Suara 49: Appelés à la rencontre

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SOMMAIRE Pacte de la rencontre Le 16 novembre 1965, sous l’impul- sion de Mgr Helder Camara (Recife, Brésil) et de Charles-Marie Himmer (Tournai, Belgique), 40 évêques, en majorité latino-américains, ont signé, dans les catacombes de Sainte Domitille à Rome, ce qu’on appelle le “Pacte des catacombes”. Ils se sont engagés notamment à mener une vie conforme aux exigences de l’Evangile. Ils ont promis de mettre tout en oeuvre pour que les respon- sables de leurs gouvernements et de leurs services publics décident et appliquent “les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au dévelop- pement harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes”. Cette orientation de la vie est tout un appel à la conscience humaine et chrétienne. Puissent les Eglises de par le monde s’en inspirer sans cesse et témoigner, à leur tour, de la soli- darité avec les victimes de l’injustice! Ainsi, elles signeraient le pacte de leur rencontre avec la société. Et cela à l’instar de Mgr Romero tombé sous les balles d’un pouvoir dictatorial au moment où il confessait sa foi et symbolisait dans une eucharistie le bonheur des pauvres. Sylvain Kalamba Nsapo Appelés à la rencontre Réunion au Guatemala «Les évêques du Guatemala ont publié des lettres pastorales qui constituent une plainte contre les évacuations avec violence, perpétrées par la police et l’armée, à l’encontre des familles d’agriculteurs qui tentent de récupérer les champs confisqués par les grands propriétaires terriens. Dans leurs lettres, ils plaident en faveur du droit des gens à une vie de dignité, y inclus ceux qui migrent vers le nord. Ils se plaignent également, dans leurs lettres, de l’impunité persistante à l’égard des criminels.» Guido Deschryver & Ward Ceyssens (Journal de campagne 2012, p. 4) parle avec le journaliste Pascal André «Dans certains pays, comme l’Espagne, par exemple, des prêtres ont renoncé à une partie de leur salaire par solidarité avec les plus pauvres. Très peu de gens le savent et c’est dommage, car ils sont de plus en plus nombreux à croire que l’Église catholique ne s’exprime que pour défendre le droit à la vie et la famille traditionnelle.» Suite à la page 8 © Wereldmediatheek, Johan Denis 4 9 La voix des peuples Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles Publication trimestrielle de Missio Suara

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Ce sera le numéro 49 portant sur le thème de la campagne de Missio «Appelés à la rencontre».

Transcript of Suara 49: Appelés à la rencontre

  • S O M M A I R E

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    Pacte de la rencontre

    Le 16 novembre 1965, sous limpul-sion de Mgr Helder Camara (Recife, Brsil) et de Charles-Marie Himmer (Tournai, Belgique), 40 vques, en majorit latino-amricains, ont sign, dans les catacombes de Sainte Domitille Rome, ce quon appelle le Pacte des catacombes. Ils se sont engags notamment mener une vie conforme aux exigences de lEvangile. Ils ont promis de mettre tout en oeuvre pour que les respon-sables de leurs gouvernements et de leurs services publics dcident et appliquent les lois, les structures et les institutions sociales ncessaires la justice, lgalit et au dvelop-pement harmonis et total de tout lhomme chez tous les hommes.

    Cette orientation de la vie est tout un appel la conscience humaine et chrtienne. Puissent les Eglises de par le monde sen inspirer sans cesse et tmoigner, leur tour, de la soli-darit avec les victimes de linjustice! Ainsi, elles signeraient le pacte de leur rencontre avec la socit. Et cela linstar de Mgr Romero tomb sous les balles dun pouvoir dictatorial au moment o il confessait sa foi et symbolisait dans une eucharistie le bonheur des pauvres.

    Sylvain Kalamba Nsapo

    Appels la rencontre

    Runion au GuatemalaLes vques du Guatemala ont publi des lettres pastorales qui constituent une plainte contre les vacuations avec violence, perptres par la police et larme, lencontre des familles dagriculteurs qui tentent de rcuprer les champs confisqus par les grands propritaires terriens. Dans leurs lettres, ils plaident en faveur du droit des gens une vie de dignit, y inclus ceux qui migrent vers le nord. Ils se plaignent galement, dans leurs lettres, de limpunit persistante lgard des criminels.

    Guido Deschryver & Ward Ceyssens (Journal de campagne 2012, p. 4)

    parle avec le journaliste Pascal AndrDans certains pays, comme lEspagne, par exemple, des prtres ont renonc une partie de leur salaire par solidarit avec les plus pauvres. Trs peu de gens le savent et cest dommage, car ils sont de plus en plus nombreux croire que lglise catholique ne sexprime que pour dfendre le droit la vie et la famille traditionnelle.

    Suite la page 8

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    La voix des peuples Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles Publication trimestrielle de Missio

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  • Il nest pas surprenant que rencontre soit lun des mots-cls de la Bonne Nouvelle. Missio a choisi rencontre comme mot-cl, parce que cette organisation sengage diffuser le mme Evangile. Il est de notre devoir de veiller ce quil y ait des personnes et des ressources pour faire parvenir ce message librateur partout dans le monde. Mais quen est-il prcisment lorsque nous parlons de rencontre? Quy a-t-il de typique dans les rencontres faites par Jsus? Qui rencontre-t-il? Que se passe-t-il lors de ses rencontres? Et quels en sont les rsultats?

    La vie du Christ est une srie de rencontres La vie du Christ est une succession de rencontres. Malgr le fait quil soit n dans un endroit isol, parce quil ny avait pas de place pour Lui-mme lauberge, il y a quand mme des gens qui Le trouvent. Ce sont des bergers qui Lui tmoignent leur amour. Eux, qui sont considrs comme les derniers des hommes, rencontrent Jsus, dans une crche, entour de ses parents. Ils viennent Lui rendre hommage et ouvrent leurs curs une vie quils recon-naissent recevoir en cadeau.

    Ce sont ensuite des hommes qui, depuis lOrient, ont suivi une lumire tonnante pour arriver finalement auprs dun nouveau-n. Ils lui firent don de cadeaux coteux. La ren-contre avec le Christ est pour eux une source de chance et elle est un tournant significatif dans leur vie. Toute personne qui dcouvre une nouvelle vie ne peut rien faire dautre que dexprimer sa profonde reconnaissance. Quelques annes plus tard, lors de la prsentation au temple, Jsus rencontre deux personnes ges. Ici, Jsus vient au-devant de lhistoire du peuple de Dieu qui attendait la venue dun Messie, dun librateur. Cest la rencontre avec les vnements de lAncien Testament. Avec cette dernire, lhistoire prend une nouvelle dimension. Dieu lui-mme sest fait homme pour crire lhistoire, ensemble avec les hommes, une histoire qui sait traverser lespace et le temps.

