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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département de Géographie
Mémoire de MASTER II en
Aménagement du Territoire Décentralisation et Développement Local
Présenté par :
Mouhamed SECK
Sous la direction de:
Dr Amadou DIOP, Professeur à l’UCAD
Sujet : Le centre municipal de formation
professionnelle(CEMFOP) de la ville de Guédiawaye :
un exemple de gouvernance locale participative ?
Année académique 2013 2014
2
Table des matières
Liste des sigles et acronymes ................................................................................................... 4
Avant Propos et Remerciement ............................................................................................. 5
INTRODUCTION GENERALE .................................................................... 7
CONTEXTE GENERAL ................................................................................... 7
PROBLEMATIQUE .......................................................................................... 9
JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE ....................................................... 10
DELIMITATION DU CHAMP D INVESTIGATION ................................... 11
OBJECTIFS ..................................................................................................... 11
PREMIERE PARTIE : CADRE OPERATOIRE ET
METHODOLOGIE ............................................................................................................. 13
CHAPITRE 1 : CADRE OPERATOIRE ....................................................................... 13
Gouvernance locale : un concept polysémique et complexe ......................................................... 13
Le principe de participation sans exclusive ................................................................................... 18
Chapitre2 : Approche méthodologique ........................................................................... 20
I. La recherche documentaire.................................................................................................... 20
II. Les enquêtes de terrain ........................................................................... 20
III. Analyse et traitement des données .......................................................... 21
IV. Difficultés ............................................................................................... 21
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA LOCALITE .. 23
I. Le cadre physique ...................................................................................... 23
A. Localisation ......................................................................................................................... 23
II. HISTORIQUE ........................................................................................ 25
A. Une première phase : fin des années 60................................................................................... 25
B. Une deuxième vague de déguerpis pendant les années 70....................................................... 26
C. Une troisième phase au début des années 80 ............................................................................ 27
III. LES RESSOURCES HUMAINES ......................................................... 28
A. Une évolution démographique spectaculaire ......................................................................... 28
B. les caractéristiques de la population : ............................................................................ 29
IV. CADRE ET QUALITE DE VIE ................................................................ 31
A. Typologie de l’habitat : ..................................................................................................... 31
3
B. Typologie selon le niveau d’instruction :.......................................................................... 33
C. Cadre de vie et niveau d’équipement : ...................................................................................... 33
V. ECONOMIE ........................................................................................... 35
A. Une économie fortement dépendante .................................................................................. 35
B. Les activités urbaines : ...................................................................................................... 35
VI. LES INFRASTRUCTURES ...................................................................... 37
A. Les infrastructures routières : ........................................................................................... 37
B. L’assainissement : ............................................................................................................. 38
TROISIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ... 39
I. Le centre municipal de formation professionnelle .................................... 39
II. La participation des populations : un impératif pour la réussite du projet
42
III. L’offre de formation doit répondre à la fois aux besoins exprimés par les
jeunes et à la demande du marché pour maximiser l’employabilité des jeunes.
45
IV. Quelques pistes de solutions ................................................................... 47
CONCLUSION ................................................................................................ 48
Références bibliographiques ............................................................................ 50
Annexes ............................................................................................................................................. 52
4
Liste des sigles et acronymes ADM : Agence de Développement Municipal
ANEJ : Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes
ATDDL : Aménagement du Territoire Décentralisation et Développement Local
BAD : Banque Africaine de Développement
BDL : Bureau de Développement Local
BM : Banque Mondiale
BNDE : Banque Nationale pour le Développement Economique
CA : Commune d’Arrondissement
CEM FOP : Centre Municipal de Formation Professionnelle
DPS : Direction de la Prévision et de la Statistique
FMI : Fonds Monétaire International
GAR : Gestion Axée sur les Résultats
HLM : Habitats à Loyer Modérés
NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
OCB : Organisation Communautaire de Base
OFEJBAN : Office pour l’Emploi des Jeunes de la Banlieue
ONG : Organisme Non Gouvernemental
PAC : Programme d’Appui aux Communes
PAPEJF : Projet d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes et des Femmes
PAS : Politiques d’Ajustement Structurel
PELT : Programme Eau Long Terme
PT : Parti des Travailleurs
SICAP : Société Immobilière du Cap Vert
SNDES : Stratégie Nationale de Développement Economique et Social
TER : Travail d’Etudes et de Recherches
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
5
Avant Propos et Remerciement Ce TER (Travail d’Etudes et de Recherches) est intégré dans le programme du Master2
ATDDL (Aménagement du Territoire Décentralisation et Développement Local) de l’UCAD.
Il s’inscrit dans la thématique générale de la gouvernance locale. En effet le Sénégal connait
une longue tradition en matière de décentralisation. Deux grandes phases méritent d’être
retenues aux yeux de certains spécialistes : il s’agit de l’acte1 1972 avec la création des CR
(Communautés Rurales) et de 1996 avec la régionalisation. Aujourd’hui l’acte3 est entrain
d’être mis en œuvre par les autorités. Cette décentralisation constitue un transfert de
compétences des autorités étatiques vers les gouvernements locaux afin de régler les
problèmes au niveau où ils se posent et de rapprocher les gouvernants des gouvernés.
Ce présent travail traite des questions de gouvernance locale et de participation des
populations dans l’élaboration des politiques publiques à travers le CEMFOP (Centre de
Formation Professionnelle) de la ville de Guédiawaye. Il trouve son importance dans l’intérêt
que suscite aujourd’hui la territorialisation des politiques publiques ainsi que la pertinence des
échelles de gouvernance qui constituent l’un des trois (3) axes majeurs de l’acte3 de la
décentralisation au Sénégal. Il s’inscrit également dans le cadre de la prise en charge des
compétences transférées (9 domaines) dont la jeunesse, l’éducation et la formation
professionnelle. En sus, cette étude s’inscrit en droite ligne dans le cadre des objectifs du
master ATDDL qui constitue une référence en matière de décentralisation et de
développement local entre autres domaines. En outre, la collectivité locale de Guédiawaye
malgré un budget important (le troisième au Sénégal) reste confrontée à un taux de chômage
élevé, à une déperdition scolaire importante et à un fort taux de jeunesse de sa population.
Toutes ces raisons justifient l’intérêt de ce travail de recherche qui se veut d’analyser sous
l’angle de la gouvernance locale participative le CEMFOP. Ce TER constitue donc une sorte
d’évaluation in itinere (chemin faisant) du CEMFOP ; ce qui est un axe majeur pour la GAR
(Gestion Axée sur les Résultats).
Outre l’introduction générale qui permet de revenir sur le contexte général du sujet avant de
le problématiser et d’expliciter en détails les raisons qui le justifient, ce travail comporte trois
(3) parties.
6
La première est composée de deux (2) chapitres qui auront pour but d’expliciter les concepts
clé et la méthodologie.
Dans la deuxième partie nous ferons la présentation de la zone d’étude.
La dernière partie sera consacrée à la présentation des résultats.
Toutefois, ce modeste travail ne saurait être accompli sans l’aide et le soutien de certaines
personnes. Ainsi, nos remerciements vont :
A l’endroit du Professeur Amadou DIOP qui a accepté de chapeauter ce travail malgré
son emploi du temps très chargé.
Aux étudiants du MASTER pour leur collaboration.
A Toute l’équipe de la Municipalité de GUEDIAWAYE particulièrement à Mme BA
Habibatou WANE pour sa disponibilité.
à Mr SECK, adjoint au maire pour ses éclaircissements.
et à Messieurs NIASSE et MBAYE respectivement directeur de la plateforme
municipale et responsable du CEMFOP pour la richesse de leurs informations.
A Awa DIANE pour la conception cartographique et les suggestions.
A toute ma famille particulièrement à Mme THIAW Fatou Kiné SECK pour son
soutien moral et affectif
Si quelqu’un trouve un quelconque mérite à ce travail qu’il sache que c’est grâce à ces
personnes précitées tandis que je serai le seul à me blâmer pour ses imperfections.
7
INTRODUCTION GENERALE
CONTEXTE GENERAL
Depuis plus deux décennies, le rôle prépondérant de régulateurs joué par les États est
largement remis en cause : d’en haut par la mondialisation des échanges, de l’information et
des déséquilibres écologiques ; d’en bas par la montée des aspirations à plus d’autonomie
(Groupe de Vézelay, 1993)1. C’est dans ce sens que, plusieurs auteurs et organisations
internationales insistent sur le rôle crucial des collectivités locales et la participation du public
dans le processus du développement durable et dans les prises de décisions qui affectent
l’environnement et leur qualité de vie
En Afrique au sud du Sahara, les premières tentatives de régulation étatique et de construction
du développement économique et social initiées dès l’indépendance se sont traduites par des
échecs bouleversants ayant conduit à une série de réformes socio-économiques complexes.
Ainsi, le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, va subir les politiques
d’ajustement structurels (P.A.S) imposées par les bailleurs de fonds (FMI, Banque mondiale)
au début des années 1980. La mise en œuvre de ces politiques aura de graves conséquences
sur la situation économique du pays puisqu’elle a mis certaines populations dans des
conditions précaires, les obligeant à déployées d’autres stratégies de survie.
Parallèlement, l’Etat du Sénégal engage, sur le plan institutionnel et réglementaire des
réformes majeures que sont les actes 1 et 2 de la décentralisation respectivement en 1972 et
1996 afin de promouvoir le territoire comme cadre pertinent de développement. Cependant la
réalité sur le terrain a fini de montrer que les efforts importants consentis sur les plans
institutionnel, réglementaire et politique sont loin de se traduire en actes concrets. Cela est
d’autant vrai que les réformes n’ont pas permis de booster le développement socio-
économique, ni de faire émerger des régions fortes pouvant atténuer les disparités spatiales.
Pour palier à ces insuffisances l’acte3 de la décentralisation est entrain d’être élaboré par le
nouveau régime.
Les choix politico-économiques pris aussi bien au niveau national qu’international accordent
désormais plus de place à l’autogestion, l’autopromotion, aux initiatives endogènes et privés,
1 AYEVA T. 2003. Gouvernance locale et renforcement des capacités : quelques pistes de réflexion pour un
développement territorial durable des collectivités locales ; rapport de recherche CRDT (Centre de Recherche pour le Développement Territorial), Rimouski, 49p
8
à la participation des citoyens dans la gestion des affaires publiques. Cependant, constatons
que malgré les invocations faites ça et là pour assurer une plus large participation des acteurs
sociaux à la gestion des intérêts publics, dans les faits, l’implication des populations dans
l’ensemble du processus de développement reste peu réel.
Comment parvenir à des choix sociaux et économiques éclairés et mieux partagés, qui
tiennent compte des opportunités économiques, des capacités des écosystèmes et des attentes
sociales de chacune des collectivités locales? Même s’il n’y a pas de réponse unique et
unanime à ces questions, le chapitre 28 d’Agenda 21 est, on ne peut plus, clair : « il faudrait
que toutes les collectivités locales instaurent un dialogue avec les habitants, les organisations
locales et les entreprises privées afin d’adopter un Programme d’action 21 à l’échelon de la
collectivité »
Pa conséquence, la participation du public est une stratégie centrale d’apprentissage collectif
visant à accroître les capacités de développement des communautés. Si cet objectif semble
simple, la méthode pour l’atteindre est à inventer : la gouvernance (Brodhag, 2002 : 48).
