Suivi Eau BV Vienne - 2012 à 2014 - ORE

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1 La Vienne à Lussac les Châteaux L’Auxance à Chasseneuil du P. La Boivre à Poitiers Le Clain à Chasseneuil du P. La Dive du Sud à Couhé Le Clain à Anché La Vienne à Mazerolles Document réalisé par l’Observatoire Régional de l’Environnement Poitou- Charentes – Mars 2017 Observatoire environnemental de la LGV SEA Synthèse des données collectées dans le cadre des arrêtés loi sur l’eau de la LGV SEA Le bassin versant de la Vienne Départements traversés : Deux-Sèvres, Charente 2012-2013-2014

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La Vienne à Lussac les Châteaux

L’Auxance à Chasseneuil du P.

La Boivre à Poitiers

Le Clain à Chasseneuil du P.

La Dive du Sud à Couhé

Le Clain à Anché

La Vienne à Mazerolles

Document réalisé par l’Observatoire Régional de l’Environnement Poitou-Charentes – Mars 2017

Observatoire environnemental

de la LGV SEA

Synthèse des données collectées

dans le cadre des arrêtés loi sur

l’eau de la LGV SEA

Le bassin versant de la Vienne

Départements traversés :

Deux-Sèvres, Charente

2012-2013-2014

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SOMMAIRE

1. Le cadre de l’étude / p.3 1.1. Le contexte 1.2. Les objectifs 1.3. Les données sources et le cadre réglementaire

2. Présentation du bassin étudié : la Vienne / p.4 2.1. Eléments de contexte 2.2. Les sites à enjeu eau

3. La qualité des eaux superficielles et l’état des cours d’eau du bassin

de la Vienne / p.10 3.1. Méthodologie et paramètres étudiés 3.2. Evaluation de l’état biologique, physico-chimique et écologique 3.3. Evaluation de la qualité des sédiments

4. Le suivi des eaux souterraines / p.18 4.1. Les mesures de niveau d’eau 4.2. La qualité des eaux souterraines Synthèse / p.28 Annexes / p.30

Précautions de lecture

L’analyse interannuelle parait encore difficile du fait d’un faible nombre d’années de campagne de prospection. Cependant des données complémentaires pour les années suivantes seront fournies dans la suite de l’étude et permettront le cas échéant de réaliser cette analyse.

D’autre part, les relevés ne sont pas réalisés en systématique à la même période d’une année sur l’autre. Les résultats peuvent donc être variables selon l’influence météorologique (pluviométrie, température …), la variation des débits, les prélèvements réalisés à sur le bassin versant …

Le document présente une synthèse générale pour le bassin versant de la Vienne, incluant les sites à enjeu sélectionnés dans le cadre de l’Observatoire environnemental.

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1. Le cadre de l’étude

La future Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique de 340 kilomètres de long traverse 4 bassins versants (l’Indre, la Vienne, la Charente et la Dordogne) incluant chacun de nombreux cours d’eau (884 cours d’eau au total), des zones humides ou encore des nappes d’eau souterraines. Les bassins versants sont des entités hydrologiques cohérentes dans lesquels tous les écoulements des eaux convergent vers un même point, exutoire de ce bassin. Les ressources en eau d’un bassin versant sont cependant soumises à de fortes pressions anthropiques (usages domestiques, agricoles industriels …) qui peuvent dégrader sa qualité et porter atteinte aux milieux aquatiques. Potentiellement, la construction d’une infrastructure de transport comme la LGV SEA peut elle aussi avoir de nombreux impacts sur les ressources en eau aussi bien pendant la phase de travaux que pendant la phase d’exploitation. Afin d’évaluer ces impacts, des suivis des différentes ressources en eau sont nécessaires ; ils portent aussi bien sur des aspects quantitatifs que qualitatifs. Dans le cadre de la LGV-SEA, la construction de près de 600 ouvrages hydrauliques (buses ou cadres pour les petits écoulements, viaducs ou ponts pour les cours d’eau les plus importants) est prévue sur l’ensemble du tracé afin de faciliter l’écoulement des eaux. Ils ont fait l’objet d’aménagements particuliers pour rétablir la circulation des poissons et des animaux à proximité. Au niveau du bassin de la Vienne, 3 viaducs ont été construits : Auxance, Boivre et Vonne. Ces ouvrages hydrauliques sont prévus pour perturber le moins possible les écoulements naturels mais ne sont pas sans conséquence et peuvent porter atteinte au milieu aquatique et influer sur la continuité des cours d’eau. La réalisation des ouvrages et du rétablissement hydraulique doit respecter le principe de libre circulation des poissons (Code rural) et l’implantation de l’ouvrage doit se faire au plus proche du lit naturel du cours d’eau existant pour éviter une dérivation trop importante.

1.1. Le contexte

L’Observatoire environnemental de la LGV LEA mis en place par LISEA a pour but d’enrichir la connaissance et les pratiques notamment en matière de réduction des impacts environnementaux et d’apporter des retours d’expérience utiles aux projets futurs d’infrastructures. Il vise également à évaluer les impacts résiduels réels, positifs et négatifs, du projet sur l’environnement et à s’assurer de l’efficacité des mesures prises pour la réduction et la compensation des impacts notamment en matière de protection du milieu naturel et de l’insertion paysagère. 6 thèmes d’études et 19 sites ont été sélectionnés dont le thème de l’eau avec 16 sites emblématiques répartis le long du tracé de la LGV SEA. Le bassin de la Vienne est concerné par 6 sites à enjeu eau : la Vienne, la ZPS Plaine du Mirebelais et du Neuvillois, la vallée de la Boivre, la vallée de la Rune, Chaunay/Pliboux et la ZPS Plaine de la Mothe Saint-Heray-Lezay.

1.2. Les objectifs Deux objectifs principaux sont visés au travers de l’étude de l’eau mise en place dans le cadre de l’observatoire environnemental de la LGV SEA :

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- Obtenir des retours d’expérience, grâce à l’analyse de sites emblématiques sur l’incidence du chantier sur les eaux souterraines et superficielles (qualité, niveau et débit) et l’efficacité des dispositifs environnementaux.

- Sur des exemples spécifiques, évaluer la réussite d’une option, d’une innovation technique adaptée sur les aménagements d’ouvrages.

1.3. Les données sources et le cadre réglementaire

Les données utilisées pour cette étude sont issues des résultats des mesures réalisées lors des suivis des eaux souterraines et des eaux superficielles menées par des bureaux d’étude mandatés par COSEA dans le cadre des arrêtés loi sur l’eau. Ces mesures constituent un ensemble important de données. Les données analysées pour le suivi de la qualité des eaux superficielles et de l’état des cours d’eau concernent 4 campagnes de mesures : état de référence (2009), 2012, 2013 et 2014. Ces données sont très complètes et très riches en information pour chaque campagne de prospection. Les arrêtés d’autorisation Loi sur l’eau ont été obtenus pour les 4 bassins versants concernés par la construction de la LGV SEA à savoir Indre, Vienne, Charente et Dordogne. Le dossier de demande d’autorisation détaille, par bassin versant, les mesures conservatoires correctives ou compensatoires, les plus adaptées pour préserver ce patrimoine commun. Un état zéro a été réalisé et des suivis des eaux superficielles et souterraines ont été mis en place dès la phase chantier conformément à ces arrêtés.

2. Présentation du bassin étudié : la Vienne

2.1. Eléments de contexte

La Vienne (372 km) prend sa source au pied du mont d’Audouze (en Corrèze) sur le plateau de Millevaches à 920 m d’altitude, et traverse les plateaux intermédiaires puis les bas plateaux du haut Limousin (altitude de 300 – 400 m) avant de sillonner les formations sédimentaires du Poitou et enfin de confluer avec la Loire à Candes-Saint-Martin. Ses principaux affluents sont la Creuse (255 km), le Clain (125 km) et le Taurion (103 km). Son bassin couvre ainsi une superficie de 21 157 km2 et s’étend des contreforts nord occidentaux du massif central jusqu’au val de Loire, sur les régions Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et Centre Val de Loire, et en particulier sur les départements suivants : Corrèze, Creuse, Haute Vienne, Vienne, Charente, Deux Sèvres, Indre et Indre-et-Loire. (Source : Etablissement Public du Bassin de la Vienne)

>>> La loi sur l’eau

La Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) du 30 décembre 2006 est une loi française ayant pour but de transposer en droit français la directive cadre européenne sur l’eau d’octobre 2000. Elle vise ainsi à préserver les écosystèmes aquatiques et les zones humides, protéger la qualité des eaux, et préserver les écoulements naturels. Les installations, ouvrages, travaux et activités en rivière sont soumis à des contraintes réglementaires. En effet, tout projet ayant un impact direct ou indirect sur le milieu aquatique (eaux superficielles ou souterraines, zones inondables, zones humides...) doit être soumis à l’application de la Loi sur l’eau. Concernant la Ligne à Grande Vitesse SEA Tours-Bordeaux, les ouvrages et installations liés à sa construction ont été soumis à déclaration ou autorisation. L’ensemble des travaux a ainsi été conçu sur la base d’études hydrauliques, hydrogéologiques et environnementales validées par les autorités administratives, et soumis à enquête publique.

