SUPPLÉMENT - L’EXPRESS N°3378 DU 30 MARS … · et Malika Souyah pour la réalisation...

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FRÉDÉRIC COIGNOT ÉDITION SPÉCIALE RÉALISÉE PAR LES ÉTUDIANTS DE L’ESC DIJON Croce PIERRE Les secrets d’une star de YouTube par la crise Des centres commerciaux florissants Un centre-ville prospère PIERRE CROCE L’ENTRETIEN DIJON SUPPLÉMENT - L’EXPRESS N° 3378 DU 30 MARS AU 5 AVRIL 2016

Transcript of SUPPLÉMENT - L’EXPRESS N°3378 DU 30 MARS … · et Malika Souyah pour la réalisation...

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ÉDITION SPÉCIALE RÉALISÉE PAR LES ÉTUDIANTS DE L’ESC DIJON

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Les secrets d’une

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Une ville épargnée par la crise

Des centres commerciaux florissants

Un centre-ville prospère

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Le boom du commerce

L’ENTRETIEN

DIJON

S U P P L É M E N T - L’ E X P R ESS N ° 3378 D U 30 M A R S AU 5 AV R I L 20 1 6

NOUVEAU

D I J O N C I T É I N T E R N AT I O N A L E D E L A G A S T R O N O M I E E T D U V I N

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L’EXPRESS / 3Sommaire

N° 3378 / 30 mars 2016

MARCHÉD’ÉCHANGESQu’il est difficile de concevoir un journal, de choisir entre milleenvies, cent idées, dix Unes. Qu’il est difficile de participer à lavie d’une rédaction, de supporter les caractères et d’être singulieren restant ensemble. Qu’il est difficile d’affronter la vérité éco-nomique du terrain, de se battre pour décrocher une page depublicité et de se démultiplier pour vendre plus d’exemplaires.

Qu’il est passionnant de concevoir un journal, de dénicherun scoop, de trouver un titre qui sonne, une attaque qui percute,une chute qui épate. Qu’il est passionnant de participer à lavie d’une rédaction, d’animer des conférences endiablées, delivrer des disputes éditoriales sans fin. Qu’il est passionnantd’aborder tous les aspects de la vie d’un journal, de chasser lapage de pub et de ferrer le lecteur dans une vente à la criée.

Le défi M6L’Express Grandes Écoles, c’est une aventure com-plète et protéiforme, l’œuvre d’une équipe au service d’une idée.

A Dijon, les étudiants de l’ESC donnent tout son sens au motcommerce : ce qui relie les êtres au-delà de leurs échanges éco-nomiques. Ils dépeignent ainsi la nouvelle prospérité d’une citéqui restaure la tradition bourguignonne, adaptée au XXIe siècle.

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N° 3378 - Semaine du 30 mars au 5 avril 2016WWW.LEXPRESS.FR

de Christophe Barbier/

L’éditoChaque jour l’édito vidéo sur Lexpress.fr

ÉDITION SPÉCIALE Ce supplément de L’Express a été réalisé par les étudiants de l’ESC Dijon.

L’ÉQUIPECoordinatrice et trésorière : Amélie MammouRédaction : Pauline Cuby, Alexandre Mourier et François SivilayPhoto : Julie Le PagePublicité : Clara Duarte, Océane de la ForestDivonne et Leeana LancashirePromotion des ventes : Mathilde DumonetCommunity manager : Clara Valay

Toute l’équipe du supplémentL’ExpressDijon tient à remercier son parrain Tugdual Denis, Tony Douchet, Virginie Skrzyniarz, Bernard Vermot-Desroches,parrain promotion des ventes, Sébastien Dufour, parrain publicité, Alexandrine Bornier,coordinatrice école, et Stéphan Bourcieu. Merci aussi à tous nos partenaires ainsi qu’aux étudiants qui ont contribué à la vente du numéro. Et enfin, merci à Marie-Anne Feuillieet Malika Souyah pour la réalisation technique.

