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GROUPE DE RECHERCHE EN PSYCHOLOGIE SOCIALE (EA – 4163)Campus Porte des Alpes – 5 avenue Pierre Mendès-France - 69676 Bron cedexhttp://recherche.univ-lyon2.fr/greps
Recherche : « Don et représentations sociales : enjeux bioéthiques et psychosociaux »
Responsable scientifique : Kalampalikis Nikos (Pr - Univ. Lyon 2, Laboratoire GRePS - EA 4163)
Partenaires : Fédération française des CECOS
Financements : Agence de la Biomédecine & Région Rhône-Alpes
Durée (1ère phase) : 2 ans (11/2006-11/2008), 2ème phase : 3 ans (10/2010 – 10/2013)
Rapport de fin de recherche (1ère phase) : Kalampalikis, N. et al. (2009). Enjeux éthiques et identitairesdans l’acte de procréation par don de sperme. Rapport de fin de recherche, Agence de laBiomédecine & Région Rhône-Alpes, GRePS Lyon 2 (227 pages).
I. Cadre et objectif de la recherche
Une recherche a été conduite pendant deux ans (11/2006 – 11/2008) par une équipe de
psychologues sociaux de l’Université Lyon 2 (Laboratoire GRePS EA 4163) en partenariatavec la Fédération française des Cecos, concernant les enjeux éthiques et identitaires
engagés dans l’acte de procréation avec don de sperme. L’objectif de cette recherche
était de mettre en évidence aussi bien le vécu de cette technique si spécifique de PMAdu point de vue des « acteurs » (456 membres de couples demandeurs/receveurs, 33
donneurs de sperme) que son image sociale auprès d’une population générale stratifiée
non impliquée dans les PMA (600 personnes). De plus, l’enquête a établi un croisement
comparatif des principales législations internationales et des résultats issus des principalespublications de la littérature scientifique internationale.
II. Opérations de recherche et principaux résultats par population
a) Population générale
- Un échantillon de 40 sujets (interviewés individuellement) et de 600 autres (associations
verbales) donne à voir un premier diagnostic du champ sémantique et représentationnel
de l’IAD. Dans l’ensemble, ces résultats mettent en évidence que le rapport que cette
population générale entretient à la PMA, procède d’une forme de problématisation del’intime et du personnel par l’intervention de la technologie médicale. Cette « mise en
contexte » de pratiques et de notions supposées relever de la sphère privée opère à
différents niveaux : celui de la masturbation dans un contexte hospitalier ; celui de
l’enfantement dans un contexte de préservation de l’espèce ; celui de la fécondationdans un cadre technologique ; ou, encore, celui de la parentalité dans une situation
d’assistance médicale. La double intervention, d’une part du technologique dans le
champ de l’intime/du personnel, et, d’autre part, du médical dans le champ d’un
processus considéré comme « naturel », suscite des discours questionnant des oppositionsquasi anthropologiques entre le froid de la technologie et le chaud de l’intime, et entre
l’idéal de la naturalité et le traitement de ses dysfonctionnements. Cette triangulation
qu’implique l’intervention du social dans l’intime et dans le naturel suscite avant tout des
interrogations au niveau du vécu subjectif de cette intervention, qui est à la fois une
solution à un problème douloureux (le don et l’assistance face au désarroi de la stérilité) etune mise en cause de la naturalité biologique de la procréation (comme
accomplissement personnel et préservation de l’espèce). D’autre part, cette mise en
cause interroge au niveau de l’éthique, que ce soit dans le domaine scientifique (les
risques du progrès dans la maîtrise de la nature), dans le domaine moral (le danger quel’artificialité de la procréation entraîne sur celle de la parentalité) ou dans le domainereligieux (l’intervention sur le sacré de la création).
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Par ailleurs, les entretiens qualitatifs avec une partie de cette population portant
spécifiquement sur la question de l’anonymat du don, montrent que 63% d’entre eux sont
favorables au maintien de la formule législative actuelle (pour protéger l’enfant, le
donneur, mais aussi le cadre de l’acte du don), 10% se prononce favorablement à lalevée de l’anonymat (évoquant le droit de l’enfant de connaître ses origines), tandis que
27% se déclarent « partagés », sans avis définitif (oscillant entre l’idée de temporalités
différentes de l’anonymat et les effets possibles de la levée pour le donneur et les enfants).
b) Donneurs de sperme
33 donneurs ont été interrogés (entretiens qualitatifs en profondeur), issus de différentsCecos, sur les raisons, motivations, prises de position relatives à leur don, aux
représentations de leur acte, aux principes institutionnels, législatifs et éthiques qui le
façonnent, notamment l’anonymat et la gratuité. A cause du profil spécifique de cette
population et des règles en vigueur au sein des Cecos nous avons pu sollicité uniquementdes donneurs présents au centres au moment de l’enquête.