Comme processus de décision collectif se caractérisant par la participation, la transparence et
la responsabilité, la gouvernance locale encourage la négociation entre les différentes parties
intéressées. Dans son exercice, les collectivités territoriales, municipalités en tête, ont un rôle
fondamental à jouer. En outre, en gardant un rôle essentiel, les élus et les leaders locaux
doivent contribuer à animer la dynamique en s’appuyant sur des mécanismes permettant de
dégager des consensus ou des contrats collectifs sur des objectifs de développement territorial
durable retenus par l’ensemble de la communauté.
La ville de Guédiewaye (Sénégal) à travers son centre municipal de formation professionnelle
(CEMFOP) cherche à améliorer les conditions de vie des jeunes grâce à la formation et à
l’accompagnement pour leur insertion professionnelle. D’autres structures comme
l’OFEJBAN (Office pour l’Emploi des Jeunes de la Banlieue) mettent en place des stratégies
pour réduire le chômage élevé dans la banlieue dakaroise et particulièrement à Guédiawaye.
Le centre de formation devrait constituer un cadre de la promotion et de la consolidation de la
gouvernance locale participative et de prise en charge des compétences transférées.
9
PROBLEMATIQUE
La gouvernance en Afrique exige des transformations, des attitudes et des aptitudes des
acteurs, pour que les processus de décision dans la gestion publique deviennent au fur et à
mesure l’affaire de tous et non plus des seules autorités publiques. Dans ces conditions, on
retrouve plusieurs formes d’action dont le renforcement du rôle de la société civile et des
collectivités locales dans le développement, le renforcement durable des capacités
(notamment le renforcement des capacités des femmes et des jeunes)
Constatons aussi que si le principe de gouvernance est désormais accepté par tous, aucun
consensus ne s’est encore dégagé sur le meilleur moyen de l’instituer dans toute l’Afrique. La
plupart des Etats concernés se sont plus ou moins récemment engagés les uns après les autres,
dans des processus de décentralisation politique, administrative et fiscale. Ce mouvement de
décentralisation s’explique par un besoin de rapprochement entre l’État et le citoyen, pour
mieux enraciner la démocratie locale et pouvoir lutter plus efficacement contre la pauvreté et
la promotion du développement d’une économie locale.
Au Sénégal, la gouvernance a connu des évolutions notables. D’abord, une évolution politique
et administrative, avec la décentralisation et le besoin de créer des collectivités locales
dirigées par des élus locaux. Ainsi, pour les administrateurs du pays, la gouvernance locale est
nécessaire au processus d’évolution national comme local, elle représente une politique qui
doit aller de l’avant et se bonifier avec l’expérience et le temps. Cette politique ne peut être
effective qu’avec une transparence des activités de l’Etat, la participation de tous les acteurs
sociaux à la prise de décisions et un esprit de citoyenneté nationale. Ce processus a été
développé à travers les réformes constitutionnelles et administratives de 2001.
En outre, l’Article 3 du code des collectivités locales stipule que : « Les collectivités locales
ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de
développement économique, éducatif, social et culture d'intérêt régional, communal ou
rural. »2
Elles associent en partenariat, le cas échéant, à la réalisation des projets de développement
économique, éducatif, social et culturel, les mouvements associatifs et les groupements à
caractère communautaire.
2 Code des collectivités locales du Sénégal 1997
10
JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE
Cette étude trouve sa justification dans le rôle grandissant que connait aujourd’hui les
questions de gouvernance locales et de participation des populations dans les processus de
développement de leur milieu tant au niveau international que national. Sur le plan
international, depuis 1989, le budget participatif apparu à Porto Alegre au Brésil constitue un
exemple pour des centaines de pays dans tous les continents du monde. En 1988, le Parti des
travailleurs (PT) gagne les élections municipales de Porto Alegre, ville brésilienne d'un
million et demi d'habitants. Dans un contexte financier et politique difficile, la nouvelle
municipalité va alors inventer, à partir de 1989, une nouvelle façon de déterminer les priorités
budgétaires en associant les citoyens à leur définition : c’est le budget participatif. Les
habitants sont invités à se réunir par quartier pour définir ce qu'ils considèrent comme les
projets prioritaires à financer puis élisent des délégués qui siègent au Conseil du Budget
Participatif (réuni une fois par mois) pour finaliser la synthèse des propositions et négocier
avec l'administration municipale. L'expérience est un succès et les classes populaires se
mobilisent pour faire valoir leurs voix. La participation s'accroît d'année en année et de
nombreuses municipalités brésiliennes puis latino-américaines s'en inspirent. Le Budget
Participatif modèle « Porto Alegre » est un instrument de redistribution ainsi que, dans le
contexte latino-américain, de lutte contre le clientélisme et la corruption. À partir des années
2000, on assiste à ce qu'Yves Sintomer3 appelle « le retour des caravelles » : l'Europe s'inspire
elle aussi de ce nouvel outil de participation venu d'outre-Atlantique. Portugal, Pays-Bas,
Espagne, Italie, Allemagne, Finlande, Grande-Bretagne, Pologne, France...des collectivités de
toute l'Europe adaptent la méthode à leur contexte institutionnel afin d'assurer une meilleure
dépense des recettes fiscales et d'accompagner la modernisation des services publics. En
Afrique, le budget participatif attire depuis 2000 de plus en plus l’attention des
gouvernements, de la société civile et des organismes de développement international qui y
voient une plateforme novatrice permettant aux collectivités territoriales une meilleure prise
en charge des OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) et aux citoyens de se
faire entendre dans l’élaboration des budgets et la gestion des ressources et services publics.
Sur le plan national, elle coïncide également avec la réforme phare de l’acte 3 de la
décentralisation qui veut une territorialisation des politiques publiques au Sénégal pour une
plus grande efficience de l’action des autorités décentralisées. Cette réforme s’articule autour
3 Source : http://fr.wikipédia.org: définition de la démocratie participative
11
de trois axes dont l’un est intitulé : « échelle de gouvernance ». C’est donc dire que la
question de la gouvernance est plus que jamais au cœur de l’actualité.
En fin cette étude s’inscrit dans le cadre du curricula du Master ATDDL (Aménagement du
territoire Décentralisation et Développement Local) qui se veut une vitrine dans les questions
de la décentralisation en Afrique en général et au Sénégal en particulier mais aussi, elle
répond à un des piliers fondamentaux de la GAR (Gestion Axée sur les Résultats) en ce sens
qu’elle constitue une évaluation in itinere (chemin faisant) du CEMFOP.
Ainsi les questions se posent quand au rôle et la part que joue le centre de formation et
d’insertion de la ville de Guédiawaye. En d’autres termes est ce que la mise en place du CEM
FOP répond aux critères de la gouvernance participative ? Est-ce que les populations (jeunes)
ont été associées dans la mise en œuvre du projet et jusqu’à quel niveau ils ont été impliqués ?
Est-ce que le programme de formation répond aux besoins exprimés par les jeunes ?
Enfin existe des débouchées pour ces jeunes à la fin de leur formation ?
DELIMITATION DU CHAMP D INVESTIGATION
Le champ de l’étude peut être délimité dans le temps et dans l’espace. Elle intègre les
différents paramètres qui régissent le fonctionnement de l’espace étudié.
Dans le temps il s’agit de faire une analyse du rôle du centre de formation et d’insertion
avant, pendant et depuis sa création.
Dans l’espace l’échelle infra-locale est reconnue comme l’échelle pertinente pour
l’épanouissement d’une démocratie participative et l’on observe une quête d’efficacité par la
territorialisation des politiques publiques.
Cette étude comprend un objectif général scindé en des objectifs spécifiques.
OBJECTIFS
Notre TER se fixe comme objectif général d’analyser le niveau d’implication des jeunes ainsi
que l’adéquation de l’offre de formation par rapport à leur demande.
Objectifs spécifiques :
Analyser le degré d’implication des populations (les jeunes) concernées par le projet
Evaluer l’offre de formation par rapport aux besoins exprimés par les jeunes
Mesurer le taux d’insertion des jeunes après leur formation
12
Pour atteindre ces objectifs, nous avons posé deux hypothèses.
H1 :l’implication des jeunes durant tout le long du processus est une nécessité pour garantir
une efficience des politiques publiques municipales
H2 :l’offre de formation doit répondre à la fois aux besoins exprimés par les jeunes et à la
demande du marché pour maximiser l’employabilité des jeunes (efficacité).
13
PREMIERE PARTIE : CADRE OPERATOIRE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 1 : CADRE OPERATOIRE
Le cadre opératoire correspond à l’analyse et à l’opérationnalisation des concepts. Les
concepts détiennent un intérêt particulier dans la mesure où ils contribuent à forger un langage
spécifique, une grammaire propre à la discipline permettant la compréhension des idées et
d'éviter les ambiguïtés et le flou qui entravent le progrès. Ces concepts permettent des
définitions claires qu'il s'agisse de concepts, de notions ou de simples termes utilisés. Chaque
mot cache tout un discours, des idées loin d'être univoques qu'il convient de fixer et de
préciser même en cas de différence ou de polysémie. Le concept est une représentation
mentale et abstraite, il est une reconstruction analytique du monde qui a un sens dans le cadre
d'une problématique. La géographie, s'est dotée d'un ensemble de concepts qui lui permettent
de comprendre et d'analyser le monde, le réel, l'espace et sa pratique. On retrouve dans ce
TER des concepts comme :
Gouvernance locale : un concept polysémique et complexe
La notion de gouvernance est à la fois complexe, polysémique, multidimensionnelle et
pluridisciplinaire. Selon le commissaire européen Louis MICHEL4, pour qualifier la
gouvernance de manière simple on peut la contenir dans l’idée de «juste Etat», c’est-à-dire un
Etat à la fois garant de la démocratie et des droits citoyens. Le développement, la réduction de
la pauvreté, la sécurité pour tous et la stabilité, dépendent, en effet, dans une très large
mesure, d’Etats capables de s’acquitter de leurs obligations publiques essentielles telles que,
assurer l’accès à la santé, à l’éducation, à la justice et à l’administration, promouvoir et
protéger les droits de la personne et des libertés fondamentales, ainsi que gérer les richesses
de manière responsable et impartiale, afin d’assurer leur redistribution équitable.
La définition de la gouvernance locale part de la notion de proximité qui met en relation les
gouvernants et les gouvernés mais surtout la capacité des derniers d’avoir un regard critique
sur le mode de gestion des premiers. Cette approche a conduit à une étroite inclusion de la
gouvernance locale dans les approches de développement durable.
4 Monsieur Louis MICHEL commissaire européen en charge des relations avec les pays Afrique, Caraïbes et
Pacifique (ACP) et de l’aide au développement et l’aide humanitaire.
