Strauss - Mondes sociaux

download Strauss - Mondes sociaux

of 8

Transcript of Strauss - Mondes sociaux

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    1/8

    MAINES D. Social Organization and social structure insymbolic interactionist thought.}) American SociologicalReview, 1977, 3, 235-259.STRAUSS .A. ~d others. The hospital and its negotiatedorder In Freidson (ed.), The hospital in modern societyNew York, Free Press, 1963. 'STRAUSS A. and others. Psychiatric ideologies and institutions.New York, Free Press, 1964.WARREN R., ROSE S., and BERGUNDER A. The structureof urban reform. Lexington, Mass. : Heath, 1974.ZARTMAN I.W. (Ed). The fifty percent solution. Garden City,N.Y. : Doubleday, 1976.

    268

    UNE PERSPECTIVE EN TERMESDE MONDE SOCIAL*l

    Depuis les premiers jours de l'interactionisme developpea Chicago, on trouve employes sporadiquement les termes mondes sociaux , parfois de facon descriptive (Cressy,1923, Park, 1952, Warren, 1974), rarement de facon con-ceptuelle (Shibutani 1960, Strauss, 1958). L'analyse - laplus connue quoique breve - des mondes sociaux en tantque tels, est ceIle de Thomas Shibutani qui, traitant desaspects collectifs et de communication des groupes de refe-rence, suggera quatre dimensions propres aux mondessociaux (Shibutani, 1960). Chaque monde social est ununivers de r epon se r ec ip roque regularisee . Chacun estune arene dans laquelle existe une sorte d'organisation. Chacun est, egalement, une Haire culturelle" dont lesfrontieres ne sont delimitees ni par un territoire, ni parune appartenance formelle mais par les limites d'une com-munication efficace. (C'est moi qui souligne.)Avant de poursuivre la discussion provocante et quel-que peu oubliee de Shibutani, j'aimerais souligner l'objectifde eet article. Son but est essentiellement d'avancer la pro-position suivante : se centrer sur les mondes sociaux et lesetudier pourrait offrir un moyen pour mieux comprendreles processus du changement social. Apres avoir, dans unpremier temps, indique ee que je crois etre quelques-unesdes forces et des faiblesses de la tradition interactionniste,je soulignerai plusieurs caracteristiques des mondes sociaux

    * A Social world perspective. In : Norman Denzin (&1.) , Symbo-lic Interaction, volume 1, Greenwich, CT : JAI Press, pp. 119-28.I.Le coeur de cet article a e te prepare pour servir d'ouverture (key-note address) it . la reunion de Ia Society for the Study of Symbolic Inte-raction, en aout 1976.269

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    2/8

    ainsi que certaines de leurs implications, Dans les dernie-res pages, je reprendrai mon argument principal. Bien sur,nombre. de points se rapportant a I'idee de mondes sociauxseront Ignores. ou ne seront qu'effleures, bien que jecompte les traiter dans des publications ulterieures,.. Parmi les. !ignes de forces Ies plus frappantes de la tra-dition de Chicago, telle qu'elle a ete particulieremenr deve-loppee par Thomas et Park, on trouve cette attention cen-trale portee aux problemes du changement social ainsiqu'une insista~c.e simultanes sur les interactions de irandeenvergure - I histoire des conflits et rencontres entre grou-~es. (group confl~ct .a;;d ~ncounter) - comme posant lesIimites les plus slgrudcatIves pour I' action sociale (Ficher~t Strauss, 197~).,La toute premiere gem!ration d'interac-tlOnrnstes. teI_1~alta penser que les rencontres inter-groupesl~s plus significatives mettaient aux prises des groupes eth-~lques, raciaux et nationaux. Leur style de conceptualisa-tlO~ les portait a des developpements a l'echelle nationale?u internationala, meme si certaines recherches se limitaienta des terrains de moindre envergure. Les generations sui-vru:tes ont eu tendance it se centrer sur des territoires pluspetits et on! observe specialement toutes sortes de grou-pes (prcfessionncls, occupationnels, deviants) tout en rete-na~t Ia dimension conflit-rencontre si caracteristique deChicago. ~u regard de I'etendue des rencontres de grou-pes potennellemenr significatives dans le monde contem-r:orain, le choi,x opere par les interactionnistes parait inu-tilement restreint.. Cette tradition est aussi visoureusement antideterrni-mste, soulignant le potentiel creatif des individus et desg!~UP;S agissant face aux limitations sociales. La creati-vite n est pas posee comme Iibre de toute entrave. Cepen-dant, les limitations sociales sont percues en termes depotentiallte pour l'action humaine. Je souscris de tout cceura ~ette .trad.ition et it Ia necessite d'etudier Ies processusqu elle implique. Cependant, 1ft encore, l'etendue des pro-cessus analyses comme significatifs de la maniere dent lesgens, sont modeles (are shaped) par leurs socie tes (et lamode/ent), semble avoir ete inutilement limitee,,. On t:ouv~ chez Mea~. un troisieme theme propre aImteractionnisme : une VISIon du changement social et delao ~omn:unication comme une vaste proliferation - illi-mitee et mcessante - de groupes en activite, n'ayant neces-270

