• A

CIG

• A

MIT

IÉ J

UD

ÉO

-CH

RÉ

TIE

NN

E •

AT

RID

• A

UJF

• B

BY

O •

BN

AI

BR

ITH

FIL

S D

E L

'AL

LIA

NC

E •

BO

RD

EA

UX

ASH

DO

D •

CE

NT

RE

YA

VN

É •

• C

ON

SIST

OIR

E

D’A

NG

OU

LÊ

ME

•

CO

NSI

STO

IRE

D

’AR

CA

CH

ON

•

CO

NSI

STO

IRE

D

E

LA

R

OC

HE

LL

E

• C

ON

SIST

OIR

E

DE

L

IBO

UR

NE

•

• C

ON

SIST

OIR

E D

E L

IMO

GE

S •

CO

NSI

STO

IRE

DE

PA

U •

CO

NSI

STO

IRE

DE

PÉ

RIG

UE

UX

• C

ON

SIST

OIR

E D

E S

AIN

TE

S •

CO

OP

ÉR

AT

ION

FÉ

MIN

INE

••

É

CO

LE

É

LÉ

ME

NT

AIR

E

GA

N

YO

SS

EF

•

E

EIF

•

M

ÉM

OIR

E

DE

S

FA

MIL

LE

S

DE

V

ICT

IME

S

DE

S

CO

NV

OIS

D

E

BO

RD

EA

UX

•

• F

ON

DA

TIO

N M

AR

IE-J

OSÉ

VA

ISA

N •

FSJ

U •

KK

L•

LA

BIE

NFA

ISA

NC

E •

LIC

RA

• M

AC

CA

BI

• M

AG

UE

N D

AV

ID A

DO

M •

MA

SSA

DA

• O

RA

KIV

A•

UE

JF•

WIZ

O •

Sud-Ouest Aquita ine

2005

Agen

Angoulême

Arcachon

Bayonne

Biarritz

Bidache

Bordeaux

La Bastide Clairence

La Rochelle

Libourne

Limoges

Pau

Périgueux

Peyrehorade

Saintes

Saint-Jean-de-Luz

Tarbes

Vieux Boucau

1

Le Crif, Conseil représentatif des institutions juives de France, regroupe nombre d’associations juives en France dont il est le porte-parole tant auprès des pouvoirs publics nationaux que locaux. Il se veut fidèle et respectueux de ceux qu’il représente. Le Crif est ainsi à sa place, conscient de son rôle dans le débat politique, s’inscrivant dans une très longue tradition critique, expression de la démocratie directe.

Le Crif, créé en 1944, s’est donné comme mission prioritaire de lutter par tous les moyenslégaux contre toute forme d’antisémitisme. L’écoute des pouvoirs publics est capitale et cette collaboration est aujourd’hui d’autant plus importante qu’il est nécessaire, voire vital, de lutter contre l’antisémitisme résurgent devenu, au fil du temps, préoccupant pour la sociétéfrançaise dans son ensemble. C’est l’image même de la France, patrie des droits de l’homme,pays de la liberté, terre d’accueil de tous les opprimés, qui sort altérée par cette épreuve.

L’intégration des Juifs dans la République remonte à plusieurs siècles déjà, elle ne s’est faite ni contre ni au détriment de qui que ce soit.

Toutefois il n’y a pas d’acte, antisémite ou non, qui ne soit lié à une pensée préparatoire, à un discours légitimant. Le Crif et le peuple juif savent par expérience que les imprécations martelées à longueur de temps finissent par changer durablement les mentalités,cristallisant les discours de la haine.

Il est du rôle des élus de la République, des dirigeants des institutions juiveset de l’ensemble des citoyens de dénoncer et de désamorcer ces propos méprisantset haineux, de défiance et d’affrontement, pour le bien commun, pour que la paix retrouvée soit le prélude au développement mutuel, économique, culturel et spirituel.

La réalité aquitaine est bien heureusement tout autre. Le respect entre les communautés est devenu une donnée évidente, fondée sur l’estime interpersonnelle réciproque.

C’est certes, pour nous, le résultat d’un travail local en profondeur, mais aussi le reflet de la mémoire de Bordeaux et de la longue tradition d’accueil de notre région.

Les Juifs y ont apporté leur contribution. Il y avait déjà des Juifs à Bordeaux du temps du philosophe gallo-romain Ausone. Personne ne pourra oublier que Bordeaux et l’Aquitaine ont permis aux Juifs marranes, expulsés d’Espagne et du Portugal, de s’implanter sur les bords de Garonne, lorsque l’Histoire ne leur réservait que fuite, malheurs et ruine. C’est en Aquitaine que les Juifs, pour la première fois de leur histoire, recevront un statut de citoyenneté française avant la lettre. Ces Marranes, revenus pour la plupart au judaïsme,constitués en « Nation Portugaise », vont marquer notre histoire locale : les noms de Rodrigue Pereire, d’Abraham Furtado, de David Gradis, de Daniel Osiris-Iffla, entre autres, et surtout de Michel de Montaigne, sont encore dans toutes les mémoires. C’est là tout le sens du choix du thème de notre livret consacré au marranisme.

Le Crif Sud-Ouest Aquitaine espère que cette année 2005 sera celle de la paix, celle d’une sérénité retrouvée dans la France plurielle qui fait notre fierté, et enfin, celle de l’exemplarité reconnue du dialogue intercommunautaire et interculturel initié à Bordeaux.

Docteur Albert ROCHEPrésident du Crif Sud-Ouest Aquitaine

ph. R

icha

rd Z

ébou

lon

- Zap

a Bo

rdea

ux

2

ph. C

onse

il G

énér

al d

e la

Gir

onde

ph. C

omm

unau

té U

rbai

ne d

e Bo

rdea

ux

C’est une excellente initiative qu’a pris le Crif d’organiser, sur le modèle de son dîner parisien annuel, des dîners décentralisés. Je suis heureux que Bordeaux et l’Aquitaine soient parmi les tout premiers à bénéficier de ce nouveau rendez-vous.

Ce, pour deux raisons, au moins :La première est qu’est ainsi fournie

l’occasion de donner toute sa visibilité à la communauté juive d’Aquitaine et de mettre en valeur la place qu’elle a prisdans la construction de l’identité de notrerégion et qu’elle continue de prendre, chaquejour, dans le dynamisme de notre vie sociale,économique et culturelle. Les étapes de la construction de cette communauté sont

indissociablement liées àl’histoire même de notrerégion. Qu’on songe parexemple aux premiersapports significatifs, celui des Juifs fuyant à partir de 1492 les éditsd’intolérance promulguésau Portugal et en Espa-gne et qui s’installèrentdans nos ports, faisantpar exemple de Bayonnel’une des capitales duchocolat. Pensons aussi à tous ceux qui fuyant la barbarie nazie trouvèrent refuge ici,

un refuge qui s’avéra toutefois bien précaire lorsque la machine administrative de « l’État français » fut mise au service du projet d’anéantissement du peuple juif.

La deuxième raison est que, précisément,ce dîner est placé sous les auspices des plushautes valeurs unissant la communauté des humains : la tolérance, l’ouverture à l’autre, le sens du dialogue. Placé aussi sous les auspices de la République, c’est-à-dire du choix de faire de la diversité une richesse, du choix d’une laïcité ouverte, du choix de former par-delà nos appartenances sociales, culturelles, religieuses… une seule et même communauté de citoyens.

Pour ces raisons et dans cet esprit, je souhaite que ce premier dîner rencontre le succès qu’il mérite et qu’il permette d’instaurer en Aquitaine un rendez-vous supplémentaire de convivialité et de concorde.

Alain ROUSSETPrésident de la Communauté Urbaine de Bordeaux

Président du Conseil Régional d’Aquitaine

« Chaque homme porte la forme entière del’humaine condition » a écrit Montaigne. Juifmarrane, le célèbre homme de lettres girondinnous parle si fort, aujourd’hui, tant le soufflede l’actualité nous rappelle la nécessaire répé-tition de cette formule immortelle.

Lutter contre toutes les formes de discri-mination, contre l’antisémitisme, œuvrer à lareconnaissance de l’identité juive, à travers sapuissance culturelle, c’est aussi contribuer àdonner du sens à notre condition humaine !

Nous savons bien, en Gironde, terre de migrations et d’échanges, ce que nousdevons à la communauté juive qui s’est tou-jours impliquée dans l’essor du département et de la ville de Bordeaux. À titre d’exemple,

les Juifs d’origine portu-gaise ont apporté unegrande richesse écono-mique et culturelle àl’Aquitaine, laissantune empreinte indélébi-le à la personnalitémême de notre départe-ment. Aujourd’hui, par leurs engagementscitoyens, les Juifs giron-dins contribuent àaccompagner notrecroissance dans tous lesdomaines d’activités.

S’ouvrant très souvent au dialogue avec les autres confessions religieuses, ancrésdans la cité les citoyens juifs savent donner à tous les moments de notre époque moderne,une éthique, des racines et une ouvertured’esprit qui forcent le respect.