14
Les concepts de "gouvernance" et de "bonne gouvernance" sont difficiles à cerner en raison
du caractère fluctuant de leur contenu. La gouvernance locale apparaît comme étant un
concept multidimensionnel qui intègre à la fois les préoccupations d'ordre politique,
idéologique, économique, social, culturel et éthique. Sans qu'il soit besoin de s'appesantir sur
sa définition terminologique, il faut savoir qu'elle s'apprécie à l'analyse d'un certain nombre
d'éléments dont les principaux peuvent être regroupés en cinq
(5) catégories, à savoir:
la nature du régime politique et la manière dont l'autorité s'exerce dans la société;
La capacité des gouvernements et des administrations publiques à exercer leurs
fonctions de façon effective, efficace, efficiente si possible, ainsi que la qualité de
leurs prestations. Cette qualité est généralement appréciée à travers la conception, la
formulation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques et programmes ;
Les voies, moyens, mécanismes et processus à travers lesquels l'autorité de l'Etat
s'exerce dans tous les domaines au niveau local, ainsi que le degré d'implication et
de responsabilisation des citoyens;
la qualité de la gestion des affaires publiques, directement ou indirectement, ainsi
que celle des instruments de régulation et de leur mise en pratique;
la place et le rôle du secteur privé, de la société civile et des citoyens des deux sexes.
C'est donc, un concept englobant, fluide, dynamique. Outre la manière d'organiser l'exercice
de l'autorité comme signalé ci-dessus, ce sont les processus décisionnels, les interrelations
entre les différents partenaires, les mécanismes de négociations et de défense des divers
intérêts, les voies et moyens utilisés pour l'accomplissement du bien commun, ainsi que la
place et le rôle de la personne humaine dans tout le processus qui fournissent les indications
les plus significatives pour le qualifier.
Jacques Chevalier (2003)5 dans un article où il interroge le concept de gouvernance pense que
si la gouvernance locale a pu s’imposer actuellement c’est parce qu’elle apparaît comme une
méthode pour la transformation de l’architecture étatique. Ainsi, l’Etat pour mieux faire face
à la diversité des problèmes est obligé de se fragmenter pour être en adéquation avec les
besoins des acteurs sociaux de base, ce qui pose même le principe de proximité. C’est autour
de cette proximité d’ailleurs que se penche Damien Talbot (2006) qui questionne la
5 Cité par GAYE I.et al ; 2010. La gouvernance locale au Sénégal : effet de la proximité de l’élu au citoyen ;
article N°95, Afrobarometer, 25p.
15
gouvernance locale en posant ses liens avec le développement durable. Se fondant sur le cas
de la France, il montre comment ces deux notions ont été parfois assimilées voir confondues
car renvoyant aux mêmes objectifs.
D’autres auteurs comme Olivier Paye (2005)6 montrent que la gouvernance dans ses
différentes déclinaisons à longtemps suscité une certaine méfiance de la part des chercheurs
en sciences sociales dans les pays francophones. Cette méfiance résulte du fait de son
caractère trop chargé découlant de son utilisation à outrance par les institutions de Brettons
Wood. Ainsi, Jacques Theys (2003)7 montrera en partant de l’historique de la gouvernance,
comment ce concept au départ très englobant et controversé est venu dans sa déclinaison
locale à s’imposer non pas comme une mode mais pour les tenants de la finance
internationale pour corriger les limites des politiques économiques qui ont longtemps fait
abstraction des interactions sociales locales qui déterminent la réussite de tout projet.
Ainsi, la gouvernance locale, comme combinaison de proximités, devient le vecteur d’une
cohérence singulière levant provisoirement et partiellement l’incertitude inhérente à toute
action collective par la réduction et non l’évacuation des conflits (Gilly et al. 2004)8.
Structurées par et pour la création et la mise en œuvre d’un projet commun, ces interactions
sont enchâssées dans des rapports de pouvoir puisque les ressources matérielles et cognitives
sont inégalement distribuées entre des acteurs économiques, politiques et sociaux aux intérêts
variés. L’enjeu est de mettre en place une coordination efficace dans un contexte de
multiplicité des sources d’autorité et de pouvoir (Juillet, et al. 2001)9.
De leur côté, prenant la mesure d’un retour au niveau local faisant plus de place aux citoyens
destinataires des initiatives publiques, de nombreux citoyens, le secteur privé ainsi que des
pans entiers de la société civile, réclament à l'envie, l'instauration rapide de la bonne
gouvernance, particulièrement locale. De l'avis de tous, celle-ci constitue un impératif
catégorique. Non seulement pour améliorer la compétitivité, mais aussi pour que les Etats en
développement, leurs peuples et leurs élus puissent gérer avec efficience le processus de
développement, instituer un environnement propice à la créativité individuelle et une
responsabilisation toujours croissante des citoyens, consolider la démocratie, stabiliser leurs
sociétés, prévenir ou gérer pacifiquement les conflits.
6 Cité par GAYE I.et al ; 2010. La gouvernance locale au Sénégal : effet de la proximité de l’élu au citoyen ;
article N°95, Afrobarometer, 25p. 7 Ibid.
8 Ibid.
9 Ibid.
16
Même si elle comporte quelques nuances, et parfois des différences de degré en raison des
centres d'intérêt privilégiés dans chaque cas, leur analyse permet d'en déduire un certain
nombre d'éléments clés pouvant permettre de caractériser la gouvernance quelle soit locale ou
globale, de manière plus ou moins consensuelle.
Pour Catherine Baron (2003)10
parler de la gouvernance locale c’est certes poser la polysémie
du concept de gouvernance, mais c’est aussi rendre compte des imbrications entre le local et
le global avec l’émergence d’une nouvelle forme de société civile locale plus apte à
demander des comptes à ses mandataires mais surtout très influente sur le marché local. Ainsi
abondant dans le même sens, Claudette Lafaye (2000)11
en parlant de la gouvernance
montrera comment sa déclinaison locale a pu modifier les relations de pouvoir et introduire la
notion de démocratie participative.
Si l'on envisage le pouvoir comme une relation (Perroux, 1973)12
, il apparaît alors comme un
processus interactif se développant sur deux niveaux : au niveau institutionnel par les
représentations du statut social de chaque agent, comprises comme des repères dans la
coordination, et au niveau organisationnel par sa dimension stratégique.
La compréhension de la première dimension du pouvoir, nécessite d'intégrer le fait que les
acteurs n'émergent pas ex nihilo afin de se coordonner, mais qu'ils sont situés au sein
d'espaces de coordination à l'instar de la gouvernance, qui sont autant d'espaces de pouvoir.
Cette dimension institutionnelle du pouvoir s'inscrit dans une problématique de légitimité. En
effet, même si un acteur a le sentiment de subir ce pouvoir, le pouvoir n'existe que par le
consentement tacite ou explicite de celui-ci (Huisman et Ribes, 1994)13
, consentement qui
suppose que le pouvoir soit reconnu comme légitime.
En endogénéisant l’espace, la gouvernance locale autorise l’introduction de la proximité
géographique comme contrainte dans l’analyse. C’est donc dire avec Claudette Lafaye (2000)
que la gouvernance locale doit sa notoriété par sa capacité à appréhender les évolutions et les
transformations non seulement de l’action mais aussi des organisations des administrations
identifiées comme traversant une crise de légitimité. Partant, elle pense que si ce système de
gestion du pouvoir a pu s’imposer en Afrique, c’est parce qu’elle a permis la prise en compte
10
Ibid. 11
Ibid. 12
Ibid. 13
Ibid.
17
du fort désir de démocratie des se populations mais surtout son caractère obligeant, fruit des
conditionnalités des bailleurs internationaux.
C’est alors pourquoi Francis Moreault (2004)14
pense que dans un contexte de mondialisation,
la gouvernance locale apparaît actuellement comme un moyen de contrôle et de participation
politique. Les critères de caractérisation de la gouvernance peuvent être regroupés en quatre
rubriques, suivant qu'ils participent à des sphères institutionnelle, politique, managériale ou
éthique. Il résulte de ces critères que la gouvernance locale est un processus
multidimensionnel, capable de promouvoir un environnement incitatif au bénéfice de
l'ensemble des partenaires. Elle peut aussi constituer une force décisive dans la légitimation
des projets de société, pour un réel succès des programmes de développement qui fondent leur
mise sur pied dans les pays en voie de développement.
La gouvernance locale, est donc le lieu où s'articulent au mieux démocratie et
développement. Les décentralisations menées jusqu'ici en Afrique n'ont pas toujours cette
préoccupation et se sont souvent limitées à l'aspect administratif et politique. C'est d'ailleurs
ce qui explique que de nombreux Etats se lancent dans la mise en place de plusieurs niveaux
de décentralisation dont le fonctionnement sera difficile. L'engouement observé pour la
décentralisation peut aussi refléter une défiance vis-à-vis de l'Etat central avec pour résultat de
fragiliser et les collectivités locales et l'Etat central et ses représentations locales. Les
crispations qui peuvent résulter de la confrontation au niveau local des pouvoirs traditionnels
et de ceux de l'Etat moderne, d'une part, et des élus locaux avec les représentants de l'Etat de
l'autre, mettent à l'ordre du jour la nécessité de conduire des médiations pour éviter les risques
de conflits ouverts préjudiciables à la construction de l'Etat de droit. La mise en place de telles
capacités de médiation doit être prise en compte dans les appuis aux processus de
décentralisation.
Au Sénégal, la réforme administrative de 1996 est marquée par l’approfondissement de la
démocratie locale avec l’émergence d’une bonne gouvernance locale, la libre administration
des collectivités locales et la promotion du développement local.
14
Ibid.
18
Le principe de participation sans exclusive
Le cadre légal
Le principe de participation procède d’une approche politique de la démocratie. La
participation est en effet l’un des éléments qui déterminent la légitimité de l’action publique
ou, tout au moins, son processus de légitimation. Sa mise en œuvre part de la reconnaissance
de la valeur de chaque acteur de l’espace public en lui octroyant non seulement les possibilités
mais aussi les capacités nécessaires pour gérer les affaires publiques ou influer sur les
décisions publiques par des moyens politiques et juridiques.
Le droit de prendre part à la conduite des affaires publiques est reconnu par la Constitution ; il
proclame le droit pour tous les citoyens d’accéder à l’exercice du pouvoir à tous les niveaux,
sans discrimination et institue les collectivités locales comme le cadre institutionnel de la
participation. Le Code des collectivités locales met en œuvre cette volonté du constituant de
plusieurs manières.
En premier lieu, l’article 3, alinéa 2 dispose de façon express que les collectivités locales
doivent associer en partenariat les mouvements associatifs et les groupements à caractère
communautaire pour la réalisation des projets de développement économique, éducatif, social
et culturel.
En second lieu, selon l’alinéa 3 de la même disposition, « toute personne physique ou moral
peut faire au président du conseil régional, au maire et au président du conseil rural, toutes
propositions relatives à l’impulsion du développement économique et social de la collectivité
locale concernée et à l’amélioration du fonctionnement des institutions ».
Ensuite en matière de planification, l’élaboration des outils de planification locale est
subordonnée à un processus participatif : création d’une commission de planification dans
chaque collectivité avec implication des populations ; transmission des plans adoptés par les
assemblées délibérantes pour l’avis des comités économiques et sociaux régionaux formés de
personnes représentatives des groupes socio-économiques et culturels ; approbation par le
représentant de l’Etat.
