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Suivi de la sécheresse et alerte précoce: principes, progrès et enjeux futurs OMM-N° 1006 L’information météorologique et climatologique au profit d’un développement agricole durable

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Suivi de la sécheresse et alerte précoce: principes, progrès et enjeux futurs

OMM-N° 1006

L’information météorologique et climatologique au profit d’un développement agricole durable

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OMM-N° 1006© 2006, Organisation météorologique mondialeISBN 92-63-21006-3

Couverture: Un berger massaï dans sa région frappée par la sécheresse au Kenya. © Jonathan et Angela (Getty Images)

NOTELes appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Secrétariat de l’Organisation météorologique mondiale aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

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TABLE DES MATIèRESAvant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....2

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....4

La sécheresse en tant que danger: principes et définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....6

Types de sécheresse .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....8

Caractérisation de la sécheresse et de son intensité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..10

Les défis que posent le suivi de la sécheresse et son annonce précoce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..11

Systèmes intégrés de suivi de la sécheresse et de diffusion de l’information: la voie à suivre . . . . . . . . ..12

Activités de suivi de la sécheresse: études de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..15

Chine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..15

Centredeprévisionetd’applicationsclimatologiquesrelevantdel’IGAD(ICPAC). . . . . . . . . . . . . . . ..17

AfriqueduSud. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..19

Portugal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..20

Australie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..23

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..24

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AVANT-PROPOSToutau longde l’histoirede l’humanité, lasécheresseafaitpeserunemenacesur lebien-êtreet la sécuritéali-mentairedespeuplementshumains.Detouslessecteursd’activité,l’agricultureestpeut-êtreceluioùnosancêtresontprisleplustôtconsciencedesrelationsétroitesentrelesculturesetlesconditionsmétéorologiques;mêmedecourte durée, les déficits pluviométriques les incitaientà rechercher des cultures vivrières de remplacement.Toutefois,mêmeuneseuleannéemarquéeparunefortesécheressependantlasaisondespluiessetraduisaitpardemauvaisesrécoltes,cequipoussaitgénéralementlespopulationslocalesàmigrerversd’autresrégions.Decefait,audébutdel’histoirehumaine,mêmedessécheres-sesdefaibleampleuravaientdelourdesconséquences.

Cesdernierstemps,s’ilestvraiquelesmoyensd’adapta-tionauxsécheressesdecourteduréesesontaméliorés,cesontdésormaislespériodesprolongéesdesécheressequi suscitent les plus graves préoccupations en matièrede bien-être et de sécurité alimentaire. Ces périodesd’aridité,conjuguéesàd’autresfacteursclimatiquestelsquedes épisodes deprécipitations extrêmes etdeventviolent,peuvententraînerunedégradationdessolset,sirienn’yfaitobstacle,uneprogressiondesterresaridesoude ladésertification.Dans lesannées70et80, l’Afriquedel’Ouestaconnuunepériodeprolongéedesécheressequiaavivé lespréoccupationsàcesujet.Lasécheressepeut en effet avoir une incidence globale très négativesurl’activitééconomique,enparticulierdanslespaysendéveloppement.Defait,elleaprovoquéunebaissede8à9%duPIBauZimbabweetenZambieen1992,etde4à6%auNigériaetauNigeren1984.Ladégradationdessols et la désertification touchent directement plus de250 millions de personnes et constituent en outre unemenacepourprèsd’unmilliardd’êtreshumainsrépartisdansunebonnecentainedepays,quicomptentsouventparmi les habitants les plus pauvres et les plus margi-nalisés de la planète. La lutte contre la désertificationestdoncuneprioritépressantedanslecadredeseffortsdéployés à l’échelle du globe pour assurer la sécuritéalimentaire et le bien-être des millions d’habitants deszonesarides.

Alorsquelavulnérabilitéàlasécheresses’estaccruedansle monde entier, une plus grande attention a été accor-déeàlaréductiondesrisquesliésàcefléau,notammentgrâceàlamiseenœuvred’uneplanificationpermettantde tirer profit au mieux des capacités opérationnelles,notamment dans les domaines de la surveillance duclimatetde l’approvisionnementeneauetdu renforce-mentdescapacitésinstitutionnelles,etàl’applicationdemesuressusceptiblesd’enatténuerleseffets.

Des systèmes perfectionnés de surveillance et d’alerteprécoce sont des éléments importants d’une gestionefficacedessituationsdesécheresse.LePlanstratégiquede l’OMM accorde un degré élevé de priorité à la luttecontre la sécheresse et la désertification, en particulierdans le cadre du Programme de météorologie agricole,du Programme d’hydrologie et de mise en valeur desressourceseneauetduProgrammedecoopérationtech-nique.L’OMMmetlargementàcontributionlesServicesmétéorologiquesethydrologiquesnationaux(SMHN),lescentresmétéorologiquesrégionauxetsous-régionauxetd’autresorganespouraméliorerlesréseauxhydrologiqueset météorologiques et renforcer ainsi l’observationsystématique de même que l’échange et l’analyse dedonnées.L’OMMcollaboreaussiétroitementavecd’autresinstitutions desNations Uniesetdiversesorganisationsinternationalesafind’élaborerdesstratégiesàlongterme,destinéesàencourager lesactivitésmétéorologiquesethydrologiquesquiconcourentàassurerunmeilleursuividelasécheresseetàfavoriser l’utilisationdeprévisionsmétéorologiques à moyenne et à longue échéance,et de faciliter le transfert des connaissances et destechnologies.

À sa cinquante-huitième session ordinaire, l’Assembléegénérale des Nations Unies a proclamé 2006 Annéeinternationaledesdésertsetdeladésertification.Àcetteoccasion,elleafaitpartdesaprofondepréoccupationausujetdel’aggravationdeladésertification,enparticulieren Afrique, et de ses répercussions d’une portée consi-dérable sur la réalisation, d’ici à 2015, des objectifs duMillénairepourledéveloppement.L’Annéeinternationale

M. Jarraud, Secrétaire général

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desdésertsetde ladésertificationest l’occasion idéalede bien faire comprendre à tous les intéressés que lasécheresse, la dégradation des sols et la désertificationsontdesproblèmesplanétairesqu’ilfautimpérativements’employer à résoudre. Elle devrait aussi permettre dedonner davantage de retentissement et d’importance àlaquestiondesterresaridessurlascèneenvironnemen-tale, tout en rappelant fort à propos à la communautéinternationale les immenses défis qu’il faut encorerelever.

La Convention des Nations Unies sur la lutte contre ladésertification (CCD)et l’OMMcollaborentdepuis long-temps à la formulation et à la promotion des questionsconcernant la surveillance et la prévention de la séche-resse et l’atténuation de ses effets, la dégradation dessols et la désertification. Au titre des activités menéesdanslecadredel’Annéeinternationaledesdésertsetdeladésertification,l’OMMpublielaprésentebrochurepourexpliquer lesdifférentsconceptsetenjeuxassociésauxsystèmesdesuivietd’annonceprécocedessituationsdesécheresse.Onyprésenteégalementendétailplusieurs

étudesdecasillustrantlesprogrèsconsidérablesquiontétéaccomplisen lamatièredansuncertainnombredepayssujetsàlasécheresse.

JetiensàremercierM.DonaldWilhite,directeurduCentrenational de lutte contre la sécheresse (National DroughtMitigation Center) et professeur à la School of NaturalResourcesdel’UniversitéduNebraska–Lincoln(États-Unisd’Amérique), d’avoir rédigé cette brochure informativedontlespaysdésireuxderenforcerleursproprescapacitésdesuivietd’annonceprécocedelasécheressepourront,nousl’espérons,tirerutilementprofit.

(M.Jarraud)Secrétairegénéral

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INTRODUCTIONLa sécheresse est un phénomène naturel dangereux decaractère insidieux, qui résulte d’une insuffisance desprécipitationsparrapportauxvaleursprévuesounormales;lorsqu’elle persiste durant une saison entière ou plus,cetteinsuffisanceempêchederépondrecommeilconvientauxbesoinsdessociétéshumainesetdel’environnement.Lasécheresseestdoncuneanomalietemporaire,àladif-férencedel’aridité,quiestunecaractéristiquepermanenteduclimat.Ilfautaussidistinguerl’ariditésaisonnière(c’est-à-direunesaisonsèchebiendéfinie)delasécheresse.Onconfondsouventcesdifférentstermes,ouonlesemploiedefaçoninterchangeable.Orilimportedebiencompren-dreleursdifférencesdesignificationetd’entenirdûmentcomptedans lessystèmesdesuivietd’annonceprécocedessituationsdesécheresseetdanslesplansdeprépara-tionconnexes.

La sécheresse doit être considérée comme un état plutôtrelatifqu’absolu.Elleseproduitaussibiendansdeszonesàfortesprécipitationsquedansdeszonesàfaiblesprécipi-tations,etsouspresquetouslesclimats.Lesscientifiques,les dirigeants et le grand public l’associent souvent auxrégions arides, semi-arides ou subhumides, alors qu’ellesévitenréalitédans laplupartdespays,dans les régionssèches comme dans les régions humides. La sécheressefaitpartieduclimat,mêmesisonétendueetson intensitévarient à une échelle de temps saisonnière ou annuelle.Dans beaucoup de pays, et notamment en Australie, enChine, aux États-Unis d’Amérique et en Inde, la séche-resse s’installe chaque année sur une partie du territoire.