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L’hydrologie du bassin de la Vienne est caractérisée par plusieurs particularités :

un fort gradient pluviométrique entre le Plateau de Millevaches à l’amont et la région de Châtellerault,

à l’amont : la présence d’une structure géologique essentiellement composée de terrains primaires imperméables et à l’aval de terrains sédimentaires où l’infiltration est prépondérante, un réseau hydrographique dense, de nombreux étangs, des aménagements hydroélectriques EDF importants en particulier sur la Vienne, le Taurion et la Maulde.

à l’aval : la présence d’importants terrains sédimentaires, une densité faible à moyenne du chevelu hydrographique et de nombreux aquifères souterrains.

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Plusieurs problématiques sont mises en avant sur ce grand bassin versant parmi lesquelles : la présence de la centrale nucléaire de Civaux qui nécessite des mesures de gestion

particulières, dans la partie aval du bassin, une qualité de l’eau très dégradée par les nitrates et

les pesticides que cela soit en superficiel ou en souterrain, sur la partie moyenne, une qualité de l’eau dégradée pour tout ce qui est phosphore,

matières organiques et oxydables en lien avec des rejets domestiques ou agricoles.

2.2. Les sites à enjeu eau sélectionnés dans le cadre de l’Observatoire

Dans le cadre du projet de construction de la ligne LGV, un programme de surveillance a été établi, depuis 2009, pour suivre l’état écologique des cours d’eau concerné par le tracé. Un état écologique de référence a été réalisé, basé sur des mesures physico-chimiques et biologiques définies par l’arrêté du 25 janvier 20101, pour 71 cours d’eau répartis dans les 4 bassins Vienne, Indre, Dordogne et Charente. En ce qui concerne plus particulièrement le bassin de la Vienne, celui-ci est traversé par la LGV-SEA dans sa partie aval au niveau des sous-bassins suivants : Vienne tourangelle, Vienne aval et Clain. Différentes ressources en eau, superficielles et souterraines, sont ainsi concernées. Sur les 16 sites à enjeux eau définis le long du tracé de la LGV, 6 concernent le bassin de la Vienne. Ils sont présentés dans le tableau suivant et localisé sur la carte ci-après.

1 Arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d'évaluation de l'état écologique, de l'état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface pris en application des articles R. 212-10, R. 212-11 et R. 212-18 du code de l'environnement (dernière modification par l’arrêté du 27/07/2015). http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021865356&dateTexte=20160129

La Vienne à Chauvigny - 13 août 2012

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Sites Thème Eau N° du site Nom du site Commune Dpt Eaux

superficielles Eaux

souterraines 1 La Vienne Nouâtre/Ports 37/86 La Vienne -

2 ZPS Plaine du

Mirebelais et du Neuvillois

Jaunay-Clan/Chasseneuil du

Poitou/Migné Auxance 86 L’Auxance

Jaunay-Clan/Chasseneuil

du Poitou

3 Vallée de la Boivre Vouneuil sous Biard/Biard 86 La Boivre Vouneuil sous

Biard

4 Vallée de la Rune Fontaine le Comte 86 La Rune Fontaine le Comte

5 Chaunay/Pliboux Chaunay/Pliboux 86/79 - Pliboux

6 ZPS Plaine de la Mothe Saint-Heray-Lezay

Rom/Vanzay/Pliboux + Sainte Soline

79 - Rom

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Site à enjeu eau n°1 : La Vienne > Enjeux eaux superficielles Les communes de Ports et Nouâtre se situent en bord de Vienne (respectivement en rive gauche et en rive droite) à la confluence de la Creuse et de la Vienne, la Creuse se jetant dans cette dernière au niveau du Bec des Deux-Eaux Situés à environ 250 km de la mer, ces deux sous-bassins accueillent des poissons migrateurs tels que la lamproie marine, l’alose ou encore le saumon. Véritable richesse écologique, ces espèces emblématiques sont des indicateurs majeurs d’une bonne qualité écologique des milieux et de la qualité de l’eau, leur présence atteste en effet du bon fonctionnement et du bon état des écosystèmes aquatiques. A noter qu’une base de travaux ferroviaires a été installée à Nouâtre-Maillé permettant de nombreuses activités liées à la construction de la LGV tels que le stockage de ballast, des machines de relevage de la voie, des ateliers caténaires … Cette base se situe immédiatement en aval de la confluence Vienne-Creuse.

Site à enjeu eau n°2 : Zone de Protection Spéciale (ZPS) Plaines du Mirebelais et du Neuvillois > Enjeux eaux superficielles et souterraines La Zone de Protection Spéciale Plaines du Mirebelais et du Neuvillois est située entre les cours d’eau du Clain, de l’Auxance et de la Pallu (seule une partie de la ZPS est visible sur la carte ci-contre). De vastes plaines agricoles dominées par les grandes cultures sont observées dans ce secteur qui présente un intérêt pour l’avifaune avec plusieurs espèces relevant de la Directive Oiseaux, dont l’Outarde canepetière. Les ressources en eau présentes dans ce secteur sont soumises à des pressions notamment en lien avec les usages agricoles. Cependant, certains agriculteurs se sont engagés une M.A.E.T. (Mesure AgroEnvironnementale Territorialisée) et adaptent leurs pratiques agricoles à des enjeux environnementaux afin de préserver des ressources remarquables. Site à enjeu eau n°3 : La vallée de la Boivre > Enjeux eaux superficielles et souterraines La Boivre, d’une longueur d’environ 46 kilomètres, est un cours d’eau qui prend sa source en Deux-Sèvres (à Vasles) puis qui traverse le département de la Vienne avant de se jeter dans le Clain (à Poitiers). Aussi appelée la rivière aux castors, la Boivre reste souterraine en de nombreux endroits. La vallée sinueuse de la Boivre est reconnue en tant que zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) et classé en tant que site inscrit. Elle accueille une population de poissons diversifiée : truite fario, brochet, perche … A noter qu’un viaduc de franchissement a été construit à Biard et Vouneuil-sous-Biard afin de traverser la rivière.

Nouâtre

Ports

La Creuse

La Vienne LGV SEA

Le Clain

La Pallu

L’Auxance

LGV SEA

ZPS Plaines du Mirebelais et du

Neuvillois

La Boivre

LGV SEA

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Site à enjeu eau n°4 : La vallée de la Rune > Enjeux eaux superficielles et souterraines Le petit ruisseau de la Rune prend sa source entre Coulombiers et Béruges, court ensuite à proximité de Fontaine-le-Comte avant de se jeter dans le Palais au niveau de la commune de Marçay. Le territoire de la vallée de la Rune correspond à la région des Terres de Brandes, terroir de polyculture et d’élevage extensif. La Rune est une ressource particulière puisqu’elle abrite une espèce protégée : l’écrevisse à pattes blanches. Dans le cadre des travaux de la LGV-SEA, une partie du lit de la Rune est déviée tout en assurant une reconstitution naturelle du cours d’eau. Concernant les écrevisses à pattes blanches, un lieu d’accueil a été aménagé dans une petite source dont les eaux s'écoulent sur 180 mètres avant de rejoindre ensuite la Rune. Site à enjeu eau n°5 : Chaunay/Pliboux > Enjeux eaux souterraines Le bocage humide de Chaunay-Pliboux est situé au niveau du Seuil du Poitou où se rejoignent 2 grands bassins (parisien et aquitain) mais également 2 massifs anciens (Armoricain et Central). Cette position particulière engendre un empilement de roches sédimentaires principalement calcaires dans les bassins et une grande variété de roches granitiques, volcaniques ou métamorphiques (schistes, gneiss…) dans les massifs. Ce secteur à dominante agricole est marqué par des entités hydrogéologiques à nappe libre (vert clair sur la carte) et des entités hydrogéologiques à partie libre et captive (vert foncé sur la carte). Les plateaux du seuil du Poitou présentent plusieurs formations géologiques : argiles à silex éocènes, limons des plateaux, argiles lacustres ... Site à enjeu eau n°6 : ZPS Plaine de la Mothe-Saint-Heray - Lezay > Enjeux eaux souterraines La Zone de Protection Spéciale Plaine de la Mothe-Saint-Heray – Lezay est située dans le Sud-Est des Deux-Sèvres ; elle est traversée par la Dive du Sud et la Bouleure. Une diversité de milieux est observée dans ce secteur dominé par des prairies humides et des zones bocagères. Le site est une des huit zones de plaines à Outarde canepetière, espèce relevant de la Directive Oiseaux Au niveau de la ressource en eau souterraine, les communes de la Mothe-Saint-Heray et de Lezay se situent majoritairement sur les aquifères suivants : Vendee Sud / Domerien, Civraisien / Dogger et Civraisien / Oxfordien.

