Suzanne Pairault Infirmière 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    JEUNES FILLES EN BLANC * N 15

    INTRIGUES DANS LA BROUSSE

    par Suzanne PAIRAULT

    *

    L'hpital est install flanc de colline,entre des forts infestes de fauves et desmarcages o les moustiques pullulent! ricanal'inconnu qui tait venu chercher amille l'aroport"

    La #eune fille lui #eta un $ref coup d'%il"L'homme tait dplaisant et ne lui inspirait aucuneconfiance" &lle aurait prfr un autre guide pourson premier contact avec ce pas d'(frique o elleavait choisi d'tre infirmi)re"

    &lle haussa les paules et dcida de penser une autre chose" &lle refusait en effet de se laisseraller une impression dsagra$le qui, pensait*elle,ne pr#ugeait en rien de l'avenir" &t pourtant"""

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    Suzanne Pairault

    Ordre de !rtie

    Jeune Fille en "lan#

    S$rie(rmelle, amille, atherine cile, -ominique, -ora, &mmeline, &velne, .lorence,

    .rancine, /enevi)ve, /is)le, 0sa$elle, uliette, Luce, arianne, 3lvie"

    4entre parenth)ses, le nom de l'infirmi)re"5

    1" atherine infirmi)re 1678 4atherine52" La revanche de arianne 1676 4arianne5+" 0nfirmi)re $ord 169: 4uliette5" ission vers l;inconnu 1691 4 /is)le5

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    Suzanne Pairault

    Ordre de !rtie

    Jeune Fille en "lan#

    S$rie(rmelle, amille, atherine cile, -ominique, -ora, &mmeline, &velne, .lorence,

    .rancine, /enevi)ve, /is)le, 0sa$elle, uliette, Luce, arianne, 3lvie"

    4entre parenth)ses, le nom de l'infirmi)re"5

    1" atherine infirmi)re 1678 4atherine52" La revanche de arianne 1676 4arianne5+" 0nfirmi)re $ord 169: 4uliette5" ission vers l;inconnu 1691 4 /is)le5

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    Suzanne Pairault

    Ordre al%&a"$ti'ue

    Jeune Fille en "lan#

    S$rie(rmelle, amille, atherine cile, -ominique, -ora, &mmeline, &velne, .lorence,

    .rancine, /enevi)ve, /is)le, 0sa$elle, uliette, Luce, arianne, 3lvie"

    4entre parenth)ses, le nom de l'infirmi)re"5

    1" atherine infirmi)re 1678 4atherine52" -ora garde un secret 169 4-ora5+" .lorence et les fr)res ennemis 168 4.lorence5" .lorence et l'trange pidmie 1681 4.lorence5

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    SU(ANNE PAIRAULT

    INTRIGUES DANS

    LA BROUSSE

    ILLUSTRATIONS DE P)ILIPPE DAURE

    )AC)ETTE

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    I

    (3303& l'avant de la ca$ine > classe touriste > amillese penchait contre le hu$lot pour essaer d'apercevoir le paso elle allait atterrir" usqu'ici elle n'avait pas vu grand*chose ?

    peine si elle distinguait par*ci, par*l, entre les nuages $as,une tache de couleur rouge ou verte"L'avion dans lequel elle se trouvait tait $eaucoup plus

    petit et moins moderne que celui qui l'avait amene de @arisen (frique du Aord" ais il tait aussi plus accueillant, plusfamilier" L'htesse, une #eune mtisse vtue de $leu ciel,voant une fille deson Bge portant comme elle un uniforme,

    avait engag la conversation"C Dous alleE au 'Fot, mademoiselleG

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    amille fit C oui de la tte, en souriant"C e ne veuH pas tre indiscr)te > mais vous alleE

    travailler l*$asG Dous tes infirmi)re, n'est*ce pasG Dous vous

    arrteE IouarG Iouar, c'tait la capitale, la grande ville de la petiterpu$lique" ette fois amille fit signe que non"

    C e vais plus loin, Furu" &t mme au*del de FHtru, #ene sais pas $ien quelle distance"

    L'htesse haussa les sourcils"C FuruG e ne connais pas""" 0l est vrai que #e ne fais pas

    souvent cette ligne" e ne suis pas d'ici, #e suis ongolaise" &nfait, de Iouar, #e n'ai gu)re vu que l'aroport" 0l a un hpital,l o vous alleEG

    amille secoua la tte"C 3eulement une antenne mdicale qui s'occupe de la

    rgion"> &n pleine $rousse, alorsG> 3ans doute"> Dous aveE du courage! soupira la #eune

    mtisse"> ais il me sem$le que vous*mme, vous n'aveEpas un mtier de tout repos!> e n'est pas la mme chose" Les accidents d'avion

    sont rares" Iandis que les maladies, les $tes fauves""" Jui, ilfaut du cran pour aller l*$as!

    &lle o$serva amille avec plus d'attention" Kn $ustemince et souple, un visage asseE court, auH pommetteslg)rement saillantes, un menton ttu" ais, comme pourclairer cet ensem$le un peu sv)re, des euH gris tr)s douH etpresque craintifs"

    C 'est la premi)re fois que vous veneE en (friqueGdemanda encore l'htesse"

    > e suis alle Iunis avec un groupe d'tudiants"

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    > Jh! le 'Fot ne ressem$le pas la Iunisie! Fiensr, Iouar il a des maisons en pierre, des #ardins avec desfleurs qu'on arrose tous les #ours" ais le reste du pas"""

    ( ce moment, un voageur appela la #eune htesse"amille resta songeuse, vaguement inqui)te de ce qu'elle allaittrouver son arrive" Muand elle avait dcid de prendre ceposte au 'Fot, plusieurs personnes avaient essa de l'endissuader" C Dous ne saveE pas ce que c'est, lui disait*on" Doustes trop #eune""" vous n'aveE pas l'eHprience de ce genre devie""" ais parmi ses camarades, aucune ne l'avait, cette

    eHprience" Jn demandait une fille #eune, vigoureuse, prte vivre dans la $rousse" Nien de plus" L*$as, d'ailleurs, elle neserait pas seule, mais travaillerait avec une infirmi)re noire,me @enEi, dont la roiH*Nouge disait le plus grand $ien"

    amille commenOait apercevoir, entre les nuages, devastes tendues" &lle remarqua l'alternance des espaces rougeset des espaces verts" omme elle s'en tonnait, un voageurassis derri)re elle lui eHpliqua que le rouge, c'tait la terre, levert les forts" Lui*mme tait agronome et partait en missionofficielle pour tudier les possi$ilits de mettre le pas envaleur"

    C 'est un peu une aventure que nous courons l, vous etmoi, conclut*il" e suis attendu Iouar par une quiped'ingnieurs du 'Fot qui doit m'emmener vers le nord"

    > oi, c'est vers le sud que #e vais, dit amille"

    &sprons que nous ferons tous les deuH du $on travail" L'avion commenOait descendre" L;htesse circulait le

    long de l'alle centrale, s'assurant que les voageurs avaientteint leurs cigarettes et $oucl leurs ceintures de scurit" &lles'arrta devant amille"

    C Aous avons un peu de retard, dit*elle" Jn vous attend Iouar, #e supposeG

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    > Jui, le chef du centre de Furu doit s'occuper de mon

    transport"> &n tout cas, si vous en avieE $esoin, n'hsiteE pas

    venir me voir" (u foer du personnel nous vous trouverionssrement un lit"

    amille la remercia avec chaleur" 3i tout le monde taitaussi gentil l o elle allait, elle serait srement heureuse"

    L'avion toucha la piste et commenOa rouler" Muelques

    minutes plus tard, il s'arrtait devant un $Btiment carr, ausommet duquel flottait un drapeau inconnu" elui du 'Fot,sans doute" amille se dirigea vers la sortie" (u sommet de lapasserelle, l'htesse lui #eta encore ?

    C Fonne chance! amille descendit lentement" 3ans vouloir se l'avouer,

    elle se sentait tr)s mue" e sol sur lequel elle posait le pied,

    c'tait celui de l'(frique, o elle se prparait passer des mois,

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    peut*tre des annes de sa vie" &lle avait choisi li$rement cettemission, pour se consacrer auH plus dshrits de la terre"@ourtant, maintenant qu'elle touchait au $ut, elle ne pouvait

    s'empcher de ressentir un lger pincement au c%ur"Peureusement, tout ce qu'elle avait faire dtourna$ientt ses penses" &lle prsenta son $illet, son passeport, sescertificats de vaccination" Le prpos, un Aoir athltique l'eHpression d$onnaire, eHamina les papiers avec unemticuleuse attention"

    C Iout est en r)gle, dclara*t*il" Dous pouveE passer,

    mademoiselle" &lle s'eHclama ?C ais vous parleE franOais comme un @arisien!> 0ci, eHpliqua*t*il, tout le monde parle franOais > plus

    ou moins $ien, videmment > mais moi #e suis all l'colede la mission" 'est pour Oa que maintenant #'ai une $onneplace"

    amille pensa que la francophonie du pas simplifiait$eaucoup les choses" &lle n'avait mme pas pens s'eninformer ? il est vrai qu'elle tait partie si vite"""

    C Dous resteE IouarG demanda l'emplo"> Aon, #e vais Furu" Dous connaisseE, sans douteG L'homme fit signe que non" -cidment, Furu devait

    tre un lieu tr)s isol" Le pas n'tait pourtant pas si grand,mais l'endroit o se rendait amille ne sem$lait connu de

    personne" C Jn vient vous chercher, $ien srG > Jui, on doitm'envoer un camion" 'est que #'ai pas mal de $agages"

    > (h, $on! &h $ien, alleE les chercher ? on commence dcharger la soute"

    Les affaires personnelles de amille n'taient pasl'essentiel de ses $agages" Kn rechange d'uniforme, des$louses, un peu de linge""" Jn lui avait recommand de se

    munir d'un casque, qu'elle avait envelopp avec soin et attach

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    la poigne de sa valise par une courroie" ais elle avaitsurtout une caisse volumineuse qui contenait desmdicaments" Les services de @aris ne manquaient aucune

    occasion de faire parvenir le ncessaire auH hpitauH de la$rousse, sans recourir auH formalits intermina$les quencessitaient les envois officiels"

    L'inspection des $agages fut tr)s longue" amille dutsortir les o$#ets un unQ ensuite on appela une femme poureHaminer les vtements ? une grosse matrone au visage hilare,qui sem$lait prendre grand plaisir ses fonctions" Fien que le

    linge de amille ft tr)s simple, elle s'eHtasiait sur tout cequ'elle voait" La #eune infirmi)re remarqua qu'elle lui disaitC tu , le vouvoiement dnotait un degr d'instruction plusavanc"

    C Iu as une #olie $rassi)re, mademoiselle" &t des slips >c'est comme Oa que Oa s'appelle, n'est*ce pasG Jn commence en trouver dans les grands magasins de Iouar" Iu vas visiterla villeG

    > e n'aurai pas le temps ? on m'emm)ne Furu ce soirmme"

    > ( Furu! rpta la femme"> Dous connaisseE, vousG> e sais o c'est, mais #e n' suis #amais alle" est un

    endroit o on n'a rien faire" 0l paraRt qu'on va soigner lesmalades, l*$as" Iu es mdecinG