Comptetenudelafréquencedecephénomèneetdel’am-pleurdeseseffets,lespouvoirspublicsdevraientattacherplusd’importanceà l’élaborationd’unestratégieoud’unepolitique nationale d’atténuation de ses conséquenceséconomiques, sociales et environnementales. L’un deséléments essentiels d’une telle stratégie consiste en unsystèmecompletdesurveillancequipermetted’annoncerasseztôtledébutetlafindelasécheresse,dedéterminersondegré d’intensité et de communiquer en temps voulu cesinformationsàunlargeéventaildeclientsdansdenombreuxsecteurssensiblesauxconditionsclimatiquesethydrologi-ques,cequidevraitbiensouventcontribueràatténuerouàéviterlesincidencesnéfastesdecephénomène.

La sécheresse est un phénomène de caractère régionaldontlescaractéristiquesvarientd’unrégimeclimatiqueàl’autre.Quelquesexemplesderégimescontrastésdestem-pératures et des précipitations pour différentes régionssontdonnésà lafigure1.Lasécheressesévitdanschacunde ces endroits, mais ses caractéristiques (fréquence etdurée) varient considérablement d’un endroit à l’autre.À New Delhi, le régime des précipitations est clairementun régime de mousson, avec de fortes précipitations dejuinàoctobreetunehauteurdepluiemaximaleenjuillet,août et septembre. Tunis présente un régime climatiquedetypetrèsnettementméditerranéen(étésec).ÀNairobi,la répartition des précipitations est clairement bimodale,avec des maximums prévus de mars à mai et pendantlesmoisdenovembreetdécembre.Enfin,àLondres, lesprécipitations sont uniformément réparties tout au long

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del’année.Danstouscesexemples,undérèglementmar-quédecesrégimespendantunepériodeprolongéeauradesincidencesdanslessecteurssensiblesauxconditionsclimatiques et hydrologiques. Ces incidences, de carac-tèrerégionalparnature,sont l’expressionde l’expositionaudangeretdelavulnérabilitédelasociétéàdelonguespériodesdedéficitdeprécipitations;ellessontunindicedelavulnérabilité.Quantaurisque,ilestfonctiondel’exposi-tionaudangeretdelavulnérabilitésociétale.

La sécheresse en elle-même n’est pas une catastrophe.Elle peut le devenir en raison de son incidence sur les

populations locales, l’économie et l’environnement etde leur capacité de s’adapter au phénomène et de s’enrelever. Pour bien comprendre la sécheresse, il est doncindispensable de prendre en compte tant sa dimensionnaturelle que sa dimension sociale. La gestion des ris-ques de sécheresse a pour but de renforcer la capacitéd’adaptationàcefléau,defaçonàaugmenterlarésilienceet à réduire le besoin d’une intervention des gouverne-ments ou des donateurs sous forme d’aide en cas decatastrophe. Le suivi de la sécheresse et son annonceprécoce sont des aspects essentiels de la gestion desrisquesconnexes.

Figure 1. Climagrammes illustrant les régimes des températures et des précipitations à New Delhi, Tunis, Nairobi et Londres. (Source: Centre national de lutte contre la sécheresse, Université du Nebraska–Lincoln, États-Unis d’Amérique)

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Température

Précipitation

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Séc

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e

Incidences économiques Impacts sociaux Effets sur l’environnement

Séc

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agri

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Séc

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hyd

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giq

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Variabilité naturelle du climat

Augmentation del’évaporation et de la

transpiration

Manque d’eau pour les plantes,biomasse et rendement réduits

Réduction de l’infiltration, del’écoulement, de la protectionprofonde et de la recharge des

nappes souterraines

Baisse de l’écoulement fluvial etdu débit entrant dans les réservoirs,les lacs et les étangs; diminution des

zones humides et des habitats naturels

Températures élevées, forts vents,faible humidité relative,

ensoleillement accru, couverturenuageuse inférieure à la normale

Précipitations insuffisantes(quantité, intensité, période)

Du

rée

Teneur insuffisanteen eau du sol

LA SéChERESSE EN TANT qUE DANgER: PRINCIPES ET DéfINITIONSLa sécheresse diffère des autres phénomènes naturelsdangereux à bien des égards. En effet, c’est un dangernaturel qui commence lentement, de sorte qu’on parlesouventd’unphénomèneàévolutionlente.Onobserveunécartcumulédesprécipitationsparrapportàlanormaleouauxvaleursprévues(lamoyenneàlongterme,parexem-ple).Cedéficitcumulédeprécipitationspeutsemanifesterrapidement surunecourtepériode,mais celapeutaussiprendredesmoisavantquelemanqued’eausetraduiseparunediminutiondudébitdescoursd’eauetunebaisseduniveaudesréservoirsoudelanappephréatique.Dufaitdelalenteurdecetteévolution,leseffetsdelasécheressemettentsouventplusieurssemainesouplusieursmoisàsefairesentir(figure2).Généralement,cedéficitsereflèteenpremierlieudanslateneureneaudusol;l’agricultureestdoncsouventlepremiersecteurtouché.

Il est souvent difficile de savoir quand une sécheressecommence;demême,iln’estpasfaciled’établirquandellesetermineetdedéfinirlescritèresàappliquerenlamatière.Leretouràdesprécipitationsnormalesannonce-t-illafindelasécheresseet,sic’estlecas,pendantcombiendetempsdoit-onenregistrerdesprécipitationségalesousupérieuresàlanormalepourdéclarerlasécheresseofficiellementfinie?

Puisquelasécheressecorrespondàundéficitdeprécipita-tionscumulésurunepériodeprolongée,faut-ilquecedéficitsoit entièrement résorbé pour que le phénomène prennefin? Le niveau des réservoirs et de la nappe phréatiquedoit-ilreveniràlanormaleouàsavaleurmoyenne?Etpuisquelesincidencesdelasécheressepersistentlongtempsaprèsleretourdesprécipitationsàlanormale,lafinduphénomèneest-elle marquée par des facteurs météorologiques ouclimatiquesouencoreparl’atténuationdeseseffetsnégatifssurlesactivitéshumainesetsurl’environnement?Lasécheressesedistingueégalementdesautresdangersnaturelsparl’absenced’unedéfinitionpréciseetincontes-tée.Descentainesdedéfinitionsdelasécheresseajoutentà laconfusion lorsqu’il s’agitdesavoirsi l’onavraimentaffaireàunépisodedesécheresseetdedéterminersondegréd’intensité.Cesdéfinitionsdevraientintéresserdesrégions,desapplicationsoudesincidencesparticulières:la sécheresse est en effet un phénomène d’envergurerégionale.Or,commenousl’avonsdéjàmentionné,chaquerégion possède ses propres caractéristiques climatiques.Les sécheresses que subissent les Grandes Plaines desÉtats-Unis d’Amérique diffèrent de celles qui sévissentdanslenord-estduBrésil,enAfriqueaustrale,enEurope

Figure 2. Succession de situations de sécheresse et de leurs incidences pour les différents types de sécheresse généralement admis. Si toutes les  sécheresses sont dues à un manque de précipitations ou à une sécheresse de type météorologique, les autres types de sécheresse et leurs incidences découlent de ce manque.  (Source: Centre national de lutte contre la sécheresse, Université du Nebraska–Lincoln, États-Unis d’Amérique)

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occidentale,enAustralieorientaleoudanslaplainedelaChineduNord.Laquantité,lecyclesaisonnieretlanaturedesprécipitationsvarientgrandementd’unedecesrégionsàl’autre.

Latempérature,leventetl’humiditérelativesontaussidesfacteursqu’ilimportedeprendreencomptepourcaracté-riserlasécheresseenunendroitprécis.Ilfautenoutrequeles définitions portent sur des applications particulières,vuquelesincidencesdelasécheressevarientd’unsecteurà l’autre.Lasécheressen’apastoujours lamêmesignifi-cationpourunresponsablede lagestiondes ressourcesen eau, un exploitant agricole, un opérateur de centralehydroélectriqueetunbiologistespécialistedelafauneetdelafloresauvages.Etmêmedansunsecteurdonné,elledébouchesurdenombreusesperspectives fortdiverses,carseseffetspeuventconsidérablementdifférer.Parexem-ple,lasécheressepeutavoirdeseffetstrèsdifférentssurlerendementdesculturesselonqu’ils’agitdemaïs,deblé,desojaoudesorgho,parcequecesplantessontseméesàdifférentsmomentspendantlapériodedevégétation,que

leursbesoinseneaudiffèrentetqu’auxdiversstadesdeleurdéveloppement,ellesne réagissentpasde lamêmemanièreaustresshydriqueetthermique.

Les incidencesde lasécheressesontnonstructurellesetconcernentunezonegéographiqueplusvastequecellequicorrespondauxdommagescauséspard’autrescatastro-phesnaturelles(inondations,tempêtestropicales,tremble-mentsdeterre,etc.).Cefacteur,conjuguéàlalenteurdel’évolutiondelasécheresse,faitqu’ilestparticulièrementdifficiledequantifierseseffetsetencoreplusd’apporterlessecoursappropriés.Dufaitdecescaractéristiquesdela sécheresse, il n’a pas été possible de procéder à desestimationsprécises,fiablesetopportunesdesonintensitéetdesesconséquences(etdoncdedisposerdesystèmesd’alerteprécoceefficaces),nifinalementdeformulerdesplansdepréparationàcefléau.Defaçonsimilaire,lesres-ponsablesdelagestiondescatastrophesquisontchargésdeprendredesmesuresencasdesécheresseontdumalàprendreencomptelavasteétenduespatialegénéralementpropreàcephénomène.

