Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs

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www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités. Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs

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Early warning is one of many important tools that contribute to the prevention of disasters and preparedness for hazards and threats, of any kind. It greatly enhances disaster risk reduction. A well-prepared National Society or NGO will understand and promote the role of people-centred early warning systems in reducing risk.

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  • www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalits.

    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

  • Fdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genve, 2013

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    Graphique : avec laimable autorisation de Leslie Caro Morinire

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    Systmes communautaires d'alerte prcoce: principes directeurs:

    principes directeurs

    1227800 11/2013

    La Fdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est le plus vaste rseau humanitaire de volontaires au monde, qui atteint 150 millions de personnes chaque anne par le biais de ses 187 Socits nationales. Ensemble, nous oeuvrons avant, pendant et aprs les catastrophes et les urgences sanitaires pour rpondre aux besoins et amliorer les conditions dexistence des personnes vulnrables. Nous agissons de faon impartiale, sans distinction fonde sur la nationalit, la race, le sexe, les croyances religieuses, la classe ou les opinions politiques.

    Guids par la Stratgie 2020 notre plan daction collectif pour faire face aux dfis humanitaires majeurs de la dcennie nous sommes dtermins sauver des vies et changer les mentalits .

    Nous tenons notre force de notre rseau de volontaires, du savoir-faire acquis dans les communauts, de notre indpendance et de notre neutralit. Nous nous employons amliorer les normes humanitaires, en tant que partenaires du dveloppement et en intervenant en cas de catastrophe. Nous persuadons les dcideurs dagir en toutes circonstances dans lintrt des personnes vulnrables. Ce faisant, nous rendons les communauts saines et sres, rduisons les vulnrabilits, renforons la rsilience et encourageons une culture de paix dans le monde entier.

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    La stratgie 2020 illustre la volont collective de la F-dration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) de relever les principaux dfis auxquels lhumanit sera confronte durant la dcennie venir. Conscients des besoins et des faiblesses des dif-frentes communauts avec lesquelles nous travaillons, nous avons labor cette stratgie dans lintrt de ceux qui sadressent la Croix-Rouge et au Croissant-Rouge, afin de participer la cration dun monde plus humain, plus digne et plus pacifique.

    Durant les dix prochaines annes, la FICR se concentrera collectivement sur les objectifs stratgiques suivants :

    1. Sauver des vies, protger les moyens dexistence et renforcer le relvement aprs les catastrophes et les crises

    2. Promouvoir des modes de vie sains et srs

    3. Promouvoir lintgration sociale et une culture de non-violence et de paix

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Sommaire

    Remerciements 4

    Avant-propos 5

    Acronymes 6

    Glossaire 7

    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs 91. Contexte et objectifs 9

    2. Public cible : qui ce guide est-il adress? 10

    3. Mthodologie 10

    4. Organisation 10

    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce 131. Dfinitions et concepts 13

    2. Prsentation des quatre composantes du systme dalerte prcoce 15

    3. Dissiper les mythes relatifs lalerte prcoce 16

    4. Cadres politiques et juridiques internationaux des alertes prcoces 18

    5. Cadre institutionnel des alertes prcoces 19

    B. Thmes transversaux : principes directeurs 25Principe directeur 1 : Intgrer les SAP aux RRC - les SAP ne doivent pas tre envisags de faon isole 25

    Principe directeur 2 : Crer des synergies entre les niveaux communautaires, nationaux, rgionaux et mondiaux 26

    Principe directeur 3 : Insister sur les SAP multi-alas 28

    Principe directeur 4 : Inclure systmatiquement la vulnrabilit 29

    Principe directeur 5 : Elaborer des SAP disposant de fonctions multiples 31

    Principe directeur 6 : Faire concider les divers calendriers 32

    Principe directeur 7 : Utiliser les diffrents systmes de connaissance 34

    Principe directeur 8 : Rendre compte de lvolution des risques et des incertitudes croissantes 35

    Principe directeur 9 : SAP sans frontires : cibler la totalit des vulnrabilits et des alas 38

    Principe directeur 10 : Exiger les technologies appropries 39

    Principe directeur 11 : Mettre en uvre des indicateurs et des canaux de communication redondants 41

    Principe directeur 12 : Cibler et atteindre les groupes dfavoriss et vulnrables 43

    Principe directeur 13 : Etablir des partenariats et encourager lengagement individuel 45

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    C. Pratique au sein des communauts : Principes directeurs par composante SAP 51

    Connaissance des risques 51Principe directeur K-1 Tous les exercices de connaissance des risques ne conduisent pas ncessairement une alerte prcoce, en revanche toute alerte prcoce doit reposer sur une connaissance des risques 53

    Principe directeur K-2 Accepter que les priorits dune communaut ne concident pas ncessairement avec vos priorits 53

    Surveillance 54Principe directeur M-1 Les rcepteurs passifs dinformations ne sauvent pas de vies 56

    Principe directeur M-2 Certaines communauts devront grer leur SAP 58

    Principe directeur M-3 Laffichage public des mesures de suivi peut motiver les communauts 59

    Principe directeur M-4 Quand les alas voluent, les mesures de surveillance doivent galement voluer 60

    Capacit de rponse 61Principe directeur R-1 Les SAP permettent de rpondre aux signes annonciateurs de catastrophes mais pas aux catastrophes 61

    Principe directeur R-2 Sefforcer dorganiser des rponses robustes que lon ne regrette pas 63

    Principe directeur R-3 Inscrire les possibilits de rponse dans des plans dinterventions actualiss

    annuellement et les lier au financement 64

    Principe directeur R-4 Cest en forgeant quon devient forgeron : tester vos ractions 66

    La communication en cas dalerte 67Principe directeur C-1 Dlguer clairement la responsabilit de lalerte ou de la mdiation 68

    Principe directeur C-2 Eviter le pige des appareils trop sophistiqus 71

    Principe directeur C-3 Utiliser des alertes progressives (par niveau et par couleur) dans la diffusion dinformations 72

    D. Aspects oprationnels des SAP et des SAPC 75

    Annexes 79Annexe 1 : Liste complte des principes directeurs 79

    Annexe 2 : Liste des bonnes pratiques par zone/pays 80

  • 4RemerciementsCe guide intitul Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs est le rsultat de consultations et des contributions prcieuses des Socits nationales, des Centres de rfrence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et de la Fdration internationale des socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Par ailleurs, nos partenaires nationaux et internationaux dans le monde ont galement contribu enrichir notre corpus denseignements retenus et de bonnes pratiques. Grce ces contributions, nos lignes directrices refltent une perspective plus globale des systmes communautaires dalerte prcoce. La contribution de lOrganisation mtorologique mondiale a galement t prcieuse pour llaboration de ce document. Enfin, ces principes directeurs nauraient pas vu le jour sans laide financire de la Croix-Rouge de Norvge et la Croix-Rouge Finlandaise.

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    Avant-proposLes pertes humaines et matrielles dues aux catastrophes ont pu tre diminues durant les 30 dernires annes grce aux systmes dalerte prcoce, pour la plupart de haute technologie. Les progrs scientifiques ont rvolutionn les prvisions et les technologies utilises pour les alertes prcoces. La Fdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge recommande, nanmoins, une approche axe sur les populations qui est essentielle pour sassurer que les informations et les signes capts par les satellites, les modlisations et autre technologie peuvent toucher les communauts les plus vulnrables, et que ces communauts peuvent ensuite ragir. Les alertes prcoces nempchent les risques de devenir des catastrophes que si les communauts se les approprient.

    Une action prcoce est galement essentielle dans tous les cas de figure. Laction prcoce constitue un investissement davenir, et a dj permis dattnuer de faon efficace les effets de certaines catastrophes. Dans le monde entier, dnormes efforts sont consentis pour permettre aux volontaires de jouer un rle actif dans la surveillance des risques qui ont un impact sur leurs communauts. Ainsi, les volontaires apprennent, partir de ce rle de surveillance, mettre des alertes et y rpondre. A partir du moment o ils sont actifs, ces systmes communautaires dalerte prcoce contribuent remplir les mandats des gouvernements de protection des vies et des moyens de subsistance. Quand ces systmes nexistent pas encore, les systmes dalerte prcoce permettent de susciter le dialogue sur ce que lon attend des systmes nationaux et sur laide que les Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peuvent apporter en tant quauxiliaires de gouvernement.

    Lapproche des alertes prcoces axe sur les populations, promue par le cadre d'action de Hyogo, vise permettre aux communauts de comprendre les menaces afin de pouvoir les viter. Les catastrophes sont dues en partie aux risques naturels mais elles sont galement causes par les faiblesses de la communaut : des personnes qui ne sont pas au bon endroit, au bon moment, ou qui nont pas les ressources ou les protections adquates pour ragir aux alertes.

    Il existe un consensus sur lide que les communauts doivent tre, tout le moins, des rcepteurs actifs dinformations. Certaines communauts devront mme participer la surveillance pour faciliter ladoption de mesures de protection. Lattention porte aux alertes dpend souvent de facteurs aussi divers que la connaissance, le pouvoir, la culture, lenvironnement, le mode de vie et la personnalit. En travaillant ds le dpart avec les communauts pour llaboration des systmes dalerte prcoce, on arrive surmonter la plupart des obstacles existants.

    Le prsent document de principes directeurs pour des systmes communautaires dalerte prcoce est un document dynamique qui est un point de dpart pour la compilation des efforts croissants dans ce domaine. Sa richesse a t de souligner les efforts en cours dans plus de cinquante pays du monde, au sein du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et parmi les principaux partenaires. A partir de ce document, nous pourrons constituer des pratiques communes pour les systmes communautaires dalerte prcoce. Nous esprons que les lecteurs contribueront ce dialogue et quils partageront de faon dynamique les exemples de bonnes pratiques et denseignements retenus.

