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1 L'EXPERIENCE AUX FRONTIÈRES DE LA MORT ET L’ESPACE DE L’AU-DELÀ : LE VERDICT Kamel BEN SALEM (1) Résumé : Comme les techniques médicales de réanimation s’améliorent, de plus en plus de gens sont ramenés de la frontière de la mort clinique à la vie. Certains d’entre eux relatent leur intense expérience profondément significative dans laquelle ils semblent vivre et fonctionner hors de leur corps. Dans un premier temps, nous rappelons les différentes phases d’une expérience de mort imminente (EMI). Nous expliquons en particulier pourquoi les phénomènes observés lors d’une EMI sont troublants et même déstabilisants pour les adeptes de certaines religions. Dans un deuxième temps, nous analysons et interprétons ces phénomènes selon divers points de vue. Nous abordons ensuite, la vie dans l’espace de l’au- delà et nous exhibons quelques-unes de ses propriétés. Nous soulevons aussi dans cet article le problème des rêves prémonitoires qui constituent une énigme pour les scientifiques. 1 INTRODUCTION Notre naissance marque le début d'un processus qui nous mènera à notre décès. Le concept d'une vie après la mort est l'un des principes fondateurs de toutes les grandes religions. Cependant, il reste à élucider le mystère le plus intriguant de tous : existe-il une preuve de la vie après la mort? Ce mystère a généré depuis des années un débat qui fait rage entre les croyants et les sceptiques. L’Expérience de Mort Imminente (EMI) est un puissant argument en faveur de l’existence de l’après-vie. Tout d'abord, nous devons expliquer en quoi consiste une expérience de mort imminente. Cette expérience est définie, d'après le bureau de l’association internationale pour l’étude des EMI (International Association for Near Death Studies : IANDS), comme une expérience lucide avec la perception de la conscience hors du corps, se produisant au moment de la mort réelle, ou du risque de celle-ci, ou d’une situation médicale critique [30 ]. (1) Professeur d’Analyse des Données, Département des Sciences de l’Informatique, Faculté des Sciences de Tunis, 2092 Manar II - Tunisie ; (E-mail : [email protected])

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L'EXPERIENCE AUX FRONTIÈRES DE LA

MORT ET L’ESPACE DE L’AU-DELÀ : LE

VERDICT

Kamel BEN SALEM(1)

Résumé : Comme les techniques médicales de réanimation s’améliorent, de plus en plus de

gens sont ramenés de la frontière de la mort clinique à la vie. Certains d’entre eux relatent

leur intense expérience profondément significative dans laquelle ils semblent vivre et

fonctionner hors de leur corps. Dans un premier temps, nous rappelons les différentes phases

d’une expérience de mort imminente (EMI). Nous expliquons en particulier pourquoi les

phénomènes observés lors d’une EMI sont troublants et même déstabilisants pour les adeptes

de certaines religions. Dans un deuxième temps, nous analysons et interprétons ces

phénomènes selon divers points de vue. Nous abordons ensuite, la vie dans l’espace de l’au-

delà et nous exhibons quelques-unes de ses propriétés. Nous soulevons aussi dans cet article le

problème des rêves prémonitoires qui constituent une énigme pour les scientifiques.

1 INTRODUCTION

Notre naissance marque le début d'un processus qui nous mènera à notre décès. Le concept d'une

vie après la mort est l'un des principes fondateurs de toutes les grandes religions. Cependant, il reste

à élucider le mystère le plus intriguant de tous : existe-il une preuve de la vie après la mort? Ce

mystère a généré depuis des années un débat qui fait rage entre les croyants et les sceptiques.

L’Expérience de Mort Imminente (EMI) est un puissant argument en faveur de l’existence de

l’après-vie.

Tout d'abord, nous devons expliquer en quoi consiste une expérience de mort imminente. Cette

expérience est définie, d'après le bureau de l’association internationale pour l’étude des EMI

(International Association for Near Death Studies : IANDS), comme une expérience lucide avec la

perception de la conscience hors du corps, se produisant au moment de la mort réelle, ou du risque

de celle-ci, ou d’une situation médicale critique [30].

(1)

Professeur d’Analyse des Données, Département des Sciences de l’Informatique, Faculté des Sciences de Tunis,

2092 Manar II - Tunisie ; (E-mail : [email protected])

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L'expérience de mort imminente consiste à ce que l'esprit de la personne concernée, quitte

momentanément son corps. Dans cet état hors du corps, l'esprit peut évoluer dans le monde

spirituel. On peut classer les expériences de mort imminente en deux grandes catégories : les

expériences positives et les expériences négatives [29].

1.1 Les expériences de mort imminente positives

Les sujets ayant vécu cette expérience rapportent que, d'un instant à l'autre, ils reprennent

conscience, ont l'impression de se trouver en un point extérieur de leurs corps et perçoivent en

détail ce qui se passe autour d'eux (la réanimation de leur corps par exemple). Ensuite, il y a

perception d'une sorte de tunnel ou d'une structure de passage avec une lumière très attirante au

bout, qui est décrite comme forte mais non éblouissante. Au cours de la traversée de ce tunnel, on

peut retrouver des proches disparus et/ou un être de lumière. A cette rencontre sont généralement

associés d’intenses sentiments d’amour, de joie ou de paix. Certains témoins rapportent qu’ils ont

revu un passage panoramique de leur vie. Il est très fréquent qu’en s'approchant davantage du bout

du tunnel, on ait la sensation que la lumière observée est en fait une sorte de barrière

infranchissable. A ce moment-là, ils comprennent ou on leur fait comprendre, qu'ils doivent

retourner sur terre et que leur vie n'est pas terminée.

1.2 Les expériences de mort imminente négatives

Les statistiques montrent que les expériences négatives sont estimées, pour l'instant de 4 à 5% des

cas. En fait, il est très difficile de savoir si ces estimations sont significatives, pour la simple raison

que même ceux qui ont vécu des expériences positives ont beaucoup de peine à en parler, que dire

alors des personnes qui ont vécu une expérience négative? Il est évident que quelqu’un qui a vu

‘l'enfer’ dans son (EMI) ne trouve jamais le courage d’en parler et va chercher un amalgame entre

cette expérience de l’enfer ‘mérité’ et son passé, ce qui causera chez le sujet un stress post-

traumatique.

Il est à noter que, d’après les statistiques, les EMI négatives sont souvent associées à une tentative

de suicide.

On peut grosso-modo subdiviser les EMI négatives en trois catégories : les EMI infernales, les EMI

dénuées de sens et les expériences inversées.

1.2.1 Les expériences de mort imminente infernales

Là on est tout à fait à l'opposé de l'expérience positive, c'est-à-dire qu’au lieu de s'élever vers une

lumière, la personne va descendre vers des ténèbres, là où on trouve des milliers de personnes qui

croupissent et hurlent dans la chaleur et la soif, souvent en présence d’entités démoniaques. Cette

situation est très proche de notre vision classique de l'enfer et c'est pour cette raison qu'on les

appelle des EMI infernales.

1.2.2 Les expériences de mort imminente dénuées de sens

Dans les expériences de mort imminente dénuées de sens, la personne concernée se retrouve toute

seule dans le néant, un vide absolu, avec un sentiment d’éternisation dans cette situation, ce qui va

déclencher un sentiment de terreur tout à fait compréhensible. Parfois, dans ce vide total,

apparaissent des formes géométriques desquelles se dégage une sorte de sentiment d'ironie. Tout se

passe comme si on se moquait du sujet de l'expérience, en lui faisant comprendre que, finalement,

rien n'a vraiment de sens et que rien n'a existé, ni le monde, ni sa vie, ni sa famille, ni sa profession

et que tout n'est qu'illusion, d'où ce sentiment d’expérience dénuée de sens.

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1.2.3 Les expériences inversées

Pour cette catégorie, l'expérience de mort imminente se déroule comme une expérience positive,

mais elle est ressentie négativement par le sujet. La même lumière décrite précédemment va être

ressentie comme agressive. D’autant plus, qu’en général, ce n’est pas le sujet qui va vers la

lumière, mais c'est elle qui va vers lui pour en prendre possession.

Cette lumière est décrite comme blanche, laiteuse, plus ou moins dégoûtante. Un sentiment de

dissolution dans cette lumière est ressenti dramatiquement, ce qui engendre une peur immense de

se fondre dans un espace démesuré.

Il faut noter que les évènements qui ont été évoqués sont récurrents dans le témoignage des

personnes sujettes à une EMI. De tels témoignages sont très courants actuellement. Ces EMI

paraissent d’autant plus universelles que l’on peut retrouver des récits similaires dans tous les pays.

Beaucoup d'éditeurs [16] commencent à publier les récits des gens qui ont vécu des expériences de

mort clinique ou de mort provisoire. Le seul fait de s'interroger sur la question dénote une certaine

ouverture d'esprit, salvatrice de notre vie contemporaine ancrée dans la pensée matérialiste.

Il est actuellement admis que l’être humain est un esprit incarné dans un corps et qu’au moment de

la mort, cet esprit continue à vivre. Il est également admis que l’âme ou esprit peut vivre sans corps

matériel mais que le corps ne peut pas vivre sans son âme. Lors d’une EMI, beaucoup de témoins

affirment qu'ils ont vu une espèce de fumée s'échapper au niveau du crâne du sujet. Les gens qui

ont vécu l'expérience de mort provisoire sont très nombreux et il est temps de pouvoir analyser

rationnellement ce phénomène. La pensée ‘matérialiste’ vole en éclat devant tous ces témoignages,

parce qu’on a la preuve scientifique que notre vie continue sans notre corps [9].

Les sceptiques à l’esprit fermé les mieux informés reconnaissent maintenant qu’ils ne peuvent plus

nier l’existence des EMI, mais la discussion porte alors sur leur signification.

Un pionnier dans ce domaine fut le Dr R. Moody, qui commença son investigation en sceptique.

Son premier livre “Life After Life” (La Vie après la Vie), paru en 1975 est considéré comme le

classique qui ouvrit ce domaine à la recherche moderne [16]. Depuis 1975, beaucoup d’études ont

eu lieu dans de nombreux pays. Nous citons en particulier les travaux de K. Ring [19], M. Sabom

[20] et M. Morse [15] sans oublier l’excellent livre de l’australienne Ch. Sutherlands [22] paru en

1992, qui contient une bibliographie choisie de plus de 150 cas d’école.

Ces études ont porté sur des cas de personnes ramenées à la vie après un état de mort clinique

(cœur arrêté, électroencéphalogramme plat).

2 LES PRINCIPALES PHASES DE L'EXPERIENCE

AUX FRONTIERES DE LA MORT

La parution du livre “La vie après la vie” de Raymond Moody, en 1975, a suscité une émotion

considérable dans le monde entier. Ayant recueilli les témoignages de personnes en état de mort

clinique revenues à la vie, Raymond Moody y décrivait en détail, et pour la première fois, le

déroulement d'une EMI (Near Death Experience : NDE). Le Dr. Moody a trouvé une similarité

frappante dans les témoignages de 150 personnes ayant vécu ces expériences. Il a été capable

d’identifier plusieurs éléments différents, récurrents, dans ces rapports. Il construisit une expérience

type contenant tous ces éléments.

2.1 Le scénario type d'une EMI

Un homme est considéré comme mourant quand il atteint le point de la plus grande détresse

physique, et il entend son médecin déclarer sa mort. Il commence à entendre un bruit inconfortable,

une forte sonnerie ou une sirène, après quoi, il se retrouve hors de son propre corps physique, mais

encore dans son environnement immédiat, et il voit son propre corps depuis une certaine distance,

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comme s’il était un spectateur de son corps. Il observe ainsi les essais de réanimation de son corps

et se trouve dans un état émotionnel bouleversant.

Au bout d’un moment il se reprend et s’habitue à cette situation si peu courante. Il remarque qu’il a

toujours un “corps”, mais un corps d’une nature très différente avec des pouvoirs très différents de

ceux du corps qu’il vient de laisser derrière lui. Ensuite, il a l’impression de se mouvoir dans un

long et sombre tunnel.

Rapidement ses proches défunts viennent le rencontrer pour le guider et l’aider. Il aperçoit les

esprits de parents et d’amis déjà morts, et il aperçoit en particulier un esprit aimant, chaleureux,

qu’il n’a jamais rencontré auparavant. C’est – un être de lumière – qui apparaît devant lui. Cet être

lui pose une question, non verbale, pour lui demander d’évaluer sa vie, et il va l’aider dans cette

évaluation en lui montrant une vue panoramique instantanée des évènements majeurs de son

existence. D’une certaine façon, il a l’impression de se rapprocher d’une sorte de barrière ou de

frontière, représentant apparemment la limite entre la vie et la mort. Toutefois, il sent la nécessité de

revenir sur terre, car le moment de sa mort n’est pas encore venu. Il va toutefois manifester une

résistance à ce retour sur terre, puisqu’il est pris dans des expériences de l’après-vie. Il est

submergé par d’intenses sentiments de joie, d’amour, et de paix. Cependant, en dépit de son

attitude, il rejoint son corps physique et revit.

A son retour sur terre, il trouve beaucoup de difficultés à raconter son expérience et ce, pour deux

raisons. D’une part, il lui est difficile de trouver suffisamment de mots humains adéquats pour

décrire son expérience de l’au delà ; d’autre part, il se trouve gêné d’en parler de peur qu’on le

ridiculise. Cependant, son expérience affecte profondément son comportement, particulièrement sa

vue sur la mort et sa relation à la vie [16].

Il est à noter que, statistiquement, le modèle de cette expérience type construit par Moody n'a

concerné que les personnes ayant vécu une expérience positive. En effet les témoins ayant vécu une

expérience négative sont très rares pour les raisons que nous avons mentionnées dans la section1.2.

Les chercheurs qui se sont penchés sur ce phénomène ont dégagé un certain nombre de traits

essentiels ou dénominateurs communs à de nombreuses expériences au seuil de la mort. Il est à

noter que les résultats statistiques portant sur l'âge, le sexe, la race, la profession, le niveau d'études

et la religion des patients interrogés montrent que ces facteurs n'ont aucune influence sur la

fréquence d'apparition de l'expérience aux frontières de la mort et sur son contenu. Parfois même,

les visions rapportées par certains sujets sont en opposition avec leurs convictions religieuses.

2.2 Témoignages et exposé des traits essentiels d'une EMI

Nous présentons dans ce qui suit quelques témoignages de personnes ayant vécu une EMI, à partir

desquels ont été déduits onze traits essentiels. Les témoignages sont répétitifs et cohérents, c'est

pour cette raison que nous nous limiterons dans chaque cas à deux témoignages au plus. Les traits

essentiels de ces EMI comprennent plusieurs phases:

• L’audition de l’annonce de la mort

La première phase notée par R. Moody est ce qu'il appelle “l'audition du verdict”, c'est-à-dire que le

patient en état de mort clinique entend et voit parfaitement les médecins annoncer son propre

verdict de mort, alors qu'il est en principe dans l'impossibilité de ressentir quoi que ce soit. Le Dr

M. Sabom cite le cas d'une femme qui a frôlé la mort à la suite d'une hémorragie interne deux

semaines après la naissance de son premier enfant: « Dans la salle des urgences, je me suis dit

intérieurement: “Je pars, adieu.” J'avais seulement l'impression de m'éloigner en glissant. Je les

entendais dire que j'étais en état de choc. J'ai entendu l'infirmière annoncer: “Je ne trouve plus son

pouls, elle ne respire plus, elle est passée.” Puis j'ai entendu une infirmière dire: “branchez-la sur

la réanimation”» [20].

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• La paix et le bien-être

La deuxième phase consiste en une sensation de paix et de calme parfait accompagnée de

disparition de la douleur physique ainsi qu’un sentiment de légèreté, de relaxation totale, de bien-

être... . Selon K. Ring, 60 % des personnes interrogées ont connu ce stade de l'expérience; 71 %

d'entre elles emploient explicitement les termes ‘paisible’ et ‘calme’ pour caractériser la tonalité

émotionnelle de leur expérience [19]. R. Moody cite plusieurs extraits de ce genre de

témoignages [16].

Une femme raconte après une crise cardiaque : « Je commençais à éprouver des sensations

délicieuses. Je ne ressentais absolument rien si ce n'est paix, réconfort, bien-être, un grand calme.

J'avais l'impression que tous mes ennuis avaient cessé, et je me disais: que c'est doux, que c'est

paisible, je n'ai mal nulle part.»

• L’audition de phénomènes sonores

Au cours de la troisième phase, Moody signale que certains sujets rapportent avoir entendu, avant

l'entrée dans la zone obscure (la cinquième phase), un phénomène sonore désagréable pouvant aller

d'un “vrombissement franchement pénible” à un “fort timbre de sonnerie”, un “bourdonnement

aigu”, un “grondement”. Mais il faut noter que la grande majorité des sujets se souviennent d'une

sensation de silence complet et total.

• La dé-corporation (séparation du corps physique et du corps subtil).

La quatrième phase est la phase de dé-corporation, ou sortie du corps accompagnée d'une

modification de la perception par les sens et de l'appréhension du temps comme de l'espace. Moody

cite deux témoignages particulièrement intéressants à cet égard [16]. Tout d'abord celui d'un jeune

homme qui raconte: « Des badauds accouraient de tous les côtés vers le lieu de l'accident. Je les

observais et j'occupais le milieu du trottoir qui était très étroit. Néanmoins, pendant qu'ils

approchaient, ils ne semblaient pas remarquer ma présence. Ils continuaient à marcher en

regardant droit devant eux. Quand ils furent vraiment tout près, je voulus m'écarter pour leur

laisser le passage, mais ils avançaient à travers moi.»