GROUPE ALTICE MEDIAPrésident-directeur général :Marc LauferDirecteur de la publication : François Dieulesaint, Christophe Barbier

L’EXPRESSDirecteur de la rédaction : Christophe BarbierEditeur délégué : Tristan ThomasRédaction en chef : Philippe BidalonParrain : Tugdual DenisRéalisation : Marie-Anne FeuillieSecrétaire de rédaction : Malika SouyahFabrication : Catherine PegonPublicité : Partenaire DéveloppementDélégué régional : Bernard Vermot-DesrochesDirection des ventes : Alexis BernardCoordination L’Express : Tony Douchet,Virginie Skrzyniarz

CPPAP n° 0313 c 82839 ; ISSN no 0014-5270

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ENTRETIEN Pierre Croce

EN COUVERTURE La crise ? Quelle crise ?

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avec

Retrouvez l’équipe sur http://defigrandesecoles.lexpress.fr/dijon

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L’entretien

Comment devient-on humoriste après des études à l’ESC Dijon?a Ça s’est passé au sein même de l’école de commerce !C’était ma première scène en tant qu’humoriste. J’ai faitla rencontre de Benjamin Demay, un étudiant de l’eSC,fondateur du Campus Comedy Tour à Dijon, un festivalqui fait tourner les comiques… dans les écoles de commerce!Parallèlement, j’ai découvert les sites comme Youtube. Jeme suis dit : « on peut y faire ce qu’on veut. » L’humoristemontpelliérain rémi Gaillard commençait à cartonner,j’ai eu envie de prendre ma part dans le monde viral desvidéos internet.

Être diplômé d’une école de commerce, c’est une force?a oui. Notre discipline a de plus en plus de talents. Pourfaire la différence, il faut savoir dégager des recettes et com-muniquer sur soi-même. Je crois que ce qui est importantc’est de créer, d’innover. C’est quelque chose que j’ai étudiéen école de commerce, notamment pendant mon MBA enCalifornie. J’avais un professeur qui demandait d’inventerchaque jour un PowerPoint : voilà quelque chose qui m’amarqué dans mon travail.

Comment vos proches ont réagi quand vous leuravez annoncé que vous vouliez faire de vos vidéoshumoristiques votre métier?a Ma famille n’a pas été surprise. elle connaissait monenvie. J’ai eu davantage de mal à assumer auprès de mesamis et de mes collègues de bureau. Je travaillais à l’époquechez Dailymotion, et je n’apparaissais pas dans mes premières

vidéos, qui se faisaient en voix off. Un collègue en a regardéune. il a trouvé ça marrant, puis m’a fait remarquer : « ondirait ta voix! » C’est comme ça que j’ai été démasqué…

Internet a la réputation d’être un milieu un peu violent… a Les internautes ne se rendent pas compte, mais dansleurs commentaires agressifs, ils parlent à de vraies per-sonnes. Avec certaines vidéos, il m’est arrivé de me faireinsulter pendant deux jours. Pour les mécontents, c’estgratuit, ça a duré dix secondes dans leur vie. Cela ne mechoquerait pas qu’il y ait un jour, au lycée, un cours d’édu-cation civique sur la manière de s’exprimer sur internet.

Quels sont les reproches qui peuvent vous êtrefaits?a il arrive auxYoutubeurs, comme moi, de mettre unemarque en valeur dans une vidéo. il faut bien gagner savie… Comme nous savons que nous allons nous faire cri-tiquer pour cela, on anticipe. en décembre dernier, parexemple, j’ai publié ma première vidéo avec du placementde produit et je me suis senti obligé de mettre un com-mentaire en précisant : « il y a un placement de produit,mais ne vous inquiétez pas ! C’est pour pouvoir racheterdu matériel, pour investir sur la chaîne, et merci à la marquequi a joué le jeu de ne pas trop relire mon texte. » Sanscet avertissement, la vidéo aurait été détestée, et auraitrécolté un maximum d’insultes. il faut de la transparence,de la proximité. il faut expliquer au public que gagner savie sur internet ne signifie pas forcément être un grandméchant cynique.

