SUR LES ERUPTIONS VOLCANIQUES EN ISLANDE

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1 Dr Ali KILIC CENTRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DE DERSIM (CRSD) Paris le 22 avril 2010 SUR LES ERUPTIONS VOLCANIQUES EN ISLANDE Dédié à Nolhan Alicher à Kayran Hüseyin et à Dr Sundé L’Islande, est la Terre de glace et de feu. L’Islande est un vrai paradis pour les volcanologues ; mais un enfer pour les habitants . Comme dans de rares endroits sur la Terre, où la nature vivante et l’humanité se croisent, la géologie et l’histoire de l'homme se retrouvent si étroitement reliés au volcanisme, c’est une pratique tragique dialectique de la nature Islandaise. L’existence même de cette île volcanique et son contexte géologique est unique, car elle est le résultat de l’activité d’un point chaud et trouve son assise sur une ride médio- océanique. La limite de plaque entre les Plaques tectoniques américaine et eurasienne traverse l'Islande du Sud au Nord et le processus d’expansion du fond océanique peut être directement mesuré et observé sur les terres. Les éruptions volcaniques en Islande, sont l’objet de notre analyse. Elle consiste à mettre en évidence, la problématique historique des éruptions volcaniques non seulement en Islande, mais aussi dans le monde, à montrer base erronée des approches ce certains académiciens et à renvoyer des certaines faits jusqu’ à Plinus

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Dr Ali KILIC CENTRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DE DERSIM

(CRSD) Paris le 22 avril 2010

SUR LES ERUPTIONS VOLCANIQUES EN ISLANDE Dédié à Nolhan Alicher à Kayran Hüseyin et à Dr Sundé

L’Islande, est la Terre de glace et de feu. L’Islande est un vrai paradis pour les volcanologues ; mais un enfer pour les habitants . Comme dans de rares endroits sur la Terre, où la nature vivante et l’humanité se croisent, la géologie et l’histoire de l'homme se retrouvent si étroitement reliés au volcanisme, c’est une pratique tragique dialectique de la nature Islandaise. L’existence même de cette île volcanique et son contexte géologique est unique, car elle est le résultat de l’activité d’un point chaud et trouve son assise sur une ride médio-océanique. La limite de plaque entre les Plaques tectoniques américaine et eurasienne traverse l'Islande du Sud au Nord et le processus d’expansion du fond océanique peut être directement mesuré et observé sur les terres. Les éruptions volcaniques en Islande, sont l’objet de notre analyse. Elle consiste à mettre en évidence, la problématique historique des éruptions volcaniques non seulement en Islande, mais aussi dans le monde, à montrer base erronée des approches ce certains académiciens et à renvoyer des certaines faits jusqu’ à Plinus

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Une simple éruption volcanique en Islande et c’est tout le système qui s’enraye. En quatre jours près de 70 000 vols ont du être annulés dans une trentaine de pays européens. C’est un rappel à l’ordre de la nature : un nuage de cendres et c’est au delà de la plus grande paralysie du trafic aérien, la démonstration de la fragilité du système mondialisé dont les conséquences économiques, seront énormes. Mais au-delà de cette situation, les scientifiques ont un rôle à jouer.

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L'Islande est située au milieu de l'Atlantique sur la dorsale médio-océanique, à la divergence des plaques tectoniques eurasiatique et américaine. Cette situation exceptionnelle en fait l'une des régions tectoniques les plus actives du monde avec plus de 200 volcans et 600 sources d'eaux chaudes ! Si le pays exploite cette opportunité pour produire son électricité et alimenter son réseau de chaleur, une nouvelle éruption fissurale à proximité du glacier Eyjafjallajökull inquiète les volcanologues.

Le Volcan islandais Eyjafjöll (ou Eyafjalla) situé dans le sud de l'île, à seulement 160 km au sud-est de la capitale Reykjavik est un strato-volcan composé d'une alternance de couches de cendres, de lave et de roches éjectées par les éruptions antérieures. Il est entré en éruption dans la nuit de samedi 20 mars 2010. Recouvert par l'Eyjafjallajökull, une calotte glaciaire, ce volcan culmine à 1 666 mètres d'altitude. La dernière éruption de l'Eyjafjöll remonte à 1821. Elle avait alors duré plus d'un an.

L'éruption s'est produite sur un flanc du volcan, dans le cratère Fimmvurduhals, à 1100 m d'altitude, via une fissure de 800 mètres de long : des jets de lave s'élèvent à plus de 200 mètres de hauteur, accompagnés par une activité effusive où le magma atteint une température de plus de 1000 °C. Ce type d'éruption se traduit par des épanchements de lave qui, en refroidissant, donnent des basaltes de plateau.

Afin de protéger les populations, 600 personnes demeurant entre la localité agricole de Hvolsvollur et le village de pêcheurs de Vik ont été évacuées au plus fort de l'éruption.

[ Eruption du volcan Eyjafjöll

.

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Un énorme nuage de cendres craché par un volcan en pleine éruption en Islande a cloué au sol une bonne partie des avions dans le nord de l’Europe, entraînant notamment la fermeture des espaces aériens britannique et danois. De gigantesques colonnes de fumée continuaient de s’échapper du glacier Eyjafjallajökull, dans le sud de l’Islande, dont l’éruption pourrait se prolonger plusieurs semaines, voire plusieurs mois, selon un expert islandais.

Si ces nuages de cendres sont toujours alimentés par l’éruption et si des vents de nord-ouest venaient à souffler, le territoire français pourrait être atteint. C’est en tout cas ce qu’envisagent des cartes de prévision de la météo islandaise, qui prévient que les rivages normands et bretons pourraient être touchés demain.

Ci-dessous des cartes de prévision islandaises qui montrent l’évolution des différentes altitudes polluées par le nuage islandais. En rouge : du sol à 6.600 mètres. En vert : de 6.600 mètres à 12.000 mètres. En bleu : au-dessus de 12.000 mètres. Sur la dernière carte, on constate que le Nord-Ouest de la France pourrait être atteint dans la nuit de jeudi à vendredi à des altitudes supérieures à 6.600 mètres.

IMPACTS DES VOLCANS SUR LE CLIMAT

Une éruption volcanique de forte ampleur peut influencer le climat d'une façon importante pour plusieurs années. Lors des analyses faites par les académiciens n’ont pas pris en considérations les éruptions, mais d’autres faits liés aux événements de la nature. Bien que les éruptions elles-mêmes ne soient cependant pas prévisibles, on peut avoir une idée de leur effet sur le climat. Benjamin Franklin (1706-1790) a été le premier à voir que les éruptions

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volcaniques ont un impact sur le climat avec l'hiver rigoureux de 1783-1784 causé par l'éruption de l'Eldeyjar et du Jökull d'Islande. Au Sud de la France on voyait les étoiles situées seulement au dessus de 40° de hauteur angulaire par rapport à l'horizon. Il convient de citer l’importence historique de la lettre de Plinus à Tacitus qui a un sens non seulement historique,mais littéraire ;

EXPLICATIONS

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Lors de l'histoire de la Terre, les éruptions volcaniques les plus importantes ont été suivies d'un refroidissement de quelques années. Ceci est dû à la grande quantité de dioxyde de soufre (SO2) et de cendre éjectés par ces éruptions volcaniques. Une bonne partie de la poussière et des particules montent jusqu¹à la stratosphère, à 20.km d'altitude et même parfois à plus de 50.km. A ces altitudes, les vents sont forts et le gaz peut faire souvent plusieurs fois le tour de la planète. Comme la stratosphère est stable et les mouvements verticaux réduits, les gaz éjectés peuvent y rester pendant plusieurs années.

La cendre qui a été envoyée dans l'atmosphère tombe graduellement de la haute stratosphère stable, et aide à augmenter la création des nuages et des précipitations dans l'atmosphère inférieure. Mais ce n'est pas la cendre qui a le plus d'effet sur le climat.