Un deuxième témoignage montre que les facultés intellectuelles et sensorielles sont modifiées et

deviennent hyperdéveloppées : « Notre esprit devient merveilleusement clair. Ma pensée prenait

note de tout et résolvait tous les problèmes comme cela ne m'était jamais arrivé auparavant et cela

sans avoir à revenir plus d'une fois sur les mêmes idées.» Une femme raconte: « Quand je

souhaitais voir quelqu'un qui se trouvait au loin, c'était comme si quelque chose de moi, une espèce

de tête chercheuse, s'élançait vers cette personne. Et j'avais alors l'impression que si n'importe quoi

se produisait n'importe où dans le monde, il me serait facile d'y assister.»

• La perception d’un tunnel obscur

Au cours de la cinquième phase, s'effectue l'entrée dans une zone obscure, accompagnée d'une

sensation de paix. Cette zone est souvent comparée à un tunnel, mais aussi à une vallée étroite ou à

un tonneau, une caverne, etc. Voici deux témoignages choisis parmi ceux que présente R. Moody

[16] : celle d’un homme qui a sombré dans l'inconscience au cours d'une grave maladie: « Je me

trouvais dans un espace vide, dans le noir complet. C'est difficile à expliquer, mais je sentais que je

m'enfonçais dans ce vide, en pleine obscurité. J'avais pourtant toute ma conscience. C'était comme

si on m'avait plongé dans un cylindre sans air. Une impression de limbes: j'étais en même temps ici

et ailleurs» ; celle d’une femme, qui a frôlé la mort à la suite d'un accident de la circulation,

raconte: « ce fut une impression de paix absolue et je me trouvais dans un tunnel, un tunnel formé

de cercles concentriques… ».

• Rencontre avec des guides ou des défunts (parents ou amis décédés, etc.).

Ces personnages, auxquels est souvent attribué un rôle de guide ou de conseiller, vont se manifester.

Ce sont des proches décédés : parents ou amis, anciens voisins ou relations ou des inconnus qui

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communiquent par télépathie, par des échanges de pensées et des émotions instantanées. Moody

rapporte le témoignage d'un homme qui fut accueilli dans l'au-delà par un de ses amis, mort peu de

temps avant lui: « Au moment où je suis sorti de mon corps, j'ai eu le sentiment très vif que Bob se

tenait tout près de moi... Il était là, mais il n'avait pas son corps terrestre. C'était un corps

diaphane, il me faisait l'effet d'avoir tous ses membres, bras, jambes, mais je ne peux pas dire que

je le voyais physiquement ... ».

• La rencontre avec un être de lumière

Un évènement courant est la rencontre avec une lumière brillante. Cette lumière peut ne pas avoir

de forme, ou bien être perçue comme un être parfois interprété, selon la tradition religieuse du sujet,

comme étant, Jésus, Bouddha, Krishna, etc., ce dernier faisant apparaître le panorama de la vie

écoulée du nouveau venu.

• Vision panoramique

La huitième phase, extrêmement curieuse, est une vision panoramique de sa vie par le défunt qui

juge ses propres actes. Moody cite le cas d'une jeune femme qui fit un récit extrêmement détaillé de

son expérience. D'après elle, c'est la présence qui émanait de la lumière magnifique qu'elle perçut

(phase 8) qui l'incita à juger sa propre vie et l'amena à revoir tous les événements qui la

constituaient. Elle se revit enfant cassant un jouet qu'elle aimait, puis adolescente au lycée. Le

rappel est chronologique, certains faits sont mis en relief, soulignés par la présence lumineuse qui

est aux côtés de la jeune femme pendant tout ce temps. L'importance de l'amour et celle de la

connaissance sont très nettement mises en valeur par cet être de lumière: « J'étais là, je voyais

réellement toutes ces scènes; je les parcourais effectivement et tout allait si vite, en me laissant

toutefois le temps nécessaire pour que je n'en perde rien. Pourtant, dans l'ensemble, ça n'a pas duré

longtemps. Du moins, je n'en ai pas eu l'impression. Il y a d'abord eu la lumière, puis le

déroulement du passé, et le retour à la lumière. J'estime que ça a pris en tout moins de cinq minutes

et probablement plus de trente secondes; mais je ne peux pas vous en dire davantage.»

En général après le déroulement du passé, il y a un retour à l'être de lumière pour l'auto-évaluation.

• La barrière de lumière

Le sujet rencontre à un moment une barrière lumineuse qui se présente comme une porte ou le plus

souvent comme un mur, une sorte de frontière ou limite et il a le sentiment qu'il doit revenir à son

corps physique. On trouve dans [25] le témoignage suivant : « Jean identifie son dernier voyage

par la présence d'éléments différents : l'apparition d'une porte lumineuse qu'il lui était interdit de

franchir, il a tendu la main pour tenter de l'ouvrir mais il est impossible de l'atteindre; la présence

d'ancêtre : sa grand-mère morte quand il avait douze ans et son père décédé alors qu'il en avait

dix-sept, il a eu l'impression d'un jugement dans leur regard sans pouvoir en dire plus car il n'y a

pas eu de dialogue.»

Une femme interrogée par Moody déclare avoir été dans un paysage merveilleux, un pré d'un vert

intense et lumineux, et s'être soudain heurtée à une clôture qu'elle n'a pu franchir malgré tous ses

efforts. [16]

• La réintégration du corps

La dixième phase décrit le retour à la vie de ceux-ci par réintégration de leur corps. Le retour est

fréquemment instantané et violent. Un homme déclare: « J'étais là-haut près du plafond, je les

observais en train de me donner des soins. Quand ils ont posé leurs électrodes sur ma poitrine, et

que mon corps fit un saut, je me vis retomber comme un poids mort; l'instant d'après, j'étais dans

mon corps.» Une femme précise: « J'ai eu l'impression d'avoir été rappelée, presque aimantée.» Ce

retour se fait parfois contre le gré des sujets qui se trouvaient si bien dans leur nouvel état qu'ils

n'aspiraient pas à revivre ... [16].

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• L’incommunicabilité La personne qui a vécu une EMI se retrouve dans l’impossibilité de la décrire dans le langage

habituel. Il en est de même de ses composantes émotionnelles. Le Dr. Moody cite en particulier le

témoignage d'une jeune femme qui analyse les raisons de cette incommunicabilité: « Voyez-vous,

c'est pour moi un problème d'essayer d'exprimer ça parce que tous les mots que j'emploie

s'appliquent à trois dimensions. Pendant mon aventure je n'arrêtais pas de penser: "mes cours de

géométrie m'avaient enseigné qu'il n'y a en tout et pour tout que trois dimensions, ce que je tenais

pour acquis. Mais c'est une erreur: il y en a davantage". Bien sûr, le monde dans lequel nous vivons

est tridimensionnel, mais l'autre monde pas du tout. C'est pour ça que j'ai tant de mal à vous

expliquer. Je suis obligée d'employer des mots à trois dimensions. J'essaie de coller autant que

possible à la réalité: mais ce n'est pas tout à fait ça.» [16]

Dans la section suivante nous allons analyser les différents états d'une EMI pour en déduire

l'information pertinente.

3 ANALYSE ET INTERPRETATION DES FAITS

OBSERVES LORS D'UNE EMI

3.1 Echec de l'explication matérialiste

A ce jour, les EMI représentent quelque chose de nouveau aux yeux de la science. Des psychiatres,

des neurologues, des cardiologues ont cherché une cause physiologique et ont même essayé de

reproduire, sans succès, une EMI en laboratoire, par excitation électrique du cerveau. D'autres

rationalistes ont essayé d'expliquer le contenu des EMI (et donc la dé-corporation) par l’élaboration

de “scénarios fantasmatiques”. Ce type d’explication simpliste et réductionniste a été formellement

démenti depuis les premières études faites par les pionniers en matière de recherche sur les EMI : R.

Moody, K. Ring, M. Sabom, etc… Tous ces auteurs ont montré que les explications simplement

psychologiques (dépersonnalisation, projection de fantasmes, rêves, simples hallucinations, etc.)

étaient inaptes à rendre compte de la séquence des visions relatives aux EMI. Un argument parmi

bien d’autres : il est bien connu que les fantasmes varient en fonction des individus, alors que le

contenu des témoignages d’EMI présente, au contraire, une remarquable similitude des récits,

quelle que soit la culture, l’âge, la religion ou la vie des gens rapportant cette expérience.

Le phénomène de la dé-corporation ne peut être donc une hallucination, puisqu’il y a des témoins

aveugles qui ont pu dépeindre les gestes des médecins avec une parfaite précision; on pouvait en

déduire que ceux-là avaient bel et bien contemplé leur enveloppe charnelle de l’extérieur, ainsi

qu’ils le prétendaient. Il y a des rescapés qui ont quitté leur corps et ont navigué dans l’espace de la

salle de réanimation et ont même lu les étiquettes posées au-dessus des ventilateurs accrochés au

plafond. Ils ont même repris intégralement les conversations qui se sont déroulées dans des pièces

voisines ou éloignées [9].

Il est désormais évident que l’image matérialiste du corps et du cerveau comme étant producteur de

la pensée est caduque. Une représentation nouvelle du corps et de l’esprit est déjà en train

d’émerger. Cette représentation, qui est à la fois scientifique et spirituelle, suppose que l'être

humain est dédoublé par un corps subtil (‘astral’) qui est le siège de la conscience après la mort.

L'éradication de la composante spirituelle sous-jacente au phénomène de l'EMI est donc vouée à

l'échec.

Il découle de ce qui précède un certain nombre de points qui peuvent attirer l'attention. Ainsi,

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● Si on arrive un jour à greffer un cerveau humain sur un tiers sujet, cette greffe n'influe

absolument pas, ni sur la personnalité, ni sur le comportement de ce sujet. En effet, au cours de

l'EMI et à l'état de dé-corporation, des personnes handicapées ont bien affirmé avoir récupéré

leur intégrité physique et leur capacité fonctionnelles normales (plus aucune infirmité n’est

présente).

● La forme humaine après dé-corporation reste conservée (perception de parents défunts par

certains témoins, qui sont reconnus par ces derniers).

● Notre conscience peut accéder à des niveaux de réalité autres que celui de la réalité physique

ordinaire.

● La conscience a bien une réalité matérielle et elle est formée d'une substance subtile. Certains

réanimateurs ont rapporté « le ressenti et la visualisation de fumées, de brouillards ou “d’entités”

s’échappant des corps de ceux qui nous quittent.» [9]

● Cette subtile substance matérielle qui forme la conscience, est constituée d'une matière différente

de celle que nous connaissons, car tout démontre que ses propriétés spécifiques n'appartiennent pas

à notre espace-temps.

A propos de ce dernier point, certains chercheurs ont avancé l'hypothèse que l'âme (notre double),

qui est immortelle et indivisible, est formée de particules qui ressemblent beaucoup aux neutrinos.

Leur argument est que certains rescapés ont rapporté qu'ils ont pu traverser sans difficulté la matière

opaque (mur, vitre, etc...). D'autres chercheurs plus audacieux ont même essayé de modéliser la

conscience, afin d'expliquer les phénomènes observés lors d'une EMI. Nous citons en particulier la

tentative de modélisation présentée par R. Dutheil [11].

3.2 Vers une modélisation de la conscience

En mécanique quantique, on a pu montrer que si on scinde une particule élémentaire en deux demi-

particules, ces dernières s'éloignent l'une de l'autre à la vitesse de la lumière. Si néanmoins, on

modifie le spin (le sens de rotation) de l'une d'elles, le spin de l'autre sera modifié de la même

manière. Autrement dit, les deux particules se communiquent instantanément leur position grâce à

une information voyageant à une vitesse super-lumineuse. La matière n'est donc pas totalement

dépourvue de conscience. Cette constatation a conduit R. Dutheil à construire un modèle rendant

compte de la complexité de notre monde et émettre l’hypothèse qu’il existe un second univers

complémentaire et symétrique du (ou parallèle au) nôtre, où les vitesses sont toujours supérieures à

celle de la lumière.

Dans cet univers, notre notion de temps n'existe plus, puisque l'on peut se déplacer de manière

instantanée dans le passé, le présent ou le futur. Cet univers, qu'il a baptisé “espace-temps super-

lumineux”, n'est constitué que d'informations. Il est, entre autres, celui de la conscience, celui de

l'esprit, qui peut être défini comme étant formé de particules ‘tachyonniques’ (ou super-

lumineuses).

Le cerveau ne serait pas, dans cette optique, le producteur de la pensée, mais une sorte d'interface

permettant à celle-ci d'agir dans le monde sous-lumineux et notre monde palpable ne serait alors

qu'une projection holographique du monde super-lumineux.

A partir de ce modèle, l'auteur donne une explication à de nombreux phénomènes observés et qui

irritent tant les savants, comme les EMI, la voyance, la survie après la mort du corps physique, etc.

Selon l'auteur :

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- La mort se traduit par un passage de la conscience vers l'espace-temps super-lumineux. Il paraît

normal dès lors que les sensations émanant d'un autre espace-temps soient incommunicables, car

notre langage n'y est pas adapté.

- Le site réel des sensations se trouve dans l'espace super-lumineux. Les organes (yeux, oreilles) ne

sont que les récepteurs de sensations, sans en être le siège, l'origine. Il n'y a donc rien d'étonnant à

ce qu'un patient «inconscient» selon nos critères sous-lumineux, dont les organes ne fonctionnent

plus, puisse quand même percevoir des sensations.

- La vie nous réserve rarement des sensations pleinement agréables, le contenu émotionnel

quotidien est plutôt négatif, rempli de stress, d'angoisse, de colère … Au moment de la mort, la

conscience est débarrassée de tous les influx associés au monde sous lumineux. De nouvelles

sensations venant du monde super-lumineux, celui de la conscience totale, de l'ordre et de

l'information à l'état pur, parviennent au sujet. Elles ne peuvent être que positives et agréables.

D'où, la sensation de bien-être.

- Les sensations sonores enregistrées par de rares témoins peuvent être interprétées par le fait qu'un

sujet placé dans une chambre sourde croit quelquefois entendre du bruit qui lui semble intense, sans

que ce bruit existe réellement.

- La traversée de la zone obscure (tunnel) correspond au déplacement de la conscience de l'univers

sous-lumineux, en direction de l'espace-temps super-lumineux. Ce déplacement indique la traversée

du mur de la lumière. La conscience s'imprègne alors des particules lumineuses et elle devient

lumineuse elle-même. Elle ne peut dès lors percevoir l'extérieur que comme obscur.

- La dé-corporation n'est rien d'autre que le retour de la conscience dans l'espace-temps super-

lumineux, c'est-à-dire dans l'univers d'information totale.

- Après la dé-corporation le défunt a l'impression d'être un “pur esprit”. Mais il est encore attaché

au monde sous-lumineux par de nombreux liens: c'est pourquoi il a besoin de se créer un

environnement conforme à ce qu'il a connu au cours de sa vie terrestre : paysage merveilleux

(champs, rivières ...).

Quoique la tentative du Pr. Dutheil nous semble louable, elle présente à notre sens beaucoup de

failles.

3.3 Les critiques du modèle

Les critiques portent sur plusieurs points essentiels:

R. Dutheil considère qu’au cours d'une EMI, “la conscience partielle et sous-lumineuse du défunt

cherche à pénétrer dans l'univers superlumineux et à se fondre dans la conscience totale” [11]. Il

s'agit donc de deux consciences, une qui se trouve imbriquée dans l'enveloppe charnelle et la

deuxième dans l'espace superlumineux. Il suppose que toutes nos actions sont commandées par la

conscience superlumineuse. De ce point de vue, il considère que toutes les maladies (les maladies

mentales en particulier) “sont toutes des maladies du traitement de l’information. Le malade ne gère

plus correctement les informations, ou bien il reçoit des informations perturbées. C’est un peu

comme si un téléviseur diffuserait des images troubles, distordues”.

■ Nous ne partageons pas l’avis de R. Dutheil selon lequel il y a deux consciences, l’une dans

l’espace superlumineux (conscience totale) et l’autre dans notre corps (conscience sous lumineuse

10

ou partielle) dont l'une commande l’autre. A notre sens, Il n'y a qu'une seule conscience mais qui

est dédoublée (voir section 4.4.4.1) et c'est celle qui est incorporée dans notre corps. Les

informations et les instructions qui sont émises par la conscience sont reçues par le cerveau qui les

exécute. Si le cerveau est atteint d'une défaillance neurologique, biologique ou autre, la maladie se

manifeste. En effet, comme nous l'avons signalé plus haut, le cerveau n'est qu'une simple interface

entre la conscience et le reste du corps.

Cependant, le modèle proposé par R. Dutheil n'explique pas les phénomènes observés lors d'une

EMI négative pour les raisons suivantes :

■ Dans une expérience “dénuée de sens” le sujet se retrouve dans le vide, dans le néant absolu et

n'observe aucune lumière, alors que l'espace qu'aborde le défunt est supposé être celui de la

lumière.

■ Le modèle présenté suppose que la pensée du défunt crée son environnement après sa mort : tout

ce qui est observé peut-être créé instantanément en un temps nul, mais également annihilé

instantanément. Dans le cas d'une expérience positive, il est normal que le défunt se réjouisse des

paysages magnifiques qu'il trouve et ne veuille donc nullement annihiler son environnement. Dans

le cas d'une expérience infernale, les témoins n’ont pas pu se débarrasser de leur environnement

d'horreur. [18]

■ Dans le cas d'une EMI inversée, la conscience du défunt a la sensation de régresser dans le creux

du tunnel alors que, normalement, elle doit progresser dans l'univers superlumineux afin de se

fondre dans la conscience totale. La lumière qui est normalement agréable devient blanche laiteuse

et dégoûtante.

■ Le tunnel, qui est décrit comme étant une zone obscure, est interprété comme étant une

conséquence du franchissement du mur de la lumière par la conscience qui s'imprègne de particules

lumineuses, alors que ce mur est hypothétique, exactement comme le mur du son.

■ Le modèle n'explique pas le sens de la vision panoramique de sa vie par le défunt, qui juge ses

propres actes.