    Au cours de la rencontre avec Jean-Baptiste, aprs sa rsis-tance aux tentations du dmon, Jsus rend publique sa mission. Les gens ne doivent pas venir Lui, mais Lui ira vers les hommes, pour les rencontrer et leur offrir une nouvelle vie. Il les plongera dans lEsprit de son Pre trs aimant. Plus tard, Jsus croise le chemin des pharisiens et

    des scribes, les chefs religieux et juridiques. Ils exploitent la religion en vue den retirer du respect. Jsus perce jour leur dsir dhonneur, de pouvoir et de possession. La rencontre avec Jsus est une dsillusion pour eux et ne leur est en rien agrable. Il y a galement des rencontres avec les dirigeants politiques et les conqurants romains. Certains, comme Pilate, voient dans le Christ une menace pour leur position et leur pouvoir. Par contre, dautres officiers romains laissent souvrir leur cur la vie et lamour de Jsus.

    Jsus rencontre aussi plusieurs malades: des aveugles, des sourds, des boiteux, des personnes ayant une forte fivre, des lpreux et des malades mentaux. Ils sont considrs comme des pcheurs qui doivent expier leur vie de pch. Ils sont impurs. Personne ne peut avoir de contact avec eux. Cependant, le Christ permet quils Le rencontrent. Il les coute, les gurit et leur confie une mission. Les femmes aussi ont la chance de rencontrer Jsus. Cest quelque chose dencore rare dans la culture juive. Plusieurs femmes appa-raissent sur la scne. Dabord sa propre mre, Marie. Puis, les surs de son ami Lazare. Ensuite, une femme adultre qui continue Le suivre et est tmoin de sa rsurrection. Il y a des pauvres veuves et des mres qui pleurent leur enfant dcd. Toutes sont lobjet de lattention de Jsus et sont consoles par Lui. Elles sont ses disciples les plus fidles qui Lassistent mme dans son agonie sur la croix.

    Il y a encore les rencontres avec les publicains qui ne sont pas particulirement populaires au sein de la communaut juive. Ils sont considrs comme des collaborateurs des dtests occupants romains. Mais la rencontre avec le Christ les a changs. Ils se repentent et veulent rparer

    leurs fautes. Un des leurs devient mme un disciple proche du Fils de Dieu. Viennent enfin les aptres. Aprs quils aient rencontr Jsus, ils restent ses cts. Par les ren-contres quotidiennes quils ont avec Jsus, ils sont forms afin que plus tard ils puissent continuer son uvre. Que se passe-t-il lors des rencontres avec le Christ?Ces rencontres sont un vnement dynamique. Les deux parties vont lune vers lautre. Trs souvent, Jsus sait quelle question lui sera soumise, avant mme que nen soit prononc le premier mot. Habituellement, une per-sonne pose une question Jsus ou exprime un souhait. Parfois, cest Jsus lui-mme qui sadresse quelquun dautre. Ainsi donc on parle, on coute, on questionne et on rpond. On en vient ainsi au dialogue.

    Trs souvent, dans ce dialogue, un souhait ou un dsir se trouve exprim. Le Christ peut toujours interprter correc-tement la question de lautre. Est-ce un vritable souhait? Ou y a-t-il autre chose derrire les mots? Il renvoie la ques-tion pour stimuler la rflexion de lautre. Celui qui interroge le Christ est invit par Lui rflchir sur sa question et sur lui-mme. Le dialogue est donc lev un autre niveau. Le Christ nest pas un magicien qui permet simplement dacqurir ce qui est souhait: il confronte les gens eux-mmes. Cette confrontation nest pas toujours rjouissante, les gens se rendent compte de leurs limites. Au moment o, parfois, ils menacent de dcrocher, un tiers intervient dans la conversation: son Pre. Le dialogue a alors lieu entre trois parties. Une nouvelle dimension apparait de cette manire: la prsence divine. Quelle que soit lexprience humaine aussi frustrante quelle soit, elle sinscrit dans un nouveau cadre: la bont et le charisme de Dieu, un Dieu clment et misricordieux. La personne qui pose la question doit tre vritablement elle-mme et a alors la possibilit dapporter des modifications dans le cours de sa vie.

    La rencontre des hommes avec le Christ change les deux partenaires. Le Christ rpond aux questions et aux souhaits de lautre et essaie de les transmettre son Pre. Lautre, qui, par lintermdiaire du Christ, peut faire lexprience de lamour de Dieu, prouve un nouveau bonheur et une nergie renouvele. Il (ou elle) se sent un enfant de Dieu, dont on peut recevoir lamour. Le Christ est solidaire de la personne quIl rencontre et celle-ci est solidaire du Christ, de son message et surtout de son Pre. Toute personne qui coute le Christ et son Pre en reoit finalement une mission. Celle de rencontrer dautres personnes et den tre solidaire dans le cadre divin. Une communaut des tmoinsLes rencontres avec Jsus ont toujours lieu dans une com-munaut de tmoins. Ceux-ci doivent couter, penser et ragir ensemble. Alors, en fin de compte, ils peuvent expri-mer ce quils ont retir de cette rencontre et de son dialogue. Non seulement au point de vue de la connaissance, mais aussi au point de vue du sens de la vie. Tout comme aussi en ce qui concerne les valeurs qui peuvent donner de la couleur leur vie. Parmi ces tmoins, il y a toujours deux groupes. Dune part, ceux qui ont ouvert leur cur au message librateur du Christ. Leur rencontre avec le Christ conduit un profond bonheur. Les autres ne veulent pas Le comprendre ou ils se sentent menacs par Lui.

    Comme nous le trouvons dans lcriture, nous pouvons aller la rencontre de Jsus de faon distante, en regardant cela comme un simple vnement historique. Ou bien nous pouvons considrer ces rencontres comme une srie de rcits qui, maintenant encore, peuvent nous marquer. Nous pouvons mme prendre la place des spectateurs et regarder les rencontres de Jsus avec diffrentes personnes. Comment ds lors comprenons-nous ces rencontres? Sommes-nous libres de regarder? Que retirons-nous de ces rcits pour le futur de notre vie? Sommes-nous solidaires avec les hommes, avec le Christ, avec son Pre? Nous sentons-nous aussi appels apporter notre petite contribution? Ceux qui franchissent le pas vers une solidarit effective en union avec les communauts chrtiennes travers le monde, mritent grandement notre gratitude.