    sairement ni frontieres claires ni organisation solide. Cettevision meadienne de la societe est, semble-t-il, analytique-ment peu developpee (en tout cas par contraste avec sapsychologie sociale) et liee a son attachement i l'ideed't;~volution des civilisations. II n'y a aucune raison pourque nous ne concevions pas certains groupes cornrne par-ticipant a ce qu'il appelait I'elargissement du champ deconscience, tout en voyant que d'autres groupes n'y par-ticipent pas. Ainsi, tandis que certains croissent et s'eten-dent. d'autres se retractent et meurent - meme ceux quenous-meme qualifierions de progressifs, L'insistance mea-dienne sur la formation incessante d'univers de discours- les groupes leur etant coextensifs - est extremementprecieuse. Elle genere une metaphore evoquant des grou-pes qui emergent, evoluent, se developpent, se separent,se desintegrent, se rejoignent, ou dont certaines partiess'eloignent et s'allient eventuellement a des segmentsd'autres groupes pour former de nouveaux regroupements,souvent en opposition aux anciens.En bref, je suggere que l'on travaille sur les consequen-ces de cette fluidite meadienne et de I'attention gene-rale de l'interactionnisme a l' indetermination et la rencontreentre groupes, plutot que de se restreindre a certains typesd'ensemble de processus et, en tout etat de cause, que l'onne se limite pas a des etudes micro ou macro deces questions. Je crois qu'un des moyens pour accomplirce travail est d'etudier des mondes et d'adopter une pers-pective en tennes de monde social .

    De nombreux mondes ont produit des ecrits et generedes comment aires de la part de chercheurs en sciencessociales. Ces derniers ont, bien sur, etudie les aspects deplusieurs de ces mondes (le monde homosexuel, le mondedes taxi girls ). Mais nous n'avons pas developpe unevue d'ensemble des mondes sociaux comme phenomeneetendu et significatif', pas plus que nous n'avons developpeun programme pour les etudier systematiquement. Pas plusd'ailleurs que nous n'avons nne appreciation exacte de ceque pourrait signifier une perspective en termes de mondesocial en ce qui concerne certaines questions sociologiquesclassiques. On est aussi trop peu conscient de la portee,pour I'interactionnisrne meme, d'une analyse en termes demonde social.Avant de suivre les directions implicites de Shibutani

    271

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    3/8

    pour etudier les mondes sociaux, commeneon, par Iesregar~er ouvertement afin qu'ils ne s'evancuissem pas dansun neant brumeux par contraste avec des realites appa,remment plus dures comrne des organisations formelles aux~~o~tieres claires et a~ appartenances connues. Quoique~Idee de. mondes s~)claux puisse essentiellement renvoyera des univers de discours, nous devrions etre attentifs itne pas nous confiner it la simple observation des formesde communication, de symbolisation, des univers de dis-cours, mais nous d~v.ri:msaussi examiner des faits palpa-bles cornme des activites, des appartenances des sites destechnologies et des organisations specifiqu~s it des ~on-des sociaux particuliers.A 1evidence , il existe une infinie variete de mondes :celu~de I'opera, du baseball, du surf, des collectionneursde timbres, de la musique country, de l'homosexua-lite, de la politiqu~,. de la rnedecine, de la justice, de la

