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SOUTENANCE A CRETEIL
UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE
FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
******************
ANNEE 2014 N°
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT
DE
DOCTEUR EN MEDECINE
Discipline : Médecine Générale
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Présentée et soutenue publiquement le :
à : CRETEIL (PARIS XII)
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Par Sen-Lauryl MANGAN MABOM
Née le 12 Août 1983 à Paris IV
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TITRE : LA CONNAISSANCE PAR LES MEDECINS GENERALISTES DE L’EXISTENCE DE LA
PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE ET DE SON SUIVI CHEZ LEURS PATIENTS
DIRECTEUR DE THESE : Le conservateur de la
Dr Nadia CHAUMARTIN bibliothèque universitaire
Signature du Cachet de la bibliothèque
Directeur de thèse universitaire
2
RESUME
Les pathologies psychiatriques représentent un enjeu de santé publique considérable. Les
patients souffrant de troubles mentaux sont particulièrement fragiles. De nombreuses
études ont montré une augmentation de la morbidité et de la mortalité organiques, due à la
maladie mentale. Ces patients nécessitent de façon évidente un suivi somatique et des
mesures de prévention renforcés. Ce suivi est assuré par le médecin généraliste.
Par ailleurs, le médecin généraliste intervient auprès de ces patients dans les situations
d’urgence dues au trouble mental (renouvellement de traitement, décompensation). Et dans
certains cas il est à l’origine du suivi psychiatrique, en adressant le patient à un psychiatre
devant une suspicion de pathologie psychiatrique.
Pour ces différentes raisons, le médecin généraliste doit être informé du suivi psychiatrique
lorsqu’il en existe un. Malheureusement, les enquêtes suggèrent un manque de coopération
entre les médecins généralistes et les autres soignants intervenant autour du patient
psychiatrique.
Nous avons donc interrogé 101 patients suivis dans des centres médico-psychologiques
dépendant du groupe hospitalier Paul Guiraud, pour évaluer le taux déclaré de médecins
généralistes connaissant l’existence du suivi psychiatrique chez leurs patients, ainsi que les
raisons pour lesquelles les patients ne souhaiteraient pas qu’ils en soient informés.
91 patients déclarent que leur médecin généraliste connaît l’existence de ce suivi. Nous
avons étudié l’influence de l’âge, du sexe, du diagnostic psychiatrique, du niveau d’études et
de la situation professionnelle sur ce taux de connaissance du suivi par les généralistes. Il ne
semble pas exister de différence significative.
Mots-clés : Comorbidité, psychiatrie, régulation de l’accès aux soins spécialisés, troubles
mentaux.
3
ABSTRACT
Psychiatric illness are a crucial public health issue. People suffering from mental
problems are particularly fragile. Many studies have shown that organic morbidity and
mortality increase, due to mental disorder. These patients clearly need an enhanced physical
monitoring and prevention measures, and that is the general practitioner’s role.
Furthermore, general practitioners are called upon in cases of emergencies related to
the mental disorders, such as renewal of psychiatric prescriptions, or decompensation. In
some cases the general practitioner initiates psychological care, by referring the patient to a
psychiatrist, when a mental illness is suspected.
For all these reasons, general practitioners should be informed when the patient is
under psychiatric care. However, according to surveys, general practitioners do not seem to
work in cooperation with the psychiatric teams involved in monitoring their patients.
We therefore surveyed 101 patients treated in medico psychological units in the
Groupe Hospitalier Paul Guiraud, to assess how many general practitioners are aware that
theirs patients are in psychiatric care, and the reasons why the patients would wish to not
inform them.
91 patients said that their general practitioner knows about that monitoring. We
studied how this number can vary according to age, sex, psychiatric diagnosis, level of
studies and professional situation. We did not note any difference.
Key words: Comorbidity, gatekeeping, mental disorder, psychiatry.
4
REMERCIEMENTS
A Mesdames et Messieurs les membres du jury : Je vous remercie d’avoir accepté de
consacrer un peu de votre temps à évaluer mon travail.
Au Docteur CHAUMARTIN Nadia : Vous m’avez encouragée et soutenue tout au long de ce
travail et la tâche aurait été moins agréable sans votre dévouement, votre encadrement et
votre bonne humeur. Je vous en suis infiniment reconnaissante.
Au Docteur GADROY-PIERRE Océane : Aide précieuse de tous les instants, votre amitié m’a
été d’un grand recours. Je vous en remercie.
Au Docteur URREA : Mon semestre dans votre service aura été décisif dans le choix de ce
sujet. Vous insufflez tous les jours à votre équipe un peu de votre passion pour votre métier.
Je vous remercie pour votre enseignement.
Au personnel des CMP de Bagneux, Clamart, Fresnes, et Villejuif : Je vous remercie pour
votre accueil chaleureux et votre aide lors de mon passage dans vos structures.
Aux services d’Hépato-gastro-entérologie et de pédiatrie du CHIC : Je vous remercie pour
l’enseignement dont j’ai bénéficié auprès de vous.
Au Docteur BARGE Sandrine : Vous êtes mon modèle de médecin. Je ne vous remercierai
jamais assez pour tout ce que vous m’avez apporté.
5
A
Ma fille Orlane, tu es mon inspiration ma petite princesse, ma raison de me battre tous les
jours, le sens de ma vie. Je te dédie ce travail.
A
Tamy mon mari, mon number one fan, mon coach. Je n’y serais jamais arrivé sans ton
soutien indéfectible depuis le PCEM1. Merci pour ton amour et ta confiance.
A
Ma mère, merci Maman pour ton soutien. Tu es mon roc et mon modèle.
A
Ma sœur, je te remercie pour ton amour, ta gentillesse, et ton soutien.
A
Maman Lisette, Maman, l’histoire n’aurait pas pu s’écrire sans toi. MERCI.
A
Ma famille, merci pour votre soutien et votre encadrement tout au long de ces années.
A
Mes amis, merci pour la légèreté et la fantaisie avec laquelle vous illuminez ma vie.
A
Mon père, tu as fait de moi ce que je suis aujourd’hui….
6
PREAMBULE
Les troubles psychiatriques ont une prévalence élevée. L’OMS estime que la schizophrénie
affecte 1% de la population générale mondiale (10). Il est reconnu que la prévalence
annuelle des troubles mentaux de toute nature dans les pays développés est de 15 à 20%
dans la population générale, quel que soit l’âge (16). En France, la fréquence moyenne de
patients adultes présentant des symptômes psychotiques varie entre 4,9% et 8,1% selon les
études. Les pathologies psychiatriques représentent donc un enjeu majeur en termes de
prévention et de thérapeutique, avec des coûts indirects qui les situent au premier rang de
la société selon l’OMS (16). Les médecins généralistes comptent inévitablement dans leur
patientèle des personnes souffrant de troubles mentaux. Or, dans le cadre de la prise en
charge globale ils doivent intervenir sur le plan somatique en intégrant les spécificités liées à
la pathologie psychiatrique. Pour cela, le médecin généraliste doit être informé au mieux de
cette pathologie, de son suivi et de son traitement. Aussi, nous nous sommes intéressés à la
réalité du terrain en interrogeant nos patients sur la connaissance par leurs médecins
généralistes de l’existence de leur suivi psychiatrique.
7
SOMMAIRE
1. Introduction………………………………………………………………………………………………………………………...10
1.1 Organisation des soins psychiatriques en
France……………………………………………………..10
1.2 Pathologie somatique chez les patients souffrant de pathologies
psychiatriques…………………………………………………………………………………………………………………………….11
1.2.1 Comorbidité organique et
psychiatrique…………………………………………………..…..…11
1.2.2 Spécificités de la prise en charge somatique des patients souffrant de
pathologie
mentale………………………………………………………………………………….………………………………………...…17
1.3 Collaboration entre médecins généralistes et psychiatres dans le cadre de la prise en
charge globale………………………………………………………………………………………………..……………………20
1.3.1 Recommandations sur les échanges entre médecins généralistes et
psychiatres……………………………………………..……………………………………………………………………………20
1.3.2 Points de vue sur les rôles des médecins généralistes et des psychiatres dans
la prise en charge des patients souffrant de pathologie
psychiatrique………………………….…….…22
2. Matériel et
méthodes………………………………………………………………………………………………..…….…..29
2.1 Objectif………………………………………………………………………………………………………………29
2.2 Méthodes…………………………………………………………………………………………………………..29
3. Résultats………………………………………………………………….………………………………………………..………..33
3.1 Description de la population étudiée………………………..……………………………………………..……....33
3.1.1 Profil démographique et
médical……………………………………………………….……….……….33
3.1.2 Profil socio-professionnel……………………………………………………………………………………36
3.2 Fréquence des consultations chez le médecin
traitant……………………………………………….…….…37
8
3.2.1 Selon le profil démographique…………………………………………………………………………….37
3.2.2 Selon la pathologie
psychiatrique………………………………………………………..………...……38
3.2.3 Selon le profil socio-
professionnel………………………………………………………..…….……….39
3.3 Connaissance par le médecin généraliste de l’existence d’un suivi
psychiatrique…………..……40
3.3.1 Connaissance déclarée par le patient de l’existence du suivi psychiatrique par le
médecin
généraliste……………………………………………………….……………………………………40
3.3.2 Raisons pour lesquelles le médecin généraliste n’est pas informé du suivi
psychiatrique………………………………………………………………………………………………………44
3.3.3 Mode d’information du médecin généraliste sur l’existence du suivi
psychiatrique………………………………………………………………………………………………………45
3.3.4 Souhaits des patients s’ils avaient eu le choix d’informer ou non leur médecin
généraliste………………………………………………………………………………………………………….46
3.3.5 Raisons pour lesquelles les patients ne souhaitent pas que leur médecin
généraliste soit informé de leur pathologie
psychiatrique……………………………………………………..47
3.3.6 Conséquences négatives de l’information du médecin généraliste sans le
consentement du
patient…………………………………………………………………………………….48
4 Discussion……………………………………………………………………………………………………………………………….….49
4.1 Forces et faiblesses de
l’étude……………………………………………………….………………………………….49
4.2 Description de la population
étudiée……………………………………………….…………………………………49
4.3 Fréquence de consultation du médecin généraliste et connaissance déclarée de l’existence
d’une pathologie psychiatrique par ce
dernier……………………………………………………………………51
9
4.4 Raisons pour lesquelles le médecin généraliste n’est pas informé de la pathologie
psychiatrique……………………………………………………………………………………………………..………………54
4.5 Mode d’information du médecin généraliste sur l’existence du suivi psychiatrique…………..55
4.6 Souhaits des patients s’ils avaient eu le choix d’informer ou non le médecin généraliste de
leur pathologie psychiatrique………………………………………………………………………………………….…55
4.7 Raisons pour les lesquelles les patients ne souhaitent pas que leur médecin généraliste soit
informé de leur pathologie
psychiatrique…………………………………………………………..………………56
4.8 Conséquences négatives de l’information du médecin généraliste sans le consentement du
patient…………………………………………………………………………………………………………………………….…56
5 Conclusions……………………………………………………………………………..……………………………………………..….57
6 Perspectives ……………………………………………………………………………..…………………………………………….…59
7
Annexes……………………………………………………………………………………………………………………………………………60
8 Références bibliographiques…………………………………………………………………………………………………….…62
10
Liste des abréviations utilisées
ALD : Affection longue durée
AVC : Accident vasculaire cérébral
BPCO : Bronchopneumopathie chronique obstructive
CMP : Centre médico-psychologique
CNQSP : Collège national pour la qualité des soins en psychiatrie
HTA : Hypertension artérielle
ISRS : Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
IST : Infections sexuellement transmissibles
LED : Lupus érythémateux disséminé
OMS : Organisation mondiale de la santé
SEP : Sclérose en plaques
VHC : Virus de l’hépatite C
VIH : Virus de l’immunodéficience humaine
11
1. INTRODUCTION
1.1 Organisation des soins psychiatriques en France
La psychiatrie française naît à l’hôpital général à Paris à la fin du XVIIIe siècle avec
Philippe Pinel et Jean-Etienne Esquirol (23). Au début du XIXe siècle, les patients «aliénés»
sont progressivement pris en charge dans des structures spécialement conçues pour eux, les
«asiles d’aliénés». Ces derniers deviendront un siècle plus tard les hôpitaux psychiatriques
tels que nous les connaissons aujourd’hui. Cette séparation s’est faite parallèlement à la
scission entre neurologues et « médecins aliénistes » ancêtres des psychiatres, aboutissant
en 1968, à la séparation définitive entre neurologie et psychiatrie.