Cette année, symbolique puisque nous célébrons le soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration et d’extermination, il est essentiel de rappeler que notre société a besoin de mémoire, de respect, d’expression ouverte et franche afind’éviter les bégaiements de l’Histoire.

Je souhaite à cette rencontre de connaîtretoute la portée qu’elle mérite et à ses partici-pants de donner raison à Montaigne, ici, en pleine lumière, celle de l’esprit, de l’intelligence et du partage.

Philippe MADRELLEPrésident du Conseil Général de la Gironde

Sénateur de la GirondeConseiller Général du Canton de Carbon-Blanc

ph. M

airi

e de

Bor

deau

x

Bordeaux a toujours su, au fil de son

histoire, accueillir les populations venues

d’ailleurs en leur permettant de s’intégrer

dans la vie de la ville, en faisant

de leur différence une richesse nouvelle.

Ainsi en est-il tout particulièrement

des Juifs qui composent aujourd’hui l’une

des communautés bordelaises les plus fortes

et les plus dynamiques.

Je n’aurai pas la prétention de me substituer

aux historiens en

retraçant point par point

les étapes de cette

implantation bordelaise.

J’évoquerai simplement

le souvenir chaleureux de

cette grande fête qui nous

avait permis d’accueillir

à l’Hôtel de ville

une grande partie

de la communauté lors de la célébration

du 500e anniversaire de l’arrivée à Bordeaux

des Juifs expulsés d’Espagne et du Portugal.

Bordeaux a malheureusement, elle aussi,

été prise dans ce tourbillon de folie humaine

qu’a été la Seconde Guerre mondiale.

La Shoah y a laissé sa trace indélébile.

Ne l’oublions surtout pas

et sachons nous acquitter de notre devoir

de transmission de la mémoire, notamment

auprès des plus jeunes.

Pour que jamais ne s’installe l’oubli.

Hugues MARTINDéputé-Maire de Bordeaux

3

Livret « Marranes »Gérard Nahon :À Bayonne et à Bordeaux : un refuge pour les “ Portugais ” Hervé Rehby :Aux sources du MarranismeHervé Rehby :Flanerie juive dans BordeauxÉdit d’expulsion des Juifs d’Espagne 1492Moshé-Haï Riviah :Vidouy (« Confession marrane »)Hervé Rehby :De l’identité juive en général et du marranisme en particulier Quelques ouvrages de références sur les MarranesVocabulaire

Sommaire

Livret Crif 2005

Le Crif en France p. 4

Le Crif Sud-Ouest Aquitaine p. 5

Les actions du Crif Sud-Ouest Aquitaine p. 6

La marche des vivants p. 8

La mémoire de la Shoah p. 9

Brèves p. 10

Au fil des mots p. 12

Vocabulaire p. 14

Le Crif Sud-Ouest Aquitaine tient à remercier,pour leur contribution, les Amis du Crif :

société dentaire GACD et Alpha Omega Bordeaux-Aquitaine. Il sait gré de leur participation les annonceurs : Afflelou, Cenon,

CCSO, Domaines Barons de Rothschild, Gaz de Bordeaux, LibrairieMollat, Région Aquitaine, SFR, Sodexho, Talence, Teva et Truffaut.

Édition mai 2005 du Crif Sud-Ouest Aquitaine,11, rue Poquelin-Molière - 33000 Bordeaux - France

Tél. 00 (33) 5 56 52 62 69

LÉON MEISS 1er PRÉSIDENT DU CRIF(ph. Daniel Franck)

Présidé par M. Roger Cukierman,réélu pour un deuxième mandat le16 mai 2004, le Crif, Conseil repré-sentatif des institutions juives deFrance, porte-parole de la commu-nauté juive de France auprès despouvoirs publics, en est sa représen-tation politique. C'est à ce titre qu'ilintervient auprès des pouvoirspublics, des institutions et desmédias.

Au cours des années sombres de l'oc-cupation, les grandes organisationsjuives, sous diverses couvertures,mettent en place un réseau d'assis-tance aux Juifs menacés et persécu-tés. Pour coordonner la résistance,un Comité de défense générale seconstitue au cours de l'année 1943 àLyon, qui deviendra le Crif dont lepremier président sera Léon Meiss. D'autres grands noms ont contribué àla naissance du Crif : Léo Glasser,Joseph Fisher, Nahum Herman, ZviLevin, Michel Topiol, Joseph Fryd-man, F. Schrager, Henri Adam, Clau-de Kelman, Adam Rayski.

1944 à 1947 est une période de recons-truction communautaire. 76 000 Juifsde France ont été déportés dans lescamps de la mort. Le Crif multiplieles démarches auprès des autorités pourapporter une assistance judiciaire etsociale aux victimes de la guerre. Auniveau international, l'institutionmultiplie les contacts avec le Congrèsjuif mondial et l'American JewishCommittee.

Les principales missionsdu Crif• La lutte contre toutes les formes

d'antisémitisme, de racisme,d'intolérance et d'exclusion.

• L'affirmation de sa solidarité

envers Israël et son soutien à une solution pacifique au conflit du Proche-Orient.

• La préservation de la mémoire de la Shoah, afin que les futuresgénérations n'oublient pas les victimes de la barbarie nazie.

L’organisation du CrifLe Crif fédère plus de soixante asso-ciations. Il est composé des organessuivants :- un bureau exécutif,- un comité directeur,- des commissions spécifiques,- une assemblée générale

représentant toutes les associationsmembres,

- des sections régionales.

Les commissions et groupes de travail :

- La commission d'études politiquesanalyse constamment l'actualité et prépare les dossiers sur lesquelss'appuieront les instances du Crif.

- La commission statut agrémentmandat examine les candidaturesd'associations désireuses de devenir membres du Crif.

- La commission du souvenir est chargée de transmettre le souvenir de la Shoah.

- La commission des relations avec les Musulmans.

- La commission des relations avec les régions.

- La commission des relations avec les médias.

- Le groupe de liaison avec les Catholiques.

- Le groupe de liaison avec les Protestants.

- …

4

Le Crif en France

DR ALBERT ROCHE, MM. ALAIN ROUSSET

PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉGIONAL

D’AQUITAINE ET ROGER CUKIERMAN

(ph. Richard Zéboulon -Zapa Bordeaux)

Quelques dates marquantes2005 60e anniversaire de la libération

des camps nazis.2004 Le Crif reçoit Moshe Katsav président

de l'État d'Israël en visite d'État à Paris.La Cour de cassation n'autorise pasMaurice Papon à faire appel (29 avril).Roger Cukierman réélu à la présidence du Crif.Grande manifestation contre l'antisémitisme.

2003 Guerre en Irak et chute de S. Hussein.Attentats terroristes de Casablanca et d'Istanbul.60e anniversaire du Crif : Colloque « Vive la République » à l'Hôtelde Ville de Paris et réception à l'Élysée.12 heures pour l'amitié France-Israël.

2002 60e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv.Maurice Papon libéré en septembre. Grande manifestation contre l'antisémitisme en France.

2001 Mise en place de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.Procès d'Aloïs Brunner.Roger Cukierman élu président du Crif.Grande manifestation contre la venue de Bachar el-Assad à Paris.

2000 Deuxième Intifada.Décret pour les orphelins de déportés juifs de France.Verdict du procès des Juifs d'Iran.

MM. ROGER CUKIERMAN PRÉSIDENT DU CRIF, HUGUES MARTIN MAIRE DE BORDEAUX ET ALBERT ROCHE

PRÉSIDENT DU CRIF SUD-OUEST AQUITAINE(ph. Richard Zéboulon - Zapa Bordeaux)

L’interlocuteur uniqueLe Crif coopère avec les ministèresconcernés par la lutte contre l’antisé-mitisme. Il est associé dans lesdomaines qui relèvent des mesuresde protection, d’éducation et de justi-ce, permet de dresser un état deslieux le plus fiable possible et d’enga-ger les mesures les plus appropriées.Ce modèle de coopération entre pou-voirs publics et société civile ad’ailleurs été présenté dans le cadrede conférences européennes et inter-nationales afin d’inspirer d’autrespays.

Pour autant, les uns et les autres res-tent conscients que cette coopérationne constitue pas une panacée et quela lutte contre le racisme et l’antisé-mitisme est un travail de longuehaleine.

Le Crif joue un rôle important dans lavie bordelaise depuis de nombreusesannées. En 1975 le professeur RobertWeill, éminente personnalité dumonde scientifique bordelais, a étéprésident-fondateur du Conseil repré-sentatif des institutions juives deFrance.

M. Willy Schwartz lui succéde en1976. Originaire d’Alsace, neveu dugrand rabbin de Bordeaux, homme decontacts, de conciliation et d’ouvertu-re, Willy Schwartz fut directeur régio-nal du travail et de l’emploi pourl’Aquitaine, conseiller municipal etadjoint de M. Jacques Chaban Del-mas, député-maire de Bordeaux etancien Premier ministre. Il œuvradans de nombreuses associations. Ilaura marqué la vie juive à Bordeauxen tant que président du Consistoireisraélite de Bordeaux, président fon-dateur du Bnai-Brith Bordeaux,organisateur des cérémonies du cen-tenaire de la synagogue de Bordeauxen 1982.

