systeme-economique-capitaliste

4
Bulletin Economique LE SYSTEME ECONOMIQUE CAPITALISTE "Théorie et analyse économique" -8 Septembre 2014- L'ECONOMISTE France Tel: +33.(6).98.70.49.15 - Fax: +33.(8).26.99.74.01 - Email: [email protected] www.leconomiste.eu

description

systeme-economique-capitaliste

Transcript of systeme-economique-capitaliste

  • Bulletin Economique

    LE SYSTEME ECONOMIQUE CAPITALISTE

    "Thorie et analyse conomique"

    -8 Septembre 2014-

    L'ECONOMISTE

    France

    Tel: +33.(6).98.70.49.15 - Fax: +33.(8).26.99.74.01 - Email: [email protected]

    www.leconomiste.eu

  • LE SYSTEME ECONOMIQUE CAPITALISTE 8 Septembre 2014

    leconomiste.eu Page 2

    - THEORIE ET ANALYSE ECONOMIQUE -

    La notion de "Capitalisme" rfre un systme conomique particulier caractris par (1) le droit de proprit et la dtention des biens de production par des personnes physiques, (2) une rgulation du systme qui passe par le march grce au mcanisme des prix, et enfin (3) la recherche du profit qui est la recherche d'un gain lgitime li l'exercice d'une profession.

    LA NOTION DE SYSTEME ECONOMIQUE

    Un systme est un ensemble d'lments interdpendants. Tous ces lments ne sont pas simplement juxtaposs, le systme est dot d'un mcanisme de rgulation qui tend, sauf crise majeure, assurer sa reproduction, c'est--dire la fois sa stabilit et son dynamisme. Un systme est tel que, si un des lments ou une des relations entre les lments est modifi, alors c'est l'ensemble du fonctionnement qui est affect.

    Un systme conomique concerne les relations entre la production, la rpartition et la consommation des biens et des services. Dans ce cadre, il est possible de distinguer diffrentes typologies des systmes conomiques : "conomie de troc", "conomie montaire" ou encore "conomie de crdit". Le concept de "mode de production" de Karl MARX (1818-1883) est assez proche de celui de systme conomique. En effet il distingue le "mode de production esclavagiste", le "mode de production fodal", le "mode de production capitaliste", mais il prend aussi en compte la spcificit de ce qu'il appelle un "mode de production asiatique".

    Il existe trois grands principes de fonctionnement des systmes conomiques : la tradition, l'autorit et le march. En effet, lorsque les agents conomiques (mnages, entreprises...) sont soumis la tradition, ils ont des comportements routiniers et se soumettent aux normes en vigueur. Lorsque l'autorit prvaut (ex : civilisation Inca, systme sovitique...), il est alors question d'une conomie de commandement gre centralement. Enfin, la rgulation par le

    march1 assure la compatibilit de dcisions individuelles librement consenties et

    dcentralises.

    Un systme conomique n'est pas sparable de l'ensemble plus vaste que constitue le systme social. Un systme social renvoie aux relations de parent ou de pouvoir, ainsi que les croyances et les pratiques religieuses qui ne sont jamais totalement sparables de la sphre conomique. Dans certains cas, ces structures sociales jouent mme un rle essentiel dans la rgulation des activits conomiques.

    Un systme conomique est donc une construction thorique cense reprsenter le plus fidlement possible un idal de fonctionnement. Toutefois, dans la ralit, il est des conomies concrtes qui sont souvent des combinaisons de divers systmes conomiques ou des formes singulires d'un systme conomique. Il est alors question de "rgime conomique".

    LES DIFFERENTES APPROCHES DU CAPITALISME

    La dfinition du capitalisme est problmatique. En effet, comme l'crivait l'conomiste franais Franois PERROUX (1903-1987) : "Le Capitalisme est un mot de combat", sous-entendant ainsi que cette notion dtient intrinsquement les germes de la confrontation intellectuelle. En outre, ce n'est que tardivement (1902) avec l'ouvrage "Le capitalisme moderne", de l'conomiste allemand Werner SOMBART, que le terme de capitalisme commence se rpandre.

