Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

37
 DBW FIODBW CB DIG_@MU G@KKBHSB BW Q I_ D şRV_B CB WEBMJE ID-IDOIHM  D i p `h s b qu b d' Mh st mtu tm `h W gmbh gb s Q` h b v bu t p is q ub v` u s dm s mb z. . .  www.msdik`d`lubs-cb-frihgb.g`k Wmtb `ffmgmbd cb d @osbrvit`mrb cbs Msdik`d`lubs cb Frihgb

Transcript of Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 1/36

LES FABLES DE LACROIXCOMMENTE ES PAR L’ŒUVREDE SHEIKH AL -ALBANI La Réponse que l'Institution Sciences Po ne veut pas que vous lisiez...

www.islamologues-de-france.comSite officiel de l ’ Observatoire des Islamologues de France

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 2/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

2

MOT DU TRADUCTEUR

a France n’est plus ce qu’elle l’était durantl’avant-Sarkozy. Les lois votées contre la libertédes femmes musulmanes leur interdisant de

s’habiller selon leurs convictions, les profanations

récentes de mosquées et de cimetières musulmans, lescaricatures ignobles du Prophète Mohammed ainsique la diffamation croissante des politiciens envers lesmusulmans pratiquants ne sont que quelques élémentsqui démontrent que la France a déclaré persona non grata tout musulman qui refuse de s’assimiler à laüber -culture française.

Certes, la politique et les médias del’hexagone sont trempés dansl’islamophobie et le racismeantimusulman comme l’était, au

siècle précédent, la propagandeantisémite en Allemagne. Toutcomme la démocratie allemande a permis à Hitler, en 1933, de populariser le fascisme antijuif, lalaïcité française véhicule dans cenouveau siècle le fascisme antimusulman. Or, lesislamophobes français ont appris à ne pas commettre lesmêmes erreurs de leurs précurseurs allemands et mènentleur campagne antimusulmane sous couvert d’une libertéd’expression et un combat pour «des valeursrépublicaines et laïques ». Ils transforment lesappellations pour atténuer le caractère xénophobe deleurs attaques calomnieuses contre les musulmans qui pratiquent ouvertement leur religion et ne parlent plus decroyance musulmane ou de citoyens musulmans — termes exclusivement réservés aux Arabes occidentalisés –, mais d’islamistes, wahhabites, extrémistes, intégristes,fondamentalistes et fous d’Allah. Ce sont des termesavec lesquels ils augmentent sans cesse le sentiment de peur dans ce pays qui, à en croire les médias asservis,semble être sous occupation « salafiste».

Il n’y a que très peu de résistance scientifique ouintellectuelle de la part des membres de la communautémusulmane et ceux qui ripostent se contententd’énumérer quotidiennement les agressionsislamophobes, chose d’ailleurs totalement inutile, car ilsuffit de suivre les infos pour comprendre que la Franceest aujourd’hui le pays le plus islamophobe d’Europe.

Dans le monde anglophone, les choses diffèrent ;l’islamophobie est moins présente et plusieurs auteurs1 sont connus pour écrire des répliques académiques auxislamologues, orientalistes et journalistes

antimusulmans. Une de ces réponses s’est faite à un 1 Comme Haneef Oliver, auteur des livres «The Wahhabi Myth» et« Sacred Freedom».

professeur de Sciences Po nommé Stéphane Lacroix2,connu pour diffamer la religion musulmane et lessavants de l’Islam. La réponse a été écrite en anglaisquelque temps avant la défaite électorale de Sarkozy par un étudiant au Yémen… comme quoi les dronespeuvent parfois aller dans l’autre sens. L’étudiant démontre queles analyses, recherches et conclusions du professeur sont en réalité un mélange des fables de Lafontaine etdes Mille et une Nuits présentées sous forme d’ouvrageacadémique. Or, comme vous le verrez dans cetteréponse, les écrits de Lacroix n’ont rien d’académique.Après la sortie de « Les Fables de Lacroix commentées par l’œuvre de Sheikh al -Albani» en anglais3, la

réputation du professeur s’esteffondrée dans le monde académiqueanglo-saxon. L’humiliation subite par Stéphane Lacroix fut telle que, dèslors, il n’a presque plus rédigé

d’articles en anglais sur ce qu’ilnomme le « salafisme» et le« wahhabisme».

Il était donc important de partager lescompétences académiques de cet

expert en Islam avec le monde francophone où ilcontinue à se faire passer pour un spécialiste. Il est, eneffet, temps que la France sache qui est réellement le professeur Stéphane Lacroix comme il est grand tempsqu’en France, onse rende compte à quel degré lescharlatans islamophobes se sont infiltrés dans lesuniversités, les instituts et les centres de recherchesfrançais.

Dans une interview avec le Figaro4, Stéphane Lacroixreprochait aux « Salafistes » de rester dans leur bulle.C’est un reproche qu’ilne devra plus faire, car aujourd’hui un Salafi est sorti de sa bulle pour mettre augrand jour les tromperies académiques de cet imposteur qui sombre dans l'escroquerie intellectuelle...

2 Stéphane Lacroix est connu pour rédiger des articles islamophobesen anglais et passe régulièrement dans les médias français. Il a participé à un débat avec un Imam d’une mosquée à Marseille après

la diffusion d’un reportage d’Harry Roselmack sur le « Salafism ». 3 L’article originalen anglaiss’intitule« Sheikh al- Albani’s worksreply to Stephan Lacroix’ revolutionary Lie»4 « Les Salafistes en France restent dans leur bulle » Le Figaro,12/10/2012

L

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 3/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

3

Certains professeurs à Sciences Po exploitent l’industrie fructueuse de l’islamophobie pour entamer leur carrière

urant les quatre années sous le « régime » de Nicolas Sarkozy, la France a non seulementconnu un déchaînement d'islamophobie dans les

médias principaux et sur de le devant de la scène politique, mais aussi dans ses universités les plus prestigieuses qui, aujourd’hui, sont clairementcontaminées par le nouveau fléau du siècle. Le« Sarkozysme » a produit des drôles de spécimens qui sesont autoproclamés « islamologues » et « experts del'Islam » dans le but de mener une campagne visant àdiscréditer la communauté musulmane de France.

Les articles dans la presse occidentale qui traitent lareligion musulmane et ses différentes sectes ontclairement révélé que tout ignare peuts’infiltrer dans le

domaine complexe des sectesmusulmanes et leurs différencesreligieuses. Dans certains milieuxacadémiques, ils font même figure deréférence sans avoir la moindre notionou compréhension de la matière danslaquelle ils se font nommer « experts ». En auscultant les écrits deces « islamologues » et pseudospécialistes du Moyen-Orient, lelecteur intègre se doit de conclure queleur vaste majorité est composéed’imposteurs incompétents quiamassent des fonds de recherche considérables destinésaux études académiques d'universités comme Princeton,Cambridge, Oxford, la Sorbonne et Sciences Po. Ilsgagnent leur vie en rédigeant des articles d'amateurs qui,à de rares exceptions près, contiennent des thèsesfarfelues, voire des histoires fictives. En France, uneélite de fondamentalistes laïques5 a entamé une vendettamédiatique contre les musulmans qui refusent des'assimiler à la culture française et de se soumettre à sesnormes. C'est souvent en exploitant l'ignorance desmasses que cette nouvelle génération « d'orientalistes »est parvenue à diaboliser une partie bien précise de lacommunauté musulmane en France et cela en présentantles «musulmans qui s’habillentislamiquement » commedes islamistes, fanatiques, intégristes etfondamentalistes6.

Éditer des articles sur l'Islam et ses sectes est devenu un

5 Parmi les islamophobes les plus actifs en France, nous avonsJacques Myard, André Gerin, Jean-Marie Le Pen, Bernard Rougier,Caroline Fourest, Manuel Valls, George Freche, Jean-François Copé,Bernard Henry Lévy, Nicolas Sarkozy, Alain Finkielkraut, FadelaAmara, Marine Le Pen et Siham Habchi.6 Notez que les juifs religieux — contrairement aux musulmans qui pratiquent ouvertementl’Islam — , sont toujours décrits comme des« orthodoxes » et non comme « fondamentalistes » ou « intégristes ».

commerce à « profit garanti ». Or il est impressionnantde constater que la quasi-totalité de ces « islamologues »sont inaptes à effectuer de simples recherchesacadémiques dans les livres d’or igine en arabe quiconstituent la source primaire pour tout chercheur quidésire étudier les origines, l'influence et ledéveloppement des sectes musulmanes contemporaines.Il n’y a probablement pas d’autre branche despécialisation dans les cercles académiques oùl'illettrisme dans la langue primaire, sur laquelle est basée son étude, ne pose aucun problème pour devenir expert dans le domaine. De plus, leur incapacité deconduire des recherches de base conformes à la réaliténe semble les déranger en rien. Les militants del'islamophobie française recyclent principalement lesanciennes ambiguïtés de leurs précurseurs orientalistesen ajoutant leur touche personnelle avec desargumentations insolites. En effet, ils semblent bien

conscients de leur immunité presqueabsolue lorsqu’ils rédigent des contesde fées présentées sous forme derecherches académiques. Ils n’ont jamais à se justifier et ne doivent pas prendre en considération lessentiments des musulmans de qui ilsécrivent, car ces derniers seretrouvent citoyens de seconde zonedans cette nouvelle France oùl'apartheid religieux n’a pas d’égal.

Aujourd'hui, nous allons analyser de plus proche les écrits de Stéphane Lacroix qui est unadversaire fervent de la famille royale saoudienne et desSalafisde France qui refusent de s’agenouiller devant lalaïcité française et les valeurs occidentales. Comme c'estle cas pour la plupart des professeurs de Sciences Po, lesécrits du professeur Lacroix révèlent une animosité particulière envers l'Islam et plus spécifiquement àl’égard des musulmans qui pratiquent leur religion7.Dans ses articles, il juge ceux qui suivent les préceptesmusulmans comme des personnes intellectuellementretardées qui ont abandonné toute pensée rationnelle. Àl’inverse, il décrit les arabes laïques qui se sonthardiment assimilés aux idéaux de l'Occident comme desintellectuels courageux et audacieux. Stéphane Lacroixrêve bel et bien d'une Arabie Saoudite laïque déchue detoutes ses valeurs musulmanes8…

7 En mars 2007, Stéphane Lacroix participe au colloque xénophobe etislamophobe «Le Rôle de l’Etat Civil qui plaide pour les Reformesdans le Monde Arabe » organisé par le FPC à Londres. Comme tout bon islamophobe, Lacroix revendique le droit aux « sociétés civiles »d’imposer des réformes chez les arabes dansleurs « sociétés

primitives ».8 Dans sa croisade pour libéraliser les lieux saints occupés par lesmusulmans, Stéphane Lacroix a fait une intervention à l’Institut desAffaires Etrangères de Norvègequ’il a nommé «Perspectives pour une libéralisation religieuse et politique de l’Arabie Saoudite».

D

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 4/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

4

Après avoir fui l’Albanie la famille d’al -Albani s’est installée dans cette maison à Damas

…et voici la maison dans laquelle Sheikh al - Albani a grandi pendant son enfance

La Riposte de Sheikh Naser al-Din al-Albani

Mohammed Ibn Nouh Nadjati, mieux connu sous le nomde Mohammed Naser al-Din al-Albani futincontestablement un des savants musulmans les plusaimés du XXe siècle. Lors de son enfance, il a dû fuir

l'Albanie à cause de la persécution religieuse dudictateur sanguinaire Ahmed Zogolli9, de la mêmefaçon dont de nombreux musulmans français émigrentaujourd’hui vers des pays musulmans pour échapper à la politiqueantimusulmane de Sarkozy. Lafamille de Sheikh al-Albani choisit laSyrie comme nouveau pays d'accueilet c’est là oùMohammed al-Albani,encore très jeune, se lance dans lesétudes religieuses dans la bibliothèque « al-Thahiriya » de

Damas. Il devint renommé pour sonzèle ardent dans la recherche duHadith à tel point que l'administrationde la bibliothèque mit une pièce àdisposition du Sheikh et lui donna uneclé de la bibliothèque où il passait la plus grande partie de son temps10. Al-Albani, qui devint un savantmondialement reconnu dans lascience du Hadith, fut plus tard invitéen Arabie Saoudite pour enseigner àla prestigieuse Université Islamiquede Médine. Il finit en Jordanie où ildécède au milieu de ses livres ens’adonnant à l’occupation qu’ilappréciait le plus : la recherche de hadiths. Lorsqu’al-Albani décède, les musulmans au monde entier avaient perdu un de leurs savants les plus éminents et le plusgrand Muhaddith de leur époque.

Tout au long de sa vie, Sheikh al-Albani fut harcelé par de nombreux islamophobes, polythéistes et partisanssectaires pour avoir appelé à la tradition prophétique etavoir exposé les enseignements erronés des secteségarées. Dans ses livres, al-Albani consacra beaucoup detemps à se défendre contre les nombreuses faussesallégations à son égard. Cela, comme il l’avaitmentionné à plusieurs reprises, lui prenait beaucoup deson temps :

9 Dictateur albanais laïc, connu pour avoir assassiné ses rivaux politiques et avoir mené une politique de collaboration étroite avecl’Italie fasciste. Sa dictature royale fut caractérisée par unecombinaison de despotisme et réformes occidentales dans lesquelles

il prit des mesures oppressives en adoptant des lois civiques etcommerciales ainsi que des codes pénales occidentaux. Lesmusulmans furent les plus grandes victimes de ce tyran impitoyable.10 Voir la biographie officielle de Sheikh al-Albani : www.alalbany.net/albany_serah.php

« Cela fait maintenant plus d'un demi-siècle que nousconstatons comment la diffamation prend, chaqueannée, une nouvelle forme. En effet, chaque année il y aquelque chose qui se répète, chaque année on inventeune nouvelle chose contre moi alors que personne parmices gens-là n’est venu me voir directement…»11

Malheureusement, la calomnie lancée contre Naser al-Din al-Albani n’a pas cessé après son décès. Il y a

quelques années, une tentative futentreprise pour lier le Sheikhindirectement à l'attentat sanglant de1979 perpétré sur la mosquée de laMecque par Mohammed al-Qahtani12.D'autres, encore, ont dépeint ce grandhomme de science comme un simpled’esprit qui rejette le raisonnementhumain. Et en France, le savant

albanais fut gravement diffamé dansun article de Stéphane Lacroix intitulé« l'Approche R évolutionnaire d’al-Albani du Hadith13 ».

L'œuvre de Sheikh al-Albani contientsuffisamment de matière à démanteler les accusations calomnieuses du professeur Lacroix. Par conséquent,cette réponse sera majoritairementrestreinte aux paroles du Sheikh qui,même après sa mort, s’avèrenttoujours très utiles pour répondre auxarticles islamophobes écrits par les partisans fanatiques et xénophobes de

la laïcité française.

11 Muhammad Nasir al-Din al-Albani, « As-Salafiya wal Madhahib»

[La Salafiya et les Madhabs], p.10312 Voir la ‘1e Partie’ de la série « Thomas Hegghammer under theSledgehammer » (à venir incha Allah).13 Stéphane Lacroix « Al- Albani’s Revolutionary Approach to Hadith», ISIM Review 21, p.6-7.

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 5/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

5

L’entrée de la bibliothèque « al-Thahiriya »à Damas où le Sheikh fit ses recherches

La pièce de la bibliothèque mise àdisposition à Al-Albani. Le Sheikh y passait

parfois plus de quinze heures par jour.

Les Origines de la Salafiya…?

Comme la plupart des islamophobes institutionnalisés, le professeur Lacroix étiquette l’Islam orthodoxe commedu « Wahhabisme » et le présente comme une secteislamique qui se base sur les enseignements de Sheikh

Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb al- Najdi. Dans son article, il décrit le« Wahhabisme » comme étant :

« … le discours produit et soutenu par l'établissement officiel et religieux del’Arabie Saoudite»

Avant tout, Stéphane Lacroixconsidère le « Wahhabisme » commeun discours produit par l'établissementofficiel et religieux de l’Arabie

Saoudite. Ensuite, il fait une différenceavec le « Salafisme » en mentionne :

« Contrairement au Wahhabisme, leSalafisme se réfère à toutes leshybridations qui ont eu lieu depuis lesannées 1960 entre les enseignementsde Mohammed Ibn 'Abdel-Wahhâb et d'autres écoles juridiques islamiques. »

Donc, si nous avons bien compris, le« Wahhabisme » est une école juridique et le« Salafisme » a vu le jour dans les années 196014… Toutcela est, certes, très intéressant et évoque le témoignage bouleversant de Dounia Bouzar 15 invitée à parler devantla mission d'information parlementaire en 200916 établidans le but de priver les femmes musulmanes de leur droit de s’habiller selon leurs convictions religieuses.Dans sa déclaration ahurissante, Bouzar a allégé que le

14 Cette déclaration de Stéphane Lacroix comme quoi le« Salafisme » se réfère aux hybridations des années 1960 contreditses propos dans l’interview avec le Figaro où il allège que le« Salafisme » est né au XVIIIe siècle (voir « Les Salafistes en Francerestent dans leur bulle» Le Figaro, 12/10/2012). Ce n’est qu’une desnombreuses contradictions qui confirme bien l’incompétence du professeur Lacroix qui sombre dans la plus grande confusion.15 Dounia Bouzar est une ancienne éducatrice à la ProtectionJudiciaire de la Jeunesse qui est devenue « islamologue » grâce à sonexpérience acquise avec de jeunes délinquants issus des banlieues (c.-à-d. voyous, voleurs, dealers, braqueurs de banque, etc.).16 En juin 2009, l'Assemblée nationale a nommé une Commission de32 députés pour mener une mission d'information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national.La commission s’estterminée en tribunal d'inquisition moderne où une meute dexénophobes a diabolisé les porteuses deniqab avec un acharnement pathétique afin de justifier une loi ôtant la liberté aux musulmanes deFrance de se vêtir selon les préceptes de leur religion.Éric Raoult, le

rapporteur de la mission sur le port du voile intégral fut placé engarde à vue en octobre 2012 pour violences conjugales après que safemme dépose plusieurs plaintes à son encontre. Lors de lacommission, il a toujours prétendu vouloir défendre les « femmesopprimées sous leur niqab »…natürlich mein Führer!

niqab fut une innovation imposée aux femmes par certains savants saoudiens au début du XXe siècle.L’islamophobie et l'histoire culturelle de l'Islam ne vontclairement pas de pair, ce qui expliqued’ailleurs pourquoi les islamophobes sont incapables de situer la Salafiyadans un contexte historique.

Dans plusieurs articles, le professeur Lacroix emploi le terme« jurisprudence Wahhabite ». Le faitqu’un spécialiste de l’Islam improviseun discours invoquant un madhabinexistant qui n'a jamais été mentionnédans un livre de jurisprudenceislamique met en péril sa réputation dechercheur islamologue. Il est clair que,dû à leur manque d'études adaptées etde recherches approfondies, beaucoup

« d’exper ts du Moyen-Orient et del’Islam» rendent confus leurs lecteursquand ils s’efforcent de décrire laSalafiya. C’est pourquoi nous allonslaisser derrière nous Stéphane etDounia aux pays des merveilles laïqueset voir ce que les vraies spécialistes dessciences musulmanes ont à dire sur lesujet. Dans ses écrits, Sheikh al-Albania clarifié à plusieurs reprisesqu’historiquement, les origines de la

Salafiyaremontent à fort longtemps :

« De nombreux savants, au passé et au présent, ont adopté la dénominationde 'L’appel à la Salafiya’.Certains l’ont décrit par l’appel de ceux qui préconisent la Sounna Prophétique, d'autres l’ont nommé l’appel d'Ahl al-Hadith. Ce sont toutes des dénominations quiindiquent une même signification. Beaucoup de gensdans la communauté musulmane, au passé comme au présent, ont souvent été insouciants de cela ; ou peut-être ils en étaient conscients, mais ne l'ont jamaisappliquée de façon appropriée »17

En effet, l'affiliation à la Salafiya est très ancienne; c’estune chose qui est bien connue et peut aussi bien êtreretrouvé dans les œuvres des anciens savants que dans lalittérature musulmane contemporaine. Mais si la Salafiyane se réfère pas aux hybrides imaginaires du professeur Lacroix qui ont eu lieu dans les années 1960, alors dequoi s’agit-il ? Sheikh al-Albani nous l'explique d’unemanière simple et claire :

17 Muhammad Nasir al-Din al-Albani, «Ousoul al- Da’wa al -Salafiya» [Principes de la Da’waal-Salafiya], p. 13

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 6/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

6

L’ école primaire dans laquelle étudiait al- Albani avant que son père lui apprenne leCoran et lui enseigne le madhab Hanafite

L’entrée de la même école à Damas, qui, àla base, fut une maison d’orphelins.

