Synthèse Managériale - Existe-t-il un profil d'entrepreneur Y ?

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Existe-t-il un profil d’entrepreneur Y ? Thèse Professionnelle Synthèse Managériale Mastère Spécialisé Entrepreneurs Auteur : Antony BLAIN Tuteur : Sandrine VIVIAN

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Ce document présente de manière synthétique les résultats obtenus dans le cadre de ma thèse professionnelle

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Existe-t-il un profil d’entrepreneur Y ?

Thèse Professionnelle

Synthèse Managériale

Mastère Spécialisé Entrepreneurs

Auteur : Antony BLAIN

Tuteur : Sandrine VIVIAN

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Antony BLAIN

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Introduction

L’architecture de cette thèse a été construite selon la démarche scientifique la plus répandue : la

méthode hypothético-déductive. Elle détermine en premier le cadre conceptuel de la thèse et le

regard de la littérature sur cette problématique afin de formuler une hypothèse de recherche. Dans

un second temps, l’analyse quantitative permet par la suite de vérifier la validité de l’hypothèse

formulée au travers d’un modèle pratique. Enfin, la conclusion présente les écarts entre ces deux

modèles.

Partant du constat que les jeunes issus de la génération Y (nés entre 1977 et 1993) vivant dans les

pays développés, sont aujourd’hui fortement attirés par l’entrepreneuriat, que ce soit par nécessité,

par rejet du modèle traditionnel du travail ou par effet de mode, il est intéressant de se poser la

question de ce que représente aujourd’hui un entrepreneur pour la génération Y et si ce profil est

semblable à celui de ses prédécesseurs. La description du champ de recherche se résume ainsi dans

la question initiale de recherche suivante : existe-t-il un profil d’entrepreneur Y ?

Une génération exigeante et motivée

En l’absence de données recoupant les deux grands thèmes que sont l’entrepreneuriat et la

génération Y, une analyse en parallèle de chacun des deux domaines a été conduite. L’exploration

des différents profils générationnels a permis de déterminer les grandes lignes de conduite des Y.

Agés de 18 à 34 ans, bien éduqués, les Y sont socialement tous interconnectés. Animés par l’activité

plutôt que la passivité, ils préfèrent à l’inverse de leurs ainés délaisser les écrans non interactifs

(télévision) pour des écrans plus évolués (ordinateurs, Smartphones, tablettes) leur permettant

d’interagir avec leur monde. Alors que les générations précédentes les utilisaient essentiellement

pour s’informer et se divertir, les Y voient en eux de nombreuses autres utilisations telles que la

recherche d’emploi ou la création de réseaux, professionnels ou personnels. L’évolution de ces

technologies et l’apparition des NTIC a considérablement changé leur quotidien. Plus mobiles, ils sont

dorénavant connectés en permanence et voient leur horizon s’élargir considérablement. En effet, les

prouesses technologiques, combinées à l’ouverture des frontières par le monde, la création de zone

de libre circulation et l’apparition des transports Low Cost, ont permis au monde de « s’aplanir » et à

l’information de circuler beaucoup plus librement. En somme, la génération Y apparait comme une

génération éduquée, mondialisée, curieuse, technophile et interconnectée.

Professionnellement, les Y apparaissent comme de potentiels leaders. Ambitieux, pressés, ils

aspirent à avoir des responsabilités rapidement et souhaitent être inclus dans les décisions

managériales. Attirés par l’argent, le statut et la carrière, les Y sont avant tout guidés par des besoins

d’accomplissement et de sens. Voyant le travail comme un potentiel défi, ils recherchent

constamment un challenge intellectuel ainsi que des opportunités d’apprentissage leur permettant

d’évoluer rapidement. De fait, ils valorisent grandement le mentorat et la formation et apprécie être

accompagné et soutenu par leur hiérarchie. Autonomes, ils savent travailler efficacement et

rapidement et s’adapter aux changements. En conséquence, ils privilégient avant tout

l’indépendance mais s’adaptent très bien au travail d’équipe lorsque cela est nécessaire.

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L’ensemble des attributs et motivations caractérisant les jeunes de la génération Y sont synthétisés

dans la figure suivante :

Entrepreneur, un modèle de compétences

L’étude de l’entrepreneur et de l’entrepreneuriat au sens large reste aujourd’hui malgré plus de 300

ans d’étude des notions abstraites, complexes. L’évolution de la société et des comportements des

individus en tant qu’entrepreneurs rend aujourd’hui complexe une modélisation absolue d’un

entrepreneur. Cependant, la littérature et l’histoire observent de grandes tendances et des traits

partagés par la majorité d’entre eux. Elle s’accorde à dire qu’un entrepreneur est avant tout un

bâtisseur, un créateur de business, doté d’un esprit opportuniste, innovant et d’un goût du risque

prononcé. Ces quatre caractéristiques sont d’après les économistes les bases fondamentales de tout

entrepreneur. Outre ces qualités vitales pour le succès de toute entreprise, d’autres, sont apparues

en croisant le Framework de Bolton et Thompson avec la littérature, telles que la concentration ou la

passion. En effet, le moral et l’état d’esprit d’un entrepreneur sont des qualités propres à chacun

déterminantes. Il se définit donc aussi par sa capacité constante à se concentrer sur les objectifs, les