    > Aon, infirmi)re seulement"> Les infirmi)res, Oa vaut mieuH que les mdecins,

    dclara la matrone avec autorit" oi #'ai eu une hernieS onm'a emmene l'hpital de Iouar" &h $ien, le mdecin venaitune fois par #ourQ l'infirmi)re, elle, tait tou#ours lQ on pouvaitl'appeler quand on avait mal"

    amille ne put s'empcher de sourire" Iout en refermant

    sa valise, elle commenOait regarder du ct de la sortie,

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    cherchant des euH celui qui devait l'emmener Furu"-erri)re la $arri)re elle ne voait personneQ pr)s desmarchandises il avait un petit homme tr)s agitQ malgr son

    teint fonc il n'avait pas l'air africain ? ses traits aigus luidonnaient l'aspect d'un renard"C 3erait*ce luiG se demanda la #eune fille"&lle esprait que non" L'individu, a priori, ne lui plaisait

    gu)re" ependant, part les emplos de l'aroport, il nerestait plus que lui dans le $Btiment" amille supposa qu'iltait charg de l'accueillir"

    L'homme au visage de renard temptait, gesticulait,$randissait des liasses de papiers" 0l o$tint sans doute ce qu'ilvoulait car elle le vit $ientt, suivi de deuH hommes portantdes caisses volumineuses,

    se diriger vers un camion arrt devant la sortie" (pr)savoir assur le chargement, il rentra dans l'aroport et s'avanOavers amille"

    C Dous tes la nouvelle infirmi)reG demanda*t*il"> Jui, monsieur" Ju dois*#e dire C docteur G> e ne suis pas mdecin, rpondit*il d'un air veH" Dous

    tes prte partirG Aous n'avons pas de temps perdre si nousvoulons arriver avant la nuit" Dous aveE pris un porteur pourvos $agagesG

    > e n' ai pas pens" e savais qu'on allait venir mechercher"

    > &t vous supposieE que c'tait moi qui allais mecoltiner tout OaG La valise, passe encore, mais la caisseGMu'est*ce qu'il a dedansG

    > -es mdicaments, rpondit amille" 'est @aris quivous les envoie, on sait que vous en aveE tou#ours $esoin"

    L'homme se radoucit un peu"

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    C -es mdicaments, oui, c'est $ien" 0l faut tBcher detrouver un porteur" 0ls viennent l'aroport quand on attend unavion, mais ils sont tou#ours presss de rentrer cheE euH" Dous

    vous appeleE mademoiselle (rdoin, #e croisG> Jui, amille (rdoin" &t vous, monsieurG> alti > oseph alti" 00 trouva enfin deuH porteurs" 0l fit monter la #eune fille

    dans la ca$ine du camion et prit place ct d'elle"C Dous tes dsigne pour le poste F > vous le savieEG> Jui, mais #e rie sais pas ce que Oa veut dire au #uste"

    > &h $ien, le centre de Furu, qui est dirig par ledocteur Jlvidos comprend trois postes" Le poste F est le plusimportant, c'est pour Oa qu'il faut deuH infirmi)res" (u poste(, il a deuH religieuses noires, au poste , un infirmier" 'estl aussi qu'ha$itent les deuH mdecins qui s'occupent des troispostes"

    > es centres sont loigns les uns des autresG> (sseE" 0ls sont tous les trois installs mi*hauteur

    d'une colline, entre des forts infestes de fauves et desmarcages o les moustiques pullulent"

    > 3i vous n'aimeE pas cette rgion, pourquoi donc tes*vous venuG

    > 'estS le docteur Jlvidos qui m'a fait venir" ais #en'ai pas l'intention d' finir mes #ours"

    > Muelles sont les maladies les plus frquentesG

    > Jh! vous n'aureE que l'em$arras du choiH! 0l a dupian, de la fi)vre #aune > on ne peut pas vacciner tout lemonde, $ien entendu" &t puis des

    $lessures, des $rlures, comme partout" 3eulement icitout s'infecte immdiatement"

    > Dous manqueE d'anti$iotiquesG 'en apporte dans cettecaisse, avec de la cortisone, des vaccins"""

    > 'est tr)s $ien ? nous verrons tout Oa au centre"

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    > Muand devons*nous arriverG> -ans trois heures peu Tpr)s" e n'est pas uneautoroute, vous pouveE vous en rendre compte" e voudraisarriver avant la nuit" @arce que la nuit, par ici"""

    Le camion cahotait, en effet, sur un sol ingal, de cettecouleur rouge qui avait frapp amille dans l'avion" @arfois ilstraversaient un creuH, au fond tapiss de $oue o $ar$otaientde maigres $uffles" @uis la route remontaitQ on tait entourd'her$es hautes, ressem$lant un peu de l'avoine" Le camiongrimpa une cte et pntra dans une fort tr)s denseQ despiaillements aigus s'chappaient des ar$res"

    C e sont les singes, eHpliqua alti" 0ls ne sont pasmchants" -ans les forts, vrai dire, le principal risque qu'oncourt, c'est de se perdre" &lles ne sont pas tr)s tendues,pourtant des gens du pas s' sont perdus et n'ont #amais pu

    retrouver leur chemin"

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    > &t dans la $rousseG> L, il a des lions" ais ils s'intressent auH antilopes

    plus qu'auH humains"""

    amille songeait au poste qu'elle allait occuper"C Jn m'a dit que #e travaillerais avec une autre infirmi)re"-'apr)s ce que vous dites, il a, outre le docteur Jlvidos,deuH mdecins pour les trois postesG

    > Jui, ils ha$itent au poste parce que c'est le plusrapproch de Furu" elui qui s'occupe du poste F est unFlanc, un .ranOais" L'autre est du 'Fot, mais il a fait des

    tudes en .rance" 0ls n'ont pas l'air de valoir grand*chose"(pr)s tout, c'est tou#ours asseE $on pour ces sauvages""" amille sentait sa gorge se serrer" @as de mdecin sur

    place > et d'apr)s alti, celui auquel elle aurait affaire n'taitpas tr)s capa$le""" La .rance, d'ordinaire, choisissait ceuHqu'elle envoait" A'avait*on trouv personne de vala$leG

    Le camion roulait tou#ours" -ans la fort, l'om$re s'taitpaissieQ les cimes des ar$res se re#oignaient au*dessus de laroute" alti avait allum les phares" Muand ils sortirent ducouvert, amille constata avec surprise qu'il faisait nuit"

    C ais comment"""G demanda*t*elle en dsignant le ciel"alti se mit rire"C -ans ce pas il n' a pas de crpuscule > pas d'au$e

    non plus" Le #our et la nuit apparaissent ainsi, d'un seul coup"> -e sorte qu'on risque, si l'on n' prend pas garde,

    d'tre surpris par l'o$scurit"> 'est tout fait Oa" ais #e doute que vous aeE

    $eaucoup de temps pour aller vous promener dans lacampagne" e n'est pas un lieu de villgiature"

    0ls travers)rent encore une longue savane, puis tout coup amille aperOut dans le lointain une range de petiteslumi)res"

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    C 'est le village de Furu, dit alti" Aous sommes arrivs> ou presque" Le centre, c'est la derni)re $Btisse sur ladroite"

    3eul de toutes les maisons du pas, le centre taitconstruit en $riques" Les autres n'taient que des huttes de$ranchages couvertes d'un toit de roseauH"

    alti arrta le camion devant la porte" Kn homme d'unecinquantaine d'annes, de taille moenne, tr)s $run, parut surle seuil"

    3ans s'eHpliquer pourquoi, la #eune fille prouva un

    trange malaise, comme de la peur"

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    II

    (0LL&descendit du camion" ais l'inconnu se dirigead'a$ord vers alti" C (lorsG interrogea*t*il"

    > (lors tout va $ien" Les caisses sont arrives" e les aicharges dans le camion"

    > Iu les as iciG alti inclina la tte"C 00 en a aussi une qui est arrive dans les $agages de

    l'infirmi)re"> Fon, on verra Oa plus tard" (lors seulement il se tourna vers amille" Kn peu

    surprise de cet accueil, elle se dit qu'il tait sans doute naturel,pour un chef de groupe, de penser d'a$ord son travail

    Le docteur Jlvidos s'avanOa vers la #eune fille et inclinala tte avec un sourire qui lui dplut"

    C Dous tes mademoiselle (rdoinG demanda*t*il d'unevoiH un peu mtallique"

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    > Jui, monsieur" Dous tes sans doute le docteurJlvidosG

    > &n effet c'est moi qui dirige ce centre" Jn vous a

    pro$a$lement eHpliqu que nous ne pouvions pas trouverasseE de personnel comptent dans le pas" Aous en avonsdemand la .rance, puisqu'ici, on parle franOais"

    &lle se rassura ? il n'avait rien contre elle" ais sa voiH lerendait peu smpathique"

    C Dous la faites conduire ce soirG demanda alti"Le chef secoua la tte"

    C Iu connais le chemin du posteQ la nuit c'est presqueimpratica$le" &lle couchera ici, tu l'emm)neras demain matin"> e la fais servir dans sa cham$reG> Le cuisinier est d# parti" &lle partagera notre dRner"> Iant pis , dit alti"amille comprit qu'il avait hBte de se trouver seul avec

    son chef pour parler des affaires du centre" &lle Sse promit deles laisser aussitt apr)s le repas et d'aller se coucher de $onneheure" Le docteur Jlvidos agita une clochetteQ un #eune Aoirapparut"

    C Iu mettras trois couverts, lui dit Jlvidos"> Fien, docteur" Le garOon s'clipsa" Kn moment plus tard, le mdecin fit

    entrer amille dans la pi)ce voisine, o le couvert tait dresspour trois personnes" 'tait un

    homme $ien lev, il repoussa la chaise de la #eune fillederri)re elle et fit signe au serviteur de lui passer le platd'a$ord"

    Jn servit une viande que amille ne parvint pas identifier, puis un plat de lgumes et des fruits qu'elle voaitpour la premi)re fois" Ai l'un ni l'autre des deuH hommes neparlait" alti lui*mme, plutt $avard pendant la route,

    mangeait en silence, les euH fiHs sur son chef" La #eune

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    infirmi)re sentait qu'elle les gnait" ais apr)s tout, ilsauraient le reste de la soire pour changer leurs confidences"Irouvant ce silence un peu pesant, elle hasarda ?

