Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont...

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S ucre(s) et consommation n°12 Collection SuCr e et Santé

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Sucre(s) et consommation

n°12Collection SuCre et Santé

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avant-propoS 4

GluCideS, SuCreS et SuCre : de quoi parle-t-on ? 5 1 des définitions multiples 52 les sources de sucres de l’alimentation 63 les rôles des sucres dans les produits alimentaires 7

que Sait-on de noS ConSommationS en SuCreS ? 91 Sucre et produits sucrés : l'approche marché 102 Consommations de sucres en France : données d’enquêtes 103 les aliments vecteurs de sucres 124 les occasions de consommation au cours de la journée 135 quelles sont les évolutions de la consommation de sucres ? 136 le poids des critères socio-économiques 157 Focus sur les boissons sucrées 15

reCommandationS nutritionnelleS : qu'en eSt-il pour leS SuCreS ? 181 l'omS à l'origine des premières recommandations mondiales 182 absence d'harmonisation entre les pays mais des repères journaliers

validés par l'eFSa 193 la mise en œuvre des recommandations en France 204 l'implication des entreprises alimentaires 205 les mesures politiques et fiscales 21

pour ConClure 23

annexeS 24annexe 1 : apports journaliers en sucres selon les pays 24annexe 2 : recommandations quantitatives 25annexe 3 : recommandations qualitatives 26annexe 4 : Consommations en glucides simples selon l’âge 27

Sommaire pages

1e partie

2e partie

3e partie

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Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation4 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 5

Les glucides sont des macronutriments apportés par l’ali-mentation. Il existe des dénominations consacrées par l’usage ou énoncées par des autorités réglementaires :

• glucides totaux : ce terme recouvre réglementairement les glucides assimilables par l’homme (les amidons, les sucres et les polyols1) ainsi que les fibres.

Au sein des glucides assimilables, on distingue :

• glucides simples2 : ils regroupent les mono- et disac-charides (sucres et polyols).

• glucides complexes : ce sont les oligo- et polysaccha-rides dont font partie les amidons (distinction retenue par l’Anses3).

• sucres : d’après le droit alimentaire européen et fran-çais, ce terme correspond aux mono- et disaccharides à l’exception des polyols. Ces derniers sont des additifs alimentaires utilisés comme édulcorants et/ou agents de charge.

• sucre : dans le langage français courant, c’est le saccha-rose (disaccharide composé de fructose et de glucose), présent dans les fruits ou dans les aliments sucrés. Dans la liste des ingrédients, il correspond règlementairement au seul saccharose extrait de la betterave ou de la canne à sucre.

• glucides à saveur sucrée : ils regroupent les sucres, les oligosaccharides et les polyols.

A l’issue d’une première partie rappelant les définitions d’usage

et les sources alimentaires des principaux sucres, ce livret propose

de faire le point sur les niveaux de consommation en sucres en

France, de présenter quels en sont les principaux aliments vec-

teurs et les modalités de consommation.

Enfin, une présentation des recommandations nutritionnelles

relatives aux sucres révèle la diversité des approches retenues à

différents niveaux : mondial, européen et français.

Nous espérons que ce livret "Sucre(s) et consommation", conçu

avec la volonté de fournir des informations chiffrées et factuelles

sur un sujet parfois confus, répondra aux attentes du lecteur et

participera à un débat constructif.

Le département scientifique du CEDUS

avant-propos

GLUCIDEs, sUCrEs Et sUCrE : DE QUoI parLE-t-on ?

1e partie

deS déFinitionS multipleS1

1 Les polyols ne seront pas traités dans ce fascicule.2 Dans la pratique des enquêtes alimentaires, les termes "glucides simples" et "sucres" sont équivalents, les polyols n'étant que rarement renseignés dans

l'étiquetage nutritionnels et les tables de composition.3 Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Avis sur les types de constituants glucidiques à

introduire dans le dispositif de surveillance des compositions et des apports glucidiques. Publié le 10 septembre 2007, Saisine 2006 SA0140

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On distingue généralement les sucres naturellement présents dans les aliments (lait, fruits, certains légumes) des sucres ajoutés lors de la préparation même si aux

plans biochimique et métabolique, la distinction n'est pas pertinente.

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation6 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 7

• Les sirops de glucose-fructose, préparés à partir de sirops de glucose dont une partie du glucose a été conver-tie en fructose. En règle générale, la teneur en fructose des sirops de glucose-fructose commercialisés en Europe varie entre 10 et 30%. Au-delà de 50% de fructose, le produit doit être étiqueté : sirop de fructose-glucose.

Moins fréquents, on trouve aussi :

• Le miel, un mélange à parts quasiment égales de fructose et de glucose.

• Le sucre inverti, obtenu par hydrolyse (littéralement « cou-pure dans l’eau ») du saccharose en glucose et fructose.

• Les jus concentrés de fruits, les sucres de fruits, également à base de glucose et de fructose.

Enfin, encore peu utilisés en France, il existe d’autres pro-duits sucrants à base de sucres tels que le sirop d'érable (sève de l'érable contenant 65% de sucres, constituée essentiellement de saccharose) et le sirop d'agave (sève de l'agave mexicain concentrée à 70 % de sucres, principale-ment du fructose).

attention : une terminologie non consensuelleLes termes désignant les différents types de glucides révèlent de nombreuses subtilités et peuvent mener à des confusions. Par exemple lorsque l’on étudie les données de consommation des populations, pour sui-vre leur évolution dans le temps ou les comparer d’un pays à l’autre, on se heurte rapidement à des termes ne recouvrant pas exactement les mêmes catégories de glucides selon les pays. Il en découle des biais rendant l’interprétation délicate, même pour les spécialistes. L'OMS4 distingue ainsi les « sucres libres » ou « free sugars », correspondant aux mono- et disaccharides, qu'ils soient ajoutés par l’industriel, le cuisinier, le res-taurateur ou le consommateur, ou naturellement pré-sents dans le miel ainsi que les sirops et les jus de fruits.En revanche, au Royaume-Uni, on distingue les sucres « extrinsèques » des sucres « intrinsè-ques » - les sucres hors lactose naturellement présents dans les

fruits sont dits intrinsèques,- les sucres ajoutés dans les aliments ou présents dans les

jus de fruits sont considérés comme extrinsèques. Cette classification britannique a été dénoncée dans le rapport d’experts de la FAO/OMS « Carbohydrates in human nutrition » de 1998.

leS SourCeS de SuCreS de l’alimentation

leS roleS deS SuCreS danS leS produitS alimentaireS

2

3

Sucres ajoutés ou naturellement présents, quid de l'étiquetage ?Aujourd’hui, les techniques disponibles pour identifier l’origine des sucres dans un aliment sont complexes et coûteuses. Sans évoquer l’intérêt d’une telle distinction, une analyse de routine n’est pas actuellement envisageable. L’étiquetage nutritionnel prévoit simplement la distinction des sucres au sein des glucides ; la mention « sucres » indique le total des sucres ajoutés et naturellement présents dans l’aliment.Par exemple une compote allégée fera apparaître d’une part le sucre (ingrédient ajouté) dans la liste des ingré-dients et d'autre part le total des sucres provenant des fruits et, d’autre part, du sucre ajouté dans le tableau nutritionnel :

le glucose, carburant indispensable de l’organismeTous les sucres, une fois métabolisés, fournissent l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’organisme. Les sucres sont incontournables pour le fonctionnement cellulaire, même si d’autres nutriments peuvent procurer un substrat énergétique à l’organisme. Certains organes ou tissus sont même incapables d’utiliser un autre « carburant » que le glucose, c’est le cas du cerveau, du système nerveux, des cellules sanguines.

Liste des ingrédients : Pommes 74,2% - purée de fraises 20% - sucre 5% - jus concentré de cassis 0,7%, antioxydant : acide ascorbique.

Valeurs nutritionnelles pour 100 g :Energie 302 kJ (71 kcal)Protéines 0,3 gGlucides 17,0 gdont sucres 15,5 gLipides 0,2 gdont saturés 0,0 gFibres 1,7 gSodium 0,01 g

Dès lors qu’ils entrent dans la composition d’un aliment manufacturé, le nom des sucres ajoutés doit figurer sur l’étiquetage, par ordre pondéral décroissant dans la liste des ingrédients. Parmi ces sucres entrant dans la composition des aliments, les plus fréquents sont :

• Le sucre extrait de la canne ou de la betterave. Il s’agit de saccharose pur.