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    Dialoog

    Ontmoeting

    Solidariteit

    Dialogue

    Rencontre

    Solidarit

    Toute personne qui coute le Christ et son Pre en reoit finalement une mission. Celle de rencontrer dautres personnes et den tre solidaire dans le cadre divin.

    Des rencontres qui transforment une vieRencontre est un mot-cl dans la vie de Jsus-Christ. Les vangiles nous rapportent une srie de rcits sur la faon dont Jsus agit et parle au cours des nombreuses rencontres quIl a avec diffrentes personnes et avec son Pre.

    Michel Coppin

    Suara 2La voix des peuples

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  • Linterprtation de Rerum Novarum est bien mise en valeur par les volutions du 19me sicle. Lre industrielle a atteint son point culminant. Cela suscite des

    progrs, mais relgue galement la classe ouvrire dans une situation indigne. Le pape Lon XIII en appelle un bon salaire, au droit la proprit et la solidarit avec

    les plus faibles. Donc, il va lencontre, entre autres, dun capitalisme dbrid et du socialisme marxiste, qui taient alors en vogue. Au lieu de cela, lEglise souhaite un partenariat entre le gouvernement et les syndicats nouvellement crs. Penser et agirBien videmment, lEglise, ds avant le 19e sicle, sest proccupe des personnes en dif-ficult. Jsus donna ses disciples la mission de prendre soin des moins fortuns: Tout ce que vous aurez fait lun des plus petits de mes frres, cest Moi que vous laurez fait. (Mt 25, 31 46) Les premiers chrtiens ont dj pouss cette mission beaucoup plus avant. Au Moyen Age, il existe de nombreux exemples de chrtiens et de communauts ecclsiales qui se sont engags en faveur de personnes en dtresse. La nouveaut de Rerum Novarum, cest que les autorits de lEglise vont rflchir davantage sur ce quentrane avec elle loppression qui repose sur ces gens et sur le rle que lEglise peut avoir pour les librer de leur joug.

    Le Concile Vatican II (1962-1965) confirme et renforce cette implication de lEglise. Les Pres Conciliaires plaident pour une Eglise plus ouverte aux problmes du monde. Ils rflchissent sur la place, le rle et la mission de lEglise dans la socit. Cest une rflexion qui nest jamais compltement acheve.

    Le Pape Benot XVI galement, comme beaucoup de ses prdcesseurs, se situe dans la mme ligne dides au sujet de la doctrine sociale de lEglise. Dans Caritas in Veritate (2009) le Pape analyse les systmes conomiques et la situation dans laquelle se trouve le monde. Des thmes tels que la solidarit et lcologie sont aussi discuts. Le Pape ne craint nullement de faire connatre la position de lEglise afin quelle dfinisse avec prcision le meilleur chemin suivre.

    Les documents de lEglise ne sont pas uni-quement axs sur une analyse, ils veulent aussi penser la rsolution. Cest une rflexion sur ce comportement qui ressort des documents de lglise!

    Lucien Legrand: Beaucoup de choses ont dj chang en bien grce aux Eglises. Quand jtais encore actif dans le village o jai longtemps travaill, il y a eu une priode de grande scheresse. Cest alors que lglise a invent la notion food for work (change travail contre nourriture). Tout le monde a commenc creuser des puits, chacun sur son propre terrain.

    En change de leur travail, ils ont reu de quoi manger de la part de lEglise. Si quelquun venait dcouvrir une source, de grandes tendues de terre taient rendues nouveau fertiles. Autre exemple: en 1980, la population du mme village tait totalement analphabte. Il y avait seulement une cole primaire, mais qui enregistrait peu de rsul-tats. En coopration avec le gouvernement, les missionnaires ont dmarr l un lyce.

    Cela a compltement chang le village. Les gens peuvent trouver un emploi ou travailler leurs champs de faon plus efficace.

    Entretemps, nous avons atteint une tape de plus. Plutt que de simplement donner de laide, nous voulons maintenant conscien-tiser les gens. Avec une aide de lextrieur, il y a toujours le risque quune certaine vision simpose. Les gens doivent prendre eux-mmes linitiative damliorer leur situa-tion. Il sagit dune forme de coopration au dveloppement, mais le dsir de changement vient des gens eux-mmes.

    Missio: La religion et la culture ont, selon vous, une grande influence lune sur lautre. Pouvez-vous nous donner un exemple?Legrand: Pour une personne de lInde, la religion vient de lintrieur. En Occident, on associe la religion avec lintervention dun dieu dau-del. Les Indiens ne comprennent pas ce quest la thologie prcisment. Ils appellent cela la philosophie. Dieu est pour eux une ralit intrieure et la religion est une exprience interne. Il y a aussi une dif-

    frence dans lexpression religieuse. En Inde, la relation avec Dieu est naturelle et spon-tane. En Europe, nous cachons ce genre de chose. Si en Inde des gens passent en bus devant une glise, ils feront spontan-ment avec leurs mains un geste dadoration. Personne ne les regarde pour a. Mais ima-ginez quun bus en Europe passe devant une glise et que certains des passagers joignent les mains: les autres personnes regarderaient a de faon bizarre. (Rires)

    Missio: La Bible est-elle encore aujourdhui un instrument pertinent?Legrand: Tout dabord et surtout, la per-tinence de la Bible en Inde est norme.

    LInde est une terre dcritures. Les Hindous ont les Vdas, les musulmans ont le Coran. La Bible sinscrit dans la srie. Certainement, le Nouveau Testament est trs populaire. Je connais un mdecin hin-dou qui a consacr tout son temps libre aux vangiles. Il a mme crit un livre sur la figure de Jsus. Il en est tout autrement avec lAncien Testament qui est beaucoup plus difficile comprendre pour les non-chrtiens. Mais peut-tre aussi pour les chrtiens? La pertinence de la Bible va bien au-del des seuls chrtiens.

    Missio: Merci beaucoup pour cet entretien.