« La Salafiya est l’Islam selon sa compréhensioncorrecte ; elle invite les gens à se cramponner à leur croyance islamique originale et n’exclus pa s injustement un type de personnes. Dans son appel au Coran et à latradition prophétique, elle ne fait aucune distinctionentre la personne cultivée et l'illettrée, entre la personneéduquée et celle qui n’a pas eu d’éducation.»18

Ainsi, laSalafiyan'est rien de nouveau.Al-Albani explique la fausseconception qui est présente chez ceuxqui considèrent que la Salafiya prendses racines dans l’œuvre de SheikhMohammed Ibn Abdel-Wahhâb oud’Ibn Taymiya :

« Certains prétendront que l’appel à laSalafiya est quelque chose de nouveau,

qu’il s’agit d’un développement ou quela première personne s’ être affilié àelle fut Sheikh al-Islam Ibn Taymiya et après lui, à l’époque contemporaine, Ibn Abdel-Wahhâb. Or, cetteconception est entièrement fausse. Plutôt, il s’agit d’un mensonge puisquel'appel à la Salafiya est l'appel correct et original de l'Islam en soi... »19

La Salafiya vs le Sectarisme

La Salafiya diffère des sectes islamiques dans le faitqu'elle se réfère à la compréhension des compagnons duProphète et des grands savants aux trois premièresgénérations après la révélation20 :

« L'appel à la Salafiya est basé sur la connaissance duCoran et la Sounna suivant la compréhension des pieux prédécesseurs des (premières) trois générations et dequi le Prophète a attesté la droiture dans le hadithconnu : 'Les meilleurs des gens sont ceux de ma génération, puis ceux de la générationd’après, puisceux de la génération d’après.' Les quatre Imams21 et les autres savants qui ont vécu pendant — ou un peuaprès — leur temps appartiennent tous aux grands savants des pieux prédécesseurs. Et ce sont eux que nous suivons dans notre appel à Islam. »22

18 Muhammad Nasir al-Din al-Albani, «Shubah Hawl al-Salafiya»[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.13019 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Durus Lil Sheikh Nasir al- Din al-Albani »(Shabakat al-Islâmiya)20

Plusieurs sectes revendiquent également leur appartenance à laSalafiya. Or, leurs actes et idéologues invalident leur allégation.21 C.-à-d. les Imams Abu Hanifa, al-Shafi’i, Malek etAhmed.22 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Shubah Hawl al-Salafiya»[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.113

Ainsi, la Salafiya peut simplement être définie commel’orthodoxie ou comme l’Islam dans sa forme originale puisqu’elle est basée sur la compréhension des gens quiétaient les plus rapprochés de la période de la révélation.Une fois les trois premières générations révolues, lessectes islamiques n’ont cessé d’accroitre tout endéveloppant leur propre compréhension du Coran et de

la Sounna Prophétique. Mais, commel’explique Sheikh al-Albani, toutes lessectes islamiques revendiqueronttoujours leur adhésion aux deuxsources de la révélation musulmane :

« La caractéristique de ce groupe de gens (c.-à-d. Ahl al-Sounna) ne selimite pas à leur affiliation àl'application du Coran et de la Sounnacar aucune de ces sectes, que ce soit au

passé ou au présent, ne peut nier s’affil ier au Coran et à la Sounna demanière générale. Par conséquent, jedis que les groupes islamiques et les sectes qui ont été mentionnés par le Prophète et auxquels il faisait référence dans le hadith (des 73 sectes), sont unanimes pour revendiquer leur affiliation au Coran et à la Sounna. »23

Il semble, en effet, n’y avoir aucunedifférence entre les sectes quant à leur appartenance au Coran et à la Sounna. Cependant, ils

diffèrent fondamentalement dans leur compréhension :

« La société dans laquelle nous vivons aujourd'huicomprend de nombreux groupes qui prétendent tous s’ adhérer à la religion de l'Islam et qui ont tous laconviction que l'Islam est basé sur le Coran et laSounna. Cependant, la grande majorité d'euxn’approuvent pas le suivi de la voiedes compagnons et ceux qui les ont suivis avec droiture…»24

Les sectes musulmanes se distinguent par le suivi étroitde leur fondateur dans la compréhension de l'Islam ; lesSalafis, en revanche, basent leur compréhension nonseulement sur les sources islamiques les plusauthentiques, mais ils étudient également l’œuvre desgrands savants des trois premières générations pour ainsiatteindre la compréhension adéquate et originale de leur religion. Ils ne suivent pas aveuglément ces savants enquestion, mais se servent de leurs ouvrages pour arriver à une compréhension correcte de l'Islam25:

23

Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Ousoul al- Da’wa al -Salafiya » [Principes de la Da’wa al-Salafiya], p.1824 Ibid, p.3525 Un des reproches que répète souvent le professeur Lacroix est queles « Salafistes» ont une lecture littéraire puisqu’ils appliquent «à la

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 7/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

7

L’horlogerie du père d’al -Albani dans lequel leSheikh a appris le métier d’horloger, à l’entréese trouve son plus jeune frère .

Plus tard al-Albani devient indépendant et ouvre sa propre horlogerie à Damas. Il devient un des meilleurs horlogers de la ville.

« Nous voyons les grands savants comme un moyen et nous les considérons comme des intermédiaires quitransmettent la science d'Allah et de Son Prophète . Nous ne les suivons pas pour 'qui' ils sont (mais pour cequ’ils transmettent). De plus, nous ne considérons pasleur suivi comme un de nos objectifs (en soi) puisquenotre intention unique est de comprendre la voie que suivait le Prophète . Cela veut dire que l'objectif est de savoir ce qui lui a été révélé dans le Coran ou ce qu'il aclarifié dans sa Sounna. »26

Selon al-Albani, toutes ces différentesfaçons de comprendre les deuxsources divines ont divisé lacommunauté musulmane comme ellel'est aujourd'hui :

« Par conséquent, je dis que la

défaillance par laquelle est atteinte lacommunauté dans le fait de revenir àla compréhension, les idées et lesopinions de nos pieux prédécesseursconstitue le facteur principal dans ladivision des musulmans en plusieurs'madhabs' et diverses sectes. »27

À maintes reprises, al-Albani déclaraque la raison pour laquelle lacommunauté musulmane doit revenir à la compréhension des trois premières générations est parce qu'ils’agit des générations qui ont transmisl’Islam au reste du monde dans saforme correcte et originale28. LeSheikh comprenait bien que, pour éviter les divisions et les frictionsdans la Oumma, il est essentield’obtenir une façon unie de comprendre l’Islam.

Il est important de souligner que cette façon decomprendre l’Islam a toujours existé et peut êtreretrouvée dans l’œuvre des savants qui se sont distinguéslors des quatorze siècles passés. Revenir à lacompréhension des premièrestrois générations n’est, eneffet, rien de nouveau et Sheikh al-Albani faisait souventréférence à la parole de l'Imam Mâlik dans laquelle il

lettre» ce qu’ils trouvent dans les textes religieux. Cette thèse sertensuite de prétexte pour justifier des appellations comme« fondamentalistes » ou « intégristes ». Imaginez-vous que noustraiterions de « fondamentalistes intégristes » tous les citoyens deFrance qui appliquent « à la lettre » toutes les lois de leur démocratietout en prétextant qu’ils ont lecture littéraire. Tout bon citoyenfrançais deviendrait ainsi un intégriste fondamentaliste.26

Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Shubah Hawl Al-Salafiya»[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.12027 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Ousoul al- Da’wa al -Salafiya» [Principes de la Da’waal-Salafiya], p.3528 Ibid, p.46

dit : « Ce qui ne faisait pas partie de la religion à la première époque, ne fera pas partie de la religionaujourd'hui. Certes, les générations futures de notrecommunauté seront uniquement rectifiées par ce qui arectifié les premières générations »29. Al-Albani voyaitque c’était le seul moyen pour que la communautémusulmane sorte de sa situation misérable.

Mais si Salafiya est aussi ancienne que la religionmusulmane elle-même et représente, certes, la formeoriginale de l’Islam, pourquoi alors les musulmans de

nos jours semblent-ils si peu familiersavec la Salafiya? Sheikh al-Albaniexplique quec’est principalement dûau fait que beaucoup de musulmanssuivent aveuglément une école juridique:

« La raison de ceci est que notrecommunauté a subi de nombreux siècles dans lesquels une forme solidifiée du suivi aveugle des‘ madhabs’ s’est ancrée dans lescœurs des gens qui s’affilient à Ahl al-Sounna. »30

Sheikh al-Albani s’est souventindigné de cette ignorance largementrépandue chez les musulmans qui estapparue après leur négligence de lareligion et de son apprentissage. Il amentionné que beaucoup sont tombésdans une ignorance profonde à tel point qu'ils n’éprouvent plusd’émotion en lisant le Coran ou enétudiant les textes authentiques de laSounna Prophétique31.

En effet, l'ignorance a toujours eu des conséquencesnéfastes et des répercussions historiques pour lacommunauté musulmane et a même facilité lacolonisation occidentale du monde musulman. Sheikhal-Albani expliquait souvent qu’il n'était pas admissibleque les musulmans soient satisfaits de leur situationactuelledans laquelle ils sombrent dans l’ignorance etn’apprennent plus les croyances indispensables de leur religion. En suivant les enseignements du Coran et de laSounna, al-Albani maintenait le principe selon lequell'ignorance actuelle des musulmans est la cause de leur humiliation incessante32.

29 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Fatawa al-Manhajiya Lil- Albani » [Les Fatwas d’Al-Abani liées au Manhaj] p.8530

Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Ousoul al- Da’wa al -Salafiya» [Principes de la Da’waal-Salafiya], p. 1431 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « As-Salafiya wal Madhahib»[La Salafiya et les Madhabs], p.10132 Ibid, p.106

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 8/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

8

Manuscrit de « al-Thamar al-Mustatâb fi Fiqh al-Sounna wal Kitab», premier livreduquel Sheikh al-Albani a évalué les hadiths.

Briser le mythe « Wahhabite »

L’article de Stéphane Lacroix sur Sheikh al-Albaniaurait pu être crédible si le professeur avait fait l’effortde lire au moins quelques chapitres dans les livres duSheikh. Il n’aurait probablement pas décrit si

maladroitement la Salafiya, ni aurait-il attribué sa proprevision du « Wahhabisme » à Sheikh al-Albani, car pour Lacroix, le « Wahhabisme » est une secte islamiquefondée par Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb et seshéritiers :

« Le Wahhabisme fait initialement référence à la tradition religieusedéveloppée à travers les siècles par lesulémas de l'établissement officiel religieux saoudien et a été fondée par les héritiers de Mohammed Ibn Abdel-

Wahhâb. »Si le « Wahhabisme » est une traditionreligieuse qui s’est développée àtravers les siècles suivants le décès deSheikh Ibn Abdel-Wahhâb, alors ilserait très intéressant de savoir en quoile « Wahhabisme » diffère desenseignements originaux de l'Islamtransmis par le Prophète et dansquels aspects il contredit le Coran et la Sounna. Lesislamophobes ont toujours refusé d’aborder ce sujet et secontentent d’étiqueter l’Islam orthodoxe comme du« Wahhabisme »33. Cela leur permet de dénigrer demanière indirecte la foi musulmane sans pour autantdevoir mentionner le terme ‘Islam’34. Il n'est passurprenant de voir que l’appellation «Wahhabite »trouve ses origines dans la poésie injurieuse de la sectedes Déobandisau Pakistan et en Inde au début du XXesiècle35. Sheikh al-Albani est remonté encore plus loindans l’histoire et a mentionné que le terme

33 D’autres experts autoproclamés, comme le sociologue-mufti Samir Amghar, présentent toute pratique orthodoxe de l’Islam comme uneradicalisation. Comme la laïcité française néglige et éradiqué le statutde toute référence musulmane compétant dû à son savoir islamique,les médias font recours à des sociologues totalement ignorants des préceptes musulmans. Ce sont souvent ce genre d’Arabes ouBerbères qui servent de faux alibi aux médias tendancieux qui lesexploitent pour transmettre leur protocole qui stipule que lemusulman peut uniquement êtreun ‘ bon citoyen’ s’il s’habille, secomporte et pense entièrement comme le Français de souche.34 Lacroix diffame ainsi la religion musulmane en employant le terme« Wahhabisme ». En janvier 2005, il a présenté une communication àun colloque organisé par le CERI intitulé « La critique duWahhabisme…», ce qui passe mieux que «la critique de l’Islam»35

L'animosité de la secte des Deobandisenvers Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb réside dans le fait que le Sheikh prônait un Islam orthodoxequi interdit l'adoration des tombes, des saints, etc. Voir al-Shams al-Salafi al-Afghani« Al-Maaturidya wa Mawqifuhum min Al-Asmaawa Al-Sifaat » Vol.3, p.312, 313

« Wahhabite » fut déjà employé par les Ottomans en tantqu’outil de propagande:

« L'emploi du terme (Wahhabite) faisait partie de la politique menée par l'Empire Ottoman lorsqu'un hommede science et de réforme nommé Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb commença à appeler les gens (à l’Islam) danscertaines parties de la région du Najd. »36

Le nom « Wahhabisme » fut dès lors repris dans lesouvrages tendancieux d'islamophobeset d’orientalistes et cela, jusqu’à notreépoque. En effet, il s’agit aujourd’huid’une appellation très populaireexploitée dans la virulente campagnede propagande antimusulmane.Certains « islamologues » utilisent leterme pour décrire les Takfiris (c.-à-d.

ceux qui déclarent d’autres musulmansmécréant sans respecter les prescriptions de l'Islam), d'autresemploient le terme de façon trèsgénérale pour cataloguer les hommes barbus et les femmes qui portent leniqab, et puis il y a encore ceux quiconsidèrent que le « Wahhabisme » estun système politique. De cette façon,chaque spécialiste possède sa façon

personnelle de représenter et de comprendre ce qu'ilappelle le « Wahhabisme ». Dans son article, StéphaneLacroix commence par décrire al-Albani comme un« Wahhabite » et mentionne :

« Il est connu de tout le monde que Sheikh Nasir al-Dinal-Albani fut un partisan loyal du Wahhabisme. »

Plutôt, il est connu de tout le monde que cettedéclaration est simplement absurde. Sheikh al-Albani,ainsi que tous les autres savants sunnites n'emploient pasle terme « Wahhabite » et le considèrent comme uneinjure. Dans son explication du livre «al-Tahawiya»Sheikh al-Albani mentionne :

« Et parmi les preuves principales qui prouvent que leSheikh (al-Tahawi) fut bien Salafi, est que ses ennemis ledécrivent comme étant un ‘Wahhabite’. Ce terme est uneaccusation préfabriquée portée contre tous ceux qui suivent le chemin des prédécesseurs, qui appellent à latradition prophétique et rejettent le suivi aveugle.»37

36

Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Fatawa al-Sheikh al-Albaniwa Muqaranatuha bi Fatawa al-Uléma »[Les Fatwas de Sheikh al-Albani comparées à celles d’autres savants], p. 12 37 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Sharh Aqida al-Tahawiya»[Explication de‘Aqida al -Tahawiya], p.53

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 9/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

9

Cour intérieure de la librairie « al-Thahiriya »où Sheikh al-Albani acceuilla al-Ghimari

A l’intérieur de la bibliothèque, al -Albani informait al-Ghimari du contenu des livres

Dans sa « Silsila al-Ahadith al-Da'ifa », Sheikh al-Albani mentionne un extrait d'une lettre qui remonte à1959 dans laquelle un de ses adversaires le décrit de lamanière suivante :

« Ensuite, Nasir al-Din al-Albani est arrivé à Damas oùil apprit l’arabe et étudia la science du Hadith danslaquelle il a acquis la maîtrise. Il abénéficié largement d'une bibliothèquequi contient de précieux manuscrits dehadiths. L'année dernière, lorsque j'airendu visite à cette bibliothèque,c’était lui qui m’apport ait les livresque je cherchais et c’est lui quim’informait de leur contenu. Et Sheikhal-Albani est un homme malicieux et un pur ‘Wahhabite Taymite’. Si cen'était pas pour son vicieux madhab et

son obstination, il aurait été une des personnes uniques à son époque dansla science du Hadith, malgré qu'il gèretoujours une horlogerie... »38

Sheikh al-Albani et les autres savantsde l'Islam orthodoxe sont souventdépeints comme « Wahhabites » par leurs opposants. De même, dans sonlivre «Tahdhir al-Sajid min Ittighadhal-Qubur Masajid », al-Albani tirel’attention sur les orientalistescontemporains qui offensent les gensde la Sounna avec l’appellation «Wahhabite »39.

L’Imposture d'un Professeur Charlatan

Un peu plus loin, le professeur Lacroix attribue les propos suivants à Sheikh al-Albani :

« Mais plus important que ça, al-Albani affirmait être plus fidèle à l'esprit du Wahhabisme que Ibn 'Abdel-Wahhâb lui-même. Cette parole a rendu les idées d’al - Albani très populaires chez la jeunesse Salafie. »

Premièrement, la « jeunesse Salafie » rejette totalementle terme « Wahhabite ». Par conséquent, cettedéclaration du professeur ne peut être vraie.Deuxièmement, Sheikh al-Albani n'a jamais prononcéces mots et celui qui est familier aux écrits du Sheikhsait pertinemment qu’il est impossible que cette parole puisse être sortie de la bouche du Sheikh. La question se

38 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al- Da’ifaWal Madou’a Wa Atharouha Al -Sayyi’ Fil Umma» [Collection des

hadiths faibles et inventés et leur effet néfaste sur la communautémusulmane] 4/639 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Tahdhir al-Sajid Min Ittighadh al-Qubur Masajid »[Prémunir ceux qui se prosternentcontre le fait de transformer les tombes en mosquées], p. 102

pose : d’où le professeur Lacroix obtient-il sesinformations. Vu que dans son article, il ne cite pas uneseule référence des paroles attribuées à Sheikh al-Albani, j'ai personnellement contacté Stéphane Lacroix pour luidemander une référence de cette citation en question40.Bien que j’aie réitéré ma demande àmaintes reprises, le professeur Lacroix a obstinément refusé de me fournir la

moindre source. J'ai poursuivi marecherche dans l’œuvre d'al-Albani et je suis tombé sur une parole danslaquelle le Sheikh explique avoir subides insultes grossières lancées par Ahmed al-Ghimari41. Sheikh al-Albaniconclut cette partie dans son livre enmentionnant les propos dénigrantsd'al-Ghimari que voici :

« Celui qui considère Sheikh al-Albani

comme Wahhabite a eu tort, car il est plus partial à l'esprit du Wahhabismequ’Ibn Abdel-Wahhâb lui-même et il est plus têtu que lui... »42

Dans ce passage, Sheikh al-Albaniexplique qu'un de ses plus grandsadversaires l'accuse d'être plus partialà l'esprit du « Wahhabisme » qu’IbnAbdel-Wahhâb lui-même. Le professeur Lacroix aintentionnellement déformé cettedéclaration et l'a présentée commeétant une affirmationd’al-Albani lui-même. Notre

« chercheur » français a tout simplement pris une insulted'al-Ghimari pour l’attribuer à Sheikh al-Albani dans le but de convaincre le lecteur qu’al-Albani se considéraitcomme « Wahhabite ». Le professeur n'a jamais donnésuite à ma requêted’une référence de la citation deSheikh al-Albani parce qu'il a sciemment inventé unmensonge qu'il a alors exploité pleinement pour fairecroire aux lecteurs que Sheikh al-Albani fut populairechez la « jeunesse Salafie » et cela, en prétendantqu’ilse disait plus fidèle à l'esprit du « Wahhabisme » qu’Ibn Abdel-Wahhâb lui-même. En France, si vous volezl’ouvrage d'un auteur vous avez commis du plagiat, sivous volez de plusieurs auteurs, vous avez effectué desrecherches et si vous inventez des propos que l'auteur n’a jamais dits, ça devient de la «spécialisation ».

40 Le professeur Lacroix fut contacté par mail à l’adressemail

[email protected] 41 Sheikh marocain qui, d'après al-Albani, penchait vers l’idéologieShi’ite (Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al- Da'ifa... », Vol.6, p.212)42 Ibid, Vol.3, p. 15

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 10/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

10

La région du Najd où a début é la da’wa de SheikhMohammed Ibn Abdel-Wahhâb.

Mais pourquoi le professeur Lacroix forge-t-il unmensonge aussi flagrant ? Tout simplement parce qu'ilest obsédé par l’appellation « Wahhabite » et sansreprésenter al-Albani comme quelqu’un qui serevendiquait comme « Wahhabite », une partie principale de son article perd toute signification et sesconjectures fantaisistes s'écroulent comme un château decartes.

On peut se demander quelle aurait été la réaction deSheikh al-Albani à ce professeur « spécialiste del’Islam » qui l’a taxé de partisan loyal du« Wahhabisme » tout en attribuant des insultesgrossières lancées par ses adversaires au Sheikh lui-même. Il est important de comprendre que les savants del'Arabie Saoudite joignent leurs voix à la désapprobationd’al-Albani face au terme « Wahhabisme ». Pour citer unexemple, l’ancien Mufti du

Royaume d’Arabie, Sheikh Adbel-Aziz Ibn Baz, a dit que le terme« Wahhabite » est uniquementemployé par les adversairestendancieux et ignorants del'Islam43. Sheikh Saleh al-Fawzan,un autre savant majeur du pays, adéclaré que le « Wahhabisme »n'existe pas dû au fait que SheikhMohammed Ibn Abdel-Wahhâbn'est pas venu avec un dogme ouune méthodologie propre à lui pour attribuer cetteda’wa à sonnom. En conséquence, le « Wahhabisme» n’est pas plusqu’une dénomination inventée pour aliéner le public desécrits de Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb et pour lereprésenter comme quelqu'un qui a son propremadhab et qui contredit les imams du passé44.

Le « Wahhabisme » est aujourd'hui devenu un mythe populaire dans les cercles islamophobes. Une des raisonsles plus apparentes pour laquelle les islamologuesfabulent en inventant ces nouveaux termes non reconnusauprès des savants musulmans est simplement parcequ'ils ne sont pas capables de mener des recherchescomparatives entre les idéologies de sectes musulmanesd’une part et les œuvres histor iques de savantsmusulmans contemporains et modernes, de l'autre45.L’histoire a démontré que Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb n'est pas venu avec une nouvelle traditionreligieuse comme certains semblent croire. Pour

43 Abdel-Aziz Ibn Baz, « Fatawa al-Sheikh Ibn Baz» [Recueil deFatwas de Sheikh Ibn Baz], 3/130644 Voir le site officiel de Sheikh al-Fawzan sur ce lien 45 Ainsi, Stéphane Lacroix a rédigé un article dans une revue

« académique» qu’il a intitulé «Les courants islamiques après le 11septembre». Le professeur ne comprend pas qu’il n’y a pas eu denouvelles sectes ou « courants islamiques » après le 11 septembre dûau fait qu’il n’a aucune notion des développements des sectesmusulmanes à travers l’histoire.

comprendre la réalité de l'appel (da’wa) de MohammedIbn Abdel-Wahhâb, nous devons d’abord retracer l’histoire de la péninsule Arabique à son époque...

L'appel de Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb al-Najdi

Avant la da’wa de Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb, la région du Najd se trouvait dans une situationoù la majorité des gens furent ignorants desenseignements fondamentaux de l'Islam.L’analphabétisme largement répandu, ce fut l’époque oùl’Arabie se trouva dans « l’Âge Obscur » où lescroyances de bases musulmanes ne furent plusenseignées. Les gens adoraient tombes, statues et arbreset prenaient les morts comme intermédiaires pour invoquer leur Seigneur. D’un point de vue global, leur situation fut, à plus d’un égard, très semblable à la

période préislamique du

paganisme…46

Il semble que les islamologuesrefusent de commenter cetteépoque et s’ils le font, ils ladécrivent comme une périoderiche et culturellement diversifiée.Ceci, bien entendu, est une simplefaçon d’ignorer les exploitsfabuleuxqu’avait réalisésSheikhMohammed Ibn Abdel-Wahhâbsur le plan religieux, pédagogique,structurel et politique.

Cependant, c'est dans ce contexte historique qu'IbnAbdel-Wahhâb a fait renaître la Sounna Prophétique,qu’il a relancé les enseignements originaux de l'Islam etqu’il a commencé à instruire lapopulation. Le dogme(aqida), la jurisprudence ( fiqh), le Hadith, le Tafsir ainsique toutes les autres sciences religieuses s’enseignaient ànouveau et bénéficiaient largement à la communauté47.Tout comme l’Imam Ahmed, Ibn Taymiya et d'autres,Ibn Abdel-Wahhâb fut un des rénovateurs de l'Islamorthodoxe et tentait de ramener sa communauté vers la pratique et la compréhension correcte de l'Islam. SheikhAl-Albani mentionne :

« Ensuite, ce fut Sheikh al-Islam Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb qui a fait renaître cet appel dans le Najd à uneépoque où la région se trouvait dans un état d’abomination ténébreuseet où le paganisme fut prédominant dans tout le pays. Les gens de la région sont redevenus instruits grâce aux enseignements deSheikh Al-Islam (Ibn Taymiya) de qui il (c.-à-d.

46

Madiha Darwish,« Tarigh al-Dawla al-Sa’udiya» [L’Histoire del'Etat Saoudien]47 Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan,« Al-Fiqh Wal- Fuqaha Fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya...”[La Jurisprudence etles savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.37

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 11/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

11

Manuscrit de l’évaluation du recueil de hadiths« Sahih Abu Dawud » par Sheikh al-Albani.