La découverte des neuroleptiques dans les années 1950, révolutionne le devenir des
patients psychiatriques. Ils améliorent considérablement le pronostic des troubles
psychotiques et permettent une réduction de la prise en charge hospitalière de ces patients,
au profit d’un maintien dans leur environnement de vie (3, 6).
Dans les années 1970, la psychiatrie s’organise alors sur un modèle unique : la
sectorisation, qui prévoit un découpage géographique de tout le territoire Français en
secteurs de 66 000 habitants environ. Chaque secteur est rattaché administrativement à une
unité hospitalière et à des structures d’aval, les centres médico-psychologiques (CMP),
structures hospitalières ambulatoires situées au cœur du secteur. Au plus proche du
domicile des patients ces structures permettent de les accompagner à leur sortie, et les
aider dans leur insertion sociale. Cette organisation permet le suivi au long cours des
patients psychiatriques essentiellement ambulatoire, en dehors des périodes de
décompensation nécessitant une hospitalisation.
La médecine somatique quant à elle entre progressivement à l’hôpital psychiatrique
avec, en 1978, la création du 1er service de médecine somatique à l’hôpital psychiatrique
Esquirol en région parisienne. Depuis, la prise en charge somatique de ces patients dans les
structures hospitalières de psychiatrie évolue beaucoup, avec la mise en place de services de
«spécialités médicales» regroupant une fédération de consultants de spécialités multiples au
sein de l’hôpital psychiatrique. En revanche, pour les patients suivis en ambulatoire, la prise
12
en charge somatique n’est pas formalisée comme le suivi psychiatrique, et est placée sous la
responsabilité du patient lui-même.
1.2 Pathologie somatique chez les patients souffrant de pathologies psychiatriques
1.2.1 Comorbidité organique et psychiatrique
Des courants de pensée psychosomatique au XXème siècle ont mené le corps médical
à sous-estimer la fréquence de la pathologie organique chez les patients psychiatriques,
pensant qu’il existait une sorte de balance entre le psychique et le physique et que
l’expression pathologique de l’un inhiberait l’autre (23).
Des études épidémiologiques ont cependant clairement établi qu’il existe une
association statistiquement positive entre les pathologies psychiatriques et les pathologies
somatiques (12, 18, 22).
La pathologie mentale est par ailleurs source de retard diagnostique pour les
pathologies somatiques et compromet l’adhésion aux soins. Elle en aggrave donc le
pronostic.
1.2.1.1 Epidémiologie : une surmorbidité et une surmortalité établies chez
les patients souffrant de pathologie mentale
De nombreuses études menées depuis les années 1980 sur la santé physique des
patients psychiatriques, révèlent une surmorbidité et une surmortalité de cette population
(3, 6, 5, 12, 17, 21, 22). Le risque de décès est 3 à 5 fois supérieur à celui de la population
générale (J). Bien que les causes non naturelles (suicide, accident, mort violente), soient
augmentées par la pathologie psychiatrique notamment chez les patients schizophrènes, les
études épidémiologiques montrent les 1ère causes de surmortalité sont les affections
organiques (naturelles). Un patient schizophrène vivrait en moyenne 25 ans de moins que la
population générale, soit une espérance de vie réduite de 20%. Cela représente un risque de
1.5 à 4 fois plus élevé de décéder d’une affection organique, par rapport à la population
générale (6, 12, 21, 22). Une surmorbidité somatique dans cette population est également
13
retrouvée (3, 5, 17) avec 30 à 60% des patients pris en charge en psychiatrie qui
présenteraient une comorbidité organique, cette proportion augmentant avec l’âge (22).
1.2.1.2 Types de comorbidités somatiques en psychiatrie
1.2.1.2.1 Les facteurs de risques
Les principaux facteurs de risque de surmorbidité organique décrits dans la
population des patients psychiatriques sont : une surcharge pondérale allant jusqu’à
l’obésité, le tabagisme, les conduites sexuelles à risque et les conduites addictives plus
répandues dans cette population que dans la population générale (6, 12, 18). De nombreux
patients atteints de troubles mentaux (toutes natures confondues) présentent une
surcharge pondérale. Ces derniers ont alors un risque d’obésité multiplié par 3 par rapport à
la population générale (12). Cela s’accompagne d’une augmentation de la morbidité et de la
mortalité d’origine cardiovasculaire, l’obésité augmentant le risque de survenue d’un
diabète de type II, et d’une hypertension artérielle (HTA). La précarité, le niveau socio-
économique bas, une inactivité, un défaut d’hygiène alimentaire, des troubles du
comportement alimentaire peuvent expliquer cette surcharge pondérale.
La prévalence du tabagisme chronique dans la population des patients psychiatriques
est 3 fois plus élevée que dans la population générale. Il serait particulièrement associé aux
troubles de l’humeur et concernerait 60 à 80 % des patients schizophrènes (12). Cela
représente une cause significative de l’augmentation des comorbidités cardiovasculaires
chez ces patients, mais aussi une majoration du risque de survenue de certaines tumeurs
néoplasiques.
On observe également un taux plus élevé d’addictions et des conduites sexuelles à
risque (5, 12), avec pour conséquence une augmentation du risque de survenue des
infections sexuellement transmissibles et de l’hépatite C.
Les études épidémiologiques concluent à de véritables associations comorbides
résultant de mécanismes étiopathogéniques divers (6, 12, 18).
1.2.1.2.2 Les pathologies organiques
14
Des études ont recensé les grands cadres de pathologies organiques retrouvés chez
les patients présentant des troubles mentaux. Il s’agit principalement des maladies
cardiovasculaires. En effet, on décrit une sur-représentation des maladies cardiovasculaires
dans la dépression et la schizophrénie (12, 18, 21). Les dépressifs auraient 3 fois plus de
risques de développer un angor que la population générale, 4 à 5 fois plus de développer un
infarctus, 3 fois plus une HTA, 5 fois plus un AVC. Le risque de survenue d’arythmie
ventriculaire chez les schizophrènes est multiplié par 2,3 par rapport à la population
générale, le risque de syncope par 4 et le risque d’AVC par 1,5. (12). Il semblerait que la
schizophrénie et la dépression entraînent par divers mécanismes (hyperactivité
sympathique, déséquilibre de la neurotransmission sérotoninergique, hypercorticisme,
dysfonctionnement du système parasympathique) des troubles de la coagulation, une
hypercholestérolémie, et des troubles du rythme et de la conduction cardiaques.
On observe également une augmentation du risque de développer un cancer, 2 fois
supérieur à celui de la population générale du même âge, chez les patients souffrant de
dépression. Concernant la schizophrénie, la mortalité par cancer et l’incidence de cette
maladie sont comparables à celles de la population générale. Cependant, on décrit
d’importantes variations en fonction de la sous-population étudiée et du type de cancer. En
effet, le risque de cancer est moins élevé chez les hommes schizophrènes par rapport à la
population générale. Chez les femmes schizophrènes, c’est le contraire. Le cancer du
poumon est moins fréquent chez les hommes schizophrènes mais paradoxalement le cancer
du sein est plus fréquent chez les femmes schizophrènes. (12, 18)
Un constat similaire est fait s’agissant des troubles métaboliques et des troubles
endocriniens :
- Le risque de survenue d’un diabète de type II chez les patients présentant une
schizophrénie est 2 à 4 fois plus élevé que celui de la population générale, selon le sexe. Cela
s’explique par des causes multifactorielles : les psychotropes responsables d’une prise de
poids, un contexte socio-économique précaire avec pour conséquence un non-respect des
règles hygiéno-diététiques. Ces facteurs expliquent la prévalence plus élevée dans cette
population d’un syndrome métabolique, qui est lui-même un facteur de risque important de
survenue d’un diabète de type II.