    Implication de lEglise dans la socit

    LUCIEN LEGRAND |Le Nouveau Testament est populaire

    Lunion de lglise et de la socit et la place de lEglise dans le monde constituent un point crucial en discussion dans les milieux ecclsiastiques. Cette question a reu une place formelle dans les documents ecclsiastiques depuis 1891. Cest cette poque que le pape Lon XIII publia lencyclique Rerum Novarum. Cette dernire a officialis la doctrine sociale de lEglise Cette doctrine vise rpondre aux problmes concrets auxquels la socit est confronte. De cette manire est dmontre limplication de lEglise dans la socit .

    Catherine De Ryck

    Lucien Legrand est n en Belgique. Trs jeune, il sinstalle en France avant de quitter lEurope en 1952 pour la mission en Inde. Depuis lors, il vit et travaille dans ce pays. Il sest plong dans ltude de la Bible. Il se proccupe de la relation entre lhindouisme, le christianisme et la puissance de la foi.

    Catherine De Ryck & Herlinde Hiele

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    Rflchir au rle de lEglise dans la socit est un exercice de pense qui nest jamais compltement achev

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    Les gens doivent prendre eux-mmes linitiative damliorer leur situation.

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  • Certains de nos compatriotes sont chaque jour en activit au Guatemala. Ils se rallient la lutte entreprise pour que ces sympathiques habitants obtiennent une existence plus quitable.

    La colline dHerentLe Guatemala nest pas un pays officiellement partenaire de la Coopration belge au Dveloppement. Mais au niveau des communes, la coopration au dveloppement y atteint de hauts sommets. Cette initiative est ne dans les annes quatre-vingt, lorsque des bnvoles engags et des ONG ont frapp la porte de leurs communes pour obtenir du soutien des projets et des actions de solidarit. La commune dHerent, en particulier, a ralis un jumelage avec des municipalits de Coban et de Cahabn, deux zones du Guatemala. peine 13.000 personnes y vivent, do on peut facilement y travailler loca-lement. Les liens entre ces zones et Herent sont forts. En dcembre de lanne dernire, est dcd le guatmaltque Manuel Paau, un prtre maya qui tait mme dinspirer dautres personnes. Il avait sjourn plusieurs fois Herent. Sa mort a donn lieu une runion spirituelle avec chant, feu et cacao, au sommet dune colline dHerent. GuatebelgaUn autre exemple de lengagement de la Belgique envers le Guatemala, est Guatebelga, une asbl fonde par les familles et les amis de Serge Berten et de Walter Voordeckers. Ces deux jeunes Pres scheutistes taient dans les annes septante des missionaires actifs au Guatemala. Ils se sont engags dans la lutte des paysans contre les grands propritaires ter-riens. En 1980, Walter Voordeckers fut tu et, deux ans plus tard, Serge Berten fut enlev et probablement assassin. Vingt ans plus tard, lasbl Guatebelga fut fonde. Lassociation tente de faire avancer le travail de deux jeunes prtres. Elle se bat pour la dmocratie et les droits de lhomme au Guatemala et conduit des actions contre limpunit. Elle porte plainte contre des criminels et tente de les faire citer devant un tribunal.

    MaesEn outre, il y a videmment encore diffrentes congrgations religieuses qui apportent leur contribution. Les Surs de Huldenberg, les Surs de Jacht, des Pres scheutistes, et des prtres Fidei Donum scheutistes agissent dans diffrentes parties du pays (voir la carte). Un de ces prtres Fidei Donum a t Cesar Maes, un prtre originaire de Overmere qui oeuvra au Guatemala de 1970 2003. Son travail tait si inspir que plusieurs sympa-thisants ont, aprs sa mort, poursuivi son travail. Ils ont cr la Fondation Padre Csar Maes. Cette organisation est active Renaix et organise rgulirement des concerts et dautres actions de solidarit en faveur du peuple maya au Guatemala.

    SuaraLa voix des peuples

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    La force des liens entre la Belgique et le GuatemalaPour de nombreux Belges, le Guatemala est un territoire inconnu. Cest peine si nous savons le situer sur la carte du monde, sans parler de ce quoi les gens sy consacrent. Quen penser? Quelques Belges ont cependant un contact trs troit avec ce petit pays. Le Guatemala est pour eux un pays dinspiration, voire mme une seconde demeure, ses habitants sont de lointains voisins mais de bons amis.

    Herlinde Hiele

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    Directeur de Missio Guatemala

    Missio est une des organisations actives au Guatemala. Le directeur national raconte:

    Je trouve que lEglise au Guatemala ra-lise du trs bon travail. La confrence piscopale a labor un plan jusquen 2016. Cela porte sur ce que lEglise peut faire pour dfendre les droits de lhomme. Missio, en tant quorganisation internationale, a dj beaucoup compt pour lEglise au Guatemala, entre autres pour lenseignement catholique. Je suis, depuis mars 2010, le directeur de Missio Guatemala. Avec quatre autres religieux, je travaille au Secrtariat Guatemala City. A nous quatre, nous ne pourrions pas mener bien tout le travail, mais heureusement, nous pouvons compter quotidiennement sur de nombreux bnvoles. Une fois par an, tous les directeurs Missio dAmrique centrale et du Sud se runissent. Nous parlons de ce qui nous proccupe. Lambiance est toujours trs agrable.

    Lenseignement est un droit fondamental Bien que lenseignement primaire soit obligatoire au Guatemala, de nombreux enfants ne sont pas scolariss. Afin damliorer cette situation, le gouvernement guatmaltque accorde beaucoup dattention un enseignement primaire gratuit. Mais les parents doivent se procurer eux-mmes les uniformes, les livres et le mat-riel scolaire et gratuit parat donc bien ntre quune illusion.

    En outre, de nombreux enfants ne frquentent pas lcole par manque dargent. Ils travaillent souvent au lieu daller en classe. Par consquent, de nombreux Guatmaltques stagnent dans le

    cercle vicieux de la pauvret. Sans formation, il est en effet difficile de trouver un emploi. Par ailleurs, les personnes non qualifies sont souvent insuffisamment au courant de leurs droits et devoirs.

    Missio met cette anne lhonneur une cole de Guatemala City. Linstitut Emiliani Somascos Guatemala City a t fond afin quun enseignement catholique soit galement organis dans la capitale. Missio a aid cette cole dmarrer ses activits et conti-nue laider pour assurer un bon fonctionnement. (cdr)

    Voudriez-vous aider Missio soutenir cette cole?

