SŒUR SIMONE VOISINE...d’organiser ciné-clubs, récitals de poésie, soirées de théâtre et de...

ISBN 978-2-89091-487-2

9 7 8 2 8 9 0 9 1 4 8 7 2

À Saint-Pascal de Kamouraska dans les années 1930, une jeune fille lit dans les notes de sa mère une citation de saint Paul : « Mariez-vous, vous ferez bien, ne vous mariez pas, vous ferez encore mieux ». Elle en prend acte. Fille aînée de Joseph Voisine et Blanche Moreau, Simone Voisine retiendra de son père la passion pour la politique, et de sa mère, l’instinct de liberté. Ce livre raconte le destin exceptionnel d’une femme qui fut enseignante, dirigeante syndicale, militante indépendantiste, passionnée de culture, tout en étant… religieuse.

Forcée d’abandonner l’école à 14 ans, Simone décide d’entrer chez les Sœurs de la Charité en 1943 où elle poursuivra, jusqu’au doctorat, ses études en littérature. Elle pratique durant 45 ans le métier d’enseignante, entre Québec, Anticosti et Gaspé. En plus d’organiser ciné-clubs, récitals de poésie, soirées de théâtre et de chansons, elle est présente sur tous les fronts : défense de la langue française, promotion de la culture, santé et sécurité au travail, émancipation des femmes, souveraineté du Québec. Elle vit au quotidien sur les lignes de piquetage et dans les manifestations. Elle fait même du porte-à-porte pour le Parti québécois en 1976 et pour le référendum en 1980. Depuis 20 ans, elle coordonne la soupe populaire de sa communauté à Québec. Elle est connue de tous, lumineuse et désarmante. Femme de lettres, de foi et d’action, Simone Voisine redonne tout son sens au mot engagement.

« C’est l’inédit de ce récit : le parcours d’une Québécoise issue du Québec traditionnel qui assume, en y participant, chacune des étapes et des dimensions émancipatrices de sa société. Plusieurs l’ont fait dans la rupture. Sœur Simone Voisine le fait dans la continuité. Encore aujourd’hui à 86 ans. […] Sous la plume de Maria De Koninck, cette histoire individuelle et personnelle devient collective et sociale. C’est l’histoire de Sœur Simone Voisine. C’est aussi la nôtre. » — Gérald Larose, extrait de la préface.

*Maria De Koninck est sociologue, professeure émérite au département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval. Elle y a été la première titulaire de la Chaire d’étude sur la condition des femmes.

SŒUR

SIM

ONE

VOIS

INE

La fo

rce

tranq

uille

de

l’eng

agem

ent

Mar

ia D

e Ko

ninc

k

les éditions du remue-ménage

SŒUR SIMONE VOISINELa force tranquille de l’engagement


Préface de Gérald Larose

Maria De Koninck

COUV_voisine_final.indd 1 14-03-11 09:37

SimoneCS5*.indd 2 14-03-18 10:31

Sœur Simone Voisine La force tranquille de l’engagement

SimoneCS5*.indd 3 14-03-18 10:31

SimoneCS5*.indd 4 14-03-18 10:31

Sœur Simone Voisine La force tranquille de l’engagement

Maria De Koninck


SimoneCS5*.indd 5 14-03-18 10:31

En couverture : Simone Voisine, à droite, avec des grévistes, aux Îles de la MadeleineCouverture : Anne Migner-LaurinInfographie : Folio infographie

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

De Koninck, Maria

Sœur Simone Voisine : la force tranquille de l’engagement

Comprend des références bibliographiques.

ISBN 978-2-89091-487-2

1. Voisine, Simone, 1927- . 2. Québec (Province) - Conditions sociales - 20e siècle. 3. Sœurs de la Charité de Québec - Biographies. 3. Religieuses - Québec (Province) - Biographies. I. Titre.