De même en matière de santé, le décret n° 92-118 du 17 janvier 1992 fixant les obligations
particulières auxquelles sont soumis les comités de santé et portant statuts types desdits
19
comités (JORS du 1er
février 1992, p. 77) réglemente la participation à l’effort de santé
publique comme « un processus par lequel les individus et les familles prennent en charge
leur santé comme celle de leur communauté depuis l’identification des besoins jusqu’à
l’évaluation des programmes ». Ces comités de santé où sont représentés les usagers sont
présents à tous les niveaux de l’organisation administrative de la santé (postes de santé au
niveau des communes et communautés rurales, districts sanitaires et hôpitaux).
Il faut enfin signaler que dans certains domaines, des textes particuliers organisent la
participation des citoyens lorsque l’intérêt général est en jeu (ex : le Code de l’environnement
impose des enquêtes publiques pour recueillir l’avis des citoyens avant de mettre en œuvre
certains projets).
In fine, on peut retenir que les populations doivent nécessairement être associées au projet ou
programme lié à leur territoire ce qui est nécessaire pour une plus grande efficience des
politiques publiques car comme le souligne Brunot Jean : « ce sont les populations pour
lesquelles le développement a été mis en œuvre qui sont les meilleurs juges ou experts de la
durabilité et que ce sont les ruraux qui peuvent nous dire si ce développement est soutenable,
viable et finalement approprié à leur mode de vie, leurs valeurs et leurs visions du monde. »15
15
AYEVA T. 2003.
20
Chapitre2 : Approche méthodologique Pour bien mener ce TER nous avons adopté une méthodologie qui s’articule autour de trois
axes ; à savoir la recherche documentaire d’abord, ensuite les enquêtes de terrain et enfin
l’analyse et le traitement des données.
I. La recherche documentaire
C’est l’étape première de la recherche. Elle nous a permis de recueillir les informations
nécessaires à notre thématique de recherche de façon générale mais aussi celles qui
concernent notre zone d’études. Elle s’est déroulée au niveau de la bibliothèque universitaire,
du centre de documentation de la municipalité de Guédiewaye entre autre. La recherche en
ligne a également été faite. Ainsi les mémoires en ligne du master ATDDL sur Guédiewaye
ainsi que des articles publiés dans Google et autres moteurs de recherches ont été consultés.
Mais bien que ces documents nous aient été très utiles dans la compréhension et la
délimitation de notre sujet, ils ne répondent pas à toutes les questions notamment celles en
relations directes avec notre sujet d’étude. La plupart des documents mettent en relief les
problèmes d’aménagement, les niveaux de vie et autres problèmes mais la question de la
gouvernance locale et de la démocratie participative semblent être reléguées au second plan.
II. Les enquêtes de terrain
Plusieurs méthodes d’acquisitions de données ont été utilisées au cours de cette recherche.
D’abord des ISS (Interview Semi Structuré) ou entretiens ont été réalisés avec le personnel
des services intervenant de prés ou de loin à notre structure d’étude. Ceci nous a permis de
mieux distinguer les différents acteurs ainsi que le rôle de chacun d’eux.
Ensuite un questionnaire v e été administré aux populations locales bénéficiaires directes du
centre de formation et d’insertion c'est-à-dire les jeunes.
Le questionnaire a été réalisé grâce au logiciel Sphinx. La formule utilisée pour le calcul de
l’échantillon est celle de Bernoulli avec une marge d’erreur de 5%.
Formule (n) =
— ou n (représente la taille de l’échantillon à interroger) ; N
(la population mère) ; L (la largeur de la fourchette exprimant la marge d’erreur)
21
Ensuite en fonction du poids démographique de chaque commune d’arrondissement par
rapport à la ville de Guédiewaye, on a redistribué l’échantillon. On a donc utilisé une méthode
non probabiliste au choix raisonné. Toutefois le pas de sondage n’a pas été appliqué car une
fois les sous échantillons déterminés, les individus ont été choisis au hasard dans les différents
sites. En outre l’aspect genre a également été pris en compte ; ce qui fait que le nombre total
de femmes interrogées est quasi égal à celui des hommes.
Au total on un échantillon de 155 individus répartis comme suite : Ndiarème Limamoulaye
(12) ; Médina Gounass (13) ; Sam Notaire (23) ; Wakhinane Nimzat(24) et Golf Sud(28) et
les 55 sont constitués par les jeunes ayant bénéficiez du projet. Ce second lot permet de
mesurer le niveau d’insertion par rapport aux différentes formations.
Les documents cartographiques sont réalisés grâce au logiciel Arc GIS et Adobe Illustrator.
III. Analyse et traitement des données
Cette étape, une des plus importantes, a consisté pour nous à une analyse du discours des
différents acteurs identifiés sur notre terrain d’étude. Elle s’articule autour de deux axes :
l’analyse des entretiens et le dépouillement des données de l’enquête de terrain. Ce travail
nous a permis d’organiser notre mémoire.
Les figures sont réalisées à partir du logiciel Sphinx qui permet de générer et de faire des
croisements de données pour les analyses.
Des photos ont également été prises pour illustrer certains propos notamment en ce qui
concerne le CEM FOP
IV. Difficultés
Quelques écueils ont jalonné ce travail de recherche : il s’agit notamment de la relative
ancienneté des données statistiques concernant notre zone d’étude et de l’obsolescence des
documents ; ce qui rend difficile le traitement de l’information. En plus il faut noter l’absence
de documents concernant surtout le centre municipal de formation professionnelle ; ce qui
rend difficile traitement des informations car les discours varient en fonction des
interlocuteurs. De même les données concernant les bénéficiaires du projet c'est-à-dire les
jeunes qui ont déjà subi leur formation en conduite ou en informatique ne sont pas disponibles
ce qui rend quasi impossible la vérification de la satisfaction des populations par rapport à
22
l’offre de formation. En effet malgré l’autorisation du directeur de la plateforme, le
responsable du centre refuse de communiquer ces informations pour des raisons juridiques
telle que la confidentialité des données. C’est une des raisons pour la quelle la question de
l’insertion n’a pas être traitée avec la plus grande rigueur scientifique. Pour l’administration
des questionnaires également la zone d’étude du fait de son étendu a nécessité a beaucoup de
temps.
23
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA LOCALITE
I. Le cadre physique
A. Localisation
Carte1 : carte de localisation de Guédiawaye
La ville de Guédiewaye se situe au centre de la région métropolitaine de Dakar, assimilée à un
Finistère ouest- africain. Guédiewaye est limitée au Nord par l’Océan Atlantique, au Sud par
la Grande Niayes et la ville de Pikine, à l’Ouest par la route départementale 101 ou route de
Cambérène. Située à 13 Km de la ville de Dakar, la ville occupe une superficie de 14 km2 et
s’étend sur une longueur de 7,5 Km d’Est en Ouest et de 3,9 Km du Nord au Sud.
La ville fait partie de l’unité géomorphologique de la zone dunaire. La majeure partie de la
ville est constituée par des dunes continentales fixées (ogoliennes), orientées Nord- Est, Sud-
24
Ouest, avec des sols ferrugineux non lessivés. Ces dunes coincent des dépressions inter
dunaires appelées « Niayes » aux sols hydromorphes à halomorphes partiellement argileux.
La nappe phréatique y affleure sur certaines parties ou se situe à de faibles profondeurs du
sol.
B. Climat, sol et végétation
Les conditions climatiques résultent de l’influence de plusieurs facteurs
géographiques et aérologiques. Guédiewaye se situe sur une zone de rencontre de trois masses
d’air :
L’Alizé maritime de direction nord nord-ouest, balayant toute la Grande
Côte, favorise un climat constamment humide, frais et froid avec des amplitudes
thermiques diurnes faibles.
L’Harmattan ou l’Alizé continental qui renforce la sécheresse, contribue à la
réduction des précipitations et de l’humidité atlantique.
La mousson soufflant de juillet en août marque le début de l’hivernage. Le littoral
bénéficie ainsi d’une humidité relativement élevée allant du minimum de 61% au
maximum de 91%, avec des températures variant de 29° C entre juin et juillet et 17°
C entre décembre et janvier. La zone a un climat tropical soudanien dont les
caractéristiques sont atténuées par les influences de l’océan et l’alizé maritime
qui lui confèrent une certaine spécificité d’où son appellation de climat « cap
verdien. »
La ville de Guédiawaye se situe sur une zone relativement plate et sablonneuse
caractérisée par la présence de quelques dunes et des cuvettes marécageuses propices aux
cultures maraîchères : les Niayes.
La ville de Guédiawaye du fait de sa petite superficie : une vingtaine de kilomètre- carrés sur
les 550 que couvre la région de Dakar, se trouve ainsi face à une absence de réserve foncière
ce qui a poussé les populations à s’installer dans ces cuvettes. L’implantation des populations
dans ces zones marécageuses n’est pas sans poser de problème aux autorités du fait des
inondations fréquentes de celles-ci.
25
Quant à la végétation, elle est essentiellement composée de filaos ( Casuarina
equisetifolia) implantés le long du littoral en vue de fixer les dunes de sables.
La forte urbanisation qui caractérise le Sénégal avec un taux de 47,1% en 1999, n’a pas
épargné la ville de Guédiewaye qui va ainsi connaître de très fortes mutations depuis sa
création.
II. HISTORIQUE
L’histoire de la ville de Guédiewaye est fortement liée à celle de la ville de Pikine bien que
résultant de processus d’urbanisation qui ont commencé à des périodes différentes. Les
origines de la ville de Guédiewaye remonteraient à la fin des années soixante lorsque, suite
aux déguerpissements qui ont eu lieu dans la ville de Pikine, l’Etat décide d’y installer les
déguerpis des bidonvilles de Dakar. Ces déguerpissements, initiés par les autorités
coloniales en 1952 avec la création de Pikine qui accueille les premiers déguerpis, vont se
poursuivre après les indépendances lorsque l’Etat décide de déplacer les populations qui se
sont entassées à la périphérie de la Capitale vers les banlieues et notamment à Guédiewaye.
Mais « L’urbanisation en Afrique est moins marquée par la taille des villes que par la vitesse à
laquelle elles s’agrandissent, la croissance démographique, qui tourne autour des 4.5%
l’an, [3.9% entre 1976 et 1988, 2.5% en 1997 à Dakar, source ESP] étant
désormais davantage alimentée par l’accroissement naturel de la population que par l’exode
rural16
». Ainsi la création de Guédiewaye va se faire en trois phases distinctes qui ont débuté
pendant les années 60.
A. Une première phase : fin des années 60
A la fin des années 60, l’Etat décide d’installer, à 16 kilomètres du centre ville au nord-ouest
de la ville de Pikine, les populations des anciens bidonvilles dakarois sur les terres vierges de
ce qui fût appelé « Pikine Extension » et « Première Guédiewaye. » Ainsi en 1967, le premier
quartier : AÏNOUMANE voit le jour avec le plan de lotissement n° 391. Ce premier
plan va être suivi par six autres plans en 1968 avec 3105 parcelles. Ce fut la première phase
qui voit l’arrivée des déguerpis de Ouagou Niayes, Gibraltar 1 et 2, de CFA et de
Colobane. Ces déguerpissements avaient comme objectifs de donner une meilleure image de
la capitale avec le projet de construction des HLM (Habitats à Loyer Modérés) et des SICAP
(Sociétés Immobilières du Cap-Vert) mais aussi de mettre à terme à l’entassement
16
Agir aujourd’hui pour le 21 siècle, ENDA TM.
