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HISTORIQUE ET ARCH

L'ÉGLISE NOTREARCHIVISTE DES BASSES

IMPRIMERIE

NOTICE

HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE SUR

ÉGLISE NOTRE DAME DE LESCARPAR

M. LANORE ARCHIVISTE DES BASSES-PYRÉNÉES CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

PAU IMPRIMERIE -STÉRÉOTYPIE GARET, RUE DES CORDEliERS, II t

J. EMPÉRAUGER, IMPRIMEUR 1905

1

DAME DE LESCAR

CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

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NOTICE HISTORIQUE ET ARCHEOLOGIQUE SUR L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE LESCAR1 I

Nous sommes assez mal renseignés sur l'histoire de la construction et des remaniements successifs de la cathédrale de Lescar.

En effet, outre que le sud-ouest de la France est d'une extrême indigence en fait de sources narratives du moyen âge, les événements ont réduit à peu de chose les anciens fonds d'archives du Chapitre et de l'Évêché, ainsi que ceux des notaires de Lescar.

Les archives ecclésiastiques de Lescar furent dispersées une première fois pendant les troubles de la fin du XVIe siècle.

Après la restauration du culte, qui n'eut lieu dans cette ville qu'en 1610, on s'occupa de réunir les titres épars du Chapitre ; on y travaillait encore en 16432. Marca, lorsqu'il écrivit son Histoire de Béarn, eut à sa disposition le Cartulaire-notice de la cathédrale, aujourd'hui perdu 3 ; Oïhénart le connut aussi 4.

On a pensé que ce manuscrit avait disparu dans l'incendie qui anéantit, le 23 janvier 1787, les papiers de l'Hôtel de Ville de Lescar; mais ni les archives du Chapitre ni celles de l'Évêché ne durent souffrir du feu, leur place n'étant pas à l'Hôtel de Ville.

D'ailleurs une délibération du Conseil de ville, tenu le lendemain de l'incendie, nous apprend que les documents détruits étaient des actes notariés très anciens, les registres et les titres de la communauté et les archives de l'hôpital5.

A l'époque révolutionnaire, on s'occupa de la conservation des archives ecclésiastiques de Lescar.

Dans sa séance du 4 août 1791, le Directoire du département des Basses-Pyrénées commit les sieurs Castaing-Foix et Costedoat fils, de Lescar, pour procéder « à la reconnoissance et levée des scellés apposés sur les titres et papiers des ci devant évêché et chapitre de Lescar [et] à l'inventaire d'iceux 6 ».

Le 24 décembre suivant, la même assemblée prit un arrêté ordonnant de réunir au secrétariat général du département « tous les cartulaires, censiers, procès verbaux et autres titres dépendans des ci devant chapitres et évêchés de Lescar, Oloron et Bayonne »; trois jours après, le procureur Syndic du district de Pau écrit que tous les documents « dépendans du ci devant évêché de Lescar sont sous le scellé, qui a été posé d'autorité du Directoire du département » ; Néron, archiviste, était occupé à en dresser l'inventaire7. Leur conservation paraissait assurée.

Cependant il est peu probable qu'on les ait alors centralisés totalement à Pau, car les fonds de l’Evêché et du Chapitre de Lescar, aux Archives départementales, sont assez maigres. Peut-être restèrent-ils en partie chez Néron et ses héritiers; peut-être furent-ils brûlés, comme le veut une tradition locale, par le premier bataillon des Hautes-Pyrénées, en janvier 1793 8.

L'historien de la cathédrale de Lescar doit se contenter des fragments du Cartulaire conservés par Marca, des récits des guerres religieuses en Béarn et de quelques rares documents d'archives des XIII e, XVIe, XVII e et XVIII e siècles.

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HISTORIQUE

Lescar, aujourd'hui simple chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau, fut, jusqu'à la

Révolution, l'un des centres les plus importants du Béarn et le siège d'un évêché suffragant d'Auch. L'église Notre-Dame, qui domine encore la ville haute, en était la cathédrale. La question des origines de ce siège épiscopal est mal élucidée ; elle se ramène au problème,

souvent abordé mais jamais résolu, de l'identification de Beneharnum. On sait que Y Itinéraire d'Antonin (III e siècle) mentionne en Novem populanie, non loin

d'Illuro (Oloron) et A'Aquœ- Tarbellicce (Dax), un lieu du nom de Beneharnum (ou Benearnum suivant les manuscrits) 9.

C'était la capitale d'une civitas : la CivitasBenarnensium figure dans la Notifia provinciarum (ve siècle)10.

Ce fut conséquemment le siège d'un évêché. « Galactorius, epis-copus de Benarno », assiste au concile d'Agde de 506; Savinus souscrit comme « episcopus ecclesiae Benarnensium » au concile de Maçon de 585 ; Salvius, au concile de Bordeaux de 673-675, signe « Benarnensis urbis episcopus11 ».

On peut se demander si ce nom de Beneharnum 12 ne désignait pas une circonscription (civitas) ou une région, plutôt qu'une localité proprement dite (urbs ou castrum).

Mais l'existence d'une ville de ce nom n'est pas douteuse. Si l'expression « Benarnensis urbis episcopus » n'est pas tout à fait décisive à cet égard, la

mention de l'Itinéraire d'Antonin, qui indique habituellement des points déterminés et non des régions, et surtout un passage de Grégoire de Tours, ne peuvent laisser subsister aucune incertitude.

Grégoire, au livre IX de son Historia Francorum, parle deux fois du lieu qui nous occupe : dans le texte du traité d'Andelot, il s'agit de la civitas 13 ; mais, un peu plus haut, il parle de la ville ; il rapporte qu'Ennodius, qui administrait le duché des villes de Tours et de Poitiers, reçut en outre le gouvernement des villes d'Aire et de Benarna : « Adhuc et Vici Juliensis atque Benarnce urbium principatum accipit14. »

On ne connaît pas de mention de la ville de Beneharnum postérieure à la date du concile de Bordeaux (673-675), car l'expression « episcôpus Viernensis », qui se rencontre dans la deuxième moitié du XIe siècle, signifie seulement évêque de Béarn15.

On en conclut avec vraisemblance que la ville disparut au cours de quelque invasion, postérieure au troisième quart du VIIe siècle : Sarrazins ou plus probablement Normands.

En effet, les hordes d'Abdérame, qui dévastèrent en 732 le sud-ouest de la Gaule, ne firent que passer.

Au contraire, les incursions répétées et quasi-périodiques des Normands troublèrent de façon profonde et durable la vie religieuse en Gascogne, comme le prouvent les lacunes que présentent toutes les séries épiscopales des diocèses de l’extrême sud-ouest pour la période qui s'étend du début du IXe à la deuxième moitié du Xe siècle16.

L'anarchie religieuse semble avoir abouti alors à la constitution d'un évêché composite, dont le titulaire, qui portait le nom d'évêque de Gascogne, administra un vaste diocèse embrassant les territoires de ceux de Dax, Aire, Bayonne, Lescar, Oloron et, pendant un temps, Bazas.

Trois évêques de Gascogne sont bien connus : Gombaud, Arsias Raca et Raymond le Vieux17. Cette situation, éminemment anti-canonique, ne prit fin qu'en 1058, année où Raymond le

Vieux fut déposé par Nicolas II, qui le maintint seulement, et pour le temporel, sur le siège de Lescar, lui laissant la faculté d'appeler tel évêque du voisinage qu'il lui conviendrait, pour le suppléer dans ses fonctions épiscopales.

Vers 1060, Raymond porta son choix sur Grégoire, abbé de Saint-Sever18. Voici donc qu'apparaît le nom de Lescar, siège d’un évêché, tandis qu'il n'est plus question de

la ville de Benéharnum.

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Quel lien rattache Beneharnum à Lescar ? Beneharnum, pas plus qu'Eauze, ne survécu aux invasions normandes. Mais tandis que le siège d'Eauze définitivement aboli, était réuni à celui d'Auch, il semble que

celui de Beneharnum ait seulement changé de nom. C'est donc avec raison que la tradition de l'église de Lescar plaçait en tête de la série de ses

évêques ceux de Beneharnum et célébrait leur office. Est-ce à dire que la ville de Lescar soit sur l'emplacement de l'antique Beneharnum, de la

Benarna du VIe et de l'urbs Benarnensis du VIIe siècle? La question, malgré bien des polémiques, n'est pas encore résolue. Elle ne pourra l'être qu'après qu'on aura établi, d'une façon vraiment scientifique, le réseau des

voies antiques dans la région, et qu'on y aura opéré des fouilles méthodiques et en assez grand nombre. Ce qu'on peut dire pour le moment, c'est que, d'après la nature et le nombre des vestiges

antiques trouvés à Lescar et dans ses environs19, il ne paraît pas que l'agglomération d'habitants qu'il pouvait y avoir en ce coin de Novempopulanie, à l'époque gallo-romaine, fût spécialement importante, comme il semble que dut l'être la ville de Beneharnum, capitale d'une civitas et située à la jonction de deux voies, dont l'une très passagère.

En outre, la distance entre Aquae Tarbellicae et Beneharnum, telle que l'indique l'Itinéraire d'Antonin, est loin de concorder avec celle qui sépare Dax de Lescar ; il s'en faut de quinze mille pas20. Si donc la superposition des deux diocèses ne peut faire de doute, l'identification des deux localités reste discutable.

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A quelle époque nous est-il donné de constater, pour la première fois, l'existence d'une cathédrale à Lescar?

Le Cartulaire raconte qu'un chevalier de la cour de Guillaume Sanche, comte de Gascogne, nommé Loup Fort, après avoir tué par ordre de son seigneur un vicomte de Gascogne, se retira pour faire pénitence, sur les conseils du comte et de l'évêque Assiatraca (Arsias Raca), «incivitatem quae dicitur Lascurris».

Il n'y trouva qu'une forêt et une petite église dédiée à saint Jean-Baptiste, l'ancienne cathédrale Notre-Dame ayant été détruite : « Et ibi non invenit nisi silvam, et ecclesiolam B. Joannis Baptistâe, et B. Maria, quas fuit sedes, erat destructa. » Loup se fit moine dans ce lieu.

Le comte et sa femme dotèrent richement le nouveau monastère21. Ces événements se passaient à l'extrême fin du Xe siècle 22. D'après ce texte, il y aurait donc eu à Lescar, dès avant la fin du Xe siècle, une cathédrale qui

était détruite à cette époque. Malgré les allures suspectes de ce récit, je crois qu'on peut y ajouter foi dans une assez large

mesure. D'abord un texte indépendant de celui-ci, et qui n'est postérieur aux événements que d'une

quarantaine d'années, les actes du concile de Limoges de 1031, semble en confirmer le fond. Un des assistants raconta en plein concile l'aventure d'un chevalier gascon qui, par l'ordre du

duc Sanche, tua son seigneur, et, sur le conseil de son évêque, se rendit auprès du Pape pour lui demander une pénitence ; malheureusement les actes du concile sont incomplets, la fin du récit manque23.

D'autre part, un détail, dans le récit du Cartulaire, est fait pour nous donner confiance ; je veux parler de la mention de cette ecclesiola B. Joannis Baptistce, qui avait survécu à l'ancienne cathédrale. Il est impossible de ne pas reconnaître, dans ce petit édifice dédié à saint Jean-Baptiste, le baptistère de l'église détruite ; isolé sans doute, suivant l'usage constant des premiers siècles, il put n'être pas entraîné dans la ruine de l'église dont il dépendait24.

Ce petit détail très caractéristique me paraît de ceux qu'on n'invente pas. On peut donc croire qu'il y eut à Lescar, avant la fin du Xe siècle, une église d'une certaine

importance dont la destruction devait remonter à un demi-siècle au moins, puisqu'une végétation dense en avait envahi l'emplacement et les alentours.

Était-ce vraiment une cathédrale, sedes 25, comme dit le Cartulaire? Bien qu'il soit difficile, dans l'état fragmentaire où ce texte nous est parvenu, de déterminer

d'une façon précise l'époque de sa rédaction, on ne peut douter qu'il ne soit assez postérieur aux événements précités.

Il peut donc se faire que le choix du mot sedes ait été dicté par l'idée préconçue d'une filiation entre Beneharnum et Lescar.

Cependant le fait de l'existence d'un baptistère près de l'église détruite, s'il ne suffit pas à prouver qu'elle eut rang de cathédrale, crée une présomption en, ce sens.

II faudrait voir alors, dans cette cathédrale, soit celle de l'antique Beneharnum, si du moins l'hypothèse de son identification avec Lescar est juste, soit, plus probablement, un monument élevé postérieurement à la ruine de Beneharnum, au cours de quelque essai de restauration du siège tenté entre deux invasions normandes, et détruit par un retour des envahisseurs.

Rien ne subsiste aujourd'hui ni de ce monument ni même de l'église édifiée par Loup Fort et Guillaume Sanche.

Cette dernière n'eut pas aussitôt rang de cathédrale ; c'était simplement la chapelle de la petite communauté de moines dont Loup était abbé ; elle était dédiée à la Vierge26.

Elle ne fut vraisemblablement érigée en cathédrale qu'après la reconstitution du diocèse, qui eut lieu en 1058.

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Le Cartulaire de Lescar nous permet de déterminer approximativement la date de la consécration, ou plutôt d'une consécration, de l'église Notre-Dame de Lescar. Bernard Tumapaler, comte de Gascogne, Garsie Arnaud, vicomte de Dax, et Od Guilhem, viguier de Salies, firent une donation à l'église le jour de sa consécration : « Casai de Salies dédit B. Tumapaler, cornes Gaseonise, et vicecomes Aquensis, Garsie Arnald, et Od Guilem, vicarius de Salies, unusquisque suum censum quod habebat relin-quensin consecratione Beatae Marias, propter illorum animas 27. »

Or, Bernard Tumapaler, comte d'Armagnac, devint duc ou comte de Gascogne en 1040, céda son duché en 1052 à son oncle Guy-Geoffroy, duc d'Aquitaine, le recouvra à la fin de 1061 ou au début de 1062 et le perdit peu après définitivement28.

C'est donc soit entre 1040 et 1052, soit vers 1062, que se place la Consécration de l'église. La mention des deux autres personnages ne nous fournit pas d'autre élément de précision 29. Mais nous avons vu qu'à partir de 1058 le diocèse de Lescar n'est plus un simple canton du

vaste diocèse de Gascogne ; il reprend son individualité, il est administré par un évêque spécial. Je crois plus vraisemblable de placer la consécration de l'église vers 1062, c'est-à-dire environ quatre ans après la restauration du siège, que dix ou quinze ans auparavant.

Peut-être l'église de Lescar venait-elle alors d'être reconstruite, tout entière ou en partie, pour être plus en rapport avec sa nouvelle dignité ; peut-être s'agit-il simplement de la consécration, en tant que cathédrale, de l'édifice qui existait précédemment.

En 1101, il y avait déjà, depuis un certain temps, des chanoines attachés à l'église de Lescar30 ; il est donc très probable que, lorsque l'église Notre-Dame devint ou redevint cathédrale, l'ordre, monastique y fut remplacé par l'ordre canonique.

Le relâchement s'étant introduit parmi les chanoines, l'évêque Sanche, avec le concours de Gaston, vicomte de Béarn, et de sa femme Talèse, réorganisa le Chapitre en 1101 et le soumit à la règle de Saint-Augustin31

En même temps il le dota très richement. Le jour de Pâques de cette année, le vicomte confia aux nouveaux chanoines, à perpétuité, la

direction de la maladrerie qu'il avait fondée à Lescar à son retour de la Terre sainte ; en 1102, il donna au Chapitre le péage d'un pont sur le Gave et beaucoup d'autres droits utiles32.

Une bulle de Pascal II, du 5 juin 1115, confirma l'établissement des chanoines réguliers et les donations faites à l'église à cette occasion 33.

Si j'insiste sur ce point, c'est qu'il me paraît certain que la réorganisation du Chapitre et l'afflux de ressources qui s'en suivit amenèrent une reconstruction de l'église.

Le monument actuel, dans ses parties les plus anciennes, remonte vraisemblablement à la fin du premier ou au deuxième quart du XIIe siècle, disons à 1125-1135 environ.

L'évêque de Lescar était à cette époque le célèbre Gui (1115-1141), qui fit paver en mosaïque le chœur34 de la nouvelle église.

Cette mosaïque subsiste encore en partie, avec les restes d'une inscription où ce prélat est désigné comme ayant commandé le pavement : Do[m]inus Gui[do, e]piscopus La[scurr]en-sis, [ho]c fie[ri juss]it pav[imentum].

Il nous faut maintenant descendre jusqu'au milieu du XIII e siècle pour rencontrer un renseignement, d'ailleurs peu explicite, sur la cathédrale.

On lit dans un règlement de paix conclu entre Ossalois et Lescariens, le 13 juin 1243, que les premiers, en cas de nécessité pressante, pourront se réfugier « en la ciutat de Lescar et en los castegs de l'avesque et de la glie 35 ».

On a parfois traduit casteg par tour 36. Le sens de ce mot est moins spécial ; il signifie fort, enceinte fortifiée.

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On doit en conclure soit que la cathédrale était fortifiée, soit qu'elle faisait partie d'un ensemble fortifié, comprenant par exemple l'église, le cloître et les maisons des chanoines, le tout entouré de remparts37.

A l'abri de ces remparts se déroulaient des scènes qui n'étaient pas toujours édifiantes. En 1235, les chanoines de Lescar furent accusés, en cour de Rome, d'employer les biens de l'église à doter les filles de leurs concubines ; leur évêque, intrus et simoniaque, ne se trouvait pas le droit de sévir. Grégoire IX, par une bulle en date du 18 décembre 1235, confia à l'abbé de Saint-Sever (diocèse d'Aire), et aux archidiacres de Lavedan et de Bazillaguès (diocèse de Tarbes), le soin d'enquêter sur ces faits38.

Une bulle de Paul III, du 15 avril 1537, fait allusion à d'importants travaux exécutés dans la cathédrale par les comtes de Foix, vicomtes de Béarn ; on y lit que, lorsqu'elle menaçait ruine, les princes et les comtes de Foix, dont plusieurs avaient voulu y être ensevelis, l'avaient relevée39.

Cette tradition, que des textes aujourd'hui perdus venaient peut-être appuyer, n'offre rien que de vraisemblable.

C'est à Gaston Phœbus tout particulièrement qu'on attribua ces travaux. On sait que ce prince est devenu, de par l'imagination populaire, le père d'assez nombreux édifices de la région pyrénéenne, comme Foulque Nerra pour la région angevine et Charlemagne pour une partie de la chrétienté40.

Il est vrai que Gaston de Foix fut un grand bâtisseur ; il est fort possible qu'il ait restauré la cathédrale de Lescar, où une pierre, sur la façade du XVIIe siècle, montrait son nom.

On lit à ce sujet, dans un placet présenté en 1688 par les jurats de Lescar, à l'effet d'obtenir que leur ville fût choisie pour l'érection d'une statue de Louis XIV : « Gaston de Foix, surnommé Phœbus, qui régna dans la province depuis 1364 jusqu'en 1390, réforma la bâtisse de la cathédrale et la mit .en l'état qu'elle se void aujourd'huy, comme fait foy l'inscription en langue béarnoise et lettre gotique qui est sur une pierre en œuvre, au frontispice de la grande porte, du côté gauche en entrant41 .

L'intendant Le Bret, dans son Mémoire sur le Béarn, précise ce dernier renseignement, en nous disant que le nom et les armes de Gaston Phœbus « sont sur la porte de cette églize comme sur celle du château de Pau », où on lisait, d'après le même, Phebus me fe 42

Ces mots peuvent d'ailleurs désigner tout aussi bien François Phœbus (+ 1483) que Gaston. En outre, l'inscription pouvait ne se rapporter qu'à la façade, non à toute l'église. Comme la façade dont il est question dans ces textes ne datait que du XVIIe siècle (et c'était

peut-être la seconde depuis François Phœbus, comme nous allons le voir), la pierre portant cette inscription en « lettre gotique » provenait évidemment d'une façade antérieure.

Quoi qu'il en soit, nous verrons que l'église fut l'objet de remaniements considérables entre le XIII e et le XVe siècle inclus, et que, si le style du XIVe siècle ne s'y rencontre clairement nulle part, celui de la fin du XVe apparaît dans quelques fenêtres.

Mentionnons, pour être complet, quelques legs faits à la cathédrale pendant cette période. En 1310, Constance, vicomtesse de Marsan, lègue par testament 1000 sols à la cathédrale de Lescar; en 1318, Marguerite, vicomtesse de Béarn, laisse 500 sols à la cathédrale et 10 livres à la fabrique; en 1426, Isabelle, comtesse de Foix, laisse 25 florins à la cathédrale par testament43. La bulle du 15 avril 1537, dont nous avons parlé plus haut, avait pour objet la sécularisation du Chapitre.

On y voit que, d'après leurs statuts, qui remontaient à Tannée 1401, les chanoines devaient être nobles ou gradués et avaient charge de veiller à la garde du corps de saint Galactoire.

Ils étaient au nombre de quatorze, portant l'habit, la haste en lin, le rochet et le surplis de l'ordre de Saint-Augustin, et vivant jour et nuit dans les cloîtres.

Mais depuis longtemps ils n'avaient plus de régulier que l'habit.

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En vertu de la nouvelle bulle, ils ne seraient plus regardés comme réguliers, mais pourraient se conformer en tout à la façon de vivre des chanoines séculiers de l'église métropolitaine de Toulouse et des autres cathédrales 44,

Peu après cette date, on entreprit dans l'église Notre-Dame d'importants ouvrages. Le portail fut restauré au milieu du XVIe siècle. En 1561, le clergé du Béarn ayant demandé une décharge sur l'imposition fixée pour la réparation

des églises, les Etats s'y opposèrent en raison des abus que pouvaient amener les exemptions et dont on avait eu un récent exemple : « Quand le Chapitre de Lescar fit réparer le portail de ladite église de Lescar, de quoi il peut y avoir dix ou onze ans, il obtint aussi d'être exempté de contribuer aux dites réparations, pendant un laps de huit ans ; lequel portail, marché conclu, ne coûtait que 2000 écus, et, par ce moyen, ledit Chapitre gagna 10.000 écus et plus45. »

Ce texte est intéressant : il nous signale une restauration du portail vers 1549-1551, restauration qui, vu le chiffre qu'elle coûta, fut certainement une reconstruction ; il nous montre ensuite le Chapitre réalisant un bénéfice de plus de dix mille écus, économie qui lui permit sans doute d'entreprendre et de mener à bien divers travaux qui ont laissé des traces dans la cathédrale.

La sacristie accolée au chevet, entre l'abside et l'absidiole nord, présente tous les caractères du gothique finissant; or, dans une transaction passée le 31 août 1554 entre le Chapitre de Lescar et l'abbé de Louey, on trouve la mention : « In sacristia nova ecclesiae Lascurrensis 46. »

II est naturel de conclure, du rapprochement de ces divers faits, que la sacristie de la fin du gothique, que l'on voit au nord-est de l'église, est celle-là même qui est appelée sacristie nouvelle en 1554 et que sa construction fut facilitée par les bénéfices réalisés alors.

D'ailleurs, en l'année 1550, les revenus des prébendes canoniales étaient assez considérables pour permettre la création d'une nouvelle prébende, qui fut à la présentation du roi de Navarre47.

Quelques fenêtres des bas-côtés et la fenêtre centrale de l'abside semblent également avoir été remaniées au XVIe siècle ; enfin une petite porte, que l'on voyait encore en 1859 à la façade sud, paraît de la même époque.

Ces divers travaux furent sans doute exécutés, comme le portail, sous l’épiscopat de Jacques de Foix (1532-1553). Peut-être épuisèrent-ils les ressources du Chapitre ; car, dans le compte des recettes et dépenses du domaine de Béarn pour l'exercice 1558-1559, figure la mention d'une aumône de 11 florins 1 sol aux chanoines de Lescar48.

Ceux-ci n'allaient pas tarder à connaître des temps plus difficiles encore. Dès 1555, la Réforme comptait en Béarn des adeptes et des propagateurs en assez grand

nombre. La reine Jeanne d'Albret ne tarda pas à manifester sa sympathie pour les idées nouvelles ; mais

ce ne fut qu'après la mort d'Antoine de Bourbon (17 septembre 1562) qu'elle s'employa de toute son activité à répandre parmi ses sujets la doctrine réformée et à remplacer dans les églises la messe par le prêche.

Le 20 janvier 1563, Calvin, écrivait à Jeanne : « Seulement je diray ce mot, Madame, que vostre plus aisé sera de commencer aux lieux qui seront les plus difficiles pour estre les plus apparens, et, si vous en avez gaigné un. il tirera après soy plus longue queue49. » Lescar et Pau étant les deux endroits «les plus apparens » du Béarn, ce fut par ces deux villes que commença la Reine.

Les « images » de Saint-Martin de Pau furent détruites le 4 avril 1563. Un peu plus de trois mois après, le 23 juillet, le ministre Jean-Raymond Merlin, que Jeanne

avait fait venir de Genève pour organiser la réforme religieuse en Béarn60, écrivait de Pau à Calvin : « Ce dimanche dernier passé [18 juillet], la royne, aïant entendu qu'en sa ville de L'Esca on faisoit la cène, se délibéra d'y aller.

Elle envoya un jour ou deux devant qu'on otast les idoles du temple, ce qui fut faict, non sans difficulté51 »

9

Nicolas de Bordenave, ministre à Nay et historiographe officiel de la reine Jeanne, écrit de son côté :

« Elle fit aussi abattre les images de l'église cathédrale de Lesca et de la parochiale de Pau, et fit faire le mesmes quelque teins après par toutes les principales villes du pais... Le bruit de cest abatte-ment d'images et autels fut soudain espandu partout. Le roy de France et la Royne, sa mère, en firent de grands reproches à ceste Princesse, et le cardinal d'Armaignac... lui escrivit52. »

Nous avons le texte de la lettre du cardinal d'Armagnac, inquisiteur en Béarn et Navarre, à la reine Jeanne.

Elle est datée du 18 août 1563 et débute par ces mots : « Je ne puis nier, Madame, que je n'aye esté adverty (à mon grand regret) de ce qui est advenu ces jours passés en vostre ville de Lescar, quand les images des églises y furent abbatues, les autels et fonts baptismaux ruinés, les joyaux, ornemans et leur argenterie prins 53. »

Le même jour, il adressait à Louis d'Albret, évêque de Lescar, une lettre dont voici les passages essentiels : « Monsieur, j'ai demeuré longtemps sans croire ce qui advint dernièrement en vostre église de Lescar, pour ce qu'il ne pouvoit entrer en mon entendement que vous eussiez voulu tenir la main à la ruine d'icelle... ; mais enfin j'ay esté contraint de me laisser persuader et tenir pour vray qu'en vostre présence et de vostre consentement les images de l'église de Lescar avoyent esté ostées de dessus les autels, les croix et fons baptismaux rompus,les ornements et reliquaires aliénez, les chanoines chassez et interdits d'y servir Dieu selon la forme de l'Eglise catolique 54.»

Ces faits sont encore confirmés par deux discours huguenots adressés à la Reine et à l'Évêque pour les féliciter et répondre aux reproches du Cardinal. Dans le Discours à Chrestienne et très-illustre et vertueuse Princesse la Roine de Navarre, par lequel est amplement respondu aux Lettres du Cardinal d'Armaignac à la dite Dame, on lit : « Premièrement. Il trouve fort estrange qu'en vostre présence on ait abbatu les Images, renversé les Autels et autres choses semblables, qu'on avoit dressé pour le service de Dieu ; mais il deust avoir trouvé beaucoup plus estrange si vous ne les eussiez fait abbattre 55. »

Mêmes allusions dans le Discours à Monsieur l'Evesche de Lescar, sur les Lettres à luy escritespar le Cardinal d'Armaignac, où on lit : « Et premièrement, quant aux Idoles ou Images qui ont esté abbatues en vostre Evesché, et dont il meine beaucoup plus de dueil que des Images vives qu'on a meurtries en sa présence et par son congé, je voudrois seulement qu'il vist ce qu'on a desja dit, excusant ceste vertueuse Princesse la Roine de Navarre, d'avoir consenti qu'en ses Païs on eust renversé les Images qui estoyent aux Temples56. »

Du rapprochement de ces divers textes, il résulte que les commissaires de Jeanne, dans le but d'approprier la cathédrale de Lescar au culte réformé, en firent enlever les ornements, reliquaires et objets précieux et abattre les « images57 », les autels et les fonts baptismaux.

C'est seulement pour cette dernière catégorie d'objets qu'il y eut destruction violente. Les autres, parmi lesquels se trouvait la châsse de saint Galactoire, évêque de Beneharnum, furent simplement déménagés.

Un chanoine de Lescar, qui écrivait sur ces faits aux environs de 1660, fait cette distinction 58 et la tradition recueillie à l'extrême fin du XVIIe siècle par le poète Fondeville est d'accord sur ce point avec les témoignages que nous venons de citer.

Fondeville, en effet, dans son Calvinisme de Béarn, raconte que les agents de la Reine permirent de retirer les ornements et les calices, ainsi que la châsse d'argent et d'or où était placé, sur l'autel, le corps du glorieux saint Galactoire, laquelle fut descendue du maître autel par quatre prêtres vigoureux59.

Ces diverses opérations avaient été dirigées par un commissaire de la Reine nommé d'Artiguelouve ; dans la séance du Conseil ecclésiastique de la R. P. R. du 3 juin 1568, il remontre « qu'il a employé beaucoup de temps au démolissement de l'idolâtrie des temples de Lescar, d'autant que

10

S. M. l'auroit député commissaire pour faire inventaire de tous les meubles et ornemens des dits temples60 ».

La lettre du cardinal d'Armagnac et le Discours huguenot adressés à Louis d'Albret, que nous avons cités plus haut, donnent à croire que la tâche d'Artiguelouve fut facilitée par l'Évêque.

Ce dernier, cousin de la reine Jeanne, est une intéressante figure d'arrière-plan de cette époque si intensément vivante.

Sa conduite, dans ces circonstances difficiles, décèle un état d'esprit inquiet et troublé, qui ne dut pas être exceptionnel alors parmi les membres éclairés du clergé.

Il apparaît comme un de ces hommes du début des révolutions qu'entraîné et séduit l'espoir des réformes, mais qu'arrêtent tôt dans leur élan les moyens violents où glissent bien vite les réformateurs.

Louis d'Albret favorise d'abord les efforts de la Reine au point qu'on ne peut s'empêcher de penser que ses sympathies allaient aux idées nouvelles, et qu'une œuvre d'épuration et de spiritualisation du culte lui parût nécessaire et désirable.

Puis, quand vinrent les persécutions et les violences, il se ressaisit et sut tenir tête très fermement à ses anciens amis61.

Mais le souvenir des concessions premières ne s'effaça point dans l'esprit du clergé du Béarn, qui en fit résolument un hérétique62.

Le Chapitre de Lescar lui en garda une vive rancune, en sorte qu'on ne peut admettre que sous réserves les renseignements fournis par un mémoire, très intéressant d'ailleurs, intitulé Narré de ce qui se passa en Béarn du temps de la Reyne Jeanne, œuvre d'un chanoine anonyme qui écrivait aux environs de 1660 63.

L'auteur raconte que Jeanne d'Albret ayant envoyé un ministre pour prêcher dans la cathédrale, l'Évêque répondit à un chanoine mécontent que la Reine le voulait ainsi ; et il nourrit pendant deux ans le ministre à sa propre table ; « Louis d'Albret, homme imbécille, ne toléra pas seulement les hérétiques, mais les autorisa tellement qu'il fut le premier qui brisa, le 17 juillet, les images et les retables des autels de son église, qui valoient plus de quatre mille écus, prétextant que la Reyne devoit venir faire la cène à Lescar et qu'elle ne pouvoit souffrir de voir les images, qui furent brûlées peu de jours après par l'ordre de la Reyne, au milieu d'une petite place qui est entre la cathédrale et le cloître64».

Les objets enlevés de la cathédrale, au nombre desquels la châsse de saint Galactoire, une mitre et une crosse, furent d'abord remis à un des jurats de Lescar65, puis ils passèrent aux mains de la Reine et de ses commissaires.

Dans la séance du 20 mai 1568 du Conseil ecclésiastique de la R. P. R., il est question d'une lettre de la Reine mandant à d'Artiguelouve de remettre au diacre général « touts les meubles des temples de Lascar qu'il a sous sa charge ».

Les meubles inventoriés furent remis à M. de Fenario ; mais Jeanne en avait gardé quelques-uns. Dans la séance du 3 juin 1568, Fenario demande qu'on prie la Reine de les remettre à d'Artiguelouve pour qu'on puisse les réunir aux autres et faire déclaration du tout au diacre général 66

Le 9 juillet suivant, on rend compte de la démarche : « Sur le rapport fait par les sieurs députés qu'ils auraient parlé à la Reyne, l'ayant suppliée de vouloir remettre les meubles que S. M. tient de Lescar, laquelle ils auraient trouvée de bonne volonté pour les remettre ; et incontinant aurait fait exhibition de la crosse et mitre par devant les députés.

Sur quoi a esté afresté que de rechef S. M. sera suppliée... d'xiber lad crosse et rnître par devant le sindic du Chapitre de Lascar ou, en son absence, par devant Mesrs de Casenave et de Latorte, chanoines, ausquels Sad. M. mandera par lettre de venir incontinant pour recognoistre si lesd. crosse et mître sont celles là quy estoient toujours aud. Lascar... ; et, par mesme moyen. . ., de bailler la lettre que Monsr de Lascar luy a envoyée touchant le capse de s. Galatoire, affin que par ce moyen on

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puisse poursuivre led. capse soit rendu avec touts les autres meubles quy restent et sont par devers Sad. Magesté67. »

C'est la dernière mention que nous trouvions de la châsse dans des documents du XVIe siècle. Cependant l'exercice du culte catholique était dès lors devenu impossible à Lescar. Après que la cathédrale eut été affectée au culte réformé, les chanoines avaient quelque temps

célébré dans la chapelle Saint-Martin-de-Gorets, à Lescar même ; mais la Reine n'avait pas tardé à la leur interdire68.

En avril 1568, l'évêque Louis d'Albret se plaint aux États de n'avoir « locs per far dicir messes69 ».

Cette situation se prolongea jusqu'à l'arrivée de Terride à Lescar, le 17 avril 1569. Alors, pendant quatre mois, on a de nouveau célébré le culte catholique dans la cathédrale70. Les États se réunirent à Lescar, l'assemblée mit le pays sous la protection du roi de France ; la

province se soumit sauf Navarrenx que Terride assiégea. Montgommery accourut à travers la Bigorre, qu'il incendia au passage, entra en Béarn le 6 août, se porta au secours de la place qu'il put dégager le 15, et força Terride à capituler à Orthez ; ses troupes entrèrent à Lescar le matin du 21 août 156971.

Que se passa-t-il alors? Dans un mémoire présenté au parlement de Bordeaux en 1615 par les chanoines de Lescar, il

est dit que « les ecclésiastiques, la plus grande part, [furent] mis au fil de l'espée, noyés, pandus et traictés avec une grande barbarie et inhumanité ; car, dequinse chanoines qu'il y avoit aud. chapitre, il n'i en eut que deux qui evitarent la rage de ceste furie, l'un c'estant sauvé en Espaigne et l'autre en la ville de Tholose ; et tous les autres furent inhumenement masacrés et pendus 72 ».

Mais on ne peut, en bonne critique, prendre à la lettre ces accusations, émanées de chanoines que leur juste rancune a pu influencer, et postérieures de quarante-cinq ans aux événements.

Il semble bien que plusieurs de ces prétendus noyés ou pendus vivaient encore dans les années qui suivent.

Les exécutions, en ce qui concerne les chanoines de Lescar, se réduisirent probablement à deux : celle de Bertrand de La Torte, dit Audijos, pendu à Pau le 24 août 1569, et celle de Jacques Du Puy73.