15
- Au cours des syndromes dépressifs, on constate un surfonctionnement de l’axe
corticotrope, sans véritable syndrome de Cushing (12)
- Une hypothyroïdie acquise est fréquemment décrite dans la dysthymie ou dans les troubles
du comportement alimentaire. On décrit aussi des cas de goître euthyroïdien dans les
dépressions chroniques, en dehors de tout traitement par lithium. (18)
En plus des pathologies déjà citées, d’autres associations sont décrites :
Il existe une intrication entre épilepsie et troubles mentaux, le risque d’épilepsie
étant multiplié chez les psychotiques par 2,5 par rapport à la population générale. (12)
Une sur-représentation de l’ostéoporose chez les patients dépressifs et chez les
schizophrènes est également décrite. On incrimine principalement un hypogonadisme
secondaire à l’hyperprolactinémie induites par les neuroleptiques, mais ce phénomène peut
aussi être dû à l’inactivité physique, et la mauvaise hygiène alimentaire avec notamment une
carence en vitamine D. (12, 18)
La prévalence des infections par le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et
Virus de l’hépatite C (VHC) est elle aussi plus élevée dans cette population que dans la
population générale (du fait des comportements sexuels à risque et de l’usage de la drogue)
(12, 18). Cette observation concerne également la prévalence des pathologies infectieuses
de façon générale, notamment pulmonaire.
Des études ont également retrouvé une comorbidité somatique chez les patients
présentant des troubles anxieux, notamment le trouble panique. En effet, les
bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), les migraines, le syndrome du
côlon irritable et certaines pathologies cardiovasculaires seraient sur représentés dans cette
population. (18)
1.2.1.3 Les troubles mentaux dans les affections somatiques
Il semble important de préciser également que l’existence d’une maladie physique,
modérée à sévère, accroît le risque de présenter un trouble mental et la sévérité de ce
dernier (18). En effet les études révèlent que 25 à 30 % des patients hospitalisés en milieu
16
médico- chirurgical présenteraient un trouble psychiatrique, les états anxieux et dépressifs
représentant 80% des pathologies psychiatriques retrouvées (18). La dépression peut être
secondaire à l’affection organique elle-même ou peut être un effet non désirable du
traitement cette affection. L’anxiété, quant à elle, est présente en général à toutes les
étapes de la prise en charge d’une pathologie organique (diagnostic, bilans
complémentaires, attente des résultats, début du traitement, hospitalisations...).
Dans de nombreux cas les troubles mentaux et organiques sont intriqués. On ne peut
pas affirmer que certaines affections organiques sont par leur mécanisme
physiopathologique, un facteur de risque suicidaire. Cependant, la souffrance psychologique
engendrée par des pathologies incurables et invalidantes telles que l’infection par VIH, la
Sclérose en plaques (SEP), la maladie de Huntington, les cancers et le Lupus érythémateux
disséminé (LED) par exemple, pourrait être en cause dans l’augmentation du taux de suicide
constatée (18).
Concernant les maladies cardiovasculaires, 15 à 20% des patients développent un
syndrome dépressif majeur dans les 18 mois suivant l’épisode aigu ; et on observe 40 % de
cas de dépressions dans les 6 premiers mois suivant un AVC (12, 18).
Par ailleurs, plusieurs études font état d’une comorbidité existant entre les troubles
fonctionnels intestinaux, les maladies inflammatoires du tube digestif et les troubles anxio-
dépressifs.
Sur les plans endocrinien et métabolique, l’hypercalcémie peut entraîner en fonction
de sa sévérité des troubles cognitifs, des états délirants et confusionnels, voire un syndrome
dépressif (12). Les dysthyroïdies sont responsables de manifestations psychiques, à savoir,
ralentissement psycho moteur et dépression dans l’hypothyroïdie, et fragilisation de
l’équilibre thymique dans les cas d’hyperthyroïdie par augmentation de l’activité
noradrénergique (12). Enfin, la dépression est une des complications majeures d’un
hypercorticisme et d’un syndrome de Cushing (12).
La dépression et l’anxiété sont fréquentes dans des cas d’infection par le VIH (12, 18),
du fait du retentissement de l’accumulation progressive des handicaps fonctionnels, et des
atteintes neurologiques pouvant provoquer des troubles de l’humeur.
17
La prévalence de la dépression sévère chez les patients atteints de cancer est 2 à 6
fois supérieure à celle constatée dans la population générale. Il s’agit du risque après
ajustement d’autres facteurs de risque comme l’âge, le poids, le sexe, la consommation
d’alcool et le tabagisme chronique. Plus précisément, on retrouve une prévalence de la
dépression sévère 22 à 57% en cas de cancers oro-pharyngés, 33 à 50% en cas de cancers
pancréatiques, 1,5 à 46% en cas de cancers du sein, et 11 à 44% en cas d’atteinte primitive
pulmonaire (12). Elle est liée à la dégradation physique et psychique des patients
Une augmentation du risque de survenue de dépression est également décrite dans
des maladies neurologiques telles que la SEP (risque 2,3 fois plus élevé que dans la
population générale), ou la maladie de Parkinson (risque 3 à 7 fois supérieur au risque dans
la population générale) (12).
Mis à part les troubles anxio-dépressifs, les études mettent en évidence chez les
patients épileptiques un risque de développer une psychose qui est multiplié par 6 à 12 par
rapport à la population générale (12).
1.2.1.4 La iatrogénie des traitements psychotropes
Nous avons donc vu que la surmorbidité et la surmortalité observées chez les
patients souffrant de troubles mentaux sont liées à des intrications somato-psychiatriques,
mais il est important de préciser également que les psychotropes ont une part de
responsabilité démontrée dans la surmortalité et la surmorbidité observées chez les patients
en psychiatrie.
1.2.1.4.1 Les neuroleptiques
Les neuroleptiques de 1ère génération présentant des effets secondaires invalidants
pour les patients, notamment sur le plan neurologique (syndromes extra-pyramidaux,
dyskinésies, dystonies), le monde psychiatrique a assisté à l’avènement des neuroleptiques
de 2ème génération ou antipsychotiques, dont les effets indésirables neurologiques sont
moins fréquents. Cependant ces derniers sont responsables d’effets secondaires
18
métaboliques plus fréquents (prise de poids, diabète, dyslipidémie), augmentant ainsi la
morbidité cardiovasculaire chez ces patients.
Sur le plan cardiaque, les antipsychotiques sont associés à un allongement de
l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et à la survenue de troubles du rythme,
responsables de malaises et de cas de mort subite (18, 21).
Les neuroleptiques par le biais d’une hyperprolactinémie augmenteraient le risque de
développer un cancer du sein (18, 23) et une ostéoporose (12).
Les neuroleptiques sont également associés à des troubles du transit importants chez
les psychotiques, pouvant conduire à de véritables occlusions lorsqu’ils ne sont pas
prévenus.
1.2.1.4.2 Les benzodiazépines
Les benzodiazépines induisent quant à elles une dépendance, et ont un effet
dépresseur central, pouvant être responsable de fausses routes et de détresses respiratoires
(7).
1.2.1.4.3 Les antidépresseurs
Les antidépresseurs dits inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS)
entraînent une levée d’inhibition et ont un risque d’hyponatrémie chez le sujet âgé. Les
antidépresseurs imipraminiques quant à eux sont responsables de troubles métaboliques et
de prise de poids, de troubles endocriniens, et de troubles de la conduction et du rythme
cardiaques, entre autres (7).
1.2.1.4.4 Les régulateurs de l’humeur
Les régulateurs de l’humeur sont eux aussi incriminés dans la surcharge pondérale et
contribuent au risque accru de pathologies cardiovasculaires (12, 21, 23).
19
1.2.2 Spécificités du suivi somatique des patients souffrant de pathologies
mentales
Les comorbidités somatiques citées plus haut ont un impact négatif sur l’évolution de
la pathologie psychiatrique. Les données sur les populations de patients schizophrènes sont
contradictoires, mais il paraît évident que les effets indésirables souvent sévères des
traitements neuroleptiques peuvent conduire à une augmentation du taux d’inobservance et
donc de décompensations plus fréquentes de la pathologie. Le constat est similaire chez les
patients souffrant de troubles de l’humeur (18). L’intérêt d’une prise en charge somatique
est donc double : il est question d’une part d’un accompagnement attentif et adapté sur le
plan somatique de cette population singulière et fragile; et d’autre part de limiter les risques
d’évolution défavorable de la pathologie psychiatrique.
1.2.2.1 Organisation des soins somatiques en France
Un dépistage des affections somatiques chez les patients atteints de pathologies
psychiatriques, y compris dans un milieu de soins spécialisé nécessite un recours aux
médecins généralistes. Deux raisons sont avancées : premièrement, les médecins
généralistes ont la compétence nécessaire pour effectuer une évaluation efficiente, par
rapport à leurs confrères psychiatres. Le psychiatre, par opposition aux médecins
généralistes, est le «médecin de l’âme». Il exerce une spécialité bien spécifique, il soigne les
maladies mentales. Il peut être cependant amené à participer au soin somatique de ces
patients, en réalisant l’examen d’entrée lors des hospitalisations et de façon plus récurrente,
en surveillant la iatrogénie des traitements psychotropes. Deuxièmement, l’intervention des
médecins généralistes plutôt que le psychiatre sur l’examen clinique et le soin somatique
permet d’éviter des confusions de rôle préjudiciables pour la relation soignant-soigné avec
un malade mental (22, 23). La part somatique du suivi des patients psychiatriques, pris en
charge en ambulatoire ou en hospitalier, revient donc au médecin généraliste. Cela
correspond bien à l’idée que s’en font ces patients, comme nous le verrons par la suite.
1.2.2.2 Freins à l’accès aux soins des patients présentant une pathologie
psychiatrique
20
Toutes les études réalisées depuis plusieurs années font le même constat : la prise en
charge somatique des patients présentant des troubles mentaux reste très insuffisante (3,
17). Ces patients, plus vulnérables que la population générale, devraient pourtant bénéficier
d’un suivi d’autant plus régulier, avec des efforts constants de dépistage et de prévention.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette insuffisance de soins somatiques. D’une part, les
facteurs liés à la pathologie psychiatrique, notamment chez les patients psychotiques, qui
ont un trouble du rapport à leur corps et en ignorent les plaintes et les besoins, allant
jusqu’à l’anosognosie des affections somatiques. Cela entraîne des recours aux soins différés
et un retard diagnostique. Ces patients ont des difficultés à exprimer leurs symptômes aux
soignants du fait d’une symptomatologie négative telle que l’apathie, ou encore de troubles
psychiatriques envahissants et parasitant ainsi le tableau global.
