Systeme Financier Gestion Bancaire

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  • 1. LE SYSTME FINANCIER........................................................................................1OBJECTIFS ........................................................................................................................... 1

    1.1 Le systme financier et lensemble de lconomie ................................................. 2 GOUVERNEMENT ................................................................................................................... 5

    Institutions financires ............................................................................................. 5 Marchs financiers ................................................................................................... 5

    1.2 Caractristiques et relations des institutions et des marchs financiers .............. 9 1.3 Raison dtre de lintermdiation financire ...................................................... 10 Rsum ....................................................................................................................... 13 Exercices .................................................................................................................... 14 Rfrences .................................................................................................................. 16 Questions de rvision ................................................................................................. 17

    2. LA GESTION BANCAIRE.........................................................................................18OBJECTIFS ......................................................................................................................... 18

    2.1 Lobjectif de la gestion bancaire ......................................................................... 18 2.2 Le concept de comptitivit dans le contexte de la gestion bancaire .................. 21 2.3 Le processus de cration de valeur et lingnierie financire ............................. 23 2.4 La gestion des risques : objets, motifs et mthodes ............................................. 26 2.5 Lanalyse de base des tats financiers dune institution financire ................... 30 Rsum ....................................................................................................................... 33 Exercices .................................................................................................................... 35 Rfrences .................................................................................................................. 37 Questions de rvision ................................................................................................. 38

    1. Le systme financier

    Objectifs

    Ce premier chapitre a pour but de situer le cadre dans lequel travaillent les institutions

    financires. Plus spcifiquement, il vise les objectifs suivants :

    Montrer limportance du secteur financier dans lconomie

  • Identifier les intervenants, les fonctions et les mesures de performance du secteur

    financier

    Dcrire les caractristiques des institutions et des marchs financiers et les relations

    entre ces deux types dorganisations

    Expliquer la raison dtre des intermdiaires financiers

    1.1 Le systme financier et lensemble de lconomie

    1.1.1 Importance du systme financier

    Dans toute conomie moderne, le systme financier occupe une place trs importante. Par

    exemple, au Canada le secteur des services financiers gnre directement plus de 5% du produit

    intrieur brut. Ce secteur emploie plus de 550 000 personnes de faon directe et lon estime quun

    nombre quivalent demplois est cr de faon indirecte.1 Enfin, en 1997 le secteur dtenait pour

    plus de 3,1 milliards de dollars dactifs canadiens. On voit donc facilement lintrt de bien

    comprendre et grer un secteur aussi significatif.

    1.1.2 Positionnement et rle du secteur financier dans lconomie

    Le rle principal du secteur financier dans une conomie est de recueillir lpargne et de

    lacheminer vers ses meilleures utilisations possibles. Rappelons que lpargne produite par une

    entit conomique est simplement lexcdent de ses revenus sur ses dpenses. Par opposition au

    secteur financier, on dfinit le secteur rel qui comprend toutes les entits qui ne jouent pas de

    rle financier dans lconomie. Le secteur rel peut tre dcompos en quatre grandes

    composantes, soit : les particuliers, les entreprises, les gouvernements et administrations

    publiques et ltranger.

    En gnral, le secteur des particuliers est celui qui gnre un montant net dpargne, alors que le

    secteur des entreprises est celui qui a besoin dpargne pour financer ses investissements. Les

    gouvernements et ltranger oscillent selon les priodes entre des positions de producteurs ou 1 Changement, Dfis et possibilits, Rapport du Groupe de travail, Groupe de travail sur lavenir du secteur des services financiers canadien, Septembre 1998, p.44-5

    2

  • dutilisateurs dpargne. Au Canada, dans le pass, les gouvernements ont plutt eu tendance

    encourir des dficits et donc tre utilisateurs dpargne alors que ltranger a servi fournir au

    Canada les capitaux qui lui manquaient.

    Le gouvernement est non seulement utilisateur du secteur financier, mais assume aussi les

    responsabilits den dfinir le cadre lgal et de veiller son bon fonctionnement. Il intervient

    galement via ses politiques fiscales et montaires pour stimuler lpargne et favoriser certaines

    utilisations quil juge favorables pour le pays.

    Enfin, comme les conomies modernes sont de plus en plus ouvertes, le secteur tranger est

    impliqu non seulement en tant que fournisseur ou utilisateur dpargne mais fait galement

    souvent comptition aux institutions nationales pour le processus de collecte et dacheminement

    de lpargne, que ce soit par le biais des institutions ou des marchs financiers.

    Avec ces considrations en tte, la figure 1.1 reprsente le secteur financier dun pays par rapports

    aux principaux intervenants avec lesquels il doit interagir. Il se trouve donc au centre dun

    processus par lequel il collecte lpargne des agents conomiques qui disposent dun surplus et

    acheminent ces capitaux aux agents qui sont en dficit de capital. Ce processus est supervis et

    influenc de faon importante par les gouvernements, qui interviennent la fois sur les

    pargnants, le secteur financier et les investisseurs. Enfin, il faut toujours garder lesprit que ce

    processus se droule dans un contexte de comptition internationale.

    1.1.3 Les composantes du systme financier

    Le systme financier comprend le secteur financier, constitu des organismes directement

    impliqus dans des transactions financires, et les institutions publiques et prives charges de

    lencadrement lgal et de la supervision du secteur financier. Le secteur financier lui-mme peut

    tre divis en deux grandes catgories, soit les institutions financires et les marchs financiers.

    Les institutions financires sont des entreprises qui effectuent des transactions financires les

    impliquant elles-mmes alors que les marchs financiers ne servent qu mettre en contact

    acheteurs et vendeurs.

    3

  • Une faon danalyser un systme financier est de le dcomposer selon ses institutions : banques,

    compagnies de fiducies, coopratives dpargne et de crdit, compagnies dassurances, fonds de

    pension etc. et didentifier les activits et limportance de chaque type en terme dactif total. La

    figure 1.2 montre lapplication de cette approche institutionnelle tel quappliqu au secteur

    financier canadien.

    Pour complter, cette analyse il conviendrait de montrer limportance des divers marchs

    financiers selon les types dinstruments financiers : actions, obligations, titres de march

    montaire et produits drivs.

    Par ailleurs, une autre faon danalyser un systme financier consiste le dcomposer selon les

    fonctions quil accomplit dans lconomie. Selon le professeur Merton, il faut considrer six

    grandes fonctions.2 Ces fonctions sont dcrites au tableau 1.1.

    Tableau 1.1 Les fonctions du systme financier

    1. Le systme financier fait fonctionner un systme de paiement.

    2. Le systme financier soccupe de la mobilisation de lpargne.

    3. Le systme financier est responsable de lallocation de lpargne.

    4. Le systme financier offre des mcanismes de gestion des risques financiers.

    5. Le systme financier produit et diffuse de linformation financire.

    6. Le systme financier intervient pour rduire les asymtries dinformation et les cots

    dagence.