Il est à noter que si la réanimation ne s'effectue pas dans un bref délai et en tout cas dans les trois

premières minutes, il y aura un passage de la mort clinique à la mort biologique et le retour à la vie

ne sera plus possible. Du fait que le temps de réanimation est variable d'un sujet à un autre, toutes

les personnes n'accèdent pas à tous les stades d'une EMI. Nous ne considérons donc dans notre

analyse que les personnes ayant vécu les stades les plus avancés de l'expérience aux frontières de la

mort.

3.4 Analyses et interprétations

Afin de dégager des informations pertinentes issues de l'expérience des frontières de la mort, il

convient selon nous de scinder ses différentes phases en deux catégories : les phases qui

surviennent avant le franchissement du tunnel, et celles qui surviennent après.

3.4.1 Les phases d'avant l’entrée dans le tunnel

Les statistiques montrent que dans ces premières phases :

■ 100% des témoins ont pu décrire et reporter avec une extrême exactitude les détails de leur

réanimation, relatant parfois les paroles prononcées par les infirmiers et médecins à ce moment-là,

11

alors qu'ils étaient supposés incapables d’entendre quoi que ce soit puisqu’ils étaient plongés dans

la plus totale inconscience.

■ Tous les témoins sans exception ont fait part d'une modification de leurs facultés intellectuelles et

sensorielles, qui deviennent hyper-développées.

■ Leur statut en tant qu'être humain (raisonnement, mémoire, émotions, etc..) est préservé au point

qu'ils ne réalisent pas qu'ils sont morts.

3.4.2 Les phases d'après le franchissement du tunnel

D'après les récits recueillis, tous les témoins interrogés, sans exception, ont fait part :

■ de leur incapacité de décrire d'une manière correcte ce qu’ils ont vécu après l'entrée dans le tunnel

c'est : “l’incommunicabilité”,

■ d'une sensation de paix et de bien-être ou d'horreur, suivant la nature de l'expérience positive ou

négative.

Parmi les rescapés ayant vécu les stades les plus avancés d'une EMI, il y a affirmation :

■ d'une rencontre avec des guides ou des proches défunts,

■ d'une rencontre avec un être de lumière qui expose et défile le panorama de la vie écoulée et qui

incite le nouvel arrivé à faire le bilan de sa vie terrestre,

■ de l'existence d'une barrière où se heurte le défunt, une sorte d'ultime frontière entre la vie et la

mort.

A propos de ce dernier point, on peut faire une conjecture sur l’existence de trois univers et non pas

d’un seul, à savoir :

- notre univers matériel et perceptible

- l'univers transitoire (appréhendé par ceux qui ont vécu une EMI)

- l’univers de la conscience (ou de l’au-delà).

En effet, des sujets considérés comme cliniquement morts par leurs médecins, ont tous rapporté

qu’après la traversée du tunnel, ils se sont trouvés dans un monde différent du nôtre (l’univers

transitoire), puis ils se sont heurtés à une barrière. Dans ce monde intermédiaire, il y a une

possibilité de transiter soit vers la vie (réintégration du corps) soit vers la mort (franchissement de la

barrière). Ce monde est donc un univers qui joue le rôle d’une interface entre notre propre univers

matériel et perceptible et l’univers de l’au-delà, et qui sert en fait comme un passage avant

l'intégration de la conscience dans cet univers : c’est le monde de la mort. Chacun de ces trois

univers possède son propre espace-temps spécifique.

3.4.2.1 Interprétation de l’incommunicabilité

A notre sens, la traversée du tunnel par le défunt consiste en une transition de notre espace

tridimensionnel vers l'univers transitoire. Ce dernier a certainement des propriétés spatio-

temporelles différentes de celles du nôtre.

Il est connu que, dans la pratique de l'analyse des données multidimensionnelles (discipline des

mathématiques appliquées), que si l'on veut exprimer une donnée émanant d'un espace de grande

12

dimension dans un espace de dimension inférieure, il y aura en général une perte d'information due

à la transition entre les deux espaces.

Prenons à titre d'exemple un nuage de n points représentés dans un espace tridimensionnel où

chaque point est défini comme d'usage par trois coordonnées. La structure de ce nuage est tout à fait

descriptible dans notre espace. Supposons qu'on soit est en présence d'un être bidimensionnel à qui

on veut transmettre une description détaillée de ce que nous observons dans notre espace

tridimensionnel. Nous ne pouvons atteindre cet objectif qu'après avoir projeté notre nuage sur son

espace à lui (i.e. le plan). La projection aura pour conséquence la déformation de la structure même

du nuage. En effet, une projection donnée implique en général une perte d'information ou

distorsion. Celle-ci se traduit par un rapprochement ou un éloignement relatif de toute paire de

points.

De ce fait, le transit de l'information, par le biais d'une projection, d'un espace multidimensionnel

dans un espace tridimensionnel, se fait donc en général avec une distorsion de cette information.

Remarque : Il arrive cependant, dans des cas très particuliers et sous certaines conditions (relatives

notamment à la dimension de la forme qu’on veut projeter et à la direction de projection), qu’on ait

une distorsion minimale, voire nulle (il y a alors conservation de l’information).

Dans une EMI, il paraît normal, dès lors, que les sensations des témoins, émanant d'un autre espace-

temps soient incommunicables, car notre langage lui-même est construit à partir des sensations qui

reposent elles-mêmes sur l'image tridimensionnelle de notre réalité. L'incommunicabilité n'est donc

pas nécessairement la preuve d'une fraude ou d'un mensonge quelconque. Elle serait plutôt une

marque de la sincérité des témoins qui restent les premiers stupéfaits de leur expérience, car ils ne

peuvent analyser leurs sensations avec notre logique tridimensionnelle, ni de décrire leurs

observations. En effet, notre langage n'y est pas adapté.

Il ressort de notre analyse une première déduction, à savoir que l'univers transitoire correspond à

un espace multidimensionnel.

Certains rescapés ont rapporté la rencontre avec leurs proches défunts avant l'ascension même dans

le tunnel. Autrement dit, la rencontre a eu lieu dans notre espace tridimensionnel. On peut donc en

déduire que notre espace ou univers est accessible aux défunts et qu'il est intriqué avec l'univers

transitoire.

D'un autre côté, les rescapés ayant vécu la phase panoramique ont raconté qu'ils ont vu tous les

détails de leur vie. Il est évident que ces détails ne peuvent pas être vus en quelques secondes ou en

quelques minutes. On peut en déduire donc qu'il s'agit là d'un tout autre temps que celui de la

physique usuelle. Cette déduction peut être consolidée d'une part par le fait que certains témoins ont

affirmé qu'ils ont eu la sensation que leur expérience a duré une éternité. D'autre part il est certain

que l'espace en question possède une géométrie différente de la nôtre. D'un autre côté, il est admis

que c'est la géométrie de chaque espace qui définit son temps propre. Le temps ne s'écoule donc

pas de la même façon si on passe d'un espace à un autre.

Nous arrivons donc à la conclusion suivante : l'univers transitoire (espace multidimensionnel) est

intriqué à notre propre univers. Dans cet univers, l'écoulement du temps est totalement différent

de celui de notre temps habituel. Dans ce contexte, le tunnel paraît donc comme étant une

dimension cachée, commune aux deux espaces et qui réalise une sorte d'interconnexion.

Pour le troisième univers, qui est celui de la conscience, il est impossible de l’appréhender car la

mort biologique est irréversible. Cependant, il est certain qu’il est multidimensionnel et les

13

données actuelles dont nous disposons ne permettent de tirer aucune conclusion à propos de ses

propriétés spatio-temporelles qui sont radicalement différentes de celles que nous connaissons.

Précisons que dans la section 4, nous exhibons une de ses propriétés en nous appuyant sur des

considérations autres que les observations rapportées par les témoins.

3.4.2.2 Interprétation de la sensation de paix ou d'horreur

Plusieurs chercheurs ayant voulu expliquer la sensation de paix ou d’horreur lors d’une EMI se sont

appuyés sur des considérations purement psychiques : «au moment de la mort, la conscience se

débarrasse progressivement du stress» d’où la sensation de paix et de bien-être dans le cas d’une

EMI positive ou «d’une amplification de la peur de ce qui va arriver» dans le cas d’une EMI

négative. A notre sens, si nous écartons toute dimension spirituelle de nos actes sur terre, on ne

peut pas expliquer pourquoi, dans certains cas, il se produit une expérience positive, alors que dans

d’autres l’expérience est négative. En effet, d’après la pure logique, toutes les expériences devraient

se dérouler de la même façon.

3.4.2.3 Interprétation de l’être de lumière et de la vision panoramique de la vie

La controverse dans tous les témoignages se situe sur l’identité de l’être de lumière qui est interprété

selon la conviction religieuse du sujet comme étant un ange, un prophète : Jésus, Bouddha ou Krishna,

etc… A ce propos, nous passons en revue un témoignage, qui est celui de l'expérience d'Alexa (1973),

tiré de la base de témoignages de la Fondation de recherche sur les expériences de mort imminente

(Near Death Experience Research Foundation : NDERF) [33]:

« Le passage en revue de ma vie a commencé. Absolument tout ce que j’avais pensé, fait, dit,

détesté, lorsque j’avais aidé ou non, a été montré comme sur un home cinéma. A quel point j’avais

été cruelle avec les gens, comment j’aurais pu les aider, comme j’avais été méchante avec les

animaux… [...] De honte, je suis tombée face contre terre. J’ai vu comment les effets de mes actes

pour aider, ou leur absence, s’étaient répercutés sur les autres et sur leur vie. Ce n’est qu’à ce

moment-là que j’ai compris que chaque petite décision ou choix affecte le monde entier. La

sensation d’avoir laissé tomber mon Sauveur n’était que trop réelle. Etonnamment, même pendant

cette horreur, j’ai ressenti la compassion, l’acceptation de mes limitations par le Seigneur et les

autres.

Pendant ce passage en revue, l’être maléfique était présent. [...] Chaque fois que je me trompais ou

que je ratais quelque chose, cela le réjouissait énormément et il criait : ‘Là ! Vous avez vu comment

elle a échoué ? Pourquoi n’a-t-elle pas mieux fait ou mieux aidé ? Ne doit-elle pas être punie ?’.

J’étais ravagée. Mes quelques pauvres petites bonnes actions ne pouvaient satisfaire les normes

parfaites de Dieu. Je méritais tout ce que je récoltais. Puis lorsque ce fut terminé, une voix gronda :

‘Est-elle couverte par le sang de l’agneau ?’ Réponse : ‘Oui !!!’

Le tribunal a disparu, l’être maléfique, Satan, a hurlé, sifflé, rétréci et ‘Pouf’, il a disparu. Tout

s’est évanoui sauf Jésus-Christ, qui me regardait avec un amour incroyable!»

D’après ce témoignage, on peut comprendre sans ambiguïté qu’Alexa est non pratiquante (« la

sensation d’avoir laissé tomber mon Sauveur n’était que trop réelle »). Toutefois elle était sûre

d'être en présence de Jésus « qui la regardait avec un amour incroyable ». Une question urgente

s’impose. Comment l’être maléfique peut-il côtoyer celui qu'elle considère comme "le Fils de

Dieu". Il se présente même comme son égal pour condamner tout péché commis par Alexa. Cette

dame aurait-elle mal relaté ou bien falsifié son témoignage ? Cela me semble improbable,

puisqu’il y a d’autres témoignages qui recoupent le sien en affirmant la rencontre avec Jésus.

Ce témoignage qui nous paraît incohérent est tout à fait normal puisque les faits ont eu lieu dans un

espace multidimensionnel (après la traversée du tunnel). Lorsque la conscience réintègrera le corps,

il y aura une transition vers notre espace qui est tridimensionnel. L’information qui va être explorée

14

dans le premier espace se trouve donc totalement déformée pour les raisons que nous avons

évoquées plus haut.

Il est à noter que dans une EMI, la phase panoramique doit normalement se dérouler d’une manière

standard pour tous les sujets et il n’y a aucune raison que l’être de lumière varie avec les croyances

de l’individu qui est en état de mort clinique. Cet être de lumière ne sera donc certainement ni

Jésus, ni Boudha, ni Krishna... Nous dévoilerons en faite l’identité de cet être dans la section 4.

3.5 Redéfinition de la mort

D’après l’analyse que nous avons présentée, nous pouvons affirmer sans hésitation que la mort n’est

qu’une simple transition vers un plan différent qui existe ailleurs, en d’autres termes un

déplacement d'existence. En effet, qu'importe la présence ou la non-présence du corps physique si

l’on continue à vivre en préservant toutes nos sensations et notre identité?

Dans une interview, le docteur Moody, qui est parmi les premiers à avoir étudié le phénomène de la

mort imminente avait déclaré : « lorsqu’on demande à n’importe quel rescapé son opinion à propos

de l’expérience qu’il a vécue, il répond et sans hésitation que la vraie vie c’est dans l’au-delà et

notre vie sur terre n’est qu’un rêve en la comparant avec la vie de l’au-delà.»

Les témoignages rapportés par les personnes ayant vécu une EMI sont troublants et je dirais même

déstabilisants pour les adeptes de certaines religions, d’où la nécessité de faire une confrontation

avec les Ecritures saintes, tout en laissant le lecteur libre de dégager ce qui lui paraît pertinent.

4 LA VIE APRES LA MORT SELON LES ECRITURES

SAINTES

La religion tente de répondre aux questions cruciales que pose l'homme : le sens de sa présence

sur terre, la création du monde, l'au-delà et la vie après la mort, la morale, le bonheur... Bien avant

la plus ancienne des civilisations et depuis l'aube des temps humains, les croyances religieuses ont

toujours joué un rôle prépondérant dans la vie de l'homme, sur le plan social comme sur le plan

individuel. L’idée de la vie, après la mort est la perpétuelle question qui intrigue sans cesse les

esprits. C’est ainsi que, même dans les croyances et les religions primitives, l’homme a toujours

considéré qu'il existait une vie après la mort. Cependant, les croyances les plus complexes diffèrent

beaucoup dans leur conception du but ultime de l'humanité.

Nombre d'occidentaux semblent prêts à se montrer à la fois moins dogmatiques et plus ouverts; ils

acceptent des doctrines issues d'horizons divers sans trop se soucier de leur compatibilité. La

réincarnation, par exemple, est une croyance étrangère au Christianisme, à laquelle adhèrent

pourtant 25% environ d'Européens de l'Ouest - sans que cela les empêche de croire aussi à la

résurrection des morts, au paradis, à l'enfer, voire au purgatoire.

Dans ce qui suit, nous passons en revue les points de vue de quelques religions à propos de la vie

après la mort, tout en se limitant aux religions les plus répandues.

4.1 La vie après la mort selon l’Hindouisme et le Bouddhisme

Dès le quatrième millénaire avant notre ère, l'Hindouisme, qui est l'une des plus anciennes religions

au monde, a prôné la doctrine de la réincarnation. Selon elle, il existe un principe spirituel, qu'on

peut comparer à l'âme ou à la conscience, dans chaque être vivant, homme ou animal, qui, au lieu

de disparaître avec la mort, se réincarne successivement dans le corps de différents êtres vivants.

Les réincarnations sont fréquentes, surviennent peu de temps après la mort et se renouvellent aussi

15

longtemps que l'âme n'a pas atteint le degré de perfection suffisant qui lui permettra d'échapper au

cycle éternel de la naissance et de la mort. Les actes accomplis au cours d'une existence déterminent

le sort que connaîtra l'âme dans sa nouvelle vie après réincarnation: c'est la loi du Karma [10].

Le but ultime, pour l’Hindouisme, est d’échapper aux cycles infernaux des réincarnations, pour

enfin disparaître de la terre et se fondre dans le “soi cosmique”. La délivrance de l’âme se traduit

par son retour au principe suprême (l’union avec Brahmâ) dont elle était l’émanation.

Au VIème

siècle avant notre ère, le Bouddhisme reprend la doctrine de la réincarnation, sans affirmer

l’existence d’un Dieu souverain, défini par l’Hindouisme comme étant la conscience absolue. Dans

le Bouddhisme, l’homme n'a pas de dimension éternelle, en lui-même, qui survive après sa mort. Il

est appelé à échapper aux cycles des réincarnations et à disparaître dans la non-existence : c’est

“l’extinction” qui mettra fin à ses souffrances terrestres [10].

Dans le Bouddhisme comme dans l’Hindouisme, la réincarnation se fait toujours suivant la loi du

Karma. Dans la réincarnation, le corps n'est qu'un ‘véhicule’ ou un ‘habit’ dont l'âme change à

chaque nouvelle incarnation.

Toutes les grandes religions orientales : Taoïsme, Confucianisme, etc., ont plus ou moins adhéré à

l'idée de réincarnation. Actuellement, cette doctrine est toujours florissante.

Selon le Bardo Thodol, livre des morts tibétain, un bruit strident se fait entendre à l'oreille de

l'agonisant quand il meurt (grondement, sifflement) [8]. Le défunt se trouve ensuite comme

enveloppé d'une lumière grise et brumeuse. Il constate qu'il a un nouveau corps brillant. Puis,

pendant trois jours et demi, le défunt est entouré d'une vive lumière, il ne sait plus ni où il est ni où

il va. Pour être délivré du cycle des renaissances, il doit reconnaître la lumière où il se trouve, mais

ceci ne lui sera possible que s'il a pratiqué durant toute sa vie des exercices spirituels. Dans le cas

contraire, il passera au deuxième stade, où il sera accueilli et terrifié par de violentes apparitions,

qui ne sont en fait que des manifestations de sa propre pensée, sans réalité matérielle. Si le mort

n’est pas effrayé par ces observations, il est délivré; dans le cas contraire il descend dans un

tourbillon qui le mène à la réincarnation: c'est le troisième état intermédiaire. S'il résiste à la

tentation de l'incarnation, il est délivré. La délivrance se traduit par l'annihilation de la personnalité,

de ‘l'ego’ personnel du défunt.