• Les sirops de glucose, obtenus par hydrolyse de l’ami-don de maïs ou de blé. Ils renferment un mélange de sucres : glucose et maltose principalement, avec d’autres sucres et glucides complexes.

En dehors de leur rôle sucrant, les sucres ont bien d’autres propriétés qui les rendent difficilement remplaçables dans de nombreuses préparations culinaires.

le SaCCharoSe

Le sucre, qu'il soit roux ou blanc, en poudre ou en mor-ceaux, est composé à plus de 95% de saccharose.

• Il est un agent de texture donnant du croustillant aux biscuits ou de l’aération aux pâtes à gâteaux.

• Il sert de support de cristallisation au beurre de cacao dans la fabrication du chocolat et autorise une grande diversité de structures pour les confiseries (sucres cuits, fondants, gélifiés…).

• Il abaisse le point de congélation de l’eau et devient ainsi incontournable lors de la réalisation des glaces et sorbets.

• Il donne coloration et arôme en cuisant lorsqu’il devient du caramel (du fait des réactions de Maillard et de caramélisation).

• C’est un agent de conservation employé pour les confitures (à forte concentration, il rend l’eau indisponible pour les microorganismes).

• Enfin, il favorise la fermentation des levures en bou-langerie-pâtisserie.

4 Organisation Mondiale de la Santé

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2e partie

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation8 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 9

Pour évaluer la consommation, il existe deux appro-ches très différentes :

1. L’estimation par l’intermédiaire des données de ventes ou d’achats, appelée approche « marché » à l’échelle d’un pays. Elle est exacte mais très globale et reflète une disponibilité (la production moins l’ex-portation), non une consommation effective. Les ven-tes de sucre prennent en compte l’utilisation du sucre dans tous les secteurs, incluant aussi des secteurs qui vont transformer le sucre en alcool (opération de chap-talisation des vins par exemple) ou l’utiliser à des fins non alimentaires (industrie chimique notamment). Ces données de vente « surévaluent », car le sucre mis en marché n’est pas consommé en totalité. Les pertes liées à la fabrication, la transformation du sucre par cuis-son ou fermentation, les produits sucrés périmés ou non consommés en totalité ne sont pas connues précisément en France. Elles sont évaluées aux Etats-Unis par le minis-tère américain de l'Agriculture (USDA6) à 11% (pertes entre le détaillant et le consommateur) + 24% (pertes au niveau du consommateur).

2. L’étude de la « consommation réelle » par des enquêtes de consommation individuelles menées dans des échantillons représentatifs de la population. Ce type d'enquêtes permet d’évaluer plus précisément les apports en nutriments dont les apports en sucres, sans distinction de l'origine, en interrogent les individus sur leurs consommations (rappel de 24 heures, ques-tionnaire de fréquence, carnet de consommation ali-mentaire sur plusieurs jours). Toutefois, les biais de ces études sont bien connus : sous-déclarations voire oublis de certains aliments, erreurs d’évaluation des quantités consommées, tables de composition des aliments insuf-fisamment renseignées, etc. Les données d'enquêtes ne permettent pas de connaître directement la consom-mation de sucre (de betterave ou de canne) ajouté à l'alimentation.

6 Haley S., Sugar and Sweeteners Outlook, in the World Agricultural Demand and Supply Estimates (WASDE), Feb 2011

Muth MK et al., Consumer-Level Food Loss Estimates and Their Use in the ERS Loss-Adjusted Food Availability Data, USDA, ERS, Tech. Bull. 1927, Jan 2011

leS autreS produitS SuCrantSLes sirops de glucose sont souvent utilisés en association avec le saccharose pour apporter de la texture aux pâtis-series, en confiserie, dans les glaces ou les sauces. Autres sucres liquides, les sirops de glucose – fructose, le sucre inverti et le miel ont des propriétés voisines ; ils permet-tent notamment de préserver le moelleux des pâtisseries ou d’apporter de la coloration pendant la cuisson. Les concentrés de fruits ou les sucres de fruits, de composition semblable, sont moins courants et utilisés dans les produits diététiques ou de l’effort.

réduction de la teneur en sucres dans les aliments : une contrainte technologique et sensorielleDans certaines denrées alimentaires, une réduc-tion significative de la teneur en sucres est a priori techniquement simple. C'est le cas des boissons sucrées où la saveur sucrée peut-être apportée en substitution par des édulcorants intenses sans grande modification de la recette.Pour d’autres aliments, on se heurte en revan-che à des difficultés d’ordres technologique, sensoriel, voire réglementaire, identifiées en 2007 dans un rapport de la Direction générale de l’alimentation5. La substitution des sucres par d’autres ingrédients ou additifs nécessite une reformulation parfois complète des aliments et se traduit par une saveur ou une texture souvent différente. Sur le plan nutritionnel, seules les boissons light présentent un réel déficit calorique par rapport aux boissons standard. Pour les produits solides, la réduction en sucres ne se traduit pas toujours par un allégement en calories.Comprendre les étiquettes :Un produit "allégé en sucres" contient au mini-mum 30% de sucres en moins que le produit standard.Un produit "sans sucres" contient moins de 0,5g de sucres /100g ou 100ml de produit tel que consommé.

points essentiels✔ Les classifications des sucres sont nom-

breuses. Les sucres sont les mono- et disaccharides naturellement présents ou ajoutés et incluent le sucre corres-pondant au seul saccharose.

✔ Les sucres apportés par l'alimentation sont d'origines diverses. La distinc-tion sucres naturellement présents vs sucres ajoutés n'est ni évidente ni pertinente au plan nutritionnel.

✔ Au-delà de la saveur sucrées, les sucres ont de multiples propriétés de coloration, texture, conservation, aspect, etc.

5 Rapport du groupe de travail du Programme National Nutrition Santé (PNNS) sur les glucides, Direction Générale de l'Alimentation, Mars 2007

QUE saIt-on DE nos ConsoMMatIons En sUCrEs ?

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Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation10 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 11

mandations tandis qu’elle s’en approche chez les enfants (50% au moins de l’énergie sous forme de glucides, en pri-vilégiant les glucides complexes). Les consommations absolues, en g/jour, de glucides, complexes ou simples sont toujours plus élevées pour le sexe masculin quel que soit l'âge (à l’instar des apports caloriques et des autres macronutriments). Chez les femmes adultes en revanche, la part relative des glucides simples dans l’apport énergétique est plus élevée (19,9 % contre 17,5 % des apports énergétiques sans alcool), associée à une contribution plus importante de produits laitiers frais et de fruits.

Figure 1 - différences hommes/femmes pour la part relative des glucides simples dans

l'alimentation.

Enfants 3-14 ans Garçons n=521

Filles n=496

Energie AESA* (kcal/j) 1773 ± 23 1631 ± 20

Glucides totaux (% AESA) 49,1% 49.3%

Glucides complexes (% AESA) 23.6% 23.3%

Glucides simples (% AESA) 24.4% 24.7%

Glucides totaux (g/j) 218 ± 3 201 ± 3

Glucides complexes (g/j) 105 ± 2 95 ± 2

Glucides simples (g/j) 108 ± 2 101 ± 2

*AESA : apports énergétiques hors alcool

Tableau 2 - Consommations moyennes en glucides totaux, complexes et simples chez les

enfants de 3 à 14 ans. enquête Credoc CCaF 2010.

Les enfants consomment en moyenne autant de glu-cides simples que les adultes en quantité, de l’ordre de 100 g/j. Cela représente une plus forte propor-tion de leur énergie quotidienne (avec un maximum de 25 à 30 % des calories chez les 3-6 ans, puis en baisse) et correspond à une alimentation plus « lacto-sucrée » chez les plus jeunes.

Figure 2 - evolution de la contribution relative des glucides simples aux apports

énergétiques chez les enfants.