    C Dotre cuisinier est eHcellent" e ne m'attendais pas autant de raffinement"> Ae croeE pas que ce soit notre ordinaire, dit

    vivement alti" 0l se trouve qu'on a fait cadeau au docteur dece gi$ierQ c'est tout fait eHceptionnel"

    Jlvidos ne disait rienQ ses euH tr)s noirs fiHaientamille avec une insistance qui la trou$lait"

    C Muel Bge aveE*vousG demanda*t*il tout coup"> -iH*neuf ans" 00 ne fit pas de commentaireQ le repas s'acheva dans le

    silence" -)s qu'ils eurent fini, la #eune infirmi)re se retira" Jnla conduisit dans une petite cham$re carre, meu$le d'un litde camp et d'une ta$le de toilette" (u $out de quelquesinstants, le #eune Aoir qui les avait servis ta$le lui apporta ungrand pot d'eau chaude"

    C erci $ien , dit*elle en souriant"0l lui sourit son tour" @our la premi)re fois de la soire,

    elle prouva un mouvement de smpathie" (pr)s tout, si lesmalades qu'elle devait soigner taient comme ce garOon, toutirait $ien"

    &lle dormit profondment" Le matin, elle fut veille parquelques coups frapps sa porte"

    C 'est alti, dit une voiH" LeveE*vous, nous partonspour le poste"

    &lle fit une toilette rapide, s'ha$illa et sortit de lacham$re" Kn Aoir la conduisit dans la salle manger et luiservit une grande tasse de th au lait avec du pain" &lleachevait de d#euner quand alti apparut"

    C Dous tes prteG dit*il" 'est $ien ? #e pourrai tre de

    retour avant midi"

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    &lle vit devant la porte, non pas le camion de la veille,mais une #eep coiffe dun $iEarre toit de roseauH"

    C Jn peut difficilement arriver auH postes avec un autre

    vhicule, eHpliqua alti" -e Iouar #usqu;'ici, Oa peut encorealler, mais apr)s""" #eta un regard autour d'elle" Le village, en plein #our,

    talait sa pauvret ? des enfants demi*nus #ouaient dans lapoussi)re rougeQ la plupart des grands portaient un nourrissonattach sur leur dos par un lam$eau d'toffe"

    C 0ls sem$lent asseE misra$les""" murmura*t*elle"

    > Fah! fit alti, vous en verreE $ien d'autres l*$as! 00 mit la valise de amille dans la #eep" &lle rclama sacaisse"

    C Jn vous l'apportera plus tard, dit*il" Iout ce qui vientd'&urope doit tre contrl Furu, c'est la r)gle"

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    > ais ce qu'on m'a confi est pour le poste o #e suisnomme"

    > e n' peuH rien" -'ailleurs, tous les envois, ici, sont

    rpartis de la mme mani)re" Les plus dmunis des postes ontla priorit, c'est normal" e suis sr que vous compreneE"> &n effet" ais vous aveE vous*mme rapport des

    caisses de l'aroport"> alheureusement ce ne sont ni des mdicaments ni

    des vivres, seulement quelques appareils dont nous avons$esoin, en particulier un cardiographe" 0ci nous avons

    l'lectricitQ dans le pas c'est rareQ nous la produisons nous*mmes grBce une chute d'eau qui se trouve tout pr)s" elanous permet de faire aussi des radios" Furu n'est pas unhpital, c'est un centre d'eHamens"

    amille n'osa pas insister" (vant de monter dans la #eep,elle demanda ?

    C &st*ce que #e peuH dire au revoir au docteur JlvidosG> Le docteur Jlvidos a d s'a$senter, il vous prie de

    l'eHcuser" 0l doit faire des tournes pour se rendre compte del'tat de sant et d'hgi)ne des villages"

    0ls s'engag)rent $ientt dans la $rousse" Le poste et levillage de Furu occupaient un terrain lg)rement surlev, lalimite de la fort et de la savane qu'ils traversaient maintenant"@ar moments les hautes gramines dpassaient le toitimprovis de la #eep"

    C Dous aveE un casque, dit alti, c'est $ien" -ans unmoment il vous faudra le mettre" 0ci c'est indispensa$le dulever au coucher du soleil"

    Loin de son chef, il sem$lait de nouveau dispos parler"C 00 a longtemps que vous ha$iteE le 'FotG demanda

    la #eune fille"> Plas! 3i #'avais su ce que c'tait, #e n' serais #amais

    venu" 'tais au Frsil, Nio" L, c'est autre chose!

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > Le docteur Jlvidos est Frsilien, lui aussiG> Jui, mais il ha$itait Iouar depuis longtemps" Dous

    tes #oliment curieuse! Dous en saveE asseE, maintenantG

    Le soleil s'tait lev et tapait de plus en plus fort" alticommenOait $ougonner ? une eHpdition au poste F, cen'tait pas une partie de plaisir! TC &st*ce que les autres postessont plus rapprochsG demanda amille"

    > Jh! Oa se vaut! ( plusieurs reprises, ils crois)rent ou dpass)rent des

    indig)nes vtus de haillons $ariols" La #eune infirmi)re,

    o$servant leur maigreur, en fit la remarque son compagnon"C -ans les campagnes, grogna alti, ils nemangent pas souvent leur faim" 'est pour Oa que noussommes ici ? nous ne distri$uons pas seulement desmdicaments, mais de la nourriture"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    ette vision laissa amille le c%ur serr" Jn lui avait$ien dit qu'il avait $eaucoup de mis)re au 'Fot, mais lavoir d'aussi pr)s, c'tait autre chose"

    C Dous vous ha$ituereE , dit philosophiquement alti"0ls entr)rent de nouveau dans une fort, o le $a$il dessinges apportait une note plus rconfortante" &uH, du moins,ne mouraient pas de faim ? la fort leur apportait ce qu'il leurfallait"

    ( la rgion $oise succda une nouvelle savane" @uis onaperOut sur une petite colline un groupe de huttes couvertes de

    roseauHQ au milieu se trouvaient deuH longues tentes surlesquelles flottait un drapeau de la roiH*Nouge"C Le poste F , annonOa alti"(u $ruit de la #eep, des femmes et des enfants, couleur de

    $ronEe ou compl)tement noirs, sortirent des huttes" 3ur le seuild'une des longues tentes parut une Aoire, grande et mince,vtue d'une $louse $lanche d'infirmi)re"

    -)s le premier instant, me @enEi inspira de lasmpathie amille" &lle avait un visage rgulier, le teint tr)sfonc adouci par des euH clairs" 3on sourire franc alla droitau c%ur de la #eune fille" Ioutes deuH se serr)rent la main"

    C e suis heureuse de vous voir arriver, dit me @enEi"0ci il a du travail pour deuHQ certains moments il en auraitmme pour trois ou quatre" &nfin, on fait ce qu'on peut avecles moens du $ord"

    > e ferai de mon mieuH pour vous seconder , s'criaamille"

    &lles chang)rent un regard d# amical" alti appela unindig)ne pour descendre la valise de la #eune fille"

    C Dous ne nous apporteE tou#ours rien, monsieur alti,dit l'infirmi)re d'un ton de reproche" &st*ce dire que vousn'aveE encore rien reOuG

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > Plas! madame, les envois se font de plus en plusrares" -ans l'avion d'hier, il avait $ien quelques caisses pourFuru, mais elles ne contenaient que des appareils rclams par

    le docteur Jlvidos"> 'avais, moi, une caisse avec mes $agages, intervintamille" ais on n'a pas voulu me la laisser apporter #usqu'ici"

    > Kn colis de .rance! dit me @enEi" Muel$onheur! Les envois arrivent tellement plus vite quand ilspeuvent tre eHpdis comme $agages accompagns!alheureusement, les occasions de ce genre sont peu

    frquentes"""> &t nous n'avons pas la caisse! a#outa amille"> Dous l'aureE, ne craigneE rien! dit alti" &st*ce que #e

    peuH repartirG e voudrais arriver Furu avant la grossechaleur"

    > @arteE, parteE , dit l'infirmi)re"0l tait visi$le qu'elle ne tenait pas prolonger la visite de

    alti au poste F" Muand il s'loigna, elle haussa les paules"C Iou#ours la mme chose! soupira*t*elle" 0l faut attendre,

    attendre""" quand l'essentiel mme nous fait dfaut" Les envoissont peut*tre rares, mais quand ils arrivent on pourrait aumoins nous les distri$uer aussitt" alti n' met aucune $onnevolont"

    > 'est lui, dit amille, qui ce matin m'a empched'emporter ma caisse"

    > ela ne m'tonne pas" et homme m'a tou#ours tantipathique" Le docteur Jlvidos a grande confiance enlui, #e ne sais pourquoi""" ais, a#outa*t*elle, #'aurais tort de meplaindre, au#ourd'hui o #e suis tellement gBte! Dous d'a$ord,les mdicaments $ientt""" DeneE vite voir notre domaine"

    &lle prit le $ras de la #eune fille et l'entraRna sous une destentes" Les malades taient aligns sur deuH ranges de lits" (u

    fond de la tente se trouvaient deuH petites pi)ces, isoles de la

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    salle par un rideau de toile" hacune renfermait un lit de campet une ta$le avec une cuvette"

    C Aos cham$res, dit me @enEi en souriant" omme

    vous voeE, c'est tr)s 3partiate" ais on vous a prvenue, #epense"> Jh! madame, #e ne m'attendais pas autre chose" e

    m'en arrangerai tr)s $ien, n'aeE pas peur" Les deuH tentes sontpleines de maladesG

    me @enEi inclina la tte"C 00 a en a encore $eaucoup pour lesquels nous n'avons

    pas asseE de place" L'organisation se complique du fait desquestions tri$ales ? il est difficile de mettre cte cte deuHindividus de tri$us diffrentes, mme s'ils sont atteints dumme mal" -ans la seconde tente, cheE les femmes, on est unpeu moins intransigeant" e vais faire apporter votre valiseQvous rangereE vos affaires, puis #e vous conduirai la salle manger > si on peut appeler ainsi l'endroit o nous prenonsnos repas"

    Ladite salle manger se trouvait l'eHtrmit de laseconde tente, pr)s de la hutte dans laquelle se faisait lacuisine" -euH #eunes Aoires, qui achevaient leur repas, selev)rent l'arrive des infirmi)res"

    C e vous prsente mes aides*soignantes, dit me @enEi"e sont deuH s%urs, usa et Aama, qui me rendent de grandsservices" &lles ha$itent le villageQ elles surveillent les tentes la

    nuit et retournent cheE elles l'apr)s*midi" omme les deuH #eunes filles s'loignaient, me @enEi

    murmura ?C Les pauvres petites""" au moins ici elles sont

    convena$lement nourries" @arfois, le soir, elles peuventemporter quelques restes pour leur famille"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > ( Furu, dit amille, #'ai eu de la chance" Le docteurJlvidos venait de recevoir une pi)ce de gi$ier, #e n'ai pasreconnu lequel"

    > 0ci, ce ne sera pas la mme chose" Aous recevons desvivres, certes, mais #'aurais honte de soigner notre ordinaire aumilieu de ces gens qui n'ont mme pas le strict minimum" evois que vous me compreneE, amille > #e peuH vous appeleramille, n'est*ce pasG mon prnom moi est AiUa" &t si nousnous disions C tu , comme si nous avions fait nos tudesensem$leG amille n'aurait pas os le proposer, AiUa tant

    &lus Bge qu'elle, mais cette marque de camaraderie li fitplaisir"Le cuisinier, un grand Aoir au large sourire, posa sur la

    ta$le un plat de pure avec quelques morceauH de viande"C e n'est pas grand*chose, dit me @enEi ? de la viande

    sche et des pommes de terre douces, qu'on peut trouver dansle pas" Aous a#outons quelques fruits pour les vitamines" &ttant de gens autour de nous seraient heureuH d'en avoir autanttous les #ours! a#outa*t*elle avec un soupir"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    III

    -V3 L'(@NV3*0-0 de ce premier #our, amille fitconnaissance avec l'hpital ? deuH tentes meu$les de chBlitsde fer et de paillasses > pour la plupart sans oreillers ni draps"0l avait l des malades de toute esp)ce ? $ronchiteuH,victimes de la dsenterie, $lesss de la fort ou de la savane" Comme #e te l'ai dit, eHpliqua AiUa, nous avons ici des

    pro$l)mes inconnus en .rance" 'ai vu mon arrive unmalade trem$lant de fi)vre se lever et s'enfuir dans la $rousseparce qu'on l'avait plac ct d'un malade appartenant uneautre tri$u" @ourtant ils sont d'ordinaire douH et pacifiques,mais les vieilles querelles tri$ales #ouent tou#ours"

    > =videmment, cela doit compliquer l'organisation, ditamille"

    > 0l a aussi la question les rgimes" ertains deshospitaliss sont musulmans, farouchement pratiquantsQ pour

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    rien au monde ils ne toucheraient de la viande de porc" Jr, le#am$on et les saucisses sont souvent la seule alimentationcarne qu'on nous envoie" 0l a aussi des chrtiens, qui ont

    frquent les missions">I&t les autres, que sont*ilsG> /nralement animistes, c'est**dire qu'ils

    adorent les dieuH de leurs anctres" @lusieurs de ceuH*l sontvgtariens > pro$l)me difficile dans un pas o il a si peude lgumes"""

