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DOSSIER N°101 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2016 62 WMS L’ergonomie c’est tout sauf un détail ©KIMBLE CHASE ©JULIEN EICHINGER-FOTOLIA WMS I l est rare qu’elle apparaisse dans la plupart des cahiers des charges et pourtant l’ergono- mie mérite toute sa place dans les critères de sélection d’un progiciel de gestion d’entre- pôt. Certes, la personnalisation d’un écran, la facilité à afficher des informations sous forme graphique, la position particulière d’un bouton sur une tablette tactile… tout cela peut paraître bien secondaire au regard du rôle fondamental d’un WMS : modéliser, structurer et traiter informatiquement l’ensemble des proces- sus logistiques de l’entrepôt (réception, mouve- ments, préparation, expédition, inventaire, factu- ration, comptabilité matière, gestion des retours, etc.). Il n’en reste pas moins vrai que l’ergonomie, dont l’objectif est d’adapter au mieux l’outil à une utilisation quotidienne ainsi qu’au contexte, doit aussi figurer parmi les critères de choix majeurs. « L’ergonomie, c’est surtout rendre le travail de terrain plus facile, pour diminuer le risque d’er- reurs, réduire la fatigue, limiter les durées de for- mation des intérimaires, et de fait, augmenter la productivité. Nous sommes aussi là pour rendre service aux utilisateurs, et on leur doit bien ça », réagit Gilles Fleury, Fondateur de la société de conseil Colise, spécialisée dans les missions d’as- sistance à maîtrise d’ouvrage. Les éditeurs prennent le sujet au sérieux Gagner 3 secondes en réduisant le nombre de clics nécessaires pour valider certaines actions, tout en tenant compte du confort visuel de l’écran du ter- minal RF, est-ce réellement capital ? Tout dépend Le facteur ergonomique n’est pas le critère n°1 de sélection d’un WMS. Mais le sujet doit être pris au sérieux dès le début du projet, car non seulement il facilite la vie des utilisateurs, mais il fait aussi gagner en productivité et en qualité de service. Les éditeurs l’ont bien compris et font désormais appel à des ergonomes et à des web designers pour développer leurs interfaces.

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WMS Il est rare qu’elle apparaisse dans la plupartdes cahiers des charges et pourtant l’ergono-mie mérite toute sa place dans les critères desélection d’un progiciel de gestion d’entre-pôt. Certes, la personnalisation d’un écran,la facilité à afficher des informations sousforme graphique, la position particulière

d’un bouton sur une tablette tactile… tout celapeut paraître bien secondaire au regard du rôlefondamental d’un WMS : modéliser, structurer ettraiter informatiquement l’ensemble des proces-sus logistiques de l’entrepôt (réception, mouve-ments, préparation, expédition, inventaire, factu-ration, comptabilité matière, gestion des retours,etc.). Il n’en reste pas moins vrai que l’ergonomie,dont l’objectif est d’adapter au mieux l’outil à uneutilisation quotidienne ainsi qu’au contexte, doitaussi figurer parmi les critères de choix majeurs.« L’ergonomie, c’est surtout rendre le travail deterrain plus facile, pour diminuer le risque d’er-reurs, réduire la fatigue, limiter les durées de for-mation des intérimaires, et de fait, augmenter laproductivité. Nous sommes aussi là pour rendreservice aux utilisateurs, et on leur doit bien ça »,réagit Gilles Fleury, Fondateur de la société deconseil Colise, spécialisée dans les missions d’as-sistance à maîtrise d’ouvrage.

Les éditeurs prennent le sujet au sérieuxGagner 3 secondes en réduisant le nombre de clicsnécessaires pour valider certaines actions, tout entenant compte du confort visuel de l’écran du ter-minal RF, est-ce réellement capital ? Tout dépend

Le facteur ergonomique n’est pas le critère n°1 desélection d’un WMS. Mais le sujet doit être pris ausérieux dès le début du projet, car non seulement ilfacilite la vie des utilisateurs, mais il fait aussi gagneren productivité et en qualité de service. Les éditeursl’ont bien compris et font désormais appel à desergonomes et à des web designers pour développerleurs interfaces.