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TyPES DE SéChERESSELes sécheresses sont habituellement classées par type(météorologique,agricole,hydrologiqueetsocioéconomique).

La sécheresse de type météorologique est généralementdéfinie par un seuil correspondant à un certain déficit deprécipitationssurunepériodedetempsdéterminée.Leseuilchoisi (parexemple75%de lanormale) et laduréede lapériode(parexemplesixmois)varientd’unendroitàl’autreselonlesbesoinsdesutilisateursoulesapplicationsconcer-nées.Lafigure3illustretroisfaçonsdistinctesdecaractéri-ser lasécheressepour troispaysdifférentsenfonctiondel’écartdelahauteurdeprécipitationparrapportàlanormale,auxdécileset à l’indicedeprécipitation standardisé (SPI).Lasécheressede typemétéorologiqueestunphénomènenatureldûàdescausesmultiples,quivarientd’unerégionà l’autre. Pour les autres types de sécheresse (agricole,

hydrologique et socioéconomique), l’accent est davantagemissurlesaspectshumainsetsociauxduphénomène,defaçonàsoulignerlesrelationsréciproquesentrelescaracté-ristiquesnaturellesdelasécheressedetypemétéorologiqueet lesactivitéshumainesqui sont tributairesdesprécipita-tionspourassurerunapprovisionnementsuffisanteneau,répondantainsiauxbesoinssociétauxetenvironnementaux.

Lasécheresse de type agricolesedéfinitplusvolontiersparlaprésencedanslesold’unequantitéd’eausuffisantepourassurer la croissance des cultures et du fourrage que parl’écartdesprécipitationspar rapportà lanormalesurunepériodedetempsdéterminée(figure4).Iln’yapasderela-tiondirecteentrelahauteurdeprécipitationet l’infiltrationdesprécipitationsdanslesol.Letauxd’infiltrationvarieenfonctiondesconditionsd’humiditéantérieures,delapente,

Figure 3. Sécheresse de type météorologique, exprimée sous la forme de l’écart en pourcentage de la hauteur de précipitation par rapport à la normale (Inde), des déciles de précipitation (Australie) et de l’ indice de précipitation standardisé (Canada).  (Sources: Service météorologique indien,  Service météorologique australien, et Administration du rétablissement agricole des Prairies et Agriculture Canada)

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Figure 4. Relations entre les différents types de sécheresse (météorologique, agricole, hydrologique et socioéconomique).  (Source: Centre national de lutte contre la sécheresse, Université du Nebraska–Lincoln, États-Unis d’Amérique)

Météorologique

Plus que le phénomène naturel proprement dit (déficits pluviométriques), on privilégie les modes de gestion de l’eau et des ressources naturelles.

Temps/durée du phénomène naturel

Agricole Hydrologique

Socioéconomiqueet politique

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de lanaturedusoletde l’intensitédesprécipitations.Lessolsontaussidescaractéristiquesvariables:certainsontunefaiblecapacitéderétentiond’eauetsontdoncplussujetsàlasécheressedetypeagricole.

La sécheresse de type hydrologique a encore moins àvoir avec l’insuffisance des précipitations par rapport àla normale, puisqu’elle est généralement définie commel’écartdel’approvisionnementeneaudesurfaceeteneausouterraineparrapportàcertainesconditionsmoyennesàdifférentsmoments.Commedans lecasde lasécheressede type agricole, il n’y a pas de relation directe entre lahauteur de précipitation et le degré d’approvisionnementeneaudesurfaceeteneausouterrainedeslacs,réservoirs,aquifèresetcoursd’eau,parcequecesdiversélémentsdusystèmehydrologiquesontutilisésàdesfinsmultiplesetrivales (irrigation, activités récréatives, tourisme, maîtrisedescrues,transports,productiond’énergiehydroélectrique,alimentation en eau des ménages, protection des espècesmenacées,gestionetpréservationdel’environnementetdesécosystèmes,etc.).Ilexisteaussiunimportantdécalagedansletempsentreledérèglementdesprécipitationsetlemomentoùleurinsuffisancetrouvesonexpressiondanslesélémentssuperficielsetsouterrainsdusystèmehydrologique.Leretourdecesélémentsàlanormaleestlent,dufaitdelalongueduréedespériodesderechargedessourcesd’approvisionnementen eau superficielle et souterraine. Dans certaines régionssujettesàlasécheressecommelapartieouestdesÉtats-Unisd’Amérique, le manteau neigeux accumulé pendant l’hiverestlaprincipalesourced’eauenété:lesréservoirspermettentàcetterégiondemieuxrésisteràlasécheresseenraisondeleur capacité d’emmagasiner de grandes quantités d’eau–commeuntampon–pendantlesépisodesdesécheresses’échelonnantsuruneouplusieursannées.

La sécheresse de type socioéconomique diffère fortementdes autres types de sécheresse du fait qu’elle reflète larelation entre l’offre et la demande de certaines denréesou de certains biens économiques (eau, fourrage pour lebétail, énergie hydroélectrique, etc.) qui sont tributairesdes précipitations. L’offre varie annuellement en fonctiondesprécipitationsoudel’eaudisponible;lademandevarieégalementetestsouventassociéeàuneévolutionpositivedue,parexemple,àuneaugmentationdelapopulation,audéveloppementouàd’autresfacteurs.

Les relations réciproques entre ces différents types desécheresse sont illustrées à la figure 4. Les sécheressesde type agricole, hydrologique ou socioéconomique sontdécalées dans le temps par rapport aux sécheresses detypemétéorologique,parcequeleseffetsproduitsdanscessecteurssont liésà l’approvisionnementeneaudesurface

et en eau souterraine. Il faut souvent plusieurs semainesavant que l’insuffisance des précipitations se traduise parundéficitd’humiditédusoletquelescultures,lespâturagesetlesparcourscommencentd’enpâtir.Lapersistanced’untempssecpendantplusieursmoisentraîneunediminutiondedébitdescoursd’eau,unebaissedeniveaudesréservoirsetdeslacset,éventuellement,unabaissementdelanappephréatique. De plus, si la sécheresse persiste pendant uncertainlapsdetemps,ellesetransformeenunesécheressede type agricole, hydrologique et socioéconomique, avecses effets connexes. La sécheresse a pour conséquencenon seulement de réduire les apports d’eau permettantde réalimenter les sources d’approvisionnement en eaude surface et en eau souterraine, mais aussi d’augmenterconsidérablement la demande concernant ces ressources.Commeonlevoitàlafigure4,ilestassezdifficiled’établirun lien direct entre les principaux types de sécheresse etl’insuffisance des précipitations, du fait que l’alimentationen eau assurée par les systèmes d’approvisionnementsuperficiels et souterrains est influencée par la façon dontcessystèmessontgérés.Desmodificationsapportéesà lagestiondessystèmesd’approvisionnementeneaupeuventaussibienatténuer les incidencesdelasécheressequelesaggraver. Par exemple, l’adoption de méthodes de travaildu sol appropriées et le semis de variétés plus résistantesà la sécheresse peuvent beaucoup atténuer les effets dela sécheresse en préservant l’eau du sol et en limitant latranspiration.

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CARACTéRISATION DE LA SéChERESSE ET DE SON INTENSITéTrois éléments distinctifs caractérisent les sécheresses:l’intensité, la durée et l’étendue spatiale. Par intensité, onentend l’ampleur du déficit de précipitations et la gravitédesconséquencesdecedéficit.L’intensitéestgénéralementmesuréeparl’écartparrapportàlanormaled’unparamètreclimatiquetelquelahauteurdeprécipitation,d’unindicateurtelqueleniveaudesréservoirsoud’unindicetelquel’indicedeprécipitationstandardisé.

La durée est le deuxième trait essentiel de la sécheresse:si une sécheresse peut débuter rapidement sous certainsrégimes climatiques, il lui faut généralement deux à troismois au moins pour s’installer; elle peut ensuite persisterpendant des mois ou des années. L’ampleur des effets delasécheresseestétroitement liéeaumomentoùdébute lapénuriedeprécipitations,àl’intensitédecelle-cietàladuréeduphénomène.Parexemple,unhiversecpeutavoirdeseffetslimitéssousdesclimats tempérésaux latitudesmoyennes,comptetenudelafaibledemanded’eaupendantcettepériodedel’année.L’étudedesrelevéspaléoclimatologiques(anneauxdecroissancedesarbres,sédimentslacustres,etc.)auxfinsd’unemeilleurecompréhensiondelafréquence,deladuréeet de l’étendue spatiale des situations de sécheresse peutserévélertrèsinstructive,carellefournitauxplanificateursdes renseignements d’une très grande importance sur despériodesantérieuresàcelledesrelevésinstrumentaux.

Les sécheresses diffèrent aussi par leurs caractéristiquesspatiales.Lessurfacestouchéesparunesécheresseintenseévoluentprogressivement,etleszonesd’intensitémaximales(lesépicentres)sedéplacentd’unesaisonàl’autreoud’uneannée à l’autre (pour les sécheresses qui durent plusieursannées).Dans lespaysdegrandesuperficie (Brésil,Chine,Inde,États-Unis,Australie,etc.), lasécheresse touche rare-ment, voire jamais, le pays entier. En 1934, lors de la piresécheressequ’eurentàsubirlesÉtats-Unisplusieursannéesdurant,seulement65%duterritoireaméricainfurenttouchésparunesécheresseintenseouextrême(figure5);celaaétél’étenduespatialemaximalede lasécheressedanscepayspendantlapériode1895-2005.