BAISSE DE LA TEMPERATURE

Quand le dioxyde de soufre éjecté dans la stratosphère se mélange avec la vapeur d'eau de l'atmosphère, alors ce gaz se transforme en acide sulfurique liquide (H2S04) et devient ce qu'on appelle un "aérosol", c'est-à-dire de fines gouttelettes de quelques dixièmes de microns de diamètre.

Ces aérosols d'acide sulfurique, absorbent et réfléchissent vers l'espace le rayonnement solaire, alors un réchauffement a lieu dans la stratosphère il peut atteindre quelques degrés au plus fort de la couche. Puis la température de la troposphère a tendance à baisser comme ce fut le cas lors de beaucoup d'éruptions. Et parfois cela peut durer 2 à 3.ans après l'éruption. De façon générale, il y a une réduction nette de 5 à 10% de l'énergie reçue sur la surface de la Terre. Alors la température peut baisser de 0,10°C à 1°C parfois. Le refroidissement climatique déclenché par ces éruptions serait toujours initialement décelé sous les tropiques, peu après l'éruption. Puis il se propagerait ensuite aux latitudes moyennes au cours des années suivantes.

L'ampleur de la perturbation climatique sera en fonction du lieu l'éruption. Une éruption volcanique à l'équateur comme celle du Pinatubo, a la possibilité de

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toucher le climat global de la Terre puisque les aérosols produits peuvent s'étendre dans les deux hémisphères. Les aérosols empêchent la chaleur du soleil de traverser la couche la plus basse de l'atmosphère (la troposphère), rafraîchissant ainsi les températures des régions proches des tropiques mais réchauffant la stratosphère. La différence entre les températures du nord et du sud s'en trouve réduite et l'AO s'en trouve, elle, accélérée. L'air froid reste donc au nord pendant l'hiver et une grande partie du nord-est américain connaît des conditions atmosphériques clémentes.

D'après des études de la NASA de l'explosion du Katmai en Alaska, les éruptions des volcans situé en haute-latitude ont des effets moin important sur la Terre comme la majorité des aérosols sont restés largement au nord, où ils n'ont pas été autant exposés à la chaleur. En conséquence, la basse stratosphère ne s'est que très peu réchauffée donc la troposphère moins refroidit et l'influence sur l'oscillation arctique a été limitée.

BAISSE DE LA COUCHE D'OZONE STRATOSPHERIQUE

Les aérosols d'acide sulfurique qui se forment dans la stratosphère quand le bioxyde de soufre se combine avec des particules d'eau accélèrent la destruction de la couche d'ozone. Les années suivant l’éruption du Pinatubo en 1991, la cartographie de la couche d’ozone et d’autres observations indiquaient des réductions de l’ozon plus importantes que les années précédentes aussi bien aux latitudes moyennes qu’aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord.

Selon l’Académie des sciences de France « Il apparaît aujourd’hui opportun d’envisager, à la lumière des progrès scientifiques récents, les changements climatiques en cours, leurs conséquences, et les solutions énergétiques afin d’y faire face. Les évolutions du climat ont pu être suivies globalement depuis une

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trentained’années grâce aux satellites d’observation de la Terre qui ont permis d’intensifier les mesures systématiques, notamment sur les mers et les glaces. Parmi les phénomènes constatés, citons la diminution des débits de fleuves et de rivières, le recul des glaciers, l’intensification de la fonte saisonnière des glaces de mer, les vagues de chaleur en Europe, etc. L’accroissement de la concentration en gaz carbonique a conduit à limiter la combustion du charbon. Combiné à l’épuisement des ressources de carburants (Pétrole et gaz naturel), cela a mené à prévoir leur remplacement progressif par des énergies renouvelables. »1 Mais l’Académie des Sciences n’a pas pris en considération de l’éruption volcanique éventuelle, car les analyses sont restées dans les limites de concepts statiques et mécaniques de l’analyse de la nature. C’est le cas de l’Académicien Henri Décamps2. Il est vari que « les vagues de chaleur ont, de leur côté, souvent pour effet d’augmenter les taux d’ozone et d’autres types de polluants atmosphériques sous l’action du rayonnement solaire ultra-violet. Cette augmentation se produit à partir de composés précurseurs tels que des oxydes d'azote émis par les véhicules, des composés organiques volatils entrant dans la composition des carburants, et de nombreux autres produits comme la colle, la peinture, les encres, les détachants, les cosmétiques ou encore les solvants. Les augmentations des taux d’ozone atmosphérique affectent surtout les villes où elles sont à l’origine d’irritations oculaires, de toux, d’altérations pulmonaires. Les effets sur la santé dépendent de la sensibilité de chacun ; ils varient en fonction de l’âge, de l’état de santé, de la consommation de tabac et de diverses prédispositions (maladies respiratoires ou cardio-vasculaires). Tous les conseils de base pour lutter contre la chaleur sont à suivre, particulièrement éviter de sortir aux heures les plus chaudes et ne pas hésiter à venir en aide aux personnes en difficulté. Il importe aussi de bien comprendre la signification des niveaux d’alerte pollution, établis à partir de l’évaluation des teneurs de l’air en particules en suspension, en oxydes d’azote, en dioxyde de soufre, en composés organiques volatils ou en ozone. Sur une échelle de 0 à 10, le niveau 8 caractérise une concentration atmosphérique de 180 g/m3 d’ozone pendant une heure : c’est le niveau de l’information du public, des recommandations et, éventuellement, des mesures prises à l’initiative des préfets. Le niveau 10, pour une concentration de 240 g/m3 d’ozone pendant trois heures, est celui de l’alerte et des mesures d’urgence telles que le ralentissement de la vitesse des véhicules sur autoroutes, la circulation alternée

1 Jean-François Bach et Jean Dercourt, Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le développement durable - 25 novembre 2009 2Henri Décamps Membre de l’Académie des sciences, in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009

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en ville, la gratuité des parkings en périphérie des villes, la gratuité des transports en commun. En fait, les inondations, les vagues de chaleur, les tempêtes ne sont que les révélateurs de pollutions préexistantes dont ils exacerbent les effets. Ces événements doivent inciter à une vigilance constante vis-à-vis des pollutions, quels que soient les milieux affectés, sols, eaux ou air. » L’Académicien Henri Décamps se limite avec les évènements urbains, il a oublié les éruptions volcaniques. Pour l’académicien Roger Temam3 la réalité n’est pas tellement différente, il pense que « Les sciences de l’atmosphère et des océans font partie des sciences pour lesquelles l’expérimentation n’est pas toujours possible ; la compréhension des phénomènes dépend donc de leur observation, de leur modélisation mathématique et des simulations numériques que l’on peut en faire. Toutes ces étapes du travail scientifique sont bien sûr choisies suivant l’objectif de connaissances que l’on veut atteindre, et les moyens dont on dispose. » La question qui se pose, est ce que comment l’éruption volcanique peut être l’objet d’une modélisation mathématique et des simulations numériques l’expérimentation soit possible? Quant à Hervé Le Treut4 il pense que « L’effet de serre est un processus atmosphérique naturel qui modifie la manière dont s’établit l’équilibre radiatif de la planète, c'est-à-dire l’équilibre entre le rayonnement solaire absorbé par la Terre, et le rayonnement thermique infrarouge qu’elle émet (qui partagent la valeur commune de 235 W/m2). Le physicien Joseph Fourier fut le premier, en 1824, à pressentir le rôle crucial de l’atmosphère dans cet équilibre. L’atmosphère absorbe le rayonnement terrestre émis à la surface du globe, et le réémet pour partie vers l’espace, pour partie vers la surface. En empêchant la planète de se refroidir librement, l’effet de serre impose des températures beaucoup plus chaudes à la planète. La température de surface moyenne de la Terre est actuellement un peu supérieure à 15°C, alors qu’elle serait de -18°C sans l’effet de serre. L’effet de serre tendrait même à provoquer des températures bien supérieures, sans le rôle modérateur du brassage convectif de l’atmosphère. Cette croissance de l’effet de serre a deux caractéristiques majeures : (1) Elle est globale, parce que les gaz émis par les uns ou les autres sont mélangés par l’atmosphère de manière rapide (en moins d’un an). Partout sur la 3 Membre de l’Académie des sciences in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009 4 Ibid .