    > Dous aveE $eaucoup de maladies infectieusesG

    > Kn peu de fi)vre #aune, de la dsenterie, quelques casde pian"""> @as de l)preG> Aon, mais malheureusement de la tu$erculose" Jn

    peut dire que tout le pas est maladeQ nous n'hospitalisonsqu'une partie des casQ les autres viennent pied, parfois deloin, faire faire leurs traitements et leurs piqres" 0l nousfaudrait plus de place, plus de personnel, plus demdicaments"""

    > e pense que vous faites $eaucoup de vaccinationsG> Aous devrions en faire, mais ce n'est pas tou#ours

    possi$le" -'a$ord parce que nous ne recevons pas asseE devaccinS ensuite et surtout parce que les indig)nes ne voientpas la ncessit de se faire piquer quand ils ne sont pasmalades"""

    &lle $aissa la voiH"C DeuH*tu que #e te dise, amille, quel est le grand

    pro$l)me de ce pas, le vrai, presque le seulG 'est la faim"Ious ces gens sont sous*alimentsQ de ce fait ils n'ont pas dersistance et sont vulnra$les toutes les maladies" ertainshospitaliss quittent le poste persuads que les soins les ontgurisQ en ralit, ce qui leur a fait le plus de $ien, c est d'tre

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    convena$lement nourris pendant quelques #ours ou quelquessemaines"""

    amille ne s'attendait pas trouver une situation aussi

    tragique" Le visage de AiUa s'attrista"C ela me fait plus mal encore, dit*elle, parce qu'il s'agitde mon pas" Jn pourrait faire tant de choses > et on en faitencore si peu!

    &lle eHpliqua la #eune fille en quoi consisterait sontravail"

    C 00 faut tre encore plus vigilante ici qu'en .rance, dit*

    elle" usa et Aama sont pleines de $onne volont, asaW,l'aide*infirmier aussi" Ious trois rendent de grands services,mais on ne peut pas leur demander des actes strictementmdicauH ? piqres, rpartition des mdicaments, etc"

    ( plusieurs reprises, dans la #ourne, AiUa demanda amille ?

    C Iu ne voudrais pas te reposer un peuG Iu viens de faireun long voage, tu n'es pas encore ha$itue la chaleurtropicale, tu dois tre tr)s fatigue"

    > Aon, non, AiUa, #e t'assure""" @ourtant, elle se sentait lasse" ais elle aurait eu honte de

    l'avouer devant cette femme qui sem$lait infatiga$le, allantd'un lit l'autre sans #amais s arrter"

    &lles soup)rent ensem$le et all)rent se coucher" Iout enfaisant leur toilette pour la nuit, elles parlaient travers le

    rideau de toile qui les sparait"C @ourquoi as*tu dcid de venir ici, amilleG> 'ai tou#ours t tente par ce qui est lointain et

    difficile" -'apr)s ce que #e vois, #e ne me suis pas trompe" (pr)s un silence, elle demanda son tour ? C &t toi,

    AiUaGNika tait en train de faire une piqre.*

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    > oi, c'est diffrent" e suis veuve et sansenfants" A'attendant plus rien de la vie, #'ai dcid de meconsacrer mon pas"

    La smpathie que amille prouvait d# pour AiUas'accrut encore" &lle se promit de tout faire pour lui apporterun peu de #oie"

    Ioutes deuH venaient de s'endormir quand elles furentveilles par un $ruit de pas derri)re le rideau" Kne voiH defemme, angoisse, appela ?

    C adame AiUa""" celui qui a mal au ventre, il ne va pas

    $ien ? il $ouge, il $ouge"""> e viens , dit AiUa"Muelques instants plus tard, amille entendit son pas

    s'loigner dans la salle" &lle sauta sur ses pieds et enfila sa$louse par*dessus son p#ama" -ans la salle des hommes, AiUatait en tram de taire une piqre" usa, de$out pr)s du lit,maintenait de son mieuH le malade qui se d$attait"

    C Iu as $ien fait de m'appeler, usa, dit AiUa d'une voiHcalme" aintenant le pauvre homme va dormir tranquille"

    &n se retournant, elle aperOut amille" &lle lui prit le $raset la ramena vers ce qu'elles appelaient leurs cham$res"

    C -emain nous organiserons un tour de garde ? un soir surdeuH c'est toi qu'on appellera en cas d'urgence" ais dansl'intrt du service il faut viter toute fatigue inutile"

    > e sais""" mais #'avais pens"""

    > -ors maintenant, c'est ce que tu as de mieuH faire" amille ne put se rendormir aussitt" Les $ruits confus

    arrivant de la salle voisine rsonnaient dans son cerveau" &llese rendait compte que la vie au poste F ne ressem$lait gu)re celle d'un hpital franOais" 0ci il fallait tout faire la fois, tretou#ours disponi$le" ela ne la dcourageait pas, au contraire"ais en serait*elle capa$leG &lle pensait AiUa, son activit

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    d$ordante, son calme in$ranla$le" &lle esprait pouvoirl'aider efficacement"

    Le matin, elle retrouva la routine hospitali)re ha$ituelle"

    La prise des tempratures tait thoriquement le travail deusa et de sa compagneQ sauf complications elles s'en tiraientparfaitement" ais certains malades se refusaient o$stinment placer le thermom)tre comme on le fait en .ranceQimpossi$le galement de le mettre dans la $ouche, o ilsrisquaient de le casser d'un coup de dents" 0l fallait le placersous le $ras, souvent en maintenant le $ras appu au corps"

    Les femmes et les enfants taient gnralement plus dociles,ces derniers surtout regardaient les infirmi)res comme destres suprieurs et leur o$issaient sans regim$er"

    C Le docteur Ihi$aut passe tr)s souvent, dit AiUa" e nesais comment il s'en tire ? il ha$ite le poste , qui est le plusproche de Furu, mais il s'occupe surtout de celui*ci" Aousavons de la chance de l'avoir ? non seulement c'est un eHcellentmdecin, mais il n'pargne pas sa peine" 0l aime ses malades,qui d'ailleurs le lui rendent $ien"

    > 0l a t envo par le gouvernement franOais, commemoiG

    > &n effet" Le docteur &UX, lui, est mon compatriote ?il a fait ses tudes en .rance"

    > &t le docteur JlvidosG 'est un 3ud*(mricain, n'est*ce pasG

    > Jui mais il ha$ite le pas depuis longtemps" 0l a tnomm Furu par le ministre de la 3ant du 'Fot" 0lparaRt mme que c;est lui qui a demand venir en $rousse"

    > 0l est $on mdecin, lui aussiG> Le docteur Ihi$aut le dit tr)s capa$le"

    alheureusement, avec ses tournes dans les villages il nes'occupe pas $eaucoup de nous" 0l faut rclamer sans cesse

    pour o$tenir les mdicaments et les vivres indispensa$les au

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    poste" Muant notre village, il doit se contenter de nos resteset ce n est pas lourd!

    Le $ruit d'une voiture se fit entendre"

    C e la reconnais , dit AiUa en souriant"'tait une #eep, pareille celle qui avait amen amille,couverte galement d'un toit de roseauH" Kn homme sauta terre ? de taille lance, il tait vtu d'un pantalon et d'uneveste de toile crue" Le casque laissait voir le $as du visage,carr et souriantQ quand il l'ta en entrant sous la premi)retente, amille aperOut les euH marron tr)s vifs, le front

    volontaire, les cheveuH chBtains colls par la sueur"C &n pleine chaleur, docteur! reprocha gentiment me@enEi"

    > e suis pass au poste (, rpondit le #eune homme"&UX voulait me montrer un de ses malades"

    3a voiH, $r)ve et dcide, correspondait au reste de sapersonne"grommela Ihi$aut" Mu' avait*il dans votre caisseG

    > Iout ce dont nous manquons le plus, docteur, rponditAiUa" -e la pnicilline, de la cortisone"""

    > 0l avait d'autres caisses l'adresse du centre, a#outaamille" ais elles ne contenaient que des appareils, entreautres un cardiographe"

    > 'est $ien, cela, dclara Ihi$aut" Aous pourronstransporter nos cardiaques Furu pour eHamen"

    > @ar ces routes affreuses!

    > Le camion peut faire office d'am$ulance > asseErudimentaire, videmment, mais suffisamment suspendue" 0ci,rien de particulier, AiUaG

    > @as grand*chose" Kne petite crise d'agitation, vitecalme""" @our les $lesss, #e craignais de manquer desulfamides, mais puisque amille en a apport"""

    > 'est providentiel" e tlphonerai ce soir Furu pour

    parler de cette caisse et aussi du cardiographe qui

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    m'intresse"> Dous pouveE donc tlphoner FuruG demanda

    amille"

    > Jui, nous avons un poste radio"> &t de vous nous, a$solument rienG> Nien que les #am$es des coureurs > ne sourieE pas,

    ce n'est pas ngligea$le" &t ma #eep, naturellement"> e me demande, docteur, dit AiUa, comment vous

    arriveE faire tant de choses"> &UX en fait encore plus que moi" -'ailleurs, c'est

    $ien vous, AiUa, de me dire cela! 3ans l'arrive de lleamille, nous avions $ientt une malade de plus au poste F"&t sans personne pour la soigner! a#outa*t*il en riant"

    0l fit le tour des salles, ordonna un traitement, dcidaque tel patient pouvait rentrer cheE lui"

    C 00 suffira qu'il vienne tous les deuH #ours, #usqu; la findu mois, pour finir ses in#ections"

    > ais viendra*t*il, docteurG soupira AiUa" Ledocteur Ihi$aut passa ensuite dans la salle de

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    consultation ? c'tait l'endroit qui, l'heure des repas,servait de salle manger auH infirmi)res" Les maladesattendaient l'eHtrieur, sous une tente plus petite"

    Ihi$aut s'assit derri)re la ta$le > deuH planches posessur des trteauH > et le premier patient fit son entre"C Mu'est*ce que tu as, toiG demanda gentiment le

    mdecin"> 'ai mal"> ais o as*tu malG @as de rponse"

    Ihi$aut le fit allonger sur la ta$le, lui tBta le cou, lespaules"C 'est lG c'est lG L'homme secouait tou#ours la tte" Muand on arriva

    l'a$domen, il poussa un gmissement"C Aous approchons, dit le #eune homme" Jte ton

    pantalon" L'homme opposa d'a$ord une rsistance ? ces gens, qui

    vivaient moiti nus, taient cependant d'une eHtrme pudeur"Jn lui laissa un $out de tissu, il roulait des euH $lancs,pouvants" Ihi$aut se redressa"

    C Kne simple hernie, dclara*t*il" 0nutile de placer un$andage, il ne le garderait pas" 0l faut oprer" etteE*le dans lelit de celui qui va partir"

    Les suivants, qui parlaient un franOais asseE correct,

    pos)rent moins de pro$l)mes" ais amille remarqua leurmaigreur tous, les visages macis, les peauH flasques"

    -evant l'un d'euH, qui $oitillait en s'appuant sur un$Bton, Ihi$aut gronda ?