LGV SEA

LGV SEA

La Rune

Le Palais

Chaunay

Pliboux

LGV SEA

LGV SEA

ZPS Plaine de la Mothe-Saint-Heray - Lezay

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3. La qualité des eaux superficielles et l’état des cours d’eau du bassin de la Vienne

3.1. Méthodologie et paramètres étudiés Afin d’obtenir une vision globale de la situation des eaux superficielles du bassin de la Vienne, les résultats obtenus pour chaque station de suivi ont été agrégés et synthétisés. Plusieurs indicateurs ont été étudiés permettant d’évaluer l’état des différents cours d’eau concernés. Pour chaque station de suivi, ont été définis un état physico-chimique et un état biologique, permettant tous deux de déterminer l’état écologique.

Les différents paramètres pour l’évaluation de l’état écologique

(issus de l’arrêté du 25 janvier 2010 en vigueur jusqu’au 21 décembre 2015)

Les outils d’évaluation des états biologique, physico-chimique et écologique ainsi que le SEQ-eau V2 (système d'évaluation de la qualité des cours d'eau qui permet d’apprécier la qualité physico-chimique des cours d’eau à travers différentes grilles d'évaluation) acquièrent toutes leurs pertinences dans le cadre d’un suivi régulier des cours d’eau car les caractéristiques physico-chimiques des milieux varient fortement avec la saison.

La qualité biologique (de l’état écologique) des eaux superficielles est appréciée à travers le calcul d’indices spécifiques sur les organismes aquatiques, établis selon des protocoles de recueil de données normalisés propres à chaque indice (protocole IBG, protocole IBGA …). Les indices utilisés dans le cadre du suivi de la LGV sont les suivants :

- Indice Biologique Global (IBG) pour les petits cours d’eau : il repose sur l’examen des peuplements de macro-invertébrés benthiques. Ces organismes plus ou moins polluo-sensibles témoignent de la qualité de l’eau et de la qualité et diversité des habitats du cours d’eau dans lequel ils sont présents : structure du fond, état des berges et qualité physico-chimique des eaux.

- Indice Biologique Global Adapté (IBGA) pour les grands cours d’eau : l'IBG ne peut être appliqué que sur des cours d'eau peu profonds (<1m). L’IBGA permet d'évaluer la qualité

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biologique de l'eau d'un cours d'eau au moyen d'une analyse des macro invertébrés, adapté aux spécificités des rivières larges et profondes.

- Indice Biologique Diatomées (IBD) : Il prend en compte la structure des peuplements de diatomées (algues brunes unicellulaires microscopiques fixées). Ces algues colonisent les différents substrats présents dans le lit des cours d’eau. Il reflète la qualité générale de l’eau d’un cours d’eau, et plus particulièrement vis-à-vis des matières organiques et oxydables et des nutriments (azote et phosphore).

- Indice Poissons Rivière (IPR) : les peuplements piscicoles constituent de bons outils de mesure de la qualité du milieu. L’IPR est déterminé à partir de la richesse spécifique (nombre d’espèces présentes), la densité et les caractéristiques écologiques des différentes espèces qui composent le peuplement (régime alimentaire, polluo-sensibilité, habitat, etc.).

L’évaluation de la qualité physico-chimique des eaux superficielles (de l’état écologique) porte sur des analyses physico-chimiques des eaux basées sur deux outils d’évaluation de la qualité de l’eau : les classes d’état écologique pour les paramètres physico-chimiques généraux et les grilles d’évaluation de la qualité de l’eau par type d’altérations (SEQ Eau version 2). Les mesures réalisées concernent la température, le pH, la conductivité, l’oxygène dissous, le taux de saturation en dioxygène, le carbone organique dissous, la demande biochimique en oxygène, l’ammonium, les nitrites, les nitrates, les orthophosphates et le phosphore total. L’étude de la qualité des sédiments peut renseigner sur la qualité des eaux, car les sédiments ont la propriété d’intégrer et de concentrer certains éléments présents dans l’eau. Certains polluants présents en très faible concentration dans l’eau tels que les micropolluants organiques et métalliques sont de ce fait plus facilement détectables dans les sédiments. Les mesures réalisées sur les sédiments portent sur différents substances : les métaux lourds (Plomb, Zinc, Nickel, Cadmium, Chrome, Cuivre…), les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), ou encore les Polychlorobiphényles (PCB) et les pesticides lors de l’évaluation de l’état de référence en 2009.

Les facteurs influant sur la qualité des eaux La qualité de l’eau dépend d’une part du contexte naturel (contexte géologique pour l’eau souterraine par exemple), et d’autre part, de facteurs environnant qui viennent la dégrader (pollution). Cette pollution peut avoir des effets négatifs plus ou moins directs sur les écosystèmes aquatiques : toxicité de certains produits, pollution entraînant des déséquilibres sur la chaîne alimentaire (eutrophisation), etc. La pollution de l’eau peut être physique, elle affecte sa température, sa radioactivité, son taux de turbidité (matières en suspension). Elle peut être organique (rejets d’eaux usées), induisant la disparition de la vie aquatique par manque d’oxygène, et l’apparition d’éléments indésirables. La pollution chimique peut quant à elle affecter directement les organismes aquatiques ou créer des déséquilibres (augmentation de la salinité ou de l’acidité). La pollution peut aussi être microbiologique (introduction de micro-organismes dans l’eau, comme les germes pathogènes issus de rejets dans le sol ou déversés dans les cours d’eau). Ces différents polluants peuvent être émis dans l'atmosphère, évacués dans les eaux usées ou encore répandus sur les sols, sous plusieurs formes : gaz, substances dissoutes ou particules. D’autre part, les épisodes pluvieux importants peuvent provoquer des pics de pollution, du fait du lessivage des sols, entraînant des matières en suspension et d’éventuels éléments indésirables (nitrates, pesticides, etc.) vers les eaux de surface, et les eaux souterraines dans les zones d’affleurement.

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3.2. Evaluation de l’état biologique, physico-chimique et écologique Au total, sur l’ensemble du bassin de la Vienne, 27 stations de suivi ont été définies le long du tracé de la LGV, d’amont en aval, pour l’évaluation de la qualité des eaux superficielles et de l’état des cours d’eau. Un état de référence évalué en 2009 (avant le début des travaux de construction de la LGV) a été retenu pour chaque station, puis une campagne annuelle est réalisée pour suivre cet état pendant les travaux et après la fin des travaux.

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Le graphique ci-après présente l’évolution de l’état biologique, physico-chimique et écologique des 27 stations de suivi du bassin de la Vienne. Il tient compte des mesures réalisées pour l’état de référence, 2012, 2013 et 2014.

Comme l’a indiqué le bureau d’études en charge des mesures, les outils d’évaluation des états biologique, physico-chimique et écologique ainsi que le SEQ-eau (V2) acquièrent toutes leurs pertinences dans le cadre d’un suivi régulier des cours d’eau car les caractéristiques physico-chimiques des milieux varient fortement avec la saison. >>> L’état biologique L’état biologique tend à se dégrader entre l’état de référence (avant les travaux) et l’année 2013 (pendant les travaux). Le nombre de stations indiquant un état « Mauvais » tend à augmenter passant de 9 à 14 sur un total de 27 stations ; et le nombre de station indiquant un état « Bon » tend à diminuer passant de 5 à 1. En 2014, la tendance s’inverse avec une diminution du nombre de stations en état « Mauvais » passant de 14 en 2013 à 10 en 2014. D’une manière générale, la dégradation de l’état biologique est liée à un indice Poissons Rivière qui apparait déclassant pour l’évaluation de l’état écologique des cours d’eau suivis sur le bassin de la Vienne. Dans la majorité des cas, des conditions hydromorphologiques pénalisantes sont observées : dominance des faciès lentiques et des substrats sableux ou vaseux, fort colmatage des habitats rhéophiles pour lesquels le courant est important … Ces résultats corroborent ceux de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques qui réalise chaque année des mesures IPR dans les cours d’eau. En 2013, l’ONEMA a indiqué pour le bassin du Clain (bassin traversé en son milieu par la LGV SEA) que 3 stations présentaient une qualité médiocre et 3 autres une qualité mauvaise. De plus, l’observatoire de l’eau pour le bassin de la Vienne indique que « l’indice poisson rivière varie sur le bassin de la Vienne. La qualité des stations fluctue d’une année sur l’autre. Néanmoins, la majorité des stations reste classée en qualité bonne ou médiocre. »