Mais la cathédrale paraît avoir été assez maltraitée. Marca dit qu'en l’année 1569..., la chasse [de s. Galactoire] fut enlevée par le commandement

du comte de Montgomeri et les ossemens bruslés 74 » ; que les troupes du comte violèrent la sépulture de l’évêque Guy, « dont le corps trouvé tout entier fondit, et fut réduit en poudres entre les mains de ces impies... ; de sorte qu'il ne leur resta autre despouille que son anneau Episcopal.

Ils enlevèrent sa tombe, et la firent servir pour revestir le gazon, qui estoit à Tentour d'un ormeau, qui est sur la place publique au devant de l'Eglise Cathédrale 75 ».

Tous les ecclésiastiques quittèrent le Béarn76. La saisie des biens de l’évêque et du Chapitre de Lescar fut effectuée à la fin d'août 156977. L'évêque Louis d'Albret avait, le 21 du même mois, rendu à Dieu son âme indécise78. Son successeur Jean Jagot (1572-1599) qui se retira à Carcassonne et peut-être aussi à

Toulouse, sans être venu en Béarn79, semble n'avoir guère fait acte d'évêque ; du moins, en 1596, le 15 avril, est-ce Salvat Diharse, évêque de Tarbes, qui pourvoit Gratien de Caplane, étudiant en l'Université de Bordeaux, d'une prébende canoniale de la cathédrale de Lescar80.

Les biens de l'Evêché furent vendus de 1570 à 1573 81. Ce qui restait du clergé de la cathédrale était fort dispersé : de 1595 à 1602, Esprit Du Marché,

vicaire général de Tévêque de Lescar, se tient à Toulouse, au cloître de la Daurade, où il avait embrassé la vie régulière 82, tandis que plusieurs chanoines sont réunis aux frontières du Béarn, à Louvigny en Chalosse 83 où un arrêt du Parlement de Bordeaux de 1580 avait ordonné à l'évêque et au

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Chapitre de Lescar de se retirer pour célébrer le service divin jusqu'au rétablissement du culte catholique en Béarn 84.

Quelques chanoines formèrent en ce lieu comme un noyau autour duquel se reconstitua peu à peu le Chapitre.

La fabrique de Louvigny leur fit construire une tribune dans l'église et fournit les cloches et les ornements nécessaires au service canonique.

Dans le chœur de cette cathédrale improvisée, les chanoines célèbrent, comme à Lescar, « les heures et vespres et autres offices » ; quand une prébende devient vacante, on procède à l'installation du nouveau titulaire avec le cérémonial d'usage, simplifié vu les circonstances.

Cette situation se prolongea «jusques au vingt cincquiesme dejuilhet mil six cens dix, que, par la liberalitté de très glorieuse memoyre Henry le Grand, led. chapitre a esté remis en son eglize de Lescaa 85 ».

L'édit de Fontainebleau (15 avril 1599) rétablit les évêques d'Oloron et de Lescar dans leurs évêchés et autorisa le culte dans douze paroisses du Béarn : huit pour le diocèse de Lescar, quatre pour celui d'Oloron.

Mais son exécution fut quelque temps suspendue par l'opposition des protestants. Les membres du Conseil souverain adressèrent en effet au Roi une protestation contre l'édit; le

Roi y fit réponse le 11 septembre 1599 et leur donna satisfaction sur quelques points accessoires 86. Le 18 décembre 1603, Jean-Pierre d'Abbadie, évêque de Lescar depuis la résignation de

Jagot(1599) réunit à Pau quelques-uns des chanoines et leur représenta qu'il n'avait pas plu au Roi de remettre l’Évêque ni le Chapitre en leur église cathédrale, mais que, l'exercice de la religion catholique étant autorisé en divers endroits du Béarn, on pourrait essayer de quitter Louvigny et de célébrer le service dans l'un des lieux autorisés, jusqu'à ce que S. M. l'ait rétabli à Lescar87.

Ce projet ne put sans doute être mis à exécution puisque, nous l'avons vu, le Chapitre resta à Louvigny jusqu'en 1610.

Donc, du 18 juillet 1563 au 25 juillet 1610 (avec une interruption du 17 avril au 21 août 1569), la cathédrale de Lescar servit au culte réformé.

On y fit des réparations en mars 157288 ; le 16 septembre 1573, on décida de « mettre en son premier estât l'horrologe de Lascar et le colloquer au temple89».

Si l’on en croit le Placet de 1688, redit de Fontainebleau eut ce résultat inattendu d'amener l'écroulement d'une partie de la voûte de la cathédrale : « Les Huguenots, voyant que des éclésiastiques et la religion romaine commençoient à se rétablir en Béarn, en conséquence de l'édit d'Henri le Grand, dès Tan 1599, ils négligèrent si fort les réparations du toid que les goutières firent tomber en ruine toute la voûte qui dominoit le maistre autel jusqu'à l'endroit où le cœur est présentement placé90. »

Vers la même époque, un clocher de la cathédrale s'écroula : le chanoine Bordenave, qui finissait d'écrire en 1633 son Estât des églises cathédrales et collégiales, y parle de « la chute de notre clocher, dont il n'y a pas encore trente-cinq ans 91 » ; l'accident, arriva donc à l'extrême fin du XVIe siècle ou au début du XVII e ; la chute de ce clocher paraît avoir entraîné la ruine d'une porte.

Ajoutons enfin qu'un certain nombre de tombeaux, parmi lesquels ceux de six rois ou reines de Navarre, furent détruits vers la même époque ; dans le courant du XVIIe siècle, on n'en connaissait même plus l'emplacement.

Le cloître, qui s'étendait au sud de l'église, et les bâtiments canoniaux furent occupés à diverses reprises, au temps de l'exil des chanoines, par un collège fondé par la Reine.

Nous y reviendrons en parlant du cloître. Le 5 mars 1609, des lettres-patentes d'Henri IV rétablirent L’Évêque et le Chapitre « en ladite

église cathédralle Notre Dame de Lescar, ensemble en leurs maisons canonicalles, apartenances d'icelles, pour y célébrer le service divin92 ».

Jean-Pierre d'Abbadie décéda avant de réintégrer sa cathédrale ; sa mort doit se placer entre le 18 avril 1609, jour où il testa, et le 2 juillet suivant, date où le siège est déclaré vacant dans une requête93 ; il

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léguait par testament « à la gleyze catédralle de Lescar, quand le servicy y sera remetut, sa chapelle d'argent94 ».

Ce fut son successeur Jean de Salettes qui reprit, cette même année, possession de la cathédrale : il en ouvrit les portes, sonna la cloche et fut promené solennellement dans l'église95.

Le 25 juillet 1610, il chanta pontificalement la première messe dans un édifice à demi ruiné, dont le clocher et une partie de la voûte étaient par terre 96.

La main-levée des biens saisis ne fut prononcée définitivement que par redit de septembre 161797, dont l'application n'alla pas sans difficultés.

Le 29 juin 1618, le Conseil souverain de Béarn rendit un arrêt contre redit et maintint son opposition par un acte du 25 octobre suivant.

En 1620, Louis XIII vint en personne à Pau pour contraindre le Parlement à l'enregistrer, mais l'exécution n'en devint pas plus aisée.

Peu après le départ du Roi, le pays entier est en armes; en 1621, le sieur de Germenaud transforme l'Évêché de Lescar en garnison et fait dresser une palissade devant la porte ; l'Évêque se retire à Navarrenx, presque tous les chanoines quittent la ville.

Les troupes royales vinrent à bout de cette résistance. L'Évêque et le Chapitre, dans leur reconnaissance, ordonnèrent de chanter à perpétuité l’Exaudiat

pour le Roi, chaque jour à la messe, et les litanies de la Vierge tous les dimanches après vêpres, dans le cloître, « en action de grâces de tant de bienfaits98 ».

En 1623, on rétablit dans la cathédrale les maîtres de musique et les enfants de chœur99. Dès la restauration du culte, on s'était occupé de réparer l'édifice. Chacun s'efforça de concourir à cette œuvre, mais la générosité royale la facilita dans une

large mesure. Le 5 janvier 1612, Me Jean de Laforcade, chanoine et syndic du Chapitre, reconnaît avoir «

près et recebut de mas de monsens de Boeilh, thesaurer ecclesiestique au parsan de Pau, la somme de cent escutz petitz, ordonnatz per Sa Mayestat per la repparation de la gleyse cathe-dralle de Lescar. . . ; et tal somme es per l'aneya comensant lo prumer d'octobre mil VIe detz e finide lo darrer de seppteme mil VI e et onze100 » ; il semble donc que ce secours fut annuel.

Le chanoine Bordenave, qui achevait d'écrire en 1633, dit que l'église fut rebâtie « aujourd'hui aux coûts et dépens de l'Ordinaire et du Chapitre101».

D'après l'auteur du Narré, « le Roy avoit donné pour chaque chanoine 300 1. qui ont été bien souvent employées à la poursuite du rétablissement, les chanoines vivant du peu de revenu qu'ils pouvoient avoir d'ailleurs102».

Enfin, après avoir mentionné la chute de la voûte, le Placet de 1688 ajoute que « cette voûte fut remise en l'état qu'elle est aujourd'huy par le soin et aux frais de Messire Jean de Salettes, pour lors évêque, et du Chapitre, à quoy" les habitans contribuèrent beaucoup par la communauté et les particuliers103 ».

Le fonds des archives de la Chambre des Comptes de Pau abonde en mentions de pensions et secours accordés alors par le Roi au clergé de Lescar. Un acte du 17 mai 1609, daté de Louvigny, porte quittance d'une somme de 3.000 1., allouée aux chanoines « par forme de pention pour leur donner moïen de se remettre, restablir et entretenir en leur esglize104».

On trouve trace de paiements analogues jusqu'en 1621 105 Nous avons vu que la communauté et les particuliers contribuèrent aussi à la restauration. Les travaux étaient terminés en 1633, comme le montre le passage du chanoine Bordenave cité

plus haut. L'auteur du Narré nous renseigne sur leur marche. Il écrit à Tannée 1628 : « Cette année a été commancée la rédification d'un pilier et partie de la

voûte du grand autel » et à Tannée 1632 : « Cette année le cœur de l’église a été fait106 ».

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Cette dernière phrase doit probablement s'entendre des stalles et autres boiseries du chœur ; mais leur confection suppose l'achèvement des travaux de maçonnerie.

La restauration eut donc lieu sous l’épiscopat de l’évêque Jean de Salettes (1609-1632). De la même période datent le portail et la partie centrale de la façade ouest, qui forment à la cathédrale une entrée peu digne d'elle, le petit portail du croisillon nord, qui porte la date 1626, une cloche de 1628 et probablement aussi les peintures de l'abside.

Pour le XVIIIe siècle, nous n'avons que peu de choses à signaler. C'est d'abord le service funèbre célébré dans la cathédrale, en 1715, à la mémoire de Louis

XIV: la dépense s'éleva à 149 1. 11 s., dont 83 1. pour les cierges, 61. à l’hôpital de Pau, qui avait fourni les draps mortuaires, et 32 1. à MM. de Bournos, père et fils, violons, de Lacombe et Darcin, musiciens de Pau, Moreau, maître de musique à Lescar, et aux enfants de chœur107.

En 1722, par une délibération en date du 4 avril, le Chapitre, d'accord avec Tévêque M. de Lacassagne, « rendit le Cloître lieu public et profane108 ».

Mentionnons encore la construction du petit portail de la façade sud, qui porte la date 1725, et la fonte d'une cloche en 1763. Cette même année, on vola dans la cathédrale une lampe et un vase d'argent ; un arrêt du Parlement, du 9 janvier 1764, ordonna une enquête sur ce fait109 ; je n'ai malheureusement pas réussi à retrouver le dossier de cette affaire, qui aurait fourni peut-être d'intéressants détails sur les dispositions intérieures de la cathédrale.

Nous trouvons, en revanche, des renseignements de cet ordre dans les pièces d'un procès entre l'Évêque et le Chapitre, qui dura de 1765 à 1770 et sur lequel nous aurons à revenir plus loin.

La situation financière du diocèse et du clergé de Lescar semble avoir été peu brillante au xvme siècle.

Dans des lettres-patentes de juin 1743 sur la perception des décimes, il est question « des deux diocèses de Lescar et d'Oloron, lesquels sont pauvres et endettés110 ».

Dans l'état des recettes et dépenses des domaines de Béarn et Navarre pour 1762, figure la mention d'une aumône au Chapitre de Lescar111.

On n'exécuta alors dans la cathédrale aucun travail important ; les comptes conservés ne fournissent que l'indication des réparations courantes.

Cependant, en 1769, le Chapitre conclut un accord avec Giraudy, sculpteur de Lescar, pour des travaux à exécuter dans la chapelle du Saint-Esprit, montant à 550 livres ; il s'agissait probablement du rétable, aujourd'hui dans l'absidiole nord, où est figurée la Descente du Saint-Esprit sur les apôtres ; le paiement fut terminé en 1772.

On paya cette même année 3 1. 10 s. à Basques, tailleur, « pour avoir fait un devant d'authel pour l'hautel de St Augustin et d'autres ouvrages pour l'église cathédrealle 112 ».

Quelque temps avant, le sieur Pédeprat, négociant à Séville, avait donné à la cathédrale de Lescar, pour l'usage paroissial, un dais à bâtons recouverts d'argent, divers objets d'argenterie et ornements, plus une somme de 50.000 francs pour l'entretien des ornements et de l'église, avec la clause que le Chapitre ne pourrait faire usage des dits ornements que le jour de la Fête-Dieu113.

Cette donation était rappelée par une inscription placée sur la clôture du chœur de la cathédrale114.

Nous touchons à la fin de l'ancien régime. La Révolution supprima l'évêché de Lescar, malgré la pétition que la ville avait adressée le

4 juillet 1790 à l'Assemblée nationale, pour demander le maintien de son évêché et de son collège115. En 1791, les évêchés ayant été réduits à un par département, on créa, pour remplacer ceux de

Lescar, d'Oloron et de Bayonne, un Évêché des Basses-Pyrénées dont fut pourvu Jean-Baptiste Sanadon, religieux bénédictin ; Mgr de Noé, évêque de Lescar, protesta par un mandement en date du 10 mai 1791 116.

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L'évêché de Lescar fut définitivement supprimé en 1793 et réuni d'abord à celui d'Oloron ; puis tous deux furent incorporés au diocèse de Bayonne en 1802.

Dès la suppression de l'Évêché, en 1791, ses archives, ainsi que celles du Chapitre et le trésor de la cathédrale, avaient été mises sous scellés.

Le directoire du Département, par une délibération du 4 août de cette année, nomma deux commissaires pour lever les scellés et dresser l'inventaire des titres de l'Évêché, du Chapitre et des ci-devant Barnabites de Lescar, « auxquels commissaires le sieur curé de Lescar sera tenu de remettre dans huitaine, pour tout délai, l'état des ornemens, vases sacrés et autres objets de ce genre qui peuvent être nécessaires pour le service de la paroisse,.. . lesquels effets seront provisoirement remis à la garde de la municipalité, ainsi que ceux qui seront superflus et dont il sera dressé un état par les mesmes commissaires117 ».

Le Ier février 1792, les sieurs Néron et Hourcade Berrioou, commissaires, se rendirent chez Costadoat, maire de Lescar, et lui demandèrent les clefs de la salle du Conseil général de la commune « pour aller inventorier et peser les ornements et argenterie déposée sur le plancher de la dite salle, ci-devant capitulaire » ; ils en dressèrent l'inventaire ce même jour.

Le lendemain, le maire porta ces faits à la connaissance du Conseil et fit observer que ces objets n'étaient pas biens nationaux, ayant été donnés par le sieur Pédeprat à la cathédrale, non au Chapitre, et pour l'usage paroissial.

Le Conseil décida d'adresser une pétition au directoire du Département pour demander qu'on suspendît les opérations, afin de permettre la recherche, dans les archives du Chapitre ou ailleurs, de quelque pièce relative à la propriété de ces objets 118.

Mais le 29 du même mois, intervint un arrêté du directoire portant que, sans s'arrêter à la pétition du procureur de la commune de Lescar, toute l'argenterie mentionnée dans l'inventaire du Ier février serait portée à la Monnaie de Pau 119.

Le transfert eut lieu le 2 mars 1792 120. Un « État de l'argenterie retirée de l'église ci-devant cathédralle de Lescar » et portée à la

Monnaie, en conséquence de l'arrêté du 29 février, mentionne les objets suivants : une lampe d'argent, pesant 58 marcs 5 onces 4 gros ; un calice et sa patène, 4 marcs 6 onces ; un bénitier d'argent, 6 marcs 2 onces ; un ostensoir d'argent, pesant, avec les glaces, 14 marcs 5 onces ; une grande croix d'argent, 17 marcs j onces 4 gros (sans le bâton) ; un encensoir avec navette et petite cuiller d'argent, 3 marcs 4 gros ; deux burettes et une sonnette d'argent, 3 marcs 4 gros; une croix d'autel, 6 marcs 2 onces ; un chandelier de main en argent, 2 marcs 2 onces 2 gros ; trois chandeliers d'argent, 66 marcs 2 onces ; trois autres chandeliers d'argent, 66 marcs 3 onces ; deux autres chandeliers d'argent, 25 marcs 4 onces ; un encensoir d'argent, 5 marcs 4 onces (5 mars I792)121.

Le Conseil général de la commune essaya de rentrer en possession de quelques-uns de ces objets. L'ostensoir lui fut renvoyé presque immédiatement; dans la séance du 15 mars 1792, le sieur Ducau, procureur de la commune, le mit sous les yeux des membres du Conseil, tel qu'il avait été rendu : « 11 s'est trouvé brisé au milieu, quelques rayons et la croix faussée et qu'il y manque les glaces et les vis qui les assujettissoint. »

II fut représenté que toute l'argenterie mentionnée dans l'état était nécessaire à la majesté du culte, mais qu'il fallait réclamer au moins la conservation des bâtons du dais, recouverts d'ailleurs d'une mince plaque d'argent, de pupitres recouverts d'une lame d'argent, dont on avait besoin pour orner l'autel les jours de fête, et de deux petits chandeliers, d'environ dix pouces de haut, très minces et très légers, les seuls qui restaient.

On enverrait par contre à la Monnaie deux calices, la masse du bedeau, un crochet d'argent servant à suspendre la lampe, ainsi que le bâton de la croix.

Ces derniers objets, à l'exception du crochet, furent portés à la Monnaie le 5 avril 1792; ils pesaient ensemble 9 marcs 2 onces 2 gros.

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On redemanda aux administrateurs du directoire, en conséquence de la délibération du 15 mars, les bâtons du dais, les pupitres, les deux petits chandeliers, les deux glaces et les vis de l'ostensoir122.

Je ne sais si ces objets furent rendus à la commune ; on ne peut l'affirmer que pour les bâtons du dais.

Mais bientôt on dut effectuer de nouveaux versements à la Monnaie. En exécution de la loi du 10 septembre 1792, les pièces d'argenterie suivantes furent prises «

dans l'église paroissiale de N.-D. de Lescar.. . pour être portées au directoire du district de Pau » : une grande et une petite croix d'argent, deux chandeliers d'argent, un bénitier et son goupillon d'argent,un encensoir avec sa navette et une petite cuiller d'argent.

Les administrateurs du directoire du District en donnèrent un récépissé le 29 octobre, et le directeur de la Monnaie de Pau le 30 octobre 1792 123

Le 4 février 1793, la municipalité se dessaisit de nouveau des bâtons du dais : six bâtons en dix-huit pièces d'argent, servant à porter le dais, provenant de la cathédrale et pesant 51 marcs 7 onces, furent envoyés au directoire du District.

Un « État des matières d'or et d'argent provenant des églizes et maisons religieuses supprimées, qui ont été envoyées... à l'hôtel de la Monnoye», daté de mars 1793, mentionne, pour la cathédrale de Lescar, les mêmes objets que l’étât du 5 mars 1792, plus le bâton de la grande croix et les bâtons du dais124.

Un an après, la cathédrale fut désaffectée. Dans sa séance du 9 ventôse an II, la Société populaire de Lescar décida « que la ci-devant

cathédrale, changeant d'état, serait appelée Temple de la Raison et que les séances de l'assemblée y seraient tenues », ce qui eut lieu 125.

L'intérieur de l'église paraît avoir été alors quelque peu saccagé. Dans une délibération municipale du 21 messidor an III, il est dit qu' « avant de faire

l'ouverture de la ci-devant cathédrale, demandée par le peuple pour y exercer le culte, il a été fait en gros la constatation de l'état intérieur où se trouve cet édifice, et il y a été reconnu qu'on y a fait des dévastations incroyables, qu'on a enlevé des autels, des tableaux, des tabernacles, des statues, des armoires, des boiseries, des balustrades en fer et un grand christ dans le chœur, qu'on y a détruit les autels de St-Pierre, de St-Augustin, de St-Jacques, de Ste-Anne, de Ste-Catherine », et qu'on y a mutilé beaucoup de sépultures 126.

Enfin, en conséquence de la loi du 11 prairial an III, la ci-devant cathédrale fut remise au peuple comme édifice destiné au culte ; elle fut dès lors simple église paroissiale.

L'église Notre-Dame de Lescar, classée comme monument historique en 1840, subit de 1855 à 1859 une importante restauration, que son état de vétusté rendait nécessaire, mais qui a singulièrement compliquera tâche des archéologues.

On a en effet détruit un portail, bouché des niches et dissimulé leur emplacement, ainsi que celui d'anciennes fenêtres, au moyen d'enduits ; on a surélevé les murs, ajouté des corniches, surmonté de frontons les contreforts de l'abside, plaqué ça et là des cordons de moulures, refait un certain nombre de chapiteaux et de bases.

Il faut regretter aussi que le nu des murs ait été presque partout masqué par un crépissage, en sorte qu'on est aujourd'hui privé, pour discerner les reprises et les additions, du précieux secours qu'offre l'étude des lits et des joints ainsi que des différences d'appareils127.

Ces regrets exprimés, reconnaissons qu'il est malaisé de satisfaire à la fois le sens esthétique d'un conseil municipal et l'exigeante curiosité des archéologues.

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Voici quelques détails sur la marche des travaux 128. A la suite d'instructions adressées par le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes au

Préfet des Basses-Pyrénées, M. Durand, architecte diocésain, fut chargé par ce dernier, en 1850, de visiter l'église Notre-Dame de Lescar et de rédiger un rapport sur son état.

Le 22 février 1851, Durand déposa son rapport, en l'accompagnant d'un « devis descriptif et estimatif des travaux... à exécuter d'urgence à l'ancienne cathédrale de Lescar » ; le tout fut envoyé au Ministère, où la Commission des arts et édifices religieux revêtit le devis de son visa, le 22 mai de la même année.

Des fonds furent alloués sur l'exercice 1851 pour subvenir à une partie de la dépense. Je ne sais pourquoi on resta sans rien faire jusqu'en 1855.

Le 11 février de cette année, le Conseil municipal, « pour éviter la ruine complète, inévitable et prochaine. . . de la cathédrale », vote une somme de 8.000 fr. qui, ajoutée aux 4.000 promis par le Ministère de l'Intérieur et aux 8.000 du Ministère de l'Instruction publique, devait permettre l'exécution du devis dressé depuis plusieurs années et s'élevant à 20.000 fr.

A la session d'août du Conseil général, le Préfet annonce que, grâce au concours du gouvernement et de la municipalité de Lescar, on a les fonds nécessaires pour « exécuter les travaux urgents que réclame la toiture de cet édifice intéressant ».

Le cahier des charges, daté du 5 août 1855, fut approuvé le 4 septembre, et les travaux adjugés aux enchères, le 25 septembre, pour 22.537 fr. 57 c., à Dominique Saint-Cricq, entrepreneur.

On commença les premiers déblais le 21 octobre. Les travaux ne devaient durer que huit mois, mais par suite de difficultés survenues entre

l'entrepreneur, l'architecte départemental et la commune de Lescar (l'affaire alla jusqu'au Conseil d'État), ils ne furent menés activement qu'à partir de 1858 et terminés qu'à la fin de 1859.

Une délibération du Conseil municipal, en date du 12 février 1860, permet d'apprécier leur importance : « II y a trois ans, nous déplorions l'état de délabrement de notre ancienne cathédrale ; de la couverture vieille et pourrie, les eaux pluviales ruisselaient sur les voûtes des nefs; la charpente, ver-moulue, menaçait de s'affaisser. . .

Les murs exhaussés, recrépis et couronnés d'un entablement neuf en pierre de Gan ; les reins des voûtes, creux et vides à la partie supérieure, comblés en maçonnerie ; le perron de l'entrée principale remplacé par un autre de forme plus élégante ; les cintres, les colonnes, les corniches, la rosace et le fronton de la grande porte d'entrée, ceux des croisées et des portes latérales, les sculptures des colonnes, de l'entablement et des archivoltes qui ornent le bâtiment du côté du cimetière au levant, divers contreforts, tous ces ouvrages réparés ou reconstitués avec du ciment romain ; la charpente, la toiture et le campanil qui correspond au sanctuaire entièrement refaits à neuf ; tels sont, en résumé, les travaux importants qui ont changé, sur toutes les faces, l'aspect extérieur de notre église. . .

L'intérieur de l'église vient d'être changé et embelli ; le crépis des voûtes et des murs supprimé ou consolidé sur de larges surfaces ; le badigeon blanc et jaune qui recouvrait la pierre, remplacé par un autre qui fait ressortir agréablement la nature de la construction... ; les brèches, les dégradations des piliers réparées en ciment ; les sculptures des chapiteaux rafraîchies, complétées ou créées là où il n'en xistait pas ; presque tous les cordons ou corniches créés à la base des voûtes où en grande partie ils n'étaient qu'informes; les boiseries des stalles, qui masquaient l'abside et les chapelles latérales, transportées dans les bras du transept où elles se trouvent si bien à leur place, tels sont les travaux qui viennent de s'exécuter. »

Les travaux intérieurs avaient été payés par la famille Berge, de Lescar. Le Conseil municipal remercie cette généreuse famille et lui associe dans sa reconnaissance

M. Barthety,«non seulement comme principal auteur du plan d'ensemble du remaniement effectué, mais encore pour les sculptures dont il a décoré les arcs doubleaux des voûtes et plusieurs chapiteaux».

Cette restauration fut complpierres tombales.

Enfin la mosaïque fut restaurée à PaDans la description qui va suivre, je me suis efforc

monument avant sa restauration.

DESCRIPTION

Le plan de l'église est simple et régulier : une nef de cinq travées, flanquée

transept à croisillons peu saillants ; une abside ouvrant sur le carré du transept, dans l'axe de la nef; une absidiole ouvrant sur chaque croisillon, dans l'axe du bas

Cette restauration fut complétée peu après par le pavage de l'église, qui fit disparaître quelques

Enfin la mosaïque fut restaurée à Paris, par Facchina, en 1885-1886. Dans la description qui va suivre, je me suis efforcé de reconstituer l'aspect que présentait le

église est simple et régulier : une nef de cinq travées, flanquée transept à croisillons peu saillants ; une abside ouvrant sur le carré du transept, dans l'axe de la nef; une absidiole ouvrant sur chaque croisillon, dans l'axe du bas-côté correspondant1

18

étée peu après par le pavage de l'église, qui fit disparaître quelques

é de reconstituer l'aspect que présentait le

église est simple et régulier : une nef de cinq travées, flanquée de bas-côtés ; un transept à croisillons peu saillants ; une abside ouvrant sur le carré du transept, dans l'axe de la nef;

129.

La première travée de l'église, porche, sans doute au xvme siècle

L'orientation n'est pas rigoureuse ; le chevet regarde l’Presque tout l'édifice est construit en un appareil de faibles dimensions, intermédiaire entre le

moyen et le petit ; les joints sont minces, mais forment parfois bourrelet ; la pierre, un grès ferrugineux, a pris avec le temps, à l'extérieur de l'église, une belle patin

Mais la partie supérieure des murs des basgoutterots de la nef et le sommet des murs de pignon du transept sont construits en briques, galets et fragments de moellons noyés dans du mortier.

Les briques forment le plus souvent des arases ; en certaines parties, elles sont disposées en feuilles de fougère, par exemple dans l'intervalle des fenêtres de la façade norddes murs goutterots de la nef. Il va sans dire que d'ancienneté ; il est resté jusqu'à nos jours d'un usage courant dans la région pour les briques et les galets.

On voit encore, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'église, un grand nombre de marques de tâcherons.

Bien que le nu des murs ne soit visible qu'en peu d'endroits, j'ai relevé cinq cent soixantede ces marques — et j'en ai certainement omis,

Les formes sont généralement simples : des lettres (A, E romgrecque, une étoile, deux sortes de C s'emboîtant, diverses combinaisons de lignes droites et courbes.

Quelques autres sont plus compliquées : une clef, un fer de lance, une flèche, une jambe au pied chaussé, un outil.

Dans le tableau ci-dessus, les marques sont classées par ordre de fréappellent quelques observations.

Vieille sacri

MARQUES

église, sensiblement plus courte que les suivantes, a été amésiècle130.

rigoureuse ; le chevet regarde l’est-sud-est. édifice est construit en un appareil de faibles dimensions, intermédiaire entre le

moyen et le petit ; les joints sont minces, mais forment parfois bourrelet ; la pierre, un grès ferrugineux, a pris avec le temps, à l'extérieur de l'église, une belle patine rousse.

Mais la partie supérieure des murs des bas-côtés, depuis l'appui des fenêtres, les murs goutterots de la nef et le sommet des murs de pignon du transept sont construits en briques, galets et fragments de moellons noyés dans du mortier.

ues forment le plus souvent des arases ; en certaines parties, elles sont disposées en feuilles de fougère, par exemple dans l'intervalle des fenêtres de la façade nord131 des murs goutterots de la nef. Il va sans dire que l'opus spicatum n'est nullement ici un caractère d'ancienneté ; il est resté jusqu'à nos jours d'un usage courant dans la région pour les briques et les

à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'église, un grand nombre de marques de

nu des murs ne soit visible qu'en peu d'endroits, j'ai relevé cinq cent soixanteet j'en ai certainement omis, — se répartissant entre une quarantaine de types.

Les formes sont généralement simples : des lettres (A, E romain et oncial, M, S, T), une croix grecque, une étoile, deux sortes de C s'emboîtant, diverses combinaisons de lignes droites et courbes.

Quelques autres sont plus compliquées : une clef, un fer de lance, une flèche, une jambe au

dessus, les marques sont classées par ordre de fréquence. Ces marques appellent quelques observations.

murs des bas-côtés

Vieille sacristie . Sacristie du XVI'siècle. MARQUES DE TACHERONS.

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te que les suivantes, a été aménagée en

édifice est construit en un appareil de faibles dimensions, intermédiaire entre le moyen et le petit ; les joints sont minces, mais forment parfois bourrelet ; la pierre, un grès

côtés, depuis l'appui des fenêtres, les murs

goutterots de la nef et le sommet des murs de pignon du transept sont construits en briques, galets et

ues forment le plus souvent des arases ; en certaines parties, elles sont disposées en et en divers endroits

n'est nullement ici un caractère d'ancienneté ; il est resté jusqu'à nos jours d'un usage courant dans la région pour les briques et les

à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'église, un grand nombre de marques de

nu des murs ne soit visible qu'en peu d'endroits, j'ai relevé cinq cent soixante-dix se répartissant entre une quarantaine de types.

ain et oncial, M, S, T), une croix grecque, une étoile, deux sortes de C s'emboîtant, diverses combinaisons de lignes droites et courbes.

Quelques autres sont plus compliquées : une clef, un fer de lance, une flèche, une jambe au

quence. Ces marques

Leurs dimensions sont assez grandes proportionnellement à l'appareil : elles ont en général de dix à quinze centimètres ; l’une d'elles, en forme de flèche, en mesure vingt

En outre, elles sont gravées avec soin, d'un trait large et profond ; il en est généralel'époque romane132.

On peut .remarquer aussi queles formes des lettres133.

Mais il est surtout intéressant d'obdiverses régions du monument.

Très nombreux en général, ils font parfois complètement défaut, et cette absence est l'indice d'une restauration ou d'une reconstruction.

En effet, les parties dépourd'autres considérations, à dater du ouest et sud-ouest de la croisée.

Un certain nombre des signes qu'on voit au chevet se retrouve dans le reste de l'édifice, ce qui peut donner à croire qu'il fut construit observations d'un autre ordre.

Donc, sans attacher une importance excessive à ces marques, on peut s'en aider dans une certaine mesure pour dater les diverses parties de l'église ; je ne m'en serde contrôle.

L'ensemble de la cathédrale appartient au la suite de l'institution des chanoines réguliers nombreuses faites à l'église et au Chapitre.

Le chevet, tout au moins, fait paver le chœur.

Il comprend une abside et deux absidioles, couvertes de culstravée droite voûtée en berceau.

Les absidioles sont contiguës à l'abside et ne s'en dégagent extérieurement que par leur partie courbe.

La travée droite de chaque absidiole communique avec le sanctuaire par une large arcadeLe bas du mur circulaire de l'abside

arcatures en plein cintre135 ; le profil

sions sont assez grandes proportionnellement à l'appareil : elles ont en général de une d'elles, en forme de flèche, en mesure vingt-quatre.

En outre, elles sont gravées avec soin, d'un trait large et profond ; il en est générale

On peut .remarquer aussi que l'influence de l'alphabet gothique ne se fait sentir nulle part dans

éressant d'observer la façon dont ces signes sont distribués sur les

Très nombreux en général, ils font parfois complètement défaut, et cette absence est l'indice d'une restauration ou d'une reconstruction.

En effet, les parties dépourvues de marques sont précisément celles que l'on est amené, par à dater du XVII e siècle : la partie centrale de la façade ouest, les piliers nord

Un certain nombre des signes qu'on voit au chevet se retrouve dans le reste de l'édifice, ce qui

peut donner à croire qu'il fut construit assez rapidement ; et cette hypothèse est confirmée par des

Donc, sans attacher une importance excessive à ces marques, on peut s'en aider dans une certaine mesure pour dater les diverses parties de l'église ; je ne m'en servirai d'ailleurs qu'en manière

édrale appartient au XII e siècle. La construction dut en être commencée à la suite de l'institution des chanoines réguliers (HOI) qui fut, nous l'avons vu, l'occasion de donations

faites à l'église et au Chapitre. Le chevet, tout au moins, était terminé avant 1141, année où mourut l'évêque Gui, qui avait

Il comprend une abside et deux absidioles, couvertes de culs-de-four, précé

les sont contiguës à l'abside et ne s'en dégagent extérieurement que par leur partie

La travée droite de chaque absidiole communique avec le sanctuaire par une large arcadeLe bas du mur circulaire de l'abside est décoré et allégé, à l'intérieur de l'église, par huit

; le profil de leur archivolte est du plus pur XIIe siècle

COUPE SUR L'ABSIDE

20

sions sont assez grandes proportionnellement à l'appareil : elles ont en général de quatre.

En outre, elles sont gravées avec soin, d'un trait large et profond ; il en est généralement ainsi à

sentir nulle part dans

server la façon dont ces signes sont distribués sur les

Très nombreux en général, ils font parfois complètement défaut, et cette absence est l'indice

vues de marques sont précisément celles que l'on est amené, par siècle : la partie centrale de la façade ouest, les piliers nord-

Un certain nombre des signes qu'on voit au chevet se retrouve dans le reste de l'édifice, ce qui assez rapidement ; et cette hypothèse est confirmée par des

Donc, sans attacher une importance excessive à ces marques, on peut s'en aider dans une virai d'ailleurs qu'en manière

truction dut en être commencée à qui fut, nous l'avons vu, l'occasion de donations

était terminé avant 1141, année où mourut l'évêque Gui, qui avait

four, précédées chacune d'une

les sont contiguës à l'abside et ne s'en dégagent extérieurement que par leur partie

La travée droite de chaque absidiole communique avec le sanctuaire par une large arcade134. térieur de l'église, par huit

.