Pierre CroCe

« Je suis devenuadulte à Dijon »

A bientôt 30 ans, Pierre Croce appartient à la nouvelle génération des Youtubers. Propulséstar d’Internet en quelques années, l’ancien étudiant dijonnais nous livre les coulisses, pastoujours roses, de son métier.

Propos recueillis par Amélie Mammou et Alexandre Mourier

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L’EXPRESS / 5L’entretien

les stars du web ou de la scène… Pour l’instant,ils manquent de maturité, ils n’ont pas trouvé leurstyle, et ils n’ont pas eu le temps de préparer leurterrain. Ils sont obsédés par l’audience. La clef,c’est la patience.

Dans quelle ambiance évoluent les humoristes du web? a C’est plutôt sain et bon esprit. On est potes.Cela ne ressemble pas au show-business un peumalsain que l’on peut imaginer.

L’univers de l’humour est pourtant un milieu concurrentiel, où l’offre dépassela demande…a Oui, c’est très concurrentiel. Mais notre marchécroît largement, il y a de la place pour tout lemonde. Mine de rien, la concurrence aide beau-coup. De la même manière qu’un duo entre Na-tasha St-Pier et Pascal Obispo va contribuer àfaire connaître Natasha St-Pier, sur Internet, quandCyprien [un Youtubeur très populaire, NDLR.]fait apparaître dans l’une de ses vidéos un autreYoutubeur, cela l’aide énormément.

Vous avez commencé à monter sur scèneet à faire des vidéos en même temps. Vous considérez-vous plutôt comme un Youtubeur ou un artiste de stand-up?a Les deux. Le public m’identifie de plus en plusà un Youtubeur parce que c’est là que j’ai le plusde visibilité. La scène, j’en fais pourtant trois à cinqfois par semaine, j’y passe beaucoup de temps. Enrésumé, je suis perçu comme un Youtubeur qui faitde la scène tandis que je ressens plutôt l’inverse. Lemot Youtubeur étant à la mode, je ne peux échapperà cette hiérarchie entre mes deux métiers.

Où cherchez-vous votre inspiration? a Dans les choses du quotidien. Je les retiens in-consciemment. Si je devais me comparer à une ma-chine, je dirais qu’elles constituent ma base de don-nées. Par exemple, si je prends le thème « ce qu’onfait avec un portable entre les mains », plein depetits trucs me viennent à l’esprit, des choses quej’ai observées, consciemment ou inconsciemment.Avant, j’avais tendance à aller assez loin dans lerepérage : je rédigeais des notes, je posais des repères

sur les objets. Mais cela m’a fait perdre plus de temps qu’autrechose. Maintenant, je commence à avoir des automatismes.

Un humoriste redoute-t-il de ne pas faire rire?a Oui, sur scène comme en vidéo, c’est ma hantise. Unefois que l’on est identifié comme un personnage humoris-tique, on doit ça aux gens. La pression de faire rire est per-manente. J’ai connu deux très mauvaises expériences. Unepremière fois face à un public néerlandophone qui ne com-prenait pas le français… La seconde fois, c’était dans

Comment fait-on pour percer dans ce milieu quand on ne connaît personne? a Au début, c’est beaucoup d’écriture : produire et produireencore du contenu. L’erreur à ne pas faire consiste à vouloirêtre trop visible trop vite. Je reçois chaque jour des messagesde jeunes qui me demandent de les mettre en avant sur machaîne Internet, de partager leurs vidéos… Je regarde leurdocument et, très souvent, il y a beaucoup d’amateurismedans leur approche. Peut-être que dans deux ans, ils seront •••

YOUTUBEUR L’ex-étudiant de l’ESC Dijon a choisi la voie de l’humour sur le Net.