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de la volumétrie : sur une opération répétée plu-sieurs milliers de fois par jour comme dans lalogistique du e-commerce, ce n’est déjà plus dutout négligeable. Et que dire des heures gagnéespour former les intérimaires pour les inventairesou les pics d’activité de fin d’année ? L’ergono-mie peut également, en facilitant l’acceptation duWMS, contribuer à accélérer le démarrage opéra-

tionnel du projet, sa montée en charge vers leniveau de performance attendu. Du coup, sur unmarché des WMS déjà mature, la bataille entreéditeurs fait rage pour se différencier sur ce ter-rain. « La réponse fonctionnelle va primer d’unpoint de vue avant-ventes, c’est évident. Mais àréponse fonctionnelle équivalente, l’ergonomie estaussi ce qui fait que le client va aimer ou adhérer

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à la solution », reconnaît Thomas Tschinschang,Directeur commercial de KLS. Il existe sans douteencore çà et là quelques modules « préhisto-riques » en modes caractères, blancs ou verts surfond noir, que les éditeurs concernés se gardentd’ailleurs bien de montrer en avant-vente. Maisen règle générale, le mode graphique est désor-mais la norme, avec de plus en plus d’écrans tac-tiles. « La disparité dans ce domaine entre leséditeurs n’est plus aussi forte qu’il y a encore 10 ans », reconnaît Agnès Vincendeau, Consul-tante Senior chez Citwell. « Quand nous avonscréé Speed en 2003, notre principale préoccupa-tion était de concevoir un produit qui évidemmentréponde aux besoins fonctionnels, mais en offrantune facilité d’utilisation car c’est un facteuressentiel d’acceptation. Avec une architectureorganisée autour d’un noyau de fonctions métiersque l’on peut appeler à différents moments, parsimple paramétrage, en fonction du contexte. Acette époque, il y avait un réel problème d’ergo-nomie des outils du marché qui étaient trèscontraints par un certain nombre de normes,notamment sur AS400 », se rappelle par exempleFrançois Biesbrouck, Président de BK Systèmes.

Infflux fait également partie des visionnaires en lamatière. « Quand nous avons refondu le WMSAlice en Bext en 2007, la partie ergonomie estrestée l’un des grands points d’attention. Nousnous sommes appuyés sur de nouveaux frame-works (outils de développement) pour faciliter lapersonnalisation des écrans en fonction des pro-fils des opérateurs, intégrer l’affichage paramé-trable de graphismes et passer sur des interfacesen mode html sur les terminaux », détaille Jean-Christophe Henry, Directeur Général d’Infflux,Group CFD.

La refonte des interfaces graphiquesDepuis quelques années, les équipes de R&D desgrands éditeurs de WMS se font aider par desergothérapeutes, des ergonomes et autres webdesigners. « L’essentiel de la nouveauté ne pro-vient plus simplement de l’ajout de fonctions,mais de façons différentes de proposer des solu-tions correspondant à des modes d’utilisationnouveaux. La nouvelle version LMxt, sortie en2012, illustre cette refonte de toutes les interfacesgraphiques et accroît le niveau de paramétrage »,déclare Evelyne Raynaud, Directrice du dévelop-pement et produits d’A-Sis. Autre exemple chezMecalux, où l’interface graphique a été entière-ment revue pour la version 2015 d’Easy WMS,avec la présence de grosses icônes, la possibilitéde travailler sur iPad et davantage de possibilitésde personnalisation des écrans, des boutons, etc.Tous les WMS permettent aujourd’hui de faire des« vues variables », c’est-à-dire de paramétrer unécran en changeant le nom d’un champ, en fai-sant apparaître une donnée ou en modifiant unecouleur, mais cela peut être plus ou moins com-pliqué. Dans certains cas, ajouter un « bouton »

Gilles Fleury, Colise

Thomas Tschinschang, KLS

Agnès Vincendeau, Citwell

François Biesbrouck,BK Systèmes

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sur un écran, augmenter la taille d’un caractèreou modifier un champ nécessite encore de passerpar un développement spécifique ! Parfois, lecontenu des écrans est paramétrable, mais pasforcément la manière dont ils s’enchaînent lors duprocessus. Cela dépend de la technologie choisieet de la façon dont est conçu le logiciel. « Il fautbien penser à poser la question en phase dedémonstration », conseille Agnès Vincendeau.« L’arrivée en 2006 d’EWM a représenté unegrande avancée en matière d’ergonomie dans lemonde SAP par rapport à SAP WM, car le para-métrage permet d’éviter des efforts de développe-ment et de constituer des menus par profil

d’utilisateur », reconnaît Hans Kourimsky, Direc-teur des Applications SCM chez l’intégrateur Itel-ligence (partenaire SAP).