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Il convient de souligner que l’IPR est un outil global qui fournit une évaluation synthétique de l’état des peuplements de poissons. Il ne peut en aucun cas se substituer à une étude détaillée destinée à préciser les impacts d’une perturbation donnée. (Source : ONEMA, 2006) La construction de la LGV SEA entraîne en effet le franchissement de nombreux cours d'eau d'importance et de valeur écologique variée pouvant perturber l’écoulement naturel et la vie aquatique des milieux inféodés. La mise en place de mesures particulières est alors nécessaire et vise à rétablir l’écoulement naturel des cours d’eau. D’autre part, lorsque des opérations de terrassement sont réalisées, cela peut créer, après chaque épisode pluvieux, des matières en suspension dans les eaux de ruissellement. Si la concentration s’avère trop forte, elle peut affecter la vie piscicole, en colmatant les branchies des poissons par exemple. (Source : COSEA) >>> L’état physico-chimique Concernant l’état physico-chimique, une amélioration est observée entre l’état de référence (avant les travaux) et l’année 2013 (pendant les travaux) avec notamment une augmentation du nombre de stations en état « Bon » (de 12 à 19). A noter, qu’en 2012, 10 stations présentaient un état « Très bon ». En revanche, entre 2013 et 2014, l’état physico-chimique se dégrade pour de nombreuses stations avec un passage de 19 à 8 stations en état « Bon » et de 7 à 13 stations en état « Moyen ». De plus, 3 stations apparaissent en état « Médiocre » pour 2014 : la Veude, les Petits Naintrés et la Bouleure. D’une manière générale, depuis le début des travaux, l’état physico-chimique des 27 stations du bassin de la Vienne apparait favorable. Le déclassement de l’état physico-chimique pouvant apparaitre sur quelques stations est lié essentiellement à une concentration élevée en nitrates. Pour rappel, dans la partie aval du bassin, la qualité de l’eau est très dégradée par les nitrates et les pesticides que cela soit en superficiel ou en souterrain en raison notamment d’activités agricoles importantes sur ce secteur. La dégradation de la qualité de l’eau concernant ce paramètre est par conséquent indépendante de la construction de la LGV SEA. Ponctuellement, de fortes concentrations en carbone organique dissous sont relevées dans le milieu lors des prélèvements. Cependant, l'origine de ces apports demeure difficilement identifiable. La construction d’une infrastructure telle que la LGV peut générer d’importants impacts sur la qualité des cours d’eau et tout particulièrement en phase de travaux. En effet, ils nécessitent une mise à nu des sols favorisant l’érosion sous l’effet de la pluie et induisant le déplacement de matières (sédiments, terre …) vers les cours d’eau. Les épisodes pluvieux importants peuvent notamment provoquer des pics de pollution, du fait du lessivage des sols, entraînant des matières en suspension et d’éventuels éléments indésirables (nitrates, pesticides, …) vers les eaux de surface, et les eaux souterraines dans les zones d’affleurement. La pollution de cours d’eau par les matières en suspension génère ensuite une augmentation de la turbidité pouvant être préjudiciable à la photosynthèse, à la respiration des poissons et colmatant les milieux aquatiques. De plus, ces particules peuvent transporter différentes formes de pollution (organiques, métalliques). Pour éviter ce risque, un réseau d’assainissement des eaux pluviales est installé. Pour certaines stations, les résultats des mesures indiquent une altération de la qualité de l’eau par les matières en suspension, avec un état pouvant aller de moyen à mauvais. C’est par exemple le cas pour la Veude, l’Envigne, le Prémeau, les Grands Bois, le Belloir, la Lière amont, le Chavenon …

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Enfin, des déversements accidentels d'hydrocarbures (engins de chantier) ou de produits divers peuvent être à l'origine d'une dégradation ponctuelle de la qualité des eaux de surface. Cependant, il n’est pas possible de conclure d’avantage sur ces éléments. >>> L’état écologique Globalement, pour ce qui est de l’état écologique, le facteur déclassant pour la majorité des stations reste l’état biologique. L’état écologique apparait donc moins favorable en 2013 pour de nombreuses stations par rapport à l’état de référence. Seule la station de la Rune présente un bon état écologique en 2013. A noter qu’en 2013, le rapport du bureau d’études indique que 2 cours d’eau semblent potentiellement impactés par les travaux de la LGV : le Grouet (fragilité des habitats) et le Chavenon (ruissellement accru de sédiments depuis le chantier). Le nombre de cours d’eau ne semblant pas être impacté par les travaux s’élève à 25. En 2014, le nombre de stations présentant un état écologique « mauvais » s’élève à 10 contre 14 en 2013 et 9 pour les années 2009 (avant les travaux et 2012). Seule la station du Palais présente un bon état écologique en 2014, conforme aux exigences de l'Union Européenne. Enfin, la comparaison de l'état écologique obtenu en 2014 à l’état de référence indique pour 5 stations un maintien de l'état écologique, pour 7 stations une altération et pour 9 stations une amélioration (cette comparaison ne peut être donnée pour 6 stations).

3.3. Evaluation de la qualité des sédiments En complément de l’évaluation de l’état écologique des eaux, une évaluation de la qualité des sédiments par rapport à la présence de polluants est réalisée. La grille d’évaluation du SEQ eau (V2) est utilisée pour l’interprétation des résultats.

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Qualité des sédiments au niveau des stations de suivi du bassin de la Vienne (27 stations) Evolution depuis l'état de référence (2009) jusqu'en 2014 - 6 métaux (Pb, Zn, Ni, Cd, Cr, Cu) et HAP

Nombre de stations par niveau d'altération d'après la grille d'évaluation SEQ-eau (V2)

Concernant l’état de référence de 2009 (avant les travaux de la LGV SEA), des contaminations importantes en métaux lourds sont mises en évidence pour les 3 cours d’eau suivants : la Rune, le Palais et la Bouleure. La Vonne présente également des contaminations en métaux lourds mais dans une moindre mesure par rapport à ces 3 cours d’eau. Pour les années 2012 et 2013, au niveau de ces 4 cours d’eau, des contaminations sont toujours observées.

Source des données : Aquabio ; traitement et conception graphique : ORE

a

5

1

1020

25

20

5

2

1

47

41

3

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

No

mb

re s

e s

tati

on

s

PLOMB

41 1

13 2025

21

2

2

1

2

1

74

13

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

ZINC

9

8

2023 22

2

3

22

1

17

41

3

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

No

mb

re s

e s

tati

on

s

NICKEL

19

1

1920

24

21

2

2

37

41

3

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

CADMIUM

31

14 19 2023

1

36 1

1

84

13

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

No

mb

re s

e s

tati

on

s

CHROME

14

13

6

2024

20

2

217

41

3

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

CUIVRE

20

14

24

2

9

2

22

74

13

0

3

6

9

12

15

18

21

24

27

Réf. (2009) 2012 2013 2014

No

mb

re s

e s

tati

on

s

HAP

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En 2012, à l’échelle du bassin de la Vienne, une augmentation des contaminations en métaux lourds et en hydrocarbures pour différentes stations de suivi par rapport à l’état de référence. Une dégradation de la qualité des sédiments peut être indiquée. En 2013, le nombre de contaminations tend cette fois à diminuer pouvant ainsi traduire une amélioration de la qualité des sédiments. En 2014, pour la plupart des stations, l’observation de contaminations pour les sédiments sauf pour est faible et ponctuelle sauf pour les hydrocarbures et le manganèse. En effet, une forte augmentation des hydrocarbures est mise en évidence pour de nombreuses stations de suivi. Cependant ces résultats sont à considérer avec précaution comme l’indiquent les résultats du bureau d’étude. Dans de nombreux cas (16 stations), ceux-ci peuvent vraisemblablement être surestimés (le seuil de détection apparaissant très élevé) compte tenu de la faible teneur en matières sèches du prélèvement réalisé. D’autre part, pour 12 stations, une forte augmentation du manganèse (non pris en compte dans l'évaluation par le SEQ-eau) est également observée pouvant être liée indirectement à l'impact du chantier via une mobilisation des sédiments terrestres lors des travaux ou à l'influence des engins motorisés. Enfin, ponctuellement, des contaminations locales sont mises en évidence, c’est le cas pour les stations suivantes : - Ru de la Font Benête : augmentation de l’ensemble des métaux qui peut indirectement être liée à l'impact du chantier. - Belloir : contamination par le cuivre. - Pallu : altération par le plomb, le zinc, le cadmium et les hydrocarbures pouvant potentiellement être expliquée par la proximité de l'autoroute ou indirectement liée à l'impact du chantier. - Auxance : contamination par le plomb, dont l'origine est difficilement identifiable. - Palais : altération par le plomb, le nickel, le cadmium, le chrome, le manganèse et les hydrocarbures qui peut indirectement être liée à l'impact du chantier. Des valeurs similaires avaient été observées en 2012. - Vonne : altération par le plomb, le zinc, le nickel et le cadmium et le manganèse, qui reste cependant similaire aux années précédentes. En conclusion, pour les 4 années de campagne de prospection, les contaminations par les métaux lourds et les hydrocarbures restent ponctuelles et localisées sur certains sous-bassins.