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    Juan Grogorio Mendoza Arevelo

  • Missio: Que font les missionnaires dans le Jocatn?Jean-Marie Boxus: Depuis une cinquantaine dannes, les missionnaires travaillent lalphabtisation de la popu-lation. Nous avons construit des coles, mis sur pied diverses campagnes pour apprendre aux gens lire et crire. Le rsultat est l: pendant ce temps des syndicats et des organisations populaires ont vu le jour, dont profite lautonomie de la population locale.

    Les autorits politiques au Guatemala font tout pour faire taire lEglise, parce que celle-ci est trs proche des gens dans les zones rurales. Aujourdhui, il y a une forte pression dans le pays afin dattirer les investisseurs trangers. Le

    Guatemala prend la route du capitalisme et les gens ordi-naires sen rendent compte. Rcemment les autorits ont voulu lancer un grand projet conomique mais la popula-tion locale ny tait pas associe. Elle a cit en justice celui qui a dvelopp le projet. Et je les ai soutenus dans cette action. Aux yeux des autorits, nous sommes des fauteurs de troubles qui incitent les gens la dsobissance civile.

    Missio: Que fait Missio au Guatemala?Boxus: Missio agit beaucoup en faveur des enfants de la rgion. Chaque anne nous organisons un rassemblement des enfants et des jeunes gens. Le slogan en est Tu Vida es Mission, ce qui signifie: Ta vie est une Mission. Nous pouvons vraiment apprendre des choses du Guatemala, qui est un pays de mission. Les jeunes sont trs impliqus et organisent toutes sortes dactivits dans leurs paroisses. Chaque dimanche soir, les glises sont remplies de monde.

    Prtres MayaLa population maya est trs proccupe par la spiritua-lit: il y en a, parmi elle, qui se veulent missionnaires sur base des traditions indignes. Il y a galement des prtres-Maya qui mlangent tradition et religion. Nous essayons de les amener la religion catholique. Mais, comme une croyance dtermine savre trop imposante, la population y fait rsistance. Missio: Quelle image de lEglise essayez-vous de donner?Boxus: Nous sommes actifs dans six diocses de lest du Guatemala, o nous avons rcemment fond beaucoup de communauts de la mission. Ce sont des communauts o les gens vivent et travaillent ensemble pour changer en mieux la socit. Il sagit dun projet qui durera quatre ans, jusqu la Pentecte 2014. Nous esprons que lEglise sera, dici l, dans un tat de mission continue. Nous attendons que tout un chacun sefforce dagir de faon approprie. Nous luttons aussi contre lexploitation des personnes et voulons tre proches de celles-ci, pour exercer une bonne influence. Ces collectivits missionnaires sont ainsi devenues des com-munauts au sein desquelles la foi est trs importante.

    Une procession religieuse dans Jocatn Photo: Jean-Marie Boxus

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    LEglise avec ses deux pieds sur terre | partie 1: Guatemala

    Missio: De quoi sagit-il dans ce livre?Pasteur Musuvaho: Louvrage est un hom-mage Mgr Jan Dumon. Il contient des rflexions sur la fraternit, la solidarit, linterculturalit, etc. Cest l une manire de se situer dans la perspective de ce quoi Jan Dumon consacr sa vie. Missio: Que trouvez-vous de spcial ce livre?Musuvaho: Dans un monde domin par lindividualisme et la loi du plus fort, cet ouvrage permet dattirer lattention sur le fait quune socit a besoin de symbole. Sinon, elle se condamne la perdition.

    Jan Dumon est peru comme un symbole signifiant de faon concrte limportance des valeurs de solidarit et du mieux-vivre ensemble. La mise en vidence de sa personnalit dans un collectif rappelle le sens dune vie consacre aux autres. Lui ddier une somme dtudes sur la frater-nit, rvle la volont commune de croire quun autre monde est possible, o lon peut saimer les uns les autres. Missio: Y a-t-il une ide de ce livre dont il restera une trace en vous?Musuvaho: Il apparat que les personnes ayant contribu la publication de ce livre

    sont dcides dire tout le monde que lavenir de lhumanit rside dans la gestion de lidal fraternel et dans la coexistence pacifique et harmonieuse. Philosophie, sociologie, thologie, exgse, histoire, mis-siologie, sciences politiques, sont mises contribution pour le sosuligner avec force. Missio: qui offririez-vous le livre ? Pourquoi?Musuvaho: A toutes les personnes et toutes les communauts en recherche dun monde plus humain, plus fraternel. Tant il est vrai quil y a de quoi nourrir sa pense et son action en lisant cet ouvrage capital.

    Lu pour vous | Pasteur Musuvaho

    Le Pre Jean-Marie Boxus vit dans les mon-tagnes du Jocatan,une rgion du Guatemala. Il y a 42 ans, il a quitt la Belgique, pour aller tra-vailler l-bas comme missionnaire. Rcemment, il tait de retour au pays pour clbrer son cinquantime anniversaire de prtrise.

    Brigitte Jorissen

    Un livre dhommage vient dtre publi loccasion des 70 ans de Mgr Jan Dumon, Secrtaire Gnral de luvre de St Pierre Aptre Rome et ancien directeur de Missio Belgique. Le titre de ces Mlanges est vritablement vocateur: Quas-tu fait de ton frre?. Un passionn de la lecture et tmoin des expriences de fraternit, en parle. Il sagit du pasteur et thologien Musuvaho qui a dj sign quelques titres significatifs sur la fraternit et la migration.

    Sylvain Kalamba Nsapo

    Les autorits politiques au Guatemala font tout pour faire taire lEglise.

    Jean-Marie Boxus.

  • Aprs avoir parl de limplication des prtres formateurs dans la pastorale de la ville dIsiro, il fait remarquer que les sminaristes sont eux-mmes engags dans la paroisse Notre-Dame de lAn-nonciation Tely (lieu dimplantation du sminaire), surtout dans les services liturgiques (cf. chorale, lectorat). Et de poursuivre: Nous ne mettons non plus de ct les actions caritatives loccasion des temps forts de lEglise (Avent et Carme).

    Bien plus, notre emplacement proximit des deux formations sani-taires: lHpital Gnral de Rfrence

    et la Clinique Universitaire, nous per-met dintervenir de temps en temps en faveur de quelques malades en dif-ficult. Les domaines dintervention les plus en vue sont notamment: les prires, les accompagnements spiri-tuels et moraux, les dons du sang aux anmiques, lassistance matrielle Un autre domaine non ngligeable des implications du Sminaire dans la vie sociale de la ville est bien videmment lencadrement de quelques tudiants, entre autres: en direction spirituelle; octroi dun cadre de travail intellec-tuel (salles, lumire) et de recherche; initiation en informatique; orienta-tion pour les travaux acadmiques, voire leurs saisies, etc.