    science, du cathohcIsme... Certains mondes sont petitsd'autres immenses. Certains sont inseparables d'espace~donnes, d'autres sont lies it certains sites mais sont moinsidentifiables spatialement. Certains sont fortement publicset objets de publicite, d'autres sont a peine visibles. Cer-tains sont si peu emergeanrs qu'ils en sont it peine saisis-sable~, d'autres sont bien etablis, meme bien organises.Certains ont des frontferes relativement etroites d'autrespossedent des frontieres permeables. Certains sont tres hie-rarchiques, d'autres le sont moins, voire a peine. Certainssont lies a .une structure de classes, d'autres (comme Iebaseball) lUIsont transversaux. Mais retenez que les acti-vites et les communications internes it ces mondes sont cen-tree~ differenti~~ement a?t?ur desujets intellectuels, pro-f~sslO~els~ politlques, religieux, artistiques, sexuels, recrea-tifs, sClentlfiques. Autrement dit, les mondes sociaux sontcaracteristique; de n'importe quel domaine particulier,On peut prendre n'importe quel journal et y entendrep~r1er de mondes sociaux autour de nous. Recemment,PIerre Roulez, compositeur et entrepreneur de la musi-que contemporaine, se trouvait en visite a Stanford O U ungroupe de musiciens et d'ingenieurs travaillait sur desmetho~es de Ia plus grande importance pour son groupefrancais. Sans aucun doute, venant de toutes parts onver~a bientot d'autres musiciens et ingenieurs se rendre aPans dans son nouveau centre (egalement un site central272

    darts le monde de la musique contemporaine). La. r~vueScience rapporte que 5 000.sc~e~tifiques et teChll1CI~n~,representant une armee de disciplines de 72 pay~, aidesar 1 000 stations terrestres, 40 bateaux, 12 avions et~ satellites etaient engages dans un effort de recherc~ecoordonne s'etendant sur une surface de J?lus de 20 mil-lions de metres carres dans une entrepnse essayant decomprendre le mode de fonctionnement de ~'atm~sphe~etropicale . Dans t~us ~es exemples, s~ trouvaient bien surengagees des organisations mais aUSSl,et de facon essen-tielle, des representants de mondes et nncro;~~ndessociaux', Pour eiter Science, ,P~ dess~s t?~t, c etait unexemple impressionant de cooperation scientifique avec ungrand "s", un premier pas prometteur pour le Program~eglobal de recherche sur I'atmosphere. pe semblab!es'ph~-nomenes interviennent dans des domaines assez eloignesde la science ou de la musique, ils sont virtuellement pre-sents dans n'importe quel domaine par.ticulier. l:es pers-pectives et les concepts habituels ~es.~cIences.so~ale~ surles organisations sociales rendent diffI~Ilem~ntJustice a cesentreprises et a leurs structures en evolut~on.Dans chaque monde social, ily a au moms, et de ~aco~evidente, une activite primaire (avec des ensembles d ac_tl-vite associes) : par exemple, escalader des ~ont~gnes, ,frurede la recherche collectionner. II y a des sites ou se derou-lent ces activit~s, done l'espace et la mise en forme d'unenvironnement sont des dimensions significatives. II y atoujours des technologies, manieres herite~s ou innovan-tes d'accomplir les activites du monde SOCI~.La plupartdes mondes soclaux elaborent des technologies assez co~-plexes. Les mondes sociaux,. a leurs debuts, peuvent n'avoirque des divisions du travail temporaires, cependant, unefois lancees, les organisations developpent un aspect ouun autre des activites d'un monde.Ces traits des mondes sociaux peuvent etre trad~itsanalytiquement en processus. Par exemple, tr01;v.e~un SIte,financer un site, Ie proteger, entrer en competition pourdes sites ... Ou, autre exemple autour des technologle~ :innover, manufacturer, vendre et enseigner les savoir-faire2. Les micro-mondes sociaux sont autant de subdivisions de ~on-des sociauxplus larges. En anglais l'auteur parle de sous-mondes sociauxsub worlds. Ndt.

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    4/8

    techniques sont autant de processus evidents. De meme ,construire des organisations, Ies etendre, les defendre, lesenvahir, en prendre Ie controle et Ies transformer sont desphenomenes courants. L'identification et I'etude de telsprocessus secondaires et les rapports qu'Ils entretiennententre eux, Y compris les rapports conflictuels et de pou-voir, constituent des sequences essentielles des recherchesconsacrees aux mondes sociaux.