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Figure 5. Proportion en pourcentage du territoire des États-Unis touché par une sécheresse intense à extrême pour la période comprise entre janvier 1895 et mai 2006. (Source: Centre national de lutte contre la sécheresse,  Université du Nebraska–Lincoln, États-Unis, à partir de données  fournies par le Centre national de données climatiques/NOAA)

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LES DéfIS qUE POSENT LE SUIVI DE LA SéChERESSE ET SON ANNONCE PRéCOCEToutsystèmed’alerteprécoceàlasécheresseestconçudemanièreàpouvoirsuivrel’évolutionduclimatetdel’appro-visionnementeneauet,parconséquent,àpouvoirdétecterl’apparition ou la probabilité d’apparition d’un épisode desécheresse et déterminer son degré probable d’intensité.Ces renseignements peuvent limiter les effets du phéno-mènes’ilssontcommuniquésà tempsetsousune formeappropriéeauxdécideursetsidesmesuresd’atténuationetdesplansdesecourssontdéjàenplace.Unebonnecom-préhensiondescausessous-jacentesdelavulnérabilitéestaussiunélémentessentielde lagestiondessituationsdesécheresse,carlebutultimeconsisteàréduirelesrisquesenunendroitprécisetpourungroupedepersonnesouunsecteuréconomiquespécifique.

Ilexistedenombreuxindicateursnaturelsdelasécheresse,qu’ilfautsurveillerrégulièrementpourdéterminerledébutetlafinduphénomèneainsiquesonétenduespatiale.Ilfautaussi évaluer son degré d’intensité à intervalles réguliers.Bienquetouslestypesdesécheresseaientleuroriginedansuneinsuffisancedesprécipitations,ilnesuffitpasdesefon-deruniquementsurcetélémentclimatiquepourévaluerleurdegré d’intensité et leurs effets, compte tenu des facteursmentionnés précédemment. Pour être efficaces, les systè-mesd’alerteprécoceà lasécheressedoivent tenircompte

nonseulementdesprécipitations,maisaussid’autresvaria-blesclimatiquesetd’informationsrelativesàl’eau(débitdescoursd’eau,accumulationannuelledeneige,niveaudeseauxsouterraines,niveaudesréservoirsetdeslacs,teneureneaudusol,etc.)pourqu’ilsoitpossibledeprocéderàuneévalua-tiond’ensembledelasécheresseprésente,desonévolutionfutureetdesconditionsd’approvisionnementeneau.

Lesuividelasécheresseposeuncertainnombrededéfisuniquesen leurgenre,en raisondescaractéristiques toutà faitparticulièresdecephénomène.Lesprincipauxdéfissontlessuivants:• Lesréseauxdecollectedesdonnéesmétéorologiques

ethydrologiquessontsouvent inadaptésdufaitde ladensité insuffisante des stations d’observation desprincipaux paramètres climatologiques et hydrologi-ques.Laqualitédesdonnéesposeaussiunproblèmeenraisondedonnéesmanquantesoudeladuréeinsuf-fisantedesrelevés;

• Leséchangesdedonnéesentrelesorganismespublicsetlesinstitutionsderecherchesontinsuffisants,etlecoût élevé des données limite leur application pourcequiconcernelesuividelasécheresse,lesmesuresdepréparation,l’atténuationdeseffetsetlesmesuresd’intervention;

• Les informations communiquées par l’intermédiairedessystèmesd’alerteprécocesontsouventtroptech-niqueset tropdétailléespourque lesdécideurspuis-sentenfairepleinementusage;

• Lesprévisionsnesontsouventguèrefiablesàl’échelledelasaisonetmanquentdespécificité,cequirestreintleurutilitépourl’agricultureetd’autressecteurs;

• Lesindicesdesécheressenepermettentpastoujoursde détecter le tout début et la fin des épisodes desécheresse;

• Il conviendrait de disposer de systèmes intégrés desuivide lasécheresse,quicombinentungrandnom-bre de paramètres climatologiques, hydrologiques etpédologiquesetd’indicateurssocioéconomiquespourdéfinir parfaitement le degré d’intensité de la séche-resse,sonétenduespatialeetseseffetséventuels;

• Il n’existe pas de méthodes normalisées d’évaluationdes incidences de la sécheresse – un aspect essen-tieldessystèmesdesuivietd’annonceprécocede lasécheresse–,cequiapoureffetd’empêcherl’élabora-tiondeprévisionsfiablesdeseseffetsetlacréationdeprogrammes d’atténuation et d’intervention adaptésauxparticularitésrégionales;

• Lessystèmesdediffusionentempsvouludesdonnéesetdesinformationsàl’intentiondesutilisateursnesontpas au point, ce qui limite leur utilité pour l’aide à ladécision.

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SySTèMES INTégRéS DE SUIVI DE LA SéChERESSE ET DE DIffUSION DE L’INfORMATION: LA VOIE à SUIVREUneapprocheglobaleet intégréeestnécessairepourassu-rerunmeilleursuivide lasécheresseetdiffuserdesalertesprécoces.Dans laplupartdespays, lacollectedesdonnéesclimatiques et hydrologiques relève de la responsabilité dedifférentsorganismesouministères,etilarrivesouventquecesdonnéesnesoientpastransmisesentempsvoulu.L’auto-matisation du processus de collecte des données pourraitgrandementcontribueràaméliorerlapromptitudeetlafiabilitédessystèmesdesuivietd’annonceprécocedelasécheresse.

L’analysedesdonnéessurleclimatetl’eauestplusefficacelors-qu’uneseuleinstanceenassurelacoordination.Cetteinstance–quipeutêtresoitunorganismeouunministèreprécis,soituneinstanceinterorganisations–estalorschargéed’analyserlesdonnéesetd’élaborerdesproduitsfinalsutilesoudesoutilsd’aideàladécisiondestinésauxutilisateursfinals.Lespartiesintéresséesdoiventparticiper,dèslespremiersstades,àl’éla-borationdesproduits,desortequelesinformationspuissentrépondreàleursdiversbesoinsencequiconcernelemomentchoisipourlescommuniqueretleurcontenu.Toutsystèmedediffusiondevraittenircomptedesbesoinsdel’ensembledelaclientèle.Si l’Internetest lemoyenleplusefficaceet lepluséconomiquededonnerdes informations, ilneconvientpasdansbiendescas.Enfait,ilestsouventnécessairederecouriràuneassociationdel’Internet,delavulgarisationetdeladiffu-sionparvoieimpriméeetélectronique.

Jusqu’ici, les systèmes de surveillance et d’alerte précoceétaient généralement fondés sur un unique indicateur ouindice climatique. Leseffortsdéployésdernièrementdans cedomaineauxÉtats-Unisd’Amériqueetdansd’autrespaysontpermisdemettreaupointdenouveauxoutilsetdenouvellesméthodesd’alerteprécoceetd’aideàladécisionquifaciliterontla planification des mesures de préparation à la sécheresseet l’élaboration de politiques appropriées en la matière.D’autrespayspourrontutilements’inspirerdesleçonsappriseslorsqu’ilss’efforcerontd’atténuerleseffetsdefutursépisodesdesécheresse.Pourêtreefficace,unsystèmedesurveillance,d’alerte précoce et de diffusion de l’information doit suivreen permanence l’évolution des principaux indicateurs de lasécheresse et de l’approvisionnement en eau et des indicesclimatiques et communiquer ces renseignements auxdécideurs.Celapermetdedétecterprécocementlessituationsde sécheresse et de prendre en temps voulu des mesuresd’atténuationetd’interventiond’urgence,quisontlescompo-santesessentiellesdetoutplandepréparationàlasécheresse.

Il y a peu, les États-Unis d’Amérique ne disposaient d’aucunsystème global et intégré de suivi de la sécheresse, d’alerteprécoce et de diffusion de l’information. De 1996 à 2006, lapresque totalité du pays a été la proie de sécheresses degrande ampleur, ce qui a renforcé la nécessité d’un système

de surveillance et d’alerte précoce mieux intégré. Au coursde cette période, de nombreuses régions ont été touchéespendantplusieursannéesconsécutivesetàplusd’uneoccasion;certainesrégionsdupaysontainsiconnucinqàseptannéesdesécheresse consécutives. Ces situations ont mis en évidencel’insuffisancedeseffortsnationauxdesuivide lasécheresseetsoulignél’importancedel’adoptiond’unedémarchemieuxcoordonnée, qui fasse un usage optimal de l’Internet pourl’échange,l’analyseetlatransmissiondesdonnéesetpourladistributiondesproduits.En1999,l’Administrationaméricainepour les océans et l’atmosphère (NOAA), le Ministère del’agriculturedesÉtats-Unis(USDA)etleCentrenationaldeluttecontre la sécheresse (National Drought Mitigation Center –NDMC) de l’Université du Nebraska–Lincoln ont conclu unpartenariatenvued’améliorerlacoordinationetl’élaborationdenouveauxoutilsdesuividelasécheresse.LeSystèmeaméricainde suivi de la sécheresse (United States Drought Monitor –USDM) est opérationnel depuis le 18 août 1999. Ce systèmeesthébergésurlesiteWebduNDMC(http://www.drought.unl.edu/index.html),quiestdevenuunportailWebpourtoutcequiconcernelesuividelasécheresseetdel’approvisionnementeneau(figure6).