    2 Merton R.C., A Functional Perspective of Financial Intermediation, Financial Management, Summer 1995, p.23-41

    4

  • Figure 1.1

    Schma dun systme financier

    FournisseursDe

    Capitaux

    Secteur Financier

    Institutions financires

    Marchs financiers

    UtilisateursDe

    Capitaux

    Gouvernement

    tranger

  • 6

  • Le professeur Merton affirme que lapproche fonctionnelle quil propose lanalyse des systmes

    financiers est plus intressante que lapproche institutionnelle qui est plus traditionnelle. Selon

    lui, les institutions varient beaucoup tant dans le temps que dans lespace, cest--dire dun pays

    lautre, rendant les comparaisons difficiles. Dautre part, les six fonctions ci-dessus seraient plus

    universelles et plus stables, facilitant ainsi la comprhension et les comparaisons.

    En fait, on pourrait trs bien considrer une combinaison des deux approches. Ainsi, un systme

    financier serait prsent via un tableau montrant le rle de chaque type dinstitutions par rapport

    chacune des fonctions. Cest dans cet esprit que lon peut regarder la figure 1.3, produite par la

    firme de consultants McKinsey & Co pour le compte du Groupe de travail sur lavenir du secteur

    des services financiers canadien. Cette figure montre les divers services financiers rendus par

    chacun des groupes dinstitutions financires.

    1.1.4 Interactions entre les secteurs financier et rel

    Dans un contexte de march parfait, cest--dire sans cots de transaction et avec linformation

    accessible galement tous, lquilibre gnral dans lconomie ne serait pas affect par le

    systme financier. En particulier, le systme financier lui-mme naffecterait pas la quantit totale

    dpargne gnre et la rpartition de celle-ci dans les divers instruments serait sans consquence.

    Or, on sait que ce contexte est une idalisation qui nest pas tout fait raliste. En consquence, la

    nature du systme financier affecte le taux dpargne, le volume dinvestissement rel, la

    productivit et le niveau global de production dune conomie. En particulier, le niveau de

    confiance quune population a envers ses institutions financires, laccessibilit des instruments

    et la diversit des instruments dpargne et les incitatifs fiscaux sont tous des facteurs qui

    affectent de faon importante le taux dpargne. Le bon fonctionnement du systme financier est

    donc trs important pour lensemble de lconomie.

    Dautre part, il nexiste pas de modle de systme financier qui soit idal pour tous les pays. Le

    systme financier doit tre construit en fonction des besoins et de la nature des intervenants du

    secteur rel quil cherche servir. Ainsi, larchitecture du systme financier amricain, qui sert

    souvent de rfrence, convient entre autres aux besoins complexes des nombreuses grandes

    7

  • entreprises quil dessert. En revanche, il ne conviendrait pas trs bien une conomie, telle que

    celle du Qubec, o prdominent les petites et moyennes entreprise. Un systme financier doit

    tre adapt ses utilisateurs et son environnement.

    Lorsque lon tente de comparer les systmes financiers lchelle internationale, on peut les

    caractriser selon trois grandes dimensions. Premirement, on peut observer limportance relative

    du secteur public dans le secteur financier. En gnral, le secteur public joue souvent un rle plus

    important, via en particulier la banque centrale, dans les pays moins dvelopps. Aussi, dans les

    conomies moins dveloppes, les institutions financires ont tendance tre plus importantes

    que les marchs financiers. Enfin, les secteurs financiers des conomies moins dveloppes sont

    souvent plus ferms aux trangers. Le dveloppement conomique saccompagne le plus souvent

    dun processus de libralisation du secteur financier qui le fait voluer vers le secteur priv, les

    marchs financiers et louverture aux trangers.

    Cette interaction dynamique entre le secteur financier et le secteur rel a donn lieu

    llaboration de ce qui est appel la thorie du circuit. Cette thorie est base sur la modlisation

    de la circulation du capital entre les deux secteurs.3

    1.1.5 Mesures de performance dun systme financier

    La thorie des systmes enseigne quil y a pour tout systme deux grandes mesures de

    performance, soit lefficacit et lefficience. Lefficacit mesure dans quelle proportion loutput

    dun systme correspond lobjectif quil vise. Lefficience mesure la quantit de ressources ou

    input consomm par le systme pour produire son output.

    Pour les systmes financiers, on considre que lobjectif principal est une bonne allocation de

    lpargne. Le concept defficacit est dans ce contexte appel efficience allocationnelle. Plus

    prcisment, un systme financier sera dautant plus efficient sur le plan allocationnel que les

    rendements des actifs financiers seront bien ajusts pour les risques encourus par les

    investisseurs. Dans le contexte financier, le concept defficience proprement dit correspond ce

    qui est appel lefficience oprationnelle. En pratique, un systme efficient sur le plan

    oprationnel impliquera des cots de transaction faibles pour ses utilisateurs.

    3 Bossone B., Circuit theory of finance and the role of incentives in the financial sector reform, World Bank, Document de travail, Novembre 1998, 55p.

    8

  • ces deux mesures de performance de base sajoute le concept defficience dynamique. Un

    systme fera preuve defficience dynamique sil sait sajuster correctement et rapidement aux

    changements de ses utilisateurs et de son environnement. Un tel systme fera preuve dinnovation

    et intgrera vite les progrs de la technologie.

    1.2 Caractristiques et relations des institutions et des marchs financiers

    Le secteur financier comprend deux types principaux dorganisations. Le premier type est

    constitu des institutions financires qui, par le biais des transactions quelles effectuent pour leur

    propre compte, produisent des services dintermdiation entre pargnants et investisseurs. Le

    second grand type comprend les marchs qui mettent directement en prsence les pargnants et

    les investisseurs.

    Il est intressant dtudier les caractristiques de chaque type dorganisation, en regard des trois

    critres de performance. En gnral, les cots dmission de titres sont plus petits et les dlais

    dmission sont plus courts chez les institutions financires que dans les marchs financiers o la

    production dun prospectus est un processus long et coteux.

    Sur le plan de lefficience allocationnelle, plusieurs facteurs doivent tre considrs : le traitement

    de linformation, la nature des titres mis, les transactions aprs lmission et la gestion des

    risques.

    Au plan de linformation, les institutions financires maintiennent la confidentialit des

    renseignements fournis par leurs clients alors que les marchs financiers requirent une

    divulgation publique. Les institutions financires peuvent adapter les financements aux besoins

    de leurs clients alors que les titres utiliss dans les marchs financiers doivent respecter une

    certaine standardisation. Les financements offerts par les institutions financires sont

    gnralement de plus petite taille que ceux possibles sur les marchs et leur cot est aussi plus

    lev. Il est plus facile de rengocier un financement auprs dune institution financire que de

    tenter de rengocier un financement public. Finalement, selon Allen et Gale (1995), les

    9

  • institutions financires redistribuent mieux les risques dans le temps alors que les marchs

    financiers seraient meilleurs redistribuer les risques transversalement, cest--dire un instant

    donn.

    Quant lefficience dynamique, il est relativement plus facile dinnover dans les institutions

    financires parce quelles peuvent exprimenter sur une ou un petit nombre de transactions

    contrairement aux marchs financiers qui doivent mettre sur pied des systmes capables de traiter

    de grands volumes de transactions.

    court terme, les institutions financires et les marchs financiers sont des substituts qui sont en

    comptition pour capter lpargne et effectuer le financement des entreprises. Cependant long

    terme, les deux types dorganisations sont plutt des complments qui se renforcent lun lautre.