Mohamad Ibn Abdel-Wahhâb) a bénéficié en lisant seslivres... »48

En étudiant ces développements dans la région du Najddans un contexte historique, l'appel d'Ibn Abdel-Wahhâbne semble n’être rien de plus qu'une extension de lalongue succession de savants d'Ahl al-Sounna quicommence par les compagnons du Prophète , lessavants majeurs des premières trois générations, lesquatre Imams, les Muhaddithin tout en poursuivant avecIbn Taymiya, ses étudiants et les autres grands savantsmusulmans49. Les enseignements de tous ces savantssont basés sur la même fondationidéologique au point que plusieurs« spécialistes de l’Islam» en Occidentont décrit des savants comme IbnTaymiya et al-Souyouti comme étantdes « Wahhabites », bien que Sheikh

Ibn Abdel-Wahhâb soit né plusieurssiècles après eux50. Si vraiment l'appelà l’Islam de tous ces savants estconsidéré comme du « Wahhabisme »,alors le Prophète Mohammed et sescompagnons peuvent aussi bien êtreappelés « Wahhabites ».

Toutefois, le professeur Lacroix a uneautre façon de voir les choses. Dansson article, il développe une thèseconspirationniste et prétend queSheikh al-Albani a eu des ennuis avec les savantssaoudiens dû au fait qu'il aurait « remis en question leursfondations méthodologiques » :

« Cependant, l'opposition qu’a endurée al -Albani de la part de l'établissement religieux Wahhabite ne fut pasuniquement intellectuelle. En remettant en question les fondations méthodologiques sur lesquelles leWahhabisme avait bâti sa légitimité, il avait également défié leur position dans le champ religieux saoudien. »

Ici, nous voyons clairement comment les hallucinationss’emparent du professeur Lacroix qui, dans sa nouvelledéception, prétend que Sheikh al-Albani a défié la position des savants saoudiens en remettant en questionleurs fondations. Mais pourquoi donc ? Craignaient-ilsque ce savant albanais devienne le futur Mufti del'Arabie Saoudite, le ministre des Affaires religieuses, ouest-ce qu'ils le considéraient comme un héritier potentieldu trône? Quoi qu’il en soit, analysons de plus proche

48 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al- Da’wa al -Salafiya» [La Réalitéde la Da’wa al-Salafiya] p.15649

Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi Li A’imma al - Da’wa al -Salafiya Fil Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 9350 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al-Sahiha» [Recueil de Hadiths Authentiques], 8/1

les fondations méthodologiques dont parle notre professeur.

Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb, les générationssuccessives des savants du Najd ainsi que tous les autressavants saoudiens n'avaient pas de principesindépendants. Or, ils suivaient tous les fondationsméthodologiques51 connues et maintenues par lesCompagnons, les quatre Imams et les savants d'Ahl al-Sounna au passé52. Ceux-ci s’avèrent être exactement lesmêmes principes sur lesquels se basait Sheikh al-Albani.

Des Fondations « Wahhabites » ?

Les exploits de Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb ne seront jamais appréciés — voire compris — par ceux qui ne lesont jamais étudiés, et encore moins

par ceux qui n’ont pas bénéficié d’unenseignement de base de l'Islam àtravers les œuvres des savantsMusulmans orthodoxes qui permettrade mettre en corrélation leur credo etméthodologie indiscernable. Cetteincompréhension a fait que beaucoupde chercheurs simples d’espritcomprennent l’œuvre de Sheikh IbnAbdel-Wahhâb comme une nouvellereligion qu’ils taxent alors de« Wahhabisme ». Dû à leur mépris de

l’Islam et leur refus de mener la moindre étudeapprofondie des textes de révélation, ils considèrentl'appel d'Ibn Abdel-Wahhâb comme une traditionreligieuse qui ne se réfère pas aux œuvres principales del’Islam, mais qui se base plutôt sur des écrits apparus bien après. C’est également ce que prétend StéphaneLacroix :

« Dès son début, le Wahhabisme s'est établi en tant quetradition religieuse qui s’est basée sur quelques livresclés, aussi bien dans le dogme (aqida) que la jurisprudence (fiqh). »

Le professeur décrit l'héritage d'Ibn Abdel-Wahhâbcomme une nouvelle tradition religieuse et indépendante basée sur ses œuvres personnelles et celles de seshéritiers. Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb était sans aucundoute un réformateur qui a fait revivre les sciencesislamiques dans la péninsule Arabique, mais la plupartdes livres qui se trouvent à la base de l'appel des savantssaoudiens, depuis l’époque de Sheikh Mohammed Ibn

51 Ces fondations sont le Coran et la Sounna, le Consensus, les

Jugements des Compagnons et le Qiyaas juridique. Voir Saleh IbnMohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al- Fiqhi…», p.252-268 52 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi Li A’imma al - Da’wa al -Salafiya Fi Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 251-256

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 12/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

12

Manuscrit de « Sahih al-Sira al-Nabawiya », labiographie du Prophète .

Abdel-Wahhâb jusqu'à ce jour, sont des œuvres quidatent d’avant le temps d’Ibn Abdel-Wahhâb. Dans sonensemble, les savants du Najd ont bénéficié des savantsd’Ahl al-Hadith53 comme peut facilement être déduit deleurs écrits, fatwas et propos54.

En somme, les livres qui sont enseignés dans leRoyaume appartiennent à de grands savants issus dumonde entier. Dans le dogme (aqida) ils ne dépendaient pas uniquement des ouvrages d'Ibn Abdel-Wahhâb maisaussi, et surtout, de ceux d’IbnTaymiya (Syrie XIIIe siècle) et sonétudiant Ibn Qayim (Syrie XIIIesiècle) qui ont soutenu et transmis lescroyances originales de l’Islam. Dansla grammaire arabe une de leursréférences principales est « al-Ajurrumiya » rédigé par le savant

marocain Mohammed Ibn Ajurrum(XIVe siècle) et dans la jurisprudenceils dépendaient en grande partie desécrits du Sheikh palestinien Abdel-Ghani al-Maqdisi (XIIe siècle). Dansla science du Hadith ils revenaientaux livres du savant syrien al-Nawawi(XIIIe siècle) et du Muhaddithégyptien Ibn Hajar al-Asqalani (XVesiècle) et dans la science de l'héritageils dépendaient surtout du livre «al-Rahabiya» dusavant irakien Mohammed al-Rahabi (XIIe siècle).55

Cela confirme la tendance observée à travers l’histoire:les œuvres des savantsdu Najd ont toujours eu unedimension internationale et n’ont jamais été restreintes,comme le prétendent certains professeurs, à quelqueslivres clés d'une tradition religieuse saoudienne.

Une Bande Tribale qui prend contrôle de la PéninsuleArabique ?

Stéphane Lacroix persiste obstinément dans sa faussereprésentation de lada’wade Sheikh Ibn Abdel-Wahhâbet explique comment la conspiration des savantssaoudiens a débuté par une aristocratie :

53 Comme les Imams al-Shafi’i, Malek, Ahmed, al-Bukhari, Muslim,Abu Dawud, al-Tirmidhi, al-Awza’i, al-Darimi, al-Dar al-Qutni, al-Bayhaqi, Ibn Hazm, Ibn Hajr, Ibn Abdel-Bar, Ibn Taymiya, IbnQayim ainsi que d’autres savants qui portaient une grande attentionau Hadith.54 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi Li

A’imma al - Da’ wa al-Salafiya Fi Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 241-24255 Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan,« Al-Fiqh Wal- Fuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya...»[La Jurisprudence etles savants de Fiqh au R oyaume d’Arabie Saoudite], p.39, 44.

« Cette tradition (c.-à-d. le « Wahhabisme ») fut monopolisée par une petite aristocratie religieuse du Najd, qui s'est d’abord concentrée autour de Mohammed Ibn ‘Abdel -Wahhâb et ses descendants (connus sous les Âl al-Sheikh) avant de s'élargir à un petit nombred'autres familles... les membres de cette aristocratieétaient devenus les seuls transmetteurs légitimes de latradition Wahhabite; dans ce contexte, les savantsindépendants furent exclus parce qu'ils n'avaient pasreçu de ‘science adéquate’ de ‘savants qualifiés’.»

Plus loin, il insinue que « l'approcherévolutionnaire» d’al-Albani de lascience du Hadith contredisait lesnormes saoudiennes puisque cetteapproche menait au fait que :

« ... la science du hadith peut être

mesurée selon des critères objectifs sans qu’ils soient liés à la famille, latribu ou à la descendance locale cequi a permis une certaine mesure deméritocratie56 qui fut auparavant absente. »

Stéphane Lacroix représente larenaissance de l'Islam au Najd commeune aristocratie religieuse instaurée

par une famille bourgeoise qui tente de monopoliser lada’wa en favorisant des tribus locales. Par conséquent,l'état saoudien est tout sauf une méritocratie dû à la prisede pouvoir de la « mafia religieuse Wahhabite ». Certes,tous les moyens sont justifiés pour diaboliser les savantssaoudiens.

Cependant, l'histoire conteste cette allégation du jeune professeur, car les archives des savants du Najd révèlentclairement que le seul critère de réussite chez les ulémasa toujours été la connaissance des différentes sciences del’Islam. L’origine tribale ou les liens de famille n’ont jamais fait d’une personne un savant religieux. Ici, nous pourrions citer l’exemple du Roi Abdel-Aziz qui avait le plus grand respect pour les gens de science et était connu pour avantager les savants aux membres de sa proprefamille57.

De même, le grand nombre de savants étrangers qui ontatteint de hauts rangs dans l’établissement religieux

56 NDT La méritocratie est un système qui classe les gens selon leur mérite. Ce que Lacroix entend par là est que les savants du Hadith enArabie, chez les « Wahhabites», n’ont pas de mérite réel (comme lascience, l’intelligence, etc.) puisqu’ils sont uniquement devenussavants dû à leur origine et à leur appartenance à une certaine famille

ou tribu. Le fait qu’ils aient étudié les sciences islamiques pendantdes décennies n’a, bien entendue, joué aucun rôle, car l’ArabieSaoudite, avant l’arrivée d’al-Albani fut un pays vide de touteméritocratie.57 Al-Zarkali,« Al-Wajiz », p.197

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 13/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

13

Couverture de la première revue islamique pour laquelleSheikh al-Albani a rédigé des articles

saoudien58 est une preuve claire qui le tribalisme etl’origine locale ne jouent aucun rôle dans lareconnaissance et l’admission des savants en ArabieSaoudite. De plus,Stéphane Lacroix sait très bien qu’àSciences Po, un arabe d’ArabieSaoudite ou du Yémen, par exemple, ne sera jamais admis dans leur institut pour enseigner.

Les islamophobes tentent souvent d’arabiser la religionmusulmane en insinuant que l’Islam est basé sur uneforme de nationalisme ou tribalisme. Cependant, jamaisdans l’histoire la science du Hadith n’a-t-elle étémesurée selon les liens de famille, les tribus, les classessociales,l’origineou la descendance du Muhaddith. Les plus grands savants musulmans et narrateurs de hadithsont une parfaite illustration de cela puisque la majoritéd’eux étaient des non-arabessouvent très pauvres. Néanmoins,

ça ne les a pas empêchés dedevenir les détenteurs et lesnarrateurs de la tradition prophétique à niveau mondial. Cesont eux qui ont transmis leshadiths et une partie majeure dessciences islamiques au reste dumonde. Al-Bukhari, Muslim, AbuDawud, al-Tirmidhi, Al-Nassa'i,Ibn Majah furent tous des non-arabes qui ont instauré lesouvrages de référence du Hadithsur lesquels dépend aujourd'huitoute la communauté musulmane.

La critique « Haddadi » de Lacroix : Al-Albani contreles Saoudiens

En examinant le développement des assertions du professeur Lacroix, nous voyons qu’il arrive maintenantau message principal dans lequel il reflète un conflitintense entre al-Albani et les savants saoudiens :

« Al-Albani est fortement en désaccord avec lesWahhabites - et surtout avec leurs représentants principaux, les ulémas de l'établissement religieux saoudien – dans le domaine de la jurisprudence (loi). »

De manière globale, Sheikh al-Albani n'était pas engrand désaccord avec les savants saoudiens dans lesaffaires de jurisprudence puisque leur méthodologie dans

58 Parmi eux nous comptons Sheikh Mohammed Aman al-Jami

(Ethiopie), Sheikh Abdel-Razzaq al-A’fifi (Égypte), SheikhMohammed Aman al-Shinqiti (Maurétanie), Sheikh Mohammed Nasir al-Din al-Albani (Albanie), Sheikh Hammad al-Ansari (Mali),Sheikh Wasiyullah A’bbas (Inde), Sheikh Mohammed al-Harras(Egypte) etc.

la déduction de preuve fut identique59. Il divergeaitévidemment avec eux dans certaines fatwas de lamanière dont divergent tous les savants Sunnites entreeux dans les affaires de jurisprudence. Ce n’est rien despectaculaire pour ceux qui ont une connaissancesuperficielle des sciences religieuses au long del’histoire islamique et prouve simplement que lessavants d’Ahl al-Sounna font leur propreijtihad , àl’inverse despartisans qui suivent aveuglement unecertaine école de principes jurisprudentiels ou unmadhab. De plus, ces différences n'ont pas causé lamoindre animosité entre Sheikh al-Albani et sesconfrères parmi les savants saoudiens comme devientclair dans les éloges prononcés par deux desreprésentants principaux de «l’établissement religieuxsaoudiens» à l’époque d’al-Albani. Le premier est

Sheikh Abdel-Aziz Ibn Baz qui adéclaré qu'il n'a jamais vu, dans

son temps, un savant de Hadithcomme Sheikh al-Albani.L’ancienmufti a même avoué qu’il a beaucoup bénéficié de lui et ditqu’il leconsidérait comme un desmeilleurs savants de son époque60.Le deuxième est Sheikh IbnUtheymin qui l'a loué pour sesœuvres dans le dogme et la jurisprudence61 et l'a appelé leMuhaddith de son époque62 ainsique le Muhaddith de la région duChâm

63.

Les savants dans le Royaume Arabe qui ont réfuté al-Albani ont tous explicitement mentionné dans leursréponses que leurs différences n’étaient pas basées sur des contradictions fondamentales et qu'ils respectaient etaimaient Sheikh al-Albani64. Un d'entre eux, SheikhMohammed Aman al-Jami, a déclaré dans sa réfutationde Sheikh al-Albani :

« Allah, les anges, et ceux présents (dans cette assise) sont témoins de mes propos dans lesquels je déclare que j'aime Sheikh al-Albani pour (la cause) Allah. »65

59 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi Li A’imma al - Da’wa al -Salafiya Fi Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 9060 Sheikh Abdel-Aziz Ibn Baz,“Durus Lil Shaikh Abdel -Aziz Ibn Baz”(Shabaka al-Islamiya), cours 1761 Mohammed Ibn Salih al-Utheymin,“Al - Diya’ Al - Lami’ min Khutab Al- Jawami’” [Etincelles Lumineuse des Sermons deVendredi] p.44662 Muhammad Ibn Salih al-Utheymin,“Sharh Aqidatul Safariniya” [Explication de la Aqida Al-Safariniya] p.18563 Les pays du Châm sont le Liban, la Palestine, la Syrie en la

Jordanie.64 Voir Rabi’ Bin Hadi al-Madkhali, [Les Egarements Limpidesd’Abdul-Latif Bashmel], p. 9 et « A Lighthouse of Knowledge from aGuardian of the Sunnah», p.4165 Ibid, p.39

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 14/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

14

Ibn Taymiya fut incarcéré dans cette prison, plus de sept siècles avant l’emprisonnement d’ al-Albani.

De même, Sheikh al-Tuwayjari a déclaré, tout enréfutant le savant albanais, que « critiquer al-Albani permet (à certains) de critiquer la Sounna66 ». Malgréavoir réfuté al-Albani, ces savants partageaient tous saméthodologie et ne l’ont jamais accusé d'avoir desdifférences fondamentales ou une approcherévolutionnaire du Hadith.

Il y a plus d’une décennie Abdul-Lateef Bashmel, unHaddadi67 notoire et un ennemi juré de Sheikh al-Albani,a essayé d’exploiter les réfutations de quelques savantssaoudiens contre le Muhaddith albanais pour porter atteinte à son intégrité et ameuter les gens contre lui.Ainsi, il a voulu faire croire que lesréponses des savants saoudiens à Sheikhal-Albani étaient motivées par uneanimosité et une opposition totale à al-Albani. Malgré que Bashmel se soit

vigoureusement efforcé de diviser l’unité des savants Salafis68, ces derniersont exposé ses égarements et ontouvertement mis en garde contre lui.

Aujourd'hui, Stéphane Lacroix marchesur les traces d’Abdul-Lateef Bashmelen suivant des principes Haddadisindiscernables. De façon identique, ilaccentue avec ardeur les différencesentre al-Albani et les savants saoudiensafin de porter atteinte à leur réputation.D’une part, les savants saoudiens sontdépeints comme des malfaiteurs fanatiques qui netolèrent aucune divergence d’opinion alorsqu’al-Albaniest, d’autre part, représenté comme un savant dontl’approche révolutionnaire du Hadith constitue une baseidéologique pour des extrémistes qui finissent par commettre des attentats terroristes69.

On pourrait également s'interroger sur la raison pour laquelle le professeur Lacroix insiste à démontrer toutecette « hostilité saoudienne »alors qu’il passe soussilence le conflit intense qui a eu lieu entre al-Albani etl’établissement religieux syrien. Mohammed Nasir al-Din al-Albani fut emprisonné à deux reprises en Syrieaprès que ses adversaires l’accusent à tort auprès desautorités. Au début des années soixante, le Sheikh futemprisonné pour une période d’un mois dans laforteresse de Damas, l’endroit où fut incarcéré IbnTaymiya sept siècles auparavant. En 1967, al-Albani estemprisonné pour une deuxième fois, faisant huit mois de prison dans le nord-est de la Syrie. Tout cela semblen’être d’aucune importance pour le professeur Lacroix

66

Ibid67 La secte des Haddadisa été nommée après Mahmoud al-Haddad,un comptable égyptien connu pour diffamer les savants de la Sounna.68 Ibid, p.4169 NDT Ce qui deviendra clair vers la fin de l’article

qui diffame uniquement le Royaume saoudite dans sesarticles et exprime son admiration envers les Saoudiensoccidentalisés qui préconisent une constitutionoccidentale pour se débarrasser des valeurs islamiquesdans le Royaume Arabe70.

Comprendre l’adhésion d'Ibn Adel -Wahhâb auHanbalisme

La raison du « profond désaccord » entre al-Albani et lessavants saoudiens est, selon Stéphane Lacroix,l’appartenance des «Wahhabites » au Hanbalisme :

« Ici, al-Albani fait allusion à unecontradiction fondamentale dans latradition Wahhabite : les partisansWahhabites ont préconisé unedépendance exclusive au Coran, à laSounna et au consensus d'al-salaf al- salih (les pieux prédécesseurs).Cependant, pour leurs fatwas ils se sont presque uniquement référés à la jurisprudence Hanbalite. Par conséquent, ils agissent en tant que partisans d'une école juridique spécifique, à savoir le Hanbalisme.»

Dans un autre article, le professeur Lacroix prétend même qu’al-Albani

reprochait aux savants saoudiens de suivre aveuglémentle madhab Hanbalite :

« Cependant, les Hanbalites contemporains ont eutendance à imiter (taqlid), de plus en plus,d’anciennes fatwas des membres de leur école, au lieu de pratiquer leur propre interprétation (ijtihad) basé sur le Coran et la Sounna. C'était un des reproches principaux d ’al - Albani aux Wahhabites qui prétendaient faire du ijtihad mais avaient tendance à agir comme des Hanbalites. »71

Depuis le XVIe siècle, les savants du Royaume saouditeont adhéré au madhab de l'Imam Ahmed Ibn Hanbaldans la jurisprudence, tout en prenant en considérationdes verdicts d'Ibn Taymiya et Ibn Qayim72. Initialement,l'influence du Hanbalisme a marqué la région du Najdgrâce aux circonstances de voyage favorables pour lesétudiants saoudiens qui, avant la période d’Ibn Abdel-

70 NDT Stéphane Lacroix ne formule pas la moindre critique contrele régime syrien puisqu’il est bien connu que les laïques fanatiques dela France ont toujours soutenu Bachar al-Assad dans sa répressiondes Salafis en Syrie.71

Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer,« Rejectionist Islamismin Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Uta ybi Revisited », p.472 Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan,« Al-Fiqh Wal- Fuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya...» [La Jurisprudence etles savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.223

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 15/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

15

En 1967, al-Albani fait huit mois de prison à al-Hasakah, dans le nord-est de la Syrie.