À l’initiative de David Berdugo, enjuin 1991, le Crif Bordeaux devient leCrif Sud-Ouest Aquitaine et se déve-loppe grâce au concours de 14 asso-ciations bordelaises et des commu-nautés d’Agen, de Pau, de Périgueux,de Bayonne, de La Rochelle et deLimoges.

Le Crif Sud-Ouest Aquitaine est pré-sidé par Albert Roche depuis 2003,entouré d’une équipe dynamique etefficace.

5

Le Crif Sud-Ouest AquitaineQuelques dates marquantes

1999 Affaire des Juifs d'Iran.Maurice Papon est incarcéré en octobreaprès sa fuite en Suisse.Voyage pour la paix du Crif au Proche-Orient.Manifestations du Crif pour la libération des Juifs d'Iran.

1998 Fondation de la Commission Drai.1997 Repentance des évêques de France

à Drancy.Début du procès de Maurice Papon.Fondation de la commission Mattéoli.

1995 Discours de Jacques Chirac au Vel d'Hiv.Attentat contre une école juive à Villeurbanne.Henri Hajdenberg élu président du Crif.

1994 Procès de Paul Touvier.1990 Carpentras : le Crif organise une grande

manifestation contre le racisme et l'antisémitisme suite à la profanationdu cimetière de Carpentras.Voyage de solidarité en Israël pendant la guerre du Golfe.

1989 Jean Kahn élu président du Crif.1987 Procès de Klaus Barbie à Lyon.1986 Libération des Juifs d'URSS.1985 Premier dîner du Crif à Paris.1984 Voyage de Théo Klein à Moscou

avec François Mitterrand.1983 Affaire du Carmel d'Auschwitz.

Théo Klein élu président du Crif.Commission « Juifs d'URSS ».

1982 Attentat rue des Rosiers à Paris.1981 Attentat à la Synagogue

de la rue Copernic à Paris.1978-79 Procès de Cologne.1976 Alain de Rothschild élu président

du Crif.1974 Assassinat de 4 jeunes filles juives

en Syrie.Début de l'affaire des Juifs d'URSS.Jean Rosenthal élu président du Crif.Création de la Commission des communautés juives en péril.Manifestations du Crif pour la libération des Juifs de Sion.

1973 Guerre de Kippour.1970 Ady Steg élu président du Crif.1969 Exécution de 9 Juifs irakiens.1967 Guerre des Six Jours.

Conférence européenne à Nice à l'initiative du Crif sur la situation des Juifs des pays arabes.Création d’une commission permanente en soutien à Israël.

1956 Guerre du canal de Suez.1953 Création de Yad Vashem.1950 Vidal Modiano élu président du Crif.1948 Guerre d'indépendance.1948 Création de l’État d'Israël (14 mai).1944 Création du Crif.

Léon Meiss élu 1er président du Crif.1941-42 Premières rafles en France.

Les associations membres et partenaires du Crif

ACIG Association cultuelle israélite de Gironde PRÉSIDENT : Erik Aouizérate. www.acig33.comAmitié judéo-chrétienne PRÉSIDENT : Claude Lederer.ATRID Aide aux enfants défavorisésPRÉSIDENT : Jocelyn Daian.AUJF Appel unifié juif de FrancePRÉSIDENTE : Jacqueline Besermann. www.aujf.orgBBYO Bnai Brith Youth OrganisationPRÉSIDENT : Michaël Fabian. www.bbyo.netBnai Brith Fils de l'AlliancePRÉSIDENT : Aimé Fried. www.bnaibrith-france.orgBordeaux AshdodPRÉSIDENTE : Juliette Benzazon.Centre Yavné PRÉSIDENT : Hervé Rehby. www.centre-yavne.comCoopération fémininePRÉSIDENTE : Roselyne Haddad. www.cooperation-feminine.orgÉcole élémentaire Gan YossefPRÉSIDENT. : M. le Grand Rabbin Claude Maman.EEIF Éclaireurs et éclaireuses israélites de France COMMISSAIRE LOCALE : Ruth Farouz. www.eeif.orgMémoire des familles de victimes des convois de BordeauxPRÉSIDENT : Michel SlitinskyFondation Marie-José VaisanPRÉSIDENTE : Marcelle OhayonFSJU Fonds social juif unifiéPRÉSIDENTE : Marcelle Ohayon www.fsju.orgKKL Keren Kayemeth LeisraëlPRÉSIDENT : Salomon Bitton. www.kkl-france.orgLa BienfaisancePRÉSIDENTE : Marcelle Ohayon LICRA Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitismePRÉSIDENT : Georges Bouhana. www.licra.orgMaccabi Association omnisportshttp://perso.wanadoo.fr/maccabi.toulouseMaguen David AdomPRÉSIDENT : Acher Banayan. http://www.mda-france.orgMassada PRÉSIDENT : Albert BURGELOr Akiva PRÉSIDENT : Michel OhayonUEJF Union des étudiants juifs de France PRÉSIDENTE : Emilie Bénichou. http:// www.uejf.orgWIZO Women International Zionist Organisation PRÉSIDENTE : Martine Bensoussan. www.wizo.asso.fr

Crif Sud-Ouest AquitaineComité de parrainage

Président :Boris CyrulnikMembres :Armand Abécassis, Alexandre Adler,Alain Afflelou, Georges Bensoussan,Michel Cohen-Colin, Hugues Martin,Daniel Mesguish, Denis Mollat, Hervé Rehby, baronne Philippine de Rothschild,Alain Rousset

Bureau exécutif Président :Albert RocheVice-présidents : Marcelle Ohayon, Érik AouizérateSecrétaire : Nathan HolchakerTrésorier : Albert MassiahMembres : Roselyne Haddad, Salomon Bitton, Jean-Michel SoulemMembre d’honneur : M. le Grand Rabbin Claude MamanPrésident d’honneur : David Berdugo

Il est nécessaire, voire vital, de luttercontre un antisémitisme résurgent,devenu préoccupant pour la France,patrie des droits de l’homme, pays dela liberté, terre d’accueil de tous lesopprimés. La France n’est pas antisé-mite, ni l’appareil d’État, ni la popula-tion française dans sa très grandemajorité, mais le silence et l’absencede réaction donneront, n’en doutonspas, le champ libre à l’expressiond’une radicalité antisémite dans lesdiscours et aussi dans les actes.

Le Crif s’est donné comme missionprioritaire de lutter par tous lesmoyens légaux contre l’antisémitisme.L’écoute des pouvoirs publics est capi-tale, tout autant que l’explication desphénomènes et leurs conséquences àcourt et moyen terme. Cette collabora-tion confiante est essentielle. La criseantisémite actuelle est le résultat d’undiscours anti-israélien sans nuance.Ce discours est celui d’une minoritéradicalisée, tenant les Juifs de Francepour responsables… de la situation desPalestiniens, et plus sûrement… des dif-ficultés socio-économiques en France.

Personne ne niera la difficulté pourl’État d’Israël de vivre ce dénigrement,ce mépris pour la base idéologiquemême de sa constitution, le sionisme.Ce mot, ainsi que son adjectif dérivé,sioniste, sont devenus en quelquesmois une injure, identifié aux piresidéologies que le genre humain a pro-duit : nazisme, totalitarisme…

On reste sans voix devant un tel mon-ceau de bêtises. Qui feint de mécon-naître la réalité d’un conflit complexeoù folie religieuse, déraison suicidaire,revendications légitimes doivent seconcilier avec légitime défense,instinct sécuritaire et aspiration à unepaix stable. Où la logique du couppour coup, de l’action-réaction, voire

de la vengeance pure et simple a long-temps servi de stratégie politique.

Il est du rôle des élus de la République,des dirigeants des institutions juives,chrétiennes et musulmanes de dénon-cer et de désamorcer ces discours demépris et de haine, de défiance et d’af-frontement, pour le bien commun,pour que la paix retrouvée soit le pré-lude au développement mutuel, écono-mique, culturel et spirituel.

À l’heure où l’histoire du Moyen-Orient promet de s’écrire autrement,dans la reconnaissance de l’Autre, oùla possibilité de la constitution d’unétat palestinien n’a jamais été aussiproche, où un vrai désengagementd’Israël de la bande de Gaza et dunord de la Samarie est déjà une réali-té avalisée par la Knesset, le Crifengage tous nos concitoyens à com-prendre les enjeux capitaux liés à lapaix entre Israël et la Palestine à naît-re, et à retrouver les chemins de l’esti-me et du dialogue entre noscommunautés lasses d’un combat sté-rile et inutile.

Dr Albert ROCHEPrésident du Crif Sud-Ouest Aquitaine

Le Crif en Aquitaine est présent sur tous les frontsdans le renforcement desliens avec les acteurs locaux. Les interventions du Crif Sud-OuestAquitaine se construisent autour desmissions nationales selon quatre axes.