Profil d’un Y

Besoin

d’autonomie

Besoin de

responsabilités

Besoin de

challenge

Besoin

d’accompagnement

Besoin de

sens

Besoin

d’accomplissement Attentes

Caractéristiques

Légende

Figure 1 : Profil théorique d'un Y

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délais et l’action. Cette qualité doit aussi être portée par la passion de l’entrepreneur, sa motivation

et sa détermination étant deux facteurs vitaux pour le succès de son entreprise.

Au-delà des caractéristiques intrinsèques des individus, la littérature définit aussi un entrepreneur

grâce à ses motivations. Celui-ci possède un vrai désir de bousculer l’ordre établi des choses et est

animé avant tout par un besoin d’accomplissement, de grandir. Il ressent aussi un besoin de sens

fort qui le pousse à avoir une vision claire de ce qu’il désire. Pour terminer, il fait aussi preuve d’un

besoin de responsabilités naturel grâce à sa position de dirigeant et son rôle de leader.

L’ensemble des attributs et motivations caractéristiques d’un entrepreneur sont synthétisés dans la

figure suivante :

Besoin de

sens

Besoin

d’accomplissement

Besoin de

responsabilités

Goût du

risque

Esprit

opportuniste

Attentes

Caractéristiques

Légende

Figure 2 : Profil théorique d'un entrepreneur

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L’entrepreneur Y : un modèle de compétence exigeant et motivé ?

L’étude sous l’éclairage académique de la génération Y et de l’entrepreneur a permis de déceler les

caractéristiques et motivations propres à chacun d’entre eux et de construire deux modèles

théoriques. La confrontation de ces deux modèles théoriques a permis la construction d’un modèle

théorique d’entrepreneur Y, présenté ci-dessus :

Goût du

risque

Esprit

opportuniste

Besoin

d’accomplissement

Besoin de

responsabilités

Besoin de

challenge

Besoin

d’accompagnement

Besoin de

sens

Besoin

d’autonomie Attentes

Légende

Caractéristiques

Figure 3 : Modèle théorique d'entrepreneur Y

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L’existence d’un « squelette » d’entrepreneur

La vérification du modèle théorique construit a été réalisée grâce à différentes études quantitatives

réalisées auprès de jeunes de la génération Y par l’APCE, Johnson Controls, Institute of Leadership &

Management ou encore KPMG ainsi qu’une étude menée par Ernst&Young auprès de grands

entrepreneurs.

L’exploitation des données d’Ernst&Young met avant tout en évidence l’existence d’un « squelette »

d’entrepreneur, indépendamment de l’âge, recoupant les caractéristiques suivantes :

La vision (plébiscitée par 76% des sondés)

La passion (73%)

Le leadership (64%)

L’intégrité (53%)

L’innovation (49%)

La prise de risques (46%)

Ces résultats obtenus sont conformes avec le modèle théorique puisque l’on retrouve bien les

qualités de vision, passion, leadership, innovation et prise de risque. Ils mettent incontestablement la

compétence du dirigeant en avant : capacité à se projeter, capacité à diriger, capacité à innover,

capacité à apprécier son travail. L’entrepreneur est avant tout un modèle de compétence. Il est

cependant important de tirer deux enseignements supplémentaires de ces premiers résultats :

L’innovation n’est que la 5ème plus importante qualité selon les entrepreneurs, alors que la

littérature en faisait une qualité essentielle, Bjerke la considérant même comme la plus

importante de toutes.

L’intégrité, absente du modèle théorique, semble être une des qualités essentielles de tout

entrepreneur.

A la question de savoir si ces compétences sont innées chez un individu ou non, les résultats obtenus

mettent en évidence deux qualités supplémentaires d’un entrepreneur : l’éducation et l’expérience.

Près de deux tiers des entrepreneurs ont sollicité l’une ou l’autre de ces sources d’apprentissage.

Paradoxalement, si la littérature parle bien de l’éducation dans le profil de l’entrepreneur, elle

semble omettre l’importance de l’expérience, mise en évidence par près d’un tiers des sondés.

Dernier point mis en évidence chez l’ensemble des entrepreneurs, outre la compétence et les

sources d’apprentissage : le mental. Alors que la littérature mettait en évidence l’important d’un

locus de contrôle interne, conditionné par l’opportunisme et la prise de risque, près d’un dirigeant

sur deux sondé par Ernst&Young estime qu’un comportement essentiel d’entrepreneur est la prise

de risques. S’il semble plutôt évident pour un entrepreneur de dire qu’il a pris des risques pour

réussir, les jeunes tempèrent cette statistique. Plus que le risque, c’est avant tout un souhait de la

part des entrepreneurs de ne pas subir en reposant tout sur la chance ou le hasard mais en forçant

les évènements de par leur comportement et leurs actions. De fait, grâce à ce locus de contrôle

interne, les entrepreneurs cherchent à prendre le contrôle sur leur environnement en agissant, en

ayant l’audace de tenter, plutôt qu’en prenant des risques inconsidérés, comme le souligne un tiers

des jeunes sondés par l’APCE.