    Ainsi, selon Merton (1990) les institutions sont en quelque sorte des laboratoires qui dveloppent

    et testent des instruments financiers et lorsque ceux-ci savrent rpondre un besoin gnral,

    alors les marchs financiers prennent le relais, standardisent linstrument et, en oprant grand

    volume, en abaissent les cots dutilisation. Ces nouvelles possibilits peuvent tre exploites par

    les institutions qui voient leur potentiel dinnovation ainsi bonifi. Ce dveloppement en spirale

    reprsente donc leffet de synergie qui existe entre les institutions et les marchs financiers.

    Lanalyse ci-dessus montre donc que les institutions et les marchs financiers ont des

    caractristiques diffrentes et complmentaires. Tout systme financier optimal doit reprsenter

    un certain quilibre entre les deux types dorganisation et voluer par le biais dune interaction

    dynamique entre les deux.

    1.3 Raison dtre de lintermdiation financire

    Revenons un instant sur le fait que, dans un march parfait, les fournisseurs et les utilisateurs de

    capitaux transigeraient directement entre eux et la prsence dun intermdiaire serait superflu.

    Cette constatation nous amne la conclusion que les intermdiaires financiers, que sont les

    institutions financires, doivent leur existence la prsence dimperfections de march.

    Historiquement, le premier type dimperfection qui a t invoqu pour justifier lexistence des

    intermdiaires financiers a t la prsence de cots de transaction. Les institutions financires

    10

  • permettent, via le systme de paiement et par leur volume de transactions, de raliser des

    conomies dchelle et de rduire les cots de transaction.

    Le second motif apport pour comprendre lexistence des intermdiaires financiers touche les

    cots dinformation et lasymtrie dinformation. Le petit pargnant est mal quip pour analyser

    la solvabilit dune grande entreprise. Lintermdiaire financier, par le biais de ses professionnels,

    rduit ce dsavantage informationnel.

    Avec les rcents progrs de la technologie, les deux motifs ci-dessus perdent de leurs poids.

    Nanmoins, les intermdiaires financiers continuent de crotre. Ce fait est paradoxal et pousse

    chercher encore dautres explications la prsence des intermdiaires financiers. Rcemment,

    Allen et Santomero (1996) ont propos la notion de cots de participation. Un pargnant qui

    dsire investir directement dans les marchs financiers doit encourir des cots de participation de

    deux types. Premirement, il doit acqurir des connaissances de base sur le fonctionnement des

    marchs et lanalyse des titres. Puis, il doit rgulirement suivre les titres quil possde et les r-

    valuer. Une telle participation aux marchs demande du temps que bien des gens trouvent trop

    onreux. En ayant recours une institution financire, ils dlguent la slection et le suivi des

    titres des professionnels et rduisent leur cot de participation aux marchs.

    Au-del, de ces trois grands types de justification que sont les cots de transaction, lasymtrie

    dinformation et les cots de participation, on peut numrer un certain nombre dautres

    bnfices intressants engendrs par les intermdiaires financiers. En effet, ceux-ci agrgent

    plusieurs petites quantits dpargne pour gnralement faire des prts industriels importants. Ils

    effectuent donc une transformation de quantit. Puis, ils transforment aussi jusqu un certain

    point les chances. En effet, ils offrent dune part des instruments dpargne demande ou

    court terme aux particuliers et prtent plus longue chance aux entreprises qui veulent

    stabiliser leur cot de financement. Enfin, ils permettent aux pargnants de regrouper leur pargne

    et de participer implicitement des portefeuilles de crdit largement diversifis. De cette faon,

    ils aident les petits pargnant rduire leur niveau de risque

    En somme, les intermdiaires financiers existent parce quils servent rduire le cot de certaines

    imperfections de march pour leurs clients. Aussi, ils transforment lpargne en termes de

    quantit, dchance et de risque pour mieux rpondre aux besoins des particuliers et des

    entreprises.

    11

  • 12

  • Rsum

    Limportance du systme financier se mesure par le pourcentage du PIB quil reprsente, le

    nombre demplois quil implique et la quantit dactifs quil gre.

    Le principal rle du systme financier est de recueillir lpargne et de lallouer aux

    utilisateurs qui pourront en faire le meilleur usage.

    On peut analyser un systme financier soit par les institutions qui le composent soit par les

    fonctions quil accomplit ou par ces deux approches combines.

    cause des imperfections de march, le systme financier affecte la quantit totale dpargne

    et dinvestissement, de mme que sa rpartition par type dinstrument dpargne et

    dinvestissement rel.

    La nature du secteur rel dtermine galement le type de systme financier qui convient le

    mieux ses besoins.

    Il y a trois mesures principales de performance dun systme financier : lefficience

    oprationnelle, lefficience allocationnelle, et lefficience dynamique.

    Les institutions et les marchs financiers ont des caractristiques diffrentes autant sur le plan

    de lefficience oprationnelle quallocationnelle. court terme, les deux types dorganisation

    sont des susbstituts en comptition. long terme, elles sont plutt des complments qui

    agissent en synergie et favorisent lefficience dynamique.

    Lintermdiation financire existe parce quelle aide rduire les cots dimperfections du

    march, tels que les cots de transaction, dinformation et de participation.

    Les intermdiaires financiers transforment lpargne en termes de quantit, dchance et de

    risque pour rpondre aux prfrences diffrentes des pargnants et des entreprises.

    13

  • Exercices

    Exemple 1

    On peut expliquer lexistence des institutions financires par le fait quelles contribuent

    rduire le cot de diverses imperfections de march. Quelles sont ces imperfections de

    march?

    Cots de transaction;

    Cots dinformation et asymtrie dinformation;

    Cots de participation.

    Exemple 2

    Les institutions financires ne font pas que transmettre lpargne recueillie telle quelle mais

    elles la transforment plutt de plusieurs faons. Quelles transformations effectuent-elles?

    Transformation en terme de quantit;

    Transformation en terme dchance;

    Transformation en terme de risque.

    Ces transformations sont effectues pour rpondre aux prfrences des pargnants et des

    entreprises.

    Exemple 3

    De quelles manires le secteur financier peut-il affecter lactivit conomique ayant cours dans

    le secteur rel?

    Le secteur financier peut affecter :

    14

  • Le taux dpargne et donc linvestissement;

    La distribution de lpargne;

    La distribution de linvestissement.

    Exemple 4

    Selon Robert Merton, les institutions financires et les marchs financiers peuvent tre vus soit

    comme des substituts ou comme des complments. Expliquez.

    Ils sont des substituts qui sont en comptition court terme pour la cueillette de lpargne et le

    financement des entreprises. Ils sont complmentaires long terme car les institutions servent de

    laboratoires aux marchs et bnficient elles-mmes de la progression des marchs.

    Exemple 5

    Dfinissez ce quon entend par lefficience oprationnelle dun systme financier.

    Cest la minimisation des cots de production des services financiers qui se reflte dans de

    faibles cots de transaction pour les clients.