26
des populations dans des quartiers insalubres propices au développement et à la propagation
des maladies. C’est dans ce sens que le Gouverneur de la Région du Cap-Vert de l’époque
s’adressait aux déguerpis en ces termes : « En vous faisant déguerpir, le Gouvernement a
non seulement voulu assurer la propreté de Dakar, mais aussi et surtout sauvegarder votre
dignité… qui ne pouvait s’accommoder plus longtemps de la malpropreté de ces
anciens quartiers (les Bidonvilles)17
. »
B. Une deuxième vague de déguerpis pendant les années 70
Les déguerpissements initiés par le Gouvernement pendant les années 60 vont
s’accentuer pendant les années 70.Les années 70 au Sénégal se caractérisent par un
certain nombre de problèmes économiques qui vont avoir de lourdes conséquences
sur la répartition spatiale des populations. En 1972, la sécheresse qui marque le pays
déstabilise complètement le monde rural, fortement dépendant des aléas climatiques, qui
occupait plus de 80% de la population active nationale dans un contexte de détérioration des
termes de l’échange.
En même temps, la libéralisation et l’ouverture du marché intérieur dans le cadre des
politiques d’ajustement structurel vont considérablement affaiblir les producteurs
qui ne peuvent faire face à la concurrence internationale. Ainsi le seul recours pour
ces couches sociales, notamment les plus jeunes, est l’exode vers la Capitale et surtout dans la
banlieue Pikine-Guédiawaye.
Pour pallier l’entassement de la population induit par cet exode massif de populations, mais
aussi favoriser l’accession à la propriété des classes moyennes, l’Etat lance d’autres
plans de lotissement qui donneront naissance aux quartiers de Limamoulaye en 1973, les
unités de 1 à 6 des Parcelles Assainies en 1975, de Fith Mith en 1976 et de Golf-Sud
Extension en 1979. Cette période voit aussi l’arrivée de la deuxième vague de déguerpis des
quartiers de Champs de Courses, Gibraltar, Nimzat, Wakhinane, Baye Gaïndé etc.sur des
quartiers qui vont avoir les même noms.
17
0 VERNIERE, M., 1977, Dakar et son double, Dagoudane Pikine- Volontarisme d’Etat et spontanéisme populaire dans l’urbanisation du tiers-monde, Bibliothèque nationale, p 210.
27
Carte2 : les différentes vagues d’urbanisation de Guédiewaye
C. Une troisième phase au début des années 80
Enfin la troisième vague qui commence au début des années 80 va complètement
bouleverser l’organisation administrative. Les années 80 voient l’arrivée des
promoteurs immobiliers et des coopératives d’habitats qui, faisant suite à la politique
d’habitat de la Banque Mondiale qui finance le projet des Parcelles Assainies en 1975,
vont mettre en œuvre un ensemble de programmes de construction d’HLM et de cités le long
du littoral sur plusieurs kilomètres. Ainsi après une première phase test avec les HAMO le
long de la route des Niayes en 1980, les promoteurs immobiliers et les coopératives
d’habitats vont se lancer à la conquête du littoral. Ainsi vont successivement voir le jour les
cités Barry et Ly, Cité des Enseignants, SHS, cité Adama Diop entre 1984 et 1985, puis les
HAMO 4, 5 et 6 en 1986. Ce phénomène s’est accentué au cours des années 90 lorsque
certaines entreprises décident d’y loger leurs employés. Ainsi vont voir le jour les cités
SONEES, SENELEC, SOFRACO, DOUANES, COMICO, Cours Suprême, Présidence etc.
28
Le projet de lotissement de 370 logements destinés aux agents municipaux devrait achever
l’occupation spatiale de la ville18
.
Parallèlement à cette agglomération régulière de déguerpis, s’est développé un
ensemble de quartiers irréguliers sur les anciens champs de culture. Ni lotis, ni aplanis, ces
quartiers ne disposent d’aucun équipement et sont même parfois sur des cuvettes inondables
posant ainsi d’énormes problèmes non seulement aux habitants mais aussi aux
autorités locales.
III. LES RESSOURCES HUMAINES
A. Une évolution démographique spectaculaire
La ville de Guédiawaye, initialement destinée à accueillir les déguerpis de la Capitale va
connaître une croissance démographique spectaculaire surtout pendant les années 70.
Ainsi en 1971, on estimait à prés de 7000 le nombre de parcelles loties entre Pikine ancien,
Pikine extension et Guédiawaye faisant ainsi passer la population de l’ensemble
Pikine Guédiawaye de 8000 habitants en 1955 à 55000 en 1964 et à 130000 habitants en 1971
.Mais, le développement de Guédiawaye va s’opérer au milieu des années 70 avec l’arrivée
de la deuxième vague de déguerpis mais aussi et surtout avec l’arrivée de nouveaux
acquéreurs au cours de cette décennie qui quittent la campagne à la recherche de conditions
meilleures. Ainsi la croissance de la population va être fulgurante et l’agglomération
Pikine-Guédiawaye passe de 420000 habitants en 1980 à 946414 habitants en 1996, devenant
ainsi le premier ensemble urbain du Sénégal devant Dakar.
La ville de Guédiawaye occupe une part importante de ces totaux. Ainsi, 42,3%
de la population de Pikine-Guédiawaye vivaient sur la commune de Guédiawaye ce qui
rendait nécessaire la réorganisation administrative à travers la décentralisation qui en fait le
quatrième département de la région de Dakar subdivisé en 5 communes d’arrondissement que
sont :
Ndiarème Limamoulaye comprenant 12% de la population de la Ville ;
Golf Sud, 28% de la population ;
18
Polyconsult, Audit urbain, financier et organisationnel de la ville de Guédiewaye, avril 1999.
29
Sam Notaire, 23% de la population ;
Wakhinane Nimzat, 24% de la population ;
Médina Gounass, 13% de la population.
Tableau1 : évolution de la population de Guédiawaye
Année Pikine Guédiawaye Dont Guédiawaye
1950 0 Nd
1955 8000 Nd
1964 55000 Nd
1971 130000 Nd
1980 420000 Nd
1991 740000 Nd
1996 946414 Nd
2000 1150753 431254
2001 1206540 452168
nd : non déterminé. Cette période correspond au début de l’installation des déguerpis à
Guédiawaye
Source : DPS estimation de la population du Sénégal en 2001
En 2005 la population de près de 500.000 habitants. Cette dynamique du croît
démographique est attribuée aux effets combinés de l’exode rural et de la croissance naturelle
de la population.
Le croît démographique est si important, qu’actuellement, à l’exception de quelques poches,
tout le territoire communal est occupé.
B. les caractéristiques de la population :
Une des caractéristiques essentielles de la population est la jeunesse de celle-ci. En effet, la
composition par sexe est relativement équilibrée avec 51% de femmes pour 49%
d’hommes. Mais cette population est inégalement répartie sur le territoire de la ville. Ainsi
dans la zone planifiée, constitué de Cités et de HLM le long du littoral, la population est
majoritairement masculine avec prés de 57.7% de la population contre 49.9%
30
dans les quartiers les plus pauvres. Cette prépondérance de la population masculine dans
les Cités s’explique par le fait que ces quartiers sont habités pour l’essentiel par des cadres
moyens et des fonctionnaires. Cette catégorie, majoritairement masculine, se caractérise par
une certaine stabilité.
La ville de Guédiewaye se caractérise, par ailleurs, par l’extrême jeunesse de sa population ;
plus de 65% de la population ont moins de 25 ans.
Bien que cette population soit, dans l’ensemble, relativement équilibrée, la répartition par âge
est loin de suivre la même tendance: 65% de la population ont moins de 25 ans d’où la
nécessité de mettre en place une bonne politique de jeunesse.
La ville de Guédiawaye comme bon nombre de villes d’accueil des migrants est de par sa
composition hétéroclite. On y retrouve ainsi toutes les ethnies du Sénégal avec
une prédominance des Wolofs qui représenteraient selon l’étude monographique de la ville
53% de la population suivis par les Pulaars 38%24. Cette population est d’ailleurs
inégalement répartie sur les différentes communes d’arrondissement qui composent le
département de Guédiawaye. Ainsi, selon l’Audit Urbain de la ville, si la densité moyenne de
la ville est de 266 habitants à l’hectare, on note de fortes disparités entre les
différentes Communes d’Arrondissement. La CA de Médina Gounass arrive en tête avec une
forte concentration de la population de l’ordre de 971 habitants à l’hectare contre seulement
135 à Golf Sud et 242 à Wakhinane Nimzat. Les CA de Ndiarème Limamoulaye et de Sam
Notaire se situent aussi au-dessus de la moyenne avec des densités respectives de 330 et 342
habitants à l’hectare.
31
Carte3 : densité de la population par commune
IV. CADRE ET QUALITE DE VIE
La ville de Guédiawaye de par sa constitution et son histoire tisse des relations étroites avec la
Capitale. Le développement de la Capitale et la naissance de la ville sont fortement liés
d’autant plus que la dépendance de Guédiawaye vis-à-vis de Dakar en fait une ville
dortoir. Cette ville dortoir a ainsi accueilli non seulement les travailleurs du secteur informel
de la Capitale et les nouveaux citadins qui quittent la campagne à la recherche de meilleures
conditions mais aussi les classes moyennes à la recherche de la propriété individuelle. Son
histoire va être un élément décisif dans la constitution et la répartition de la population à
Guédiawaye.
A. Typologie de l’habitat :
La typologie de l’habitat à Guédiawaye est consécutive à son processus d’urbanisation. Ainsi
la ville de Guédiawaye se caractérise par trois types d’habitats :
L’habitat planifié type coopératives d’habitat : constitué par des logements
sociaux justement dénommés parce qu’il s’agit de d’assurer un logement à
certaines catégories de personnes qui représentent la base sociale de l’Etat. Ce type
d’habitat s’est développé le long du littoral et est promu par les coopératives d’habitat
et les promoteurs immobiliers. Ce type d’habitat s’est développé à partir de 1975 avec
32
la construction des Parcelles Assainies qui donne le coup d’envoi de la conquête du
littoral.
L’habitat spontané régulier ou auto-construction : Ce sont des
lotissements juridiquement réguliers et reconnus conformes aux lois et
règlements. Zone de recasement des déguerpis des anciens bidonvilles dakarois,
elle se caractérise par l’auto-construction sur des terrains lotis, couvrant la presque
totalité du centre de la ville de Guédiawaye.
L’habitat spontané irrégulier : (quartiers précaires et spontanés) zone
d’installation des couches sociales les plus démunies, elle se caractérise par
une occupation anarchique et irrégulière du domaine national ou un titre foncier
privé sur des terrains dont la construction n’est pas autorisée notamment dans les
cuvettes et les zones inondables.