    Lutte contre la contrefaon de mdicaments et lexpropriation des terres

    Dialoog

    Ontmoeting

    Solidariteit

    Dialogue

    Rencontre

    Solidarit

    Le rseau Africa Europe Faith and Justice Network (AEFJN), bas Bruxelles, a quatorze antennes: douze en Europe, une au Cameroun et une en Cte dIvoire. Inspir par la foi chr-tienne et linitiative dune cinquantaine de congrgations, cette organisation internationale se bat contre linjustice et milite pour la promotion dune socit quitable.

    Pour rencontrer les besoins de la population, lantenne came-rounaise simpliquera pour les annes venir, dans une lutte en vue dobtenir de bons mdicaments qui soient bon mar-ch, et aussi pour arriver une autonomie alimentaire au niveau central. En 2011 et 2012, lAEFJN a organis, au Cameroun, cinq sessions de formation, dune dure de trois jours, pour sensibiliser la population, dvelopper des strat-gies et renforcer le rseau travers le pays. Septante personnes appartenant diffrentes congrgations y ont particip.

    A travers son Fonds CIM, Missio a financ la session de formation Bamenda. Les participants y ont appris distinguer les bons mdicaments de ceux contrefaits. Ils ont regard un film sur la production de ces produits en Inde et ont discut de plusieurs actions possibles. Aprs la discussion dun cas dtude sur lexpropriation des terres au Cameroun, la projection du film Planet to Sell et une

    discussion sur les aspects juridiques de lexpropriation des terres, ils ont dvelopp des stratgies pour lapplication de leur droit lautonomie alimentaire. Avec toutes ces connaissances, les participants peuvent sensibiliser ceux qui les entourent et les pousser laction. Parce que de bons mdicaments et une nourriture satisfaisante sont un droit pour tout un chacun!

    Au Cameroun, lEglise apporte sa petite pierre ldification dune socit quitable. Le Rseau Africa Europe Faith and Justice Network sattache depuis 2010 lutter contre le commerce des mdicaments contrefaits et contre lexpropriation des terres au Cameroun. Missio paule cette initiative.

    Caroline Medats

    Souhaitez-vous soutenir le Fonds CIM de Missio?

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    UN BONJOUR DU SMINAIRE | Des sminaristes engags dans la socit

    Une quipe de AEFJN au Cameroun Visite de la coordinatrice

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    Dans la ville dIsiro (Province Orientale de la RD Congo), on remarque que les sminaristes simpliquent dans la vie sociale. Georges Talizo, recteur du grand sminaire Bienheureuse Anoalite, livre, ce sujet, un tmoignage:

    Les domaines dinterven-tion les plus en vue sont notamment: les prires, les accompagnements spi-rituels et moraux, les dons du sang aux anmiques, lassistance matrielle

    CalendrierAu dbut du mois doctobre 2012, il y aura, dans diffrents coins de la Belgique, le lance-ment de la campagne annuelle de Missio. Les activits de lancement se drouleront durant tout le mois doctobre. Exceptionnellement, le diocse de Tournai a prsent la campagne doctobre le 30 aot. Retenons quelques dates significatives en rapport avec la campagne doc-tobre et dautres campagnes de Missio:

    4FQUFNCSF#SVYFMMFTPrsentation de la campagne et du matriel pdagogique aux enseignants

    -JoHFLancement de la campagne (Rue des Bruyres 127, 4000 Lige)

    -JoHFJourne interculturelle Dison.

    ,JDLPGGLancement de la campagne dans tous les diocses de lEglise belge.

    #SBCBOU8BMMPOClbration eucharistique pour lancer la campagne au Vicariat de Wavre. Heure: 9h.

    #SBCBOU8BMMPOJourne interculturelle Transmission Gentinnes (paroisse et mmorial Kongolo)

    &VQFOLancement de la campagne. Du 12 au 19 octobre, la soeur Hubertine Babe de Papouasie-Nouvelle-Guine sera dans les paroisses et les coles pour parler de son travail. Elle sera associe dautres vnements et livrera son tmoignage.

    /BNVSLancement de la campagne lors de louverture de lAnne de la Foi. Heure: 14h45. Lieu: Beauraing.

    /BNVSJourne missionnaire des enfants Beauraing: La rencontre est une chance et un dfi. Heure: 9h30-16h. Grande veille missionnaire en compagnie de Jean-Claude Gianadda. Lieu: Cathdrale de Namur. Heure: 20h.

    %nCVUKBOWJFS$IBOUFVSThMnUPJMFLoccasion est donne aux enfants dexprimer leur solidarit lgard dautres enfants du monde.

    +PVSOnFEFM"GSJRVFLa Journe de lAfrique est lexpression de la solidarit de lEglise de Belgique avec les Eglises de la rgion des Grands Lacs.

    Dimanche de la .JTTJPO6OJWFSTFMMF21 octobre 2012.

    Depuis 2011, le CIM a t intgr dans Missio. Le Fonds-CIM soutient des micro-projets pastoraux de

    congrgations en Afrique, en Asie et en Amrique Latine.

    SuaraLa voix des peuples

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  • ColumnMichel Coppin

    Pendant un sjour agrable dans notre monastre au bord du lac de Constance, jai lu dans lOsservatore Romano une contribution de Mgr Mller. En tant que prfet, rcemment nomm, de la Congrgation pour la Doctrine de la Foi, il crit: Comment peut-on parler de lamour et de la misricorde de Dieu, alors que tant de personnes souffrent? Des gens qui nont ni nourriture, ni eau et qui ne savent pas comment ils peuvent offrir un avenir leurs enfants, l o la dignit humaine est foule aux pieds et o les droits de lhomme sont ignors par les dirigeants?

    Dans le mme crit, Mgr Mller brise une lance en faveur de la thologie de la libration qui a dbut, en particulier, en Amrique latine. Selon lui, chaque pen-se thologique doit conduire des formes concrtes de libration. Dieu veut amener tous ses enfants la libert. Sa Parole est fondamentalement libratrice pour ceux qui y sont rceptifs. Mais il nous appelle aussi tous nous engager pour cette libert.