L’USDM fait avec succès la synthèse des informationstiréesd’unemultitudedeparamètres (indicesclimatiquesetindicateurs)etdesourcespourévaluer,surunebasehebdo-madaire, l’intensité et l’étendue spatiale de la sécheresseaux États-Unis; c’est en fait un mélange d’analyse objectiveet d’interprétation subjective. Ce produit cartographique estdésormaisbienconnu,etnombred’utilisateurstrèsdiverss’enserventpoursuivrel’évolutiondesconditionsdesécheressedanslepays.Onl’utiliseaussipourdesdécisionsdeprincipeconcernantledroitàbénéficierd’uneaideencasdesécheresse.L’USDM donne un instantané hebdomadaire des conditionsactuelles de sécheresse qui n’est pas censé constituer uneprévision. Cette évaluation englobe les 50 États américains,lespossessionsaméricainesdans lePacifique et Porto Rico.

Figure 6.  Site Web du Système américain de suivi de la sécheresse.  (Source: Centre national de lutte contre la sécheresse, Université du  Nebraska–Lincoln, États-Unis d’Amérique; http://www.drought.unl.edu/dm)

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Le produit consiste en une carte en couleurs qui indiqueles parties du territoire des États-Unis touchées par diversdegrés de sécheresse, et en un texte d’accompagnement.Le texte décrit les effets actuels de la sécheresse, lesmenaces futureset lesperspectivesd’amélioration.L’USDMest, de loin, le produit national de suivi de la sécheresse leplus facile à utiliser disponible actuellement aux États-Unis.Aujourd’hui,onleconsulteleplussouventsurl’Internet,bienque la carte soit également présentée dans des journauxnationaux et à la télévision. À la figure 7, on peut voirl’évolution des conditions de sécheresse de 2002 à 2005;une seule carte hebdomadaire illustre les conditions desécheressepourchaqueannée.Touteslescartesdel’USDM

depuis1999sontarchivéessurlesiteWeb,etlesutilisateurspeuventlesconsulterauxfinsdecomparaison.

Comme aucune définition de la sécheresse ne s’applique àtoutes les situations, les responsables de la planification del’agricultureetdesressourceseneauetd’autresutilisateursdoivent se fonder sur une variété de données ou d’indicesexpriméssouslaformedecartesoudegraphiques.Àl’USDM,on utilise plusieurs indicateurs et indices clefs tels quel’indice de sécheresse de Palmer, l’indice de précipitationstandardisé, ledébitdescoursd’eau, l’étatde lavégétation,l’humidité du sol et les effets observés. Des indicateurssecondairesutiliséspardiversorganismes,telsquel’indicede

Figure 7. Étendue spatiale et intensité des conditions de sécheresse aux États-Unis d’Amérique pendant la période 2002-2005, selon le Système américain de suivi de la sécheresse.  (Source: http://www.drought.unl.edu/dm)

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sécheressedeKeetch-Byram,leniveaudesréservoirs,l’indiced’approvisionnementeneaudesurface,l’équivalenteneaudelaneigepourlesbassinshydrographiquesoulesconditionspropresauxpâturagesetauxparcours,sontprisencomptepour établir la version définitive de la carte. La distributionélectroniquedesversionspréliminairesdelacarteàdesexpertssurleterraindanstoutlepayspermetdeprocéderàunevérifi-cationsurplacetrèsefficacedescaractéristiquesetdel’intensitédelasécheressefigurantsurlacartepubliéechaquesemaine.

L’USDMclasselesépisodesdesécheresseenquatrecatégo-ries(D1àD4),lacatégorieD4correspondantàunesécheresseexceptionnellesusceptibledeseproduireunefoisen50ans.Unecinquièmecatégorie,D0,correspondauxzonesanorma-lementsèches.LescartesUSDMetletexteexplicatifquilesaccompagneindiquentlesgrandeszonesdesécheresseselonl’intensitéduphénomène,dumoinsintenseauplusintense.Leszonesde lacatégorieD0soitsontsur lepointded’êtretouchéesparlasécheresse,soits’enrelèventmaisengardentencoredesséquellespersistantes.

L’USDMindiqueaussilessecteursquisubissentactuellementleseffetsdirectsetindirectsdelasécheresseaumoyendeslettresA(agriculture:cultures,élevage,pâturagesetherbages),H(hydrologie)ouW(approvisionnementeneau).Parexemple,une zoneombréede la catégorieD2 (A) connaîtengénéral

desconditionsdesécheresseintensequitouchentdavantagelesecteuragricolequelesecteurdel’approvisionnementeneau.Lesauteursdescartesveillentànepasdéplacertropviteles limitesdeszonestouchéespar lasécheresse,conscientsqu’ils sont de la lenteur du processus d’installation de lasécheresse,delalongueurduprocessusderelèvementetdel’éventualitédeséquellespersistantes.

Les méthodes employées pour l’USDM sont désormaisappliquées à l’élaboration du Système nord-américain desuivi de la sécheresse (North American Drought Monitor –NADM),projetconjointdesÉtats-Unisd’Amérique,duMexiqueet du Canada. Ce partenariat a été établi en 2002 en vue decartographier l’intensité et l’étendue spatiale des épisodesde sécheresse dans l’ensemble du continent nord-américain.Àlafigure8,onpeutvoirleNADMpourmai2006.Ungrandnombre d’indices et d’indicateurs sont utilisés pour établirune carte des conditions de sécheresse, comme dans le casde l’USDM. La responsabilité de l’élaboration de ce produitest répartieentre leCentrenationaldesdonnéesclimatiquesdelaNOAA,l’USDAetleNDMCdel’UniversitéduNebraska–Lincoln aux États-Unis, la Commission nationale de l’eau auMexiqueet,auCanada,EnvironnementCanadaetAgricultureet Agroalimentaire Canada. Élaboré sur une base mensuelle,ce produit est un excellent exemple de la coopération inter-nationaleenmatièredesuividelasécheresse.

Figure 8. Système nord-américain de suivi de la sécheresse, mai 2006. (Source: NADM, http://www.ncdc.noaa.gov/oa/climate/monitoring/drought/nadm/index.html)

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Figure 8. Système nord-américain de suivi de la sécheresse, mai 2006. (Source: NADM, http://www.ncdc.noaa.gov/oa/climate/monitoring/drought/nadm/index.html)

ACTIVITéS DE SUIVI DE LA SéChERESSE: éTUDES DE CASDes progrès considérables ont été accomplis dans denombreuxpaysen cequi concerne les systèmesde suivietd’annonceprécocedessécheresses.Sil’ons’emploiedeplusenplusàaméliorercessystèmes,c’estqueleseffetsde la sécheresse sont de plus en plus marqués en raisond’unevulnérabilitésociétaleaccrue.Cesaméliorationssontduespourunebonnepartau renforcementdescapacitésde surveillance, et notamment à l’extension des réseauxde stations météorologiques automatiques, à l’utilisationdes satellites et à l’essor de l’Internet. Ce dernier permetd’accéderfacilementauxdonnéesetauxinformationsindis-pensablespoureffectuerdesévaluationsrelativesauclimatetàlasécheresseetdecommuniquerlesrenseignementspertinentsauxutilisateursdansdenombreuxsecteurs,au

moyendetouteuneséried’outilsetdeproduitsd’aideàladécision.Lescinqexemplesquisuiventillustrentcertainesdes démarches adoptées pour lutter contre la sécheressedansdifférentspays.

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En Chine, c’est le Centre climatologique de Beijingrelevantdel’Administrationmétéorologiquechinoisequiestchargédesuivrel’évolutiondelasécheresse.Depuis1995,cecentre se fonde sur l’indice de précipitation standardisépour suivre l’apparition et l’évolution de la sécheresse enChine à dix jours d’intervalle; les résultats sont indiquésdans le Bulletin de suivi de la sécheresse en Chine qu’il

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publie.Unsystèmenationaldesuivietd’annonceprécocedelasécheresseaétémisaupointde1995à1999,puismisenexploitationsurunebasejournalièreen1999: il fournità divers organismes publics ainsi qu’au grand public desrenseignements précis sur la sécheresse qui facilitentl’élaborationdemesuresdestinéesàenatténuerleseffets;ilreposeessentiellementsurunindicecomposite(IC)pourlesuivide lasécheresse,que leCentreclimatologiquede

Beijing a élaboré en se fondant sur sa longue expérienceenmatièredesuividelasécheresseetd’évaluationdeseseffets.

L’indice composite est une fonction du SPI pour les 30 etles90derniers joursetde l’évapotranspirationpotentiellecorrespondante. Sur la base des valeurs de l’IC, des don-néesdesurveillancedel’humiditédusoltransmisesparunréseaudestationsdemétéorologieagricoleetdesdonnéesde surveillancepar télédétection transmisespar leCentresatellitairedel’Administrationmétéorologiquechinoise,uncertainnombredeproduitsrelatifsausuividelasécheresseontétéélaborés,etnotamment:• Un Bulletin de suivi de la sécheresse en Chine qui

s’adresse aux organismes publics et qui est publié àintervallesvariables;

• Une séance d’information consacrée au suivi de lasécheresseetàl’évaluationdeseseffets,radiodiffuséeàlatélévisionencircuitferméchaquemercredidepuis2004;

• Descartesquotidiennesdesuividelasécheresse,quel’onpeutconsultersurlesiteduCentreclimatologiquedeBeijing(http://bcc.cma.gov.cn/en)depuisfévrier2003.