>>> La pollution par les métaux

La pollution métallique peut être due à différents métaux comme l’aluminium, l’arsenic, le chrome, le cobalt, le cuivre, le manganèse, le nickel, le zinc... ou encore à des métaux lourds comme le cadmium, le mercure ou le plomb, plus toxiques que les précédents, et principalement recherchés dans les analyses de la qualité de l’eau. La majorité des éléments métalliques est toutefois indispensable à la vie animale et végétale (oligo-éléments). Cependant, à des doses importantes, ils peuvent se révéler très nocifs. La pollution métallique des milieux aquatiques pose un problème particulier car elle est non biodégradable. Elle a ainsi tendance à se concentrer dans les organismes vivants. De multiples activités humaines sont responsables de l’émission de métaux lourds dans l’atmosphère telles que : - les rejets d’usines, notamment de tanneries (cadmium, chrome), de papeteries (mercure), d’usines de fabrication de chlore (mercure) et d’usines métallurgiques, des épandages sur les sols agricoles d’oligo-éléments ou de boues résiduelles de stations d’épuration, - l’utilisation de certains fongicides (mercure), - les retombées des poussières atmosphériques émises lors de l’incinération de déchets (mercure) ou de la combustion d’essence automobile (plomb), - le ruissellement des eaux de pluie sur les toitures et les infrastructures comme les routes, les voies ferrées … (zinc, cuivre, plomb).

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4. Le suivi des eaux souterraines Les différentes formations géologiques (calcaires fissurés, karsts, terrains alluviaux …) rencontrées lors de la construction d’une infrastructure telle que la LGV contiennent des nappes souterraines, exploitées pour la production d’eau potable publique, mais aussi pour d’autres usages tels que l’irrigation, les usages domestiques ou les besoins industriels. Les impacts d’une infrastructure linéaire de transport ferroviaire telle que la LGV SEA sur les eaux souterraines peuvent être de deux types :

- impacts quantitatifs sur le battement et l’écoulement des aquifères - impacts qualitatifs (pollution accidentelle ou chronique)

Ces impacts concernent la phase de travaux et la phase d’exploitation. (Source : Réseau Ferré de France, 2012) Des mesures de niveaux d’eau ainsi qu’un suivi de la qualité des eaux souterraines sont donc nécessaires pour contrôler ces deux types d’impacts. Le tableau ci-après présente les 63 points de suivi souterrains dans le bassin de la Vienne.

Tableau récapitulatif des points d’eau recensés dans le bassin de la Vienne pour le suivi des eaux souterraines réalisé dans le cadre de la construction de la LGV

Issu de l’arrêté inter-préfectoral N°2012/DDT/847 du 28 décembre 2012

N° du point d’eau

Département Commune Type usage Suivi qualitatif

Suivi quantitatif

0175-37226 INDRE-ET-LOIRE SAINTE-MAURE-DE-TOURAINE Puits AEP privé X X

138 INDRE-ET-LOIRE SAINTE-MAURE-DE-TOURAINE Forage AEP privé X X

0190-37226 INDRE-ET-LOIRE SAINTE-MAURE-DE-TOURAINE Puits Domestique X X

0197-37247 INDRE-ET-LOIRE SEPMES Puits Domestique X

0207-37098 INDRE-ET-LOIRE DRACHE Puits Domestique X X

0215-37098 INDRE-ET-LOIRE DRACHE Forage Domestique X X

0222-37142 INDRE-ET-LOIRE MAILLE Puits Aucun X X

0256-37045 INDRE-ET-LOIRE LA CELLE-SAINT-AVANT Puits AEP privé X X

0257-37142 INDRE-ET-LOIRE MAILLE Puits AEP privé X X

0262-37045 INDRE-ET-LOIRE LA CELLE-SAINT-AVANT Puits Domestique X X

0310-37174 INDRE-ET-LOIRE NOUATRE Puits Domestique X X

0337-37148 INDRE-ET-LOIRE MARIGNY-MARMANDE Puits AEP privé X X

0351-86162 VIENNE MONDION Puits AEP privé X X

0372-86224 VIENNE SAINT-GERVAIS-LES-TROIS-CLOCHERS Puits AEP privé X X

0377-86224 VIENNE SAINT-GERVAIS-LES-TROIS-CLOCHERS Puits Domestique X

0378-86224 VIENNE SAINT-GERVAIS-LES-TROIS-CLOCHERS Puits AEP privé X X

0381-86224 VIENNE SAINT-GERVAIS-LES-TROIS-CLOCHERS Source AEP privé X X

0410-86272 VIENNE THURE Source Aucun X X

0418-86221 VIENNE SAINT-GENEST-D'AMBIERE Puits Agricole X X

0431-86221 VIENNE SAINT-GENEST-D'AMBIERE Puits Domestique X X

120 VIENNE SCORBE-CLAIRVAUX Puits INDIVIDUEL X

110 VIENNE SCORBE-CLAIRVAUX Puits INDIVIDUEL X

0460-86081 VIENNE COLOMBIERS Puits Aucun X X

0499-86146 VIENNE MARIGNY-BRIZAY Source Aucun X X

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19

0507-86146 VIENNE MARIGNY-BRIZAY Puits Aucun X X

0539-86115 VIENNE JAUNAY-CLAN Puits Domestique X

0543-86115 VIENNE JAUNAY-CLAN Puits Domestique X X

0552-86062 VIENNE CHASSENEUIL-DU-POITOU Puits Domestique X X

0573-86194 VIENNE POITIERS Puits Public X X

0576-86194 VIENNE POITIERS Puits Domestique X X

0577-86194 VIENNE POITIERS Puits Domestique X X

0578-86194 VIENNE POITIERS Puits Public X X

0580-86194 VIENNE POITIERS Puits Domestique X X

0581-86194 VIENNE POITIERS Puits Domestique X X

0584-86194 VIENNE POITIERS Puits Domestique X X

0587-86194 VIENNE POITIERS Puits Domestique X X

0591-86194 VIENNE POITIERS Forage AEP privé X X

0595-86297 VIENNE VOUNEUIL-SOUS-BIARD Forage AEP privé X X

0599-86297 VIENNE VOUNEUIL-SOUS-BIARD Puits Agricole X

0609-86100 VIENNE FONTAINE-LE-COMTE Forage AEP privé X X

0625-86100 VIENNE FONTAINE-LE-COMTE Source Aucun X X

100 VIENNE COULOMBIERS Source AGRICOLE X X

0631-86083 VIENNE COULOMBIERS Source Agricole X X

0635-86083 VIENNE COULOMBIERS Source Agricole X X

0648-86147 VIENNE MARIGNY-CHEMEREAU Puits AEP privé X X

0650-86145 VIENNE MARCAY Source Domestique X X

98 VIENNE MARIGNY CHEMEREAU Puits INDIVIDUEL X

96 VIENNE MARIGNY CHEMEREAU Source AGRICOLE X

0658-86147 VIENNE MARIGNY-CHEMEREAU Source Aucun X X

0659-86147 VIENNE MARIGNY-CHEMEREAU Source Aucun X X

0664-86045 VIENNE CELLE-L'EVESCAULT Source Aucun X X

0668-86045 VIENNE CELLE-L'EVESCAULT Forage Agricole X

0669-86045 VIENNE CELLE-L'EVESCAULT Forage Agricole X

0677-86045 VIENNE CELLE-L'EVESCAULT Puits Aucun X

0678-86045 VIENNE CELLE-L'EVESCAULT Puits Aucun X

0679-86045 VIENNE CELLE-L'EVESCAULT Puits Aucun X

0700-79230 DEUX-SEVRES ROM Forage Aucun X

0703-79230 DEUX-SEVRES ROM Forage Agricole X

0704-79230 DEUX-SEVRES ROM Forage Aucun X

0709-86082 VIENNE COUHE Puits Aucun X

0710-79230 DEUX-SEVRES ROM Forage X

0712-79230 DEUX-SEVRES ROM Puits Aucun X

0714-79230 DEUX-SEVRES ROM Puits Aucun X X

4.1. Les mesures de niveaux d’eau

La construction d'une infrastructure telle que la LGV peut avoir une incidence sur la possibilité d’accéder aux ressources en eau souterraines. Par exemple, lorsqu’un déblai intercepte une nappe d’eau souterraine peu profonde, un abaissement localisé du niveau de la nappe et