    Deux autres caractenstiques centrales de nature proces-suelle paraissent ineluctables et porteuses de consequencesimmenses. En premier lieu, le s mondes sociaux s'entrecrni:sent. L a a u certaines prestations sont necessaires, onemprunte des technologies, on enseigne et on apprend dessavoir-faire techniques. La a u d'autres mondes se chevau,chent (comme lorsqu'une action venant d'un monde estmise en cause comme dangereuse ou illegitime ou inap,propriee), des alliances s'averenr terriblement necessaires.Done, une tache essentieUe de l'analyse est de decouvrirde tels entrecroisements et de depister les processus, lesstrategies et Ie s consequences associees. Mentionnonscomme exemple la decouverte d'autres mondes apparem-ment significatifs, Ies plaidoyers charnieres des agents deliaison inter-mondes. la penetration des micro-mondes pardes agents de service, des agents masqueS, voire _ dansun certain sens - par des clients.L'analvse peut devenir tres comptiquee du fait d'unsecond processus lui aussi important, la segmentation des

    mondes sodaux. La plupart des mondes, lorsqu'on le sobserve. semblent se dissoudre en une myriade de micro-mondes. A I'evidence, une vision processuelle conduit rapi-dement a comprendre que ces activites aboutissent a unesegmentation sans fin. Certaines conditions favorisant cephenomene sont liees a I'evolution des technologies. a desexperiences personnelles differentes a I 'mterieur d'un mememonde, a revolution de nouvelles generations de membres,au recrutement de membres d'un nouveau genre et itl'empietement d'autres mondes. Cette segmentation aboutita l'entrecroisement de micro-mondes specijiables. Autre-ment dit, cet entrecroisement intervient habituellement nonentre des mondes globaux rnais entre des segments. Unetelle formation de micro-mondes signifie non seulement denouvelles activites, de nouveaux sites et de nouvelles tech-nologies, mais egalement de nouveaux univers de discours.2 7 4

    . mentation impliquent que no~sEntrecrOlsernent et seg . r par une fornn-f ' it un umvers marque .sommes ::O? ,ro~tes rrait et ne peut rester immobile.dab le flUldlt~, II n~ ~oufr mentation. l'eclaternent .e~ laC'est un umvers ou.a ag miroir de l'apparition,disparition sont I~ S .lmag~'e:~ un univers ou rien n'estl'emergence ~t la . ~slOn. henomenes devraient are par-strictement determine, Ces p d'une analyse natura-tiellement det~n~in~~i~esq:~ l:o~:~sonnes participent ~ laliste, y compns e . mettent en forme leurs VIes.construction des structures quid monde social est porteuseVne l?ers~ective ~n te~es ~ituelle d'un univers dont,de la vision mteractlo~mfste ha pparait comme deconcer-1 di nsion m orme a ""' .souvent, a nne . e ossede une force analytiquetante, m.ais ~ette perspe~tlv h~ implicites. Citons quelqueset des drrectIOns11de recpp~~~entaires et quelques-unes deslignes conceptue es su . ,

    . . 1 ur sont aSSOClees. . ,questions qu~ e d"1 quiconque fait partie d unAu premier coup re~de) se trouve etre assode a sesmon?~ (ou d:un ml~ro-m~ici ants sont percus (ou se per-ac t ivi tes , Mrus ce~tams ) ;hentiques de ce monde, aucoivent) ~ommer~~ p t ~~:~cite semble se rapporter ~ laplus representa~l s. a~ bi . u'aux jugements pour defi-qualite de Paction aussl1 len q ntiels (Suczek, 1977). Donenir quels actes sont _les p u~~~ues afin de savoir qui (ous'ouvrent des .qu~stlO)nsd~n'de quels sont le s membres lesquel les orgam~atlOns eel mo en de quels mecan ismes ?plus authentlqu:s ~~~hen~fication. comment, pour-Qui. a Ie pO~VOlf, mme Ie parrainage, Ie lancemen~,qUOI? D:s pheno%~~:~~ ou l'habilitation font-ils partieI'affectation, le Pd' d'authentification ? Les carac-des processus secon. a:Ie'~ent etre mises it jour, elles com-teristiques du po~vOlr tOlPallocation des ressources, leurprennent probab em~n . Un processus de baseaffectation et leur .mterruptlOni s mecanismes d'authen-comme la se?m~ntatlOn recoo~:er~nt un nouveau man detification. Ainsi des gens f ts se deversent litteralementparce que de nouve~ux arCl V : sont autorises it y rentrerdans Ie monde at;tClen o_u comme dans Ie cas desni partiellement. m ~ompleteme~~t noter le developpementpeintres impresslOnmst~). O~v~aux criteres d'authenticite.de sty!es nOa!1vl~I'~~~ri~turd~omondes plus larges, des org1a-De meme, d . t non pas seu e-nisations ou organisations secon aires e