Notre recherche a mis en évidence trois sous-populations de donneurs (« spontanés »,« relationnels », « convertis ») selon leur mode d’entrée à la démarche du don.
Cet échantillon rare, très sensible du point de vue de l’anonymat qui l’entoure sepositionne de manière parfois ambivalente sur le principe de l’anonymat et de manièredavantage consensuelle sur celui de la gratuité.
A la différence du principe de gratuité qui suscite un consensus fort (82% pour, 18%
partagés et favorables à une rémunération si - et uniquement si - cette dernière pourrait
augmenter le nombre de donneurs, aucun contre la gratuité), celui de l’anonymat,partage l’échantillon en deux.
! D’un côté (49%), une moitié qui considère cette règle comme étant absolument nécessaire,
condition sine qua non de leur don. De plus, ils y sont favorable car il n’y a pas selon eux de
lien filial et surtout, étant eux mêmes parents par ailleurs, ils ne souhaitent guère se substituerau conjoint du couple demandeur.
! Néanmoins, une minorité de donneurs (9%) est favorable à la levée de l’anonymat,évoquant le droit de l’enfant de connaître ses origines, mais aussi une « agréable surprise »
de rencontrer plus tard des enfants nés grâce à leur don, enfin pour éviter des « secrets de
famille de-structurants ».
! Enfin, 42% des donneurs interrogés, se déclarent « partagés » sur ce principe ; il constitue
certes le socle de leur don, mais en même temps ils ne sont pas frontalement opposés à salevée, « conséquence logique » lorsque les parents ont parlé à l’enfant de ces conditions de
conception, mais dans une temporalité plus lointaine, ils évoquent souvent « dans 20 ans ».
Cette expérience unique de don de matériel biologique comme support d’un projet
parental reste dans l’ombre que lui imposent les conditions de sa réalisation et lesreprésentations qui l’incarnent. Expérience unique, motivée par un altruisme sincère,
cependant indicible, non partagée socialement, car non partageable, elle reste une
pratique privée, secrète. Privée de publicité, elle devient un don marginal, en quête vainede reconnaissance sociale. Privée de valorisation sociale, elle devient une affaire privéeen résonance avec des problématiques individuelles.
Nos résultats illustrent également un effet du don jamais observé jusqu’à présent dans la
littérature scientifique relative aux motivations des donneurs. En effet, en phase avec les
hypothèses pionnières de Mauss, nombreux sont ceux qui nous ont confiés un sens tout àfait spécifique à leur acte permettant de montrer qu’ils ne font pas « que » donner.
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c) Couples demandeurs/receveurs
Enfin, un questionnaire a été administré auprès des couples présents dans les différentsCecos au moment de la recherche (à terme, environ 456 personnes ont été ainsi
interrogées) que cela soit pour une première ou seconde demande. Il a été conçu à
partir de l’examen de la littérature scientifique relative à cette thématique, des entretiens
menés avec les donneurs, mais également à partir de treize entretiens menés auprèsd’hommes et de femmes en situation de demande (première demande pour la largemajorité d’entre eux). Le questionnaire a été structuré autour des thèmes de la sphère
normative, de la PMA, de l’image sociale de l’infertilité, de l’image du donneur, du don,de la transmission et du secret, et, évidemment, de l’anonymat et de la gratuité.
Dans nos résultats les couples demandeurs privilégient massivement le choix de la formule
législative actuelle en France pour le don de sperme, c’est-à-dire, anonyme et gratuit
(92%). Toutes les autres options proposées ont été rejetées. En ce qui concerne lesinformations que les couples souhaiteraient obtenir quant au donneur, force est de
constater que, hormis le cas de figure des informations non identifiantes sur le donneur, le
choix des couples a également majoritairement porté sur la conservation du système
actuel. Ce choix exclut la possibilité d’un accès, pour les parents ou pour l’enfant à naîtreà sa majorité, à des informations identifiantes sur le donneur. Ainsi, les couples restent
attachés au modèle et aux règles actuelles de droit qui régissent la démarche dans
laquelle ils se trouvent, pour la grande majorité d’entre eux, pour la première fois. Seule
l’option d’une disponibilité d’informations non identifiantes sur le donneur recueille environla moitié des avis favorables.