    Le prlat ajoute avec prudence quune lecture exclusive-ment marxiste de la socit nest pas la mieux appro-prie. De mes expriences de terrain, je ne puis que rejoindre son propos. Mais cela ne nous dispense pas de la tche danalyser la socit. Cette analyse doit tre effectue dans le cadre des diverses sciences humaines. Avec seulement des mots pieux, vous ne dcouvrirez pas les consquences ngatives des structures injustes du pouvoir et de la proprit. Mais lanalyse purement sociologique, psychologique ou conomique, ne sera pas non plus suffisante.

    Les rsultats des analyses doivent tre mis lpreuve la lumire de lEvangile et de la doctrine sociale de lEglise. De cette interaction, se formeront des plans qui condui-ront les personnes vers une libration sociale et une libration intrieure. Le dsir le plus profond de Dieu est que nous puissions vivre ensemble en hommes libres. Ou au moins que nous cherchions des chemins qui fassent que ce rve devienne en partie ralit. Ecouter la Bonne Parole libre ceux qui ne sont pas libres. Telle est la route sur laquelle veut avancer Missio. Nous voulons, partir dun message librateur, accompagner les personnes dans la cration de communauts de vie o chacun se sente chez lui. Nous voulons faire cela par la prire et avec un soutien financier et scientifique. Nos projets visent ce que le rve de Dieu devienne ralit et aussi crer des lieux o les gens vivront en bonne communaut. Ainsi, nous construirons une socit o loppression et la peur nauront plus leur place.

    ErratumDans le Suara 48, Emilio Platti nous a accord une interview. Nous nous excusons sincre-ment de lerreur de traduction reprable dans la version franaise de notre journal. En effet, la question de savoir quelle est la situation des Chrtiens en Egypte aujourdhui?, il est not que des lieux de culte salafistes ont t attaqus. Des mausoles de soufis ont subi le mme sort. Ce nest pas la bonne traduction. Ce que Emilio Platti veut souligner, cest que des salafistes ont attaqu des glises et des mausoles de soufis. Nous vous remercions de votre comprhension!

    Rdaction de Suara

    Prire de la campagne doctobre 2012 Pre trs aimant Chaque jour, je rencontre pas mal de gens.Certains de manire superficielle, Dautres de faon plus profonde.Jen rencontre dans lenvironnement du travail,et dautres en tant quamis fidles.Certaines rencontres sont pisodiques,mais avec dautres personnes je reste en contact rgulier.Certaines habitent proximit et dautres sont plus loignes. Parfois je me pose la question de savoir si notre monde nous laisse encore la chance de connatre les gens de faon approfondie.Disposons-nous dassez de temps pour couter les joies et les peines des autres?Ai-je lnergie ncessaire pour apprendre connatre cet autre qui, loin de moi, tente aussi de construire sa vie? Et alors, je me demande si jai encore la possibilit de Te trouver. Seigneur,Toi qui dsires donner pleine vie chacun. Est-ce que je trouve encore le temps de lire et de mditer les rcits qui parlent de ton Fils Jsus et de ses nombreuses rencontres?Des rcits qui mapprennent comment Tu veux nous rencontreret qui me montrent clairement comment je peux aborder les hommes,quils me soient proches ou loigns, et ce avec un amour solidaire,sans tenir compte de la moindre frontire. Michel Coppin

    OURS 12ime anneSuara est un mot indonsien qui sig-nifie voix. Suara veut tre la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le dsert. Au-del dtre la voix des sans-voix, il nous revient de faire en sorte que les sans-voix en arrivent avoir leur propre voix. Rdacteur en chef: Kenny FrederickxRdaction finale: Kalamba NsapoOnt collabor: Michel Coppin, Catherine De Ryck, Herlinde Hiele,

    Brigitte Jorissen, Kalamba Nsapo et Caroline MedatsPhotos: Herlinde Hiele, Erik Trner, Missio, Xavier Vankeirsbulck, Pascal AndrMise en page et impression: Halewijn Printing & PublishingDirecteur National: Michel CoppinEditeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio est une organisation internatio-nale de solidarit et dchange entre communauts chrtiennes et de pro-

    motion des rencontres interculturelles et interreligieuses. Prs de 130 pays sont relis Missio qui soutient plus de 1000 communauts chrtiennes locales. Secrtariat National de MissioBoulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio Brabant-WallonCh. de Bruxelles, 671300 WavreTl.: 010 23 52 [email protected]

    Missio BruxellesRue de la Linire, 141060 BruxellesTl.: 02 533 29 [email protected]

    Missio Eupen Bergkapellestrasse 464700 EupenTl.: 087 55 25 [email protected]

    Missio LigeMaison des BruyresRue des Bruyres 127/1294000 LigeTl.: 04 229 79 [email protected]

    Missio NamurRue du Sminaire, 115000 NamurTl.: 081 25 64 [email protected]

    Missio TournaiRue des Jsuites, 287500 TournaiTl.: 069 21 14 [email protected]

    IBAN: BE19 0000 0421 1012BIC: BPOTBEB1

    Il ne nous est pas permis de dlivrer une attestation fiscale pour les verse-ments effectus.

    SuaraLa voix des peuples

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  • Missio: Comment nous efforons- nous dtre signe et instrument du Rgne damour, de paix et de justice dans notre socit, nos familles, nos coles, nos paroisses?Pascal Andr: Il faut bien le reconnatre: nous nosons pas toujours tmoigner de notre foi, parfois mme auprs de nos propres enfants. Un peu comme si nous avions honte de ce que nous sommes. Il est vrai que la socit nest pas toujours tendre avec les chrtiens. Certes, nous sommes loin dtre perscuts, comme le sont nos frres et surs du Nigeria, de Somalie, du Pakistan, dIrak ou dInde. Mais il ne faut pas sous-estimer pour autant la monte de lintolrance religieuse dans nos pays. La foi et lvangile sont effectivement devenus un corps tranger dans notre culture. Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Sige auprs de lONU Genve, le rappelait encore rcemment : parce quen Occident, elle est perue comme entravant les liberts individuelles, la religion est de plus en plus relgue dans la sphre prive. Une stratgie sournoise et redoutablement efficace, qui vise empcher les valeurs chrtiennes dtre prises en compte dans les dcisions publiques, explique le prlat.