    C Iu n'aurais pas d marcher #usqu'ici" Iu n'as pas defils pour te porterG

    > 'en ai deuH, mais ils sont trop petits" (vec les

    cousins on est $rouills"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > 3i tu m'avais fait prvenir par un des enfants, #eserais all te chercher" aintenant #e vais t'emmener Furu,o on te fera une radio"

    > Iu me guriras, vraimentG e ne sera pas trop long,disG 0l faut que #e cherche manger pour ma femme et mespetits"

    > Mu'est*ce que tu leur donnesG> -es racines" Muelquefois, si #'ai de la chance, #e

    prends une $te avec un pi)ge"> Jn te mettra un plBtre et tu pourras $ientt marcher"

    > -octeur, dit AiUa, #'enverrai asaW porter un peu defarine la femme et auH enfants"> Dous en aveE asseE pour celaG> ( vrai dire non, mais on s'arrangera" Muand la

    consultation fut acheve, elle proposa ? C Dous ne vouleE pas$oire quelque chose, docteurG

    > Dotre rfrigrateur est en tat de marcheG &n ce cas,un verre d'eau froide ne me ferait pas de mal" e crois que #evais aller directement Furu, faire radiographier cettefracture"

    > &h $ien, mangeE un peu avant de partir"> -'accord" Le cuisinier ta le drap sur lequel s'taient couchs les

    malades, puis lava la ta$le et posa trois assiettes" Le repasfut le mme que la veille ? un peu de viande, des pommes de

    terre, quelques fruits"C e voici prt partir au $out du monde! dclara

    Ihi$aut en riant"Jn installa le $less l'arri)re de la #eep, la #am$e

    allonge sur une planche, et la voiture disparut dans un nuagede poussi)re rouge"

    +6

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    I+

    L&L&A-&(0A(I0A, AiUa rgla les dtails du service" Coins on est nom$reuH, plus il faut tre organis, dit*elle amille" 'ai remarqu que vous aimieE les enfantsQ vouleE*vous prendre leur section en chargeG ela ne veut pas dire,$ien entendu, que #e n'aurai pas recours vous pour d'autresmalades, a#outa*t*elle, ni que vous ne pourreE pas vousadresser moi en cas de $esoin" ais #e crois $on que chacune

    ait ses responsa$ilits" Mu'en penseE*vousG amille tait enchante" La veille, dans la salle des

    femmes o se trouvaient aussi les enfants, elle s'tait aussittsentie attire par tous ces petitsvisages noirs ou $runs, dontles euH qui paraissaient immenses suivaient les infirmi)resavec un mlange de confiance et de timidit" 0ls taient atteintsd'affections diverses, mais pour la plupart d'entre euH, comme

    le disait AiUa, l'origine de tous leurs mauH tait la faim"

    :

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    &n les voant de plus pr)s, ce #our*l, amille dcouvritleurs mem$res amaigris, To la peau sem$lait colle l'os" 0ci,mieuH nourris, ils ne tardaient pas reprendre des forces" ais

    apr)sGDers la fin de la matine, AiUa entra dans la salle"C 00 est plus de onEe heures, dit*elle, et le docteur Ihi$aut

    n'est pas encore arrivQ cela m'tonne"> 0l ne passe quand mme pas tous les #oursG demanda

    amille"> @as a$solument, mais au#ourd'hui #e sais qu'il doit

    venir ? il veut oprer cette hernie"""> 0l fait cela ici mmeG> Jui, ici" La ta$le de notre salle manger ne sert pas

    seulement de ta$le d'eHamen, elle devient ta$le d'oprationquand c'est ncessaire" Le docteur &UX op)re de mme auposte (" Aaturellement on ne fait que de la petite chirurgie, lesinterventions plus graves sont faites Iouar"

    > 3i #'ai $ien compris, nous ne pouvons pas appeler ledocteur Ihi$aut au poste G

    > Aon, malheureusement" 0l est tou#ours question denous installer un poste radio > mais le fera*t*on #amaisG equi m'inqui)te un peu ce matin, c'est qu'un coureur est venu#ustement du poste Q il dit que le docteur est parti au#ourd'huide $onne heureQ l*$as on croait qu'il tait ici"

    > @eut*tre sera*t*il all voir un cas d'urgence dans un

    villageG> @eut*tre""" &n tout cas, il ne nous reste qu' attendre,

    comme euH" &lle dsignait le groupe qui, sous la petite tente, attendait

    la venue du mdecin" Les malades ne se plaignaient pas, neparlaient pas entre euHQ il se serraient les uns contre les autresavec la rsignation de ceuH qui ont $eaucoup souffert"

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    Le cuisinier vint demander s'il fallait les renvoer cheEeuH et mettre le couvert des infirmi)res"

    C (ttendons encore, dit AiUa" e pense que le docteur va

    venir malgr tout, sinon il m'aurait fait prvenir" Kn moment plus tard, en effet, la #eep de Ihi$auts'arrtait devant les deuH infirmi)res" 0l avait l'air tout #oeuH"

    C -evineE ce que #'apporte! dit*il en approchant"(u fond de la voiture on apercevait un o$#et recouvert

    d'une $Bche" Le #eune mdecin souleva celle*ci"C a caisse! s'cria amille"

    > Jui, c'est $ien elle"> 0ls ont fini par se dcider vous la remettreG demanda AiUa"

    Ihi$aut se mit rire"C e la remettre! Dous penseE $ien que non! 3achant que

    cette caisse eHistait, #'ai pens que le meilleur moen de l'avoirtait d'aller la chercher moi*mme"

    > ( Furu!> Jui, Furu" 'est pour cela que #'arrive aussi tard"

    Jlvidos tait a$sent, #e n'ai trouv que alti" ela valaitmieuH, d'ailleurs ? apr)s tout, Jlvidos est mon chef, #e ne peuHgu)re m'opposer lui ouvertement" (vec alti, c'est diffrent,#e crois que#e lui fais un peu peur" e suis entr sans riendemanderQ #'ai vu une pi)ce o se trouvaient plusieurs caisses"'ai aussitt reconnu celle*ci qui portait le nom de amille

    puisqu'elle faisait partie de ses $agages" 'ai dit un indig)nede la mettre dans ma voiture"

    > alti n'a pas protestG> 0l ne s'en est pas priv! 0l m'a rappel que tous les

    envois en provenance d'&urope devaient passer par euHQ c'tait euH de les contrler, de les inscrire et de les rpartir" Ler)glement eHigeait""" 'ai rpondu que #e me moquais du

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    r)glementQ que cette caisse vous appartenait et que #e laprenais, voil tout" alti se tordait les mains, il rptait que ledocteur Jlvidos ne lui pardonnerait #amais"""

    > Dous croeE que c'est vraiG> (ttendeE la fin""" ( ce moment, Jlvidos est arrivQ en

    voant que #'avais pris la caisse il a eu un mouvement decontrarit, puis il a hauss les paules" C &mporteE Oa et qu'onn'en parle plus! m'a*t*il dit" 'avais tellement hBte de partirque #e ne lui ai mme pas parl du nouveau cardiographe""" Ya

    nous intresse pourtant $eaucoup, &UX et moi" amille aurait $ien voulu ouvrir la caisse

    immdiatement" ais Ihi$aut avait plusieurs choses faire auposte F ? un plBtre ter, puis cette hernie"""

    C (pr)s l'intervention vous partagereE notre repas,docteur! dit AiUa"

    > -euH fois de suite! e ne veuH pas vous priver du peu

    que vous aveE"

    +

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    > 0l n'est pas question de cela ? le personnel a ce qu'il luifaut"

    Iout tait prt pour l'intervention ? la ta$le tout fairerecouverte d'un drap strile 4que de mal il avait fallu pouro$tenir une simple tuve!5, les instruments dans leur $oRteferme, les gants de caoutchouc pour l'oprateur 4lesinfirmi)res, elles, n'en avaient pas5" Ihi$aut sourit ?

    C e pense ce que dirait un de mes professeurs > il citale nom d'un chirurgien connu > s'il me voait oprer de cette

    faOon! amille admirait la deHtrit du #eune mdecin" &lle avaitvu en .rance des interventions autrement dlicates" ais l*$as il avait du matriel, des assistants, des internes" 0ci,Ihi$aut, comme elles, devait tout faire"""

    L'opration finie, il eut le plBtre enlever" @uis, commeil se faisait d# tard, AiUa proposa de remettre la consultation

    au lendemain" Le #eune mdecin #eta un coup d'%il au groupeimmo$ile des patients"

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    C ertains de ceuH*ci, dit*il, ont fait un long tra#et piedpour venir au poste F" Les renvoer ainsi, non, #e n'en auraispas le courage"""

    00 fit hospitaliser un des malades, eHpliqua auH autrescomment pratiquer le traitement qu'il prescrivait"C aintenant, dit AiUa, ta$le! 0ls d#eun)rent trois, comme la veille ? les aides

    africaines, pour ne pas attendre, avaient pris leur repas lacuisine" Le d#euner fut $refQ tous les trois avaient hBted'ouvrir la caisse" e qu'elle contenait n'avait peut*tre pas une

    grande valeur marchande, mais pour euH c'tait plus prcieuHque des diamants"(vec l'aide de l'infirmier, Ihi$aut souleva enfin le

    couvercle" 0l s'eHclama ?C -es anti$iotiques! &t des vitamines > $eaucoup de

    vitaminesQ Oa, nous commencions en manquer""" 3i nouspouvions aussi recevoir un peu de ravitaillement pour lesvillages, #e suis sr que le nom$re des malades diminuerait demoiti"

    > 'aurais d apporter aussi des vivres, ditamille" Iout sem$le arriver tellement plus vite quand onl'apporte directement"

    > 'est trop volumineuH, on ne l'aurait pasaccept comme $agages""" -'ailleurs, vous aveE au fond de lacaisse quelques $oRtes de lait en poudre, cela aussi, c'est

    prcieuH! Ihi$aut prit cong des deuH femmes" amille le vit

    s'loigner regret ? elle pensait qu'il et t agra$le detravailler constamment sous la direction d'un mdecin commelui"

    &lle retourna dans la section des enfants et administra sesmdicaments" 'tait parfois difficile ? plus encore qu'en

    .rance, une partie des enfants refusaient o$stinment d'avaler

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    ce qu'on voulait leur faire prendre" Jn avait $eau leur rpterque c'tait $on, craser avec soin les comprims dans unliquide sucr, faire mine d' goter avant euH, certains

    attendaient patiemment que l'infirmi)re et le dos tourn pourtout recracher dans leur lit" (pr)s quoi ils vous regardaientd'un air innocent, en carquillant leurs grands euH noirs"

    Ders le milieu de l'apr)s*midi, il eut du $ruit devant lestentes" 3oulevant le rideau, amille aperOut un homme quiportait sur son dos un #eune garOon d'une douEaine d'annes"&lle s'avanOa au*devant de lui"

    C 'est ton filsG demanda*t*elle"L'homme fit signe que non"C e l'ai trouv dans la fort, eHpliqua*t*il" 0l ne peut pas

    marcher, il a mal la #am$e" Le mollet de l'enfant, en effet, pendait inerte contre le

    corps de l'homme"amille fit dposer le $less sur un lit"C Mu'est*ce qui t'est arrivG demanda*t*elle"> 'tais all dans la fort chercher des champignons" e

    sais o il en a de gros, tr)s $ons manger" @arce qu'il en aaussi qui sont du poison > tu saisG

    > e sais, dit amille"> ais #'ai entendu une $te, #'ai voulu monter sur un

    rocher et #e suis tom$" amille alla trouver AiUa pour lui demander son avis"

    C 00 s'est pro$a$lement cass la #am$e, lui dit*elle" 0l fauta$solument faire une radio" &t pour cela le conduire Furu"

    > 3i le docteur Ihi$aut n'tait pas d# parti, dit la #eunefille, il l'aurait emmen"""

    > ais il est parti et nous devons nous d$rouillerseules" 0l faut transporter cet enfant Furu"

