anneacutees soixante-dix a reacutenoveacute en profondeur ce domaine de lrsquoeacutetruscologie en mettant au centre de son attention les questions de meacutethode 7 puisque les bases de ce vaste lexique sont poseacutees lors du fameux colloque de lrsquoIstituto di Studi etruschi ed italici de 1969 agrave Florence preacuteciseacutement consacreacute aux laquo Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco raquo et destineacute agrave faire le point sur lrsquoeacutetat de nos connaissances agrave lrsquoeacutepoque et sur lrsquoavenir du secteur eacutepigraphique et linguistique de lrsquoeacutetruscologie 8 Crsquoest agrave cette occasion que M Pallottino annonce officiellement que les travaux preacuteparatoires en vue drsquoun Thesaurus sont acheveacutes et ouvre le deacutebat qui nrsquoest en un sens toujours pas vraiment reacutesolu aujourdrsquohui de savoir si lrsquoon doit concevoir ce Thesaurus comme un simple index des formes attesteacutees ou bien comme un veacuteritable laquo dictionnaire raquo indiquant pour chaque lexegraveme assureacute ou preacutesumeacute lrsquoeacutetat de nos connaissances certaines probables voire neacutegatives 9 Degraves la publication du ThLE I en 1978 le principe drsquoun laquo second volume raquo est admis et sa preacuteparation annonceacutee 10 mais celle-ci ne commence concregravetement qursquoau deacutebut de lrsquoanneacutee 1980 et est encore une fois due agrave lrsquoeacutenergie de M Pallottino qui invita ses collegravegues de toutes les nations speacutecialistes drsquoeacutepigraphie et de linguistique eacutetrusques agrave prendre part au projet et pour commencer agrave le deacutefinir 11 Dans ce projet reposant sur une collaboration internationale la section franccedilaise de lrsquoInstitut drsquoeacutetudes eacutetrusques et italiques alors dirigeacutee par R Bloch ne pouvait que jouer un grand rocircle et lrsquoon peut dire que parmi les savants francophones 12 qui reacutepondirent agrave lrsquoappel de M Pallottino M Lejeune fut certainement celui qui travailla le plus activement agrave ce projet non seulement en achevant tregraves rapidement la partie du travail qui lui eacutetait eacutechue mais aussi et surtout en proposant des lignes directrices et des principes de reacutedaction qui

7 M Pallottino et ses eacutelegraveves en particulier C De Simone ont joueacute un grand rocircle dans cette laquo refondation raquo agrave laquelle apportegraverent aussi une contribution fondamentale H Rix en Allemagne et M Lejeune en France Le colloque organiseacute agrave Florence en 1969 preacuteciseacutement sur Le ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco (cf Cristofani (eacuted) 1973) est embleacutematique de ce climat scientifique particuliegraverement feacutecond

8 Le sous-titre du colloque Problemi prospettive programmi est de ce point de vue tregraves clair

9 Cf M Pallottino in Cristofani (eacuted) 1973 p 23 laquo A proposito del lessico esiste un accordo tra lrsquoIstituto di Etruscologia dellrsquoUniversitagrave di Roma e lrsquoIstituto di Studi Etruschi in vista della pubblicazione di un thesaurus la cui schedatura egrave ormai stata completata presso lrsquoIstituto romano Lo schedario fu impiantato sotto la mia guida da de Simone poi continuato da Cristofani ed ora affidato ai dottori Pandolfini e Morandi qui presenti () credo che la nostra discussione debba vertere su questo se il thesaurus sia da concepire come un vero e proprio vocabolario della lingua etrusca o come un puro e semplice indice lessicale raquo Le deacutebat se poursuit p 23-30 et se conclut sur une sorte de laquo compromis raquo qui trouverait son expression ideacuteale dans la constitution de deux volumes distincts

10 M Pallottino conclut ainsi sa preacuteface au ThLE I (p 9) laquo La seconda opera egrave giagrave in preparazione raquo

11 Sur ce projet et son organisation voir le reacutecit drsquoun de ses principaux acteurs Pandolfini Angeletti 1997 p 465 sq

12 Pour la Belgique R Lambrechts pour la France citons principalement R Bloch J Heurgon et M Lejeune

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 11: Tap Lejeune Van Heems 091105

21lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 21

furent choisis 13 et sur lesquels nous allons revenir Pourtant malgreacute cet enthousiasme et lrsquoimportant travail fourni par certains collaborateurs 14 le projet nrsquoest jamais arriveacute agrave son terme sans toutefois ecirctre abandonneacute relanceacutee drsquoabord agrave la fin des anneacutees quatre-vingt puis en 1994 conjointement cette fois-ci agrave une reacuteeacutedition du premier volume la parution du second volume du Thesaurus Linguae Etruscae a eacuteteacute annonceacutee par E Benelli qui est chargeacute de coordonner les deux volumes (dont le premier doit sortir de presse incessamment) peut-ecirctre avec un peu trop drsquooptimisme pour 2008 Il faudra sans doute compter sur une nouvelle collaboration internationale et espeacuterons que nous saurons donner suite aux brillantes contributions de M Lejeune laisseacutees malheureusement sans eacutecho et que jrsquoaimerais preacutesenter ici

Le manuscrit ineacutedit de M Lejeune ndash qursquoa bien voulu me laisser consulter J-P Thuillier qui en possegravede une copie et que jrsquoaimerais remercier ndash comporte 32 feuillets composeacutes de 30 entreacutees de longueur bien eacutevidemment ineacutegale 15 sur ces 30 entreacutees on a quinze articles agrave proprement parler et quinze renvois On note immeacutediatement la volonteacute drsquoexhaustiviteacute qui a animeacute M Lejeune le savant traite non seulement les numeacuteraux cardinaux mais eacutegalement leurs deacuteriveacutes directs (ordinaux et adverbes) ou encore les lexegravemes deacuteriveacutes (ou preacutetendument deacuteriveacutes) drsquoun numeacuteral (comme zelarvenas zelur śarvenas śarśnauś) Pour compleacuteter son eacutetude M Lejeune a adjoint la particule -em qui nrsquoest pas un numeacuteral mais une postposition qui nrsquoa pas drsquoautre emploi en eacutetrusque en dehors de la formation de syntagmes numeacuteraux 16 Les adverbes figurent dans lrsquoindex mais sont traiteacutes sous le cardinal correspondant (voir par exemple lrsquoentreacutee ci) quant aux ordinaux 17 ils ne forment pas une entreacutee agrave part mais sont eux aussi eacutetudieacutes agrave la suite du cardinal correspondant

Pour compleacuteter la preacutesentation de cet ineacutedit je tiens agrave attirer lrsquoattention sur la structure de ces articles qui montre que M Lejeune avait profondeacutement reacutefleacutechi

13 Ces lignes directrices sont celles qursquoil expose dans lrsquoarticle programmatique deacutejagrave citeacute (Lejeune 1981c) Sur le modegravele alternatif preacuteconiseacute par H Rix mais plus difficile agrave mettre en œuvre voir Pandolfini Angeletti art cit p 465

14 Drsquoapregraves M Pandolfini Angeletti (art cit p 467 et n 2-4) outre M Lejeune R Bloch C De Simone R Lambrechts AJ Pfiffig et H Rix avaient reacutedigeacute des articles fournis

15 Ce texte est eacutediteacute en annexe

16 Comme on sait cette postposition entre dans la composition des nombres composeacutes lsquoD(izaine) + 7 8 ou 9rsquo (= seacuteries lsquo17 18 19rsquo lsquo27 28 29rsquo etc) Sur ces formations soustractives voir Lejeune 1981b Agostiniani 1995 p 45-47 et pour la deacutefinition de -em comme postposition notre propre deacuteveloppement infra

17 Le meilleur exemple est la forme zaqrumsne du Liber traiteacutee sous zaqrum M Lejeune mentionne eacutegalement śarśnauś mais il accueille avec circonspection lrsquointerpreacutetation ordinale enfin on peut ajouter le geacuten huqs de la tombe des Charons (ET Ta 781) pour lequel M Lejeune adopte lrsquohypothegravese proposeacutee par M Pallottino qui fait de cette forme un eacutequivalent fonctionnel du cardinal (compris comme laquo le quatriegraveme raquo) Cf Pallottino 1962 p 303-304 les arguments toutefois en faveur de lrsquoeacutequation huq = lsquo6rsquo (et corollairement sa = lsquo4rsquo) sont nous semble-t-il deacuteterminants voir Agostiniani art cit p 27-30

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aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

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Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

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comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 12: Tap Lejeune Van Heems 091105

22 22 g van heems

aux questions meacutethodologiques qui sous-tendent la reacutealisation drsquoun tel volume 18 ndash et qui peuvent agrave ce titre inteacuteresser non seulement les eacutetruscologues mais aussi les linguistes que preacuteoccupent les questions de lexicologie Chaque article comprend les paragraphes suivants

1 inventaire des attestations qui sont citeacutees dans leur contexte immeacutediat (pour les six nombres inscrits sur les deacutes de Vulci est indiqueacute en outre le numeacuteral inscrit sur la face opposeacutee) avec renvois aux TLE ou agrave la REE les passages citeacutes sont traduits dans la mesure du possible

2 eacuteventuellement inventaire des variantes diatopiques etou diachroniques (avec explication ou hypothegraveses explicatives concernant leur forme)

3 eacutetude morphosyntaxique flexion formation des numeacuteraux laquo complexes raquo (crsquoest-agrave-dire des numeacuteraux composeacutes drsquoune dizaine et drsquoune uniteacute) formation des deacuteriveacutes (ordinal adverbe lexegravemes eacuteventuellement deacuteriveacutes)

enfin srsquoil y a lieu on trouve un paragraphe eacutetymologique qui peut ecirctre de deux types ndash soit il prend la forme drsquoun rappel des rapprochements eacutetymologiques proposeacutes

par les linguistes suivi drsquoune critique serreacutee et fine M Lejeune eacutelimine eacutevidemment les rapprochements absurdes qursquoil ne mentionne mecircme pas 19 mais ne conserve que les rapprochements deacutefendables comme le nom preacutehelleacutenique (peacutelasgique) OcircUtthniva sv huq ou la glose TLE 2 858 Xosfer = october sv cesp-

ndash soit il srsquoagit drsquoune eacutetude des eacuteventuelles correspondances avec le lemnien ainsi un long deacuteveloppement est consacreacute aux formes attesteacutees sur la stegravele de Kaminia agrave la fin de lrsquoarticle śealc- Or ce plan est tregraves preacuteciseacutement celui de laquo lrsquoordonnance de la description raquo qursquoil preacuteconise dans son article programmatique laquo Eacutetrusque avil(s) raquo et lrsquoon peut dire que ces pages manuscrites sont lrsquoillustration exemplaire des principes mis en avant dans son article de la Revue de Philologie

Drsquoapregraves cet article en effet les entreacutees du ThLE II doivent se deacutecomposer de la maniegravere suivante 20

18 Les principaux obstacles inheacuterents agrave la constitution de ce type drsquoouvrage sont rapidement preacutesenteacutes in Lejeune 1981c p 15 avec une grande pertinence laquo Les difficulteacutes particuliegraveres propres agrave cette entreprise sont de deux ordres Drsquoune part (est-il besoin de le rappeler ) un tregraves grand nombre de termes nous demeurent soit totalement soit partiellement obscurs () Drsquoautre part (peacuteril plus insidieux) la structure de la langue nous est meacutediocrement connue lui surimposer les cateacutegories grammaticales du latin par exemple crsquoest courir grand risque de fausser la description il conviendra de chercher empiriquement des modes de preacutesentation qui sans rompre entiegraverement avec une nomenclature traditionnelle puissent demeurer suffisamment prudents raquo

19 Inutile de preacuteciser que ces rapprochements sont particuliegraverement nombreux dans le domaine des numeacuteraux Lrsquoun des plus fameux est celui que certains eacutetablissent entre eacutetr qu et i-e dwō- lsquo2rsquo au meacutepris de lrsquoeacutevidence textuelle (voir les conclusions drsquolaquo indo-europeacuteaneacuteistes raquo comme Trombetti 1928 p 167 ou Goldmann 1930 p 254 sur ce numeacuteral et sa valeur nous renvoyons agrave ce que nous disons infra)

20 La citation se trouve in Lejeune 1981c p 15-16

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 13: Tap Lejeune Van Heems 091105

23lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 23

bull Premier alineacutea inventaire des formes indication de freacutequence pour chacune aperccedilu de la chronologie des attestations (et aussi quand neacutecessaire de leur distribution geacuteographique) Il est implicitement renvoyeacute au t I pour le deacutetail des reacutefeacuterences

bull Deuxiegraveme alineacutea deacutefinition seacutemantique et discussion deacutetailleacutee des contextesbull Troisiegraveme alineacutea statut grammatical des formesbull Quatriegraveme alineacutea srsquoil y a lieu rapprochements envisageables agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoeacutetrusque

(ou eacuteventuellement agrave lrsquointeacuterieur du tyrrheacutenien au sens large en y englobant le lemnien et la composante eacutetruscoiumlde du reacutetique) Ou encore le cas eacutecheacuteant signalement des emprunts (faits agrave une autre langue par lrsquoeacutetrusque ou agrave lrsquoeacutetrusque par une autre langue)

bull Alineacutea final bibliographie seacutelective (drsquoougrave seront notamment eacutelimineacutees par principe toutes les approches preacutetendument eacutetymologiques)

Ainsi est-on en mesure gracircce agrave ce document aux articles publieacutes et aux ouvrages de sa bibliothegraveque personnelle annoteacutes par sa main de retracer les questions qui occupaient M Lejeune au tout deacutebut des anneacutees quatre-vingt il srsquoagit drsquoun examen exhaustif du systegraveme numeacuteral eacutetrusque puisqursquoil traite tant des aspects morphosyntaxiques de la question 21 que plus geacuteneacuteralement des processus de formation des diffeacuterents nombres et du systegraveme graphique eacutelaboreacute pour les noter 22 Dans la ligneacutee de ces travaux jrsquoaimerais tregraves modestement proposer une hypothegravese sur le premier nombre eacutetrusque