BX4705.V64D44 2014 271’.910714 C2014-940577-4

ISBN (pdf) : 978-2-89091-488-9ISBN (epub) : 978-2-89091-489-6

© Les Éditions du remue-ménageDépôt légal : premier trimestre 2014Bibliothèque et Archives CanadaBibliothèque et Archives nationales du Québec

Les Éditions du remue-ménage110, rue Sainte-Thérèse, bureau 303Montréal (Québec) H2Y 1E6Tél. : 514 876-0097/Téléc. : 514 [email protected]

Distribution en librairie (Québec et Canada) : Diffusion DimediaEurope : La Librairie du Québec à Paris/DNMAilleurs à l’étranger : Exportlivre

Les Éditions du remue-ménage bénéficient du soutien de la Société de dévelop-pement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour leur programme d’édition et du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec. Nous remer-cions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

SimoneCS5*.indd 6 14-03-18 10:31

Préface

Une vie comme une vue intérieure. Du Québec des régions qui s’est urbanisé. Du Québec de l’Église qui s’est laïcisé. Du Québec des femmes qui s’est émancipé. Du Québec frileux, colonisé et replié qui s’est enhardi, affirmé et répandu dans le monde. Du Québec vert et bleu. La vie de Simone Voisine est un extraordinaire voyage intime à l’intérieur des évolutions qui ont donné naissance au Québec moderne.

Son milieu a été celui de plusieurs. D’origine modeste mais non miséreuse, d’un père aux multiples emplois, d’une mère valo-risant les études et d’une organisation de la vie impliquant tous les enfants dans les tâches domestiques, Simone Voisine est l’archétype de ces enfants de familles nombreuses qui ont fait l’apprentissage simultané de la liberté, de la discipline et de la responsabilité.

À peine scolarisée, elle cultive la curiosité pour les livres et l’intérêt pour les études supérieures, qu’elle poursuivra graduel-lement jusqu’au doctorat. Elle fut institutrice au primaire. Elle deviendra professeure de littérature au cégep. Sa trajectoire professionnelle est un témoignage éloquent de ce Québec qui soudainement a laissé ses talents éclore et s’épanouir.

Dédiée très jeune aux autres, elle s’impliquera plus tard dans le syndicalisme jusqu’à y assumer des postes de direction. Issue d’un territoire aux racines du peuple québécois, elle s’engagera politiquement jusqu’à adhérer au Parti Québécois et à participer à ses campagnes électorales et référendaires. Élevée sous la contrainte d’une société patriarcale, elle militera systématique-ment pour l’amélioration de la condition des femmes. Et à la

SimoneCS5*.indd 7 14-03-18 10:31

8 • sœur simone voisine

retraite, elle prendra la direction de la soupe populaire de Québec.

Professionnelle, syndicaliste, féministe, militante politique, intervenante sociale et aussi, étonnamment, religieuse. C’est l’inédit de ce récit : le parcours d’une Québécoise issue du Québec traditionnel qui assume, en y participant, chacune des étapes et des dimensions émancipatrices de sa société. Plusieurs l’ont fait dans la rupture. Sœur Simone Voisine le fait dans la continuité. Encore aujourd’hui à 87 ans.

L’histoire de vie de cette femme engagée est formidablement racontée. Le contexte nous est constamment précisé ; les enjeux, bien campés ; la portée des évolutions, mesurée. Sous la plume de Maria De Koninck, cette histoire individuelle et personnelle devient collective et sociale. C’est l’histoire de sœur Simone Voisine. C’est aussi la nôtre. Elle l’a vécue dans la recherche, l’innovation et la fidélité aux valeurs fondamentales de sa société d’origine. Les fruits de ses engagements sont généreux. Ceux de notre avenir également. Si nous lisons cette vie comme une vue intérieure.

Bonne lecture.

Gérald LaroseLe 8 mars 2014, Journée internationale des femmes

SimoneCS5*.indd 8 14-03-18 10:31

Remerciements

Mes premiers remerciements vont à Simone Voisine, qui a accepté de me rencontrer de façon régulière entre juillet 2010 et novembre 2011, m’a permis d’enregistrer ses propos et a répondu à toutes mes questions. Je la remercie aussi d’avoir, dans les mois qui suivirent, collaboré pleinement quand je suis retournée la voir régulièrement pour lui poser les nouvelles questions que l’analyse de son récit de vie suscitait.