1La lutte contre toutes les formesd'antisémitisme, de racisme, d'in-tolérance et d'exclusion : commé-

moration du bicentenaire de l’ac-cession à la citoyenneté des Juifs deFrance ; appel à manifestation pourdéfendre les valeurs de la Répu-blique et en solidarité avec Israëlpour une paix juste…

2L'affirmation de sa solidaritéenvers Israël et son soutien à unesolution pacifique au conflit du

Proche-Orient : interventions auprèsdes élus en faveur des Juifs prison-niers en Syrie ; organisation de confé-rences avec des personnalités tellesque Ivan Levaï, Alexandre Adler…

3La préservation de la mémoire dela Shoah, afin que les futures géné-rations n'oublient pas les victimes

juives de la barbarie nazie : homma-ges rendus aux Justes en Aquitaine ;mobilisation active durant tout leprocès Papon à Bordeaux ; soutiende l’exposition « Fragments ou latransmission de la mémoire de laShoah », Musée Jean-Moulin ; céré-monies commémoratives à Bor-deaux de la Rafle du Vel d’Hivchaque année le 16 juillet au Fortdu Hâ ; exposition « Enfants juifsdéportés de France » à la gare deBordeaux en 2004 et conférence deM. Serge Klarsfeld : « L’extermina-tion des enfants juifs, terme ultimede la barbarie nazie » ; participationà la Marche des vivants ; soutien à lacréation mondiale, à l’Opéra de Bor-deaux, de l’oratorio «La voix de lamémoire - paroles de déportés », untexte compilé par Carole Lemée misen musique par Daniel Galay.

4Le rapprochement interculturelet la multiplication des rencon-tres vers les autres commu-

nautés d’Aquitaine.

De plus, le Crif a organisé une ren-contre de ses dirigeants avec Gil-bert Azibert directeur de l'Écolenationale de la magistrature, à Bor-deaux afin de proposer des forma-tions généralisées sur l'antisémitis-me dans les programmes de l’ENM.

SIMPLICITÉ ET CORDIALITÉ AU QUOTIDIEN

ENTRE HERVÉ REHBY,PRÉSIDENT

DU CENTRE YAVNÉ,ALBERT ROCHE

PRÉSIDENT DU CRIFSUD-OUESTAQUITAINE

ET TAREK OUBROU,RECTEUR

DE LA MOSQUÉE DE BORDEAUX ET

M. KOUCHI, AFFMG.ph. Richard Zéboulon -

Zapa Bordeaux

SOUTENUE PAR LE CRIF, L’EXPOSITION « FRAGMENTSOU LA TRANSMISSION DE LA MÉMOIRE DE LA

SHOAH » EST UNE INVITATION À S’INTERROGER SURNOTRE PLACE DANS LA TRANSMISSION DE LA

MÉMOIRE. SCULPTURES ET INSTALLATIONS DESTÉPHANE BRUNEL AU CONSEIL RÉGIONALD’AQUITAINE DU 24 MAI AU 16 JUIN 2005.

6

Les actions du Crif Sud-Ouest

La prévention par la mémoireLa participation active du Crif Sud-ouest Aquitaine à de nombreux événements commémoratifs est essentielle au maintien de la mémoire. Le 16 juillet 2004, au Fort du Hâ, l’anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv fut un moment intense enrichi d’un discours de Nathan Holchaker dont voici quelques extraits.

« Dans l’histoire de la persécution des Juifs par les occupants allemands et par les milices de Vichy, le dévouement de certainescommunautés protestantes comme celle de Chambon-sur-Lignon a un caractère extrêmement rare : ce fut un engagement collectif pour la défense de familles juives et de nombreux enfants isolés, souvent orphelins. On estime entre 3 000 et 5 000 les réfugiés qui furent sauvés dans notre région.

« Pour tous les Français, la vigilance permanente, l’attention sans relâche et la mobilisation quotidienne sont plus que jamais nécessaires.

«Enfin il est indispensable que le dialogue interreligieux soit maintenu : entre Musulmans, Chrétiens et Juifs. Il faut que toutes les communautés de la République fraternisent et rejètent toutes les aventures intégristes génératrices d’affrontementscommunautaristes dangereux.

« Hommage à ces héros, Hommage à ces Justes, Hommage à tous ces hommes dont certains furent enfermés ici même au Fort du Hâ. »

7

COMMÉMORATION DE LA RAFLEDU VEL D’HIV AU FORT DU HÂ À

BORDEAUX, ILLUSTRÉE DU DIS-COURS DE NATHAN HOLCHAKER,

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CRIF SUD-OUEST AQUITAINE,

ACCOMPAGNÉ DE ROBERT REHBY,MINISTRE OFFICIANT

DE LA SYNAGOGUE DE BORDEAUX.

ph. Richard Zéboulon - Zapa BordeauxAquitaine

Les procès pour crimes contre l'humanitéLa France a connu trois des princi-paux procès de crimes contre l'hu-manité : Klaus Barbie (1987), PaulTouvier (1994) et Maurice Papon àBordeaux (1997-1998). Le Crif a prisposition dans les jugements et lescondamnations des accusés et a misà la disposition des parties civiles etdes avocats les facilités matériellesservant à la coordination de leursefforts et les meilleurs moyens d'in-formation.

LE PROCÈS PAPON CROQUÉ PAR ÉDITH GORREN.DANS DEUX OUVRAGES : LES ENFANTS DE PITCHIPOÏ,DE ÉDITH GORREN ET JEAN-MARIE MATISSON ETPLAIDOYER POUR QUELQUES JUIFS OBSCURSVICTIMES DE MONSIEUR PAPON, DE GÉRARDBOULANGER ET ÉDITH GORREN.

Les spoliationsLe 25 janvier 1997 lors du dîner duCrif, M. Alain Juppé, Premier minis-tre, annonce la fondation de laCommission d'études sur les spolia-tions des Juifs de France. En 2000, la Commission rend sonrapport et conclut que la privationdes biens sous Vichy a été la pre-mière étape de la solution finale. Laspoliation des biens juifs a été éva-luée à 8,8 milliards de francs.

LES RENCONTRES AVEC LES INSTANCES CHRÉTIEN-NES SONT AUSSI FRÉQUENTES QUE CONSTRUCTIVES. MM. ROGER CUKIERMAN PRÉSIDENT DU CRIF, NATHAN HOLCHAKER SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CRIF SUD-OUEST AQUITAINE EN COMPAGNIE DE MGR RICARD, ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX.ph. Richard Zéboulon - Zapa Bordeaux

« C’est avec émotion que nous apprenons le décès du pape Jean-Paul II.

L’homme qu’a été Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, restera dans notre souve-nir comme l’homme du renouvellement dans le dialogue judéo-chrétien parla place qu’il a su donner à l’histoire et à la tradition juive dans l’Église.

Animé par la juste transmission, il a été à la rencontre de tous, arpentantle monde avec force et courage.

Nous tenons à saluer sa mémoire et à nous associer à la douleur de tous. »Dr Albert Roche

8

La MarLa Marche des vivantsche des vivants

BIRKENAUPh. Caroline Rose

« La Marche des vivants », organisée depuis 1988, réunitdes milliers de jeunes et de moins jeunes, aux côtés

de responsables politiques et d'anciens détenus surle site même du camp d’Auschwitz-Birkenau.

« Ne jamais oublier » est le mot d'ordre de cesmanifestations, toujours empreintes de

grandes émotions, en sou-venir de plus d'un millionde Juifs, hommes, femmeset enfants de différentspays d'Europe occupés parles Allemands, exterminésici de 1940 à 1945.

En 2004, plus d'un demi-million de personnes de105 pays, parfois aussilointains que la Chine, lePérou ou la Namibie ontaccompagné de jeunes Polo-nais dans cette marche.

En 2003, les présidents israélien Moshé Katzav etpolonais Aleksander Kwasniewski conduisaientla marche.

Les marcheurs partent du tristement célèbreportail à l'inscription « Arbeit macht frei » (« Le tra-vail rend libre »), pour parcourir un itinéraire deplus de trois kilomètres entre Auschwitz et Bir-kenau, l'« usine de la mort », où les quatre cham-bres à gaz et fours crématoires ont fonctionné 24heures sur 24, dans le cadre de « la solution fina-le ». Ils se réunissent ensuite autour du Mémorialinternational de Birkenau, ils s'y recueillent,chantent le kaddish tandis que sont récités lesprénoms de victimes.

Personne ne peut rester indifférent, devant lesmontagnes de cheveux humains, de jouets d'en-fants ou de chaussures ayant appartenu aux vic-times, présentées derrière les immenses vitrinesdu musée.

En 2005, organisée pour la région à l’initiative duFSJU, du Centre Yavné et duCrif Sud-Ouest Aquitaine, « laMarche des Vivants » est excep-tionnelle à plus d'un titre puis-qu’elle a lieu le jour du YomHashoah, avec des partici-pants de toutes nations, de

toutes origines etde toutes religions.