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planète on retrouve les 5% de gaz émis par la France. La France comme tous les autres pays du monde est exposée aux 95% d’émissions par les autres pays. (2) Les conséquences de cette perturbation globale se déclinent localement : la croissance anthropique de l’effet de serre provoque et provoquera une perturbation de grande ampleur du système climatique, avec des conséquences régionales très inégalement réparties. Des modèles climatiques plus complexes sont nécessaires pour décrire cette réponse. Ils montrent que la température est appelée à augmenter plus vite dans les régions polaires et sur les continents, que la réponse « hydrique » (la modification des régimes de précipitation) sera au contraire plus forte dans les régions intertropicales, le relèvement du niveau de la mer constituant bien sûr une menace plus spécifique pour les régions côtières. » Pour Michel Petit5 « On appelle effet de serre l’absorption par certains gaz présents dans l’atmosphère, comme le dioxyde de carbone, le méthane ou le protoxyde d’azote, d’une partie du rayonnement infrarouge qu’émet une planète dont la température est de l’ordre de quelques centaines de kelvins. L’énergie de ce rayonnement sortant compense celle de la fraction du rayonnement solaire reçu, absorbée par la planète dont la température moyenne s’établit à une valeur permettant cet équilibre. Toutes choses égales par ailleurs, plus l’effet de serre est important, plus la température est forte de manière à compenser l’absorption. La composition naturelle de l’atmosphère terrestre induit un effet de serre sans lequel la température de la Terre serait inférieure d’une trentaine de degrés à celle que nous connaissons et qui a permis le développement de la vie. L’effet de serre n’est donc pas intrinsèquement nocif. Par contre, les hommes ne peuvent changer impunément la composition de l’atmosphère de leur planète, sans en modifier le climat. Dans la pratique, on désigne souvent cet effet de serre additionnel sous le vocable abrégé “d’effet de serre”, alors qu’on devrait, en toute rigueur, parler d’effet de serre “additionnel” provoqué par les émissions liées aux activités humaines. Il s’agit d’un phénomène mondial intégré qui n’est pas mesurable localement, les circulations océaniques et atmosphériques redistribuant géographiquement l’énergie thermique. L’augmentation de la concentration atmosphérique du dioxyde de carbone, du méthane et du protoxyde d’azote au cours des dernières décennies est un fait que confirment toutes les mesures. Une augmentation de la température moyenne est

5Correspondant de l’Académie des sciences in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009

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donc inéluctable et on observe effectivement une croissance moyenne de 0,75 °C depuis la fin du XIXe siècle, même si sa variation est aléatoire d’une année à l’autre. »6 Je pense que « le fait qu’il y ait eu des tempêtes de « neige à Washington » il y a quelques semaines ne change rien au fait que la planète se réchauffe à cause d’une augmentation des gaz à effet de serre qui emmagasinent la chaleur dans notre atmosphère. Et pour enfoncer le clou, ils martèlent que la plus grande part de ce réchauffement vient des « activités humaines », ce qui n’empêche pas par ailleurs qu’il existe des causes naturelles aux variations climatiques qui ont, elles, toujours été là.

Il faut avouer que les scientifiques américains ont fort à faire avec l’opinion outre-Atlantique. Comme l’a rappelé le Pr Le Pichon, « plus de 50% des Américains pensent qu’il est faux de dire que le climat se réchauffe » Et de souligner qu’à la télévision, « les présentateurs de la météo ont une influence très grande. Or, plus de la moitié de ces présentateurs disent qu’ils ne croient pas au réchauffement… ».

Très important, les académiciens enjoignent aux « décideurs de s’impliquer immédiatement pour répondre aux causes de ces changements » et n’hésitent pas à faire un parallèle au sujet des accusations actuelles, en particulier anti-GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) avec une période sombre de leur histoire . On se demande, à l’heure qu’il est, quand notre Académie des sciences françaises va réagir après avoir organisé son propre débat sur la question du climat. On sait que le président de l’Académie Jean Salençon a promis d’organiser un tel débat, suite à la demande de la ministre de la recherche qui a reçu un Appel de chercheurs concernant le climat -ils seraient désormais plus de 600 à l’avoir signé.

Au nom de l’éthique scientifique, ces derniers s’insurgent en effet publiquement contre les écrits de Claude Allègre dans son dernier livre « L’imposture climatique » ainsi que des arguments de séminaires du géophysicien Vincent Courtillot. Nombres de spécialistes, tout particulièrement aux Etats-Unis, commencent à sérieusement s’inquiéter de l’état de méfiance du public qui se développe actuellement vis-à-vis des affirmations des scientifiques en général. Certains états en viendraient à demander que l’on enseigne dans les écoles les questions concernant le climat dans une version « pro » et une version « anti »

6 Correspondant de l’Académie des sciences in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009

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changement climatique. Une manière de procéder qui fait penser, dans un autre registre, à cette demande d’enseigner – afin d’expliquer comment la vie s’est développée sur terre – l’évolution d’un côté, le créationnisme de l’autre. Un comble au pays de Benjamin Franklin, qui a toujours érigé la science et la technique au premier rang de ses préoccupations politiques, car jugées nécessaires pour développer la puissance de la nation !

Mais la vraie inquiétude des vulcanologues ne repose pas uniquement sur les gigantesques colonnes de fumée qui s’échappent actuellement du Eyjafjöll. Un autre volcan à quelques kilomètres de là est surveillé de près par les autorités islandaises. Le Katla fait partie de la zone volcanique dans le Sud de l’Islande où se situe l’Eyjafjöll. Il est considéré comme lié à l’Eyjafjöll, qui s’est lui-même réveillé après 187 ans de repos provoquant le chaos dans le ciel européen. Or le Katla est l’un des volcans les plus actifs et les plus destructeurs par le passé d’Islande. Si la dernière éruption de Katla remonte à 1918, et si le géant endormi ne montre aucun signe d’activité, les Islandais savent en effet que ses éruptions ont souvent par le passé suivi un an ou deux après une première éruption de l’Eyjafjöll. "La nature est en interaction avec la vie des humains, même si ceux-ci tentent d’en diminuer les effets", rappelait ce week-end La Tribune de Genève. Et la nature est mondialiste depuis longtemps : le volcan islandais Laki, conjointement au volcan japonais Asama entré en éruption en 1783, a influencé tout l’hémisphère nord pendant des années. Le quotidien suisse nous rappelle ainsi que le Laki situé dans la même zone que le volcan actuellement en éruption aurait eu d’énormes conséquences géopolitiques notamment en France... La Tribune de Genève revient donc sur une page d’histoire : "L’éruption du Laki commença le 8 juin 1783. Au début elle fut explosive, puis elle continua en émission de lave pendant des mois, jusqu’en février 1784. Les cendres recouvrirent l’île, et de 50% à 80% des animaux d’élevages moururent. La famine qui suivit décima environ 20% de la population islandaise. Mais ce n’est pas tout. En cet été 1783, un anticyclone puissant et centré durablement sur le nord de l’Atlantique envoya les fumées vers le reste de l’Europe, comme ces jours. Il faut savoir que l’« on estime que 122 millions de tonnes de dioxyde de soufre furent émis dans l’atmosphère, l’équivalent de trois fois les émissions industrielles annuelles en Europe et l’équivalent d’une éruption comme celle du Mont Pinatubo en 1991 tous les 3 jours. L’émission de dioxyde de soufre coïncidant avec des conditions climatiques inhabituelles provoqua un épais brouillard sulfuré qui se répandit à travers l’Europe occidentale, provoquant des milliers de morts durant 1783 et l’hiver 1784. Un nuage de poussière recouvrit les 2/3 de la France et se déposa en partie au sol. Les années qui ont suivi l’éruption du Laki en 1783 furent marquées par des phénomènes météo extrêmes, dont des sécheresses et des hivers très rigoureux, puisqu’on disait que le pain et la viande gelaient sur la table de la cuisine et les corbeaux en plein vol. On vit une accentuation du petit

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âge glaciaire. La ligne de grain orageux qui traversa la France du sud au nord, en été 1788, détruisit presque toutes les récoltes du pays. On pesa des grêlons de 10 livres (5 kgs). La situation des paysans fut si désespérée que la révolution éclata en 1789. Ces modifications climatiques et le volcan Laki ne sont peut-être pas seuls en cause, mais les historiens admettent que leur influence fut considérable dans les événements politiques qui mirent fin à la royauté. On estime que le nuage de cendre modifia le régime des moussons en Afrique, faisant baisser le niveau du Nil et l’irrigation de la plaine céréalière d’Egypte".