Lesfigures9à11présententdesexemplesdeproduitsdesuividelasécheressetelsquecartesdesuividelaséche-resse,produitsd’évaluationdel’humiditédusoletproduitsdetélédétection.LasécheressequiasévidanslaprovincedeNingxiaauprintemps2006aeuuneforteincidencesurlarécoltedebléd’hiver.

Figure 9. Suivi de la sécheresse en Chine, 9 juin 2006; l’échelle de couleurs,  du beige pâle (au milieu) au rouge, correspond à une intensité croissante de  la sécheresse. (Source: Administration météorologique chinoise)

Figure 10. Surveillance de l’humidité dans les 20 centimètres supérieurs du sol entre le 21 et le 31 mai 2006. Plus la valeur est élevée, plus le sol est humide. (Source: Administration météorologique chinoise)

Figure 11. Suivi de la sécheresse par télédétection du 1er au 8 juin 2006.  L’échelle de couleurs sur la gauche, qui va du bleu au brun, indique le degré d’intensité de la sécheresse. (Source: Administration météorologique chinoise)

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CEnTrE dE prévISIon ET d’AppLICATIonS CLImAToLogIquES rELEvAnT dE L’IgAd (ICpAC)

La région de la Corne de l’Afrique, comme bien d’autresrégionstropicales,estsujetteàdesévénementsclimatiquesextrêmes comme les sécheresses et les inondations. Afinde réduire au minimum les incidences négatives de cesévénements, l’OMM et le Programme des Nations Uniespourledéveloppement(PNUD)ontétablien1989uncentrede suivi de la sécheresse (DMC) à Nairobi et un centresecondaire à Harare, dont relevaient 24 pays d’Afriqueorientaleetaustrale.En2003,lecentredeNairobiestdevenuune institution spécialisée de l’Autorité intergouverne-mentale sur le développement (IGAD) et a été rebaptiséCentre de prévision et d’applications climatologiquesrelevantde l’IGAD (ICPAC). Lespaysparticipants sont lessuivants: Burundi, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya,Ouganda,République-UniedeTanzanie,Rwanda,SomalieetSoudan.L’ICPACestchargédesuperviserlesactivitésdesurveillanceetdeprévisionduclimat,lessystèmesd’alerteprécoce aux phénomènes climatiques dangereux et lesapplicationsconnexesenvuederéduirelesrisquesliésauclimatdanslarégiondelaCornedel’Afrique.

L’objectifprincipaldel’ICPACestdecontribueràlaprestationdeservicesdesurveillanceetdeprévisionduclimatauxfinsd’alerte précoce aux phénomènes climatiques extrêmes etd’atténuationdeleursincidencesnéfastessurdiverssecteurssocioéconomiquesdelarégiontelsquelaproductionagricoleetlasécuritéalimentaire,lesressourceseneau,l’énergieetlasanté.Lesproduitsd’alerteprécocepermettentauxutilisa-teursdemettreenplacedesmoyensdefairefaceauxrisquessuscitésparlesphénomènesclimatiquesetmétéorologiquesextrêmesdanslarégiondelaCornedel’Afrique.LeCentrefavoriseaussi le renforcementdescapacités, tantauprofitdesclimatologuesqu’àceluidesutilisateurs.

L’ICPACdiffuserégulièrementdesmessages-avisclimatolo-giquesrégionaux,notammentdesbulletinsclimatologiquesdécadaux,mensuelsetsaisonniers,etémetentempsvouludesmessagesd’alerteprécoceconcernant l’évolutiondesphénomènesclimatiquesextrêmesetleurseffetsconnexes.Desforumsrégionauxsurl’évolutionprobableduclimatsetiennent aussi avant le début des principales saisons despluies, en vue d’établir des prévisions consensuelles surl’évolutionprobabledu climatetd’élaborerdes stratégiesd’atténuation.Voiciquelques-unesdesactivitésmenéesparleCentre:• Création de banques régionales et nationales de

données climatologiques d’une qualité éprouvée etarchivagedecesdonnées;

• Traitement des données, y compris l’élaboration destatistiquesclimatologiquesdebase;

• Acquisitionentempsvouludedonnéesclimatologiquesetdetélédétectiontransmisesentempsquasiréel;

• Suividel’évolutiondansletempsetdansl’espacedesphénomènesmétéorologiquesetclimatiquesextrêmesdanslarégion;

• Élaboration de prévisions climatiques et de produitsd’alerteprécoce;

• Délimitation des zones exposées aux phénomènesclimatiquesextrêmes;

• Diffusion en temps opportun des produits d’alerteprécoce;

• Direction d’activités de renforcement des capacitéspour l’élaborationet l’applicationdesproduitsrelatifsauclimat;

• Organisation de forums sur l’évolution probable duclimatauprofitdespaysde la régionde laCornedel’Afrique;

• Resserrement des relations avec les utilisateurs parl’intermédiaired’ateliersetdeprojetspilotesd’applica-tionquileursontspécialementdestinés;

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• Activités de surveillance et de détection des change-mentsclimatiquesetdedéterminationdeleurscauses.

Aux figures 12 à 14 sont présentés trois exemples deproduits relatifs au climat et à la sécheresse élaborés parl’ICPAC(http://www.icpac.net): ilsconsistent respectivement

enunereprésentationgraphiquedel’écartdesprécipitationscumuléespar rapportà lamoyennepourMarsabit (Kenya),enunecartedel’évolutionprobableduclimatdanslarégiondelaCornedel’Afriqueetenunecartedesperspectivesenmatièredesécuritéalimentairepourlespaysdecettemêmerégion.

Moyenne

2005/2006

354520

333333

204535

204535

354520

333333

354520

I

II

IV

V

VI

VIIVIII

III

Soudan

Rwanda

Ouganda

Burundi

Éthiopie

Somalie

Kenya

République-Unie de Tanzanie

ÉrythréeDjibouti

Figure 12. Exemples de pluviométrie décadale cumulée pour certaines parties du Kenya de juin 2005 au début avril 2006.  (Source: ICPAC)

Pré

cip

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ion

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mu

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(m

m)

Marsabit (Kenya)

DécenniesJUIN1 JUIN3 JUIL2 AOÛT1 AOÛT3 SEPT2 OCT1 OCT3 NOV2 DÉC1 DÉC3 JANV2 FÉV1 FÉV3 MARS2 AVRIL1 AVRIL3 MAI2

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

Figure 13. Évolution probable du climat dans la région de la Corne de l’Afrique de mars à mai 2006. (Source: ICPAC)

Figure 14. Perspectives d’évolution de la sécurité alimentaire dans la région de la Corne de l’Afrique de septembre à décembre 2005. (Source: ICPAC)

x supérieures à la normaley proches de la normalez inférieures à la normale

Probabilité, exprimée en pourcentage,de précipitations

Insécurité alimentaire extrême

Insécurité alimentaire forte

Insécurité alimentaire modérée

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AfrIquE du Sud

Lasécheresseestunecomposantenormaleetrécurrenteduclimatsud-africain.Parlepassé,lesépisodesdesécheresseonteudesincidencesimportantessurleplanéconomique,environnementaletsocialetontmisenrelieflavulnérabilitéconstantedupaysàl’égarddecephénomènenaturel.Pen-dantlespériodesdefaiblesprécipitations,lesdirigeants,lesagriculteurs, les entreprises et le grand public ont souventbesoin de données pluviométriques supplémentaires pourfaciliterlesprocessusdeprisededécisionetdeplanification.

Pour faire face à la sécheresse qui sévit périodiquementen Afrique du Sud, le Service météorologique sud-africain(SAWS)acrééuneunitédesuivide lasécheresseoùsontprésentéesenunmêmeendroit,pourunaccèspluscommode,

lesinformationssurlespluiesobservéesetlesprévisionsàlongueéchéance.Cedispositifpermetaussiauxpersonnesqui lesouhaitentdecomparer lesprécipitationsde l’annéeencoursaveccellesdespériodessèchesprécédentes,cequidevrait les aider à prendre des décisions appropriées et àmeneràbienleursactivitésdeplanification.

Ni l’indice basé sur le pourcentage des précipitations parrapport à la normale, ni l’indice de sécheresse fondé surles déciles ne peuvent aider les décideurs à évaluer l’effetcumulatif d’une diminution des précipitations sur diversespériodes de temps. Aucun de ces indices ne peut décrirel’ampleur de la sécheresse par comparaison avec d’autresépisodesdesécheresse.L’indicedeprécipitationstandardisépeut remédierà cesdeux inconvénientsprincipaux, toutenétantplusfacileàcalculerquecertainsdesautresindicesdesécheresseactuellementutiliséspar leSAWS.LeSPIestunindicefondésurlaprobabilitédeprécipitationàn’importequelleéchelledetemps:ilpeutserviràévaluerledegréd’intensitédelasécheresseetonpeutlecalculeràdifférenteséchellesdetempsquirendentcomptedel’incidencedelasécheressesurlesdisponibilitéseneau.LecalculduSPIestfondésurladistributiondespluiessurdelonguespériodes,depréférenced’uneduréesupérieureà50ans.Lerelevédespluiesàlongterme correspond à une distribution de probabilité, qui estalorsnormaliséedesortequeleSPImoyen,pourn’importequelendroitetn’importequellepériodede temps,soitégalà zéro.UnevaleurduSPIpositive indiqueunepériodeplushumideetunevaleurnégative,unepériodeplussèche.