6060ee anniversairanniversaire de la libération des campse de la libération des camps

9

L’inauguration du muséede Yad VashemLe nouveau musée de la Shoah duMémorial des martyrs et des héros deYad Vashem a été creusé dans lerocher : un long couloir pour une des-cente aux enfers qui s'achève, sym-boliquement, par une remontée versla lumière et vers les collines deJérusalem. Dans ce lieu du souveniroù la mort est obsédante, c'est pour-tant la vie qui ne cesse d'être montrée.La vie avant, et pendant l'épreuve,égrenée dans les salles qui se succè-dent de part et d'autre du couloir. «Ceque nous voulions, c'est dire l'Histoired'un point de vue juif : ce nouveaumusée est une réappropriation »,explique l'une des conservatrices.

Lors de l’inauguration du nouveauYad Vashem, en 2005, Jean-PierreRaffarin, le Premier ministre françaisa déclaré que « la tragédie de la Shoahn'est pas qu'histoire. Elle a un poidsde chair, de sang et de souffrance quidemeure ancré dans nos esprits ».« Pour nous Européens, la Shoah afaçonné, plus peut-être que tout autreévénement, notre présent, notre per-ception du monde […]. Oublier que ladéfense de la dignité humaine néces-site un engagement constant est déjàtrahir ce devoir de mémoire », a-t-ilajouté.

Honorer les Justesparmi les nationsLa mission du département des Jus-tes de Yad Vashem, créé en 1963, estd'honorer ceux qui, parmi les non-juifs, au milieu de la tourmente et del'indifférence quasi-générale ont sauvédes Juifs au péril de leur vie et deleur exprimer la gratitude du peuplejuif et de l'État d'Israël. Près de 16 000personnes ont été, à cette date, iden-tifiées et honorées « Justes parmi lesnations ».

Les critères de reconnaissance d'unJuste sont les suivants : Avoir apporté une aide dans des situa-tions où les Juifs étaient impuissants etmenacés de mort ou de déportation versles camps de concentration. Le sauveteur était conscient du faitqu'en apportant cette aide, il risquait savie, sa sécurité et sa liberté personnelle(les nazis considéraient l'assistance auxJuifs comme un délit majeur). Le sauveteur n'a exigé aucune récom-pense ou compensation matérielle encontrepartie de l'aide apportée. Le sauvetage où l'aide est confirmé parles personnes sauvées ou attesté par destémoins directs et, lorsque c'est possible,par des documents d'archives authen-tiques.

On ignore le nombre exact de Juifssauvés grâce à l'aide de non-juifs,mais il s'agit de plusieurs dizaines demilliers. En France, plus de 200 000Juifs ont survécu, dont bon nombregrâce à des non-juifs. Nous tenons ici à rendre hommage àtous les Justes de la région Sud-OuestAquitaine et d’ailleurs qui, au péril deleur vie, ont caché et protégé desJuifs promis à l'extermination malgréVichy. Comme les autres, ils avaientle choix. Celui de détourner leregard, de fermer les yeux, de passerleur chemin. Pourtant, ils ont bifur-qué, emprunté les sentiers périlleuxde l'insoumission et de l'illégalité.Pour sauver l'Autre, le semblable, leJuif pourchassé, promis à l'indicible. La portée de cette insubordinationn'a rien de négligeable. Si un quartdes Juifs de France a péri dans lescamps de la mort, les trois quarts ontété sauvés, grâce à des non-juifs.

YAD VASHEM TIRE SON NOM D’UNE CITATION D’ISAÏE :« ET JE LEUR DONNERAI, DANS MA MAISON ET DANSMES MURS, UN MÉMORIAL (YAD) ET UN NOM (SHEM)QUI NE SERONT PAS EFFACÉS » (ISAÏE, 56).(Ph. Yad Vashem)

la mémoire de la Shoah

YAD VASHEM CONTIENT LES ARCHIVES LES PLUS COMPLÈTES SUR LA DESTRUCTION DES JUIFS EUROPÉENS. (Ph. Yad Vashem)

La Fondation pour la mémoire de la Shoah, créée en 2000, est présidée par Simone Veil. La Fondation a un double but :développer les recherches et diffuser les connaissances sur les persécutions antisémites et la Shoah. La Fondation a également un objectif social : soutenir les initiatives des associations de secours aux victimes des persécutions.

Hommage2004-2005aux Justes en Aquitaine

Léontine et Élysée Arti-guenave ont recueilli en1940, Fanny, une jeune Juivede 8 ans à Langon.

Édith Cérézuelle, assistante socia-le à Bordeaux, porta notammentassistance aux Juifs rassemblés aucamp de Mérignac. Avec un grouped’éclaireurs protestants, elle aidaégalement à faire passer des famillespourchassées en zone libre.

Germaine-Thérèse Ballini-Sibard,abrita et assista pendant plusieursmois la famille Meyer.

Hélène Schweitzer Rosenberg,cheville ouvrière au ser-vice de nombreux grou-pes de résistants dontles Protestants de Bor-deaux pour la fabrica-tion de faux papiers,sauva des Juifs mena-cés de déportation.

Amélie et Louis Delbos ont sauvédes enfants juifs au péril de leur vie.

Nous tenons à remercier, à notretour, tous les héros anonymes quiont sauvé des Juifs isolés et pour-chassés sous l’occupation nazie.

« Quiconque sauve une vie sauvel'univers tout entier », dit le Talmud.

Ph. X

Ph. Yad Vashem

La Commission du Souvenir du Crif a collaboré à la création

du Mémorial du camp de Drancyet participe aux commé-

morations de l'insurrection du Ghetto de Varsovie,

à la journée nationale d'homma-ge aux victimes des persécutions

racistes et antisémites (Rafle du Vel d'Hiv) et aux

hommages rendus aux Justes.

Le Premier ministrefrançais en Israël Jean-Pierre Raffarin a effectué unevisite officielle en Israël, en mars2005, déplacement annoncé lors dudîner du Crif en février 2005, à Paris. Lors de son voyage en Israël, Jean-Pierre Raffarin a exprimé, avec unegrande émotion, son attachementau devoir de mémoire et a fait preu-ve d’une grande détermination lors-qu’il a dénoncé avec force les actesantisémites en France. Devant lesreprésentants de la communautéfrançaise d'Israël M. Raffarin a sou-haité qu’Israël soit admis dans l’Or-ganisation internationale de lafrancophonie.

La Fondation « Prix Grand RabbinJoseph Cohen »

La Fondation du « PrixGrand Rabbin JosephCohen » présidée parM. Michel Cohen-Colinhonore et encourage lesdémarches en faveurdu rapprochement etdu dialogue israélo-arabe. Les lauréats2004 : Beit Ham (« Lamaison enchantée» auservice des jeunes défa-vorisés, juifs et arabes,en Israël) ; Neveh Sha-lom/Wahat al-Salam(l'unique village israé-lien où cohabitent des

Arabes et des Juifs et où se réunis-sent de nombreux visiteurs,congressistes et étudiants dans lecadre de son École de la Paix) ; éco-les Hand-in-Hand à Jérusalem et enGalilée (où les élèves suivent unenseignement bilingue hébreu-arabe).

Hommage à Rachi En février 2005, la poste françaiseéditait un timbre en hommage à

Rachi : « Huma-niste juif, favora-ble au rapproche-ment entre Juifset Chrétiens, Maî-tre Salomon, filsd'Isaac, est connu

sous le nom de Rachi. Il est le maît-re incontesté de l'exégèse bibliqueet talmudique ».

60e anniversaire de la libération des camps nazis L'année 2005 est marquée par le60e anniversaire de la libération descamps nazis. Le 27 janvier 1945,Auschwitz était libéré par l'arméerouge. Toute l'année, des commé-morations se succèdent afin de ne« jamais oublier ».

100e anniversaire de la mort de Théodore HerzlLa Fondation Marie-José Vaisanorganise un concours annuel sur lesvaleurs du sionisme ouvert à tous le29 mai 2005. Cette année, un accentparticulier sera mis sur la prépara-tion et le déroulement de ceconcours organisé en partenariatavec le Talmud Torah et le CentreYavné de Bordeaux.

Documents familiauxpour le CDJCL’association Judéo-Espagnol àAuschwitz (JEAA), associée au Cen-tre de Documentation Juive Contem-poraine (CDJC) collecte lesdocuments concernant l’histoire des

communautés juives d’Europe et plusparticulièrement celle de la commu-nauté judéo-espagnole, entre 1880et 1950 en France ou dans les paysd’origine. afin de poursuivre l’écri-ture de l’histoire des Juifs de Franceet de préserver leur mémoire. CDJC : 17, rue Geoffroy-l’Asnier75004 (01 42 77 44 72)

Quelques questions à Albert RocheMarc Knobel (directeur éditorial desÉtudes du Crif) : Depuis plus detrois ans, on assiste à une montéede l’antisémitisme. Les Juifs borde-lais sont-ils préservés de ce climatdélétère ? Albert Roche : La région Aquitaineest privilégiée, mais nous restonstrès vigilants et veillons avec lespouvoirs publics à ce que les mem-bres de notre Communauté nesoient pas inquiétés. M.K. : Vous avez été invité au forumdes Institutions musulmanes de larégion Aquitaine (CRAISOF). Quelsont été vos interlocuteurs et qu’avez-vous ressenti ? A.R. : En mars 2004, j'ai représentéle Crif au Forum des institutionsmusulmanes d'Aquitaine. À cetteoccasion, j'ai rappelé que Juifs etMusulmans sont amenés à vivreensemble et j’ai insisté sur la multi-tude de liens qui nous unissent.Mes interlocuteurs, avec lesquelsj'ai eu des entretiens chaleureux,ont été nombreux. Je veux spéciale-ment citer Tareq Oubrou, recteurde la mosquée de Bordeaux, le DrMarwan El Bak-hour, président del'Association des Musulmans deGironde et Charafeddine Mouslim,l’actuel président du Conseil régio-nal du culte musulman. Je suisconvaincu qu’il faut profiter de

Brèves

CAROLINE ROSE : « C’EST UN ENFANT, DANS LE GHETTO

DE CRACOVIE, FILMÉ PAR LES ALLEMANDS. CES FILMS PASSENT AUJOURD’HUI À LA SYNAGOGUE ISAAC DE CRACOVIE, QUI EST DEVENUE UN MUSÉE.