    > omment celaG

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    > 3ur un $rancardQ il n' a pas d'autre moen" -'ailleurs,l'enfant sera moins secou de cette faOon que dans la #eep"

    > ela me sem$le"""> Iu ne connais pas encore la vie de $rousse, amille"-'ici peu tout cela te paraRtra naturel"

    Iandis que AiUa cherchait deuH porteurs, amille fit unepiqre l'enfant pour qu'il souffrRt moins pendant la route" 0lse laissait faire sans mot direQ quand elle eut fini il lui sourit"

    C omment t'appelles*tuG lui demanda*t*elle"

    > (vring" &t toiG> amille" 00 rpta plusieurs fois C amille , comme s'il craignait

    de l'ou$lier"C Iu ha$ites dans la fortG> Jh! non, personne n'ha$ite dans la fort" e viens de

    l'autre ct, d'un village qu'on appelle 3am$u" Iu connaisG> Aon, mais il n' a pas longtemps que #e suis dans le

    pas" Mue font tes parentsG

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    > on p)re a un $out de terrain"> &t Oa suffit pour nourrir la familleG &lle avait remarqu que, tout en tant plutt maigre,

    (vring n'avait pas l'aspect famlique de la plupart des autresenfants"C Aon, dit*il, Oa ne suffirait pas" 3eulement il a quelque

    chose""" 'est tr)s #oli ? #e te le montrerai quand tu viendras mevoir"

    amille souritQ l'enfant insista"C Iu viendras, n'est*ce pas, quand #e serai guriG Iu sais,

    #'ai d# moins mal"> 'est pour cela que #e t'ai fait une piqre" ais dis*moi, (vring, tes parents vont s'inquiter de ne pas te voirrentrer"

    (vring secoua la tte"4C Jh! non, fit*il, on les a prvenus" L'homme qui m'a

    apport ici ha$ite pas tr)s loin de 3am$u" 0l est all leur direque #'tais tom$, mais qu'ici on allait me gurir"

    AiUa revenait, prcdant deuH grands gaillards quiportaient une sorte de civi)re" Jn installa (vring, enimmo$ilisant sa #am$e au moen d'attelles" 0l se laissait faire,plus curieuH qu'effra"

    C Ioi, tu vas venir piedG demanda*t*il amille"> oi #e ne peuH pas venirQ #'ai d'autres malades

    soigner"

    > (h! fit*il" (lors #e reviendrai" e veuH tre avec toi"> Iu reviendras, #e te le promets" Les deuH hommes partirent en courant dans la savane"C Iu vois, amille, dit AiUa, ils ne le secouent pas, ils ont

    l'ha$itude" 'esp)re qu'ils trouveront le docteur au poste , ilconduira le petit Furu et nous le ram)nera d)s qu'on aurarduit sa fracture"

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    > 0l est gentil, ce petit (vring , dit amille" &llestravaill)rent toute la #ourne" La nuit tom$ait quand ellesentendirent crier dans le village ?

    C Le docteur! le docteur! 'tait en effet Ihi$aut qui revenait" ette fois, dans lefond de la #eep, il n' avait pas une caisse,mais un enfant noir,la #am$e $ande, les euH $rillants de #oie"

    C Iout est d# arrangG demanda AiUa"> omme vous voeE" 0l avait une $elle fracture > tr)s

    nette, heureusement" Jlvidos et moi l'avons rduite et plBtre

    aussitt" 'avais fait allonger le petit pour qu'il se repose unpeu, mais il ne cessait de gmir" e lui ai demand s'il avaitmal ? une fois $ien plBtr, il ne devait plus souffrir"

    > 'tait le plBtre qui l'effraaitG> @as du tout" Dous ne devinerieE #amais ce qu'il

    voulait""" 0l voulait amille! dit Ihi$aut avec une lueurmalicieuse dans les euH" 0l rptait que amille taitson amie et qu'il voulait tre ici, pr)s d'elle"

    > &t c'est pour cela que vous vous tes impos ce longtra#etG

    > Le petit m'a tant suppli""" Jlvidos voulait vous lerenvoer demain matin, avec alti" 'ai pens que #e pouvaisfaire ce dtour"

    (vring souriait, maintenant, tr)s heureuH"C Iu vois, amille, #e suis revenu! dit*il triomphalement"

    Negarde comme on m'a mis un $eau pansement sur ma #am$e"Iu es contente de me revoirG

    amille, mue, lui prit la main"C aintenant, annonOa*t*il, #e resterai avec toi, tou#ours"> usqu' ce que tu sois guri, rectifia la #eune fille"> (pr)s #e t'emm)nerai cheE moi" Iu sais, il a tout de

    mme manger"

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    > 'est fort possi$le, dit Ihi$aut" @r)s de la fort onsouffre moins de la faim qu'en pleine $rousse"

    > (lors pourquoi ne se rapprochent*ils pas tous de la

    fortG> haque tri$u a son territoire elleQ ce serait un crimeque de s'installer sur celui d'un autre" e sont des genspacifiques, tr)s respectueuH de leurs traditionsQ #e suis srqu'ils n' pensent mme pas"

    amille voulait faire coucher (vring dans la secondesalle, o se trouvaient les femmes et les enfants" 0l se re$iffa ?

    C e suis un homme, on doit me mettre avec les hommes!> &n ce cas, dit amille, ce ne sera pas moi quim'occuperai de toi"

    > 'est vrai, OaG 00 se dcida $rusquement cder"C Iu es contente, amilleG demanda*t*il"Kn moment plus tard, il dormait"C e crois que vous aveE fait une conqute, amille! dit

    AiUa en souriant"&lle pensait ? C &t peut*tre deuH! ais elle garda sa

    rfleHion pour elle"CKne FJAA&AJKD&LL&! annonOa le lendemain le \J

    docteur Ihi$aut en descendant de sa voiture"Les deuH infirmi)res, qui guettaient son arrive, le

    regard)rent avec surprise"

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    C Kne $onne nouvelleG rpta amille"> Jui, dit le mdecin" Jn m'annonce de Iouar l'arrive

    de quatre caisses contenant, non seulement les mdicamentsque #e demandais, mais de la farine, du riE, de la viandesche""" Iout, enfin! Les colis portent l'indication ? C entrede Furu" l'aroport demande qu'on les fasse prendre"

    > 'est merveilleuH! s'eHclama amille" Aous allonspouvoir, non seulement tre plus tranquilles pour l'hpital,mais peut*tre distri$uer des vivres auH villages les plusmalheureuH"

    > -'o vient cette cargaisonG demanda AiUa"> -e .rance, #e pense" Jn ne me l'a pas prcis"> 'esp)re qu'elle ne restera pas trop longtemps Furu!

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > 3'il le faut, dclara Ihi$aut, #'irai l' chercher moi*mme, comme #e l'ai fait pour la caisse de amille"

    > omment l'aveE*vous apprisG demanda la #eune

    fille" 'est le docteur Jlvidos qui vous a prvenuG> @as eHactement" on infirmier, que #'avais envo Furu porter un prl)vement de sang analser, se trouvaitdans le la$oratoire quand Jlvidos a reOu la nouvelle" Kn peuplus tard, Jlvidos me l'a confirm lui*mme par radio" 0lparaissait tr)s satisfait, $ien que, paraRt*il, plusieurs pi)cesmanquent son cardiographe"

    > 'est vraiment veHant, dit amille, de recevoir unappareil dont on ne peut pas se servir! L'arrive de ces caissesva le rconforter, certainement"

    > e pense, dit AiUa qu'il va les envoer chercher encamion le plus tt possi$leG

    > 0ci, il a un petit ennui ? le camion est en panne pourquelques #ours" Le mcanicien de Furu est parti avec la #eepchercher une pi)ce de rechange > mais la #eep ne peut pasrapporter un chargement aussi volumineuH"

    > (lors il va falloir encore attendreG> Aon, heureusement" omme l'aroport

    demande tre d$arrass rapidement de ces caisses,Jlvidos a o$tenu un hlicopt)re, qui ira les prendre sonpremier moment disponi$le, demainou apr)s*demain au plustard" 0l les dposera Furu" Jlvidos m'a promis de me faire

    apporter plusieurs caisses au poste d)s que le camion serarpar"

    Le docteur Ihi$aut, suivi des deuH infirmi)res,commenOa la visite"

    C @as d'entres hierG demanda*t*il"> 3i, rpondit AiUa, un adolescent qui m'inqui)te"

    +6Z ce matin et une ruption $iEarre sur la #am$e gauche" 0l se

    plaint d'avoir mal partout"

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > (llons le voir , dit Ihi$aut"-evant le #eune malade, il s'arrta longuement, tBta les

    mem$res, eHamina les taches de la peau"

    C -e quel village viens*tuG interrogea*t*il"Le garOon nomma l'endroit ? 3eeta, situ dans la $rousse, une diEaine de Uilom)tres"

    C &st*ce qu'il a d'autres malades l*$asG> Aon, rien que moi"> @ersonne n'a eu des crotes sur la peau, il a

    quelques semainesG Nappelle*toi"

    > 3i, il en a plusieurs qui ont eu Oa, tantt une#am$e, comme moi, tantt la figure"> (ucun n'est venu se faire soignerG> e n'tait pas la peine ? on n'avait pas mal" &t puis

    c'est pass tout seul" oi aussi, c'tait pass, seulement c'estrevenu, tu vois > et maintenant Oa fait tr)s, tr)s mal"

    > 0l faut que #e te fasse une petite piqreQ n'aie pas peur,ce n'est pas douloureuH"

    amille apporta le ncessaire" ( la vue de la seringue, lemalade parut un peu effra, mais il se laissa faire docilement"

    C Ya va me gurir G demanda*t*il"Le #eune mdecin sourit"C @as tout de suite" ais Oa nous montrera quelle est ta

    maladie, et Oa nous permettra de la soigner" -)s que Ihi$aut se trouva seul avec les infirmi)res, AiUa

    lui demanda ?C Dous redouteE le pianG Le pian""" amille n'avait #amais vu de cas de cette

    maladie" (vant de quitter @aris, elle en avait lu la descriptiondans un livre de mdecine tropicale" &lle savait que c'taitgrave"

    C 'en ai peur, dit le #eune mdecin" Dous aveE entendu ce

    que m'a racont ce garOon ? des ulcrations de la peau

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    apparaissent dans un groupe d'individus, personne n' faitattention, cela gurit tout seul" &t puis, quelques semaines plustard, nouvelles crotes sur la peau, fi)vre, douleurs dans tous

    les mem$res"""> Dous alleE porter le prl)vement FuruG> 'est le seul moen d'avoir une certitude" e

    demanderai aussi &UX de venir voir le malade" ais enattendant il faut que nous isolions ce garOon" e n'est pasfacile, #e le sais $ien"""

    > Aous pourrions d# tendre un drap pour le sparer

    des autres, dit amille"> Ir)s #uste" ais s'il a plusieurs cas 3eeta, cela vaposer de nouveauH pro$l)mes" elui de la place, pourcommencer"""

    Le mdecin poursuivit sa visite" -evant le lit d'(vring, ilfeignit de s'tonner"

    C Iu es encore l, toiG e te croais d# parti! Iu trottescomme un lapin, ce qu'on m'a dit" Iu peuH tr)s $ien rentrercheE toi, tu reviendras faire ter ton plBtre dans unequinEaine"

    (vring ouvrit des euH pouvants"C Jh, #e ne marche pas vraiment $ien! 0ci tout est plat,

    c'est facile, mais cheE moi ce n'est pas pareil"""> -is*nous plutt que tu es heureuH ici et que tu n'as

    pas envie de repartir!