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un casino à Amnéville (Moselle). Ma famille,installée en Lorraine, avait fait le déplacement.Or il s’agissait d’une soirée privée pour les meil-leurs clients du casino. Des gens assez âgés. Unpublic trop décalé par rapport aux thèmes demon spectacle et à ma forme d’humour. J’avaisen face de moi des hommes et des femmes accrosaux jeux, pressés de retourner aux tables et auxmachines à sous. J’ai eu la mauvaise idée de fairemonter quelqu’un sur scène pour tenter de créerune interaction… une catastrophe! J’ai été dé-stabilisé, mais cela fait partie de l’expérience.Ce public, contrairement à ce qu’on pourraitcroire, était bien moins respectueux que celuid’une salle de banlieue.

Vous qui n’abordez jamais l’actualité,pourquoi avoir traité des attentats?a Les attentats touchaient vraiment tout lemonde, on ne pouvait pas passer à côté. Surtout :on ne pouvait pas enchaîner avec de l’humourtout de suite. Artistiquement, j’étais dans unephase où je n’avais pas envie d’écrire quelquechose de très drôle, alors j’ai essayé d’écrirequelque chose de touchant, qui parle des attentats.Cela ne dure que quelques secondes, et sur Fa-cebook, cela a plu.

Considérez-vous qu’il y a des limites à l’humoursur Internet?a Moi, je ne m’autocensure pas. Je pense être, dans magénération, l’un des plus libres dans les thèmes que j’aborde.Mais je ne cherche pas à provoquer des débats. Un ami aposté une vidéo sur les transsexuels, ignorant la polémiqueque cela engendrerait… Je n’ai pas envie de ça.

Quels souvenirs gardez-vous de vos annéesétudiantes ?a Mes premières années dijonnaises ne sont pas celles oùj’ai appris à séduire… Plus jeune, je souffrais beaucoup àl’oral. Quand je préparais des entretiens, j’étais vraiment nul!J’étais un élève qui a toujours eu du potentiel, mais déjà enclasse préparatoire, les profs me disaient : « Tu ne sais pas tevendre. » Ici, j’ai eu mon premier appartement tout seul justeà côté de l’ESC. Je suis devenu adulte à Dijon. J’avais ma voi-ture la semaine, du coup j’allais à des cours de théâtre d’improle jeudi soir, au cinéma à Quetigny. A l’époque, on faisait unpeu de musique avec mes potes. On organisait même desconcerts près du Chat noir. Moi, j’écrivais les textes, c’étaitde l’interprétation vocale. Qu’est-ce qu’on jouait mal! J’aivraiment profité de tous les aspects de la vie étudiante.

1986 Naissance en Lorraine, le 5 novembre. 2007 Intègre l’École supérieure de commerce de Dijon et obtient un MBA de laCalifornia State University. 2011 Fait la première partie du spectacle de Baptiste Lecaplain. 2012 Joue la première fois sonspectacle le PowerPoint Comedy au Sonart, un bar de Pigalle, à Paris. 2014 Participation à l’émission On n’demande qu’à en rire,sur France 2. 2015 Clôture le Festival de Montreux.

« Je suis perçu comme un Youtubeur qui fait de la scène tandis que je ressens plutôt l’inverse. »

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Pourquoi avez-vous quitté Dijon?a Parce que je veux faire carrière à Paris, en tout cas audébut. Même si, aujourd’hui, de nombreux créateurs devidéos ne vivent pas dans la capitale, et trouvent un avan-tage à être en province. Cela donne une autre dimensionà leurs productions. Quand c’est parisien, ça tourne tou-jours un peu autour des mêmes choses. Il y a plein degens qui sont célèbres justement parce qu’ils sont l’éten-dard d’une ville. A Lyon, il y a Enjoy Phoenix qui est laYoutubeuse la plus renommée en France. On commenceà avoir des gens connus qui génèrent une communautéparce qu’ils sont de cette ville-là. Par exemple les Lyonnaisvont aimer un peu plus cette fille-là parce qu’elle est deLyon. Et à Dijon, il n’y en a pas encore de Youtubeur re-connu, et ça, c’est intéressant.