0

20

40

60

80

100

120

140g/jour

3-6ans

7-10ans

11-14ans

15-24ans

25-34ans

35-44ans

45-54ans

55-59ans

60-69ans

70ans

et plus

Masculin Féminin

Figure 3 - Consommations en glucides simples selon l’âge. enquête Credoc CCaF 2010

Dans les enquêtes de consommation en France comme dans d’autres pays, on retrouve constamment que les consomma-tions de glucides simples augmentent en quantité jusqu’à l’adolescence et chez les jeunes adultes (Figure 3). Elles décroissent ensuite puis se stabilisent avec l’âge. En paral-lèle avec ces consommations, la préférence pour le sucré, bien en place, dès la naissance décroît à l’adolescence8, sans que les raisons en soient aujourd’hui bien connues (causes hormonales et/ou liées à la fi n de la croissance).

9 Coldwell SE et al., 2009, Physiol Behav, A marker of growth differs between adolescents with high vs. low sugar preference

Les ventes de sucre (saccharose) et sirops de glucose sont aisément accessibles par pays ou par zones géographiques sur la base statistique de la FAO7. A l’échelle mondiale, les ventes de sucre et sirops de glucose sont passées de 59 millions de tonnes en 1961 à 156 millions de tonnes en 2009. Cette évolution des tonnes de sucre et sirops mises sur le marché mondial est à l’origine d’une grande confusion sur la consommation effective de sucre, qui n’a pas, comme on peut le lire parfois, « triplé en 50 ans ». En effet, la population mondiale a beaucoup augmenté sur cette période, la disponibilité en sucre et sirops par habitant est passée de 19,7 kg/habitant/an en 1961 à 23,5 kg/habi-tant/an en 2009, soit 15-20 % d’augmentation en moyenne en 50 ans (avec une hausse principalement dans les pays en développement). En France, les ventes de sucre sur le marché intérieur sont remarquablement stables depuis plus de quarante ans. Sur la campagne 1972/1973, les volumes de ventes de sucre étaient de 1,840 millions de tonnes par an pour une popu-lation de 52 millions d’habitants (soit une disponibilité de 35,5 kg/an/ habitant) et sont en 2010/2011 de l’ordre de 2,240 millions de tonnes pour 65 millions de Français (dis-ponibilité de 34,4 kg/an/habitant). Sur cette période, les

variations sont inférieures à 2 kg d’une année sur l’autre8.La modifi cation de la consommation de sucre en France n'est donc pas une évolution des quantités mais des modalités de consommation du sucre depuis les années 70. L’utili-sation « directe » par les ménages (sucre en poudre ou en morceaux utilisé à domicile) a nettement baissé, dans une proportion passant de 60 % à moins de 20 % du total, au profi t de l’utilisation « indirecte » par l’industrie (industrie alimentaire, restauration collective, phar-macie/chimie).Selon l’Insee, les achats de produits sucrés (regroupant dans l’étude sucre, miel, chocolat, confi series, glaces, confi -tures, compotes) sont restés stables entre 1990 et 2004, environ 29 kg/personne/an. Les achats de sucre "de bou-che" ont baissé sur cette période de 10 à 7 kg/personne/an tandis que les achats de confi serie augmentaient. Entre 1990 et 2004, la part de ce groupe «produits sucrés» dans les quantités de glucides simples disponibles a baissé (de 42 à 36%) au profi t de la part des fruits, jus de fruits et nectars et produits laitiers (de 32 à 36%).

7 http://faostat.fao.org, Food and Agriculture Organization.8 www.franceagrimer.fr/fi liere-sucre, 2012

SuCre et produitS SuCreS : l'approChe marChe

ConSommationS de SuCreS en FranCe : donneeS d’enqueteS

1

2

Les enquêtes individuelles nationales de consommation ali-mentaire en France sont réalisées depuis une dizaine d’an-nées par l’Anses (enquêtes INCA) et le CREDOC (enquêtes CCAF), avec des méthodologies voisines (échantillon natio-nal représentatif, relevé individuel sur cahier de consom-mation de 7 jours consécutifs, tables de composition des aliments CIQUAL, répartition des relevés individuels sur une année, prise en compte des consommations au domicile et hors domicile).

Tableau 1 - Consommations moyennes en glucides totaux, complexes et simples chez les

adultes. enquête Credoc CCaF 2010.

Adultes (>15 ans)

Hommes n=738

Femmes n=805

Energie AESA* (kcal/j) 2293 ± 22 1881,61 ± 16

Glucides totaux (% AESA) 45,8% 46,7%

Glucides complexes (% AESA) 28,3% 26,8%

Glucides simples (% AESA) 17,5% 19,9%

Glucides totaux (g/j) 263 ± 3 221 ± 2

Glucides complexes (g/j) 155 ± 2 121 ± 2

Glucides simples (g/j) 101 ± 2 94 ± 1

*AESA : apports énergétiques sans alcool

Chez les adultes, la contribution des glucides totaux aux apports énergétiques est en moyenne inférieure aux recom-

3-6 ans 7-10 ans 11-14 ans

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Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation12 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 13

Dans l’ensemble, la consommation des sucres se fait principalement pendant les repas, les apports du petit-déjeuner, déjeuner et dîner totalisant 74% des glucides sim-ples consommés chez les enfants et 83 % chez les adultes. En moyenne, les glucides simples sont peu consommés à l’occasion d’en-cas ou lors des apéritifs (au total, moins de 5% des apports quotidiens en sucres). Il est diffi cile d'éva-luer les consommations extrêmes.

Les différences observées concernant les apports en gluci-des simples des enfants et des adultes sont les suivantes :

• le petit-déjeuner et le goûter prennent une place plus importante chez les enfants : ces deux occa-sions apportent plus de 55% des glucides simples consommés au cours d’une journée contre seulement 37% chez les adultes.

• inversement, chez les adultes, le déjeuner et le dîner sont les occasions principales de consommation des glucides simples, apportant en moyenne 59 % des apports quoti-diens contre seulement 42% chez les enfants.

Figure 5 - répartition des apports en glucides simples par occasion de

consommation. enquête Credoc CCaF 2010

Pour une consommation de sucres moyenne de l’ordre de 100 g/j chez les adultes comme chez les enfants, on constate que la structure des apports en sucres est dif-férente (Tableau 3). Par rapport aux adultes, les enfants consomment notamment :• davantage de sucres au travers des préparations en

poudre pour petit-déjeuner, du lait, des céréales prêtes à consommer, des biscuits et des boissons (sodas et jus de fruits/nectars).

• moins de glucides simples au travers des fruits, des pro-duits de panifi cation et des produits sucrants type sucre, miel, confi ture.

estimation des consommations individuelles en sucre à partir des enquêtesPour s’approcher des consommations « réelles » en sucre (de betterave ou de canne) apporté par l’alimentation, il est possible d'estimer les contributions des autres sucres puis de les retirer au total des sucres évalué par les enquêtes. Il s’agit principalement du lactose apporté par le lait et les produits laitiers frais (environ 16% du total des glucides simples chez l’enfant, 8 % chez l’adulte dans CREDOC CCAF 2010) et du glucose et fructose apportés par les fruits et légu-mes, les jus de fruits hors nectars, les desserts à base de fruits (environ 16% des sucres chez l’enfant, 22% chez l’adulte). D’autres catégories d’aliments non sucrés apportent des sucres mais dans une moindre mesure : pains et biscottes, soupes, pizzas et quiches, plats préparés, boissons alcoolisées chez l’adulte (environ 2% chez l’enfant et 6% chez l’adulte). En retenant les valeurs hautes, on obtient par extrapo-lation de l’ordre de 25 kg de sucre par an et par habitant.