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On peut dire autant de celui du stylobate continu sur lequel reposent les colonnettes. Les chapiteaux de ces colonnettes, d'un galbe excellent, sont décorés soit de feuilles d'acanthe,

soit de feuilles d'eau, qui ne sont peut-être que des épannelages; un seul est à figures : on y voit un Christ de majesté accosté d'anges.

Ces neuf chapiteaux sont d'un très bon style ; ceux à feuilles d'acanthe sont même d'une grande beauté.

Les tailloirs ont leur chanfrein décoré de billettes, de rais de cœur dégénérés ou de palmettes; entre le tailloir principal et la corbeille, on voit, comme dans beaucoup de chapiteaux du XIIe siècle, un second tailloir à faces échancrées avec ressaut central.

Les bases présentent une scotie ouverte et haute entre deux tores de section presque égale ; dans l'une d'elles, les tores simulent un câble.

Quelques-unes ont des griffes très simples ou des traces de griffes. Un cordon de moulures, comprenant un bandeau surmontant un chanfrein à trois rangs de

billettes, sépare l'étage des arcatures de celui des fenêtres, dont il borde l'appui. Il contourne l'angle saillant de mur qui marque l'entrée de l'abside, puis remonte verticalement

le long de l'angle rentrant, sur une hauteur d'environ un mètre. Anciennement il tournait ensuite à angle droit et se continuait sur le mur du sanctuaire, comme

l'indique un départ très visible du côté nord. Il semble même qu'au lieu de filer horizontalement jusqu'à l'arc triomphal, le cordon de billet-

tes s'élevait en formant une série de ressauts, comme pour rejoindre une fenêtre qui aurait éclairé primitivement le sanctuaire.

En effet, en examinant l'appareil du mur nord, on distingue dans le parement une suite de pierres longues et étroites, ayant même largeur que le cordon de billettes qu'elles continuent exactement, et posées tour à tour à plat et en délit de façon à dessiner comme un escalier.

Cependant, malgré les apparences, je me garderais d'affirmer l'existence à Lescar d'une disposition si peu courante car les murs du sanctuaire ayant été reconstruits en partie, probablement au XVII e siècle (je n'y ai pas vu de marques de tâcherons), il est possible qu'on ait remployé, dans la nouvelle maçonnerie, des fragments de l'ancien cordon horizontal de billettes, en retaillant sa face moulurée.

Mais pourquoi donner à ces fragments cette singulière disposition? Le fait ne s'observe d'ailleurs que du côté de l'abside, non du côté du transept ; il est surtout

apparent sur le mur du nord. Un deuxième cordon de billettes court horizontalement au niveau de la retombée du cul-de-

four, à environ 0m50 au-dessus du sommet des fenêtres. Il se continue dans le sanctuaire, à la base du berceau, jusqu'à l'arc triomphal dont il rejoint les tailloirs.

A l'extérieur de l'abside, l'appui des fenêtres est bordé, comme à l'intérieur, d'un cordon de billettes; celui-ci, au voisinage de l'absidiole sud, tourne à angle droit pour remonter le long d'un contrefort, puis fait un nouveau coude et rejoint horizontalement le mur de l'abside136.

Il devait en être de même du côté de l'absidiole nord, avant la construction de la sacristie du XVI e siècle.

L'abside est éclairée par trois fenêtres en plein cintre. Les deux baies latérales ont une archivolte moulurée, retombant de part et d'autre sur une

colonnette analogue à celle des arcatures, mais avec des chapiteaux et des bases moins soignés ; les tailloirs, ornés de rinceaux et de palmettes, se continuent en cordon sculpté d'une fenêtre à l'autre.

Mêmes dispositions à l'extérieur, sauf que les archivoltes ont un encadrement, formé de rinceaux mêlés de têtes, qui a été refait en 1859.

La fenêtre centrale de l'abside, en plein cintre comme les deux autres mais bet plus haute, ne présente à l'intérieur ni archivolte moulurée ni colonnettes et pénètre, depuis ses impostes, dans le cul-de-four de l'abside.

Les divers cordons de moulureront nous venons de parler ont été coupés au droit de son ébrasement, ce qui semble indiquer qu'elle fut agrandie aprè

VUE EXTÉRIEURE DE L'ABSIDE quand on la garnit de son remplage actuel, qui appartient au du congé du meneau central.

Des arrachements, visibles sur l'appui à l'emplacement des pieds-droits primitifs.

Cependant, à l'extérieur de l'édifice, cette fenêtre possède une archivolte de même profil que celles des baies latérales ; en outre les cordons de moulures horizontaux qui courent autour de l'abside font retour dans son embrasure, et l'on voit dans cette embrasure des marques de tâcherons ; elle n'a donc pas été retaillée de ce côté-là.

On peut en conclure qu'au élargit seulement l'ébrasement intérétrécissait auparavant la baie.

Au sommet du mur de l'abside et du sanctuaire règne une corniche às'appuie la toiture.

Son chanfrein est orné de grosses perles; entre les modillons, le mur est décoré de rosaces formant métopes ; des rosaces semblables ornent le dessous de la tablette.

Les modillons offrent des motifs variés plusieurs fois reproduit.

Les principaux sont : un gros oiseau avec ses petits, une sirène néréide à double queue, une tête de cerf, un moine en cagoule tenant un rouleau, un diable serrant un ser

être centrale de l'abside, en plein cintre comme les deux autres mais bet plus haute, ne présente à l'intérieur ni archivolte moulurée ni colonnettes et pénètre, depuis ses

four de l'abside. cordons de moulureront nous venons de parler ont été coupés au droit de son

, ce qui semble indiquer qu'elle fut agrandie après coup, sans doute

VUE EXTÉRIEURE DE L'ABSIDE A. ventre del,

plage actuel, qui appartient au XVI e siècle par son dessin et par le type

Des arrachements, visibles sur l'appui à 0m 30 environ du bord de l'ébrasement, marquent droits primitifs.

Cependant, à l'extérieur de l'édifice, cette fenêtre possède une archivolte de même profil que en outre les cordons de moulures horizontaux qui courent autour de l'abside

font retour dans son embrasure, et l'on voit dans cette embrasure des marques de tâcherons ; elle n'a là.

en conclure qu'au XVIe siècle on ne modifia pas cette fenêtre du côté du dehors, qu'on élargit seulement l'ébrasement intérieur, après avoir supprimé sans doute une seconde voussure qui

Au sommet du mur de l'abside et du sanctuaire règne une corniche à modillons, sur laquelle

frein est orné de grosses perles; entre les modillons, le mur est décoré de rosaces formant métopes ; des rosaces semblables ornent le dessous de la tablette.

Les modillons offrent des motifs variés et pour la plupart grotesques ; chacun d'eux est

Les principaux sont : un gros oiseau avec ses petits, une sirène néréide à double queue, une tête de cerf, un moine en cagoule tenant un rouleau, un diable serrant un serpent dans

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être centrale de l'abside, en plein cintre comme les deux autres mais beaucoup plus large et plus haute, ne présente à l'intérieur ni archivolte moulurée ni colonnettes et pénètre, depuis ses

cordons de moulureront nous venons de parler ont été coupés au droit de son

A. ventre del,

e siècle par son dessin et par le type

m 30 environ du bord de l'ébrasement, marquent

Cependant, à l'extérieur de l'édifice, cette fenêtre possède une archivolte de même profil que en outre les cordons de moulures horizontaux qui courent autour de l'abside

font retour dans son embrasure, et l'on voit dans cette embrasure des marques de tâcherons ; elle n'a

on ne modifia pas cette fenêtre du côté du dehors, qu'on rieur, après avoir supprimé sans doute une seconde voussure qui

modillons, sur laquelle

frein est orné de grosses perles; entre les modillons, le mur est décoré de rosaces

et pour la plupart grotesques ; chacun d'eux est

Les principaux sont : un gros oiseau avec ses petits, une sirène néréide à double queue, une pent dans ses mains, un

homme dans une barque, un autre jouant de la flûte de Pan, un personnage dans la gueule d'un monstre, un bélier, deux hommes se battant

Ce sont de très remarquables morceaux de sculpture, qu'on peut rattacher, il me semble, à l'école languedocienne.

Tel personnage, serré entre les mâchoires d'un monstre, rappelle, par la facture à la fois large et précise de sa robe à plis et de sa chevelure, le Christ de majesté du déambulatoire de SaintToulouse, les fameux apôtres de GilabeToulouse138, conservé au musée de la même ville.

Comme dans ces œuvres, les plis sont indiqués par un petit bourrelet entre deux rainures.L'abside a quatre contreforts. Ceux qui flanquent la fen

pilastre et reposant sur un socle au niveau de l'appui des fenêles tailloirs des baies latérales contourne le fût de ces colonnettes en formant b

Les deux autres contreforts, placés à la naissance de la courbure tout contre les absidioles, ne présentent de colonnettes qu'à partir de la toiture de ces absidioles.

Les chapiteaux de toutes corbeille en s'y arc-boutant, soit de feuillages lisses avec profil des bases qu'aux fenêtres139.

Les absidioles ont une corniche analogue mais on ne voit pas les rosaces dont j'ai parlé plus haut et le chanfrein de la tablette est décoré rangs de billettes. A la naissance de la courbure, ducolonnettes, simplement rectangulaire.

Chaque absidiole était primitivement éclairée par fenêtres, aujourd'hui murées, furent aveuglées au la travée droite de chaque absidiole, une grande l'intérieur au niveau de l'imposte des voûtes.

Le sanctuaire communique avec les absidioles par une large voussures rectangulaires 141, retomavec tailloirs et socles communs, les corbeilles et les basesprolongement de celui des arcatures de l'abside. Les tailloirs sont semblables bases, dont plusieurs ont été refaites, sont soit de même profil qu'aux arcatures, soit formées de trois tores superposés et séparés par des scoties. Les huit chapiteaux, restaurés en 1859, style : deux sont décorés de scènes de l'Ancien Testament (Adam et Eve, Caïn et Abel), les autres de rinceaux, de figures fantastiques et d'entrelacs mêlés d

L'abside et les absidioles ouvrent sur le transept par des arcades en plein cintre, à double voussurerectangulaire, retombant, comme la plupart des arcades de l'église, sur une colonne engagée dans un pilastre.

Les chapiteaux de ces colonnes (Daniel et Habacuc, Daniel entre les lions) ; à l'absidiole nord, des feuillagescôté des feuillages143, de l'autre le sacrifice d'Abraham.

homme dans une barque, un autre jouant de la flûte de Pan, un personnage dans la gueule d'un monstre, un bélier, deux hommes se battant137.

Ce sont de très remarquables morceaux de sculpture, qu'on peut rattacher, il me semble, à

Tel personnage, serré entre les mâchoires d'un monstre, rappelle, par la facture à la fois large et précise de sa robe à plis et de sa chevelure, le Christ de majesté du déambulatoire de SaintToulouse, les fameux apôtres de Gilabertus et surtout un chapiteau de l'ancienne cathédrale de

, conservé au musée de la même ville. Comme dans ces œuvres, les plis sont indiqués par un petit bourrelet entre deux rainures.L'abside a quatre contreforts. Ceux qui flanquent la fenêtre centrale consistent en deux colonnettes jumelles adossées à un

pilastre et reposant sur un socle au niveau de l'appui des fenêtres ; le cordon de moulures qui continue les tailloirs des baies latérales contourne le fût de ces colonnettes en formant bague.

Les deux autres contreforts, placés à la naissance de la courbure tout contre les absidioles, ne partir de la toiture de ces absidioles.

Les chapiteaux de toutes ces colonnettes sont ornés soit de feuilles nervées quiboutant, soit de feuillages lisses avec de petites têtes sous les angles du tailloir. Même

.

M. LANORE del. CORNICHE DE L'ABSIDIOLE NORD.

Les absidioles ont une corniche analogue à celle de l'abside ; les modillons sont identiques, dont j'ai parlé plus haut et le chanfrein de la tablette est décoré

rangs de billettes. A la naissance de la courbure, du côté opposé à l'abside, est un contrefort sans colonnettes, simplement rectangulaire.

Chaque absidiole était primitivement éclairée par deux fenêtres, dont une dans Taxe ; ces murées, furent aveuglées au XVIII e siècle par des rétables 140 ; on

la travée droite de chaque absidiole, une grande baie, qui est venue couper un cordon de billettes régnant à rieur au niveau de l'imposte des voûtes.

Le sanctuaire communique avec les absidioles par une large arcade en plein cintre, , retombant sur des colonnettes accouplées, comme on en voit dans les

avec tailloirs et socles communs, les corbeilles et les bases restant distinctes. Leur stylobate est le prolongement de celui des arcatures de l'abside. Les tailloirs sont semblables à ceux de l'abside; les bases, dont plusieurs ont été refaites, sont soit de même profil qu'aux arcatures, soit formées de trois

posés et séparés par des scoties. Les huit chapiteaux, restaurés en 1859, deux sont décorés de scènes de l'Ancien Testament (Adam et Eve, Caïn et Abel), les autres de

rinceaux, de figures fantastiques et d'entrelacs mêlés d'animaux. L'abside et les absidioles ouvrent sur le transept par des arcades en plein cintre, à double voussure

bant, comme la plupart des arcades de l'église, sur une colonne engagée dans un

Les chapiteaux de ces colonnes présentent : à l'absidiole sud, des scènes de l'histoire de Daniel (Daniel et Habacuc, Daniel entre les lions) ; à l'absidiole nord, des feuillages142 ; à l'arc triomphal, d'un

, de l'autre le sacrifice d'Abraham.

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homme dans une barque, un autre jouant de la flûte de Pan, un personnage dans la gueule d'un

Ce sont de très remarquables morceaux de sculpture, qu'on peut rattacher, il me semble, à

Tel personnage, serré entre les mâchoires d'un monstre, rappelle, par la facture à la fois large et précise de sa robe à plis et de sa chevelure, le Christ de majesté du déambulatoire de Saint-Sernin de

cienne cathédrale de

Comme dans ces œuvres, les plis sont indiqués par un petit bourrelet entre deux rainures.

être centrale consistent en deux colonnettes jumelles adossées à un tres ; le cordon de moulures qui continue

ague. Les deux autres contreforts, placés à la naissance de la courbure tout contre les absidioles, ne

és soit de feuilles nervées qui descendent sur la de petites têtes sous les angles du tailloir. Même

les modillons sont identiques, dont j'ai parlé plus haut et le chanfrein de la tablette est décoré de trois

opposé à l'abside, est un contrefort sans

deux fenêtres, dont une dans Taxe ; ces ; on ouvrit alors, dans

baie, qui est venue couper un cordon de billettes régnant à

arcade en plein cintre, à deux bant sur des colonnettes accouplées, comme on en voit dans les cloîtres,

restant distinctes. Leur stylobate est le à ceux de l'abside; les

bases, dont plusieurs ont été refaites, sont soit de même profil qu'aux arcatures, soit formées de trois posés et séparés par des scoties. Les huit chapiteaux, restaurés en 1859, sont d'un très bon

deux sont décorés de scènes de l'Ancien Testament (Adam et Eve, Caïn et Abel), les autres de

L'abside et les absidioles ouvrent sur le transept par des arcades en plein cintre, à double voussure bant, comme la plupart des arcades de l'église, sur une colonne engagée dans un

sentent : à l'absidiole sud, des scènes de l'histoire de Daniel ; à l'arc triomphal, d'un

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Toutes ces sculptures sont excellentes. Comme il arrive fréquemment, le chevet de l'église de Lescar en est la partie la plus riche et la

plus soignée ; cela est logique, puisqu'il en était liturgiquement la plus honorable. L'art roman du sud-ouest y a réalisé un modèle de bon goût, par la répartition juste et modérée des éléments décoratifs sur les parties nues et par la qualité de la sculpture.

On y sent une œuvre de bonne époque. Tout ici est du plus pur style roman du XIIe siècle : plan, moulures, chapiteaux et corniches.

Arrivons au transept. Les croisillons sont couverts de berceaux (en plein cintre au sud, légèrement surbaissé au

nord). Entre chacune des extrémités et l'absidiole, une fenêtre est percée dans le mur de l'est ; son archivolte intérieure144 est analogue à celle des fenêtres de l'abside, avec une décoration un peu plus compliquée, consistant en billettes et en grosses perles.

Les colonnettes sont semblables à celles de l'abside145. Au niveau de l'appui règne, comme dans l'abside, un cordon de billettes.

Une fenêtre analogue s'ouvre vers le haut de chacun des murs de pignon du transept. Celle du croisillon nord a été en grande partie refaite de nos jours.

Dans le mur occidental du croisillon sud est percée une porte en plein cintre, qui ouvre sur un escalier en vis, logé dans une tourelle ronde à l'intersection du transept et du bas-côté sud.

Son archivolte est formée de deux voussures toriques qui se prolongent, sans chapiteaux, jusqu'au seuil. J'ai relevé sur cette porte trois marques de tâcherons en forme d'E oncial, comme on en voit en grand nombre dans toute l'église.

Elle est très certainement du XIIe siècle, ainsi que l'escalier. On voit, dans celui-ci, sur les parois de la tourelle et sur le pivot central, de nombreuses

marques de tâcherons, toujours bien tracées et fortement creusées ; plusieurs d'entre elles se retrouvent au chevet, les autres se rencontrent ailleurs dans l'église, sauf deux, dont une jambe au pied chaussé, que je n'ai trouvées que vers le haut de cette tourelle146.

Si le chevet et les croisillons ont conservé leur aspect primitif, par contre le carré du transept a été fortement remanié au XVIIe siècle.

Au pilier de l'angle nord-est, le tailloir du beau chapiteau où sont représentés l'annonce aux bergers et l'adoration des mages147, et celui du chapiteau voisin, sous l'arc triomphal, ont été refaits à cette époque.

Quant aux piliers du côté ouest, ils furent entièrement reconstruits ; on n'y voit aucune marque de tâcheron ; leurs huit chapiteaux présentent ces corbeilles pseudo-ioniques et pseudo-toscanes, rondes, lisses, courtes et sans aucun galbe, qui ont été dès le XVIIe sièclé, malgré leur incomparable laideur, un objet de prédilection pour les architectes ; les bases furent aussi refaites, d'après des profils romans, mais avec des griffes triangulaires, froides et maigres.

Enfin, le carré a été voûté sur croisée d'ogives ; ces ogives sont formées d'une série de cavets superposés, suivant un profil très commun depuis le XVI e siècle.

Comme elles n'étaient pas prévues dans le plan primitif, on les a fait retomber sur quatre culots nus, en torme de pyramide ou de cône renversés, logés dans l'angle rentrant des dosserets.

Ces diverses refaçons furent nécessitées par l'accident, survenu peu après 1599, dont parle le Placet de 1688 : « Les goutières firent tomber en ruine toute la voûte qui dominoit le maistre autel, jusqu'à l'endroit où le chœur est présentement placé. »

Pour apprécier s'il y a vraiment concordance entre les données de ce texte et les remaniements qu'on observe dans l'église, il faut déterminer la place qu'occupait le maître-autel aux environs de 1600 et le chœur des chanoines vers la fin du XVIIe siècle.

On lit dans le Narré de ce qui se passa en Béarndu temps de la Reyne Jeanne que, pendant les guerres religieuses, un hérétique « tira une arquebuse au crucifix qui étoit placé aux vitres du grand

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autel148 », ce qui semble indiquer que l'autel principal était près des fenêtres de l'abside, c'est-à-dire vers le fond de celle-ci.

Quant au chœur des chanoines, à défaut de document sur son emplacement dans l'église vers 1688, nous connaissons celui qu'il occupait moins de cent ans plus tard, grâce aux renseignements que nous fournissent les pièces d'un procès survenu en 1765 entre l'Évêque et le Chapitre.

A l'office de la nuit de Noël de 1764, Mgr de Noé, évêque de Lescar, « voulut traverser le chœur la crosse levée contre l'usage de ses prédécesseurs.

Les chanoines, trouvant cela singulier, crièrent à haute voix à l'abbé de Lucquet de Nay, qui portoit la crosse : « Crosse bas, crosse bas ! »

L'abbé, tenant toujours sa crosse levée, continua sa marche 149 ». Pareil fait s'était déjà produit à l'office de la Fête-Dieu de la même année.

L'affaire, compliquée d'autres griefs, donna lieu à un procès qui dura cinq ans ; il fut terminé par un arrêt du Parlement de Navarre, en date du 20 mars 1770, donnant gain de cause à l'Évêque150.

Nous trouvons, dans les mémoires fournis par les parties, les détails suivants sur les dispositions intérieures de l'église : « L'Église cathédrale est occupée vers son milieu par le chœur ; au-delà est un emplacement qui le sépare de l'autel principal, à côté duquel est la chaire épiscopale.

L'Évêque ne peut y aller directement qu'en traversant le chœur, sans cela il faudroit circuler, en passant, comme à la dérobée, dans les espèces d'allées qui sont aux côtés151. » — « L'autel de Lescar n'est pas dans le chœur, il en est séparé par un intervalle où le Peuple se place pour entendre le service divin et la prédication, après quoi vient le sanctuaire où est l'autel, avec le trône épiscopal à côté152. »

Par conséquent, le chœur était alors placé vers le milieu de l'église, dans les travées de la nef les plus voisines du transept.

Cet emplacement du chœur, dont le plan de Saint-Gall offre déjà un exemple au IXe siècle, fut très fréquent en France, jusqu'à la Renaissance au moins.

Puisque cette disposition xistait à Lescar au XVIIIe siècle, on peut être à peu près certain qu'il en était de même au XVIIe 153.

La portion de voûte qui s'écroula vers 1600 comprenait, par suite, le berceau du sanctuaire, la voûte de la croisée et sans doute celle de la première travée de la nef, au moins, à partir du transept.

Cela concorde bien avec les remaniements que l'on constate dans l'église. Nous avons dit que les murs latéraux du sanctuaire paraissent avoir été reconstruits en partie et

que deux tailloirs du pilier nord-est du carré (dont celui de l'arc triomphal), les deux piles de l'ouest et la voûte d'ogives de la croisée sont du XVIIe siècle ; le deuxième pilier de la nef, du côté sud, a deux chapiteaux modernes, dont l'un au moins est aussi du XVII e ; enfin, des quatre premiers supports engagés des collatéraux, deux sont de cette même époque, un troisième reste douteux, le quatrième est ancien (scènes de la vie de saint Jean-Baptiste), mais son tailloir a été refait également au XVIIe siècle.

La reconstruction des voûtes écroulées et des piliers détruits ou endommagés fut exécutée de 1628 à 1632.

L'auteur du Narré dit, à l'année 1628 : «Cette année a été commancée la rédification d'un pilier et partie de la voûte du grand autel » (c'est-à-dire, vraisemblablement, un des piliers de la croisée et le berceau du sanctuaire154); et à l'année 1632 : « Cette année le cœur de l'église a été fait. »

J'ai dit que cette dernière mention concerne probablement les boiseries du chœur, mais leur mise en place suppose l'achèvement des travaux de maçonnerie.

L'étude de la nef et des bas-côtés, auxquels nous arrivons, soulève des problèmes non moins intéressants.

Examinons tout d'abord les supports. Les piliers, de plan cruciforme, reposent sur un stylobate circulaire155, en pierres de grandes

dimensions dont les joints convergent vers le centre

Ces stylobates ont le même profil que celui des arcatures de l'abside. Aux murs des bas-côtés sont adossés des supports, composés d'une colonne à demi engagée

dans un pilastre ; ils reposent sur un stylobate continu, du même profil que les prébanc autour de l'église.

La plupart des bases des colonnettes douverte et le tore inférieur très développé, mais nullement é

Ces bases semblent à première vue plus anciennes que celles des arcatures de l'abside ; c'est simplement qu'elles sont plus grossières et n'ont pas été, comme cellescompas. Le développement de leur tore iarcatures, où les deux tores sont presque égaux, ne permet pas de les croire antérieures.

Mais elles ne doivent être guère plus récentes, car elles sont du même type que les bases des fenêtres de l'abside, moins à portée de la vue que celles de l'étage inférieur et moins soignées comme profil.

Presque toutes ces bases ont quelque dd'un petit zigzag, scotie décorée de grosses perles, de petitcercles concentriques et juxtaposés, ou d'une baguette soit lisse, soit imitant une corde.

ême profil que celui des arcatures de l'abside. côtés sont adossés des supports, composés d'une colonne à demi engagée

sur un stylobate continu, du même profil que les pré

La plupart des bases des colonnettes dérivent de la base atti-que ; la scotie est en général très ouverte et le tore inférieur très développé, mais nullement écrasé sur le socle.

blent à première vue plus anciennes que celles des arcatures de l'abside ; c'est simplement qu'elles sont plus grossières et n'ont pas été, comme celles-ci, tracées soigneusement au compas. Le développement de leur tore inférieur, qui est autrement volumineux qu'aux bases des arcatures, où les deux tores sont presque égaux, ne permet pas de les croire antérieures.

Mais elles ne doivent être guère plus récentes, car elles sont du même type que les bases des abside, moins à portée de la vue que celles de l'étage inférieur et moins soignées comme

Presque toutes ces bases ont quelque décoration : tores simulant un cordage, tore inférieur orné scotie décorée de grosses perles, de petites rosés, de disques en creux, d'une série de

cercles concentriques et juxtaposés, ou d'une baguette soit lisse, soit imitant une corde.

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côtés sont adossés des supports, composés d'une colonne à demi engagée sur un stylobate continu, du même profil que les précédents, qui forme

que ; la scotie est en général très

blent à première vue plus anciennes que celles des arcatures de l'abside ; c'est ci, tracées soigneusement au

neux qu'aux bases des arcatures, où les deux tores sont presque égaux, ne permet pas de les croire antérieures.

Mais elles ne doivent être guère plus récentes, car elles sont du même type que les bases des abside, moins à portée de la vue que celles de l'étage inférieur et moins soignées comme

lant un cordage, tore inférieur orné es rosés, de disques en creux, d'une série de

cercles concentriques et juxtaposés, ou d'une baguette soit lisse, soit imitant une corde.

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Certaines bases sont formées de trois tores superposés, séparés par de petites scoties, les deux tores supérieurs étant à peu près de même section ; le même type se voit à l'arcature qui fait communiquer le sanctuaire et l'absidiole nord.

L'une de ces bases, voisine du portail sud, est particulièrement riche : les deux tores supérieurs sont décorés l'un d'une suite de traits dessinant de petites crosses, l'autre de petits prismes en saillie, semblables à des diamants à pointe émoussée ; le tore inférieur, très développé, est lisse et flanqué de deux grosses têtes grimaçantes, placées comme des griffes, mais n'adhérant pas au socle, qui fuit en biseau sous le tore ; ce biseau est lui-même décoré de palmettes renversées, avec un creux central en forme d'amande.

Quelques-uns des socles sont de simples tablettes rectangulaires, dont la tranche est unie ou ornée d'un damier.

Mais le plus grand nombre a la forme d'un tailloir renversé, dont le biseau ou le cavet dégage le tore inférieur de la base ; cavets et biseaux sont généralement ornés (chevrons, rinceaux, besants, palrnettes, suite d'animaux rampants, etc.).

On trouve enfin des socles de profil carré, avec tore à l'angle, ou en forme de doucine renversée.

Tous ces socles sont de plan rectangulaire, sauf deux exceptions (l'un polygonal, un autre circulaire) ; mais leur face antérieure est en général légèrement courbe, pour épouser la forme du stylobate.

La base est souvent réunie au socle par des griffes en forme de boules, de poires ou de prismes.

Les fûts, les dosserets et les stylobates présentent, ainsi que le parement intérieur156 des murs des bas-côtés dans sa partie inférieure, de nombreuses marques de tâcherons.

La plupart se retrouvent au chevet de l'église, mais quelques-unes (clef, flèche, diverses formes de fers de lance, etc.) ne figurent pas sur les autres parties du monument actuellement visibles.

Toutes sont bien tracées et fortement creusées. Les grandes arcades qui font communiquer la nef avec les bas-côtés sont formées de deux

voussures rectangulaires de tracé plein cintre, généralement peu concentriques par suite de négligences dans la construction.

L'étude des éléments que nous venons de passer en revue amène à conclure que l'église est tout entière du XIIe siècle et qu'elle dut être construite d'un jet, du moins sans longue interruption dans les travaux, en commençant par l'abside.

On peut constater, en outre, qu'il n'y a pas de déviation dans l'axe et que les mêmes dimensions, pour les supports, sont conservées d'un bout à l'autre de l'édifice.

Mais l'impression d'homogénéité que donnent l'étude du monument en plan et l'examen de ses parties basses ne persiste pas quand on passe aux régions supérieures.

Là, d'importantes refaçons forcent l'attention.

La plupart des chapiteaux des colonnes engagées de la nef et des bas-côtés sont décorés de larges feuillages lisses dont la pointe se recourbe et se termine par un fruit lisse ou à grains, par une tête d'animal dans l'un d'eux.

On retrouve ces mêmes types aux fenêtres des croisillons et de l'abside. Mais il est possible que la plupart de ces chapiteaux, dans la nef, aient été refaits, car ces

modèles très simples sont faciles à imiter et leurs copies se distinguent malaisément des originaux. Les corbeilles ornées de figures offrent beaucoup plus d'intérêt 157

Quelques-unes sont revêtues d'une sculpture robuste, vivante, nerveuse, de proportions justes, où les formes minces et bien accusées dominent.

Tels sont : un chapiteau présentant deux animaux affrontés, à longues pattes ; un autre avec deux singes accroupis, les pattes serrées par une corde au moyen d'un bâton dont le bout s'appuie sous leur cou.

Ces animaux, d'une grande beauté plastique dans leur laideur voulue, adhèrent à la corbeille et s'accrochent à l'astragale avec une force et une décigalbe du chapiteau, ils le soulignent et le mettent en valeur.

Un autre chapiteau, où sont représentées trois scènes du martyre de saint Jeande Salomé, décollation du saint, offrande de sa

Cela rappelle, comme style, les sculptures que nous avons admirées au chevet. Par contre, d'autres corbeilles sont couvertes de reliefs d'une facture molle, où les formes sont lourdes et rondes et les proportions des corps déplorables ; tel le Christ de majesté, entouré des animaux évangélistiques, qu'on voit dans le bas-côté nord, et qu'il est intéressant de comparer avec le Christ de même afiguré sur un des chapiteaux de l'abside.

Ce dernier, vêtu d'une tunique ajustes ; l'autre, trappu, avec un gros nez et des extrémités énormes, vêtu d'une robe aux plis désordonnés, lui est notablement inférieur.

Même observation si l'on rapproche le chapiteau de sautre où sont représentées les mê

J'estime qu'il n'y a pas seulement là deux mains mais deux époques ; que ces chapiteaux, bien que restant dans la même tradition iconographique, furent peutdistance, et que les plus barbares ne sont pas les plus anciens.

En effet si, au XIIe siècle, grâce à la diffusion des arts par les ordres monastiques, l'ouest de la région pyrénéenne ne fut nullement en retard, au reste de la Gascogne et sur le Languedoc (comme le prouet le porche de Sainte-Marie d'Oloron, le portail de Morlaàs, les ruines de l'abpar contre cette même région, sans doute parce que la sève gothique n'y vint pas infuser à l'art une vie nouvelle, tomba dès le XIIIe ou le grossièreté d'une sculpture, en Béarn comme en Bigorre, est en général tout le contraire d'un caracd'ancienneté.

êtues d'une sculpture robuste, vivante, nerveuse, de proportions justes, où les formes minces et bien accusées dominent.

Tels sont : un chapiteau présentant deux animaux affrontés, à longues pattes ; un autre avec nges accroupis, les pattes serrées par une corde au moyen d'un bâton dont le bout s'appuie sous

Ces animaux, d'une grande beauté plastique dans leur laideur voulue, adhèrent à la corbeille et s'accrochent à l'astragale avec une force et une décision magnifiques ; en outre, loin de détruire le galbe du chapiteau, ils le soulignent et le mettent en valeur.

Un autre chapiteau, où sont représentées trois scènes du martyre de saint Jeande Salomé, décollation du saint, offrande de sa tête), est également excellent.

Cela rappelle, comme style, les sculptures que nous avons admirées au chevet. Par contre, beilles sont couvertes de reliefs d'une facture molle, où les formes sont lourdes et rondes et

déplorables ; tel le Christ de majesté, entouré des animaux évangélistiques, côté nord, et qu'il est intéressant de comparer avec le Christ de même ateaux de l'abside.

Ce dernier, vêtu d'une tunique aux plis fins et tombant bien, est de proportions élégantes et justes ; l'autre, trappu, avec un gros nez et des extrémités énormes, vêtu d'une robe aux plis

otablement inférieur.

observation si l'on rapproche le chapiteau de saint Jean-Baptiste, dont je viens de parler, d'un autre où sont représentées les mêmes scènes.

J'estime qu'il n'y a pas seulement là deux mains mais deux époques ; que ces chapiteaux, bien que restant dans la même tradition iconographique, furent peut-être exécutés à plusieurs siècles de

bares ne sont pas les plus anciens. siècle, grâce à la diffusion des arts par les ordres monastiques, l'ouest de la

ment en retard, au point de vue de l'architecture et de la sculpture, sur le reste de la Gascogne et sur le Languedoc (comme le prouvent l'abside de Lescar, l'église Sainte

Marie d'Oloron, le portail de Morlaàs, les ruines de l'abbatiale de Saipar contre cette même région, sans doute parce que la sève gothique n'y vint pas infuser à l'art une vie

ou le XIV e siècle dans une profonde décadence artistiBéarn comme en Bigorre, est en général tout le contraire d'un carac

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êtues d'une sculpture robuste, vivante, nerveuse, de proportions justes,

Tels sont : un chapiteau présentant deux animaux affrontés, à longues pattes ; un autre avec nges accroupis, les pattes serrées par une corde au moyen d'un bâton dont le bout s'appuie sous

Ces animaux, d'une grande beauté plastique dans leur laideur voulue, adhèrent à la corbeille et sion magnifiques ; en outre, loin de détruire le

Un autre chapiteau, où sont représentées trois scènes du martyre de saint Jean-Baptiste (danse

Cela rappelle, comme style, les sculptures que nous avons admirées au chevet. Par contre, beilles sont couvertes de reliefs d'une facture molle, où les formes sont lourdes et rondes et

déplorables ; tel le Christ de majesté, entouré des animaux évangélistiques, côté nord, et qu'il est intéressant de comparer avec le Christ de même attitude

ux plis fins et tombant bien, est de proportions élégantes et justes ; l'autre, trappu, avec un gros nez et des extrémités énormes, vêtu d'une robe aux plis

Baptiste, dont je viens de parler, d'un

J'estime qu'il n'y a pas seulement là deux mains mais deux époques ; que ces chapiteaux, bien re exécutés à plusieurs siècles de

siècle, grâce à la diffusion des arts par les ordres monastiques, l'ouest de la de la sculpture, sur le

vent l'abside de Lescar, l'église Sainte-Croix batiale de Saint-Pé, etc.),

par contre cette même région, sans doute parce que la sève gothique n'y vint pas infuser à l'art une vie ècle dans une profonde décadence artistique ; en sorte que la

Béarn comme en Bigorre, est en général tout le contraire d'un caractère

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C'est ainsi que tels tympans d'églises bigourdanes, qui semblent à première vue avoir été sculptés au début de l'époque romane, sont datés d'une façon indiscutable, par des inscriptions ou par des profils de moulures, du xve ou du XVIe siècle.

Cette règle souffre naturellement des exceptions ; mais je crois qu'il faut s'en souvenir quand on étudie la sculpture des chapiteaux de la nef et des bas-côtés de l'église de Lescar.

Quelques-uns, de facture médiocre et d'un galbe déplorable, pourraient bien être des œuvres romanes attardées du XIIIe, du XIVe ou du XVe siècle.

