Stratégies sectorielles, Pauvretéet vulnérabilité: cas du Togo

A. Agbodji, K. Abalo, K. Yovo, K. Agbodji & A. Johnson

PLAN DE LA PRESENTATION

1. Quelques faits stylisés2. Problématique et questions de recherche3. Objectifs4. Méthodologie et données5. Analyse des résultats6. Limites de l’étude

1. Contexte• Togo, pays PMA avec un PIB par habitant

d’environ 310 dollars EU en 2004;

• Faible taux de croissance économique est de 4,1% (2000-2004);

• Parmi les trois secteurs d'activité qui sont à l'origine de la création du PIB, deux secteurs sont dominants :

le secteur primaire plus de 40 % le secteur tertiaire 40%

1. Contexte• Malgré la mise en œuvre de différentes

politiques et réformes économiques, l’économie togolaise connaît depuis les vingt dernières années une situation extrêmement fragile avec de très faibles performances économiques.

1. ContexteAggravation de la pauvreté

• Incidence de la pauvreté au niveau national:

32,3% en 1989 35,3% en 1998 47,3% en 2006

• Incidence de la pauvreté au niveau régional:

phénomène rural forte incidence dans la région des Savanes

1. ContexteLa vulnérabilité des ménages

• Fort taux de vulnérabilité à la pauvreté : 76,7%• Les ménages pauvres durables = 29,9%• les ménages pauvres transitoires = 17,4%• les ménages non pauvres vulnérables = 29,5%

• Incidence de la vulnérabilité au niveau régional:• Phénomène rural

forte incidence dans la région des Savanes

1. Contexte• En 2004, le Gouvernement a adopté son DISRP.

• Les orientations stratégiques contenues dans le DISRP visent à arrêter l'expansion du phénomène de pauvretéet à améliorer l'accès équitable des populations aux services sociaux de base.

• Les grandes orientations reposent sur les 4 axes suivants : – accélération de la croissance économique dans une optique de

réduction de la pauvreté ; – développement des secteurs sociaux, des ressources humaines

et de l’emploi ; – gestion durable des ressources naturelles et de l’environnement – promotion de la bonne gouvernance.

2. Problématique• il est reconnu aujourd’hui que pour lutter

efficacement contre la pauvreté, il y a lieu de prendre en compte plusieurs dimensions économiques et sociales qui interagissent dans un ensemble global.

2. Problématique• D’où la nécessité de mieux décrire et

analyser les interrelations qui se développent à l’intérieur d’un ensemble global et qui peuvent accroître ou limiter les effets sur la pauvreté de toute mesure de politiques économiques de l’Etat.

2. Problématique

• Avec les nouvelles mesures de politiques économiques que l’Etat entend mettre en œuvre dans le cadre du DSRP, quelles seront les incidences sur le revenu des ménages pauvres vulnérables ?

3. OBJECTIFS

• Objectif général: mesurer les effets potentiels des mesures de politique économique sectorielle prises par l’Etat dans le cadre du DSRP sur la pauvreté des ménages au Togo.

• Objectifs spécifiques:– construire une MCS détaillée du Togo ;– d’identifier les secteurs d’activités porteurs de croissance

économique et marqués par une forte présence de ménages pauvres ;

– d’identifier les mesures de politiques sectorielles visées par l’Etat dans le cadre du DSRP pour réduire la pauvreté au Togo ;

– évaluer les effets de ces politiques sur la pauvreté des ménages vulnérables ou non.

4. Brève revue de la littérature sur le MEGC

• Suivant Boccanfuso et al. (2003) et Cockburn, Decaluwé et Robichaud (2006), on peut regrouper les travaux des MEGC sur la distribution de revenu et la pauvreté en 3 temps :

Avant 1991: Adelman et Robinson (1979) pour la Corée, Devis, de Melo et Robinson (1982) et Gunning (1983) pour le Kenya.