    Bekele GeletaSecrtaire GnralFdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

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    Acronymes

    SCAP Systmes communautaires dalerte prcoce

    FUSC Fonds d'urgence de la Fdration pour les secours lors de catastrophes

    RRC Rduction des risques de catastrophe

    FICR Fdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge AGR Activit gnratrice de revenu

    ONG Organisation non-gouvernementale RSET Rponse selon les chelles de temps EVC Evaluation de la vulnrabilit et des capacits

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    GlossaireCatastrophe Rupture grave du fonctionnement dune communaut ou dune socit impliquant dimportants impacts et pertes humaines, matrielles, conomiques ou environnementales que la communaut ou la socit affecte ne peut surmonter avec ses seules ressources.

    Rduction des risques de catastrophe Concept et pratique de la rduction des risques de catastrophe grce des efforts pour analyser et grer leurs causes, notamment par une rduction de lexposition aux risques, qui permet de rduire la vulnrabilit des personnes et des biens, la gestion rationnelle des terres et de lenvironnement et lamlioration de la prparation aux vnements indsirables.

    Ala Un phnomne dangereux, une substance, activit humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou dautres effets sur la sant, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-conomiques, ou des dommages lenvironnement.

    Systme dalerte prcoce Ensemble des capacits ncessaires pour produire et diffuser en temps opportun et utile des bulletins dalerte permettant des individus, des communauts et des organisations menaces par un danger, de se prparer et dagir de faon approprie en temps utile pour rduire le risque de dommage ou de perte.

    Mesure dattnuation La rduction ou la limitation de limpact ngatif des alas et des catastrophes.

    Etat de prparation Les connaissances et les capacits dveloppes par les gouvernements, les professionnels dintervention et autres organisations concernes, les communauts et les individus, de manire anticiper efficacement, ragir et rcuprer, des impacts probables, imminents ou en cours.

    Prvention Ensemble dactivits permettant dviter compltement limpact ngatif des alas, et des catastrophes qui leur sont associes.

    Sensibilisation du public Il sagit de ltendue des connaissances communes sur les risques de catastrophe, sur les facteurs qui conduisent des catastrophes et sur des actions qui peuvent tre prises individuellement et collectivement pour rduire lexposition et la vulnrabilit aux alas.

    Rsilience La capacit dun systme, dune communaut ou dune socit expose aux risques de rsister, dabsorber, daccueillir et de corriger les effets dun danger, en temps opportun et de manire efficace, notamment par la prservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base; le ct positif de la vulnrabilit.

    Risque La combinaison de la probabilit dun vnement et de ses consquences ngatives.

    Vulnrabilit Les caractristiques et les circonstances dune communaut ou dun systme qui le rendent susceptible de subir les effets dun danger.

    Les dfinitions de cette section sont adaptes de la publication de la SIPC (Stratgie internationale de prvention des catastrophes naturelles, UNISDR en anglais), Terminologie pour la Prvention des risques de catastrophe.

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    Introduction aux systmes d'alerte prcoce de la communaut : principes directeurs

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    1. Contexte et objectifs

    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs est un des guides rdigs par la Fdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), et qui vient complter le guide sur lvaluation de la vulnrabilit et des capacits (EVC) et le guide sur la sensibilisation et lducation du public. Ce guide vient galement en complment du Guide pour la planification d'urgence et les interventions en cas de catastrophe et fournit un outil supplmentaire pour la rduction et la gestion des risques de catastrophe.

    Contrairement aux mcanismes d'intervention en cas de catastrophe, lalerte prcoce est un des nombreux outils fondamentaux pour la prvention des catastrophe et la prparation aux menaces et aux alas quels quils soient. Cet outil renforce de faon significative la rduction des risques de catastrophe (RRC). Une Socit nationale ou une organisation non-gouvernementale (ONG) bien prpare comprendra lintrt des systmes d'alerte prcoce (SAP) dans la rduction des risques et la promouvra. La politique de prparation aux catastrophes souligne que le rle de la FICR et des socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans la promotion de la connaissance de systmes dalerte prcoce connus, compris et utiliss par la communaut constitue une partie de leur contribution au cadre daction de Hyogo.

    Lobjectif stratgique 1 Sauver des vies, protger les moyens de subsistance et faciliter le relvement aprs les catastrophes et les crises de la Stratgie 2020 de la FICR souligne limportance de SAP fiables qui sont fondamentaux pour sauver un maximum de vies et protger les biens et les moyens de subsistance.

    Ce guide fournit un aperu des bonnes pratiques sur le terrain pour ceux qui souhaitent grer/rduire les risques de catastrophe et qui sont intresss par les

    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    SAP. Dans ce guide, on trouvera les principes directeurs qui seront au cur de la conception ou du renforcement des SAP tous les niveaux. Il ne sagit pas dun guide oprationnel mais plutt dun guide stratgique qui permet de se poser les bonnes questions et dexplorer les diffrentes possibilits avant de considrer que lalerte prcoce est loutil appropri dans un contexte donn.

    La boite outils pour les systmes communautaires dalerte prcoce (SCAP) accompagnera bientt ces principes directeurs. Elle sera publie courant 2013 et prendra la forme dun guide de terrain pour la formation des formateurs. Si lon choisit dutiliser les SAP, les principes directeurs aideront poser les bases et viseront encourager les acteurs de terrain explorer les principes au cur des SAP certains tant peut-tre instaurs dans le cadre des pro-grammes existants de RRC. Ce guide vise par consquent encourager les lecteurs prendre des mesures simples travers des SAP qui contribuent de faon vidente rduire les risques pour les communauts et sauver des vies et des moyens de subsistance.

    2. Public cible : qui ce guide est-il adress?Ce guide a t labor pour prsenter les activits abouties de SAP et pour partager les bonnes pratiques communautaires du monde entier, qui font rare-ment lobjet de publications. Ce guide cible tout particulirement les Socits nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (dans leur rle dauxiliaire), le personnel et les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que les ONG partenaires et les acteurs tous les niveaux qui se prparent soutenir les gouvernements qui souhaiteraient crer ou renforcer des SAP pour les communauts risque, lchelle locale, rgionale, nationale ou internationale.

    3. Mthodologie

    Ce guide repose sur trois activits parallles qui ont chacune t lorigine de documents de travail : Nous avons ralis une analyse documentaire approfondie et consult plus de

    450 documents. La bibliographie complte peut tre trouve sur FedNet. Toutes les initiatives lies aux projets SAP, ou leurs composantes, ralises

    par diffrents acteurs/organisations ont t entres dans une base de don-ne. Des entretiens ont t organiss avec les chefs de projets afin de mieux apprhender ltendue, lexprience et limpact de chaque activit.

    Nous avons inventori les diffrentes techniques et approches de chaque initiative SAP et identifi les enseignements retenus. Dans les principes directeurs, les bonnes pratiques apparaissent dans des encadrs fond vert et les enseignements retenus dans des encadrs fond rouge.

    4. Organisation

    Ce guide est organis en trois parties (cf. Figure 1) : comprendre, guider, pratiquer.

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    Introduction aux systmes d'alerte prcoce de la communaut : principes directeurs

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    Chapitre A, Comprendre : dfinitions, composantes fondamentales, mythes des SAP et cadre institutionnels et politiques

    Chapitre B, Guider : illustration des principes fondamentaux qui doivent tre pris en considration avant denvisager la conception dun SAP ou dun travail dappui, quels que soient les alas ou les niveaux concerns.

    Chapitre C, Pratiquer : sparation des quatre composantes essentielles des SAP afin de montrer les aspects plus spcifiques des SAP lchelle commu-nautaire et de prsenter les bonnes pratiques et les enseignements retenus lchelle communautaire dans le monde entier.

    Comment utiliser ce guide : Nous encourageons les spcialistes de RRC qui dcouvrent les systmes d'alerte prcoce parcourir ce guide dans lordre propos, afin de se familiariser avec les termes et les principes fondamentaux. Les lecteurs qui auront plus dexprience dans le domaine pourront lire directement la liste des principes directeurs (Chapitre B) et passer plus rapidement au Chapitre C qui prsente les aspects plus spcifiques des SAP et les exemples des diffrents pays par composante.

    ComprendreChapitre A Termes Composantes Mythes Cadres

    Guider Chapitre B 13 principes directeurs prendre en considration pour les efforts SAP

    PratiquerChapitre CEtape par tape en utilisant les quatre composantes SAP ax sur les communauts bonnes pratiques et enseignements retenus du monde entier

    Figure 1 : Organisation de ce guide

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    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce

    Cette partie du guide vise construire une vision commune du concept dalerte prcoce et des composantes du SAP. A partir de cette vision commune, nous pourrons explorer les principes directeurs et les exemples concrets de pratique communautaire. Il est indis-pensable, pour commencer, de comprendre la terminologie et les piliers des SAP, ainsi que les cadres politiques, juridiques et institutionnels dans lesquels sinscrivent les SAP. En chemin, nous considrons quil est galement important de dissiper certains mythes qui paralysent souvent les activits de SAP.

    1. Dfinitions et concepts

    Afin de bien comprendre la dfinition du SCAP, il est utile de dfinir les termes SAP, systme , alerte , prcoce , systme complet et communautaire , dans cet ordre.

    Un SAP est un ensemble des capacits ncessaires pour produire et diffuser en temps opportun et utile des bulletins dalerte permettant des individus, des communauts et des organisations menacs par un danger, de se prparer et dagir de faon approprie en temps utile pour rduire le risque de dommage ou de perte (dfinition adapte notamment de celle de la SIPC de 2009).

    Un systme est un ensemble organis et normalis dlments qui fluctuent dans diffrentes directions. Un systme dalerte complet est un ensemble dactions qui relient ceux qui doivent entendre un message et ceux qui collectent et qui effectuent un suivi de linformation qui compose le message.

    Une alerte est un message (compos de signes, de mots, de sons ou dimages) qui annonce un danger imminent. Prcoce signifie que lalerte prcde lala ou la menace et quil est encore temps de rduire les dommages ou les pertes, voire dviter la catastrophe.