Il existe aussi des facteurs liés aux soignants. Ces derniers peuvent rencontrer des
difficultés à repérer les signes d’appel d’affections somatiques du fait de troubles cognitifs,
de symptômes délirants et du repli sur soi, ou de la complexité du tableau de la comorbidité.
Par ailleurs, la pathologie psychiatrique peut être responsable de troubles cognitifs et
organisationnels résultant en une déstructuration psychique des patients. Il leur est alors
difficile d’organiser la prise de rendez-vous pour leur suivi somatique et de respecter toutes
les consignes données par les soignants.
Devant de tels tableaux, seule une véritable cohésion et un travail en partenariat
entre somaticiens et psychiatres permettent une prise en charge globale optimale de ces
patients. Une articulation entre les soins psychiatriques et somatiques facilite l’écoute des
patients, l’interprétation de leurs plaintes, et l’engagement du patient dans le suivi
somatique et donc un dépistage plus précoce d’éventuelles pathologies et la mise en place
de mesures de prévention efficaces.
Autre particularité des patients psychiatriques : leur niveau socio-économique. Bien
souvent les patients souffrant de troubles mentaux vivent dans une précarité sociale et
économique (5, 12, 17): faible niveau d’études, désinsertion socio-professionnelle
progressive du fait du handicap lié à la maladie (surtout chez les psychotiques), faibles, voire
absence de revenus, isolement social à cause d’un repli sur soi et parfois d’un entourage
21
défaillant. Il est prouvé que ce défaut de moyens financiers et d’entourage impacte
négativement le suivi somatique de ces patients en limitant leur accès aux soins. (21)
1.2.2.3 Coordination des soins autour du patient en psychiatrie
Les centres médico-psychologiques (CMP) ont une mission d’éducation et de
sensibilisation du patient à sa santé à la fois mentale mais aussi physique (23). Ils travaillent
conjointement avec les médecins généralistes de leurs patients et aident à ce qu’ils en
déclarent tous un. Cela permet aux patients une intégration dans le système de soins et les
aide à une insertion dans la société. Les CMP leur expliquent le rôle coordonnateur du
médecin traitant, et doivent insister sur le fait qu’il est un interlocuteur privilégié dans la
prise en charge globale du patient. Dans ce sens, pour illustrer la coordination entre acteurs
somaticiens et psychiatriques, certains CMP partagent les locaux de structures de suivi
somatique tels que des dispensaires.
Avec la réforme de l’assurance maladie de 2004, les autorités sanitaires ont mis en
place la notion du «parcours de soins coordonnés», le médecin traitant étant l’acteur pivot
de ce dispositif. Dans le but de réduire les dépenses de santé inutiles et de garantir un
meilleur suivi, les patients ont un médecin référent qui est le premier intervenant dans le
parcours de soins, et qui les oriente si besoin vers les soins spécialisés. En retour, les
spécialistes contactés le tiennent informé de leurs hypothèses diagnostiques, investigations,
conclusions et démarches thérapeutiques. Le médecin traitant a la meilleure visibilité du
patient pris dans sa globalité. Un premier bilan effectué en 2006 révèle que, dans 93% des
cas, le médecin traitant déclaré est le médecin généraliste habituel ou «médecin de famille»
(4, 15).
Le parcours de soins du patient psychiatrique est défini de la même manière que
celui de la population générale. Il a un médecin traitant comme référent concernant sa
santé. Et comme pour le reste de la population, il s’agit souvent de son médecin généraliste
(2, 4, 15). Son suivi psychiatrique est principalement assuré par des soignants spécialistes,
qui pour une prise en charge optimale de ce patient présentant de nombreuses
vulnérabilités, doivent travailler conjointement avec le médecin traitant.
22
1.3 Coopération entre médecins généralistes et psychiatres dans le cadre de la
prise en charge globale
1.3.1 Recommandations sur les échanges entre médecins généralistes et
psychiatres
Les échanges entre médecins généralistes et psychiatres sont indispensables pour
une prise en charge adéquate et optimale des patients. Le médecin traitant étant le premier
recours dans le parcours de soins, il est souvent celui qui recueille les premiers symptômes
et qui oriente le patient en psychiatrie pour une prise en charge spécialisée. Par la suite,
dans le cas d’une prise en charge et d’un suivi régulier en psychiatrie, il voit le patient parfois
plus régulièrement que le psychiatre et peut être amené à prendre en charge des situations
de crise et de décompensation. Enfin, le médecin généraliste gère les autres prescriptions
médicamenteuses non psychiatriques, inhérentes aux éventuelles comorbidités somatiques.
Pour cela, il est strictement nécessaire qu’il connaisse le projet thérapeutique psychiatrique
du patient, les recours dont il dispose pour accéder rapidement à une aide à la prise en
charge psychiatrique (premier suivi, situations d’urgences, réajustement de traitement), et le
traitement médicamenteux proposé (avec la surveillance de l’efficacité et de la tolérance du
traitement) afin notamment d’éviter des interactions médicamenteuses avec d’autres
traitements.
Afin d’encadrer la coopération entre médecins généralistes et psychiatres, le Collège
National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie (CNQSP) a établi en 2010 des
recommandations de bonnes pratiques concernant le contenu des courriers échangés entre
les deux spécialités. (8)
La collaboration entre médecins généralistes et psychiatres est favorablement
influencée par des courriers de bonne qualité. Ces recommandations abordent les
informations que devraient transmettre les médecins généralistes au psychiatre lors de
l’adressage d’un patient, ainsi que celles attendues par le médecin généraliste en retour. Il
est recommandé que le courrier du médecin généraliste renseigne sur le motif de recours au
psychiatre, formulé sous la forme d’une question. Cela permettrait de mieux centrer la
réponse du psychiatre sur le cas présenté par le médecin généraliste. Ce dernier doit aussi
renseigner les éléments symptomatiques recueillis et ses hypothèses diagnostiques, après
en avoir discuté avec le patient. Il doit faire état de la santé globale du patient, notamment
23
des éventuelles comorbidités et traitements en cours. Cela permettra une gestion optimale
des risques de prescription des psychotropes. Il est souhaitable que le médecin généraliste
résume les éléments les plus significatifs de l’histoire médicale et psychiatrique, les réactions
notables liées à des traitements précédemment ou actuellement prescrits pour le trouble
psychique, l’histoire personnelle et le contexte familial et psycho-social avec l’accord du
patient. Cette dernière recommandation permettra au psychiatre d’orienter son entretien.
La coopération entre médecin généraliste et psychiatre impose que la place de chacun soit
clairement définie dans le projet de soins. Il est donc recommandé au médecin généraliste
d’exprimer dès le premier courrier le rôle qu’il souhaite avoir dans le suivi. Il est important
également qu’il fasse, s’il en a, des suggestions thérapeutiques au psychiatre. Enfin, le
médecin généraliste doit donner au psychiatre les informations échangées avec le patient
afin de justifier une consultation psychiatrique, ceci pour permettre au psychiatre d’ajuster
sa prise en charge au contexte.
Le médecin généraliste reste le référent du patient malgré la prise en charge par un
psychiatre et est un élément important d’implication ou de désengagement du patient dans
sa prise en charge spécialisée. Il est donc nécessaire qu’il soit bien renseigné par le
psychiatre. Ce dernier dans son courrier doit répondre aux questions formulées par le
médecin généraliste. Il doit préciser le diagnostic ou ses hypothèses diagnostiques et les
arguments en faveur. Il doit informer le médecin généraliste des éventuels risques évolutifs
en fonction des facteurs environnementaux et des éléments de surveillance à mettre en
œuvre. Le psychiatre détaille les ressources thérapeutiques à mobiliser en argumentant le
projet de soins qu’il propose. Dans cette organisation, il doit intégrer la place du médecin
généraliste en tenant compte des souhaits de celui-ci. Il l’informe des recours possibles en
cas de difficultés (cas d’urgence, modalités pour le contacter), renseigne sur le traitement
médicamenteux débuté et précise les éléments d’adaptation et de surveillance du
traitement. Cette information est importante pour le médecin généraliste qui assure le suivi
médicamenteux du patient. Enfin, le psychiatre informe le médecin généraliste des
modalités psychothérapeutiques du suivi.
24
1.3.2 Point de vue sur les rôles des médecins généralistes et des
psychiatres dans la prise en charge des patients souffrant de
pathologies psychiatriques
Les troubles mentaux ont une prévalence annuelle de 15 à 20% dans la population
générale dans les pays développés (16). Du fait de coûts indirects générés importants, ils
représentent un enjeu important de prévention et de prise en charge. Les médecins
généralistes sont les acteurs sanitaires qui ont généralement la meilleure connaissance des
patients et de leur entourage familial, en raison d’une alliance positive avec le patient depuis
des années. Ils sont régulièrement sollicités par les patients psychiatriques pour des
demandes en lien avec des troubles psychiatriques. En effet, on note que 30% des
consultations et des visites des médecins généralistes sont consacrées à des troubles
psychiatriques (troubles anxio-dépressifs, troubles du sommeil, troubles addictifs) (16). Cela
en fait des intervenants privilégiés dans le suivi y compris psychiatrique du patient et des
acteurs de santé publique en psychiatrie. Il apparaît logique qu’ils travaillent de façon
conjointe avec les psychiatres pour une prise en charge efficiente de patients plus
vulnérables que la population générale. Nous nous sommes intéressés à la qualité de la
coopération entre médecins généralistes et secteurs de psychiatrie. La France serait le pays
européen où la collaboration est le moins développée, avec pour conséquence un
retentissement défavorable sur la continuité des soins, les coûts humains et économiques
liés à cette discontinuité, et sur les modalités d’un exercice clinique équilibré. Cela induit des
conséquences pour le patient telles que le retard au diagnostic, un suivi discontinu et parfois
non cohérent, et augmente le risque de perdus de vue, de non-compliance au traitement et
de iatrogénie. (16)
1.3.2.1 Point de vue des médecins généralistes
De façon globale, les médecins généralistes sont peu satisfaits de leurs rapports à la
psychiatrie, tant en ce qui concerne leur exercice auprès des patients psychiatriques, que les
relations avec les psychiatres. 2/3 des médecins généralistes sont insatisfaits voire très
insatisfaits de leurs relations avec les psychiatres, leur mécontentement se justifiant
essentiellement par le manque d’échanges d’informations avec les psychiatres et les
25
institutions psychiatriques, et par une absence de réponse fiable et de contacts identifiés (1,
10, 16, 24).