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20

parfois un assèchement des puits à proximité peut être observé et, par conséquent, une modification des conditions d’écoulement des eaux souterraines. En vue de contrôler cet impact possible, des mesures du niveau d’eau dans les nappes souterraines sont nécessaires et doivent être effectuées avant les travaux et pendant les terrassements pour suivre les éventuelles variations de hauteur de la nappe. Si le projet traverse des périmètres de protection de captages pour l’alimentation en eau potable, des études spécifiques sont à mener afin que la LGV n’altère pas l’exploitation de la nappe. Cela a d’ailleurs été le cas pour la LGV SEA. Le recensement de tous les points d’eau à moins de 500 mètres de la ligne a permis de mettre en évidence les secteurs sensibles ou inscrits dans un périmètre de protection de captage d’eau potable pour lesquels des préconisations de gestion ont ensuite été faites.

4.1.1. La méthodologie Les mesures effectuées dans le cadre de la construction de la LGV pour le suivi du niveau des eaux souterraines sont réalisées au droit des déblais humides avant, pendant et après la phase de travaux. A cette fin, des piézomètres ont été implantés en amont et en aval des déblais. La périodicité des mesures est de l'ordre du mois. Tel qu’exigé dans les arrêtés, un suivi complémentaire du niveau d'eau dans les puits et forages proches est réalisé au minimum 2 fois par an, en périodes de hautes eaux et en période de basses eaux, avant et pendant la phase travaux, et la première année d'exploitation de la ligne.

4.1.2. Les résultats Sur les 63 points de suivi recensés, seuls 20 font état d’un nombre de mesures suffisantes pour être exploitées sur la période mai 2012-décembre 2014. Le suivi du niveau piézométrique NGF (en mètre) de ces 20 points est présenté dans les graphiques ci-après. Pour chaque point de suivi, environ 1 mesure par mois est disponible permettant de montrer une évolution globale du niveau de la nappe d’eau souterraine captée sur la période considérée. Les résultats des mesures ont été divisés en 2 graphiques pour une meilleure lisibilité (voir page suivante). D’une manière générale, 2 profils se distinguent sur les graphiques :

- certains points de suivi indiquent très peu de variations et montrent un niveau d’eau globalement stable signifiant que la nappe captée n’est pas ou très peu utilisée, - à l’inverse, d’autres points montrent des variations plus marquées avec des hausses et des baisses du niveau d’eau selon les périodes.

Pour ces derniers points (exemple : points n°0418-86221 ou n°0256-37045), les tendances observées sur les graphiques sont les suivantes :

- 3 baisses du niveau des eaux souterraines de mai à octobre 2012, puis de mars à septembre 2013 et enfin de mars à novembre-décembre 2014, - à l’inverse, 2 périodes indiquant une hausse d’octobre 2012 à mars 2013 et de septembre 2013 à mars 2014.

Ces tendances suivent celles habituellement observées dans le cycle de recharge et de vidange des nappes d’eau souterraines. En effet, la phase de recharge est généralement observée durant la période automnale-hivernale, les précipitations étant plus abondantes et les besoins en eau moins importants ; la phase de vidange est quant à elle observée durant la période printanière-estivale pendant laquelle les précipitations sont moindres et les besoins en eau tendent quant à eux à augmenter.

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Ainsi, d’après les résultats des suivis des niveaux d’eau mesurés dans les eaux souterraines des 20 points des graphiques précédents, il ne semble pas y avoir eu d’incidence particulière des travaux de la LGV sur le cycle de recharge et de vidange des nappes captées par ces points. Pour certains points de suivi, les niveaux apparaissent stables sur toute la période considérée. En revanche, on ne peut pas conclure quant à l’impact des travaux de la LGV par rapport aux niveaux d’eau habituellement observés pour ces points de suivi. En effet, en l’absence de moyennes interannuelles pour chaque piézomètre, il n’est pas possible de comparer les valeurs mesurées de mai 2012 à décembre 2014 par rapport à un historique de mesures avant le début des travaux de la LGV. Ces deux ans et demi de suivi représentent à ce stade une période trop courte pour réaliser une analyse. Il parait difficile d’évaluer l’influence des travaux liées à la LGV sur les eaux souterraines concernées d’autant que de nombreux facteurs peuvent influencer le niveau des nappes : des facteurs naturels (précipitations …) et des facteurs anthropiques (usages agricoles, domestiques, industriels …). En effet, les nappes d’eau souterraines constituent des réserves d’eau qui peuvent être exploitées de manière autonome, par des forages privés, notamment pour des usages agricoles, mais également pour l'Alimentation en Eau Potable (AEP) des populations. D’autre part, le type de nappe captée par chaque point de suivi n’est pas précisé. Il est donc difficile de connaître l’exploitation de la nappe faite par les autres usages. Cependant des données complémentaires pour les années suivantes seront fournies dans la suite de l’étude et permettront le cas échéant de réaliser cette analyse. A titre d’exemple, en Poitou-Charentes, 113 piézomètres mesurent le niveau des nappes de manière journalière à raison d’une mesure toutes les heures et cela depuis plus de 20 ans pour de nombreux piézomètres, générant un historique de mesures fiable.

4.2. La qualité des eaux souterraines La qualité des eaux souterraines est fonction du contexte naturel (contexte géologique des nappes souterraines) mais également de facteurs environnant qui peuvent venir la dégrader (pollution). Dans le cas de la construction d'une infrastructure de transport terrestre, les risques de pollution interviennent essentiellement lors de la phase de travaux en lien avec les installations de chantier (stockage et manipulations de produits polluants comme les hydrocarbures), les eaux de lavage (potentiellement chargées en matières en suspension) et les eaux usées. Les travaux de la LGV SEA peuvent également générer des pollutions indirectes dans les eaux souterraines, comme pour les cours d’eau mais de manière plus différée dans le temps (temps d’infiltration). En effet, les opérations de terrassement favorisent l’érosion des sols, et ceux-ci, potentiellement chargés en polluants, peuvent s’infiltrer vers les nappes, notamment lors d’épisodes pluvieux. Les impacts sont très dépendants de plusieurs facteurs tels que l’existence ou non de formations aquifères, la perméabilité et l'épaisseur des aquifères ou encore les relations existantes entre les nappes d’eau souterraines et les rivières. Pour les secteurs sensibles ou inscrits dans un périmètre de protection de captage d’eau potable, des préconisations pour empêcher toute pollution ont été faites. Il s’agit par exemple des mesures suivantes :

- ravitailler les engins de chantier en dehors des zones sensibles, - installer des tapis filtrants pour retenir les matières en suspension, - mettre en place une collecte des eaux ruisselant sur le chantier et rejetées à l'aval des

captages après traitement.

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4.2.1. Méthodologie et paramètres étudiés Les mesures du suivi qualitatif des eaux souterraines ont débuté en mai 2012, lors du début de la phase de travaux. Pour les eaux souterraines, il n’y a donc pas « d’état de référence » avant travaux, contrairement au suivi des cours d’eau. Les résultats considérés s’étendent ici sur la période 2012-2014 (résultats partiels pour 2012 de mai à décembre). La fréquence d’échantillonnage, ainsi que les paramètres physico-chimiques analysés varient d’une station à l’autre. Pour chaque échantillon, les mesures portent a minima sur une vingtaine de paramètres, comprenant des paramètres physiques (turbidité, conductivité, pH, température) et la recherche d’hydrocarbures (dissous totaux et 15 HAP1 individuels). Pour certaines stations, notamment les forages privés pouvant être utilisés pour l’alimentation en eau potable, une trentaine de paramètres supplémentaires sont analysés : matières azotées (nitrates, nitrites, ammonium) et phosphorées, éléments minéraux (carbonates, sulfates, chlorures, etc.), métaux et métalloïdes (Cadmium, Fer, Arsenic, etc.), COV2, paramètres organoleptiques (couleur, odeur) et microbiologiques (bactéries entérocoques et Escherichia coli). Les résultats des analyses pour la turbidité et les hydrocarbures seront uniquement présentés ici, dans la mesure où ces paramètres sont systématiquement analysés dans chaque échantillon, et que leur évolution peut traduire l’éventuel impact (direct et indirect) des travaux de la LGV SEA sur la qualité des eaux souterraines. La turbidité et les teneurs en hydrocarbures des eaux souterraines peuvent varier en fonction de l’intensité des pluies. Ainsi, le cas échéant, les données pluviométriques peuvent être également présentées lors de l’analyse de l’évolution des résultats de mesure. Ces données sont produites par Météo France ; la station de mesure pluviométrique « référente » de Poitiers-Biard a été sélectionnée pour le bassin de la Vienne. Attention, il peut y avoir d’importantes variations de pluies très localisées ; les données pluviométriques mentionnées servent simplement à indiquer une tendance générale sur le bassin.