NB : Cette consommation est une estimation par excès puisqu'elle inclut non seulement le sucre de betterave ou de canne ajouté aux aliments et le sucre de table mais aussi les autres sucres ajoutés aux aliments (glucose ou fructose apportés par les sirops de glucose, le miel, le sucre inverti).A l’origine de cet écart entre données de ventes et données de consommation de sucre estimée par enquête, il est probable qu’interviennent les facteurs suivants : • Pertes et gaspillages alimentaires lors des étapes de production, de distribution et à domicile (invendus,

dépassement de date de durabilité, surestimation de préparation en restauration hors domicile, etc.)• Ventes de sucre vers des secteurs alimentaires qui le transforment (chaptalisation, caramels colorants, vins effervescents,…)

• Sous-estimation des consommations d’aliments sucrés dans les enquêtes

Figure 4 - estimation de la consommation annuelle de sucre en France.

leS alimentS veCteurS de SuCreS3

Enfants (3 – 14 ans)Vecteurs de glucides simples en % g/j

Adultes (> 15 ans)Vecteurs de glucides simples en % g/j

Rang Rang1 Produits sucrés* 11.5 % 1 Produits sucrés 17.3 %

2 Boissons chaudes** 10.8 % 2 Fruits frais 12.2 %

3 Jus de fruits /nectars 9.8 % 3 Pâtisseries 8.2 %

4 Ultra frais laitiers 8.1 % 4 Autres Boissons rafraichissantes 7.3 %

5 Autres boissons rafraichissantes 7.8% 5 Ultra frais laitiers 7.3 %

6 Pâtisseries 7.8% 6 Entremets 6.6 %

7 Entremets 7.4% 7 Boissons chaudes 6.1 %

8 Fruits frais 6.9 % 8 Pains, Biscottes 5.4 %

9 Lait 5.3 % 9 Jus de fruits /nectars 5.2 %

10 Biscuits sucrés 4.7 % 10 Légumes 3.5 %

Tableau 3 - principales catégories d’aliments sources de glucides simples chez les enfants et les adultes. enquête Credoc CCaF 2010.

* Confi series, chocolat, sucre, confi ture, pâte à tartiner…

** Boissons chaudes (chocolat au lait, café, thé avec ou sans lait, etc.)

leS oCCaSionS de ConSommation au CourS de la Journee

quelleS Sont leS evolutionS de la ConSommation de SuCreS ?

4

5

Les deux séries d'enquêtes principales en France (INCA et CCAF) diffèrent par leur méthodologie et la population étu-diée ce qui limite les comparaisons.

donnéeS deS enquÊteS inCa 1 (1998-1999) et inCa 2 (2006-2007)La comparaison des données de consommation entre les enquêtes INCA1 et INCA2 montre que, chez les adultes, les apports énergétiques sont globalement stables bien que les apports en sucres aient augmenté (+4,9% chez les hommes en moyenne et +5,8% chez les femmes), en particulier chez les jeunes hommes et chez les femmes d’âge moyen10. Les raisons de cette progression apparente seraient pour partie méthodologiques (meilleur recueil des consommations de boissons dans INCA2) mais aussi associées à une augmentation de consommation dans certaines catégories d’aliments (fruits en particulier chez les

femmes, boissons rafraîchissantes, jus de fruits, glaces, cho-colats pour l’ensemble).Sur la même série d’enquêtes, les évolutions de consomma-tion des enfants montrent des apports énergétiques et en sucres en baisse signifi cative chez les 3-14 ans (-7,5% et -6,9% respectivement) mais stables chez les adolescents de 15-17 ans11. Chez les 3-14 ans, les baisses observées entre 1999 et 2007 seraient à rapprocher des baisses importantes de consommation de produits sucrés (viennoiseries, biscuits sucrés, barres, pâtisseries et gâteaux, produits sucrants, confi series) non compensées par l’aug-mentation des consommations de glaces et chocolats.

10 Dubuisson C et al., 2010, Trends in food and nutritional intakes of French adults from 1999 to 2007: results from the INCA surveys. Br J Nutr 103: 1035-1048

11 Afssa, 2009, Etude individuelle nationale des consommations alimentaires 2 (INCA2) 2006-2007), 225 p.

Petit-déjeuner Déjeuner Goûter

Dîner Apéritif En-cas

Petit-déjeuner Déjeuner Goûter

Dîner Apéritif En-cas

enfants de 3 à 14 ans

adultes 15 ans et plus

(n=1543)

1 %

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29 %28 %

29 %9 %24 %

21 %

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Page 8: Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont sucres 15,5 g Lipides 0,2 g dont saturés 0,0 g Fibres 1,7 g Sodium 0,01 g Dès

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation14 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 15

D'une manière générale, le statut socio-économique a un fort impact sur l'état de santé et particulièrement sur le ris-que de surpoids ou d'obésité. Ainsi, l'étude Obépi-Roche 2012 révèle que la prévalence de l'obésité est trois fois plus forte au sein des foyers à bas revenus (< 1200 €/mois) qu'au sein des foyers à hauts revenus (> 3800 €). Cette relation serait due à une moins bonne qualité nutritionnelle et une plus faible diversité alimentaire au sein des foyers plus défavorisés (plus faible consommation de fruits et légumes notamment).L’Anses a publié en 2013 une étude sur les relations entre le niveau socio-économique et l’alimentation des enfants et des adolescents en France12. Chez les enfants et ado-lescents de milieux défavorisés, l’étude montre effec-tivement une plus grande consommation de boissons sucrées ainsi qu'une moindre consommation de fruits. En revanche, à l’encontre de certaines idées reçues, leur consommation de produits sucrés comme les confiseries et les gâteaux est également plus faible (146,7 g de produits sucrés/jour chez les enfants de foyer à plus faibles revenus contre 178,3 g pour les enfants de foyers à plus forts revenus).A l'échelle des macronutriments, chez les enfants, les apports glucidiques totaux ne sont pas associés au niveau

socio-économique. Cependant, les enfants de niveau socio-économique bas ont des apports en sucres situés entre 91 et 98 g/j (selon la mesure du niveau socio-économique uti-lisée) tandis que ceux de niveau socio-économique élevé en consomment significativement plus, entre 98 et 104 g/j. Ceci pourrait s’expliquer par une plus grande diversité des apports alimentaires dans les milieux favorisés, apportant des glucides simples naturellement présents comme ajou-tés.Chez les adolescents en revanche, l’Anses mentionne des apports en glucides totaux et en glucides complexes plus élevés pour les niveaux socio-économiques bas, mais pas de différence quant aux apports en glucides simples.

Si l’argument économique semble évident pour les fruits et les légumes, il l’est moins pour les boissons sucrées. Les résultats suggèrent que le niveau d’études des parents, davantage que leur capacité financière, serait le facteur prédominant expliquant les disparités de consommation alimentaire des enfants et adolescents.

Rapport ANSES, Disparités socioéconomiques et alimentation des enfants et adolescents, fev. 2013

donnéeS CredoC Sur leS évolutionS de 2003 à 2010Les données du Credoc s'appuient les données des enquê-tes CCAF 2003, 2007, 2010 qui montrent une légère dimi-nution des apports énergétiques sans alcool.Entre 2003 et 2010 chez les enfants, on note une stabi-lité des apports en glucides simples mais une légère augmentation de leur contribution à l’apport énergétique sans alcool. Entre 2003 et 2010 chez les adultes, on observe une légère augmentation des apports en glucides simples et de leur contribution à l'apport énergétique sans alcool.

Chez les enfants, les contributeurs de glucides simples qui progressent sont : les boissons chaudes, les compotes, les biscuits sucrés, le lait, les pâtisseries et les entremets.Chez les adultes, les contributeurs de glucides simples qui progressent sont : les boissons chaudes, les compotes, le pain, les biscuits sucrés, les boissons rafraichissantes sans alcool et les pâtisseriesSelon le Credoc, il n’apparaît pas d’effet de génération sur les consommations de produits sucrés dans leur ensemble (l’âge est le principal déterminant).

0

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5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90

g/j

Âge

Génération Nomade(née entre 1987 et 1996)

Génération Plate au repas

(née entre 1977 et 1986)

Génération Hard-discount

(née entre 1967 et 1976)

Génération Robots ménagers(née entre 1937

et 1946)

Génération Réfrigérateurs

(née entre 1927 et 1936)

Génération Hypermarché

(née entre 1957 et 1966) Génération Rationnement

(née entre 1917 et 1926)

Figure 6 - Consommation de produits sucrés selon la génération – source : Credoc à partir des

enquêtes inCa 1999, CCaF 2003, 2007, 2010.

le poidS deS CritereS SoCio-eConomiqueS

FoCuS Sur leS BoiSSonS SuCreeS

6

7de quoi parle-t-on ?