    15

  • Rfrences

    Rapport du Groupe de travail. 1998, Changement, Dfis et possibilits, Groupe de travail sur lavenir du secteur des services financiers canadien, Septembre 1998

    McKinsey & Company 1998. Lvolution du secteur des services financiers au Canada, Document de recherche prpar pour le Groupe de travail sur lavenir du secteur des services financiers canadien, Septembre 1998, 96p plus annexes

    Allen F. et D. Gale., A Welfare Comparison of Intermediaries and Financial Markets in Germany and the U, European Economic Review, 39 (1995), p.179-209

    Allen F. et Santomero A.M., The Theory of Financial Intermediation, Wharton Financial Institutions Center, Document de travail 96-32, 40p.

    Bossone B., Circuit theory of finance and the role of incentives in the financial sector reform, World Bank, Document de travail, Novembre 1998, 55p.

    Demirguc-Kunt A. et Levine R., Bank-based and Market-Based Financial Systems : Cross-Country Comparisons, Banque Mondiale, Document de travail, Juin 1999, 60p.

    Merton R.C., The Financial System and Economic Performance, Journal of Financial Services Research, (1990), p. 263-300

    Merton R.C., A Functional Perspective of Financial Intermediation, Financial Management, Summer 1995, p.23-41

    Thakor A.V., The design of financial systems: An Overview, Journal of Banking and Finance, 20 (1996), p. 917-948

    16

  • Questions de rvision

    1- Quels indicateurs peuvent tre utiliss pour montrer limportance du secteur financier?

    2- Quel est le rle fondamental du systme financier dans lconomie?

    3- Quels sont les deux grands types dorganisations qui forment le secteur financier?

    4- Quelle distinction peut-on faire entre systme financier et secteur financier?

    5- Quelles sont les six fonctions accomplies par le secteur financier?

    6- Quels sont les avantages dutiliser lapproche fonctionnelle plutt que lapproche

    institutionnelle pour analyser un systme financier?

    7- Comment le secteur financier peut-il affecter lconomie?

    8- Y a-t-il un modle de systme financier qui soit universel?

    9- Quelles sont les trois mesures de performance utilises pour juger un systme financier?

    10- Quelles sont les principales caractristiques qui diffrencient les institutions et les marchs

    financiers?

    11- Quelles considrations peut-on invoquer pour justifier lexistence des intermdiaires

    financiers?

    17

  • 2. La gestion bancaire

    Objectifs

    Ce chapitre vise prsenter la problmatique gnrale de la gestion dune institution financire,

    plus prcisment dans le cas des banques.

    Identifier lobjectif global de la gestion bancaire

    Prsenter les trois sous-objectifs principaux que sont la rentabilit, la croissance et le risque et

    montrer les conflits potentiels entre eux.

    Discuter des cots dagence que les dirigeants font subir aux actionnaires.

    Analyser lapplication du concept de comptitivit la gestion bancaire.

    Dfinir comment une banque peut crer de la valeur en particulier via lingnierie financire.

    Dcrire les divers types de risques quune banque doit grer ainsi que les mthodes utilises.

    Montrer comment le bilan et ltat des rsultats rvlent la situation financire dune banque.

    2.1 Lobjectif de la gestion bancaire

    Sur le plan financier, lobjectif des dirigeants dune institution financire doit tre la

    maximisation de la valeur marchande du capital des actionnaires. Cet objectif dcoule du contrat,

    tout le moins implicite sinon explicite, entre les dirigeants et les actionnaires. Les dirigeants

    doivent donc bien comprendre lensemble des facteurs qui dterminent la valeur de leur

    entreprise.

    Dans un premier temps, on peut faire rfrence au modle de croissance constante, aussi appel

    modle de Gordon, pour amorcer ltude des dterminants de la valeur :

    P0 = D1 / (k-g)

    Ce modle dit que le prix courant dune action est gale au dividende de la prochaine anne

    divis par la diffrence entre le taux de rendement requis par les actionnaires et le taux de

    18

  • croissance des dividendes suppos constant jusqu linfini. Cette formule simple a le mrite de

    bien mettre en vidence les trois principaux facteurs qui affectent la valeur dune entreprise. En

    gnral, le dividende, reprsent ici par D0, est fonction long terme des profits de lentreprise et

    donc de sa rentabilit. Le taux de rendement requis (k) dpend quant lui du niveau de risque.

    Selon la thorie financire moderne, le taux de rendement requis est gal au taux sans risque plus

    une prime de risque qui varie en fonction du coefficient de risque systmatique () de lentreprise. Enfin, la croissance des dividendes long terme dpend de la croissance des profits

    qui suivra souvent la croissance des actifs. En somme, cette formule permet de voir que la valeur

    dpend de la rentabilit, du risque et de la croissance. Ces trois variables constituent trois leviers

    stratgiques pour tenter daugmenter la valeur dune entreprise.

    Idalement, les dirigeants souhaiteraient une rentabilit forte, un faible niveau de risque et une

    grande croissance. Malheureusement, ces trois sous-objectifs ont tendance tre en conflit. Ainsi,

    pour augmenter la rentabilit on peut tenter soit daugmenter la marge bnficiaire ce qui

    diminuera la croissance ou augmenter le niveau de risque. De la mme manire, si lon veut

    rduire les risques, on rduira souvent la marge bnficiaire et lon freinera la croissance. Les

    dirigeants doivent donc trouver lquilibre entre les trois variables cls que sont la rentabilit, le

    risque et la croissance. Il faut noter que cet quilibre nest pas statique mais varie selon la

    conjoncture. Ainsi, en priode dexpansion conomique, les dirigeants mettront davantage

    laccent sur la rentabilit et la croissance et accepteront un plus haut niveau de risque. Au

    contraire, en priode de ralentissement conomique ils insisteront davantage sur le contrle du

    risque.

    Au-del de la difficult didentifier le niveau optimal des trois variables selon la conjoncture, il

    faut noter que les dirigeants peuvent avoir des intrts personnels qui ne concident pas

    parfaitement avec ceux des actionnaires. Ils auront alors doser leurs dcisions en fonctions de

    leurs intrts et de ceux des actionnaires qui subiront un cot dagence d au fait que les

    dcisions prises ne seront pas parfaitement dans leur intrt. Par exemple, on sait que les

    dirigeants, nayant quun seul emploi, ont un capital humain non diversifi contrairement la

    majorit des actionnaires qui dtiennent des portefeuilles diversifis de valeurs. Pour cette raison,

    les dirigeants sont moins bien placs pour supporter le risque et seront naturellement plus averses

    au risque que les actionnaires. Il est clair aussi quils peuvent tirer un intrt personnel de certains

    types de dpenses, tels que les frais de reprsentation. Aussi, ils peuvent obtenir des avantages

    19

  • spciaux pour quitter lors dune acquisition. Cest pour cette raison que les actionnaires offrent

    une rmunration incitative aux dirigeants afin de minimiser les divergences dintrt.

    2.1.1 Les objectifs des banquiers en pratique

    Dans son rapport annuel de 1998, la Banque Royale du Canada rend compte des objectifs quelle

    visait pour lanne et des rsultats obtenus4. Ces objectifs taient les suivants :

    Objectif no 1 : Fournir aux actionnaires ordinaires un rendement total se situant dans le quartile

    suprieur du rendement de lindice de la Bourse de Toronto pour les banques et les socits de

    fiducie.