Wahhâb, voyageaient à Damas (Syrie) et à Nables(Palestine) où ils assistaient au cours de savantsHanbalites. De retour au Najd, ils transmettaient lascience qu’ils avaient acquisedans leurs régions73.Cependant, il est important de bien saisir ce qui estvoulu par cette adhésion au Hanbalisme. Dans une lettrede Sheikh Abdoullah al-Sana’âni à Sheikh MohammedIbn Abdel-Wahhâb, le savant yéménite lui demanda dequelle manière les savants du Najd adhéraient aumadhab Hanbalite :

« Que voulez-vous dire lorsque vous dites que vous suivez le madhab de l'Imam Ahmed? Le suivez-vousaveuglément ou suivez-vous sa méthodologie dans la pratique du ijtihad? »

Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb répondit avec les paroles

suivantes :« Toute déclaration et tout acte doit être mesuré aux paroles et auxactions du Prophète . Ce qui est enaccord avec celles-ci est accepté, et ce qui les oppose est rejeté, peuimporte la personne qui tient les propos. Aucune priorité n’est donnée aux opinions personnelles sur le Coran et la Sounna Prophétique. Nous suivons les principes de l'Imam Ahmed de la façon qui fut mentionnée par Ibn Qayim a dans son livre‘ I'lâm El Muwaqqi'în’…Voici ce que nous voulons dire quand nous disons que notre madhab est le madhab de l'Imam Ahmed. »74

Bien que les savants de la péninsule Arabique aienttoujours attaché une grande importance scolastique àl’œuvre de l'Imam Ahmed, ils ne suivaient pasaveuglément son madhab. Les archives historiquesattestent toutes qu'ils abandonnaient le jugement dumadhab si celui-ci était en contradiction avec un hadithou avec toute autre preuve claire75. Le madhab Hanbalitea été utilisé en tant que fondation dans la jurisprudencece qui est considéré comme un élément facilitateur pour apprendre le fiqh. Cependant, Sheikh Ibn Abdel-Wahhâba déclaré explicitement que ses fatwas n'étaient jamaisrestreintes à un madhab précis :

73 Dr Abd-Allah al-Turki, « Al-Madhab Al-Hanbali » [Le MadhabHanbalite], Vol.1, p.291-29574 Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb,« Al-Durar al-Saniya Fil Ajwiba al-Najdiya »[Les Perles Inestimables Tirées des Réponses du Najd] Vol.4, p.2175 Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan,« Al-Fiqh wal-

Fuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya...» [La Jurisprudence etles savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.43 et SalehIbn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al- Fiqhi Li A’imma al - Da’wa al -Salafiya Fi Najd »[La Méthodologie Jurisprudentielle desGrands Savants Salafis du Najd], p. 361

« Nous ne nous limitons pas à un madhab spécifique. Sinous trouvons une preuve tangible dans un des quatremadhabs, quel qu’il soit, nous l'acceptons et nous nous yaccrochons. »76

Le Sheikh a également fait remarquer que la prioritédevait être donnée au Coran et à la Sounna prophétiquesur les jugements de son propremadhab:

« Si nous tombons sur un texte clair du Coran ou de laSounna qui n'a pas été abrogé ni spécifié, qui necontredit rien de plus tangible et qui a été accepté par un des quatre Imams77 , alors nous acceptons cettedécision et abandonnons le madhab…Nous ne suivons pas aveuglément les savants, et cela dans aucun

domaine, parce que la parole dechacun peut être acceptée ou rejetée,à l’exception des paroles du Prophète

. »78

Ibn Abdel-Wahhâb fut suivi danscette méthodologie par les savants duRoyaume saoudite qui exigeaient queleurs étudiants délaissent le madhabsi une preuve contradictoire leur devenait apparente79. Et celacorrespondait avec la méthodologiede Sheikh al-Albani qui dit :

« Par conséquent, nous disons qu'en nous accrochant àtout ce qui a été rapporté dans la Sounna de façonauthentique, personne ne pourra nous accuser d’avoir contredit intentionnellement le madhab des imams ouleur méthodologie, même si nous contredisons certainsde leurs verdicts. »80

Tout comme al-Albani81, Ibn Abdel-Wahhâb bénéficiaitdes jugements des quatremadhabs et tout commeSheikh al-Albani82, il rejetait la petitesse d'esprit cachéedans le suivi aveugle des madhabs en donnant la prioritéaux preuves du Coran et de la Sounna sur les jugements

76 Dr. Abdel-Muni’m Abdel-Athim Khayrah,« Al-Qada fil-Mamlakaal-Arabiya al-Sa’udiya» [Le Système Juridique dans le Royaume del’Arabie Saoudite], p.68 77 Sheikh al-Albani ne voyait pas ceci comme étant une condition.Cependant, les fatwas dans lesquelles al-Albani contredit l’ensembledes quatremadhadssont si rares qu'elles n'auraient jamais pu mener àun conflit profond avec les savants saoudiens.78 Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb,« Al-Durar al-Saniya Fil Ajwiba al-Najdiya »[Les Perles Inestimables Tirées des Réponses du Najd] Vol.4, p.1079 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi Li A’imma al - Da’wa al -Salafiya Fi Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p.364-36680

Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Asl Sifat Salat al-Nabi » [ LaDescription de la Prière du Prophète, Version Originale], p.3281 Ibid, p.2382 Voir Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al- Da’waal-Salafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.170

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 16/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

16

Manuscrit du « Recueil de hadiths faibles et

inventés » par Sheikh al-Albani

du madhab. Ses livres contiennent de nombreuses fatwasdans lesquelles il contredit les décisions de l'écoleHanbalite83 ; et ce fut également la méthodologieadoptée par les savants saoudiens qui l’ont succédé jusqu'à ce jour 84. Ils ont adhéré au Hanbalisme enconsidérant l’école comme une structure générale de principes jurisprudentiels sans déployer acharnement nisuivi aveugle. Leur référence décisive resteinvariablement le Coran et les hadiths de la SounnaProphétique suivant la compréhension des pieux prédécesseurs85.

Tout ceci invalide la théorie du professeur Lacroix quirepose sur une contradiction fondamentale entre al-Albani et la tradition « Wahhabite ».Rappelons que la chose que blâmaitréellement le savant albanais était lecourant où les gens suivent

aveuglément un madhab sans diverger sur le moindre point, sans demander de preuves et en abandonnant le jugementinterprétatif (ijtihad )86. Unecontradiction fondamentale entre al-Albani et les savants saoudiens auraitcertainement été présente si cesderniers suivaient aveuglément lemadhab Hanbalite. Or, ce ne fut pas lecas avec Sheikh Ibn Abdel-Wahhâbqui a pavé le chemin menant à laréouverture des portes de l’ijtihad après que celles-ci s’étaient ferméeslors de la chute de Bagdad au XIIIesiècle. Ironiquement, le Sheikh fut reproché de faire duijtihad pendant sa vie et ce n’est qu’après son décès queses adversaires l'ont faussement accusé de suivreaveuglément un madhab87.

Il y a deux groupes de gens qui adhèrent aumadhab Hanbalite. Les premiers — auxquels appartiennent lessavants saoudiens — font leur propreijtihad et donnent,en cas de désaccord, priorité aux preuves religieuses sur les jugements du madhab. La deuxième catégorie estcomposée d’individus qui sont ancrésdans laméthodologie du suivi aveugle du madhab88. Vu que le

83 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi li A’imma al - Da’wa al -Salafiya fil-Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p.363 et « Al- Durar... », Vol.7, p.28584 Sayid Mohammed Ibn Ibrahim,« Tarigh al-Mamlaka al-Sa’udiya» [Historique du Royaume Saoudien], p.13685 Dr Abdel-Aziz Ibn Mohammed al-Hujaylan,« Al-Fiqh Wal- Fuqaha fil-Mamlaka al-Arabiya al-Sa’udiya...» [La Jurisprudence etles savants de Fiqh au Royaume d’Arabie Saoudite], p.22786 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al- Da’wa al -

Salafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.17087 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi Li A’imma al - Da’wa al -Salafiya fi Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 40688 Ibid, p. 172,173

professeur Lacroix n'a pas été capable de discerner cettedifférence, il s’est imaginé que la méthodologie deSheikh al-Albani fut en contradiction fondamentale avecl'approche des savants saoudiens dû, bien entendu, à leur adhésion à l'école Hanbalite. Si le professeur Lacroixavait pris la peine d’examiner brièvement les fondationsde la jurisprudence Hanbalite ou s’il s’était fait une idée plus au moins exacte des fatwas des savants saoudiens,ses hypothèses farfelues, son audace et son ignoranceinsolente n'auraient jamais vu le jour dans ses articles.Cela soulève à nouveau la question de l’intégritéde ce professeur qui ne dispose pas des capacités nécessaires pour analyser les textes sources dans un domainequ’il prétend maitriser.

Attiser un Conflit Imaginaire avecune Parole Révolue

Pour démontrer la « contradictionfondamentale » supposée entre al-Albani et les savants saoudiens, le professeur Lacroix avance l’argumentsuivant:

« D'après al- Albani, cela s’appliqueaussi à Mohammed Ibn 'Abdel-Wahhâb qu'il décrit comme ‘salafidans le credo, mais pas dans le fiqh’.»

À une seule occasion, Sheikh al-Albani a déclaré que l’engagement de Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb dans son appel auTawhid dans une régiontotalement infectée de polythéisme lui prenait tellementde temps qu’il n’a pas assez pu se consacrer à la sciencedu Hadith89. Selon al-Albani, il aurait par conséquent faitdes évaluations de hadith incorrectes dans le domaine dela jurisprudence. Pour appuyer son assertion, al-Albanireprochait Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb d’avoir jugéauthentique ( sahih)90 un hadith que la majorité des

89 Avant l'arrivée du Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb, les livres deréférence du Hadith furent absents dans région du Najd. Ce n'estqu’avec la venuedu Sheikh que ces livres ont massivement été propagés dans la région. De même, les enfants de Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb étaient des Muhaddithin qui enseignaient des livres dehadith tel que Sahih al-Bukhari. Les livres de hadith ont uniquementété répandus dans le Najd dû au fait que les savants de la région yattachaient une grande importance. Que ces savants aient traité plussouvent les livres de fiqh que les livres de hadith est parce que la population était plus en besoin de la jurisprudence que la science duHadith. Source : Sheikh Saleh Âl al-Sheikh « Al-farq Bayn Kutub al- fiqh wa Kutub al-Hadith» [La Différence entre les livres deJurisprudence et les livres du Hadith]90

Il s’agit d’un hadith rapporté par Abu Said al-Khudri quimentionne l’invocationde celui qui sort de chez lui pour aller à lamosquée (Ahmed 11156). Sheikh Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb amentionné ce hadith dans son livre« Âdab al-Machi Ila al-Masjid »[L’étiquette de celui qui se dirige vers la Mosquée]

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 17/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

17

Tout comme les savants saoudiens, al-Albani sebasait sur le Coran et la Sounna selon lacompréhension des premières générations

savants du Hadith avaient rendu faible (da’ if )91. Il aensuite déclaré que son intention n’était pas de ternir l’image du Sheikh puisqu’un acte pareil pouvaituniquement venir d’un ennemi de l'Islam92. Or, Sheikhal-Albani s’est plus tard rendu compte que sa parole futinexacte93. Il s'est excusé pour ses propos tenus à l’égardde Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb et est revenu sur cetteaccusation94. Au passé, plusieurs savants de Hadith onttémoigné que les écrits d'Ibn Abdel-Wahhâb prouvent bien qu'il prêtait une grande attentionau Hadith dans tous ses jugements95.Et jusqu'à ce jour, les Muhaddithintémoignent encore de la grandeconnaissance que possédait le Sheikhdans le domaine du Hadith96.

Dans ses œuvres, Sheikh al-Albani nemanquait pas une occasion pour louer

Ibn Abdel-Wahhâb. À nombreusesreprises, il l'a appelé le réformateur du Tawhid de la péninsule Arabiqueet il l’a défendu contre ceux qui lecritiquaient97. Curieusement, Lacroixa négligé toutes ces apologies à l’égar d d'Ibn Abdel-Wahhâb et a soigneusement choisi l’unique parole d’al-Albani dans laquelle il a critiqué Ibn Abdel-Wahhâb — et qu’il a rétracté par la suite – pour en faire l’argumentclé de son article. En amplifiant cette critique de Sheikhal-Albani, le professeur Lacroix a établi un conflit fictif entre Sheikh al-Albani et Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb basé sur des « contradictions fondamentales dansl'approche du Hadith ».

91 Sheikh al-Albani avait critiqué ce hadith aussi bien dans la chaînede narrateurs ( sanad ) que dans son texte (matn) (« Silsila al-Ahadithal- Da’ifa» no.24)92 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al- Da’wa al -Salafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.183-18693 Sheikh Saleh Âl al-Sheikh avait réagi à la parole de Sheikh al-Albani dans laquelle il disait que Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb nedifférenciait pas entre le hadith sahihet da’if dû au fait qu’il a rendufaible le hadith en question. Sheikh Saleh explique que c'est l'avis personnel du Sheikh (al-Albani) et que d'autres Muhaddithin au passé, comme al-Hafidh Ibn Hajr (et al-Hafidh al-Dimyata), avaient – tout comme Ibn Abdel-Wahhâb – rendu authentique ce même hadith.Sheikh Saleh conclut en disant que ces divergences dans l’évaluationdes hadiths ne doivent pas mener à ce genre de critique. Source :Sheikh Saleh Âl al-Sheikh «Al-farq Bayn Kutub al-fiqh wa Kutub al- Hadith» [La Différence entre les livres de Jurisprudence et les livresdu Hadith] 94 Voir Sheikh Rabi’ Bin Hadi al-Madkhali,« Sharh Kitab al-Iman liSahih al-Boukhari »[Explication du Chapitre de la Foi de Sahih al-Bukhari] Cassette no. 2, face B.95 Saleh Ibn Mohammed Âl al-Sheikh,« Al-Minhaj al-Fiqhi li A’imma al - Da’wa al -Salafiya fi Najd » [La MéthodologieJurisprudentielle des Grands Savants Salafis du Najd], p. 244-24696 Le grand Muhaddithà cette époque, Sheikh Abdel-Mouhsin al-

Abbad, fait partie des nombreux savants de Hadith contemporains quiont déclaré qu’IbnAbdel-Wahhâb faisait partie des Muhaddithin.97 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al-Sahiha» [Recueil de Hadiths Authentiques], Vol.5., p.302, Vol.1, p.8, etc.

Ainsi, le professeur Lacroix passe d’une invention àl’autreet son article devient un vrai tissu de fables:

« De plus, pour al- Albani, être un ‘salafi dans le fiqh’ adéquat implique qu’on fasse de la science du Hadith le pilier central du procédé jurisprudentiel, car les hadithsen soi peuvent fournir des réponses à des sujets qu’on neretrouve pas dans le Coran, sans devoir dépendre del'école juridique. »

Comme mentionné précédemment,Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb et tous lesautres savants saoudiens ont toujoursconsidéré les hadiths — accompagnésdu Coran — comme étant le pilier essentiel de tout verdict religieux.Par conséquent, cela ne peut êtreconsidéré comme une particularité

‘révolutionnaire’ et distinctive deSheikh al-Albani. Cependant, dansles affaires de fiqhpour lesquelles iln'y avait pas de preuve claire dansles hadiths prophétiques ou versets

coraniques, ils se référaient aux différents jugements del’école juridique Hanbalite alors qu’al-Albani se référaitégalement aux décisions de savants en dehors des quatreimams. Stéphane Lacroix a interprété cette différenced'application pratique dans ce cas particulier – qui estd’ailleurs très rare – comme une différence dans laméthodologie. Il s’agit d’une perception erronée qui estévidente puisque nous parlons de cas où les questionsreligieuses ne contiennent pas de hadiths suffisammentclairs pour fournir une preuve décisive. Malgré cettedifférence, les savants saoudiens ainsi qu'al-Albani,considéraient tous le Hadith comme un supportindispensable dans le fiqh pour clarifier des décisions.Leur divergence n'avait aucun rapport avec le fait derendre la science du Hadith le pilier essentiel de la jurisprudence ou avec le fait que les hadiths en soifournissent des réponses qui ne peuvent être trouvéesdans le Coran, car nous parlons d'une situationspécifique dans laquelle il n'y a pas de hadithsdisponibles pour pouvoir fournir une réponse claire àune matière juridique.

Il est connu que dans ses réfutations, Sheikh al-Albanimentionnait toujours, et de façon très précise, les défautsliés à la méthodologie des gens qu'il réfutait. Dans le cas présent, si la dépendance secondaire des savantssaoudiens au madhab Hanbalite avait été unecontradiction fondamentale ou un défaut important, al-Albani l’aurait certainement signalé dans une de sesréfutations. Or, cela ne s'est jamais produit.

Finalement, il doit être souligné que les jugementsd’ijtihad d’al-Albani dans lesquels il a contredit lesverdicts de l’ensemble des quatremadhabs

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 18/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

18

Dans son livre « al-Tawhid Awwalan », al- Albani explique que le Tawhid passe avant toute chose.

simultanément sont si peu qu’il est inconcevable quecela ait pu aboutir à une forme de conflit quelconque.

Une Approche Révolutionnaire du Hadith ?

Après avoir mis en place le conflit « Albano-Wahhabite » qui repose sur des différencesméthodologiques supposées dans leHadith, Lacroix tente de démontrer qu’al-Albani adoptait une approcherévolutionnaire du Hadith:

« Comment al-Albani, avec ses origines sociales et ethniques peu distinguées, a-t-il réussi à occuper une place tellement prestigieuse dans un domaine qui fut longuement monopolisé par une élite

religieuse dans la région saoudite du Najd ? La réponse, comme nous verronsà travers l'exemple d'al-Albani lui-même et certains de ses disciples, setrouve dans son approcherévolutionnaire du Hadith. »

Ainsi, le professeur de Sciences Po prétend qu’al-Albani favorisait « unenouvelle approche dans la critique du Hadith » quimettrait au défi «le monopole même de l’aristocratiereligieuse Wahhabite ». De plus, la méthode du Sheikhaurait un « pouvoir révolutionnaire » selon Lacroix quisemble persuadé du bien-fondé de ses opinions.

En analysant la méthodologie des grands savants duHadith de manière comparative, on peut facilementconclure qu’al-Albani n’a jamais adopté une approcherévolutionnaire du Hadith. Il n’a pas instauré denouveaux principes dans la science du Hadith, ni a-t-ilinventé de nouvelles règles dans sa méthodologie decritique. Toutefois, le professeur Lacroix avance plusieurs arguments qu'il croit soutenir sa thèse. Ildéclare en premier lieu:

« La mère de toutes les sciences religieuses devient par conséquent la "science du Hadith" qui vise à réévaluer l'authenticité de hadiths connus. »

Dans ses écrits, Sheikh al-Albani a mentionné demanière systématique que toutes les sciences religieusessont basées sur le Coran et la Sounna prophétique (c.-à-d. les hadiths) suivant la compréhension des pieux prédécesseurs. Quant à la science qu’il considéraitcomme la plus importante de toutes, alors il faut savoir

que le Sheikh fut d’avis que c’était la science du

Tawhid 98. C’est d’ailleurs pourquoi il a rédigé un livreintitulé « Le Tawhid avant toute chose »99 où il expliqueque la mère de toutes les sciences religieuses est l'étudede l'adoration unique d'Allah sans Lui attribuer d’associés dans les différentes formes d'adoration. Par conséquent, il considérait l’étude duCoran, le Hadith, le fiqh et toutes les autres sciences religieuses comme unmoyen d'atteindre le but pour lequel l'homme fut créé:

l'adoration unique du Seigneur del’Univers. Vu queStéphane Lacroixn’a pas pu ramener la moindredéclaration de Sheikh al-Albaniindiquant qu’il place la science duHadith au-dessus de l'étude du Coranet des autres sciences islamiques, on ne peut que conclure une des deux chosessuivantes : Lacroix est ou bien untrompeur audacieux ou bien quelqu’un

qui est ignorant des opinions réelles deSheikh al-Albani. En outre, il y a denombreuses déclarations danslesquelles Sheikh al-Albani approuveles jugements spécifiques ainsi que laméthodologie globale des savantsmajeurs du Hadith à travers les siècles.Ceci annule explicitement la thèsefarfelue d'une « approche

révolutionnaire du Hadith. »

Al-Albani et le Raisonnement Indépendant

Selon le professeur Lacroix, le premier aspect dansl'approche révolutionnaire d'al-Albani du Hadith estl'abandon de la raison :

« Selon al-Albani, le raisonnement indépendant doit êtreexclu du procédé : la critique du matn (le texte duhadith) devrait être exclusivement formelle, c.-à-d. grammaticale ou linguistique ; seulement le sanad (lachaîne de narrateurs du hadith) peut réellement être misen question. »

Voici, une fois de plus, une série de déclarationsmalhabiles du professeur. Sheikh al-Albani a toujoursété partisan du raisonnement indépendant, que ce soitglobalement dans le domaine des sciences islamiquesou, plus spécifiquement, dans la science du Hadith. En

98 Le Tawhid , souvent traduit par « monothéisme », est le fait derendre Allah unique dans l'adoration sans ne rien Lui associer.L'appel auTawhid fut le message principal de toutes les religionsmonothéistes, issues du même Dieu Unique. Non seulement leTawhid est-il considéré comme le premier et le plus important descinq piliers de l’Islam, c’est également le premier des dix

commandements du Christianisme : « Un seul Dieu tu aimeras etadoreras parfaitement ».99 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Al-Tawheed Awalan Ya Du’at al -Islam » [Ô Prêcheurs de l’Islam: Le Tawhid avant toutechose], p.6-11

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 19/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

19

Un hadith contient une chaine de transmission(sanad) jusqu’au Prophète et un contenutextuel (matn)

outre, al-Albani était connu pour inciter ses étudiants àne pas le suivre aveuglément et à mener leurs propresrecherches de façon indépendante. Le Sheikhcomparerait alors les résultats de ses étudiants avec lessiens et ils bénéficieraient tous les uns des autres100.

En se lançant dans la science du Hadith, le professeur Lacroix croit étaler sa science et ses connaissancesd’islamologue. Or, il s’exprime sur des sujets dont il nesaisit même pas les notions de base.En déclarant que Sheikh al-Albanin’analysait pas le continu du hadith101 (matn), il tente de recycler un vieiloutil de propagande déployé par lesorientalistes pour dénigrer lesMuhaddithin. En effet, ce fut unmoyen pour des orientalistes commeIgnác Goldziher 102 et Alfred

Guillaume103

de représenter lessavants du Hadith comme des gensqui n'utilisent pas de raisonnementindépendant et qui approuventsystématiquement lematn tant que la chaîne denarrateurs ( sanad ) est correcte104.

À première vue, il peut paraître que les Muhaddithin sesont uniquement concentrés sur la chaîne de narrateurssans avoir pris en considération lematn. C’est pourquoicertains orientalistes ont accusé les savants du Hadith dedélaisser tout raisonnement. Or, cette thèse se heurte auxréalités des sciences musulmanes puisque la critique ducontenu ou texte du hadith (matn) a toujours existé et

100 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Al-Rawda al-Dani fil Fawa’id al -Hadithiya lil-Allama Al-Albani », p.9101 Dans la Sounna prophétique chaque hadith est précédé d’unechaîne de narrateurs qui monte du dernier Mouhaddith qui a compiléles hadiths (comme al-Bukhari ou Muslim) jusqu'aux compagnonsqui ont rapporté le hadith du Prophète Mohammed .102 Ignác ‘Yitzhaq Yehuda’ Goldziher fut un orientaliste hongrois juif qui rejeta la méthodologie des Muhaddithin en prétendant que celle-ci ne comprenait pas l'étude dumatn. Ainsi, il a établi son approche personnelle dans l’analyse dumatn ayant l’audace de rendre faibleles hadiths qui mentionnent les vertus de la visite de la Mosquéesacrée d’al-Aqsa. Voir « Mohammedanische Studien», 2e imp.Hildesheim 1961.103 Alfred Guillaume fut un Orientaliste anglais qui, par sa critique dumatn, a fait la fabuleuse « découverte » que la Mosquée d'Al-Aqsan'est pas située à Jérusalem, mais à Jirana (40 kilomètres de laMecque). Voir «Où se trouvait la Mosquée d’al-Aqsa? » Al-Andaluse, Madrid, 1953 p. 323-336. Les critiques dumatn deGoldziher et Guillaume furent motivées religieusement puisqu’ils ontuniquement rendu faibles ces hadiths dans le but de représenter laPalestine comme n'ayant aucun patrimoine musulman. D'autresorientalistes tendancieux comme Joseph Schacht et Arent JanWensinck ont aussi développé une critique personnelle dumatnpour ternir l’image de l’Islam. Il s’agit de personnes qui, durant toute leur

vie, ont étudié la science du Hadith dans le but unique de diffamer lareligion musulmane de façon « académique ».104 Dr Mohammed Mustafa al-A’thami, « Minhadj al-Naqd I ’nd al- Muhaddithin »[La Méthodologie de la Critique employée par lesMuhadithin], p. 127-149.

peut uniquement se faire enstimulant l’intellect et enemployant le raisonnement105.