Priorité au paramétrageL’un des enjeux actuels de l’ergonomie chez les édi-teurs est le paramétrage, comme le souligne Jean-Pierre Gautier, Directeur des métiers d’Acsep, éditeurde la solution Izypro. « Chez Acsep, notre volonté estde standardiser et démocratiser un maximum defonctionnalités via un outil de paramétrage trèsergonomique, afin que chaque client puisse disposerde toutes les options ». Et chez Itiz, éditeur créé il ya 3 ans en Haute-Garonne, qui cible particulière-

ChristopheHenry, Infflux/Group CFD

Evelyne Raynaud,A-Sis

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ment les PME et les TPE, l’ergonomie fait égalementpartie des priorités. « Nous travaillons très fortementdans la V2 d’ItizWMS, qui sort en fin d’année, àaméliorer la capacité de personnaliser très en détailles écrans, que ce soit sur terminaux mobiles ou surPC », nous confie Nicolas Pouyadou, son Fondateur.La tendance est également d’adopter un « look &feel » des outils que tout le monde utilise à titre per-sonnel tous les jours. « L’ergonomie dans le WMSTalk Logistique, c’est d’abord jouer la carte dumimétisme sur les interfaces Microsoft auxquellesl’utilisateur a déjà été confronté. Par ailleurs, nousavons constitué une base de modèles permettantd’appliquer les paramétrages plus techniques, làaussi par mimétisme (duplication, puis personnali-sation) », indique par exemple Stéphane Millot Diri-geant de l’éditeur Tedies. Même si une applicationpeut être très belle mais pas du tout ergonomique, lelook fait tout de même aussi partie de l’ergonomie.« Chez KLS, nous avons fait le choix d’avoir uneesthétique assez proche des plates-formes de typeWindows ou Android, avec du flat design [NDLR :interface minimaliste basée sur des formes simples etdes jeux de typographie] », s’enthousiasme ThomasTschinschang. C’est artistique, subjectif, et là encore,ça peut faire mouche durant la phase de démons-tration.

Adapter les écrans aux tablettes tactilesD’un point de vue plus opérationnel, l’ergonomien’est pas tout à fait de même nature suivant lestypologies d’utilisateurs et selon les types de ter-minaux utilisés (voir page 70). Un nouveau type de

terminal, la tablette tactile, commence d’ailleurs àfaire son apparition dans les entrepôts en boule-versant un peu la donne d’un point de vue ergo-nomique. Les premières applications envisagéesétaient plutôt du côté des managers ou des chefsd’équipe, qui peuvent ainsi circuler dans l’entrepôten ayant à disposition toutes les informations etalertes en temps réel afin de corriger une erreur etde modifier l’ordre de priorité d’une commande.Mais dans quelques entrepôts, le pas a été franchi :les tablettes sous Android remplacent certains ter-minaux RF standards, pour des processus detri/répartition ou pour la préparation de commandemulti-client sur un chariot. C’est certes moinsrobuste qu’un PDA, mais c’est aussi nettementmoins cher. Cela force les éditeurs de WMS à déve-lopper de nouveaux scénarios, à adapter leur appli-cation pour qu’elle se redimensionne automatique-ment à la taille et à la résolution des écrans de latablette (qui n’est plus limité, comme sur un PDA,à 20 colonnes et 16 lignes), à grossir certains bou-tons d’action, à tirer éventuellement parti des pos-sibilités de scrolling par exemple pour faire défilerdes listes dans les menus, ou d’intégration de pho-tos de bonne résolution.