Le23novembre2005, leMinistèrede l’agricultureapubliéunrapportselonlequelhuitdesneufprovincessud-africai-nesétaientgravementtouchéesparlasécheresse.SeuleleGauteng,trèspeupléetquijoueunrôlemarginalenmatièred’agriculture,étaitpeutouché.À l’époque,uncertainnom-brededistrictsdelaprovincelaplusseptentrionaledupays,leLimpopo,étaientdéclarészonessinistréesdepuis2003ou2004,etlasécheressesévissaitdans27des37municipalitésde la province. Les barrages avaient atteint leurs plus basniveaux,avecunecapacitémoyennede36%,encomparai-sonde64%l’annéeprécédente.

LescartesduSPIàdifférenteséchellesdetempsprésentéessurlapagedusiteduSAWSconsacréeausuividelaséche-resse(http://www.weathersa.co.za/DroughtMonitor/DMDesk.jsp),miseàjouraudébutdumoisdedécembre2005,rendentparfaitementcomptede lagravitéde lasituation.Unhivertrès sec et des pluies printanières insuffisantes ont encoreaggravélesconditionsdetempssecdanscertaineszones.

Ennovembre2005,d’aprèsleurscaractéristiquesprincipales,lesprécipitationsontétéprochesdelanormaledanslaplus©

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grandepartiedel’AfriqueduSud,saufdanscertainespartiesdu Cap-Occidental, le Cap-Oriental, le KwaZulu Natal et leMpumalangaquiontconnuuntempshumide(figure15,enhaut).Selonlesdonnéesdisponibles,nullepartdanslepaysn’ontétéenregistréesdeshauteursdepluietrèsinférieuresàlanormalependantcemois.

Deseptembreànovembre2005,ilyaeuunecertaineatté-nuationdutempssecdanslesprovincesdunordainsiqu’àl’extrêmesud(figure15,aumilieu).Toutefois,unecertainesécheresses’estmaintenueauLimpopo.

Comme lemontre lacarteduSPIpour lapériodecompriseentrejuinetnovembre2005, lapluviositésursixmoisaétéprochedelanormalesurlaplusgrandepartiedel’AfriqueduSud,bienqu’untempsassezsecàtrèssecaitétéobservédansplusieursrégions,plusparticulièrementdansleCap-Méridional,danslapartiesuddesprovincesduCap-Septentrionaletdansl’extrêmenorddupays(figure15,enbas).MêmesidespluiesabondantessonttombéesdanscertainespartiesduLimpopoennovembre2005, lesressourceseneauyétaient toujourssoumisesàcontrainte.

porTugAL

Au Portugal, on se sert de l’indice Palmer de gravité desécheresse(IPGS)pourcaractériserlasécheresse.CetindiceaétéadaptéetétalonnéeuégardauxconditionsclimatiquespropresauPortugalcontinental. Ilestobtenuparuncalculparamétrédubilanhydriquedusoletcomparelateneureneauestiméedusolavecsamoyenneclimatologique.

L’évolution des conditions de sécheresse est indiquée surles cartesmensuellesde l’IPGSquimontrent la répartitiongéographiquedelasécheresseauPortugal.Cescartesper-mettentdesuivre lesvariationsspatialeset temporellesdela sécheresse dans la partie continentale du Portugal, cequifaciliteladélimitationdeszonesvulnérablespourcequiestdel’agricultureetd’autressecteurs,améliorantainsilesdécisionsprisessuruneexploitationafind’atténuerleseffetsdelasécheresse.

L’année hydrologique 2004/05 a commencé par des préci-pitationsassezabondantesenoctobre, saufdans le suddupaysoùl’onaobservéuntempsplussecquelanormale.Lesmoisquiont suiviontété secsàextrêmement secs, cequia entraîné l’apparition d’une sécheresse très intense. À lafigure16etau tableau1sont indiquées lesvariationsmen-suellesdel’IPGS,expriméesenpourcentagedelasuperficietouchée par rapport à la superficie totale du Portugalcontinental. Figure et tableau mettent en évidence ladégradationdesconditionsdesécheressependant lesmois

Figure 15. Indice de précipitation standardisé (SPI) pour l’Afrique du Sud,  novembre 2005 (en haut); septembre à novembre 2005 (au milieu);  juin à novembre 2005 (en bas). (Source: Service météorologique sud-africain)

Sécheresse extrême

Sécheresse intense

Sécheresse modérée

Sécheresse peu marquée

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Indice Palmer de gravité de sécheresse (IPGS)

proportion en pourcentage du territoire touché par la sécheresse en 2004/05

2004 2005

31oct.

30nov.

31déc.

31jan.

28fév.

31mars

30avril

31mai

30juin

31juil.

31août

30sept.

31oct.

30nov.

31déc.

moyennement humide 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Légèrement humide 47 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6 5 5

Conditions normales 22 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6 12 11

Sécheresse peu marquée 20 47 30 0 0 26 15 4 0 0 0 0 52 81 83

Sécheresse modérée 5 47 48 25 23 22 22 28 3 0 0 3 36 2 1

Sécheresse intense 1 5 20 53 44 28 20 20 33 27 29 36 0 0 0

Sécheresse extrême 0 0 2 22 33 24 43 48 64 73 71 61 0 0 0

d’hiver et leur relative atténuation en mars par suite desprécipitationsquisonttombéesdanslenordetl’intérieurdupays.Enjuin,juilletetaoût,lasituationdesécheresseaempiré.Habituellement,lahauteurdeprécipitationcorrespondantàces

Tableau 1. Proportion en pourcentage de la partie continentale du Portugal touchée par la sécheresse en 2004/05. (Source: Institut de météorologie, I.P., Portugal)

Po

urc

enta

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du

ter

rito

ire

OCT. 04

0

100

20

NOV. 04 DÉC. 04 JAN. 05 FÉV. 05 MARS 05 AVRIL 05 MAI 05 JUIN 05 JUIL. 05 AOÛT 05 SEPT. 05 OCT. 05 NOV. 05

40

60

80

DÉC. 05

Figure 16. Proportion en pourcentage du territoire portugais touché par la sécheresse pendant la période comprise entre octobre 2004 et décembre 2005.  (Source: Institut de météorologie, I.P., Portugal)

Sécheresse extrême

Sécheresse intense

Sécheresse modérée

Sécheresse peu marquée

Conditions normales

Légèrement humide

Moyennement humide

Très humide

Extrêmement humide

troismoisnereprésenteenmoyenneque6%seulementdelaprécipitationannuelle.Lesprécipitationsquisonttombéespendant la première quinzaine de septembre ont atténué lagravitédelasécheressedanslenordetlecentredupays.

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Période

nombre d’habitants touchés

Ayantbénéficiéd’unapprovisionnement

supplémentaireeneau

Ayantsubiuneréductiondeleur

approvisionnementeneau

1ère quinzaine d’avril 14175 213

1ère quinzaine de mai 8395 2635

1ère quinzaine de juin 26500 26781

2ème quinzaine de juin 23440 25217

1ère quinzaine de juillet 26004 26350

2ème quinzaine de juillet 54831 53312

1ère quinzaine d’août 48500 60061

2ème quinzaine d’août 94372 100500

1ère quinzaine de septembre 73097 66127

2ème quinzaine de septembre 69588 39429

2ème quinzaine d’octobre 48883 30083

2ème quinzaine de novembre 11921 13354

2ème quinzaine de décembre 10238 13445

maximum 94 372 100 500

Tableau 2. Évolution du nombre d’habitants touchés directement ou  indirectement par la sécheresse en 2004/05.  (Source: Institut de  météorologie, I.P., Portugal)

Figure 18. Nombre de municipalités ayant bénéficié d’un approvisionnement supplémentaire en eau par citerne (en bleu) ou ayant procédé à une réduction de l’approvisionnement en eau des ménages (en rouge).  (Source: Institut de météorologie, I.P., Portugal)

Figure 17. Représentation spatiale du nombre de mois consécutifs  de sécheresse intense et extrême pendant la période comprise entre  octobre 2004 et septembre 2005. (Source: Institut de météorologie,  I.P., Portugal)

Lafigure17indiquelenombredemoisconsécutifsdeséche-resseintenseetextrêmejusqu’àlafindumoisdeseptembre2005.

Lasécheresseaeudesincidencesimportantessurlessec-teursdel’agriculture,del’énergieetdel’approvisionnementen eau en milieu urbain. La figure 18 fait apparaître l’effetdelasécheressesurl’approvisionnementeneaudesmunici-palités.Parailleurs,commeonlevoitautableau2,lenombredepersonneséprouvéesparlasécheresseestaussiunbonindicateur des multiples incidences de cette situation desécheresse.

No

mb

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15 MARS

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10

15 AVRIL 15 MAI 15 JUIN 30 JUIN 15 JUIL. 31 JUIL. 15 AOÛT 31 AOÛT 15 SEPT. 30 SEPT. 31 OCT. 30 NOV. 31 DÉC.

20

30

40

50

60

Municipalités ayant bénéficié d’unapprovisionnement supplémentaire en eau

Municipalités ayant subi une réduction deleur approvisionnement en eau

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Figure 19. Ampleur des déficits pluviométriques sérieux ou plus marqués à l’apogée de la dernière sécheresse liée au phénomène ElNiño en 2002/03. (Source: Service météorologique australien)

considérées,respectivement,commesérieusementougrave-mentdéficitaires.Àlafigure19,onvoitl’ampleurdesdéficitspluviométriqueslesplusmarquésàl’apogéedeladernièresécheresseliéeauphénomèneEl Niño,en2002/03.