Une simple recherche dans la science du Hadithconfirmera avec certitude que lors des quatorze siècles passés, la méthodologie de l’évaluation du Hadith desMuhaddithin a toujours contenul’analyse de la chaînede narrateurs ainsi quel’une analyse dumatn106. Lescritiques de la chaîne et dumatn ont chacun leurs

propres conditions et sont évalués defaçon indépendante107. De plus, lacritique du matn est loin d'êtresimplement grammaticale108 commele prétend Stéphane Lacroix. Ainsi,le matn peut être mis en questionscolastiquement et empiriquementtout comme c’est le cas pour le sanad . Et cela, bien évidemment,

peut uniquement se faire avec unraisonnement indépendant109. Cetteapproche est précisément laméthodologie adoptée par Sheikh al-

Albani qui, dans son recueil de hadiths faibles, a jugéfaibles de nombreux hadiths uniquement à cause d'uneanomalie dans lematn110.

En outre, les savants de Hadith ont toujours appliqué larègle qui stipule que l’exactitude de la chaîne denarrateurs n’implique pas nécessairement l’exactitude ducontenu du hadith111. Ce fut également l’avis de Sheikhal-Albani

112 qui, tout comme d’autres Muhaddithin, aénuméré plusieurs situations dans lesquelles un hadith

peut être jugé comme inventé (mawdu’ ) en basant ce jugement uniquement sur lematn et cela, en dépit d’unechaîne de narrateurs correcte113.

Par conséquent, la thèse de Lacroix comme quoi lacritique dumatn, pour Sheikh al-Albani, fût restreinte àune perspective linguistique est une nouvelle fantaisie outromperie ingénieuse du Muhaddith en herbe de

105 Ibid, p. 81, 83106 Ibid, p. 82107 Dr. Abdoullah Bin Dayfoullah al-Rouhayli,« Manhadj Al- Mouhadditheen fi Naqd al-Riwayat Sanadan wa Matnan ». [LaMéthodologie des Muhaddithindans la Critique du Hadith dans laChaine de Transmission et le Matn], p.14.108 Ibid, p.24-25.109 Ibid, p.22.110 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Silsila al-Ahadith al- Da’ifaWal Madou’a Wa Atharouha al -Sayyi’ fil Umma»111 Dr. Abdoullah Bin Dayfoullah al-Rouhayli,« Manhadj al- Mouhaddithin fi Naqd al-Riwayat Sanadan wa Matnan ». [LaMéthodologie des Muhaddithindans la Critique du Hadith dans laChaine de Transmission et le Matn], p.21.112 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al-

Sahiha » [Recueil de Hadiths Authentiques], voir l’introduction 113 Dr. Abdoullah Bin Dayfoullah al-Rouhayli,« Manhadj al- Mouhadditheen fi Naqd al-Riwayat Sanadan wa Matnan ». [LaMéthodologie des Muhaddithindans la Critique du Hadith dans laChaine de Transmission et le Matn], p.42.

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 20/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

20

Contrairement à ce que prétendent certains orientalistes, la critique du Hadithenglobe également le matn

Sciences Po puisque les œuvres d'al-Albani, publiées pendant plusieurs décennies, sont truffés d’exemples qui invalident totalement cette hypothèse114.

Il est étonnant de constater que le professeur Lacroixignore que Sheikh al-Albani a rendu faible des hadithsdû à leur contenu textuel, car dans son même article ilmentionne que Sheikh al-Albani a jugé faibles deshadiths dans les recueils canoniques d’al-Bukhari etMuslim. Celui qui entreprend une lecture superficielle dela critique de Sheikh al-Albani des hadiths dans lesrecueils d’al-Bukhari et Muslim, saura que le Sheikh ena critiqué une bonne partie dû à undéfaut dans lematn, non dans le sanad .Il devient clair, une fois de plus, queLacroix, qui est chercheur au CERI, estincapable d’effectuer de simplesrecherches. Il se contente de répéter

comme un perroquet les conjecturesd'autrui, alors qu’il ignoreentièrementle contenu réel et la véracité des proposqu’il tient dans ses articles, comme ledémontre également sa déclarationsuivante :

« Par conséquent, l’aspect principal dela science du Hadith devient 'ilm al-rijal (la science des hommes), aussiconnu comme 'ilm al-jarh wa-l-ta'dil (la science de lacritique et de l’évaluation positive) qui évalue lamoralité – qui équivaut à la fiabilité — des narrateurs. »Cette tentative désespérée de tromper le lecteur échouerapidement lorsqu’on apprend que la science desnarrateurs (du hadith) ou « I'lm al-Rijal » a toujours étél’aspect principal de la science du Hadith pour tous lesMuhaddithinà tous les temps. C’est cette science qui a préservé la Sounna de toute altération et qui a exposétoute implication de menteurs dans le sanad du hadith oude narrateurs ayant une mauvaise mémoire.

Al-Albani et la Critique d’al -Bukhari et Muslim

Selon Lacroix, Sheikh al-Albani adoptait une approcheunique dans le Hadith dû au fait qu'il aurait rendu faibledes hadiths dans les collections de hadiths d’al-Bukhariet Muslim :

« En même temps — et contrairement aux pratiquesantérieures — , al-Albani insiste sur l'étendue de cetteréévaluation qui doit englober tous les hadiths existants,même ceux mentionnés dans les recueils canoniques

114 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al- Da’ifa…» – « Rhayatoul Maram» – « Ta’liqat A’la Moukhtasir Sahih Muslim lil-Moundhiri», etc.

d ’al -Bukhari et Muslim. Al-Albani a été jusqu'à déclarer certains de ces hadiths comme faibles. »

Sheikh Mohammed al-Albani a effectivement réévaluécertains hadiths dans les recueils d’al-Bukhari etMuslim. Toutefois, l'allégation de Lacroix comme quoile Sheikh aurait rendu faible certains hadiths dans lesdeux recueils en question est fausse. Après avoir fait uneexplication approfondie d'un hadith dans sa «Silsila al- Ahadith al-Sahiha», al-Albani mentionne :

« J'ai volontairement pris plus de temps pour commenter ce hadith et ses narrateurs. J'ai fait cecidans le but de défendre la Sounna prophétique et pour que personnen’invente des mensonges à mon égard. J'ai fait ceci afin que la personneignorante, envieuse ou tendancieuse ne

dise pas : 'Al-Albani a dénigré Sahih al- Bukhari et a rendu faibles seshadiths'…»115

En effet, la thèse comme quoi al-Albaniaurait rendu faible des hadiths dans al-Bukhari et Muslim peut uniquementvenir d’une personne ignorante,envieuse ou tendancieuse — et je neconsidérerais certainement pas le

professeur Lacroix comme étant envieux. Sheikh al-Albani avait une grande estime pour Sahih al-Bukhari etMuslim et a toujours loué ces deux recueils pour leur précision et authenticité :

« Les recueils d’al -Bukhari et Muslim sont les deuxlivres les plus exacts jamais écrits après le Livre d'Allahd’après le consensus des savants musulmans du Hadithet d ’ autres. Ils ont un avantage sur les autres recueils dehadith dû à leur distinction qui repose sur leur sélectiondes hadiths les plus corrects et plus authentiques ainsique sur leur omission de hadiths faibles et ceux quicontiennent un matn très faible…Il est devenu connu demanière générale que tous les hadiths dans les recueilsd’al - Bukhari et Muslim, ou dans l’un des deux, ont atteint le degré d’exactitude le plus élevé et sont considérés comme authentiques et correct sans aucundoute. Voici notre position de base sur ces deux livres.Cependant, cela ne veut pas dire que chaque lettre, mot ou expression dans al-Bukhari et Muslim doit être placéau mêmeniveau (d’exactitude) que le Coran. Il se peut que certains hadiths contiennent une fausse conceptionou une erreur dans un certain aspect qui fut commise par un des narrateurs du hadith. En effet, à l'exception

115 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al- Da’ifa», Vol.4, p.465.

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 21/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

21

Les recueils d’al -Bukhari et Muslim ont étéréévalués par plus de soixante Muhaddithin

du Coran, nous ne considérons aucun livre infaillible. »

116

Cette parole démontre que Sheikh al-Albani ne rendait pas faible certains hadiths dans al-Bukhari ou Muslim. Ila uniquement critiqué quelques termes et expressionsdans le matn du hadith ainsi que quelques chaînes denarrateurs. Il est important de comprendre que dans lascience du Hadith, on fait une distinction entre lacritique d’un hadith d’un point de vue des anomaliesdans le sanad et entre le fait de rendrefaible un hadith dans sa totalité. Par exemple, la chaîne d'un hadith peutêtre critiquée dû à une certainecritique d'un narrateur présent danscette chaine. Or, cela en soit, ne rend pas forcément faible le texte du hadithdû au fait que d'autres hadiths avec le

même contenu textuel, mais unechaîne différente, peuvent renforcer lasolidité du premier hadith qui, par conséquent, atteindrait le niveau de« Hassan» (bon) ou «Sahih»(authentique) bien que sa chaîne denarrateurs soit critiquée. Cela vautégalement pour tous les hadiths que Sheikh al-Albani acritiqués dans les recueils d’al-Bukhari et Muslim puisqu’il a toujours conclu qu'ils étaient corrects dansleur contexte textuel. C'est ainsi qu’al-Albani a expliquécette forme de critique :

« L’authenticité d’un hadith dans ‘ Sahih al- Bukhari’ ne peut être contesté en se basant simplement sur unecertaine faiblesse dans sa chaîne puisqu’il reste la possibilité que le hadith fut rapporté avec une autrechaîne par laquelle les deux hadiths se consolideront réciproquement. »117

La deuxième allégation du professeur Lacroix est que lacritique ou la réévaluation de Sheikh al-Albanienglobait, contrairement aux pratiques antérieures, tousles hadiths existants. Regardons plutôt ce que disait leMuhaddith du siècle précédent au sujet de ces pratiquesantérieures des Muhaddithin du passé :

« Malgré la magnificence de Sahih al-Bukhari et malgréle consensus des savants sur son acceptation — comme je l’ai mentionné dans l' introduction — , nous devons savoir que le livre a été critiqué aux passé par certains savants. »118

116 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Sharh Aqida al-Tahawiya»

[Explication de al-Aqida al-Tahawiya], p.22-23117 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila Al-Ahadith Al-Sahiha» [Recueil de Hadiths Authentiques], Vol.4, p.185118 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Moukhtasir Sahih al- Boukhari »[Résumé de Sahih al-Boukhari], 2/4

En effet, al-Albani fut précédé dans la réévaluation desrecueils canoniques d’al-Bukhari et Muslim par plus desoixante savants différents119. Parmi les premierssavants, plusieurs Muhaddithin ont écrit des ouvragesindépendants dans lesquels ils ont réévalué les hadithsd’al-Bukhari et Muslim. Le plus célèbre parmi eux estal-Dar al-Qutni (Xe siècle) qui a écrit le célèbre «al- Ilzamât wal-Tattabu». D'autres comme Mohammed al-Shaheed120 (IXe siècle), Yehya al-Attar 121 (XIIIe siècle),Abdel-Rahim al-Iraqi122 (XIVe siècle) ainsi qu’Abu

Zur’a al-Iraqi123 (XVe siècle) ont tousécrit des critiques indépendantes sur lemême sujet. En outre, nous retrouvons parmi ceux qui ont critiqué certainshadiths dans al-Bukhari ou Muslim plusieurs savants très connus tels quel’Imam Ahmed, Ibn Ghuzeyma, IbnHazm, al-Nawawi, al-Qortobi, Ibn al-

Qayim, Ibn Hajr, Ibn Taymiya, al-Dhahabi, al-Zarqashi, al-Suyuti et IbnKathir 124. Ce sont, un par un, dessavants reconnus dans le Hadith et lessciences islamiques qui n’ont jamaisété accusés d’avoir contredit les« pratiques antérieures » de la

réévaluation du Hadith. Finalement, al-Albani n'étaitcertainement pas le seul à son époque à avoir critiquécertains hadiths d’al-Bukhari et Muslim. Plusieurssavants de hadith contemporains, Sunnites et autres, l'ont précédé dans sa critique : al-Mu’allimi, Moqbil, Shu’aybal-Arna’out, Tariq Ibn I’wadillah, al-Kawthari, Hassanal-Saqqaf, etc.125

Une fois de plus, une étude élémentaire confirme qu'iln'y a rien d’inhabituel concernant l’approche de Sheikhal-Albani à la science du Hadith puisque tous les hadithsd’al-Bukhari et Muslim critiqués par al-Albani avaientdéjà, précédemment, subi une forme de critique par d'autres savants du Hadith.

119 Muhyi al-Din al-Samarqandy,« Naqd Matn al-Hadith fi Daw Nata’ij al -Ulum al-Tajribiya »[La critique du Matn dans le Hadith àla lumière des Sciences Expérimentales], p.113120 Mohammed Ammar al-Shaheed,« I’lal Sahih Muslim», [Défautsdans Sahih Muslim]121 Yahya Ali al-Rasheed al-Attar,« Gharar al- Fawa’id al - Majmou’a fi Bayan ma Waqa’a fi Sahih Muslim...»122 Abdel-Rahim Ibn al-Hussein al-Iraqi,« Al-Ahadith al-Mughrija fil Sahihayn Allati Takallama fiha »[Sélection de Hadiths dans lesrecueils authentique d’al-Bukhari et Muslim qui ont été critiqués]123 Abu Zura’ Ahmed Ibn Abdel-Rahim al-Iraqi,« Al-Bayan wal Tawdih Liman Kharaja lahu fil Sahih wa Qad Massa Bi Darb Minal-Tajrih »[Clarification des Hadiths dans Sahih al-Bukhari qui sont

sujet à une certaine forme de Critique]124 Muhyi al-Din al-Samarqandy,« Naqd Matn al-Hadith Fi Daw Nata’ij al -Ulum al-Tajribiya »[La critique du Matndans le Hadith àla lumière des Sciences Expérimentales], p.115-140125 Ibid, p.144-148

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 22/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

22

Sheikh al-Albani avait démontré que l'opinion de lamajorité des savants allait parfois à l’encontre decertains consensus proclamés.

Lorsqu’al-Albani fut interrogé au sujet d'une personnequi, tout comme Stéphane Lacroix, prétendait que leshadiths d’al-Bukhari et Muslim ne sont plus soumis à lacritique et que leur réévaluation était contraire aux pratiques antérieures, sa réponse fut la suivante :

« Cette déclaration en soi est suffisante pour convaincrele lecteur de l'ignorance de cet escroc rusé et démontre sa diffamation envers les savants antérieurs et contemporains lorsqu’il prétend qu'il y a un consensus àce sujet 126 . Ainsi, jusqu'à ce jour même, les savantscritiquent toujours certains hadiths dans les recueilsd’al -Bukhari et Muslim. »127

Les Illusions Révolutionnaires du Professeur Lacroix

Après s’êtredéfoulé dans la sciencedu Hadith, le professeur Lacroix,

très confiant dans ses capacités, selance maintenant dans la jurisprudence islamique et se permetde citer une liste de ce qu'il nommedes « interprétationsrévolutionnaires » de Sheikh al-Albani :

« Dû à la particularité de saméthode, al-Albani finissait par prononcer des fatwas qui allaient àl’encontre du consensus islamique,et plus spécifiquement, à l’encontre de la jurisprudence Hanbalite-Wahhabite. »

L'imagination déréglée du professeur Lacroix fait de plus en plus de dégâts. Il s’est, en premier lieu,cramponné à la thèse qui stipule que l'approche d’al-Albani du Hadith fut particulière pour ensuite l’exploiter en soutenant une autre fausse assertion dans laquelle ilaccuse al-Albani de contredire le consensus islamiquedes savants.

Certains critiques ont déjà précédé Lacroix dans cetteallégation128 qui d’ailleurs,dérangeait Sheikh al-Albani.Dans son livre « L'Étiquette du Mariage », al-Albanirépondit à Isma’il al-Ansari qui l'avait accusé decontredire le consensus islamique :

« Au début de son livre ‘Al - Ibaha’, ce pauvre hommem'a accusé de contredire le consensus islamique. À la

126 NDT c.-à-d. qu’il n’a plus de réévaluation des hadiths d’al-

Bukhari et Muslim127 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Âdab al-Zifaf » [L’étiquettedu Mariage], p. 54128 NDT Et c’est sans aucun doute d’eux que Stéphane Lacroix acalqué sa critique.

page 57, il mentionne même explicitement que je rejettele consensus…»129

Il est impossible qu’al-Albani ait prononcé des fatwasqui vont à l’encontre du consensus établi des savants puisqu’il considérait le consensus islamique comme une preuve irréfutable dans la déduction de jugements.

Ce que le professeur Lacroix n’a pas réussi à saisir, dû àson incapacité à faire des recherches dans ce domaine,est qu’al-Albani remettait en question des consensussupposés qui furent prononcés par certains savants.Grâce à sa connaissance remarquable, Sheikh al-Albanifut capable de démontrer que le consensus proclamé par certains savants dans plusieurs questions était invalide

ou qu’il s’agissait d’un consensusqui, en réalité, n’a jamais eu lieu130.Ce qui fut considéré comme un

consensus islamique dans cesquestions précises ne pouvait, par conséquent, plus être vu comme unconsensus reconnu et acceptable.Ainsi, al-Albani avait établi que cesconsensus en question avaient étécontredits et remis en question par des savants au passé :

« J'ai certes, étudié de nombreusesquestions dans lesquelles unconsensus a été proclamé et j'ai

découvert qu’il s’agissait, en réalité,de questions sur lesquelles les savants ont divergé. J'ai même découvert que l'opinion de la vaste majorité des savants allait àl’encontre du prétendu consensus dans cesquestions. »131

La personne qui ignore les divergences entre savantsdans lesquelles un consensus a été proclamé aura par conséquent la fausse impression qu’al-Albani défiait leconsensusislamique établi. Pour ce qui est de l’assertiondu professeur Lacroix que les fatwas prononcées par al-Albani iraient à l’encontre de la jurisprudence Hanbalite,alors ce n’est bien entendu rien de révolutionnaire, car les savants saoudiens font, et ont toujours fait, la mêmechose.

Dans sa quête d’exemples qui devraient prouver l’approche révolutionnaire d'al-Albani du Hadith,Lacroix mentionne :

« Par exemple, il a écrit un livre dans lequel il a redéfiniles gestes et formules adéquats qui constituent le rituel

129

Ibid, p.41-42.130 Ibid, p.44-47 – p.238-239131 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Ahkam al- Jana’iz wa Bida’uha» [Jugements liés aux Funérailles et à ses Innovations], p.219

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 23/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

23

Dans son livre «Asl Sifat Salat al-Nabi », al-Albani fut précédé dans tousses jugements par d’autres savants

de la prière musulmane ‘selon la pratique du prophète’ -en contredisant les prescriptions de toutes les écoles juridiques établies. »

Le livre en question ici est « La Description de la Prièredu Prophète » et notre chercheur au CERI132 auraitmieux fait de lire ou feuilleter ce chef-d’œuvre avant dele commenter de cette manière dérisoire. La réalité estque dans cette étude, Sheikh al-Albani a uniquementcontredit les jugements des quatre écoles simultanémentdans certains cas133. Dans son introduction, al-Albaniconfirme qu'il y a un consensus établidans un grand nombre d’aspects de la prière musulmane134 ce qui, en soit, estassez pour démolir la thèse de Lacroixdans laquelleil prétend qu’al-Albani, enredéfinissant les gestes adéquats de la prière, aurait contredit les prescriptions

de toutes les écoles juridiques établies. Àla fin de son introduction, le Sheikhdéclare explicitement que son travail necontient pas un seul jugement dans lequelil n’a pas été précédé au passé par unautre savant, ni un jugement qui va àl’encontre du consensus des savants135.De plus, Sheikh al-Albani mentionnedans l'introduction que :

« Ce livre rassemblera tous les élémentsdispersés des livres du Hadith et de jurisprudence ycompris les divergences entre les madhabs qui sont liéesà ce sujet »136

Al-Albani avait critiqué ouvertement ceux qui, comme le professeur Lacroix, l'accusaient de ne pas prendre enconsidération les jugements des quatre imams :

« Cette accusation ne peut être plus farfelue. C'est une fausse accusation dans chaque aspect comme cela peut être déduit clairement de mes déclarations précédentesqui indiquent toutes que le contraire est vrai. Tout ceque nous demandons c’est de ne pastransformer unmadhab quelconque en religion en élevant ce madhabau statut du Coran et de la Sounna... »137

En suivant la méthodologie des Muhaddithin du passé,al-Albani refusait de suivre aveuglément un madhab

132 Sur le sitedu CERI, le centre prétend mener des travaux quis’enracinent dans une tradition comparatiste et qui valorisent lestrajectoires historiques des sociétés étudiées. Certains chercheurs nesemblent réellement pas être à leur place au CERI.133 Dans ce livre, les jugements d'Al-Albani coïncident pour plus de90 % avec au moins un jugement des quatre écoles juridiques.134

Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Asl Sifat Salat al-Nabi »[LaDescription de la Prière du Prophète, Version Originale], p.21135 Ibid, p.52136 Ibid, p.22137 Ibid, p.48

spécifique. Par contre, il prenait ce qu’ily avait demieux dans chaque madhab en se basant d'abord etsurtout sur les preuves directes de la Sounna. Dans sonlivre sur la description de la prière, al-Albani faitd’abord un jugement sur chaque question séparément etle compare ensuite avec les jugements des quatre écoles pour déterminer celles qui correspondaient à sarecherche analytique et celles qui la contredisaient :

« Je suis d’avis que cette approche est la meilleure, car elle correspond au chemin qu’Allah a ordonné de suivre

aux croyants et à son Prophète Mohammed . C'est la méthodologiedes pieux prédécesseurs qui comportent les compagnons et les générations aprèseux auxquelles appartiennent les quatre Imams. Ils ont tous consenti àl'obligation de revenir et de s'accrocher

à la Sounna et sont unanimes pour direque chaque allégation qui la contredit doit être rejetée. »138

Pour appuyer sa thèse, al-Albani citait denombreuses paroles des quatre Imamsdans lesquelles ils réprimandent ceux quisuivent aveuglément leurs jugements etverdicts sans les mesurer au Coran et à laSounna139. C'était une façon ingénieusedu Muhaddith albanais de démontrer que

celui qui suit un madhab quelconque dans tous ses jugements de fiqh a contredit les enseignements desquatre Imams. Ainsi, ces mêmes paroles venants desImams Abu Hanifa, Malek, al-Shafi’i et Ahmed danslesquelles ils interdisent les autres de suivre aveuglementleurs jugements, constituent une approbation de laméthodologie de Sheikh al-Albani et des Muhaddithin :

« Par conséquent, je dis qu’en nous accrochant à tout cequi a été rapporté de façon authentique dans la Sounna,même si cela contredit certains verdicts des Imams, onne peut être accusé de contredire leur madhab, ni leur méthodologie. En agissant de la sorte, on suit plutôt laméthodologie incontestable sur laquelle ils se basaient tous... C’est une chose qui ne peut être dite de ceux quiabandonnent ce qui est authentique dans la Sounna en suivant aveuglément un de leurs jugements dans l’école juridique. »140

Ainsi, les jugements d’al-Albani étaient en parfaiteharmonie avec la méthodologie des quatre imams qui,aujourd'hui, ont chacun un madhab qui leur est attribué.