Je suis également reconnaissante envers Jacques Audet, Serge Gagnon, Pierre Jobin, sœur Carmelle Landry, Gérald Larose et sœur Myriam Pelletier, qui ont accepté de me rencontrer pour me raconter « leur » Simone ainsi qu’envers Louis Morin et Lorraine Blais-Morin, de Gaspé, que j’ai pu interviewer par téléphone. Les témoignages de ces actrices et acteurs, qui connaissent bien Simone et ont partagé plusieurs expériences avec elle, m’ont permis à la fois de valider le récit recueilli, de le compléter et d’en élargir la portée.

Merci également à Claude Rioux de m’avoir éclairée sur la vie syndicale des années 1970 et 1980, à Yves Lacroix de m’avoir pilotée dans les archives de la CSN et à Micheline Dumont pour ses conseils documentaires. Enfin, merci à Jean-François Berton, Marie-Charlotte De Koninck et Louise Guyon pour leurs lec-tures critiques du manuscrit et leurs judicieux conseils ayant permis d’en améliorer le contenu et à mon fils, Manuel Laroche, pour ses conseils de rédaction.

SimoneCS5*.indd 9 14-03-18 10:31

SimoneCS5*.indd 10 14-03-18 10:31

À la mémoire de mon amie Danielle Thibault, partie vite, beaucoup trop vite, mais qui m’accompagne

toujours lorsque j’écris sur les femmes.

SimoneCS5*.indd 11 14-03-18 10:31

SimoneCS5*.indd 12 14-03-18 10:31

Avant-propos

J’ai fait la connaissance de Simone Voisine en 1972 alors que j’enseignais les sciences sociales au Collège Marguerite d’Youville à Sainte-Foy et qu’elle y était professeure de français. Nous nous sommes rapidement liées d’amitié. Cette amitié dure toujours, ayant survécu à l’éloignement géographique et à nos nombreuses occupations respectives.

Ce n’est pas seulement en tant qu’amie que j’ai suivi de près l’évolution de Simone mais aussi en tant que sociologue s’inté-ressant au rôle qu’elle jouait au sein de la société québécoise. Simone Voisine s’est, en effet, révélée une personne exception-nelle qui a laissé sa marque dans tous les milieux où elle a évolué.

L’idée de pérenniser l’histoire de Simone et de faire ainsi connaître l’influence qu’elle a eue sur les personnes qu’elle a croisées, dans le cadre de son travail et dans celui de son enga-gement social, n’est pas la mienne. Au fil des années, j’ai entendu à plusieurs reprises des commentaires sur l’importance de garder la mémoire des multiples engagements de Simone Voisine. Déjà en 1997, ma collègue et amie, l’anthropologue Colette Lachance, qui devait décéder l’année suivante, avait souligné la pertinence d’écrire l’histoire de vie de Simone au bénéfice de notre mémoire collective.

Au fur et à mesure que le temps passait et que Simone pour-suivait son cheminement, ce projet est devenu à mes yeux une nécessité. J’ai donc décidé de m’y consacrer dès ma retraite de l’enseignement universitaire en juin 2010, et Simone a gentiment accepté de se prêter à cet exercice.

SimoneCS5*.indd 13 14-03-18 10:31


C’est en tant que sociologue que j’ai écrit ce livre, mais mon amitié pour Simone aura donné un sens particulier à ce travail. Elle aura aussi sans doute permis, d’une part, que Simone se raconte en toute confiance et, d’autre part, que je dispose d’infor-mations privilégiées sur ses expériences vécues après 1972, moment où je l’ai connue. Je lui suis reconnaissante non seule-ment parce qu’elle a accepté de partager avec nous son histoire, mais aussi parce qu’elle l’a fait avec une très grande générosité et beaucoup d’humilité.

SimoneCS5*.indd 14 14-03-18 10:31

Introduction

Un piquet de grève à Gaspé, au début des années 1980 :

Il y avait des autos qui avaient été brisées, puis ils [la police] disaient que c’étaient les grévistes. Mais je leur disais : est-ce que vous avez des preuves que c’est les grévistes ? Est-ce qu’il y a des preuves de ça ? Si vous avez des preuves, ce serait bien, parce que je dis non, c’est pas les grévistes qui ont brisé les autos.