    Communautaire signifie dans ce guide quil existe un rseau dinteractions sociales qui peut tre expos aux consquences multiples, sociales et/ou phy-siques, dune ou de plusieurs ala(s)/menace(s), lis, mais pas exclusivement, un lieu (c.--d. un village, un quartier, un bassin hydrographique, etc.).

    A partir de la dfinition de ces termes, on dfinit le SCAP comme un effort men par ou avec - mais pas pour - une communaut et visant collecter de faon systmatique et/ou analyser les informations qui permettent la diffu-sion des messages dalertes qui peuvent aider la communaut (ou les personnes/groupes qui suivent dans la chaine) rduire les dommages ou les pertes dues la ralisation (ou le processus) dun ala (ou dune menace).

    A.

    Comprendre les systmes dalerte prcoce

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Tableau 1 : Rle de la communaut dans les SAP.

    Ce concept tait plus connu sous le terme SAP bas sur les communauts mais ladaptation du terme et ladoption de SCAP permet de mieux distinguer les systmes axs sur communauts et les systmes que les communauts se sont appropri. Un SAP peut tre bas sur la communaut sans que la communaut ne se le soit appropri et quelle en ait pris la gestion. Nanmoins, ce nest que lorsque la communaut a une bonne comprhension du SAP que son impact devient rellement le plus durable. Le tableau 1 (adapt des documents de for-mation au dveloppement international) souligne les principales diffrences entre les SAP axs sur les communauts et ceux que les communauts se sont appropri.

    On distingue galement SAP nationaux et SCAP.Les caractristiques et les avantages de chaque systme sont dtaills dans le Tableau 2. Un SAP idal est intgr, il utilise les points forts des systmes nationaux et communautaires sans quil ny ait de confusion dans les signaux ou de concurrence. Dans une situation idale, le gouvernement est mandat pour travailler avec les commu-nauts et linformation circule dans les deux sens.

    Un SAP est mesur laune des mesures quil dclenche, laction tant au coeur du systme dalerte prcoce. Si lalerte nest pas donne, et si lalerte ne d-clenche pas les actions quelle aurait du dclencher, alors le systme dalerte a chou. Ici, on peut parler daction prcoce, comme on parle dalerte prcoce. Alerte prcoce, action prcoce est en revanche un terme diffrent qui signifie prendre des mesures avant la catastrophe ou lurgence sanitaire en utilisant toutes les informations scientifiques disponibles pour toutes les chelles tem-porelles (FICR, 2008) . La diffrence rside dans le fait que lAlerte prcoce, action prcoce est approprie toutes les chelles de temps (sicles, dcennies, annes, mois, semaines, jours, heures) et se base sur le concept de SAP tradi-tionnel pour produire une stratgie de gestion du risque climatique.

    Elments fondamentauxCOMMUNAUTE

    SAP bass sur la communaut SAP grs par la communaut

    Orientation Avec la population Par la population

    Caractristique Dmocratique Autonomisation

    Objectifs Bass sur la consultation Axs sur les besoins, participatifs

    PerspectiveCommunaut perue comme partenaire

    Communaut perue comme gestionnaire

    Etat desprit On organise la communaut On autonomise la communaut

    Valeurs Dveloppement des comptences Confiance dans les capacits

    Rsultat/impact Lancer un changement de la socit Restructurer le tissu social

    Principaux acteurs Entrepreneurs sociaux, travailleurs et responsables communautaires

    Tous les membres de la communaut

    Mthodologie Coordination et soutien technique Auto-gestion

    Les composants actifs de l'alerte prcoce (de quatre)

    Au moins on est actif (par exemple, la ractivit)

    Tous sont actifs, en particulier le suivi des indicateurs

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    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce

    Tableau 2 : Objectif : lintgration harmonieuse des SAP nationaux et communautaires

    2. Prsentation des quatre composantes essentielles du systme dalerte prcoce

    Les dfinitions du chapitre prcdent montrent quun SAP est bas sur quatre composantes essentielles : la connaissance du risque, la surveillance, la capacit de rponse et la communication des alertes. Chacune de ces composantes doit tre oprationnelle pour que le systme fonctionne : Connaissance des risques permet davoir une comprhension de base des

    risques (alas et vulnrabilits) et des priorits Surveillance est lactivit de suivi logique permettant dactualiser

    linformation sur lvolution dans le temps de ces risques et vulnrabilits. Capacit de rponse chaque niveau est la capacit rduire le risque une

    fois quil est repr et annonc. Il peut sagir de mesures dattnuation davant-saison ou de rflexes dvacuation, selon le dlai davertissement.

    Principaux facteurs SAP national SCAP

    ConceptionChoisi, bas sur le mandat juridique du gouvernement ou dautres acteurs

    Conception flexible, base sur les besoins et adapte suite aux essais et aux erreurs commises

    Ressources humaines Techniciens, spcialistesVolontaires et personnes nommes par les responsables locaux

    Caractristiques Alerte formelle en plusieurs tapes Alerte ad hoc ou en plusieurs tapes

    Documentation

    Lgislation, politiques, procdures dopration standards, mmorandums daccords, diagrammes de prsentation des flux dinformations, etc.

    Informel et rarement document

    TechnologieTechnologie de pointe, tlphone, radios VHF, HF.

    Tlphone ou outils traditionnels

    Dclencheur Indicateurs, prvisions, technologieDtection locale dun ala ou rception dune alerte extrieure la communaut

    Processus dalerteEn cascade ou ventil (par phases) de faon systmatique

    Ad hoc, mais peut galement tre bien organis, en cascade ou ventil

    Messages Impersonnel Personnel

    Moment de lalerte

    Pas toujours le premier toucher la communaut, produit pour tre transmis aux systmes officiels tous les niveaux

    Prcoce, (ds que le message est cr lchelle de la communaut) ou quand il existe une bonne communication tous les niveaux

    Premiers besoins ciblsRduire les pertes, conomiques et autres

    Scurit, diminuer le stress, soutien motionnel

    Critres dvaluation Dtails des alas; dlais fournis; proportion de fausses alertesRception de lalerte dans les temps, messages utiles de lalerte

    Surveillance

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Communication des alertes organise linformation de surveillance sous

    forme de messages oprationnels et comprhensibles par ceux qui en ont besoin et qui sont prpars les recevoir.

    Ces quatre composantes sont simplifies et adaptes partir de celles publies par la plateforme de la SIPC pour la promotion des alertes prcoces (plateforme en ligne depuis le lancement en 2006 du Programme international dalerte prcoce). Dun point de vue purement pratique, il est prfrable de sparer la collecte de donnes primaires et lanalyse scientifique de la composante de communication des alertes. La surveillance (au lieu de surveillance et service dalerte ) est un travail continu de suivi des indicateurs et des seuils tablis visant produire, avec une grande rigueur scientifique et lchelle locale, des informations importantes sur une situation donne. La communication des alertes utilise cette information, la rorganise sous forme de message com-prhensible et lenvoie vers la communaut risque. Dans la mesure o ces deux tches demandent des comptences et des outils trs diffrents, il sem-blait logique dtablir une distinction claire entre surveillance de linformation et communication des alertes. De mme, il est important didentifier les per-sonnes qui ont des comptences pluridisciplinaires et qui pourront faciliter le lien entre ces deux composantes.

    Lide que le renforcement de la capacit de rponse doit prcder la rception de lalerte au niveau de la communaut nous a galement conduit apporter un autre changement par rapport au schma de la SIPC. Donner lalerte dans des communauts qui ne sont pas quipes pour ragir serait injuste, la bonne pra-tique consiste donc renforcer la capacit de rponse bien avant que ne commence la communication des alertes.

    Chacune des quatre composantes est analyse dans le dtail dans la suite de ce guide.

    3. Dissiper les mythes relatifs lalerte prcoce

    Dans le monde entier, les mythes culturels sont ancrs dans les systmes de croyances et les perceptions des populations, quil sagisse des membres de la communaut ou des professionnels de la gestion et de rduction des risques de catastrophe. Ces croyances crent de faux espoirs ou paralysent les populations face au danger. Dans cette section, nous allons mettre laccent sur une srie de mythes qui doivent tre dissips si lon veut maintenir lefficacit des systmes dalerte. Les Socits nationales et les ONG ont la responsabilit de travailler avec les planificateurs locaux ou nationaux pour dissiper ces mythes.

    Les mythes les plus communs relatifs aux alertes prcoces peuvent tre classs selon deux catgories : i) information (moment, source ou contenu du message dalerte et ii) rponse ces alertes. Ils sont dcrits dans le Tableau 3. Pour chaque mythe, nous expliquons pourquoi il est faux ou infond. La dernire colonne fournit des conseils dactions dans le cadre des SAP visant sassurer que le mythe nest pas pris pour la ralit.

    1 Les quatre composantes proposes par la SIPC sont : connaissance des risque, surveillance et alerte, communication et capacit de rponse.

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    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce

    Mythe Pourquoi le mythe est infondAction dalerte prcoce visant

    dissiper le mythe

    Information : moment, source et contenu des messages dalerte

    Les responsables sont souvent trs rticents communiquer des informations au public tant que la situation nest pas compltement claire. Lexprience et les recherches montrent quen prsence dune menace crdible, il est prfrable de transmettre linformation ceux qui pourront ragir. Ne pas transmettre linformation quand cela tait possible conduit gnralement des cots et des passifs conomiques, politiques, juridiques et moraux trs levs. Le dfi consiste sassurer que les individus sont prpars ragir partir de linformation quils reoivent.

    Action dalerte prcoce : Ouvrir un canal dinformation continu mesure que lincident se droule en expliquant littralement le droulement de la situation durgence mesure que les lments apparaissent permet de modifier les directives initiales mesure que la situation volue. Personne ne sattend ce que les directives de protection restent les mmes alors que la situation volue. La population suivra le droulement de la situation durgence et modifiera ses actions mesure que certains faits stablissent et que la situation se modifie.