Nous allons voir, en étudiant les voûtes, que des modifications importantes, et non sans rapport avec les refaçons dont nous venons de parler, furent apportées à la bâtisse primitive de la cathédrale de Lescar dans le courant du moyen âge.

L'église a sa nef et ses bas-côtés voûtés en berceau. La voûte de la nef, en plein cintre légèrement surbaissé, est renforcée par des doubleaux.

Quant aux bas-côtés, ils sont couverts de berceaux transversaux, — c'est-à-dire dirigés perpendiculairement au berceau de la nef, — de tracé plein cintre et retombant sur des arcades à deux voussures rectangulaires et en plein cintre, bandées entre les travées158.

Les églises qui présentent cette disposition de voûtes sur les bas-côtés, quoique d'un type exceptionnel, sont cependant en assez grand nombre 159.

Le système consistant à couvrir un édifice, ou une partie d'édifice, d'une série de berceaux de même hauteur, s'épaulant mutuellement et perpendiculaires à l'axe du monument, se rencontre déjà dans la Perse sassanide (Tag-Eïvan) et en Syrie (substructions du Haram à Jérusalem) 160.

Mais il est tout à fait inutile de faire intervenir des influences orientales pour expliquer son emploi en Occident ; les connaissances des maîtres d'œuvre médiévaux en matière de statique y suffisent.

La stabilité de la construction, dont eurent à se préoccuper les architectes de tous les temps, fut, en effet, le grand souci des bâtisseurs d'églises du moyen âge, parce qu'ils avaient à concilier cette stabilité avec les exigences d'un programme architectural dont la réalisation mettait précisément en danger l'équilibre de l'édifice.

L'église devait être assez vaste pour contenir les fidèles, couverte de voûtes pour offrir moins de prise à l'incendie et suffisamment accessible à la lumière du dehors.

Cela revenait à solliciter les murs par des poussées, tout en affaiblissant ces mêmes murs par des percements.

La pensée des architectes travailla constamment sur ce problème et les diverses solutions qu'ils y apportèrent marquent, on le sait, les étapes de l'architecture religieuse au moyen âge.

L'une de ces solutions fut l'emploi des berceaux transversaux, dont on a couvert soit la nef161

soit, beaucoup plus fréquemment, les bas-côtés d'une église dont la nef était voûtée d'un berceau ordinaire.

Cette dernière disposition est celle de la cathédrale de Lescar. On sait les avantages du système : épauler solidement la voûte centrale et soulager de toute

poussée continue les murs latéraux, ce qui permet d'y pratiquer de larges percements. Seules, les arcades qui séparent l'une de l'autre les travées du bas-côté et supportent les

berceaux développent une certaine poussée; aussi, au droit de ces arcades, a-t-on renforcé la muraille, du côté nord, par des contreforts se terminant un peu au-dessus du niveau des sommiers des arcades, à la hauteur de l'appui des fenêtres162 ; du côté sud, le cloître suffisait à l'épaulement.

Les parties hautes des murs latéraux, n'étant sollicitées par aucune poussée, pouvaient, sans inconvénient, être très légèrement construites ; elles sont en briques et cailloux, disposés parfois en feuilles de fougère, tandis que le bas des murs, jusqu'à l'appui des fenêtres, est en pierres appareillées.

Enfin il y avait des précautions spéciales à prendre pour assurer l'équilibre des travées extrêmes, qui ne sont contrebutées que d'un seul côté.

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Nous voyons qu'à Lescar on a fait la première travée de chaque bas-côté plus basse et plus étroite que les autres, afin qu'elle pousse moins sur le mur de façade ; du côté du transept, on a élevé l'arcade d'ouverture des bas-côtés assez hauts pour qu'elle pénètre dans le berceau transversal, ce qui allège la voûte et détermine des arêtes qui reportent la poussée sur les deux supports d'angle 163.

Quelle est la date de ces diverses voûtes ? Nous avons vu que celles de la première travée de la nef et des bas-côtés, en partant du

transept, sont du XVIic siècle ; les voûtes de quelques autres travées ont pu être également refaites à cette époque ou plus tard.

Mais elles reproduisent une disposition antérieure, qui est celle de l'ensemble du monument. Quant à cette disposition elle-même, il me paraît certain qu'elle ne remonte pas au XIIe siècle,

mais est le résultat d'un remaniement postérieur. Trois observations montrent que cette disposition n'est pas la primitive. Nous avons vu que les berceaux transversaux retombent sur des arcades à deux voussures ; or,

en plusieurs parties de l'église, le dosseret qui reçoit la voussure extérieure de l'arcade est plus large que cette voussure et se continue bien au-dessus de sa retombée (par exemple à l'angle nord-est de la deuxième travée du bas-côté nord) ; parfois même le dosseret vient se perdre dans la douelle du berceau transversal (angle nord-ouest de la deuxième travée du bas-côté sud). 11 est évident que ces dosserets correspondent à une couverture dont la base était située bien au-dessus de la retombée des voûtes actuelles des collatéraux et qui pouvait être soit une charpente soit, étant donnée la région, une voûte en demi-berceau.

En outre, on remarque dans plusieurs travées du bas-côté nord des corbeaux placés en ligne horizontale, immédiatement au-dessus du sommet des grandes arcades, sous la lunette des berceaux.

Il y en a deux dans la deuxième travée : le premier, orné de billettes grossières, est en partie engagé dans la douelle du berceau ; le second, presque entièrement dégagé, est sculpté d'une tête d'animal tirant la langue.

On en voit un autre dans chacune des deux travées suivantes : l'un, formé d'un quart de rond surmontant un filet, est en partie dans la douelle ; de l'autre, on n'aperçoit qu'un chanfrein nu.

Ces corbeaux sont en trop grand nombre et disposés trop régulièrement pour qu'on puisse y voir des pierres adventices.

L'idée qui se présente d'abord, c'est qu'ils faisaient partie d'une corniche à modillons et marquent le sommet primitif des murs de la nef; mais ils ne sont séparés du sommet des grandes arcades que par un intervalle de quelques centimètres où il serait matériellement impossible de loger-la toiture du collatéral.

Ils n'ont donc pu servir qu'à supporter l'extrémité des pièces d'une charpente apparente couvrant le bas-côté.

On trouve des corbeaux destinés à cet office, et également moulurés ou ornés de figures, dans l'église de Saint-Menoux (Allier) 164.

Enfin, on voyait encore au milieu du XIxe siècle, sur la façade sud de la cathédrale, d'anciennes fenêtres « renfoncées, basses, étroites, cintrées, évasées à l'intérieur. On les boucha quand on ouvrit au-dessus les baies gothiques165 ».

M. Durand en a figuré deux dans son dessin de cette façade ; elles sont exactement au-dessous des fenêtres actuelles, dont leur sommet n'atteint pas l'appui ; à l'échelle du dessin, elles mesurent 2 mètres de haut sur 1 mètre de large, tandis que les fenêtres actuelles ont un peu moins de 5 mètres sur un peu plus de 2 mètres.

En tenant compte de l'ébrasement, on arrive à une ouverture de baie très médiocre. Ces timides percements ne correspondent pas au système des berceaux transversaux, qui

permet au contraire un large développement des baies ; et les avantages de ce mode de voûte sont si apparents, qu'il est difficile d'admettre qu'un architecte l'ait adopté sans en profiter.

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Pour ces motifs, il me paraît évident que l'application à la cathédrale de Lescar du système des berceaux transversaux épaulant une voûte centrale est le résultat d'un remaniement, et que les bas-côtés de l'édifice, et la nef à plus forte raison, furent pendant quelque temps couverts d'un lambris ou d'une charpente apparente.

Les corbeaux doivent avoir servi moins à recevoir l'extrémité des entraits ou de liens qui les soulageaient166 qu'à porter directement, ou par l'intermédiaire d'une tablette de pierre, comme à Saint-Menoux, une sablière, dans laquelle venaient s'assembler soit des entraits soit, dans le cas d'un appentis plus rudimentaire, des chevrons obliques s'appuyant par leur autre bout sur la tête du mur du bas-côté.

Ce dernier système conduisait à donner peu de hauteur à ce mur, ce qui expliquerait qu'on eût percé les anciennes fenêtres assez près du sol ; mais peut-être cette dernière disposition a-t-elle une autre cause.

En effet, en considérant le plan des piliers, qui suppose deux arcades et deux doubleaux, on songe tout naturellement que l'intention de l'architecte fut de voûter l'église d'un berceau sur la nef et de demi-berceaux sur les collatéraux, avec doubleaux, suivant un type fréquent dans l'ouest de la région pyrénéenne, dont les églises Sainte-Croix et Saint-Pierre d'Oloron offrent des exemples 167.

Cette hypothèse expliquerait en outre les dimensions et la situation des anciennes fenêtres. Nous serions alors ici en présence d'un de ces repentirs si fréquents dans l'architecture du

moyen âge : on aurait eu d'abord l'intention de voûter ainsi l'église, mais pour une raison inconnue de nous, sans doute faute de ressources, on aurait ensuite renoncé aux voûtes, au moins provisoirement, et couvert l'église de charpentes.

Il peut se faire aussi que l'église ait été primitivement voûtée de la sorte, mais que, les voûtes s'étant écroulées, on les ait remplacées par une couverture en bois.

Il est possible enfin que les colonnes engagées de la nef et des bas-côtés aient servi à soutenir les entraits d'une charpente, ou de petits murs jouant le rôle de fermes, comme on en cite des exemples en France et ailleurs ; ce dernier parti serait peu logique dans une région où le bois abonde, s'il n'offrait l'avantage de localiser les incendies.

En résumé, il est possible que le premier architecte de la cathédrale de Lescar ait eu le dessein de couvrir la nef d'un berceau et les bas-côtés de demi-berceaux, avec doubleaux ; peut-être ces voûtes ne furent-elles jamais construites, peut-être croulèrent-elles après peu de temps; peut-être aussi destina-t-on les colonnes engagées de la nef et des bas-côtés à porter, non des doubleaux renforçant des voûtes, mais les entraits d'une charpente ou des diaphragmes de maçonnerie jouant le rôle de fermes ou de demi-fermes.

Quoi qu'il en soit, il est certain que l'église, peu après sa construction (comme l'indique le style des corbeaux) et avant de recevoir les voûtes actuelles, fut entièrement couverte de charpentes apparentes ou de lambris ; puis, à la suite de quelque catastrophe, sans doute d'un incendie qui détruisit les charpentes 168, on voûta toute l'église selon le système que nous voyons aujourd'hui.

On raccourcit alors les colonnes engagées des bas-côtés, on descendit les chapiteaux intacts et on remplaça ceux qui avaient été détruits ; on ne prit pas soin d'ailleurs d'assortir les nouveaux doubleaux, trop étroits en général, aux anciens pieds-droits.

Ce remaniement dut avoir lieu entre le XIIIe et le xve siècle inclus ; il faut peut-être l'identifier avec cette reconstruction de la cathédrale que la tradition attribuait à Gaston-Phœbus.

On peut se demander si l'architecte qui dirigea la restauration emprunta l'idée de cette disposition de voûtes à quelque monument voisin.

Je n'en ai pas, jusqu'à présent, rencontré d'autre exemple en Béarn ; quoi qu'on en ait dit, aucune église d'Oloron n'a de berceaux transversaux.

L'exemple le plus rapproché que j'en connaisse est l'église de Mimizan (Landes), où des bas-côtés, voûtés en berceaux transversaux brisés, épaulent la voûte d'ogives de la nef.

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Or il est curieux que l'un des évêques de Beneharnum, Galactoire, dont le corps fut conservé dans la cathédrale de Lescar jusqu'à la fin du XVIe siècle, ait été précisément martyrisé à Mimizan, d'après la légende rapportée dans son office ; peut-être la grande faveur dont jouit, jusqu'au XVIIe siècle, le culte de ce saint dans l'extrême sud-ouest, amena-t-elle des rapports entre les deux églises, d'où leur parenté architecturale.

Mais ce n'est là qu'une hypothèse, et d'ailleurs je ne saurais dire dans quel sens l'influence se serait exercée : de Mimizan à Lescar ou inversement.

Toutes les voûtes de l'église de Lescar sont faites d'un épais blocage composé de briques, de cailloux et de fragments de pierre, agglomérés au moyen de mortier.

En certaines parties, la brique paraît seule employée, par exemple dans la cinquième travée du bas-côté sud169.

Dans chaque travée de collatéral, à l'exception de la première à l'ouest, est percée une fenêtre dont le sommet atteint celui de la lunette du berceau 170.

Les trois premières fenêtres du bas-côté nord sont en arc brisé et garnies de remplages flamboyants ; on peut les attribuer à la fin du xve siècle ou au début du XVIe ; au contraire, la fenêtre de la travée la plus voisine du transept est en plein cintre, avec un remplage de tracé très simplifié (deux formes en plein cintre, surmontées d'un soufflet sans redents), comme on en a tant fait depuis la Renaissance ; celle-ci doit dater seulement du XVIIe siècle.

Quant aux quatre fenêtres du bas-côté sud, je les crois du XVIe siècle : elles sont en plein cintre avec des remplages à demi-flamboyants, dont l'un est semblable à celui de la fenêtre centrale de l'abside.

Deux baies en forme d'oculus, percées sur la façade dans l'axe de chacun des collatéraux, remontent au XIIe siècle.

Elles sont bouchées aujourd'hui. Le sommet des grandes arcades atteignant l'imposte du berceau de la nef, celle-ci n'a pas de

fenêtres. On a seulement percé, à une époque inconnue mais probablement récente, deux ouvertures

carrées sans caractère, l'une au nord, l'autre au sud, à travers la voûte de la deuxième travée171. On voit à Sainte-Croix d'Oloron une fenêtre percée de la même façon, au sud de l'église; elle

est carrée et divisée en deux par un trumeau reposant sur un corbeau, qui semble du XIIe siècle. L'ancienne façade de la cathédrale a disparu presque en entier. Il n'en reste que les parties latérales, et la partie inférieure d'anciens contreforts ou pilastres,

contre lesquels on a collé le portail actuel. On retrouve là les mêmes marques de tâcherons qu'aux murs des bas-côtés. Quant à la partie centrale, elle est du XVIIe siècle. Le portail actuel, qui offre peu d'intérêt, dut remplacer alors celui qu'on avait construit vers

1550. On voit dans les écoinçons deux écus martelés, surmontés de cartouches ; les écus sont tenus

par de petits anges très mutilés. Sur celui de gauche étaient sculptées, si l'on en croit l'intendant Le Bret, les armes de Gaston Phœbus; le mot Phœbus se distinguait encore vaguement, avant 1859, sur le cartouche correspondant172, où nous avons vu qu'on lisait au XVIIe siècle : Pbebus me fe, en caractères gothiques.

Sur le cartouche de droite, on voyait les traces d'une inscription en capitales que M. l'abbé Laplace, dans sa Monographie, transcrit ainsi 173 :

Mais il en avait précédemment donné un relevé un peu diffécorrespondant inconnu, que m'a communiquée M. Barthety.

Il paraît plus fidèle que l'autre :

Cette inscription se rapporte Il est possible, à cause d'une certaine irrégularité dans les lettres

canonici), qu'elle soit du XVIc siècle 1550.

On peut en reconstituer la plus grande partie : [et ca]NONICI MIRE RE [fici

On lit aujourd'hui sur ce mcroire, au contraire, que la reconstruction de la façade, à la suite des guerres religieuses, fut terminée avant 1633.

En effet, le chanoine Bordenave, qui achevait cette annéed'une ancienne croix à fleurs de lys, qu'on l'a « conservée soigneusement et fait remettre au haut du pinacle, ayant rebasti l'Église aujourd'hui aux cousts et despens de l'Ordinaire et du Chapitre

Avant 1859, la façade était surmontéehampe les lettres N. I. C. R. O. R.177

voyait pas trace de fleurs de lys. A l'époque révolutionnaire, on s'efforça de donner à cetLe 2 ventôse an I Société populaire de Lescar nomma des commissaires à l'effet de « faire écrire

au-dessus de la grande porte de la cy devant cathédrale, en gros caractère : Le 26 germinal, on décide « qu'il sera fait un drapeau tricolore avec cett inscription :

Montagnard, qui sera placé au-devant de la porte du temple de la Raison, afin que des individus imbus encore de quelques préjugés fanatiqlongtemps a été cachée sous la tombe hideuse où malheureusement nos pères ont vécu au sein de l'ignorance ».

Enfin le 8 prairial la Société arrête « que le citoyen Giraudy fils seroit invité à graver sur le frontispice du temple de la Raison ces mots : l'âme, et ce en exécution de la loy du 8pour inviter la municipalité à faire commissaires et artiste, puisse se mètre à portée de graver l'inscription précitée178. On n'en voit plus trace aujourd'hui.

écédemment donné un relevé un peu différent, dans une lettre à un

correspondant inconnu, que m'a communiquée M. Barthety. paraît plus fidèle que l'autre :

Cette inscription se rapporte à une reconstruction de la façade. Il est possible, à cause d'une certaine irrégularité dans les lettres (voir p. ex. le second

siècle 174 et mentionne, par conséquent, la réfection du portail vers

On peut en reconstituer la plus grande partie : h.[nno] D[omini] M D [ L ? ] . . .ici?]CVRARVNT175.

On lit aujourd'hui sur ce même cartouche la date Anno 1685, que rien ne vient justifier ; tout fait croire, au contraire, que la reconstruction de la façade, à la suite des guerres religieuses, fut terminée

En effet, le chanoine Bordenave, qui achevait cette année-là son Estât des églises, d'une ancienne croix à fleurs de lys, qu'on l'a « conservée soigneusement et fait remettre au haut du pinacle, ayant rebasti l'Église aujourd'hui aux cousts et despens de l'Ordinaire et du Chapitre

Avant 1859, la façade était surmontée d'une croix dont la traverse portait le mot 177 ; peut-être était-ce la croix dont parle Bordenave cependant on n'y

époque révolutionnaire, on s'efforça de donner à cette façade une physionomie plus Le 2 ventôse an I Société populaire de Lescar nomma des commissaires à l'effet de « faire écrire

dessus de la grande porte de la cy devant cathédrale, en gros caractère : Temple de la Raison ».al, on décide « qu'il sera fait un drapeau tricolore avec cett inscription :

devant de la porte du temple de la Raison, afin que des individus imbus encore de quelques préjugés fanatiques soient forces à lui rendre homage et respecter la vérité, qui trop longtemps a été cachée sous la tombe hideuse où malheureusement nos pères ont vécu au sein de

Enfin le 8 prairial la Société arrête « que le citoyen Giraudy fils seroit invité à graver sur le frontispice du temple de la Raison ces mots : Le peuple français reconnaîtïEtre Suprême et l'immortalité de

et ce en exécution de la loy du 8e floréal dernier » ; deux jours après, deux commissaires sont élus construire un échafaudage, « afin que le citoyen Giraudy, l'un

commissaires et artiste, puisse se mètre à portée de graver sur le frontispice du temple de la Raison» On n'en voit plus trace aujourd'hui.

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rent, dans une lettre à un

(voir p. ex. le second c de et mentionne, par conséquent, la réfection du portail vers

M D [ L ? ] . . . EP[iscopu]S

que rien ne vient justifier ; tout fait croire, au contraire, que la reconstruction de la façade, à la suite des guerres religieuses, fut terminée

Estât des églises, dit, à propos d'une ancienne croix à fleurs de lys, qu'on l'a « conservée soigneusement et fait remettre au haut du pinacle, ayant rebasti l'Église aujourd'hui aux cousts et despens de l'Ordinaire et du Chapitre176 ».

d'une croix dont la traverse portait le mot Deus et la ce la croix dont parle Bordenave cependant on n'y

te façade une physionomie plus civique. Le 2 ventôse an I Société populaire de Lescar nomma des commissaires à l'effet de « faire écrire

Temple de la Raison ». al, on décide « qu'il sera fait un drapeau tricolore avec cett inscription : Club

devant de la porte du temple de la Raison, afin que des individus imbus e et respecter la vérité, qui trop

longtemps a été cachée sous la tombe hideuse où malheureusement nos pères ont vécu au sein de

Enfin le 8 prairial la Société arrête « que le citoyen Giraudy fils seroit invité à graver sur le frontis-Le peuple français reconnaîtïEtre Suprême et l'immortalité de floréal dernier » ; deux jours après, deux commissaires sont élus

échafaudage, « afin que le citoyen Giraudy, l'un des sur le frontispice du temple de la Raison»

La cathédrale a deux portes accessoires : l'une au croisillon

façade sud, datée de 1725. Avant 1859, on voyait, à droite de cette dernière, un petit

anciennement dans la quatrième travée deux pieds-droits sans chapiteaux

A côté était un bénitier extérieur, formé Deux niches, qui se trouvaient sur la m

donné lieu à une hypothèse qu'il faut examiner. Lallier s'exprime ainsi à leur sujet : « Dans l'angle formé par le transsept méridional, o

aperçoit une porte plein cintre, très basse, et à gauche deux baies séparées par une colonnette à chapiteau sculpté.

Il pourrait bien se faire que c'eût été là la porte et le bénitier des CagotsOn sait qu'en effet ces malheureux, qui paraissent

maladies cutanées contagieuses, avaient, dans les églises de certaines localités, une porte et un bénitier réservés.

Mais leur place était toujours soit au fond de l'église soit à l'extrémité d'un croisillon ; et d'ailleurs la prétendue porte aurait ouvert sur le cloître de la cathédrale, raison suffisante pour ne pas y voir une entrée des cagots.

Enfin cette porte se serait trouvée à plus d'un mètre aunécessité à l'intérieur un certain nombre de marches dont on ne trouve pas trace

Je crois que ces évidements sont de simples niches creusées dans le mur sud de l'église, qui formait le fond de la galerie nord du cloître.

L'une, en plein cintre, devait être un enfeu. L'autre était rectangulaire et divisée en deux par une c

par Le Cœur182, semble du xue siècle : le tore supérieur, prismatirieur est orné de petits losanges, séparés par des nervures ; la scotie est assez ouverte ; il y a une griffe ronde à chaque angle ; elle est, par conséquent, du même type que les bases de la nef.

Je pense qu'il faut y voir soit une sépulture, soit plutôt une de ces niches ou armoires, si fréquentes dans les cloîtres, où l'on

Ces niches, bouchées et dissimulées sous un enduit depuis 1859, sont figurées dans le dessin de cette façade par Durand.

FAÇADE SUD AVANT I859, VUE PARTIELLE

édrale a deux portes accessoires : l'une au croisillon nord, datée de 1627 ; l'autre sur la

Avant 1859, on voyait, à droite de cette dernière, un petit portail muré qui ouvrait anciennement dans la quatrième travée du bas-côté ; son archivolte, en cintre surbaissé, reposait sur

droits sans chapiteaux179; elle datait vraisemblablement du XVIe siècle. A côté était un bénitier extérieur, formé d'une pierre creusée. Deux niches, qui se trouvaient sur la même façade entre ce dernier portail et le transept, ont

donné lieu à une hypothèse qu'il faut examiner. Lallier s'exprime ainsi à leur sujet : « Dans l'angle formé par le transsept méridional, o

aperçoit une porte plein cintre, très basse, et à gauche deux baies séparées par une colonnette à

Il pourrait bien se faire que c'eût été là la porte et le bénitier des Cagots180. » On sait qu'en effet ces malheureux, qui paraissent avoir été des gens atteints ou soupçonnés de

maladies cutanées contagieuses, avaient, dans les églises de certaines localités, une porte et un bénitier

Mais leur place était toujours soit au fond de l'église soit à l'extrémité d'un croisillon ; et d'ailleurs la prétendue porte aurait ouvert sur le cloître de la cathédrale, raison suffisante pour ne pas y

erait trouvée à plus d'un mètre au-dessus du dallage de l'église, ce qui eût nécessité à l'intérieur un certain nombre de marches dont on ne trouve pas trace 181

évidements sont de simples niches creusées dans le mur sud de l'église, qui ormait le fond de la galerie nord du cloître.

L'une, en plein cintre, devait être un enfeu. L'autre était rectangulaire et divisée en deux par une colonnette isolée dont la base, dessinée

siècle : le tore supérieur, prismatique, est décoré de perles ; le tore inférieur est orné de petits losanges, séparés par des nervures ; la scotie est assez ouverte ; il y a une griffe ronde à chaque angle ; elle est, par conséquent, du même type que les bases de la nef.

ut y voir soit une sépulture, soit plutôt une de ces niches ou armoires, si fréquentes dans les cloîtres, où l'on plaçait des objets usuels ou des livres182.

Ces niches, bouchées et dissimulées sous un enduit depuis 1859, sont figurées dans le dessin

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nord, datée de 1627 ; l'autre sur la

portail muré qui ouvrait côté ; son archivolte, en cintre surbaissé, reposait sur

ècle.

ême façade entre ce dernier portail et le transept, ont

Lallier s'exprime ainsi à leur sujet : « Dans l'angle formé par le transsept méridional, on aperçoit une porte plein cintre, très basse, et à gauche deux baies séparées par une colonnette à

. » avoir été des gens atteints ou soupçonnés de

maladies cutanées contagieuses, avaient, dans les églises de certaines localités, une porte et un bénitier

Mais leur place était toujours soit au fond de l'église soit à l'extrémité d'un croisillon ; et d'ailleurs la prétendue porte aurait ouvert sur le cloître de la cathédrale, raison suffisante pour ne pas y

dessus du dallage de l'église, ce qui eût 181

évidements sont de simples niches creusées dans le mur sud de l'église, qui

lonnette isolée dont la base, dessinée que, est décoré de perles ; le tore infé-

rieur est orné de petits losanges, séparés par des nervures ; la scotie est assez ouverte ; il y a une griffe ronde à chaque angle ; elle est, par conséquent, du même type que les bases de la nef.

ut y voir soit une sépulture, soit plutôt une de ces niches ou armoires, si

Ces niches, bouchées et dissimulées sous un enduit depuis 1859, sont figurées dans le dessin

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Avant la restauration de 1859, on ne voyait pas de corniche au haut des murs des bas-côtés, soit parce que ces murs avaient été reconstruits dans leur partie haute, soit parce qu'ils étaient anciennement munis d'un crénelage, comme permet de le supposer le texte de 1243 cité plus haut.

Au milieu du XIxc siècle, l'église de Lescar n'avait que de petits clochetons en charpente : l'un sur la sacristie du nord 183 ; un autre sur la façade, renfermant les cloches principales184; un troisième sur le carré du transept185.

Ce dernier a été reconstruit de nos jours et sert d'abri aux cloches ; les deux autres ont disparu dans la restauration. A la fin du XVIe siècle, la Cathédrale possédait un clocher d'une certaine importance.

Le chanoine Bordenave nous apprend qu'il s'écroula aux environs de 1600 et qu'il se terminait par une « eguille » surmontée d'une croix fleurdelisée186.

La flèche était sans doute peu élevée, en charpente et recouverte d'ardoise, suivant un type fréquent dans la région.

Sur quelle partie de l'église s'élevait-il? On est assez tenté de le placer sur !e carré du transept ; on voit en effet, à l'intersection de la

façade et du croisillon méridionaux, un escalier en vis aboutissant sous les combles près de l'angle sud-ouest de la croisée ; en outre, les tours ainsi situées ne sont pas rares dans le pays187 ; enfin cet emplacement permettrait d'identifier la chute du clocher, survenue vers 1600, avec celle de la voûte de la croisée, mentionnée dans le Placet de 1688 comme arrivée vers cette même date.

Cependant, il faut voir là deux accidents distincts. En effet, Bordenave semble dire que l'écroulement du clocher entraîna la ruine d'une porte,

dont les décombres se voyaient encore de son temps 189 (ce qui ne signifie pas forcément qu'on ne l'eût pas déjà remplacée par une porte nouvelle).

Était-ce la porte du croisillon nord ? On ne voit pas trop comment la chute d'un clocher surmontant la croisée aurait pu ruiner cette

porte sans entraîner l'écroulement du mur où elle est percée ; or, la porte actuelle est surmontée d'une fenêtre, restaurée en 1859, mais dont une partie est du XIIe siècle.

Il est donc probable que la tour en question se trouvait à la façade de la cathédrale, bien qu'aucune disposition n'en révèle actuellement l'existence.

Elle ne fut jamais reconstruite. La porte détruite par sa chute devait être le portail occidental, ce qui explique que la partie

centrale de la façade actuelle appartienne au XVIIe siècle. Après avoir décrit l'église proprement dite, disons un mot de ses deux sacristies. La plus ancienne, accolée à la façade du croisillon sud, est à deux étages. La salle du rez-de-chaussée, où l'on entre par une porte sans caractère percée dans le mur sud

du croisillon, est divisée, par un large doubleau rectangulaire, en deux travées couvertes de voûtes d'arête.

Les arêtes se perdent dans les angles des travées. Voûte et doubleaux sont en pierres d'un moyen appareil irrégulier et de faibles dimensions,

séparées par des joints dont le mortier déborde en larges bourrelets. A la travée de l'ouest, les joints de la voûte deviennent peu à peu, de la clef au sommet,

perpendiculaires aux arêtes. Le mur occidental est évidé par une grande arcature, en plein cintre et de profil carré, sous

laquelle s'ouvre une baie en forme d'archère. Sur les murs de l'ouest et du nord (ce dernier est le mur de l'église), on trouve les mêmes

marques de tâcherons qu'au chevet. Cette salle me paraît remonter au XIIe siècle.

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Il n'en est pas de même de la salle du premier étage, qui comprend deux travées voûtées d'ogives et une travée couverte récemment d'une fausse voûte d'arêtes.

Cet étage date peut-être de la fin du xve siècle, comme peut le donner à croire le profil des nervures et de quelques-uns des culots qui les reçoivent ; mais l'ensemble a été fortement remanié au XVII e siècle et de nos jours 190.

On y accédait autrefois par l'escalier en vis dont nous avons parlé ; un couloir, ménagé dans l'épaisseur du mur, menait de la tourelle à la salle ; on voit encore dans ce couloir des restes de moulures du XIIc siècle.

II est probable que cette salle, comme en général l'étage supérieur, des sacristies, renfermait le trésor et les archives 191 ; il en était de même dans la région à Bielle, où la salle surmontant la sacristie, et portant le nom de segrary, renfermait encore les archives au milieu du XIXe siècle 192.

Contre le chevet de l'église, entre l'absidiole nord et l'abside, est un bâtiment rectangulaire, où il faut sans doute voir la « sacristia nova » mentionnée dans un acte de 1554.

Ses deux travées sont voûtées sur croisée d'ogives. L'une des voûtes est à liernes et tiercerons ; ses cinq clefs, en forme de disques, présentent les

figures d'un évêque bénissant et des animaux évangélistiques. Les nervures des voûtes ont ce profil à cavets superposés si fréquent dans la dernière période

gothique; elles se pénètrent les unes les autres avant de se perdre dans le fût de colonnettes rondes, engagées dans les murs et dépourvues de chapiteaux.

Les bases de ces colonnettes sont fondues avec le socle et l'ensemble a ce dessin comme étiré, caractéristique de la fin de l'époque gothique.

Cette salle est éclairée par un oculus percé dans le mur de l'est et par deux fenêtres en plein cintre au sud et au nord.

La porte d'entrée s'ouvre dans le mur nord du sanctuaire ; elle est en anse de panier, avec une archivolte ornée d'un rinceau de vignes à feuilles contournées, dans le style du gothique finissant.

Il est possible que cette sacristie ait servi, après les guerres de religion, de salle capitulaire, car on lit dans le Narré (écrit au milieu du XVIIe siècle) qu'à l'époque où le collège fondé par Jeanne d'Albret occupait les annexes de la cathédrale, « la téologie s'expliquoit dans la sacristie qui est à présent et qui sert au Chapitre 193 ». II LES BATIMENTS CLAUSTRAUX

J'aurais voulu parler avec quelque détail du cloître de la cathédrale, mais je n'ai pu en retrouver aucun reste important.

Il était accolé à la façade sud de l'église. Des fouilles, exécutées au mois d'août 1888, en ont fait découvrir les fondations, ainsi que dix

sarcophages et quelques monnaies du XIVe siècle194. D'après le plan de ces fouilles, que M. Barthety a bien voulu me communiquer, le préau

mesurait 21m 25 de l'est à l'ouest et 17m 10 du nord au sud ; la galerie nord avait 4m 05 de largeur, non compris le mur bas qui supportait les colonnettes.

Au milieu de chacun des côtés du quadrilatère formé par les fondations de ce mur, on voit un ressaut qui devait correspondre à un contrefort.

Cette disposition n'implique pas que les galeries du cloître fussent voûtées, car on la retrouve notamment au cloître de la cathédrale de Beauvais et à celui de la collégiale de Saint-Émilion qui n'ont jamais eu de voûtes.

Une petite tète en pierre très mutilée et un fragment de moulure, trouvés au cours des fouilles195, provenaient peut-être aussi du cloître.

Ce fragment mouluré dut appartenir à un tailloir.

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Il est difficile de lui assigner une date ; mais, à cause de son profil mou, je ne le crois pas antérieur au XIVe siècle.

L'accident qui amena la réfection des voûtes de l'église avait sans doute obligé à reconstruire le cloître, au moins dans la partie contiguë à la cathédrale.

Je n'ai rencontré de mention du cloître que dans des textes relativement récents. La bulle de sécularisation de 1537 dit que les quatorze chanoines de la cathédrale devaient

vivre jour et nuit dans les cloîtres, mais que peu à peu ils s'étaient logés dans des maisons particulières. Il en est de nouveau question dans les documents de la fin du XVIe siècle relatifs à l'Université

protestante du Béarn. Je ne retracerai pas ici la singulière histoire de cette institution 196 ; je n'en retiens que ce qui a

trait directement à mon sujet. Le collège fondé à Lescar par la reine Jeanne en 1562 occupa d'abord un immeuble acquis à

cet effet par la ville ; puis, en mai 1564, nous le trouvons établi dans la maison du chanoine Pascal197. En 1565, à la demande de quelques jurats de Lescar, qui ne voulaient plus des régents

réformés, le collège quitta la ville et fut installé à Orthez, dans l'ancien couvent des Jacobins ; il y reçut l'année suivante le titre d'Académie.

En 1567, on songea à le rétablir à Lescar; à cet effet, la Reine fit procéder à une enquête, où se dessine le projet d'installer le collège dans les bâtiments claustraux.

MeJean de Salettes, premier président du Conseil souverain, qui déposa le 24 février, dit entr'autres choses : « Qui pluus es, ladicte translation servira per introduise ung comencement de possession suus lo collège deus canonges » ; et dans la déposition de Me Arnaud de Gaze, conseiller de la Reine, nous lisons que « la comoditat es pluus grande en ladicte ville de Lescar per tenir lodict collège et lodyar los regens et escoliers, à cause des claustres et maisons canonicales, ond auguns calonges à présent no demore 198 ».

Néanmoins le transfert à Lescar ne fut chose décidée qu'à la fin de 1569. La situation à Orthez était alors intenable : le collège « avoist esté rompu lors de l'arrivée du

compte Mongomeri », au mois d'octobre199, et la peste sévissait dans la ville. D'autre part, les biens de l'Évêque et du Chapitre venaient d'être saisis, ce qui fournissait des

locaux à bon compte; de leur côté, les jurats de Lescar promirent, malgré la grande pauvreté de la ville, d'aider au transfert du collège.

Le 2 février 1570, le Conseil ecclésiastique arrête « que touts les sceptes du Chapitre sont pris et réservés pour ledict collège despuis l'un portai iusques à l'autre 200 » ; dans un arrêt du même conseil en date du 10 mai 1571, nous voyons qu'on paie 6 1. 4 s. pour « les charrois de terre quy ont esté portés au collège de Lascar pour faire les parois des galeries, mirandes, classes, chambres et autres choses nécessaires, ensemble les manœuvres de ceux quy ont travaillé audict collège 201 ».