Carte4 : typologie de l’habitat
33
B. Typologie selon le niveau d’instruction :
La ville de Guédiawaye comme bon nombre de villes du Sénégal est fortement handicapée
par une population analphabète. Ainsi selon les enquêtes de la Direction de la Prévision et
de la Statistique, prés de 42,2% de la population restent sans instruction. Mais il faut noter
certaines disparités entre les différentes zones. La typologie selon le niveau d’instruction
reprend les mêmes contours que la typologie de l’habitat.
La zone 1, domaine de l’habitat planifié arrive encore en tête avec un taux
d’alphabétisation qui tournerait autour de 80%. Ceci s’explique par le fait que cette zone est
habitée pour l’essentiel de cadres moyens et de fonctionnaires. Ainsi les quartiers de Golf
Nord, HLM Las Palmas, Golf Sud affichent des taux d’instruction les plus élevés
avec respectivement 91.3%, 82.7% et 73.8%.
Comme dans les précédentes typologies, la zone 2 arrive en seconde position avec des taux
qui tourneraient autour de 60%.
La zone 3 avec les quartiers les plus pauvres : Mbode, Bagdad, Léona, arrive en
dernière position avec une population majoritairement analphabète. Selon l’étude
monographique de la ville, le taux d’alphabétisation de cette zone tournerait autour de 50.1% ;
ce qui pourrait s’expliquer par l’importance de la population féminine qui est la classe la plus
touchée par l’analphabétisme mais aussi par le fait que ce quartier a accueilli
une part importante des « niveaux citadins » qui quittent la campagne à la recherche de
conditions meilleures.
C. Cadre de vie et niveau d’équipement :
La typologie de l’habitat, de même que le niveau de confort et d’équipement, est
fortement tributaire de celle des revenus des ménages. Ainsi, la zone 1, destinée à certaines
catégories de l’administration publique : Cité des Douanes, Cité des Impôts,
Cités Présidence, Cité Cours Suprême, Hamo, Cité des Enseignants ou encore à la classe
moyenne de certaines entreprises: Cité Sentenac, Cité SHS, Cité SONES, Cité SENELEC…
arrive en tête avec un revenu moyen qui tournerait autour de 173 528 francs CFA par mois
(soit 265 euros). Par contre la zone 2 domaine de l’auto-construction et aussi zone
d’accueil des déguerpis des bidonvilles dakarois arrive en seconde position avec des revenus
de l’ordre de 164 698 Francs par mois (251€), contre seulement 77 828 francs dans la
zone 3 (120€) constituée par l’habitat irrégulier19
. Cette inégalité des revenus entre les
19
Les données sont tirées du plan de développement local intégré de la ville de Guédiawaye de 1998
34
différentes zones se dédouble d’une forte disparité du taux d’équipement et de confort des
ménages. Si en matière d’électrification environ 70% des besoins de la ville sont couverts, il
n’en est pas de même avec l’adduction d’eau. Ainsi en 1996, on dénombrait seulement 23000
abonnés à la SDE à Guédiawaye, 111 bornes fontaines mais aussi des puits
notamment dans les quartiers irréguliers. Mais il faut voir à travers ces taux brut de fortes
disparités entre les différentes zones.
Tableau2 : taux de branchement par zone
Eau Electricité Téléphone
Zone1 80% 88,75% 13,3%
Zone2 44,5% 62% 3,3%
Zone3 22,5% 22,5% 2,5%
Source : ces données sont tirées du PLD intégré de 3 communes d’arrondissement de
Guédiawaye, 1997
Au regard de ce tableau on ne peut qu’être frappé par la forte disparité qui caractérise la ville
de Guédiawaye. Comme dans les typologies précédentes, la zone 1 arrive en tête avec un taux
d’équipement en eau et en électricité supérieur à 80% en 1997, suivi de la zone 2 avec un
taux d’équipement relativement modeste de 62,5% pour l’électricité et 44,5% pour l’eau. La
zone 3 du fait de son irrégularité reste en marge dans tous les domaines car seul un ménage
sur quatre est équipé en eau et en électricité. Ce phénomène s’explique par le fait que les
autorités et les bailleurs de fonds plutôt favorables à une restructuration limitent
leurs interventions dans ces quartiers irréguliers.
Cependant, force est de reconnaître que des efforts de mise à niveau de ces services sont faits
avec l’éclairage des rues dans le cadre du PAC ( Programme d’Appui aux
Communes) signé avec l’Agence de Développement Municipal mais aussi du
PELT(Programme Eau Long Terme) ou encore du Programme d’assainissement des quartiers
Périurbains de Dakar en cours dans la ville de Guédiawaye
Mais pour des raisons multiples, ces données qui datent de 1997 n’ont pu être réactualisé
notamment du fait de la réticence des sociétés prestataires de ces services.
La ville de Guédiawaye se caractérise dans l’ensemble par une faiblesse du taux d’équipement
des ménages relative à la pauvreté qui caractérise ceux-ci. Cette pauvreté peut être mise en
35
relation avec plusieurs facteurs notamment l’absence d’industrie, la faiblesse de la population
active et un fort taux de chômage.
V. ECONOMIE
A. Une économie fortement dépendante
La ville de Guédiawaye construite pour accueillir la base sociale de l’Etat est
destinée à jouer un rôle secondaire selon le Schéma d’Aménagement du Territoire de la
Région de Dakar. En effet l’historique de son urbanisation fait que celle-ci est fortement
dépendante de la ville de Dakar.
La jeunesse de sa population de la ville et le fort taux d’analphabétisme : 42,2% de la
population sont sans instruction26, se sont traduits au niveau économique par une faiblesse
de la population active. Celle-ci représenterait selon le Programme Local de
Développement Intégré environ 53% de la population totale. Mais force est de constater que
25% de cette population active est à la recherche d’un emploi alors que les 42%
travaillent à Dakar occasionnant ainsi d’importants flux migratoires entre les deux villes
d’où la nécessité de mettre en place des équipements et infrastructures notamment
de transports mais aussi économiques pour résorber le fort taux de chômage.
B. Les activités urbaines :
Comme la plupart des économies en développement, la ville de Guédiawaye se
caractérise par le binôme secteur formel/secteur informel.
1. Un secteur formel peu développé :
La ville de Guédiawaye, construite pour accueillir les déguerpis de la ville de Dakar mais
aussi les nouveaux urbains qui quittent la campagne à la recherche de
conditions meilleures, se caractérise par une absence d’industrie et de grandes
entreprises d’où son appellation de « ville dortoir ».
Ainsi le secteur de l’emploi salarial offre peu de possibilité. L’Etat, à travers ses
services déconcentrés et les entreprises publiques (SENELEC, SDE, SONATEL, la Caisse de
Sécurité Sociale, la LONASE etc.) sont les seuls employeurs. Les cadres ne représentent que
2% de la population active.20
20
Ville de Guédiawaye, Projet de ville de Guédiawaye, Forum des partenaires, septembre 1996.
36
2. Une prédominance du secteur informel :
L’absence d’industrie qui caractérise la ville de Guédiawaye s’est traduite par
une réorientation de la population active vers le secteur informel et ce d’autant plus que le
secteur maraîcher est de plus en plus confronté à un manque de terre du fait de l’avancée du
front d’urbanisation qui s’étend sur les zones initialement prévues pour la culture.
Le secteur informel difficilement quantifiable occuperait selon les enquêtes de la
Direction de la Prévision et de la Statistique plus de 25% de la population active.
Tableau3 : secteur d’activités
DESIGNATION TYPE D’ACTIVITES EMPLOIS
Agriculteurs Maraîchage dans les Niayes
et dans les bassins
fermés le long du littoral
Les emplois sont
non quantifiables
Commerce Vente de médicaments (dix
pharmacies)
Stations services
Vente détails demi-gros
05 marchés de ville
05 marchés de communes
d’arrondissement
Artisanat Artisanat d’art
Artisanat de services
214 cantines artisanat de
production (centre
Elisabeth Diouf)
Hôtellerie Hôtel de Cambérène
(hacienda)
Source : Polyconsult Ing, Audit urbain Organisationnel et financier de la ville de
Guédiawaye.
Les données sur le secteur informel sont difficilement quantifiables d’autant plus que bon
nombre de ces activités ne sont pas déclarées. Mais on estime que prés de 29%
de la population active sont des ouvriers, 19% de commerçants et 6% d’artisans.
37
Le secteur informel, ultime recours face à la faiblesse de l’emploi salarial du fait de
l’absence d’industries et de grandes entreprises sur la ville de Guédiawaye, devrait constituer
un levier important en vue du développement de la ville de Guédiawaye.
VI. LES INFRASTRUCTURES
La ville de Guédiawaye, issue du front d’urbanisation de la ville de Dakar, s’est
développée beaucoup plus vite que l’avait prévu le Plan d’Aménagement de la Région de
Dakar de 1967 qui consacre la création de la ville. Ainsi elle se caractérise au
niveau infrastructures et équipements par un certain nombre de manquements d’où la
nécessité d’une mise à niveau de ces services.
A. Les infrastructures routières :
Un des handicaps de la ville de Guédiawaye est le manque de voirie. En effet, selon le
diagnostic urbain, la ville ne dispose que de 10,150 km de voiries classées ( Route des Niayes
et Route de Cambérène) et 30,400 km de voiries communales revêtues : artères principales,
axes secondaires, voies d’encadrement et voies intérieures tout compris.
L’essentiel du réseau est constitué de voiries non aménagées sablonneuses et souvent
inaccessibles. Mais sur les 30,400 km qui constituent la voirie communale, seul 14,650km
sont en bon état ce qui vaut à la ville le score médiocre. Cette insuffisance du réseau se
dédouble d’une inégale répartition de celui dans la
ville. Ainsi la moitié de la voirie se trouve dans la commune d’arrondissement (CA) de Golf
Sud avec prés de 14,400 km ; ce qui lui vaut son score correct, suive de la CA de Sam Notaire
(6,5 km) contre seulement 1,8 km pour Médina Gounass la CA la moins équipée. La CA de
Médina Gounass reste en marge de ces infrastructures du fait de son caractère irrégulier et de
son inaccessibilité. Il faut aussi noter le fait que la ville de Guédiawaye ne dispose pas de gare
routière d’où la prolifération de têtes de lignes qui occupent anarchiquement la voie publique.
La ville ne dispose en effet que de deux terminus de bus à Daroukhane et à Sam Notaire.
Ce phénomène se traduit par un enclavement de la ville qui ne dispose pas de voie la reliant
directement à Dakar où travaille 42,2% de la population active.
Cependant, dans le cadre de la deuxième phase du PAC (Programme d’Appui aux
Communes) signé avec l’ADM (Agence de Développement Municipal), la mise à niveau des
équipements y occupe une place importante notamment avec la réhabilitation
38
voire la construction de routes surtout dans les CA de Sam-Notaire et de Ndiarème
Limamoulaye.
La mise à niveau des infrastructures constitue un élément fondamental dans le
développement de la ville du fait de ses relations de dépendance caractérisées par des forts
flux migratoires vers Dakar et Pikine.