Les thèses ‘réincarnationnistes’ posent beaucoup de problèmes importants. Nous en passons

certains en revue :

● Au cours des dix dernières années, la population humaine sur terre s'est accrue d’une façon

explosive et compte aujourd'hui près de sept milliards d'individus. Il y a donc un ajout permanent

d’individus. Chaque nouvelle naissance a besoin d’une âme. Si le nombre d’âmes existantes est

inférieur au nombre d’âmes disponibles issues de réincarnation, il faudrait donc supposer un apport

permanent d'âmes nouvelles qui ne se seraient jamais incarnées sur terre. Comment donc expliquer

l’origine de ces âmes si on croit que l’âme, selon la théorie de la réincarnation, doit provenir d’un

mort sur terre?

● Si nous nous réincarnons, comment se fait-il que la population ne cesse de croître au lieu d'être

stable? Car la mort d'un être signifie la vie d'un autre.

● Nous sommes censés nous réincarner pour devenir meilleurs et disparaître ensuite. Comment

expliquer alors le fait que l'humanité soit apparemment loin de s'améliorer ? En effet, à part le

16

progrès du savoir technologique et scientifique, on ne peut pas vraiment dire que le mal ait régressé

sur terre…

● Dans le concept de la réincarnation, l'âme réincarnée ne garderait pas la mémoire de ses vies

antérieures, alors comment pourrait-on tendre vers l'amélioration de soi si on ne conservait pas la

mémoire de ses erreurs? N'y aurait-il pas là comme un non-sens ?

● Une personne ayant accompli de mauvaises actions dans sa vie peut même être réincarnée en une

plante ou en un animal. Mais si c'était le cas, selon cette croyance qui nie l'existence de Dieu, qui va

juger la vie antérieure d'une personne et la renvoyer dans ce monde avec un nouveau corps?

● Lors des EMI, plusieurs témoins ont affirmé avoir rencontré leurs proches défunts, décédés

depuis plusieurs années. Comment la doctrine de la réincarnation explique-t-elle la rencontre avec

ces défunts, qui doivent être normalement déjà réincarnés? Ce fait a beaucoup embarrassé les

bouddhistes. En effet, dans l'ouvrage “Dormir, rêver, mourir : explorer la conscience avec le Dalaï-

Lama”, un débat est ouvert entre des scientifiques et le Dalaï-lama, où ce dernier donne des

arguments en faveur d'un état de rêve, et non d'une sortie hors du corps de l'esprit. [21]

Les bouddhistes ne sont pas en mesure de répondre rationnellement à ces questions.

Remarques :

1/ avec la thèse réincarnationniste, on peut tomber dans des situations très ambiguës. En effet, une

mère ayant un père décédé pourrait être la mère de son père, si l’âme de ce dernier se réincarne dans

le corps de son petit-fils.

2/ Selon cette croyance, l'impuissance des hommes, leurs maladies et faiblesses sont issues des

impuretés morales, et sont censées être une punition de leurs actes accomplis précédemment. Par

exemple, les raisons pour lesquelles une personne est pauvre ou est handicapée s'expliqueraient par

son comportement lors de sa vie antérieure.

Toutes les mauvaises actions faites par une personne dans une vie antérieure reviennent sous forme

de pauvreté dans celle-ci. Autrement dit, les gens n'ont que ce qu'ils méritent! Cette attitude a

conduit beaucoup d’adeptes de cette doctrine à refuser d’aider ou de porter secours aux autres,

puisqu’ils considèrent que le malheur est une punition méritée, conséquente d’un comportement

antérieur.

4.2 La vie après la mort selon le Judaïsme

La Torah ne nous dit que peu de choses sur le destin des morts, tout simplement parce qu’alors

personne n'était encore descendu au séjour des morts (lieu désigné dans l’Ancien Testament par le

mot hébreu shéol et dans le Nouveau Testament par le mot grec hades) et n'en était revenu, même

les plus spirituels d'entre les prophètes.

La mort et l'au-delà ne sont donc pas un sujet de première importance dans la Bible hébraïque. De

plus, les prises de position bibliques sont loin d'être homogènes; elles sont même contradictoires.

D'une part, le sort des humains est perçu de manière pessimiste, comme le précisent les deux versets

suivants :

- Qohélet 3:19-20

"Car le sort des fils de l'homme et celui de la bête sont pour eux un même sort; comme

meurt l'un, ainsi meurt l'autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l'homme sur

la bête est nulle; car tout est vanité. Tout va vers un même lieu; tout a été fait de la

poussière, et tout retourne à la poussière."

17

D'autre part, on trouve des versets plus optimistes indiquant qu'il y a une résurrection après la mort :

- Ésaïe 26:19

"Tes morts revivent, leurs cadavres se relèvent! Réveillez-vous et jubilez, habitants de la

poussière! Car ta rosée est une rosée vivifiante, et la terre redonnera le jour aux fantômes

des morts."

Malgré cette contradiction dans la Bible hébraïque, la croyance juive a balancé du côté optimiste,

c'est-à-dire celui de la résurrection. Si la Bible hébraïque manifeste un certain scepticisme quant à

l'au-delà, le Talmud exprime par contre un credo sans réserve en la résurrection des morts et le

monde futur.

Comme l'a souligné le Professeur Gabrielle Oberhānsli-Widmer [28], spécialiste du Judaïsme, dans

la littérature rabbinique, la croyance en l'au-delà l'emporte sur les descriptions détaillées. C'est en

fouillant dans les nombreux Midrashim, qu'elle a pu distinguer toutefois quelques caractéristiques

de la résurrection des morts et du monde futur, qu'elle a résumées en cinq points :

1/ la résurrection est imminente;

2/ elle est corporelle : cette caractéristique ainsi que la précédente sont, en fait, communes à toutes

les religions monothéistes

3/ le monde futur est collectif, pour tout le peuple juif. A ce propos un enseignement talmudique

précise que :

- Michna Sanhédrin 10:1

"Le «monde à venir» est celui qui suivra la résurrection des morts, et tous les enfants

d’Israël y auront droit, y compris les criminels qu’aura condamnés la justice des hommes

ou la justice divine."

Ceci est aussi confirmé dans le commentaire talmudique suivant qui précise que dans ce monde

futur, aucun juif ne sera écarté car son fond propre l'emportera sur ses actions :

- Chagigah 15b

"Un juif est toujours considéré comme bon, en dépit des péchés qu'il peut commettre. C'est

toujours sa coquille qui se salit, jamais son fond propre."

4/ la vie future et l'au-delà sont liés au pays d'Israël : les rabbins ont même esquissé une

“cartographie” de l'au-delà, et tous les endroits de cette carte font partie du pays d'Israël. On trouve

ainsi la Jérusalem céleste (qui est une copie idéale de la ville sainte), la géhenne (gehinom), etc...

5/ la vie future représente une récompense pour une vie non vécue en exil :

La tradition rabbinique, qui a inscrit la foi en la résurrection dans le judaïsme, considère que

l'apocalypse n'a pas qu'un côté désastreux, car la fin du monde, loin d'être définitive, désigne plutôt

le commencement d'une vie idéale de tout le peuple élu avec son Dieu.

En conclusion, en s'appuyant sur les textes de la Torah ainsi que du Talmud, on ne peut rien déduire

de précis à propos de l'immortalité de l'âme. Ce fait a été souligné dans

“The Jewish Encyclopaedia”: « La croyance selon laquelle l’âme continue d’exister après la

dissolution du corps est matière à spéculations philosophiques ou théologiques plutôt que simple

18

article de foi; d’ailleurs, nulle part les Saintes Écritures n’enseignent expressément cette

croyance.» [23] La Bible hébraïque ne distingue pas clairement en l’homme le corps et l’âme,

division qui trouve son origine dans la philosophie grecque. L’homme selon la Bible est un tout ;

ceci est clairement expliqué dans le verset suivant :

- Genèse 9:5

"Outre cela, votre sang de vos âmes [nèphèsh en Hébreu], je le redemanderai."

(Ici, l’âme est décrite comme ayant du sang.)

Ainsi, selon le judaïsme, l'immortalité de l'âme est plutôt une conception païenne, absente de

l’Ecriture et de la Tradition.

Mais il ne faut pas nier qu’après l'émergence des EMI et en dépit des contradictions flagrantes dans

les récits bibliques, les exégètes modernistes, aussi bien catholiques que juifs, commencent à

reconnaître que l'âme est immortelle : elle ne périt pas lors de la séparation du corps dans la mort,

mais s’unira de nouveau à lui lors de la résurrection finale. Ainsi lorsque la Torah nous parle de la

création de l'homme "Dieu insuffla dans ses narines un souffle de vie" (Genèse 2:7), le souffle

est interprété comme étant l'âme qui a un caractère divin, et qui est donc immortelle.

4.3 La vie après la mort selon le Christianisme

En fait, la Bible dit très peu de choses au sujet des morts. Selon la Bible, l'âme est mortelle, et les

morts ne se rendent comptent de rien. De ce fait, la croyance en la survie de l'âme seule est d'origine

païenne. [24]

Dans le Nouveau Testament, le mot "immortel" n'apparaît qu'une fois, chez St Paul, au sujet de

Dieu seul. La théologie orthodoxe assimile la mort à un sommeil dont le Christ, par Sa Chair de

résurrection, chair humaine victorieuse de la mort par le Souffle (ruakh, pnévma) du Père, viendra

nous tirer pour nous réveiller à Sa vie éternelle.

Ainsi selon la Bible, les morts sont toujours morts, ils seront seulement ressuscités lors de la

résurrection des morts, ils ne vivent pas maintenant quelque part dans ce vaste univers. La condition

des morts est définie clairement en Ecclésiaste 9:5-6, où nous lisons :

- Ecclésiaste 9:5-6

"Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront; mais les morts ne savent rien, et il n'y a pour

eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée. Et leur amour, et leur haine, et leur

envie, ont déjà péri; et ils n'auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le

soleil."

Cependant la Bible fait la promesse d’une vie éternelle : elle déclare que nous sommes tous des

êtres mortels créés de la poussière de la terre et qu’un jour nous retournerons à cette poussière ;

mais la Bible précise qu’il y aura une résurrection : c’est le jour du Jugement dernier, qui révélera

ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre.

Entre la mort et la résurrection la Bible nous informe qu’il ne se passera rien du tout : c’est une

période d’attente du Jugement :

- Hébreux 9:27

"Les gens sont déterminés à mourir une seule fois, puis (ils sont) en attente de jugement."

19

Selon la Bible, il n'y a ni activité, ni compte, ni connaissance, ni sagesse dans la tombe. La mort est

donc un état de non-existence. Un psalmiste a écrit qu'à la mort d'une personne “son esprit sort, il

retourne à son sol ; en ce jour-là périssent ses pensées” (Psaume 146 :4).

En fait, selon la Bible, l'âme est mortelle, et les morts ne se rendent comptent de rien du tout.

4.4 La vie après la mort selon l'Islam

D'après ce qui précède, on peut dire que le monde a été divisé et qu’il l’est encore entre les deux

grandes conceptions religieuses de la vie et de la mort :

- D'une part la conception orientale (Hindouiste, Bouddhiste, ...) qui considère que la mort n'est que

le résultat de la soif de vivre et de l'imperfection qui engendre la renaissance. La mort n'existe donc

pas en tant que fin, puisqu'elle est immédiatement suivie d'une nouvelle existence, déterminée par

les actes bons ou mauvais.

- D'autre part la conception occidentale, juive ou chrétienne, qui voit dans la mort une cassure

irrémédiable, unique, dans l'existence, touchant l'individu dans son identité.

Si les religions orientales considèrent chaque nouvelle incarnation comme le châtiment d'un

mauvais choix, les religions juive et chrétienne ne voient en l'âme qu'un principe vital, qui

disparaît avec le corps.

Aucune de ces deux conceptions n'a apporté d'améliorations réelles à la vision de l'au-delà. En

effet, dans la première conception il y a une survie (via la réincarnation), puis une extinction totale

dès que l’âme atteint la perfection. Dans la seconde, avec la mort, il y a une disparition simultanée

de l'âme et du corps. En fait, ces deux conceptions traduisent une vision particulière de la réalité et

de la conscience, et non pas une révélation divine.

Toute autre est la conception islamique, qui prêche la survie de l'âme après la mort, qui a le mérite

de se détacher des modèles religieux courants, et d'impliquer l'existence d'une autre réalité : C'est la

réalité de l'âme éternelle.

De toutes les religions, c’est l’Islam qui fournit le plus de détails sur ce qui arrive après la mort et ce

qui se trouve dans l’au-delà. Selon la religion islamique, la mort n'est pas une fin mais un

commencement, un départ vers une autre vie…

4.4.1 La mort selon la science et selon l'islam

4.4.1.1 La mort selon la science

Selon la science, la mort est définie comme étant un état de cessation complète et définitive de

l'activité cérébrale. En état de mort cérébrale, le patient ne présente aucune réactivité à l'examen

neurologique : il ne répond pas à la douleur, ses pupilles sont fixes, sa ventilation (respiration) n'est

plus spontanée... Son électroencéphalogramme est plat.

4.4.1.2 La mort selon l’Islam

Comme les autres religions, l’Islam discerne dans l'être humain deux parties : le corps physique, et

l'âme ou conscience. Le corps physique est considéré comme une interface entre l’âme (qui

représente l’identité de la personne) et le monde extérieur. La mort survient lorsque l’âme se

détache du corps si ce dernier n’est plus gouvernable.

20

L’islam considère la mort comme un seuil naturel à franchir pour se rendre vers la prochaine étape

d’existence. La mort biologique d'un être humain n'affecte que son corps charnel, mais pas son

identité. Il n'y a pas donc pas d’extinction de l'être comme le supposent les religions juive et

chrétienne ou les religions orientales, mais une continuité de la vie dans un nouvel espace, que

nous convenons d'appeler l'univers de l'au-delà.

En effet il a été rapporté dans une tradition du Prophète Muhammad (‘Hadith’) relaté par Omar Ibn

Al Aziz :

“Vous n'avez pas été créés pour l’anéantissement mais l’éternité mais vous transiterez d’une

demeure à une autre.” [5]

Autrement dit ce ‘Hadith’ nous enseigne que la mort n'est qu'un déplacement d'existence. Et c'est

pour cette raison que la quasi-totalité des croyants musulmans l'acceptent, avec un soulagement,

comme un signe de la miséricorde divine. En effet, la mort est considérée comme la délivrance

miséricordieuse d'une existence éphémère. Ainsi il est affirmé dans un autre ‘Hadith’ du Prophète

que “La tombe est la première des étapes de l'au-delà.” [5]

D'après la tradition islamique, la vie terrestre n'a qu'un sens éphémère. La vraie vie est celle dans

l'univers de l'au-delà. En effet, il a été rapporté par Ali, gendre et compagnon du Prophète, que:

“Les gens vivent en état de sommeil, ils ne le réalisent [‘Intabahou’] qu’après leur mort.” [5]

La traduction littérale du mot ‘Intabahou’ est “un brusque réveil avec stupéfaction”. En effet, dès la dé-

corporation, le défunt réalise qu’il a une nouvelle localisation spatio-temporelle, et prend conscience

qu’il y a un changement brusque de sa vie. Cette prise de conscience est presque instantanée à l’instar

d’un réveil d’une nuit de sommeil où nous enregistrons rapidement le degré de luminosité, la

température ambiante, puis nous évaluons nos sensations (souffrance ou bien-être), nous récapitulons

nos souvenirs, etc…

La stupéfaction du passage d’un espace tridimensionnel (de notre vie terrestre) à un espace

multidimensionnel provient du caractère subit de la mort. Examinons ce que dit le Qur’an :

- Sourate 21, verset 40

"Mais non cela leur viendra subitement et ils seront alors stupéfaits; ils ne pourront pas le

repousser et on ne leur donnera pas de répit."

La stupéfaction découle aussi du besoin que nous ressentons de nous situer dans l'espace : elle est sans

doute à l'origine de cette question que posent invariablement les blessés d’accidents à leur réveil: “Où

suis-je ?” : c’est le même phénomène qui se produit lors de la mort ou d’une EMI.

4.4.2 Nature et caractéristiques de la conscience

La nature de la conscience a été toujours un mystère, elle est sans aucun doute à l'origine de

multiples interrogations à travers les temps. Malgré son accessibilité par les moyens technologiques,

l’homme n’arrive toujours pas à déceler tous les secrets du corps. L’âme est une création encore

plus merveilleuse et plus complexe que le corps. Ses secrets sont très difficiles à dévoiler, voire

même inaccessibles à la raison humaine. On rapporte que pour confondre le Prophète, des passants

juifs l'ont interrogé sur la nature de l’âme. La révélation qui lui parvint dit :

21

- Sourate 17, verset 85

"Et ils t'interrogent au sujet de l'âme, - Dis-leur : ‘L'âme relève de l'Ordre de mon

Seigneur’. Et il ne vous a été apporté que peu de science."

L’expression "Et il ne vous a été apporté que peu de science", citée dans le verset précédent,

montre que l’homme doit admettre et accepter sa faiblesse et reconnaître ses limites.

Nous sommes donc incapables de connaître ni la nature de l’âme, ni sa liaison avec le corps, ni

comment elle le quitte. A notre sens, bien que le verset coranique n’interdise pas les recherches

scientifiques qui visent à démystifier les secrets de l’âme, toute recherche dans ce sens sera vaine.

Pourtant, dans le Qur’an, quel que soit le domaine d’exploration, les recherches humaines ont

toujours fait l’objet d’encouragements. A titre d’exemple, à l’époque de la Révélation où toute idée

de conquête de l’espace ou d’exploration des profondeurs terrestres paraissait une folie telle que

personne ne songeait à sa réalisation, le Qur’an a lancé une invitation franche aux humains pour

aller dans ce sens, affirmant que la voie était exploitable :

- Sourate 55, verset 33

"Peuple des Esprits [Djinns] et des Etres humains, si vous pouvez pénétrer à l'opposé des

régions des cieux et de la Terre, pénétrez-y. Mais vous n'y pénétrerez qu'avec un pouvoir."