    Objectif no 2 : Augmenter le bnfice par action de 10% 15%.

    Objectif no 3 : Accrotre le total des revenus de 5% 10%, ainsi que les parts de march pour les

    produits bancaires traditionnels.

    Objectif no 4 : Amliorer le ratio defficience de 200 points de base, pour le fixer 63,0%.

    Objectif no 5 : Obtenir un ratio de la provision pour pertes sur crances par rapport la moyenne

    des prts et des acceptations de banque se situant prs du niveau de 1997, soit 0,25%.

    Lobjectif no 1 est une formulation alternative de lobjectif gnral de maximiser la richesse des

    actionnaires. Les objectifs 2 5 visent tous des amliorations la rentabilit. Lobjectif no 3

    implique la croissance. Enfin, lobjectif no 5 fait rfrence au contrle du risque de crdit, qui est

    le principal type de risque support par une banque. La formulation des objectifs de la Banque

    Royale est donc cohrente avec le modle gnral dcrit plus haut, qui dit essentiellement que

    pour maximiser la richesse des actionnaires il faut tenir compte de trois facteurs de base : la

    rentabilit, la croissance et le risque.

    4 Rapport Annuel 1998, Banque Royale du Canada, 1998, p.7

    20

  • 2.2 Le concept de comptitivit dans le contexte de la gestion bancaire

    Une firme comptitive est une firme qui est capable doffrir un rendement adquat ses

    actionnaires tout en oeuvrant dans un march comptitif de biens et services. Cest donc au

    minimum une firme capable de survivre long terme et, dans le meilleur des cas, de prosprer.

    Dans un contexte de concurrence imparfaite, une firme comptitive sera en mesure doffrir des

    rendements anormaux ses actionnaires et/ou de crotre un taux suprieur celui de lindustrie

    dans laquelle elle se trouve. Il est donc trs pertinent pour les gestionnaires dune banque de bien

    saisir le contexte concurrentiel et dajuster leurs dcisions en consquence.

    Selon Michael E. Porter (1980), le niveau de concurrence dans une industrie sexplique par cinq

    facteurs principaux, comme le montre la figure 2.1.

    Figure 2.1 - Facteurs dterminants du niveau de concurrence

    Firmes pouvantPntrer

    Le march

    FournisseursFirmes du secteur

    Niveau de rivalit Clients

    Produits / ServicesSubstituts

    21

  • Les cinq facteurs sont donc le pouvoir de ngociation des fournisseurs, le niveau de rivalit dans

    le secteur, le pouvoir de ngociation des clients, la menace de nouveaux entrants et la menace de

    produits et services substituts.

    Dans le cas des institutions financires canadiennes, il est clair que le contexte concurrentiel a

    beaucoup volu au cours des vingt dernires annes. La menace de nouveaux entrants est devenu

    de plus en plus importante au fur et mesure que les barrires lentre ont t abolies soit pour

    les institutions trangres ou soit pour la comptition intersectorielle via le dcloisonnement (par

    exemple, la possibilit pour les compagnies dassurance de faire des prts commerciaux).

    Plusieurs possibilits de substitution sont prsentes et se sont matrialises tel que le dplacement

    de lpargne des dpts conventionnels vers les fonds communs de placement. priori, les

    fournisseurs et les clients ne jouissent pas, tout le moins individuellement, de pouvoir

    particulier vis--vis des institutions financires. Cependant, les rcentes demandes de fusion des

    banques canadiennes ont clairement montr le pouvoir politique collectif de leurs clients qui a

    fortement contribu bloquer leurs projets. Les dirigeants des banques doivent donc

    continuellement sajuster lvolution de leur contexte concurrentiel et tenter de maintenir la

    comptitivit de leur entreprise.

    Les types de biens ou services, homognes ou diffrencis, affectent aussi de faon significative

    le contexte concurrentiel. Dans un march de services homognes, lentreprise doit sassurer de

    contrler trs rigoureusement ses cots sinon elle ne pourra faire de profits en vendant ses

    services au prix du march. Dautre part, si elle peut russir diffrencier ses services, elle pourra

    augmenter sa marge bnficiaire et le contrle des cots sera moins critique. Bien que les

    institutions financires fassent de grands efforts pour tenter de se dmarquer de leurs concurrents,

    cela leur est bien difficile. Plusieurs consommateurs peroivent comme fondamentalement

    semblables les services financiers offerts par les diffrentes institutions. Aussi, le contrle des

    cots est considr par toutes les banques comme un lment trs important de leur stratgie.

    Dans la perspective o les intermdiaires financiers existent pour rduire les cots de transaction,

    dinformation et de participation pour leurs clients, il est tout fait cohrent que le contrle des

    cots soit si important pour elles.

    22

  • 2.3 Le processus de cration de valeur et lingnierie financire

    Pour demeurer comptitives et diffrencier leurs services, les institutions financires doivent

    rgulirement remettre en question leurs activits et innover. Lingnierie financire est le

    processus par lequel elles ralisent linnovation et la cration de valeur. La figure 2.2 numre les

    principales tapes de ce processus.

    Figure 2.2 - Les tapes de lingnierie financire

    1. Lidentification dun problme ou besoin dun ou plusieurs clients

    2. Lanalyse des solutions possibles et la slection de la meilleure possibilit

    3. La mise en place dun systme de production physique et financier

    4. La promotion et la distribution du service

    5. La tarification du service

    6. La surveillance et le contrle du service financier contract

    7. La gestion du risque associ au service fourni

    2.3.1 Lidentification dun problme ou besoin dun ou plusieurs clients

    Dans leur recherche de besoins satisfaire, les institutions financires peuvent sinspirer des

    motifs conomiques qui justifient leur existence. Les questions suivantes peuvent donc tre

    considres .

    Est-il possible de rduire les cots de transaction des clients en amliorant les moyens de

    paiement?

    Est-il possible dutiliser lexpertise de linstitution pour rduire le dsavantage informationnel

    du client?

    Est-il possible dexploiter des diffrences de prfrence parmi diffrents intervenants du

    march, que ce soit par rapport la taille, lchance ou au risque?

    Est-il possible de diminuer les cots de participation des clients des marchs auxquels ceux-

    ci dsirent accder?

    23

  • Bien sr, au-del de ces questions gnriques, linteraction quotidienne avec les clients, les

    sondages et lanalyse des opportunits offertes par le dveloppement technologique et les

    nouveaux titres financiers transigs dans les marchs sont autant de moyens qui peuvent mettre

    une institution financire sur la piste de nouveaux services offrir.

    2.3.2 Lanalyse des solutions possibles et slection de la meilleure possibilit

    Une fois quune institution financire a identifi un nouveau besoin, elle doit identifier les

    diffrents moyens alternatifs pour le satisfaire. Par exemple, lvolution du comportement des

    pargnants qui, tant mieux renseigns et plus tolrants face au risque, dsirent avoir un meilleur

    accs au march des actions. Ce besoin peut tre satisfait par loffre de fonds commun de

    placement, laccs au march via un courtier plein service qui fournira des conseils en placement

    ou encore par laccs un service de courtage escompte. videmment, dans ce cas il y a une

    demande suffisante pour chaque type de service pour que les banques les aient tous mis en place.