2 Eacutetr qu ~ qun

21 Bien que lrsquoidentification des six premiers numeacuteraux de lrsquoeacutetrusque ait eacuteteacute un chemin long et semeacute drsquoembucircches on peut dire qursquoelle est aujourdrsquohui acquise et plus personne ne conteste que qu ait la valeur de lsquo1rsquo Dans ce patient travail drsquoidentification qui fut sans doute lrsquoune des plus eacuteclatantes reacuteussites de la meacutethode dite laquo combinatoire raquo deux documents la fameuse paire de deacutes de Vulci 23 ougrave les nombres des six faces au lieu drsquoecirctre symboliseacutes par des points sont eacutecrits en toutes lettres et la lamelle bilingue de Pyrgi qui a confirmeacute de maniegravere certaine lrsquoeacutequivalence eacutetr ci = lsquo3rsquo (= pun šlš) ont joueacute un rocircle fondamental 24 Par ailleurs la distribution des formes de pluriel et de singulier apregraves les numeacuteraux 25 a permis drsquoeacutecarter de maniegravere deacutefinitive les tentatives de faire de qu un numeacuteral supeacuterieur agrave 1 26

21 Qui sont exploreacutes surtout dans lrsquoarticle paru dans la Revue des Eacutetudes Latines (Lejeune 1981a) et le document ineacutedit que nous avons preacutesenteacute

22 Sur ces deux derniers points voir tout particuliegraverement Lejeune 1981b

23 Qursquoon a longtemps cru provenir de Tuscania (cf CIE 11115-11116 [= ET AT 014 et 015]) on doit agrave G Colonna drsquoavoir reacuteattribueacute ces objets exceptionnels agrave Vulci et drsquoavoir retraceacute leur histoire depuis leur deacutecouverte et leur achat par le Duc de Luynes jusqursquoagrave leur arriveacutee au Cabinet des Meacutedailles (Colonna 1978 p 115)

24 Pour la meacutethode mise en œuvre voir Lejeune 1981a Agostiniani 1995 p 26-30

25 Sur ce point cf Agostiniani 1995 p 26

26 Pourtant nombreuses ndash et anciennes et malgreacute les travaux de Deecke qui degraves son opuscule de reacutefutation des laquo deacutemonstrations raquo de Corssen avait poseacute le problegraveme hermeacuteneutique des dix premiers

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 14: Tap Lejeune Van Heems 091105

24 24 g van heems

Si ce numeacuteral ne pose donc plus de difficulteacutes seacutemantiques en revanche les deacutetails de sa morphologie restent mal connus puisque si lrsquoon a remarqueacute depuis longtemps qursquoil apparaicirct sous deux formes qu et qun lrsquoeacuteconomie de cette distribution reste obscure 27 En geacuteneacuteral on srsquoaccorde aujourdrsquohui pour faire de qu-n la forme pleine du numeacuteral sur laquelle sont bacirctis les cas obliques ainsi que les deacuteriveacutes et de qu la forme reacuteduite 28 sans qursquoil soit pour autant possible de motiver davantage le choix entre lrsquoune des variantes Nous aimerions tenter si possible de mettre de lrsquoordre dans cette oscillation laquo sans raison apparente raquo en proposant drsquoy voir une opposition flexionnelle qu eacutetant la forme de nominatif de ce numeacuteral et qun sa forme drsquoaccusatif on y gagnerait ndash outre lrsquoeacutelimination drsquoune allomorphie toujours gecircnante ndash de pouvoir classer qu parmi les pronoms

22 Examen de la distribution des formes

Cette interpreacutetation assez seacuteduisante sur le papier doit faire le compte des eacutevidences textuelles La distribution fonctionnelle proposeacutee ici pour les formes qu et qun semble opeacuteratoire dans les cas suivants

221 Les deux deacutes de Vulci 29 donnent comme unique forme pour le numeacuteral lsquo1rsquo qu or crsquoest bien la forme de nominatif que lrsquoon srsquoattend agrave trouver sur la face drsquoun deacute et non une forme fonctionnellement marqueacutee 30 drsquoailleurs sur les autres faces de ces deacutes on trouve la forme drsquoabsolutif qui a des chances de jouer ici le rocircle de casus pendens On a tregraves probablement un autre exemple de ce type drsquoemploi dans le texte inscrit sous le pied drsquoune pategravere de Chiusi ougrave qu est inscrit en dessous du dernier mot de lrsquoinscription 31 et est visiblement seacutepareacute du reste du texte 32 il srsquoagit agrave notre avis de lrsquoeacutequivalent des symboles chiffreacutes que lrsquoon trouve souvent au fond des vases

numeacuteraux eacutetrusques sur de saines bases (cf Deecke 1875 p 4-13) et ceux de Torp 1902 p 64 sq qui reacutetablit correctement la seacutequence des six nombres des deacutes de Vulci nombreux furent les passionneacutes drsquoeacutetymologie agrave chercher agrave la reacutefuter sous la suggestion de pseudo-rapprochements eacutetymologiques Pour une revue de la bibliographie ancienne et des diffeacuterentes propositions voir Pfiffig 1969 p 123 sq

27 Cf deacutejagrave W Deecke in Muumlller-Deecke 1877 II p 511

28 Voir entre autres Pfiffig 1969 p 124 Lejeune document ineacutedit sv qu (cf annexe) Henry 1982-1983 p 24 (laquo La forme primitive [scil de qu] pouvait ecirctre qun agrave en juger par qunem tunur raquo) Agostiniani 1995 p 26 laquo Il numerale per lsquo3rsquo [coquille pour lsquo1rsquo] si presenta in due varianti apparentemente libere qu e qun ma qun egrave comunque la forma piena che si ritrova in derivati come qunz lsquouna voltarsquo o qun-em nelle forme sottrattive (su cui piugrave avanti) raquo

29 Nous rappelons les formes inscrites sur les six faces de ces deux deacutes (ET AT 014-015) par couples opposeacutes qu huq zal mac ci sa

30 Le principe agglutinant de la morphologie eacutetrusque prouve en lui-mecircme que le cas appeleacute nominatif (pour les pronoms) ou absolutif (pour les substantifs) est un cas morphologiquement non marqueacute et qursquoil convient bien a priori pour remplir le rocircle du casus pendens (cf Rix 1984 sect 28)

31 Cf Fiesel 1935-1936 p 245 et pl XXXIII

32 ET Cl 226 (pied de pategravere Chiusi ive s av J-C) ta qafna raqiu cleusvinśl qu

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 15: Tap Lejeune Van Heems 091105

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

indiquant soit la capaciteacute du contenant soit son contenu et il est normal que lrsquoon trouve dans cet emploi le laquo cas-zeacutero raquo

Corollairement le plomb de Magliano quoique drsquointerpreacutetation fort deacutelicate pourrait offrir une attestation de la forme qun dans un syntagme objet et confirmer ainsi un emploi de la forme agrave finale nasale dans un groupe agrave lrsquoaccusatif Il srsquoagit du groupe huvi qun inscrit au centre de la face B (et donc agrave la fin de ce texte reacutedigeacute en spirale agrave partir du bord du disque) qui drsquoapregraves une interpreacutetation reacutecente 33 pourrait ecirctre lrsquoobjet du verbe tev (laquo montrer raquo uel sim ici peut-ecirctre agrave lrsquoimpeacuteratif) qui le preacutecegravede Il faut neacuteanmoins reconnaicirctre que la syntaxe de ce passage (et il faut bien le dire de lrsquoensemble du plomb) est loin drsquoecirctre eacutevidente il nrsquoest drsquoailleurs mecircme pas certain que lrsquoon ait la forme qun puisque le texte donne la seacutequence huviqun sans seacuteparation 34

222 Les deux formes articuleacutees attesteacutees pour ce numeacuteral sont quca et quncn Or mecircme si la premiegravere de ces formes nrsquoest pas certaine (la derniegravere lettre du lexegraveme nrsquoest pas lisible) le contexte dans lequel apparaicirct qun-cn ne laisse pas de doutes quant agrave sa nature et sa fonction La forme apparaicirct dans le long (mais lacunaire) cursus honorum inscrit sur le sarcophage drsquoun membre de la gens anina 35

lar[θ] aninas a vipenal clan ramθas ---unuc θuncn σe---σ macst zilc tenu en------e [--] --θ--n v[----]- avil θesnχνa municlat zilaχnce

Comme on nrsquoa pas manqueacute de le faire 36 quncn doit ecirctre analyseacute comme qun-cn ougrave qun est la forme du numeacuteral en -n et -cn le pronom deacutemonstratif enclitique dont les emplois sont bien connus 37 Dans lrsquoinscription en question quncn sert sans doute de deacuteterminant agrave ]unuc qui ouvre la seconde ligne de lrsquoinscription et pour lequel de toute eacutevidence on doit restituer le nom de magistrature [mar]unuc 38 la forme qun-cn tire de sa formation articuleacutee avec un deacuteictique une valeur deacutesignative qui en fait lrsquoeacutequivalent (du point de vue pragmatique srsquoentend 39) drsquoun ordinal et qui sert agrave speacutecifier quel type de marunuc a exerceacute le deacutefunt en lrsquooccurrence quelque chose

33 Wylin 2004 p 215

34 Crsquoest la leccedilon que conserve le CIE ad tit 5237 H Rix et ses collaborateurs dans les ET proposent en revanche la lecture huvi qun

35 ET Ta 1162

36 Voir G Colonna in REE 52 1984 n 10 p 286 suivi par Maggiani 1996 p 110

37 Sur les emplois clitiques des pronoms deacutemonstratifs eacutetrusques nous renvoyons agrave Rix 1984 sect 40 Idem 2004 p 962-963

38 Cf Maggiani 1996 inscr n 21

39 On considegravere que les ordinaux eacutetrusques sont des adjectifs en -na construits sur un laquo eacutelargissement raquo en -ss- de lrsquoordinal (sur le problegraveme poseacute par lrsquooscillation de la sifflante voir infra) Mais lrsquoexistence drsquoune classe drsquoadjectifs ordinaux dans une langue donneacutee nrsquoempecircche pas le deacuteveloppement de formes seacutemantiquement eacutequivalentes du type fr la premiegravere voiture la voiture ndeg 1 Sur lrsquointerpreacutetation de quncn comme quasi-ordinal voir eacutegalement Agostiniani 1995 p 33

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

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adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

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Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 16: Tap Lejeune Van Heems 091105

26 26 g van heems

comme laquo le marunuc celui 1 gt le marunuc ndeg 1 le premier 40 marunuc raquo Or nous disposons drsquoune double preuve nous assurant que le syntagme [mar]unuc quncn est agrave lrsquoaccusatif une preuve morphologique donneacutee par la flexion du pronom enclitique adjoint au numeacuteral et une preuve syntaxique apporteacutee par lrsquoanalyse phrastique de cette partie de lrsquoinscription le syntagme [mar]unuc quncn est sur le mecircme plan que macst 41 et zilc autres noms de magistratures et tous trois deacutependent du verbe technique ten- dont le sujet est lar[q ] aninas et qui est le verbe couramment employeacute pour deacutesigner lrsquoaction drsquoexercer une magistrature (= lat [magistratum] gerere) Lrsquoexistence de la forme qun-cn et correacutelativement la non attestation de la forme qun-ca sont agrave notre sens de solides arguments en faveur drsquoune distribution fonctionnelle (et plus preacuteciseacutement casuelle) des formes qu et qun et ce drsquoautant plus que si lrsquoexistence de la forme quc[a] nrsquoest pas bien eacutetablie 42 en revanche on a plusieurs attestations de la forme quta qui pourrait parfaitement supporter une analyse en qu-ta eacutequivalent exact au nominatif de la forme quncn de la tombe des Anina Ce nrsquoest pas ici le lieu approprieacute pour passer en revue toutes les interpreacutetations de quta dont la nature adjectivale est geacuteneacuteralement admise mais dont les traductions passent de laquo cheacuteri(e) raquo agrave laquo sien propre raquo 43 Jrsquoaimerais toutefois mentionner une hypothegravese tregraves inteacuteressante de B Henry mais passeacutee geacuteneacuteralement inaperccedilue en raison de la diffusion confidentielle de son eacutetude pourtant importante sur les numeacuteraux eacutetrusques 44 Lrsquoauteur propose en effet de voir en qu-ta une forme articuleacutee pour laquelle il suggegravere une valeur drsquoordinal (laquo premier raquo) signification qui drsquoapregraves lui convient aux diffeacuterents contextes dans lesquels il srsquoinsegravere 45 Sans nous pencher sur les quelques inscriptions ougrave apparaicirct ce terme pour voir comment un numeacuteral articuleacute pourrait srsquoy adapter nous avertirons simplement que puisqursquoun emploi de qu articuleacute en fonction de deacuteterminant est attesteacute il faut pour le moins prendre en compte lrsquohypothegravese que qu-ta soit le numeacuteral lsquo1rsquo articuleacute et employeacute comme deacuteterminant ndash mecircme si le sens exact agrave lui donner reste

40 Plutocirct que laquo unique raquo comme le propose Maggiani 1996 dans la mesure ougrave nous est documenteacute plus drsquoun marunuc

41 Il est probable que lrsquoon a affaire agrave une abreacuteviation pour mact(revc) motiveacutee sans doute par la fin de ligne plutocirct qursquoagrave une seule magistrature deacutenommeacutee macst zilc

42 Seul un passage du Liber linteus (ET LL XII6) pourrait eacuteventuellement offrir une attestation de qucạ

43 On est mecircme alleacute jusqursquoagrave en faire la forme eacutetrusque drsquoun emprunt agrave ital touta ou une deacutesignation de la precirctresse

44 Henry 1982-1983 voir en particulier les pages 25 sq

45 Ce qui nrsquoest malheureusement pas nous semble-t-il tout agrave fait eacutevident Si lrsquoon met agrave part lrsquooccurrence de la Momie de Zagreb (ET LL X7 acil ipei quta cnl caśri hellip) drsquointerpreacutetation difficile et la longue eacutepitaphe de la tombe des Boucliers (ET Ta 54 drsquoapregraves la relecture de Morandi 1987) dont le contexte est trop lacunaire quta apparaicirct dans deux syntagmes nominaux une fois avec mec (lamelle de Pyrgi ET Cr 44) et une fois avec ati (eacutepitaphe peinte de la tombe des Qansina agrave San Giuliano ET AT 1193) qui sont indeacuteniablement des substantifs quta a donc neacutecessairement une fonction deacuteterminante et appartient par conseacutequent agrave la classe des adjectifs ou agrave celle des deacuteterminants du nom Dans ce cadre une analyse qu-ta irait parfaitement mecircme si lrsquoon ne peut tirer pour le moment aucune conclusion seacutemantique