    Trois grandes approches du capitalisme en tant que systme conomique peuvent nanmoins tre distingues :

    La premire approche, inspire de K. MARX, considre que le capitalisme est un mode de production dont le rapport social fondamental est le salariat. Dans ce cadre, une socit est en prsence du capitalisme lorsqu'une partie de la population (les proltaires) ne peut subsister qu'en vendant sa force de travail sur le march. Ainsi, c'est la transformation de la force de travail en marchandise (contre un salaire) qui est au cur du capitalisme. Toutefois pour Marx, toute conomie n'est pas capitaliste : il peut en effet y avoir change marchand

    1 Diffusion de l'information et libre confrontation des offres et des demandes de biens et de services rares.

  • LE SYSTEME ECONOMIQUE CAPITALISTE 8 Septembre 2014

    leconomiste.eu Page 3

    entre des producteurs individuels indpendants qui mettent en uvre leur force de travail pour leur propre compte. Le capitalisme est gnralement caractris par la domination de rapports marchands, mais il est possible de concevoir une conomie fonde sur le salariat dans laquelle les rapports marchands ne joueraient qu'un rle mineur.

    Pour Marx, le capitalisme est donc un mode de production (au sens de "systme conomique") qui assure un dveloppement important des forces productives et qui est le meilleur moyen d'accrotre la richesse, mais dont l'existence est menace long terme en raison de ses contradictions (baisse tendancielle du taux de profit notamment).

    La deuxime approche est librale et identifie le capitalisme l'conomie de march. En conomie internationale, les pays que certains caractrisent de "capitalistes" sont dsigns par le terme de "Pays Dvelopps Economie de March" (PDEM). Dans ce cadre, les conomistes libraux dfinissent le capitalisme par la proprit du capital et de l'ensemble des instruments de production, la libert d'entreprise, le droit de transmettre son patrimoine et la rgulation par le march. Le Capitalisme (ou "conomie de march" en l'occurrence) est donc caractris par son aspect dcentralis (chaque agent dcide librement de sa contribution la production, de ses choix de consommateur, etc) et ce sont les mcanismes automatiques du march qui assurent la compatibilit des dcisions individuelles, notamment travers les informations vhicules par le systme des prix.

    Dans cette perspective, la libert et l'mancipation individuelle, l'efficacit et l'efficience sont simultanment assures si l'Etat limite son intervention son champ de comptence propre (police, justice, arme...) et s'il fait confiance aux agents conomiques. Ds lors, plus l'intervention de l'Etat est systmatique (fiscalit, normes, rgles) et autoritaire (usage de la loi et de la force) moins l'conomie se dveloppe.

    La troisime approche met davantage l'accent sur les facteurs culturels et politiques. En effet ces derniers sont considrs comme premiers par rapport aux facteurs conomiques. Cette approche est notamment dveloppe par Jean BAECHLER pour qui les expressions "dveloppement conomique" et "capitalisme" sont quivalentes. En effet, c'est le rgime politique dmocratique (ou en voie de dmocratisation) qui explique le capitalisme, car ce sont les mmes principes qui sous-tendent les deux modes d'organisation : libert individuelle, respect des droits (et en particulier du droit de proprit), etc.

    Dans ce cadre, le libralisme politique et le libralisme conomique sont indissociables ; ils sont au fondement du capitalisme et permettent le dveloppement conomique.

    PRINCIPES ESSENTIELS DU CAPITALISME

    Le systme capitaliste repose sur quelques principes essentiels :

    1) Le droit de proprit et la dtention des biens de production par des personnes prives. Considr comme essentiel, le droit de proprit donne tout titulaire d'un bien le pouvoir d'en user et d'en retirer ce qu'il est susceptible de procurer (argent, bien-tre, satisfaction personnelle, change contre un autre bien ou un service...). Le droit de proprit permet aux individus d'exploiter les biens de production qu'ils possdent. Interdire le droit de proprit empche l'accumulation de capital, et donc la cration de richesses. En outre, le simple fait de restreindre le droit de proprit da faon autoritaire par l'Etat (fiscalit, rglementations...) limite le potentiel de dveloppement conomique car la confiance disparait ou s'tiole, et avec elle la prise de risque et la volont de projection dans le temps.

    2) L'efficacit des mcanismes de march. L'adaptation de la production la consommation est assure grce au mcanisme des prix, c'est--dire par le march qui ralise l'allocation optimale des ressources et de la "raret". Toutefois, pour que le mcanisme des prix puisse pleinement fonctionner, il est ncessaire qu'il existe une libre concurrence (pas de situations oligopolistiques ou monopolistiques, non intervention de l'Etat dans la fixation des prix) et une flexibilit des prix, notamment la baisse afin d'viter les phnomnes de sous-emploi (c'est--dire le chmage).