Communément, la notion de boissons sucrées se réfère aux seules BRSA (boissons rafraîchissantes sans alcool, sucrées ou édulcorées), excluant les jus de fruits mais intégrant par-fois les sirops voire les nectars de fruits. Dans son acception large, le terme « boissons sucrées » ou « boissons sans alcool » peut regrouper toutes les bois-sons sucrées rafraîchissantes type colas avec les jus de fruits, nectars de fruits ainsi que les sirops. C’est le sens employé par exemple dans les rapports de l’OMS ou dans les enquêtes alimentaires type INCA/Anses ou CREDOC CCAF, même si les sous-catégories sont souvent disponibles pour une analyse plus poussée. Cependant, certaines études comme l’enquête nutrition-nelle ENNS/InVS distinguent a priori les boissons contenant uniquement les sucres des fruits (jus de fruits, comptés

alors comme des portions de fruits) de celles qui contien-nent des sucres ajoutés (nectars de fruits, boissons aux fruits, colas, limonades,…). Dans les revues de nutrition anglo-saxonnes, on oppose souvent les « fruits juices » (jus de fruits, smoothies et nectars de fruits) aux « soft drinks » (colas, limonades, boissons aux fruits ou au thé), en prenant en compte selon les cas les boissons chaudes, qui sont souvent consommées en volumes importants.

qui ConSomme quoi ?Pour comparer les pays entre eux, il est usuel d'utiliser les volumes des ventes de boissons divisés par la population (en litres par personne et par an). En France, les ventes de boissons non alcoolisées (BRSA, sucrées ou édulcorées) sont inférieures à celles de la plupart de nos voisins européens tandis que les ventes de jus de fruits et nectars

Page 9: Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont sucres 15,5 g Lipides 0,2 g dont saturés 0,0 g Fibres 1,7 g Sodium 0,01 g Dès

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation16 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 17

Les adolescents sont les plus grands consommateurs de BRSA ainsi que de jus de fruits et nectars, à égalité avec les enfants de 6 à 11 ans (Tableau 5).Quant aux États-Unis, même si la méthodologie et les catégories de boissons retenues ne rendent pas les don-nées strictement comparables, les enquêtes sur les consom-mations alimentaires américaines montrent que les BRSA contribuent déjà à près de 10% des apports énergétiques des adolescents et des adultes (respectivement près de 3x et 5x plus qu’en France). Avec des quantités de boissons sucrées qui sont, en moyenne, entre 2 et 4 fois supé-rieures à celle des Français ! Ainsi, les jeunes garçons américains (12-19 ans) consomment en moyenne 850 ml/jour de boissons sucrées (hors jus de fruits, boissons light et boissons lactées !) et près de 590 ml/jour chez les adoles-centes américaines (enquête NHANES 2004).

points essentiels✔ Les enfants consomment en moyenne

autant de sucres que les adultes, soit 100g/j, ce qui représente une plus forte proportion de leur énergie quotidienne (maximum 25 à 30 % des calories chez les 3-6 ans) liées à une alimentation plus « lacto-sucrée ».

✔ La consommation de sucres augmente en quantité jusqu'à l'adolescence puis diminue et se stabilise avec l’âge.

✔ Les hommes consomment plus de sucres que les femmes en quantité, moins en pro-portion de l'énergie (17% contre 20 % des calories hors alcool).

✔ On ne constate pas d'effet de génération pour la consommation de produits sucrés.

✔ Les enfants des milieux défavorisés consomment plus de boissons sucrées mais les apports globaux en sucres sont plus importants chez les enfants de niveaux socio-économiques supérieurs.

sont dans la moyenne des consommations en Europe (Figure 7). Comme dans les autres pays européens, au sein des BRSA, les boissons sucrées "classiques" représentent environ 75% du marché, les boissons light (sans sucres ajoutés, avec édulcorants intenses) 15-20% et les boissons à teneur réduite en sucres 5-10%.

En France, d’après les données d’enquêtes alimentaires nationales (CREDOC CCAF 2010), c'est chez les adoles-cents que la part des BRSA dans les apports énergétiques est la plus élevée (3,4% des calories, cf. Tableau 4).

Enfants 3-5 ans Enfants 6-11 ans Adolescents (12-19) Adultes (20-54) Seniors (55 +)

Jus de fruits et nectars 2,7% 2,9% 2,4% 1,3% 0,9%

BRSA* 1,4% 2,0% 3,4% 2,2% 0,4%

Boissons lactées 11,9% 7,7% 4,7% 2% 1,0%

Boissons chaudes** - 0,1% 0,2% 0,9% 1,4%

Boissons alcoolisées - - 0,8% 3,4% 5,3%

*BRSA : boissons rafraîchissantes sans alcool sucrées ou édulcorées (colas, limonades, boissons aux fruits, thés glacés, …) **Boissons chaudes : cafés, thés ou tisanes, éventuellement additionnés de sucre, miel ou lait.

Figure 7 - données de ventes 2010 en europe des boissons rafraîchissantes sans alcool (BrSa), des jus de fruits et nectars et des sirops et boissons concentrées à diluer (en litre/personne/an). d’après unesda / Canadean 2011

Tableau 4 - Contribution quotidienne des boissons aux apports énergétiques de la population française suivant l’âge (en % des kcal/jour) . d’après CredoC, CCaF 2010

Enfants 3-5 ans Enfants 6-11 ans Adolescents (12-19) Adultes (20-54) Seniors (55 +)

Jus de fruits et nectars 94 ml/j 116 ml/j 115 ml/j 63 ml/j 46 ml/j

BRSA* 57 ml/j 94 ml/j 182 ml/j 63 ml/j 18 ml/j

Boissons lactées 256 ml/j 219 ml/j 163 ml/j 85 ml/j 72 ml/j

BRSA : boissons rafraîchissantes sans alcool sucrées ou édulcorées (colas, limonades, boissons aux fruits, thés glacés, …)

Tableau 5 - quantités quotidiennes de boissons sans alcool consommées en France suivant l’âge (en ml/jour). d’après CredoC, CCaF 2010

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200Sirops

Jus de fruits et nectars

BRSA

l/personne/an

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3e partie

Historiquement, c’est l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a fixé les premières recommandations de limita-tion de la consommation de sucres dans un rapport tech-nique de 1989 puis en 200313. Elles visaient les « sucres libres » ou « free sugars », correspondant aux mono- et disaccharides, qu'ils soient ajoutés par l’industriel, le cuisi-nier, le restaurateur ou le consommateur, ou naturellement

présents dans le miel ainsi que les sirops et les jus de fruits. Ce rapport fixait une limitation de la consommation des « sucres libres » à moins de 10% des calories quoti-diennes. Cette limite de 10% reposait initialement sur une étude épidémiologique de 198214 sur la prévention de la carie dentaire et a depuis été élargie à la lutte et la préven-tion du surpoids et de l’obésité.

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation18 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 19

Dans l’Union Européenne, la lecture des recommandations portant sur les sucres montre clairement l’absence d’homogé-néité dans les politiques nutritionnelles nationales, témoignant de l’absence de consensus scientifique à ce sujet. En Europe comme ailleurs, on retrouve le problème des terminologies différentes (sucres totaux, sucres ajoutés, ou encore sucres raffinés) qui vient croiser cette difficulté scientifique de fixer et justifier un objectif clair sur les sucres16 (cf. encadré page 4).Certains pays optent pour des objectifs chiffrés de limitation, de réduction voire de modération de consommation des sucres ou de certaines catégories de produits sucrés (tableau 6 et annexe 2).

PAYS SUCRES VISES RECOMMANDATIONS QUANTITATIVES

Danemark sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres raffinés dans l’apport énergétique total pour les enfants et les personnes ayant un régime hypocalorique

France sucres ajoutés, sucres simples 10 % de sucres ajoutés dans l’apport énergétique total pour les personnes obèses et les diabétiquesPNNS : réduction des sucres simples de 25 %

Royaume Uni sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres extrinsèques (hors produits laitiers) si l’alcool est inclus (11 % s’il n’est pas inclus)

Turquie sucre 9 à 10 % de sucre dans l’apport énergétique total ou 40 g/j pour les hommes et 30 g/j pour les femmes

Tableau 6 - quelques exemples de recommandations quantitatives concernant la consommation des sucres. d’après hess et al, 2012

D’autres pays proposent uniquement des recommandations qualitatives (tableau 7 et annexe 3) et certains pays n’ont pas établi de recommandation nutritionnelle visant précisément le ou les sucre(s), à l’exemple du Canada, de la Chine, du Japon, des Pays-Bas, de la Colombie, etc.

