Structure des écosystèmes et altitude. A. Une action ...
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Structure des écosystèmes et altitude.
A. Une action indirecte.
La topographie intervient dans le déterminisme des biocénoses en exerçant une action
modificatrice sur les autres facteurs écologiques. Ainsi, l’altitude, les formes du relief
l’exposition et la pente influencent l’ensemble des facteurs climatiques et contribuent ainsi à
la différenciation des climats locaux et les microclimats.
B. Les groupements liés à la topographie.
Il faut remarquer que certaines conditions topographiques sont nécessaires au
développement de groupements végétaux particulier. Ainsi, les groupements de bas marais à
Carex fusca s’installe dans les dépressions à nappe phréatique superficielle, par contre les
tourbières hautes (Oxycocco-sphanettea) et les associations de combes à neige se trouvent
dans les bas fonds ou les creux ou s’accumulent les précipitations.
Les pentes d’éboulis, quant à elles, sont colonisées par des groupements pionniers
des Thaspectea rotundifolii qui par stabilisation du substrat et évolution du sol permettent
l’instalation d’une végétation de plus en plus fermée ?
Enfin sur les parois rocheuses s’implantent au niveau des fissures des associations
rupicoles dans l’évolution est très limitée ; ces groupements appartiennent aux Asplenietea
rupestris (représentant des climax stationnels).
Structure des écosystèmes et climat.
A. La température.
a) Les zones de végétation : à l’échelle du Globe, c’est
principalement aux variations du facteur thermique en latitude
que l’on doit la distribution des grandes biocénoses en zones
plus ou moins parallèles à l’équateur (évidemment elles
correspondent à une modification de l’ensemble des facteurs
climatiques). Ainsi, dans l’hémisphère Nord, suivant un
méridien passant par l’Europe Centrale et l’Afrique par
exemple, se succèdent du Nord au Sud les grands types de
formations suivants :
1. Toundra arctique ;
2. Taïga subarctique ;
3. Forêt tempérée mélangée (feuillus et Conifères) ;
4. Forêt tempérée caducifoliée ;
5. Forêt sempervirente méditerranéenne ;
6. Steppe ;
7. Désert ;
8. Forêt sèche tropicale et savane ;
9. Forêt semi-caducifoliée tropicale ;
10. Forêt sempervirente équatoriale
Ceci est modifié en fonction de la situation continentale ou au
contraire océanique.
b) Les étages de végétations : en région montagneuse, c’est
généralement les variations thermiques et plus précisément
la diminution progressive de la température avec l’altitude,
qui sont à l’origine d’une succession d’étages de végétation.
c) La localisation stationnelle aux conditions thermiques
contrastées entre les pentes exposées au Nord et celles
exposées au Sud, correspondent des groupements végétaux
très différents. Ainsi, à l’étage montagnard, dans les Alpes
maritimes, les ubacs (exposition au nord) sont souvent
couverts par de fraîches sapinières, par contre les adrets
(exposition au sud) sont colonisés par des pinèdes sèches ou
par des groupements thermophiles à Lavandes et Genêts.
B. La lumière
a) la lumière joue un rôle capital dans le déroulement de nombreux
processus biologiques fondamentaux. Ainsi, chez les plantes
supérieures, l’intensité de l’éclairement conditionne l’activité
photosynthétique, donc leur croissance. La durée, liée à l’importance
respective du jour et de la nuit (photopériodisme) contrôle en
particulier le phénomène de la floraison. Ainsi, la répartition
géographique et stationnelle des végétaux est-elle fonction, dans une
large mesure, de leur exigence vis à vis de ce facteur.
b) D’après l’intensité lumineuse qui convient à leur développement, on
distingue des espèce de lumière, ou héliophile (tels le Romarin,
Hélianthème), et des espèces d’ombre ou sciaphiles (Oxalis
acetosella, de nombreuses Mousses et Fougères, etc.). Les
premières se trouvent à leur optimum dans des groupements eux-
mêmes héliophiles (groupement unistrates tels que pelouses,
garrigues, landes), mais aussi dans des associations de clairières ou
de forêts claires ; les secondes évidemment dans les strates
inférieures de différentes associations ; mais évidemment tous les
intermédiaires existent entre ces deux types extr^mes de
comportement.
c) En milieu aquatique, la diminution de l’éclairement avec la
profondeur, d’autant plus rapide que l’eau est plus riches en particules
en suspension (matières organiques par exemple), ainsi que la
modification spectrale du rayonnement, conditionnent pour une
grande part la zonation du peuplement lacustre ou marin.