La techno au service de l’ergonomieLa technologie aidant, de nombreux WMS propo-sent maintenant d’intégrer dans les écrans de leursWMS des graphiques, des photos (qui peuvent êtreutiles notamment pour gérer les retours). Certainsutilisent même de la réalité augmentée. Infflux réflé-chit par exemple à utiliser de petits projecteurs

HansKourimsky, Itelligence

Stéphane Millot,Tedies

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d’images pour éclairer précisément, en « vidéo-map-ping », la position optimale d’un colis à poser surune palette. A-Sis développe de son côté un systèmed’affichage tête haute intégré dans la visière d’unecasquette. L’éditeur surfe également sur la vague dela cartographie 3D avec sa solution d’hypervisionA-Sis Viewn sortie début 2015. Pour Evelyne Ray-naud, il s’agit d’un « nouveau mode d’application quidonne la possibilité de rejouer l’activité, de visuali-ser comme dans un film l’historique de l’écoulementdes flux, de zoomer, d’identifier les goulots d’étran-glement, etc. ». Infflux revendique aussi l’utilisation

de la représentation 3Dde l’entrepôt depuis2009. « Pendant unmoment, c’était surtoutune fonction dévelop-pée pour l’avant-vente,mais elle commencemaintenant à avoir deréelles applications entant qu’outil d’analyse,comme par exemple dans le module de gestion desmatières dangereuses, avec une visualisation trèsergonomique des emplacements de stockage via dif-férents codes couleurs selon les typologies de pro-duits », concède Jean-Christophe Henry. Et quandbien même cette interface 3D ne serait pas si utileque cela à long terme, elle attire l’œil et peut aider àfaire la différence dans la phase de sélection !Concernant la démarche ergonomique, attentiontout de même à ne pas se laisser aveugler par la der-nière technologie à la mode, qui ne garantit pas quela solution soit la plus appropriée aux besoins de sesprocessus particuliers et de son entrepôt. Rien de telpour s’en assurer que d’inclure les équipes d’utilisa-teurs dans la boucle dès le départ du projet. ■

JEAN-LUC ROGNON

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Aurélie MazatConsultante chez Citwell*

Les 2 faces de l’ergonomie d’un WMS

« L’ergonomie constitue un choix stratégiqueimportant pour répondre à la demande d’unmarché de plus en plus exigeant en termes de

rapidité, de fiabilité et de productivité.L’ergonomie pour un WMS recouvreun ensemble d’éléments à plusieursniveaux. A l’image d’un iceberg, jedirais qu’il y a la «partie émergée »,visible par les utilisateurs, et la « partieimmergée » invisible. Dans partie visi-ble, on peut retrouver la disposition deséléments dans les fenêtres/pages, legraphisme, la typographie… La partieimmergée correspondrait plus auxaspects de la structure de l’outil, de lamanière dont sont réparties les fonc-tions dans les modules et les différentsaccès proposés à l’utilisateur. Dès ledébut d’un projet de mise en oeuvre

d’un WMS, un critère lié à l’ergonomie peutêtre considéré dans le choix de ce dernier. Cecritère pourra être d’autant plus important quele degré de résistance au changement duclient sera fort. En effet, une entreprise avec

une résistance au changement élevée se devrad’être d’autant plus vigilante sur le critère ergo-nomique de l’outil. Les nouveautés seront dif-ficiles à mettre en place et pourront mettre enpéril l’aboutissement du projet. Sur ce point,l’aspect générationnel peut aussi entrer enligne de compte : un personnel jeune ou aucontraire dit « senior » n’aura pas les mêmesattentes en termes d’ergonomie de l’outil.Autre point important selon moi : il ne s’agitpas de rechercher les dernière technologies lesplus « ergonomiques » pour adapter au mieuxl’ergonomie de son WMS, il faut détermineravant tout ce qui est le plus approprié auxbesoins de son entreprise, et le plus utile et uti-lisable pour son entrepôt ». ■

(*)Aurélie Mazat a soutenu en novembre 2015 une thèse sur « Quels critères et indicateurs de sélection prendre en compte dans la sélection d’un WMS pour les différentestypologies d’entreprises ? »

Jacob ApapResponsable process et systèmes logistiques chez Lacoste

« L’ergonomie est désormais au cœur de nos réflexions »