Le projet de prolongement de la VDN (Voie de Dégagement du Nord) reliant Dakar à Saint
Louis devrait permettre de désenclaver la ville.
B. L’assainissement :
Un des problèmes les plus cruciaux auxquels la ville de Guédiawaye et l’Etat du
Sénégal doivent faire face c’est la question de l’assainissement et des ordures ménagères.
Le seul réseau d’assainissement disponible de la ville concerne les Parcelles Assainies et ne
couvre que 20% des besoins de ces quartiers. Pour combler ce manque, la seule alternative
pour les populations c’est la construction de puisards si les eaux usées ne sont directement
déversées dans les rues. Certaines ONG et associations comme l’AFVP
(Association Française des Volontaires du Progrès) assistent les populations dans la
construction de puisards notamment dans les quartiers défavorisés comme Angle Mousse.
La ville de Guédiawaye, du fait de l’importance de sa population est aussi confrontée à
l’enlèvement des ordures ménagères surtout dans les quartiers inaccessibles.
Depuis la dissolution de la Communauté Urbaine de Dakar, plusieurs solutions ont été
envisagées.
Aujourd’hui, bien que des efforts aient été faits avec la délégation de ces services à des
entreprises privées, force est de constater que le problème des ordures ménagères reste un des
défis que devraient relever les autorités locales.
L’absence de système de canalisation dans la ville pose avec acuité le problème
d’évacuation des eaux de pluies notamment dans les quartiers irréguliers situés
sur des cuvettes comme Médina Gounass et Darou Rahmane. Ces quartiers sont, pendant une
grande partie de l’année, inondés par les eaux de pluies entraînant ainsi le
déplacement des populations mais aussi la prolifération des maladies comme le paludisme.
39
TROISIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS
I. Le centre municipal de formation professionnelle
La création du centre de formation professionnelle de Guédiawaye émane des concertations
tenues par la commission jeunesse et emploi avec les jeunes. Guédiawaye est marquée par un
fort taux de déperdition scolaire, par une extrême jeunesse de sa population et par un fort taux
de chômage des jeunes. En effet, Le chômage reste un problème crucial au Sénégal en général
et particulièrement à Guédiawaye banlieue dakaroise. Plus de quatre personnes actives sur
dix sont en chômage (10,2%) ou en situation de sous emploi (32,0%)21
. Aussi, l’un des
principaux défis du pays est de situer la question de l’emploi au cœur des politiques
publiques pour assurer une relation plus étroite entre performances économiques et progrès
social.
Alors, pour palier à ce phénomène de sous emploi qui touche l’ensemble du pays et Dakar en
particulier à cause de l’exode rural, la municipalité de Guédiawaye à mis en place le centre de
formation professionnelle pour aider les jeunes à trouver un emploi in fine. Ainsi, une
plateforme regroupant la chambre de commerce d’industrie et d’agriculture de la région de
Dakar, la chambre des métiers, le crédit municipal de Guédiawaye et le Bureau de
développement local fut créé à l’origine. Le rôle de la chambre de commerce était la
facilitation aux populations de la ville à l’accès aux documents administratifs comme le
registre de commerce, NINEA et autres grâce à un service de proximité car au paravent il
fallait aller jusqu’à la ville de Dakar ; ce qui décourageait beaucoup de gens. Le crédit
municipal a pour mission d’accorder des crédits aux populations ainsi qu’aux fonctionnaires
de la mairie grâce à une convention signée avec la mairie et dans la quelle le maire s’engage à
hauteur de trente (3O) millions de FCFA au financement du dit projet. C’est ainsi que des
« filets de marché » furent créés. Il s’agissait de financer les femmes dan les marchés et celle-
ci versait quotidiennement une somme jusqu'à remboursement total du prêt. Le BDL (Bureau
de Développement Local) vise les populations les plus démunies. L’ensemble du système
financier est géré par la banque CBAO : c’est la partie financière de la plateforme.
Le centre municipal de formation professionnelle vient alors intégrer cette plateforme de
services économiques de structure binaire : des services financiers et non financiers.
21
SNDES 2013- 2017
40
Photo1 : BDL Bureau de Développement Local Photo2 : crédit municipal de Guédiawaye
Le CEM FOP constitue la structure non financière et se positionne comme interface entre la
mairie et les populations afin de donner « une âme » à la ville c'est-à-dire de développer
l’économie locale de Guédiawaye. Il faut aussi noter que si l’idée de créer ce centre a été
émise depuis longtemps (Commission Jeunesse et Emploi, 2004), il a fallu attendre l’élection
du Maire Cheikh Sarr pour le mettre en œuvre. Ce dernier fut le président de la commission
jeunesse et emploi au moment ou ce projet était mis en place. Ainsi, le centre municipal de
formation professionnelle se verra logé dans les enceintes de la mairie (cf. : photo) et géré par
un administrateur.
En effet, le CEM FOP fut construit en 2005 mais les locaux ne servaient que de réunions et de
manifestations. C’est en Novembre 2012 que Mr NIASSE, directeur de la plateforme décide
de démarrer les formations en informatique et en conduite. La chambre de commerce a
apporté les équipements informatiques.
L’objectif du CEM FOP est de dispenser des formations de qualités aux jeunes de la banlieue
à moindre cout à défaut de la gratuité. Les programmes en cours sont :
Former les jeunes en informatique (bureautique)
Doter chaque jeune de Guédiawaye un permis de conduire à travers le projet : « un
jeune, un permis de conduire ».
41
Photo3 : CEM FOP Photo4 : auto école municipale
La formation en informatique dure cinq (5) mois et est sanctionnée par une attestation. Le
chargé de cours est un volontaire qui ne reçoit aucun paiement en dehors de ces frais de
transport (chaque bénéficiaire cotise entre 1000 et 2000FCFA/mois). Par contre le projet de
permis de conduite est financé à hauteur de cinq (5) millions de FCFA par la mairie en
collaboration avec l’auto école 2000. Chaque candidat apporte 44000FCFA. La première
session de formation a accueilli 450 personnes mais seulement 250 ont eu leur permis. Pour
leur insertion le projet « taxi urbain de Guédiawaye » est en cours avec l’appui du groupe
Espace auto pour acquérir des voitures à raison de 3 500 000FCFA l’unité. Ce projet devrait
permettre à la ville de moderniser son parking automobile très vétuste et de réorganiser le
transport urbain dans cette zone. Ces voitures devraient circuler à l’intérieur du territoire
communal. Pour l’heure 10 voitures sont prévues à cause de l’insuffisance des moyens
financiers.
Il faut cependant noter qu’une formation en savonnerie a été expérimentée et qu’il est prévu
de nouveaux locaux pour développer cette filière.
Le Synapse center forme des jeunes en agriculture plus particulièrement en matière de
semences et de transformations de produits.
42
L’Etat souhaite également développer dans cette zone un programme dans les NTIC
(Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) avec le projet « Espaces
Numériques Universels » qui cible les zones rurales et les banlieues.
La chambre de commerce doit également délocaliser ces formations dans la ville de
Guédiawaye.
A cela il faut ajouter un financement d’un milliard de FCFA par la BNDE (Banque Nationale
pour le Développement Economique) aux jeunes porteurs de projet et du PAPEJF (Projet
d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes et des Femmes) financé par la BAD (Banque
Africaine de Développement).
II. La participation des populations : un impératif pour la réussite du
projet
La gouvernance locale/ participative repose sur un pilier fondamental qui est la participation
des populations de base dans les projets ou programmes qui touchent leur territoire.
La démocratie participative donne au citoyen, à n'importe quel citoyen, une place centrale
dans le processus démocratique. Sans remettre en cause le savoir politique des élus ni les
connaissances des experts, cette nouvelle forme de partage du pouvoir nécessite en amont de
sa réalisation la reconnaissance d'une expertise citoyenne légitime. C'est là, pour Jacques
Rancière, « la puissance subversive toujours neuve et toujours menacée de l’idée
démocratique » : l'établissement d'un pouvoir fondé ni sur la naissance, ni sur l'argent, ni sur
le savoir. La reconnaissance du « pouvoir des n'importe qui », « pouvoir de ceux qui n'ont pas
plus de titre à gouverner qu'à être gouvernés ». Le scandale démocratique c'est le scandale de
la politique même, de l'égalité des hommes. Car il existe, au sein des démocraties, une peur
latente de « l'individu démocratique », jugé tantôt irrationnel, tantôt calculateur et égoïste.
Peur qui préfigure la prééminence de la légitimité des sachants, gouvernants ou experts, ainsi
que la contestation de la légitimité populaire, stigmatisée comme « populiste » lorsqu'elle
s'oppose à la logique élitiste dominante. Une vision sceptique du « savoir citoyen » prévaut
encore aujourd'hui, dans des termes souvent voisins de ceux utilisés par Joseph Schumpeter22
en 1940 :« Le citoyen typique tombe à un niveau inférieur de performance mentale dès qu'il
22
http://fr.wikipédia.org: définition de la démocratie participative
43
entre dans le champ politique. Il argumente et analyse d'une façon qu'il reconnaîtrait
immédiatement comme infantile dans la sphère de ses intérêts réels. Il redevient primitif. Sa
pensée devient associative et affective »
À l'opposé de cette vision archaïque, Yves Sintomer23
constate l'existence de plusieurs «
savoirs » mobilisables parle citoyen. Le « savoir d'usage », par exemple, qui enrichit le savoir
technique des experts comme l'écrivait John
Dewey en 192724
: « C'est la personne qui porte la chaussure qui sait le mieux si elle fait mal
et où elle fait mal, même si le cordonnier est l'expert qui est le meilleur juge pour savoir
comment y remédier. [...] Une classe d'experts est inévitablement si éloignée de l'intérêt
commun qu'elle devient nécessairement une classe avec des intérêts particuliers et un savoir
privé – ce qui, sur des matières qui concernent la société, revient à un non-savoir ». Lors des
jurys d'assises, c'est une autre forme de savoir qui est reconnue au citoyen : le « bon sens », la
capacité de bien juger, sans passion, en présence de problèmes qui ne peuvent être résolus par
un raisonnement scientifique. Ce « bon sens», qui doit être rigoureusement distingué du «
sens commun », correspond à la formation d'une opinion éclairée, sur la base d'une
information suffisante, lors d'une délibération de qualité, et fonde en politique la notion même
de démocratie : la reconnaissance pour tous les citoyens d'une égale dignité de principe.
Dans cette présente étude la participation des populations (jeunes) reste très faible voire
inexistante. En effet seul 1% de l’échantillon affirme avoir participé à l’élaboration du projet.
Figure1 : taux de participation des jeunes aux études du projet
23
http://fr.wikipédia.org: définition de la démocratie participative 24
Ibid.
44
Les raisons explicatives peuvent être nombreuses :
Accentuation des rapports de méfiance entre Elus et Populations.
Manque de culture démocratique des Elus,
Insuffisance d’information et de communication entre acteurs ; cela se justifie par le
fait que 7% seulement des personnes interrogées connaissent le centre de formation.
Figure2 : taux de connaissance du CEMFOP
La connaissance est au en corollaire avec la proximité de la résidence par rapport au centre
municipal de formation professionnelle. Ce dernier se trouvant dans la localité de Sam
Notaire.