C. Les précipitations.
a) Précipitation et bilan hydrique, la relation relativement étroite existant
entre la pluviosité générale et la répartition des grandes biocénoses, suffit à
démontrer l’importance du facteur eau sur la localisation des êtres vivants.
Mais si l’on peut reconnaître, à l’échelle du Globe, une liaison entre type de
végétation et total annuel des précipitations –relation surtout évidente dans
les cas extrêmes (total supérieur à 2000mm au niveau de la forêt
équatoriale, inférieur à 200mm au niveau des formations désertiques)-,
celle-ci s’estompe fortement à l’échelle régionale, locale ou stationnelles. En
effet, la répartition des précipitations au cours de l’année, mais aussi
l’ensemble des caractères écologiques de la station, interviennent pour
modifier la quantité d’eau utilisable par la végétation. Ainsi, malgré des
hauteurs annuelles de précipitations sensiblement voisines (ex. Rennes :
678 mm, Monaco :750mm) le Bilan hydrique du sol, c’est à dire la différence
entre les apports en eau et les pertes (évaporation et transpiration végétale)
risque d’être déficitaire en été dans une station méditerranéenne (Monaco)
, alors qu’il restera équilibré ou excédentaire dans une station atlantique
(Rennes). Ce bilan, dont dépendent étroitement les caractères de la
végétation, également fonction de la topographie du sol, et de la végétation
elle-même, en raison de leur influence respective sur le cycle de l’eau au
niveau de la station.
b) Les êtres vivants et l’eau. En dehors des organismes purement aquatiques
(ex. les Hydrophytes : l’Elodée, les Lentilles d’eau), on distingue, selon leur
comportement vis à vis de l’eau, des espèces Hygrophiles vivants dans des
conditions d’humidité édaphique ou atmosphérique voisines de la saturation
( ex. Plantes des bords des eaux et des marais : Joncs, Phragmites,
Drosera, Epiphytes de la forêt ombrophiles et les espèces Xérophiles qui
se développent dans des milieux les plus secs (ex. Thymus vulgaris,
espèces des déserts tels les Cactus). Entre ces extrêmes existent des
organismes mésophiles qui se contentent d’une humidité moyenne (ex. Le
Charme). Sur le plan synécologique, on distingue également des
groupements hygrophilles (ex ; Scripto-Phragmitetum, Caricetum fuscae) ;
mésophiles (ex. la plupart des association forestière atlantiques et médio-
européenne) et xérophiles (ex. Garrigues du Rosmarino-Ericion, pelouse
steppique des Festucetalia vallessiacae dans les vallées internes des Alpes.
c) L’influence de la neige : la neige est un facteur écologique important et
sous climats froids où elle joue vis-à-vis de la végétation un rôle de réservoir
d’eau ainsi que de protection contre la dessiccation et le froids (les sols sont
rarement gelés sous leur couverture de neige). Mais elle peut aussi entraîner
par son poids, des dégradations en particulier sur les espèces
arborescentes. En montagne, la durée de l’enneigement conditionne la
zonation des groupements végétaux. Chaque groupement est ainsi,
conditionné par la période de recouvrement. Les crêtes balayées par le vent
sont pratiquement découvertes toute l’année. Certaine association
chionophiles (de chion, neige) localisées dans les combes abritées,
supportent un enneigement allant de 8 à 11 mois. Ces groupements
appartiennent à la classe des Salicetea herbaceae est sont ainsi bien
représentés à l’étage alpin des Alpes par le Polytrichetum sexangularis, en
majeur partie constituée de Mousses (Fig. 6-7)
Combe
Figure 6-7 : Exemple des zonation des associations végétales en montagne en fonction de la durée de l’enneigement
(Alpes Centrales, vers 2500 m) (d’après Braun- Blanquet).
d) Le vent sous l’influence des vents violents, la végétation tend à acquérir des
caractères morphologiques caractéristiques : formes prostrés et en
coussinet, port en drapeau des arbres dont les rameaux ne s’accroissent
que du côté « sous le vent » (Fig. 6-8). Souvent la force du vent interdit
même le développement des espèces arborescentes, ce qui explique leur
rareté sur la plupart des bordures littorales et l’abaissement de la limite de
la forêt dans certaines montagnes au profit de pelouses ou de landes
basses.