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

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le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 17: Tap Lejeune Van Heems 091105

27lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 27

difficile agrave cerner Enfin pour en revenir agrave notre propos il est important de souligner qursquoune forme qun-ta nrsquoest pas plus attesteacutee que qun-ca 46 double absence conforme agrave notre hypothegravese

223 Le laquo deacuteriveacute raquo de qu ndash mais nous verrons que ce terme est impropre ndash le plus freacutequent (4 exemples) est sans doute qun-em dont lrsquoanalyse gracircce aux formes parallegraveles esl-em et ci-em est assureacutee qunem apparaicirct nous lrsquoavons vu dans les composeacutes numeacuteraux agrave structure soustractive pour former les numeacuteraux de la seacuterie lsquoD+9rsquo L Agostiniani a eu le meacuterite de mettre en eacutevidence la structure syntaxique de ces composeacutes ougrave qun-em (ainsi que cela srsquoentend eslem et ciem) est le modificateur du syntagme tandis que zaqrum (ou tout autre dizaine) en est la tecircte dans ces conditions les calques latins duodeuiginti et undeuiginti ne sont que partiellement comparables aux formes eacutetrusques correspondantes puisqursquoen latin crsquoest uiginti et non duo- ou un- qui est le modificateur 47 Mais il faut aller plus loin il me semble qursquoon nrsquoa pas perccedilu la nature exacte de lrsquoeacuteleacutement enclitique qui a toutes les caracteacuteristiques drsquoune postposition ndash dont lrsquoeacutetrusque fait comme on sait grand usage 48 ndash agrave laquelle on peut donner le sens de laquo sans raquo ou de laquo sauf excepteacute raquo (qunem zaqrum = laquo vingt sanssauf un raquo crsquoest-agrave-dire lsquo19rsquo) Or le trait caracteacuteristique principal drsquoune postposition est syntaxique et srsquoappelle la rection par conseacutequent si qun- dans les composeacutes en question deacutepend de -em 49 il faut admettre qursquoil est fleacutechi agrave un cas qui ne peut ecirctre le nominatif puisqursquoune postposition marque un rapport de deacutependance syntaxique et que lrsquoon a par conseacutequent neacutecessairement affaire agrave une forme drsquoaccusatif Ce nrsquoest drsquoailleurs pas lagrave lrsquounique postposition eacutetrusque reacutegissant lrsquoaccusatif pronominal (et

46 On peut eacutegalement mentionner le probleacutematique quna (qursquoil serait tentant drsquoanalyser comme un deacuteriveacute en -na de qu) dont lrsquoexistence mecircme nrsquoest pas certaine les Etruskische Texte croient le lire dans lrsquoinscription peinte en noir sur lrsquoenduit drsquoun mur de la petite tombe agrave chambre 5069 de la neacutecropole des Monterozzi (loc Villa Tarantola ET Ta 019) Pourtant les photographies et lrsquoapographe de lrsquoinscription fournis par les eacutediteurs (cf L Cavagnaro Vanoni in REE 33 1965 n 19 p 482 et pl CIXa et M Pandolfini in Linington-Serra Ridgway 1997 p 74 [= t 113 pl LXXXIX CXLIX]) ne laissent subsister aucun doute quant agrave la lecture et doivent conduire agrave adopter la leccedilon

mlaχ ca scunafiṛa hinθu

Voir le commentaire de M Pandolfini loc cit laquo Allrsquoesame autoptico malgrado il cattivo stato di conservazione sembra potersi escludere la lettura quna (Rix) invece di scuna anche percheacute lrsquoaltra q sicura ha forma romboidale (hellip) raquo Une inscription deacutecouverte reacutecemment empecircche toutefois de faire de quna un mot-fantocircme du lexique eacutetrusque (cf A Maggiani in REE 69 2003 n 9 p 290-291 ougrave est proposeacutee lrsquointerpreacutetation laquo seul unique raquo) Mais le texte est nous semble-t-il trop lacunaire pour conforter ou infirmer une quelconque analyse de quna

47 Sur ces formations voir les analyses fondamentales drsquoAgostiniani 1995 p 45-47 M Lejeune dans le document que nous preacutesentons (sv -em) soulignait deacutejagrave cette diffeacuterence fondamentale

48 Cf Rix 1984 sect 35 crsquoest drsquoailleurs lagrave un trait typique des langues agglutinantes cf Agostiniani 1992 p 58 et 59

49 Ce que la graphie confirme puisque lrsquoeacuteleacutement fleacutechi par -em est systeacutematiquement seacutepareacute dans lrsquoeacutecriture de la dizaine qui le suit

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 18: Tap Lejeune Van Heems 091105

2 2 g van heems

lrsquoabsolutif nominal) crsquoest aussi le cas de la postposition -pi qui exprime dans ses emplois les plus clairs le destinataire de lrsquoaction (fonction geacuteneacuteralement assumeacutee par le datif des langues indo-europeacuteennes) que le cas reacutegi par -pi en eacutetrusque est bien lrsquoaccusatif quand la postposition est employeacutee avec un pronom est prouveacute par les occurrences minipi minpi laquo agrave moi raquo 50 agrave cocircteacute de aritimi-pi laquo pour Aritimi raquo et turan-pi laquo pour Turan raquo 51 On a donc toutes les raisons de croire que -em est une postposition 52 agrave part entiegravere (signifiant laquo sans sauf excepteacute raquo 53) Dans ces conditions il est remarquable que pour les nombres de la seacuterie lsquoD+9rsquo on trouve systeacutematiquement agrave cocircteacute de lsquoeslem + Drsquo et lsquociem + Drsquo la seacutequence lsquoqunem + Drsquo et jamais lsquoquem + Drsquo Car une reacutecente relecture de lrsquoinscription ET Ta 1108 54 a fait justice de la restitution q [u]enza qursquoavait proposeacutee G Colonna Ce dernier 55 estimait qursquoon avait affaire agrave lrsquoabreacuteviation de quenza(qrum) ndash forme probleacutematique agrave plus drsquoun titre ces numeacuteraux agrave structure soustractive ne sont jamais abreacutegeacutes lrsquoeacuteleacutement reacutegi par -em est tregraves logiquement toujours seacutepareacute dans la graphie de la dizaine qui le suit et enfin il faudrait encore expliquer pourquoi -m passe agrave -n devant z- En reacutealiteacute il faut lui substituer la seacutequence [] enza ougrave enza a drsquoailleurs de bonnes chances drsquoecirctre un autre numeacuteral 56 indiquant le nombre drsquoenfants que la deacutefunte a mis au monde au

50 ET Cm 213 246 La forme avec nominatif pronominal mi-pi est eacutegalement attesteacutee (ET Ve 313 Vc 23) mais on peut penser qursquoelle est due agrave lrsquoanalogie avec les formes de substantifs pour lesquels lrsquoaccusatif nrsquoest pas marqueacute Pour le sens agrave donner agrave -pi dans la formule de deacutefense ei mini(pi) capi laquo ne me prends pas qursquoon ne me prenne pas raquo (voir pour une nouvelle et reacutecente attestation agrave Pise du formulaire A Maggiani in REE 65-68 2002 n 15 p 315-318) ougrave la valeur Dest semble difficile agrave concilier voir nos propres suggestions infra

51 ET Ve 334

52 Analyser -em comme postposition permet de pallier la difficulteacute poseacutee par la flexion drsquoune uniteacute comme geacuten ciem zaqrums lsquo17rsquo ougrave la marque de geacutenitif nrsquoest preacutesente qursquoune fois alors qursquoelle est geacuteneacuteraliseacutee aux deux eacuteleacutements dans cis zaqrums lsquo23rsquo dans cette derniegravere forme lrsquoaccord geacuteneacuteraliseacute marque preacuteciseacutement lrsquouniteacute du syntagme plus grande agrave notre avis dans les numeacuteraux composeacutes par addition que dans ceux composeacutes par soustraction (contra Lejeune 1981b p 243) Nous voulons drsquoailleurs en voir la preuve dans certain fait graphique deacutejagrave souligneacute la coalescence apparemment laquo fautive raquo huqzars lsquo16rsquo au lieu de lrsquoattendu huqs sars trahit clairement une perception unitaire de la part du locuteur-scripteur de lrsquo laquo apparence phonique raquo de ce syntagme ndash alors que la seacuteparation des deux composants des formes du type ciem zaqrums est systeacutematiquement observeacutee dans lrsquoeacutecriture

53 Dans le domaine indo-europeacuteen les langues indo-aryennes fournissent de bons exemples de ces proceacutedures soustractives les composeacutes lsquoD+9rsquo se font geacuteneacuteralement dans ces langues agrave lrsquoaide de lrsquoeacuteleacutement ekūna- (strict eacutequivalent de eacutetr qunem) adjoint au nom de la dizaine supeacuterieure (du type pāli ekūnavīsati lsquo19rsquo)

54 Cf A Morandi in REE 70 2004 n 54 p 334-335

55 G Colonna in REE 53 1985 n 38 p 224 il indique drsquoailleurs qursquoil srsquoagit drsquoune suggestion de M Lejeune qursquoil a trouveacutee dans lrsquoarticle huśur destineacute au ThLE Ihellip

56 On peut penser agrave lsquo11rsquo dans la mesure ougrave ce nombre a souvent dans les langues du monde une structure diffeacuterente des autres nombres de la seacuterie lsquo1+U(niteacute)rsquo (il suffit de penser aux langues germaniques) Srsquoil est par ailleurs vrai que le numeacuteral pour lsquo12rsquo en eacutetrusque a une forme syntheacutetique (snuiaf drsquoapregraves Giannecchini 1997) et non analytique comme le reste de la seacuterie (cf huqzars lsquo16rsquo litteacuteralement laquo 6[+]10 raquo) alors il est probable que le numeacuteral pour lsquo11rsquo ne soit pas un composeacute du

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 19: Tap Lejeune Van Heems 091105

2lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 2

cours de ses cinquante anneacutees de vie Par conseacutequent on rencontre une nouvelle fois la forme qun lagrave ougrave lrsquoon attend un accusatif 57

23 Contre-exemples

Agrave cocircteacute de ce groupe de teacutemoignages on rencontre neacuteanmoins un certain nombre drsquooccurrences susceptibles de mettre en difficulteacute notre hypothegravese de travail

231 Parmi elles on trouve lrsquoadverbe numeacuteral qunz attesteacute une seule fois 58 mais que lrsquoon peut reconstruire indeacutependamment agrave partir des adverbes de rang supeacuterieur attesteacutes qui ont permis drsquoidentifier un suffixe -zi (-tsi) alternant avec -z (-ts 59) qui srsquoadjoint directement au numeacuteral agrave lrsquoabsolutif (ci lsquo3rsquo ci-z(i) laquo 3 fois raquo) Or on peut srsquoeacutetonner qursquoun adverbe soit deacuteriveacute drsquoune forme drsquoaccusatif Sans sous-estimer cette difficulteacute neacuteanmoins je crois qursquoon peut reacutesoudre lrsquoapparent problegraveme en motivant lrsquoemploi de lrsquoaccusatif apregraves tout en diachronie les adverbes tirent souvent leur origine de syntagmes nominaux 60 on pourrait degraves lors imaginer que la finale -z(i) est non pas un suffixe mais une postposition reacutegissant lrsquoaccusatif doteacutee drsquoune valeur seacutemantique de Comitatif de Maniegravere ou indiquant plus globalement les Circonstances Concomitantes 61 On fera noter agrave ce propos que la morphophoneacutetique de -z(i) est pleinement comparable agrave celle de la plupart des postpositions de lrsquoeacutetrusque CV avec un segment consonantique (souvent doteacute du trait [+occlusif]) suivi drsquoune voyelle de timbre i -qi thi -pi pi -ri ri Quant agrave la chute de la finale (-zi gt -z) elle nrsquoest pas

type lsquo1+10rsquo et enza pourrait tregraves bien degraves lors valoir lsquo11rsquo Mais la finale -za qui sert agrave former une classe productive de diminutifs (sur la question cf Van Heems 2008) peut eacutegalement orienter vers un quantifiant indeacutefini (type fr plusieurs quelques beaucoup peuhellip)

57 On signalera encore une inscription archaiumlque reacutecemment deacutecouverte agrave Pontecagnano (v C Pellegrino in REE 70 2005 n 30 p 306-307) qui quoique reacutedigeacutee sous le pied drsquoune coupe preacutesente un formulaire tregraves inhabituel

θun vertun ce[---]aχuisLa fonction de deacuteterminant de θun est confirmeacutee par sa place devant vertun qui est tregraves probablement un substantif (comme le rappelle G Colonna dans son bref commentaire agrave lrsquoinscription loc cit p 307) appartenant peut-ecirctre agrave la sphegravere seacutemantique du don Malheureusement lrsquoimportante lacune empecircche toute analyse syntaxique du texte susceptible de confirmer que le groupe θun vertun occupe bien la fonction Obj on remarquera cependant que la preacutesence drsquoun nom agrave lrsquolaquo ablatif raquo (aχuis) suggegravere que le texte avait une structure syntaxique complexe et partant qursquoil srsquoaccommode parfaitement de notre hypothegravese

58 ET Vc 193 (sarcophage de la tombe des Tute ca 275-250 av J-C) tute larθ anc farθnaχe tute arnθals haθlials ravnθu zilχnu cezpz purtσvana θunz lupu avils esals cezpalχals

59 La graphie citz pour ciz (ET LL V17 et V19) nous certifie par ailleurs de la valeur phoneacutetique de ltzgt dans ces formations adverbiales

60 Ainsi les adverbes en -ment(e) des langues romanes sont issus de la lexicalisation drsquoun tour circonstanciel agrave lrsquoablatif lat iustā mente litt laquo dans un eacutetat drsquoesprit juste raquo gt laquo justement avec justice raquo et la finale -ment(e) devenue opaque a eacuteteacute prise pour un suffixe et a eacuteteacute eacutetendue agrave la plupart des adjectifs qualificatifs pour former lrsquoadverbe de maniegravere correspondant

61 Voir en franccedilais lrsquoeacutequivalence seacutemantique totale entre les adverbes en -ment et le syntagme lsquoavec + substrsquo (justement avec justice)

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 20: Tap Lejeune Van Heems 091105