    On donne rarement trop dinformations la population concernant sa scurit si linformation est prcise. Il vaut mieux savoir ce quil va se passer que de craindre ce quil pourrait se passer. Une information prcise et bien proportionne permet dviter de spculer. Les messages dalerte ne sont pas soumis la rgle des 30 secondes qui sapplique aux publicits, ils doivent tre concis mais complets.

    Action dalerte prcoce : Transmettre linformation ds quelle est disponible. Dans les cas dincertitude en particulier, lalerte est un dbut de dialogue qui aide la population grer lincertitude de faon constructive. Dans les socits libres et submerges dinformations, la population est habitue la grer. Si linformation nest pas disponible, la population pensera rapidement quon veut lui cacher quelque chose.

    Mythe : Il est prfrable de navoir quune seule source sinformation

    Les responsables pensent quil est prfrable de disposer dun porte-parole (qui a une autorit technique) pour diffuser linformation sur la situation durgence. Nanmoins, les individus et les communauts vont chercher obtenir des informations de sources diffrentes. Les sources multiples dinformation permettent aux individus de recouper linformation pour la vrifier, ce qui rend linformation plus crdible.

    Action dalerte prcoce : La principale, voire unique, autorit charge de donner lalerte doit utiliser diffrentes outils pour transmettre les messages fondamentaux. Des porte-paroles diffrents peuvent dlivrer le mme message ou un message similaire.

    Mythe : Il est suffisant dinformer

    Les individus de cette gnration sont submergs de tellement dinformations tous les jours que lon ne sait pas toujours quand ragir. Linformation, seule, ne sera pas accompagne daction.

    Action dalerte prcoce : Dvelopper les quatre composantes de SAP. La capacit de rponse laction prcoce doit prcder, ou pour le moins accompagner, linformation.

    Rponses aux messages dalerte

    Mythe : Ne pas crier au loup (aprs de fausses alarmes, la population va ignorer les alertes)

    Les recherches montrent que lefficacit dune rponse des alertes bien cibles ne diminue pas quand elles ne sont pas trop frquentes et quelles sont bien expliques.

    Action dalerte prcoce : Les fausses alertes sont une bonne occasion dexpliquer aux communauts que cest lincertitude inhrente de la situation qui en est lorigine plutt que le manque de professionnalisme.

    Mythe : La population panique

    Les cas de panique existent mais ils sont rares. Les individus adoptent gnralement des actions dadaptation rationnelles, mme quand ils ont trs peur. Les recherchent montrent que la panique ne se produit que dans des espaces physiquement clos, qui disposent de sorties inadapts et quil y a une menace immdiate et claire.

    Action dalerte prcoce : insister sur lutilisation des routes dvacuation clairement marques qui conduisent aisment aux abris. Effectuer rgulirement des exercices et des simulations. Les alertes publiques efficaces et donnes en temps utile peuvent contribuer en grande partie rduire le risque de panique dans une situation durgence. Un bon leadership minimisera galement la panique.

    Mythe : Action immdiate et suivie

    Les individus ne rpondent pas aux premires alertes en tout cas pas immdiatement. Ils auront dabord tendance recouper linformation avec les voisins, les collgues, les mdias disponibles. Les recherches montrent que les individus ne vont pas suivre aveuglment les instructions dun message dalerte sauf si lon explique la raison de ces instructions. Les individus recouperont alors nouveau linformation jusqu ce que ces raisons leur semblent justifies.

    Action dalerte prcoce : Calculer ce dlai dans la stratgie de communication. Insister sur la redondance des messages, plus le message est entendu, plus il sera considr comme crdible et plus les instructions seront suivies.

    Mythe : Informer la population empire la situation

    Mythe : Linformation doit tre aussi succinte que possible

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Tableau 3 : Dissiper les mythes relatifs lalerte

    4. Cadres politiques et juridiques internationaux des alertes prcocesLalerte prcoce est un impratif politique et juridique mondial. Il sagit dune obligation inscrite dans la Dclaration de Rio sur l'environnement et le dvel-oppement (1992), la stratgie Yokohama (1994) et le Cadre daction de Hyogo (CAH, 2005). Elle est galement implicite dans les obligations de droits de lhomme de la plupart des pays, que ce soit dans le droit national ou interna-tional, qui incluent notamment le droit la vie, lgalit et la sant. Pour la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, lalerte prcoce est galement mentionne spcifiquement dans les principaux documents stratgiques.

    Les principes 18 et 19 de la Dclaration de Rio stipulent que les Etats ont un devoir dinformation , ce qui comprend notamment la notification immdiate de toute catastrophe ou autre situation durgence susceptible de produire des effets ngatifs sur lenvironnement , et la notification pralable et en temps opportun et la diffusion dinformations aux Etats susceptibles dtre touchs par les effets environnementaux transfrontaliers significatifs de certaines ac-tivits2. La plupart des alas environnementaux relvent de cette catgorie, et doivent faire lobjet dalertes prcoces entre les Etats. Par ailleurs, le Principe 10 de la Dclaration de Rio demande la participation de tous les citoyens concerns aux questions environnementales et exige que les individus obtiennent un bon accs aux informations relatives lenvironnement et dtenues par les autorits publiques.

    La stratgie Yokohama (1994) insiste sur lamlioration des alertes prcoces, des technologies plus rentables et a mme demand la cration dun Fond d'affectation spciale pour la prvention des catastrophes naturelles pour fi-nancer la mise en uvre et le renforcement des systmes dalerte prcoce des pays en dveloppement exposs aux catastrophes et particulirement des Etats les moins avancs, des Etats sans littoral et des petits Etats insulaires en dveloppement .

    Le CAH de 2005 a ajout une dimension humaine limpratif politique de lalerte prcoce renforant ainsi la responsabilit, non pas entre les Etats mais entre les gouvernements nationaux et les communauts risque. Ce Cadre daction exige gnralement la mise en place de systmes dalerte rapide axs sur les popu-lations, qui, en particulier, permettent dalerter en temps voulu les personnes menaces en leur adressant des messages qui leur soient comprhensibles, tien-nent compte des caractristiques des publics viss (dmographie, sexe, culture et moyens de subsistance), donnent des instructions sur la marche suivre en cas dalerte et contribuent au bon droulement des oprations menes par les responsables des interventions en cas de catastrophe et les autres dcideurs . Le CAH insiste donc sur laspect de communication des alertes rapides. Lexpression Ax sur les populations va au-del du concept de communaut comme rcep-trices et inclut les situations dans lesquelles les populations pourraient gale-ment produire des informations dalerte rapide.

    Un SAP efficace contribue activement aux cinq priorits daction du CAH mais la priorit 2 y fait spcifiquement rfrence : Mettre en vidence, valuer et surveiller les risques de catastrophe et renforcer les systmes dalerte rapide. Cette priorit vise principalement les composantes de connaissance des risques

    2 De mme, les lignes directrices relatives la facilitation et la rglementation nationales des oprations internationales de secours et d'assistance au relvement initial en cas de catastrophe, adoptes par les Etats parties aux Conventions de Genve en 2007, exhorte les Etats mettre en place des procdures permettant de faciliter le partage rapide dinformations relatives aux catastrophes, y compris les alas mergents qui pourraient tre lorigine de catastrophes, avec les autres Etats et avec les organisations humanitaires prtant assistance, notamment le Coordonnateur des secours d'urgence

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    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce

    et de surveillance du SAP et ne fait pas rfrence la composante de capacit de rponse. La priorit 5 du CAH Renforcer la prparation en prvision des catastrophes afin de pouvoir intervenir plus efficacement tous les niveaux lorsquelles se produisent est un lment au moins aussi important pour pouvoir donner une alerte rapide efficace. Cette composante de capacit de rponse du SAP est lillustration lchelle de la communaut du principe de la FICR d' Alerte rapide, action rapide .

    Le gouvernement a la responsabilit de crer, de maintenir et de mettre jour les SAP tous les niveaux appropris. La priorit 2 tablit la ncessit de mettre en place les moyens institutionnels ncessaires la bonne intgration des systmes dalerte rapide dans les processus dlaboration des politiques et de prise de dcisions des pouvoirs publics et dans les systmes de gestion des situations durgence au niveau aussi bien national que local, ainsi qu leur vrification rgulire et lvaluation priodique de leur efficacit.

    Mme si certains pays ont cr juridiquement une autorit comptente charge dmettre les alertes, les fonctions, rles et responsabilits de chaque acteur dans la surveillance et dans le processus de communication de lalerte nest que trs rarement prcis dans la lgislation ou dans la politique du gouvernement. Les Socits nationales qui souhaiteraient mener un travail de plaidoyer sur ces zones dombres peuvent se rfrer au document : Guide de diplomatie hu-manitaire, chapitre 2 : aspects lgislatifs de la gestion des catastrophes et des urgences sanitaires 3 .