Cette ville a-t-elle nourri votre inspiration?a Si je pense à ses bars, assurément… [Rires.] Plus sé-rieusement, Dijon m’évoque quelque chose de plus sin-gulier : la captation du spectacle de Pierre Desproges, àQuetigny. Desproges m’a beaucoup inspiré. J’ai été assezmarqué par ça. Je me suis dit : « C’est une scène sur laquelleje pourrais jouer un jour. » •

•••PROTÉIFORME Pierre Croce

se produit à la fois sur le Net et sur scène.

PIERRECROCE

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8/ En couverture

La crise?Quellecrise?

Fraichement promue capitale de la grande régionBourgogne-Franche Comté, Dijon connaît depuis ces dernières années un réel dynamisme. Un succès lié à son commerce qui lui donne incontestablement, chiffres à l’appui, les moyens de son ambition. De quoi battre en brèche quelques idées reçues.

Par Amélie Mammou et Alexandre Mourier.

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DESIGN Les GaleriesLafayette pendant lessoldes de janvier 2015.

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arfois, il faut accepter de changerpour refuser de mourir : en février der-nier, les nouveaux chantiers ont débutédans l’hyper-centre. Comme un recom-mencement auquel les riverains sontdésormais habitués, c’est maintenantau tour des rues Charrue et Piron dedevenir piétonnes. Preuve que Dijonvit depuis ces dernières années une vé-ritable mue. De profonds changementsurbains modifient clairementl’image de la cité bourgui-gnonne, revitalisant son cen-tre-ville. Ce renouvellementurbain qui la métamorphoserépond aux besoins des cita-dins et de leurs activités.

Dijon ne connaît pas lacrise. Une vision que certainsDijonnais ne partagent pas,ou ont encore du mal à per-cevoir. En atteste un com-merçant de la rue Musette,pour qui « il est évident quele commerce se meurt ».Nombreux sont les habitantsqui regrettent le temps où lesartères de leur ville étaient

irriguées de petits commerces, d’indé-pendants comme Au pauvre diable, de-venu depuis H & M.Une cité mercantilequi n’est plus d’actualité. Dijon auraitperdu son âme et le centre-ville serait«Den perte de vitesseD». Ce samedi de jan-vier de soldes, rue de la Liberté, Christelle,une passante, ne cache pas son inquié-tudeD: «DCela fait trente ans que je vis ici,nous avons vraiment l’impression quela ville se meurtDet ce n’est pas près des’arranger! »

1223 cellules commerciales

Loin de l’image morose qui lui colle àla peau, Dijon connaît actuellementune véritable dynamique commerciale.

La cité des Ducs fait même preuve d’ex-ception dans le paysage économiquefrançais. A l’heure où de nombreux ter-ritoires déplorent la désertification descentres-ville, la mort des commercesde proximité, la multiplication des zonescommerciales qui poussent dans la pé-riphérie, la ville a fait le pari d’une stra-tégie volontariste. Le maire (PS) Fran-çois Rebsamen a récemment demandéet obtenu du ministère de l’Economiele classement du centre-ville en zonetouristique internationale. Une mesureeffective depuis mars 2016. «DCela don-nera aux commerçants, conformémentaux règles du droit du travail, la possi-bilité d’ouvrir le dimanche en centre-

villeD», explique-t-il. Le commerce dijonnais se

porte bien, c’est un fait.L’agglomération comptepas moins de 1 223 «DcellulescommercialesD». Et le tauxde vacance, mesuré chaqueannée en février, ne cessede baisser. En 2014, seules89 boutiques étaient vides,soit 7,7 %, alors que ce chif-fre était de 8,5 % en 2010.Aujourd’hui, la moyennenationale est de 9 %. Untaux significatif de l’attrac-tivité de la ville. Si l’on com-pare avec d’autres agglomé-rations ayant une aire

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PNOSTALGIE L’enseigne Au pauvre diable, dans les années 1960.

SHOPPING H & M et la rue de la Liberté pendant les soldes en janvier 2016.

EMBLÉMATIQUE La place François Rude mêle cafés et boutiques.