(On comprendra ici qu’il est fait allusion au pouvoir de la science)

Comme nous l’avons signalé dans la section 3.1, en s’appuyant sur les témoignages des personnes

qui ont vécu une EMI et qui ont rapporté leurs capacités de traverser la matière opaque, certains

chercheurs ont avancé des hypothèses sur la nature de l’âme. Ainsi certains ont supposé que celle-ci

était formée de neutrinos, d’autres ont supposé qu’elle était formée de matières super-lumineuses,

etc… Mais ces hypothèses ne peuvent jamais être vérifiées.

Si la nature de l’âme ne nous est pas accessible, on peut cependant déduire un certain nombre de ses

caractéristiques :

► Elle est observable

La première étude qui a attiré l'attention du grand public et du monde scientifique date de 1969: il

s'agit des Derniers instants de la vie “On Death and Dying” publié par un psychiatre américain

E. Kübler Ross [14]. Dans ce livre, et dans de nombreux autres articles et ouvrages, elle décrit le

comportement psychologique des agonisants.

Dr Kübler Ross énumère les différentes étapes qui jalonnent la modification du comportement d'un

agonisant. Elle a constaté en outre que dans la quasi-totalité des cas étudiés, à mesure qu'il approche

de l'instant ultime, l’agonisant ouvre ses yeux et fixe son regard vers le haut. Cette constatation a

été déjà rapportée dans le ‘Hadith’ suivant du Prophète Muhammad :

“Quand l’âme est saisie, le regard la suit.” [71]

La conscience est donc observable, puisque ce fait a été confirmé par plusieurs réanimateurs qui ont

vu une sorte de fumée quitter le corps de l’agonisant à sa phase ultime (cf. §3.1)

► Elle est matérielle

Du fait que le précédent ‘Hadith’ nous précise que la conscience est observable, on peut donc

déduire qu’elle a bien une réalité matérielle (cf. §3.1) et qu’elle est formée d'une matière autre que

celle que nous connaissons.

22

► Elle est non modélisable

Le verset 85 de la Sourate 17 précise la limitation de notre science à déceler la nature de l’âme (sa

matière) : à notre sens ceci constitue un obstacle majeur pour sa modélisation.

► Elle a une capacité d’archivage de nos propres actions

D’après le texte coranique, la conscience, qui est un souffle vital, constitue à la fois une demeure

de notre "soi" et un entrepôt d’archivage de nos actions. Ainsi la conscience agit et enregistre en

même temps nos actions, comme il est confirmé dans le verset 98 de la Sourate 6 :

- Sourate 6, verset 98

"C’est Lui qui vous a créés d’un seul et même souffle vital qui s’est dédoublé ensuite en une

demeure [du "soi"] et un entrepôt [d’archivage des actions]. Ce sont là des signes que Nous

détaillons pour ceux qui comprennent."

L’être humain est donc le témoin de ses propres actions, autrement dit il est en fait une archive

vivante de son comportement :

- Sourate 17, versets 13-14

"Et au cou de chaque homme, Nous avons attaché son œuvre. Et au Jour de la Résurrection,

Nous lui sortirons un écrit qui sera, sous ses yeux, étalé : "Lis ton écrit. Aujourd’hui, tu te

suffis d’être ton propre comptable! "

► Elle est immortelle

En effet le ‘Hadith’ que nous avons cité dans le §4.4.1.2 “Vous n'avez pas été créés pour

l’anéantissement mais l’éternité mais vous transiterez d’une demeure à une autre.” affirme et

précise dans des termes clairs et non ambigus que la mort ne signifie pas du tout la fin de la vie

et de l'existence de l'être humain, car la mort est en réalité le début d'une autre forme de vie qui

continuera éternellement. Le passage de la conscience de la vie terrestre à l’univers de l’au-delà est

comparé d’après le ‘Hadith’ à un déménagement d’une maison à une autre. Le choix du terme

« déménagement » est bien choisi. En effet déménager, c’est rompre avec ce que l’on connaît. Un

déménagement est toujours très stressant et nécessite l'exploration et la familiarisation progressive

avec les nouveaux lieux pour y débuter une nouvelle vie.

Reste une remarque très importante à faire à propos de l’immortalité de l’âme. Certains exégètes

modernistes chrétiens ont accepté, après les multiples témoignages de nombreux sujets ayant vécu

une EMI, la thèse de l’immortalité de l’âme. Ils avancent que cette immortalité n’est qu’une

conséquence du souffle divin dans les narines d’Adam. Ce souffle était considéré comme une

injection ‘de l'âme’ (considéré comme étant faisant partie de Dieu : son souffle) dans le corps

d'Adam, d'où son caractère divin et immortel.

Genèse 2:7

"L'Eternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un

souffle de vie et l'homme devint un être vivant."

L’expression "il souffla dans ses narines" ne laisse aucun doute sur le fait que ce souffle est un

souffle matériel, comparable à celui des humains, puisqu’il y a une précision du lieu de ce souffle,

les narines.

Cependant le texte coranique ne précise pas l’endroit de ce souffle. Il ne s'agit pas donc d'un souffle

comparable au souffle humain, mais plutôt un souffle d’une autre nature, qualifié de vital.

23

- Sourate 38, verset 72

"Une fois que Je lui aurai donné sa forme définitive et l’aurai animé de Mon souffle vous

vous prosternerez devant lui."

Dans un second verset, on trouve une comparaison entre la naissance de Jésus, qui selon le texte

coranique est né sans père, et la création d'Adam (parvenu suivant un ordre), qui ne laisse aucun

doute sur la nature du souffle divin : il n’est en fait rien d’autre qu’un ordre de création.

- Sourate 3, verset 59

"Pour Dieu, Jésus est comme Adam qu’Il créa de poussière, puis Il lui dit: "Sois": et il fut."

Un autre argument de taille qui confirme que l'âme n'est pas d'essence divine est l’inclination de

l'être humain vers le mal plutôt que vers le bien, prouvé par les faits de la vie quotidienne.

La vie des êtres ne serait donc pas la projection de l'âme divine dans le corps charnel, comme le

pensent certains, car il n’y a rien qui ressemble à la pureté de Dieu, puisque qu’Il est différent de

tout ce qu’on peut imaginer.

- Sourate 42, verset 11

"...Créateur des cieux et de la terre, … Il n’y a rien qui Lui ressemble; et c’est Lui l’Audient,

le Clairvoyant."

L'âme n'est qu'une création parmi d'autres, mais qui possède un caractère immortel.

4.4.3 La dé-corporation et ses conséquences

Plusieurs faits sont rapportés par le texte coranique et la tradition du Prophète Muhammad, qui

décrivent le phénomène de la dé-corporation et ses conséquences. En effet, le Qur’an nous précise

que la phase de dé-corporation, ou sortie de l’âme du corps, est accompagnée d'une modification

de la perception qui devient ‘perçante’ et d'un aiguisement de tous les sens avec une capacité

sensorielle inhabituelle et hyper-développée. Tout se passe comme si on avait levé le voile à des

capacités sensorielles surnaturelles.

- Sourate 50, verset 22 n, Nous ôtons ton voile; ta vue est perçante aujourd’hui.""...Et bie

Les exégètes musulmans estiment, à l’unanimité, que la modification de la perception débute avec

le rapprochement de l’instant ultime, avant même la dé-corporation proprement dite. En effet, il a

été constaté que les gens qui sont très proches de la mort (mis à part le cas de la mort subite)

dialoguent souvent avec des proches défunts qu’ils voient à leurs côtés, mais qui ne sont pas

observables par leur entourage.

La présence de ces proches du défunt peut s’expliquer par le fait que ces derniers sont revenus de

l'au-delà pour les emmener avec eux une fois qu'ils auront rendu l'âme ; autrement dit, ils leur

serviront de guides.

- Sourate 50, verset 21

" et d’un témoin.guide "Alors chaque âme viendra accompagnée d’un

Selon l’islam, le détachement de l’âme du corps physique permet aux défunts d’être, non seulement

plus réceptifs et plus clairvoyants, mais aussi capables d’entendre et de comprendre, bien que les

oreilles et les cerveaux de leurs dépouilles ne fonctionnent plus. C'est la raison pour laquelle le jour

de la bataille de Badr, lorsque les musulmans voulurent enterrer les cadavres des païens tués au

combat, le Messager de Dieu leur a parlé. Il s'adressa aux morts et il leur a dit:

24

“Avez-vous trouvé ce que votre Seigneur vous avait promis?” Puis, comme on lui faisait

remarquer qu'il parlait à des morts, il répondit : “Vous n'êtes pas mieux entendant qu'eux,

cependant ils ne peuvent répondre.” [2]

Dans un autre ‘Hadith’ le Prophète dit que : “Le défunt reconnaît celui qui lui fait sa toilette

funéraire, celui qui le transporte et celui qui le dépose dans sa tombe.” [5]

il est rapporté aussi dans la tradition islamique que : “Aucun homme ne meurt sans être au

courant de l'état de sa famille après lui. Il les regarde alors qu'ils lui font sa toilette funéraire

et l'enveloppent dans son linceul.” [5]

On peut déduire de ce qui précède que le défunt garde une certaine présence dans le lieu de son

décès, mais que sa famille et son entourage ne peuvent pas ressentir cette présence. C’est la raison

pour laquelle la religion musulmane interdit à la famille du défunt l’exagération dans le deuil et les

sanglots, car celà ne peut que nuire au défunt qui voit la tristesse de ses proches et leurs pleurs, sans

pouvoir ni les consoler ni les informer de sa présence, vu qu'il est dans l’impossibilité de

communiquer avec les vivants. Ceci est confirmé dans le ‘Hadith’ suivant :

“Le mort se sent torturé par les lamentations de ses proches.” [1]

A ce propos, on peut se référer au témoignage de Nicole Dron qui a vécu cette situation dans une

EMI, voyant son mari en état de panique dans la salle d’attente de l’hôpital : « J’éprouvais une

sorte de désespérance, celle de ne pas pouvoir communiquer avec ceux que j’aimais. En désespoir

de cause, j’ai posé la main (du corps plus subtil dans lequel j’étais) sur l’épaule de mon beau-père

et ma main a traversé son corps!» [34]

Dans son livre “Revivification des sciences de la religion” l’Imam Al Gazali cite qu’un compagnon

du Prophète l’interrogea pour savoir si après la mort le défunt gardait ses facultés mentales et le

Prophète répondit : «Vous serez en parfaite possession de vos capacités mentales.» [5]

Ainsi d’après les versets et les Hadiths précédents, nous pouvons déduire qu’après la mort :

- la conscience garde toutes ses facultés intellectuelles et sensorielles qui sont modifiées et qui

deviennent hyperdéveloppées.

- nos pensées, nos émotions et nos impressions sont conservées avec tout ce qui constitue notre

être profond.

- il y a une transition d’un monde à un autre et un accès à de nouveaux états de conscience

comme l’affirme le verset suivant :

- Sourate 3, verset 169 "Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier de Dieu, soient morts. Au contraire,

ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus."

Autrement dit, après la mort, le défunt continue à mener une vie au plein sens du terme. Cette

vie, qu’elle soit heureuse ou malheureuse, cela dépend de ses actions passées, comme on va le voir

dans la section 4.4.7.

Il reste une remarque importante à faire au sujet de la dé-corporation. Selon la doctrine bouddhique,

quand l’âme quitte le corps de l’agonisant, le défunt continue à voir et entendre ses parents, mais ne

25

peut leur parler. Il y a là donc un recoupement uniquement pour ces deux points avec ce qui a été

rapporté dans le Qur’an et dans les Hadiths. La question qui se pose est : d’où proviennent ces

informations chez les bouddhistes, surtout que ces derniers n’affirment pas l’existence d’un Dieu

souverain? La réponse à cette question a été donnée par certains exégètes musulmans comme

Hamed Abdelkader, qui estiment que le Prophète ‘Dhul-Kifl’ cité dans le Qur’an n’est rien d’autre

que Bouddha [26]. En effet ‘Kifl’ n’est rien d’autre que la traduction arabe de ‘Kapila’ abréviation

de ‘Kapilavastu’ ville natale du futur Bouddha ‘Siddhārtha Gautama’.

Pour ces exégètes, les bouddhistes ont déformé les écrits sacrés de leur prophète et l’ont élevé à un

rang divin, à l’instar de la fausse doctrine de la chrétienté qui considère Jésus comme un Dieu,

plutôt que comme un prophète et un exemple à imiter.

4.4.4 La Notion de pré-jugement

Selon la tradition islamique, l’après-décorporation marque le début d’un processus de jugement,

qualifié par le ‘Hadith’ comme étant préliminaire, en attente du Jugement dernier, qui sera effectué

après la Résurrection proprement dite :

“Avec la mort commence l’auto-jugement.” [5]

Ce jugement peut être considéré comme étant une transposition du Jugement divin qui est final.

Deux phases se succèdent lors du pré-jugement : la première consiste en une autoévaluation des

actions terrestres du défunt. La seconde phase est considérée comme étant une conséquence de la

première. C’est une traduction immédiate des actions terrestres, bonnes et mauvaises, qui, selon les

mérites du sujet, produiront un effet de jouissance ou de terreur au cours d’une EMI. En effet il est

rapporté dans un hadîth que :

“La tombe est / ou bien / l’un des jardins du Paradis ou bien l’une des fosses de l’Enfer.” [5]

Autrement dit, la récompense ou le châtiment commenceront dès que survient la mort.

4.4.4.1 L’autoévaluation

Le Texte coranique nous informe qu’après la dé-corporation, chaque âme, dans son voyage vers

l’au-delà, sera accompagnée par un guide (ou un conducteur) et par un témoin.

- Sourate 50, verset 21

"Alors chaque âme viendra accompagnée d’un guide et d’un témoin."

A propos de la nature ‘du guide’ la tradition islamique nous informe qu’au cours de la phase

d’agonie, certains parmi les proches disparus de la personne considérée viendront pour

l’accompagner dans son voyage vers l’au-delà une fois qu'il aura rendu l'âme (cf. §4.4.5). En effet,

l’agonie est une phase de stress accumulé sur le plan psychologique au cours de laquelle

l’agonisant n’arrête pas de se poser des questions traumatisantes sur l'avenir de sa propre âme après

la mort : y a-t-il résurrection ou bien extinction totale...? La présence des proches disparus à ses

côtés ne peut être qu’un facteur apaisant, pour lui permettre de s'habituer progressivement à

l'univers de la mort : C’est une miséricorde divine.

Les témoignages à ce propos sont multiples et nous nous limiterons au seul témoignage d’un jeune

garçon qui raconte ce qui s’est passé avant le décès de son grand-père :

26

« Il disait voir les membres de sa famille décédés il y a de cela des décennies et ses propres frères

directs. Il disait que ces gens lui disaient qu'il était temps de partir, et lorsque je lui posais la

question de savoir où étaient ces gens, il me disait qu'ils sont là, mais que je ne pouvais pas les

voir.» [27]

La question qui se pose est de savoir par quels moyens les défunts (qu’on appelle souvent guides de

la mort) prennent-ils connaissance que l’un de leurs proches est en état d’agonie pour venir à notre

espace terrestre, afin de l’accompagner dans son voyage vers l’au-delà? Nous reprendrons ce point

au §4.4.5.

Nous avons évoqué dans le §4.4.2 (Nature et caractéristiques de la conscience) que notre conscience

est dédoublée et qu’elle est douée d’une capacité d’enregistrement et d’archivage de nos propres

actions, comme le précise le verset suivant :

- Sourate 6, verset 98

"C’est Lui qui vous a créés d’un seul et même souffle vital qui s’est dédoublé ensuite en une

demeure [du "soi"] et un entrepôt [d’archivage des actions]. Ce sont là des signes que Nous

détaillons pour ceux qui comprennent."

Ceci ne laisse aucun doute sur le fait que notre conscience est une superposition harmonieuse

de deux consciences qui donnent l'illusion d'une conscience unique. A notre sens, il s’agit d’une

conscience principale qui porte en elle une conscience dédoublée, jouant le rôle d’un enregistreur et

d’un archiveur de nos propres actions, qui est désignée par le Texte coranique (Sourate 50

verset 21) comme étant ‘témoin’. Dieu précise que ce témoin ou observateur ne laisse rien lui

échapper sans l’inscrire :

- Sourate 50, verset 18

"Il ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l’inscrire."

Dans un autre verset de la même Sourate, la conscience dédoublée est désignée comme étant la

compagne de la conscience principale et elle est caractérisée par la fidélité de ses inscriptions : c’est

le sens du mot arabe (‘atid’).

- Sourate 50, verset 23

"Et son compagnon dira: « Voilà ce qui est avec moi, tout prêt » [ عتيد ‘atīd’]."

Après la mort, la conscience dédoublée du défunt suscite en lui une interrogation profonde et le

porte à effectuer un bilan de sa vie écoulée. Il a alors une vision instantanée, panoramique, de tous

les événements de sa vie, et les juge à leur vraie valeur :

- Sourate 17, versets 13-14

"Et au cou de chaque homme, Nous avons attaché son œuvre. Et au Jour de la Résurrection,

Nous lui sortirons un écrit qui sera, sous ses yeux, étalé : ‘Lis ton écrit. Aujourd’hui, tu te

suffis d’être ton propre comptable’. "

L’expression citée dans le verset précédent : "tu te suffis d’être ton propre comptable"

mentionne qu’il y a alors un dialogue qui s’établit entre la conscience dédoublée (‘témoin’ et

enregistreur de nos actions) qui porte en elle toutes les informations sur la vie passée du sujet, et la

conscience principale : c’est l’auto-évaluation.

Dans cette auto-évaluation, il ne se présente pas au défunt une liste de ses propres actions, mais une

vidéo production de sa vie passée, comme le précise le verset suivant :

27

- Sourate 53, versets 39-40 "et qu’en vérité, l’homme n’obtient que [le fruit] de ses efforts; et que son effort, en vérité,

lui sera présenté [‘youra’]."