    Cette opposition larve mais bien relle ne doit cependant pas nous empcher de tmoigner de notre foi, l o nous sommes: famille, cole, paroisse, boulot, association, etc. Car si nous sommes vraiment convain-cus que cela vaut la peine dtre chrtien et si notre foi est vritablement source de paix et de profonde humanit, nous devrions navoir quune seule envie: partager avec le plus grand nombre ce qui nous fait vivre et nous met en joie. Bien sr, il nest pas toujours facile de ramer contre-courant, mais personne na jamais dit que cela le serait. Jsus lui-mme prvient: Vous serez has de tous cause de mon Nom, mais celui qui tiendra jusqu la fin, celui-l sera sauv (Mt 7,13-14).

    Sommes-nous pour autant appels au mar-tyr, verser notre sang pour lEvangile? Non, nous nen sommes pas l, fort heu-reusement, mais lvangile est dune telle radicalit quil est difficile, avec lui, de faire dans la demi-mesure. En effet, il ne suf-fit pas de dire: Seigneur, Seigneur! pour entrer dans le Royaume des cieux (Mt 7, 21), il faut faire la volont de Dieu, insiste Jsus. Nous ne sommes donc pas chrtiens que le dimanche, pendant la messe, ou lorsque cela nous arrange. Cest tout moment de notre vie que nous sommes appels tmoigner de notre foi. Missio: Comment sommes-nous des signes de la rencontre entre Dieu et les sans-abri ou les demandeurs dasile de notre socit? Andr: Voil bien un domaine o les chr-tiens ont un rle jouer. La proximit avec les pauvres et laccueil de ltranger sont effectivement au cur du message vang-lique. Dans leur dernire lettre pastorale,

    intitule tre chrtien aujourdhui, les vques de Belgique insistent dailleurs beaucoup sur ce point, surtout dans le chapitre qui concerne le service et la solidarit. Cest justement parce que nous sommes chrtiens, que nous avons accueilli la parole de lvangile et que nous clbrons la liturgie, crivent-ils, que nous sommes appels nous faire les amis des pauvres et vivre des formes concrtes de solidarit. Il est donc normal, leurs yeux, que les chrtiens soient prsents partout o la vie et la vritable humanit sont dtruites ou menaces. On peut difficilement faire plus clair. Il suffit de toute faon de relire les vangiles pour voir quel point Jsus tait proche de celles et ceux qui souffrent ou qui sont en dtresse. Ce que vous faites au plus petit dentre les miens, va-t-il mme jusqu dire, cest moi que vous le faites. Et sil tait n notre poque, nul doute quil serait all en priorit vers celles et ceux dont personne ne veut: les SDF, les personnes du Quart-monde, les Roms, les

    sans-papiers, les rfugis, les demandeurs dasile et les mendiants de toutes sortes qui viennent nous dranger dans notre petit confort bourgeois. Lglise, fort heureuse-ment, ne sest jamais dsintresse de ces personnes et est toujours prsente leur ct, notamment travers les nombreuses associations qui travaillent en son nom (Caritas, Missio, Entraide et Fraternit, Justice et Paix, Pax Christ). Missio: Comment les fidles, les prtres et les vques de lEglise de Belgique sont-ils des signes de Dieu dans une socit secoue par la crise internationale? Andr: Il est regrettable que les affaires de pdophilie aient partiellement, voire compltement, occult certaines prises de position trs audacieuses de lglise dans le domaine socio-conomique. Car contrai-rement ce que pensent certains, celle-ci ne sest jamais dsintresse des grandes questions et des dfis de notre temps, et la crise conomique que nous traversons actuellement en fait certainement partie. Ainsi, dans Caritas in veritate, la pre-mire encyclique sociale de son pontificat, Benot XVI na-t-il pas hsit condam-ner les excs du capitalisme financier et rappeler que ltre humain est le premier capital humain sauvegarder. Sil navait pas de solutions techniques offrir pour rsoudre la crise actuelle, le pape a mal-gr tout donn quelques pistes concrtes: consacrer une part plus importante de notre produit intrieur brut au dveloppement, grer de manire beaucoup plus humaine les flux migratoires, dvelopper un tou-risme responsable, renforcer le pouvoir des organisations syndicales, rglementer le secteur de la finance, rformer lONU ou encore mettre en place une vritable Autorit politique mondiale. Ces propos, bien que relays par nos vques, nont eu malheureusement que trs peu dchos dans nos mdias. Pas plus dailleurs que les ini-tiatives menes ici et l, dans lglise, pour venir en aide aux premires victimes de la crise. Dans certains pays, comme lEspagne, par exemple, des prtres ont renonc une partie de leur salaire par solidarit avec les plus pauvres. Trs peu de gens le savent et cest dommage, car ils sont de plus en plus nombreux croire que lglise catholique ne sexprime que pour dfendre le droit la vie et la famille traditionnelle. Missio: Ont-ils t des instruments de Dieu dans le contexte des problmes communautaires ayant agit la vie politique belge?Andr: Jignore si lglise a t un instru-ment de Dieu dans le contexte des problmes communautaires qui ont agit la vie politique belge ces dernires heures. La seule chose que je peux dire, cest que la confrence piscopale de Belgique est lune des rares institutions de notre pays avoir conserv une structure unitaire. Personnellement, je trouve rassurant de voir que les vques du Nord et du Sud continuent de se parler et dchanger, tout en tant confronts des problmatiques trs diffrentes. Pour ce qui est des prtres et des fidles, je crains malheureusement qu part lune ou lexception, ceux-ci suivent la mme voie que le reste de la population, celle de la mconnaissance mutuelle et de la sparation. Cest dommage, car nous avons la chance de vivre dans un pays o plusieurs cultures se ctoient. Nous pourrions tellement nous apporter les uns les autres.

    PASCAL ANDR | Chrtien dans la socitIl nest sans doute pas inutile de rappeler les choses simples, bien connues de certaines personnes. Cest la raison pour laquelle nous avons demand Pascal Andr, journaliste et chef ddition du journal Dimanche, de rpondre quelques questions qui permettent de rappeler les enjeux publics de la foi et de comprendre ce que cest qutre chrtien au XXI sicle. Ainsi, nous rejoignons la fois le thme de la campagne de Missio et la lettre pastorale des vques de Belgique intitule Etre chrtien aujourdhui.

    Sylvain Kalamba Nsapo

    Dans certains pays, comme lEspagne, par exemple, des prtres ont renonc une partie de leur salaire par solidarit avec les plus pauvres. Trs peu de gens le savent.

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    Dialogue

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