138 Ibid, p.23139 Ibid, p.23-32140 Ibid, p.32

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 24/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

24

Al-Albani et de nombreux savantsavant lui ont déclaré que le mihrabest une innovation.

Les Consensus Islamiques inventés par Lacroix

Une fatwa de Sheikh al-Albani que le professeur Lacroixconsidère aller à l’encontre du consensus islamique estcelle-ci :

« Aussi, il a déclaré que les mihrabs — c.-à-d. la nicheque l’on retrouve dans les mosquées pour indiquer ladirection de la Mecque — fut une bida'a (uneinnovation)... »

La déclaration d’al-Albani comme quoi lesmihrabs sont une innovation141 est toutsauf révolutionnaire. À nouveau, un grandnombre de savants l'ont précédé dans ce jugement. Ce n’est d’ailleurs riend’étonnant, car le mihrab tire son originede la courbure que l’on retrouve dans les

églises chrétiennes d’Égypte et de Najran142. Divers savants et historiensmentionnent que les mihrabs ontseulement été introduits dans les mosquéesaprès l’époque du Prophète Mohammed143. On comprend ainsi pourquoi al-Albanifut déjà précédé il y a environ quatorzesiècles par le compagnon Ibn Masu’d quidéclarait qu’il n'était paspermis de prier dans une mosquée qui contenaient un mihrab144. Il a étésuivi par de nombreux savants à travers les sièclescomme Salim Ibn Abd al-Dja’d145 (VIIe siècle), Ibrahimal-Nakha'i146 (VIIe siècle), Sufyan al-Thawri147 (VIIIesiècle), Ibn Hazm148 (Xe siècle), Ibn Taymiya149 (XIIIesiècle), al-Zarqashi150 (XIVe siècle), Ali al-Qari151 (XVIe siècle), etc. Au XVe siècle, le célèbre savantAbder-Rahman al-Souyouti a même composé unouvrage qu’il a nommé «Renseignements Utilesconcernant l’Apparition de l'Innovation du Mihrab ».152 De plus, à l’époque d’al-Albani, certains savants comme

141 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al- Da’ifaWal Madou’a wa Atharouha al-Sayyi’ fil Umma», Vol.1, p.452.142 Dr Ibrahim Ibn Saleh al-Khodeir,« Ahkam al- Masajid fil Sharee’aal-Islamiya »[Jugements liés aux Mosquées dans la LégislationMusulmane], Vol.1, p.339.143 Dr Hussein Mou’nis, «Al-Masajid » [Les Mosquées], p.77-79144 Al-Bazzar, « Kashf al-Astar », no 416145 Rapporté par Ibn Abi Shayba,« Musannaf Ibn Abi Shayba »,Vol.1, p.408146 Rapporté par Abdel-Razaq al-Sana’ani, « Musannaf Abdel- Razaq », Vol.2, p.412147 Ibid, p.413148 Ibn Hazm, «al-Muhalla», Vol.4, p.239-240149 Sheikh al-Islam Ibn Taymiya, « Iqtida al-Sirat al-Moustaqim», p.215-225150 Mohammed Bin Abdillah al-Zarqashi, « I’lam al -Masajid bi

Ahkam al-Masajid », p.258151 Ali Ibn Sultan Mohammed al-Qari, « Marqat Al-Mafatih Sharh Mishkat Al-Masabih», Vol.2, p.223.152 Abder-Rahman Jalal al-Din al-Souyouti, « I’lam al -Arib bi Huduth Bid’a al -Maharib»

Sheikh Moqbil153 et Abdoullah al-Ghimari154 avaientégalement prononcé un jugement identique quant auxmihrabs. Or, Stéphane Lacroix considère que déclarer les mihrabs comme une innovation est une interprétationrévolutionnaire qui va à l’encontre du consensusislamique ! Les lecteursn’auraient pas été confrontésavec ce genre d’absurdités ridicules, sile professeur avait pris le temps de faire une petite recherche. Lacroixsemble bien conscient qu’il, comme le veut le vieux proverbe arabe, est «comme l’homme borgne parmi desaveugles. »155 Et décrire le professeur Lacroix comme

un borgne peut même être unesurestimation, car ils’étonne du fautque :

« … al - Albani disait qu’il était permis de prier en chaussures dans une mosquée. »

Une fois de plus, il n'y a rien exceptionnel

à ceci. Dans son jugement sur la permission de prier dans une mosquée enchaussures, al-Albani a été précédé par leProphète de l'Islam lui-même, lescompagnons et tous les savantsislamiques, car il existe un consensusétabli sur la permission de prier enchaussures. Si cette parole d'al-Albanicoïncide avec le consensus des savantsmusulmans, comment alors peut-elle être

décrite comme un jugement révolutionnaire ? Prier enchaussures fait, en effet, partie de la tradition prophétique

156puisque le Prophète priait enchaussures dans la mosquée, comme ce fut rapporté par

al-Bukhari qui a intitulé le chapitre à ce sujet « Prier enchaussures ». Plus encore, prier en chaussures est unerecommandation en Islam, car le dernier des Messagers

a ordonné sa communauté de se différencier des juifsqui étaient connus pour prier sans chaussures157. Bienentendu, il faut mentionner qu’al-Albani et les autressavants ont uniquement permis de prier en chaussuresdans la mosquée sous certaines conditions158. Prétendreque cette tradition prophétique qui est mentionnée dans

153 Mohammed Ibn Abdel-Wahhâb al-Wasabi, « Al-Qawl al-Sawab fi Hukm al-Mihrab » [L’avis correct concernant le Jugement duMihrab], p.51-52154Abdoullah Ibn Mohammed al-Ghimari, voir ses annotations dans« I’lam al - Arib bi Huduth Bid’aal-Maharib”, p.20 155 Ceci n’est qu’un proverbe parmi les nombreux proverbes arabesconnus qui ont été absorbés dans les langues occidentales. Enfrançais, ce proverbe en question est aujourd’huidevenu : « auroyaume des aveugles, les borgnes sont rois ».156 Isma’il Ibn Marshud al-Rumayh, « Ahkam al- Ni’al » [Jugementsliés aux Chaussures], p.18157 Sounan Abi Dawud, « Kitab al-Salat – al-Salat Fil- Ni’al »

[Chapitre de la Prière – Prier en Chaussures], Vol.1, p.176, no 652.158 La personne doit s'assurer que ses chaussures soient propres avantd’entrer à la mosquée. Également, elle ne doit pas prier en chaussuresdans une mosquée si les gens du commun (qui ignorent cette Sounna)réagissent de manière à semer des problèmes.

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 25/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

25

Après les massacres suivant l’occupation de la Palestine, al-Albani conseilla aux Palestiniens de quitter leur terre

presque chaque recueil de hadiths159 irait à l’encontre duconsensus islamique est une chose que Sheikh al-Albanidécrivait comme étant impossible :

« Il est impossible d ’ obtenir un consensus islamiquecorrect qui contredit un hadith authentique, à moins quele hadith en question soit correctement abrogé. »160

Dans son approche trompeuse et inepte des œuvres d'al-Albani, le professeur Lacroix s'est contenté derassembler quelques fatwas duSheikh qu’il a,audacieusement et sans la moindrerecherche, jugé révolutionnaires. Sondésir de faire passer al-Albani commequelqu’un qui contredisait le consensusfut tellement ardent qu’il a inventé lui-même des consensus islamiques quin’ont jamais existé pour ensuite

accuser al-Albani de les avoir contredits. N’est-ce pas agréable detravailler en tant que professeur etspécialiste de l’Islam à Sciences Po? Ilvous suffit de fabuler un peu, derédiger des histoires avec des termesarabes que personne ne comprend et de présenter le toutsous couvertd’un ouvrage académique. Ensuite, il nevous reste qu’àempocher le pactole. Le professeur Lacroix n'a pas effectué la moindre recherche dans leslivres de jurisprudence pour pouvoir comparer lesdéclarations d’al-Albani aux autres fatwas desMuhaddithin. Par conséquent, les fatwas du Sheikhalbanais ont été conçues comme révolutionnaires selonl’avis personnel de Lacroix.

Dans un de ses livres, Sheikh Mohammed al-Albanis’est adressé à ceux qui, tout comme Stéphane Lacroix,écrivent sur les sujets qu'ils ne comprennent pas :

« Je les conseille de ne pas écrire dans un domaine de science quelconque qu’après l’avoir maîtrisé et après yavoir gagné une certaine expérience pendant un certaintemps... »161

Le professeur pédant poursuit en étalant les conclusionsde ses « recherches académiques » :

« Une autre position controversée était son appel aux Palestiniens de quitter les territoires occupés puisqu’ils y étaient, comme il le prétendait, incapables de

159 Al-Bukhari (1/102), Abu Dawud (1/176), al-Tirmidhi (2/247), IbnMajah (1/330), Al-Dar al-Qutni (1/313), Musnad al-Imam Ahmed(11/241)… 160

Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Âdab al-Zifaf »[Les règlesdu Mariage], p. 42.161 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Difa’ a’n al -Hadith al- Nabawi wal-Sira »[En Défense de la Tradition Prophétique et laBiographie], p. 60

pratiquer leur foi comme ils devaient et ceci est beaucoup plus important qu'un morceau de terre. »

Mais quel est donc le rapport entre cette fatwa et la soi-disant approche révolutionnaire d’al-Albani du Hadith ?Cette position du Sheikh devient beaucoup moinscontroversée si on comprend que, dans cette fatwa,Sheikh al-Albani s’est basé sur la « hijra »(l’émigration) du Prophète qui a quitté la Mecque, sonlieu préféré, pour pouvoir pratiquer l’Islam à Médine.C'est un avis que tient la vaste majorité des savants, au

passé et au présent, par rapport aux personnes qui se trouvent dans unesituation pareille. Le professeur Lacroixne devrait pas concevoir cette fatwacomme controversée, car dans son propre pays, des milliers de musulmanstentent de fuir l’oppression et

l’apartheid religieux du régime français pour obtenir des droits religieux, et cela bien entendue, dû aux nombreusesatteintes à la pratique individuelle del’Islam162.

Un peu plus loin, Lacroix sort les paroles de Sheikh al-Albani de leur contexte :

« Finalement, al-Albani prit une position ferme contretoute participation à la politique, en répétait que ‘labonne politique était d’abandonner la politique’ – uneexpression salafiste…»Cette déclaration est également contestable puisqueLacroix a tout d’abord mal traduit la parole d’al-Albaniqui est «min163 al-siyasa tark al-siyasa» qui se traduitcorrectement par « délaisser la politique fait (également) partie de la politique ». Al-Albani entendait par là que,dans certains cas, il était mieux de ne pas participer ausystème politique. Or, la traduction de Lacroix sous-entend qu’al-Albani était entièrement opposé à la politique, ce qui est entièrement faux et une autretentative du professeur de faire passer les savants Salafis pour des gens arriérés et non structurés qui sont coupésdu monde. Al-Albani s'est uniquement opposé à la participation politique si celle-ci n'est pas basée sur lesvaleurs islamiques :

162 NDT Voir l’article du même auteur : « The French Suburban House and Field Negro »163 La préposition arabe «min» ici est «lil tab’id » ce qui veut direque la préposition exprime « une partie de » ou « une portion de » la politique. Il est étonnant de voir que le professeur Lacroix n’a passaisi le sens de cette préposition, car dans son cv, il prétend maîtriser

la langue arabe et même l’avoir enseignée. Tout comme on peutdouter sur ses capacités de recherche, on peut également remettre encause ses capacités dans la langue arabe, car quelqu’un qui necomprend pas des prépositions aussi simples ne peut avoir la capacitéd’enseigner la langue arabe, à moins qu’il s’agisse d’un charlatan.

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 26/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

26

Al- Albani et les autres savants d’Ahl al-Sounna dépendaient tous du Hadithdans la législation

« Malgré que la politique est une chose requise sansaucun doute, je pense que ce n'est pas le bon moment de participer à la politique. »164

Ce que disait donc réellement Sheikh al-Albani estqu’avant de participer à la politique, les gens devaientd’abord acquérir la connaissance de leur religion etentreprendre un processus essentiel de purification etd’éducation («Tasfiya wa Tarbiya») :

« Nous ne disons pas que la politique (c.-à-d. la Politique Islamique) n'est pasobligatoire en Islam. Au contraire, cela fait partie des devoirs collectifsislamiques. Cependant aujourd'hui, nous savons qu'en se consacrant à la politiqueles gens qui sont responsables de lada'wa se déroberont aux deux

obligations principales qui sont 'la Purification et l’Éducation’…Par conséquent, nous aimerions pour nos frères dans le monde islamique qui participent à l'appel au Coran et à laSounnah selon la compréhension des pieux prédécesseurs, d’acquérir, en premier lieu, de solides bases avant de consacrer leur temps à la politique. »165

Cela veut dire que la compréhension de l'Islam dans lacommunauté musulmane doit d’abord être purifiée detoute chose qui l’a infiltrée et qui ne fait pas partie de lareligion. Deuxièmement, al-Albani était d’avis que lesmusulmans doivent être éduqués et élevés selon lacroyance correcte et originale de l’Islam166. Cependant,la majorité des systèmes politiques dans le mondeMusulman ne sont aujourd’hui plus basés sur l’Islam.Par conséquent, il n'est pas admissible religieusement pour les musulmans d’y participer. De la même façondont les non-musulmans refuseront de participer à la politique d’un état Islamique, les musulmans orthodoxesvoient qu’il n’est pas acceptable de participer auxsystèmes politiques non-musulmans. Mais à nouveau,quel est le rapport entre le fait de ne pas participer à la politique et cette soi-disant approche révolutionnaire duHadith ?

164 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Fatawa al-Manhadjihyalil-Albany » [Les Fatawas d’al-Albani liées aux affaires de Manhadj] p. 20-21165

Muhammad Nasir al-Din al-Albani,“ Durus Lil Shaikh Nasir Al- Din Al- Albani”(Shabaka al-Islamiya), Cours no. 20166 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Al-Fatawa al-Manhadjihyalil-Albany » [Les Fatawas d’al-Albani liées aux affaires de Manhadj] p. 20-21

Al-Albani et les Ecoles Juridiques

Après avoir étalé sa science infuse du Hadith et de la jurisprudence islamique, le professeur Lacroix noustransmet maintenant son savoir des écoles juridiques :

« Malgré son milieu social insignifiant, al-Albani est devenu connu comme le plus grand savant de Hadith de sa génération. Sa dépendance du Hadith comme pilier

central de la législation aux dépens desécoles juridiques l'a poussé à prendre des positions controversées. »

Dans un autre article, Lacroix explique cequ’il pense être la position d’al-Albanivis-à-vis des écoles juridiques :

« Al-Albani, en échange, rejetait toutes

les écoles juridiques, et appelait à unedépendance directe et exclusive sur leCoran et le Sounna. »167

Dans cette nouvelle distorsion de notrechercheur infatigable, la prédication deSheikh al-Albani aurait été incompatible

avec les quatre écoles juridiques dû à sa dépendance duHadith. Or, un aperçu des ouvrages des quatre Imamsmontre bien que les écoles juridiques se sontinitialement basées sur le Hadith. Les quatre Imamsinterdisaient explicitement de donner la priorité à leursfatwas si celles-ci allaientà l’encontre d’un hadithquelconque. L’Imam Abu Hanifah a déclaré: « Si mes propos contredisent le livre d'Allah ou un hadith du Prophète , alors abandonnez mes propos. »168 L’ImamMalek a dit :« Acceptez tout ce qui correspond auCoran et à la tradition prophétique et rejetez tout ce quicontredit le Coran et la Sounna. »169 De même, l’Imamal-Shafi’i disait : « Si le hadith est authentique, alorsc'est mon madhab. »170 Finalement, l’Imam Ahmedaccentuait l'importance de se référer aux hadiths endisant : « Celui qui rejette les hadiths du Messager d'Allah se trouve au bord de la destruction. »171

Ainsi, toutes les écoles juridiques dépendaient du Hadithcomme le pilier essentiel de la législation. C'estseulement lors des derniers siècles qu'un grand nombrede musulmans ont cessé de donner la priorité aux hadithset cela, en suivant aveuglément les jugements d'uncertain madhab. Et voilà ce qu’al-Albani désapprouvaitréellement :

167 Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer,« Rejectionist Islamism in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi

Revisited », p.4168 Al-Fulani,« Al-Iqath », p.50169 Ibn Abdel-Bar,« Al- Jami’ », 2/32170 Al-Nawawi,« Al- Majmou’ », 1/63171 Ibn al-Djawzi,« Al-Manaqib », p.182

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 27/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

27

Sheikh al- Albani n’acceptait pas que l’oncritique les écoles juridiques.

« Une chose qui est devenue très répandue chez les genslors des derniers siècles est que lorsqu’une personneatteint l'âge adulte, on le force à suivre un des quatremadhabs. Il suivra par exemple le madhab de son pèrequ’il acceptera alors entièrement. Il restera fidèle à cemadhab sans jamais diverger sur le moindre aspect. Il suivra ce madhab aveuglément sans réclamer lamoindre preuve. Il n’attachera aucune importance au jugement interprétatif (ijtihad) puisqu’il considère queles portesde l’ijtihad sont fermées. »172

Pour justifier son refus du suivi aveugle des madhabs,al-Albani démontrait comment, au passé, les savantsmajeurs d'un certain madhab abandonnaient lesdécisions de leur Imam173 s’ilsconsidéraient qu’elles contredisaientla Sounna174. Sinon, al-Albani atoujours eu une grande estime des

différents madhabs et ne toléraitaucune critique à leur égard :

« Il y a certaines personnes qui s'affilient de façon directe ou indirecteà l'appel de la Salafiya et qui se permettent de critiquer un desmadhabs. Nous disons que ce n'est pas permis dans notre religion et dans notrecroyance... »175

Le professeur Lacroix prétend ensuite que l’allégeanced’al-Albani au Hadith — et qui se faisait soi-disant audétriment des quatremadhabs — l'a poussé à prendredes positions controversées qui ont engendré un conflitavec les savants saoudiens :

« Cela l'a non seulement mis en conflit avecl'établissement religieux saoudien, mais l’a également rendu populaire dans les cercles Salafis. »

La grande majorité des savants de «l’établissementreligieux saoudien » sont considérés comme Salafis,même par Sheikh al-Albani. Donc comment est-ilconcevable, pour quelqu’un qui se trouve en conflit avecles savants saoudiens, de gagner la popularité dans lescercles Salafis ?

La mauvaise compréhension du professeur Lacroix danscette partie de l’article est basée sur son impressionerronée que les savants saoudiens suivent aveuglément

172 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, « Haqiqatou al- Da’wa al -Salafiya » [La Réalité de la Da’wa al-Salafiya] p.170173 Mohammed Ibn al-Hassan et Abu Yousouf furent deux savantsHanafites qui contredisaient Abu Hanifa dans un tiers de son

madhab.174 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Asl Sifat Salat al-Nabi »[LaDescription de la Prière du Prophète, Version Originale], p.35175 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Shubah Hawl al-Salafiya»[Ambiguïtés concernant la Salafiya] p.128

le madhab Hanbalite. Si c'était le cas, al-Albani auraitcertainement été en conflit majeur avec les savantssaoudiens et n'aurait, en premier lieu, jamais été invité par ces « Wahhabites féroces ».

Les différences d’opinions qui ont eu lieu entre al-Albani et d'autres savants n’étaient pas dues au faitqu’al-Albani dépendait sur le hadith comme pilier central de la législation, car c’est aussi ce que font lessavants dans le Royaume. C’est une chose qui devientclaire comme le jour dans les nombreuses conversationsqui ont eu lieu entre Sheikh al-Albani et ses confrèressaoudiens; toutes leurs discussions et argumentationsétaient basées sur des preuves directes du Coran et de la

Sounna prophétique. Dans ces débats,les ulémas de l'Arabie Saoudite n’ont jamais prisl’avis dumadhab commeétant une preuve.

Certes, les différences scolastiquesentre al-Albani et les autres savantsne doivent pas être dramatisées. Ceuxqui fréquentaient le plus Sheikh al-Albani ont témoigné que le Sheikhréfutait ses propres étudiants et sesamis les plus proches sans que

personne ne conçoive cela comme un conflit176. Il s’agitde différences d’opinions qui ont toujours existé chez lessavants d'Ahl al-Sounna. Dans ses écrits, al-Albani amentionné que les quatre Imams divergeaient, eux aussi,dans beaucoup de sujets :« Et je sais avec certitude que les grands Imams serespectaient mutuellement mêmelorsqu’un d’entre eux se trompait et (je sais) qu'ils se réfutaient réciproquement. »177

Le chercheur non initié ou celui qui a des motivationssecrètes interprétera ces différences d’opinions commeune discorde interne qui aboutit à de majeurs conflitsinsolubles qui reposent sur des contradictionsfondamentales. Par conséquent, la thèseconspirationniste où les « Wahhabites » se trouvent enconflit frontal avec les Salafis existe seulement dansl'imagination de Lacroix.

Si vraiment il y avait eu un conflit entre al-Albani et lessavants saoudiens basé sur des divergencesfondamentales, ce premier n'aurait jamais conseillévivement ses lecteurs de se référer à la compréhensionde Sheikh Ibn Abdel-Wahhâb et des savants saoudiensactuels qu'il appelait « ses frères Hanbalites dignes de

176 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Al-Rawda al-Dani fil Fawa’id al -Hadithiya lil-Allama al-Albani », p.9177 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Asl Sifat Salat al-Nabi »[LaDescription de la Prière du Prophète, Version Originale], p. 50

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 28/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

28

Sheikh al-Albani fut professeur à l’UniversitéIslamique de Médine de 1961 à 1963

confiance »178. De plus, Sheikh al-Albani fut récompensé pour les exploits remarquables qu'il a réalisés auRoyaume. Plusieurs années après son départ duRoyaume, le « Comité International de Gratification pour les Études Islamiques du Roi Faysal » lui a accordéun prix pour ses efforts scientifiques dans le domaine duHadith. Est-ce ainsi qu’un organisme reconnu pour lascience religieuse en Arabie Saoudite récompenseraitune personne avec qui elle a des contradictionsfondamentales dans l'approche du Hadith ?

Dans son testament, al-Albani a offert sa bibliothèque personnelle entièrement à l'Université de Médine, car ilreconnaissait son statut particulier dans la propagationdes sciences islamiques. Pour al-Albani, c’était l’endroitoù il avait gardé de très agréables souvenirs dans sonappel à l’Islam.