Mais à peine l'Académie réinstallée à Lescar, des lettres patentes de la Reine (26 novembre 1571), faisant droit aux instances des jurats d'Orthez, ordonnèrent son retour dans cette ville.

Cependant on resta dans le statu quo jusqu'en 15 79, où un arrêt en date du 6 mai, rendu après une nouvelle enquête et confirmé par .des lettres patentes du 11 août, enjoignit aux régents de retourner à Orthez.

L'Académie y rouvrit ses portes en octobre 1579; elle fut érigée en Université le Ier septembre 1583.

Huit ans plus tard, un arrêt de la princesse Catherine (28 avril 1591), confirmé par des lettres patentes du Roi (15 janvier 1592), transféra de nouveau le collège en la ville de Lescar « et lieu accoustumé en icelle ».

Il y rentra le Ier juillet suivant et y resta jusqu'en 1609, où, en vertu d'un édit en date du 5 avril, dont l'exécution fut réglementée par un arrêt du Conseil souverain du 19 juin, le collège fut définitivement transféré à Orthez202.

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En résumé le collège occupa les bâtiments claustraux de 1570 à 1579 et de 1591 à 1609. Quelques documents, en nous expliquant la façon dont on en tira parti, nous permettent

d'entrevoir la disposition des lieux. C'est d'abord, au cours de l'enquête de 1579, la déposition de Me Jean de La Rivière, docteur

en médecine, ancien principal du collège d'Orthez (23 mars) : « Le collège... de Lescar est exposé de son long au midi et de son large seulement à l'oryent... L'un et l'autre [celui d'Orthez et celui de Lescar] a sa bassecourt, celle de Lescar plus aérée... Les classes de Lescar n'ont clarté et ne sont percées que d'un cousté... A Lescar, le temple pour ouyr les prédications de la parole de Dieu est plus comode et plus près qu'à Orthez 203. »

C'est ensuite la description du collège de Lescar par M. de Saint-Génies, commissaire enquêteur (28 mars 1579): « Alasmes visiter ledit collège où il y a une grande et belle bassecourt cernye d'ung costé de assez belles sept classes,... et, de tous austres coustés,... cernye de plusieurs beaulx lougis qui jadis souloit estre aux chanoynes ; et ung beau clouastre pour le proumenoir des enfans ; et, en oultre tous les lougis qui cernyt ladite basse-court, il y a ung grand corps de lougis qui regarde sur la plaine, lequel tient de l'autre cousté aux clouastres, lequel seul corps de lougis serait assez suffisant pour un collège. Et, en oultre, après avoir oultre passé les clouastres, y a deux' ou trois beaux lougis, sans comprendre le château où souloit louger l'Evesque204.»

L'auteur du Narré donne, à propos du collège, des renseignements assez précis, mais malheureusement peu clairs pour nous : « II y avoit... un officier pour.. . fermer les portes du cloître après la classe... L'œconome et les écoliers entretenus log[e]oient en tous ces logemens qui sont joignant le cloître.. . Pour la classe 8e, se fesoit dans une petite chapelle qui est à présent derrière l'autel du Saint-Sacrement205 ; la 7e 206, 6e et 7e [pour 5e], c'étoit tout au long de la muraille du cloître qui va à la porte de l'Ormeau, au devant la grande porte de l'église ; la 4° et 3° étoient sous le planché de la même maison qui est vis à vis de l'autre porte du cloître jusqu'aux murailles de la ville, la 2e et 1re sous le planché de la même maison qui est depuis le même passage vers le corps de l'église, et autrement c'étoit la chapelle de St Augustin. La philosophie se disoit dans la salle du chapitre, dans laquelle même on enseignoit le grec et la musique à diverses heures ; la téologie s'expliquoit dans la sacristie qui est à présent et qui sert au chapitre, [en] laquelle même s'en-seignoit l'hébreu. L'écrivain et l'aritméticien particulier se promenoit au cloître tout le long de la 6e et 5e pour donner des exemples pour écrire et les règles d'arithmétique ; l'imprimeur se tenoit dans une partie de la maison qui regardoit l'ormeau207. »

Enfin il faut citer un passage du même auteur relatif à un .ouragan qui sévit le 21 février 1637 : « Tout le toit de la maison du cloître qui est du côté de la vigne fut entièrement enlevé, les deux maisons qui sont du côté de la porte de Balirac furent en partie renversées, la moitié de la galerie de la maison qui est sur les fossés de la ville fut entièrement battue et le couvert du côté de la vigne emporté ; l'autre maison eut le corps du logis renversé ; toutes les autres maisons canoniales 208 », etc.

Du rapprochement de ces divers textes on peut, je crois, tirer ceci. Les bâtiments claustraux, limités au nord par la cathédrale, au sud par les murs de la ville,

dépassaient à l'ouest l'alignement de la façade de l'église et venaient en bordure sur la place du parvis. Ils formaient une sorte de cité fermée209, où l'on pénétrait du dehors par deux portes : la porte de l'Ormeau, ouvrant sur le parvis et regardant cet arbre, fameux à Lescar, dont l'emplacement nous est connu par ailleurs210 ; la porte de Baliracq, qui s'ouvrait à l'est, près du presbytère actuel211.

Cela concorde avec le passage de l'arrêt du 2 février 1570 où il est question des deux portails situés aux extrémités des « sceptes du Chapitre».

De même le chanoine Bordenave, commentant les statuts capitulaires de 1627, dit que le portier doit « ouvrir et fermer les portes du Cloistre, soir et matin, pour l'asseurance des maisons Canoniales et pour la bonne réputation des Chanoines 212 ».

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La porte de l'Ormeau donnait accès du parvis dans des bâtiments entourant une cour, située à l'ouest du cloître, mais en contre-bas à cause de la déclivité du terrain : c'est la basse-cour.

Le corps de logis bordant cette cour à l'est formait le fond de la galerie occidentale du cloître, dont la galerie sud s'appuyait contre un grand bâtiment regardant la plaine, et la galerie orientale contre le croisillon sud, la vieille sacristie et divers logis canoniaux.

La majeure partie de ces bâtiments était affectée au logement des chanoines, dont chacun occupait une maison qu'il devait, d'après les statuts de 1627, entretenir à ses frais213.

Mais certains locaux étaient d'un usage collectif, comme la salle capitulaire, dont l'emplacement aux XVIe et XVIIe siècles nous est inconnu 214, la bibliothèque, que les statuts de 1627 ordonnèrent d'instituer dans une salle située au-dessus de la chapelle de Saint-Augustin215, et deux chapelles: celle de Saint-Augustin, dans le corps de bâtiment situé à l'ouest du cloître, et celle de Saint-Galactoire216, qui se réduisait peut-être à un simple autel, dans la galerie nord du cloître.

Nous avons vu que l'usage du cloître fut rendu aux chanoines par les lettres patentes du 5 mars 1609 et qu'un mois plus tard un édit transféra le collège à Orthez.

L'Évêque et les chanoines, dit Bordenave, « furent mis en la possession réelle, actuelle et corporelle de l'hostel épiscopal et des maisons canonicales le quatriesme d'avril mil six cens dix », mais, à cause de l'état de ruine des locaux, ils ne s'y établirent qu'à la fin de juillet217.

Ces bâtiments furent fort éprouvés par l'ouragan de 1637. En 1644, Léon Godefroy, de passage à Lescar, visita le cloître : « Dans le cloistre, qui est attenant l'église, dit-il, est l'épitaphe d'un évesque218. »

A Lescar, comme partout ailleurs, le cloître fut un lieu de sépulture. Les fouilles y ont mis au jour plusieurs sarcophages dans les galeries nord et est ; l'un d'eux

contenait 5 florins d'or aragonais du XIVe siècle placés sous la tête du mort. Deux inscriptions funéraires, qui paraissent du XIVe siècle, se voient encore sur le mur de l'église où était adossée la galerie nord.

Enfin les documents d'archives mentionnent des sépultures dans le cloître à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, jusqu'en 1738219.

Il servit aussi parfois à des usages plus profanes : les chanoines y débitaient le vin récolté dans leurs vignes, comme le prouvent des actes de 1703, 1706, 1707 et 1708220.

Aussi n'est-on pas surpris de voir que le Chapitre, par une délibération du 4 avril 1722 dont j'ai déjà parlé, « rendit le cloître lieu public et profane ».

Il est à croire que dès lors l'aspect des lieux se modifia et que la ruine du cloître se consomma rapidement.

On dut cependant réserver un emplacement pour les sépultures, car on y ensevelit encore pendant seize ans.

Mais Bonnecaze, prêtre de Pardies, dans son Histoire particulière des miles du Béarn, commencée en 1772, décrit les alentours de la cathédrale sans mentionner le cloître, dont il n'y avait sans doute plus trace de son temps : « Assez près de cette église, dit-il, on voit le palais épiscopal situé au midi, avec une belle basse-cour.

Il y a enfin dans ce quartier quelques maisons canoniales pour les anciens chanoines221.» Des bâtiments claustraux, il ne restait alors que quelques maisons bordant une place appelée Place Royale.

Le 24 mars 1793, le Conseil général de la commune décide de transporter « tant le marché aux grains que des autres denrées » à la ci-devant Place Royale et d'installer les halles le long du mur de l'église222 ; le marché y resta jusqu'au 10 frimaire an III.

Les maisons du Chapitre furent vendues comme biens, nationaux les 30 mai, 13 juin 1791, 21 février, 11 mars et 11 octobre 1793223.

III MOBILIER, PEINTURES, CLOCHES

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Les événements n'ont presque rien laissé subsister de l'ancien mobilier de la cathédrale. A l'époque révolutionnaire, la Société populaire de Lescar anéantit tous les « signes de

fanatisme » que renfermait la cathédrale, devenue temple de la Raison : « Le citoyen Encastet père et Giraudy fils sont nommez commissaire pour tirer du temple de la Raison tout signe de fanatisme et le fairont transporter, décady prochain, sur une place qui leur sera indiquée afin qu'ils soient brûlés et consumés » (2 germinal an II).

Le 14, on nomme deux commissaires « pour inviter la municipalité à se charger des fraix de la destruction des autels et autres monumens de la cy devant églize, comme étant un bien national ».

On trouve, à la date du 20 germinal, le compte rendu de la cérémonie : « La fête du triomphe de la Raison sur le fanatisme a été célébré avec un pompe des plus innocens.

Le cortège est parti du Temple de la Raison, a donné le tour de la comune, portant en triomphe l'auguste ymage de la Liberté, celles de Marat et Lepélletier.. .

Le cortège s'est rendu sur la place de l'Égalité, cy devant la Hourquie, pour y faire brûler touts les signes des anciens préjugés, du fanatisme et de la superstition ; pendant ce brûlement tout le peuple a dansé la Carmagnole autour des flammes, en criant : « Vive la République, vive la Montagne, vive la Raison, nous avons tout, avec Elle » ; après cela le cortège s'est retiré en ordre, dans le Temple. »

Le 17 floréal, « la Societté arrette... que les commissaires nommés pour la conduite de la destruction des autels dédiés au fanatisme présenteront à la première séance leurs états de dépense à ce sujet224 ».

Nous avons donné plus haut l'énumération des objets disparus de l'église, d'après une délibération du 21 messidor an III, et la liste de ceux qui furent envoyés à la Monnaie de Pau.

D'ailleurs aucun de ces objets n'était ancien ; l'argenterie provenait de la donation faite par le sieur Pédeprat quelques années auparavant, le reste ne remontait certainement pas plus haut que le commencement du XVIIe siècle.

En effet, on se souvient que la cathédrale, au siècle précédent, avait été par deux fois dégarnie : en 1563 et en 1569.

Ce qui avait été épargné dut souffrir de la longue désaffectation de l'église, de son occupation par le collège et des intempéries auxquelles fut exposé l'intérieur du monument après la chute d'une partie de ses voûtes.

Quoiqu'il en soit, rien aujourd'hui dans le mobilier de l'église n'est antérieur au XVIIe siècle 225.

Les trente-quatre stalles canoniales, placées jusqu'en 1838 dans les deux dernières travées de la nef, puis jusqu'en 1859 dans l'abside et disposées aujourd'hui au bout des croisillons, sont justement renommées.

Les dorsaux sont décorés de personnages en pied, de 1m 45 de hauteur, traités avec un savoureux réalisme, dans une manière très large et très hardie.

Chacun d'eux est désigné par une inscription. On y voit le Christ, les 12 Apôtres, les 4 Evangélistes, les saints Augustin, Jérôme, Ambroise,

Grégoire, Laurent, Gérons, Orens, sainte Foy, sainte Christine, sainte Confesse, sainte Catherine, Martin, Galactoire, Julien, Jean-Baptiste, Michel, « N. Dame douleuse ».

Deux figures sans inscription, l'Ange Gabriel et la Vierge agenouillée, devaient être placés symétriquement de part et d'autre de l'entrée du chœur, où ils figuraient l'Annonciation.

Les personnages sont entourés d'ornements et surmontés d'une corniche supportée par divers motifs, dont cinq têtes très remarquables.

Ces stalles remontent sans aucun doute à l'époque de Louis XIII. Je crois qu'on peut préciser davantage et les dater de 1632 ; l'auteur du Narré dit, en effet, que « cette année, le cœur de l'église a été fait », ce qui doit s'entendre, à mon avis, non de la réparation des voûtes et piliers de la partie de

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l'église où devait se trouver le chœur des chanoines, mais de la confection des boiseries du chœur et des quelques travaux de maçonnerie (bahut, etc.) que nécessitait leur mise en place.

On rencontre ailleurs des formules analogues pour la construction de stalles 226. Léon Godefroy signale ces boiseries dans ses notes de voyage (1644) : « L'église cathédrale

[de Lescar] est bien belle. Son chœur est bien remarquable pour ses menuiseries qui sont aux chaises des chanoines, qui

ont des hautes statues de demi relief.227» On a attribué ces stalles aux frères Caron, sculpteurs d'Abbeville, qui s'établirent à Lescar dans

le cours du XVIIe siècle 228. Mais les dates rendent cette attribution inadmissible : en 1644, époque où Godefroy admira

nos stalles, l'un des Caron, Louis, mort à trente-quatre ans en 1682, n'était pas né ; l'autre, Martin, mort en 1669 à l'âge de quarante-trois ans, n'en avait alors que dix-huit229.

On voit en outre dans l'église deux sièges, qui ont été fabriqués vers 1884 avec des fragments des boiseries du chœur ; deux vantaux de porte, postérieurs aux stalles, qui servaient autrefois, dit-on, à clore le chœur et sont utilisés aujourd'hui à l'entrée de l'église ; un lutrin en bois, dont l'aigle seul est du XVIIe siècle ; un buffet d'orgue230 et deux autels avec rétables du XVIIIe siècle.

L'un de ces rétables doit être l'œuvre de Giraudy, sculpteur de Lescar. Nous savons, en effet, qu'un accord fut conclu en 1769 avec cet artiste pour des travaux dans

la chapelle du Saint-Esprit, qui lui furent payés 550 livres; or le rétable de l'absidiole nord, aujourd'hui défiguré, représentait la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres231.

L'autre rétable, qui est peut-être de la même main, représente la Cène et fut donné par la famille Pédeprat232.

Dans la sacristie se trouve une jolie fontaine du xvme siècle, en marbre, abritée sous une niche; elle porte l'inscription ASPERGEZ ME DOMINE.

On y voit aussi un portrait à l'huile de Msr de Noé, dernier évêque de Lescar. La partie courbe de l'abside est décorée de peintures que j'attribuerai au début du XVIIe siècle.

Toutes se rapportent à la Vierge et restent dans la bonne tradition iconographique. Elles sont d'inégale valeur ; certaines scènes, comme la Nativité de Marie, le Mariage de la

Vierge et la Visitation sont charmantes, en dépit de leur dégradation. Tous les vitraux sont modernes. Avant le XVIIe siècle, une verrière au moins, dans l'abside, était à personnages ; car au cours

des troubles religieux, un huguenot « tira une arquebuse au crucifix qui etoit placé aux vitres du grand autel », en disant : « Saubet, Diu lou Pay233 », ce qui prouve que sur ce vitrail figuraient les images du Christ en croix et du Père éternel.

L'église ne possède plus d'anciennes cloches. Les calvinistes en détruisirent peut-être quelques-unes234, mais il y en avait plusieurs dès 1618,

car Bordenave conte qu'un tremblement de terre, le 3 juillet de cette année, fit sonner « la grande cloche de l'église cathédrale ».

Les statuts capitulaires de 1627 distinguent les petites cloches ou nolœ des grosses cloches ou cam-panœ, « claro soni concentu inter se recte consentientes ».

Ces cloches étaient assez puissantes pour avoir rendu un sonneur, après cinq ou six ans, «sourd, niais, badaut et si stupide et perclus de sens et de mémoire qu'il sonnoit deux fois vespres ou telle autre heure et ne sçavoit nommer personne, ny chose quelconque, sauf le verre235 ».

Récemment encore il subsistait une cloche de 1628; une autre fut fondue en 1662236. En 1730, la cathédrale avait quatre cloches237; on en fondit une nouvelle en 1763. Le 3 septembre 1793, la municipalité de Lescar, en exécution de la loi du 23 juillet précédent,

arrêta que les cloches des églises Notre-Dame et Saint-Julien seraient converties en canon, à l'exception de trois, dont deux pour l'église Notre-Dame238.

Ces deux cloches ont été longtemps conservées. L'une, mesurant 3m 30 de circonférence et pesant 860 kilos, portait l'inscription suivante :

Maria. Sta Trinitas unus Deus, miserera RR. pâtre DD. loanne de Salette, épis. Lctscurrensi. Anno 1628.

Sur l'autre, plus petite, on lisait : La première se fêla en 1890 et fut refondue à

années. Du temps du chanoine Bordenave, le tr

chartre ou titre, portant un accord passé entre l'Evesque, les Chanoines et les lurats et Députez de la communauté », par lequel la ville devait faire refondre à ses frais les cloches de l'église quand elles venaient à se rompre240.

V SEPULTURES

L'enceinte de l'église et du cloître renfermait autrefois une riche série de sépultures ; les plus

précieuses ont disparu à l'époque des guerres religieuses. Il ne reste aujourd'hui, des siècles antérieurs au

et les inscriptions commémoratives d'un chanoine et d'un archiLa tombe de Gui, évêque de Lescar, fut vi

Montgommery en 1569. La dalle qui la recouvrait, découverte en 1620 sous le gazon, au pied de l'ormeau dont j'ai

parlé, fut encastrée « dans la muraille de la chapelle Saint Galactoire (que l'ocloistre) »241.

Elle est sur la façade sud de l'église et surmontée de l'inscription suivante : Posteritati. Religiosissimi Guidonis episcopi Las ille quidem \ in hoc cède sacra, sed hominum non Ininc lapideum \ quinquaginta abhinc annis contra aggerem \ prce foribus buius basilicce ma fendus] et illu[stris] \ loannes de Salette, in sede Lasca Guidonis \ nomen intermortuum famce res \ testaretur. Anno Christi M.DC.XX, Bearni Palum \ advenit blandceque auctoritatis epocbœ. Lu \ dovici novceque cerœ. libertatis I/irginique matri.

Quant à l'épitaphe de Gui, elle est ainsi conçue : .. memo[rie \ Lasjcurrensis epis-copus, anno millesimoconcurrentes duo, era millesima CLXXf/X,

Ces deux cloches ont été longtemps conservées. 30 de circonférence et pesant 860 kilos, portait l'inscription suivante :

Trinitas unus Deus, miserere nobis. A fulgure et tempestate libéra nos, Domine. Consecrata a RR. pâtre DD. loanne de Salette, épis. Lctscurrensi. Anno 1628.

Sur l'autre, plus petite, on lisait : Sit nomen Domini benedictum. 1763239. La première se fêla en 1890 et fut refondue à Tarbes ; l'autre a été refaite dans ces dernières

Du temps du chanoine Bordenave, le trésor du Chapitre renfermait « un ancien document, chartre ou titre, portant un accord passé entre l'Evesque, les Chanoines et les lurats et Députez de la

auté », par lequel la ville devait faire refondre à ses frais les cloches de l'église quand elles

église et du cloître renfermait autrefois une riche série de sépultures ; les plus que des guerres religieuses.

Il ne reste aujourd'hui, des siècles antérieurs au XVII e, que la pierre tumulaire de l'évêque Gui et les inscriptions commémoratives d'un chanoine et d'un archidiacre.

évêque de Lescar, fut violée, si l'on en croit Marca, par les troupes de

La dalle qui la recouvrait, découverte en 1620 sous le gazon, au pied de l'ormeau dont j'ai parlé, fut encastrée « dans la muraille de la chapelle Saint Galactoire (que l'on a transport

Elle est sur la façade sud de l'église et surmontée de l'inscription suivante :Posteritati. Religiosissimi Guidonis episcopi Las \ carenfsis] loculum hic frustra quce \ res. Sepulcrum babet

ède sacra, sed hominum non \ -vetustatis iniuria factum ut sit ig \ norabile ; nam cippum quinquaginta abhinc annis contra \ ius fasque transtulerant ad orni \ muniendum cespititium

prce foribus buius basilicce ma \ ioris, qui dolebant illum umquam \ egisse vitam. Tamen rêver loannes de Salette, in sede Lasca \ rensi successor, bunc locum illi \

nomen intermortuum famce res \ tituit, ut saxum quod antea mor \ tuum, nunc quasi •testaretur. Anno Christi M.DC.XX, \ quo gloriosisfsimus] Ludomcus XIII, rex \ christianis[simus] et domi

advenit blandceque auctoritatis \ iustitia reli-gionem et bona eccle \ sice restauravit sicque œ. libertatis \ ecclesiasticce condendœ- oc \ casionem prcebuit.

à l'épitaphe de Gui, elle est ainsi conçue : .. .[m]ai obiit dompnus Guida, venerabilis copus, anno millesimo C quadragesimo pr[imo, \ ejpacta

concurrentes duo, era millesima CLXXf/X, \ . . .] ab incarnacione Domini..., indictio[ne quarto,].

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30 de circonférence et pesant 860 kilos, portait l'inscription suivante : e nobis. A fulgure et tempestate libéra nos, Domine. Consecrata

Tarbes ; l'autre a été refaite dans ces dernières

fermait « un ancien document, chartre ou titre, portant un accord passé entre l'Evesque, les Chanoines et les lurats et Députez de la

auté », par lequel la ville devait faire refondre à ses frais les cloches de l'église quand elles

église et du cloître renfermait autrefois une riche série de sépultures ; les plus

, que la pierre tumulaire de l'évêque Gui

olée, si l'on en croit Marca, par les troupes de

La dalle qui la recouvrait, découverte en 1620 sous le gazon, au pied de l'ormeau dont j'ai n a transportée depuis au

Elle est sur la façade sud de l'église et surmontée de l'inscription suivante : res. Sepulcrum babet

norabile ; nam cippum muniendum cespititium

egisse vitam. Tamen rêver \ studiose dédit et

tuum, nunc quasi •vitœ- restitutum christianis[simus] et domi-nus

sice restauravit sicque casionem prcebuit. \ Laus Deo

.[m]ai obiit dompnus Guida, venerabilis ejpacta XI,

. . .] ab incarnacione Domini..., indictio[ne quarto,].

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Je crois qu'il y a erreur dans l'ordre des lignes : la quatrième serait mieux placée en troisième

rang. La date de mois est incertaine ; c'est avril ou mai, suivant qu'il s'agit ou non de calendes ; tout

ce qu'on peut dire, c'est que Gui mourut entre le 14 avril et le 15 mai de l'an 1141. L'ère ici désignée ne peut être que l'ère d'Espagne, qui commençait en 38 avant Jésus-Christ242. Au point de vue épigraphique, on peut remarquer : la forme de la traverse de l'A, qui est six

fois horizontale, cinq fois en forme d'accent circonflexe renversé ; la forme en amande de l'O, dont les courbes dépassent à chaq'ue extrémité leur point d'intersection ; celle de l'N, dont la traverse oblique rejoint les hastes avant leurs extrémités (même fait aux M) ; celle de l'E, qui est trois fois capital et huit fois oncial ; celle du T, qui est trois fois capital et une fois oncial. Nous retrouverons plusieurs de ces caractères dans l'inscription de la mosaïque de Gui.

A droite et à gauche de cette pierre, sont deux inscriptions qui ne semblent pas avoir subi de déplacement et se trouvaient par suite autrefois dans la galerie nord du cloître, où les personnages qu'elles mentionnent devaient être ensevelis. L'une rappelle le souvenir de Guillaume de Gouze, chanoine, l'autre celui de B. d'Assat, archidiacre de Larbaig. Elles peuvent se lire ainsi : VI idus junii obiit r[everendus] W. de Go%a, cfanonicus] ; et y halendas julii obiit r/everendus] B. de Asag, arcMdiaconus Larvalflensis].

Godefroy dit dans ses notes de voyage : « II y a [dans l'église] plusieurs épitaphes, entr'autres d'un Sancion, d'un Marca243. » Ce Sancion devait être quelque seigneur ou clerc, plutôt qu'un des évêques de Lascar du nom de Sanche244.

Ce nom n'étant plus porté à l'extrême fin du moyen-âge, la sépulture en question était, sans doute, assez ancienne. Elle n'xiste plus aujourd'hui ; on se souvient que pendant la Révolution on mutila beaucoup de tombes de la ci-devant cathédrale.

On voit que Godefroy ne mentionne pas de sépultures des rois de Navarre ; même silence, au siècle suivant, chez Bonnecaze : « A la haute ville, écrit-il, se trouve, sise sur une hauteur, la cathédrale qui est une pièce très antique. Là sont les tombeaux de plusieurs évêques, chanoines et autres grands personnages24.»

Les tombes royales, qui faisaient de la cathédrale de Lescar comme le Saint-Denis du Béarn, avaient disparu au cours des troubles religieux.

Une question délicate se pose. A quel moment précis et par quelles mains furent violés et détruits les tombeaux des souverains du Béarn ?

A l'époque où prirent naissance les troubles religieux, sept princes au moins reposaient sous le pavé de la cathédrale.

Blanche, princesse de Navarre, femme d'Henri IV, roi de Castille, morte en captivité à Orthez le 2 décembre 1464, avait été « ensepulturée en l'église de Lesca 245 ».

Jeanne, seconde fille de Gaston IV et d'Eléonore et veuve du comte d'Armagnac, « fut enterrée au lieu de Lescar246 » vraisemblablement dans la cathédrale.

François Phœbus, roi de Navarre, dans son testament en date du 29 janvier 1483, demandait à être « portât et sosterat ont sons predecessors reys de Navarre an acostumat esser sosterratz, so es davant l'autar mayor de la glisia de Nostre Dame de Pampalone 247 ».

Son vœu ne paraît pas avoir été réalisé. Chapuys, Olhagaray et Guillaume Mauran s'accordent à dire qu'il fut enseveli dans la cathédrale de Lescar248.

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Jean II, sire d'Albret et roi de Navarre, mort à Monein le 24 juin 1516, exprime dans son testament, écrit huit jours plus tôt, le désir « que son corps sie sepelit en la sépulture ont los senhors de Bearn, sons predecessors, an acostumat star sepelitz et enterratz 249 ».

Ce prince avait perdu en 1512 la Navarre espagnole ; c'est pourquoi il ne demande pas qu'on l'enterre à Pampelune, mais près des seigneurs de Bearn, ses prédécesseurs.

Au contraire, sa veuve Catherine de Foix, sœur de François Phœbus, ayant testé le 25 juin 1504, par conséquent avant la perte du royaume, s'était exprimée en ces termes : « Item, elegim nostre sépulture en la glisie cathedral de saincte Marie de Pampalone, ont nostres predecessors reys de Navarra de gloriosa memori an acostumat sepelir, au davant dfe l'autar maior250. »

Mais après sa mort, survenue à Mont-de-Marsan le 12 février 1517, elle fut ensevelie à Lescar auprès de son époux.

C'est ce que nous apprennent Chapuys, Olhagaray, Favyn, Labourt et implicitement Bordenave 251.

D'après Favyn et Chapuys, leurs restes y furent seulement mis en dépôt, en attendant qu'un retour de la fortune permît de les transférer à Pampelune.

Marguerite de Valois, femme d'Henri II, roi de Navarre, décédée le 21 décembre 1549, fut également ensevelie dans la cathédrale de Lescar.

Ses funérailles y furent célébrées en grande pompe et aux frais du pays, le 10 février suivant252 Henri II, son mari, mort à Hagetmau le 29 mai 1555, « fut enterré à Lescar auprès de sa femme, au sepulchre de ses ancestres253 ».

La cérémonie des obsèques eut lieu le 25 juillet aux frais du pays 254. Suivant une coutume fréquente, son cœur fut mis à part et porté dans l'église de l'abbaye de

Juilly, où il est encore conservé ainsi qu'une inscription commé-morative gravée sur une plaque de marbre255.

Certains ont prétendu que Jeanne d'Albret fut, comme ses ancêtres, ensevelie dans la cathédrale de Lescar.

Ce problème étant lié à celui de la destruction des tombes royales, nous les examinerons tous deux conjointement256.

Le premier écrivain qui parle du pillage de ces tombes est le chanoine Bordenave, dans son apostrophe au jeune roi Louis XIII sur les ravages des calvinistes en Béarn : « Voyez y, dit-il, les sepulchres de vos prédécesseurs dans l'Eglise de Lascar, paganes-quement ouverts, leurs caisses sacrilegement emportées, leurs ossemens inhumainement espandus et meslez confusément avec la carcasse de la lie du peuple, iusques à là que les regens et escholiers s'en iouoient dans le Temple, dans les Cloistres, dans les classes257. »

Donc au temps du chanoine Bordenave, qui écrivit son ouvrage de 1627 à 1633, on estimait que les tombeaux des rois de Navarre avaient été violés et leurs restes dispersés pendant les troubles, et l'on attribuait aux calvinistes cette profanation. La chose n'est pas invraisemblable a priori.

Les méfaits des écoliers du collège de Béarn nous sont certifiés par l'un d'eux, Sponde, qui, devenu catholique, a conté comment lui et ses camarades achevèrent de saccager, à Orthez, un tombeau qui passait pour celui de Gaston Phœbus : « Nous en tirions les ossements l'un après l'autre et après nous en estre bien iouez les semions deçà et delà parmy les ruynes de l'Eglise258. »

Bordenave exagère donc à peine quand il écrit que les religionnaires « ont tiré au rampeau..., comme avec une boule de quilles », avec la tête de Gaston Phœbus.

Mais de tels jeux n'étaient possibles qu'autant que les tombeaux avaient été préalablement violés et saccagés.

Le fait que les propres soldats de Jeanne aient profané les sépultures de Lescar n'est pas inadmissible, puisque nous savons qu'ils détruisirent à Vendôme les tombeaux des ancêtres d'Antoine

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de Bourbon, à Casteljaloux ceux des princes d'Albret et à Orthez la tombe présumée de Gaston Phœbus259.

Cependant le viol des sépultures royales de Lescar aurait quelque chose de plus odieux puisque, parmi les corps inhumés dans la cathédrale, se trouvaient ceux du père et de la mère de Jeanne.

En tout cas, on peut être très certain que, s'il eut lieu du vivant de la Reine, ce fut sans son assentiment et, comme nous le verrons, à son insu.

Mais, en ce qui concerne Lescar, il est essentiel de distinguer entre la violation proprement dite des sépultures et la mutilation de leur partie extérieure.

Celle-ci est indéniable, celle-là est moinscertaine. Examinons ce que peuvent nous apprendre ou nous suggérer à ce sujet les faits et les textes.

Lorsqu'en juillet 1563 le culte réformé fut établi dans la cathédrale, on ne toucha certainement pas aux tombes.

L'événement eut un caractère strictement religieux ou, plus exactement, cultuel. D'après une tradition rapportée à la fin du XVIIe siècle par le poète Fondeville, la reine Jeanne,

effrayée par un orage qui éclata le 18 juillet260, pendant le premier prêche dans la cathédrale, courut se réfugier dans la chapelle où ses ancêtres étaient ensevelis :

La regine houegou tout dret hens la capere On ère susterrat son pay dab sons anjous ; Aqui dehens pensa mouri de mille pous. .. Et dise dab gemits, plaignen son abenture : « Hurous ets, lou me pay, hens voste sépulture, » Hurous ets, mons anjous, dehens vostes tombeus, » De non bedee com nous oey desronta lous ceus 261. »

La vraisemblance et la tradition s'accordent donc sur ce point, à savoir que les tombes furent respectées en 1563.

En fut-il de même lors du pillage d'août 1569? L'événement eut un caractère tout autre ; il fut avant tout d'ordre militaire. L'idée religieuse, qui pouvait bien être le mobile du roi de France et de la reine de Navarre, se

transformait en passion guerrière chez leurs capitaines et en fureur dévastatrice chez, les soldats. Les bandes de Montgommery dévastent la cathédrale, comme quelques jours auparavant les

bandes catholiques de Caubios avaient pillé l'évêché. La tombe de l'évêque Gui fut violée et ce ne dut pas être la seule. Alla-t-on jusqu'au sac complet des sépultures des rois et à la dispersion de leurs restes? C'est fort possible. Il semble cependant qu'un pareil forfait n'aurait pas eu moins de retentissement que les pillages

des tombes de Vendôme et de Casteljaloux ; or, pendant soixante ans, il n'en est pas question. Aucun écrivain, avant le chanoine Bordenave, ne parle de ce pillage ; personne n'y fait la

moindre allusion ou ne paraît le sous-entendre comme un fait bien connu. Il y a lieu d'en être surpris. Bien que la reine Jeanne ait passé loin du Béarn les deux dernières années de son existence, il

n'est pas vraisemblable qu'elle ait ignoré un événement qui la touchait de si près. Or on lit dans son testament, écrit le 8 juin 1572, veille de sa mort, donc trois ans après le

passage des troupes de Montgommery : « Veut et ordonne son corps estre inhumé au lieu où est inhumé le feu roy Henry, son père, et ce sans aucunes pompes, mais selon la Religion réformée, de laquelle elle fait profession 262. »

Un peu plus tard, son historiographe, Nicolas de Bordenave, qui n'avait pas quitté le Béarn263, écrit que Jeanne demanda par testament « que son corps fut rapporté au mesme païs pour y estre

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enterré au sépulcre de ses ancestres, sans nulle pompe, ny somptueuse cérémonie, ains suivant la simplicité des enterremens de ceux de sa religion ».

Et il ajoute : « Mais la malice du tems n'a encore permis l'exécution de cest article, et son cors est demeuré à Vendosme264. »

C’est par ces mots que se termine son ouvrage, dont les trois quarts étaient écrits en 1591 et qui fut terminé avant 1599.

Que faut-il entendre par l'expression la malice du tems ? Si l'auteur avait voulu parler de la destruction du sépulcre des ancêtres de la Reine, il n'aurait

pas exprimé, comme il le fait, l'espoir que sa suprême volonté serait accomplie quelque jour. Mais, pour lui, cette volonté de Jeanne n'est inexécutable que provisoirement. Donc, pour l'ensevelir auprès de son père, on attendait seulement que son transfert pût s'opérer

en toute sécurité. C'est cette unique considération qui avait pu retarder l'exécution du désir de Jeanne, car dans la

cathédrale de Lescar devenue temple réformé, on pouvait aisément l'ensevelir selon sa religion. Il est intéressant de remarquer à ce propos que l'on continuait alors à faire des sépultures dans

la cathédrale, ce qui semble indiquer que le respect des tombes, — fût-ce, comme nous allons le voir, celles du clergé catholique, — y était assuré.

En effet Arnaud de Foix, abbé de Lucq, y fut inhumé solennellement le 9 juillet 1593, ainsi que l'atteste le passage suivant de l'inventaire de sa succession : « Et advengut l'endomain, detzal deud. mes, arribem en lad. ville, ond trobem que lad. damiselle de Guassion hâve feyt ensevelir honorablement en grande assem-blade lo cadaver deud. sr au sépulcre en loquoal los canonges de Lescar aben acostumat estar ensevelitz, et que lo tombeu ère estât remetut en bon ordy265. »

On trouve un peu plus loin la mention du paiement des frais d'ouverture et de fermeture de ce tombeau, ce qui prouve que le caveau des chanoines n'avait pas été violé par les calvinistes et que, d'autre part, on entendait le conserver intact266.