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    5/8

    _ _ment des personnes peuvenr se battre autour d'une reven-dication ou d'une attribution d'authenticite (Harvard? Ledepartemem X de l'universite du Wisconsin ?). Des pro-cessus de n~n~authentifi~ation (comme l'excommunication)et des stra~e~es ( < < ce n est pas de Ia recherche, il n'y apas de statlstiques ) se developpent. Certaines activites oucertains produits d'activites peuvent etre disqualifies commenon-authentiques. Ceci entraine des questions sur des quasi-fraudes ou sur de~ fraudes flagrantes. Cela entraine ega-lement la producnon exclusive de la chose vraie dememe que la manipulation ou l'approche d'audienc;s etde marches differents, Aux marges symboliques, on trouveles ru:t;set les Pro?uits qui suscitent des debars quant auxfrol!tle;es authentIques du man de social. L'art conceptuelest-il reellement de I'art ? Le trimaran est-il reellemenr unbateau ? Certaines personnes se tiennent pour Ies defen-seurs de 1a forme d'un monde, d'autres souhaitent sonchangement.La socialisation est non seulement associee aux degreset aux types d'authenticite, mais aussi a la maniere dontIes personnes entrent et sortent des mondes et micro-mondes sociaux. Plutot que de simplement observer desmecanismes organisationneis tels que Ie recrutement nousdevrions aussi observer Comment Ies gens sont contactes,P!ennent contact, se cotoienr, sont introduits, sont aspi-~es, sont, ac~roches par Ies mondes sociaux. Que! rolejouent 1accident , les reseaux de connaissances et d'amisdans ces processus pour accrocher, expliquer, mettre au

    parfum, brancher et entrafner de nouveaux membres?Quelle est la part jouee par les entraineurs formels ouinformels, les eclaireurs et les commanditaires? La plu-Part des theories sur la socialisation admettent une entreed e n ovo , mais il est probable que I'entree dans la plupartdes mondes et micro-mondes sociaux se fait au moyen deprocessus de mise en orbite ; c'est-a-dire se deplacer d'unmonde a I'autre, rester dans les deux ou Iaisser tomberle premier, a quoi s'ajoutent des appartenances multiples.II y a done calcul de compatibilite, de neutralite etd'incompatibilite. Ce calcul a partie liee avec la liberte demouvement, la probabilite de durer, la marginalite et Iesentiment de non-authenticite.A l'i~terieur de chaque monde social, des representantsde ses trucro-mondes debattenr, negocient, se battent, exer-276

    cent contraintes et manipul~tion~ a. propos ~~ questio~sdiverses. Ces arenes sont Ie lieu d activites P?litHilues,marsnecessairement de la part des corps legislatifs ou des~~~s de justice. DeAmeme, a l'~nterieur des micro-~c:ndes.d questions sont aprement debattues entre les differents~ ,. dmembres. Des representants d autres m~cro-mon es peu-t aussi entrer dans la bagarre. Certains de ces debats;~~t la une des joumaux, d'autr~s n.es~:mt~onnus que ,d~smembres du monde ou des part;les mteressees: Les me?Iades mondes sociaux sont remplis de telles arel!es partiel-lernent invisibles. Partout ou il y a entrecr~lse!llent demondes et de micro-mondes, nous pouvons pr~~olf la for-mation de telles arenes avec leurs ~r~cess~s politiques asso-., Pouvons-nous apprehender 1evolution et le change-cies. I?ment organisationnel en termes. de te s :processus.En ce qui concerne les questions publiques plus, larges(d type: que faire a propos de la pollution ou de 1alcoo-1u 1) le sociologue doit la non seulement se demanderlsme . , r , dans '1quels mondes sociaux sont representes cette arene p uslarge mais aussi quels segments de quels ID?ndes. Plusncore il doit se demander a quelles autres arenes (monde~ntern~)est liee la representation dans ce~te arene (mon~emultiple). Ces questions de mondes multiples ne sont p~sreglees independamment du contexte plus larg~ des ,aCtlVl-tes politiques internes a chaqu~ ~onde. Ce phenomene estmal pris en compte par les theones usue~es s~r la ~o;ma-tion de I'opinion publique et par la sociologie politique,Les organisations sont habituellem:~t vues.co~e rela-tivement fermees autour de leurs fr?ntieres et ~1~ste quel-ques bonnes analyses des relations inter-organlsations. Uneerspective en termes de monde social nous ~0t,Itre que~uelqUeS organisations sont relativem~nt enr~cmees .dansun monde social alors que d'autres se tiennent a le:ms~te~-sections, elles peuvent, d'ailleurs, avoir ete construites amsi.La comprehension de l'evolution, du changement et ddufonctionnement d'une organisation appelle un, exame~ esrelations enracinees dans les meme mondes ou a leurs mter-sections. Certaines organisations. sans, doute la plup~,peuvent etre vues comme des arenes ou. les merobres. ~sdivers micro-mondes ou des mondes sociaux ont des mte-rets differentiels, cherchent des fins differ~ntienes, s'e~a-gent dans des contestations et font ou defont de~ ~h~-ces pour faire les choses qu'ils souhaitent. Une theone es