J’AI REPHOTOGRAPHIÉ UNE PHOTO TIRÉE DE CES FILMS. JE L’AI ASSOCIÉE À UNE RUE ACTUELLE DE KAZIMIERZ,

LE QUARTIER JUIF D’AVANT ET D’APRÈS GUERRE (À NE PAS CONFONDRE AVEC LE GHETTO). »

Ph. Caroline Rose

chaque occasion pour entretenir undialogue que je crois être extrême-ment riche et important. M.K. : Vous aimeriez monter uneconférence régionale sur le dialoguejudéo-musulman. Quel pourrait êtreson objectif ? A.R. : Effectivement, montrer, àl’instar de ce qui se passe en Aqui-taine, que Juifs et Musulmans peu-vent s’entendre, se respecter ets’estimer. Nous aurions alors remplinotre mission.

Propos recueillis par Marc Knobel

S’asseoir ensembleautour d’une table et parler Le journal Sud-Ouest, du 24 juillet2004, a consacré une page entièrepour parler de cette intéressanterencontre à Bordeaux qui a rassem-blé à l’initiative d’Albert Roche, pré-sident du Crif Sud-Ouest Aquitaine,les représentants de différentesassociations juives et musulmanes,en présence de Mme Parcelier,adjointe au maire de Bordeaux. Selon Sud-Ouest, la malheureuseaffaire du RER et la montée de ten-sion entre communautés ontencouragé très vite les représen-tants juifs et musulmans à prouverque Bordeaux (et plus générale-ment l’Aquitaine) reste une terre detolérance et de progrès. La présencedu grand rabbin Claude Maman etde deux imams, Tareq Oubrou, rec-teur de la mosquée de Bordeaux etMahmoud Doua, de Cenon, enatteste. Lors de cette rencontre, les acteursde terrain ont proposé des actionspragmatiques : des rencontres, uneéducation plurielle pour les jeunes

des deux communautés, des activi-tés communes pour les scouts desdeux religions, la création de cafés-débat et d’un laboratoire d’idées… Il fut annoncé officiellement qu’uncolloque judéo-musulman sur lethème « Altérité et dialogue » setiendra à Bordeaux, colloque suivid’un concert judéo-musuman.

Albert Roche et HervéRehby au Forum desInstitutions musulmanesAlbert Roche, président du Crif Sud-Ouest Aquitaine a été invité à serendre au forum des Insti-tutionsmusulmanes de la région Aquitaine(CRAISOF) accompagné du prési-dent du Centre Yavné de Bordeaux,Hervé Rehby. Ils ont rappelé qu'enFrance, les Juifs et les Musulmanssont amenés à vivre ensemble dansle respect des lois républicaines. Ledialogue amorcé avec les Musulmansde la région est extrêmement amical « Donnons sa chance à l'intelligence età l'ouverture (…). C'est par l'actionculturelle, c'est-à-dire, par la connais-sance croisée de nos histoires, la ren-contre des uns par les autres, que nouspourrons ménager un espace de séré-nité et de vivre ensemble ».

Le Crif a invité les responsa-bles régionaux musulmans à assisterà la conférence donnée par GeorgesBensoussan, intitulée « Shoah : lamémoire impossible de l'occident ? » auCentre Yavné. L'intérêt que suscite la Shoah dansla communauté musulmane, notam-ment à Bordeaux, avec la visiterécente à Auschwitz d'une déléga-tion de jeunes, conduite par TareqOubrou, recteur de la mosquée deBordeaux, est à saluer.

Brèves

12

Au fil des mots

No 1, « Néo-pacifisme, nouvellejudéophobie et mythe du complot.De la guerre juive à l’agressionaméricano-sioniste » par Pierre-André Taguieff. D'une très granderichesse et érudition, ce numérodécortique notre actualité brûlanteet livre les schèmes qui permettentprobablement de comprendre cequ'est, selon P-A Taguieff, la nou-velle judéophobie.

No 2, « La Capjpo, une associationpropalestinienne très engagée ? »par Marc Knobel. Une enquête sur laCoordination des Appels pour unePaix juste au Proche-Orient. LaCapjpo, fondée en 2001 dont denombreux militants sont d’originejuive, se révèle en réalité une nébu-leuse qui promeut le boycott com-mercial et sportif d’Israël et tire àboulets rouges sur l’État juif et surceux qui le soutiennent.

No 3, « Opération 1005. Des tech-niques et des hommes au servicede l’effacement des traces de laShoah » par Père Patrick Desbois etLevana Frenk. Numéro consacré àPaul Blobel qui fut condamné àmort à Nuremberg et pendu àLandsberg, le 7 juin 1951 et à sasinistre contribution au massacredu peuple juif par les nazis. À tra-vers le parcours de cet archétype dutueur nazi sans scrupule, responsa-ble avéré de la mort de 60 000 per-sonnes, c’est toute la tragédie dupeuple juif d’Europe qui est retracée.

No 4, « La Belgique et ses Juifs : del’antijudaïsme comme code cultu-

rel, à l’antisionisme comme reli-gion civique » par Joël Kotek. En Bel-gique sous couvert d’antisionisme,les vannes se sont grandes ouverteset touchent tous les secteurs de lanation. L’antisémitisme chrétientraditionnel et celui de la droiteextrême ont trouvé un relais puis-sant et pernicieux qui agit sous cou-vert d’antisionisme.

No 5, « Le Front national : état desforces en perspective » Jean-YvesCamus. C’est au Front national et àla galaxie des groupuscules de ladroite extrême qu’est consacréecette passionnante étude du Crif.

No 6, « Sionismes, passions d’Euro-pe » par Georges Bensoussan. Àl’heure où le sionisme est montrédu doigt comme le fauteur univer-sel de troubles et alors que la légiti-mité même de l’État d’Israël est par-fois remise en question par certainsintellectuels ou politiciens en mald’auditoire y compris au plus hautniveau de l’État français, l’analysepertinente et lumineuse de GeorgesBensoussan vient à point nommépour rafraîchir les mémoires etreplacer le débat sur des fonde-ments moins biseautés.

No 7, « L’église et l’antisémitisme »par Mgr Jean-Marie Lustiger , MgrJean-Pierre Ricard et Mgr PhilippeBarbarin. Témoignages de trois desdignitaires les plus importants del’Église française sur le changementradical d’attitude de l’Église à l’é-gard du judaïsme et, partant, del’antisémitisme.

D’autres pagesLa France et les Juifs :de 1789 à nos jours, deMichel Winock. De 1791,l'année de leur émanci-pation par l'Assembléenationale, jusqu'aux trou-bles du nouvel antisé-mitisme des années

2000, les Juifs ont connu en Francedes relations contrastées avec l'État etla société globale. Cet ouvrage revisi-te des épisodes majeurs de l'histoirenationale (l'affaire Dreyfus, les loisantisémites dans la France de Vichy,les répercussions dans l'Hexagone dela guerre des Six Jours). Il apporte unnouvel éclairage à des aspects plusméconnus de cette histoire (le statutdes Juifs d'Algérie, par exemple) etanalyse la complexité du «grand malai-se des années 2000 ». Lauréat du PrixMontaigne 2005 à Bordeaux.

La République enlisée.Pluralisme, communau-tarisme et citoyenneté, dePierre-André Taguieff. Avecpertinence, Pierre-AndréTaguieff met en évidencela corruption idéologique :

« De même que l’hypertolérancedétruit la tolérance, l’hyperpluralis-me détruit le pluralisme », « l’utopiemulticulturaliste, dès lors qu’elle seréaliserait, détruirait les fondementsdes libertés individuelles, rendraitimpossible le sens civique et transfor-merait l’espace public en champ d’af-frontements, alimentant un imaginai-re de guerre civile ».

La résilience ou commentrenaître de sa souffrance ?de Boris Cyrulnik, ClaudeSeron, Collectif. Des prati-ciens de l'art de la paroletémoignent de leur travail

clinique avec des personnes fracas-sées qui, après avoir côtoyé la mort,se sont battues pour éviter l'amputa-tion imposée par le mutisme lié à lahonte, la culpabilité et les sentimentsde moindre valeur.