300 300 g van heems

sans exemple la postposition -qi est tregraves souvent reacutealiseacutee sous la forme -q 62 Cette postposition -z(i) requerrait alors tout comme -pi ou -em lrsquoaccusatif

232 La forme qunśna 63 pose elle aussi une difficulteacute semblable on en fait sur le modegravele de loc-instr zaqrumsne qui apparaicirct eacutegalement dans le Liber linteus lrsquoadjectif ordinal deacuteriveacute de qu(n) et lrsquoon comprend la formule qunśna qunś flerś comme laquo la premiegravere (part) drsquoune victime raquo or on a du mal agrave admettre qursquoun deacuteriveacute soit bacircti sur une forme fleacutechie Nous ferons toutefois remarquer que du point de vue graphique (et phoneacutetique) mecircme si lrsquoorthographe du Liber semble observer de nombreuses oscillations entre ltsgt et ltsgt les formes zaqrumsne et qunśna ne sont pas pleinement comparables puisque dans un cas on trouve le sigma (int) devant le suffixe deacuterivatif et dans lrsquoautre le san (s) et lrsquoon comprend mal pourquoi un pheacutenomegravene de palatalisation serait intervenu dans un cas et pas dans lrsquoautre vu que les contextes phoneacutetiques sont exactement semblables (succession lsquonasale+sifflante+nasalersquo)

233 Quant agrave la forme qunś qui apparaicirct dans le mecircme passage on estime drsquoordinaire qursquoil srsquoagit avec quni que lrsquoon trouve aussi dans le rituel de la Momie de Zagreb 64 et qunis 65 des cas obliques du numeacuteral qu(n) et qursquoils sont formeacutes sur la base en -n Or drsquoapregraves le peu que lrsquoon sait de la flexion eacutetrusque aucun cas oblique ne se forme agrave partir de lrsquoaccusatif 66 Il est clair que dans le passage du Liber qui clocirct une section du rituel il y a un jeu eacutetymologique entre qunśna et qunś mais est-on obligeacute drsquoen faire des deacuteriveacutes du numeacuteral qu qunś peut fort bien ecirctre une variante graphique de lrsquoadverbe qunz ou encore ecirctre une forme quasi-homophone de qu Mais il srsquoagit lagrave nous lrsquoavouons bien volontiers drsquoun argument faible Agrave moins donc de formuler lrsquohypothegravese que certaines classes lexicales forment leur geacutenitif pour des raisons qui sont peu claires par lrsquoagglutination du morphegraveme de geacutenitif au morphegraveme drsquoaccusatif (cn-l et qun-ś) ce qui ne va pas de soi il faut reconnaicirctre que ce passage du Liber constitue un seacuterieux obstacle agrave notre interpreacutetation 67

62 Sur lrsquoeacuteconomie qi q nous nous permettons de renvoyer agrave Van Heems 2006 p 48

63 Attesteacutee dans le rituel de la Momie en ET LL VI12-13 etnam eisna ic flereś crapśti qunśna qunś flerś (hellip)

64 Voir ET LL VII17 VII23 et X7 ainsi que la lamelle de bronze retrouveacutee pregraves de lrsquoAra della Regina ET Ta 81

65 ET Ta 81

66 Les formes de geacutenitif attesteacutees pour les pronoms (e)ca et (i)ta ne preacutesentent pas drsquoinfixe nasal agrave moins drsquoanalyser ainsi la forme drsquointerpreacutetation difficile cnl agrave cocircteacute du plus freacutequent -cla Mais comment expliquer degraves lors lrsquoexistence de deux formes pour la mecircme fonction Par des diffeacuterences prosodiques lrsquoune eacutetant tonique lrsquoautre atone et clitique

67 Nous laissons de cocircteacute en deacutepit drsquoune tregraves ancienne tradition la forme tunur de lrsquoinscription de lrsquohypogeacutee de San Manno (ET Pe 52) qui passe geacuteneacuteralement pour un deacuteriveacute de qu (parallegravele agrave zelur attesteacute dans la mecircme inscription et rattacheacute agrave zal lsquo2rsquo) en raison de lrsquoinitiale non aspireacutee Pour le moment lrsquohypothegravese numeacuterale nrsquooffre pas drsquointerpreacutetation satisfaisante pour ce passage et il vaut mieux en attendant suspendre le jugement

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 21: Tap Lejeune Van Heems 091105

301lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 301

234 Il faut pour finir signaler lrsquoinscription parieacutetale de la tombe 842 de Tarquinia TT 3 68 ougrave lrsquoacircge du deacutefunt dont le nomen est illisible est indiqueacute en toutes lettres agrave lrsquoaide de la formule lsquosval- + num + avilrsquo Il srsquoagit de la formule verbale concurrente de lrsquoautre formulaire verbal drsquoexpression de lrsquoacircge lsquoavils + num + lup-rsquo la diffeacuterence essentielle tient au fait qursquoelle substitue au verbe signifiant laquo mourir raquo le verbe signifiant laquo vivre raquo (sval- 69) La principale variation syntaxique provient donc du mode de compleacutementation sval- srsquoaccompagne au rebours du preacuteceacutedent drsquoun syntagme agrave lrsquoabsolutif dont la tecircte est avil (geacuten avil-s pour la formule avec lup-) et remplit une fonction durative (question quamdiu ) Le syntagme lsquoavil + numrsquo dans ce formulaire est donc neacutecessairement agrave un cas oblique et conseacutequemment agrave lrsquoaccusatif chargeacute ici drsquoexprimer la dureacutee selon un emploi qui est bien connu des langues indo-europeacuteennes en geacuteneacuteral et du latin en particulier (tour tres annos regnauit) Or on trouve dans lrsquoinscription en question la seacutequence

(hellip) avil θu [ c]ealc [---]

Il est vrai que le texte est lacunaire et que en toute rigueur rien nrsquoassure que le premier mot de la quatriegraveme ligne de ce texte eacutetait une forme conjugueacutee du verbe sval- (en pratique le preacuteteacuterit svalce ou les participes svalas et svalqas seuls attesteacutes dans ces formules) ndash mecircme si la place de cette expression en clocircture drsquoeacutepitaphe rend difficile toute autre interpreacutetation 70 Aussi attendrait-on selon notre hypothegravese la forme qultngt cealc lsquo31rsquo qursquoil semble impossible drsquoapregraves les apographes et les photographies disponibles de restituer On pourra postuler si lrsquoon veut sauver notre hypothegravese qursquoon a affaire agrave un formulaire diffeacuterent ougrave le syntagme serait au nominatif agrave une faute drsquoorthographe (dont le texte nrsquoest pas exempt voir cealc au lieu de lrsquoattendu cealc) ou encore agrave une chute du -n en finale mais on conviendra que ce sont lagrave des solutions peu creacutedibles Une voie plus satisfaisante serait drsquoenvisager un marquage diffeacuterentiel du deacuteterminant (en lrsquooccurrence qu) en fonction de ce qursquoon appelle la deacutefinition etou lrsquohumanitude (angl animacy) du nom sur lequel il porte On sait en effet que dans de nombreuses langues souvent ergatives mais pas seulement lrsquoobjet reccediloit plus volontiers une marque srsquoil est situeacute en haut des eacutechelles de deacutefinition etou drsquohumanitude Typiquement les noms propres en vertu de leur valeur deacutesignative et les pronoms personnels sont situeacutes en haut de ces deux eacutechelles tandis que les noms drsquoobjets inertes et indeacutenombrables en occupent

68 Peinte sur le mur de droite (en entrant) Pour lrsquoeacutedition du texte voir M Pandolfini Angeletti in TT p 373-374 Nous suivrons ici la relecture proposeacutee par A Morandi dans la REE 63 1997 (n 42 p 417-420 avec apographe) qui nrsquoa cependant modifieacute que sur des points de deacutetail la leccedilon de M Pandolfini pour le passage qui seul nous retient ici

69 Le thegraveme nu a des emplois nominaux voir son utilisation dans la tombe des Claudii agrave Cerveteri (ET Cr 52) en apposition aux preacutenoms laris avle Il ne peut srsquoagir lagrave que drsquoun adjectif ou drsquoun participe (= lat uiui)

70 Voir le commentaire de M Pandolfini citeacute agrave la n 66

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 22: Tap Lejeune Van Heems 091105

302 302 g van heems

le bas 71 Que lrsquohumanitude est un trait pertinent pour comprendre la morphosyntaxe eacutetrusque nrsquoest plus agrave deacutemontrer depuis les travaux de L Agostiniani sur la formation du pluriel dans cette langue 72 Crsquoest drsquoailleurs dans ce cadre typologique qursquoil faut comprendre un trait que lrsquoeacutetrusque partage avec de nombreuses langues 73 seuls les pronoms (personnels et deacutemonstratifs) sont marqueacutes quand ils occupent la fonction objet ita-n eta-n t-n ica-n ec-n c-n mini mine et avec apophonie mene alors que les substantifs noms propres et appellatifs restent invariables qursquoils soient sujet ou objet de la proposition 74

Il y aurait donc place selon nous pour lrsquohypothegravese selon laquelle la marque -n drsquoaccusatif srsquoadjoint agrave qu obligatoirement quand il deacutetermine un substantif marqueacute du trait [+humain] alors qursquoelle est facultative lorsqursquoil deacutetermine un substantif marqueacute du trait [-humain] 75 De cette maniegravere on comprend aiseacutement pourquoi lrsquoon a dans lrsquoeacutepitaphe tarquinienne le groupe avil qu cealc drsquoougrave sont absentes agrave la fois la marque du pluriel pour avil et la marque drsquoaccusatif pour qu et pourquoi au contraire lrsquoon trouve dans le Liber linteus la formule suivante 76

meleri sveleric svec an cś mele θun mutince (hellip)

71 Sur ce marquage diffeacuterentiel de lrsquoobjet nous renvoyons aux travaux de Lazard 1984 sect 4 lazard 1994 p 192-204 et 228-232

72 Voir deacutejagrave Agostiniani 1992 p 54-55 nous renvoyons surtout agrave Agostiniani 1993 p 33-38 pour la distribution des suffixes et agrave Agostiniani 1995 p 47-51 pour lrsquoeacutetude morphosyntaxique des syntagmes lsquosubst + numrsquo

73 Lrsquoanglais marque uniquement les pronoms agrave reacutefeacuterent humain comp he she him her vs it it Lrsquoeacutetrusque en revanche comme la plupart des langues qui limitent le marquage de lrsquoobjet aux pronoms (v par ex le vogoul ougrave les pronoms ont une forme drsquoaccusatif tandis que les substantifs en fonction drsquoobjet restent au nominatif Lazard 1994 p 197) marque non seulement les pronoms personnels de P1 P2 (pour P3 sans doute repreacutesenteacute par sa on nrsquoen a pas drsquooccurrence) typologiquement volontiers porteurs du trait [+humain] mais aussi les deacutemonstratifs neutres comme lrsquoindiquent les formulaires du type itun turuce venel atelinas tinas cliniiaras (ET Ta 32) ougrave itun laquo cela (acc) raquo renvoie au vase consacreacute Pour lrsquoencadrement typologique nous renvoyons aux reacutefeacuterences signaleacutees en n 70

74 On rencontre aussi probablement un double marquage du pronom dans la formule ei minipi capi ougrave minipi alterne avec lrsquoacc laquo simple raquo mini Il doit srsquoagir drsquoune surdeacutetermination du pronom objet puisque la postposition -pi semble exprimer le rocircle seacutemantique Dest (cf turan-pi et aritimi-pi en ET Ve 334) On notera que dans de nombreuses langues cette marque est emprunteacutee aux cas obliques (il srsquoagit geacuteneacuteralement du morphegraveme introduisant le rocircle seacutemantique Dest) en persan par exemple la marque pronominale drsquoaccusatif racirc est agrave lrsquoorigine une postposition signifiant laquo pour raquo et parfaitement comparable agrave la postposition eacutetr -pi (cf Lazard 1994 p 230 pour une eacutetude plus complegravete voir Idem 1982) dans bon nombre de langues romanes (espagnol catalan certains dialectes occitans et italiens roumain) lrsquoobjet animeacute est introduit par la preacuteposition couramment employeacutee pour indiquer le Dest occ (gasc) que vei a Joan vs fr je vois Jean

75 Pour un comportement semblable voir la distribution des marques du pluriel dans les syntagmes lsquonum + substrsquo telle que lrsquoa mise en lumiegravere L Agostiniani le savant a bien montreacute que la marque du pluriel eacutetait obligatoire avec les substantifs animeacutes alors qursquoelle eacutetait facultative avec les substantifs inanimeacutes Dans ce dernier cas il semble que lrsquoordre syntagmatique (lsquosubst + numrsquo ou lsquonum + substrsquo) joue un rocircle essentiel Sur la question voir Agostiniani 1995 p 49-51

76 Qursquoon peut reconstituer agrave partir des passages ET LL IV4-5 et IV16-17

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 23: Tap Lejeune Van Heems 091105

303lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 303

mele qun est de toute eacutevidence lrsquoobjet du verbe mutince dont le sujet est le pronom (relatif) an or mele est certainement marqueacute par le trait [+humain] puisque dans le segment qui preacutecegravede la relative mele-ri est coordonneacute agrave svele-ri(-c) qui sert lui-mecircme de reacutefeacuterent au pronom an des animeacutes Drsquoailleurs lrsquoemploi de la postposition -ri avec mele suffit presque agrave en faire un animeacute puisque cette adposition indique comme on sait le beacuteneacuteficiaire du procegraves qui ne peut ecirctre qursquoun actant animeacute (ecirctre vivant abstraction personnification ou entiteacute politique cf meqlume-ri toujours dans le Liber laquo pour la communauteacute raquo uel sim) On est donc dans un contexte syntaxique et seacutemantique ougrave la forme qun est requise

