SÉQUENCES BOIS publics

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SÉQUENCES BOIS Espaces publics juin 2000 - 40 F - numéro 31

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ui ne connaît la célèbre promenade sur «lesplanches » à Deauville ? Les passerelles,

coursives et autres ouvrages de franchissement àplatelage en bois sont d’un usage classique. Et, sil’intérêt esthétique du platelage en bois ne sedément pas, il apparaît que les architectes, lesbureaux d’études et les entreprises manquent sou-vent de références techniques actualisées. Unsavoir-faire moderne est à réinventer en la matière.Nous proposons ici de préciser quelques règles debase sur des questions incontournables comme lechoix d’une essence de bois, d’un mode de fixationet d’un traitement «antiglissance». Pour illustrer cepropos, quelques ouvrages ont été sélectionnés,représentatifs d’une commande standard par leurtaille et leur environnement.

UNE DIZAINE D’ESSENCESRECOMMANDÉESPlusieurs paramètres techniques contribuent à leurprescription : durabilité, dureté, résistance àl’usure et à la flexion, «usinabilité», aptitude à lafixation, incidence sur la sécurité des personnes(glissance). Le niveau de prix, la disponibilité et lescontraintes liées à la maintenance sont des fac-teurs complémentaires à prendre en compte. À partir de ces différents critères, une premièreétude, commanditée par le CNDB, permet de pré-senter une sélection d’essences recommandées quipeuvent être classées en trois groupes en fonctionde l’importance du trafic.• Essences réservées aux Petits Trafics (PT)

Dans cette catégorie sont classés les pins et leDouglas qui acceptent la réalisation de platelagesde toutes dimensions, pourvu qu’ils ne soient passoumis à un trafic intense. Ces résineux sont moinsdurs et moins résistants que les feuillus et requiè-rent un traitement pour leur conférer une durabilitéde classe de risque 3 minimum.• Essences réservées aux Grands Trafics (GT)

Le chêne blanc européen est excellent pour les pla-telages de toutes tailles. À ce titre, il a été sélec-tionné par la SNCF (qui l’utilise traditionnellementpour les traverses portant les rails). Attention toute-fois au caractère corrosif de ses tanins sur les fixa-tions en métal. Le châtaignier et l’angélique (oubastalocus) sont adaptés à la réalisation de plate-lages de petite à moyenne importance. Moinsdurable que le courbaril et le bankirai, l’angéliqueest un feuillu exotique intéressant, à condition quela conception du platelage facilite l’évacuation del’eau. Le châtaignier présente des propriétésproches de celles du chêne, qu’on lui préfère en rai-son de performances mécaniques supérieures etd’un approvisionnement plus courant.

Techniques

• Essences réservées aux Très Grands Trafics (TGT)

Le courbaril (ou jatoba) et l’ipé, deux feuillus exo-tiques, sont bien adaptés aux projets de petite àmoyenne importance, mais l’usinage de l’ipé estdélicat en raison de l’émission de poussières irri-tantes. Compte tenu de la disponibilité, le robinier(pseudo accacia) sera réservé aux petits projets. Cefeuillu indigène est nerveux, fendif et il sèche diffi-cilement, mais il présente des qualités exception-nelles de durabilité, d’élasticité, de résistance etune aptitude à la flexion élevée. Le bankirai (ouBalau Yellow) est un bois durable et d’un moduled’élasticité à la flexion phénoménal. Il peut doncêtre utilisé en épaisseur relativement mince sur desprojets de toutes tailles.

FIXATIONS: PRÉFÉREZ L’INOXEn règle générale, on prescrira une quincaillerie eninox et on évitera les fixations traversantes qui peu-vent constituer des pièges à eau. Le clouage estinsuffisant et donc à éviter. Comme pour la fixationd’un éventuel système d’antiglissance rapporté, onprendra en compte les facilités de démontage et deremplacement, en particulier des lames.