    Dans la mesure o lalerte prcoce est un impratif pour les gouvernements, les Socits nationales, qui jouent un rle dauxiliaire et qui soutiennent les pouvoirs publics dans leur travail de rduction des risques, utilisent lalerte prcoce comme un outil permettant de protger la vie, la sant et les moyens de subsistance. La stratgie 2020 de la FICR met galement laccent sur lalerte prcoce et signale dans lobjectif stratgique 1 que : des systmes dalerte prcoce fiables permettent de sauver un nombre maximal de vies et de protger les biens et les moyens dexistence. LAction facilitatrice 2, dans le mme document, intitule mener des actions de diplomatie humanitaire pour prvenir et rduire la vulnrabilit dans un monde interdpendant exhorte prendre des mesures pour combattre les causes sous-jacentes de leurs souffrances et prvenir ou rduire les vulnrabilits, les conflits et les crises venir, en signalant immdiatement les problmes mergents . Par ailleurs, lobjectif final 3.1 de la 28e Confrence internationale de la FICR de juin 2003 a soulign que () les mesures visant minimiser limpact des catastrophes incluent () la mise en uvre de systmes dalerte prcoce . Le rseau de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est dans une position idale pour participer travers son rle dauxiliaire, son rseau de volontaires et son lien avec les communauts risque aux systmes communautaires dalerte prcoce. Les Socits nationales, en tant quauxiliaires des pouvoirs publics dans le domaine humanitaire, jouissent dun partenariat spcifique tous les niveaux, leur permettant daider les pouvoirs publics protger la vie et la sant des populations. Pour certaines Socits nationales, lalerte rapide peut constituer une part importante de leur rle de soutien. Toutes les ONG qui se concentrent sur la gestion et de rduction des risques de catastrophe peuvent

    3 Disponible sur https://fednet.ifrc.org/en/resources-and-services/idrl/legislative-advocacy-manual/.

    Bonnes pratiques: Le projet de politique nationale de gestion des risques de lEthiopie reconnait spcifiquement les SAP communautaires.

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    galement considrer que lalerte rapide est un des nombreux aspects de leur travail.

    5. Cadre institutionnel des alertes prcocesLes acteurs qui contribuent aux alertes prcoces sont trs nombreux et lobjectif de ce guide nest pas de les citer tous. Dans ce chapitre, nous allons passer brivement en revue les acteurs principaux qui ont un mandat de SAP et les composantes des SAP auxquelles ils contribuent. Ce chapitre termine sur les diffrents rles des organisations de la socit civile chaque niveau des SAP.

    Mme si on considre souvent que la communaut est le dernier maillon, dun SAP complet, il est prfrable de lenvisager comme le premier maillon qui doit absolument recevoir le message dalerte et tre en mesure de ragir. Les communauts bien informes connaissent les risques prioritaires. Les communauts sont les premiers acteurs puisquelles protgent les foyers et les personnes dfavorises. De nombreuses communauts sont motives et capables de mener un SAP de faon indpendante lchelle locale et sans devoir attendre que linformation ou lalerte vienne de lextrieur. Dautres communauts sont prpares recevoir les informations de surveillance ou dalerte et sorganiser par la suite en mettant en uvre une srie de mesures appropries. Les Socits nationales et les volontaires sont un des points daccs la communaut risque.

    La socit civile, est constitue de nombreuses entits ou groupes, tels que le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge , des ONG nationales et internationales, et des organisations communautaires. Le mandat de ces institutions inclut le soutien des gouvernements dans la protection des rsidents du pays. Dans les SAP, les organisations de la socit civile tablissent un lien entre les agences scientifiques et techniques, ou les gouvernements nationaux, et la communaut, et notamment les volontaires qui jouent un rle fondamental et desquels la communaut dpend. Ces organisations ont lavantage de bien connatre certaines communauts et ont galement la capacit dinterprter les informations dalerte prcoce collectes en dehors de la communaut. Dans le monde entier, les acteurs de la socit civile grent les projets de SAP, dont une grande partie sinscrit clairement dans des programmes plus larges de RRC.

    Les gouvernements, locaux et nationaux, comme dcrit ci-dessus, ont lobligation de protger tous les rsidents des risques relatifs leur vie ou leur sant. Les SAP nationaux sont des outils multirisques que les gouvernements peuvent utiliser pour respecter leurs obligations. Les SAP peuvent se manifester sous diffrentes formes ; ils peuvent tre constitus dunits spcifiques et autonomes ou de responsables individuels issus de diffrents ministres de tutelle ou agences. Les lois nationales, provinciales et locales doivent sassurer que les institutions gouvernementales ont des mandats de SAP clairs tous les niveaux, quelles ont suffisamment de ressources pour respecter leurs obligations et quelles ont lobligation de consulter les communauts et la socit civile pour tablir leur planification et les processus de mise en uvre tous les niveaux. Les institutions gouvernementales doivent veiller ce que les SAP touchent toute la population risque et dclenchent des actions rapides. Les entits qui participent le plus souvent lalerte prcoce sont les agences/units de gestion et de rduction des risques de catastrophes ainsi que les services mtorologiques, hydrologiques et sanitaires. Les SAP nationaux et/ou ces entits ont des reprsentants lchelle sous-nationale, particulirement dans les zones exposes des risques plus importants.

    Il y a un nombre tendu et trs changeant dagences rgionales scientifiques spcialises5 dotes dun mandat de surveillance environnementale, sanitaire et sociale et/ou charges de fournir des prvisions et des alertes en temps op-portun. Nombre de ces agences techniques sont directement lies aux instituts

    4 Bien que les Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge soient des auxiliaires de leurs gouvernements respectifs, et bien que la FICR soit une organisation internationale, le Mouvement est inclus ici car la socit civile est au cur de son mandat.

    5 Pour un inventaire plus complet des SAP mondiaux, rgianaux et nationaux, le lecteur peut se rfrer au document du PNUE EWS : State of the Art Analysis and Future Directions de V. Grasso ; http://na.unep. net/siouxfalls/publications/ Early_Warning.pdf

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    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce

    de recherche, des organes rgionaux ou internationaux ou des entits des Nations-Unies. Elles sont galement nombreuses adapter leurs services aux exigences des appels humanitaires. Bien quelles sadressent des publics varis pour prendre les mesures adapts (notamment apporter une assistance tech-nique prcieuse ou fournir des quipement aux Socits nationales, aux ONG ou mme aux communauts), certaines sont parfois accuses de ne travailler que dans lintrt de dcideurs des pays bailleurs de fond ou de ceux dans lesquelles elles travaillent. Quoi quil en soit, la plupart de ces agences fournissent des in-formations techniques du haut vers le bas utiles et accessibles par internet qui devraient tre intgres dans les SAP locaux et nationaux. Nous navons men-tionn que certaines de ces agences dans le tableau 4, par type dala surveill.

    Tableau 4 : Exemples dagences qui participent la

    Alas Entits mondiales actives dans la surveillance des SAP

    Conditions mtorologiques violentes/ temptes

    Organisation mtorologique mondiale LOMM fournit aux diffrents pays membres (189 pays/territoires membres) des capacits dobservation, de surveillance, de prvision et dalerte hydro-mtorologiques travers notamment des centres rgionaux spcialiss. http://severe.worldweather.org/; www.wmo.int

    Universit de Hawa www.solar.ifa.hawaii.edu/Tropical/tropical.html

    La FICR en partenariat avec l'Institut international de recherche sur le climat et la socit. http://iridl.ldeo.columbia.edu/maproom/.IFRC/.Forecasts/

    Inondations et glissements de terrain

    Dartmouth www.dartmouth.edu/~floods

    Ifnet www.internationalfloodnetwork.org/03_f_info.html

    Consortium international sur les glissements de terrain http://icl.dpri.kyoto- u.ac.jp/Landslides%20Alert.html

    Scheresse Service d'alerte rapide aux crises humanitaires www.hewsweb.org/drought/

    Systme mondial d'information et d'alerte rapide www.fao.org/giews/english/i ndex.htm Benfield Hazard Research Center

    http://drought.mssl.ucl.ac.uk/droug ht.html Rseau du systme d'alerte rapide la famine www.fews.net/

    Feux de fort Experimental Climate Prediction Center (Centre national de prvisions mtorologiques) Centre mondial de surveillance des incendies

    www.fire.uni-freiburg.de Webfire Mapper (Universit du Maryland)

    http://maps.geog.umd.edu/default.asp

    Tremblements de terre, volcans, tsunamis

    US Geological Survey and Global Volcanism Program (Programme amricain de volcanisme mondial et dtudes gologiques) http://earthquake.usgs.gov/eqcenter/recenteqsww/catalo gs/caprss1days2.5.xml www.volcano.si.edu/reports/usgs/

    Geofon www.gfz- potsdam.de/geofon/new/rt.html

    UNESCO/Commission ocanographique intergouvernementale http://ioc3.unesco.org/indotsunami/

    Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique www.prh.noaa.gov/ptwc/w

    Epidmies/sant Organisation mondiale de la sant www.who.int/csr/outb reaknetwork/en/

    Conflit SAP de lUnion Africaine en cas de conflit

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    surveillance rgionale ou mondiale pour llaboration dalertes prcoces. regionalLe nombre de centres techniques rgionaux ne cesse daugmenter. Le SAP multi-alas rgional intgr pour lAsie et lAfrique est un exemple intressant des activits dalerte prcoce multi-ala existant entre deux continents de lOcan Indien. Le Centre africain pour les applications de la mtorologie au dveloppement fournit la FICR, sur la base dun contrat, des documents saisonniers et climatiques. Dans le systme des Nations-Unies, de nombreuses entits contribuent activement lalerte prcoce ; certaines sont mentionnes dans le tableau 4.

    La plupart de ces entits effectuent une surveillance des alas selon leur mandat technique spcifique. LOMM se concentre sur les alas atmosphriques ( travers une nouvelle initiative qui sinscrit dans le Cadre mondial pour les services climatologiques), lOMS surveille les alas dans le domaine de la sant et la FAO et le PAM surveillent les alas lis la faim, la famine, et plus gnralement lalimentation et linscurit des moyens de subsistance. LUNESCO contribue galement de nombreuses activits dalerte prcoce dans le domaine des ressources hydriques et de locanographie. Dautres entits telles que la SIPC, le PNUD/BCPR et le HCR contribuent galement aux SAP.

    Certains bailleurs de fond et certains pays dvelopps ont particip de faon significative aux investissements dans les alertes prcoces, notamment la Direction gnrale de l'aide humanitaire et de la protection civile (DG ECHO) de la Commission Europenne et son programme de prparation aux catastrophes (DIPECHO), Lagence sudoise pour la protection civile (Myndigheten fr sam-hllsskydd och beredskap, MSB), lAllemagne (GIZ), la Norvge, le Japon (JICA), le Royaume-Uni et les Etats-Unis (USAID).