La personne qui tient ce discours n’est pas un farouche mili-tant syndical, mais une sœur de la Charité, Simone Voisine, entrée en communauté en 1945 à l’âge de 17 ans. Cette image, celle d’une petite dame souriante, posant calmement ses yeux bleus sur le cordon de policiers armés, défendant avec conviction les pauvres et les exclus, représente bien cette vie peu banale dont le présent ouvrage propose le récit.

Simone n’a qu’une 7e année lorsqu’elle entre chez les reli-gieuses. Elle poursuit ses études jusqu’au doctorat, ce qui lui permet d’enseigner à tous les niveaux, de la première année du primaire jusqu’à l’université, dans différentes régions du Québec. Elle s’engage sur plusieurs fronts dès le début des années 1960. Dans sa profession d’enseignante, elle chérit et promeut la poésie et la chanson québécoises. Elle participe à la montée du natio-nalisme québécois ainsi qu’à différents mouvements : luttes syn-dicales, émancipation des femmes, droits de la personne et prise de conscience écologique. Un de ses amis, le sociologue Louis Morin, la décrit ainsi : « Elle est intuitive, elle fait partie des gens qui sentent ce qui se passe et qui sont là quand il faut être là ».

SimoneCS5*.indd 15 14-03-18 10:31


Depuis le début des années 1990, moment où elle ralentit ses activités, elle se consacre au service de la soupe populaire de sa communauté au cœur de la ville de Québec.

Ce livre n’est pas à proprement parler une biographie. Il s’agit plutôt de ce qu’on appelle « une histoire de vie ». Avec une histoire de vie, si on peut réussir « à bien circonscrire dans un cas concret la question du changement social, on ne peut faire autrement qu’éclairer toute la réalité sociale contemporaine1. » C’est ce que ce livre propose, en demandant à Simone de raconter sa vie et en situant ses différentes étapes, de sa naissance jusqu’à aujourd’hui, en regard de ce qui se passait alors au Québec.

Cet ouvrage fera donc connaître le cheminement de cette femme exceptionnelle, une religieuse, actrice de l’évolution sociale remarquable qu’a connue le Québec des années 1940 à aujourd’hui, période au cours de laquelle se sont transformées les pratiques de solidarité.

L’intérêt particulier que présente la vie de Simone tient d’abord à sa personne et à son dynamisme hors du commun. « Elle est pas mal… unique », témoigne sa consœur Myriam Pelletier. Il faut d’emblée signaler que de nombreuses personnes qui ont connu Simone Voisine ont douté de son statut : s’agit-il d’une « vraie sœur » ? Elle s’est elle-même souvent demandé si elle pouvait prétendre à ce titre avec son cheminement atypique. La question a reçu une réponse lorsqu’elle fut présentée à Félix Leclerc par son grand ami agent d’artistes et producteur de spec-tacles, Pierre Jobin. Voici le récit qu’en fait celui-ci :

Quand je l’ai présentée à Félix, j’ai dit : « Je vais vous présenter mon amie, c’est une religieuse, mais en fait, ce n’est pas une vraie sœur »… Et, Félix, lui, en disant la même chose mais différemment et un peu mieux, a répondu : « Attends, attends, peut-être que c’est elle, la vraie sœur… »

1. Louis Morin, 1973, La méthodologie de l’histoire de vie, sa spécificité, son analyse, p. 11.On trouvera dans la bibliographie en fin de volume les références complètes de tous les ouvrages cités.

SimoneCS5*.indd 16 14-03-18 10:31

introduction • 17

Tout en respectant l’autorité des supérieures, Simone a réussi à rester fidèle à elle-même. Elle s’est défini un espace de liberté et a agi de façon autonome. Se sentant en droit (et même parfois tenue) de faire ce qui était attendu d’elle dans le contexte où elle se trouvait, elle ne demandait pas d’autorisation. Dès les années 1960, elle adopta une approche ouverte à différents types d’acti-vités qui, pour une religieuse, étaient inusuelles, pour ne pas dire marginales, des activités culturelles puis politiques et par la suite syndicales. Manifestations et lignes de piquetage ont été des lieux où elle s’est retrouvée sans jamais dissimuler le fait qu’elle était une sœur de la Charité. Elle s’y sentait à sa place comme si elle était en classe ou au chevet d’une personne âgée ou malade. Il n’y avait pas de lieux interdits, seulement des lieux où elle faisait ce qui lui semblait être la chose à faire. Au-delà de son altruisme, elle était aussi motivée par un besoin d’évoluer avec la société dont elle faisait partie.