235 De mecircme les expressions parallegraveles zal eśic ci et qu eśic zal du Liber linteus 77 que lrsquoon traduit depuis fort longtemps respectivement par laquo deux ou trois raquo et laquo un ou deux raquo 78 peuvent recevoir une explication analogue On analyse geacuteneacuteralement lrsquoentiegravere proposition ainsi deux syntagmes nominaux zuqeva zal eśic ci laquo deux ou trois z raquo et halcza qu eśic zal laquo un ou deux h (ou petits h) raquo suivis de mula compris par beaucoup comme le subj du verbe mul- laquo offrir donner raquo agrave valeur jussive laquo donneque lrsquoon donne raquo (cf ara ratum aisnahellip laquo faisque lrsquoon fasse le sacrifice (uel sim) selon le rite raquo) On aurait donc affaire agrave un compleacutement drsquoobjet direct 79 ougrave qu ne reccediloit pas la marque drsquoaccusatif Dans ce cas aussi on peut expliquer lrsquoapparente anomalie par le fait que les substantifs zuqeva et halcza sont marqueacutes du trait [-humain] crsquoest tregraves clair pour le premier puisqursquoil est fleacutechi au pluriel laquo inanimeacute raquo en -(c)va pour le second crsquoest eacutegalement tregraves probable eacutetant donneacute 1) qursquoil srsquoagit drsquoune formation diminutive en -za qui a de bonnes chances de deacutesigner un laquo petit objet raquo (cf tur-za laquo petites offrandes raquo 80 dans la Tuile de Capoue) et 2) qursquoil suit directement le syntagme zuqeva zal eśic ci qui deacutesigne un inanimeacute

24 Entre pronom et deacuteterminant preacutehistoire et histoire drsquoun numeacuteral

241 On le voit mis agrave part les difficulteacutes poseacutees par les formes en -ns- (qunś et qunśna) lrsquohypothegravese drsquoune opposition casuelle est pour le moins seacuteduisante Acceptons donc au moins temporairement de consideacuterer que lrsquooscillation formelle observeacutee soit drsquoordre flexionnel Nous devrons alors drsquoabord souligner lrsquoisolement morphologique de ce numeacuteral dans toute la seacuterie puisque les autres numeacuteraux ont une forme drsquoaccusatif non marqueacutee (comparer qu-n-em esl-em ci-em et non esl-n-em ou ci-n-em) et conforme en cela agrave ce que lrsquoon reconstruit de la flexion des noms et

77 ET LL X20-21 ara ratum aisna leitrum zuqeva zal eśic ci halcza qu eśic zal mula (hellip)

78 Voir par ex le document ineacutedit de M Lejeune sv ci zal et qu

79 Lrsquointerpreacutetation des syntagmes comme nominatifs a neacuteanmoins deacutejagrave eacuteteacute proposeacutee cf Cristofani 1995 p 76 ougrave il traduit ainsi agrave la suite de AJ Pfiffig notre passage laquo i zuqeva due o tre i piccoli halc uno o due il mula e il santi il calice e il piccolo calice raquo

80 Il peut aussi srsquoagir drsquoun deacuteriveacute de la racine verbale tur- non marqueacute du point de vue de la dimension Lrsquoappartenance du terme agrave la sphegravere du laquo don raquo est certaine cf Cristofani 1995 p 80-81

304 304 g van heems

adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

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mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

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nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

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313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

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śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 24: Tap Lejeune Van Heems 091105

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adjectifs en eacutetrusque 81 Par voie de conseacutequence la preacutesence du suffixe nasal dans la laquo flexion raquo de qu marque ipso facto ce numeacuteral et le met agrave part du reste de la seacuterie et amegravene neacutecessairement agrave le rapprocher comme on lrsquoa vu de la seule classe lexicale de lrsquoeacutetrusque agrave avoir un accusatif morphologiquement marqueacute (et marqueacute par le suffixe -n) la classe des pronoms 82 Toute la question est alors de savoir si cette particulariteacute flexionnelle est un heacuteritage ce qui permettrait alors de conclure agrave lrsquoorigine pronominale du numeacuteral qu ou srsquoil srsquoagit drsquoune innovation induite par des emplois quasi-pronominaux ou pronominaux de ce numeacuteral La question paraicirctra sans doute oiseuse ndash drsquoautant qursquoelle est destineacutee soyons franc agrave ne recevoir sans doute jamais de reacuteponse ndash mais elle meacuterite drsquoecirctre poseacutee en raison de rapprochements typologiques nombreux 83 Car dans bon nombre de langues du monde on remarque une affiniteacute du numeacuteral de lrsquouniteacute avec la classe des pronoms et cette affiniteacute est tregraves souvent morphologique il suffira ici de mentionner le cas de ūnus a um en latin 84 qui emprunte une partie de sa deacuteclinaison agrave la flexion pronominale (geacuten et dat sg eacutepicegravenes ūn-ius et ūn-ī) Les speacutecialistes de grammaire latine expliquent cette particulariteacute morphologique que ūnus partage avec un certain nombre drsquolaquo adjectifs raquo au statut particulier (alius sōlus tōtus) non par une origine commune mais par des emplois quasi-pronominaux 85 Et la diachronie semble donner raison agrave cette analyse ūnus est degraves une date avanceacutee 86 le prototype et la protoforme dont sont issus les pronoms indeacutefinis du roman 87 Mais en est-il de mecircme en eacutetrusque

81 Voir pour un bon cadre geacuteneacuteral Rix 1984 sect 28

82 Les seuls pronoms (re)connus de lrsquoeacutetrusque sont les deacutemonstratifs (e)ca (i)ta et -sa (reconnu par Rix 1984 sect 41 il nrsquoa qursquoun emploi enclitique et on ignore sa forme drsquoaccusatif) le pronom (de P3 ) sa (sur ce pronom voir derniegraverement Wylin 2004 on en ignore eacutegalement la forme drsquoaccusatif) ainsi que le pronom personnel de premiegravere personne mi Cf Rix 1984 sect 39

83 On remarque que les premiers numeacuteraux ont des traits morphologiques qui les isolent du reste de la seacuterie dans les langues indo-europeacuteennes il est freacutequent que les premiers soient soumis agrave la flexion et agrave lrsquoaccord en genre tandis que les seconds sont invariables (crsquoest le cas pour les seacuteries lsquo1-4rsquo en grec lsquo1-3rsquo en latin en sanscrit lsquo1-10rsquo se deacuteclinent mais seuls les quatre premiers srsquoaccordent en genre) En eacutetrusque en revanche tous les numeacuteraux attesteacutes semblent se deacutecliner Par conseacutequent si notre hypothegravese est correcte le numeacuteral de rang lsquo1rsquo apparaicirct comme tregraves nettement deacutemarqueacute du reste de la seacuterie

84 Mais les exemples du numeacuteral pour lsquo1rsquo se deacuteclinant comme un pronom plutocirct que comme un substantif ne sont pas isoleacutes parmi les langues indo-europeacuteennes le groupe indo-iranien en offre de bons exemples ainsi en indo-aryen moyen le numeacuteral pour lsquo1rsquo suit la deacuteclinaison des pronoms (thegraveme en -a-) et connaicirct des emplois pronominaux (notamment au pluriel) cf Norman 1992 p 200

85 Voir entre autres Ernout 19523 p 146-148 Monteil 1974 p 237 Coleman 1992 p 389 sq On peut neacuteanmoins se demander si cette particulariteacute morphologique de ūnus nrsquoest pas en reacutealiteacute due au fait que ce numeacuteral appartient au groupe des deacuteterminants du nom On expliquerait ainsi pourquoi il partage une partie de sa flexion avec les pronoms

86 Le theacuteacirctre de Plaute nous indique que tregraves tocirct dans certaines variantes sociolectales etou certains niveaux de langue ūnus jouait le rocircle drsquoun quasi-pronom indeacutefini (voir par ex Plaute Ps 948 una aderit mulier lepida) Pour lrsquoeacutevolution voir Serbat 1975 p 105 dont est tireacute lrsquoexemple

87 Toutefois le sens de lrsquoeacutevolution nrsquoest pas sucircr et une origine pronominale nrsquoest pas agrave exclure pour ce numeacuteral la racine indo-europeacuteenne dont est issu lat ūnus oi- est apparenteacutee agrave la racine pronominale i- eacutelargie en -no- (cf Lujaacuten Martiacutenez 1999 p 206) Nous serions degraves lors tenteacute de voir dans la

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

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qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

rix H (eacuted) 1991 Etruskische Texte Editio minor 2 vol Tuumlbingen (noteacute ET)

mdash 1984 laquo La scrittura e la lingua raquo in M Cristofani (eacuted) Gli Etruschi una nuova immagine Milan p 199-227

mdash 2004 laquo Etruscan raquo in RD Woodard (eacuted) The Cambridge Encyclopedia of the Worldrsquos Ancient Languages Cambridge p 943-966

serBat G 1975 Les Structures du latin Paris

torP A 1902 Etruskische Beitraumlge I Leipzig

tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 25: Tap Lejeune Van Heems 091105

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

242 On le voit la question ndash qui pouvait sembler nrsquoecirctre qursquoun deacutetail ndash de lrsquooscillation graphique entre qu et qun prend une autre dimension car si lrsquoon peut deacutemontrer que le numeacuteral qu en eacutetrusque a morphologiquement agrave voir avec la classe des pronoms on dispose alors drsquoune pierre importante agrave apporter au vaste chantier de la deacutefinition linguistique des numeacuteraux et plus geacuteneacuteralement de celle de la classe des laquo deacuteterminants du nom raquo quant au speacutecialiste de linguistique eacutetrusque il gagne un eacuteleacutement pour lrsquoidentification drsquoune classe de deacuteterminants du nom en eacutetrusque Or lrsquoacquisition la plus preacutecieuse que nous offre finalement notre hypothegravese est de montrer que qu a probablement de veacuteritables emplois pronominaux et peut-ecirctre pas uniquement en synchronie

Nous nrsquoavons malheureusement pas le temps drsquoaborder de maniegravere exhaustive la question mais notre recherche doit nous semble-t-il conduire agrave reprendre la documentation du numeacuteral qu comme enclitique sur le plomb de Magliano la seacutequence deacutejagrave mentionneacutee huviqun ndash eacutecrite en scriptio continua sur lrsquooriginal ndash est seacutepareacutee en deux (huvi qun) par H Rix peut-ecirctre par la suggestion du groupe lursq sal ougrave sal a pu ecirctre pris (de maniegravere infondeacutee cependant) pour une variante du numeacuteral zal lsquo2rsquo mais on pourrait tout aussi bien y voir une forme unitaire huviqun 88 dont la finale srsquoexpliquerait par un emploi enclitique du numeacuteral De mecircme certains des nombreux lexegravemes en -qu de lrsquoeacutetrusque cachent peut-ecirctre un emploi enclitique de qu parmi eux il est tentant de mentionner aprinqu attesteacute deux fois comme cognomen 89 (et donc sans doute sous une forme lexicaliseacutee ougrave la finale -qu nrsquoeacutetait plus forceacutement perccedilue comme un pronom enclitique) mais preacutesent eacutegalement dans lrsquoeacutepitaphe de Laris Pulena sous la forme fleacutechie aprinqvale Or cette forme de pertinentif doit attirer lrsquoattention car elle repose sur une base de geacuten en -al qui est typique ndash mais non exclusif ndash de la flexion pronominale 90 et peut confirmer en retour notre intuition de deacutepart agrave savoir que qu est un quasi-pronom Lrsquoon peut drsquoailleurs se demander dans quelle mesure la forme qval attesteacutee agrave Volsinies sur une lamelle de bronze de la Cannicella peut-ecirctre accrocheacutee agrave la base drsquoune statue de culte ou agrave un autel et portant la deacutedicace qval veal 91 et sur une base de tuf (cippe de confins ) dans la formule

fonction pronominale de ūnus un tregraves lointain heacuteritage selon un scheacutema assez proche de ce que nous proposons pour eacutetr qu

88 Comme le font M Pallottino (TLE2 359) et les eacutediteurs du CIE (ad tit 5237) qui indiquent eacutegalement la possible lecture huvi qun

89 Cf ET Cl 1718 et 1904

90 Sur lrsquoaffiniteacute particuliegravere du suffixe de geacuten II (selon la terminologie eacutetablie par Rix 1984 sect 30-32 Idem 2004 p 952) et les pronoms et sur la possibiliteacute de deacutefinir en diachronie lrsquoorigine pronominale drsquoun eacuteleacutement suffixal sur la base de lrsquoemploi du suffixe de geacuten II voir Agostiniani 2003 p 189-192

91 Voir ce qursquoen dit G Colonna in REE 35 1967 p 548 Sur lrsquoinscription v A Andreacuten in REE 34 1966 p 334-337 et CIE ad tit 10588

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 26: Tap Lejeune Van Heems 091105

306 306 g van heems

qval meqlumes 92 ne pourrait ecirctre le geacutenitif de qu Il faudrait cependant eacutelucider les rapports de cette forme avec son geacutenitif en -s preacutesumeacute qunś qui on srsquoen souvient ne va pas sans poser de graves difficulteacutes formelles Nous rappellerons drsquoailleurs agrave ce sujet que les numeacuteraux supeacuterieurs agrave lsquo1rsquo font tous leur geacuten en -s

Dans le mecircme ordre drsquoideacutees nous terminerons par cette question ne peut-on aller jusqursquoagrave analyser le fameux suffixe -qur de laquo collectif raquo utiliseacute tregraves preacuteciseacutement pour marquer le pluriel des gentilices 93 ou pour deacutesigner des collegraveges ou des collectiviteacutes 94 comme une formation de pluriel en -r des subst marqueacutes par le trait [+humain] agrave partir du pronom-numeacuteral qu deacutesignant un ensemble unitaire drsquoindividus (cf lat ūni-uersi ou adv ūnā) Selon nous le suffixe agglutinant -qu-r sert agrave faire passer la base nominale (ou mieux deacutesignative) agrave laquelle il srsquoadjoint dans une classe de collectifs (peut-ecirctre avec un sens distributif) du type X-qu-r = laquo lrsquoensemble des individus reacutepondant agrave la deacutesignation X raquo ou laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom X raquo 95 Que lrsquoon utilise le numeacuteral qu comme pronom ou quasi-pronom pour deacutesigner un ensemble ou un eacuteleacutement extrait drsquoun tout ne sera certes pas pour eacutetonner

243 Ces consideacuterations doivent pour finir nous conduire agrave reprendre en consideacuteration lrsquoanalyse du lexegraveme hilarquna qui apparaicirct quatre fois dans la section XII du rituel de la Momie de Zagreb 96 et que lrsquoon considegravere comme un deacuteriveacute de lrsquoadjectif hilar tregraves freacutequent aussi dans le Liber linteus mais employeacute eacutegalement dans drsquoautres inscriptions 97 Nous ne preacutetendrons pas apporter la cleacute pour comprendre exactement le sens de ce lexegraveme qui a fait couler beaucoup drsquoencre 98 mais nous suggeacutererons simplement de prendre en compte la possibiliteacute que la finale -qu-na soit agrave analyser comme un deacuteriveacute en -na drsquoune forme articuleacutee agrave lrsquoaide du pronom qu