L'éruption de l'Eyjafjallajokul en Islande pourrait provoquer une autre éruption, plus importante, du volcan voisin Katla, créant ainsi un nouveau scénario catastrophe pour le transport aérien, avertissent les scientifiques.

Une éruption du Katla serait dix fois plus forte et éjecterait de plus grands panaches de cendres dans les airs. Il est situé à seulement 20 kilomètres de l'Eyjafjallajokul, dans le sud de l'île. Les deux volcans seraient reliés par un réseau de canaux de magma.

Le Katla est toutefois recouvert d'une couche de glace de 500 mètres d'épaisseur formée par le glacier Myrdalsjokull, l'un des plus grands d'Islande. Cela représente une quantité de glace plus de deux fois supérieure à celle du glacier de l'Eyjafjallajokul.

Le Katla se réveille habituellement tous les 80 ans environ. Il semble cette fois un peu en retard, sa dernière éruption remontant à 1918. Il ne présentait aucun signe d'activité mardi, selon les scientifiques qui le surveillent à l'aide de capteurs sismiques.

Les chercheurs restent toutefois sur leurs gardes. Une éruption volcanique peut provoquer l'explosion d'un volcan voisin, et par le passé ont le Katla et l'Eyjafjallajokul ont été actifs en même temps, souligne Pall Einarsson, professeur de géophysique à l'université d'Islande. Les trois dernières fois que l'Eyjafjallajokul est entré en éruption, le Katla a fait de même.

En cas d'éruption du Katla, des villageois vivant à proximité devraient être évacués rapidement pour échapper à des torrents d'eau fondue dévalant les pentes du volcan. A Vik, un village qui s'est retrouvé couvert de trois millimètres de cendres après l'éruption de l'Eyjafjallajokul, les 300 habitants auraient deux à trois heures pour gagner un abri si nécessaire. Mais dans d'autres zones autour de la montagne, les habitants auraient moins de 20 minutes pour évacuer, précise Svenn Palsson, le maire de Vik.

La couche de glace du Katla est une source de préoccupation car c'est le mélange d'eau froide fondue et de lave qui provoque des explosions et projette des cendres en haute altitude. Une éruption du volcan pourrait ainsi libérer un

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nuage de cendres qui pourrait ensuite dériver au-dessus de l'Europe et paralyser le trafic aérien.

LES TYPES D'ERUPTIONS

Les volcanologues distinguent six grands types d'éruptions. Ci-dessous vous avez les types d'éruptions par ordre d’intensité croissante. Un index de la puissance des éruptions volcaniques, le « VEI », (En anglais, « Volcanic Explosivity »), a été conçu par Chris Newhall de l'enquête des ETATS-UNIS et de l'Art de l'auto-portrait géologiques de Steve aux faits rapides environ : Université d'Hawaï en 1982. Cette echelle est multiplié par 10 quand on passe par exemple de VEI 1 à 2. Donc une éruption de VEI 8 est 10 millions de fois plus puissante qu'une éruption de VEI 1.

Le volume d'éjection, la taille de nuage de l'éruption,... sont les facteurs de la mesure du VEI. La balance s'étend de 0, pour des éruptions inexplosives (moins de 104 m3 de téphra éjecté), à 8, pour les éruptions explosives de très grande intensité qui peuvent éjecter jusqu'à 1012 m3 et une colonne de nuage de plus de 25 kilomètres de hauteur). Les valeurs plus haut que 8 pourraient être déterminées si nécessaires.

Les volcans à éruption "hawaïenne" ont la lave très fluide, elle jaillit en fontaines à des dizaines ou des centaines de mètres de haut, s'écoulent sur de longues distances, ou bouillonne dans un lac de lave. Le nom de ce type d'éruption vient des volcans des îles Hawaii. Les "volcans bouclier" qui les émettent ont une faible altitude comparée à leur diamètre (avec une pente de 5 %). Leur activité est effusive.

Comme volcan avec ce type d'éruption il y a le Mauna Loa, à Hawaii, qui repose au fond de l'océan à 5000 mètres de profondeur et sont cratère se trouve à 4171

mèters d' altitude au dessus de l'océan. C'est le plus haut volcan. Nous avons aussi le Kilauea à Hawaii, le Piton de la Fournaise à l'île de la Réunion, Le

Type hawaïen - VEI : de 0 à 1

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Les volcans stromboliens ont une alternance d'éruptions explosives et effusives (projections incandescences qui ne montent pas très haut dans le ciel, moins de 5 km et coulées de lave). Le nom de se type d'éruption vient du Stromboli (volcan

des îles Éoliennes en Itali e). Comme volcan strombolien on a le Mont Erebus sur l'île de Ross dans l'Antarctique, l'Oshima au Japon qui a connu sa dernière éruption en 1990, l'Etna situé sur la côte orientale de la Sicile, parfois le le Piton de la Fournaise à l'île de la Réunion...- Le magma de ces volcans est très visqueux. La lave des éruptions péléennes est dense et pâteuse. Elle se solidifie complètement au contact de l’air libre. Formant un bouchon très résistant à la sortie de la cheminée, les gaz sont emprisonnés dessous le poussent et le font monter, construisant lentement un dôme de lave. De gros nuages de gaz, de cendres et de blocs incandescents, baptisés nuées ardentes, s'échappent parfois des fissures du dôme et dévalent les pentes. Quand la pression est à sont maximum une explosion se produit, pulvérisant le dôme et laissant violament s'échapper la lave. Cette catégorie tire son nom de l'éruption de 1902-1904 de la Montagne Pelée, célèbre volcan de la Martinique. Comme volcan avec ce type d'éruption nous avons aussi le Lamington en Nouvelle-Guinée, le Puy de Dôme dans le Massif central, endormi depuis environ 11.000 ans, la Soufrière en Guadeloupe, parfois

le Vésuve en Italie du Sud...-

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Le type plinien

Ces éruptions sont les plus violentes. Le magma de ces volcans est épais et pâteux. Leurs éruptions se caractérisent par de très violentes explosions à cratère ouvert projetant un volumineux panache de cendres et de ponces (moins dense que l'air) à des altitudes de 10 à 20 km en forme de pin parasol (à distinguer de la nuée ardente). En atteignant l'atmosphère, les gaz enfermés dans le magma se dilatent et donnent naissance à des cendres blanchâtres. Ces éruptions sont moins fréquentes que les autres mais font beaucoup plus de dégâts et de victimes.

Le nom de ce type d'éruption vient de Pline7 le Jeune qui décrivit à Tacite une lettre sur l’éruption de Vésuve en 79 après J-C. Il convient de citer partiellement « 1. Tu me demandes de t'écrire la mort de mon oncle, afin que tu puisses la transmettre avec plus de vérité à tes descendants. Je t'en remercie, car je vois que sa gloire immortelle serait exposée par sa mort, si tu la faisais connaître.

2. Quoiqu'en effet il soit mort par l'anéantissement de la plus belle terre du monde, au même titre que des peuples et des villes, par un événement mémorable, puisqu'il nous vaincra toujours; quoique lui-même ait écrit des oeuvres nombreuses et durables, l'éternité de tes écrits ajoutera cependant beaucoup à sa pérennité.

3. Quant à moi, je pense que sont heureux les gens à qui il a été donné par la faveur des dieux soit de faire des choses à écrire soit d'écrire des choses à lire, et que sont les plus heureux les gens à qui ces deux facultés ont été données. Mon oncle, de par ses propres livres et les tiens, sera au nombre de ces derniers. Et pour cette raison, j'accepte plus volontiers, je réclame même l'ordre que tu me donnes.