Nous avons pris comme exemple le cas particulier des patients psychotiques. La
prévalence des troubles psychotiques en France est non négligeable. Ainsi, les médecins
généralistes comptent dans leur patientèle des patients psychotiques et doivent répondre
bon gré mal gré à diverses sollicitations de leur part. Dans le cadre de la continuité des soins,
ils sont parfois amenés à intervenir pour renouveler des ordonnances de psychotropes,
réajuster des traitements. Ils doivent encadrer et rassurer le patient et son entourage et les
accompagner dans diverses démarches administratives nécessaires du fait de la pathologie.
De façon évidente les médecins généralistes jouent un rôle important dans le suivi
psychiatrique et somatique de ces patients souvent étiquetés comme difficiles. Et le
sentiment qu’ils expriment par rapport à cet état des choses est variable en fonction de la
demande du patient. Plus elle se rapporte à une question de soins somatiques (problème
somatique avéré ou même somatisation d’un état anxieux par exemple) et plus elle paraît
«naturelle» aux médecins qui se sentent plus légitimes dans leur intervention. Lorsqu’il s’agit
de questions en rapport avec le soin psychiatrique, ils ont rapidement un sentiment
dévalorisant, dû à un manque de formation et à l’impression de ne pas savoir répondre à la
demande du patient. Il faut bien évidemment prendre en compte la personnalité de chaque
médecin et son rapport personnel à la psychiatrie, mais de façon générale, les médecins
généralistes intègrent le suivi des patients psychiatriques à leur pratique quotidienne. L’une
des principales difficultés évoquées est le problème de communication avec les psychiatres,
cela passe par l’adressage des patients, un manque de retour d’information et une absence
de coordination. Le recours aux psychiatres exerçant en libéral est difficile du fait de la
surcharge de travail de ces derniers. Les CMP peuvent prendre le relai en cas de besoin
d’avis spécialisé, mais il apparaît que certains patients sont réticents à y aller, le cadre de
soins strict et rigoureux pouvant paraître trop contraignant pour les plus déstructurés. Dans
les situations d’urgence, les médecins généralistes connaissent mal les différents recours
possibles (centre d’accueil permanent et permanence téléphonique) et adressent par défaut
aux urgences générales ou psychiatriques. Ils expriment aussi une différence de perception
avec les psychiatres quant à la notion de normalité concernant les patients pour lesquels ils
s’inquiètent. De la même façon, lorsqu’ils souhaitent adresser des patients en
26
hospitalisation, ils ont un sentiment de déconsidération à propos de leur évaluation des
patients en ambulatoire. Les médecins généralistes regrettent souvent une non-adéquation
avec les propositions thérapeutiques des psychiatres qui peuvent manquer de sens pratique.
Ils doivent faire face à la non-observance des patients due à des traitements psychotropes
trop lourds. Ils rencontrent les difficultés inhérentes à la psychose elle-même, notamment
une déstructuration des patients qui entraîne un suivi global en pointillés, un suivi
somatique souvent compromis par le non souci de soi et le rapport au corps particulier des
patients psychotiques, des cas fréquents d’inobservance et de non-compliance mais ce
dernier point est considéré comme acceptable par les médecins généralistes qui ne posent
pas de cadres rigides et jouent le jeu en acceptant d’être disponibles pour les patients.
Comme autre difficulté, on pourrait également signaler un isolement social majeur de ces
patients qui contribue à renforcer le sentiment de forte responsabilité médicale et demande
un investissement particulier du médecin ; des difficultés liées à la formation insuffisante
concernant l’écoute à apporter aux patients et la mauvaise connaissance des psychotropes
(ajustement des traitements, gestion des effets indésirables, évaluation de la
tolérance/efficacité); un sentiment d’inefficacité dans les démarches administratives et
sociales à entreprendre (mauvaise connaissance des recours et des interlocuteurs possibles)
et un malaise certain à établir/renouveler des arrêts de travail et certificats multiples avec la
crainte qu’un refus n’entame la relation médecin-malade parfois déjà bien fragile. Les
médecins généralistes évoquent aussi la peur d’un éventuel accès auto ou hétéro-agressif de
ces patients. Enfin, le suivi d’un patient psychiatrique est chronophage (consultations plus
longues, aide à la prise des rendez-vous, organisation des hospitalisations) et nécessite une
implication émotionnelle importante, que les médecins généralistes avouent avoir parfois du
mal à gérer.
Ceci étant, les médecins généralistes expriment un sentiment de satisfaction lorsque
leur rôle est bien délimité : dépistage des troubles débutants, renouvellement ponctuel de
traitement, suivi somatique, prise en charge des addictions. Le sentiment de malaise
apparaît lorsqu’ils doivent se substituer au psychiatre pour un suivi régulier.
L’ignorance relative due à la formation insuffisante dans le domaine psychiatrique
s’avère être un atout car les représentations profanes permettent une moindre
27
stigmatisation et préservent une meilleure empathie pour le patient. Cela permettrait une
certaine souplesse et une adaptabilité à un schéma moins contraignant pour le patient.
Les constats sont similaires lorsqu’on s’intéresse au cas des personnes âgées
nécessitant des soins psychiatriques (1). Les médecins généralistes sont dans le même
désarroi, ils doivent faire face à l’indisponibilité des psychiatres, à une mauvaise
collaboration avec les CMP, à une mauvaise coordination des intervenants autour du
patient, avec un recours à l’hospitalisation lorsque cela est possible, comme seule piste.
S’agissant des troubles anxio-dépressifs, les médecins généralistes se sentiraient
moins limités pour cerner les problèmes de leurs patients, du fait de leurs relations
privilégiées avec le patient et son entourage. De la même façon, ils sont moins démunis
lorsqu’il s’agit d’introduire et de gérer un traitement anxiolytique ou antidépresseur (16, 24).
En résumé, les attentes des médecins généralistes sont simples: une meilleure
formation spécialisée en lien avec les secteurs de psychiatrie, des outils simples et efficaces
d’échange, des possibilités d’accès rapides et de soins partagés.
1.3.2.2 Point de vue des psychiatres
80% des patients adressés par le généraliste ont un suivi exclusivement psychiatrique
par la suite sans aucun retour de la part du psychiatre au généraliste (16). Il existe un
manque de communication indéniable entre les médecins généralistes et les psychiatres.
Alors que toutes les recommandations concernant la prise en charge des patients souffrant
de troubles mentaux s’accordent sur la nécessité d’échanges de bonne qualité entre les deux
spécialités. De nombreuses études ont recueilli le ressenti et les avis des médecins
généralistes sur la question, mais peu se sont intéressées à l’avis des psychiatres. Selon un
travail effectué en 2012 (20), les psychiatres reconnaissent volontiers qu’il existe un malaise
dans la relation avec les médecins généralistes. Plusieurs raisons expliquant cette situation
sont avancées :
- Des raisons liées au mode de recrutement : les psychiatres ont plus de facilité à se mettre
en rapport avec un médecin généraliste qui leur a adressé un patient, qu’à contacter
spontanément le médecin d’un patient venu sans adressage.
28
- Des raisons liées au contenu des échanges : il est parfois difficile de décrire avec des mots
le ressenti qu’inspire un patient, de poser un diagnostic unique précis, et les psychiatres
estiment alors qu’il est inutile de communiquer des informations aussi subjectives. De la
même façon, lorsqu’ils orientent la prise en charge vers une psychothérapie plutôt que vers
un traitement médicamenteux, ou lorsque le suivi s’inscrit dans la durée, ils ont tendance à
ne pas/plus faire de retour au médecin généraliste. Certains ont des scrupules à aborder
avec le médecin traitant des sujets très personnels concernant le patient pour le préserver,
et pour éviter que le médecin, qui par définition est proche de l’entourage du patient, ne
divulgue malencontreusement ces informations. Les psychiatres hésitent parfois à indiquer
clairement le diagnostic posé lorsque celui-ci peut être stigmatisant pour le patient, de peur
d’un impact négatif sur la prise en charge par le médecin somaticien par la suite.
- Des raisons liées au vecteur de communication : le moyen de communication le plus
plébiscité est le téléphone, il permet un échange convivial et l’interactivité séduit à plus d’un
titre les psychiatres enquêtés. Les courriers sont parfois difficiles à rédiger, tant concernant
la forme que le fond. Les psychiatres ne sont pas enclins à suivre les recommandations du
CNQSP sur le contenu de leurs échanges avec les médecins généralistes. Ils trouvent un tel
cadre trop strict. Certains psychiatres n’hésitent pas à se servir du patient comme vecteur de
communication, ce dernier rapportant lui-même à son médecin les informations le
concernant, avec cependant un risque de déformation de sa part. Les mails, fax, dossier
médical partagé les laissent sceptiques et les contacts physiques au cours de réunions
constituent une piste à exploiter. Quoiqu’il en soit, ils sont unanimes sur un point, quel que
soit le vecteur utilisé, le principal handicap est que la démarche est chronophage et difficile à
gérer avec leurs emplois du temps surchargés.
- Des raisons liées à l’aspect éthique et médico-légal de la démarche. En effet, il faudrait faire
attention aux termes employés, et à la nature des informations données dans la mesure où
le patient pourra un jour avoir accès à ces échanges en consultant son dossier médical.
- Place du médecin généraliste selon les psychiatres : les psychiatres reconnaissent le rôle
d’intervenant privilégié du médecin généraliste dans le suivi global des patients, de soutien
et d’accompagnement efficaces dans les pathologies anxio-dépressives notamment, de
meilleur garant dans la limitation des risques iatrogéniques, de recours utile en cas de
situation urgente et pour renouveler les traitements psychotropes. Ils sont au fait des
29
lacunes dans la formation des médecins généralistes dans le domaine des soins
psychiatriques et du fait qu’ils sont généralement démunis face à la schizophrénie et à
certaines personnalités envahissantes.
Les psychiatres confirment la nécessité d’échanges avec leurs confrères généralistes
et reconnaissent volontiers l’asymétrie de ces échanges due essentiellement au manque de
contact de leur part. Ils sont quasiment unanimes sur le fait que l’initiation d’une telle
collaboration doit venir des généralistes et que l’adressage est beaucoup plus pertinent dans
la prise en charge du patient que les courriers qu’ils pourraient renvoyer aux généralistes par
la suite.