    3) L'individualisme, le libralisme et la recherche du profit. La satisfaction de l'intrt individuel constitue l'objectif essentiel de la vie conomique et tout individu est guid par la recherche de son intrt personnel. L'individu apparat galement comme suffisamment rationnel pour assumer son propre destin en atteignant lui-mme son optimum de satisfaction individuelle ; ce comportement individuel aboutissant

  • LE SYSTEME ECONOMIQUE CAPITALISTE 8 Septembre 2014

    leconomiste.eu Page 4

    aussi une situation optimale pour la collectivit. Par ailleurs, une libert totale est donne dans le choix et l'exercice de la profession ainsi que dans l'tablissement des contrats. La libre entreprise et la proprit des moyens de production donnent naissance un revenu (le profit) lment caractristique du systme capitaliste l'origine des "capitalistes" : toute personne ralisant un profit est dite capitaliste. Toutefois, la plus grande part des profits est en fait rinvestie dans les entreprises pour assurer l'accroissement des moyens de production, et ainsi perptuer l'accumulation de richesses ncessaire au dveloppement de socits dont la taille et les besoins s'accroissent.

    TENDANCES DES ECONOMIES CAPITALISTES CONTEMPORAINES

    Concentration et multinationalisation des entreprises La constitution de trs grandes entreprises vocation internationale dans la plupart des secteurs modifie l'environnement conomique et social :

    La baisse du nombre de producteurs, l'accroissement de la dimension des firmes et la tendance de certains Etats multiplier les lgislations et les contraintes ont pour effet de diminuer la concurrence et accrotre les phnomnes de concentration. Ds lors, une structure de march tendance concurrentielle succde une structure plus oligopolistique.

    Dans certains pays, le fonctionnement des grandes firmes entrane des revendications de la part de groupes sociaux organiss (syndicats de salaris et de fonctionnaires) qui accroissent les rigidits (salariales et rglementaires) avec des consquences conomiques et sociales (hausse de la fiscalit et des charges, ainsi que la surprotection d'employs statut ou bien intgrs sur le march du travail au dtriment des personnes exclues du march du travail).

    Dissociation de la proprit et du pouvoir, et mergence de la technostructure L'essor des marchs boursiers ouvre aux actionnaires le capital des socits. La proprit des entreprises a ainsi tendance se disperser de plus en plus. Dans la plupart des grandes entreprises, aucun actionnaire ne possde suffisamment de parts pour exercer la direction ; ce sont alors des cadres, disposant du savoir et non de la proprit du capital, qui dtiennent le pouvoir de direction. Ds lors que la direction de l'entreprise appartient l'ensemble des cadres

    suprieurs constituant un systme complexe, il est possible de parler de "technostructure"2.

    Rle de l'Etat plus ou moins accentu selon les conomies capitalistes Bien que toujours prsente, l'intervention conomique et sociale des pouvoirs publics est cependant variable selon les pays capitalistes. Elle varie sur l'importance des dpenses publiques, le poids des entreprises publiques, l'tendue de la rglementation, l'existence d'une ventuelle planification, l'organisation du systme de protection sociale, etc.

    TYPOLOGIE DES CAPITALISMES

    Il n'existe donc pas UN capitalisme mais DES capitalismes. A partir de cinq critres (concurrence, systme financier, gouvernance d'entreprise, protection sociale et systme ducatif), il est possible de distinguer quatre principales formes de capitalismes :

    Modle fond sur le march (Etats-Unis, Australie, Canada, Royaume-Uni, Japon) Modle europen continental (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Autriche) ; Modle social-dmocrate (Danemark, Finlande, Sude) ; Modle mditerranen (France, Grce, Italie, Espagne, Portugal) ;

    Chaque modle de capitalisme prsente une configuration particulire des divers critres. Par exemple, le modle de march (pays anglo-saxons) est caractris par un march des produits drgul, une flexibilit du march du travail, un systme financier fond sur le march, un modle libral de protection sociale et un systme ducatif concurrentiel. A l'inverse, le systme social-dmocrate (pays scandinaves) se caractrise par des marchs des produits et du travail rglements, un systme financier base de banques, une protection sociale universelle et un systme ducatif public.

    2 Ensemble de groupes de dcisions composs de spcialistes possdant le savoir technique et dont le pouvoir tend se substituer celui de l'entrepreneur capitaliste au sein de l'entreprise (ou du gouvernement lu au sein de l'Etat).