L’anonymat et le secret constituent empiriquement les principes organisateurs essentielsqui structurent les prises de position des couples impliqués dans le don de sperme en tant
que demandeurs/receveurs. Cependant, ces deux principes ne suffisent pas à eux seuls à
rendre compte de la diversité des prises de position sur des questions particulières. Le
rapport au donneur, sous l’angle de l’intérêt, de la dépersonnalisation ou encore de
l’éventualité de son « retour », ainsi que les enjeux liés à la transmission et à laressemblance, contribuent eux aussi à structurer ce champ représentationnel. C’est donc
au sein d’un réseau de représentations sociales large et complexe qu’est vécue la
démarche de l’IAD, que sont fait les choix de parler aux autres ou à l’enfant, et que sedéterminent des positionnements sur l’anonymat, le secret ou la gratuité.
Une seconde phase de la recherche est actuellement en cours. Nous souhaitons
approfondir les acquis de la première phase en termes d’outils validés (questionnaire
national, guides d’entretiens, analyse législative), de partenariats établis (Fédérationfrançaise des Cecos), de connaissance fine des populations sensibles impliquées
(donneurs, couples), pour investiguer de manière ciblée de nouvelles pistes de recherche,
notamment en rapport avec le devenir du récit de procréation auprès des couplesdevenus parents grâce à une insémination avec donneur.
1. élargir quantitativement l’échantillon des couples en demande d’IAD, afin de confirmer des
résultats en matière d’intention de parler à l’enfant, de dépersonnalisation du donneur et
d’attachement aux règles du don ;
2. intégrer, à titre comparatif, les changements préconisés par les Etats Généraux de la Bioéthique
et/ou par la discussion parlementaire en matière de don de gamètes;
3. se focaliser sur les parents d’enfants nés par IAD (à travers les couples en seconde demande),
pour investiguer notamment le(s) récit(s) de conception proposé(s) aux enfants.
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Publications scientifiques
Kalampalikis, N., et al. (2010). Enjeux psychosociaux du don de sperme : le point de vue des couples. Andrologie,20(1), 37-44.
Kalampalikis, N., et al. (2010). Enjeux psychosociaux du don de sperme : le point de vue des couples. In P.
Jouannet & R. Mieusset (Eds.), Donner et après. La procréation par don de spermatozoïdes avec ou sansanonymat ? (pp. 55-68). Paris, Springer.
Haas, V., & Kalampalikis, N. (2010). Triangulation méthodologique à partir de l’énigme du don de sperme. In E.
Masson& E. Michel-Guillou (Eds.), Les différentes facettes de l’objet en psychologie sociale. Le cabinet decuriosités. (pp. 59-73). Paris, L’Harmattan.
Kalampalikis, N. et al. (2009). Enjeux éthiques et identitaires dans l’acte de procréation par don de sperme .Rapport de fin de recherche, Agence de la Biomédecine & Région Rhône-Alpes, GRePS Lyon 2 (227 pages).
Communications scientifiques
Kalampalikis, N., Haas, V., & Fieulaine, N. (2010). Don et représentations sociales : enjeux bioéthiques etpsychosociaux. Xth International Conference on Social Representations, Tunis, Tunisie, Juillet.
Kalampalikis N., Haas V., Fieulaine, N. (2008). Le don, échange de représentations, communication à la 9ème
Conférence Internationale sur les Représentations Sociales (30 juin - 5 juillet, Bali, Indonésie).
Kalampalikis, N. (2009). La question de l’anonymat du don de sperme, Intervention au XVIIe Séminaire nationaldes Cecos, Montpellier.
Kalampalikis, N. (2009). Conférencier invité aux 14èmes journées de la Fédération française d’étude de lareproduction (Clermont-Ferrand).
Diffusion / valorisation
- Organisation d’une restitution des principaux résultats de la recherche « Enjeux éthiques et identitaires dans
l’acte de procréation par don de sperme » au Grand Amphithéâtre de Lyon 2 en présence de la Vice-
Présidente à la Recherche et des représentants de l’Agence de la Biomédecine, de la Fédération nationaledes Cecos et de la Région Rhône-Alpes (27/01/2009) (podcast http://recherche.univ-
lyon2.fr/greps/spip.php?article121)
- Interview sur les lois de bioéthique en direct à l’édition nationale du Journal d’information de 13h (France 2),01/09/2010.
- Participation à l’émission radiophonique RFI (01/07/2009), « Les Etats Généraux de la Bioéthique : le don de soi »,par Laurence Theault.
- Participation au film documentaire « Familles à la carte » à partir de la recherche sur le don de sperme, 2008
Cap Canal, Réalisatrice : P. Robert, Chromatiques Productions (Lyon).
Contact :
Nikos KALAMPALIKISProfesseur de psychologie sociale
Directeur du laboratoire GRePS (Groupe de Recherche en Psychologie Sociale - EA 4163)Université Lyon 2 - Institut de PsychologieBâtiment L (121L)5 avenue P. Mendès-France
69676 Bron (France)[email protected]
tél.: 04.78.77.31.63
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