    Au niveau institutionnel, il est ncessaire de crer une synergie entre les diffrents niveaux daction pour parvenir un SAP efficace. La figure 2 illustre les principaux mandats institutionnels relatifs aux SAP chaque niveau (local, national et rgional/mondial). Il est important de garder lesprit que les SAP ont tous pour objectif ultime de servir les communauts et les individus soumis

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    A. Comprendre les systmes dalerte prcoce

    Renforcer la capacit de la communaut risque et des volontaires recevoir les alertes, les analyser et prendre les mesures adaptes.

    Renforcer la capacit des autorits locales protger les communauts (rle dauxiliaire des Socits nationales).

    Le cas chant, permettre aux commu-nauts de dvelopper et de grer les SAP en fournissant une surveillance, des conditions et des messages provenant du premier maillon

    Etablir le lien entre les communauts et la connaissance externe des alertes prcoces.

    Vrifier la faisabilit des SAP mondiaux, rgionaux et nationaux.

    Etablir le lien entre les centre de connais-sances, les forums rgionaux et les alertes prcoce au niveau national et local.

    Promouvoir la cration de messages dalerte prcoce comprhensi-bles et qui vont du sommet vers la base selon les diffrentes chelles de temps.

    Exiger et soutenir le tudes de faisabilit rguliers sur le terrain et adapter les produits et les messages des SAP en fonction.

    Organiser des changes entre les acteurs afin de partager les bonnes pratiques et les enseignements retenus dans le domaine des SAP.

    Niveau local (communit, socit)

    Intgrer les alertes prcoces aux pro-grammes stratgiques et oprationnels de RRC en cours.

    Aider les gou-vernements dvelop-per des SAP axs sur les populations, adapts et troitement lis aux communauts risque.

    Encourager la cration de passerelles avec dautres SAP, notam-ment avec les acteurs mondiaux et rgionaux qui fournissent une assistance technique, une surveillance utile et des alertes.

    Faire le lien entre les informations et la surveillance technique et les dcideurs nationaux.

    Niveau rgional et mondial

    Niveau national

    aux risques, quels quils soient. Bien que les rles soient diffrents, cet objectif

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    B. Thmes transversaux : principes directeurs

    doit rester le mme tous les niveaux.

    Figure 2 : Rles des acteurs participant aux SAP

    Ce chapitre vise prsenter au lecteur les principes directeurs gnraux qui le guideront dans lanalyse de la pertinence et de la faisabilit des SAP dans une rgion ou dans un pays et diffrents niveaux (du niveau national aux communauts). Ces principes ont t runis grce une tude des SAP mene dans le monde entier. Ce chapitre et le chapitre suivant prsentent des exemples de bonnes pratiques et denseignements retenus de dif-frents contextes et de diffrents pays.

    Les Socits nationales, comme cela a t mentionn plus haut, peuvent contribuer de faon notable sauver des vies travers la planification de SAP. Cependant, avant de dvelopper et de renforcer leur rle dans ce domaine, les Socits nationales doivent sassurer quelles comprennent et quelles assument les risques. La question essentielle est de savoir si elles ont la capacit de rpondre de faon cohrente aux attentes quelles vont crer. Ces attentes pourront tre morales, politiques ou juridiques.

    Principe directeur 1 : Intgrer les SAP aux RRC - les SAP ne doivent pas tre envisags de faon isole Les SAP ne pourront pas tre efficaces ou durables sils sont envisags de faon isole. Si lon considre quun SAP est pertinent, on doit le concevoir et lintgrer un cadre de RRC et de gestion plus large. Etablir un SAP, quelque niveau que ce soit, sans le lier clairement dautres activits et dautres entits de gestion et de rduction des risques de catastrophes, mnera invitablement des rsu-ltats moins efficaces, moins durables et dont limpact sur les vies et sur les moyens de subsistance sera moindre.

    Mme si les SAP ne sont pas couteux en termes de technologie, ils demandent un investissement en temps et ressources considrable et ils ne doivent donc tre mis en uvre quaprs une analyse des autres solutions existantes et de leur durabilit. Les SAP bnficieront tout point de vue dune intgration un programme de RRC plus global. Quel que soit le contexte, on peut presque tou-jours renforcer ou crer des passerelles vers les SAP existants de faon utile et abordable. Dans la plupart des cas, les organisations qui travaillent dans la RCC mnent dj des activits qui sont au cur dun SAP (certaines de ces activits sont dcrites au chapitre C). Lobjectif par consquent est de crer un bloc dactivits de RCC qui rponde aux objectifs identifis par les gouvernements et/ou les communauts et qui pourra tre maintenu travers limplication des acteurs concerns dans un systme national.

    B.

    Thmes transversaux : principes directeurs

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    Fdration internationale des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Principe directeur 2 : Crer des synergies entre les niveaux communautaires, nationaux, rgionaux et mondiaux

    Les SAP ne doivent pas tre considrs de faon isole et sortis dun programme de RRC plus global. La consquence directe de ce premier principe est que les SAP vont galement bnficier chaque niveau du bon fonctionnement des au-tres niveaux. Une bonne synergie entre ces diffrents niveaux permettra dapporter une meilleure protection pour la vie et les moyens de subsistance. Le tableau 5 dcrit les diffrents rles de soutien de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des ONG dans le cadre dun SAP ax sur les communauts. Des exem-ples des attentes que lon pourra avoir pour un SAP bien rod seront donns suivant deux colonnes, la premire colonne dcrira laction isole alors que la deuxime colonne insistera sur les liens de synergie.

    6 En espagnol : Ley Nmero 337 de 2000, Ley Creadora del Sistema Nacional para la Prevencin, Mitigacin, y Atencin de Desastres.

    Bonne pratique :Dans le SAP officiel du Nicaragua, les diffrents niveaux sont intgrs et interconnects, grce au soutien des institutions nationales et internationales, de la Croix-Rouge du Nicaragua, des Socits nationales partenaires (Croix-Rouge espagnole, italienne et nerlandaise), des ONG, des acteurs du secteur priv et des membres de la communaut. Ce fonctionnement dpend de la Loi 337 sur 2000 du Nicaragua intitule Loi sur la cration du systme national de prvention, dattnuation et de rponse aux catastrophes, et de son dcret dapplication. LINETER (lInstitut nicaraguayen des tudes territoriales) est charg de la surveillance des inondations (du fleuve Escondido et du fleuve Wawa), des tsunamis, ( San Rafael del Sur-Managua et Corinto-Chinandega) et des ruption volcaniques ( Lon, Chinandega et sur lIle de Ometepe). Ces SAP sont structurs sur diffrents niveaux et sont galement intgrs au rseau de surveillance rgionale de lAmrique Centrale. Le gouvernement est charg dmettre les alertes pour les trois niveaux concerns et les communauts sont impliques dans leur propre capacit de rponse (plans dvacuation, laboration de cartes et signalisation des routes) ; et dans la communication des alertes (rception des informations, encodage et activation de lalerte lchelle de communauts). Ces efforts ont impliqu 80 volontaires de la Croix-Rouge du Nicaragua lchelle communautaire. Les institutions qui participent au financement sont la COMUPRED (Commission de prvention et dattnuation des catastrophes), ainsi que COSUDE, ECHO, IDB et JICA qui jouent un rle trs important lchelle locale.6

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    B. Thmes transversaux : principes directeurs

    Tableau 5 : Activits de SAP isoles vs. activits intgres, par niveau daction

    Le gouvernement a la responsabilit 7 de protger la population travers, pour ne citer quun exemple des diffrentes activits possibles, la cration, la pren-nisation et la mise jour des SAP. Mme si des SAP sont crs lchelle locale, les gouvernements sont responsables du travail de coordination nationale visant garantir que les SAP sont en place partout o il est ncessaire de pro-tger les vies et les moyens de subsistance. Ces mandats des institutions gou-vernementales devraient apparatre dans des politiques et des lgislations claires et tre accompagnes des ressources ncessaires. Les Socits nationales, comme mentionn plus haut, ont un rle spcifique dauxiliaire des gouvernements, elles peuvent les aider assumer leur responsabilit. Les ONG partenaires qui travaillent dans la planification durable de la RRC devrait gale-ment participer au renforcement des efforts nationaux tels que les SAP.

    Niveau daction du SAP

    Activits de SAP isoles Activits intgres aux autres niveaux

    Communaut Les foyers effectuent une surveillance du niveau du fleuve et mnent une vacuation durgence un niveau donn mais les autorits rgionales et nationales ne sont pas informes et ne peuvent pas apporter leur assistance de secours et de relvement.

    Les foyers sont informs dune tempte imminente plusieurs jours avant, ils recoupent cette information avec linformation issue de la surveillance des prcipitations et du niveau du fleuve lchelle locale et peuvent sauver des vies et des moyens de subsistance. Des plans sont tablis et ont fait lobjet dexercices afin que des actions puissent tre entreprises aussitt que lalerte est donne.

    National Les entits nationales renforcent leur capacit mais disposent de trs peu de stations de surveillance mtorologique.

    Les agents nationaux sont soutenus par les Socits nationales et les ONG afin de pouvoir se rendre sur les zones risque qui ne disposent pas de stations mtorologiques et dlaborer des mthodes simples de surveillance des conditions au sein des communauts. Les rsultats de cette surveillance sont envoys lchelle nationale pour tre inclus au systme darchive et dalertes.

    Rgional Les inondations font lobjet dune surveillance troite des SAP rgionaux mais les entits rgionales ne tiennent pas compte des prvisions plus globales qui refltent une volution des conditions susceptible davoir un impact sur le contexte local et ne transmettent pas systmatiquement les alertes en temps voulu et en aval dans chaque pays.

    La rgion tire profit des prvisions climatiques, amliorent ses outils pour les crues glaciaires et tablit un systme dalerte par internet systmatis qui alerte simultanment tous les pays concern des vnements imminents.