    Dans dautres cas, les approches inefficientes devront tre limines.

    2.3.3 La mise en place dun systme de production physique et financier

    Une fois la solution optimale identifie, il faudra le plus souvent formaliser le type de contrat sur

    le plan lgal et voir au dveloppement dun systme informatis pour supporter son excution. De

    plus, tout contrat financier dintermdiation implique une transaction de contrepartie. Ainsi,

    linstitution doit prvoir comment un dpt sera investi et comment un prt sera financ. La

    connaissance de la transaction de contrepartie sera ncessaire pour tarifer et grer le risque global

    que comportera la transaction.

    2.3.4 La promotion et la distribution du service

    Une fois quun service est conu, linstitution doit en faire la promotion et dterminer le ou les

    modes de distribution du service. Jusqu un certain point, il faut dire que le mode de distribution

    dun service fait pour ainsi dire partie intgrante du service et cette question doit tre considre

    au moment mme de la conception du service en question. Il est clair que les canaux de

    distribution des services financiers sont aujourdhui trs nombreux : contact en succursale, visite

    24

  • dun agent au local du client, envois postaux, centres tlphoniques passifs ou pro-actifs et aussi

    linternet.

    2.3.5 La tarification du service

    Lorsquune institution financire offre un service, elle doit dabord identifier ses cots de

    production physiques et financiers, puis analyser le risque encouru et dterminer alors la marge

    de profit quelle souhaite compte tenu des retombes que peut avoir ce service sur la vente

    dautres services et sur la contribution marginale son portefeuille financier. La tarification est

    donc une opration complexe. Aussi, tant donn que certains facteurs tels que le rendement de la

    transaction de contrepartie peuvent fluctuer, il faut que linstitution ait des mcanismes

    dynamiques de rvision des prix de ses services.

    2.3.6 La surveillance et le contrle du service financier contract

    Plusieurs services financiers, comme par exemple le crdit, exigent que le client respecte certains

    engagements. Il faut donc que linstitution surveille le client en question pour sassurer du respect

    des termes contractuels. En cas de non-respect, elle doit intervenir pour inciter le client se

    conformer ses engagements et, le cas chant, prendre les mesures ncessaires pour limiter les

    pertes que ce comportement pourrait gnrer.

    2.3.7 La gestion du risque associ au service

    Lorsquune institution offre un service dintermdiation, cest--dire quelle effectue une

    transformation de quantit, dchance ou de risque, elle encourt gnralement un certain risque.

    Elle doit alors analyser la situation pour dcider si le risque en question peut tre limin,

    transfr ou retenu et, dans ce dernier cas, voit obtenir une prime de risque adquate.

    En fait, la gestion des risques est aujourdhui au cur mme de la gestion financire des

    institutions financires.

    25

  • 2.4 La gestion des risques : objets, motifs et mthodes

    2.4.1 Typologie des risques

    Une faon simple didentifier et de comprendre les diffrents risques auxquels sexpose un

    intermdiaire financier est danalyser son bilan. La figure 2.3 prsente le bilan trs simplifi

    dune banque.

    Figure 2.4 - Bilan simplifi dune banque

    Actif Passif et AvoirLiquidit Dpts

    Prts Capital

    La liquidit est investie au moins en partie dans des titres susceptibles de donner un certain

    rendement. Cependant, ces titres peuvent subir des variations de valeur qui exposent la banque

    un risque de march.

    Les emprunteurs peuvent faire dfaut face leurs engagements et la banque doit donc supporter

    un certain risque de crdit.

    Les dposants ont gnralement le droit de retirer leur pargne sur demande. La banque subit

    donc le risque que ces sorties de fonds excdent ses liquidits; elle fait donc face un risque de

    liquidit.

    Les prts et les dpts peuvent avoir des chances moyennes diffrentes. Gnralement,

    lchance moyenne des dpts est infrieure celle des prts et des liquidits. Lorsque les taux

    dintrt varient, la marge bnficiaire de la banque varie aussi puisque les renouvellements des

    taux sur ses actifs et sur son passif ne sont pas parfaitement synchroniss. La banque assume donc

    un risque de fluctuation des taux dintrt.

    Il est aussi possible que la composition en devises de son actif et de son passif ne soient pas les

    mmes. Dans ce cas, elle sera expose un risque de variation des taux de change.

    26

  • Au-del de son bilan, la banque peut tre implique dans des contrats hors-bilan tels que des

    lettres de crdit ou des options et contrats terme. Ces contrats peuvent engendrer des pertes

    pour la banque et on appellera ce risque, le risque hors-bilan de la banque.

    Enfin, la banque subit un risque dopration qui rfre, par exemple, au fait que ses employs

    peuvent commettre des erreurs, que ses systmes peuvent tomber en panne, et quelle puisse tre

    victime de vol et/ou de fraude.

    Figure 2.4 - Liste des principaux risques encourus par une banque

    Risque de march

    Risque de crdit

    Risque de liquidit

    Risque de taux dintrt

    Risque de change

    Risque hors-bilan

    Risque dopration

    Deux questions se posent maintenant face ces positions de risque :

    1. Pourquoi est-il pertinent pour les banques de grer leurs risques?

    2. Comment les banques grent-elles leurs risques?

    2.4.2 Les motifs justifiant la gestion active des risques

    Jusqu maintenant, quatre types darguments ont t invoqus pour justifier la gestion active des

    risques par les intermdiaires financiers. Premirement, lintrt des gestionnaires peut tre en

    cause. Si les rsultats de lentreprise fluctuent beaucoup, ils peuvent tre tenus responsables des

    mauvais rsultats et tre congdis. Ils ont donc intrt limiter les risques et stabiliser les

    rsultats de la firme. Deuximement, limpt sur les profits des entreprises pourrait tre

    globalement concave et lentreprise diminuerait donc son fardeau fiscal en stabilisant ses profits.

    27

  • Troisimement, la prsence de cots de banqueroute et de dtresse financire en gnral

    constituerait aussi une raison pour amener les institutions financires viter dtre exposes

    des pertes importantes. Enfin, la prsence dimperfections de marchs, telles que les cots de

    transaction et lasymtrie dinformation, peuvent galement tre des motifs pour grer les risques.

    En effet, si de mauvais rsultats forcent une entreprise accrotre ses financements externes, elle

    encourra des frais dmission supplmentaires et devra peut-tre payer une prime de risque

    imparfaitement ajuste pour le niveau de risque quelle reprsente.

    Quels que soient les motifs, lobservation du comportement des gestionnaires montre que ceux-ci

    accordent maintenant une trs grande importance la gestion active des risques. Au del de leur

    motivation propre, ils subissent des pressions fortes de la part des autorits rglementaires, tant

    nationales quinternationales, pour quils contrlent de faon systmatique et rigoureuse les

    risques de leur institution.