ANTIGLISSANCE: DES RÈGLESÉLÉMENTAIRES DE PRUDENCEEn matière de sécurité, il convient en premier lieude tenir compte de la pente. Ainsi, les ponts endos-d’âne à forte courbure, composés de lameslarges, sont potentiellement risqués (voir les pontsjaponais réalisés avec des lames étroites séparéespar un jour relativement large).Deuxième point essentiel : plus un bois est dur etrésistant, plus ses cellules sont fermées et plusgrand est le risque de «glaçage» de sa surface.Cette caractéristique doit être gardée à l’espritpour sélectionner une solution appropriée. Enfin, on doit savoir qu’il n’existe pas en l’étatactuel des choses de texte réglementaire opéra-tionnel en matière de glissance. Les essais déjànormalisés ont été élaborés pour des revêtementsminces (carrelage, par exemple) et ils sont doncinadaptés pour un platelage en bois dont l’épais-seur est – sauf exception – égale ou supérieure à 22 mm.Cela posé, trois types de traitement peuvent êtremis en œuvre. Le plus simple est un «sablage» dela surface rendue ainsi rugueuse. Le rainurage oule sciage sont des opérations mécaniques souventenvisagées, mais leur efficacité avérée en termede stabilité reste à valider en matière d’antiglis-sance. La mise en place de bandes en relief enrésine coulée chargée de silice paraît la solution laplus efficace. Dans tous les cas, les caractéris-tiques du bois choisi détermineront la prescrip-tion. Des dispositifs par greffage, inclusion ousuperposition seront préférés pour les essencesde dureté faible ou moyenne (pin sylvestre,Douglas, châtaignier, chêne…), alors que des sys-tèmes autodrainés s’imposent pour les essencesplus difficiles à usiner comme l’angélique, l’aca-cia, le courbaril, l’ipé ou le bankirai. On évitera leprofilage direct des lames qui écourte inévitable-ment la durée de vie du platelage et ne constituequ’un palliatif provisoire contre les phénomènesde glissance. Au demeurant, la technologie del’antiglissance relève encore d’un savoir de bonsens et d’observation empirique qui demande unapprofondissement scientifique. �

s L’emploi à grande échelledu platelage en bois dansquelques projets contempo-rains prestigieux a réactua-lisé toutes les questions sous-jacentes à leur mise en œuvre.État des lieux.

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Les platelages en boisPASSERELLE À RENNES (35)Ouvrage piétonnier sur la Vilaine, traitécomme un platelage porté par deuxpoutres Vierendeel de 2,4 m de hauteur.Prévu en azobé, le platelage a finalementété réalisé en chêne. Les fixationsinvisibles sont assurées par des crochetsmétalliques en inox de 6 mm de diamètres’emboîtant dans une cornière boulonnéesur les porteurs. En l’absence de pente,les risques de glissance sont limités, mais les lames sont écartéesde 15 mm avec un rainurage de 5 mm rempli de résine (la SociétéORR développe un système breveté de barrettes antidérapantesmixtes bois-résine interposables entre lames, avec fixation partire-fond). Architectes : Pierre Lafon et Marion Faunières.

BASE DE LOISIRDE SAINT-PARDOUX (87)Constitués de plusieurs bâtiments,les lieux d’hébergement sont réunispar des rues et des placettesréalisées en plancher de pinsylvestre traité classe 4 en autoclave.Un rainurage profond des lamesatténue l’effet de glissance.Architecte : Catherine Ardant.

PÔLE CONSTRUCTIONDU CTBA Pour relier les bâtiments du PôleConstruction du CTBA à Bordeaux(33), plusieurs ouvrages sont mis enœuvre à l’extérieur : cheminements,terrasses etpasserelles quicomportent unplatelage, traitéen caillebotis, fait de lames de robinier (oupseudo accacia),feuillu indigène degrande durabilité.Architectes :groupe Loisier et Art’Ur.

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TERRASSE EN BOIS DE PIN RÉTIFIÉ®

Réalisée dans le cadre de la restructuration du centre de la petiteenfance de Saint-Jean-Bonnefonds (42), la terrasse est constituéede modules carrés de 60 cm de côté dont la surface est rainurée.Chaque module est composé de six lames séparées par un vide dequelques millimètres permettant l’évacuation de l’eau sur un videventilé. Le pin est «rétifié» – procédé de traitement thermique dubois par pyrolyse sous atmosphère inerte, sans emploi de produitchimique externe. Ce traitement assureune protection efficace contre les micro-organismes et les variations du taux d’humidité en renforçant la stabilité dimensionnelledu bois. Le pin laissé brutcommence à prendre sapatine grise.Architecte : AlainGaubert ; rétification :Rétibois.

HALTE FLUVIALE À FONTAINES-SUR-SAÔNE (69)Un petit ponton fixe positionné en contrebas de la place centraledu village comporte un platelage en ipé, fixé sur une charpente enchêne, elle-même solidaire d’une ossature métallique composéede pieux fondés et d’une structure primaire en acier galvanisé. Un motif de poissons, gravé à la surface du platelage, apporte une rugosité de surface. L’opposition entre des rayures fines et

profondes, en alternance d’un poisson à l’autre, produitdes contrastes et des réflexionschangeantes. Implanté à un niveau correspondant àune hauteur moyenne des flots,le ponton est submergéplusieurs mois par an, sansdommage depuis sa livraisonà l’automne 1997. Architecte :Manuelle Gautrand.

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