L'univers hébraïque – Dumonde païen à l’humanis-me biblique, de ArmandAbécassis. Habité par satradition et fasciné par leregard que les autres ontporté sur elle, Armand

Abécassis se montre soucieux, aulong de cette ample réflexion, de met-tre de l'ordre dans le savoir et de

Les études du CrifCes études thématiques, outils pédagogiques publiés sous l’égide de l’Observatoire des médias de l’institution, sont dirigées avec talent et efficacité par le chercheur Marc Knobel, accompagné par un comité éditorial de qualité.

Les études s’inscrivent peu à peu et avec bonheur

dans le paysage médiatiquefrançais. Remarquablementprésentés, agréablementillustrés, assortis de nombreuses notes, ces véritables dossiers sont d’indispensables outils

de travail et de réflexion.

13

Au fil des motsramener l'ensemble de la cultureoccidentale vers le Livre.

Rendez-vous avec l'Islam, d’Alexan-dre Adler. Essai sur les bouleverse-ments provoqués par les réveils desmouvements intégristes sunnite etchiite. A.Adler analyse la reprise de leuraffrontement et ses conséquences surl'avenir du monde.

Le passant composé, deDaniel Mesguich. « Philo-sophie et théâtre sont liésdans une affinité turbu-lente et insistante en pri-vilégiant l'autorité de laprésence et de la visibili-

té », écrit Derrida. Mesguich, vorace,volubile, dévoreur de livres, a fait deson théâtre un lieu de résonance oùon entend et on pense la philosophieen actes dialogiques en scène.

Auschwitz en héritage ?D’un bon usage de lamémoire, de Georges Ben-soussan. La Shoah susciteaujourd'hui un sentimentde trop-plein et de satura-tion (déjà à l'œuvre en

1946). En parle-t-on trop ou mal ?L'histoire de la Shoah, présentée etaffadie sous la forme d'une religioncivile (couplée au culte des droits de

l'homme), induit l'idée erronée d'uneparenthèse barbare. Or, Auschwitzn'est pas l'aboutissement de l'« intolé-rance » ni même du seul antisémitis-me. Mariage de l'archaïsme et d'unecertaine modernité, cette catastrophedemeure impensable sans référenceau darwinisme social et racial, à l'eu-génisme négatif, à l'impérialisme, aucolonialisme et au racisme commepolitique d'État, à la substitutionenfin du biologique et de l'écono-mique au politique. À mille lieues del'idéologie de la victime et du com-passionnisme, G. Bensoussan proposeune autre leçon d'histoire : en réhabi-litant le questionnement historien etpolitique, en interrogeant les liensde la culture et de la barbarie…

Juifs et judaïsme à Bor-deaux, de Gérard Nahon.Histoire de la commu-nauté juive depuis le pre-mier siècle.

Mon père Joseph Cohen, Grand Rab-bin de Bordeaux 1920-1975, deM. Cohen-Colin. « Mon père est né àTunis en 1876. Élève à l’École Rabbi-nique de Paris, condisciple d’IsaïeSchwartz, futur Grand Rabbin deFrance, avec qui il allait entretenirdes liens étroits pendant plus de 50ans, jusqu’à la mort de ce dernier. Il

fit en même temps que ses étudesreligieuses, des études de droit et ensortit rabbin et avocat. En poste à Sétif puis à Bayonne en1913, il fut nommé à Bordeaux en1920. Aumônier aux armées pendantla guerre de 14-18, sa conduite luivalut la croix de guerre avec palmes.C’est pendant cette période qu’il se liaavec les autres aumôniers des cultescatholique et protestant et que futscellée “ l’union sacrée ” . Les actesd’héroïsme et de fraternité de ces dif-férents prêtres se multiplièrent etcertains sont restés célèbres. […] Mon père était français : “ Français estnotre nom, catholique, protestant,israélite ce ne sont que des pré-noms ». La culture française fascinaitmon père et il était passionné de lec-ture. Parmi ses auteurs favoris figu-raient Anatole France et ErnestRenan. […] Mon père était un hommede devoir, de courage et de détermi-nation. Sa conduite durant l’Occupa-tion est là pour le prouver. C’est ainsiqu’il resta à son poste jusqu’à sonarrestation en 1943, malgré toutes lesrecommandations des autorités civi-les et religieuses qui lui conseillaientde partir et les injonctions du GrandRabbin de France qui le pressait de lerejoindre en zone libre. Sa réponse futtoujours la même : “ Je dois resterpour aider les déshérités ” […] ».

D’autres ouvrages de qualité sélectionnés par le Crif : www.crif.org

14

ANTIJUDAÏSME : terme eu-phémique pour parler d’anti-sémitisme.

ANTISÉMITISME : tendanceconstituée de certains corpssociaux, variables dans letemps, et dans l’espace, aurejet, à l’aversion, pouvantconfiner à la haine viscéraledes Juifs, du peuple juif, oude tout ce qui peut être enrelation avec les Juifs et lejudaïsme. Les manifestationsd’antisémitisme vont de l’en-seignement du mépris de l’é-glise catholique aux expul-sions, massacres, conver-sions forcées, procès encalomnie, lois d’exceptionantijuives, rouelle et étoilejuive, ghettoïsation, pogroms,jusqu’à la tentative d’anéan-tissement total (solution fina-le) planifié par le régime naziayant abouti à la Shoah (6millions de Juifs assassinésessentiellement dans lescamps de la mort pendant laseconde Guerre mondiale).L’antisémitisme ne peut enaucun cas, même au nom del’origine éponyme commu-ne, désigner le racisme et ladiscrimination dont sont vic-times les Arabes ou lesMusulmans. D’ailleurs, le dis-cours antijudaïque de cer-tains milieux musulmansreprend à son compte tousles vieux poncifs éculés del’antisémitisme européen.L’antisémitisme est condam-né par la loi française commeune forme spécifique deracisme.

ANTISIONISME : opposition poli-tique au Sionisme, ce motsert de plus en plus de para-vent à un antisémitismeinavouable et peu valorisant.Il existe pourtant un réel anti-sionisme idéologique déniantaux Juifs le droit de recourirà la notion de peuple etconfinant les Juifs au strictespace de la pratique reli-gieuse.

ESPLANADE DES MOSQUÉES :appellation, par la traditionmusulmane, du Mont dutemple juif à Jérusalem. Lecalife Omar qui conquiertJérusalem en 638, construitla mosquée d’Omar ou Dômedu Rocher en 691 sur le lieule plus sensible de l’ancienTemple, sanctuaire du peuplejuif, détruit par les Romains.La Mosquée Al-Aksa au dômeargenté est construite en 715sur ce même parvis. Jéru-salem, rebaptisée Al Qods (la

Sainte) devient le 3e lieu saintde l’Islam, coupant touterevendication du judaïsmereligieux réduit à devoirchercher les justifications del’historicité de sa présencehistorique en ces lieux.

ÉTAT JUIF : concept forgé parThéodor Herzl qui publie en1896 le livre qui fonde le Sio-nisme politique et jette lesbases du futur État d’Israël.Écrit en allemand, le livres’intitule « der Judenstaat » soitprécisément « l’État desJuifs », c’est-à-dire un lieupour le peuple juif, de recons-truction nationale indépen-dante, compatible avec lesexigences d’un état démocra-tique, multiculturel, résolu-ment moderne et laïque. Cedésir s’inscrivait alors dansun mouvement global à l’é-chelle mondiale de libérationdes peuples aliénés. Le Sio-nisme était alors compriscomme l’idéologie véhiculai-re des aspirations légitimesd’un peuple opprimé, en l’oc-currence le peuple juif. Depuisla guerre des Six Jours, lanotion même d’« État juif » estdevenu synonyme d’« Étatraciste », contre toutes les évi-dences contraires. Le règlement du conflit israé-lo-arabe est très largement liéà la signification même duconcept d’État juif ou d’Étatdes Juifs, en cette « TerreSainte » devenue géoraphi-quement et « géo-religieuse-ment » musulmane, essen-tiellement du fait du choixpolitique de la ville de Rome(contre Jérusalem détruitepar les Romains en 70 apr. J-C)comme pivot central duchristianisme.

HÉBRAÏSME : façon de parlerpropre et particulière à lalangue hébraïque, du groupedes langues sémitiques (avecl’araméen, l’arabe, et l’ama-rihle.

HÉBREU : désigne la languedu peuple juif qui l’utilisapour écrire la Bible (AncienTestament). Usitée commelangue liturgique, et littérairedepuis la ruine du Temple etla diasporisation, l’hébreu aressuscité en tant que languevivante et parlée vers lemilieu du 18e siècle. Grâceaux efforts inlassables d’Elie-zer Ben Yehouda, l’hébreu estdevenu la langue officielle del’État d’Israël. Le mot «hébreu»est la transcription françaisede « Ivri » signifiant « passant,

traversant », appliqué à Abra-ham, franchissant l’Euphrateen direction de la terre deCanaan. L’«ÉTAT HÉBREU » dési-gne en jargon journalistiquel’État d’Israël, probablementen référence à la conceptiondu retour aux origines pronépar le sionisme historique.