Or, on se souvient qu'à ce moment même le collège protestant occupait le cloître et une partie de l'église.

Ainsi, à descendre dans le détail de l'histoire, on s'aperçoit vite qu'aux époques qui paraissent rétrospectivement les plus troublées, la vie quotidienne se poursuit, se réorganise entre les moments critiques, — les seuls qui comptent plus tard pour l'historien, — et qu'elle reste en somme pour les contemporains plus paisible qu'on ne se l'imaginera par la suite.

Mais le calme relatif dont jouit la ville de Lescar après la déroute du parti catholique était loin d'être général à la fin du XVIe siècle.

Entre la Loire et les Pyrénées, les routes étaient peu sûres pour un convoi de calvinistes ramenant en Béarn le corps de la Reine, je crois donc qu'il faut rejeter la version de l'historien Chapuys, d'après lequel « le corps [de Jeanne] embaumé et mis en cercueil fut honnorablement conduit au lieu où Henry son père avoit esté inhumé267 ».

Aucun autre contemporain ne parle de ce transfert, et ce silence général doit l'emporter sur une affirmation isolée.

D'autant que si la Reine eût été ensevelie à Lescar vers 1595, sa tombe, respectée des calvinistes, se serait conservée et eût été visible encore au XVIIe siècle, à moins qu'on ne soupçonne les catholiques d'en avoir par vengeance effacé toute trace, ce qui, sans être impossible vu l'état des esprits, ne reposerait sur aucune donnée.

Quoi qu'il en soit, le fait que la dernière volonté de la Reine ne put être exécutée n'implique nullement la violation des tombes des souverains de Béarn et la phrase de Nicolas de Bordenave suppose même tout le contraire.

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La Response des vrais catholiques français (1588), due au fougueux ligueur Louis d'Orléans, avocat au Parlement de Paris, mentionne l'affaire de Casteljaloux, mais nullement le sac des sépultures royales de Lescar.

Cela est assez important. On peut considérer comme plus significatif encore le silence de Sponde, qui, signalant la

destruction des tombeaux de Casteljaloux et d'Orthez dans ses Cimitieres sacrez (1597), ne cite rien de pareil pour Lescar ; ce à quoi il n'eût point manqué, semble-t-il, vu l'importance du fait en soi et sa valeur polémique dans la thèse qu'il soutenait.

On se souvient, en effet, que pour combattre la prétention des calvinistes à être enterrés avec les catholiques, il leur oppose, entre autres arguments, le peu de respect qu'ils ont montré pour les sépultures de leurs adversaires.

Et ce silence est d'autant plus à remarquer que Sponde, né à Mauléon en 1568, élevé à Orthez, plus tard conseiller et maître des Requêtes du Roi en Navarre, avait longtemps habité la région268.

Quelques écrivains vont jusqu'à affirmer plus ou moins explicitement la conservation des sépultures royales. Duplessis-Mornay, dans sa Lettre... soub le nom à un gentilhomme catholique (1585), dit : « Le roy Henry [père de Jeanne] fut enterré à Lescar en Bearh avec ses prédécesseurs, où son corps et son tombeau sont tout entiers 269. »

Mais il écrivait ceci loin du Béarn, circonstance qui affaiblit son témoignage. Un peu plus tard Olhagaray, qui, lui, était bien du pays, écrit dans son Histoire de Foix (1609)

que la reine Catherine fut « avec son mary apportée es sépulchres des seigneurs de Béarn, à Lescar, où elle gist270; » et, dans le troisième quart du XVIIe siècle, le jurisconsulte béarnais Labourt, parlant de la sépulture des deux mêmes princes, ne paraît pas soupçonner qu'elle ait été détruite : «Jean d'Albret et Catherine, sa femme, dit-il, sont enterrés dans l'église cathédrale de Lescar, sous une même tombe, qui est élevée à l'entrée du sanctuaire, ainssy qu'apert d'un ancien titre qui est aux archives du chapitre de Lescar : ante altère [sic] beatce Mariée in capite cbori271. »

On voit qu'il est obligé de s'appuyer sur un ancien titre pour en préciser l'emplacement ; toute trace extérieure des sépultures royales était dès lors effacée. Le Placet de 1688 le dit en propres termes: « Les princes de Béarn... voulurent être ensevelis dans quelqu'une des chapelles de cette église, sans qu'on sache présentement l'endroit, à cause que les derniers malheurs de l'hérésie en ont effacé la mémoire 272. »

Mais cela ne veut pas dire que les caveaux où reposaient les princes aient été violés. Les divers textes que je viens de citer tendent à prouver le contraire. Que penser, après cela, de l'affirmation si catégorique du chanoine Bordenave? Il est certain qu'il y eut des tombes violées par les soldats de Montgommery, celle de Gui, par

exemple. Les écoliers, qui vinrent à Lescar dès l'année suivante, purent bien jouer, comme plus tard à Orthez, avec les ossements extraits de ces tombes.

Mais il ne faut pas perdre de vue que l’Estât des Églises fut écrit soixante ans après ces faits. Bordenave n'a donc été renseigné sur cette époque déjà lointaine que par quelques vieillards

qui, bien que contemporains, n'étaient peut-être pas eux-mêmes des témoins directs. Comme, d'autre part, la partie extérieure des tombes de l'église avait dû être saccagée, et que,

par suite, les sépultures royales étaient devenues méconnaissables, on dut vite se persuader, avec la tendance à dramatiser habituelle au peuple, que les ossements dont s'amusaient les écoliers étaient précisément ceux des anciens rois.

Il y avait là une facile et belle matière à traditions impressionnantes. On se souvient d'ailleurs que le collège occupa le cloître de 1570 à 1579 puis de 1591 à 1609 ;

par suite les jeux d'écoliers dont Bordenave recueillit le souvenir pouvaient remonter à une époque assez récente, mais d'autant plus éloignée du pillage de 1569, et où la provenance des ossements était tout à fait oubliée.

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Le champ s'ouvrait plus librement encore à la légende. En résumé, personne avant les environs de 1630 ne paraît soupçonner que les sépultures

royales aient été détruites ; au contraire, jusque dans le XVIIe siècle, des écrivains bien placés pour être renseignés témoignent que les restes des souverains de Béarn reposaient encore dans la cathédrale; mais dès cette dernière époque on ne savait plus en quel endroit précis.

J'en conclus que la partie extérieure de ces tombes avait pu être détruite, les sculptures brisées, les épitaphes plus ou moins effacées; je ne crois pas qu'on puisse aller au-delà.

Et dans ces mutilations, les écoliers du collège eurent sans doute leur part comme les troupes calvinistes ; la chute de la voûte compléta peut-être aussi la dégradation de quelques tombes, et lorsqu'on songe aux méfaits commis à toute époque au cours des restaurations d'édifices, on peut se demander si les travaux entrepris dans la cathédrale après 1610, pour la remettre dans un état décent, n'achevèrent pas de faire disparaître des sépultures devenues méconnaissables et dont l'aspect devait être fort laid, à supposer qu'il en restât quelque chose. Donc il y eut, probablement, d'abord pillage, puis destruction lente, sous des agents multiples, de l'extérieur des tombes royales 273 ; mais leur contenu dut être respecté, et les restes des souverains de Béarn se trouvent sans doute encore sous le sol de la cathédrale.

L'emplacement de leurs tombeaux peut-il être déterminé ? Le 24 octobre 1818, une fouille opérée dans le bas-côté nord, à côté de l'entrée de l'église, mit

au jour quelques ossements où l'on a vu sans hésiter les restes de Jean, de Catherine, d'Henri II et de Marguerite.

Ces .ossements étaient accompagnés de «lambeaux de vêtements qui paraissent avoir été satinés, brodés et parsemés de fleurs, tant en soie qu'en espèce de fil d'or ou d'argent, de plusieurs couleurs et d'une grande magnificence ».

L'étude de ces lambeaux permettrait peut-être de leur assigner une date. Il serait facile de les examiner, car, dit le procès-verbal, « nous avons fait refermer le caveau

avec tout ce qui s'y est trouvé 274 ». Mais on n'avait pas fouillé au bon endroit. Le texte précieux cité par Labourt nous apprend que le tombeau de Jean et de Catherine était

placé « ante altare beatae Mariae, in capite chori », ce que Labourt traduit par l'entrée du sanctuaire, tandis qu'il s'agit vraisemblablement du chœur des chanoines, qui était dans la nef.

Peut-être le mot caput désigne-t-il, comme lorsqu'il s'agit de l'église, la partie orientale, c'est-à-dire la région du chœur voisine du chevet.

Mais il est plus probable que caput chori désigne l'entrée du chœur, située au niveau du troisième pilier de l'église en partant du transept.

Depuis le XVIIIe siècle au moins, l'autel de la Vierge occupe la travée suivante du bas-côté nord, en sorte qu'un tombeau placé devant cet autel se trouverait précisément voisin de l'entrée du chœur. Il y a là une coïncidence très frappante, qui donne à croire que l'autel au XVIe siècle occupait la même place.

Le roi Jean avait demandé à être enterré dans la sépulture de ses prédécesseurs ; Henri II fut enseveli auprès de sa femme, « au sepulchre de ses ancestres » ; N. de Bordenave use de la même expression à propos de Jeanne d'Albret.

Il est donc certain que les sépultures royales n'étaient pas dispersées dans l'église, mais groupées.

D'ailleurs, Fondeville parle de la « capere » où étaient enterrés le père de Jeanne et ses aïeux. Le texte cité plus haut prouve que cette chapelle est celle de la Vierge. C'est donc dans le bas-côté nord, en avant de l'autel de la Vierge, vers la nef, qu'il faudrait

tenter une fouille.

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Mais il est à craindre que les caveaux creusés à cette place aux XVIIe et XVIne siècles pour les sépultures des particuliers n'aient bouleversé le sous-sol.

Après la réaffectation de la cathédrale au XVIIe siècle, on continua à y ensevelir. Un article des Statuts de 1627 est relatif à la sépulture des chanoines : « Collocetur feretrum in

medio Ecclesiae et offïcio peracto corpus inibi sepeliatur, in loco assueto ad communem usum canonicorum destinato, ab aliis clericorum et laicorum sepulturis distincte et separato ; » les couvertures des tombes, en pierre polie, devaient affleurer le sol de l'église et s'adapter très exactement à l'ouverture de la fosse pour éviter les odeurs ; les croix, figures, lettres ou autres choses à y sculpter devaient recevoir l'approbation du Chapitre et ne pouvaient, en aucun cas, être en relief.275

Les registres paroissiaux et les minutes des notaires nous fournissent de nombreuses mentions de sépultures tant de clercs que de laïques. Pendant la Révolution, plusieurs pierres tombales furent détruites ou mutilées.

En 1851, il en subsistait encore cent cinquante-deux, toutes postérieures au début du XVIIe siècle 276 ; elles formaient pavage sur presque toute la surface de l'église.

Elles furent plusieurs fois déplacées dans la suite et certaines ont disparu en 1882. Heureusement M. Barthety, avant cette époque, en avait fait un relevé complet, qu'il se

propose de publier un jour. Aussi n'y insisterai-je pas davantage. Je dirai seulement, pour montrer le haut intérêt de cette publication, que parmi ces pierres

tombales se trouvent celles des évêques de Salinis (+ 1681 ), Desclaux de Mesplès(+ 1716) et de Lacassagne (+ 1729); celles de plusieurs membres de la famille de Fondeville, dont Jean-Henri, le poète (+ 1705); celles de Pierre de Lancelot, musicien et chantre, décorée d'un serpent ; de Mathieu de Cazenave, peintre ; des frères Caron, sculpteurs, etc.

V LA MOSAÏQUE

La précieuse mosaïque de l'évêque Gui, qui pave encore aujourd'hui l'abside de la cathédrale

de Lescar, a provoqué bien des polémiques depuis sa découverte en 1837277. Jusqu'à cette époque, on ne la connaissait que par Marca. On lit dans l'Histoire de Béarn que Gui « fit paver le chœur [de son église] à la Mosaïque de

marqueterie de marbre de diverses couleurs, qui estoit chargée de ses armes, à sçavoir de deux cerfs278».

Marca a-t-il vu ce pavement ? Il paraît n'en parler que d'après un document ou une tradition. En effet, alors qu'il cite l'inscription de la tombe de Gui, il est muet sur celle de la mosaïque ;

en outre, il place celle-ci non dans l'abside mais dans le chœur, et cependant l'assimilation de ces deux parties de l'église était impossible de son temps, puisque dès 1652 le chœur avait été rétabli dans la nef.

Enfin, la tournure de sa phrase (« estoit chargée ») semble indiquer qu'il n'a pas vu le motif armorié dont il parle.

Les auteurs de Gallia christiatia signalent ce même motif, mais vraisemblablement d'après Marca 279. Ni Godefroïau XVIIe siècle ni Bonnecaze au xvme ne mentionnent la mosaïque.

Et s'il en est question dans les pièces du procès entre Mgr de Noé et le Chapitre, c'est dans des termes qui prouvent qu'on la connaissait alors par Marca seulement280.

Elle fut retrouvée en 1837. On lit dans un rapport adressé par le Maire au Préfet au mois d'Octobre de cette année : « Des

travaux-récents, viennent de mètre à découvert, sous-le maître-autel, des^ mosaïques qui sont d'une haute antiquité.

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Mais le temps a agi sur.elles et en a détérioré quelques parties. Ce sont des guerriers et des animaux de grandeur naturelle, des fleurs, des oiseaux, etc.281» II semble qu'on ait mis au jour certaines parties des panneaux latéraux au mois d'Avril

suivant282. La mosaïque, au moment de sa découverte, était plus complète qu'aujourd'hui. Dès 1837, en nivelant le pavage, on fit disparaître, s'il faut en croire Lallier, « une rosace aux

mille couleurs aux armes de l'évêque Guido au centre, qui sont deux cerfs 283 ». La désagrégation continua par la suite. Le Cœur signale la disparition d'un dessin en semis, qui devait former le fond de la partie

reliant les deux panneaux latéraux284. Lafollye en 1884 et le Préfet des Basses-Pyrénées en 1885 insistent auprès du Ministère sur la détérioration progressive de ces précieux fragments285.

Leur restauration fut enfin exécutée en 1885 et 1886 ; on s'étonnerait si je disais qu'elle ne prête à aucune critique.

D'ailleurs, on peut se faire une idée exacte de l'aspect de notre mosaïque avant sa restauration par les relevés qu'en exécutèrent P. Raymond en 1860, Lafollye en 1868, Le Cœur en 1877 et Henri Maurice en 1882-1883.

Ce sont les dessins très soignés de Maurice que je publie ici, grâce à l'obligeance de M.Barthety, leur détenteur actuel.

On "y trouve des détails qui manquent dans les relevés, sou vent, publiés, de Lafollye. J'ai cru devoir les compléter en figurant par un trait interrompu, d'après les dessins de ce dernier, les parties de la mosaïque disparue entre 1868 et 1882.

La planche.ci-après me dispensera d'une description, je dirais seulement que la mosaïque comprend deux bandes, l’une de 5m68 de longueur, disposées suivant l’axe de l'église, à droite et à gauche de l'abside.

la restauration, la bande de gauche avançait vers la nef de 0m 50 de plus que celle de droite. Les sujets représentés sont les suivants : une chasse au sanglier ; deux lions dévoran(dont la jambe droite, coupée au-suivi d'un âne à la queue duquel est attaché un loup (?) qui semble refuser d'avancer.

La mosaïque est accompagnée d'insOn découvrit en la restaurant, au

cru voir le mot AVFIO, dont le sens est inexqu'on a fait malheureusement disparaître

En avant du panneau de droite, est une importante inscription, placée transversalement, dont la planche montre l'état quand Lafollye et Maurice la dessinèrent.

Dans un relevé de H. Durandassez distant de l'I pour loger un M dans l'intervalle) et un petit trait oblique appartenant à la lettre qui précède 1 T au début de la dernière ligne.

Tous les mots sont d'une reconstitution aisc'est, à n'en pas douter, le mot

Sans doute la lettre finale est rectanque le mélange de ces deux formes de C dans une même inscription milieu du XIe au milieu du XIIe siè

la restauration, la bande de gauche avançait vers la nef de 0m 50 de plus que celle de droite. Les sujets représentés sont les suivants : une chasse au sanglier ; deux lions dévorant un bouc ; un chasseur à l'arc

-dessus de la cheville, est prise dans la fourche d'une jambe de bois), suivi d'un âne à la queue duquel est attaché un loup (?) qui semble refuser d'avancer.

ïque est accompagnée d'inscriptions. On découvrit en la restaurant, au-dessus du loup, cinq lettres ou fragments de lettres où l'on a

O, dont le sens est inexpliqué 286, et au-dessus du sanglier quelques caractères qu'on a fait malheureusement disparaître287.

En avant du panneau de droite, est une importante inscription, placée transversalement, dont la planche montre l'état quand Lafollye et Maurice la dessinèrent.

Dans un relevé de H. Durand288 on voit, en outre, le bas du D et de l'O du mot sez distant de l'I pour loger un M dans l'intervalle) et un petit trait oblique appartenant à la lettre qui

précède 1 T au début de la dernière ligne. sont d'une reconstitution aisée. On a hésité parfois sur celui

à n'en pas douter, le mot hoc. tre finale est rectangulaire tandis que le G d'episcopus est courbe, mais on sait

mélange de ces deux formes de C dans une même inscription est extrêmement fréquent du siècle289.

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Avant la restauration, la bande de gauche avançait vers la nef de 0m 50 de plus que celle de droite. Les sujets

t un bouc ; un chasseur à l'arc dessus de la cheville, est prise dans la fourche d'une jambe de bois),

suivi d'un âne à la queue duquel est attaché un loup (?) qui semble refuser d'avancer.

dessus du loup, cinq lettres ou fragments de lettres où l'on a dessus du sanglier quelques caractères

En avant du panneau de droite, est une importante inscription, placée transversalement, dont la

on voit, en outre, le bas du D et de l'O du mot dominus (l'O sez distant de l'I pour loger un M dans l'intervalle) et un petit trait oblique appartenant à la lettre qui

ée. On a hésité parfois sur celui qui suit ENSIS:

est courbe, mais on sait est extrêmement fréquent du

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A gauche de ce G rectangulaire, on voit le bas d'un O en forme d'amande, comme ceux de la pierre tumulaire de Gui290 ; il devait être lié à l'H, dont la première haste est en partie visible ; je ne doute pas qu'on ne trouve ailleurs d'autres exemples d'une ligature aussi simple.

L'inscription doit donc se lire : Dominas Guida, episcopus Lascurrensis, hoc fieri jussit pammentum 291.

Le sens littéral de la phrase ne fait pas de doute ; elle signifie non point que Gui a fait mettre en place le pavage mais qu'il l'a fait exécuter.

On peut cependant hésiter entre ces deux interprétations ; ceux qui voient dans la mosaïque de Lescar une œuvre gallo-romaine adoptent naturellement la première.

Cela n'est d'ailleurs pas nécessaire à leur thèse. L'inscription, qui avant la restauration ne faisait pas corps avec le reste du panneau, qui, en

outre, est trop large pour lui et occupe la place du gibier visé par l'homme à jambe de bois, a certainement été déplacée.

Par suite, elle pouvait se rapporter seulement à la partie de la mosaïque qui est indiscu-tablement du temps de Gui, celle où figuraient ses armes, et non aux fragments antiques dont Gui aurait fait encadrer ce motif.

Mais j'estime, pour ma part, que l'œuvre entière a été exécutée au XIIe siècle. On dit à cela : « L'évêque Guy n'aurait pas évidemment choisi un sujet profane, une chasse,

pour orner... le chœur de son église. Mais archéologue par intuition, et comprenant combien étaient précieux ces restes d'une

époque ancienne, il les aura réunis et fait reconstituer là où ils pouvaient être le plus religieusement conservés 292. »

Si vif et éclairé qu'on suppose le goût d'un évêque du XIIe siècle pour l'archéologie, je crois que si des scènes de chasse lui avaient semblé convenir mal à la sainteté du lieu, il n'eût pas plus fait transporter en ce lieu une mosaïque offrant de pareils sujets qu'il n'en eût commandé l'exécution de toutes pièces.

Mais c'est mal connaître le clergé du moyen âge que de lui prêter de tels scrupules. A la vérité nous voyons, au milieu du XIIIe siècle, Eudes Rigaud blâmer l'abbé de Beaubec

pour avoir orné le pavement de son église de figures indécentes et diaboliques ; mais ces figures étaient sans doute d'une inconvenance outrée, ou le prélat d'une sévérité rare ; il s'agissait d'ailleurs d'une abbaye cistercienne, où Eudes entendait faire appliquer l'austère doctrine de saint Bernard.

Quoiqu'il en soit, le fait que l'abbé avait fait exécuter de tels pavements est à retenir. En réalité, les sujets figurés sur nombre de pavés d'église conservés jusqu'à nous ne sont pas

plus religieux que ceux de Lescar. On voit, dans la mosaïque de l'abside de Ganâgobie (vers 1122), le Sagittaire, les Poissons, un

éléphant, un griffon, un lion et deux autres animaux ; un lion, un ours, un tigre, une salamandre, un hippocampe, une licorne, un griffon, une chimère, dans les mosaïques (XIIe siècle) de la cathédrale d'Aoste ; à la cathédrale de Pomposa, un éléphant et de nombreux animaux (1026) ; divers animaux et un lion de style oriental à Saint-Gênés de Thiers ; à la cathédrale de Saint-Omer, le renard et la cigogne, des ânes musiciens, des singes mangeant des pommes ; diverses figures caricaturales à l'ancienne cathédrale de Térouanne293.

Il en est des pavages comme des chapiteaux, qui sont si souvent simplement décoratifs et atteignent fréquemment au grotesque, même dans les absides.

Il me paraît certain que les pavements des sanctuaires ont eu parfois le même caractère purement décoratif que les tapis qu'on y met de nos jours.

La mosaïque de Lescar, objecte-t-on encore, est faite des mêmes matériaux que les mosaïques gallo-romaines de la région294.

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On pourrait répondre à cela que puisque le moine Théophile, au début du XIIe siècle, dit qu'on utilisait de son temps les cubes des mosaïques antiques pour faire des émaux, on a pu tout aussi bien s'en servir pour composer d'autres mosaïques ; et de fait, on croit que Suger fit ainsi à Saint-Denis.

Durand et Le Cœur estiment de même que l'inscription de la mosaïque de Lescar a pu être composée avec des cubes provenant de débris anciens.

Mais pour moi l'explication est autre. Il n'est pas étonnant qu'on ait employé, dans une même région, les mêmes matériaux au XIIe siècle qu'au ive ou au Ve ; ce sont ceux-là même que fournit le sol: marbres blanc, noir et gris, calcaire, terre cuite.

On a dit aussi : « La mosaïque est composée de parties rapprochées et maladroitement réunies entre elles... ; la disposition d'ensemble... présente une forme carrée, qui ne se raccorde nullement avec la forme circulaire d'une abside; aussi les angles... ainsi troqués fortifient puissamment l'idée que cette mosaïque a pu être enlevée à quelque monument 295. »

En effet, la mosaïque est formée de fragments rapprochés sans art : l'inscription ne faisait pas primitivement partie du panneau qu'elle accompagne ; le groupe du chasseur et du sanglier est disposé en sens inverse du groupe voisin et appartenait sans doute à un troisième panneau, comme paraît l'indiquer le fragment de bordure qui surmonte le bonnet de l'homme.

Mais s'ensuit-il qu'on ait affaire à des fragments gallo-romains rassemblés par Gui ? Même exécutée de son temps, l'état de notre mosaïque s'explique parfaitement : il suffit que

l'usure des siècles ou quelque accident (peut-être celui qui amena la construction des voûtes) l'ait fortement délabrée dans le courant du moyen âge, et qu'on ait alors rapproché les fragments intacts, pour sauver autant que possible l'œuvre de Gui, ou dans une pensée d'économie bien naturelle après une catastrophe.

Peut-être en même temps la mosaïque fut-elle déplacée, bien que cette apparence de déplacement puisse tenir au rapprochement des morceaux ; Marca dit que Gui avait fait paver le chœur, qui ne se confond pas nécessairement avec l'abside.

On a tiré un autre argument, en faveur de l'origine gallo-romaine, du dessin des bordures (au panneau de droite : d'un côté une rangée unique d'imbrications ou de pétales superposés, de l'autre une sorte d'entrelac simple ; au panneau de gauche : d'un côté des bandes rectilignes ; de l'autre, au-dessus de la tête du chasseur, un fragment confus qui paraît renfermer des entrelacs et de petits damiers et, vers la droite, jusqu'au bout du panneau, un quadrillage de losanges).

Mais ces motifs ne sont pas plus caractéristiques du ive siècle que du XIIe. La bordure d'imbri-cations se rencontre dans des œuvres romaines, comme la mosaïque de Villelaure, et dans des œuvres du XIIe siècle, comme la fameuse plaque émaillée du tombeau d'Eulger, évêque d'Angers, exécutée entre 1156 et 1160.

Il est très vrai aussi que la mosaïque de Girone présente un motif comparable au quadrillage qui borde l'autre panneau, mais ce motif est encore plus fréquent au moyen âge que dans l'antiquité 296.

J'en dirai autant de l'entrelac du panneau de droite, dont on trouve fréquemment l'analogue au XII e siècle, notamment sur un chapiteau conservé au Musée Calvet d'Avignon297.

On a dit enfin que le cor des chasseurs n'est pas l'olifant du moyen âge, puisque l'olifant était réservé à la classe noble, à laquelle le chasseur amputé ne saurait appartenir, et que d'ailleurs l'un des cors est gris, l'autre noir ; qu'il faut en conséquence y voir des objets gallo-romains en une autre matière que l'ivoire 298.

Il est superflu, je crois, de s'inquiéter de la classe sociale de ces chasseurs ; ce sont des personnages de fantaisie, de ces venatores tubicinantes que saint Bernard, dans sa fameuse Apologie, signale comme un motif décoratif fréquent dans l'art roman, au même titre que les singes, les lions, les centaures, les monstres demi-hommes, les tigres et les combats de chevaliers299.

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Les arguments des partisans de l'origine gallo-romaine de la mosaïque de Lescar ne sont donc pas sans réplique. Aucun ne me semble de nature à convaincre d'une origine que viennent démentir, à mon avis, tous les caractères de l'œuvre.

Le dessin, d'abord, n'a rien de gallo-romain. Il est intéressant de comparer à ce point de vue la scène de la chasse au sanglier avec un des

motifs de la mosaïque romaine de Villelaure300. Sujet et composition sont identiques : mêmes attitudes chez l'homme et chez la bête, colletée

ici, accompagnée là par un chien. Mais à Villelaure les formes sont d'un réalisme lourd et d'un dessin lâche et mou ; à Lescar

elles sont sveltes, élégantes, précises, nerveuses, presque stylisées, et ces caractères sont encore plus accentués dans la scène voisine.

C'est ainsi que dessinait le XIIe siècle quand il dessinait bien, ce qui lui arrive plus souvent qu'on ne croit.

Les mosaïstes gallo-romains ont cherché des effets de modelé par les nuances, les ombres et les dégradés ; ici, comme dans les œuvres similaires du moyen âge, les teintes sont plates.

Les mosaïques antiques sont généralement comprises à la façon d'un tableau, avec divers plans et un décor ; à Villelaure, le décor, bien que très réduit, est encore rappelé par un arbre, un rocher ; rien de pareil ici : les figures vivent indépendamment de tout milieu.

Car les oiseaux qui garnissent les vides du panneau de gauche ne sauraient constituer un décor; ils remplissent un rôle ornemental, qui n'est pas non plus une habitude de l'antiquité classique.

En outre, le costume de nos chasseurs rappelle plutôt le XIIe siècle que l'antiquité. Tandis que l'un des caractères du venator antique est d'avoir la tête nue 301, le chasseur de

sanglier de notre mosaïque est coiffé d'un bonnet, tel qu'on en voit souvent dans la sculpture et la miniature du XIIe siècle ; et nos deux chasseurs portent cette cotte courte de la fin du XIe siècle qui s'était conservée au XIIe pour la tenue de chasse et pour l'usage quotidien des petites gens302.

Cette cotte est à manches alors que le venator a généralement les bras nus. Enfin la façon gauche dont est pendu le cor du chasseur de sanglier est bien caractéristique du

moyen âge. J'ajoute que l'allure très particulière de l'âne ne se rencontre pas à ma connaissance dans les

œuvres antiques, mais qu'on la retrouve très exactement dans la mosaïque des Rameaux, à Palerme (XII e siècle).

La mosaïque de Lescar me paraît donc une œuvre romane, ce qui n'empêche pas qu'on y sente, dans l'inspiration et l'exécution, l'influence d'écoles d'art autres que celles du XIIe siècle français.

La décoration romane n'a pas l'originalité vivace et la personnalité puissante de celle de l'époque gothique ; elle tire peu de son fonds et s'assimile volontiers ; sa richesse lui vient de ses emprunts.

Les artistes du XIe et du XIIe siècles ont moins créé que copié les œuvres de provenance diverse qu'ils avaient sous les yeux.

A ce fait bien connu, la mosaïque de Lescar apporte une confirmation nouvelle. Il est impossible, en face de l'un de ses sujets, de ne pas songer à une œuvre orientale. Je veux parler de ce motif du lion terrassant sa proie (ici un bouc, ailleurs une biche, une

gazelle, etc.) que l'antiquité orientale avait déjà connu et transmis à l'art hellénique, mais dont l'Orient persan et l'Orient byzantin ont surtout fait un poncif et qu'ils répandirent par leurs tissus, leurs tapis, leurs bijoux, leurs coffrets de métal ou d'ivoire dans le monde occidental, où sa fortune n'a pas été moindre.

La mosaïque de Lescar en offre un exemple entre beaucoup d'autres.

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L'imitation de modèles orientaux s'y manifeste encore dans la manière si caractéristique dont sont représentées les touffes de poils, au poitrail et au cou du lion dressé, et dans le panache de la queue du lion dévorant 303.

On peut voir un autre indice de la même influence dans le fonds semé d'oiseaux de ce panneau.

Les deux autres scènes appartiennent probablement à l'art occidental. La chasse au sanglier est peut-être originale, mais peut aussi reproduire une œuvre romaine

analogue à la mosaïque de Villelaure, que l'artiste du XIIe siècle aurait interprétée dans la manière du moyen âge.

Quant au panneau de droite, il est sans doute d'inspiration purement médiévale. Le quadrupède à langue pendante qui suit l'âne rappelle un chapiteau de l'église de Lucq

(Basses-Pyrénées), où l'on voit une file d'animaux dont chacun passe la langue sur la croupe du précédent.

Le personnage à jambe de bois se retrouve, dans l'art roman français, ailleurs qu'à Lescar. On en a signalé depuis longtemps un exemple à Salons (Corrèze) 304 et tout récemment deux à Sainte-Marie de Saintes et un à Colombier (Charente-Inférieure)305, sur des chapiteaux romans.

Ce personnage étant mêlé à des scènes de combat dans les quatre œuvres de la Saintonge et du Béarn où il figure, on a conjecturé qu'il est le héros de quelque légende oubliée, très en faveur dans le Sud-Ouest au XIIe siècle306.

Cependant il n'est pas impossible de rattacher ce motif à l'antiquité ; on connaît, dans l'art antique, au moins trois représentations d'amputés, et l'un d'eux a une jambe de bois307.

En résumé, j'estime que la mosaïque de Lescar a été entièrement exécutée au temps de l'évêque Gui (1 115-1141), mais que l'inspiration en est diverse : le panneau de droite est probable-ment une œuvre originale du moyen âge français ; des deux scènes de gauche, l'une est peut-être inspirée d'un modèle antique, l'autre est certainement la copie d'un motif oriental.

Cette théorie sur la filiation de notre mosaïque ne paraîtra pas inacceptable, si l'on songe aux fréquentes imitations d'œuvres de provenance variée qui se rencontrent dans l'art roman ; si l'on se souvient, par exemple, qu'à l'époque même où les ouvriers mosaïstes exécutaient à Lescar la commande de l'évêque Gui, des tailleurs d'images, occupés à sculpter les chapiteaux du clocher Nord de la façade de la cathédrale de Chartres, copiaient dans l'un d'eux, avec un soin patient, quelque ivoire d'origine persane, reproduisaient dans un autre un motif fréquent des tissus byzantins et s'inspiraient pour un troisième d'une œuvre romaine de basse époque, réunissant en un curieux mélange décoratif quatre motifs antiques bien connus : le centaure tirant de l'arc, le centaure chevauché, le satyre ravissant une femme et l'enfant à l'oie.

C'est surtout par sa précieuse mosaïque que l'église de Lescar est connue des archéologues. J'espère avoir montré que le monument lui-même, sans égaler en valeur esthétique, ni même en valeur archéologique, d'autres édifices romans du XIIe siècle, tient cependant un assez bon rang parmi les œuvres secondaires de l'architecture du Sud-Ouest de la France et que l'histoire de ses pierres, de son mobilier, de ses tombeaux fait partie intégrante et vivace de celle de notre pays. ERRATA L'impression de ce travail était terminée, lorsque j'ai eu connaissance des pages que l'éminent archéologue Guilhermy a consacrées à la cathédrale de Lescar, qu'il avait visitée en Septembre 1857 (Bibl. nationale, ms, f. fis, 6102). Voici les renseignements nouveaux qu'il fournit : un des écussons de la façade était écartelé, aux 1 et 4 de pals ; l'autre présentait encore comme accessoires la crosse et la mitre (fol. 44 r°) ; — on voyait, encastrée dans la tribune de l'orgue, une grande pierre portant une fort longue inscription latine dont il restait seulement quelques mots (45 v°) ; — il signale une chaire du xvue siècle et un lustre en bois doré, de la même époque, couvert de grappes de raisins sculptées (47 v°) ; — pour la mosaïque, en dehors des fragments xistant encore, il signale une belle croupe de lion (51

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r°). Enfin il énumère cent trente pierres tombales, dont il indique l'emplacement, et transcrit les épitaphes les plus importantes (52 r0-59 v°).