    International ou mondial

    Les technologies fournissent des prvisions saisonnires impressionnantes et sont de plus en plus prcises dans la prvision des scheresses. Or les pays concerns risquent de ne recevoir ces informations quune fois que les foyers, le btail et les cultures en auront subi les effets ngatifs.

    Les prvisions mtorologiques saisonnires sont prsentes de faon comprhensible pour une utilisation nationale et sont accompagnes de formations nationales. Les fonds (tels que Fonds d'urgence pour les secours lors de catastrophes (FUSC)) sont allous et le pr-positionnement des fournitures ncessaires est organis prs des zones risques du pays en cas de catastrophe imminente.

    7 Pour les tremblements de terre, il existe de nombreuses possibilits de ne pas imposer la responsabilit financire des SAP au seul gouvernement et de dlguer toute la charge du rseau dalerte lchelle locale.

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    A lchelle nationale, il peut tre intressant pour les Socits nationales et les ONG de renforcer les rseaux nationaux de SAP de rception, danalyse, dinterprtation et de prvision partir des activits de surveillance rgionales et mondiales, tels que les forums rgionaux sur les perspectives climatiques.

    Principe directeur 3 : Insister sur les SAP multi-alas

    Un SAP doit centraliser les informations, les rponses et les alertes, sur tous les alas pertinents un niveau ou pour une entit donne en tant compte de la rsilience et de la vulnrabilit. Les agents de SAP lchelle centrale ne par-ticipent donc pas eux-mmes toutes les composantes pour tous les alas mais ils collectent les informations, comprennent et soumettent des ides aux sous-systmes de faon encourager les synergies et viter de renouveler inutile-ment certaines activits.

    Les avantages des SAP multi-alas sont nombreux. Le plus grand avantage et que, par dfinition, les SAP sont dvelopps sur la base dune analyse systma-tique et dune hirarchisation dun ensemble de menaces et dalas auquel le pays ou la communaut sont confronts. Cela signifie que de nombreux alas et menaces ont t systmatiquement analyss avant que lon ait pu identifier ceux qui taient les plus dangereux et qui pouvaient faire lobjet dun SAP. Cette

    Bonne pratique :Le premier appel de fond prventif li des prvisions mtorologiques a eu lieu en Afrique de lOuest, en 2007 (les fonds ont t obtenus travers le FUSC). La FICR a approuv un financement de 750 000 dollars amricains en prvention dinondations et de prcipitations et les fonds ont permis le prpositionnement des fournitures, la formation des volontaires et la mise en uvre de plans durgence. Ces mesures avaient pu tre lances suite des prvisions unanimes de prcipitations plus importantes dans la rgion. Un prcdent a t cr pour les bailleurs de fond et la communaut de gestion et de rduction des risques de catastrophes. Rsultat : des vies ont t sauves, le temps de rponse a t rduit et les ressources ont t utilises plus efficacement.

    Bonne pratique :En Sierra Leone et au Libria (Projet de renforcement des capacits en matire de gestion des catastrophes en Afrique de lOuest, 2008-12), alors quaucun SAP nest mis en uvre et quaucun service mtorologique nest quip pour mettre des alertes, la participation systmatique des reprsentants de lAutorit nationale de gestion des risque de catastrophes aux formations compltes aux SAP dans les deux pays a permis une comprhension approfondie de limportance des mesures axes sur la population dans les alertes prcoces et de la ncessit daligner les efforts locaux un ventuel SAP national.

    Enseignement retenu : Malgr les progrs significatifs raliss en matire de prvisions saisonnires, celles-ci restent de lordre de lincertitude et de la probabilit. Des vnements peu probables peuvent survenir. La socit de la Croix-Rouge de Mongolie a travaill en troite collaboration avec l'Institut international de recherche sur le climat et la socit pendant la priode de Dcembre 2009-Fvrier 2010, mais les informations de surveillance (par ex.: un risque sur cinq davoir un hiver plus froid que la moyenne) ne justifiaient pas, premire vue, une alerte prcoce. Le mois de mai suivant, le gouvernement a dclar l'tat d'urgence durant lequel 8,4 millions de btes ont pri. Rtrospectivement, cette prvision aurait pu dclencher une action compte tenu de la vulnrabilit accrue de la Mongolie aux impacts dun hiver froid, aprs une scheresse estivale qui avait priv les agriculteurs dune partie de leur de pturage et de leur foin.

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    B. Thmes transversaux : principes directeurs

    analyse intgre et globale permet de mieux asseoir les bases dun SAP. Les SAP multi-alas ont de nombreux avantages : Un niveau dactivit de SAP plus stable : les risques napparaissent pas

    tous la mme saison, quand lun est dormant, un autre peut demander une surveillance accrue. Et quand deux risques sont hors-saison (par ex. aucun risque dinondation en priode sche), on peut effectuer un travail de surveillance de la vulnrabilit (ou de la rsilience).

    Une plus grande efficacit avec des ressources humaine et financires plus limites : centraliser les SAP tous les niveaux permet de diminuer le travail dentretien du systme et le nombre de volontaires/employs ncessaires. Par exemple, effectuer la surveillance des indicateurs pour un seul ala ne ncessite peut-tre pas le travail dune personne plein temps.

    Une meilleure clart : si une seule entit a autorit, il y aura moins de confusion pour les utilisateurs qui sauront o trouver les informations relatives aux alertes prcoces.

    Les alas voluent diffremment et peuvent surgir des priodes et des endroits diffrents mais dautres lments des SAP sont en revanche assez constants :

    Ncessit dtablir un processus de surveillance (et non des outils) Ncessit de mettre en uvre des alertes graduelles (par ex. : vert, jaune,

    rouge) et dtablir des paliers qui dclenchent des actions immdiates Les canaux de communication utiliss pour mettre des alertes

    Ci-dessous, des exemples de SAP multi-alas diffrents niveaux :

    Bonne pratique :Dans quatre pays de la zone Asie-Pacifique (Indonsie, Philippines, Sri Lanka et Viet Nam), la Croix-Rouge amricaine et le Centre asiatique de prparation aux catastrophes (ADPC) a organis un projet intitul Faciliter l'intgration de l'alerte tsunami en renforant les systmes d'alerte multi-alas." Le projet visait tablir et/ou renforcer les forums nationaux dalerte prcoce, renforcer les capacits des Socits nationales, traduire les informations sur les risques en mesures dactions et communiquer ces mesures aux communauts risque. Ce projet permettra galement de raliser une vrification du systme afin de tester la fonctionnalit et la fiabilit des SAP en collaboration avec les points focaux nationaux d'alerte prcoce et de gestion des catastrophes, et les ONG concernes.

    Bonne pratique : Le tsunami de 2004 a t lorigine de la cration de lorganisation intitule Systmes rgionaux intgrs dalerte prcoce multi-alas. Il sagit dune activit collective centralise haute technologie base sur les SAP nationaux de 26 pays de lOcan Indien.

    Bonne pratique :En Indonsie, la ville de Semarang (soutenue par des tudes de cas SIPC / DKLV) traite des alas multiples tels que la hausse du niveau des mers, les raz de mare rapides et soudains, les problmes daffaissement des terrains et les dynamiques urbaines. Ces activits montrent la ncessit de surveiller la vulnrabilit et le droulement de risque de faon dynamique et sur le long terme dans les zones urbaines afin de dvelopper des alertes prcoces non seulement pour les vnements soudains mais aussi pour les alas sous-jacents.

    Enseignement retenu : La France, aprs la canicule mortelle de 2003, utilise en parallle le Plan Vigilance, Mto France et la Direction gnrale de la scurit civile pour surveiller les huit alas naturels travers un systme dalertes par codes-couleurs et en communication directe notamment avec les mdias, les municipalits, les organes publiques, les oprateurs dlectricit.

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Bonne pratique :En France, depuis la canicule de 2003, la socit civile, et notamment la Croix-Rouge, collabore avec la Direction gnrale de la scurit civile sur un nouveau plan de canicule estivale, qui permet deffectuer une surveillance de la vulnrabilit et de rendre visite quotidiennement aux personnes rpertories, durant les vagues de chaleur. Les visiteurs apportent des aliments et des boissons et aident ces personnes se laver, manger, etc.

    Bonne pratique :Les activits de Save the Children UK dans la Corne de lAfrique montrent que les SCAP mens dans les communauts pastorales fournissent des informations prcieuses et spcifiques qui permettent danalyser de faon systmatique les moyens de subsistance, les alas et les catastrophes. Les rsultats obtenus prouvent que la surveillance de la vulnrabilit des communauts faces aux alas physiques permet de mieux comprendre le fonctionnement des communauts risque.

    Bonne pratique :En Ouganda, lAgence pour le dveloppement et la copration technique coordonne le Projet de surveillance de la vulnrabilit au sein des communauts, un projet de SAP bas sur une communication par SMS qui surveille et cartographie les tendances les plus dangereuses dans les districts de Amuru et Pader. Ce systme runit des preuves en temps ral de lvolution des schmas de vulnrabilit dans la vie quotidienne des communauts et identifie et alerte simultanment les autorits concernes dans les zones ncessitant une action urgente. Les indicateurs surveills sont notamment le niveau de prcipitation, le niveau des pandmies et les maladies mineures au sein de la population vulnrable (par ex. : les enfants).

    Bonne pratique :La politique de scheresse au nord-est du Brsil (Etat de Cere) a permis dattnuer les effets des pnuries deau soudaines mais na pas pu diminuer la vulnrabilit sur le long terme. Les activits de la communaut de Cear destines attnuer les effets de la scheresse, travers notamment des assurances pour les agriculteurs, la construction de rservoirs pour les eaux de barrages durant les prcipitations et les SAP en cas de scheresse, obtiennent de meilleur rsultats.