Le Royaume : Arrivée et Départ de Sheikh Al-Albani

Les fables de Lacroix semblentinépuisables. Voici comment il décritl’arrivée d’al-Albani dans leRoyaumed’Arabie:

« La présence d'al-Albani en ArabieSaoudite — où il fut invité en 1961 par son bon ami Sheikh Abdel-'Aziz bin Baz pour enseigner à l'Université Islamique de Médine — a incité desréactions gênantes au cœur de l'établissement Wahhabite... »

Résumé de cette nouvelle thèse: l’ancien mufti duRoyaume d’Arabie se rend coupable de favoritisme dûau fait qu’il a fait entrer al-Albani dans le Royaume, non pas parce que ce fut le Muhaddith du siècle, mais parceque c’était son bon ami. Il s’agit d’une autre accusation pathétique puisque Sheikh al-Albani fut déjà invité enArabie Saoudite avant cela. En 1957, le ministresaoudien de l’Éducation Sheikh Hassan Ibn AbdoullahÂl al-Sheikh lui avait demandé de remplir la fonction deresponsable du plus haut département des étudesislamiques à l’Université de la Mecque. Al-Albani a dûdécliner cette offre merveilleuse dû à des circonstancesimprévues, mais quatre années plus tard, il reçoit unenouvelle invitation. Si al-Albani fut aussi demandé enArabie Saoudite, pourquoi son arrivée aurait-elle suscitéde l’hostilité et des réactions gênantes dans leRoyaume ? Mais plus important que cela, où sont lesréférences du professeur Lacroix pour soutenir sesrevendications ? Il n'en mentionne pas, car la plupart deses écrits sont clairement basés sur des idées calquées

des écrits de Mansur al-Nuqaidan qui est une figure178 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, voir ses annotations dans« Mukhtasir al-Uluw Lil-Dhahabi », p. 64

principale dans le milieu des Saoudiens occidentalisésqui se considèrent comme des « libéraux ». C'est, eneffet, al-Nuqaidan qui a prétendu qu'al-Albani est entrédans le Royaume grâce au traitement préférentiel deSheikh Abdel-Aziz Ibn Baz. Cependant, prendre al- Nuqaidan comme référence pose un problème. Toutd’abord, il s’agit d’un individu qui n’a jamais bénéficiéd’un enseignement quelconque. C’est un fait prouvéqu’il a dû se retirer de l’école à cause de son instabilitémentale. Il a ensuite tenté d’étudier les sciencesislamiques mais échoue, à nouveau, lamentablement.Mansur al-Nuqaidan finit en tant que hooligan Takfiridans les rues de Riyad où il brûle des commerces. Dansun de ses articles, il admet avoir incendié une associationcaritative pour veuves et orphelins. Al-Nuqaidan estcondamné à deux années et huit mois de prison fermes etse rend finalementcompte qu’ilest un incompétentincapable de mener une vie stable. Certes, il a échoué

dans les différents types d’études et son espoir dedevenir un leader dans le mouvementTakfiri s’est envolé. Le docteur Istifham explique dans le compterendu de son analyse de la personned’al-Nuqaidan intitulé « Mansur al- Nuqaidan, Djawla fi radahat nafsi wadamirihi»179 qu'il s’agit d’un individutotalement déséquilibré qui prend uneopinion le soir uniquement pour l’abandonner le lendemain180. En effet,al-Nuqaidan est passé de Takfiriradical et délinquant pyromane ànéoconservateur extrémiste et diffamateur laïque de la

religion musulmane. Il a été poursuivi en justice pour calomnie et diffamation et fut condamné pour unedeuxième fois par la justice saoudienne. Mansur exploitera plus tard cette condamnation pour tirer l’attention des médias tendancieux en Occident et prétend avoir étédéclaré coupable parce qu’il se battait pour « la liberté »181.

179 Source : http://www.saaid.net/mktarat/almani/46.htm 180 Dr Istifham a démontré comment le dénommé Mansur al- Nuqaidan, durant toute sa vie, est tombé d'un extrême à l'autre. Danssa période Takfiri, il refusa par exemple de prier derrière un ImamSunnite qu'il accusait d'être un membre de la secte des Murjiyas. Unan après, Mansur commença lui-même à inviter les gens ouvertementà l'idéologie des Murjiyas. Puis, quelques mois avant sa conversion àla laïcité, al-Nuqaidan offensa un Sheikh qui ne partageait pas sonavis en lui disant : «Tes propos sont de la mécréance!» Etaujourd'hui, ce pantin des islamophobes occidentaux, accusel’ensemble des savants saoudiens de rendre mécréant les musulmans.Avec un comportement si incohérent, il n’est pas étonnant queLacroix et al-Nuqaidan aillent admirablement de pair.181 Mansur al-Nuqaidan« Telling the Truth, Facing the Whip », NewYork Times [Dire la vérité face au fouet].Le fait qu’un journal

comme le New York Timesdemande à une personne inculte ettendancieuse comme al-Nuqaidan de rédiger un article où il diffameles savants de l’Islam montre bien que les médias occidentauxacceptent uniquement les articles d’Arabes à condition qu’ils sedéchaînent contre l’Islam et les musulmans.

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 29/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

29

Sheikh al-Albani a gardé de très agréablessouvenirs de l’Unive rsité Islamique de Médine

Dr Istifham explique que Mansur est extrêmementégocentrique et en besoin d'attention continuelle. Cesont, bien entendu, des gens comme le professeur Lacroix et d’autres islamophobes occidentaux qui, avecun acharnement imbécile, lui consacrent l’attentiondontils sont tellement en manque. Dans certains de sesarticles, Lacroix tente de porter aux nues ce délinquant psychopathe et sacré menteur en le décrivant comme un« intellectuel courageux »182.

Mais revenons aux contes imaginaires du professeur Lacroix qui, de plus en plus, remettent en question sonintégrité professionnelle. Les propossuivants sur le voile musulman qu’ilattribue à Sheikh al-Albani n’étonnentdonc guère venant de sa part :

« La controverse suscitée par son livre

‘Le Voile de la Femme Musulmane’ dans lequel il a argumenté avec des preuves qu’il ne faut pas que les femmes musulmanes se couvrent levisage — un avis inacceptable selonles normes saoudiennes — a fini par donner à l'établissement Wahhabite la justification requise pour le faire sortir du Royaume en1963. »

C’est avec ce ton pédant que le professeur Lacroix parled’un livre d'al-Albani qu’il n'a jamais lu. Dans « LeVoile de la Femme Musulmane », le Sheikh albanaisconclut que les femmes musulmanes doivent couvrir leur visage, mais mentionne que ce n'est pas une obligation.Comme la majorité de savants musulmans, il considèreque le niqab fait partie de la Sounna et tombe sous lacatégorie «mustahab» des actes d'adoration183. Par conséquent, iln’est pas surprenant de savoir quelesfemmes dans la famille d’al-Albani portaient le niqab.L’assertion de Lacroix, attribuée à al-Albani, commequoi il ne faut pas que les femmes musulmanes secouvrent le visage implique qu’al-Albani considérait le port du niqab comme un acte détestable (makruh),illicite (haram) ou qui ne fait pas parti des préceptes del’Islam (mubah).

182 Stéphane Lacroix est connu pour défendre ce genre d’Arabesincultes avec un acharnement si furieux qu’il a présenté unecommunication au colloque islamophobe de l'ISIM intitulé « Lesintellectuels saoudiens et le mouvement Islamo-Liberal ». En effet, pour les racistes antimusulmansl’Arabe ne peut être intellectuel ques’il prône la laïcité dans son pays. En contrepartie, les savantsmusulmans qui ont étudié pendantdes décennies n’ont obtenu ce titre

que par leur appartenance à une tribu qui a réussi à monopoliser une partie du désert Arabe. De plus, ils ont tellement de science qu’ils ontdélaissé tout raisonnement humain.183 Ce qui veut dire qu’il s’agit d’adorations fortementrecommandées.

Les quatre Imams (Abu Hanifa Malek, al-Shafi'i etAhmed) étaient tous d’avis que leniqab est unerecommandation religieuse et non une obligation184 cequi montre bien que les savants saoudiens contredisent parfois le jugement de la majorité des savants islamiqueset des quatre écoles juridiques.

L'allégation de Lacroix comme quoi ce livre auraitdonné à ‘l'établissement «Wahhabite » la justificationrequise pour expulser al-Albani du Royaume en 1963 estimpossible, car le livre a été écrit en 1949, douze annéesavant l'arrivée du Sheikh en Arabie Saoudite. Bien au

contraire, la position d’al-Albani sur leniqab n'a manifestement pas empêchéles plus hauts représentants de« l’établissement Wahhabite»d'inviter le Sheikh albanais pour enseigner dans une de leurs universités

les plus prestigieuses.En outre, d’autres articles du professeur Lacroix démontrent qu’il selivre à des conjectures et s’imaginedes choses insensées pour lesquelles ilest incapable de citer la moindre

référence. Dans un de ses articles, il mentionne :

« Dans son célèbre livre ‘Les Caractéristiques de la Prière du Prophète’ (sifat salat al -nabi) al-Albani a présenté plusieurs avis particuliers sur des rituelsislamiques qui ont suscité une controverse avec d'autres savants. Certains affirment que ces controverses ont mené à son expulsion de Médine en 1963... »185

Cette assertion est également impossible parce queSheikh al-Albani a écrit ce livre à Damas avant qu'il nevoyage en Arabie Saoudite. Donc, si nous avons biencompris: un jour le départ d’al-Albani du Royaume étaitdû à sa position sur le voile de la femme musulmane et,un autre jour, c'est à cause de ses verdicts sur les rituelsislamiques de la prière. Est-ce que l’incompétencestupéfiante du professeur doit être attribuée à safourberie islamophobe ou tout simplement à uneconfusion mentale186? Une chose est certaine; il saisitchaque prétexte pour présenter les savants saoudienscomme des individus intolérants et mauvais quin'acceptent pas d'autres opinions.

184 L’Imam Ahmed a deux paroles dans ce sujet. Dans une parole ilconsidérait qu’il s’agissait d’une obligation, dans l’autre il voyait quec’étaitmustahab(une adoration recommandée).185 Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer,« Rejectionist Islamism in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi

Revisited », p.4186 La confusion mentale est un état psychiatrique aigu, caractérisé par une obnubilation de la conscience, un ralentissement de la pensée, unedésorientation dans l’espace et le temps et des troublesde la mémoire. (Larousse médical)

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 30/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

30

Al-Albani est né en 1914 à Shkodër dans le nord- ouest de l’Albanie .

La ville natale d’al -Albani ne setrouve pas en Syrie mais près de larontière Monténégrine.

Sheikh al-Albani n'a jamais été expulsé officiellement del'Arabie Saoudite, mais a décidé de partir de lui-même pour des raisons inconnues à tout le monde. Il n’a jamaismentionné pourquoi il a dû quitter le Royaume et celareste un secret bien gardé jusqu'à ce jour. Il estregrettable que Stéphane Lacroix utilise cet événement pour critiquer les savants saoudiens, quelque chosequ’al-Albani n'a jamais fait.

Le professeur foufou conclut cette partiede son article avec une autre bévuemonumentale :

« Il s'est ensuite réinstallé dans son paysde naissance, la Syrie, avant de partir pour la Jordanie en 1979. »

Mohammed Nasir al-Din al-Albani est né

en 1914 à Shkodër près du la frontièreMonténégrine dans le nord-ouest del’Albanie, pas en Syrie. En brossant le portrait du plus grand savant du Hadith ausiècle passé, le professeur Lacroix a étéincapable de déterminer correctement son pays de naissance! L'idée que StéphaneLacroix se fasse rémunérer pour sesarticles maladroits fait froid dans le dos.

Les « Ijazas » et d'autres perceptionserronées

Les nombreuses théories mentionnées par notre expert islamologue tombent endésordre total. Il n'y a pas une seule phrase dans son article qui paraît vided’erreur, mensonge, fabulation ou perception erronée. En voici un autre :

« Par conséquent, la science Wahhabitetraditionnelle fut le fruit d'un processusde transmission et dépendait du nombred'ijazas — un certificat avec lequel un savant reconnaît la transmission de sa science (ou une partie d’elle) à unde ses élèves, et lui autorise de la transmettre – attribuées par les savants Wahhabites respectés…»

Les «ijazas» ne sont rien de caractéristique pour ce queLacroix appelle le « Wahhabisme », elles ont toujoursexisté depuis l’époque des tout premiersMuhaddithin etdes savants en général. Le professeur Lacroix nousdémontre, une fois de plus, son inaptitude à faire desrecherches dans un domaine qu’il prétend pouvoir expliquer aux autres. Ce que Lacroix n’a pas saisi c’est

qu’il y a plusieurs types d’ijazas. Une catégorie autorisede transmettre une collection de hadiths à travers unechaîne de transmission distincte, tandis qu’une autre se

réfère à la maitrise et la connaissance approfondie d'unecertaine œuvreet à la capacité de l'enseigner aux autres.

Le premier type d’ijazas consiste d’autorisations quiétaient basées sur des sessions de hadith auprès d’unSheikh187 et qui avaient souvent lieu à l’époque des premiers savants du Hadith et contenaient une audience beaucoup plus large188. Aujourd'hui, ces sessionsexistent toujours, mais ce genre d'ijazas n'est plus

considéré comme un élément décisif dû àla propagation d'exemplaires imprimés deslivres de source. Les savants saoudienscontemporains ont presque tous cesséd’attacher ce degré d’importance à ce typed’ijazas bien que certains les emploienttoujours pour garder en vie cette pratiquedes prédécesseurs189. De nos jours, avoir plusieursijazas n’est plus forcément une

garantie que la personne soit qualifiée pour enseigner 190.

Le deuxième type d’ijazasest un certificatqui témoigne de la maitrise d’un certaindomaine des sciences Islamiques ou d’uncertain livre et qui est accompagné d’uneautorisation de l’enseigner. La raison pour laquelle al-Albani ne possédait pas ungrand nombre de ce genre de certificats est parce qu’il a grandi dans un pays avec très peu de savants Sunnites. Malgré cela, personne ne l’a considéré comme étant unsavant non qualifié, même pas les« Wahhabites» qui l’ont invité pour enseigner dans leur pays.

En présentant l’avis supposé d’al-Albanisur les ijazas comme un nouvel élémentdans son approche révolutionnaire duhadith, Lacroix pense avoir trouvé unenouvelle preuve pour sa déductioninsolite :

« C'est exactement cette logique qu’al -Albani — qui lui-même, ne possédait que très peu de ce genre decertificats — allait défier en promouvant son approche personnelle de la critique. En effet, selon al-Albani, latransmission n'a aucune importance, car, chaque hadith

187 Cela signifie que l'étudiant présenterait à un Sheikh une certainematière dans une science d’une façonprécise. Le Sheikh luiaccordera alors uneijaza ou une permission de transmettre cettescience aux autres.188 Parfois, le nombre de personnes qui assistaient à ce genre

d’assises dépassait 200.000 individus.189 C.-à-d. sans la présence des sévères conditions imposées par les Muhaddithin 190 Abdoullah Ibn Mohammed al-Shamrani,« Thabt Mu’allafat al - Albani », p. 97-98

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 31/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

31

Les « ijazas » ont toujours existé depuisl’époque des premiers Muhaddithin

étant suspect, le fait qu'il soit rapporté par un savant respecté ne peut garantir son authenticité. »

En développant son argumentation, Lacroix confond lesdeux types d’ijazas et cela dans un même contexte.Après avoir décrit les certificats de transmission dusavoir islamique, il mentionne soudainement ledeuxième type d’ijazas qui est exclusivement restreint àla transmission de hadiths. Par conséquent, notre professeur donne l’impression que les deux typesd’ijazas sont une chose identique poussant le lecteur àcroire qu’al-Albani dédaignait lesijazas. Ceci estimpossible,car nous parlons d’une des façons reconnuesdans la transmission du hadith qui est universellementacceptée chez les Muhaddithin. Les livres d’al-Albanicontiennent d’innombrables exemples où il mentionnecomment certains narrateurs transmettent des hadithsauthentiques par le biais d’uneijaza191. De même, sa

collection de hadiths authentiques intitulée «Silsila al- Ahadith al-Sahiha» déborde d'exemples de ce type detransmission. Voici une des parolesd’al-Albani:

« Je dis que cette chaîne denarrateurs est correcte et que lehadith est authentique parce qu'il aété renforcé par d’autres hadiths par le biais de la ijaza. »192

Comment le professeur Lacroix a-t-il pu penser qu’al-Albani considéraitcette approche célèbre d'être sansimportance ? Une autre interprétation plausible des récits incohérents deLacroix est qu’il croit que lasuccession des rapporteurs du hadith existe jusqu’à ce jour dans une chaine de transmission ininterrompue quicomprend donc les Muhaddithin contemporains. Si c’estvraiment sa compréhension, alors il est parfaitementconnu que l’époque de la transmission narrative personnelle s’est terminée avec la compositionuniverselle des hadiths dans les recueils canoniques dehadiths au IXe et Xe siècle. Mais peu importe si Lacroixl’a compris de la première ou de la seconde façon, sonallégation est fausse dans les deux cas.

Or, en analysant l’assertion suivante de Lacroix, ilsemble plutôt qu’il est d’avis que les Muhaddithincontemporains font encore partie de la chaine detransmission du hadith :

« Au contraire, le processus important est l’accumulation — un bon savant de hadith est quelqu'unqui a mémorisé un grand nombre de hadith et, de façon

191 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, voir ses commentaires dans« Al-Tankil Bima fi Ta’nib al -Kawthary min al-Abatil » 192 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al-Sahiha» [Recueil de Hadiths Authentiques], 1/8

plus importante, les biographies d'un grand nombre denarrateurs. »

Voici une nouvelle tentative de dépeindre lesMuhaddithin comme des gens qui n’emploient pas leraisonnement indépendant, car ‘ils dépendentuniquement de la mémorisation’.Or, il est bien connuqu’une personne ne peut jamais devenir un vraiMuhaddith sans avoir profondément étudié les autressciences Islamiquesde la même façon qu’une personnene peut être considéré comme un expert dans lesmouvements Islamiques sans posséder une connaissancede base de l’Islam, ses sciences et son histoire.

À nouveau, Lacroix confond les choses. Ce qu’il attribueici à al-Albani est une description de la réalité dessavants du Hadith à l’époque avant la composition desrecueils de Hadith. Or,le professeur comprend qu’al-

Albani voyait ceci comme une condition pour lesMuhaddithin au passé et au présent. Voici ce que disaital-Albani à propos des conditions du savant du Hadith :

« Pour résumer, nous disons que la seule condition requise pour juger leshadiths authentiques ou faibles est que la personne possède lacompétence nécessaire. En ce quiconcerne la mémorisation, alors c’est une autre chose. Si la personne possède un grand nombre de hadithsmémorisés, alors c'est préférable. Mais s'il ne possède pas cette grandequantité de hadiths, alors ce n'est pasune condition. Et cela a été établi par

les savants antérieurs. »193

De plus, al-Albani a déclaré qu'il y avait un consensuschez les savants dans la question :

« Les grands savants sont unanimes pour dire que la seule et unique condition pour celui qui désire juger authentiques ou faibles les hadiths, est qu'il maitrisebien la science du hadith... »194

Mais selon le professeur Lacroix, l’importance estuniquement d’accumuler et de mémoriser des hadiths.Cette fable de Lacroix sert d’ailleurs d’appui pour sathèse qui veut que les « Wahhabites saoudiens » soientdevenus savants par leur descendance familiale outribale, non par leur connaissance :

« Ainsi, la science du Hadith peut être mesurée selon descritères objectifs qui ne sont pas liés à la famille, la

193 Mohammed Nasir al-Din al-Albani,« Al- Rad A’la Ta’aqub al - Hadith », p.60194 Ibid, p.57

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 32/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

32

Pour Lacroix, les Muhaddithincontemporains font partie de lachaine de narrateurs du hadith

tribu ou à l’origine régionale, ce qui a permisunecertaine mesure de méritocratie qui fut auparavant absente. »

Ce n'est certainement pas la première fois que Lacroixreprésente les Saoudiens comme des ignorants et leur société comme étant non méritocratique. C'est en effet,la perception raciste que les islamophobes ont stimuléeet propagée dans les médias occidentaux durant delongues décennies.

Au lieu de parler sans science sur les conditions dessavants du Hadith, le professeur Lacroix ferait peut-êtremieux de se poser la question s’il remplitlui-même les conditions pour travailler entant que chercheur au CERIoù «l’ancrageempirique des recherches, adossé à uneconnaissance des langues195 et des terrains,

a vocation à nourrir les débats conceptuelsen sciences sociales »…selon le site ducentre.

La Connexion Lacroix-Bin Laden

Il ne fait plus aucun doute que, dans sadescription de Sheikh al-Albani, le professeur Lacroix a recueillis lesdifférentes critiques des ennemis del’époquedu Sheikh. Après avoir exploitéles argumentations fallacieuses desislamophobes laïques, des Soufis, des Haddadis et desorientalistes, Lacroix reprend maintenant les calomniesde la secte des Takfiris:

« A la fin des années 1980, certains élèves d'al-Albani, sous la direction d’un Sheikh Médinois nommé Rabi’ al - Madkhali, ont formé un réseau religieux non officiel généralement connu sous le nom d'al- Jamiyya (‘les Jamis’ sont nommés après un de leurs membres clés, Mohammed Aman al-Jami). »

Le terme « al-Jamiya » fut introduit par les Takfiris etdes membres de la secte des neo-Khawarij après laGuerre de Golfe pour riposter aux paroles des grandssavants comme Sheikh Ibn Baz, Mohammed Aman al-Jami et d’autres quiavaient prononcé des fatwas quiautorisaient de faire appel aux américains pour repousser l’agression irakienne de SaddamHussein. Les savantsd’Ahl al-Sounna qui avaient prononcé cette fatwa furentcouvert d’injures par lesTakfiris qui les surnommaientles « savants d'Amérique ». Comme Sheikh MohammedAman al-Jami réfutait ouvertement les ambiguïtés de cesgens qui adhéraient aux idéologies révolutionnaires et

qui suivaient le chemin de l'excommunication, ils ontcommencé à taxer de « Jamis » tous ceux qui n'ont pas

195 …y compris les prépositions comme « min» par exemple.

rejeté la présence militaire américaine dans le RoyaumeSaoudien. Le terme est aussi utilisé par les ennemis del'appel auTawhid pour aliéner les gens de la croyancemusulmane196. Il n'y a bien entendu aucune secte ouréseau religieux au nom de « al-Jamiyya » et personnen’a jamais prétendu appartenir à ce groupe fictif 197. De plus, Mohammed Aman al-Jami a toujours condamné laformation de groupes et de sectes et n’aurait jamaisadmis que des gens s’associent à un groupe qui estdérivé de son nom198. Or, pour le professeur Lacroix, leSheikh fut un membre clé de cette soi-disantorganisation.

En employant le terme « al-Jamiyya »,Stéphane Lacroix a rejoint les rangs des partisans d’Osama Bin Laden dans leursattaques des Salafis. Espérons seulementque ce lien apparent à al-Qaïda ne va pas

susciter une attaque de drone américain sur les immeubles de Sciences Po et du CERI àParis d’où opère le professeur Lacroix.Certes, plusieurs endroits dans ce mondeont déjà été dévastés par les yankees pour des liens aux terroristes beaucoup moinsévidents que celui-ci.