    27 7

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    6/8

    organisations ignorant c ' ,de nous berner, es preoccupatIOns est susceptibleLes mouvements sodaux n r 'champs politiques ou r r ,e re even~pas s!mplement des

    l'essentiel ~e notre littera~~~e~~ciOlo~ qUOI se consacrements - 11s sont caract' . ti gique sur les mouvs;sociaux. II y a des mouve~ns iques de tous Ie s mondeStous, en architecture en ents, comme nous l'admettonsdans le s disciplines ~niv p~~n!ure, en poesie , certainementconstruction navale, et d~~l l~r~s et probaJ;llement dans lamouvements se de loient an9ue auss i , De nombreuxm

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    7/8

    Ie micro-momj- de la genetique recombin isus srullants comprennent '1 foi ante, les . ..~ les reponse, internes a cesam~a~~~ les menaces .a un accroissement de la visibilite . ~~ processus ~e~ant .ipeur que les organismes e te , pu rque a entrrune Ia- .....d x eneurs au mo d ..ans Ie futur, le controle sur l'objet me n edne ga~ent,i

    monde. Le processus de re , me e ce Ill1cro-d~:mtela forme de tentativisnse l1:t~rne empr~~te-:a sans ..regulations externes Tout enpour ~vI~erou IDlrumlser Iesbilite que des proce~sus puisse~e e~eglig~~t ,pas ~a ~ossi- ..dem~ent d'un centrage Sur les m r~ mrs ~ JOur mdepen_ .pectlVe en termes de mond .on es socraux, une pers~ cessus virtuellement obligee e~OCIalre~d l'etude des pro- ..ples precedents elie conduit aom~; I illustrenr les exem,en parallele ave~ les caracterisrUSS1a mettre les processusdes sociaux specifiques q I'iques str~cturelIes des mon-3 L . " ue on examine. a tradition mteractionni 'ches sociologiques a eu tend ste, ~omme d'autres appro-contemporaine to~t en evit:ce ,a. se centrer sur la viecomme arriere-plan it une t 1 histoire ou l'utilisantprocessus en cours Bien s:;nalre des organisations et desches historiques et conte ur, a ,coupure entre Ies recher,recherches de terrain) est ~.rru~~s (essentiellement desca s de l'interactionnisme qJ a ~~~::r~~ent ~s,ibl~ dans Iele s domaines des conduites collect' / nne diStinctIOnentred 'une part et des domai ives mouvements sociaux" nes comme Ie s J:'panons et Ie travail d' t p!'olesslons/occu_maintenir separes) (F' hau re Part (et qUI continue it les IC er et Strauss 1978) Le rmondes sociaux artirenr notre att t 1 ' ~ et~des desmonde social, c'est-a-dire ue en on sur Ihistoire d'unen est-It aujourd'hui 1q lies en sont Ies origines, ouvers ou semble-t-il ;eq~~t ~:~~em,ents a-t-~l traverses etde se desintegrer de se s~, i st-il en train d'evoluer,collaboration~ o~ des alli~~e:r.; de mettre en route des4. La posItion antidsr '. ,n'est pas du tout menace:rmmiste, qUOlq.uenon assuree,sociaux. Cependant par une attention aux mondes. , , nous ne devons pas fai dsrtions cachees quant au f it ou: arre e suppo-nous etudions contribuent ~u que les mondes, socia~ quesouhaitons ne pas adopter c~~~ au < ~ progres , SI nous?echiffrer leur nature et Ie c POSltiOn_"nous devonsjuger du progres }}~u de : O ~ l~res aSSOClespar lesquelsqu'une grande part de l'i t a. sen,ce. ( Je dis cela parcen eractlOnrusme, et evidemment280