NOTES

1. — Les seuls travaux d'ensemble à consulter sur la cathédrale de Lescar sont la Monographie de Notre-Dame de Lescar, par M. l'abbé LAPLACE

(Pau, Vignancour, 1863, in-i6) et l'Introduction du Bréviaire de Lescar de 1541, par M. l'abbé DUBARAT (Pau, Ribaut, et Paris, Picard, 1881, in-4°). Les erreurs sont par trop nombreuses dans les pages que LE CŒUR a consacrées à la cathédrale (Le Béarn, Histoire et promenades, archéologiques, Pau, Ribaut, 1877, m~8% PP- IO4 et suivantes), ainsi que dans un article paru récemment dans la Revue de l'Art Chrétien (5° série, 1899, t. X, pp. 466-477). J'indiquerai plus loin d'excellents travaux de détail. — Je tiens à remercier ici, pour l'obligeant accueil que j'ai rencontré auprès d'eux et le précieux concours qu'ils ont bien voulu me prêter, M. Soulice, bibliothécaire de la Ville de Pau, M. Dubarat, aumônier du Lycée, et tout particulièrement M. H. Barthety, archiviste de la Mairie de Pau, qui a mis à ma disposition les documents, notes et dessins qu'il réunit depuis des années sur Lescar et son église. 2. — « Procédure du Parlement de Toulouse relative à un monitoire pour retrouver les titres du Chapitre de Lescar» (13 mars 1643) : le procureur syndic du Chapitre dit « que lors de la saizie des biens des ecclésiastiques du pays de Béarn, en l'an mil cinq cens soixante neuf, tous les titres et papiers documents desdits ecclésiastiques, mêmes dudit chapitre, furent pris et enlevés par ceux de la religion prethandue refformée. » Archives communales de St-Faust, GG. 7. 3. — L'Histoire de Béarn parut en 1640. — II est possible, veut bien m'écrire M. de Jaurgain, qu'une copie du Cartulaire de Lescar existe à la Bibliothèque Nationale, parmi les papiers de Marca. Mon confrère et ami, M. René Poupardin, attaché à ce dépôt, a bien voulu y commencer des recherches, qui sont demeurées jusqu'ici sans résultat. — Dans une lettre du 4 novembre 1837, M. de Boudachier, alors économe du Lycée de Pau, écrit qu'il a retrouvé dans un château « une copie des Cartulaires de Lescar », contenant, entre autres choses, le récit d'une translation du siège épiscopal de Lescar à Morlaàs en 855. (Études historiques et religieuses du diocèse de Bayonne, 1893, p. 577-) Ce renseignement suffit à prouver que l'œuvre ici désignée n'est pas le Cartulaire de Lescar cité par Marca, puisque cet auteur ne mentionne pas cette translation problématique ; mais ce manuscrit n'en mériterait pas moins qu'on le recherchât. 4. — Les extraits du Cartulaire de Lescar transcrits par Oïhénart se trouvent dans un manuscrit appartenant à Mer de Carsalade, évêque de Perpignan, et dans un ou plusieurs volumes du fonds Duchesne de la Bibliothèque Nationale ; M. de Jaurgain, de qui je tiens ces renseignements, n'a rien vu dans Oïhénart qui ne soit dans Marca. Au xvnf siècle, l'érudit LARCHER, dans son Glanage, conservé à la bibliothèque de la Ville de Tarbes, a donné quelques fragments du même Cartulaire, mais certainement d'après Marca (Glanage, t. V, p. 328 ; t. VI, p. 98 ; t. VII, p. 123 ; t. XIII, p. 163). Quelques-uns des extraits publiés par Marca se retrouvent, avec quelques variantes, dans les Preuves du t. I de la Gallia Christiana. 5. — Arch. communales de Lescar, BB. 7. — Voir, aux Arch. des Basses-Pyrénées (C. 458), un projet de réparation de l'Hôtel de Ville de Lescar à la suite de cet incendie. 6. — Archives de M. H. Barthety. 7. — Arch. des Basses-Pyrénées, III, Q> 16. — Ce Néron, ancien greffier de la Monnaie de Pau, devint, après la Révolution, garde des chartes du château de Pau et fut, par conséquent, le premier archiviste des Basses-Pyrénées. (Note de P. Raymond, dans Y Inventaire sommaire des Archives des Basses-Pyrénées, série B, t. I, p. 356.) 8. — H. BARTHETY : L'Ancien Évêché de Lescar, (Pau, Ribaut, 1878, in-8°, p. 30). 9. — DESJARDINS : Géographie delà Gaule romaine, t. IV, pp. 65 et 67. 10. — DESJARDINS : Géographie de la Gaule romaine, t. III, p. 503. 11. — Cf. DUCHESNE : Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, t. II, p. 100. Ces trois évêques de Beneharnum sont les seuls dont l'existence soit certaine. Le fondateur traditionnel du siège, Julien, ne nous est connu que par le Bréviaire, où sa légende est copiée sur la vie de st Martial de Limoges ; (DUBARAT, Bréviaire de Lescar, pp. xvi-xvm). Marca et la G allia Christiana nomment, après Savinus, un Julianus, inconnu d'autre part, et qu'on peut hardiment supprimer. 12. — MARCA (Histoire de Béarn, p. 43) conjecture, non sans vraisemblance, que le mot Venamifr qui désigne dans PLINE (IV, xxm, i) une peuplade du sud-ouest de la Gaule, est une mauvaise lecture de Venarni, pour Benarni (cf. DESJARDINS, Géographie de la Gaule romaine, t. II, p. 370). Cette peuplade donna son nom à Beneharnum et au pays de Béarn. 13. — « De civitatibus vero, hoc est Burdegala, Lemovica, Cadurcus, Benarno et Begorra, quas Gailesuindam, germanam domnae Brunichildis, tam in dote ,quam in morganegiba, hoc est matutinali dono,... certum est adquisisse.. . » (Édition de la Société de l'histoire de France, t. III, p. 308.) 14. — Ibid.t p. 262. 15. — Cartulaire du prieuré de Saint-Mont, par J. de JAURGAIN et J. MAUMUS (Archives historiques de la Gascogne, 2e série, fasc. 7) : « Gregorius, Viernensis [pontifex] », souscrit en 1062 à l'accord entre le monastère de Saint-Mont et l'église de Nogaro(p. 19) ; « Bernardus, Viernensis episcôpus » (1072-1095), appose plus tard sa signature au même acte (p. 20). — De même les évêques de Tarbes furent longtemps appelés évêques de Bigorre. 16. — Voir : Liste critique des évêques d'Aire, par M. l'abbé DEGERT (Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques, 1901, pp. 131 et suiv.) ; —Histoire des évêques de Dax (Bulletin de la Société de Borda, 1899-1902), et Y Évêché de Gascogne (Revue de Gascogne, 1900), par le même ; — les listes des évêques de Lescar, de Bayonne et d'Oloron, données par M. l'abbé DUBARAT dans le Bréviaire de Lescar de 1541 (p. xxvin), le Missel de Bayonne de 1543 (1901, in~4° ; pp. xcvm et suiv.), et Notice historique sur les évêques de l'ancien diocèse d'Oloron (Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1887-1888); — la liste des évêques de Tarbes, par M. G. BALENCIE, dans les Mélanges Couture (Toulouse, Privât, 1902, petit in-4°). 17. — Le dernier état de la question si controversée de l'Évêché de Gascogne est donné, je crois, par le mémoire de M. l'abbé DEGERT, Y Évêché de Gascogne, cité plus haut. 18. — MARCA : Histoire de Béarn ; cf. La Vasconie, par J. de JAURGAIN (Pau, Garet, 1898-1902, 2 vol. in-8°), t. I, p. 391. 19. — A. CORSE : Rapport sur les fouilles exécutées à Lescar [en 18 85 -188 6] (Bulletin Archéologique du Comité des travaux historiques, 1886, pp. 428-437), et H. BARTHETY : Recherches archéologiques à Lescar (Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1886-1887, pp. 15 et suiv.). 20. — On sait d'ailleurs combien l'interprétation de ce document est difficile, dans l'ignorance où nous sommes du trajet suivi entre deux points. 21. — MARCA Histoire de Béarn, pp. 214-215. 22. — JAURGAIN : La Vasconie, t. I, p. 200 ; t. II, pp. 12 et 535-536. 23. — BARONIUS. : Annales, t. XI ; MARCA : Hist. de Béarn, pp. 214-215. Voir le texte des actes de ce concile à la Bibliothèque Nationale, ms. lat. 2469.

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24. — MARCA (Hist. de Béarn, p. 213) dit à tort que la chapelle Saint-Jean-Baptiste était « bâtie sur les ruines de l'ancienne cathédrale » ; il n'y a rien de pareil dans le Cartulaire. — Une source, appelée la bount de Sent-Jan, jaillissait encore en 1860 contre la façade de la cathédrale, à gauche du portail ; elle passait pour miraculeuse (H, BAR-THETY : Les feux de joie delà Saint-Jean à Lescar dans les derniers siècles ; Pau, Ribaut, 1882). Était-ce la source même qui alimentait l'ancien baptistère ? On peut voir au moins dans son nom un souvenir de ce monument. 25. — Cf. Du GANGE, v. Sedes. Le mot s'est conservé avec ce sens en Bigorre (la Sede, cathédrale de Tarbes), et en Espagne (la Seo, à Saragosse, Girone, etc.). 26. — « Et fuit ibi factus monachus. . . Et tenuit B. Dei Genitrix Maria ipsas ecclesias, quas Cornes et uxor sua dederunt, cum Lupoforte abbate » (MARCA, Histoire de Béarn, p. 214). — « Ecclesiae S. Castini medietàtem, quam habebat, dédit Lupoforto abbas ad 27. — Ibid., p. 280. 28. —JAURGAIN : La Vasconie, t. I, pp. 245-252 ; t. II, pp. 144-146. 29. — Garsie Arnaud, vicomte de Dax, figure aussi dans un acte du Cartulaire de l'Abbaye de St-Jean de Sorde (édit. Raymond, 1873, in-8°, pp. 31-32), acte qui, malheureusement, n'est pas daté. 30. — MARCA (Histoire de Béarn, pp. 372-373), ne partage pas cette opinion. Cela ressort cependant du texte du Cartulaire (v. la note suivante). 31. — « Anno millésime C primo, epacta nonadecima, concurrente uno, indictione nona, domno reverendissimo Sancio existente praesule, régnante venerabili Gastone, Bearnensium vicecomite, atque admonente. .., ejusque uxore Talesa favente modisque omnibus adjuvante, canonicus ordo jam penitus in Lascurrensi ecclesia destitutus, auxilio et consilio prsedictorum et aliorum bonorum virorum inibi assistentium. .., secundum regulam et ordinem B. Augustini, prsedicta in ecclesia restitutus est...— Anno millésime C I..., Sancius, Lascurrensis episcopus, divini amoris igné succensus, consilio archiepiscopi Burdegalensium Amati, Romanse quoque sedis legati, et R., Auxien-smm archiepiscopi, et O., Olorensis episcopi, consilio quoque G., vicecomitis Bearnensis patrise..., in ecclesia suse sedis, videlicet B. Maria Lascurrensi, regulares canonicos instituit. Prius namque irregulariter et sine aliqua regulae districtione vivebant, neque communiter, neque convenienter Deo servire videbantur. » (MARCA, ibid., p. 375.) Il y a une légère erreur dans le chiffre de l'épacte, qui est 18 en noi et non 19. 32. — Ibid., pp. 375-376. 33. — Ibid., pp. 381-383. 34. — Ibid., p. 459. 35. — Archives du Syndicat de la Vallée d'Ossau, AA. I : Livre rouge, fol. 34 v°. « Item fo establit que en caas de necesitat, cum suusd, es, los Ossales sien defenutz e recebutz en la ciutat de Lescar et en los castegs de l'avesque et de la glie. » Une traduction de ce texte, par l'archiviste Jean Néron, datée du 3 juillet 1781, porte : « les châteaux de l'Evêque et de l'église » (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2334). 36. — Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1893 - 1894, pp. 240- 241. 37. — Cela se rencontrait dans beaucoup de villes épiscopales. A Tarbes, le quartier de la cathédrale était ainsi fortifié et portait le nom de fort de la Sède. 38. — Les Registres de Grégoire IX, publiés par L. AUVRAY (Bibliothèque des Écoles fran çaises d'Athènes et de Rome), 6e fascicule, n°288i, col. 218-219: «... Abbati Sancti Severi et.. de Levitania et [.,] Basiliaquen[si] archidiaconis, Adurensis et Tarviensis diocesum. Grave dissolutionis incurrens—. Nam, sicut ex., archidiaconi Vallis Veteris, B. de Audaus et quorumdam aliorum canonicorum Lascurrensiurn clamosa insinuatione perce-pimus, ecclesie predicte canonici, concubinarum filias, quas publiée retinent, more sibi secularium copulantes, de bonis prefate dotantes et ditantes ecclesie, ac ejus redditus sue applicantes usibus parentele, sue bona » dilapidant « ecclesie, et se turpibus non » dubitant « questibus immiscere. Porro hiis venerabilis frater noster.. . Lascurrensis episcopus causam dare dinoscitur, qui, more furis non intrans per ostium, in locum alterius, quem canonice sciebat electum, licet ineligibilis esset, se fecit in episcopum consecrari. Idem et[iam], irregulariter in regulari conversatus ecclesia, eos qui fecundiores sibi offerunt pecunie locju^g, ad ordines et bénéficia promovet, veluti magis dignos ; et, sacrilegio et perjurio et y.l^diversis criminibus maculatus, aliorum non audet errata corrigere, cum tacitus ipse sibi respondeat eadem se, que corrigit, commisisse. . . » etc. « Dat. Viterbii, XV Kalendas januarii, anno nono. » — Un demi -siècle plus tard, Honorius IV autorisait l'évêque de Lescar à racheter les dîmes des mains des laïques et à les joindre à la mense épiscopale, « exili et tenui ». (Les Registres d'Honorius IV ' , par M. Prou, col. 319, n° 453 : bulle du 4 mai 1286.) 39. — DUBARAT : Le Bréviaire de Lescar de 1541, p. xxxi. 40. — Le souvenir de Charlemagne est resté attaché à la cathédrale de Lescar; c'est lui qui l'aurait fondée, après la destruction de Beneharnum, que la tradition attribuait aux Sarrasins. Des « personnes dignes de foi » avaient assuré au chanoine Bordenave que l'inscription « Carolus Magnus me fecit » était gravée sur une longue pierre, placée au frontispice d'une des portes, où on la voyait encore moins de trente-cinq ans avant l'époque où il écrivait (BORDENAVE, Estât des églises cathédrales et collégiales, p. 68) ; or il terminait son ouvrage en 1633. L'auteur ne parle que par ouï -dire de cette inscription fort douteuse. Quant à la restauration du siège par Charlemagne, c'est une hypothèse qu'on ne peut, à ma connaissance, appuyer sur aucun texte. 41 . — Placet présenté par les jurats de Lescar sur la préférence par eux demandée de placer l' statue de Louis XIV à Lescar, à l'exclusion de la ville de Pau (1688) (Bibl. de la Ville de- Pau, ms., Ee. X. A. n° 9, fol. 462); publié dans Documents et Bibliographie sur la Réforme en Béarn et au Pays basque, par V. DUBARAT (Pau, Vignancour, 1900, in-8°), t. I, p. 27. 42. — Bibl. de la Ville de Pau, ms., Ee. V. 9, fol. 163 v° et 162 r°. Ce mémoire manuscrit porte la date du 30 décembre 1700. 43. — Archives des Basses-Pyrénées,, E. 294, 296 et 434. 44. — DUBARAT : Le Bréviaire de Lescar de 1541, pp. xxxi-xxxn. 45. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 684, fol. 106 r°-107 v° : « Car ung cascun de lor es tengud par dret contribuyr à la quarte part de las rendes et revenues de lors bénéfices pour repparation de lasd. glies. . . Et quant le capito de Lascar fe jepparar lo portau de lad. glia de Lascar, de que pot haver detz o onse antz, obtenguy autre exemption de contribuir à lasd. repparations per le termy de oueyt antz ; îoquau portau, marcat feyt, no costabe que dus mile scutz ; et per tal moyen led. chapitre goadanha detz mile scutz et pluus. » Les Etudes historiques et religieuses du diocèse de fBayonne (1894, p. 141) ont donné de ce texte une traduction un peu différente de la mienne, l'auteur ayant lu murât au lieu de marcat. 46. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 328 ; dans le même acte : « Paulo ante, in eadem sacristia. » 47. — Ibid.j G. 328, acte du 22 septembre 1550. 48. — Ibid., B. 250, compte de 1558-1559, fol. 18 r°. 49. — CALVIN : Lettres françaises, t. II, p. 492. 50. — NICOLAS DE BORDENAVE : Histoire de Béarn et Navarre, éd. P. Raymond (Société de l'Histoire de France), p. 116. 51. — Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, 1865, p. 259. 52. — NICOLAS DE BORDENAVE : Histoire de çBéarn et Navarre, pp. 117-118. Les trois quarts de l'ouvrage étaient écrits en 1591. 53. — Mémoires, de Condé (Londres, 1743; 6 vol. in-4°), t. IV, pp. 594-600. — Dans sa réponse (pp. 600-606), Jeanne dit au Cardinal : « Sur la réformation que j'ay commencé à Pau et Lfscar, j'ay délibéré continuer par la grâce de Dieu en toute ma souveraineté de Béarn » (p. 600). — A la suite de ces faits, un monitoire du Saint-Office, en date du 28 septembre 1563 (v. le texte de ce monitoire ibid., pp. 669-679), cita Jeanne d'Albret devant le Pape Pie V pour cause d'hérésie ; le roi de France fit renoncer le Pape à cette citation (v. le texte de la protestation du Roi, ibid., pp. 680-684). Jeanne appela comme d'abus de toute la procédure du Pape au Concile et fit afficher son appellation dans quelques quartiers de Rome (BORDENAVE : Histoire de ^Béarn et Navarre, pp. 120-122). 54. — Mémoires de Conàé, t. IV, pp. 628 631. 55. — Mémoires, de Condé, t. IV, pp. 606 à 628 ; le passage cité est à la page 607. 56. — Ibid., pp. 631-647 ; le passage cité est à la page 631. 57. — II faut entendre par ce mot les statues isolées, peut-être les sculptures de quelques chapiteaux et les figures du portail et du retable, si du moins ils étaient à figures. Il est intéressant de rappeler que Calvin a blâmé avec vigueur ces fureurs iconoclastes, comme on le voit par sa lettre de juillet 1561 sur le pillage de l'église de Sauve, où il désapprouve ceux qui ont osé « brusler les idoles et abattre une croix » (Lettres françaises, t. II, p. 416), et par celle qu'il écrivait en 1562 à l'occasion du pillage de Saint-Jean de Lyon (ibid., p. 466). A Orléans il coucha en joue un soldat occupé à renverser une statue du portail de l'église Sainte Croix, lequel lui dit : « Monseigneur, ayez patience que j'aie abattu cette idole, et puis que je meure, s'il vous plaît. » (Bull, delà Société... du Protestantisme français, 1865, pp. 127-131). De même Théodore de Bèze écrivait à Jeanne d'Albret, le 13 mai 1562, après le pillage de la collégiale de Vendôme : « Je ne puis dire autre chose de cet abatis d'images, sinon ce que j'en ay toujours senty et presché ;

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c'est à sçavoir que ceste manière de faire ne me plaist aucunement, d'autant qu'elle me semble n'avoir aucun fondement en la parole de Dieu. » (Mémoires de Condé, t. II, p. 359.) 58. — « On ne s'en prit pas seulement aux images et aux rétables des autels; mais la reyne ordonna aux sacristains de remettre tous les ornemens, les calices, les croix et toute l'argenterie, d'un prix inestimable, entre les mains des commissaires à ce députés ; ce qui fut fait. » (Narré de ce qui se passa en Béarn du temps de la Reyne Jeanne ; publié dans DUBARAT : Documents, t. I, p. 6.) 59. — Calvinisme de Béarn, édité par MM. BARTHETY et SOULICE (Pau, 1880, in-8°), p. 114, v. 2220-2232. L'œuvre fut composée entre 1685 et les premières années du xvme siècle. 60. — Archives communales de Lescar, FF. I ; publié dans DUBARAT : Documents, t. I, p. 96. 61. — Voir à ce sujet les textes réunis, ibid., pp. 75-76, 113, 119, 126-127. 62. — II fut accusé d'hérésie par les chanoines de Lescar dès 1558 (ibid., pp. 47-49). 63. — Manuscrit de la Bibliothèque de la Ville de Pau, Ee. X. A. n° 9, fol. 214 et suiv. ; publié en grande partie, ïbià., pp. 2-24. 64. — Narré, etc. (ibid., p. 4). 65. — Narré, etc. (ïbid., p. 6). Dans la séance du Conseil ecclésiastique de la R. P. R., du 20 mai 1568, d'Artiguelouve dit qu'il ne remettra « les meubles des temples de Lescar » au diacre général que moyennant « descharge bien authorisée. . ., veu qu'il est chargé et obligé envers les jurats de Lascar» (ibid., p. 95). — Quelques-uns des objets peuvent avoir été égarés dès le début, car Merlin écrit, dans sa lettre déjà citée du "23 juillet 1563 : « Estant arrivé icy, je luy [à la Reine] donnoy conseil d'envoyer soudain par tout le pays des commissaires qui missent par inventaire les reliques et les documens des Eglises, à ce que rien ne se perdist. Je ne le luy peux jamais persuader, qui a esté cause qu'on en a égaré plusieurs. » (Bull, de là Société. . . du protestantisme français, 1865, p. 232.) 66. — DUBARAT : Documents, t. I, p. 95, 67. — DUBARAT : Documents, t. I, p. 97. La châsse dut être peu après rendue au Chapitre (ainsi que les reliques qu'elle contenait, à moins que celles-ci n'aient jamais été enlevées aux chanoines), puisque nous allons voir que, d'après Marca, la châsse fut emportée et les reliques brûlées par les troupes de Montgommery en 1569. 68. •— Narré, etc. ; ibid., p. 5. 69. — Arclo. des Basses-Pyrénées, G. 692, fol. 267 r° ; publié ibid., p. 126. 70. — 'Narré, etc. ; ibid., pp. 6-7. 71. — Le Placet de 1688 (ibid.,, pp. 30-31) fait venir à Lescar Montgommery en personne. Mais Bordenave n'en dit rien ; il est probable qu'il envoya seulement à Lescar un de ses capitaines et que lui-même resta à Pau. 72. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 329, 73. — Ce sont les deux seuls nommés par BORDENAVE (Histoire de Béarn, p. 291) et par le Placet de 1688, bien qu'il soit dit dans ce dernier que Montgommery fit massacrer tous les ecclésiastiques qui ne voulurent pas apostasier (DUBARAT : Documents, t. I, p. 31). L'auteur du Narré parle d'une façon vague de cruautés envers les ecclésiastiques, mais il ne cite qu'une victime, Audijos (ibid., pp. 7-8). — D'après Bordenave, les États réunis à Lescar auraient fait, peu de temps auparavant, « sans nulle forme de justice, procédure ou sentence. .., donner le garrot par le borreau à J. de Lostau, M. Bédat et J. Du Luc, ministres, Thomas Blanc et Benauges, les .cors desquels furent après portez et jettez dedans la rivière avec grandes risées ». (Histoire de Béarn, p. 222.) Aucun des deux partis n'était en reste avec l'autre. 74. — MARCA : Histoire de Béarn, p. 44. Cf. le Placet de 1688, p. 31. (DUBARAT Documents, t. I, p. 98.) 75. — MARCA : Histoire de Béarn, pp. 459-460. Une inscription de l'année 1620, encastrée dans le mur sud de l'église, rappelle ce dernier fait. 76. — BORDENAVE : Histoire de Béarn, p. 282. « Et tout ainsi que la guerre avoit chassé le presche du païs, semblablement la guerre en chassa la messe, car tous les près-très s'enfuirent lors tellement de tout Béarn que jamais depuis nul y est entré pour y chanter messe, ne fere aucune cérémonie romaine. » 77. — Une ordonnance de Montgommery, du 2 octobre 1569, mit sous la main de la Reine les Evêchés de Lescar et d'Oloron et tous les biens ecclésiastiques du Béarn. (DUBARAT : La Réforme en Béarn, Toulouse, Privât, 1901, in-8°, p. xvm.) 78. — Lettres de Montamat et de Montgommery à Jeanne d'Albret, du 23 août 1569. (COMMUNAY : Les Huguenots dans le Béarn, pp. 58-59.) 79. — Voir Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1286, fol. 298 v° ; — OÏHENART : Notitia utriusque Vasconice, Paris, 1656, p. 556 ; — BORDENAVE : Estât des églises, p. 840 ; — Cf. un article de MM. FORESTIE et GALABERT, dans le Bulletin de la Société de Tarn-et-Garonne, 1894. 80. — Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1286, fol. 295 r°« 81. — Ibid.j B. 2161 (publié par V. DUBARAT, dans les Archives Historiques de la Gironde, t. 31) et E. 1740, fol. 65 et suiv. 82. — Le 19 décembre 1595, Esprit Du Marché, vicaire général de l'évêque de Lescar, expédie, à Toulouse, un titre de provision à une place canoniale en faveur de Jean de Marca (Arch. des Bas ses-Pyrénées, E. 1286, fol. 293 v°). Dans un acte du 5 avril 1596, il est dit que « le vicaire général de Monsr de Lescar se tient à Tholose, au cloistre de la Daurade » (ibid., fol. 298 v°). Il s'agit certainement là d'Esprit du Marché ; on en trouve la preuve dans les pièces d'un procès entre Me Jean de Cassand, conseiller au parlement de Toulouse, et frère Pierre Saurimond, religieux, pour la collation du prieuré de Sarrancolin : les audiences sont tenues, du 17 novembre 1599 au 10 juillet 1602, « par devant frère Sperit Du Marché, religieulx du monastaire de la Daurade, vicaire général de Mr l'evesque de Lescar, en récusation de Mr l'evesque de Comenge»; la sentence,.rendue le il juillet 1602, débute ainsi : « Spiritus Du Marché, in sacra theologia bacalaureus, religiosus monasterii beatae Mariae Deauratae Tholosae vicariusque generalis in spiritualibus et temporalibus reverendo (sic) in Christo patris et domini domini Joannis Dabbadie/episcopi Lascurensis. » Dans les motifs de récusation, invoqués contre Du Marché par Saurimond, on lit : « II est notoire que led. Olivier [pour lequel Jean de Cassand était personne interposée] est religieulx au mesme monastaire de la Daurade auquel vous estes aussy religieux, vivantz ensemble comme frères... » (Arch. des Hautes-Pyrénées, H. 276.) 83. — Basses-Pyrénées, arrondissement d'Orthez, canton d'Arzacq-Arraziguet. 84. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 329 : mémoire présenté en 1615 par le Chapitre au parlement de Bordeaux et transaction du 16 janvier 1612 entre le Chapitre et les habitants de Louvigny; —G. 269 : accord du 18 décembre 1603 entre l'Évêque et les chanoines. 85. --. Arch. des Basses-Pyrénées, G. 329 : transaction du 15 janvier 1612; et E. 1286, fol. 293 r°-298 v°. 86. — C'est ainsi qu'à rencontre de l'art. 8 de l'édit, le Roi décida que les maisons de l'évêque de Lescar, sises à Lescar et à Pau, qui servaient au collège et aux assemblées de justice,, ne seraient pas rendues à l'évêque. Cf. DUBARAT : Le Protestantisme en Béarn et au Pays basque (Pau, 1895, in-8°), pp. 359-567. 87. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 269 : accord du 18 décembre 1603, 88. — Elles s'élevèrent, avec celles qu'on fit en même temps au collège et à l'Evêché, à la somme de 500 1. t. (DUBARAT : Documents, t. I, p. 102). 89. — DUBARAT : Documents, t. I, p. 103. 90. — Ibid., p. 32. 91. — L'Estat des Eglises cathédrales et collégiales, par Jean de BORDENAVE., chanoine de .Lescar (Paris, 1643, in-fol., P- 68). 92. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 329. 93. — Etudes historiques et religieuses du diocèse de Bayonne, 1894, p. 424. 94. — Arch. communales de Herrere (Basses-Pyrénées), GG. 42 ; publ. par M. de Dufau de Maluquer, Études citées, 1894, p. 325. 95. — Mémoire pour les syndics du Chapitre de Lescar contre Mre Marc-Antoine de Noé, évêque de Lescar, 1768; imprimé (Bibl. de la Ville de Pau, Ee. X. B. 252). 96. — Narré, etc., et Placet de 1688, dans Dubarat : Documents, t. I, pp. 15 et 31-32. 97. — Un « Arrest sur le restablissement entier de la religion catholique en Béarn et sur la restitution des biens aux ecclésiastiques » avait été publié le 25 juin 1617; les églises réformées formulèrent .quelques doléances, mais Louis XIII n'en tint pas compte et promulgua en septembre 1' « Édict de

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la main levée des biens des ecclésiastiques en Béarn » (V. DUBARAT : La Réforme en Béarn, Toulouse, Privât, p. LXII ; d'après le Mercure françon de 1617, p. 326). 98. — DUBARAT : Documents, t. I,'pp. 17-24. 99. — Narré, etc., à Tannée 1623 ; communication de M. l'abbé Dubarat. 100. — Arch. des Basses-Pyrénées, B. 3480. 101. — BORDENAVE : Estât des églises, p. 68. 102. — DUBARAT : Documents, t. I, p. 15. 103. — Ibid.f p. 32. 104. — Arch. des Basses-Pyrénées, B. 3462. 105. — Arch. des Basses-Pyrénées, série^B : pour la Fabrique, article 3575 (100 ëcus petits en. 1617); —i pour le Chapitre, art. 250, 315(3000 1. en 1610), 3462 (id. en 1609), 3573, 3626 (reçu par le chanoine Bordenave de 498 fr. bordelois 7 s. 6 d. de pension, pour un semestre, en 1620) ; — pour l'Evêque, art. 315 (4.000 1. en 1610), 1490, 3482, 3490, 3514, 3530, 3551, 3597, 3609, 3626, 3630, 3650 (6iol. 10 s. 7 d. en 1621), etc. — « L'évêque de Lescar, dit le Narré, eut mille écus de pension à prendre sur le bien ecclésiastique. » (DUBARAT : Documents, t. I, p. 13.) 106. — Bibliothèque de la Ville de Pau, Ee. X. A. n° 9, fol. 456. Communiqué par M. l'abbé Dubarat. 107. — Arch. des Basses-Pyrénées, C. 1417. Quatre ans auparavant on avait célébré un service funèbre pour le Dauphin, mort le 14 avril 1711 (C. 753). 108. — Réplique pour les Syndics du Chapitre cathédral de Lescar contre M. de Noé, évéque de la même ville, 1770, p. 29 (Bibliothèque de la Ville de Pau, Ee. 10. B. 252) 109. — Arch. des Basses-Pyrénées, B. 5406. 110. — Ibid., B. 6041. 111. — Ibid., B. 478. 112. — Arch. des Basses-Pyrénées, G. 331. Voir encore sur Giraudy, ibid., B. 4965 113. — Archives communales de Lescar, D. i, délibération du 2 février 1792. — On voit, dans la correspondance de l'intendant d'Etigny, que le même Pédeprat, de Lescar, habitant de Séville, laissa en mourant une somme de 12.000 1. pour l'acquit d'une fondation de chapellenie dans l'église de Saint-Pée (diocèse d'Oloron), projetée par le P. Louis de Navailles (Arch. du Gers, G. il, 1757-1758, f° 136). 114. — Archives de M. H. Barthety. 115. — Archives nationales, D. xix 26, n° 399 : Papiers du Comité ecclésiastique. Publié par M. Henri COURTEAULT (Études historiques et religieuses du diocèse de Bayonne, 1902, pp. 145-154). 116. — Mandement de Mgr l'Evêque de Lescar, [s. 1. n. d.], in-8° ; mentionné dans Essai d'une bibliographie des Basses-Pyrénées, période révolutionnaire, par L. SOULICE (Congrès scientifique de Pau, 1873, t. II, p. 415 et suiv., n° 11 8). Sanadon mourut le 9 janvier 1796 à Oloron (Cf. DUBARAT : Documents sur Sanadon, Mélanges, t. IV, p. 201); le 30 juin 1797 parut à Oloron une Lettre circulaire des membres qui composent le diocèse des Basses-Pyrénées, aux vénérables curés du diocèse et à tous les ministres du culte catholique, apostolique, romain, fixant au 13 août suivant l'élection d'un évêque en remplacement de Barthélemy-Jean-Baptiste Sanadon, « dont le souvenir nous sera toujours cher et précieux » (Essai, etc., par L. SOULICE, n° 443). 117. — Archives de M. H. Barthety. 118. — Archives communales de Lescar, D. i. 119. — Archives de M. H. Barthety. 120. — Arch. des Basses-Pyrénées, III, Q. 16. 121. — Arcb. des Basses-Pyrénées, III. Q. 13. 122. — Ibid.f III. Q.. 15 et 16. 123. — Arch. des Basses-Pyrénées, III. Q. 14. 124. — Ibid.f III. Q.- 13 et 16 125. — H. BARTHETY : Les Cloches de N.-D. de Lescar (n° du Mémorial dès Pyrénées du 7 novembre 1890). — Est-ce alors que fut célébrée, s'il faut en croire une tradition locale, la cérémonie burlesque suivante? Un jour de décadi, on affubla un âne d'une vieille chasuble trouvée dans une armoire de la sacristie, et on le promena en procession dans l'église, en l'encensant avec un pot de terre où brûlaient du tabac et des piments secs. (Note manuscrite de M. Barthety, père, communiquée par M. H. Barthety.) 126. _ Archives communales de Lescar, D. i ; 21 messidor an III. 127. — Cf. LAPLACE : Monographie (1863), p. 69 : « II y a quatre ans, quand on opéra le grattage général, il était facile de distinguer les matériaux d'un édifice antérieur avec les différentes reprises des travaux de celui-ci. » 128. — Les renseignements qui suivent sont tirés des Archives départementales des Basses-Pyrénées (O. III, Édifices communaux: Lescar; — série T : Monuments historiques), des volumes du Conseil Général des Basses-Pyrénées (sessions d'août 1851, 1855 et suiv.), des délibérations municipales et des archives particulières de M. H. Barthety. 129 — Le même plan, à transept peu saillant, se retrouve dans la région à Sainte-Croix d'Oloron et à Sainte-Foi de Morlaàs. 130. — Le plan annexé au présent article donne la disposition des stalles, de l'autel et de l'entrée de l'église avant la restauration de 1859, d'après le plan dressé par Durand en 1851 (Arch. des Basses-Pyrénées, O. III, Édifices communaux : Lescar). — Principales dimensions de l'église : longueur dans œuvre, 6om,07 ; longueur de la nef, 39m, 05 ; largeur dans œuvre, 22m,36 ; largeur de la nef, 10m,75 ; longueur du transept, 27m, 85; longueur de la première travée, 5m, 20 ; longueur moyenne des suivantes, 8m,45 ; hauteur des colonnes engagées de la nef, 9m,90 ; hauteur de la voûte de la nef, 14m,75; hauteur moyenne des berceaux des bas-côtés, 9m,75 ; hauteur sous clef de la voûte d'ogives du carré du transept, 15m, 40. 131. — Ce détail, aujourd'hui caché sous l'enduit, se voit bien sur le dessin de Durand (Arch. des Basses-Pyrénées, O. III, Édifices communaux : Lescar). 132. — Au contraire, les quelques marques que Ton voit à la sacristie du xvie siècle sont mal tracées et leur trait mince et sans profondeur. 133. — Elle est sensible, au contraire, dans quelques marques de tâcherons du clocher de Saint-Trophime d'Arles, dont M. Labande attribue la construction à la fin du xne siècle (Bulletin monumental, 1904, n° 1-2, p. 40). 134. — Je crois que la même disposition existait aussi à l'abbatiale, aujourd'hui en ruines, de Saint-Pé (Hautes-Pyrénées), contemporaine de la cathédrale de Lescar. 135 — Il en est de même, dans la région, à Lucq et à Sainte-Croixd'Oloron (Basses-Pyrénées); cette disposition se voyait aussi certainement à Saint-Pé, où les murs des seules parties de l'église qui subsistent (croisillon sud et partie du mur sud de la nef) sont garnis d'arcatures. Les deux arcatures du fond de l'abside de la cathédrale de Lescar, supprimées à une époque que j'ignore, ont été rétablies récemment ; la base de la colonnette de l'axe paraît ancienne. 136— Sur la face antérieure de ce contrefort, on voit aussi un cordon vertical de billettes, qui prolonge, en tournant à angle droit, la tablette à billettes de la corniche de l'absidiole sud ; à la hauteur de l'imposte des fenêtres (aujourd'hui bouchées) de cette absidiole, il tourne de nouveau et rejoint horizontalement le mur de l'absidiole, sans s'y continuer. L'église de Saint-Pé (Hautes-Pyrénées) présente un exemple analogue de cordons de billettes se coudant à angle droit. 137. — Les moulages de trois de ces modillons, conservés au Musée de Pau, ont figuré en 1900 à l'Exposition rétrospective de l'art français (Petit Palais) sous le n° 4625. 138. — Publié dans l'ouvrage de VOGE : Die Anfànge des monumentalen Stiles im Mittelalter, p. 85} fig. 26. 139. — En 1859, on a surmonté inutilement ces contreforts et ceux des absidioles de petits frontons décoratifs en forme de pignons.