4. Il était à Misène et dirigeait lui-même la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de septembre [le 24 août 79 après Jésus-Christ], ma mère me montre vers la septième heure [environ 13 heures] qu'il lui apparaît un nuage d'une grandeur et d'un aspect inhabituels.

5. Après son bain de soleil, après s'être rafraîchi, il avait pris une collation, allongé, et étudiait. Il réclame ses sandales, monte jusqu'au lieu d'où il pouvait observer au mieux ce phénomène. Un nuage montait (pour ceux qui l'observaient de loin, il était incertain de quelle montagne il venait; on sut par la suite qu'il provenait du Vésuve); et aucun autre arbre que le pin n'y ressemblait davantage à son image et à son aspect.

6. En effet, en s'élevant sous la forme d'un tronc très long, il s'élargissait dans les airs en rameaux, je crois, parce que, une fois emporté par un vent nouveau, ensuite abandonné par le vent qui s'affaiblissait, ou même vaincu par son propre poids, le nuage se dissipait en largeur, blanc de temps à autre, parfois sombre et sale, selon qu'il soulevait de la terre ou des cendres. »8

7 Voir les deux lettres de Plinus destinées à Tacitus 8 Lettre de Plinus à Tacitus

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Comme volcan à éruption plinien il y a le Mont Saint Helens aux USA qui a connut une éruption de se type en 1980, Le Santorin en Grèce, le Pinatubo aux

Philippines, la Montagne Pelée parfois,...-

Type plinien9 - VEI : de 4 à 8

Les types d'éruptions sous-marines Les types d'éruptions sous-marines sont classées en deux familles d’éruptions qui sont produit par la rencontre de l’eau et du magma. Le type surtseyen .Ce type d'éruption est un sous type d’éruption hawaïenne pour les éruptions sous-marines peu profondes. Ils sont particulièrement explosifs due au contact de l’eau et de la lave, formant une colonne riche en vapeur d'eau, des nuées horizontales et des nuées radiales. Des îles volcaniques naissent souvent après plusieurs éruptions surtseyennes.Le nom de ce type d’éruption vient du Surtsey au sud de l'Islande qui est entré en éruption en 1963. Comme volcavec ce type d'éruption il y a Ambrym, le Mont Saint-Loup à Cap d'Agde.

9 Voir la lettre de Plinus à Tacitus ANNAXE-I

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Type surtseyen - VEI : de 2 à 5 Les volcans de ce type sont constitué de lave très épaisse et très visqueuse bouchant la cheminée volcanique. Alors une explosion a lieu quand la pression est au maximum pulvérisant la lave qui jaillit dans le ciel. Jusqu'à une hauteur pouvant atteindre 25 km, des blocs de plusieurs tonnes à des cendres microscopiques, sont projetés par l’éruption. Souvent une énorme explosion fait sauter le cratère et crée une grande dépression où naît un nouveau système volcanique.Le nom de ce type provient d’un volcan italien, dans les îles éoliennes, appelé Vulcano. Comme volcan vulcanien il y a aussi le Fuego au Guatemala qui a connu sa dernière éruption en octobre 1974, le

Sakurajima au Japon... -

Type vulcanien - VEI : de 2 à 5

On sait que certaines éruptions de volcans islandais peuvent durer de quelques semaines à quelques mois, voire exceptionnellement une ou même deux années.

L’éruption islandaise la plus puissante et aussi la plus meurtrière a eu lieu au volcan Laki en 1783 lorsque 130 cratères se sont ouverts soudainement le long d’une longue fissure éruptive. Cette éruption initialement phréato-magmatique, qui a libéré un gigantesque volume de gaz volcaniques dans l’atmosphère dont le fameux SO2 ainsi qu’une quantité importante de fluor, a aussi affecté une grande partie de l’Europe du Nord durant les 8 mois qu’a duré l’activité.Elle a été suivie d’une famine, renforcée par un empoisonnement au fluor (HF), qui a causé la disparition de 20-25% de la population islandaise et la destruction d’une partie importante du cheptel. de L’activité spectaculaire la plus récente en Islande a eu lieu sur l’île d’Heimaey dans l’archipel des îles Vestmann. Elle a démarré le 22 janvier 1973 et a duré près de 6 mois avec des conséquences importantes sur l’importante activité de pêcherie de cet archipel.

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L’image montre trois cratères de 200 à 500 mètres de diamètre

L’unique éruption connue sous le glacier Eyjafjallajökull date de 1821 et a duré plus d’un an en causant d’importantes chutes de cendre. Elle a connu une phase d’arrêt suivie d’une reprise.

Un volcanologue islandais, le Dr Einarssonn, a déclaré qu’il était vraisemblable que l’éruption actuelle se poursuive durant quelques temps encore.

Toutefois, il arrive que certaines éruptions s’arrêtent soudainement, mais il est aussi possible que cette éruption se termine et reprenne sur un autre lieu.

Il a aussi signalé que l’éruption du volcan sous le glacier Eyjafjallajökull s’est déplacée du meilleur endroit possible pour une éruption, la seule zone dépourvue de glace, au pire endroit où la calotte de glace est la plus épaisse et où se situe le risque le plus élevé de démantèlement du glacier et de retombées de cendre. Par ailleurs, un déplacement de l’éruption vers le volcan Katla est

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toujours à crainte et pourrait, considérant l’imposant volume de ce volcan, être alors beaucoup plus catastrophique.

Suite à l'éruption de l'Eyjafjöll (au nom tellement "imprononçable" que seuls quelques rares journalistes ont donné son nom, préférant souvent parler du "volcan islandais") et à l'émission de panaches de poussières, le trafic aérien est fortement perturbé dans le Nord de l'Europe, les vents dominants étant alors d'Ouest. Revenons un peu sur le volcanisme islandais et sur les conséquences du volcanisme sous-glaciaire.

CONTEXTE ET HISTORIQUE DU VOLCAN EYJAFJÖLL

L'Islande est une île née d'un point chaud, comme l'ile de La Réunion, et située sur la dorsale atlantique. Son volcanisme est donc d'origine double : point chaud et dorsale. L'analyse des laves indique d'ailleurs cette interaction dorsale - point chaud en Islande. Ainsi, les laves sont-elles tholéitiques à alcalines. Certains empilements de coulées basaltiques mio-pliocènes sont épais de 500 m.

Figure 1. Carte géologique générale de l'Islande sur la dorsale atlantique

D'après : carte géologique du monde CCGM, 2000

Figure 2. Carte géologique du Sud de l'Islande

Le volcan Eyjafjöll est indiqué par une flèche rouge, il est situé sous un glacier, l'Eyjafjallajökull, et dans l'alignement des traits rouges de direction NE-SO qui indiquent les fissures émissives cartographiées.

D'après : Geologic map of Iceland, H. Johannesson et K. Saemundsson, 1989

Figure 3. Situation de l'Eyjafjöll dans le Sud de l'Islande

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Le point rouge indique l'Eyjafjöll, sous le glacier Eyjafjallajökull.

Sont aussi indiqués comme repères : Reykjavik, la capitale islandaise ; le Vatnajökull, le plus grand glacier islandais ; l'île de Surtsey, île volcanique apparue en 1963.

L'Eyjafjöll serait entré en éruption vers l'an 550, puis en 1612. Mais sa dernière éruption bien documentée à duré environ une année, du 19 décembre 1821 au 1er janvier 1823, avec des phases explosives assez intenses, surtout au début.

L'islande est équipée de nombreux sismographes pour la surveillance de ses volcans. Une reprise d'activité à l'aplomb de l'Eyjafjallajökull était enregistrée depuis plus de 15 ans. L'entrée en éruption de l'Eyjafjöll, le 14 avril 2010, bien qu'imprévisible en date et en heure, était donc attendue.