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N° 3378 / 30 mars 2016

urbaine semblable, elle est mêmeincontestable. A Caen, par exemple,le taux de vacance en 2015 s’élevait à13,19 % d’après les chiffres de l’asso-ciation Les Vitrines de Caen. Dans uncontexte économique particulière-ment difficile, où la consommationdes ménages reste encore fragile pourle premier trimestre 2016, la fréquen-tation des boutiques durant le premierweek-end des soldes a pourtant aug-menté de 30 % ! Les Dijonnais sem-blent profiter du choix de l’offre pro-posée. Comme en témoigne la densitécommerciale de la ville : il y a au-jourd’hui près de 2 mètres carrés desurface commerciale par habitant.

Une ville du XXIe siècle

Rien ne laissait présager un tel succèsil y a quelques années. Depuis plus detrente ans, mécaniquement, l’offre decommerces en périphériedes villes ne cesse d’aug-menter alors que parallè-lement elle reste stable encentre-ville. « Ce phéno-mène structurel expliqued’une certaine manière lacrise de la ville française »,commente Samuel Cuzin,responsable du pôle per-formance commercial à laChambre de commerce etd’industrie de Bourgogne(CCi). La rénovation ducentre commercial de laToison D’or avait permisd’attirer de grands groupes

tels que Apple ou encore Primark.Cette rénovation incarnait une véri-table menace pour la survie du cen-tre-ville. Depuis cinq ans, le poids ducentre-ville dans le commerce de l’ag-glomération dijonnaise a diminué auprofit des zones commerciales de Qué-tigny et de la Toison d’or. Mais cetteconcurrence des pôles, tant redoutéedans un premier temps par les com-merçants eux-mêmes, n’a finalementpas existé. Au contraire, à en croire lestravaux de la CCi, Dijon semble avoirréussi à trouver un véritable équilibreet une certaine complémentarité entreces principaux pôles. La Toison d’orn’accueille pas moins de 7 millions devisiteurs chaque année et s’est spécia-lisée dans une offre d’équipements dela personne, tandis que Grand marchése consacre aux équipements de la mai-son. Le centre-ville arrive toujours à

se démarquer grâce à des facteurs enpartie interdépendants. C’est d’ailleursla raison pour laquelle les zones dechalandise ne sont pas du tout lesmêmes.

Dijon est la seule grande ville situéeentre Paris et Lyon, les deux villes lesplus dynamiques du territoire. Parconséquent, lorsque Grand marché at-tire une clientèle venue de l’Est à tra-vers la Franche-Comté, la Toison d’orrecrute ses clients jusqu’en Suisse. Dou-blement classé au Patrimoine del’Unesco, l’hyper-centre accueille denombreux touristes internationauxchaque jour, d’où la complémentaritéavec la Toison d’or.

Une CCI très active

Par ailleurs, les transformations lourdesque la ville connaît depuis près de dixans avec l’aménagement du tramway

notamment, ont permis dela rendre plus dynamiqueet agréable. Les travaux me-nés par la municipalitécontribuent à faire de Dijonl’incarnation de la ville duxxie siècle. Le tramway estsans aucun doute le traitd’union entre les com-merces de proximité et lesDijonnais.

La question de l’accessi-bilité est centrale. D’unepart parce que ce nouveaumode de transport relie lestrois grands pôles dijonnais,mais aussi parce qu’il a

En couverture/La crise ? Quelle crise?M

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CONNECTION Depuis l’arrivée du tramway, la Toison d’or est facilement acccessible.

PIÉTONNE La rue de la Liberté, plus grande zone commmerciale à ciel ouvert de Bourgogne.

RENOUVEAU Tout Dijon était présent pour redécouvrir la Toison d’or lors de l’inauguration en 2013

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L’EXPRESS / 13

N° 3378 / 30 mars 2016

changé la donne au niveaudu centre. La diversitécommerciale se traduit parla satisfaction des diffé-rentes couches de la popu-lation. Si la triade Darcy-place Saint-Bernard-ruede la Liberté rythme la vieéconomique de la ville,certaines autres rues ontdésormais une fréquenta-tion bien définie. Ainsi, larue des Forges compte desenseignes du secteur duluxe. La boutique Hermèsde la place Grangier, pré-sente dans la ville depuisdes décennies, est mêmeen cours d’agrandisse-ment, les commercess’adaptant à tous les budgets.