6.3.3. Zonalité des biogéocénose et climat.
Figure 6-8: coupe schématique N-S du massif de la Sainte –Baume (Bouches-du-Rhône) (d’après Molinier).
On note :
Sur le flan sud (adret), une chênaie d’Yeuse climacique, dégradée vers le sommet en une garrigue à Romarin..
etc.
Une crête ventée à Genêt de lobel
Une falaise à Silène saxifraga et etc. (association rupicole) ;
Au pied de la falaise (ubac frais), une hêtraie relictuelle (Fagetum)
Dans la partie N de la coupe, une inversion d’étage entre la chênaie puberscente et la chênaie d’Yeuse.
Structure des écosystèmes et type de sol.
La zonalité des biocénoses est liée à l’ensemble des caractères physiques et chimiques
du sol. Dans ce chapitre nous présenterons à l’aide d’exemples, les facteurs édaphiques qui
paraissent jouer le rôle le plus important dans le déterminisme des groupements végétaux soit
la teneur en eau, teneur en certains ions tels le calcium et sodium et l’acidité du sol.
a) La teneur en eau : son influence sur la localisation des êtres vivants peut être montrer
par la zonation de la végétation qui se localisent autour des mares, des étangs ou
encore des lacs. Ainsi, en fonction du gradient d’humidité décroissant existant de l’eau
libre vers l’intérieur des terres, les groupements se répartissent selon leur degré
d’hygrophilie, en ceintures plus ou moins concentriques. Leur nature dépend de la
profondeur de l’eau le long des rives, de sa composition chimique (sels minéraux,
matières organiques, acidité), de ses variations de niveau ( durée des périodes
d’émersion), et du substrat (Fig. 6-9).
b) la teneur en éléments minéraux :
i. le calcium : le calcium joue un rôle essentiel dans la nutrition minérale
des végétaux. Il est à remarquer que le comportement des biocénoses
végétales vis à vis de cet élément est très variable. Ainsi, de
nombreuses espèces appelées calcicoles se développent sur des sols
où il est abondant (Lavandula latifolia), d’autres calcifuges ne le
supportent pas de concentration élevée en cet élément tel la Myrtille ;
Figure 6-9 : Zonation des groupements végétaux en fonction du gradient d’humidité dans le sol autour d’un étang (Lacoste et al.,)
d’autres semblent indifférentes. Il existe une liaison étroite entre la
teneur en calcium d’un sol et son degré d’acidité. Ce dernier est en
principe d’autant plus élevé que l’ion Ca++ est moins abondant. Ainsi,
les plantes calcicoles sont en général également des neutrophiles ou
des basiphiles (ex : Pissenlit) par contre les calcifuge sont des
acidiphiles (Callune)
ii. le sodium : Les sols salés sont impropres à la vie de la majorité des
espèces végétales. Ces terrains sont colonisés par une flore très
spéciale constituée d’halophytes, dont les représentants les plus
caractéristiques, aux tissus en général charnus, appartiennent à la
famille des chénopodiacées (Salicornia, Salsola, Suaeda, Atriplex…).
Comme pour la teneur en eau, il est possible d’observer autour des
étangs littoraux ou des dépressions salées continentales une zonation
de différents groupements végétaux halophiles (Salicornietea). Ainsi,
En Camargue, en bordure des lagunes saumâtres (sansouires) la
succession suivante a été observée (Fig. 6-10):
a. L’Arthrocnemetum glaucae, qui supporte en été des
concentrations en sel supérieur à 20% ;
b. Le Salicornietum radicantis, localisé dans les petites
dépressions toujours mouillées et donc moins salées ;
c. Le Salicornietum fruticosae se développe où la
concentration relativement plus faible en période
pluvieuse (1,5 %) peut encore atteindre 10 % vers la fin
de l’été.
Figure 6-10 : Exemple de zonation des groupements végétaux en fonction de la teneur en sel du sol autour d’un radeau (surface exondée dans une lagune saumâtre) en Camargue (après Molinier)