Tableau4 : connaissance du CEMFOP par rapport aux CA
Lieu de résidence oui non total
Golf Sud 1 27 28
SAM Notaire 5 18 23
Wakhinane Nimzat 1 21 22
Médina Gounass 0 14 14
Ndiarème Limamoulaye 0 13 13
Dysfonctionnement des cadres de concertation.
Détournement d’objectifs,
Médiocrité dans la réalisation des actions de la collectivité
45
Clientélisme politique et népotisme, intervention de la collectivité locale en deçà de la
qualité requise,
Délibérations du conseil municipal inadaptées et impertinentes
Manque de priorisation des actions de développement
. Gestion solitaire du pouvoir par les élus,
Les raisons susmentionnées figuraient déjà dans le rapport du forum communautaire en
2009 dans l’atelier 4 intitulé Gouvernance locale et dirigé par Mr Pape Démon SECK.
A cela il faut ajouter un déphasage entre les études de faisabilité et la réalisation du projet
(8ans entre 2004 et 2012). Il a fallu attendre la mise en place d’une nouvelle équipe
municipale pour enfin réaliser le projet car au moment de son élaboration l’actuel maire
Cheikh SARR par ailleurs réalisateur du projet était le président de la Commission
Jeunesse et emploi. Il a donc simplement appliqué les conclusions de cette étude sans pour
autant évaluer le contexte présent.
III. L’offre de formation doit répondre à la fois aux besoins exprimés par
les jeunes et à la demande du marché pour maximiser l’employabilité
des jeunes.
La création du CEMFOP (Centre Municipal de Formation Professionnelle) se justifie par
une déperdition scolaire très élevée à Guédiawaye ainsi qu’au chômage chronique des
jeunes. Par conséquent le CEMFOP devrait permettre, à travers ces formations en
informatique et en conduite, aux jeunes de pouvoir trouver un emploi. Toutefois le
constant reste inchangé car les efforts consentis par les autorités locales n’ont pas changé
la donne. Cette situation est due d’abord à la non association de certains acteurs clé dans
la phase de mise en œuvre du projet. En effet l’analyse des parties prenantes permet de
déceler les acteurs suivants : la Commission Jeunesse et Emploi de la ville de
Guédiawaye, le BLD (Bureau Local de Développement), le crédit municipal de
Guédiawaye, l’auto école 2000 ainsi que la Banque CBAO. Ainsi ni les organismes
d’appui technique comme l’AMD (Agence Municipale de Développement) ni les
employeurs entre autres acteurs ne sont associés à la mise en œuvre du projet ; ce qui fait
que l’offre de formation et en inadéquation avec la demande du marché. Cela se justifie
par le fait taux d’insertion des jeunes et le fait qu’aujourd’hui encore les responsables du
46
centre de formation sont en négociation avec des sociétés pour trouver des taxis qu’il
faudra donner aux jeunes bénéficiaires du projet « un jeune, un permis de conduire ». En
effet seule une portion d’entre eux a pu trouver un travail de chauffeur et comme le
souligne Mr MBAYE responsable du CEM FOP, plus de 75% des jeunes formés en
conduite n’ont pas trouvé un emploi. C’est la raison pour la quelle on cherche à acquérir
des taxis pour eux et ils vont ensuite payer par tranche (entretien). Ces propos se justifient
également par le fait que sur l’ensemble des personnes interrogées, ceux qui ont subi les
formations mêmes si elles ne sont pas nombreuses, seule la formation en conduite a pu
générer des emplois jusqu’ici
Tableau 5: rapport des bénéficiaires de formation et de l’insertion
En ce qui concerne la formation en informatique aussi le constant est le même. La
bureautique constitue en quelque sorte des prés requis pour l’informatique et cette formation
est synonyme d’une initiation à l’informatique ; ce qui fait que l’attestation délivrée à la fin
n’a pas une grande valeur aux yeux des employeurs comme ont eu à le souligner certains
enquêtés qui l’ont subie. De plus pour la majeure partie des personnes interrogées, ces deux
formations ne constituent que des outils de travail. Par exemple pour les élèves et étudiants
avoir le permis de conduire ne veut pas dire qu’on va être chauffeur et la majeure partie des
personnes interrogées sont soit des élèves / étudiants soit des fonctionnaires et que plus de la
moitié des personnes interrogées sont instruites comme on peut le voir sur les tableaux qui
suivent.
Tableau6 : répartition de personnes interrogées par secteur d’activités
Secteur nombre
Etudiant /élève 37
Secteur formel 19
Secteur informel 28
Sans emploi 16
Total 100
Avez vous beneficiez de leur formation
insertion
Non réponse
1oui
2non
TOTAL
1oui 2non TOTAL
0 94 94
3 0 3
3 0 3
6 94 100
47
Tableau 7 : taux d’instruction
L’ensemble de ces facteurs se conjuguent pour montrer l’inadéquation de l’offre de formation
par rapport à la demande du marché ainsi qu’une mauvaise étude de projet tenant du fait que
l’ensemble des parties prenantes ne sont pas prises en compte.
A cela s’ajoute le fait de la non représentativité des différentes catégories socio
professionnelles et la non prise en compte de leurs diversités. En effet on ne peut pas
dispenser la même formation pour des élèves, des étudiants, des analphabètes etc.…La
communication est aussi une des causes des difficultés du CEM FOP car plus de la majorité
des personnes interrogées ne connaissent pas son inexistence (seul 7/100), ce qui justifie
l’inappropriation du projet par les jeunes.
Aujourd’hui encore des doutes subsistes quand aux mesures prises. Est-ce que le fait de doter
les jeunes de taxi permettra de résoudre le sous emploi ? Est ce que les taxis sont une solution
appropriées en tenant compte des difficultés liées à la mobilité et au niveau de vie des
populations de la banlieue ?
Chacune de ces questions méritent encore une étude sérieuse de la part des dirigeants du
CEMFOP.
IV. Quelques pistes de solutions
D’emblée rappelons que cette étude n’a pas pour but de trouver des solutions adéquates
aux difficultés que rencontrent le CEM FOP de la ville de Guédiawaye. Toutefois elle
peut servir d’aiguillon dans cette perspective. En d’autres termes, elle pourrait permettre
aux autorités de revoir leurs politiques afin de rendre plus efficaces voire efficientes les
politiques publiques locales.
En fonction des problèmes soulevés, plusieurs solutions sont envisageables :
Etes vous instruits
1oui
2non
TOTAL OBS.
Nb. cit. Fréq.
83 83,0%
17 17,0%
100 100%
48
Renforcer les capacités techniques des élus locaux en matière de gouvernance et
de planification surtout
Faire de l’implication des populations de la base (OCB, Association de Jeunes
etc.) une règle d’or dans les politiques publiques qui touchent de prés ou de loin à
leur terroir. Cela peut se faire par le budget participatif, par la mise en place de
conseils e quartiers entre autres. Toutefois cela suppose une bonne qualité des
ressources humaines du territoire.
Lutter contre le clientélisme politique en renforçant les mesures de contrôle de
l’action des gouvernants par les gouvernés.
Assurer la bonne circulation des informations ainsi que le Feed-back entre les
différents niveaux
Renforcer les capacités financières du CEMFOP
Développer des formations de qualité ainsi que d’autres filières répondant aux
besoins des employeurs locaux ainsi qu’à la demande de manière générale.
Motiver davantage les formateurs en leur allouant un salaire convenable
Accompagnement de l’Etat
CONCLUSION
Au terme de ce travail, il apparait que le CEM FOP a été conçu pour renforcer les capacités
des jeunes gratuitement ou à moindre coût. Il cherche également à faciliter l’insertion des
jeunes de Guédiawaye ; banlieue dakaroise en impulsant un développement local. Toutefois,
l’atteinte de ces objectifs se heurte à des difficultés importantes relatives à sa mise en place et
à son fonctionnement. Ces difficultés se traduisent par des résultats en deçà des attentes des
populations et des autorités locales elles mêmes. C’est pour quoi il est nécessaire de consentir
des efforts de la part des différents acteurs pour que le centre puisse atteindre sa vitesse de
croisière. Cela passe nécessairement par une meilleure intégration des jeunes dans tout le
processus de mise en place des projets qui touchent leur territoire pour son appropriation ;
cela passe également par la mise en place d’une bonne stratégie de communication pour
informer l’ensemble des acteurs à temps. De même les autorités locales ainsi que le
gouvernement doivent accompagner les initiatives locales en dotant le CEMFOP de moyens
suffisants. C’est donc dire que les responsables du centre de formation ont encore du pain sur
la planche car les attentes sont nombreuses et les moyens insuffisants car comme le dit Mr
NIASSE’ directeur de la plateforme municipale : « nous n’avons pas atteints notre vitesse de
49
croisière et nous sommes conscients qu’il y’a un vrai problème au niveau de la
communication. De plus la mairie ne nous accorde pas de subvention pour qu’on puisse payer
le formateur ». Cet aveu de faiblesse vint confirmer les conclusions de cette étude. Toutefois
l’on peut se poser la question à savoir s’il n’est pas temps que les ressources locales ne
doivent pas être exploitées davantage ? De même face à l’engouement que connait la lutte, est
ce qu’il n’est pas temps de l’exploiter afin de favoriser une identité territoriale forte ainsi que
la compétitivité de la ville de Guédiawaye ? Toutes ces questions seront probablement traitées
dans le cadre d’une thèse éventuelle.
50
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réflexion pour un développement territorial durable des collectivités locales ; rapport de
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NIANG A.K.M. 2010 . Usage des technologies de l’information et de la communication par
les services déconcentrés de l’Etat dans le processus de développement local : le cas de la
ville de Guédiawaye, mémoire de Master2 ATDDL géographie, UCAD, Sénégal, 58p.
51
Réglementation
Décret n° 1992-118 fixant les obligations particulières auxquelles sont soumis les comités de
santé et portant statuts types desdits comités, J.O.R.S. du 1er
-02-1992, p. 77
Loi n° 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales
Site web :
www.gouv.sn www.mémoireoneline.com
http://fr.wikipédia.org: définition de la démocratie participative
52
Annexes
Liste des cartes
Carte1 : localisation de Guédiawaye
Carte2 : les différentes vagues d’urbanisation de Guédiawaye
Carte3 : densité de la population par commune
Carte4 : typologie de l’habitat
Liste de figures
Figure1 : taux de participation des jeunes aux études du projet
Figure2 : taux de connaissance du CEMFOP
Liste des tableaux
Tableau1 : évolution de la population de Pikine /Guédiawaye depuis sa création
Tableau2 : taux de branchement par zone
Tableau3 : secteur d’activités
Tableau4 : connaissance du CEMFOP par rapport au CA
Tableau 5: rapport des bénéficiaires de formation et de l’insertion
Tableau6 : répartition de personnes interrogées par secteur d’activités
Tableau 7 : taux d’instruction
Liste des photos
Photo1 : BDL Bureau de Développement Local
Photo2 : crédit municipal de Guédiawaye
Photo3 : CEMFOP
Photo4 : auto école municipale
53