De la même façon, la ville résiste bienà l’émergence du e-commerce grâce autravail de la CCI. L’institution aide lesboutiques indépendantes à se moder-niser dans un processus d’accompagne-ment, afin qu’elles puissent faire faceaux concurrents. Dans d’autres villes,

l’émergence du commerce sur Internetest responsable parfois de la fermeturede 40% des boutiques. A Dijon, ce n’estpas le cas. Comment expliquer cette spé-cificité? Les causes sont multiples, et laréponse est notamment citoyenne. Endécembre 2012 naît Shop in Dijon, unefédération de commerçants et d’artisans.

L’association loi 1901 résultedu conglomérat de 10 pe-tites associations de quartierqui durant près de dix ansont cherché à se fédérer. Au-jourd’hui, Shop in Dijoncompte environ 400 adhé-rents répartis entre les dif-férents pôles de l’agglomé-ration dijonnaise (centre-ville, Toison d’or, galeriesmarchandes…). La struc-ture située place Grangiera une importance capitale.Elle réussit à jouer le rôled’entremetteur avec les po-tentielles enseignes intéres-sées. Ainsi, Shop In Dijonparticipe à de nombreux sa-lons parisiens, «Apour vendre

les atouts de la villeA». N’hésitant pas àmettre en exergue tous les attraits de laville pour séduire. Mais ce travail s’ef-fectue également en collaboration avecla CCI qui ne cesse de chercher les sur-faces susceptibles d’accueillir de nou-velles boutiques. «ALa CCI a un rôleproactif. De nombreuses marques sontprêtes à venir mais il faut les accompa-gner. Or les espaces commerciaux envilles sont rares», analyse Samuel Cuzin,responsable du pôle performance com-merciale à la CCI.

La Cité internationale de la gastronomieD’une certaine manière, l’exception di-jonnaise résulte tant des atouts histo-riques de la ville que de la concertationde tous les partenaires sociaux. Le pav-lovisme a cédé la place à un pragmatismeque bien d’autres villes ont du mal à met-tre en place. Sur la question par exempledes ouvertures le dimanche, aprèsconcertation avec les différents acteursà l’initiative de la CCI, dont le vice-pré-sident, Daniel Exartier (également di-rigeant du magasin Chaussures Robust),ce sont finalement quatre dimanchesqui seront ouverts (seuls la CGT et leMedef n’ont pas signé l’accord). La dé-cision semble faire consensus, paraissantautant appropriée aux grandes qu’auxpetites enseignes.

La cité bourguignonne ne peut secontenter de ces résultats encourageants.Elle doit également continuer à pro-mouvoir, comme elle le fait déjà, la

1895. Arrivée du tramway

électrique à Dijon, qui compte

alors quatre lignes et s’étend

sur 11 kilomètres.

1901. Fusion des maisons Mulot

et Petitjean, grandes familles de

fabricants dijonnais de pain d’épices.

1990. Inauguration de la Toison d’or.

2011 – 2013. Piétonisation des

artères principales du centre-ville

(rue de la Liberté, rue des Godrans).

2012. Arrivée du tram tel qu’on

le connaît actuellement (lignes T1

et T2).

Décembre 2012. Naissance de Shop

in Dijon, fédération des associations

commerçantes du centre-ville.

2013. Rénovation et extension

de la Toison d’or.

Février 2014. Inauguration

de l’enseigne irlandaise Primark.

Mars 2016. Reprise des travaux

de piétonisation du centre-ville

(rues Piron et Charrue.)

CES ANNÉES QUI ONT CHANGÉ DIJON

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AUJOURD’HUI Place Darcy, le tramway flambant neuf.

AUTREFOIS Le tramway rue de la Liberté au siècle dernier.

INCONTOURNABLE La rue Musette vit au rythme du commerce.

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14 / En couverture/La crise ? Quelle crise?