La traduction littérale du terme arabe ‘youra’ est : sera vue

L’auto-évaluation peut être considérée comme étant un jugement préliminaire de nos propres

actions. Il ne s’agit pas donc du jugement "divin" au vrai sens du terme, qui est réservé au jour

du Jugement dernier, comme le souligne le texte coranique.

- Sourate 21, verset 47

"Au Jour de la Résurrection, …Nulle âme ne sera lésée en rien, fût-ce du poids d’un grain

de moutarde que Nous ferons venir. Nous suffisons largement pour dresser les comptes."

Les témoignages rapportés par les personnes ayant vécu une EMI ont affirmé la rencontre avec un

être entièrement de Lumière inspirant la paix, et l'âme ressent que cet être de Lumière connaît tout

de la vie de l'âme sur terre... Cet être de lumière n’est autre que la conscience dédoublée évoquée

dans les précédents versets que nous avons cités, et qui est responsable de l’archivage de nos

actions. Ainsi une personne qui a le Christ dans son cœur croit que cet être de lumière est Jésus-

Christ, et celui qui croît au bouddhisme le voit comme Bouddha, etc …

Certaines personnes pensent que dans le panorama de la vie mis en scène par l’être de lumière, il y

a juste un défilement des évènements et non pas un vrai jugement. En fait il est normal que l'être de

lumière (ou la conscience dédoublée) ne donne aucun jugement par ce qu’il est de sa nature un

simple témoin de nos propres actes dans la vie terrestre. Certains auteurs sont allés même à inviter à

réviser sérieusement les concepts de bien et de mal dans les religions et les morales, puisqu’il n’y a

pas encore un vrai jugement [11].

A notre sens l’auto-évaluation constitue en elle-même un jugement vis à vis de soi-même mais

nullement un jugement divin, comme le rapporte le témoignage suivant: « Lorsque j’avais accompli

un acte de bonté, j’étais dans le cœur de la personne à qui j’avais fait du bien et je recevais le bien

que je lui avais fait. Il en était de même lorsque j’avais été désagréable envers autrui, j’éprouvais

en moi-même les souffrances que j’avais infligées à cette personne.» [34]

L’auto-évaluation constitue en elle-même une sorte de jugement dans l’espace de l’au-delà. Sur le

plan terrestre, elle constitue une clef essentielle permettant de progresser sur le plan spirituel,

comme l’a affirmé le poète mystique Rûmi :

“La douleur naît de ce regard jeté à l'intérieur de soi-même, mais cette douleur permet de passer

par-delà le voile.” [7]

4.4.4.2 Un bilan qui s’exprime

D’après la tradition islamique, selon que le bilan de l’autoévaluation soit positif ou négatif, les

bonnes ou mauvaises actions du défunt s’exprimeront sous forme de sensations et de vues

paradisiaques ou infernales. D’après le texte coranique, ces vues ne sont autres qu’une répercussion

des propres actions du défunt, mais n’ont aucune réalité matérielle. Ainsi lorsque le Qur’an parle du

sort de Pharaon, qui s’est proclamé Dieu suprême, il indique qu’il sera exposé au Feu (avec ses

compagnons), et que ce châtiment se réalisera au Jour du Jugement dernier. Ceci est précisé dans le

verset suivant :

28

- Sourate 00, verset 46 "le Feu, auquel ils sont exposés matin et soir . Et le jour où l’Heure arrivera (il sera dit):

‘Faites entrer les gens de Pharaon au plus dur du châtiment’."

Contrairement à la doctrine bouddhique, qui considère que les apparitions que peut voir le défunt

après la dé-corporation ne sont en fait que des manifestations de sa propre pensée et qu’il peut les

annihiler à tout moment, l’Islam considère que ces apparitions paradisiaques ou infernales ne

peuvent en aucun cas être annihilées, car elles sont une concrétisation des œuvres du défunt et la

répercussion de ses propres actions quand il était vivant. Ceci a été précisé dans de nombreux

Hadiths [13]. Ajoutons que le docteur M. Rawlings le souligne, dans son livre “To Hell and Back”

[18], en rapportant qu’une personne qu’il a réanimée, suite à cinq arrêts cardiaques consécutifs, se

trouve dans l’incapacité d’échapper aux vues infernales qui la terrifient.

C’est à cause de la répercussion de nos actions dans l’au-delà que l’Islam considère que les œuvres

de bienfaisance envers autrui sont mille fois plus bénéfiques dans l’au-delà que l’accomplissement

des rites habituels surérogatoires (en plus des obligatoires) comme la prière ou autres… comme

l’explique le ‘Hadith’ suivant :

“Il serait préférable que quelqu’un d’entre vous accompagne un frère pour lui rendre service

que de se recueillir ici dans ma mosquée durant deux mois.” [6]

Il est même recommandé aux musulmans de repousser le mal par le bien, autant qu’il est possible,

au point que celui qui était un ennemi devient un ami intime, et ceci tout simplement parce que le

bien comme le mal se répercutera :

- Sourate 41, verset 34

"La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est

meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. "

Ainsi pour un croyant ayant fait œuvres bonnes au cours de sa vie, la mort ne constitue pas une

source de peur et de panique. On peut citer à ce propos un ‘Hadith’ affirmant que celui qui subit

l’expérience de la mort ne souhaite plus jamais revenir de l’au-delà à la vie terrestre, à l’instar d’un

nouveau-né qui, au moment où il quitte le ventre de sa mère, se met à pleurer, mais qui, une fois

qu’il observe la lumière, ne souhaite plus revenir en arrière :

“Le croyant dans cette vie est à l’instar du fœtus dans le ventre de sa mère qui pleure en le

quittant. Une fois qu'il est mis au monde et découvre la lumière, il n’aime plus revenir à son

ancienne demeure.” [5]

En effet, le passage du fœtus d’un lieu clos, étroit et obscur (utérus de la mère) à un environnement

vaste et éclairé avec des sens qui sont assez développés est comparable au passage de la

conscience, lors de la mort, de notre espace tridimensionnel à l’espace de l’au-delà (qui est

multidimensionnel) avec des facultés intellectuelles et sensorielles qui deviennent modifiées et

hyperdéveloppées (cf. §2.2 et §4.4.3). Pour un défunt, la vraie vie ne commence en fait qu’après la

mort, exactement comme celle du nouveau-né qui ne commence qu’àprès sa naissance. C'est dans

ce sens que l'on peut comprendre le verset 64 de la Sourate 29 qui affirme que la vraie vie c’est la

vie de l’au-delà :

- Sourate 29, verset 64

"Cette vie d’ici-bas n’est qu’amusement et jeu. La Demeure de l’au-delà est assurément la

vraie vie. S’ils savaient! "

29

Les gens ayant vecu une EMI ont bien observé cette réalité (cf. §3.5 interview du Dr. Moody) qui

était déjà admise par les musulmans de l’époque de la Révélation. C’est ainsi que le compagnon du

Prophète Abou Ad-dardaa, lorsqu’il a été interrogé sur le meilleur présent à offrir à son meilleur

ami, sa réponse a été immédiate et sans hésitation : la mort. Quand on lui demanda de justifier celà,

il affirma que « l'âme qui est emprisonnée dans le corps durant son séjour terrestre ne se libère que

par la mort » [5]. Avec la mort, les besoins terrestres tels que faim, soif, sommeil, etc… sont abolis.

Delà on peut comprendre la citation de Rûmi que : "mourir c'est célébrer ses noces avec

l'éternité." [7]

Il est vrai que tout le monde devra un jour être confronté à la mort, et quand ce jour viendra ce sera

une expérience magnifique et merveilleuse pour les bienfaisants au cours de leur vie, ou infernale

dans le cas contraire.

4.4.5 L’univers de l’au-delà (ou vie sous la barrière de la mort)

Selon la religion musulmane, chaque personne, après sa mort, entamera une nouvelle existence qui

succèdera et se substituera immédiatement à la vie terrestre et qui est appelée “la vie d'Al-Barzakh”

c'est-à-dire la vie au-delà de la barrière. Cette barrière sépare en fait l'univers de l'au-delà (de la

mort) des autres univers :

Il est à noter que le mot ‘barzakh’ a été utilisé trois fois dans le texte coranique : dans les Sourates

25 et 55, pour signaler l'existence (lorsqu’un fleuve se déverse dans la mer) d’une barrière entre

l'eau douce et l'eau salée côte à côte sans qu’elles se mélangent. Ce phénomène récemment

découvert est dû à la différence de densité entre des eaux de salinités différentes, ce qui explique

l'existence des courants d'eau douce dans les océans. La barrière citée dans les deux Sourates est

qualifiée d’infranchissable :

- Sourate 25, verset 53

"(Dieu) est Celui qui laisse libre cours aux deux mers. (L'eau de) l'une est agréable au goût,

très douce, (celle de) l'autre est salée, saumâtre. Il a placé entre elles deux une barrière et un

barrage infranchissable."

- Sourate 55, versets 19-20

"(Dieu) a laissé libre cours aux deux mers; elles se rencontrent (mais) entre elles deux est

une barrière qu'elles ne dépassent point … ."

La dernière utilisation du mot ‘barzakh’ a lieu dans la Sourate 23 pour désigner la séparation de

l'univers de l'au-delà (ou de la mort) des autres univers. Il est à noter que ce mot n'est pas suivi

comme il l’a été dans les deux versets précédents par une expression stipulant la notion

d'infranchissabilité : - Sourate 23, versets 99-100

"...Puis, lorsque la mort vient à l’un deux, il dit: "Mon Seigneur! Fais-moi revenir (sur

terre), afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais". Non, c’est simplement une parole

qu’il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière [‘barzakh’], jusqu’au jour où ils seront

ressuscités."

Ceci laisse à penser que cette barrière (ou séparation) est franchissable dans les deux sens. En effet,

les sujets ayant vécu une EMI ont rapporté qu'ils se sont heurtés à une barrière qu’ils ont essayé de

30

franchir sans succès. Mais ils ont rapporté aussi la rencontre avec leurs proches défunts. Il est

certain que la rencontre avec leurs proches ne s'est pas produite dans l'espace de la mort parce que

les sujets en question n'ont pas pu franchir la barrière, sinon ils n’auraient pas pu reprendre vie.

C'est pour cette raison que nous avons conjecturé l'existence d'un univers transitoire

(intermédiaire) entre notre univers et celui de l'au-delà. Et c'est à travers cet univers que les

défunts peuvent transiter de leur espace au nôtre.

Reste maintenant à rapporter ce qu’il en est de cet univers et à exhiber ses propriétés en se basant

sur ce qui a été rapporté dans la tradition islamique.

- Etant donné que chacun de nous n'est pas récompensé (rétribué) ni totalement ni partiellement

dans ce monde pour ses actions vertueuses ou mauvaises, il n'est que naturel qu'il soit récompensé

ou puni dans l'Autre Monde, avec le commencement de sa nouvelle vie après la mort. Ainsi la

qualité de la vie de chaque personne dans cet espace dépendra étroitement de ses actions terrestres.

- Selon la tradition islamique, dans l’espace de l’au-delà, la rencontre avec les proches est

immédiate dès la survenue de la mort. En effet il est rapporté dans la biographie du Prophète un

‘Hadith’ relaté par son épouse Aïcha qui cite :

“Durant la maladie qui précéda sa mort, le Prophète appela sa fille Fâtima. Il lui parla

discrètement d'une certaine chose, qui la fit pleurer. Il lui parla de nouveau, ce qui la fit

sourire. [plus tard], je l'interrogeai sur cela... elle me dit: En me parlant discrètement [la

première fois], le Prophète m'avait dit qu'il allait rendre l'âme au cours de sa maladie qui a

précédé sa mort: c'est pour cela que j'avais pleuré. Quant à la deuxième fois, il m'avait dit

discrètement que je serais la première des membres de sa Maison à le rejoindre; j'avais alors

souri.” [4]

Six mois après la mort du messager de Dieu, sa fille Fâtima décéda. Les commentateurs des

Hadiths ont expliqué le rire et la joie de la fille du Prophète par le fait que la rencontre avec son

père serait immédiate dès sa mort.

- D’après la tradition islamique, les défunts, dans l’au-delà, vivront dans un corps qui sera

semblable à celui qu'ils possédaient pendant leur existence terrestre. C’est ainsi que les défunts se

reconnaissent car leurs physionomies restent intactes. Ceci a été confirmé par les sujets ayant vécu

une EMI, qui ont pu reconnaître leurs proches et même leurs amis.

Dans cet univers, les défunts jouissent d’une vie au plein sens du terme :

- Sourate 3, versets 169-170 "Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier de Dieu, soient morts. Au contraire,

ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus et joyeux de la faveur que Dieu leur a

accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne

connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés."

Si ce verset faisant bien allusion que les martyrs sont bien en vie dans l’au-delà, toutefois la quasi-

totalité des exégètes précisent que tout défunt (martyr ou non) mène dans l'au-delà une certaine vie

qui peut être heureuse ou malheureuse. [5]

- Dans l’espace de l’au-delà, la conscience d'un individu décédé a le pouvoir de perception

d'événements jalonnant l'existence d’un sujet vivant qui lui est proche. En effet, il est rapporté dans

un ‘Hadith’ que dans l’univers de l’au-delà, nos actions sont exposées à nos proches défunts :

31

“Par Dieu, je vous conjure concernant vos frères d'outre-tombe, car vos actions leur sont

exposées.” [5]

On peut en déduire que nos actions sont en fait exposées dans leur totalité, aussi bien les bonnes que

les mauvaises.

“Ne faîtes pas honte à vos proches défunts par vos péchés, car vos actions leurs sont

exposées.” [5]

Ceci peut être consolidé par les témoignages qui confirment que les défunts viennent parfois

accompagner leurs proches qui sont en état d’agonie, et ceci avant même la phase de dé-corporation

proprement dite [27] (c.f. témoignage cité dans §4.4.4.1). Evidemment, il s’agit ici d’une preuve,

car ceci ne peut se produire qu’à la seule condition que nos proches défunts soient informés de tous

les évènements qui nous concernent dans notre espace terrestre.

Autrement dit, la conscience peut appréhender les événements et percevoir leurs véritables

relations, qui ne sont pas causales. Dans l’espace de l’au-delà, le principe de causalité étant aboli, il

y a instantanéité pour tous les événements. Les concepts de présent/passé/futur n'ont ainsi plus de

sens et la notion de durée liée à l'écoulement du temps n'existe plus.

Dans le verset suivant, on trouve une confirmation que dans l’espace de l’au-delà, les évènements

qui touchent la terre ou l’humain d’une façon générale sont en fait établis avant même leur création.

Autrement dit, le principe selon lequel la cause est toujours antérieure à l'effet n’est plus valide :

- Sourate 57, versets 22-23

"Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes, qui ne soit enregistré dans un Livre avant

que Nous ne l’ayons créé; et cela est certes facile à Dieu, afin que vous ne vous tourmentiez

pas au sujet de ce qui vous a échappé, ni n’exultiez pour ce qu’Il vous a donné. Et Dieu

n’aime point tout présomptueux plein de gloriole."

L’univers de l’au-delà serait régi par un principe d'information/ signification, où la causalité n'a plus

de valeur à cette échelle.

A notre sens, étant donné que le principe de causalité n'est plus valide dans l'espace de l'au-delà ceci

permettrait à nos proches défunts de posséder instantanément les informations concernant la totalité

des événements de notre vie humaine et d’être au courant de tout ce qu'on fait. Cependant, les

informations qu’ils peuvent acquérir restent toujours limitées à notre espace tridimensionnel et ne

constituent nullement un savoir absolu. En effet, d’après le Qur'an, c'est Dieu seul qui détient les

clefs de l’inconnaissable :

- Sourate 6, verset 59

"C’est Lui qui détient les clefs de l’Inconnaissable. Nul autre que Lui ne les connaît."

Les informations acquises par les défunts sur la totalité des événements d'une vie humaine ne sont

probablement que le résultat d’un simple échange d’informations entre deux variétés d’espaces de

natures différentes. Cet échange pourrait être régi par des lois que nous ne connaissons pas encore.

- Mais il reste une dernière question à poser à propos de la dimension de cet espace : Nous avons

supposé, en nous appuyant sur les études d'expériences aux frontières de la mort, que la conscience

s'intègre progressivement, via ‘le tunnel’ de notre espace terrestre, dans un nouvel espace, qualifié

32

par les témoins d’espace inhabituel (multidimensionnel) et que dans le cas d'une mort irréversible, il

y a traversée d’une barrière lumineuse. A notre sens la barrière citée dans la Sourate 23, versets :

99-100, n’est rien d’autre qu’une interconnexion entre l’espace transitoire et l’univers de l’au-delà

à l’instar du tunnel, que nous avons interprété comme étant une dimension cachée, qui lie notre

espace terrestre et l’univers transitoire. Cela laisse une certitude que l’univers de l’au-delà est de

dimension supérieure à celui de l’univers transitoire appréhendé par les témoins ayant vécu une

EMI.

4.4.6 L'univers transitoire

4.4.6.1 la nature de l'univers transitoire

Nous avons vu que l’univers transitoire appréhendé par les témoins ayant vécu une EMI possède

des propriétés spatio-temporelles particulières différentes de celles de notre univers. En se référant

aux témoignages collectés lors des EMI, certains témoins ont affirmé qu’ils ont pu voir des

évènements futurs concernant leur vie terrestre.

Une jeune femme, dont le témoignage est recueilli par K. Ring [19], a la vision de son avenir au

cours de ce panorama : « C'était comme si je voyais mon mari en même temps qu'une image de nous

cinq ans plus tard. Je me voyais en compagnie de nos enfants. Et on aurait dit que je voyais et que

je savais les enfants que j'allais avoir.» Cette jeune femme avait clairement perçu qu'elle aurait

deux garçons, ce qui se produisit.

On sait que la causalité se présente comme un principe d'organisation de l'information suivant un

mode temporel lié au concept d'écoulement du temps (un «avant», un «après»).Voir un évènement

futur se produire veut tout simplement dire que dans cet espace la causalité n'a plus le rôle

prééminent qu'elle joue dans l'espace-temps habituel.