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140. — La fenêtre de l'axe de l'absidiole nord avait été aveuglée, dès le xvie siècle, par la construction de la sacristie. 141. — En 1859, on a plaqué autour du cintre de ces arcades un cordon décoratif en ciment romain ; on a fait de même aux arcades d'ouverture des absidioles sur le transept 142. — Un des chapiteaux semble refait. 143 — Le tailloir de ce chapiteau a été refait au xvne siècle. 144 — L'archivolte est détruite du côté de l'extérieur. 145. — A la colonnette de droite de la fenêtre du croisillon nord on a sculpté, sur le fût, une sorte de crapaud ou de lézard qui grimpe. 146. — II faut, d'ailleurs, se garder d'oublier que la plus grande partie des murs de l'église est couverte d'enduits, ce qui ne m'a pas permis de relever toutes les marques du monument. 147. — L'astragale de ce chapiteau porte une inscription où M. l'abbé Laplace a lu : Magi munera Christo ojjer (Monographie, p. 131), et J. Lallier : Magi munera ferentes (Bains des Pyrénées ; Paris, Parmentier, 1858, in-i8 ; p. 7). Je n'ai pu vérifier leurs lectures à cause de la hauteur où se trouve ce chapiteau.

148 — DUBARAT : Documents, t. I, p. 6, 149. — BONNECAZE : Histoire particulière des villes... de Eéarn, publiée dans les Etudes... du diocèse de Bayonnc, 1900, p. 133. 150. — Arch. Bas.-Pyr., B. 4946. 151. — Mémoire instructif pour M™ Marc-Antoine de Noé, évéque de Lescar, contre le syndic du Chapitre de l'Église cathédralle, 1769, p. 2. (Bibliothèque de la Ville de Pau, Ee. X. b. 252.) 152. — Réponse pour Mre Marc-Antoine de Noé, évéque de Lescar, aux objections du syndic du Chapitre de l'église cathédrale, 1768, p. 51 (ibid). Ce passage a déjà été publié par M. l'abbé DUBARAT (Le Bréviaire de Lescar de 1541, p. ni). Dans une autre pièce, intitulée Cérémonial qui s'observe dans l'église cathédale (sic) de Lescar à l'égard des seigneurs évéques (Bibliothèque de Pau, même cote) on lit ceci : « On sçait qu'autrefois les évéques de Lescar, quand ils officioient..., n'entroient point dans le chœur, niais passoient par un des collatéreaux du chœur, pour aller à l'autel du Saint-Sacrement, où ils faisoient une courte prière, après laquelle ils étoient conduits à leur thrône qui est placé dans le sanctuaire. » (p. 92). 153. — Dans une gravure de 1837, appartenant à M. Barthety et représentant l'intérieur de la cathédrale, on voit encore les stalles des chanoines dans les deux travées de la nef précédant le transept, et l'autel au fond de l'abside. Cet intéressant document a été reproduit dans le Bréviaire de Lescar de V. DUBARAT, p. iv. — II semble résulter d'une déclaration des jurats de Lescar, du 11 septembre 1681, que leur banc était à l'entrée du bras gauche du transept, près de l'arc triomphal : « Item déclarent lesd. sindicqs que les sieurs jurats ont dans l'église cathédralle un bancq du costé de l'Évangile et tout contigu le sanctuaire, où ils siègent de tout temps sans aucune contradiction. » (Arch. Bas.-Pyr., B. 675, fol. 552 r°.) 154. — S'il s'agissait dans ce passage de la voûte de la croisée, l'auteur n'aurait pas dit « partie de la voûte », car cette voûte a été refaite entièrement ; tandis qu'au chevet le berceau du sanctuaire fut reconstruit, mais non le cul-de-four de l'abside. C'est une raison de plus pour conclure que l'autel était vers le fond du chevet au début du XVII siècle. 155. —-Le pilier nord-ouest du carré et le second pilier de la nef, au sud, ont des stylobates cruciformes ; ils ont dû être retaillés au xvnc siècle, car on n'y voit aucune marque de tâcherons. 156. — Le parement extérieur est caché par un enduit; aux rares endroits où cet enduit n'a pas tenu, on voit quelques marques. 157. — Les chapiteaux où sont figurés l'Annonciation, la Fuite en Egypte et deux colombes buvant dans un vase furent exécutés en 1859 par M. Barthety père; il faut en dire autant d'un chapiteau à godrons et, je crois, de plusieurs autres décorés de feuillages 158. — Exceptionnellement, l'arcade qui fait communiquer les deuxième et troisième travées du bas-côté nord est légèrement brisée. Par suite d'un remaniement qui n'est pas antérieur au xvne siècle, celle qui fait communiquer les quatrième et cinquième travées du bas-côté sud est formée d'une seule large voussure. 159. — Cf. ENLART : Manuel d'Archéologie, t. I, p. 272, note 2. 160. — CHOISY : Histoire de l'Architecture, t. I, p. 127 ; t. II, p. 17. 161. — Tournus, le Mont-St-Vincent (Saône-et-Loire) et Palognieu (Loire) en sont les seuls exemples connus. 162. —Je ne sais pourquoi le contrefort placé entre la quatrième et la cinquième travée, en partant de l'ouest, faisait exception (v. le dessin de Durand, Arch. des Basses-Pyrénées, O. III, Édifices communaux : Lescar) ; c'était sans doute un remaniement. Il est aujourd'hui de même hauteur que les autres. 163. — Cette disposition permettait, en outre, de donner aux arcades d'ouverture des bas-côtés sur le transept la même hauteur qu'à celles des absidioles qui leur font face. 164. — VioLLET-LE-Duc : Dictionnaire raisonné de l'Architecture française, t. iv, p. 308. M. Enlart veut bien m'écrire que ces corbeaux intérieurs sont dans le porche et non dans la nef de l'église de St-Menoux, comme le dit Viollet-le-Duc. Dans l'église de Lion-sur-Mer (Calvados), les sablières destinées à porter le toit des bas-côtés reposaient primitivement sur des corbeaux à encoche (cf. E. LEFEVRE-PONTALIS : Les corbeaux à encoche, dans Bulletin monumental, 1903, p. 570). 165. — LAPLACE : Monographie, p. 83. Elles sont aujourd'hui dissimulées sous l'enduit. 166. — Ils me semblent trop rapprochés pour avoir rempli cet office. 167. — On peut citer aussi les églises de St-Béat, St-Gaudens, Valcabrère, la partie romane de la cathédrale de St-Bertrand de Comminges, etc. L'église Ste-Croix d'Oloron offre de grandes analogies avec celle de Lescar : même plan d'ensemble, même plan des piliers, nef voûtée en berceau, transept peu saillant, abside décorée d'arcatures, fenêtres seulement dans les bas-côtés, sauf une baie percée à travers le berceau de la nef à la place même où l'on en voit une à Lescar ; enfin, quelques chapiteaux sont du même type qu'à Lescar, par exemple ceux où l'on voit des singes accroupis, de petits personnages à moitié dévorés par des têtes monstrueuses, l'adoration des Mages, le festin d'Hérode, etc. 168 — Dans un rapport de M. Durand, de 1851, on Ht que la façade sud «porte les traces d'un violent incendie» (Arch. des Basses-Pyrénées, O. 111). M. l'abbé Laplace dit, de son côté, qu'un incendie « a laissé des traces sur tous les points, excepté le chevet» (Monographie, p. 6l), et qu'on voit sur les murs « les traces d'un violent incendie qui a donné une teinte rougeâtre à toute la partie inférieure et calciné tellement l'appareil que.. . quelques moellons se décomposent en feuilles schisteuses » (pp. 68-69). 169. — En 1859, on a orné de cordons décoratifs en ciment toutes les impostes des voûtes. 170. — Le plus souvent même la douelle du berceau empiète sur le sommet des fenêtrés, ce qui peut s'expliquer par un affaissement des voûtes ou par des refaçons maladroites 171. — La baie du côté nord est aujourd'hui bouchée. 172. — LAPLACE ; Monographie, p. 73. Ces deux cartouches ont été entièrement refaits en 1859. 173— LAPLACE : Monographie, p. 73. 174. —: Elle aurait été, par conséquent, conservée et encastrée dans la façade du xvne

siècle, de même que l'inscription en caractères gothiques relative à Phœbus. Les écus,. aujourd'hui martelés, tenus par de petits anges debout dont on distingue seulement la forme générale, remontent probablement aussi au xvi° siècle. 175. Peut être à la suite de la date , faut-il reconstituer les mots Jacobus de Fuxo, c'est-à-dire le nom de l'évêque de Lescar en 1550 ; il faudrait admettre pour cela que M Laplace a trop écarté l'X et l'O de la fin de la première ligne, et que 1’usure de la pierre lui a fait prendre le C de I AC pour un T. Ce n'est, d'ailleurs, là qu'une pure hypothèse de ma part 176. Etat des Eglises P 68. - J'ai vainement cherché la raison qui a fait adopter la date de 1665 on s'est sans doute préoccupé uniquement de fixer les idées des touristes. 177 _ laplace : Monographie, p. 77.

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178 — Archives communales de Lescar, registre de la Société populaire, pp. 83, 104, 120 et 121. La même Société fit marteler quelques fleurs de lys qu'on voyait à l'extérieur du temple : « Séance du décadi dix thermidor.. . » BEAUPOIX. 11 existe encore...quelques signes proscrits, des fleurs de lys au dehors du temple ; je demande qu'on invite la Société à les faire enlever. — FOURGADE. Pourquoy tant d'invitations ? La municipalité a été invitée, elle n'a pas fait son devoir ; je demande que des commissaires de la Société soint nommés pour les faire disparoître. — PATAA PEILLOU. La municipalité avoit choisi un ouvrier, c'est ce dernier qui est coupable. — ENCASTET. J'ateste la démarche de la municipalité, j'étois présent. — MAUROUMEC. Je demande que la municipalité soint de nouveau invitée et que, si bientôt ces marques ne sont enlevées, qu'on la dénonce. On adopte. » (Ibià., p. 143.) 179. — Cette porte, figurée sur le dessin de Durand reproduit ci-dessus en partie, est décrite dans la Monographie de M. LAPLACE, pp. 84-85. 180. —J. Lallier : Bains des Pyrénées, p. 4. 181. — Les cagots de Lescar paraissent avoir eu une chapelle spéciale dans le quartier Sainte-Catherine qui leur était réservé. En effet, dans un arrêt du Conseil souverain de Béarn du 7 août 1561, il est question d'un « cami quy se prenen au débat deu tenple de la cagoterie de S. Catherine,... au débat la glisie de S. Catherine ». (Slrch. communales de Lescar, FF. I, fol. 12.) 182. — Le Béarn ; histoire et promenades archéologiques. Pau, Ribaut, 1877, în-8°; pi. VI. 183. — Cf. ENLART : Manuel d'archéologie, t. II, p. 27. 184. — BARTHETY : Les Cloches de N.-D. de Lescar (n° du Mémorial des Pyrénées du 8 novembre 1890); ce petit campanile est figuré dans le dessin de la cathédrale par LALLIER (Bains des Pyrénées, pi. I). 185. — Devis estimatif du 22 février 1851, par Durand (Arch. des Basses-Pyrénées, 0. III, Edifices communaux : Lescar). 186. — LALLIER : Bains des Pyrénées, pi. I. 187. — Estât des Eglises, p. 68. 188. — Sainte-Croix d'Oloron, église de l'Hôpital-Saint-Blaise (Basses-Pyrénées) ; cathédrale de Tarbes, église de Maubourguet, abbatiale de Saint-Savin (Hautes-Pyrénées). 189. — Parlant de l'inscription relative à la reconstruction par Charlemagne, il dit qu'elle était gravée sur une pierre, placée « sur le frontispice de l'une des portes, qui est à présent couverte soubs les ruines et masures d'icelle, par l'iniure du temps, ainsi que i'ay ouy tesmoiguer à personnes dignes de foy, qui m'ont designé l'endroit où elle estoit tout entière avant la cheute de nostre clocher, dont il n'y a pas encore trente-cinq ans ». (Estai des Eglises, p. 68.) 190. — Cf. laplace : Monographie, p. 135. Les dispositions qu'il signale ne se voient plus aujourd'hui : « Ce comble, dit-il, est divisé par un mur de refend en deux compartiments, communiquant entr'eux par une porte extrêmement basse, dont le linteau repose sur des montants à consoles sculptées. » 191. — Dans le mur nord, une large niche en plein cintre doit avoir servi de placard. 192. — Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées, 1857-1858, n° 2, p. 140. 193 — DUBARAT : Documents, t. I, p. 14. 194 — A. GORSE : Les fouilles de la place Royale à Lescar (Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1888-1889, pp. 553 et suiv.). LE CŒUR avait mis en doute l'existence de ce cloître. (Le Béarn, p. 11 6.) 195 — Ces deux fragments ont été donnés au Musée de Pau par M. Barthety. (Bull, de la Soc... de Pau, 1888-1889, p. 388.) 196. — Voir Lourde-Rocheblave : Les anciennes académies protestantes (Bull, de la Soc. de ïhist. du Protestantisme français, 1855); — COUDIROLLE : Etude sur l'Académie d'Orthez, Paris, 1885, in-8° ; — A. PLANTE : L'Université protestante du Béarn, documents inédits du XVIe siècle Pau, Ribaut, 1886, in-8° ; — Arrêts du Conseil ecclésiastique de Béarn (Archives communales de Lescar, FF. 1), publiés dans DUBARAT : Documents, t. I, pp. 93-105. 197. — Archives de Lescar, FF. i, f 141 r° (DUBARAT, op. cit., p. 95). 198. — PLANTE, op. cit., pp. 109 et 114. 199. — Archives de Lescar, FF. i, f 145 r°. 200. — Ibid., f 143 r° (DueARAT, op. cit., p. 99). 201. — Archives de Lescar, f° 143 v° (ibid., p. 100).

202. — L'Université de Béarn fut supprimée en 1620, n'étant plus fréquentée. — Le 5 juillet 1704, les jurats de Lescar décidèrent d'envoyer un placet au Roi pour demander le rétablissement de cette université dans leur ville. (Arch. communales de Lescar, BB. I, f 51.) 203. — PLANTE, op. cit., pp. 50-51. 204. — PLANTE, op. cit., p, 59.

205. — D'autres documents mentionnent cet autel : « Mox pergent ad altare Sanctis-simi Sacramenti, ubi genuflexi orabunt. Deinde accèdent ante Altare maius. » (Statuts capitulaires de 1627 ; BORDENAVE : Estât des églises, p. 468.) — « On sçait qu'autrefois les évêques de Lescar. . . passoient par un des collatéraux du chœur pour aller à l'autel du St Sacrement, où ils faisoient une courte prière, après laquelle ils étoient conduits à leur thrône... dans le sanctuaire. » (Cérémonial qui s'observe... dans l'église cathédrale de Lescar à l'égard des seigneurs évêques, 1768, p. 92.) — « La Chapelle du St Sacrement, qui est dans une aîle », près du trône de l'Évêque (Mémoire instructif pour M. de Noé, 1769). — « Ay conduit led. sr de Lagarde dans lad. église, où il a... fait le signe de la croix devant les autels du St Sacrement, du St Esprit et devant le maistre autel. » (Arch. des Basses-Pyrénées, G. 313 : prise de possession des prébendes de Mules en 1763.) L'autel en question était sans doute au XVIIe siècle dans l'absidiole sud, où l'on voit aujourd'hui un rétable du xviii" siècle représentant la Cène. 206. — L'auteur dit, un peu plus haut, que la septième « fut rasée environ l'année 1600 ». Comme cette classe était contiguë à l'église et voisine de la façade, je crois qu'elle dut être détruite par la chute du clocher de façade, survenue à cette époque. 207. — Bibl. de Pau, Ee. X. A, n°9, fol. 223-224(DuBARAT : Documents, 1.1, pp. 13-14.) 208. — Bibl. de Pau, Ee. X. A, n° 9, f 237. 209. — « Ambitus vel septum domorum Canonicalium », disent les statuts capitulaires de 1627 (BORDENAVE : Estât des églises, p. 794). Un article des mêmes statuts, relatif aux demeures des chanoines, s'exprime ainsi : « yEdes nostrse canonicales..., quas maiores nostri in unum pêne habitaculum, iuxta Ecclesiam discrète ac seiunctim collo-carunt, ut Canonici procul a promiscua multitudine separati », etc. (ibid., p. 949). Nous avons vu plus haut que ce quartier des chanoines était peut-être fortifié au xnie siècle ; ces fortifications se raccordaient, du côté sud, aux remparts de la ville. 210. — « Item, ils [les jurats] déclarent qu'entre l'église, l'évêché et la maison de ville, il y a une place publique où est une halle, et au milieu de lad, place un grand ormeau, au-dessous duquel est le pilori. » (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 675 : déclaration de 1681 ; f° 550 v°). Cf. MARCA, Histoire de Béarn, p. 460, et Arch. comm. de Lescar, BB. I, fol. 302 et 304. Replanté en 1709, l'ormeau fut déraciné en 1793, comme portant « sur luy des formes féodales, par un collier en fer », et remplacé par un arbre de la Liberté (ibid., D. I, p. 189). 211. — Ancien logis canonial remontant en partie au xvie siècle. La porte de Baliracq s'appelait aussi « des Craustes », c'est-à-dire des cloîtres. 212. — Estât des églises, p. 800. 213. — Estât des églises, p. 949. 214. — L'auteur du Narré distingue la salle capitulaire d'une sacristie qui servait de son temps aux réunions du Chapitre. Au moment de la Révolution, la salle capitulaire était dans un immeuble situé place Royale, à l'opposé de l'église (maison Fassan). C'est là que se tinrent les réunions pour la rédaction des doléances aux États généraux, l'hôtel de ville ayant brûlé en 1787. De 1790 à 1793, la salle capitulaire servit aux assemblées municipales. Le 17 avril 1791, le Conseil chargea Majourau, procureur de la commune, d'acquérir pour le compte de celle-ci « la salle capitulaire, pavillon du cloître et hermitage »; Majourau en obtint l'adjudication le 13 juin suivant, mais il refusa de les céder à la ville et en resta propriétaire. (Archives communales de Lescar, BB. 9 et D. i, passim.)

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215. — « Volumus... quod Capituli bibliotheca in superna aula quae extat supra capel-lam seu sacellum divi Augustini constituatur » (BORDENAVE : Estai des églises, p. 952) ; suivent d'intéressants détails sur l'organisation de cette bibliothèque. 216. — Cf. MARCA, Hist. de Béarn, p. 460. 217. — Cf. MARCA, Hist. de Béarn, p. 841. 218. — Voyages de Léon Godefroy, publiés par L. BATCAVE (Etudes... du diocèse de Bayonne, 1899, p. 254). 219. — Arcb. des Basses-Pyrénées, E. 1397, fol. 123 v° ; E. 1398, fol. 46 r", etc. — Arch. communales de Lescar, registres paroissiaux de 1692 à 1738, passim. 220. — Arch. communales de Lescar, BB. I, fol. 154; afferme de la mayade pour un an à compter du il novembre 1706 : « Pour prévenir toute discution... à l'occasion du vin qui se vend dans l'enceinte du cloître par Mrs les chanoines,... le fermier de la mayade ne pourra rien prétendre pour raison de la vente dudit vin, la communauté s'en réservant le provenu. » Voir aussi fol. 5, 225 et 290. 221. — Études du diocèse de Bayonne, 1900, p. 134. 222. — Archives communales de Lescar, D. i, p. 156. 223. — Arch. des Basses-Pyrénées, II R. 157 et 160. 224. — Archives communales de Lescar, Registre de la Société populaire, pp. 91, 97, 100 et 115. 225. — Les statuts de 1627 ordonnèrent la rédaction en double exemplaire, par un notaire public, de l'inventaire des ornements, vases sacrés et autres objets à l'usage du culte, existant dans l'église, le chœur et la sacristie (BORDENAVE, op. cit., pp. 951-952). Cet inventaire est perdu. 226. — Par exemple, en 1670, pour les stalles du chœur de St-Sernin de Toulouse (Revue des Pyrénées, 1904, p. 609). 227. — Études... du diocèse de Bayonne, 1899, P- 254- 228. — A. GORSE : Les Caron, une famille de sculpteurs abtevillois en Béarn aux XVtte et XVllle siècles ; Pau, Ribaut, 1889, in-8". 229. — Voici le texte de leurs épitaphes : Ci gyst le corps de Martin Caron, maistre esculpteur, natif d'Abbleville en Picardie, en son vivant mari de Marie de Saride, qui décéda le 20 de janvier 1669, âgé de 4} ans. Priés Dieu pour son âme ; — Ci gyt le corps de feu Louis Caron, IB'"« sculpteur, natif d'Abbé-ville en Picardie, âgé de )4 ans, lequel décéda le 4 du. moys de may 1682, lequel repos auprès du sang de son frère. Pries Dieu poi*r son âme (ibid., p. 5). Leurs deux tombes existaient naguère encore dans la cathédrale de Lescar ; on n'en voit plus qu'une aujourd'hui. — Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle on avait perdu le souvenir non seulement de l'auteur des stalles mais même de l'époque à laquelle elles remontaient (v. Réponse pour M'"" Marc-Antoine de Noé, évêque. de Lescar, aux objections du syndic du Chapitre, 1769, p. 51) 230. — Voir sur l'orgue de la cathédrale : Arcb. comm. de Lescar, D. I, pp. 361-363. 231. — LAPLACE : Monographie, p. 141. 232. — MIRASSON : Histoire des troubles de Béarn, p. 376. 233. — Narré, etc. (DUBARAT : Documents, t. I, p. 6). 234. — BORDENAVE, op. cit., p. 850 : & Sire, si les cloches ne sonnent point à vostre entrée [en Béarn], prenez vous en à ses nouveaux reformez, qui... les ont faites fondre et changer en canons. » Mais il est prouvé qu'une au moins des cloches de la cathédrale avait été conservée par les réformés pour leur usage (Arch. comm. de Lescar, FF. [, fol. 117). Ce fut sans doute celle que sonna l'évêque Jean de Salettes quand il reprit possession de l'église 235. — BORDENAVE : Estât des églises, pp. 845, 794 et 802. 236. — Délibération municipale du 9 décembre 1662, citée par H. BARTHETY : Les Cloches de N.-D. de Lescar (n° du Mémorial des Pyrénées du 31 octobre 1890). 237. — Arcl). des Basses-Pyrénées, G. 299 : Acte de prise de possession de l'évêché de Lescar par M™ Hardouin de Châlons (12 février 1730) : « ... Les quattre cloches de lad. églize ont sonné en grand carillon. » 238. — BARTHETY, art. cit. (Mémorial du 7 novembre 1890). 239. — Ibid., 4 et 7 novembre 1890; LALLIER : Bains des Pyrénées, p. 10. 6. 240. — BORDENAVE : op. cit., p. 810. 241. — MARCA, op. cit., p. 460

242. — Cf. GIRY : Manuel de Diplomatique, pp. 91-92. On s'en servait aussi en Bigorre : v. un acte de il 18 dans le Livre vert de Bénac (édit. G. BALENCIE, p. 179) et un testament de l'année 1205 aux Archives des Hautes-Pyrénées (H. 51). M. Giry ne cite ni le Béarn ni la Bigorre parmi les régions de la France où cette ère fut en usage. 242. — Etudes... du diocèse de Bayonne, 1899, p. 254. 243. — Sanche I (1095-1110), Sanche Aner (1170-1201), ou Sanche III (1252-1247). S'il s'agissait d'une sépulture d'évêque, Marca ou la Gallia en eussent parlé. 244. — Études... du diocèse de Bayonne, 1900, p. 134. 245. — H. COURTEAULT : Gaston IV, comte de Foix, t. I, p. 248 ; — PASQUIER et COURTEAULT : Chroniques romanes des comtes de Foix composées au XVe siècle, p. 1,44. 246. — PASQUIER et COURTEAULT, op. cit., p. 154. 247. — Arch. des Basses-Pyrénées, E. 543. 248. — [CHAPUYS] : L'histoire du Royaume de Navarre (Paris, 1596, in-8°), p. 580 ; — OLHAGARAY : Histoire de Foix, Bearn et Navarre (Paris, 1609, in-4°), p. 396; — Sommaire description du païs et comté de Bigarre, par G. MAURAN (édit. BALENCIE, dans les Archives historiques de Gascogne), p. III ; l'ouvrage fut écrit en 1614. 249. — Arch. des Basses-Pyrénées, E. 557. 250. — Ibid., £.551. 251. — CHAPUYS, op. cit., pp. 643-644; — FAVYN : Histoire de Navarre (Paris, 1612, in-fol.), pp. 697 et 703 ; — OLHAGARAY , op. cit., p. 472 ; — LABOURT : Commentaires sur les fors de Béarn, manuscrit des Archives des Basses-Pyrénées, p. 21 ; — BORDENAVE : Histoire de Béarn et Navarre, p. 40. 252. — N. DE BORDENAVE, loc. cit. ; — A. DE RUBLE : Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, t. I, pp. 36-37; — F. GENIN : Lettres de Marguerite d'Angoidéme (Société de l'Histoire de France), pp. 457-459. Cf. P. COURTEAULT : Revue de Béarn, 1904, p. 52, note I. 253. — BORDENAVE, loc. cit.; — cf. DUPLESSIS-MORNAY : Lettre... soub^ le nom d'un gentilhomme catholique (1585), citée dans DUBARAT : Le Protestantisme en Béarn, p. 343. 254. — RUBLE, op. cit., pp. 113-114. 255. — Etudes... du dioe'ese de Bayonne, 1901, p. 92. 256. — Voir sur cette question les deux mémoires de M. H. BARTHETY : Le tombeau de. Jeanne d'Albret et de Catherine de Navarre à Lescar et Observations supplémentaire: (Pau, 1891, in-8°). 257. —J. DE BORDENAVE : Estât des Eglises, p. 850. 258. — SPONDE : Les Cimitieres sacre^ (Bordeaux, Millanges, pet. in-8°), p. 175. 259. — Mémoires de Condé, t. I, p. 86 ; •— SPONDE, op. cit., pp.^173-175 ; — Response des vrais catholiques français à l'advertissement des catholiques anglois (1588), [par Louis d'Orléans, avocat au Parlement de Paris], p. 143. 260. — Voir, sur cet orage, la lettre de Merlin à Calvin du 23 juillet 1563. (Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, 1865, pp. 239-240.) 261. — Calvinisme de Béarn, édit. BARTHETY et SOULICE, v. 2395-2398 et 2427-2430 262. — Bibliothèque nationale, fonds Dupuy, 8l ; publié dans Le Protestantisme en Béarn de V. DUBARAT, p. 232.

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263. — II vivait à Nay par conséquent à 25 kilomètres de Lescar. 264. — Histoire de Béarn et Navarre, p. 354.

265. — Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2010, fol. 259 v°-z6o r°. 266. — Ibià., fol. 269 v°-27O r° : « A Guilhem de Lespiau, meste masson du Bernou, per aber ubert la tombe ond lo cadaver deud. deffunt fo metut et per pagar aquets quy lo aben portât au sépulcre, la somme de quoate fr. ; — Plus à Joan de Toyar..., per aber fornit lo morter necessary per remetre la tombe aud. sépulcre, cinq s. jaq. » — Les règlements concernant la R. P. R., promulgués par la Reine en 1566, interdisaient d'ensevelir dans les temples «. quelque personne que soit, si ce n'est qu'il y en ait quelqu'un qui ait droit de le faire». (Bulletin de la Société Au Protestantisme français, 1891, p. 294.) On voit que les droits des chanoines à ce point de vue avaient été respectés. 267. — L'histoire du royaume de Navarre (1596), p. 690. Peut-être ce transfert reçut-il un commencement d'exécution ; obligé d'y renoncer, on aurait déposé la Reine à Vendôme, à cause de la « malice du tems ». 268. — Sponde termine par ces mots : « Mille et mille autres tels spectacles a-t-on pu voir par toute la France : mais ces horreurs arrestent ma main tremblante », etc. Cela sent un peu le polémiste à bout d'arguments. D'ailleurs, il semble par cette phrase que les exemples qu'il omet intéressaient le reste de la France plutôt que la région dont il vient de parler. 269. — Cité dans DUBARAT, lac. cit. 270. — OLHAGARAY , op. cit., p. 472. 271. — LABOURT : Commentaires manuscrits sur les fors de Béarn, exemplaire des Archives des Basses-Pyrénées, p. 21. Ce texte précieux a été signalé pour la première fois par M. l'abbé Dubarat (BARTHETY : Le tombeau de Jean d'Albret, p. 9). 11 ne figure pas dans tous les exemplaires de Labourt. 272. — Dubarat : Documents, t. I, p. 27. 273. — La Gallia christiana (édition de 1656, t. II, fol. 612 r°) dit que ces tombeaux, « ante ruinas ecclesiîe, ex marmore aibo cum ferreis cancellis visebantur », que les statues des rois et des reines furent brisées, mais que leurs restes gisent dans le caveau (ciypia). La rédaction est différente dans l'édit. de 1715 (t. I, col. 1285-1286). 274. — Le procès-verbal de ces fouilles, transcrit dans un registre des délibérations de la commune de Lescar, a été publié en partie par M. LAPLACE, (Monographie, p. 144), et en entier par M. BARTHETY (Le tombeau de Jean d'Albret, pp. 11-15). 275. — BORDENAVE : Estât des Eglises, p. 944. 276. — Rapport de M. Durand (Arcli, des Basses-Pyrénées, O. III, Edifices communaux : Lescar). 277. — Cf. art. de H. DURAND : Revue archéologique, 1860; — P. RAYMOND : Notice sur une mosaïque placée dans la grande abside de la cathédrale de Lescar (ibid., 1866) ; — LE CŒUR : Le Béarn, pp. 108-111 ; — H. BARTHETY : La mosaïque de la cathédrale de Lescar (Bulletin de la Société des Sciences de Pau, 1886-1887, pp. 32 et suivantes; l'auteur y donne une bibliographie détaillée à laquelle je renvoie) ; — LAFOLLYE : Réponse à la notice de M. H. Barthety (ibid., 1887-1888, pp. 5 et suivantes) ; •— BARTHETY : Étude supplémentaire sur la mosaïque de la cathédrale de Lescar (ibid., pp. 21 et suivantes); — Ch. DANGIBEAUD : La mosaïque de Lescar est-elle romaine ? (Revue de Saintonge et d'Aunis, \" novembre 1903). 278. — Histoire de Béarn, p. 459. 279. — Gallia christiana, édit. de 1656, t. 11, fol. 614 v° ; édit. de 1715, t. I, col. 1291. 280. — « Qu'importé que, suivant M. de Marca, un ancien évêque, mort en 1141, ait fait paver le chœur à la mosaïque ? Ce don conclut-il contre l'exemption accordée en 153 7 ^ Prouve-t-il aussi que le chœur soit l'ouvrage de quelque ëvêque ? » (Mémoire pour les syndics du Chapitre... contre M>'e Marc-Antoine de Noé, 1768, p. 85 ; voir aussi Réponse pour M'"e Marc-Antoine de Noé... aux objections du Chapitre, 1768, p. 51.) L'argument que l'évêque tirait, pour ses droits à l'égard du Chapitre, 'du pavage du chœur par Gui, devenait sans valeur si la mosaïque eût été visible, puisqu'elle orne l'abside et non le chœur des chanoines. 281. — Arch. des Basses-Pyrénées, série T, Monuments historiques : Lescar. 282. — Art. de DUGENNE : Mémorial des Pyrénées du 19 mai 1838. 283. — Bains des Pyrénées (1858), p. 19. Ce serait le motif signalé par Marca et la Gallia. 284. — Le Béarn, p. 11 o. 285. — Arch. de M. Barthety ; — Arcb. des Basses-Pyrénées, série T, ibid. 286. — Cf. BARTHETY : La mosaïque de la cathédrale de Lescar (pp. 23-24 du tirage à part), et Etude supplémentaire (pp. 12-13 du tirage à part). 287. — BARTHETY '* Étude supplémentaire, p. 12. — M. Perrault-Dabot, archiviste de la Commission des Monuments historiques, veut bien m'informer que les archives de la Commission ne possèdent pas de relevé de cette inscription. 288. — LAPLACE : Monographie, pi. 111. 289. — Voir la célèbre inscription de St-Trophime d'Arles (LABANDE , Bulletin monumental, 1904, pp. 17-20); les inscriptions des reliquaires de Bégon et de Pascal 11, du portail de l'église et de l'enfeu de l'abbé Bégon III, à Conques.; l'inscription de l'abside de St-Martin-de-Mazerat, près St-Emilion (Gironde), où le mot dedicacio réunit ces deux formes de c ; la légende d'une miniature de l'évangéliaire d'Utha, à la bibliothèque de Munich (CAHIER et MARTIN : Nouveaux mélanges d'archéologie : Curiosités mystérieuses, p. 38) ; une inscription de Saint-Gilles (LASTEYRIE : Etudes sur la sculpture française au moyen âge, Monuments Piot, 1902, p. 93), etc. 290. — On peut encore signaler, comme caractères communs aux deux inscriptions, les A à traverse droite et les N dont la traverse n'atteint pas l'extrémité des hastes. 291. — Le texte adopté pour la restauration porte Lascurensis, avec un seul r, ce qui est une faute, et fieri fecit pavimentum, ce qui constitue un barbarisme dont on ne trouve peut-être pas d'exemple au moyen âge. Dans les légendes analogues, jubere est toujours accouplé à. fieri : Mestrior et fieri Bertranne jubés (mosaïque de Ganâgobie) ; Me fieri jussit Bego (reliquaire de Pascal 11 à Conques), etc. 292. — LE CŒUR, op. cit., p. 109. 293. — ENLART : Manuel d'Archéologie, t. I, pp. 707-715- 294. — BARTHETY : L& mosaïque, etc., p. 16; H, DURAND, cité ibid., p. 12. 295. — DURAND, cité ibid., p. 12. 296. — Voussure d'une grande arcade de la cathédrale de Bayeux, arcature de la façade de la cathédrale d'Angoulême, tailloirs à Saint-Eutrope de Saintes, fenêtre de l'église de Maubourguet (Hautes-Pyrénées), etc. 297. — VITRY et BRIERE : Documents de sculpture française du moyen âge (Paris, 1904, gr. in-4'), pi. XXIX, fig. 3. 298. — BARTHETY : Étude supplémentaire, p. 10. 299. — MIONE : Patrol. lat., t. 182, col. 916. 300. — Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques, 1903, i" livr., pi. I. 301. — HERON DE VILLEFOSSE : Les mosaïques romaines de Villelaure, ibid., p. .27. 302. — Cf., pour le XIi' siècle, MARIGNAN : La Tapisserie de Soyeux (Paris, 1902, in-i8), pp. 45-49. — Voir une miniature du XII° siècle, représentant peut-être le troubadour Cercamon (DEJEANNE : Le Troubadour Cercamon ; Toulouse, 1905, in-8°, couverture) ; le costume est exactement celui de l'invalide de notre mosaïque. 303. — Voir une dalle du xe ou du XI° siècle dans BAYET : L'Art byzantin (Paris, Quantin, p. 221), une boîte en ivoire publiée par CAHIER et MARTIN

(Mélanges d'archéologie : Ivoires, etc., pp. 15 et 17), etc. 304. — Revue des Sociétés savantes, 1877, VI, p. 167. 305. — Ch. DANGIBEAUD, Revue de Saintonge et d'Aunis, Ier novembre 1903, pp. 387-390. 306. — îbid.j pp. 387, 391, 394 et suivantes.

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307. — Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1864, p. 41 ; — RIVIERE : Prothèse chirurgicale chez les anciens, dans Galette des hôpitaux, 17 novembre 1883; — Dr RICHER : Art et Médecine, pp. 351-353.