N° 3378 / 30 mars 2016

notoriété de la ville qui reste par-fois encore trop méconnue. L’investis-sement public y contribue comme entémoigne le lancement du projet d’en-vergure de la Cité internationale de lagastronomie, symbole de la commu-nauté urbaine en mouvement. Quelque26000 mètres carrés seront dédiés à lagastronomie française, un projet assu-rément et indirectement bénéfique àl’économie locale puisque FrançoisRebsamen espère une fréquentationde 1 million de touristes en moyennechaque année, à l’horizon 2019. Le com-merce d’une ville s’appuie sur ce typede locomotive ainsi que sur desmarques fortes. Starbucks ou encoreBurger King sont en pleine prospec-tion : les défis à relever restent encorenombreux dans la cité des Ducs. La dy-namique est bien réelle, mais elle n’enest peut-être qu’à ses débuts. Las, lepouvoir d’achat des Dijonnais n’est pasextensible à l’infini : trop de commercestue le commerce. •

A. Mammou et A. Mourier

Quel regard portez-vous sur la situation

économique, et en particulier

sur le commerce de centre-ville ?

Le commerce de centre-ville à Dijon se porte

plutôt bien, mais il est confronté à un certain

nombre de difficultés : le coût moyen des loyers,

Internet, et le fait d’avoir beaucoup de

commerces indépendants, ce qui rend difficile

un travail de groupe. Or ceux qui sont ici depuis

longtemps ne font pas forcément les efforts

nécessaires concernant une ouverture tardive,

ou à l’heure du déjeuner. Certains ne participent

pas aux dimanches des soldes. Mais ce qui fait

le bon classement du commerce de centre-ville,

ce sont les aménagements du cœur de ville.

Et la renommée internationale de Dijon est très

importante. 2015 a été l’année où le tourisme a

augmenté, avec un tourisme asiatique qui s’est

fortement développé et qui va continuer dans ce

sens. Pour le moment les avantages l’emportent.

Selon vous, peut-on parler d’une « exception

dijonnaise » ?

Je pense qu’il y a une conjonction de facteurs positifs. C’est en

partie le fait de l’action de la municipalité, mais aussi de facteurs

sur lesquels l’on ne peut pas grand-chose. Comme la beauté du

centre-ville, le classement de sa zone sauvegardée… C’est aussi le

fait de faire vivre ces vieilles pierres, avec l’explosion incroyable

du nombre de terrasses dans le centre historique.

Mais il manque encore des choses. Comme la

possibilité de prendre des brunchs le dimanche

en centre-ville. Par ailleurs, les Halles ne sont pas

assez attractives le dimanche, il faudrait trouver

un autre marché.

Aujourd’hui, certains Dijonnais ont l’image

d’un centre en perte de vitesse. Comment

l’expliquez-vous ?

Il y a une bourgeoisie conservatrice composée

de ce que l’on appelle « les vieilles familles

dijonnaises ». Une population réactionnaire au

sens où elle ne veut pas le changement. Ils sont en

réaction sur tout ce qui peut bouger, même enlever

des pavés. Je regrette que la droite dijonnaise ne

nous accompagne pas dans le mouvement. Une

ville, c’est un changement perpétuel. L’autre attrait

de la Cité Gastronomie, c’est aussi la construction

d’un immense complexe cinématographique.

Pourquoi ce projet-là à Dijon ? Dijon a beaucoup de

salles de cinéma. La ville est sans cesse menacée

par des complexes cinématographiques

de périphérie. Ce que je propose, c’est de regrouper en centre-ville

les cinémas déjà existants. On aurait une vraie qualité de films d’art

et d’essai avec L’Eldorado et le Devosge. Cela permettrait de nous

protéger de l’ouverture de complexes qu’on me propose chaque

année du côté de la Toison d’or, par exemple. • A. Mourier

ENTRETIEN AVEC FRANCOIS REBSAMEN, MAIRE (PS) DE DIJON « JE REGRETTE QUE LA DROITE NE NOUS ACCOMPAGNE PAS… »

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CENTRALE La place de la Libération, artère prisée des Dijonnais.

François Rebsamen.

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