Avertissement : le nombre de mesures effectuées, ainsi que leur fréquence (intra et interannuelle) sont variables d’une station à l’autre. Cette variabilité induit des difficultés d’interprétation pour traduire et synthétiser l’évolution de la qualité des eaux souterraines (vis-à-vis des paramètres sélectionnés) sur l’ensemble du bassin. Les résultats présentés ci-après doivent donc être pris avec précaution, la représentativité de la situation variant selon la période, et les stations considérées. Ainsi, le nombre d’analyses ou de stations considérées est systématiquement indiqué sur les graphiques d’évolution présentés ci-après.

4.2.2. Turbidité

La turbidité traduit le trouble de l'eau et s’exprime en NFU. Elle est due à la présence de matières en suspension entrainées dans les eaux (périodes de pluie), ou à la présence de fer ou de manganèse ou de particules argileuses. Elle constitue l’un des indicateurs de contamination microbiologique, voire chimique de la ressource. Elle peut atteindre 300 NFU pour une eau karstique, 140 NFU pour une eau de surface mais reste faible pour les eaux souterraines profondes (0,2 NFU)3.

1 HAP : Hydrocarbure Aromatique Polycyclique 2 COV : Composé Organique Volatil

3 Source : Agence Régionale de Santé - 2015. La qualité des eaux destinées à la consommation humaine en Poitou-Charentes en 2014.

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24

622 analyses de la turbidité ont été réalisées sur le bassin de la Vienne de 2012 à 2014, toutes stations confondues (38 au total). Les résultats indiquent qu’une grande majorité de mesures (78%) sont comprises entre 0 et 2 NFU, et que 15% présentent une turbidité comprise entre 2 et 10 NFU. La turbidité dépasse 10 NFU dans 7% des cas (dont 6% ne dépassant pas 50 NFU). La turbidité moyenne relevée aux différentes stations de mesure est comprise entre 0,51 NFU (août 2013) et 42,52 NFU (mai 2014). Hormis ce pic de turbidité relevé en mai 2014, ainsi que quelques légères hausses nettement moins marquées (moyennes avoisinant 8 NFU), la turbidité moyenne varie assez peu, évoluant généralement autour de 2 NFU. Le pic de mai 2014 est induit par une valeur très élevée (1010 NFU) sur la station de Poitiers (0573-86194), qui coïncide avec des précipitations plutôt conséquentes ce mois-ci (70,2 mm). Cette station présente une turbidité moyenne assez élevée (60 NFU en moyenne sur la période 2012-2014 sans considérer l’analyse à 1010 NFU) mais aucune autre analyse n’excède 300 NFU. L’hypothèse d’une conjonction de facteurs naturels (pluviométrie élevée et probable effet amplifié par le contexte géologique local) ayant engendré une telle turbidité semble plausible, sans toutefois que l’impact (même indirect) des travaux de la LGV ne puisse être complétement écarté.

A noter qu’aucune présence simultanée d’hydrocarbures dans cet échantillon à forte turbidité n’a été observée.

4.2.3. Hydrocarbures Les hydrocarbures sont des composés organiques provenant de la distillation du pétrole, généralement utilisés comme carburant ou lubrifiant. Les HAP (sous-famille d’hydrocarbures) sont issus de la combustion incomplète des produits pétroliers. Ces molécules sont généralement reconnues comme toxiques, persistantes dans l’environnement, bioaccumulables

Pourcentages de mesures selon la turbidité (NFU) relevée de 2012 à 2014 sur le bassin de la Vienne

0 < turbidité ≤ 2 78% 2 < turbidité ≤ 10 15% 10 < turbidité ≤ 50 6%

50 < turbidité ≤ 150 1% 150 < turbidité ≤ 300 0%

turbidité > 300 0% Nombre de mesures 622

Nombre de stations qualifiées 38

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et pouvant être transportées sur de longues distances. Des déversements accidentels d'hydrocarbures (engins de chantier) peuvent être à l’ origine de la pollution des eaux. Les dosages en hydrocarbures réalisés ici pour les eaux souterraines portent sur les hydrocarbures dissous totaux (HCT), dont les concentrations sont exprimées en mg/L et sur 15 HAP très répandus (Acénaphtène, Anthracène, Benzo(a)anthracène, Benzo(a)pyrène, Benzo(b)fluoranthène, Benzo(ghi)pérylène, Benzo(k)fluoranthène, Chrysène, Dibenzo(a,h)anthracène, Fluoranthène, Fluorène, Indéno (1,2,3-cd)pyrène, Naphtalène, Pyrène, Phénanthrène), avec des concentrations exprimées en µg/L. Les résultats sont présentés ici sous la « somme des 15 HAP », calculée en faisant la somme des concentrations relevées pour chacun de ces 15 HAP dans un même échantillon (lorsque l’analyse d’une molécule est inférieure à la limite de quantification, alors la concentration de cette molécule est considérée comme nulle)

A titre indicatif, les résultats sont ici comparés aux limites de qualité appliquées aux eaux brutes utilisées pour la production d’eau destinée à la consommation humaine (issues de l’arrêté du 11 janvier 20071) :

- 1 mg/L pour les hydrocarbures dissous - 1 µg/L pour la somme des HAP (même si les 15 HAP recherchés ici ne font pas tous

partie de la liste de l’arrêté).

622 analyses portant sur les hydrocarbures (hydrocarbures dissous totaux et 15 HAP) ont été réalisées sur le bassin de la Vienne de 2012 à 2014, toutes stations confondues (38 au total).

Pourcentages de mesures selon les résultats pour les teneurs en hydrocarbures relevées de 2012 à 2014 sur le bassin de la Vienne

Hydrocarbures dissous totaux Somme des concentrations de 15 HAP

< seuil quantification 99,20% < seuils quantification 77,65%

≤ 1 mg/L 0,64% ≤ 1 µg/L 22,19%

> 1 mg/L 0,16% > 1 µg/L 0,16%

Nombre de mesures 622 Nombre de mesures 622 Nombre de stations qualifiées 38 Nombre de stations qualifiées 38

Les analyses réalisées sur les hydrocarbures sont inférieures aux seuils de quantification dans la plupart des cas : sur la quasi-totalité des mesures concernant les hydrocarbures dissous totaux et sur environ 78 % des cas pour les 15 HAP. Et lorsque les analyses peuvent être quantifiées, les teneurs relevées sont généralement faibles et restent dans l’ensemble inférieures ou égales à 1 mg/L pour les hydrocarbures dissous ou à 1 µg/L pour la somme des concentrations de 15 HAP.

1 Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles R. 1321-2, R. 1321-3, R. 1321-7 et R. 1321-38 du code de la santé publique. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000465574&dateTexte=20160129

La limite de quantification est la concentration à partir de laquelle le laboratoire menant l’analyse peut indiquer avec une précision satisfaisante la concentration d’une substance. Elle est variable selon les substances et les laboratoires. Une analyse est quantifiée quand le résultat est > seuil de quantification et < au seuil de saturation ou quand le résultat = 0.

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Les teneurs moyennes des 15 HAP varient peu. Elles évoluent généralement autour de 0,03 µg/L, hormis une hausse très marquée en août 2014 (2,535 µg/L), imputable aux analyses réalisées à Saint-Gervais-Les-Trois-Clochers (station 0378-86224). Douze des quinze HAP recherchés y ont alors été quantifiés, avec des teneurs allant de 0,012 µg/L (pour l’Indéno (1,2,3-cd)pyrène) à 0,87 µg/L (Phénanthrène). La concentration moyenne en hydrocarbures dissous semble varier davantage même si les quelques pics observés sur le graphique (courbe bleue) s’expliquent généralement du fait qu’une seule analyse soit quantifiée sur une seule station. On relève tout de même 7,94 mg/L à Coulombiers (station 100) en avril 2013, et 0,23 mg/L le même jour sur la même commune sur une station voisine (0631-86083). Ainsi, au regard des données disponibles, même s’il semble que l’impact des travaux de la LGV sur les teneurs en hydrocarbures des eaux souterraines du bassin ait été plutôt limité, une éventuelle incidence ponctuelle ne peut être complètement écartée, notamment sur les secteurs de Saint-Gervais-Les-Trois-Clochers et de Coulombiers.