Figure 4. Panache de poussières lors de l'éruption du 14 avril 2010 de l'Eyjafjöll (Islande)

L'une des particularité des éruption islandaises, est le fait que certains volcans sont recouverts d'un glacier, tel le Grimsvtön "caché" sous le Vatnajökull. Lors des éruptions, tout ou partie du glacier fond et provoque des débacles importantes, appelées jökuhlhaup. Certaines vallées environnantes doivent alors être évacuées, des routes sont coupées.

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Une autre conséquence de la glace est l'infiltartion d'eau de fonte qui va rencontrer le magma (ou la lave à la surface). En surface, cela produit beaucoup de vapeur d'eau, mais un peu plus en profondeur, cette vaporisation provoque des explosions : c'est un cas particulier de phréatomagmatisme (rencontre entre un magma ascendant chaud et un nappe phréatique). Ces explosions provoquent l'éjection de morceaux d'encaissant et de morceaux de lave vite refroidis. À ces morceaux de roche, s'ajoutent des émissions d'acides (acides chlorhydrique, sulfurique, flourhydrique) propulsés avec la lave sous forme de panaches dont l'ampleur dépend de la force des explosions.

Pour les populations locales, la retombée de ces cendres volcaniques peut provoquer des gènes respiratoires contre lesquelles les autorités sanitaires mettent en garde les personnes les plus fragiles. Les retombées acides peuvent être dangereuses si elles sont "concentrées" car ces acides sont très corrosifs.

Une conséquence inhabituelle de cette éruption est la fermeture de l'espace aérien au-dessus d'un partie de l'Europe du fait de la présence de nuages de poussières, nuages poussés par les vents d'Ouest. Cette mesure est essentiellement une mesure de précaution, fondée sur de rares incidents enregistrés sur des avions lors de la traversée de nuages de cendres volcaniques : des réacteurs d'avions ayant connu des arrêts, heureusement momentanés, une structure de surveillance et de suivi des panaches éruptifs a alors été mise en place. Quelles peuvent être les conséquences de l'entrée de ces cendres volcaniques dans le réacteur d'un avion ? Baisse de la quantité d'oxygène disponible (comburant indispensable pour la combustion), obstructions et grippages mécaniques par les particules solides, abrasion - corrosion par les frottements des particules et l'attaque des acides...Notons aussi que la température dans la chambre de combustion peut dépasser les 1200°C, température largement suffissante pour envisager une fusion des particules solides de lave, puis leur expulsion vers l'arrière : un "colmatage" des turbines du réacteur par solidification de lave à l'arrière est peut-être envisageable, ou du moins la (re)formation de grains abrasifs endommageant turbine et échappement.

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Les planètes peuvent tourner autour de leur étoile en sens inverse de celui connu dans notre système solaire. Cette découverte surprenante, à laquelle a participé l’Observatoire de l’Université de Genève, remet en question la théorie de la formation des planètes.« Nous lançons une véritable bombe dans le champ des exoplanètes », lance Amaury Triaud, doctorant à l’Observatoire de Genève qui a conduit la partie la plus importante de la campagne d’observation avec Didier Queloz et Andrew Cameron. Ces résultats obligeront les scientifiques à réviser leurs théories concernant la formation des planètes.

Ces dernières se forment dans les disques de gaz et de poussière qui entourent les jeunes étoiles. Disque et étoile tournent simultanément autour du même axe. Les astronomes estimaient dès lors que les planètes générées dans le disque tournent toujours dans cette même direction autour de l’étoile, ce qui est le cas dans notre système solaire.

L’Islande, Au delà de ses récents problèmes économiques et des tracas provoqués par ses nuages de cendres, nous a livré, avec l’éruption du volcan Eyjafjöll, des trésors de beauté naturelle inimaginable. Le long de la côte, entre Reykjavik et Hvolsvollur, dernière ville accessible avant les barrages, à intervalles réguliers des dizaines d’islandais et touristes préparent instinctivement jumelles et appareils photo.

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Des instantanés sublimes du volcan et du paquet de nuages s’élevant dans le ciel, de la lave qui bat le chaud et le froid avec la glace, provoquent la fascination. Depuis une semaine, l’Islande nous rappelle que notre planète est bien vivante et propose à l’Homme d’admirer ces images magnifiques en écoutant les musiques envoûtantes de Björk, de Sigur Ros ou de Mùm. Le reste des européens ne peuvent que s’incliner face aux mille et une merveilles de cette île extraordinairement belle… et qui sera peut-être bientôt membre de l’UE.

Deux F-18 finlandais auraient été endommagés le jeudi 15 avril 2010 en traversant la zone de dispersion des cendres du volcan Eyjafjöll. Tandis qu’un F-16 belge, participant aux manoeuvres Brilliant Ardent 2010 de l’OTAN aurait été endommagé lundi 19 avril , indique Associated Press.

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Alors que le trafic aérien civil a été progressivement interrompu sur la partie européenne de la zone OTAN depuis la soirée du mercredi 14 avril, une soixantaine d’avions de l’Alliance participe à une vaste opération de tests de nouvelles armes tactiques. L’Allemagne, les Etats-Unis, la France, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni, la Tchéquie et la Turquie sont les principaux Etats impliqués dans l’exercice qui se poursuivra jusqu’au jeudi 22 avril, précise l’US Air Force.

Selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), les cendres volcaniques de l’Eyjafjöll peuvent gravement détériorer les réacteurs des avions.

Cependant, l’OACI se fonde sur les données transmise par le Volcanic Ash Advisory Centre (VACC), un organe du Met Office britannique. Contrairement à ses équivalents comme Météo France, le Met Office ne dépend pas du ministère des Transports (aujourd’hui absorbé au sein du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer), mais du ministère de la Défense.

Le VACC formule ses recommandations notamment au vu des données fournies par les satellites militaires britanniques.

Le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré : « Je peux vous assurer que le volcan islandais n’a aucun effet sur nos opérations, ni sur la défense territoriale des Etats alliés ». Pourtant les constructeurs soulignent que les réacteurs des avions de chasse aux normes OTAN sont plus fragiles que ceux des avions civils et ne sont pas certifiés contre les cendres volcaniques. Toutefois les avions sanitaires des forces US en Afghanistan et en Irak, qui font habituellement un pont aérien vers leur hôpital militaire à Stutgart (Allemagne) ont été déroutés vers le Maryland (Etats-Unis).

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Selon Arkady Tishkov, directeur du département géographique de l’Académie russe des sciences, et selon le commandant Oleg Smirnov, directeur de la Fondation de l’aviation civile russe, les mesures prises dans la zone OTAN sont inappropriées et sur-dimensionnées. Le président Medvedev, qui n’accorde aucun sérieux aux mises en garde du Met Office, a été le seul chef d’Etat à se rendre par avion aux obsèques du président polonais, le 18 avril (illustration : carte de la zone à risque établie par le VACC au moment du trajet de M. Medvedev).

La Russie n’a fermé aucun de ses aéroports bien que, selon le Met Office, la moitié de son territoire soit couverte par le nuage de cendres. Cependant, l’aéroport de l’enclave russe de Kalilingrad a été fermé parce que les espaces aériens mitoyens (Pologne et Lituanie) ont été fermés.

A partir du samedi 17, plusieurs compagnies d’aviation ouest-européennes ont bénéficié de dérogations pour conduire leurs propres tests et ont conclu à l’absence de danger (Lufthansa, Air Berlin, KLM, Air France…). Elles ont dénoncé une mesure précipitée de fermeture de l’espace aérien civil.

Ainsi, Joachim Hunold, pdg d’Air Berlin a déclaré au Bild am Sonntag : « Pas une seule sonde météo n’a été lancée en Allemagne pour mesurer si et dans quelles proportions il y a des cendres volcaniques dans l’air. La fermeture de l’espace aérien est entièrement basée sur les résultats de simulations par ordinateur du Volcanic Ash Advisory Centre (VAAC) ».

Ce que confirment les experts indépendants. Guido Visconti, directeur du Centre des phénomènes extrêmes à l’Université de l’Aquila a indiqué au Corriere della Sera : « Les valeurs mesurées en France, Allemagne, Pays-Bas, Suisse et Roumanie sont égales ou inférieures a celles des standards acceptés pour la pollution urbaine, même en ce qui concerne le dioxide de soufre ».