1.3.2.3 Point de vue des patients
Une enquête menée auprès de patients psychotiques en France a révélé que dans
leur esprit, le médecin généraliste occupe principalement un rôle de « médecin du corps »
(16). Ceci étant, il a également un rôle de soutien psychique dans la prise en charge de la
pathologie psychiatrique. Il est l’intervenant qui a la meilleure visibilité et les patients lui
font confiance pour faire des diagnostics et dépister des signes avant-coureurs de rechute.
Ils entretiennent avec lui une relation de confiance et de proximité, mais il persiste souvent
une crainte de la stigmatisation de sa part (10, 16). De par son implication dans le suivi
continu des patients, il est souvent au premier plan lors de l’apparition des troubles
psychiques et s’inscrit dans le parcours thérapeutique comme accompagnateur au début de
la maladie (lors du dépistage et de l’adressage en suivi spécialisé) et garde ce statut par la
suite, il rassure ses patients lorsque le besoin s’en fait sentir. Le médecin généraliste est
parfois amené à se substituer au psychiatre et renouvelle les ordonnances de traitements
psychotropes. Pour les patients, il s’agit d’un motif de consultation classique, leur médecin
traitant est habilité à renouveler le traitement, à surveiller l’absence d’interactions
médicamenteuses avec d’autres traitements en cours, à surveiller les effets indésirables et à
les prendre en charge. Cependant, son rôle se limite à «renouveler» le traitement introduit
par le psychiatre, ils ne lui demandent pas son avis quant à sa légitimité. Environ la moitié
des patients évoquent leurs problèmes psychiques avec leur médecin généraliste. Pour les
autres, le psychiatre reste l’interlocuteur privilégié pour ces sujets-là, le médecin généraliste
30
devant se concentrer sur les problèmes somatiques. Certains estiment que le médecin
généraliste n’a pas les compétences requises pour répondre à leurs éventuelles
interrogations. Pour d’autres, ce ne sont simplement pas ses attributions et d’autres encore
ne voudraient pas l’embarrasser. De façon unanime, ils pensent qu’une collaboration entre
leur médecin généraliste et leur psychiatre est nécessaire pour assurer une bonne continuité
des soins (10, 16).
Lors de mon stage de médecine adulte réalisé dans le service des spécialités
médicales au groupe hospitalier Paul Guiraud (GHPG) de Villejuif (hôpital psychiatrique), j’ai
pu me rendre compte de ce déficit de communication entre psychiatres et médecine
somatique, présent malgré la proximité des services. Il nous a paru intéressant d’évaluer un
aspect de cette communication en interrogeant les patients. Une enquête réalisée par le
réseau de santé Paris Nord sur étude de dossiers de patients suivis en CMP a révélé qu’une
grande majorité de médecins traitants étaient au courant que leurs patients étaient suivis en
psychiatrie (2). Nous avons voulu évaluer la réalité de la connaissance par les médecins
généralistes du suivi psychiatrique de leurs patients et approfondir les raisons évoquées par
les patients dans le cas contraire.
31
2- MATERIELS ET METHODE
2.1 Objectif
L’objectif de cette étude est de décrire un aspect des relations entre des patients
présentant une pathologie psychiatrique, leurs médecins généralistes et leurs psychiatres,
en évaluant sur 100 patients suivis en CMP, combien déclarent que leur médecin généraliste
est informé de ce suivi, et les éventuelles raisons pour lesquelles ils ne voudraient pas au
contraire qu’il le soit.
2.2 Méthodes
2.2.1 Type d’enquête
Il s’agit d’une étude transversale, observationnelle, quantitative et anonyme.
2.2.2 Population cible
101 patients suivis dans 4 CMP dépendant du GHPG ont été interrogés.
2.2.2.1 Critères d’inclusion
Les critères d’inclusion sont les suivants: être suivi au CMP pour une pathologie
psychiatrique connue depuis au moins 6 mois, être âgé de plus de 16 ans et avoir consulté
son médecin généraliste au moins une fois dans les 12 mois précédents.
2.2.2.2 Critères de non inclusion
Les patients qui consultent pour la 1ère fois au CMP ne sont pas inclus, car nous
estimons que le médecin généraliste n’a pas eu le temps d’être informé. Nous n’incluons pas
non plus les patients n’ayant pas consulté leur médecin généraliste depuis plus d’un an. Une
méconnaissance du suivi psychiatrique de la part du médecin généraliste dans ce cas peut
32
s’expliquer par le fait qu’ils ont peu de contact avec le patient. Enfin les patients de moins de
16 ans ne sont pas inclus.
2.2.2.3 Critères d’exclusion
Les critères d’exclusion sont: le refus de répondre au questionnaire,
l’incompréhension du questionnaire, un état de décompensation de la pathologie
psychiatrique ou des troubles du comportement, rendant l’entretien impossible.
2.2.3 Déroulement de l’étude
Nous avons envisagé un échantillon de 100 patients, afin de faciliter la lecture des
résultats. Le recrutement s’est déroulé de Janvier à Mars 2014, dans les CMP de Fresnes
(94), Villejuif (94), Bagneux (92), et Clamart (92). Ces quatre centres ont été sélectionnés
dans le but d’être le plus représentatif possible du niveau socio-économique de la
population étudiée. Les patients ont été interrogés par un seul enquêteur, avant ou après un
rendez-vous au CMP.
119 patients ont été abordés, 2 ont été exclus pour problème d’incompréhension
notamment due à la barrière de la langue, 16 pour refus. 3 patients n’ont pas été inclus du
fait d’un suivi psychiatrique très récent, et 2 autres car la dernière consultation du médecin
généraliste datait de plus de 12 mois. Au total, 101 questionnaires ont été analysés pour ce
travail.
2.2.4 Questionnaire et modalités de recueil
2.2.4.1 Données recueillies
Le questionnaire proposé aux patients est anonyme, et regroupe quatre grands types
d’informations : les données démographiques (sexe, âge, département de domiciliation) et
socio-professionnelles (niveau d’études et situation professionnelle), le diagnostic
psychiatrique, la fréquence de consultation du médecin traitant et l’item concernant la
connaissance ou non de l’existence d’un suivi psychiatrique par le médecin généraliste.
Les pathologies psychiatriques sont regroupées en trois catégories :
33
-La schizophrénie et les autres troubles psychotiques
-les troubles de l’humeur
-les autres troubles comprenant: retard mental ou trouble du développement, trouble de la
personnalité, trouble du comportement, trouble de l’adaptation, troubles liés à la
consommation de substance.
2.2.4.2 Modalités de recueil
Les patients sont interrogés par un seul enquêteur. Dans trois CMP (Bagneux, Clamart
et Fresnes) ils sont abordés à leur arrivée pour un rendez-vous de consultation ou pour une
prise de traitement, et le questionnaire leur est proposé après une brève présentation de
l’étude. Dans un CMP (Villejuif), les psychiatres ont souhaité proposer le questionnaire eux-
mêmes, à la fin de la consultation et m’adresser ensuite les patients acceptant de participer.
La plupart du temps, un bureau a été mis à ma disposition par l’équipe soignante pour
remplir le questionnaire. Dans certains cas, l’entretien est fait en présence d’un membre de
l’équipe, lorsque le patient semble être plus à l’aise dans ces conditions. Le questionnaire
dure 4 à 5 minutes. Les diagnostics sont renseignés via le dossier patient informatisé, pour
éviter d’embarrasser les patients en leur demandant précisément de quoi ils souffrent.
2.2.5 Analyse statistique
Aucune analyse statistique n’est réalisée en raison de la faible taille de l’échantillon.
2.2.6 Biais attendus
Les questionnaires ont été remplis à partir des déclarations des patients. Dans
certains cas les réponses données ont pu ne pas être fiables (troubles cognitifs ou mauvaise
compréhension du questionnaire). On peut donc s’attendre à un biais de sélection.
D’autre part, les patients des CMP ne sont représentatifs ni de la population
générale, ni de la population de patients psychiatriques. Ceci constitue le biais de Berkson.
34
3- RESULTATS
3.1 Description de la population étudiée
3.1.1 Profil démographique et médical
3.1.1.1 Distribution selon l’âge et le sexe
Figure 1 : Répartition de la population en fonction de l’âge et du sexe
35
Sur 101 patients ayant répondu au questionnaire, on compte 58 femmes et 43
hommes, soit un sex-ratio de 0,74.
L’âge moyen de notre population est de 47,4 ans, avec une médiane à 47 ans. L’âge
minimal est de 20 ans, et l’âge maximal de 87 ans.
L’âge moyen des femmes est de 49,4 ans et la médiane est à 49,3 ans. Elles sont
âgées de 21 à 87 ans.
L’âge moyen des hommes est de 44,6 ans et la médiane à 43 ans. La répartition des
âges va de 20 à 81 ans.
La figure 1 montre que le plus grand effectif de femmes se situe dans la classe d’âge
allant de 45 à 54 ans, tandis que le plus grand effectif des hommes se situe dans la classe de
35 à 44 ans.
3.1.1.2 Distribution selon la pathologie psychiatrique
Figure 2 : Répartition de la population en fonction du diagnostic psychiatrique
0 5 10 15 20
16-24
25-34
35-44
45-54
55-64
65 et plus
hommes femmes
36
La figure 2 montre que :
57 patients sont porteurs d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique
24 patients présentent un trouble de l’humeur
20 patients appartiennent à la catégorie « autres troubles psychiatriques ». (trouble
anxieux, stress post-traumatique, trouble panique, syndrome douloureux
somatoforme, éthylisme chronique, trouble névrotique, trouble obsessionnel
compulsif, trouble de la personnalité, retard mental)
3.1.1.3 Distribution selon l’âge et la pathologie psychiatrique
Figure 3 : Répartition de la population en fonction de l’âge et du diagnostic psychiatrique
La moyenne d’âge des patients atteints de schizophrénie ou de psychoses est de 45,7
ans et la médiane de 46 ans. L’âge minimal est de 25 ans et l’âge maximal de 67 ans.