« Il y a plusieurs types d’ergonomie dans lesWMS : celle des interfaces utilisateurs despostes destinés aux encadrants et aux respon-sables d’équipes, celle des menus des RF des

opérateurs, et aussi celle des postesparticuliers, comme ceux que nousutilisons en fin de préparation pourla personnalisation du conditionne-ment, l’ajout d’étiquette ou l’anti-volage. Lors de notre premier projetavec WMOS de Manhattan en 2010sur notre plate-forme Euromed, àTroyes, ce n’est que sur cette zonede personnalisation que nous avionsvraiment anticipé dès le départ l’importance de l’ergonomie. Nousavons finalement choisi de mettre àdisposition des tablettes tactiles surlesquelles sont proposées, via unémulateur, des écrans standards RF

qui permettent à la fois de faire du suivi depersonnalisation et de faire de la saisie pourassurer la traçabilité des cartons. Intuitivement,nous avions aussi organisé les menus des ter-minaux RF selon la zone où travaille l’opéra-teur dans l’entrepôt, avec, dans l’arborescenced’écrans, un point de menu correspondant àune zone de travail (réception, picking, expé-ditions…). En revanche, nous travaillons actuel-lement avec Manhattan sur un nouveau projetdans lequel l’ergonomie est désormais aucœur de nos réflexions. Pour chaque écran, onse pose la question de l’optimisation, de laréduction de la fatigue pour l’opérateur, dugain en temps et en qualité, mais aussi biensûr du retour sur investissement. Car il ne fautjamais perdre de vue que chaque modificationa un coût et que sortir du standard entraîneune certaine complexité, notamment au niveaude la maintenance par l’éditeur. » ■©

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Caroline TraisnelDirectrice Supply Chain de Nocibé France

« L’ergonomie des écrans n’est rien si on oublie celle des postes des opérateurs »

« En 2014, nous étions en pleine réflexionpour remplacer la version de Logys de l’éditeurA-Sis, installée en 2002, afin de nous adapteraux nouvelles exigences de l’activité (plus grosvolumes, fluidification des retours, slotting).Mais nous ne voulions pas que le projet serésume à une « simple » montée de version.Nous avons demandé à A-Sis de travailler surl’ergonomie des différents écrans du WMS (surPC et sur terminal RF). De notre côté, nousavons poursuivi notre démarche d’améliorationde l’ergonomie des postes physiques, com-mencée dès fin 2013 en associant dès le départbon nombre de nos collaborateurs dans lesgroupes de travail. Les 2 projets sont indisso-ciables : si on veut améliorer les conditions detravail au global, l’ergonomie des écrans n’estpleinement efficace que si elle est associée àcelle du poste physique. Nocibé France étantl’un des premiers clients à installer la version 4

de Logys, nous avons travaillé avec A-Sis dans le cadre d’un partenariatgagnant/gagnant. L’éditeur a pris encharge la plupart des développementsdemandés en matière d’ergonomie etles a intégrés dans la version standard.Nous avons pu modifier la taille descaractères, la localisation de l’affichagesur l’écran de certains champs de don-nées, les couleurs, etc. Autant de petiteschoses qui pourraient paraître futiles au pre-mier abord mais qui sont très importantes pourun opérateur qui prélève des produits durant 7 h chaque jour. Nous avons particulièrementtravaillé l’ergonomie du traitement des retours,autant en ce qui concerne l’écran du WMS(indication des cases où ranger le produit) quedu côté du poste de travail, avec la réalisationd’un meuble modulaire adapté, validé par leCHSCT et la médecine du travail ». ■

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Au bureau ou dans l’entrepôt, les 2 visages de l’ergonomie

Si l’objectif est toujours de faciliter la vie des utilisateurs, l’ergonomie du WMS pour les opérateursn’obéit pas tout à fait aux mêmes règles que celle du même WMS lorsqu’il s’adresse au management et au personnel administratif.

Les 2 grandes typologies d’utilisateurs d’unWMS sont d’une part les opérateurs del’entrepôt, et d’autre part, le personnel

administratif et d’encadrement. C’est aux pre-miers que l’on pense naturellement lorsqu’onaborde la question de l’ergonomie. Normal, c’estsur le terrain qu’elle est essentielle pour réduire