Entre 1991 et 1998 sous la houlette de l’OCDE plusieurs travaux dont ceux de Thorbecke (1991), de Janvry, Sadoulet et Fargeix (1991), Bourguignon, de Melo et Suwa (1991) et Morrisson (1991) ont été réalisés pour évaluer l’impact des programmes d’ajustement structurel sur la distribution de revenu en évaluant la variation du revenu moyen de chaque catégorie de ménages.

4. Brève revue de la littérature sur le MEGC

Depuis 1998, une nouvelle vague de travaux a tentéd’aller plus loin en mettant l’analyse de la pauvreté au centre des objectifs de recherche. Ceci a notamment permis de mettre en exergue la relation existant entre les politiques économiques, les niveaux de pauvreté et la distribution de revenu.

Decaluwé, Patry, Savard et Thorbecke (1998), Decaluwé, Dumont et Savard (1999), Cockburn (2001), Bourguignon, Robillard et Robinson (2002), Decaluwé, Savard et Thorbecke (2005)

4. Brève revue de la littérature sur le MEGC

Application aux pays de la sous région

• Bénin : Adjovi (2004)

• Côte d’Ivoire : Chia, Wahba, et Whalley, (1992), Schneider (1992), Callipel, et Guillaumont-Jeanneney (1996), Mc Intire (1999), Cogneau et Collange (1997) et Aka (2003), Mc Intire et Varangis (2001).

• Sénégal : Dumont et Mesplé-Somps (2001), Dansokho (2000), Diagne et al. (2003), Boccanfuso et al. (2003) et Dumont et Mesplé-Somps (2001).

5. Méthodologie

• Deux étapes méthodologiques

1. Construction de la MCS

2. Modélisation en équilibre général calculable

Tableau : Quelques caractéristiques de la MCS

capital privé et capital publicCapital (2)

travail formel, travail informelTravail (2)

Facteurs de production

Etat, Reste du mondeAutres (2)

FirmesFirmes (1)

ménages pauvres vulnérables, ménages pauvres non vulnérables, ménages non pauvres vulnérables, ménages non pauvres non vulnérables

Ménages (4)

Institutions

Services marchands (transport, construction, réparation, éducation, santé…), services non marchands

Services (12)

1 compte pour l’industrie extractive, 1 compte pour l’industrie pétrolière et 22 comptes pour l’industrie manufacturière

Industries (24)

agriculture vivrière, agriculture de rente, élevage, forêt et pêcheAgriculture (5)

Activités

Description des élémentsTypes

Méthodologie: le modèle EGC

• L’architecture générale du MEGC s’inspire du modèle standard EXTER de Decaluwé, Martens et Savard (2001). Il s’est agi d’un redécoupage des comptes relatifs particulièrement aux ménages travailleurs en distinguant les ménages salariés formels des ménages salariés non formels.

• Il s’agit d’un modèle réel, statique, en économie ouverte et avec gouvernement.

Méthodologie: Les caractéristiques du MEGC

Clôture du Modèle

L’offre totale du produit composite est égale à la somme des demandes intermédiaires, de la consommation finale des ménages et de l’investissement.

Les dépenses publiques sont affectées uniquement à la production des services publics non marchands.

Plein emploi du facteur travail.

Investissement total = Somme des épargnes domestiques et étrangères.

Méthodologie: le calibrage du MEGC

• Calibrage du modèle : le modèle sera sur les données de la MCS (2000). En effet, excepté les élasticités de transformation et de substitution des fonctions CET et CES, les autres paramètres sont calibrés à partir des données de la MCS.

• Pour des élasticités non estimées pour le Togo, différentes sources ont été explorées: CAPE (2002), GTAP, Diagne et al., (2003), Adjovi (2004), Decaluwé, Dissou et Patry (2001), Dissou (2001) et Dorosch (1996), Decaluwé, Dissou et Robichaud (2004).