Commed’habitude, Stéphane Lacroix n’a pas entrepris la moindre recherche sur l’origine du terme« al-Jamiyya» et s’esttout simplement contenté de suivre

aveuglément son gourou saoudien Mansur al-Nuqaidanqui a acquis cette appellation lors de ses fréquentationsavec ses anciens compagnons Takfiris.

Le professeur Lacroix va encore plus loin et exploitecette appellation forgée comme un nouvel argumentdans sa thèse manigancée pour représenter les savantssaoudiens comme une bande de racistes:

« Au-delà de leur focalisation sur le Hadith, les Jamis sont devenus connus pour souligner avec force l ’appel d’al -Albani à ne pas participer à la politique et àdénoncer ceux qui le faisaient. À nouveau, beaucoup de Jamis étaient d'origine périphérique (al-Madkhali était de Jazan, à la frontière yéménite, alors qu'al-Jami était d'Ethiopie) et furent, par conséquent, exclus de toutes les positions principales dans le champ religieux. »

196 Abdul-Aziz Ibn Rayyis,« Al-Jamiyya wa al-Wahhabiyya wa al- Hachwiyya Alqab Tanfiriya », [Les Jamis, les Wahhabites,

Hachwiya, des termes d’aliénation], p.7 197 Bilal Ibn Abdul-Ghani al-Salimi« Abra’a Ila Allah min al - Jamiyya wal Madkhaliyya », [Je cherche refuge auprès d’Allah desJamis et des Madkhalis], p. 81-82198 Ibid, p.87, 117

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 33/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

33

En dépit de ses origines, Sheikh Mohammed Amanal- Jami a eu l’honneur d e pouvoir enseigner à laMosquée du Prophète à Médine.

Comme nous l’avions déjà mentionné, l’appellationdes Jamisfut basée sur le rejet de la secte des neo-Khawarijdes fatwas prononcées lors de la Guerre du Golfe et nonsur des critères tribaux ou raciaux puisque plusieurssavants Saoudiens d’origine ‘non périphérique’(comme par exemple Shaikh Saleh al-Fawzan) ont également étéaccusé d’être membre de ce soi-disant ‘réseau nonofficiel’. En conséquence, Sheikh Mohammed Aman al-Jami et Sheikh Rabi’ al-Madkhali n'ont jamais été exclude positions principales dans le champ religieux, endépit de leurs origines étrangères ou périphériques. Pour clarifier ceci, il suffit de mentionner que SheikhMohammed Aman al-Jami faisait partie de l’élite religieuse qui a eul’honneur de pouvoir enseigner au« Masjid al-Nabawi», la grandeMosquée du Prophète. Sheikh al-Jami fut également embauché

comme professeur de dogme (aqida)à la faculté de «Shari’a» de la prestigieuse Université Islamique deMédine. Mais, ce qui prouve hors detout doute qu’il ne fut jamais exclu par «l’établissement religieuxWahhabite », est que le Sheikhéthiopien était un ami proche dumufti de l’Arabie à l’époque, SheikhAbdel-Aziz IbnBaz, avec qui il a effectué plusieurs voyages199. Il aégalement eu de nombreux entretiens personnels avec lemufti Sheikh Mohammed Ibn Ibrahim Âl al-Sheikh200.De même, Sheikh Rabi’ al-Madkhali n’a jamais étéexclu du fait qu’il a grandi à la frontière yéménite puisqu’il fut à la tête du département «al-Sounna» del’Université Islamique de Médine etétait membre dudépartement d’enseignement. Il ya, en effet, une listeinnombrable de savants non-saoudiens et de savantsd’origine périphérique qui ont atteint les positionsreligieuses les plus élevées dans le Royaume Saoudiengrâce à leur savoir islamique, non à leur origine ou leur tribu.

Dans une prochaine étape, le professeur Lacroix prétendque le gouvernement saoudien aurait financé ce groupeimaginaire des Jamis:

199 Sheikh Mohammed Aman al-Jami accompagna Sheikh Ibn Baz pendant ses voyages à Riyad après l'ouverture de l'Institut de laScience (al- Ma’had al - I’lmi). Il fut également très proche du Mufti pendant ses assises de sciences.200 Imaginez-vous maintenant un étudiant Ethiopien qui atterrit enFrance et qui finit comme professeur dans une des grandesuniversités de l’hexagone. Ensuite, imaginez-vous que ce même

étudiant africain noue une amitié avec une personne haute placéedans le gouvernement français (genre Sarko ou Valls) et effectue desvoyages avec elle. En effet, ce n’est même pas imaginable. Or,Stéphane Lacroix a eu l’audace de prétendre que Sheikh al-Jami futexclus par les saoudiens dû à ses origines éthiopiennes.

« Ils gagneraient finalement de l’importance au début des années 1990, lorsque le gouvernement saoudien lesappuya financièrement et institutionnellement dansl'espoir de créer un contrepoids idéologique et apolitique à l'opposition islamiste mené par 'al-Sahwaal- Islamiyya’ (l'Éveil I slamique), un mouvement religieux-politique et informel qui est apparu en ArabieSaoudite dans les années 1960. ‘Al -Sahwa al- Islamiyya’ fut le résultat d'une hybridation entre le Wahhabismedans les affaires religieuses, et les idées de la Confrérie Musulmane, dans les affaires politiques. »

Lorsque des savants comme Sheikhal-Jami et Sheikh al-Madkhaliavaient réfuté des individus quiadhéraient au mouvementd’al-Sahwa, ces derniers les ont accusésd’être les apologistes du

gouvernement saoudiens, voir leursagents. En prétendant que cessavants se sont fait influencer dansleurs fatwas par des financementsgouvernementaux, Stéphane Lacroixrejoint à nouveau les Takfiris dansleurs attaques calomnieuses àl’égard des savants Sunnites

reconnus.

A-t-il réellement fallut trois décennies pour legouvernement saoudien avant de contrecarrer lemouvementd’al-Sahwa en finançant quelques savants« d'origine périphérique »? La thèse conspirationniste deLacroix devient très complexe. D’oùobtient-il sesinformations dérisoires ? Si ces savants en questionsavaient réellement été soutenus institutionnellement,alors où sont leurs organisations, où sont leursimmeubles et où sont leurs institutions? Il est bien connuque le gouvernement saoudien n’a pas besoin defavoriser financièrement les savants du pays puisqu'ilssont, à la base, déjà tous bien rémunérés.

Lacroix fait passer al-Albani pour un Takfiri

En survolant les fables de Lacroix dans cet article, unequestion fondamentale surgit : pourquoi le professeur sefatigue-t-il autant à inventer toutes ces histoires ? Il lefait pour arriver à une conclusion finale qui sert à porter atteinte à l’image duMuhaddithalbanais. L’approche« révolutionnaire» d’al-Albani du Hadith, son conflitdissimulé avec les savants saoudiens, son adhésion présumée au « Wahhabisme » ainsi que sa soi-disantcritique d’Ibn Abdel-Wahhâb auraient engendréd’audacieux entrepreneurs religieux indépendants qui

mettraient au défi le « Wahhabisme ». Voici par quoiLacroix conclut son article :

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 34/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

34

Dans ses articles, S. Lacroix tente fallacieusement delier les Sheikhs Ibn Baz, Moqbil et al-Albani àl’attentat de Juhayman à la Mecque en 1979

« Par conséquent, les idées d’al -Albani ont donné auxentrepreneurs indépendant et religieux Salafis une arme pour se frayer un chemin dans des cercles qui,auparavant, étaient très fermés… Pour toutes cesraisons, les idées d’al -Albani deviendraient très vite unmoyen pour les entrepreneurs religieux Salafis, quin’étaient pas issus de l'aristocratie Wahhabite, de défier la hiérarchie existante. »

Le message que Lacroix essaie de faire passer, est quel'héritage d’al-Albani se compose d’un groupe de jeunesaux idées insensées qui s’opposent aux savantssaoudiens. Or, Lacroix ne semble pas avoir saisi que lesgens qui défient les savants saoudiens et la « hiérarchieexistante » sont précisément les Takfiris et neo-Khawarijconnus pour rendre mécréant Sheikh al-Albani, pas pour le défendre !

Les allégations du professeur Lacroix sont loin d’êtreinnocentes, car il tente d’argumenter que ce soi-disant défi des jeunesalbanistes de « l'aristocratieWahhabite » fut seulement la phaseinitiale d'un mouvement quirésulterait plus tard en attentatsterroristes :

« Vers le milieu des années soixante, plusieurs disciples d’al - Albani à Médine ont fondé al- Jama’a al -Salafiyya al-Muhtasiba(Le Groupe Salafi qui Ordonne le Bien et Interdit le Mal), une factionradicale, dirigée par al Juhayman al-‘ Utaybi, qui finira par assaillir la grande mosquée de la Mecque ennovembre 1979. »

Le professeur Lacroix a rédigé une biographie de Sheikhal-Albani truffée de fabrications et d’argumentsfallacieux dans le but unique de le lier à un mouvementterroriste.

Les islamologues, orientalistes et « spécialistes » duMoyen-Orient sont bien conscients qu’en liant des personnages musulmans au terrorisme ils attireronttoujours plus d’attention. En élargissant de façonimaginaire le réseau d’al-Qaida et en diabolisant lacommunauté musulmane et ses savants reconnus, leursarticles auront toujours plus de chance d'être publiés.

L’assaut de Juhayman de la grande mosquée de laMecque n'était en aucune façon lié à Sheikh al-Albani etencore moins à son dogme ou à ses idées. L’attentat fut basé sur le rêve présumé de certains partisans deJuhayman dans lesquels ils ont vu que Mohammed al-Qahtani était supposément lemahdiattendu. Peu après,de nombreux témoignages sont apparus dans le monde

arabe de personnes qui prétendaient également avoir eule même rêve qui présageait l’arrivée dumehdidans la personne d’al-Qahtani. Le groupe de Juhayman a ensuiteexploité cette « répétition » de rêves pour corroborer leur assertion que leur gourou fut réellement lemahdi. Dansses livres, al-Albani mentionna que bien avantJuhayman, de nombreuses personnes démentes avaientdéjà faussement prétendu être lemehdiet que cela avaitégalement résulté en des agitations et séditionsténébreuses. De même, il a expliqué que Juhaimans’était égaré justement à cause de son ignoranceimmense et a déclaré que ses adeptes furent des simplesd’esprit et des scélérats.201 Le chercheur égyptien Dr Mohammed al-Muqaddam explique dans son livre « al-Mahdi » que les partisans de Juhayman avaient, à cestade, été imprégnés par l'idéologie Soufie dans laquelleles rêves ont le même statut de véracité que la révélationdivine202. Il est important de noter que ses adeptes sont

tombés dans un suivi aveugle absolu qui, par conséquent, contredisait entièrementles enseignements d’al-Albani. Demême, leur idéologie de «khuruj»et de «takfir » fut entièrementopposée aux principes salafis deSheikh al-Albani.

Dans un article qu’il a consacré àJuhayman203, le professeur Lacroix aaffirmé lui-même que legroupement de Juhayman fut ungroupe politique

204 alors qu’ilcertifie qu'al-Albani n’était pas du

tout intéressé par la politique enattribuant au Sheikh la parole que « la bonne politiqueest d’abandonner la politique». Cependant, d'une façonou d'une autre, Stéphane Lacroix veut nous faire croireque les membres de ce groupe terroriste étaient des partisans de Sheikh Albani ?!? Au moment de l'attaque,Juhayman et ses partisans n'avaient plus rien en communavec le credo de la Salafiya ni avec les savants Salafis.De plus, ils n'étaient pas les disciples ou étudiants d’al-Albani mais plutôt un groupe de novices qui assistaient àcertains de ses cours tout comme ils assistaient au cours

201 Mohammed Nasir al-Din al-Albani, «Silsila al-Ahadith al-Sahiha» [Recueil de Hadiths Authentiques], Vol. 8 (Hadiths 1529,1924 et 2236)202 Dr Mohammed Ahmed Isma’il al-Muqaddam,« Al-Mahdi », p.557-559203 Dans l’article « Rejectionist Islamism in Saudi Arabia…» coécritavec l’islamophobe norvégien Thomas Hegghammer, le professeur Lacroix prétend fallacieusement que son histoire sur Juhayman est basée des recherches approfondies. Or, une petite recherche démontretrès vite qu’il s’agit d’un texte plagié en grande partie de l'articlearabe « Juhayman al-Uteybi, Maqati’ min Hayat Astura» écrit par

Mansur al-Nuqaidan que beaucoup considèrent comme la versionsaoudienne de Hirshi Ali.204 Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer,« Rejectionist Islamism in Saudi Arabia : The Story of Juhayman al-‘Utaybi Revisited », p.12

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 35/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

35

Selon Stéphane Lacroix, des « savants Salafis » – âgés d’une vingtaine d’années – ont participéaux attentats de Riyad en 2003

de beaucoup d'autres savants. Plusieurs années avantl’attentat de 1979, ils se sont égarés dans les ténèbres dusectarisme.Ils ont d’ailleurs été conseillés par certainsSheikhs Salafis qui leur ont demandé de ne pas former un groupuscule indépendant.

Prétendre que cette attaque cruelle qui a eu lieu seize ansaprès le départ d’al-Albani du Royaume soit liée à sesidées ou à son idéologie est aussi farfelue que de prétendre que Saddam Hussein avait un lien quelconqueavec al-Qaïda. Mais comment peut-on s’attendre à ceque le professeur Lacroix comprenne réellement lesidées de Sheikh al-Albani en sachant qu’il n’a même pasréussi à déterminer correctement son pays de naissance ?

Le message sous-entendu qui est également laconclusion tirée de l’article du professeur Lacroix estqu’un groupe d’étudiants d'al-Albani qui promouvaient

le rôle central du Hadith et défiaient «l’aristocratiereligieuse Wahhabite » ont fini par commettre des attaques terroristes :

« À nouveau, la plupart de ces savants étaient des figures périphériques, tel que Sulayman al-'Alwan. Né en 1970, al-'Alwan acommencé à être connu comme savant lorsqu’il avait la vingtaine.À part ce jeune Sheikh d'origine non tribale, il yavait également Abdallah al-Sa’d, dequi la famille était venue de la ville de Zubayr situé dans l’Irak Moderne.Tous les deux deviendraient plus tard des figures clésdans le mouvement Jihadi saoudien qui, après avoir défié l'ordre religieux, se sont mis à défier l'ordre politique. Par conséquent, ils ont été arrêtés et emprisonnés après les attentats à la bombe en mai2003. »205

Et voilà! Lacroix a d’abord imaginé une approcherévolutionnaire du Hadith qu’il a machiavéliquementattribué à Sheikh al-Albani. Ensuite, il a élaboré unscénario dans lequel cette approche a mené à desfrictionsavec les savants de l’Arabie et, plus tard, à unerévolte contre «l’aristocratie Wahhabite». Il conclut eninsinuant quel’attentat de Riyaden 2003 fait partie del’héritage de Sheikh al-Albani en liant l’assaut du Haram al-Mekkien 1979 à certains de ses étudiants présumés. Or, rattacher, directement ou indirectement, legrand Muhaddith du siècle passé à des actes deterrorisme montre que le professeur Lacroix est uneimmonde créaturequi n’éprouve aucun scrupule àsouiller l’honneur des grands savants musulmans. Quelle

205 Selon Lacroix, des jeunes d’une vingtaine d’années sont devenusconnus pour être des savants Salafis aux côtés de Sheikh IbnUtheymine et Sheikh Ibn Baz. De plus, ces jeunes savants Salafis ontfini par commettre des attentats terroristes à la bombe.

est l’utilité de mentionner ces attentats à la bombecommis par des gens qui détestaient et rendaientmécréant al-Albani? Certes, les racistes antimusulmanss’acharnent à lier tout ce qui revient aux enseignementsoriginaux de l’Islam au terrorisme. Il y amalheureusement dans ces méthodes ignobles et perverses de quoi prospérer dans le monde de larecherche académique.

Le vrai Héritage de Sheikh al-Albani

L’Albanie, le pays le plus pauvre du continent européen,est uniquement connue dans le monde musulman grâce àSheikh Mohammed Nasir al-Din al-Albani et sonremarquable patrimoine scientifique. Le dictateur albanais Ahmed Zogolli n'aurait jamais été cité dans unlivre arabe si la biographie d’al-Albani ne mentionnait pas comment lui et sa famille ont dû fuir son régime

dictatorial et laïc.En France, le professeur StéphaneLacroix est représenté dans lesmédias comme spécialiste de l’Islam politique et expert de l’ArabieSaoudite. Or, ses articles sur lesmusulmans et leur religion sont descompilations frauduleusesd’illusions, de distorsions de faits, decontrevérités flagrantes et decompréhensions erronées danslesquelles il prend une approcherévolutionnaire dans la diffamation

de l’Islam etles musulmans. Le professeur Lacroix estinapte à mener des recherches académiques dans ledomaine qu’il prétend maitriser avec si grandeconfiance. Ses analyses et recherches « académiques »s’avèrent être un mélange de recherches Google, de plagiat éhonté et d’anciennes ambiguïtés orientalistesmodifiées à sa guise. Stéphane Lacroix est bienconscient qu'il peut écrire des articles en toute impunitétant qu’il traite des sujets avec lesquels son public n’est pas familier. Et comme c’est le cas pour bien d'autresenseignants à Sciences Po, il tire de grands avantages del’industrie fructueuse qui se cache derrièrel’islamophobie. Il est d’ailleurs très déplorable qu’uncentre comme le CERI — qui se vante de« valoriser lestrajectoires historiques des sociétés étudiées à travers sestravaux » — serve de tremplin pour des islamophobesqui, justement, n’ont aucun respect des sociétés qu’ilsétudient.

Cependant, une chose reste incontestable: dans sesfables, le professeur Lacroix fait preuve d’une

imagination débordante. Il est ingénieux et pond desarticles invraisemblables qui contiennent des intriguesdétaillées qui sont toutes le fruit béni de son imaginationféconde. Il n'y a aucun doute que Stéphane Lacroix a le

7/21/2019 Stéphane Lacroix, un spécialiste du salafisme?

http://slidepdf.com/reader/full/stephane-lacroix-un-specialiste-du-salafisme 36/36

LES FABLES DE LACROIX COMMENTEES PAR L’ŒUVRE DE SHEIKH AL-ALBANI

Le dictateur albanais laïc Ahmed Zogolli collaborait avec l’ItalieFasciste

Stéphane Lacroix, un charlatanislamophobe en croisade contreles musulmans et l’Islam.

profil idéal d’un écrivain de romans policier et, peut-êtremême,d’uncomédien humoriste.

On peut conclure que les islamologues quisont incapables d'analyser les fondations dela croyance musulmane, l’œuvre desMuhaddithin ainsi que l'influence etl’expansion des sectes islamiques dans uncontexte historique viendront toujours avecles déclarations les plus incohérentes. Maisen France, il ne faut pas être expert dans ledomaine pour attirer l'attention des médias.Khalida Messaoudi206 est un parfait exemplede comment les médias français sont prêt àabsorber toute forme de diffamationislamophobe, peu importe la profondedébilité mentale de ces « experts ».Messaoudi a proclamé, avec une rare

insolence, que la prosternation dans la prièremusulmane est «une position d’esclaveinventée par des Bédouins esclavagistes del’Arabie Saoudite». En contrepartie, lesauteurs musulmans qui ont les compétencesd’effectuer des recherches académiques sont exclus de toute participation dans les médias principaux qui assurent ainsi un cordonsanitaire pour éviter que l’assaut médiatiquemené contre « les barbus » et les porteusesde niqabs soit interrompu.

Jusqu'à ce jour, la France n'a pas de loiinterdisant les diffamations et injures à caractèreislamophobe, comme c’est le cas pour les juifstoujourssi « intouchables ». Cette politique à deux mesures a permis aux icônes de l'islamophobie française de se présenter comme de bons Samaritains qui prétendentdéfendre « le monde laïque et civilisé » des « grandsmaux de l'Islam ». Dans les médias et la politique, ilssont de plus en plus nombreux à se justifier et à se vanter de leur haine envers les musulmans pratiquants et leur religion. Tous les jours, la France ressemble un peu plusà l’Allemagne Nazie.

Lorsque Sheikh al-Albani décède en 1999, ce fut un jour de deuil pour des millions de musulmans au mondeentier. Bien que le Sheikh ne soit plus dans ses livres àrechercher des hadiths, son œuvre continue d’exister et personne ne doute que ce Muhaddith, si unique à sonépoque, ne sera jamais oublié. Ses nombreusesrecherches scientifiques et ses écrits profitables pour laOumma ont fait de Mohammed Naser al-Din al-Albaniun homme qui sera aimé pour toujours. Quant au professeur Lacroix, alors c’est l’un des nombreux

206 Khalida Messaoudi est une islamophobe Algérienne mis sur un

charlatans issus du fanatisme laïciste français qui agâché sa vie dans la calomnie de la religion musulmane.Il s’est entièrement dévoué à la cause des xénophobes

antimusulmans qui ont pour but unique de porter atteinte à l’image des musulmansqui souhaitent pratiquer ouvertement, et entoute liberté, leur religion. Le professeur Lacroix sera oublié, son discoursobscurantiste dissoudra sous la lumièreéclatante du savoir musulman et ses écritsdiffamatoires continueront ainsi à êtreconnus comme des escroqueries quidisparaitront à jamais dans les ordures dela propagande islamophobe…207

K. El Hidjaazi208

REMARQUE : Suite à la publication de cetteréponse sur ‘stéphane-lacroix-sciences- po.com’,il semble que Stéphane Lacroix a fait appel à l'assistante de direction à Sciences Po pour porter plainte contre ce site dans lequel sont divulguées ses fourberies scientifiques. Ainsi, Olivia Ameye, a exigé à notre hébergeur que le site soit supprimé au plus vite possible,car celui-ci, selon elle, contiendrait uneusurpation d'identité. Bien entendu, ceci est faux, car, à aucun moment, n'avons-nous prétendu être Stéphane Lacroix ou Sciences Po.

Il ne fait plus de doute que Sciences Pocherche, coute que coute, à défendre ses employésislamophobes. Alors que beaucoup s’attendaient justement àune plainte contre Stéphane Lacroix pour racismeantimusulman, plagiat et diffamation, il semble que Sciences Po assume pleinement la défense de l'islamophobie au sein de son institution.

Pour justifier leurs attaques continues visant la communautémusulmane, les islamophobes en France font souvent appel àla liberté d'expression, mais lorsque les musulmans désirent s'exprimer et se défendre contre les affronts portés à l'égard de l'Islam et des membres de leur communauté, il n'y plus de

liberté d'expression, ni même de droit à l'autodéfense. Plusieurs nouveaux sites apparaîtront bientôt (incha Allah) pour mettre au grand jour les tromperies de l'islamophobeStéphane Lacroix. La résistance au fascisme antimusulman et à la diffamation islamophobe des Tartuffes islamologuescontinu…

Les adresses des nouveaux sites seront postées ici :www.islamologues-de-france.com

207 Les recherches pour cet article ont été faites dans la bibliothèque

de «Dal al-Hadith »à Ma’bar (Yémen)Je demande à Allah derécompenser Sheikh Mohammed al Imam pour mettre à disposition