Bienqu’unepériodeprolongéededéficitpluviométriquesoitpratiquemententoutlieuunpréalableàlasécheresse,nom-breuxsontcependantceuxqui,enAustralie,estimentqueladéclaration officielle d’une situation de sécheresse est unequestionpluscomplexe.Ilfauteneffetprendreenconsidé-rationnonseulement l’approvisionnementeneaudepluie,mais aussi l’usage ultérieur qui en est fait une fois qu’elleesttombéesurlesterresagricoles,qu’elles’écouledanslesruisseauxet les rivières,qu’elleestemmagasinéedans lesréservoirs, qu’elle sert à faire tourner les centrales hydro-électriquesetqu’ellealimentelesvillesetlesvillagesdupaystoutentier.Deplus,comptetenudelasuperficieetdelaposi-tiongéographiquedel’Australie,ilestrarequ’àtoutmoment,uneouplusieurszonesd’uneplusoumoinsgrandeétenduen’enregistrentpasundéficitpluviométriquesérieuxougrave.Ilfautdoncqu’unesériecomplexed’évaluationssoitmenéepar lesautoritéssur leplannationaletauniveaudesÉtatspourdéterminers’ilconvientounondeconsidérerofficielle-mentqueceszonessontsinistréesetquelasécheresseestd’uneintensité,d’uneduréeetd’uneétenduesuffisantespourquelespersonnestouchéespuissentbénéficierdesmesuresdesecoursprisesparlespouvoirspublics.

Sachantquelasécheresseestunecaractéristique«normale»des environnements naturels, économiques et sociaux del’Australie, les autorités nationales et celles des différentsÉtatsontestiméque les industrieset lesentreprisessensi-blesauxconditionsclimatiquesdevaientapprendreàgérerlerisquedesécheresseenmêmetempsquetouslesautresrisquesconnexesauxquelsellesdoiventfaireface.Lesgou-vernementsreconnaissentcependantque,detempsàautre,certainessécheressesdeviennentsiintenses,sichroniquesousiétenduesqu’il estalors indispensabled’apporteruneaideauxpersonneslesplustouchées.EnAustralie,onparlealorsde«circonstancesexceptionnelles».

En 2002/03, l’Australie a connu une sécheresse particu-lièrement intense et étendue, qui s’est accompagnée detempératuresrecordsdansdenombreusesrégions.Àl’apogéedelasécheresse,onaenregistrédesdéficitspluviométriquescumuléssérieuxàgravessurdixmoisouplusdans57%ducontinentaustralienetdesvaleursinférieuresàlamédianedans90%ducontinent(figure19).Gardantprésentàl’espritcetteexpériencede lasécheresseetressentantaussi lanécessitéde fonder la déclaration de circonstances exceptionnellessurunprocessusplusobjectifetplustransparent,leConseilministériel des industries primaires s’est prononcé en 2005

AuSTrALIE

L’Australie est une île-continent qui est à cheval sur lazone subtropicale australe et dont la partie continentales’étend d’environ 11° de latitude S au nord (le Top EndduTerritoireduNord)à39°de latitudeSdans lesud-est.Les régions septentrionales ont un climat tropical pen-dantunepartiedel’année,alorsquelescôtesest,sud-estet sud-ouestet les régionsde l’intérieurvoisines,généra-lement bien arrosées, sont sujettes à une forte variabilitéinterannuelleetsaisonnièredesprécipitations.Lesrégionssituéesplusàl’intérieursontaridesàsemi-arides.Laséche-resse,quitoucheparfoisdevastesétenduesducontinent,estunecaractéristiquerécurrenteduclimataustralien.Bonnombredessécheresseslesplusintensesetlespluséten-duessontliéesàdesépisodesEl Niño.

Comme la pluie est de loin le principal facteur dontdépendlesuccèsoul’échecdelapériodedevégétationdansl’ensemble du pays, le suivi de la sécheresse a consistédurantdesannéesàsurveiller lesdéficitspluviométriques.En exploitation depuis 1965, le Système de veille de lasécheresse mis en place par le Service météorologiqueaustralien (Australian Bureau of Meteorology) s’est fondésur lespercentilesdepluiecumuléssuruncertainnombredemoissuccessifspourdélimiterleszonesendéficitouenexcédent pluviométrique. Les zones où les précipitationscumulées sont inférieures au dixième ou au cinquièmepercentilependantdespériodesdetroismoisouplussont

déficits pluviométriques sur 10 mois(1er avril 2002 – 31 janvier 2003)

Déficit sérieux

Déficit grave

Déficit record

Percentiles de pluie

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La sécheresse touche plus de personnes que n’importequelle autre catastrophe naturelle et coûte très cher sur leplan économique, social et environnemental. L’élaborationde systèmes efficaces de suivi et d’annonce précoce de lasécheresseetdediffusiondel’informationaconstituéundéfide taille en raison du caractère particulier de ce fléau. Cesdernièresannées,desprogrèsnotablesontétéaccomplisenvue de rendre ces systèmes plus efficaces. Alors que lesépisodes de sécheresse ont augmenté de fréquence etd’intensitédansnombrederégionsduglobeetquelavulnéra-bilité de nos sociétés s’est accrue, on insiste désormaisdavantage sur l’élaboration de plans de préparation à lasécheresse qui soient anticipatifs plutôt que réactifs et l’onprivilégielesméthodesdegestionfondéessurl’évaluationdesrisques. L’amélioration du suivi de la sécheresse est l’un desélémentsclefsdecesplansainsiquedespolitiquesnationalesenlamatière.Dessystèmesd’alerteprécoceefficacespeuventfournir en temps voulu aux décideurs des informationsfiables dont ils peuvent se servir pour prendre des mesuresd’atténuationappropriées.Sil’améliorationdecessystèmesestunetâcheardue,l’adoptiond’uneapprocheglobaleetintégréedelasurveillanceduclimatetdel’approvisionnementeneaudonnedebonsrésultatsdansdenombreuxpays.

enfaveurdelacréationduSystèmenationaldesuiviagricole(NationalAgriculturalMonitoringSystem–NAMS).

LeNAMSaétéélaborédanslesdouzemoisquiontsuivisousla direction du Bureau australien des sciences rurales, encollaboration avec le Service météorologique australien etl’Organisation de la recherche scientifique et industrielle duCommonwealth (CSIRO). Le résultat consiste en un site Weblibrementaccessiblecontenantdescartesàjour,desgraphiquesetdesrapportssurl’étatdusystèmeclimatiquedansl’ensembledupays,ainsiquedesrenseignementssurlaproductionpourlesprincipauxsystèmesd’aridocultureextensive.Outrecesdonnéesactuelles,leNAMSfournitaussidesinformationsrétrospectivessurlaproductionmesuréeetmodélisée,lesincidencesfinancières,lesindicesétablispartélédétectionetleclimat.

LesiteWebduNAMS(www.nams.gov.au)permetd’obtenirdes informations à l’écran ou sous la forme de rapportsimprimables: l’utilisateur y trouve des renseignements decaractèregénéral,desinformationssur lesconditionsclima-tiquesactuellesetdesstatistiquesrelativesàlaproductionetauxressourcespourlesrégionsquil’intéressent.Cesrégionsvontdupaysdanssatotalitéauxsubdivisionsadministrativeslocales ou aux secteurs statistiques locaux utilisés pourrécapitulerlesdonnéesdurecensementaustralien.

D’un point de vue général, les informations fournies par leNAMSindiquentl’étatdesconditionsprésentespourlesprin-cipauxsystèmesdeproductionagricoleetlesperspectivesdeproductionpourlaprochainepériodedevégétation.SileNAMSesttoutd’aborddestinéàassurerlasurveillanceetàfournirdesdonnéesauxexploitationsquipratiquent l’aridocultureexten-sive,ilestcependantprévudedévelopperlesystèmeafinqu’ilenglobelesrégionsoùsepratiqueunecultureirriguéeextensiveouunecultureplusintensivetellequel’horticulture.

CommeleNAMSs’appuiesurunebasededonnéescommunepourl’ensembledupays,ildevraitfavoriseruneapprochepluscohérenteduprocessusdedéclarationdesécheressegrâceàl’utilisation:• D’unmodèleetd’unlangagecommunspourladescrip-

tiondelasécheressesousformedeprobabilités;• D’unesériecommunedecritèrespourladéclaration;• D’unprocessuscommunpourl’évaluationsubjectivesur

leterraindeseffetsdelasécheresse.

Deux autres sites Web australiens sont utiles. On trouvedes renseignements détaillés sur les mesures nationalesd’aide en cas de sécheresse – et notamment sur la décla-rationdecirconstancesexceptionnelles–àl’adressesuivante:http://www.daff.gov.au/droughtassist. On peut en outreobtenir des informations sur le système de suivi du déficit

CONCLUSION

pluviométriqueàl’adressesuivante:http://www.bom.gov.au/climate/drought/drought.shtml.

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Organisation météorologique mondiale

7 bis, avenue de la Paix – Case postale 2300 – Ch 1211 Genève 2 – Suisse

Tél.: +41 (0) 22 730 81 11 – Fax: +41 (0) 22 730 81 81

Courriel: [email protected] – Site Web: www.wmo.int

Pour plus de renseignements, veuillez contacter le:

Département du Programme climatologique mondial

Organisation météorologique mondiale

7 bis, avenue de la Paix – Case postale 2300 – Ch 1211 Genève 2 – Suisse

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