92 Sur lrsquoinscription G Colonna in REE 34 1966 n 1 p 310-312 qui exclut cependant un rapport avec le numeacuteral

93 Ainsi dans la tombe des Claudii agrave Caereacute (ET Cr 52) clavtiequr(asi)

94 Cf pacaqur(as) laquo bacchant(e)s raquo agrave Tuscania (ET AT 132 et peut-ecirctre ET AT 11)

95 Ainsi pour en revenir aux exemples citeacutes aux notes preacuteceacutedentes clavtiequr(asi) doit se comprendre tregraves litteacuteralement comme laquo (pour) lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nomen clavtie raquo de mecircme la formation paχaqur deacutesigne laquo lrsquoensemble de ceux reacutepondant (individuellement) au nom de paca raquo crsquoest-agrave-dire les bacchant(e)s car pour nous paca a peu de chances drsquoecirctre lrsquoeacutetruscisation du theacuteonyme grec Bavkco~ comme le fait pourtant la communis opinio au moins depuis De Simone 170 mais bien plutocirct lrsquoemprunt tregraves reacutegulier de gr bavkch laquo la bacchante raquo (sans qursquoil soit neacutecessaire drsquoy voir en eacutetrusque une deacutesignation de laquo femmes raquo)

96 Cf ET LL XII3 XII5 XII6 XII8

97 Cf ThLE I sv hilar hilare

98 Voir deacutejagrave le long paragraphe que consacre agrave ce terme Goldmann 1930 p 253-267 Que hilar est un adjectif est prouveacute par sa cooccurrence en seconde position avec des substantifs dans des syntagmes unitaires du type ET Cl 85 tular hilar laquo la borne hilar raquo ou ET LL VI14 cilθcveti hilare laquo dans les citadelles hilar raquo (lrsquoaccord au loc-instr de hilare indique qursquoil deacutepend de la postposition -ti et qursquoil occupe une position subordonneacutee par rapport agrave la tecircte du syntagme cilqcve-)

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 27: Tap Lejeune Van Heems 091105

307lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 307

244 En deacutefinitive il nous semble que les arguments eacutetayant lrsquohypothegravese que qun est la forme drsquoaccusatif de qu sont suffisamment nombreux Comme on dispose en outre drsquoun certain nombre drsquoeacuteleacutements suggeacuterant que ce numeacuteral pouvait se precircter agrave des emplois pronominaux 99 il est tentant de conclure que qu est un laquo deacuteterminant du nom raquo qui en diachronie a eacuteteacute tregraves nettement rapprocheacute de la cateacutegorie des pronoms Le fait que certains des emplois pronominaux de qu semblent tregraves largement lexicaliseacutes ndash la finale -qu de bon nombre de substantifs et le collectif -qur semblent en synchronie ecirctre assez autonomes ndash ne modifie pas substantiellement la conclusion essentielle qursquoon en doit tirer qu apparaicirct comme un deacuteterminant du nom drsquoun type tregraves diffeacuterent des autres numeacuteraux et finalement bien plus proche des pronoms (deacutemonstratifs) Bref rien que de tregraves normal quand on parle du premier numeacuteral de la seacuterie

99 La question se pose de savoir si qu pouvait ecirctre lrsquoeacutequivalent de lrsquoarticle indeacutefini dans les exemples mentionneacutes on ne peut bien eacutevidemment trancher entre une valeur drsquoindeacutefini (laquo un X raquo) et une pleine valeur numeacuterale (laquo un (seul) X raquo) Si qu se precircte effectivement agrave des emplois enclitiques on pourrait poser que lorsqursquoil est tonique il a une pleine valeur de numeacuteral tandis que la fonction drsquoindeacutefini est confieacutee en vertu de lrsquoarticulation agrave la forme atone et clitique du mecircme lexegraveme On aurait une distribution comparable dans une certaine mesure agrave celle des emplois des deacutemonstratifs eca et eta (forme tonique deacutemonstratif vs forme enclitique article ie deacutemonstratif atteacutenueacute)

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 28: Tap Lejeune Van Heems 091105

30 30 g van heems

Annexe

Notice reacutedigeacutee par M Lejeune pour le thLe II 100

Articles pour Thesaurus IIEacutequipe franccedilaise

1er envoi (20021981)

Les termes de la numeacuteration (par ML) 32 feuillets numeacuteroteacutes de nuM 1 agrave nuM 32

calc- voir cealc-

cealc- laquo trente raquo nom de dizaine en -alc- deacuteriveacute de ci (voir ce mot) trois fois cialc- (TLE 1XI 17 XI 17 XII 10) cinq fois cealc- (TLE 1IX g 2 X 2 XI 12 TLE 141 180) une fois celc- (TLE 144) une fois calc- (SE XLV 293)Tous les exemples sont au cas oblique en -s -is -us Dans le rituel de la Momie datations ciem cealcuś (IX g 2) ciem cealcuz (X 1) laquo le 27 raquo eslem cialcuś (XI 17) eslem cealcus (XI 12) laquo le 28 raquo qunem cialcuś (XI 17 XII 10) laquo le 29 raquo Indications drsquoacircge avils calcis (SE XLV 293) avils cealcls (TLE 141) laquo 30 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils huqs celcls (TLE 144) laquo 34 ans raquo

MLcezp- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Impliqueacute

drsquoune part par le multiplicatif cezpz dans lrsquoindication drsquoun cursus honorum zilcnu cezpz (laquo fois zilaq raquo TLE 324) ndash Impliqueacute drsquoautre part par le nom de dizaine cezpalc- dans des indications drsquoacircge au cas direct mac cezpalc avil TLE 94 au cas oblique en s avils esals cezpalcals TLE 324 avils cezpa[ ] TLE 97On a supposeacute que cezp- est laquo huit raquo en rapprochant la glose Xosfer Tuscorum lingua October mensis dicitur (TLE 858) c (ainsi faut-il entendre le X latin) alternerait avec c o avec e s avec z f avec p (-er eacutetant suffixal) Il y a trop de

100 Le texte du manuscrit a eacuteteacute respecteacute agrave la lettre dans ses conventions de transliteacuteration (pour lrsquoeacutetrusque comme pour le lemnien) ainsi que dans ses indications typographiques (preacuteciseacutees par lrsquoauteur selon un code de couleurs et de signes lettres entoureacutees en noir avec mention laquo gras raquo pour le gras lettres cercleacutees de vert pour les caractegraveres grecs lettres souligneacutees pour lrsquoitalique cadre rectangulaire pour les petites majuscules) Notre seule intervention a eacuteteacute de disposer les notices agrave la suite les unes des autres alors que le manuscrit consacrait une page (ou plus selon la longueur) par entreacutee et de mettre en italique les abreacuteviations bibliographiques SE et TLE non souligneacutees par M Lejeune

30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

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30lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 30

laxisme dans ces correspondances pour qursquoelles convainquent Noter que pour le seul autre mois latin en -ber dont on connaisse le correspondant eacutetrusque (Celius Tuscorum lingua September mensis dicitur TLE 824) le terme eacutetrusque nrsquoest pas de souche numeacuterale

MLcelc- voir cealc-

ci numeacuteral laquo trois raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 śa sur la face opposeacutee) La bilingue de Pyrgi TLE 874 rend le punique šnt šlš iii laquo trois ans raquo par lrsquoeacutetrusque ci avil ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo trente raquo cialc- drsquoougrave cealc- (voir ce mot)On a une quinzaine drsquoexemples de ci au cas direct Noter les indications de progeacuteniture ci clenar (TLE 98 883 888) clenar ci (TLE 169) laquo trois fils raquo huśur ci (TLE 889) laquo trois enfants raquo Noter aussi dans le rituel de la Momie (X 21) la locution zal eśic ci laquo deux ou trois raquo Une fois avec particule enclitique -m cim (TLE 24)Cas oblique en -s dans nos exemples de nombres complexes 13 23 datation ciś śariś (TLE 1-VIII 1) laquo le 13 raquo indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93) laquo 23 ans raquo avils cis cealcs (TLE 180) laquo 33 ans raquo avils cis muvalcls (TLE 138) laquo 53 ans raquoLe syntagme ci-em laquo il srsquoen faut de trois raquo (voir -em) preacutefixeacute agrave des noms de dizaines fournit la seacuterie 17 27 Au cas oblique en -s datations ciem cealcuś (TLE 1-IX g 2) ciem cealcuz (TLE 1-X 2) laquo le 27 raquo indications drsquoacircge avils ciemzaqrms (TLE 166) avils ciemzaqrums (SE XXXIII 474) laquo 17 ans raquo avils ciem [hellip]alcls (TLE 894)Multiplicatif ci-z(i) laquo trois fois raquo ainsi (TLE 99) cizi zilacnce laquo il fut trois fois zilaq raquo Orthographes ciz (cinq exemples) et citz (deux exemples) dans le rituel de la Momie

ML

cialc- voir cealc-ciem voir ciciz(i) voir cicitz voir ci

-em (quatorze exemples) particule dont nous connaissons un seul type drsquoemploi dans les numeacuteraux complexes de structure soustractiveAlors que de 11 agrave 16 de 21 agrave 26 etc on constate des structures additives (nombre des uniteacutes et nombre des dizaines apposeacutes ou coordonneacutes) on constate de 17 agrave 19 de 27 agrave 29 etc des structures soustractives Ainsi (au cas oblique en -s -is -us) en regard de ci-s cealc-s laquo 33 raquo on a ci-em cealc-us laquo 27 raquo (laquo il srsquoen faut de trois que ce soit trente raquo) Lrsquouniteacute du syntagme se manifeste agrave ce cas par la preacutesence drsquoune seule marque en hellips en position finale Cependant (sauf deux exemples de graphie continue) orthographe normale en deux mots avec coupe apregraves em indiquant la maniegravere dont les Eacutetrusques analysaient

310 310 g van heems

le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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le syntagme (deacuteterminant ci-em + deacutetermineacute cealcus) Il est donc clair par lagrave que -em ne fonctionne pas comme lat dē- dans lat duodēuīgintī etc Mais la nature et la signification preacutecises de lrsquoeacuteleacutement -em ne se laissent pas cernerOn a avec soustraction respectivement de 3 2 1 uniteacutes cinq exemples de ci-em hellip (TLE 1 IX-g 2 et X-2 TLE 166 894 SE XXXIII 474-3) cinq exemples de esl-em hellip (TLE 1 VI-14 XI-8 XI-12 XI-17) 101 quatre exemples de qun-em (TLE 1 XI-17 et XII-10 TLE 136 192) Sauf une fois (TLE 1 XI8) tous ces numeacuteraux complexes sont au cas oblique en s qursquoappelle le contexte

esal- voir zal

esl- voir zal

zaqrum numeacuteral laquo vingt raquo deacuteriveacute de zal (voir ce mot) mdash Dans le rituel de la Momie au cas direct eslem zaqrum (laquo 18 raquo) et au cas oblique en s eslem zaqrumiś et deux fois huqiś zaqrumiś (laquo 24 raquo) ndash Les autres exemples (eacutepitaphes) sont tous au cas oblique en -(i)s indications drsquoacircge avils cis zaqrmis-c (TLE 93 laquo 23 ans raquo proprement laquo trois et vingt raquo) avils ciem zaqrms (TLE 166 laquo 17 ans raquo) avils qunem zaqrums (TLE 192 laquo 19 ans raquo) avils eslem zaqrums (TLE 279 laquo 18 ans raquo) avils macs zaqrums (TLE 325 laquo 25 ans raquo)De lrsquoordinal zaqrum-sna un exemple au cas oblique en -e pour une datation (mot laquo jour raquo sous-entendu) dans le rituel de la Momie (VI 9) zaqrumsne laquo le 20 du mois raquo

ML

zal forme fondamentale du numeacuteral laquo deux raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 mac sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture (clenar zal laquo deux fils raquo TLE 170) dans les locutions qu eśic zal laquo un ou deux raquo zal eśic ci laquo deux ou trois raquo du rituel de la Momie (X 20-21) aussi dans des contextes mutileacutes du rituel de Capoue (TLE 224 36)Le numeacuteral laquo vingt raquo zaqrum (voir ce mot) manifeste une forme sans -l du mecircme radical devant un formant -qrum propre agrave ce nom de dizaine (tous les autres agrave partir de laquo 30 raquo sont des deacuteriveacutes en -alc) mdash Mais de plus zal- alterne avec esal- esl- et peut-ecirctre aussi avec zel-Le cas oblique en -s de zal est esals dans lrsquoindication drsquoacircge avils esals cezpalcals (TLE 324 laquo 72 82 92 ans raquo)Dans les nombres complexes 18 28 etc agrave structure soustractive (voir -em) figure comme eacuteleacutement initial esl-em (laquo il srsquoen faut de deux raquo) ainsi en TLE 279 (avils eslem zaqrums laquo 18 ans raquo) ainsi dans le rituel de la Momie (eslem zaqrum XI 8 et eslem zaqrumis VI 14 laquo dix-huit raquo eslem cealcus XI 12 et eslem cialcuś XI 17 laquo vingt-huit raquo) ndash Mecircme radical pour le multiplicatif esl-z

101 M Lejeune ne donne que ces quatre exemples [NdE]

311lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 311

laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

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de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

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Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

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laquo deux fois raquo aupregraves de termes exprimant lrsquoexercice drsquoune magistrature dans des cursus honorum eslz zilacnqas (TLE 136) eprqnevc eslz (TLE 171)Le nom (au cas en -s) zelarvenas drsquoune institution civique a eacuteteacute expliqueacute (voir śar-) comme deacuteriveacute drsquoun numeacuteral zelar laquo douze raquo (par coalescence de zel+śar) ndash En revanche tout agrave fait incertaine reste lrsquohypothegravese que zelur TLE 619 serait un distributif laquo bini raquo