ISRAËL : État des Juifs consti-tués en nation indépendanteet souveraine en 1948. Bandede terre située entre la médi-terranée et le fleuve Jour-dain, constituant le territoirehistorique des tribus d’Israëldepuis environ 1200 av. J-C.Désignation du peuple cons-titué de la fédération des 12tribus sœurs unies autour dela Torah de Moïse. Les Pèresde l'Église désignent parVerus Israel (véritable Israël)l'église de Jésus-Christ, etdonc la communauté desChrétiens unis dans la foi enla messianité de Jésus. LesJuifs sont ainsi relégués aurang d’ancien Israël voire defaux Israël.

ISRAÉLIEN : désigne spécifi-quement le citoyen de l’Étatmoderne d’Israël, sans dis-tinction de race ou de reli-gion.

ISRAÉLITE : désigne les adep-tes du judaïsme, sans conno-tation péjorative ; en usagesurtout au XVIIIe siècle, cemot est devenu quasimentinusité.

JUDAÏQUE : a longtemps dési-gné tout ce qui est relatif aujudaïsme.

JUDAÏSME : doctrine religieu-se des Juifs encore appeléeMOSAÏSME en référence àMoïse, le judaïsme est unedes plus anciennes religionsencore existantes, et le pre-mier monothéisme radical.Néanmoins, les notions dereligion ou même de judaïs-me étaient inconnues de l’hé-breu ancien. Les Juifs par-laient plutôt de Torah, de loijuridique ou sociale et d’en-seignement, révélant unevision sociopolitique du mondeassociée à une démarche spi-rituelle et un mode de vie oùles notions de pureté et desainteté sont particulière-ment valorisées. La placeréservée à l’Autre est égale-ment majeure, et l’amour duprochain est la valeur suprê-me prônée par le judaïsme,avant même l’amour deDieu. La bonne marche du

monde dépend de l’hommeet non d’un quelconque des-tin fixé par un Dieu tout-puis-sant dans les sphères céles-tes. Mais le judaïsme est plusqu’une religion, c’est aussiune manière de penser leschoses, les êtres, la vie, l’His-toire et Dieu, d’être au monde.Le christianisme n’est pasautre chose qu’un courantmessianique issu du judaïs-me, et l’islam se fonda engrande partie sur une relec-ture des sources juives.

JUDAÏTÉ : manifestation exp-ressive de l’appartenancerevendiquée au judaïsme.Défini aussi comme équiva-lent de la condition juive.

JUIF : dérivé populaire dejudéen, désignant un adeptede la religion juive, de soucheou converti. Désigne aussi lesmembres du peuple juif parfiliation maternelle. La patri-linéarité a prévalu pendantl’Antiquité. Après la destruc-tion du Temple de Jérusalemen 70 apr. J-C, la loi rabbi-nique post-exilienne a chan-gé les données de la filiationen déclarant que désormais« est juif celui qui est né demère juive ». La définition duJuif notamment en Israël,par rapport à la Loi de Retourest plus large, tenant comptedes revendications de ceuxqui subirent le nazisme, bienque n’ayant quelquefoisqu’un grand-père juif. Leterme de juif s’est depuis trèslongtemps péjorativé, utilisésouvent comme une calom-nie, et comme insulte. Cetadjectif désigne en fait toutce qui est relatif au judaïsme.

KNESSET : nom du parlementisraélien siégeant à Jérusa-lem, composé de 120 députésélus, dont actuellement 11députés arabes israéliens.

Vocabulaire« La perversion de la cité commence par la fraude des mots » Platon (Athènes, 427 - 347 av. J-C)

élaboré par Hervé Rehby

Une vie de rav, huile sur toile et matériaux.

Alain Kleimann

LOI DU RETOUR : définit ledroit absolu de tout Juifvivant en diaspora, de rece-voir la nationalité israélienneautomatiquement dès qu’ilarrive en Israël pour s’yinstaller. Les négociationsisraélo-palestiniennes ontbuté à Camp David sur laquestion du retour, en terri-toire israélien, des palesti-niens réfugiés de 1948.

NÉGATIONNISME : doctrine déve-loppée par l’extrême droiteeuropéenne et relayée actuel-lement par certains milieuxmusulmans soutenant que laShoah n’a jamais eu lieu, pasplus que les chambres à gaz.Cette pure négation de laShoah est une forme d’antisé-mitisme appliquée à un desépisodes les plus terribles del’Histoire du peuple juif. Cediscours accuse les Juifs demensonge, de falsification etde manipulation pour desprofits financiers substantielsau titre de réparation, et auxfins de justification de cons-truction de l’État d’Israël.

PROSÉLYTISME : propension àl’activisme de certaines reli-gions croyant pouvoir faire lebonheur des autres en lesamenant à « la vérité abso-lue », par tous les moyenspossibles, allant de la per-suasion à la contrainte. Lejudaïsme n’est pas prosélyteet ses rabbins en très grandemajorité, n’acceptent lesconversions qu’avec beau-coup de réticence. Cette posi-

tion dérive du fait que lejudaïsme pense effective-ment que « Hors la synago-gue, il y a un Salut possible ».Pour les Juifs, la vérité n’estque partielle et ne s’incarnepas unilatéralement.

PROTOCOLE DES SAGES DE SION :texte circulant dans les milieuxantisémites et antisionistesde toutes tendances, et expli-quant comment les Juifs sontcensés avoir mis en place uncomplot international pourmettre la main sur les riches-ses de ce monde. Ce texte estun faux, écrit en Russie pardes agents du Tsar Nicolas IIvers la fin du 19e s. Ce texte a« inspiré » à la télévision égyp-tienne un feuilleton fleuve(Le cavalier sans monture) dif-fusé en pleine Intifada chaquesoir du mois de Ramadan, etsuivi avec passion par desmillions de Musulmans quin’en demandaient pas tant.

QUESTION JUIVE : la questionest juive par essence ; le Juifet le judaïsme sont par défi-nition « question ouverte ».Ce concept reste très difficileà cerner surtout depuis sonutilisation par la rhétoriqueantisémite d’extrême droite.Devant cette énigme, osonsposer la question : « Qu’est ceque la question juive?». Atten-diez-vous une réponse ?

RÉVISIONNISME : remise enquestion de l'histoire de laSeconde Guerre mondiale,tendant à nier ou à minimi-ser le génocide des Juifs parles nazis. Notion proche dunégationnisme.

SHOAH : mot hébraïque signi-fiant anéantissement et qua-lifiant le génocide perpétrépar l’Allemagne nazie. Sixmillions de Juifs furent ainsisupprimés, individuellement oupour la plupart collectivementdans les camps de la mort,tels Auschwitz ou Dachau.Les anglo-saxons l’appellentHolocauste.

SIONISME : doctrine et idéolo-gie politique élaborée à la fin

du 19e siècle sous la puissan-te impulsion de Th. Herzl quiécrit « l'État des Juifs », prô-nant l’autodétermination dupeuple juif comme réponse àl’errance et à la souffrancebimillénaires injustifiées desJuifs et le retour à une indé-pendance nationale dansl’espace géographique de l’an-tique peuple juif, la terre d’Is-raël, rebaptisée Palestine parles romains après la destruc-tion de Jérusalem par Titusen 70 apr. J-C.

SIONISTE : a désigné les Juifsmilitants pour la constitutiond’un foyer national juif avantla création de l’État d’Israël.Désigne aujourd’hui tous ceuxqui soutiennent le droit desJuifs à se constituer en nationpolitiquement libre et la légi-timité d’existence de l’Étatd’Israël actuel. Ce mot dési-gne aussi ceux qui projettentde migrer en Israël pour yvivre définitivement. Cetadjectif est aujourd’hui, depuis

le début de la 2e Intifada, uti-lisé de manière très péjorati-ve presque insultante, par lamouvance propalestinienne,comme équivalent de bour-reau, de colonialiste sangui-naire, de génocideur, voiresuprême référence abjecte,comme équivalent de nazi !

TSAHAL : nom de l’armée israé-lienne formé des initiales deTSva Hagana Léisraël « arméede défense pour Israël », néede la guerre d’Indépendancede 1948 par la fusion de plu-sieurs groupes armés ayantcontribué à la lutte contre lesBritanniques et contre lesarmées arabes.

YIDDISH : langue vernaculaireparlée par les Juifs ashkéna-zes avec des variantes selonles pays, constituée pour l’es-sentiel de haut vieil allemandet d’hébreu. Encore largementparlé dans les milieux juifsorthodoxes notamment enIsraël et aux États-unis.

Nous remercions Édith Gorren, Caroline Rose, Alain Kleimannet Richard Zéboulon pour leurs photos et leurs œuvres.Nous remercions toutes les personnes qui ont participé

à l’élaboration de ces livrets et à l’organisation du premier dîner du Crif Sud-Ouest Aquitaine.

Imprimé en mai 2005 sur les presses de Fabrègue imprimeur Saint-Yrieix-la-Perche. Graphisme, réalisation : Bernard Lhoumeau www.lhoumeau.com SIRET 319 153 326 00040

Un voyage oublié, huile sur toile et matériaux. Alain Kleimann