J’avais quand même conscience que les autres sœurs ne vivaient pas comme cela. Je me rendais vraiment compte que je faisais une vie différente, mais qui était belle et qui était importante pour moi et que la communauté ne connaissait pas mais n’au-rait pas été en désaccord si elle l’avait connue.

Aux yeux de plusieurs, Simone incarne la solidarité et l’en-traide telles qu’elles se vivent et se renouvellent au Québec, pratiques qui semblent bien malmenées depuis la fin du siècle dernier. D’où l’intérêt de les rappeler. Enfin, la vie de Simone est une ode à la richesse de l’ouverture aux autres.

Simone a fait de cette ouverture aux autres, accompagnée de la volonté ferme de leur être utile, une ligne directrice forte. Elle aime les gens, qui, de façon générale, le lui rendent bien. Cet amour inconditionnel lui donne une capacité d’écoute remar-quable ; elle sait repérer le côté positif des personnes et des situa-tions. Elle n’a ni préjugés ni barrières. Elle a le don de repérer les forces de chaque personne et de minimiser ses faiblesses. Elle parle continuellement du courage des individus vivant des situations de pauvreté plutôt que de ne parler que de leur misère. Son style enjoué et optimiste est contagieux. Elle désarme ses adversaires

SimoneCS5*.indd 17 14-03-18 10:31


par son approche, jamais menaçante, car toujours basée sur la recherche de solutions. Elle fait plus qu’accorder aux gens le béné-fice du doute, elle leur fait confiance. Elle aborde toute personne avec l’attitude de celle qui souhaite apprendre d’autrui. Comme l’explique Jacques Audet, un ami de longue date :

Elle est dans l’action. Pour moi, c’est une femme d’action… elle agit tout le temps, dans la communauté, le syndicat, ail-leurs, partout. Elle a cette propension-là parce que son élan l’amène aux autres.

Simone répond pratiquement toujours présente lorsqu’on sollicite son aide. Cette disponibilité découle de sa volonté de n’agir que pour les autres et non pour elle-même, règle de vie qu’elle s’est donnée en entrant en religion. Son temps, elle l’offre aux autres. Il faut cependant noter qu’elle reste autonome et qu’elle choisit ses causes. Ainsi, il lui est arrivé de ne pas pour-suivre un engagement parce qu’elle se sentait inutile ou parce qu’elle considérait que cela entravait d’autres activités qu’elle jugeait plus signifiantes. Ce qui frappe chez cette femme, c’est la conjugaison de sa disponibilité avec ses intérêts, qui sont par ailleurs fort larges.

Je me suis posé la question dernièrement : est-ce un problème, finalement, d’être dispersée dans cent mille choses ? Puis après je me suis dit : non. Parce que dans tout ce que je vis, partout où je suis, à mesure que j’avance, je me rends compte qu’il y a une constante par rapport à ce que je vivais avant, ce que je vis présentement et ce vers quoi j’avance. Il me semble que je suis toujours dans une plus grande cohérence, une plus grande recherche, peut-être encore, de vérité et d’authenticité par rapport à ce que je vis avec chacun des autres.

Jacques Audet a aussi été fasciné par la générosité de son amie :

Je me suis toujours posé la question : « comment se fait-il que cette femme-là soit si lumineuse ? » À une époque, je me demandais si elle était naïve, car elle dit tout le temps oui à toutes sortes d’affaires, à toutes sortes de monde. Mais ce n’est pas cela. Elle sélectionne tout le temps, tout le temps, mais

SimoneCS5*.indd 18 14-03-18 10:31

introduction • 19

d’une façon… tranquille. Moi, c’est le côté lumineux de Simone que j’ai toujours aimé.

Tout en restant fidèle à elle-même, elle a su adapter son action et son discours au monde dans lequel elle vivait. Son évo-lution personnelle témoigne de celle de la société québécoise, sa vie étant une succession d’expériences liées aux changements sociaux de l’époque, que nous aborderons au fil des divers cha-pitres de ce livre.