MLzelarvenas voir śar-

zelur voir zal

huq numeacuteral laquo quatre raquo figurant sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 qu sur la face opposeacutee) laquo quatorze raquo est huqzars (au cas en -s) en TLE 191 (sur ce mot voir śar) laquo quarante raquo nous est inconnuCas direct huq agrave Tuscana (TLE 197) et dans deux autres exemples (TLE 2 TLE 381) Ailleurs cas oblique en -(i)s deux fois huqiś zaqrumiś laquo 24 raquo dans le rituel de la Momie indications drsquoacircge avils huqs muvalcls (laquo 54 ans raquo TLE 142) avils huqs (laquo 4 ans raquo TLE 143) avils huqs celcls (laquo 34 ans raquo TLE 144)Une chambre funeacuteraire de Tarquinies (SE XXX 1962 p 290-293 et pl XX) porte sur ses parois quatre figurations peintes du deacutemon Charon chacune surmonteacutee drsquoune leacutegende peinte de gauche agrave droite carun [ ]u[ ]e carun carun cunculis carun huqs voir les remarques de M Pallottino ibid p 303-304 Le quatriegraveme deacutemon est donc appeleacute carun huqs (TLE 885) et il nrsquoest guegravere douteux que lrsquoeacutepiclegravese renvoie au numeacuteral laquo quatre raquo mais on ne voit pas preacuteciseacutement comment srsquoagit-il (mais avec une autre valeur) de la mecircme forme casuelle en -s que par exemple dans les indications drsquoacircge Srsquoagit-il (huqz eacutecrit huqs) drsquoun multiplicatif (laquo pour la quatriegraveme fois raquo) etc

Un rapprochement a eacuteteacute proposeacute en 1921 par Max Oštir (Beitraumlge zur alarodischen Sprachwissenschaft p 34) puis P Kretschmer (Glotta XI p 277) avec un toponyme attique drsquoaspect preacutehelleacutenique assignable aux Peacutelasges OcircUtthniva autre nom selon Eacutetienne de Byzance de la Tetravpoli~ (Marathon Tricorynthos Oinoeacute Probalinthos) si lrsquoon admet que cette petite confeacutedeacuteration de quatre bourgades puisse ecirctre anteacuterieure agrave lrsquohelleacutenisation de lrsquoAttique () Tetravpoli~ serait un calque partiel drsquoune deacutesignation plus ancienne signifiant laquo la teacutetrade raquo Encore faut-il marquer que ne sont eacutevidentes ni la correspondance entre -tt- et lrsquoeacutetrusque -q- ni (puisque tout u initial est secondairement aspireacute en grec) la correspondance entre uJ- et lrsquoeacutetrusque hu-

huqzars voir huq

qu numeacuteral laquo un raquo sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 huq sur la face opposeacutee) dans la locution qu eśic zal laquo un ou deux raquo du rituel de la Momie (X 21) Mais toutes les formes fleacutechies et deacuteriveacutees reposent sur qun- Lrsquoexemple le plus net en est fourni par le syntagme qun-em laquo il srsquoen faut drsquoun raquo dans les noms

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de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

BIBLIOGRAPHIE

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316 316 g van heems

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 32: Tap Lejeune Van Heems 091105

312 312 g van heems

de nombre complexes 19 29 qunem zaqrums laquo 19 raquo (TLE 192) qunem cialcuś laquo 29 raquo (TLE 1-XI 17 et XII 10) qunem muvalcls laquo 49 raquo (TLE 136)Agrave des degreacutes divers de probabiliteacute se situent les identifications proposeacutees de qun (TLE 1-IV 5 et IV 17) qunś (TLE 1-VI 12) quni (TLE 1-VII 17 VII 23 X 7) comme formes fleacutechies de qu et celle de qunśna (TLE 1-VI 13) comme ordinal laquo premier raquo Mais qunz est sucircrement multiplicatif (laquo semel raquo) dans le cursus de TLE 324 zilcnu cezpz purtśvana qunz laquo il fut zilaq hellip fois purq une fois raquo

ML

qun voir qu

mac numeacuteral laquo cinq raquo Il figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 zal sur la face opposeacutee) dans une indication de progeacuteniture huśur mac (TLE 887) laquo cinq enfants raquo dans une indication drsquoacircge mac cezpalc avil (TLE 94) Autres indications drsquoacircge mais au cas oblique en -s avils macs zaqrums laquo 25 ans raquo (TLE 325) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo (TLE 98) avils macs semfalcls (TLE 165)Le nom de dizaine correspondant est muvalc (voir ce mot) suffixe -alc- le rapport de muv- agrave mac- demeure inexpliqueacuteM Pallottino (SE XXIV 1956 p 69) a suggeacutereacute qursquoagrave la souche mac appartiendrait le mot mecl- dans les titulatures zilaq hellip mecl rasnal (TLE 87 Tarquinii) eprqnec hellip mecl-um rasneas (TLE 233 Volsinii) ce serait un numeacuteral laquo quinze raquo et les titulatures eacutevoqueraient le praetor Etruriae XV populorum de lrsquoeacutepigraphie latine impeacuteriale Mais pour les nombres complexes de 11 agrave 16 on attend des juxtaposeacutes agrave second terme -śar laquo dix raquo (voir ce mot) et on en a en effet pour laquo 13 raquo laquo 14 raquo peut-ecirctre pour laquo 12 raquo Mieux vaut probablement retourner agrave lrsquointerpreacutetation traditionnelle qui voit dans mecl-um une variante de meql-um

ML

mecl- voir mac

muvalc- numeacuteral laquo cinquante raquo en regard de mac laquo cinq raquo (voir ce mot) la modification du radical devant le suffixe -alc- demeurant obscure Figure au cas oblique en -s dans les indications drsquoacircge avils qunem muvalcls laquo 49 ans raquo (TLE 136) avils cis muvalcls laquo 53 ans raquo (TLE 138) avils huqs muvalcls laquo 54 ans raquo (TLE 142)

ML

nurf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 ndash Connu seulement par le multiplicatif nurfzi (laquo fois raquo) dans un cursus honorum de Tarquinies (nurfzi canqce TLE 99 le preacuteteacuterit canqce deacutesignant lrsquoexercice drsquoune fonction est un hapax obscur)

ML

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

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mdash 1962 laquo Postilla alle nuove iscrizioni di Tarquinia e di Cerveteri raquo Studi Etruschi 30 p 301-304

mdash 16 Testimonia Linguae Etruscae Florence (noteacute TLE 2)

Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

rix H (eacuted) 1991 Etruskische Texte Editio minor 2 vol Tuumlbingen (noteacute ET)

mdash 1984 laquo La scrittura e la lingua raquo in M Cristofani (eacuted) Gli Etruschi una nuova immagine Milan p 199-227

mdash 2004 laquo Etruscan raquo in RD Woodard (eacuted) The Cambridge Encyclopedia of the Worldrsquos Ancient Languages Cambridge p 943-966

serBat G 1975 Les Structures du latin Paris

torP A 1902 Etruskische Beitraumlge I Leipzig

tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 33: Tap Lejeune Van Heems 091105

313lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 313

śa numeacuteral laquo six raquo figure sur les deacutes de Tuscana (TLE 197 ci sur la face opposeacutee) figure au cas oblique en -s dans des indications drsquoacircge avils śas laquo six ans raquo (TLE 193) avils XX tivrs śas laquo vingt ans six mois raquo (TLE 182 seule eacutepitaphe ougrave lrsquoacircge soit indiqueacute au mois pregraves) ndash Deacuteriveacute en -alc- pour laquo soixante raquo śealc- (voir ce mot) probablement de śaalc- dissimileacute en śealc- au lieu drsquoecirctre contracteacute (afin de maintenir agrave ce nom de dizaine la structure disyllabique que preacutesentent tous les autres )Les teacutemoignages TLE 181 193 197 proviennent de la reacutegion de Tarquinies comme TLE 98 pour śealc- la sifflante forte ś- y est constante Aussi doutera-t-on de lrsquoidentification (proposeacutee par M Pallottino SE XXXII 1964 p 108) de sa sa-m (avec sifflante normale) comme laquo six raquo dans les eacutepitaphes de la chambre des Anina agrave Tarquinies document qui par ailleurs preacutesente la sifflante forte comme on lrsquoattend dans le nom śuqi de la laquo seacutepulture raquo pour sa śuqi (TLE 882) sa-m śuqi (TLE 880) eacutecarter lrsquointerpreacutetation laquo six seacutepultures raquo drsquoautant que deux personnages (Vel fils de Vel et Larth fils de Vel) sembleraient alors deacuteclarer chacun avoir institueacute les six (mecircmes ) tombes ndash Les deux numeacuteraux des deacutes de Tuscana sur lesquels on a le plus longtemps heacutesiteacute (en lrsquoespegravece entre valeurs laquo 4 raquo et laquo 6 raquo) sont huq et śa Crsquoest parce qursquoon a de bonnes raisons drsquoidentifier huq comme laquo 4 raquo (tombe des Charons) que reacutesiduellement on identifiera śa comme laquo 6 raquo et non gracircce [vaCat] 102

śar‑ agrave identifier comme le numeacuteral laquo dix raquo malgreacute les doutes de M Pallottino SE XXIV 1956 n 56) Ne se rencontre qursquoen juxtaposition avec le cas oblique en -(i)s pour laquo 13 raquo (ciś śariś datation dans le rituel de la Momie VIII 1) pour laquo 14 raquo lrsquoindication drsquoacircge avils huqzars de TLE 191 (par coalescence de huqs śars)On a supposeacute que śar- laquo 10 raquo et zelar- laquo 12 raquo (coalescence de zel śar) sont impliqueacutes dans les deacutesignations de collegraveges civiques de laquo Xuiri raquo (śarvena) et de laquo XIIuiri raquo (zelarvena) qui figurent (au cas oblique en -s) comme deacuteterminations de tamera laquo curator raquo dans les titulatures tamera śarvenas (TLE 170) tamera zelarvenas (TLE 172 195)En revanche faute de contexte clair crsquoest une ressemblance purement formelle qui a fait conjecturer que śarśnauś dans le rituel de la Momie repose sur un ordinal śar-sna- laquo dixiegraveme raquo

ML

śarvenaś voir śar-

śarśnauś voir śar-

śealc- numeacuteral laquo soixante raquo deacuteriveacute en -alc- de śa laquo six raquo (voir ce mot) Figure au cas oblique en -s dans lrsquoindication drsquoacircge (TLE 98) avils macs śealcls-c laquo 65 ans raquo

102 La lacune nrsquoa pas emporteacute plus drsquoune ligne de texte [NdE]

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

BIBLIOGRAPHIE

agostiniani L 1992 laquo Contribution agrave lrsquoeacutetude de lrsquoeacutepigraphie et de la linguistique eacutetrusques raquo Lalies 11 p 37-74

mdash 1993 laquo La considerazione tipologica nello studio dellrsquoetrusco raquo Incontri linguistici 16 p 23-44

mdash 1995 laquo Sui numerali etruschi e la loro rappresentazione grafica raquo AIΩN 17 p 21-65

agostiniani L 2003 laquo Aspetti formali e semantici del suffisso di diminutivo -za in etrusco raquo Studi Etruschi 69 p 183-193

Cavagnaro vanoni L (eacuted) 1996 Tombe tarquiniesi di etagrave ellenistica catalogo di ventisei tombe a camera scoperte dalla Fondazione Lerici in localitagrave Calvario Rome (noteacute TT)

Coleman R 1992 laquo Italic raquo in J Gvozdanović (eacuted) Indo-European Numerals Berlin-New York p 389-445

Colonna G 1978 laquo Archeologia dellrsquoetagrave romantica in Etruria i Campanari di Toscanella e la tomba dei Vipinana raquo Studi Etruschi 46 p 81-117

Cristofani m (eacuted) 1973 Le Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco Actes du colloque Florence 1969 Florence

mdash 1995 Tabula CapuanaUn calendario festivo di etagrave arcaica Florence

de simone C 1968-1970 Die griechischen Entlehnungen im Etruskischen 2 vol Wiesbaden 1968 (vol I) et 1970 (vol II)

deeCke W 1875 Corssen und die Sprache der Etrusker Stuttgart

ernout A 19523 Morphologie historique du latin Paris

fiesel E 1935-1936 laquo Bemerkungen und Berichtigungen raquo Studi Etruschi 9 p 245-255

gianneCChini G 1997 laquo Unrsquoipotesi sul numerale etrusco per lsquododicirsquo raquo La Parola del Passato 52 p 190-206

goldmann E 1930 Beitraumlge zur Lehre vom indogermanischen Charakter der etruskischen Sprache Heidelberg

henrY B 1982-1983 Les nombres eacutetrusques Bulletin du Centre de recherches et drsquoenseignement de lrsquoAntiquiteacute 5 Angers

lazard G 1982 laquo Le morphegraveme racirc en persan et les relations actancielles raquo Bulletin de la Socieacuteteacute de Linguistique de Paris 77-1 p 177-207

lazard G 1984 laquo Actance variations and categories of the object raquo in F Planck (eacuted) Objects Towards a Theory of Grammatical Relations Londres p 269-292

mdash 1994 LrsquoActance Paris

316 316 g van heems

lejeune M 1981a laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo Revue des Eacutetudes Latines 59 p 69-77

mdash 1981b laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo Revue de Philologie 55 p 15-19

mdash 1981c laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo Bulletin de la Socieacuteteacute de Linguistique de Paris 76 p 241-248

mdash 1985 laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo Studi Etruschi 53 p 145-150

linington re serra ridgwaY f 17 Lo Scavo nel fondo Scataglini a Tarquinia 2 vol Milan

lujaacuten martiacutenez ER 1999 laquo The Indo-European system of numerals from lsquo1rsquo to lsquo10rsquo raquo in J Gvozdanović (eacuted) Numeral Types and Changes Worldwide Berlin-New York p 199-219

maggiani A 1996 laquo Appunti sulle magistrature etrusche raquo Studi Etruschi 62 p 95-138

monteil P 1974 Eacuteleacutements de phoneacutetique et de morphologie du latin Paris (1egravere eacutedition 1970)

morandi a 17 laquo La Tomba degli Scudi di Tarquinia contributo epigrafico per lrsquoesegesi dei soggetti raquo MEFRA 99 p 95-110

muumlller KO deeCke w 177 Die Etrusker 2 vol Stuttgart

norman KR 1992 laquo Middle Indo-Aryan raquo in J Gvozdanović (eacuted) Indo-European Numerals Berlin-New-York p 199-241