la fatigue des tâches répétitives (en promettantdes gains de productivité). La philosophie decette ergonomie opérationnelle, qui s’appliqueaux écrans de PC, mais aussi aux terminaux RFet aux tablettes, est globalement de présenter àl’opérateur des interfaces simples, intuitives,sans surplus d’informations (voir page 72), afinqu’il puisse au maximum se concentrer sur letraitement de la marchandise. Pour chaque typede poste, nous sommes capables de personnali-ser les écrans, et pas uniquement en fonctiondu profil. 2 processus de préparation peuventpar exemple s’aborder totalement différemmenten fonction du contexte. On doitdonc pour être efficace, aborderleur ergonomie également demanière différente », note Fran-çois Biesbrouck, Président de BKSystèmes. Pour les postes de tri,d’emballage et d’expédition, il estsouvent conseillé d’utiliser desécrans tactiles, plus lisibles qu’unterminal RF. D’ailleurs, le postede travail fait partie intégrantede la réflexion (voir page 69). Leséditeurs peuvent à cette occasionjouer un rôle de conseil, notam-ment lorsque le projet comprend

des aspects mécanisation ou des casiers de venti-lation de commandes de type « pick to light ».

Le choix du terminal RF n’est pas neutreLa sélection des lecteurs de codes-barres n’est pasnon plus à négliger. « Il faut bien réfléchir aux opé-rations avant de faire ce choix. Il ne s’agit pas desélectionner systématiquement le terminal RF leplus léger car la contrepartie est bien souvent desclaviers simplifiés et des tailles d’écran réduites. Sic’est uniquement pour flasher des codes-barres,cela peut suffire. Mais cela peut devenir compliquési l’opérateur doit régulièrement saisir des donnéesalphanumériques de type numéro de lot, login, motde passe, etc.», avertit Agnès Vincendeau, Consul-tante senior chez Citwell. Dans certains casextrêmes, l’écran est si petit qu’il se trouve décaléet que l’opérateur doit avec son stylet déplacerlégèrement l’image pour pouvoir valider ! L’aspectgénérationnel peut aussi entrer en ligne decompte dans le choix : mon personnel est-il com-posé en majorité de jeunes accros aux technolo-gies ou d’employés proches de la retraite ? « Noustravaillons beaucoup avec chaque client sur lechoix adapté du terminal mobile. Si le personnelest exclusivement féminin, les PDA avec une tailleproche de celle d’un smartphone sont préférés auxgros terminaux avec une crosse pistolet, quiconviennent mieux aux caristes », ajoute NicolasPouyadou, Président de l’éditeur Itiz.

Alertes et reporting au bureauL’autre terrain de jeu ergonomique majeur duWMS se joue dans les bureaux, sur les écrans PCdu personnel administratif, du management et des

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chefs d’équipes. Ici, la problématique de l’interfacehomme machine (IHM) du logiciel est plutôt de don-ner la possibilité d’accéder, en fonction des profilset des droits utilisateurs, à toutes les informations,alertes et actions nécessaires pour mener à bien l’ac-tion du moment. Cette ergonomie-là joue un rôlecapital pour les éditeurs dans les phases d’avant-vente puisqu’elle s’adresse directement à ceux quiprendront la décision d’achat. « Dans Gold, nousavons commencé à mettre en place une ergonomieplus pertinente et efficace en termes de reporting, enproposant des indicateurs de performances, dedélais, de taux de service plus faciles à comprendreet qui font gagner du temps dans la recherche descauses d’éventuels ralentissements ou dysfonction-nements dans l’entrepôt. Par ailleurs, l’intégrationen temps réel des données permet au système de pro-poser lui-même des solutions. Si un camion n’estpas au rendez-vous par exemple, le WMS soumet auresponsable une réorganisation de la gestion descamions dans la cour », détaille Donal Mac Daid,Vice-President Supply Chain de Symphony Gold.Chez Hardis, comme chez d’autres, certaines infor-mations textuelles sont remplacées par des icônes,par exemple une montre pour indiquer un retard, ouun camion rouge en cas de retard. Mais attention làencore, les tableaux de bord ne doivent pas céderaux sirènes de l’information à outrance. « En modeprojet, nos clients sont tous demandeurs d’un maxi-mum de reporting, mais ils se rendent souventcompte au bout de 3 à 6 mois que 80% des gensn’utilisent à peine que 20% des informations misesà leur disposition », remarque Jean-Pierre Gautier,Directeur des métiers d’Acsep. Le poste de travail dubureau est aussi un point à ne pas négliger. « Pourla partie pilotage du WMS, il faut généralement deuxécrans de 19 ou 20 pouces, l’un avec le moniteurpour voir tous les entrants et sortants, et l’autre pouraffecter les missions, et prendre des actions », pré-conise Hans Kourimsky, Directeur des ApplicationsSCM chez l’intégrateur Itelligence. ■