0
10
20
30
40
50
60
Schizophrénie etpsychoses
Troubles de l’humeur
Autres troublespsychiatriques
46
54
44 45,7
54,5
43,6
SCHIZOPHRÉNIE ET PSYCHOSES
TROUBLES DE L’HUMEUR
AUTRES TROUBLES PSYCHIATRIQUES
Médiane Moyenne
37
La moyenne d’âge des patients porteurs d’un trouble de l’humeur est de 54,5 ans et
la médiane de 54 ans. L’âge minimal est de 20 ans et l’âge maximal de 81 ans.
La moyenne d’âge des patients étiquetés « autres troubles psychiatriques » est de
43,6 ans et la médiane à 44 ans. L’âge minimal est de 21 ans et l’âge maximal de 87 ans.
3.1.1.4 Distribution selon le département de résidence
Sur 101 patients inclus, 51 résident dans le département du Val-de-Marne (94) et 50
dans les Hauts-de-Seine (92).
Figure 4 : Répartition de la population en fonction du diagnostic psychiatrique et du
département de résidence
Dans les Hauts-de-Seine (92) 24 patients présentent une schizophrénie ou une autre
psychose, le reste des patients se répartit de façon égale entre les troubles de
l’humeur (13) et les autres troubles psychiatriques (13).
Parmi les patients résidant dans le Val-de-Marne (94), 33 souffrent de schizophrénie
ou d’une autre psychose, 11 d’un trouble de l’humeur, et 7 d’un autre trouble
psychiatrique.
3.1.2 Profil socio-professionnel
3.1.2.1 Distribution selon le niveau d’études
0
5
10
15
20
25
30
35
92 94
Schizophrénie et psychoses Troubles de l’humeur
Autres troubles psychiatriques
38
Le niveau d’études correspond dans notre questionnaire au dernier diplôme validé.
Figure 5 : Distribution selon le niveau d’études
Sur les 101 patients inclus :
*18 n’ont aucun diplôme,
*37 ont le niveau BEPC et/ou BEP et/ou CAP,
*20 ont le niveau BAC,
*26 ont au moins le niveau BAC+2
3.1.2.2 Distribution selon la situation professionnelle
Figure 6 : Répartition de la population selon la situation professionnelle et le diagnostic
psychiatrique
67 patients sont sans activité professionnelle : Il y en a 44 parmi les patients atteints
de schizophrénie ou autre psychose, 14 parmi ceux atteints de troubles de l’humeur et 9
parmi les patients présentant un «autre trouble psychiatrique».
0 10 20 30 40
Aucun BEPC/CAP/BEP BAC BAC+2 ou plus
0
20
40
60
Schizophrénie etpsychoses
Troubles de l’humeur
Autres troublespsychiatriques
Actifs Inactifs
39
3.2 Fréquence des consultations chez le médecin traitant
3.2.1 Selon le profil démographique
3.2.1.1 En fonction de l’âge
Figure 7 : Fréquence des consultations en fonction de l’âge
Parmi les 4 patients de 16 à 24 ans, 1 consulte au moins 4 fois par an et 3 consultent
1 à 3 fois par an
Parmi les 16 patients de 25 à 34 ans, 6 consultent au moins 4 fois par an et 10
consultent 1 à 3 fois par an
Parmi les 23 patients de 35 à 44 ans, 6 consultent au moins 4 fois par an et 17
consultent 1 à 3 fois par an
Parmi les 28 patients de 45 à 54 ans, 17 consultent au moins 4 fois par an et 11
consultent 1 à 3 fois par an
Parmi les 18 patients de 55 à 64 ans, 8 consultent au moins 4 fois par an et 10
consultent 1 à 3 fois par an
Parmi les 12 patients de 65 ans et plus, 6 consultent au moins 4 fois par an et 6
consultent 1 à 3 fois par an
3.2.1.2 En fonction du sexe
0
5
10
15
20
25
30
16-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 ans etplus
1/an 2/an 3/an 4/an >4/an
40
Figure 8 : Fréquence des consultations en fonction du sexe
Chez les femmes, 32 consultent leur médecin généraliste au moins 4 fois par an et 26
le consultent 1 à 3 fois par an.
Chez les hommes, 12 consultent leur médecin généraliste au moins 4 fois par an et 31
le consultent 1 à 3 fois par an.
3.2.2 Selon la pathologie psychiatrique
Figure 9 : Fréquence des
consultations en fonction du
diagnostic psychiatrique
Parmi les 57 patients présentant une schizophrénie ou une psychose, 24 consultent
au moins 4 fois par an leur médecin généraliste et 33 le consultent 1 à 3 fois par an.
0
10
20
30
40
50
60
70
Femmes Hommes
1/an 2/an 3/an 4/an >4/an
0
10
20
30
40
50
60
Schizophrénie etpsychoses
Troubles de l’humeur Autres troublespsychiatriques
1/an 2/an 3/an 4/an >4/an
41
Parmi les 24 patients présentant un trouble de l’humeur, 10 consultent au moins 4
fois par an leur médecin généraliste et 14 le consultent 1 à 3 fois par an.
Parmi les 20 patients présentant un «autre trouble psychiatrique», 11 consultent au
moins 4 fois par an leur médecin généraliste et 9 le consultent 1 à 3 fois par an.
3.2.3 Selon le profil socio-professionnel
3.2.3.1 En fonction du niveau d’études
Figure 10 : Fréquence des consultations en fonction du niveau d’études
Parmi les 18 patients n’ayant aucun diplôme, 6 consultent leur médecin généraliste
au moins 4 fois par an, et 12 le consultent 1 à 3 fois par an.
Parmi les 37 patients ayant un niveau BEPC ou CAP ou BEP, 17 consultent leur
médecin généraliste au moins 4 fois par an, et 20 le consultent 1 à 3 fois par an.
Parmi les 20 patients ayant un niveau BAC, 6 patients consultent leur médecin
généraliste au moins 4 fois par an, et 14 le consultent 1 à 3 fois par an.
Parmi les 26 patients ayant au moins un niveau BAC+2, 15 patients consultent leur
médecin généraliste au moins 4 fois par an, et 11 le consultent 1 à 3 fois par an.
3.2.3.2 En fonction de la situation professionnelle
Figure 11 : Fréquence des consultations en fonction de la situation professionnelle
0
10
20
30
40
Aucun BEPC/CAP/BEP BAC BAC+2 ou plus
1/an 2/an 3/an 4/an >4/an
42
Parmi les 34 patients actifs, 14 consultent leur médecin généraliste au moins 4 fois
par an, et 20 le consultent 1 à 3 fois par an.
Parmi les 67 patients inactifs, 30 consultent leur médecin généraliste au moins 4 fois
par an, et 37 le consultent 1 à 3 fois par an.
3.3 Connaissance de l’existence d’un suivi psychiatrique
3.3.1 Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique par le médecin
généraliste
Figure 12 : Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique par les médecins généralistes
La figure 12 montre que :
91 patients déclarent que leur médecin traitant est au courant qu’ils bénéficient d’un
suivi psychiatrique
9 répondent que ce dernier n’est pas informé du suivi
et 1 répond qu’il ne sait pas
0
20
40
60
80
Actifs Inactifs
1/an 2/an 3/an 4/an >4/an
0
20
40
60
80
100
je ne sais pas non oui
43
3.3.1.1 En fonction des facteurs démographiques
3.3.1.1.1 Selon l’âge
Figure 13 : Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique par le médecin généraliste en
fonction des classes d’âge
Parmi les 4 patients de 16 à 24 ans, 3 patients répondent «oui» à la question et 1
répond «non».
Parmi les 16 patients de 25 à 34 ans, 14 patients répondent «oui» à la question et 2
répondent «non».
Parmi les 23 patients de 35 à 44 ans, 20 patients répondent «oui» à la question et 3
répondent «non».
Parmi les 28 patients de 45 à 54 ans, 27 patients répondent «oui» à la question et 1
répond «non».
Parmi les 18 patients de 55 à 64 ans, 16 patients répondent « oui » à la question, 1
répond «non» et 1 répond «je ne sais pas».
Parmi les 12 patients âgés d’au moins 65 ans, 11 patients répondent «oui» à la
question, 1 répond «non».
3.3.1.1.2 Selon le sexe
Figure 14 : Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique en fonction du sexe
0 10 20 30
16-24
25-34
35-44
45-54
55-64
65 et plus
je ne sais pas
non
oui
44
53 femmes sur 58 ont répondu «oui» à cet item,
Et 38 hommes sur 43.
3.3.1.2 En fonction de la pathologie psychiatrique
Figure 15 : Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique en fonction du trouble mental
Les médecins généralistes connaissent l’existence du suivi psychiatrique pour 53
patients souffrant de troubles psychotiques. Dans 3 cas ils l’ignorent et dans 1 cas le
patient ne sait pas s’il est courant.
Les médecins généralistes connaissent l’existence du suivi psychiatrique pour 19
patients présentant un trouble de l’humeur, dans 5 cas ils l’ignorent.
Ils connaissent l’existence de ce suivi pour 19 patients présentant un autre trouble
psychiatrique, dans 1 cas ils l’ignorent.
3.3.1.3 En fonction des facteurs socio-professionnels
3.3.1.3.1 Selon le niveau d’études
0
10
20
30
40
50
60
70
F M
oui
non
je ne sais pas
0
10
20
30
40
50
60
Schizophrénie etpsychoses
Troubles de l’humeur
Autres troublespsychiatriques
Oui Non Je ne sais pas
45
Figure 16 : Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique en fonction du niveau d’études
Parmi les 18 patients n’ayant aucun diplôme, 13 disent que leur médecin généraliste
connaît l’existence du suivi psychiatrique, 4 répondent «non» et 1 «je ne sais pas».
Parmi les 37 patients avec un niveau «BEPC/CAP/BEP», 36 répondent que le médecin
généraliste connaît l’existence du suivi psychiatrique, 1 répond «non».
Parmi les 20 patients ayant le niveau BAC, 17 répondent que le médecin généraliste
connaît l’existence du suivi psychiatrique, 3 répondent «non».
Parmi les 26 patients parmi ceux avec un niveau au moins égal à «BAC+2», 25
répondent que le médecin généraliste connaît l’existence du suivi psychiatrique, 1
répond «non».
3.3.1.3.2 Selon la situation professionnelle
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Aucun BEPC/CAP/BEP BAC BAC+2 ou plus
Oui Non Je ne sais pas
46
Figure 17 : Connaissance de l’existence du suivi psychiatrique en fonction de la situation
professionnelle
Parmi les 34 patients actifs, 31 déclarent que leur médecin généraliste connaît
l’existence de leur suivi psychiatrique.