    Principe directeur 4 : Inclure systmatiquement la vulnrabilit Les risques dpendent de deux lments : les alas et la vulnrabilit. Ainsi, pour rduire le risque, il faut coordonner les SAP des alas aux SAP de vulnrabilit. Les alas et la vulnrabilit sont les deux lments prendre en compte pour les SAP. Auparavant, la tendance tait gnralement de se concentrer sur la surveillance et lalerte relatives aux alas et aux menaces. La ngligence de la vulnrabilit tait une des plus grandes faiblesses identifie dans le monde. La rsilience est donc le pendant positif de la vulnrabilit. Le terme de rsilience pourra tre remplac systmatiquement par celui de vulnrabilit sans que le sens nen soit chang.

    La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge et les ONG peuvent aider les gouvernements comprendre, surveiller et organiser des rponses et des alertes relatives la vulnrabilit, de la mme faon quils le font pour les alas. Les indicateurs permettant de surveiller lvolution des niveaux de vulnrabilit tels que les mesures des niveaux de pauvret ou de revenus qui refltent une prcarit des moyens de subsistance, ou lanalyse des diffrentes ressources disponibles pour aider la communaut se relever dun choc sont choisis de la mme faon que les indicateurs visant surveiller les alas.

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    B. Thmes transversaux : principes directeurs

    Les alas et la vulnrabilit sont des lments qui voluent dans le temps et qui ont des effets diffrents sur les territoires et sur les foyers. Les alas changent rapidement, ils nont pas tous une date de dbut et une date de fin facile mesurer (par ex. : la scheresse). De mme, la vulnrabilit volue durant lanne. A titre dexemple, de nombreuses communauts en Afrique sont con-frontes des saisons de famine durant lesquelles la chute de la production et de leur pouvoir dachat les empche de se procurer des aliments. Cependant, au sein de ces communauts, certains foyers disposent parfois dautres sources de revenu (par ex.: du btail) qui les rend plus rsilients et qui leur permet de se relever plus rapidement dun ala soudain.

    Les alas et la vulnrabilit doivent tre valus ensemble afin de raliser une bonne surveillance des risques. Les foyers qui sont les plus exposs un ala et qui ont le plus haut niveau de vulnrabilit sont les destinataires prioritaires de lalerte prcoce. Il est important de surveiller les conditions des communauts en situation de pauvret chronique dont les moyens de subsistance dpendent des ressources et sont prcaires mme sans quun ala ne soit prvu, tout comme il est fondamental dalerter en temps opportun les communauts riches (moins vulnrables) menaces par un cyclone imminent. Lintgration systma-tique du facteur vulnrabilit pourrait rendre les SAP suffisamment sensibles pour que les alertes soient dclenches uniquement partir de ce facteur et en labsence dala imminent ou mesurable.

    Enseignement retenu :Durant lt 2003, une canicule sans prcdent touch louest de lEurope. Bien que des alertes aient t envoyes travers de nombreux canaux de communication, les indicateurs de vulnrabilit (ge, isolement, etc.) nont pas t suffisamment pris en considration et la canicule a fait 15 000 victimes en moins de deux semaines. La majorit de ces victimes taient des personnes ages, isoles et qui nont pas t alertes.

    Enseignement retenu :La crise alimentaire de 2004 et 2005 au Niger tait une crise grave mais localise dans les rgions de Maradi, Tahoua, Tillabri au nord et dans la rgion Zinder au sud-est. Cette crise tait cause par une saison des pluies plus courte en 2004, les dgts causs sur certains paturages par le criquet plerin, laugmentation des prix des produits alimentaires et la pauvret chronique. La rponse tardive au SAP du Niger nous rappelle que les crises alimentaires sont une conjonction des facteurs que sont la pauvret et ltat des services publics de base. Les alas naturels ne sont que la goutte deau qui fait dborder le vase. Comme la crit Eilerts (2006) : Le plus grand dfi repose sur le constat que nous ne pouvons plus limiter notre surveillance et notre analyse la scurit alimentaire et aux crises alimentaires. Les prochaines famines et les prochaines crises alimentaires seront des des situations durgence de diffrents types et dans des endroits diffrents, lies aux moyens de subsistance. Le plus difficile sera de savoir quels seront les facteurs que nous ne devrons pas prendre en considration.

    Enseignement retenu :La Mongolie a connu de grandes priodes de scheresse entre 1999 et 2002 et entre 2004 et 2005. Quand 2009 sest avr tre un t sec, le pays craignait quun hiver rude ne porte un nouveau coup au btail. Le bureau rgional de la Croix-Rouge a consult les prvisions rgionales et malgr une probabilit de seulement 20% que les tempratures soient plus basses que la moyenne, lhiver 2009-2010 fut caractris par une chute rapide et soudaine des tempratures et par de fortes chutes de neige continues, appeles dzud. Des centaines de milliers de btes ont pri et de nombreux leveurs ont perdu leur source de revenus. En mai 2012, ltat durgence fut dclar dans les deux-tiers de la province. La Croix-Rouge suivait de prs des alas mais son SAP ne disposait, en revanche, daucune mthode systmatique de suivi des niveaux de vulnrabilit. Si des indicateurs avaient montr le niveau croissant de vulnrabilit et si ce facteur avait t compar celui des alas et considr comme un lment important du SAP, des mesures prventives, telles quun appel au FUSC, auraient permis de sauver des vies.

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    Systmes communautaires dalerte prcoce : principes directeurs

    Principe directeur 5 : Elaborer des SAP disposant de fonctions multiples

    Etant donn que les catastrophes ne sont pas toujours la priorit des commu-nauts risque, la durabilit des SAP dpend de la capacit des SAP inclure des composantes qui ont des fonctions multiples au sein de la communaut. Dans le monde, les agents de gestion et de rduction des risques de catastrophes sont souvent surpris par les priorits des communauts quils soutiennent. Les com-munauts pauvres dans les pays en dveloppement accordent moins dimportance au tsunami mortel ou aux inondations rcurrentes qui causent environ cinq morts par an qu la survie quotidienne, la scurit alimentaire et la satisfaction des besoins primaires et socio-culturels rcurrents (tels que les cots de scolarit, les cots mdicaux, leau, les baptmes ou les enterrements). Il est, par consquent, important de comprendre et de tenir compte des besoins et des priorits des populations locales dans les activits de SAP.

    Deux techniques peuvent tre utilises pour rpondre aux besoins quotidiens des populations tout en mettant en uvre les SAP : les activits gnratrices de revenus (AGR) et les quipement fonctions multiples, telles que dcrites ci-dessous. Le dveloppement dAGR peut tre li directement aux SAP. Il a t dmontr

    que si une AGR est organise de faon durable par les membres de la communauts et les volontaires, ils acceptent de consacrer une partie du revenu gnr pour financer des activits de SAP dans la mesure o plus de la moiti de ce revenu est utilis pour satisfaire les besoins quotidiens selon des modalits quils auront eux-mmes dfinies.

    Toutes les composantes dun SAP tous les niveaux (et particulirement au niveau de la communaut) doivent avoir plusieurs fonctions. Des quipements de communication pourront servir mettre des alertes mais aussi convoquer des runions ; des abris en cas dvacuation pourront servir dcole ou de lieu de culte. La multifonctionnalit ne signifie pas ncessairement que les quipements de SAP doivent tre utiliss rgulirement par les communauts ; on peut galement combiner des fonctions dalertes et des fonctions scientifiques ou dautres fonctions, ce qui aura le mme effet.

    Bonne pratique :Cooperazione Internazionale/Malawi a cr un partenariat avec la Croix-Rouge pour organiser des SCAP pour les inondations partir dAGR. Ces AGR mettent disposition des fonds destins satisfaire les besoins quotidiens fondamentaux et contribuent galement au financement des frais de tlphones des personnes charges de surveiller le niveau du fleuve (surveillance SAP) ainsi que des visites annuelles des communauts rsidant en aval.

    Bonne pratique :En Amrique centrale, lutilisation de systmes radio a t dveloppe pour mettre des alertes inondations. Dsormais, ces systmes sont galement utiliss pour la communication de base. Ils sont utiliss quotidiennement et sont au cur de la vie de la communaut. De cette faon, ces systmes sont bien entretenus et peuvent tre utiliss pour mettre des alertes. Mme si ce systme na t cr que pour des alertes trs rares, il est bien entretenu parce quil a t intgr dans la vie de la communaut.

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    B. Thmes transversaux : principes directeurs

    Principe directeur 6 : Faire concider les divers calendriers Afin de tirer profit des dlais plus longs pour prparer et grer les risques des changements climatiques associs la variation et au changement du climat, il peut tre intressant dintgrer aux SAP les diffrentes chelles de temps des infor-mations dalerte prcoce. Pour que ces informations soient pertinentes, il est im-portant de comprendre, quand on utilise diffrentes chelles de temps pour les informations de prvisions, que les mesures appropries prises des heures avant lvnement lchelle locale peuvent tre trs diffrentes des mesures qui taient appropries bien avant, par exemple au moment o une prvision saisonnire in-dique un risque dinondation pour la prochaine saison des pluies. En effet, les pr-visions donnes trs lavance fournissent moins de certitudes et de dtails. Par consquent, les mesures appropries seront diffrentes, selon lchelle de temps des informations fournies par les prvisions.

    Le Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont dvelopp un outil (intitul ici Rponse selon les chelles de temps RSET) qui aident les agents de RRC (ou plus spci-fiquement de SAP) lchelle nationale ou communautaire envisager les dif-frentes rponses possibles quand ils sont confronts un scnario dalas et diffrents temps de raction (minutes, jours, mois, saisons, annes). Lexercice RSET sera dtaill au chapitre C.

    En tant que gestionnaire de risque, vous devez prvoir le pire. Le tableau 6 est un guide simplifi qui prvoit les scnarios les plus dfavorables ; les dlais dalertes peuvent, mais ce ne sera pas ncessairement le cas, tre plus long que cel