    2.4.3 Le processus de gestion des risques

    La premire tape du processus de gestion des risques consiste identifier les risques et les

    mesurer. Les principaux risques auxquels une institution fait face ont t dcrit ci-dessus. Dans

    les prochains chapitres, les mesures propres chaque type de risque seront tudies.

    La seconde tape consiste contrler les risques. Premirement, on peut dcider dviter le

    risque, soit en refusant la transaction, soit en revendant le titre obtenu un tiers, soit en couvrant

    le risque par lachat dassurance ou dinstruments drivs. Si le risque est conserv, diverses

    mesures de prvention pour limiter la probabilit de perte seront mises en place : en particulier, la

    formation du personnel, la standardisation de certaines transactions et la prise de dcision en

    comit. Enfin, la firme agira pour limiter ses pertes dans les cas o elles se produiront. Ainsi,

    ltablissement de limites par type dinvestissement, la diversification du portefeuille et la prise

    de garanties sont tous des moyens datteindre ce but.

    La troisime tape consiste financer les risques assums. Trois techniques principales sont alors

    utilises. Par une tarification adquate, la firme sassurera dobtenir une prime de risque qui

    compensera suffisamment son esprance de perte. Ensuite, elle pourra se constituer des rserves

    28

  • pour absorber les pertes prvisibles. Enfin, elle se formera un capital suffisant pour faire face aux

    pertes imprvisibles.

    29

  • 2.5 Lanalyse de base des tats financiers dune institution financire

    Examinons maintenant comment les tats financiers dune banque peuvent nous informer sur son

    niveau de performance. Pour illustrer, nous utiliserons les tats financiers de la Banque Royale

    pour lanne 1998 prsents plus loin.

    2.5.1 Structure du bilan et de ltat des rsultats

    Il faut prendre conscience de la nature diffrente des tats financiers dune institution financire

    par rapport ceux, par exemple, dune entreprise manufacturire. Ainsi, lessentiel des actifs est

    constitu dactifs financiers et les prts reprsentent plus de la moiti des actifs. Lavoir ne

    reprsente que 4 5% des actifs, cest donc dire que les banques ont relativement peu de capital

    et beaucoup de dettes. ltat des rsultats, on constate que les revenus proviennent peu prs

    parts gales du revenu net dintrt et des autres produits, aussi appels revenus autres que

    dintrt. On constate que les frais autres que dintrt, aussi appels frais dopration, slvent

    un peu plus de 60% des revenus bruts.

    2.5.2 Analyse de performance : rentabilit-croissance-risque

    La rentabilit se mesure surtout par le rendement sur lavoir des actionnaires. Dans le cas prsent,

    celui-ci est de 15,3%, ce qui tout fait respectable. Pour mieux comprendre comment la banque a

    produit ce rsultat, il est commode dutiliser la dcomposition propose par la mthode Dupont.

    Dcomposition de la rentabilit selon la mthode Dupont :

    Bnfice sur avoir = Bnfice sur actif x Actif sur avoir

    15,3% = 0,66% x 23,1

    Cette premire dcomposition montre que le rendement sur lavoir des actionnaires sobtient par

    le produit dun bnfice sur actif relativement petit multipli par un facteur de levier financier

    30

  • relativement grand dans le cas des banques. On peut encore dcomposer le premier facteur de la

    faon suivante.

    Bnfice sur actif = Bnfice sur revenu total x Revenu total sur actif

    0,66% = 9,2% x 7,2%

    Le premier facteur indique la marge nette de bnfices que la banque fait sur la vente de ses

    services et, indirectement, on voit aussi dans quelle mesure elle contrle ses frais doprations. Le

    second facteur signale dans quelle proportion la banque utilise de manire productive ses actifs

    pour gnrer des revenus.

    Au plan de la croissance, les ratios montrent que lentreprise a une croissance valable compte

    tenu de sa taille. La croissance des actifs et de lavoir est bonne, alors que la croissance des

    revenus et des bnfices est plutt moyenne et celle des prts est plutt faible. Malgr tout, on

    peut observer une croissance positive pour tous les postes majeurs et, dans lensemble, cette

    croissance est quilibre.

    Pour ce qui du risque, plus une banque a une proportion de prts leve plus elle sexpose des

    pertes, toutes choses tant gales par ailleurs. La proportion de 60% des actifs prts est tout fait

    raisonnable puisque certaines banques agressives vont jusqu des ratios de 70% et mme 75%.

    Le ratio de provision pour mauvaises crances indique jusqu un certain point la qualit du

    portefeuille de prts. Le ratio de 0,35% est plutt bas et indique un faible niveau de risque. Enfin,

    plus la banque dtient de capital plus elle sera en mesure de faire face des pertes. Le ratio 4,33%

    est dans la moyenne du secteur.

    Ce tour dhorizon des tats financiers de la Banque Royale na pour but que de provoquer une

    premire prise de conscience du contexte financier particulier des institutions financires. La suite

    du livre montrera de manire beaucoup plus dtaille comment valuer les diffrents risques

    quassume linstitution financire.

    31

  • 2.5.3 Valorisation par le march

    Enfin, examinons comment le march apprcie la performance financire de la Banque Royale.

    Deux facteurs de valorisation sont considrer, soit le ratio cours-bnfice (bas sur ltat des

    rsultats) et le ratio de la valeur marchande sur la valeur comptable (base sur le bilan). Dans le

    cas prsent le ratio cours-bnfice tait de 13,1 ce qui est plutt moyen et mme un peu faible. Le

    ratio de la valeur marchande la valeur comptable est de 2,25, ce qui est tout fait dans la

    moyenne des valeurs quont en gnral les institutions financires.

    32

  • Rsum

    Lobjectif principal des gestionnaires dune banque est de maximiser la richesse des

    actionnaires. Pour ce faire, ils doivent trouver la combinaison idale de rentabilit, de

    croissance et de risque.

    Occasionnellement, les gestionnaires peuvent se trouver en conflit dintrt lorsque les

    dcisions qui les avantagent personnellement ne sont pas les meilleures du point de vue des

    actionnaires. Conscients de cela, les actionnaires essaient de rconcilier les intrts des

    gestionnaires avec les leurs par le biais dune rmunration incitative.

    Les gestionnaires se proccupent aussi de la comptitivit de leur entreprise. Pour cela, ils

    cherchent minimiser leur frais dopration et, si possible, diffrencier de faon

    avantageuse leur offre de services.

    Lingnierie financire est le processus par lequel les gestionnaires cherchent raliser des

    innovations et crer de la valeur pour les actionnaires de lentreprise. Ce processus comprend

    les tapes suivantes : identification dun besoin, identification de la meilleure solution, mise

    en place dun systme de production physique et financier, promotion et distribution du

    service, tarification du service, surveillance et contrle et gestion du risque associ au service.

    Les institutions financires font face plusieurs types de risque : risque de march, risque de

    crdit, risque de liquidit, risque de fluctuations des taux, risque de change, risque hors-bilan

    et risque dopration.

    Lintrt des gestionnaires, la fiscalit, la prsence de cots de banqueroute et les

    imperfections de march (asymtrie dinformation et cots de transaction) sont quatre motifs

    justifiant la gestion active des risques.

    Le processus de gestion des risques comprend lidentification et la mesure des risques, le

    contrle des risques et le financement des risques.