Quant au dernier chapitre, il est consacré à sa pensée et à ses pratiques. Il propose une réflexion sur les valeurs qu’elle a pri-vilégiées tout au long de sa vie et qu’elle a concrétisées par sa participation à différents mouvements sociaux. Suivre Simone de sa naissance à aujourd’hui offre, au-delà d’une leçon d’histoire, une leçon de vie.

SimoneCS5*.indd 19 14-03-18 10:31

SimoneCS5*.indd 20 14-03-18 10:31

Table

Préface Gérald Larose 7

Remerciements 9

Avant-propos 13

Introduction 15

chapitre 1 La petite fille de milieu rural trouve son chemin 21

chapitre 2 La vocation, se donner un horizon 39

chapitre 3 Notre-Dame des Victoires, Anticosti, Notre-Dame de la Garde, le développement de la passion d’enseigner 55

chapitre 4 Le Québec change et la vie religieuse aussi… 75

chapitre 5 Le militantisme syndical et l’engagement communautaire, les années en Gaspésie 103

chapitre 6 La cause ultime, la soupe populaire 145

chapitre 7 Une trajectoire singulière, une femme et ses valeurs 173

Conclusion 213

Entrevues 217

Bibliographie 219

Chronologie de la viede Simone Voisine 225

Reportages et articles 229

SimoneCS5*.indd 231 14-03-18 10:32

ISBN 978-2-89091-487-2

9 7 8 2 8 9 0 9 1 4 8 7 2

À Saint-Pascal de Kamouraska dans les années 1930, une jeune fille lit dans les notes de sa mère une citation de saint Paul : « Mariez-vous, vous ferez bien, ne vous mariez pas, vous ferez encore mieux ». Elle en prend acte. Fille aînée de Joseph Voisine et Blanche Moreau, Simone Voisine retiendra de son père la passion pour la politique, et de sa mère, l’instinct de liberté. Ce livre raconte le destin exceptionnel d’une femme qui fut enseignante, dirigeante syndicale, militante indépendantiste, passionnée de culture, tout en étant… religieuse.

Forcée d’abandonner l’école à 14 ans, Simone décide d’entrer chez les Sœurs de la Charité en 1943 où elle poursuivra, jusqu’au doctorat, ses études en littérature. Elle pratique durant 45 ans le métier d’enseignante, entre Québec, Anticosti et Gaspé. En plus d’organiser ciné-clubs, récitals de poésie, soirées de théâtre et de chansons, elle est présente sur tous les fronts : défense de la langue française, promotion de la culture, santé et sécurité au travail, émancipation des femmes, souveraineté du Québec. Elle vit au quotidien sur les lignes de piquetage et dans les manifestations. Elle fait même du porte-à-porte pour le Parti québécois en 1976 et pour le référendum en 1980. Depuis 20 ans, elle coordonne la soupe populaire de sa communauté à Québec. Elle est connue de tous, lumineuse et désarmante. Femme de lettres, de foi et d’action, Simone Voisine redonne tout son sens au mot engagement.

« C’est l’inédit de ce récit : le parcours d’une Québécoise issue du Québec traditionnel qui assume, en y participant, chacune des étapes et des dimensions émancipatrices de sa société. Plusieurs l’ont fait dans la rupture. Sœur Simone Voisine le fait dans la continuité. Encore aujourd’hui à 86 ans. […] Sous la plume de Maria De Koninck, cette histoire individuelle et personnelle devient collective et sociale. C’est l’histoire de Sœur Simone Voisine. C’est aussi la nôtre. » — Gérald Larose, extrait de la préface.

*Maria De Koninck est sociologue, professeure émérite au département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval. Elle y a été la première titulaire de la Chaire d’étude sur la condition des femmes.

SŒUR

SIM

ONE

VOIS

INE

La fo

rce

tranq

uille

de

l’eng

agem

ent

Mar

ia D

e Ko

ninc

k




Préface de Gérald Larose

Maria De Koninck

COUV_voisine_final.indd 1 14-03-11 09:37

SŒUR SIMONE VOISINE...d’organiser ciné-clubs, récitals de poésie, soirées de théâtre et de...

Documents

Transcript of SŒUR SIMONE VOISINE...d’organiser ciné-clubs, récitals de poésie, soirées de théâtre et de...