Les mesures prises après l’explosion du petit volcan islandais sont sans précédent dans l’histoire de l’aviation civile. Plus de 300 aéroports ont été fermés, plus de 60 000 vols ont été annulés au détriment de plus de 6 millions de passagers. Ces perturbations pourraient provoquer la faillite de plusieurs compagnies aériennes ouest-européennes, laissant leurs parts de marché à leurs rivales états-uniennes.

Dr Ali KILIC , Paris le 22 avril 2010

ANNEXE-I

• Récit de la mort de son oncle (Lettres, VI, 16)

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• Récit personnel de Pline le Jeune, qui raconte sa fuite et la terreur des autres gens (Lettres, VI, 20)

Lettres, VI, 16 [texte latin]

C. Pline écrit à son cher Tacite

1. Tu me demandes de t'écrire la mort de mon oncle, afin que tu puisses la transmettre avec plus de vérité à tes descendants. Je t'en remercie, car je vois que sa gloire immortelle serait exposée par sa mort, si tu la faisais connaître.

2. Quoiqu'en effet il soit mort par l'anéantissement de la plus belle terre du monde, au même titre que des peuples et des villes, par un événement mémorable, puisqu'il nous vaincra toujours; quoique lui-même ait écrit des oeuvres nombreuses et durables, l'éternité de tes écrits ajoutera cependant beaucoup à sa pérennité.

3. Quant à moi, je pense que sont heureux les gens à qui il a été donné par la faveur des dieux soit de faire des choses à écrire soit d'écrire des choses à lire, et que sont les plus heureux les gens à qui ces deux facultés ont été données. Mon oncle, de par ses propres livres et les tiens, sera au nombre de ces derniers. Et pour cette raison, j'accepte plus volontiers, je réclame même l'ordre que tu me donnes.

4. Il était à Misène et dirigeait lui-même la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de septembre [le 24 août 79 après Jésus-Christ], ma mère me montre vers la septième heure [environ 13 heures] qu'il lui apparaît un nuage d'une grandeur et d'un aspect inhabituels.

5. Après son bain de soleil, après s'être rafraîchi, il avait pris une collation, allongé, et étudiait. Il réclame ses sandales, monte jusqu'au lieu d'où il pouvait observer au mieux ce phénomène. Un nuage montait (pour ceux qui l'observaient de loin, il était incertain de quelle montagne il venait; on sut par la suite qu'il provenait du Vésuve); et aucun autre arbre que le pin n'y ressemblait davantage à son image et à son aspect.

6. En effet, en s'élevant sous la forme d'un tronc très long, il s'élargissait dans les airs en rameaux, je crois, parce que, une fois emporté par un vent nouveau, ensuite abandonné par le vent qui s'affaiblissait, ou même vaincu par son propre poids, le nuage se dissipait en largeur, blanc de temps à autre, parfois sombre et sale, selon qu'il soulevait de la terre ou des cendres.

7. Il parut bon à mon oncle que ce grand phénomène fût étudié de plus près, en homme très sage. Il ordonne d'affréter une chaloupe rapide; il me donne la possibilité de l'accompagner, si je le voulais; je lui répondis que je préférais étudier, et lui-même m'avait donné de quoi écrire.

8. Il sortit de la maison; il reçoit un billet de Rectina, la femme de Cascus, effrayée par le danger qui menace (en effet, sa demeure se trouvait sous le volcan, et la seule possibilité de fuite était la mer); elle le priait de l'arracher à une situation si critique.

9. Il change d'avis et affronte avec un très grand courage ce qu'il avait entrepris par goût de l'étude. Il déploie des quadrirèmes, monte lui-même, décidé à porter de l'aide non seulement à Rectina, mais encore à de nombreuses autres personnes (en effet, l'agrément du rivage faisait qu'il était fréquenté).

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10. Il presse vers l'endroit d'où d'autres fuient et tient un cap rectiligne, le gouvernail droit sur le danger, tellement détaché de la peur qu'il dicte et note toutes les phases et toutes les structures de cette catastrophe, dès qu'il les voit à l'oeil.

11. Déjà les cendres tombaient sur les bateaux; plus ils approchaient, plus elles devenaient chaudes et denses; déjà aussi c'étaient des pierres ponces et des cailloux noirs, carbonisés et brisés par le feu; déjà le fond de la mer semble se soulever et le rivage fait obstacle par les éboulis de la montagne. Après avoir hésité un peu s'il reviendrait, il dit à son pilote qui l'avait engagé à faire ainsi: "Courage! le destin nous aide, dirige-toi vers la villa de Pomponianus!"

12. Il était à Stabies, séparé de lui par la moitié du golfe (car le rivage revient sur lui-même de façon à former une courbe insensible que remplit la mer) [voir carte]; alors, bien que le danger ne s'approchât pas encore, pourtant on le voyait, et alors qu'il croissait, tout proche, Pomponianus embarqua ses bagages dans les navires, décidé à fuir, dès que le vent contraire serait tombé. Alors mon oncle le rejoignit par ce vent très favorable et embrassa Pomponianus qui tremblait, le console, l'encourage, et, pour apaiser la crainte de son ami avec son sang-froid, mon oncle demande d'être apporté au bain; lavé, il prend place à table, dîne joyeusement, ou, ce qui était tout aussi grand, feint de se réjouir.

13. Pendant ce temps, des flammes très larges et de gros incendies luisaient en plusieurs endroits du mont Vésuve; leur éclat et leur clarté étaient avivés par les ténèbres de la nuit. Lui répétait pour calmer leur effroi que c'étaient des feux abandonnés dans la frayeur par des paysans et que c'étaient des fermes désertées qui brûlaient dans la solitude. Alors, il se livra au repos et se reposa assurément d'un sommeil profond. De fait, ceux qui se trouvaient sur le seuil pouvaient entendre sa respiration qui était chez lui plus grave et plus sonore à cause de sa grande taille.

14. Mais la cour d'où l'on accédait à son appartement, s'élevait, déjà recouverte par de la cendre mêlée à des pierres ponces, si bien que, si son somme s'allongeait dans sa chambre, il ne pourrait plus sortir. Une fois réveillé, il sortit et se rendit vers Pomponianus et d'autres qui étaient de garde.

15. Ils délibèrent en commun s'ils doivent rester à l'abris des maisons ou aller à découvert; les bâtiments vacillaient en effet sous les tremblements fréquents et importants et semblaient partir et revenir, tantôt de-ci, tantôt de-là, comme ébranlés de leurs fondations.

16. En revanche en plein air on craignait la chute de pierres ponces, quoique légères et poreuses; mais pourtant la comparaison des dangers faisait choisir le dernier. Et auprès de lui [mon oncle] la raison vainquit la raison, auprès des autres gens, la peur vainquit la peur. On attacha des oreillers sur la tête avec des ceintures; ce fut leur protection contre ce qui tombait.

17. Déjà ailleurs c'était le jour, mais ici la nuit était plus noire et plus dense que toutes les nuits; et pourtant de nombreuses torches et diverses lumières l'atténuaient. On décida de se diriger vers le rivage et de regarder de près si la mer les accepterait déjà; mais jusqu'à présent, elle restait grosse et contraire.

18. Là, couché sur un drap étendu par terre, il réclama à plusieurs reprises de l'eau froide et en puisa. Ensuite, des flammes et l'odeur de soufre qui annonce les flammes mettent les autres en fuite et le font lever.

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19. S'appuyant sur deux petits esclaves, il se redressa et retomba aussitôt; selon moi, c'est à cause de sa respiration obstruée par une vapeur épaisse et à cause de sa trachée fermée, qui chez lui était par nature faible, étroite et sujette à des oppressions fréquentes. [crises d'asthme?]

20. Dès que le jour fut revenu (c'était le troisième depuis celui qu'il avait vu pour la dernière fois), on a retrouvé son corps intacte, en parfait état, et couvert des habits dont il était habillé; la position de son corps ressemblait plus à quelqu'un qui se repose qu'à un mort.