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SYNTHESE Concernant le bassin versant étudié ici, la Vienne, des mesures ont été réalisées avant le début des travaux (2009) au niveau des eaux superficielles, puis pendant la phase de travaux (données disponibles actuellement : 2012, 2013 et 2014) dans les eaux superficielles et souterraines. Ces mesures permettent d’avoir une première vision d’ensemble en quantité et en qualité des ressources en eau situées à proximité de la LGV SEA. Cependant, les outils d’évaluation de la qualité des cours d’eau n’acquièrent toutes leurs pertinences que dans le cadre d’un suivi régulier à long terme, car les caractéristiques physico-chimiques des milieux varient fortement avec la saison. Sur ce bassin, les premiers résultats de suivi ne semblent pas indiquer de dégradation environnementale notoire des eaux superficielles, liée aux travaux de la LGV SEA. La comparaison de l'état écologique obtenu en 2014 à l’état de référence montre que pour 5 stations un maintien de l'état écologique est observé, pour 7 stations une altération est à noter et pour 9 stations une amélioration est remarquée (cette comparaison ne peut être donnée pour 6 stations). Ponctuellement, des contaminations « modérées » en hydrocarbures et en métaux lourds relevées dans les sédiments des cours d’eau ont été observées mais semblent s’expliquer davantage par l’influence urbaine et la proximité d’axes autoroutiers. Il faut néanmoins noter que les travaux de la LGV SEA peuvent indirectement générer des pics de pollution dans les cours d’eau. En effet, les opérations de terrassement favorisent l’érosion des sols, et ceux-ci, potentiellement chargés en polluants, peuvent ruisseler vers les cours d’eau, lors d’épisodes pluvieux. La qualité des eaux souterraines peut être impactée au même titre que celle des cours d’eau, mais a priori de manière plus différée dans le temps (temps d’infiltration) et de façon très dépendante de plusieurs facteurs liés aux conditions intrinsèques de ces ressources (contexte géologique, fond géochimique, perméabilité et épaisseur des terrains encaissants), mais aussi aux conditions climatiques de surface influant sur l’infiltration des eaux (précipitations et évapotranspiration), ou encore aux relations entre nappes souterraines et rivières. Seuls les résultats des analyses pour la turbidité et les hydrocarbures ont été étudiés ici (indicateurs pertinents et meilleure disponibilité de mesures pour ces paramètres). Au regard des données disponibles, même s’il semble que l’impact des travaux de la LGV sur la turbidité et les teneurs en hydrocarbures des eaux souterraines du bassin ait été plutôt limité, des incidences ponctuelles ne peuvent être complètement écartées. Celles-ci ayant pu être parfois potentiellement amplifiées par la conjonction de facteurs naturels (pluviométrie élevée et contexte géologique local). Concernant l’aspect quantitatif des eaux souterraines, il semble ne pas y avoir eu d’incidence particulière des travaux de la LGV sur le cycle de recharge et de vidange des nappes captées pour les piézomètres étudiés. En revanche, le manque de recul et de données historiques de ces piézomètres ne permet pas à ce stade d’évaluer l’influence des travaux sur les niveaux d’eau. D’une manière générale, même s’il semble qu’à ce stade, les précautions prises lors des travaux aient permis d’éviter, ou au moins de réduire les effets négatifs sur l’environnement aquatique, il paraît cependant un peu tôt pour tirer des conclusions définitives quant au potentiel impact de la LGV SEA sur les différentes ressources en eau du bassin de la Vienne. Actuellement, la phase de travaux de la LGV SEA est achevée (été 2016). La mise en service est prévue en juillet 2017. Cette étude a vocation à évoluer avec notamment l’intégration de nouvelles données d’année en année qui permettront d’affiner l’analyse de l’impact de la LGV SEA sur l’eau dans sa globalité en phase travaux et exploitation.Les données collectées en 2015 feront l’objet de la même étude.

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ANNEXES Tableau récapitulatif de l’état biologique, physico-chimique et écologique pour chaque station de suivi du bassin de la Vienne, pour les années 2009 (année de référence), 2012, 2013 et 2014

(Source des données : Aquabio)

Code station Cours d'eau

Référence

(2009)2012 2013 2014

Référence

(2009)2012 2013 2014

Référence

(2009)2012 2013 2014

PK030.510 LA MANSE Bon Médiocre Bon Moyen Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais

PK037.390 LE RÉVEILLON Moyen Très Bon Moyen Moyen ND Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais

PK041.720 LA VIENNE Bon Bon Bon Moyen Médiocre Moyen Moyen Bon Moyen Moyen Moyen Moyen

PK043.840 LA VEUDE Moyen Bon Moyen Médiocre Moyen Bon Moyen Moyen Bon Moyen Moyen Moyen

PK043.950 LE GROUET Bon Très Bon Bon ND (annulé) Mauvais Mauvais Mauvais ND (annulé) Mauvais Mauvais ND (annulé) ND (annulé)

PK059.270 MOULIN DE MAIN Bon Très Bon Bon Moyen Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais

PK059.370 RU DE LA FONT BENÊTE Bon Très Bon Bon Moyen Médiocre Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen

PK061.620 LES PETITS NAINTRÉS Bon Très Bon ND (assec) Médiocre Mauvais Mauvais Mauvais Médiocre Mauvais Mauvais Médiocre Médiocre

PK062.220 LA VEUDE ND Bon Bon Moyen ND Médiocre Mauvais Mauvais Médiocre Mauvais Mauvais Mauvais

PK071.060 LES GRANDS BOIS Moyen Moyen Bon Bon Médiocre Médiocre Médiocre Mauvais Médiocre Médiocre Mauvais Mauvais

PK071.880 L'ENVIGNE Médiocre Moyen Bon Bon Mauvais Moyen Moyen Médiocre Moyen Moyen Médiocre Médiocre

PK072.813 LE PRÉMEAU Bon Bon Bon Bon Moyen Médiocre Mauvais Mauvais Médiocre Mauvais Mauvais Mauvais

PK077.393 LE BELLOIR ND ND (assec) Moyen Moyen ND ND (assec) ND (annulé) Mauvais ND (assec) Moyen Mauvais Mauvais

PK077.870 LA LIÈRE AMONT ND Bon Moyen Moyen ND Moyen Mauvais Médiocre Moyen Mauvais Médiocre Médiocre

PK079.480 LA LIÈRE Moyen Bon Moyen Moyen Moyen Mauvais ND (annulé) Médiocre Mauvais Moyen Médiocre Médiocre

PK079.650 LA PALLU Moyen Très Bon Moyen Moyen Mauvais Mauvais Mauvais Médiocre Mauvais Mauvais Médiocre Médiocre

PK079.730 CHAMPALLU Moyen Bon Bon Moyen Médiocre Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais

PK088.645 L'AUXANCE Bon Très Bon Bon Moyen Bon Médiocre Moyen Moyen Médiocre Moyen Moyen Moyen

PK096.980 LA BOIVRE Bon Très Bon Bon Bon Moyen Bon Moyen Moyen Bon Moyen Moyen Moyen

PK107.680 LA RUNE Bon Bon Bon Bon Bon Bon Bon Moyen Bon Bon Moyen Moyen

PK111.290 LE PALAIS Médiocre Bon Bon Bon Médiocre Bon Moyen Bon Bon Moyen Bon Bon

PK115.750 LA VONNE Bon Très Bon Bon Moyen Mauvais Moyen Mauvais Médiocre Moyen Mauvais Médiocre Médiocre

PK117.780 LA LONGÈRE Bon Très Bon Bon Bon Bon Moyen Médiocre Moyen Moyen Médiocre Moyen Moyen

PK130.900 LA DIVE Médiocre ND (assec) Bon Bon Mauvais ND (assec) Mauvais Mauvais ND (assec) Mauvais Mauvais Mauvais

PK136.668 BONVENT ND ND (assec) Bon ND (assec) ND ND (assec) Mauvais ND (assec) ND (assec) Mauvais ND (assec) ND (assec)

PK141.450 LA BOULEURE Bon Médiocre Bon Médiocre Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais Mauvais

PK143.452 LE CHAVENON ND ND (assec) Moyen ND (assec) ND ND (assec) Moyen ND (assec) ND (assec) Moyen ND (assec) ND (assec)

Qualité physico-chimique Etat biologique Etat écologique