PAYS SUCRES VISES RECOMMANDATIONS QUALITATIVES

Allemagne produits sucrés Aliments et boissons contenant du sucre doivent être consommés occasionnellement

Brésil sucre et produits sucrés Eviter le sucre, les boissons sucrées, et les confiseries dans la première année de la vie

Inde sucre Le sucre doit être utilisé en petite quantité

Suisse sucres Consommation modérée

Tableau 7 - quelques exemples recommandations qualitatives concernant la consommation des sucres. d’après hess et al, 2012

15 EFSA : Autorité Européenne de Sécurité des Aliments16 Hess J et al., The confusing world of dietary sugars: definitions, intakes, food sources and international dietary recommendations, Food & function,

2012, 3, 5:477-486

rECoMManDatIons nUtrItIonnELLEs :

QU'En Est-IL poUr LEs sUCrEs ?

l'omS a l'oriGine deS premiereS reCommandationS mondialeS

aBSenCe d'harmoniSation entre leS paYS maiS deS repereS JournalierS valideS par l'eFSa15

1

2

Devant le problème de la gestion et de la prévention du surpoids et de l’obésité, nombreuses sont les autorités nationales et internationales qui ont cherché à édicter des recommandations d’hygiène de vie (activité physique en particulier) et des conseils pour les apports en nutriments. Sont naturellement concernés les glucides au sens large, mais aussi les différentes catégories de sucres.

13 WHO Technical Report Series 797, Diet, nutrition, and the prevention of chronic diseases, Report of a WHO Study Group meeting, Geneva, 1989 -WHO Technical Report Series 916. Diet, nutrition and prevention of chronical disease. Report of a Joint WHO/FAO Expert Consultation. World Health Organization, Geneva, 2003.

14 Sreebny LM. Sugar availability, sugar consumption and dental caries. Community Dentistry and Oral Epidemiology, 1982, 10:1-7

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Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation20 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 21

La recherche visant à développer des produits à saveur sucrée « sans sucres ajoutés » ou « à teneur réduite en sucres » remonte aux années 80, avec l’autorisation des édulcorants en tant qu’additifs alimentaires. En 2007, le Groupe de travail PNNS sur les glucides19 rappelait dans son avis final les rôles variés et importants des sucres selon la catégorie de produits (agent de texture, de coloration, de conservation,…). La diminution des teneurs en sucres, avec ou sans substitution par des édulcorants, se heurte ainsi à des barrières technologiques, réglementaires, marketing ou organoleptiques. Ce rapport souligne cependant les efforts de réduction des teneurs en sucres déjà effectuées par les industriels selon les secteurs.

Pour le secteur des produits à base de fruits, la démarche est essentiellement une réduction progressive du ou des sucre(s) ajouté(s), sans ajout d’édulcorants intenses. Les compotes au sens réglementaire du terme (teneur en sucres supérieure à 24%) ont ainsi quasiment disparu en quelques années au profit des desserts de fruits (entre 18 et 24 % de sucres), des compotes allégées (de 16,8 à 18% de sucres) et des purées de fruits (environ 12% de sucres, sans sucres ajoutés).

Les boissons rafraîchissantes sans alcool (BRSA) ont initié des reformulations dès les années 80. Les boissons sont des matrices alimentaires où l’eau est le texturant prin-cipal permettant de substituer le sucre par un édulcorant intense. Les boissons light représentent aujourd’hui environ 25 à 30 % du marché.

Pour les secteurs de la confiserie de poche et des chewing-gums, le bénéfice perceptible par le consomma-teur est important et lié aux risques de caries. Malgré une difficulté technologique de substitution du sucre et l’utili-sation d’édulcorants massiques plus coûteux (les polyols), près de 60% de la petite confiserie de poche est étiqueté "sans sucres", cette proportion atteignant 95% pour le marché des chewing-gums.

En revanche, au sein des catégories de produits dans les-quels le sucre est un contributeur majeur de la texture et du profil sensoriel (biscuits, chocolats, glaces, etc.), les produits « allégés » ou « sans » occupent de faibles parts de mar-chés, inférieures à 10%.

Sous l’égide du Ministère de la santé, certains secteurs ou entreprises agro-alimentaires se sont engagés via des "chartes volontaires de progrès nutritionnels

PNNS" sur des reformulations visant une réduction des teneurs en sucres. Lancé début 2008, l'Observatoire de la qualité de l'alimentation (OQALI) a notamment pour mis-sion de suivre l’évolution de cette offre alimentaire. L’OQALI a estimé dans un rapport récent que l’impact des chartes demeurait modeste mais significatif sur les apports en sucre20 . Au plan national, l’impact potentiel serait envi-ron de 0,5 g de sucres en moins par personne et par jour. L’intervention sur la composition nutritionnelle n’est donc qu’un déterminant parmi d’autres de l’offre alimentaire et à terme de la consommation de sucres.

De manière complémentaire, le Ministère de l’agriculture coordonne ainsi les accords collectifs du Programme national pour l'alimentation et a proposé en 2013 de prendre en compte, au-delà de la seule reformulation en nutriments, des approches visant à améliorer les modes de consommation (recommandations de consommations, taille des portions, informations des consommateurs sur la diversité de l'alimentation, la structuration des repas, l'éti-quetage, ...)

19 Rapport du groupe de travail PNNS sur les glucides, partie 1, mars 200720 Etude d'impact des chartes d'engagements volontaires de progrès

nutritionnel sur les volumes de nutriments mis sur le marché, Oqali, 2013.

Lancé par le Ministère de la Santé en janvier 2001, le Pro-gramme National Nutrition Santé (PNNS 1, 2001-2005) préconisait, parmi les objectifs nutritionnels concernant les glucides, une réduction de 25% des consommations de l’époque en sucres, pour l’ensemble de la population. En 2006, le PNNS 2 (2006-2011) maintenait le même objec-tif chiffré de réduction, mais en le recadrant sur les sucres ajoutés.

Dans l’Etude Nationale Nutrition Santé (ENNS) de 2006, l’objectif chiffré de réduction de 25 % de la consommation en sucres ajoutés n’a pas pu être évalué. Un nouveau seuil maximal des apports en sucres issus des produits sucrés a été fixé à 12,5 % des apports énergétiques, sur la base du seuil de 10% proposé par l’OMS (évoqué plus haut). Selon cet indicateur d’objectif nutritionnel, la part des sucres issus des produits sucrés en 2006 est en moyenne de 9,5 % des apports énergétiques chez les adultes et 13,6% chez les enfants de 3 à 17 ans.

Plus récemment, le PNNS 3 (2011-2015) sous l'égide du Haut Conseil de la Santé Publique a fixé des objectifs précis sur les glucides17 :

• augmenter chez les adultes et les enfants, la part des apports en glucides complexes et en fibres et diminuer la part des apports en glucides simples issus des produits sucrés dans l’apport énergétique total.

• augmenter, en 5 ans, la proportion de personnes ayant des apports en glucides complexes ≥ 27,5 % de l’AESA (de 20 % chez les adultes et de 35 % chez les enfants).

• augmenter, en 5 ans, la proportion de personnes ayant des apports en glucides simples issus des produits sucrés < 12,5 % de l’AESA (de 7 % chez les adultes, de 20 % chez les enfants).

• réduire de 25% au moins, en 5 ans, la proportion d’en-fants consommant plus d’un demi-verre de boissons sucrées par jour.

Les objectifs sont désormais adaptés à la cible enfants ou adultes, en fonction des niveaux de consommation consta-tés, et sont axés sur les aliments vecteurs de sucres.

Dans la pratique, les repères de consommation relayés par l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) ne changent pas pour les produits sucrés : limiter leur consommation, en portant une attention parti-culière aux boissons sucrées et aux aliments gras et sucrés à la fois (pâtisseries, crèmes dessert, chocolat, glaces...).