Cependant la quasi-totalité des témoins ayant vécu une EMI ont affirmé qu’ils n’ont vu aucun

évènement futur les concernant lors de la vision panoramique. Dans cet espace, le principe de la

causalité est donc encore présent. Ceci nous laisse supposer que dans cet univers coexiste avec la

causalité un principe non causal qui tend à réaliser l'unité. On ne peut s'empêcher de rapprocher ces

constatations des conclusions de la mécanique quantique, où une particule possède un grand nombre

d'états où elle est simultanément présente. C'est l'expérimentateur, par l'acte d'observation et de

mesure, qui fait passer la particule dans l'un des états qui la constitue et qui sera celui effectivement

observé.

La présence, dans cet espace, de la coexistence de deux principes antagonistes n’est pas étrange, car

on est dans un cadre spatio-temporel différent, où temps et espace n'ont plus les mêmes propriétés,

celles que nous connaissons.

A notre sens, c’est le degré d’évolution spirituelle de la conscience qui munit cet espace d’un

principe causal ou non causal, à l’instar de l’état d’une particule en mécanique quantique (c.f. §3.2),

comme on va l’illustrer dans la remarque du §4.4.6.3.

Remarque : la coexistence des principes causal et non causal est confirmée par les témoignages

cités par K. Ring [19]. En effet, la majorité des témoins ayant vécu une EMI ont déclaré qu'ils ont

eu, au cours de la vision panoramique, une impression que le défilement de leur vie se fait d'une

manière accélérée : « Cela se déroulait devant moi comme un film prodigieusement accéléré, tout

en permettant de tout voir et de tout comprendre.» Il y a donc une sensation de l'écoulement du

temps autrement dit l'espace transitoire est un espace causal. Cependant, certains témoins ont

rapporté qu'ils ont eu l'impression que leur expérience a duré une éternité comme si le temps s’est

arrêté [19]. Autrement dit le principe de la causalité est aboli. Un témoin déclare : « Je n'avais plus

33

aucune notion de temps. Le temps ne signifiait plus rien.» Un deuxième témoin ajoute : « J'ignore

combien de temps cela s'est poursuivi. Parfois quand j'y réfléchis, j'ai l'impression que c'était une

éternité.»

4.4.6.2 Le sommeil et la mort

Selon la tradition islamique, le sommeil est comparé à un frère jumeau de la mort, comme le précise

le ‘Hadith’ suivant :

“Le sommeil est le frère jumeau de la mort : comme vous dormez comme vous mourrez et

comme vous vous réveilliez vous résussitez.” [12]

En effet, au moment du sommeil, l’âme se sépare du corps charnel d’une manière qui peut se

comparer à la dé-corporation. Cette séparation est explicitement citée dans le verset coranique

suivant, qui déclare que l’âme quitte le corps pendant le sommeil et qu’elle le réintègre au moment

du réveil:

- Sourate 39, verset 42

"Dieu reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne sont pas mortes au

cours de leur sommeil. Il retient celles à qui Il a décrété la mort, tandis qu’Il renvoie les

autres jusqu’à un terme fixé. Il y a certainement là des preuves pour des gens qui

réfléchissent."

Une question se pose ici : si l’âme quitte le corps pendant le sommeil, comment le corps continue-t-

il à vivre ? Là, il faut se rappeler du verset 98 de la Sourate 6 ( cf. §4.4.2) qui nous informe que

chaque être vivant abrite en son sein une conscience qui est en fait dédoublée, qui est une

superposition harmonieuse de deux consciences donnant l'illusion d'une conscience unique: Il y a

d’une part la conscience principale, et d’autre part la conscience partielle, qui est responsable de

l’archivage de nos actions et qui est désignée par le terme (‘témoin’) dans la Sourate 50 verset 21

(cf. §4.4.3). La conscience ‘témoin’ par sa nature enregistre tout ce qui est aux alentours du sujet et

ne quitte jamais le corps. Quand la conscience principale quitte le corps pendant le sommeil, c’est

la conscience partielle qui prend la relève pour gérer le corps.

4.4.6.3 Les rêves

Quand nous dormons, nous perdons conscience. Dans cet état, on note un relâchement du lien qui

unit la conscience principale et le cortex cérébral, lien qui est à l'origine de ce qu'on appelle “l'état

de veille” ou “pleine conscience”.

De nombreuses études ont montré qu'il existait chez l'homme deux sortes de sommeil, le sommeil

lent et le sommeil paradoxal. Le sommeil lent est le sommeil ‘classique’, dépourvu de rêves. C'est

seulement au cours du sommeil paradoxal que ces derniers apparaissent. Alors que dans le sommeil

lent tous les tracés électroencéphalographiques montrent un calme complet, au moment du sommeil

paradoxal, celui du rêve, qui ne représente qu’un cinquième d'une nuit, on assiste à une véritable

explosion: le sommeil est plus léger, le rythme cardiaque et la respiration deviennent irréguliers, la

pression artérielle s'élève au-dessus de la normale, les taux d'adrénaline et de cortisone montent

brusquement dans le sang et la température du cerveau devient inquiétante. Cinq ou six fois par

nuit, l'homme passe par cette phase paradoxale. Si on empêche un sujet de rêver en le privant de sa

phase paradoxale, mais en lui laissant le sommeil lent, il tombe rapidement malade et sombre dans

une grave névrose ou psychose qui peut aboutir à la mort. Inversement, si on lui laisse seulement le

sommeil paradoxal en le privant du sommeil lent, le sujet reste en bonne santé.

34

Ceci prouve d’une manière certaine que les rêves que nous faisons chaque nuit sont une nécessité

pour notre survie car ils aident à maintenir un bon équilibre mental.

D’après la tradition islamique la conscience fait une ascension au ciel et ne reste pas dans notre

espace terrestre, mais sans préciser sa demeure finale.

On trouve aussi dans la tradition islamique la possibilité de rencontre pendant le sommeil de la

conscience d’un vivant avec la conscience d’un défunt. Mais dans quel espace se fait cette

rencontre ? Certainement pas dans l’espace de l’au-delà (de la mort) parce que nous avons vu que

les vivants ne peuvent pas franchir la barrière (de la mort) cité dans la Sourate 23 versets : 99-100.

A notre sens quand nous rêvons, nous pénétrons dans l’espace transitoire qui est la demeure des

âmes pendant le sommeil et qui peut être considéré comme l'antichambre de la mort.

Nous avons vu précédemment (c.f. §4.4.3) que d'après la tradition islamique, après la mort, la

conscience est au courant de toutes les étapes des obsèques (toilette funéraire, enterrement de son

propre corps etc...)

“Le défunt reconnaît celui qui lui fait sa toilette funéraire, celui qui le transporte et celui qui

le dépose dans sa tombe.” [5]

Deux hypothèses peuvent être formulées à cet effet :

- être au courant de toutes les étapes des obsèques peut signifier qu'il y a une assistance directe à

ces obsèques. Autrement dit, cela suppose que la conscience peut rester un certain temps dans notre

espace terrestre, jusqu'à l'enterrement.

- l'assistance est indirecte c'est-à-dire immédiatement après l’ascension dans le tunnel et le passage

dans l’espace de l’au-delà ; la conscience est capable de suivre les différentes étapes à partir de son

espace qui est, rappelons-le, un espace multidimensionnel d’après les témoignages rapportés par

Moody dans son livre “Life after Life” [16]. Ceci concorde avec la tradition islamique. En effet

dans le §4.4.5 nous avons cité un ‘Hadith’ qui précise que nos actions sont exposées à nos proches

défunts.

En se référant aux études des EMI, plusieurs témoins ont décrit, après la dé-corporation, les étapes

de leur réanimation et la panique de leurs parents, ceci avant l'ascension dans le tunnel. Ceci prouve

que la conscience restera donc un certain temps dans notre espace terrestre. Ceci laisse à penser que

les deux hypothèses que nous avons citées sont valables.

Puisque l'ascension n'est pas immédiate après la mort, il est donc inconcevable de supposer qu'elle

est immédiate au moment du sommeil.

Pour ces considérations, il est logique de diviser les rêves en deux catégories : ceux qui se

produisent avant l’ascension de la conscience (début du sommeil) et ceux qui se produiront après

l’ascension proprement dite.

Dans la première éventualité, il s’agit d’un rêve où la conscience est encore dans notre espace

terrestre. Dans ce cas, au cours du rêve, ce qui est vécu ou observé par la conscience principale est

transmis à la conscience partielle (pour l’archivage) et en général il n’y a pas de perte d’information

au cours de cette transmission. En effet, l’information est acquise dans l’espace tridimensionnel et

elle est projetée dans le même espace, donc elle ne sera pas déformée. Nous citons à titre d’exemple

ce récit rapporté par le célèbre poète allemand Goethe, où le rêve de son ami Frédéric s'est réalisé

dans ses moindres détails [11] :

35

« Se promenant un soir avec l'un de ses amis près de Weimar, il a la surprise de voir devant lui un

autre ami prénommé Frédéric, vêtu d'une robe de chambre et de pantoufles, ce qui semble pour le

moins curieux puisqu'on est en pleine campagne. Voulant embrasser son ami, Goethe s'avance et ne

rencontre que le vide. Inquiet de cette vision, se demandant s'il ne devient pas fou, le grand poète

rentre chez lui, pour y trouver son ami Frédéric endormi au coin du feu en robe de chambre et

pantoufles. Frédéric, arrivé à l'improviste à Weimar et ne trouvant pas Goethe à son domicile,

s'était mis à son aise et endormi en l'attendant. Détail pour le moins surprenant: au cours de son

bref somme, il a rêvé qu'il allait en robe de chambre et pantoufles sur la grand-route au-devant de

Goethe et qu'il le rencontrait. »

Dans la seconde éventualité, il s’agit d’un rêve où la conscience a déjà fait son ascension vers

l’espace transitoire. Dans ce cas, au cours du rêve, ce qui est vécu ou observé par la conscience

principale est transmis à la conscience partielle, mais il y a alors en général une perte d’information.

En effet, l’information est acquise dans un espace multidimensionnel et elle est projetée dans notre

espace tridimensionnel. Vu la différence entre les dimensions des deux espaces (c.f. §3.4.2.1), elle

sera en général déformée. A titre d'exemple, un sujet peut ainsi voir dans un rêve qu'il est en train de

baigner dans son sang (ce qui le terrifie au moment de son réveil) et au cours de la journée il se

pique accidentellement le bout du doigt avec une aiguille, ce qui fait jaillir une infime goutte de

sang.

Incidemment, il faut remarquer que les rêves prémonitoires peuvent parfaitement s'expliquer dans

ce contexte. Quand la conscience pénètre dans l'espace transitoire, il arrive qu'elle détecte des

informations sur des évènements à venir concernant l'individu qui l'abrite en son sein; le futur peut

donc se manifester au cours d'un rêve, de manière accidentelle.

Il faut cependant noter que dans certains rêves peuvent se combiner conjointement des informations

acquises par la conscience de l’espace transitoire avec celles observées dans notre espace

tridimensionnel et constitue de ce fait une troisième catégorie de rêves.

Dans ce contexte nous citons un récit qui a été rapporté par un de mes collègues Ayed ADDAD qui

a vu dans son rêve qu’il se promenait dans un hôtel qu’il a exploré coin par coin. Il a vu également,

dans ce rêve, qu’à proximité de cet hôtel il y avait une rue commerçante et à son bout un magasin

d’électroménager. Plus tard l’opportunité se présente à ce collègue pour participer à un séminaire

aux Etats-Unis qui s’est déroulé dans la ville de San Diego. Il a procédé alors à une réservation via

internet dans un hôtel de cette ville. A son arrivé à San Diego et à sa grande surprise il trouve que sa

réservation n’a pas été prise en compte ce qui l’a obligé à chercher rapidement un autre hôtel. Dans

le seul hôtel où il a trouvé une chambre disponible et à sa grande surprise il découvre que l’hôtel

correspondait exactement et au moindre détail à ce qu’il a observé dans son rêve. Avant son départ,

il a décidé de remonter la rue voisine pour vérifier l’existence à son bout d’un magasin

d'électroménager. Là aussi le magasin existait bel et bien avec une authenticité et une conformité

étonnante à ce qu’il a été observé dans son rêve.

Il est clair que dans ce rêve prémonitoire Mr. ADDAD a vu dans l’espace transitoire l’hôtel qui l’a

l’hébergé et non pas l’hôtel de sa réservation et de se fait seul l’hôtel d’hébergement a fait l’objet

d’exploration par la conscience avant l’intégration du corps.

Remarques :

1/ Nous avons vu dans le §4.4.6.1 que c'est le degré d’évolution spirituelle de la conscience qui

munit l'espace transitoire d’un principe causal ou non causal. Ceci peut être consolidé par le fait que

les prophètes et les gens ayant une certaine piété ont une fréquence assez élevée de rêves

prémonitoires.

36

2/ Dans l'espace transitoire, il est possible que non seulement la conscience d'un défunt fasse une

rencontre avec la conscience d'un vivant, mais elle peut aussi lui apporter certaines informations qui

nous sont inaccessibles. De tels phénomènes se sont bien produits. Nous citons, à cet effet, qu'à

l'époque du premier khalife Abou Bakr un compagnon du Prophète nommé ‘Thabet Ibn Qaïs’ avait

trouvé la mort dans une bataille au Yémen. L’un des soldats a saisi l'occasion pour prendre

possession de sa cuirasse. Au cours d'un rêve, le défunt dénonça à l’un de ses amis le nom du voleur

et l'endroit où il pouvait récupérer la cuirasse volée [12].

3/ Dans la vie quotidienne, il arrive qu'une personne éprouve une attirance vers une autre personne

et qu'un lien rapide s'établisse entre eux sans qu'il y ait une connaissance préalable. Selon la

tradition islamique ce phénomène est expliqué par l’existence d’une certaine attirance entre les

consciences de ces deux personnes se traduisant par un parfait accord de leurs caractères. En effet

on trouve dans un ‘Hadith’ que les âmes se rassemblent en groupes à l’instar des régiments d’une

armée qui “se regroupent par spécialité”

“ Les âmes sont des régiments. Celles parmi elles qui se reconnaissent mutuellement

s’accordent et celles parmi elles qui s’opposent les unes aux autres ne s’accordent pas ” [3] Conformément au verset 42 de la Sourate 39 cité dans la section précédente §4.4.6.2, l’âme ne

quitte le corps que pendant la mort ou le sommeil. Le rassemblement des âmes et leurs rencontres

ne peut se produire donc qu’au moment du sommeil.

Nous concluons, en nous appuyant sur les deux remarques que nous avons faites, que l'espace

transitoire est l'espace de la rencontre entre les consciences des vivants entre eux, mais aussi entre

les consciences des vivants et des défunts. Ceci est tout à fait possible, car même si les défunts ont

leur propre espace, nous avons vu que cet espace est délimité par une barrière qui est, d'après le

texte coranique, franchissable. Il est à noter que le phénomène rapporté dans la deuxième remarque

est peu fréquent. Ceci laisse supposer que la rencontre entre les âmes des défunts et des vivants est

accidentelle.

Nous terminons cette section en répondant à une question qui tourmente l'esprit de plusieurs

personnes : lorsque nous dormons, nous accumulons dans notre conscience une superposition de

multiples informations provenant de l'espace transitoire. Si toutes ces informations sont de types

prémonitoires, pourquoi la totalité de ces informations acquises n'est-elle pas détectée par le cortex?

S'il en était ainsi, notre univers tel que nous le vivons n'existerait pas. Une condition nécessaire à

cette existence est la présence de filtres qui ne laissent passer qu'une infime partie de cette

information suivant des séquences causales, de manière à entraîner cette sensation d'écoulement du

temps. Et c'est pour cette raison que les souvenirs de nos rêves sont plus ou moins déformés…

4.4.7 La résurrection

L’existence ou la non-existence d’un jugement des actes après la mort a été un facteur déterminant

qui conditionne le comportement des humains à travers le temps. En effet, il y a une grande

différence entre celui qui ne croit pas à la résurrection, pensant à ses propres intérêts et celui qui

croit que viendra un jour où il sera jugé selon ses actes et paroles et sera rétribué selon ses œuvres.

Le premier ne reconnaît de mode de vie que celui dicté par sa passion, sa concupiscence et son

égoïsme, et trouve toujours une justification de son comportement et ses actes.

Le second se tient dans la sphère du droit, et il est toujours prompt à se faire des reproches et ne

cesse de se blâmer.

37

- Sourate 75, versets 1-2

"Non ! J’en jure par le Jour de la Résurrection ! Non ! J’en jure par l’âme toujours prompte

à se faire des reproches! "

Le Qur’an a accordé une grande importance au jour dernier. Malheureusement les gens l'oublient et

ne s'en soucient guère, en raison de leur attachement au monde d'ici-bas, emportés par les profits,

les plaisirs éphémères de la richesse, par tous les moyens. Le fait de croire au jour du Jugement

dernier modère notre penchant et notre avidité vers le côté matériel de la vie. C'est ce à quoi fait

allusion le verset suivant:

- Sourate 83, versets 1-6

"Malheur aux fraudeurs qui, lorsqu’ils font mesurer pour eux-mêmes exigent la pleine

mesure, et qui lorsqu’eux-mêmes mesurent ou pèsent pour les autres, [leur] causent perte.

Ceux-là ne pensent-ils pas qu’ils seront ressuscités, en un jour solennel le jour où les gens se

tiendront debout devant le Seigneur de l’Univers? "

Pour certains, la résurrection n'est qu'un mythe, un fantasme faisant partie des mensonges des

religions destinés à séduire et à tromper. Prouver donc par des faits matériels que la résurrection

aura lieu est une tâche impossible. C'est pour cette raison que le texte coranique signale que

l'avènement de ce Jour est une promesse véridique de Dieu, comme il est précisé dans le verset

suivant :

- Sourate 16, verset 38 "Et ils jurent par Dieu en prononçant leurs serments les plus solennels: 'Dieu ne ressuscitera

pas celui qui meurt'. Bien au contraire! C’est une promesse véritable [de Sa part], mais la

plupart des gens ne le savent pas."