Pallottino M (eacuted) 1978 Thesaurus Linguae Etruscae I Indice lessicale Rome (noteacute ThLE I)

mdash 1962 laquo Postilla alle nuove iscrizioni di Tarquinia e di Cerveteri raquo Studi Etruschi 30 p 301-304

mdash 16 Testimonia Linguae Etruscae Florence (noteacute TLE 2)

Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

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tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 34: Tap Lejeune Van Heems 091105

314 314 g van heems

Agrave Lemnos la stegravele de Caminia figurant un guerrier non jeune et portant deux versions (A B leacutegegraverement diffeacuterentes) de son eacutepitaphe fournit lrsquoindication drsquoacircge (A) s1ialcveis2 avis2 (B) avis2 s1ialcvis2 (s1 et s2 transliteacuterant ici les deux signes de sifflantes de cet alphabet) La correspondance entre lemn avis2 et eacutetr avils (on admettra -ls gt -s pour le lemnien) la correspondance entre lemn s1ialc- et eacutetr śealc- (pour ce type de flottement en hiatus cf eacutetr cialc-cealc-) la correspondance syntaxique des deux tours (emploi du cas en -s) sont un des teacutemoignages patents de la parenteacute des deux langues Mais de la portion finale de s1ialc-veis2 (A) s1ialcvis2 (B) on nrsquoest pas en mesure de rendre compte suffixation compleacutementaire (outre -alχ-) pour les noms de dizaines en lemnien Ou dans un nombre complexe de la seacuterie 61 62 postposition agrave s1ialc- drsquoun numeacuteral simple diffeacuterent de ceux que nous connaissons pour lrsquoeacutetrusque

ML

semf- un des trois numeacuteraux on ne sait lequel de la seacuterie 7 8 9 au cas oblique en s indication drsquoacircge avils semfś TLE 232 ndash Nom de dizaine deacuteriveacute (de la seacuterie 70 80 90) semfalc- au cas oblique en -s indication drsquoacircge avils macs semfalcls TLE 165 (laquo 75 85 95 ans raquo)

ML

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

BIBLIOGRAPHIE

agostiniani L 1992 laquo Contribution agrave lrsquoeacutetude de lrsquoeacutepigraphie et de la linguistique eacutetrusques raquo Lalies 11 p 37-74

mdash 1993 laquo La considerazione tipologica nello studio dellrsquoetrusco raquo Incontri linguistici 16 p 23-44

mdash 1995 laquo Sui numerali etruschi e la loro rappresentazione grafica raquo AIΩN 17 p 21-65

agostiniani L 2003 laquo Aspetti formali e semantici del suffisso di diminutivo -za in etrusco raquo Studi Etruschi 69 p 183-193

Cavagnaro vanoni L (eacuted) 1996 Tombe tarquiniesi di etagrave ellenistica catalogo di ventisei tombe a camera scoperte dalla Fondazione Lerici in localitagrave Calvario Rome (noteacute TT)

Coleman R 1992 laquo Italic raquo in J Gvozdanović (eacuted) Indo-European Numerals Berlin-New York p 389-445

Colonna G 1978 laquo Archeologia dellrsquoetagrave romantica in Etruria i Campanari di Toscanella e la tomba dei Vipinana raquo Studi Etruschi 46 p 81-117

Cristofani m (eacuted) 1973 Le Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco Actes du colloque Florence 1969 Florence

mdash 1995 Tabula CapuanaUn calendario festivo di etagrave arcaica Florence

de simone C 1968-1970 Die griechischen Entlehnungen im Etruskischen 2 vol Wiesbaden 1968 (vol I) et 1970 (vol II)

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mdash 1994 LrsquoActance Paris

316 316 g van heems

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mdash 1981b laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo Revue de Philologie 55 p 15-19

mdash 1981c laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo Bulletin de la Socieacuteteacute de Linguistique de Paris 76 p 241-248

mdash 1985 laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo Studi Etruschi 53 p 145-150

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Pallottino M (eacuted) 1978 Thesaurus Linguae Etruscae I Indice lessicale Rome (noteacute ThLE I)

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mdash 16 Testimonia Linguae Etruscae Florence (noteacute TLE 2)

Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

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tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 35: Tap Lejeune Van Heems 091105

31lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 31

BIBLIOGRAPHIE

agostiniani L 1992 laquo Contribution agrave lrsquoeacutetude de lrsquoeacutepigraphie et de la linguistique eacutetrusques raquo Lalies 11 p 37-74

mdash 1993 laquo La considerazione tipologica nello studio dellrsquoetrusco raquo Incontri linguistici 16 p 23-44

mdash 1995 laquo Sui numerali etruschi e la loro rappresentazione grafica raquo AIΩN 17 p 21-65

agostiniani L 2003 laquo Aspetti formali e semantici del suffisso di diminutivo -za in etrusco raquo Studi Etruschi 69 p 183-193

Cavagnaro vanoni L (eacuted) 1996 Tombe tarquiniesi di etagrave ellenistica catalogo di ventisei tombe a camera scoperte dalla Fondazione Lerici in localitagrave Calvario Rome (noteacute TT)

Coleman R 1992 laquo Italic raquo in J Gvozdanović (eacuted) Indo-European Numerals Berlin-New York p 389-445

Colonna G 1978 laquo Archeologia dellrsquoetagrave romantica in Etruria i Campanari di Toscanella e la tomba dei Vipinana raquo Studi Etruschi 46 p 81-117

Cristofani m (eacuted) 1973 Le Ricerche epigrafiche e linguistiche sullrsquoetrusco Actes du colloque Florence 1969 Florence

mdash 1995 Tabula CapuanaUn calendario festivo di etagrave arcaica Florence

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fiesel E 1935-1936 laquo Bemerkungen und Berichtigungen raquo Studi Etruschi 9 p 245-255

gianneCChini G 1997 laquo Unrsquoipotesi sul numerale etrusco per lsquododicirsquo raquo La Parola del Passato 52 p 190-206

goldmann E 1930 Beitraumlge zur Lehre vom indogermanischen Charakter der etruskischen Sprache Heidelberg

henrY B 1982-1983 Les nombres eacutetrusques Bulletin du Centre de recherches et drsquoenseignement de lrsquoAntiquiteacute 5 Angers

lazard G 1982 laquo Le morphegraveme racirc en persan et les relations actancielles raquo Bulletin de la Socieacuteteacute de Linguistique de Paris 77-1 p 177-207

lazard G 1984 laquo Actance variations and categories of the object raquo in F Planck (eacuted) Objects Towards a Theory of Grammatical Relations Londres p 269-292

mdash 1994 LrsquoActance Paris

316 316 g van heems

lejeune M 1981a laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo Revue des Eacutetudes Latines 59 p 69-77

mdash 1981b laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo Revue de Philologie 55 p 15-19

mdash 1981c laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo Bulletin de la Socieacuteteacute de Linguistique de Paris 76 p 241-248

mdash 1985 laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo Studi Etruschi 53 p 145-150

linington re serra ridgwaY f 17 Lo Scavo nel fondo Scataglini a Tarquinia 2 vol Milan

lujaacuten martiacutenez ER 1999 laquo The Indo-European system of numerals from lsquo1rsquo to lsquo10rsquo raquo in J Gvozdanović (eacuted) Numeral Types and Changes Worldwide Berlin-New York p 199-219

maggiani A 1996 laquo Appunti sulle magistrature etrusche raquo Studi Etruschi 62 p 95-138

monteil P 1974 Eacuteleacutements de phoneacutetique et de morphologie du latin Paris (1egravere eacutedition 1970)

morandi a 17 laquo La Tomba degli Scudi di Tarquinia contributo epigrafico per lrsquoesegesi dei soggetti raquo MEFRA 99 p 95-110

muumlller KO deeCke w 177 Die Etrusker 2 vol Stuttgart

norman KR 1992 laquo Middle Indo-Aryan raquo in J Gvozdanović (eacuted) Indo-European Numerals Berlin-New-York p 199-241

Pallottino M (eacuted) 1978 Thesaurus Linguae Etruscae I Indice lessicale Rome (noteacute ThLE I)

mdash 1962 laquo Postilla alle nuove iscrizioni di Tarquinia e di Cerveteri raquo Studi Etruschi 30 p 301-304

mdash 16 Testimonia Linguae Etruscae Florence (noteacute TLE 2)

Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

rix H (eacuted) 1991 Etruskische Texte Editio minor 2 vol Tuumlbingen (noteacute ET)

mdash 1984 laquo La scrittura e la lingua raquo in M Cristofani (eacuted) Gli Etruschi una nuova immagine Milan p 199-227

mdash 2004 laquo Etruscan raquo in RD Woodard (eacuted) The Cambridge Encyclopedia of the Worldrsquos Ancient Languages Cambridge p 943-966

serBat G 1975 Les Structures du latin Paris

torP A 1902 Etruskische Beitraumlge I Leipzig

tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

Page 36: Tap Lejeune Van Heems 091105

316 316 g van heems

lejeune M 1981a laquo Les six premiers numeacuteraux eacutetrusques raquo Revue des Eacutetudes Latines 59 p 69-77

mdash 1981b laquo Eacutetrusque avil(s) Essai lexical raquo Revue de Philologie 55 p 15-19

mdash 1981c laquo Proceacutedures soustractives dans les numeacuterations eacutetrusque et latine raquo Bulletin de la Socieacuteteacute de Linguistique de Paris 76 p 241-248

mdash 1985 laquo Pour une histoire interne et externe de lrsquoeacutecriture eacutetrusque raquo Studi Etruschi 53 p 145-150

linington re serra ridgwaY f 17 Lo Scavo nel fondo Scataglini a Tarquinia 2 vol Milan

lujaacuten martiacutenez ER 1999 laquo The Indo-European system of numerals from lsquo1rsquo to lsquo10rsquo raquo in J Gvozdanović (eacuted) Numeral Types and Changes Worldwide Berlin-New York p 199-219

maggiani A 1996 laquo Appunti sulle magistrature etrusche raquo Studi Etruschi 62 p 95-138

monteil P 1974 Eacuteleacutements de phoneacutetique et de morphologie du latin Paris (1egravere eacutedition 1970)

morandi a 17 laquo La Tomba degli Scudi di Tarquinia contributo epigrafico per lrsquoesegesi dei soggetti raquo MEFRA 99 p 95-110

muumlller KO deeCke w 177 Die Etrusker 2 vol Stuttgart

norman KR 1992 laquo Middle Indo-Aryan raquo in J Gvozdanović (eacuted) Indo-European Numerals Berlin-New-York p 199-241

Pallottino M (eacuted) 1978 Thesaurus Linguae Etruscae I Indice lessicale Rome (noteacute ThLE I)

mdash 1962 laquo Postilla alle nuove iscrizioni di Tarquinia e di Cerveteri raquo Studi Etruschi 30 p 301-304

mdash 16 Testimonia Linguae Etruscae Florence (noteacute TLE 2)

Pandolfini angeletti M 1997 laquo Proposte per il Thesaurus Linguae Etruscae II Dizionario raquo in M Cristofani et G Colonna (eacuteds) Etrusca et Italica Scritti in ricordo di Massimo Pallottino 2 vol Pise-Rome

Pfiffig AJ 1969 Die etruskische Sprache Graz

rix H (eacuted) 1991 Etruskische Texte Editio minor 2 vol Tuumlbingen (noteacute ET)

mdash 1984 laquo La scrittura e la lingua raquo in M Cristofani (eacuted) Gli Etruschi una nuova immagine Milan p 199-227

mdash 2004 laquo Etruscan raquo in RD Woodard (eacuted) The Cambridge Encyclopedia of the Worldrsquos Ancient Languages Cambridge p 943-966

serBat G 1975 Les Structures du latin Paris

torP A 1902 Etruskische Beitraumlge I Leipzig

tromBetti A 1928 La lingua etrusca grammatica testi con commento saggi di traduzione interlineare lessico Florence

317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

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317lire eacuteCrire ComPter quelques reacuteflexions et hYPothegraveses sur le sYstegraveme numeacuteral 317

van heems G 2006 laquo Lrsquoinscription de lrsquoœnochoeacute de Montpellier un formulaire original raquo MEFRA 118-1 p 41-61

mdash 2008 laquo Diminutifs sobriquets et hypocoristiques eacutetrusques raquo in F Biville et P Poccetti (eacuteds) Les preacutenoms dans les langues de lrsquoItalie antique Actes de la Journeacutee drsquoeacutetude Lyon 2004 Pise-Rome p 69-110

wYlin K 2004 laquo Un terzo pronomeaggettivo dimostrativo etrusco sa raquo Studi Etruschi 70 p 213-225

autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099

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autour de michel lejeune (cmo 43)

Cet ouvrage reacuteunit les contributions de linguistes speacutecialistes de langues anciennes qui se sont retrouveacutes pour deux journeacutees drsquoeacutetude agrave lrsquoUniversiteacute Lyon 2 les 2 et 3 feacutevrier 2006 agrave lrsquooccasion du don de la bibliothegraveque de travail personnelle de Michel Lejeune agrave la Bibliothegraveque Inter-Universitaire de Lyon Les intervenants franccedilais et eacutetrangers ont pour certains drsquoentre eux cocirctoyeacute le linguiste speacutecialiste de grec ancien et de langues rares du domaine indo-europeacuteen et suivi ses enseignementsCes journeacutees eacutetaient consacreacutees la premiegravere agrave la linguistique grecque et indo-europeacuteenne la seconde au latin et aux langues de lrsquoItalie preacuteromaine Les diffeacuterents domaines linguistiques abordeacutes ici grec ancien grec myceacutenien eacutetrusque langues italiques veacutenegravete et plus largement la linguistique compareacutee des langues indo-europeacuteennes correspondent tous agrave des axes de recherche de Michel Lejeune que continuent de deacutevelopper ses successeursCet ouvrage est un teacutemoignage de reconnaissance agrave ce linguiste dont les travaux et les ouvrages ont nourri et vont nourrir encore tant par leur meacutethode que par leurs avanceacutees scientifiques de nombreuses geacuteneacuterations de chercheurs

copy 2009 ndash Maison de lrsquoOrient et de la Meacutediterraneacutee ndash Jean Pouilloux7 rue Raulin F-69365 Lyon CEDEX 07

ISSN 0184-1785ISBN 978-2-35668-009-9

Prix 32 euro9 782356 680099