Dans le cadre de la Loi de Modernisation de l’Agriculture et de la Pêche (LMAP), le Pro-gramme National pour l’Alimentation (PNA) prévoit un volet concernant l’éducation et l’information. L’objectif est d’améliorer les connaissances sur l’alimentation des consom-mateurs de demain. A cet effet, le PNA propose la mise en place, pendant mais aussi hors temps scolaire, d’actions favorisant l’acquisition d’un socle de connaissances et la sensibilisation des plus jeunes au patrimoine alimentaire et culi-naire18. En association avec l’Education natio-nale, un programme et un réseau d’éducation au goût sont mis en oeuvre depuis 2011.

la miSe en Œuvre deS reCommandationS en FranCe l'impliCation deS entrepriSeS alimentaireS 3 4

17 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/PNNS_2011-2015.pdf18 Programme National pour l’Alimentation (PNA). Article 1 du Titre 1er :

« Définir et mettre en œuvre une politique publique de l'alimentation » de la loi n° 2010-874 du 27 juillet 2010 de modernisation de l'agriculture et de la pêche.

Figure 8 - proportion d'enfants et d'adultes satisfaisant l'objectif nutritionnel sur les sucres.

73,9 %

44,8 %

Page 12: Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont sucres 15,5 g Lipides 0,2 g dont saturés 0,0 g Fibres 1,7 g Sodium 0,01 g Dès

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation22 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 23

Un autre volet d'action politique visant à améliorer les comportements alimentaires est la fiscalité comporte-mentale. Très discutée depuis quelques années, une nou-velle taxation portant notamment sur les boissons sucrées ou édulcorées a été votée en 2011 et est entrée en vigueur en France début 201221.

En 2008, les auteurs du rapport de l’IGAS et de l’IGF sur la faisabilité d’une fiscalité comportementale appliquée à l’alimentation22 questionnaient sa pertinence : (extrait) « on ne peut exclure que la mesure ait une faible efficacité en termes nutritionnels et des effets sociaux dommageables». De manière analogue, selon une vaste expertise scientifique sur les comportements alimentaires menée par l’INRA en 201023 « la capacité des politiques fiscales à modifier les comportements individuels n’est pas démontrée ». Ce rap-port rappelle plus spécifiquement que les boissons sucrées ont fait l’objet de politiques de taxations aux Etats-Unis depuis des années sans aucun effet significatif sur le poids des adolescents.

Aujourd’hui, les études d’impact des taxes nutrition-nelles portant sur les produits gras, sucrés ou salés sont essentiellement des simulations et affichent des résultats contradictoires suivant les hypothèses retenues (montant de la taxe, produits taxés, éventuelles substitutions de produits). Il est par ailleurs difficile de bien évaluer les effets de changements de comportements sur les bénéfices santé et les coûts médicaux associés à l’échelle d’une popu-lation. Compte tenu du montant de la taxe soda et des incer-titudes relatives à sa répercussion par les opérateurs et les distributeurs dans le prix final, il semble que la taxe aura un impact faible sur les comportements donc pas d’effet notable à terme sur la santé et le poids en particulier. Il est clair en revanche que le rendement fiscal sera au rendez-vous (contributions 2012 évaluées à plus de 325 millions d’euros).

points essentiels✔ Au niveau international, on observe une

grande diversité de recommandations sur les apports en sucres.

✔ En France, 3 adultes sur 4 et 1 enfant sur 2 satisfont à l'objectif nutritionnel sur les sucres. Chez les enfants, ce chiffre pourrait être lié à une alimentation plus riche en produits laitiers et/ou en boissons sucrées qu'il convient de surveiller.

✔ Les déterminants de la consommation résultent de l'offre alimentaire, des politi-ques publiques et du choix du consomma-teur.

21 Ministère du budget, Contributions sur les boissons et préparations liquides pour boissons sucrées et édulcorées, Circulaire du 24 janvier 2012

22 La pertinence et la faisabilité d'une taxation nutritionnelle, HESPEL V, BERTHOD-WURMSER M, Inspection générale des finances, Inspection générale des affaires sociales, septembre 2008, 365 pages.

23 Institut National de Recherche Agronomique. Les comportements alimentaires. Quels en sont les déterminants ? Quelles actions ? Pour quels effets ? Synthèse de l’expertise scientifique collective réalisée par l’INRA à la demande du Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche. Juin 2010, Expertises Collectives.

pour ConClure : Si l’on se réfère aux données moyennes de consommation de sucres de la population française, on constate que celles-ci n’ont pas augmenté comme le discours ambiant le laisse souvent entendre et restent à des niveaux inférieurs à ceux d'autres pays européens ou américains. Cependant, il faut bien sûr s'intéres-ser à la répartition de ces consommations et évaluer les consommations des extrêmes.

Avec les évolutions du mode de vie, on a plutôt assisté à une modification des modalités de consommation (plus de produits élaborés industriellement et moins de préparation au domicile). Cette tendance serait moins marquée avec le retour du « fait maison ». Étonnamment, on ne constate pas d'effets de génération sur les quantités de produits sucrés consommés

En 2010, à la demande de la Commission Européenne, le groupe de travail de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a rendu un avis concernant les Valeurs Nutritionnelles de Référence (VNR) de différents nutriments dont les glucides au sens large et les sucres en particulier. L’objectif poursuivi par le groupe était d’éclairer sur le plan scientifique les Etats-Membres et les aider à étayer leur politique nutritionnelle.

Dans le cas des sucres, l’EFSA confirme le risque de caries associé à une forte consommation de sucres via les produits sucrés, d’autant plus si l’hygiène bucco-dentaire et la prévention fluorée sont défaillantes. L’EFSA valide aussi l’absence de lien entre aliments solides contenant des sucres et prise de poids24.

Elle conclut à l’absence de preuves scientifiques et ainsi à l’impossibilité de fixer rationnellement une limite supérieure de consommation, qu’il s’agisse des sucres totaux ou des sucres ajoutés. L’EFSA préconise par ailleurs aux Etats-membres d’adapter leur recommandations nutritionnelles en fonction des profils d’alimentation de leurs populations.

24 «concernant les sucres (...) les effets possibles sur la santé sont principalement liés aux profils de consommation alimentaire – c'est-à-dire aux types d’aliments consommés et à la fréquence à laquelle ils sont consommés – plutôt qu’à l'apport total en sucres en tant que tel. » http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/nda100326.htm

leS meSureS politiqueS et FiSCaleS5

Page 13: Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont sucres 15,5 g Lipides 0,2 g dont saturés 0,0 g Fibres 1,7 g Sodium 0,01 g Dès

annExEs

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation24 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 25

PAYS SUCRES VISES RECOMMANDATIONS QUANTITATIVES

Danemark sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres raffinés25 dans l’apport énergétique total pour les enfants et les personnes ayant un régime hypocalorique

France sucres ajoutés, sucres simples 10 % de sucres ajoutés dans l’apport énergétique total pour les personnes obèses et les diabétiquesPNNS : réduction des sucres simples de 25 %

Finlande sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres ajoutés dans l’apport énergétique total

Islande sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres ajoutés dans l’apport énergétique total

Italie sucres Maximum 15 % de sucre(s) dans l’apport énergétique total

Norvège sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres ajoutés dans l’apport énergétique total

Portugal sucre <20-30 g/j

République Tchèque sucre 1 à 3 cuillères à café par jour (<15 g /j)

Royaume Uni sucres ajoutés Maximum 10 % de sucres extrinsèques (hors produits laitiers) si l’alcool est inclus (11 % s’il n’est pas inclus)

Singapour sucres ajoutés Réduire les sucres raffinés25 et transformés à < 10 % de l’apport énergétique total

Suède sucres ajoutésMaximum 10 % de sucres raffinés dans l’apport énergétique total pour les enfants et les personnes ayant un régime à apport calorique réduit

Turquie sucre 9 à 10 % de sucre dans l’apport énergétique total ou 40 g/j pour les hommes et 30 g/j pour les femmes

apportS JournalierS en SuCreS Selon leS paYS reCommandationS quantitativeSannExE 1 annExE 2

Pays, année Catégorie de sucre(s) suivie Sexe, Âge (effectif) Apport

moyen (g/j)