    (vring saisit amille par la main" C Ae me chasse pas!supplia*t*il" -is*lui, au docteur, que #e ne suis pas guri!

    > 0l le sait mieuH que moi, (vring , dit la #eune fille ensouriant"

    -e grosses larmes roulaient sur les #oues du gamin"-epuis son arrive au poste F, il avait repris du poids ? avecson visage rond, ses euH $rillants, c'tait vraiment un

    charmant enfant"

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    C Fon, dit Ihi$aut, si c'est possi$le nous te garderons#usqu'au moment d'ter ton plBtre" e ne te promets rien, maisnous essaierons" Iu es contentG

    > Jh! oui" Le mdecin lui tapota la #oue et s'loigna" C Dous tesheureuse, amille, #e vous laisse votre prfr!

    > Jh! #e les aime tous, docteur! dit la #eune fille" ais ilest vrai que #'ai un fai$le pour (vring" e suis heureuse depenser qu'il va repartir en $onne forme" @eut*tre pourrecommencer avoir faim, malheureusement! a#outa*t*elle

    avec un soupir"> @enseE tout ce que nous allons pouvoir faire,amille, quand nous aurons reOu cet envoi"

    3ans oser se l'avouer, les deuH infirmi)res espraient quele lendemain leur apporterait des nouvelles des prcieuH colis"Le docteur Ihi$aut arriva au poste vers onEe heures, il taitaccompagn d'un #eune Aoir vtu comme lui d'un pantalon etd'une veste de toile" amille comprit que c'tait le docteur&UX"

    Les deuH mdecins sem$laient grands amis" &UX,d'ailleurs, tait smpathique, tr)s gai, d'une eHtrme courtoisie"0l parlait franOais parfaitement, avec un lger accent du idi,ce qui s'eHpliquait par le fait qu'il avait t huit ans tudiant Ioulouse"

    0l eHamina le malade et dclara qu'il s'agissait $ien d'un

    cas de pian"C Le la$oratoire confirmera le diagnostic, a#outa*t*il"

    ais tu peuH commencer le traitement d)s maintenant,Ihi$aut" Dous aveE encore de la pnicillineG

    > (sseE pour un malade, dit AiUa" ais s'il en arrivaitd'autres"""

    > -ans les caisses que nous attendons, dit

    amille, il a certainement des anti$iotiques"

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    > e vous avoue que #'ai hBte de les recevoir" &nattendant, il faut que #e trouve le temps d'aller #usqu' 3eetavoir s'il a de nouveauH malades? on -ieu, pourquoi les

    #ournes sont*elles si courtes! Dingt*quatre heures s'coul)rent encore" AiUa et amilles'occup)rent particuli)rement du nouveau malade" AiUa avaiteHpliqu la #eune fille ce quepouvait entraRner cette rechute ?des ulcrations profondes, des lsions osseuses qui faisaient dumalade un infirme pour toute sa vie" &n administrant desanti$iotiques au d$ut, d)s les premi)res ulcrations de la

    peau, on pouvait enraer la maladie" alheureusement lesindig)nes n'en savaient rien"C aintenant, dit amille, il est trop tard pour notre

    maladeG> Jn peut viter le pire" -u moins on peut l'esprer" Le lendemain, Ihi$aut annonOa auH deuH infirmi)res que

    le la$oratoire de Furu avait communiqu un rsultat positif,Ihi$aut en avait profit pour demander si les caisses taientarrives" Jlvidos avait rpondu que nonQ il en tait mmeasseE inquiet" 0l allait envoer un message radio Iouar poursavoir si l'hlicopt)re tait parti" 0l se pouvait, en effet, qu'ilet t retard pour une raison quelconque"

    -ans l'apr)s*midi, un groupe d Aoirs se prsenta auposte F" 0ls n'taient pas malades, mais d'une maigreureffraante" 0ls espraient qu'au poste on pourrait leur donner

    un peu de ravitaillement"C Aous n'avons presque plus rien, leur dit amille

    dsole" Aous devons garder de quoi nourrir nos malades"ais ne dsespreE pas ? nous attendons incessamment desenvois de .rance"

    'tait terri$le de voir ces pauvres gens repartir dOus,serrant comme un trsor la maigre pitance qu'on avait russi

    leur donner malgr tout"

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    C Muand donc ces caisses arriveront*ellesG rptaitamille"Le lendemain matin, le docteur Ihi$aut ne vint pasQ les

    infirmi)res pens)rent qu'il tait peut*tre all chercher lescaisses Furu" ais quand il arriva, dans l'apr)s*midi, il tait$oulevers" amille, qui l'aperOut la premi)re, s'lanOa au*devant de lui"

    C Mu' a*t*il, docteurG 00 se laissa tom$er sur une chaise et prit sa tte entre ses

    mains"C L'hlicopt)re est $ien parti de Iouar, dit*il, mais il

    n'est pas arriv Furu"> Mue s'est*il passG un accidentG> 3aris aucun doute" Jn a dit Jlvidos que l'appareil

    avait quitt Iouar hier quatre heuresQ on ne pouvait

    s'eHpliquer qu'il ne ft pas arriv Furu le #our mme" Kne

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    seule hpoth)se ? la panne, l'atterrissage forc > ou pisencore, la chute dans la $rousse" L'appareil tait en $on tat, lepilote un des meilleurs" e connais d'ailleurs ces pilotes

    indig)nes ? ils sont non seulement capa$les, maisgnralement prudents" Pier il n' avait gu)re de vent dans nosrgionsQ il en avait peut*tre au*dessus de Iouar""" e ne saisque penser ? il me sem$le que #e deviens fou"

    > La possi$ilit d'un dtournement est carterG> Iouar rpond a$solument du pilote"> Muand l'accident s'est*il produitG

    > ertainement en fin d'apr)s*midi" 3i le pilote avait puse manifester, il l'aurait d# fait" ais il reste introuva$leQ il apu tre tu dans la chute ou

    dvor par une $te fauve" Jlvidos est $oulevers, il ademand Iouar qu'on envoie un avion pour rechercher lesd$ris de l'appareil

    > &t nos caisses! a#outa amille, eHprimant ainsi lesuprme espoir de tous"

    Le lendemain, les mauvaises nouvelles se confirm)rent"L'avion avait retrouv dans la $rousse les restes del'hlicopt)re et le cadavre du pilote, mais les mdicamentsn'avaient pu tre rcuprs" Jn ne le disait pas au personnel deFuru, d# trop enclin redouter les machines volantes" Lepilote, ongolais, n'avait pas de famille au 'Fot"

    C &t nos anti$iotiques touchent leur fin, soupira AiUa"

    > e sais, dit Ihi$aut" Nservons*les auH cas les plusurgents > le pian, par eHemple" @ourvu qu'il s'agisse d'un casisol! e passerai demain 3eeta pour m'assurer que d'autresrcidives ne se sont pas produites"

    > Jn peut craindre une pidmieG interrogeaamille"

    > Jn peut tout craindre" ais rien n'est certain" 0l faut

    esprer le meilleur et se prparer au pire" (ssurons*nous

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    d'avoir de la place en cas d'urgence" Li$rons le maHimum delits" e vais renvoer tous les malades pour lesquelsl'hospitalisation ne s'impose pas" Dotre petit (vring, par

    eHemple" e regrette, amille"""> Dous croeE qu'il peut rentrer cheE lui piedG> @our plus de prudence, #e demanderai asaW de

    l'escorterQ il pourrait mme le porter si cela devenaitncessaire" &n traversant la fort, il n' a pas plus de quatre oucinq Uilom)tres" Les indig)nes connaissent parfaitement lesentier"

    > 'est si dur, docteur, apr)s avoir promis cet enfant"""Ae pourrions*nous le garder encore quelques #oursG> 3oeE raisonna$le, amille, dit AiUa" L'important

    pour nous, maintenant, c'est d'tre prts toute ventualit" La #eune fille $aissa la tte" &lle demanda seulement

    d'annoncer elle*mme (vring la dcision du mdecin"omme elle le craignait, la premi)re raction de l'enfant

    fut violente ?C Le docteur avait dit""" 'est un menteur, alorsG> -epuis qu'il t'a parl, il est arriv $eaucoup de choses"

    Aous aurons $esoin de place" &t tu sais $ien que tu peuHmarcher"

    > e m'en irai, mais #e reviendrai"> Iu reviendras dans quinEe #ours, pour faire ter ton

    plBtre"

    > e reviendrai tout de suite" Ju $ien #e resterai eHpr)sla nuit dans la fort, #e serai mang par un gupard"

    > Ae dis pas de $tises, (vring" Iu es asseE grand pourtre raisonna$le" Ya me fait de la peine, moi aussi, de te voirpartir"

    (vring secoua la tte"C Iu dis Oa pour me faire plaisir" ais #e ne te crois pas"

  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    L'enfant sem$lait en proie un vrai dsespoir" Iout coup la #eune infirmi)re eut une ide"

    C &t si #e te promettais, moi, d'aller te voir 3am$uG

    Le visage d'(vring s'claira"C DraiG DraiG Iu viendrasG Muand OaG> e ne peuH pas te le dire, mais #e viendrai"> @romis, #urG &lle hsita un instant, puis rpondit ?C @romis, #ur! Le #our mme (vring partait, escort par asaW" 0l

    sem$lait marcher sans difficult sur sa #am$e plBtre" &t il taittr)s fier d'avoir pu annoncer ses voisins de lit que l'infirmi)reviendrait $ientt lui rendre visite"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    VI

    L'P[@0I(L du poste F prit pendant quelques #ours unrthme plus paisi$le" Kn grand souci continuait planer ? onn'avait pas retrouv trace des mdicaments que transportaitl'hlicopt)re" ( peine si Ihi$aut avait pu rapporter de Furuquelques rares mdicaments, prlevs sur la petite provisionqu'Jlvidos rservait pour les villages"

    Le malade du pian sem$lait s'amliorer" Ihi$aut disaitque son cas, heureusement, n'tait pas parmi les plus graves"Jn lui rservait le peu d'anti$iotiques que possdait encore leposte F" Le #eune mdecin n'avait pas eu le temps d'aller#usqu' 3eeta s'informer de l'tat sanitaire de l'endroit ? le

    Ils partirent d'un bon pas travers la savane. -

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    docteur &UX avait voulu avoir son avis sur des caspulmonaires em$arrassants" (fin d'viter les contagions, cegenre de malades taient dirigs sur le poste (, o une tente

    leur tait rserve"(u poste F, en revanche, une partie des lits aant tli$rs, les infirmi)res pouvaient prendre un peu de repos" Knsoir, amille dit AiUa ?