21. Pendant ce temps, j'étais à Misène, et ma mère... Mais pour ton enquête tu n'as rien voulu savoir d'autre que la mort de mon oncle. Donc je terminerai.

22. J'ajouterai une chose: je t'ai raconté tout ce à quoi j'ai pris part et que j'ai aussitôt entendu, lorsqu'on se rappelle plus que jamais de la vérité. Toi, tu citeras les extraits les plus importants; en effet, c'est une chose que d'écrire une lettre à un ami, c'en est une autre que d'écrire un récit historique pour tout le monde. Salut.

Lettres, VI, 20

C. Pline écrit à son cher Tacite

1. Tu dis qu'attiré par la lettre que je t'ai écrite au sujet de la mort de mon oncle, à toi qui me le réclamais, tu désirais apprendre non seulement la crainte mais encore le sort que moi j'ai supportés alors que j'étais resté à Misène (en effet, après avoir commencé, j'ai arrêté [voir plus haut la lettre précédente]);

bien que mon âme tremble à l'idée de se souvenir... je commencerai.

2. Une fois mon oncle parti, moi-même j'ai consacré mon temps restant à l'étude (en effet, j'étais resté dans ce dessein); bientôt ce fut le bain, le dîner, un sommeil troublé et court.

3. Pendant de nombreux jours un tremblement de terre avait précédé; il était peu effrayant, parce qu'en Campanie on en avait l'habitude. Mais cette nuit il avait déjà une telle puissance qu'on croyait non pas que tout était bouleversé, mais retourné.

4. Ma mère survint dans ma chambre; je me levais à mon tour, pour la réveiller si elle se rendormait. Nous nous rassîmes dans la cours de la maison, qui séparait la mer des bâtiments par un petit espace.

5. Je ne sais pas si je dois appeler cela sang-froid ou imprudence (je vivais en effet ma dix-huitième année): je demande un livre de Tite-Live et comme si j'étais en loisirs, je le lis, et même, dès que j'ai commencé, j'en tire des extraits. Voici qu'arrive un ami de mon oncle, qui était récemment venu d'Espagne. Lorsqu'il voit que ma mère et moi sommes assis, mais encore que je lis, il critique violemment son manque de réaction et mon insouciance. Ce n'est avec pas moins de zèle que moi je me replongeai dans mon livre.

6. C'était déjà la première heure du jour, et la lumière était encore hésitante et blafarde; déjà, alors que les bâtiments alentours étaient fortement agités, bien que dans un endroit ouvert, mais pourtant étroit, la crainte de la destruction était grande et certaine.

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7. Alors seulement il nous parut souhaitable de sortir de la ville; une foule suit, hébétée, et (dans la crainte on devient sage) on préfère suivre le conseil d'autrui plutôt que le sien, et la foule presse et pousse les fuyards dans son immense marche.

8. Une fois sortis de la zone construite, nous nous arrêtons. Nous sommes victimes de nombreuses surprises, de nombreuses terreurs. En effet les chariots que nous avions ordonné d'amener étaient bousculés dans des directions contraires, bien que l'on fût dans un espace très plat, et même calés avec des pierres ils ne restaient pas dans les mêmes traces.

9. Ensuite, nous voyions la mer s'absorber en elle-même et pour ainsi dire repoussée par le tremblement de terre. Le rivage s'était sans doute avancé et retenait prisonnier de nombreux animaux marins sur les sables secs. De l'autre côté un nuage noir et terrifiant s'ouvrait en de longues formes de flammes, rompu par les allées et venues tordues et oscillantes du souffle de feu; ces dernières étaient à la fois semblables et plus grandes que des coups de foudre.

10. Mais alors, le même ami d'Espagne dit, plus vivement et plus instamment: "Si ton frère, si ton oncle vit, il veut que vous soyez saufs. S'il a péri, il a voulu que tu lui survives. Ainsi donc, pourquoi tardez-vous à vous échapper?" Nous lui répondîmes que nous ne nous rendrions pas coupables de nous préoccuper de notre salut alors que nous ne savions rien du sien.

11. Ne s'attardant pas plus, il se précipite et s'éloigne du danger par une course immodérée. Peu après, le nuage descendit sur les terres et couvrit la mer; il avait entouré Capri et l'avait cachée, il avait dérobé à la vue la partie en saillie du cap de Misène.

12. Alors à ma mère de me prier, de m'exhorter, de m'ordonner que je fuie par quelque moyen que ce soit; en effet, un jeune homme le pouvait, et elle mourrait volontiers, alourdie par les années et sa corpulence, si elle n'était pas la cause de ma mort. Moi, je lui répondis au contraire que je ne me sauverais qu'avec elle. Lui ayant ensuite saisi sa main, je la force à allonger le pas.

13. Elle obéit avec peine et s'accuse de me retarder. A l'instant, des cendres, jusque-là pourtant rares. Je me retourne: un nuage sombre et dense nous menaçait par derrière, qui nous suivait à la manière d'un torrent répandu sur le sol. "Faisons un détour", dis-je, "tant que nous y voyons, pour éviter d'être renversés et piétinés dans la nuit par la foule des fuyards."

14. A peine nous étions-nous assis que ce fut la nuit, non comme une nuit sans lune ou nuageuse, mais comme dans un espace clos, toutes lumières éteintes. Tu aurais pu entendre les cris perçants des femmes, les appels au secours des enfants, les cris des hommes; les uns recherchaient en criant des parents, d'autres leurs enfants, d'autres encore leur conjoint, et tentaient de les reconnaître à la voix;

15. Certains s'affligeaient de leur propre malheur, d'autres de celui des leurs; il y en avait qui suppliaient la mort par crainte de la mort; beaucoup levaient leurs mains aux dieux; plusieurs expliquaient qu'il n'y avait déjà plus de dieux nulle part et que cette nuit serait éternelle et serait la dernière du monde. Il ne manquait pas de gens pour augmenter les dangers réels par des terreurs fictives et mensongères. Etaient présents des gens qui annonçaient qu'à Misène tel bâtiment s'était écroulé, tel autre était la proie des flammes; c'était faux, mais il ne manquait pas de gens pour y croire.

Page 31: SUR LES ERUPTIONS VOLCANIQUES EN ISLANDE

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16. Ça brillait un peu à nouveau, mais pas comme le jour, comme l'annonce d'un feu qui approche. Et du moins le feu ne s'avança pas particulièrement loin; de nouveau ce furent les ténèbres, de nouveau ce furent les cendres, abondantes et lourdes. Nous levant sans cesse, nous nous secouions pour les faire tomber; sans quoi nous serions recouverts et même écrasés sous leur poids.

17. Je pourrais me vanter de n'avoir pas fait sortir un gémissement, une parole peu courageuse au milieu de tels dangers, si je n'avais pas cru en consolation misérable de la condition de mortel, grande consolation pourtant, que je périssais avec tout, que tout périssait avec moi.

18. Enfin, ce nuage, pour ainsi dire affaibli en fumée ou en brouillard, disparut; ce fut bientôt le jour véritable; même le soleil se mit à briller, jaune pourtant, comme il est d'habitude lors d'une éclipse. Tout à nos yeux en désarroi se présentait transformé et recouvert d'une profonde couche de cendres, comme de la neige.

19. Revenus à Misène, après s'être réconforté vaille que vaille, nous passâmes une nuit incertaine et indécise, entre l'espoir et la crainte. La crainte prévalait; en effet, même le tremblement de terre continuait, et la plupart, rendus fous par des présages terrifiants, se moquaient de leur maux et de ceux d'autrui.

20. Pourtant, nous ne prîmes pas même la décision de partir, bien que nous connussions le danger et que nous l'attendissions, avant d'avoir des nouvelles de mon oncle.

Voici des faits nullement dignes de l'histoire; tu les liras sans avoir l'intention de les écrire et tu t'en prendras assurément à toi, qui me l'as demandé, puisque ces événements ne sont même pas dignes d'une lettre. Salut.