    Les tats financiers dune institution financire diffrent de ceux dune entreprise non-

    financire. On remarque que les actifs sont majoritairement financiers et que le capital

    reprsente une trs faible proportion des actifs.

    La performance dune banque peut tre value en examinant diffrents ratios de rentabilit,

    de croissance et de risque.

    33

  • On constate comment le march financier valorise la performance financire dune institution

    financire en observant la valeur du ratio cours-bnfice et du ratio de la valeur marchande

    sur la valeur comptable.

    34

  • Exercices

    Exemple 1

    Quels sont les trois principaux facteurs financiers qui dterminent la valeur du capital action

    dune institution financire?

    Rentabilit;

    Croissance;

    Risque.

    Exemple 2

    On peut prtendre que le ratio de la valeur au march la valeur aux livres est plus valable

    pour les institutions financires que pour les entreprises du secteur rel. Pour quelle raison?

    Lessentiel des actifs dune banque est form dactifs financiers et les prts constituent plus de la

    moiti des actifs. De plus, lchance est courte.

    Exemple 3

    Dfinissez ce quest un cot dagence et dites comment les actionnaires peuvent tenter de

    minimiser ce cot.

    Cest le cot subi par les actionnaires lorsque les gestionnaires tiennent compte de leurs intrts

    personnels au dtriment de la maximisation de la valeur de lentreprise. Afin de minimiser ce

    cot, les actionnaires offrent une rmunration incitative aux gestionnaires.

    35

  • Exemple 4

    Quelles sont les principales tapes du processus de gestion des risques?

    1. Identification et mesure du risque

    2. Contrle (ex ante et ex post)

    3. Financement (ex ante et ex post)

    Exemple 5

    Quelle considration stratgique rend le contrle des cots dexploitation si important pour les

    institutions financires?

    Les institutions financires ont de la difficult diffrencier leurs services. Elles doivent donc

    tre des producteurs bas cots pour pouvoir rester comptitives avec les autres banques.

    Les institutions financires existent parce quelles peuvent contribuer la rduction des cots

    causs par les imperfections de march. Donc, pour bien remplir ce rle, elles doivent avoir des

    cots bas.

    36

  • Rfrences

    Concurrence, comptitivit et intrt public, Document dinformation No 1, Groupe de travail sur lavenir du secteur es services financiers canadien, Septembre 1998, 206p.

    Lvolution du secteur des services financiers au Canada, McKinsey & Company, Document de recherche prpar pour le Groupe de travail sur lavenir du secteur des services financiers canadien, Septembre 1998, 96p plus annexes

    The World Competitiveness Yearbook 1999, Institute for Management Development (IMD)

    Blattner N. et Genberg H. (eds), Competitiveness in Banking, Physica-Verlag Heidelberg, 1992, 315p.

    Darroch J.L., Canadian Banks and Global Competitiveness, McGill-Queens University Press, 1994, 325p.

    Dietrich J.K., Financial Services and Financial Institutions : Value Creation in Theory and in Practice, Prentice-Hall, 1996, 797p.

    McFetridge D.G., Competitiveness : Concepts and Measures, Industrie Canada, Occasional Paper Number 5, April 1995, 39p.

    Merton R.C., A Functional Perpective of Financial Intermediation, Financial Management, Summer 1995, p.23-41

    Porter M.E., Competitive Strategy : Techniques for analyzing industries and competitors, The Free Press, 1980, 396p.

    Santomero A.M., Commercial Risk Management : An Analysis of the Process, Journal of Financial Services research, 1997, 12 :2/3 p.83-115

    Saunders A., Financial Institutions Management : A modern perspective, Irwin, 1994, 614p.

    Sinkey J.F., Commercial Bank Financial Management, Prentice Hall, 1998, 5e ed.,, 920p.

    37

  • Questions de rvision

    1- Quel est lobjectif contractuel des gestionnaires dune institution financire?

    2- Expliquez ce quest un cot dagence.

    3- Quelles considrations peuvent modifier les dcisions des gestionnaires par rapport aux

    dcisions optimales du point de vue des actionnaires?

    4- Nommez trois variables financires qui affectent la valeur dune entreprise?

    5- Comment peut-on dfinir le concept de comptitivit?

    6- Quels facteurs dterminent le niveau de concurrence dans une industrie?

    7- Pourquoi le contrle des cots est-il important pour les institutions financires?

    8- Quelles sont les tapes suivies par lingnierie financire pour offrir des services crateurs de

    valeur pour les actionnaires?

    9- Quelles sont les principaux risques auxquels une institution financire est expose?

    10- Pourquoi est-il pertinent pour une institution financire de grer activement ses risques?

    11- Dcrivez les tapes du processus gnral de gestion des risques.

    12- Comment se caractrise la structure du bilan et de ltat des rsultats dune banque?

    13- Dfinissez les principaux ratios qui permettent de mesurer la rentabilit, la croissance et le

    risque dune banque?

    14- Quels sont les deux principaux facteurs qui montrent comment le march valorise les rsultats

    financiers dune banque?

    38

    GouvernementInstitutions financiresMarchs financiers

    Objectifs1.1 Le systme financier et lensemble de lconomie1.1.1 Importance du systme financier1.1.2 Positionnement et rle du secteur financier dans lconomie1.1.3 Les composantes du systme financierTableau 1.1 Les fonctions du systme financierFigure 1.1

    1.1.4 Interactions entre les secteurs financier et rel1.1.5 Mesures de performance dun systme financier

    1.2 Caractristiques et relations des institutions et des marchs financiers1.3 Raison dtre de lintermdiation financireRsumExercicesExemple 1Exemple 2 Exemple 3Exemple 4Exemple 5

    RfrencesQuestions de rvision

    Objectifs2.1 Lobjectif de la gestion bancaire2.1.1 Les objectifs des banquiers en pratique

    2.2 Le concept de comptitivit dans le contexte de la gestion bancaireFigure 2.1 - Facteurs dterminants du niveau de concurrence

    2.3 Le processus de cration de valeur et lingnierie financireFigure 2.2 - Les tapes de lingnierie financire2.3.1 Lidentification dun problme ou besoin dun ou plusieurs clients2.3.2 Lanalyse des solutions possibles et slection de la meilleure possibilit2.3.3 La mise en place dun systme de production physique et financier2.3.4 La promotion et la distribution du service2.3.5 La tarification du service2.3.6 La surveillance et le contrle du service financier contract2.3.7 La gestion du risque associ au service

    2.4 La gestion des risques: objets, motifs et mthodes2.4.1 Typologie des risquesFigure 2.4 - Bilan simplifi dune banqueFigure 2.4 - Liste des principaux risques encourus par une banque

    2.4.2 Les motifs justifiant la gestion active des risques2.4.3 Le processus de gestion des risques

    2.5 Lanalyse de base des tats financiers dune institution financire2.5.1 Structure du bilan et de ltat des rsultats2.5.2 Analyse de performance: rentabilit-croissance-risque2.5.3 Valorisation par le march

    RsumExercicesExemple 1Exemple 2Exemple 3Exemple 4Exemple 5

    RfrencesQuestions de rvision