4.4.7.1 La résurrection et les cadavres fossilisés

La résurrection a toujours suscité des interrogations. C'est ainsi que les mécréants de La Mecque, en

cherchant à défier le Prophète, lui ont posé la question sur la capacité de Dieu à les ressusciter :

"lorsque nous serons morts et que nous deviendrons poussière et ossements, serons-nous

ressuscités?" La réponse a été donnée dans un verset de la Sourate 17 qui indique que même si les

corps sont fossilisés, Dieu est capable de les ressusciter. Le verset en question cite deux états

possibles de fossilisation : la fossilisation en pyrite (fer) ou en pierre.

- Sourate 17, versets 49-51

"Et ils disent: ‘Quand nous serons ossements et poussière, serons-nous ressuscités en une

nouvelle création?’ Dis: ‘Soyez pierre ou fer ou toute autre (création : chose) que vous

puissiez concevoir.’ Ils diront alors: ‘Qui donc nous fera revenir?’ - Dis: ‘Celui qui vous a

créés la première fois’. Ils secoueront vers toi leurs têtes et diront: ‘Quand cela?’ Dis: ‘Il se

peut que ce soit proche’."

Dans ce verset l'expression "ou toute autre chose que vous puissiez concevoir" a été utilisée pour

montrer aux incroyants que la capacité divine n’a pas de limite.

Il est important de souligner que la Sourate 17 précise que la fossilisation ne peut se faire que par

deux processus qui sont confirmés par les sciences paléontologiques. Il est connu en paléontologie

que ce mécanisme se produit suivant un processus d'opalisation, qui est un phénomène physico-

chimique assez rare impliquant des conditions particulières de température et de pression, mais

qui a l'avantage de révéler des structures très fines des organismes. Il y a en effet un remplacement,

molécule par molécule, qui se réalise au cours de longues périodes de temps. En fonction

38

de l'environnement sédimentaire, il y aura deux issues et deux seulement pour la fossilisation :

une silicification (transformation en silice) ou bien une pyritisation (transformation en pyrite

de fer). [31]

4.4.7.2 La récompense et le châtiment

Selon la tradition islamique, la récompense ou le châtiment de chaque être sont proportionnels à

l'ampleur des péchés, ou des actes méritoires, commis dans sa vie terrestre, et ceci après une

interrogation individuelle de chaque individu. Si dans les EMI les sujets ont signalé que la vision

de leur vie était rapide et ne s'accompagnait d'aucun jugement, dans la résurrection il y a aussi un

déroulement de la vie panoramique, mais avec une interrogation sur chaque acte commis. Il s'agit

donc d'un Jugement divin au vrai sens du terme, qui ne néglige aucun acte, si infime soit-il. Au

cours du Jugement divin il n’est pas permis au sujet de parler, parce que ce sont les organes du

corps (main pieds etc...) qui vont se prononcer par reconstitution des actes. Il s’agit là en fait d’une

reconstitution réelle de tous les actes commis par le sujet dans sa vie terrestre, comme le précisent

les deux versets suivants :

- Sourate 99 versets 7-8

"Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra, et quiconque fait un mal fût-ce

du poids d’un atome, le verra."

- Sourate 36, verset 65

"Ce jour-là, Nous scellerons leurs bouches, tandis que leurs mains Nous parleront et que

leurs jambes témoigneront de ce qu’ils avaient accompli."

Nous retrouvons également le même sens que les versets précédents, où la langue aussi témoigne si

l’acte commis est verbal :

- Sourate 24, verset 24

"Le jour où leurs langues, leurs mains et leurs pieds témoigneront contre eux de ce qu’ils

faisaient."

L'évaluation des actes aura pour conséquence une admission, selon les mérites, au Jardin des

délices ou en Enfer.

Comme nous l'avons signalé dans §3.4.2.2 la récompense ou le châtiment qui peuvent survenir à

l'âme d'un individu après sa mort provoquent une sensation de paix ou d'horreur. Nous avons cité en

particulier le cas de Pharaon et de ses compagnons qui seront exposés au Feu, tandis que le

châtiment suprême ne se matérialise qu’au jour du Jugement dernier :

- Sourate 00, verset 46 "le Feu, auquel ils sont exposés matin et soir . Et le jour où l’Heure arrivera (il sera dit):

‘Faites entrer les gens de Pharaon au plus dur du châtiment’."

Les mécréants de la Mecque, qui n’ont pas accepté le principe de la récompense et du châtiment,

prétendent, suivant leur propre logique 'tridimensionnelle', qu'il est inadmissible que quelqu'un qui

est jeté en Enfer s'éternise dans cet endroit, parce qu'il ne sentira plus rien dès qu'il sera totalement

brûlé. En réponse à cette prétention, le Qur’an leur répond que ceci est tout à fait possible, en

annonçant que leur peau, à l'origine de toute sensation, sera régénérée perpétuellement.

39

- Sourate 4, verset 56

"En vérité, ceux qui auront renié Nos signes, Nous les précipiterons dans l’Enfer. Chaque

fois que leurs peaux auront été consumées, Nous leur donnerons d’autres peaux en échange

afin qu’ils goûtent au châtiment. Dieu est certes, Puissant et Sage! "

Le Texte coranique considère que la perte de la vie dans l'au-delà n'est pas seulement liée à la

croyance en Dieu, mais aussi aux efforts égarés et mal placés. En effet beaucoup prétendent

pratiquer la bienfaisance et la piété, mais dès qu’il y a un conflit entre leur croyance et leur intérêt

personnel, ils agissent égoïstement en faveur de leurs intérêts.

- Sourate 18, versets 103-104

"Dis : ‘Voulez-vous que Nous vous fassions connaître ceux dont les œuvres sont les plus

vouées à l’échec; ceux dont les efforts, dans cette vie, s’en vont en pure perte, et qui croient

cependant bien agir?’ "

Cependant au-delà de tout ce qu’on vient de citer, le Qur’an explique qu’en fait la vraie

récompense se traduit par la vision de leur Seigneur :

- Sourate 75, versets 22-25

"Ce Jour-là, il y aura des visages qui brilleront d’un vif éclat et qui seront tout absorbés

dans la contemplation de leur Seigneur, et des visages tout crispés et tourmentés par les

horribles tourments qu’ils devront subir."

Il est à noter que si le Qur’an précise que la vision du Seigneur est possible dans l’espace de l’au-

delà, elle n’est cependant pas possible dans notre espace tridimensionnel, car il s’agit d’un espace

qui est différent du nôtre, comme le précise le verset suivant :

- Sourate 7, verset 143

"Et lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit: ‘mon

Seigneur, montre-Toi à moi pour que je Te voie!’ Il dit: ‘Tu ne Me verras pas; mais regarde

le Mont: s’il tient en sa place, alors tu Me verras.’ Mais lorsque son Seigneur Se manifesta

au Mont, Il le pulvérisa, et Moïse s’effondra foudroyé. Lorsqu’il se fut remis, il dit: ‘Gloire à

Toi! A Toi je me repens; et je suis le premier des croyants’."

Reste une question importante qui a fait couler beaucoup d'encre. La résurrection se produit-elle

dans un corps spirituel ou dans un corps physique ? En fait il s’agit là d’un faux problème. En effet,

d’après les Sourates et les Hadiths que nous avons cités, la mort biologique d'un être humain

n'affecte pas son identité et le corps charnel n’est qu’un habit de la conscience, ce qui a été confirmé

dans les EMI. Se poser la question d’avoir un corps matériel ou spirituel au moment de la

Résurrection est équivalent à se demander si le jour de la Résurrection on sera nu ou habillé…

5 CONCLUSION

Le but de cet article a été précisément de proposer une réflexion sur divers points de vue à propos

d’une question qui a été trop souvent soulevée, et qui est celle de la vie après la mort. Nous sommes

arrivés à la conclusion que la mort n'existe pas en tant que fin, puisqu'elle est immédiatement suivie

d'une nouvelle existence. Dans ces conditions, la mort ne serait qu'un déplacement d’existence et

elle ne doit nullement affecter la conscience, comme il a été précisé dans le Qur’an, dans les

Hadiths et dans la tradition islamique. Ceci a été confirmé par les témoignages des personnes ayant

vécu une EMI. En effet, ces expériences ont montré que notre identité n’est pas affectée par la mort

et qu’en fait notre cerveau se comporterait comme un filtre de la conscience, qui, une fois libérée,

40

deviendrait une conscience beaucoup plus performante, capable de voyager dans le temps et dans

l'espace. Le cerveau humain qui est considéré, jusqu’à présent, comme étant l’organe essentiel du

corps, n’est en fait qu’une simple interface entre ce corps et la conscience. Le cortex cérébral joue

donc le rôle d'écran à notre perception de l'univers total, et c’est pour cette raison que nous ne

disposons que d'une partie infime des informations sur le monde qui nous entoure.

Durant les vingt-cinq dernières années, nous avons appris beaucoup plus sur la terre et sur le

cosmos que ce qui a été découvert auparavant par l'humanité. Plus le progrès scientifique avance,

plus l’on découvre que le monde devient de plus en plus mystérieux. Au fur et à mesure que les

connaissances scientifiques progressent, nous entrons de plus en plus en contact avec l'inconnu,

sans jamais espérer tout connaître. C’est pour cette raison que même les scientifiques les plus

renommés acceptent peu à peu l'idée que l'univers ne se limite pas à ce qu’on observe : une part du

réel échappe à nos sens et à notre connaissance. En effet, il a été démontré en mécanique quantique

que la matière (critère fondamental du réel) est constituée de particules, qui ne sont pas totalement

dépourvues de conscience (cf. §3.2 Vers une modélisation de la conscience). Cette idée de

conscience qui règne dans tout objet n’est-elle pas celle exprimée d’une manière claire dans le

verset 44 de la Sourate 17 ?

- Sourate 17, verset 44

" ... Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas

leur façon de Le glorifier. Certes c’est Lui qui est Indulgent et Pardonneur."

Ce verset doit modifier notre conception de la matière et nous amener à envisager la réalité, qui

nous demeure pourtant imperceptible sous un autre angle.

L'idée nous est alors venue de rapprocher ce qui a été dit dans les Textes sacrés à propos de l’au-

delà des observations sur les expériences aux frontières de la mort faites systématiquement depuis

quelques années par une Ecole de médecine américaine. Ce rapprochement s'est révélé fructueux et

a montré que dans le cas de la religion islamique, il a été possible de donner une interprétation

cohérente des différentes phases des EMI.

Ce qui est très frappant dans la thèse islamique est la citation de la barrière dans les versets 99-100

de la Sourate 23, qui n’a été rapportée dans aucune autre religion. Selon le Texte coranique, cette

barrière est réelle, ce qui a été confirmé par les EMI, qui nous informent que cette barrière est bien

réelle et qu’elle est observable.

Ce qui est également très frappant c’est la citation dans le texte coranique (Sourate 39 verset 42) du

fait qu’au cours du sommeil l’âme quitte le corps pour ensuite le réintégrer au réveil (cf. récit

rapporté par le poète allemand Goethe : §4.4.6.3). Précisons qu'à notre connaissance, aucun autre

texte religieux ne fait allusion à ce phénomène.

A notre sens, les EMI doivent contribuer à filtrer les concepts religieux des mythes et des

déformations qui y sont rattachés ; cependant il faut toujours avoir un peu de recul :

- Sourate 2, verset 79

"Malheur, donc, à ceux qui de leurs propres mains composent un livre puis le présentent

comme venant de Dieu pour en tirer un vil profit! - Malheur à eux, donc, à cause de ce que

leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu’ils en profitent! "

L'étude des EMI constitue sans doute un grand pas dans l'exploration et la découverte de l’univers

de l’au-delà et de l'après-vie. Qu'elles soient positives ou négatives, les expériences de mort

imminente ne peuvent nous laisser indifférents. Elles transforment le comportement de ceux qui les

ont vécues et amènent souvent un changement radical dans leur vie. Elles nous conduisent à

41

prendre conscience du sens éphémère de la vie, de la nécessité pour chacun d'essayer tout au long

de son existence de remplir sa mission en accomplissant les préceptes divins et de prendre

conscience que les biens matériels et les plaisirs de ce monde ne sont pas durables…

Il faut cependant noter que les EMI ne nous montrent que quelques aspects de l’univers de l’au-delà

et de ce qui se passera après la mort. Car pour cela, il faudrait aller dans la mort et en revenir, or

tous les témoignages montrent bien que ces personnes sont restées au seuil de cette mort et qu’elles

n’ont pas réellement franchi le pas. Nous ne savons donc pas en fait ce qu’il y a vraiment derrière ce

rideau que nous ne franchissons qu’une fois…

+ + + + + + + + + + + + + + + +

"Ne méditent-ils donc pas sur le Coran? S’il provenait d’un autre que Dieu, ils y trouveraient

certes maintes contradictions! " (Qur’an 4:82)

"Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur

devienne évident que c’est cela (le Coran), la Vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin

de toute-chose?"(Qur’an 41:53)

42

BIBLIOGRAPHIE

Dans la traduction du texte Coranique, on s’est appuyé surtout sur celle de M. Hamidullah [32]. Le

mot Allâh (nom divain en arabe هللا ) utilisé dans certaines traductions, désigne le Dieu unique

d’Abraham, de Moïse, de Jésus et de tous les prophètes.

[1] Al-Bukhari M., Sahih, Hadith 1292 (édition arabe), in USC-MSA web reference : Vol.2, Book 23,

Hadith 379 (disponible à http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/023-sbt.php)

[2] Al-Bukhari M., Sahih, Hadith 1370 (édition arabe), in USC-MSA web reference : Vol.2, Book 23,

Hadith 452 (disponible à http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/023-sbt.php)

[3] Al-Bukhari M., Sahih, Hadith 3336 (édition arabe), in USC-MSA web reference : Vol.1, Book 55,

Hadith 552 (disponible à http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/055-sbt.php)

[4] Al-Bukhari M., Sahih, Hadith 3715-3716 (édition arabe), in USC-MSA web reference : Vol. 5, Book

57, Hadith 62 (disponible à http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/bukhari/057-sbt.php)

[5] Al-Ghazali A. H., On the Remembrance of Death and the Afterlife, Book XL (40) of the Revival of the

Religious Sciences (Ihya’ ‘Ulum al-Din) translated by T. J. Winter, The Islamic Texts Society's Ghazali

Series, 1989.

[6] Al-Ghazali A. H., On the Duties of Brotherhood, Book 15 of the Revival of the Religious Sciences

(Ihya’‘Ulum al-Din) Great Books of the Islamic World, Kazi Publications, 2002.

[7] Banani A., Hovannisian R. and Sabagh G., Poetry and Mysticism in Islam: The Heritage of Rumi,

Cambridge University Press, 1994.

[8] Bardo Thödol : Le Livre des Morts Tibétain, presenté par Lama Anagarika Govinda, Albin Michel,

1981.

[9] Charbonier J-J, Les Preuves scientifiques d'une Vie après la vie, Exergue, 2008.

[10] Coomaraswamy A. K., Hinduism and Buddhism, Golden Elixir Press, 2011.

[11] Dutheil R. & al., L'Homme Superlumineux, Sand,1990.

[12] Ibn Abi al-Dunyā, al-Manāmāt, presenté par A. A. Ata, Muʾassasat al-Kutub al-Thaqāfīyah, 1993.

[13] Ibn Hanbal A., al-Musnad, vol.4, pp. 295, Hadith 18637, Dar Qurtuba, 2003.

[14] Kübler-Ross E., On Death and Dying, Scribner, 1997.

[15] Morse M. L., Closer to the Light, Ivy Books, 1991.

[16] Moody R. A., La vie après la vie, Robert Laffont, 1977.

[17] Muslim I. A., Sahih, Hadith 920 (édition arabe), in USC-MSA web reference : Book 004, Number 2003

(disponible à http://www.usc.edu/org/cmje/religious-texts/hadith/muslim/004-smt.php)

[18] Rawlings M.S., To Hell and Back, Thomas Nelson Publishers, 1996.

[19] Ring K., Sur la frontière de la vie, Robert Laffont, 1982.

[20] Sabom M. B., Souvenirs de la mort, Robert Laffont, 1992.

[21] Sleeping, Dreaming, and Dying: An Exploration of Consciousness with the Dalai Lama, edited by F. J.

Varela, co-translated with G. T. Jinpa, Wisdom Publications, 1997.

[22] Sutherlands C., Transformed by the Light : Life After Near Death Experiences, Bantam Books, 1992.

[23] The Jewish Encyclopedia , Vol. VI, p. 564, 1910.

43

NETOGRAPHIE

[24] http://bouquetphilosophique.pagesperso-orange.fr/ame.html

[25] http://philosophie-spiritualite.com/cours/mort3.htm

[26] http://www.berzinarchives.com/web/ar/archives/study/islam/general/buddhist_islamic_view.html

[27] http://www.france-jeunes.net/imprim-html.php?type=article&tid=27597

[28] http://www.freidok.uni-freiburg.de/volltexte/5811/pdf/Oberhaensli_Widmer_La_mort.pdf

[29] http://www.iands.org/about-ndes/characteristics.html

[30] http://www.iands.org/what-is-an-nde.html

[31] http://www.jstor.org/discover/10.2307/30062155?uid=3739176&uid=2134&uid=2&uid=70&uid=4&sid

=21103810091911

[32] http://www.lenoblecoran.fr/wp-content/uploads/Le-Saint-Coran-Traduction-de-M.-Hamidullah-

Version-originale-Fr-1959.pdf

[33] http://www.nderf.org/French/alexa's_emi.htm

[34] http://www.sos-detresse.org/dossiers/experience-mort-imminente.htm