    C AiUa, #e voudrais te demander quelque chose" @uisquenous avons moins de malades en ce moment, pourrais*#e merendre li$re tout un apr)s*midiG e serais de retour pour les

    soins du soir" AiUa haussa les sourcils"C Fien sr, ma petite amille" ais""" pourrais*#e savoir

    ce que tu dsires en faireG> e voudrais aller voir (vring" AiUa s'tonna ?C Doir (vring! ais il doit revenir dans quelques #ours

    faire enlever son plBtre!> e n'est pas cela" ais #e lui ai promis d'aller le voir

    cheE lui" e pense que #e pourrais profiter de ce momentd'accalmie pour tenir ma promesse"

    > Iu tiens a$solumentG> e crois qu'il est tr)s important que les ha$itants des

    villages aient confiance en nous" ela aussi fait partie de notremtier, n'est*ce pasG

    > Jui, mais""" AiUa rflchissait"

    C (ttends au moins que le docteur Ihi$aut puisse t'conduire en #eep" 0l a une piste qui contourne la fort et doitpasser non loin de 3am$u" @eut*tre, dans quelques #ours"""

    > -ans quelques #ours #e ne pourrai peut*tre plusm'a$senter du poste F" 0l faut profiter de cette priode pluscalme" e peuH tr)s $ien aller 3am$u seule, en traversant lafort" e suis $onne marcheuse, et les indig)nes le font

    continuellement"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    > Les indig)nes connaissent la piste" Iu ne sais pas ceque c'est qu'une fort tropicale, amille, insista AiUa"

    > &n plein #our, ce n'est pas dangereuH" (vring m'a dit

    que les $tes sauvages ne sortaient que la nuit" Doant la #eune infirmi)re $ien dcide, AiUa eut recours un argument qu'elle pensait devoir tre de poids pouramille"

    C e ne sais ce qu'en penserait le docteur Ihi$aut" e suissre qu'il serait de mon avis"

    > 'aurais aim lui en parler, mais #e n'en ai pas le

    temps" -'un #our l'autre il peut nous arriver de nouveauHmalades"> amille, #e ne peuH pas t'autoriser partir seule dans

    cette fort" 3i encore #e pouvais te faire accompagner parasaW""" ais #'ai $esoin de lui demain au poste"

    Les euH de la #eune fille $rill)rent"C 'ai une ide, AiUa" Le vieuH A'goro, celui qui tait

    atteint de dsenterie, retourne dans son village demain" 0lha$ite aussi de l'autre ct de la fort, #e pourrais la traverseravec lui"

    > &t le retourG 0l faudrait demander , (vring ou quelqu'un de sa famille de te reconduire au moins #usqu' lasortie de la fort ? l tu retrouverais le sentier qui ram)ne auposte"""

    amille comprit qu'elle avait gagn" &lle alla demander

    A'goro s'il voulait $ien l'aider traverser la fortQ il parutenchant de cette marque de confiance"

    C Iu ha$ites pr)s de 3am$u, n'est*ce pasG> Aon, mais #e t' conduirai, n'aie pas peur" AiUa prta

    amille des $ottes dont la #eunefille n'avait pas eu la prcaution de se munir" (u poste

    elle portait tou#ours des sandales lg)res, plus pratiques sur la

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    terre $attue, mais d)s qu'on s'cartait des lieuH ha$its il fallaitse mfier des serpents"

    (u moment du dpart, AiUa eut un dernier scrupule de

    conscience"C e n'aurais peut*tre pas d""" (u moins, sois tr)sprudente, amille"

    > A'goro dit que #e ne risque rien" Le vieil homme prit son $Bton et en donna un amille"

    &n s'loignant, la #eune infirmi)re avait la mme impressiond'aventure qu'elle avait prouve en prenant l'avion pour

    l'(frique"0ls partirent d'un $on pas travers la savane" elle*ci, encette saison, tait s)che ? entre les $uissons parpills lesher$es #aunies dpassaient leur taille tous deuH" Lesindig)nes, qui passaient souvent par l, avaient laiss unsentier troit qui rendait la marche facile"

    Iout coup amille entendit un $ruit dans la $rousse"&lle #eta un coup d'%il vers son compagnon, mais lui nesem$lait pas inquiet"

    C Mu'est*ce que c'estG demanda*t*elle"> 3rement une grande antilope" &lles pourraient

    facilement tuer un homme, mais elles sont peureuses ets'enfuient d)s qu'on approche" 0l n' en a plus $eaucoup ? leschasseurs les ont tues et manges"

    > &t les gupardsG 0l en a dans la fortG

    > @as l o nous allons passer ? c'est trop loign despoints d'eau"

    0ls arrivaient auH premiers ar$res" L il n' avait plus desentier visi$leQ cependant A'goro poursuivit sa route sanshsiter" Muelques singes, en les voant approcher, saut)rent de$ranche en $ranche avec des cris perOants" A'goro se mit rire"

    C 00 en a qui disent que les hommes taient des singes,

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    autrefois" ais ce n'est pas vrai ? on sait $ien que leshommes taient des dieuHQ c'est parce qu'ils sont devenus

    mchants qu'ils ont t transforms en hommes" Lemissionnaire nous l'a $ien eHpliqu" amille ne put s'empcher de sourire cette

    interprtation naWve de l'enseignement des missions" Fienentendu, elle se garda de contredire A'goro"

    Le couvert se faisait de plus en plus pais" amillereconnaissait par*ci, par*l un c)dre" A'goro lui nommait

    d'autres ar$res, dont le nom ne disait rien la #eune fille ? le C$ois #aune \ le C $ois rouge , tellement envahis de lianesenchevtres qu'on les

    distinguait peine les uns des autres" @arfois on devait se$aisser pour passer sous d'normes racinesQ d'apr)s lessouvenirs de ses lectures, amille pensa qu'il devait s'agir demanguiers" -es animauH de petite taille s'enfuaient devant

    euH, dans les $ranches les singes poursuivaient leurs concerts"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    amille et A'goro march)rent en fort deuH heuresenvironQ la #eune fille remarqua que l;indig)ne ne dviait#amais de la ligne droite ? c'tait ainsi, sans doute, qu'il

    retrouvait son chemin"&nfin les ar$res s'espac)rent peu peu" Fientt onaperOut quelque distance un groupe de huttes"

    C 'est l que tu vas, dit A'goro" Iu ne risques plus det'garer"

    > Iu ne veuH pas venir avec moi #usqu'au villageG> Aon, nous ne sommes pas amis" @our le chemin du

    retour #e t'attendrai ici pour te faire traverser la fort" Iu vois,quand le soleil sera l*haut, #uste au*dessus des ar$res" e vaisfaire une marque sur un tronc, pour si tu arrivais avant moi"

    > ais, A'goro, tu sors de l'hpital" &st*ce que Oa ne tefatiguera pas de refaire cette routeG

    > Iu sais, amille, nous autres, quand nous ne sommespas malades, nous ne nous fatiguons #amais"

    > (lors, c'est entendu" A'goro entailla un tronc avec son couteau, puis laissa

    amille poursuivre seule son chemin" 0l tait vident qu'il netenait pas pntrer sur le territoire de la tri$u d'(vring"

    Le village se composait d'une diEaine de huttesQ toutautour on apercevait quelques champs misra$les que deshommes et des femmes plus misra$les encore travaillaient la houe" ( peine amille eut*elle approch qu'elle se trouva

    entoure d'enfants demi nus, affreusement maigres"&lle leur demanda s'ils connaissaient (vringQ aussitt tous

    la conduisirent #usqu' une des huttes" &lle entraQ l'intrieurplusieurs personnes, accroupies sur le sol, sculptaient aucouteau des morceauH de $ois" Kn #eune garOon, la #am$eenveloppe d'un plBtre, se leva et s'lanOa vers elle"

    C amille! Jh! amille!

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    00 tait trop mu pour faire autre chose que rpter sonnom" -epuis son s#our l'hpital il avait d# maigri, des

    cernes se creusaient sous ses euH" 3on plBtre tait souill deterre rouge"

    C (vring, comment va ta #am$eG demanda*t*elle ,ensouriant"

    Le reste de la famille se leva son tour et s'approcha avecdes gestes amicauH" (vring dsigna son p)re, sa m)re, puisd'un seul geste ses nom$reuH

    fr)res et s%urs" 0ls chang)rent quelques mots dans la

    langue du pas"C Mue disent*ilsG demanda la #eune infirmi)re"> 0ls disent que tu es $elleQ #'eHplique que tu l'es encore

    plus avec ta ro$e $lanche et tes petits souliers" La m)re entassa des sacs sur le sol pour faire asseoir la

    visiteuse ? elle savait que les &uropens n'ont pas l'ha$itude des'accroupir mme la terre"

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    Kne conversation s'engagea, rendue difficile par le faitque les parents parlaient peu franOais" ais on parvenaitmalgr tout se comprendre" (vring servait d'interpr)te quand

    c'tait ncessaire" -)s qu'il parlait, les plus #eunes se taisaientQd'a$ord il tait l'aRn, puis ne venait*il pas de se faire soigner l'hpitalG

    amille ne pouvait dtourner les euH des o$#ets parssur le sol" 'taient des figurines de $ois, grossi)rementtailles, mais remarqua$les de mouvement et d'eHpression"

    ertaines d'entre elles taient d# peintes, avec des

    couleurs contenues dans des $oRtes de fer*$lanc rouilles"C 'est vous qui faites tout celaG demanda*t*elle"> Jui, rpondit fi)rement (vring" on p)re taille

    le $ois, ma m)re met les couleursQ nous, nous les aidons tousles deuH" Iu trouves Oa #oliG

    > Ir)s, tr)s #oli" &lle eHamina de plus pr)s quelques*unes des figurines"

    &lle les trouvait tr)s intressantes" -ans une grande villeeuropenne, cela pouvait avoir $eaucoup de valeur"

    C es petites statues > vous les vendeEG demanda*t*elle"> (vant, on en vendait dans les autres villages" Les gens

    aiment $ien Oa, tu sais" aintenant, quand ils ont un peud'argent, ils essaient plutt d'acheter de la nourriture"Peureusement il vient quelqu'un qui nous les prend"

    > -'o vient*il, ce quelqu'unG

    > e ne sais pas ? il ne nous l'a pas dit"> (u moins, il vous paie $ien, #'esp)reG> 0l ne nous donne pas d'argent, Oa ne nous servirait

    rien" 0l nous donne de la farine, du riE, quelquefois du sucre"""> 0l vient souventG> &n gnral, toutes les lunes" 0l prend tout ce que

    nous faisons, mais il nous dfend de vendre quelqu'un

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  • 7/21/2019 Suzanne Pairault Infirmire 15 Intrigues Dans La Brousse 1979

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    d'autre" 'est pour Oa que #e ne t'en avais pas parl" Iu ne dirasrien, amille, n'est*ce pasG

    > Fien sr que non"

    e mstrieuH acheteur intriguait amille" 'tait unrevendeur, certainement ? il ne collectionnait pas ces figurinespour lui*mme" Ious les marchands, sans doute, font demme""" ais quelle honte que d'agir de la sorte avec des gensqui meurent de faim!

    C e n'est pas un homme du pas, (vringG omment est*ilG

    > /rand, avec des euH qui font peur"> 0l porte un costume de toile $lancheG> Jui, un costume $lanc, c'est Oa"> 0l parle franOais comme moiG> @as tout fait comme toi" Ai comme me AiUa ou le

    docteur" ais tr)s $ien tout de mme"> 0l vient en #eep, #e supposeG e veuH dire ? une petite

    voiture pareille celle du docteurG> Jh! #e sais ce que c'est qu'une #eep! dit fi)rement

    (vring" Jui, c'est $ien Oa" Kne image se prcisait peu peu dans l'esprit de la #eune

    infirmi)re" &lle n'avait vu le docteur Jlvidos qu'une fois >mais il tait de ceuH qu'on n'ou$lie pas" &lle revoait le visagedur, les l)vres minces" Jlvidos! Kn mdecin! L'homme qu'onavait envo Furu pour lutter contre la dtresse de ces

    malheureuH"""-e plus, d'o provenait la nourriture qu'il distri$uait >

    chichement, c'est vrai, mais qu'il distri$uait tout de mmeG(lors qu' toute demande des postes il faisait rpondre qu'iln'avait plus rien"""

    C 'est dommage, dit*elle, que #e ne puisse pas emporterun de vos $onshommes" 3eulement #e n'ai rien vous donner

    en change, moi"