JEAN-LUC ROGNON

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L’ergonomie « terrain » du WMS en 4 mots clés

1Une cohérence qui facilite la vie

Au-delà de l’esthétique, les opérateurs doivent s’yretrouver plus rapidement entre les différentsmenus et les multiples fonctions. « Il est souhai-table d’avoir une cohérence et une certaine stan-dardisation dans la logique de validation etd’enchaînement des écrans, afin que les utilisa-teurs aient toujours la même approche pour accé-der aux différentes fonctionnalités, dans lesdifférents modules du WMS. Si ce n’est pas le cas,

cela peut être assez perturbant de devoir passerd’une manipulation de type glisser déposer, drag& drop dans une procédure d’inventaire à uneautre à base de touche clavier pour la réceptionpar exemple », note Agnès Vincendeau, Consul-tante senior chez Citwell. Les enchaînements defonctions doivent également pouvoir être facile-ment paramétrables dans le WMS pour s’adapterparfaitement à l’organisation.

2La simplicité pour aller à l’essentiel

Côté opérationnels, les menus doivent être sim-ples, intuitifs. C’est un gage de confort et de rapi-dité d’exécution. Cela n’empêche pas d’employerdifférents codes couleurs (pour désigner les com-mandes à préparer en mezzaninenpar exemple) ou d’employer destailles de polices différentes pourfaire ressortir tel ou tel paramètre.« Il est fondamental de s’assurerqu’on propose à l’opérateur surson écran toutes les informationsdont il a besoin et uniquementcelles-là. Il est par exemple inu-tile d’afficher tous les attributsd’un produit lors de la réception »,considère Gilles Fleury, Fondateurde la société de conseil Colise. L’écran du termi-nal RF ne doit surtout pas devenir un arc-en-cielou un sapin de Noël avec toutes les options et les

couleurs possibles. C’est au WMS de générer desécrans différents en fonction des profils et desniveaux de responsabilité.

3L’indication qui évite les erreurs

Outre le design graphique, l’utilisation de couleursou d’icônes, l’ergonomie peut également passerpar l’utilisation de photos dans le cas où certainsarticles risquent d’être confondus entre eux, oupar l’envoi d’informations, d’alertes ou d’instruc-tions contextuelles destinées à guider l’opérateur.« Nous avons pas mal développél’affichage d’instructions surl’écran, sous forme de pop-up,notamment en rangement, réap-provisionnement et préparation,pour les produits qui nécessitentune action particulière comme laprésence d’un certificat deconformité ou la présence d’unconnecteur », constate NicolasPouyadou , Président d’Itiz. Ilfaut également s’assurer que le WMS peut gérerfacilement le changement de nom de tel ou telparamètre à l’écran, remplacer cariste par prépara-teur, ou produit par article si besoin.

4L’information qui aide à comprendre

La « user friendly attitude », c’est aussi ne pasprendre l’opérateur pour un robot et l’aider àmieux faire son métier. Notamment dans la ges-

tion des exceptions. Rien n’interdit derendre compréhensibles les codes d’er-reurs, souvent abscons, tels que « erreur552 » en expliquant pourquoi le systèmerefuse de poursuivre la procédure. « Undes grands enjeux de l’ergonomie, c’estla vulgarisation technique. Le WMS doitêtre de plus en plus proche de l’opéra-teur, qui ne doit plus être obligé d’ap-peler le service de support pour savoir

pourquoi une commande a été rejetée », souligneJean-Pierre Gautier, Directeur des métiers d’Ac-sep. Si le WMS interdit de stocker à un emplace-ment, il serait mieux qu’il dise pourquoi :dépassement du poids supporté par les lisses,proximité de produits incompatibles du point devue sécurité, etc. Dans la version v7 de G-Stockd’Electroclass, le magasinier dispose par exempled’une remontée instantanée des erreurs de stocksans avoir à retourner à l’ordinateur pour effec-tuer des transferts, des réapprovisionnements etdes entrées/sorties. ■ JEAN-LUC ROGNON

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