6. Les données Les données proviennent essentiellement des comptes nationaux de l’année de base (2000) finalisés en 2005. On dispose du :

➥ Tableau des Ressources et Emplois (TRE); ➥ Tableau des Comptes Économiques Intégrés

(TCEI);➥ Tableau des Opérations Financières et

Économiques (TOFE);➥ Les données de l’Enquête ménage 2006

Les données: les comptes du TRE

Le TRE comporte des données sur un total de 41 comptes d’agents de production de biens de services, notamment :

• 5 comptes relatifs au secteur primaire : agriculture vivrière, agriculture de rente, élevage, forêt et pêche ;

• 24 comptes du secteur secondaire : 1 compte pour l’industrie extractive, 1 compte pour l’industrie pétrolière et 22 comptes pour l’industrie manufacturière ;

• 12 comptes du secteur tertiaire : transport, construction, réparation, éducation, santé…

7. Analyse des résultats

• 7.1 Description de l’économie togolaise àpartir de la MCS

• 7.2 Résultats de la simulation

7.1 : Description de l’économie togolaise à partir de la MCS

• La branche Agriculture vivrière contribue à plus de 20% à la valeur ajoutée totale

• Pour l’ensemble des branches 48% de la valeur ajoutée est utilisée pour le paiement du travail informel contre 14% pour le travail informel

• L’Agriculture vivrière affecte plus de 67% de sa valeur ajoutée au titre de rémunération salariale du travail informel contre 0.02% du travail formel.

7.1 : Description de l’économie togolaise à partir de la MCS

• Les rémunérations du travail informel constituent la principale source de revenu des ménages.

• Les rémunérations du travail formel représententprès de 20 % du revenu des ménages non pauvres et non vulnérables 12,27 % de celui des ménages non pauvres et vulnérables;8,70 % pour les ménages pauvres et

vulnérables11,33 % pour les ménages pauvres non vulnérables.

7.2 : Résultats de la simulation

• Effets sur le rendement du capital :diminution du rendement du capital dans les branches bénéficiaires, soit :

- 29,69% pour l’agriculture vivrière, - 62,46% pour l’agriculture de rente, - 38,83% pour l’Elevage et Chasse, - 43,67% pour la Sylviculture et Forêt - 51,51% pour la Pêche

dans l’industrie et les services, le capital spécifique devient ainsi relativement plus rare avec comme effet une augmentation des rendements du capital.

7.2 : Résultats de la simulation

• Effets sur le taux de salaire

La main d’œuvre libérée devient disponible pour les autres secteurs d’activité notamment l’industrie et les services avec une hausse du volume de main d’œuvre variant entre 16,69 et 98,55%

augmentation du taux de salaire de la main d’œuvre formelle et baisse de celui de la main d’œuvre informelle

7.2 : Résultats de la simulation

• Effets sur le prix de la valeur ajoutée :

le prix de la valeur ajoutée des branches du secteur primaire a connu une baisse tandis que les branches des secteurs industriels et des services ont connu une hausse du prix de valeur ajoutée.

Les baisses du prix de valeur ajoutée de certaines branches des secteurs industriels et des services peuvent être expliquées par celles du rendement de leur capital

7.2 : Résultats de la simulation

• Effets sur la production :

accroissement de la production dans les branches bénéficiaires excepté l’agriculture de rente.

variations à la baisse ou à la hausse dans les autres branches d’activité en fonction des variations à la hausse ou à la baisse respective de leur demande en biens intermédiaires

7.2 : Résultats de la simulation

• Effets sur la distribution de revenu des ménages:

une variation négative du revenu nominal des ménages pauvres et vulnérables et des ménages pauvres non vulnérables (-3.09% et 0.77% respectivement)

une variation positive pour les ménages non pauvres vulnérables et non vulnérables (0.06% et 6.28%).

7.2 : Résultats de la simulation

• Effets sur le bien-être des ménages:

Une analyse en termes de bien-être indique que les ménages dans leur ensemble ont connu une amélioration de bien-être puisqu’ils présentent tous une variation équivalente positive.

L’amélioration a été plus élevée pour les ménages vulnérables pauvres ou non.

8. Limites de l’étude

• Approche statique

• Non prise en compte des sources de financement

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