Contribution aux apports énergétiques (% AESA)

Méthode d’évaluation et référence

Pays-Bas, 1998 Sucres totaux • Ensemble 1 à 97 ans (5958) • 125 g/j • 23.3% Carnet 2 jours, Voedingcentrum, 1998

Etats-Unis, 2007/08 Sucres ajoutés

• Ensemble 2 ans et + (8435) • 6-11 ans (1107) • 12-17 ans (869) •18-34 ans (1518) • 35-54 ans (1832) • >55 ans (2286)

• 7 g/j • 84 g/j • 90 g/j • 92 g/j • 81 g/j • 55 g/j

• 14,6% • 17% • 17,3% • 16,3% • 14,3% • 11,8%

Rappel de 24 h, Welsh et al,2011

Australie 2007 (enfants), 1995 (adultes)

Sucres totaux• 2-3 ans (550) • Hommes, 25-64 ans (1114) • Femmes, 25-64 ans (1253)

• 99 g/j • 129 g/j • 94 g/j

• 25,9% • 18,4% • 19,8%

Rappel de 24h, Cook et al, 2001 CSIRO, 2012

Autriche, 2012 Saccharose • Hommes, 18-64 ans (168) • Femmes, 18-64 ans (251

• 9% • 10%

Rappel de 24h, Elmadfa et al, 2012

Danemark, 2003/06 Sucres ajoutés

• 4-14 ans (669) • Hommes 15-75 ans (1184) • Femmes 15-75 ans (1394)

• 58 g/j • 54 g/j • 42 g/j

• 12% • 9% • 9%

Carnet de 7 jours, Fagt et al, 2008

Finlande, 2007 Saccharose • Hommes 25-64 ans (730) • Femmes 25-64 ans (846)

• 54 g/j • 43 g/j

• 9,7 % • 10 ,5%

Rappel de 48 h, Pietinen et al, 2010

Allemagne, 2005/07 Sucres totaux • Hommes 14-80 ans (7093)

• Femmes 14-80 ans (8278)• 124 g/j • 113 g/j

• 18,5% • 22,6%

Rappel de 24 h, Max Rubner Inst, 2011

Royaume-Uni, 2008/09 Sucres totaux

• Garçons 4-18 ans (448) • Filles 4-18 ans (428) • Hommes 19-64 ans (96) • Femmes 19-64 ans (128)

• 107 g/j • 95 g/j • 108 g/j • 86 g/j

• 22,5% • 22,6% • 19,9% • 20,7%

UK National Dietary Survey, 2012

France, 2010 Sucres totaux

• 3-6 ans (320) • 7-10 ans (336) • 11-14 ans (331) • Hommes > 15 ans (739) • Femmes > 15 ans (805)

• 102 g/j • 106 g/j • 106 g/j • 101 g/j • 94 g/j

• 27,5% • 24,6% • 22,2% • 17,5% • 19,9%

Carnet de 7 jours, Credoc CCAF 2010

25 Traduction littérale, au sens de sucre blanc rajouté

recommandations quantitatives par pays concernant la consommation des sucres. d’après hess et al, 2012"

apports journaliers en sucres selon le sexe et l’âge d’après les enquêtes alimentaires nationales de différents pays exprimés pour les sucres totaux ou les sucres ajoutés ou le saccharose seul, en g/j et en pourcentage des apports énergétiques. d’après WSro, Wittekind a., comm pers.

Page 14: Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont sucres 15,5 g Lipides 0,2 g dont saturés 0,0 g Fibres 1,7 g Sodium 0,01 g Dès

Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation26 Collection SuCre et Santé i Sucre(s) et consommation 27

reCommandationS qualitativeSannExE 3

PAYS SUCRES VISES RECOMMANDATIONS QUALITATIVES

Afrique du Sud produits sucrés Les aliments et boissons contenant du sucre doivent être consommés en petite quantité et pendant les repas

Allemagne produits sucrés Aliments et boissons contenant du sucre doivent être consommés occasionnellement

Argentine sucre Limiter la consommation de sucre

Australie sucre et produits sucrés Consommation modérée de sucre et d’aliments contenant des sucres ajoutés

Belgique sucres ajoutés Les sucres ajoutés doivent être limités

Bolivie sucre et produits sucrés Eviter une consommation excessive de sucres, produits sucrés et boissons

Brésil sucre et produits sucrés Eviter le sucre, les boissons sucrées, et les confiseries dans la première année de la vie

Bulgarie sucre et produits sucrés Limiter la consommation de sucre, douceurs et confiseries, éviter les boissons sucrées

Chili sucre Réduire la consommation régulière de sucre

Cuba sucre Réduire la consommation de sucre

Espagne sucres totaux Consommer avec modération

Etats-Unis sucres ajoutés et produits sucrés

Réduire les calories provenant des sucres ajoutés, limiter la consommation d’aliments contenant des sucres ajoutés, réduire la consommation de boissons sucrées

Grèce produits sucrés Limiter les desserts sucrés à un par jour

Hongrie produits sucrés Eviter la consommation fréquente d’aliments ou boissons riches en sucres ajoutés

Inde sucre Le sucre doit être utilisé en petite quantité

Irlande produits sucrés Limiter la consommation d’aliments et de boissons contenant du sucre

Malaisie sucre et produits sucrés Réduire la consommation de sucre et privilégier les aliments à teneur réduite en sucre

Mexique sucre et produits sucrés Consommer les sucres (boissons sucrées, miel, confiture, douceurs et sucre de table) avec modération

Nouvelle Zélande produits sucrés Privilégier les plats préparés et les en-cas à faible teneur en sucre

Nigeria sucre Limiter la consommation de sucre

Pologne sucre et produits sucrés Modérer la consommation de sucre et de douceurs

Suisse sucres Consommation modérée

Thaïlande produits sucrés Eviter les aliments sucrés

Venezuela sucre Modérer la consommation de sucre

annExEsConSommationS en GluCideS SimpleS Selon l’âGeannExE 4

Masculin Féminin

Glucides simples Effectif Moyenne

(g/j) Effectif Moyenne (g/j)

3-6 ans 179 104 ±3 171 100 ±2

7-10 ans 179 108 ±2 157 104 ±3

11-14 ans 163 113 ±4 168 99 ±3

15-24 ans 115 119 ±4 118 114 ±3

25-34 ans 104 110 ±4 129 105 ± 4

35-44 ans 127 104 ± 4 136 88 ± 3

45-54 ans 137 87 ± 3 150 87 ± 3

55-59 ans 44 106 ± 4 40 88 ± 6

60-69 ans 112 92 ± 4 111 88 ± 3

70 ans et plus 100 93 ± 5 121 87 ± 3

recommandations qualititatives par pays concernant la consommation des sucres. d’après hess et al, 2012

evolution des consommations en glucides simples en g/jour selon l'âge. d'après enquête Crédoc CCaF 2010

Page 15: Sucre(s) et consommation · 100 g : Energie 302 kJ (71 kcal) Protéines 0,3 g Glucides 17,0 g dont sucres 15,5 g Lipides 0,2 g dont saturés 0,0 g Fibres 1,7 g Sodium 0,01 g Dès

Collection Sucre et Santé :

• Sucres et caries• Sucres et régulation pondérale• Sucres et mémoire• Sucres et activité physique• Sucres et diabète• Sucres et saveur sucrée• Sucres et addiction• Sucres et prise alimentaire• Sucres et hypoglycémie post-prandiale• La glycémie post-prandiale

Ces livrets sont téléchargeables sur www.sucre-info.com

Centre d’études et de documentation du sucre (CEDUS)23, avenue d’Iéna, 75116 ParisTél. : 01 44 05 39 99 – Fax : 01 47 27 66 74Mail : [email protected] G

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12/

2013

a l’issue d’une première partie rappelant les définitions d’usage et les sources alimentaires des principaux sucres, ce livret propose de faire le point sur les niveaux de consommation en sucres en France, de présenter quels en sont les principaux aliments vecteurs et les modalités de consommation. enfin, une présentation des recommandations nutritionnelles rela-tives aux sucres révèle la diversité des approches retenues à diffé-rents niveaux : mondial, européen et français.