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Les Y marquent leur différence

Si les études menées par l’APCE et Ernst&Young mettent en évidence l’existence d’un « squelette »

intergénérationnel d’entrepreneur, celles menées par Johnson Controls, KPMG et Institute of

Leadership & Management mettent quant à elles en lumière des aspects spécifiques à la génération

Y à l’égard de l’entrepreneuriat.

L’analyse menée par l’institut de recherche Pew démontre statistiquement les qualités

« Technophile » et « Connecté 24/7 » du modèle théorique construit. La quasi-totalité (95%) des

jeunes Y interrogés aux Etats-Unis utilisent Internet. En France, ils ne sont « que » 91%, donc près de

2 sur 3 quotidiennement. Les jeunes Y pulvérisent toutes les moyennes d’utilisation. Sur les 15

activités les plus courantes sur Internet (emails, recherches, achats, etc.), la génération Y est 12 fois

au-dessus de la moyenne d’utilisation des générations. Cette utilisation quotidienne des NTIC n’est

pas seulement visible sur le plan personnel, mais aussi sur le plan professionnel. Plus d’un jeune sur

deux ne peut pas se passer des outils technologiques à sa disposition (Ordinateur, téléphone, etc.)

Technophiles invétérés, les Y font aussi preuve d’optimisme concernant leur avenir. Bien que peu

confiants envers le contexte économique actuel (20% des sondés en France), les Y restent malgré

tout près de deux sur trois à être optimistes quant à leur avenir professionnel.

Socialement, les Y font preuve d’une grande indépendance. Plus d’un jeune sur trois attend une

certaine liberté d’action sur le plan professionnel. Cette indépendance se caractérise d’un point de

vue entrepreneurial par un désir important (48% des sondés) de créer son entreprise ou de se

mettre à son compte.

Les Y marquent véritablement la différence lorsque l’on parle des motivations. A l’inverse de leurs

prédécesseurs qui étaient essentiellement guidés par un besoin spécifique (nourrir sa famille pour

les traditionnalistes par exemple, challenge pour les X), les Y font ressortir quatre besoins

importants. Le besoin d’autonomie et d’indépendance est le besoin le plus exprimé puisque plus

d’un sondé sur deux cite ce besoin. Ils sont aussi près d’un sur trois à mettre en évidence

l’épanouissement. Plus loin derrière apparaissent deux autres besoin : les besoins de challenge et

responsabilités. S’ils font de ces besoins une priorité en tant qu’employés (plus de 50%), ils ne sont

que respectivement 8% et 7% à monter leur entreprise dans ce but.

Les besoins de sens et d’accompagnement, très présents au sein des entreprises, ont beaucoup

moins d’importance dans le cadre entrepreneurial. S’ils sont caractérisés dans le monde du travail

(56% des jeunes souhaitent être coachés par leur manager), ils ne trouvent pas vraiment de sens

dans l’entrepreneuriat. En effet, s’il semble évident que tout entrepreneur trouve du sens à monter

son entreprise, il semble peu probable qu’il ne prenne des risques, investisse du temps, et de

l’argent, uniquement pour donner du sens à ce qu’il fait. De même pour le besoin

d’accompagnement, un individu montant son entreprise devient son propre patron et ne

recherchera de fait plus un mentor pour le guider.

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L’entrepreneur Y : une réalité à explorer

La confrontation des données quantitatives collectées avec le modèle théorique construit a permis

d’ajuster le modèle initial, en constatant notamment que :

- les qualités de « Bâtisseur » et de « Curiosité » de notre modèle théorique n’ont pas pu être

démontrées quantitativement. De fait, elles ont été retirées du modèle théorique ;

- les motivations de « sens » et « d’accompagnement » ne sont pas pertinentes dans le cadre

entrepreneurial mais seulement dans le cadre du travail en tant qu’employé. Elles ont donc

aussi été retirées du modèle théorique ;

- deux qualités non prévues dans le modèle initial ont été fortement visibles

quantitativement : « l’expérience en tant qu’employé » et « l’intégrité ». Ces deux qualités

ont été ajoutées dans le modèle final de l’entrepreneur Y.

Les résultats obtenus nous laissent effectivement penser qu’il existe un profil spécifique

d’entrepreneur Y. En effet, s’il parait bien exister des compétences communes à tout entrepreneur

qui traversent les générations, il semblerait que chaque génération apporte son lot de spécificités.

C’est du moins le cas de la génération Y qui modifie la donne en utilisant davantage les NTIC mais

également en ayant des besoins plus nombreux et plus complexes que ses prédécesseurs.

Figure 4 : Profil obtenu d'un entrepreneur Y