    de Ia sociologie en generale, fonctionne sur de telIes sup-positions cachees.) Lorsque les interactionnistes agissentainsi, U s rompent le cadre interactionnel - et c'est ce qu'ilsfont avec une frequence certaine (Ficher et Strauss, 1978).Un interactionnisme consequent, avec son double accentsur les contraintes et la creativite des groupes et des indi-vidus, interrogera de facon appropriee les mondes sociaux.Cette interrogation inclura sfirement d'evidentes questionssur la maniere dont les segments se forment et collabo-rent it une nouvelle entreprise avec d'autres segments. IIy aura aussi des questions moins evidentes Quant it lamaniere dont les membres de certains mondes ou micro-mondes luttent contre des contraintes sociales severes, Cescontraintes incluent le recours a des criteres institutionnelsinsidieux de legitimite et d'autorite, aussi bien que lamenace continue et l'utilisation occasionnelle de la force,l'excommunication et d'autres moyens coercitifs.5. J'ai peu de suggestions it faire quant it la directionmethodologique de recherche sur les mondes sociaux.Cependant la confiance que les interactionnistes ont dansle travail de terrain et les entretiens, doit s'augmenterencore de l'utilisation ciblee de documentations historiqueset contemporaines. La comprehension des arenes oil secombat une vaste opinion publique, doit embrasser unecomprehension des elements de formation de l'opinion itl'interieur de plus petits mondes interactionnels constituantcette arene plus large. Nos methodes de recherche doiventa la fois saisir les niveaux de I'interaction, penser son com-plet developpement historique, et se poursuivre, Une pers-pective en termes de monde social parce qu'elle pose denouvelles questions, appelle litteralement de nouvellesmethodes (l'evolution de l'opinion publique qui a conduitit un organisme public de controle de l'environnement illus-tre I'eventail de ces questions, Wiener. 1973).6, Cette perspective nous presse egalement de batir unetheorie generale des mondes sociaux plutot que de sim-plement diriger nos recherches de facon specifique sur desmondes particuliers, Quelques recherches au moins doiventetre faites sur la base d'une theorie emergeante, c'est-a-dire en ayant connaissance de l'echantillonnage theoriqueet de l'univers d'autres travaux similaires engages dansl'etude du phenomene des mondes sociaux. Au minimum,devrait etre pris en consideration un echantillonnage des

    281

  • 5/11/2018 Strauss - Mondes sociaux

    8/8

    REFERENCES

    CRESSY Paul G., The taxi- .Press, 1932. Dance Hall, umversity of ChicagoPIC~R BERENICE, STRAUSS Ans .their Successors. Symh li .. e~, Thomas, Park andPARK Robert, Human C OIC ll!:eractlOn. In press. ..1952. ommumt,es, Pree Press, Glencoe, IIISHIBUT .'.'ANI Thomastu, Reference GAmerican Journal of So . {, roups as Perspectives STRAUSS Anselm I~l'r ClOdOgy 60 (1955) : 522~29', 1". 1, rors an Mask P .1958; reprinted San Franci S~' ree press, New York.SUCZEK Barbara The wo~~sco, OCIOlogyPress, 1969.sis, Department of Social a~~ ~r~ek. dancin~, doctor's the-sity of California San Fr ' e avioral SCIences, Univer.WARREN Carr I A' . anClscO, 1977.W. 0, Idenltty and comm '( .ieley, New York 1974 unuy tn the gay worldWIENER Carolyn, D/unken R 'doctor's thesis, Departmento:;rS: t':e Politics of ~.lcoholism,ces, University of CaIiforni S O C l p a l an~ BehaVIOralScien-a, an rancisco, 1973.

    282

    LA METHODE COMPARATIVECONTINUE EN ANALYSEQUALITATIVE* 1

    Actuellement, les approches generales de l'analyse qua-litative sont les suivantes :1. Si l 'analyste souhaite transformer des donnees qua-litatives sous une forme brutalernent quantifiable pour pou-voir tester statistiquement une hypothese, i1 code d'abordles donnees et les analyse ensuite. II fait un effort pourcoder