Cette proportion est de 60 sur 67 chez les patients inactifs.
3.3.2 Raisons pour lesquelles le médecin généraliste n’est pas informé du
suivi psychiatrique
9 patients déclarent que leur médecin généraliste n’est pas informé de l’existence de
leur suivi psychiatrique.
Figure 18 : Motif de la non-information du médecin généraliste
Dans 1 cas, le patient estime que c’est au psychiatre d’informer son confrère
généraliste du suivi psychiatrique.
8 patients n’ont délibérément pas informé le médecin généraliste.
0
20
40
60
80
Actifs Inactifs
Oui Non Je ne sais pas
non
Non informé par lepsychiatre
Je ne l'ai pasinformé
47
3.3.3 Mode d’information du médecin généraliste sur l’existence du suivi
psychiatrique
Figure 19 : Moyen d’information du médecin généraliste
Parmi les 91 patients dont le médecin généraliste est informé du suivi psychiatrique :
69 l’ont dit eux-mêmes à leur médecin
8 patients ont été adressés par le médecin généraliste lui-même pour un suivi au
CMP
Dans 7 cas, ce sont les membres de la famille du patient qui l’ont informé
Dans 5 cas, le médecin généraliste a été mis au courant par le psychiatre
Et la découverte est fortuite dans 2 cas (informations de la carte vitale)
Par moi Adressé par le Médecin généraliste
Autre (famille) Par le psychiatre
Autre (carte vitale)
48
3.3.4 Souhaits des patients s’ils avaient eu le choix d’informer ou non leur
médecin généraliste
Cet item concerne les 22 patients dont le médecin généraliste a été informé de
l’existence du suivi psychiatrique autrement que par eux-mêmes.
Figure 20 : Proportion de patients qui auraient informé le médecin généraliste
Parmi les 8 patients adressés par le médecin généraliste, 7 l’auraient informé, et 1 ne
l’aurait pas fait.
Parmi les 7 patients dont la famille a informé le médecin généraliste, 5 l’auraient
informé et 2 ne l’auraient pas fait.
Parmi les 5 patients dont le psychiatre a informé le médecin généraliste, 4 l’auraient
informé et 1 ne l’aurait pas fait.
Parmi les 2 patients pour lesquels le médecin généraliste l’a appris à partir des
informations de la carte vitale, 1 l’aurait informé et 1 ne l’aurait pas fait.
0
2
4
6
8
10
Adressé par lemédecin
généraliste
Autre (famille) Par le psychiatre Autre (cartevitale)
Oui Non
49
3.3.5 Raisons pour lesquelles les patients ne souhaitent pas que leur
médecin généraliste soit informé de la pathologie psychiatrique
Il s’agit dans ce paragraphe des patients qui ont délibérément refusé d’informer leur
médecin généraliste. Ils sont 8.
Figure 21 : Raison du refus d’informer le médecin généraliste
Les raisons invoquées par les patients sont par ordre de fréquence :
• «Le suivi assuré par le psychiatre est suffisant» (5 fois)
• «Le rôle du généraliste se limite au suivi somatique» (3 fois)
• «Les compétences du généraliste sont insuffisantes pour gérer des questions d’ordre
psychiatrique» (1 fois)
• «Je voudrais éviter d’aborder des questions trop personnelles» (1 fois)
• «Je souhaite garder un sentiment de normalité» (1 fois)
• «Je ne me sens pas malade» (1 fois)
• «Je n’ai pas encore eu le temps de l’en informer» (1 fois)
Suivi par le psychiatresuffisant
Rôle du généraliste est lesuivi somatique
Je ne me sens pas malade
Eviter les questionspersonnelles
Je n’ai pas eu le temps
Garder un sentiment denormalité
Compétences du médecingénéraliste insuffisantes
50
3.3.6 Conséquences négatives de l’information du médecin généraliste
sans le consentement du patient
Nous avons recueilli les raisons pour lesquelles les patients dont le médecin
généraliste a été informé par un autre moyen que par eux, n’auraient pas souhaité l’en
informer.
Figure 22 : Raisons pour lesquelles ils n’auraient pas informé le médecin généraliste
On retrouve cinq raisons :
Un patient estime que le suivi par le psychiatre est suffisant
Un évoque un sentiment de honte
Pour un autre, il n’a pas jugé utile de lui redire parce qu’il savait que le médecin
généraliste était déjà au courant du suivi psychiatre
Un des patients ne se sentait pas malade et n’avait donc rien à dire au médecin
généraliste
Enfin, un des patients n’arrivait pas à l’exprimer
Suivi par le psychiatre suffisant Je ne me sens pas malade
J’en ai honte Je savais qu’il était déjà au courant
Je ne peux pas l’exprimer
51
4- DISCUSSION
Dans notre population de 101 patients, les médecins généralistes sont informés du
suivi psychiatrique dans 91 cas. La plupart du temps, le médecin est informé par le patient
lui-même. Dans les cas où le médecin a eu connaissance du suivi psychiatrique par un autre
moyen, la majorité des patients a répondu qu’ils l’en auraient informé.
4.1 Forces et faiblesses de l’étude
Evaluer le nombre de médecins connaissant l’existence du suivi psychiatrique de
leurs patients souffrant de troubles mentaux permet d’étudier un aspect de la
communication entre psychiatres et médecins généralistes, point essentiel dans
l’accompagnement et la prise en charge efficiente de ces patients fragiles.
Cette étude permet également de recueillir les souhaits des patients quant à
l’implication de leur médecin généraliste dans leur suivi. En effet, on pourrait penser qu’ils
sont réticents à l’idée que les médecins généralistes soient informés de ce suivi. Cette
enquête suggère le contraire.
Outre les biais attendus (biais de sélection et biais de Berkson), il n’a pas été vérifié
auprès des médecins généralistes la réalité de leur connaissance sur le suivi psychiatrique de
leurs patients.
D’autre part, aucune analyse statistique n’a été réalisée en raison de la faible taille de
notre échantillon.
4.2 Description de la population étudiée
Age
Le groupe de patients atteints de schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique a
une moyenne d’âge inférieure à celle de l’échantillon.
52
Le groupe de patients atteints d’un trouble de l’humeur a une moyenne d’âge plus
élevée que celle de l’échantillon.
Ceci concorde avec l’âge d’apparition de ces pathologies.
Diagnostic psychiatrique
La schizophrénie et les autres psychoses sont les pathologies les plus représentées
dans notre échantillon (57 sur 101), suivies par les troubles de l’humeur, et enfin les «autres
troubles psychiatriques». Ceci s’explique par le recrutement hospitalier de nos patients, et
témoigne de la sévérité de leur pathologie.
Niveau d’études
La population de notre échantillon a un niveau d’études équivalent à celui de la
population générale (19). Près de la moitié des patients interrogés a un niveau au moins
équivalent au Baccalauréat (Bac), et le quart a un niveau supérieur. Moins d’un cinquième de
l’échantillon total déclare n’avoir aucun diplôme. Ceci s’explique par le fait que la pathologie
psychiatrique n’est souvent un handicap qu’après l’âge des études, c’est-à-dire lors de
l’acquisition de l’autonomie (14).
Situation professionnelle
Les patients sont majoritairement inactifs. Devant ce résultat on peut supposer une
sévérité de la pathologie psychiatrique dans notre échantillon, conduisant à une désinsertion
du milieu professionnel. Ces résultats vont dans le sens des études qui décrivent un taux
d’inactivité plus important chez les patients porteurs de pathologie mentale que dans la
population générale (14).
53
4.3 Fréquence de consultation du médecin généraliste et connaissance déclarée de
l’existence d’une pathologie psychiatrique par ce dernier
La fréquence de consultation du médecin généraliste est probablement un facteur
influençant le taux de connaissance du suivi psychiatrique. En effet, le nombre répété de
consultations augmente les occasions pour les patients d’aborder le sujet. Cela multiplie
aussi les opportunités pour les médecins traitants de repérer une pathologie psychiatrique
et donc de s’intéresser à l’existence ou non d’un suivi.
Selon le profil démographique et médical de notre population
Une enquête réalisée en 2012 en France révèle que dans la population générale, les
patients consultent en moyenne quatre fois par an leur médecin généraliste, avec une
surreprésentation des plus de 60 ans parmi ceux qui consultent le plus fréquemment. (11)
Dans notre étude, on observe que la majorité des patients consulte le médecin
généraliste une à trois fois par an, soit moins que la population générale. Cela s’explique
probablement par les freins à l’accès aux soins somatiques de ces patients évoqués
précédemment, à savoir : une anosognosie des affections somatiques et des difficultés à
exprimer leurs symptômes, des troubles organisationnels résultant de la déstructuration
psychique due à la pathologie psychiatrique, et un niveau socio-économique bas. Ce résultat
suggère que le suivi somatique est insuffisant dans notre population et peut être un frein à
la bonne information du médecin généraliste sur l’état de santé psychique du patient.
Les patients affirment majoritairement que leur médecin généraliste connaît
l’existence de leur suivi psychiatrique dans notre étude. Ceci concorde avec le rôle attribué
par les patients psychiatriques à leur médecin généraliste (10), à savoir celui de soutien
psychologique et d’accompagnateur de tout instant, celui de prescripteur qui est habilité à
renouveler le traitement psychotrope, et celui de premier recours dans les situations
d’urgence.
54
Age
Quelle que soit la classe d’âge, les médecins généralistes sont au courant de
l’existence d’un suivi psychiatrique pour un très grand nombre de patients.
Le plus grand taux d’ignorance de l’existence de ce suivi est retrouvé chez les 16-24
ans. Ceci peut s’expliquer par plusieurs facteurs : premièrement, ce sont ceux qui consultent
le moins fréquemment leur médecin généraliste, ce dernier a donc moins d’occasions d’être
mis au courant ou de le découvrir. Deuxièmement, leur jeune âge peut être responsable
d’une plus grande peur de la stigmatisation et d’un sentiment de honte plus prépondérant
que chez les patients plus âgés. Enfin, on peut également évoquer le fait que le diagnostic
est plus récent chez ces jeunes patients.
La fréquence de consultation des autres classes d’âge reste majoritairement
inférieure à celle de la population générale. La classe d’âge qui consulte le plus souvent le
médecin généraliste dans notre étude est celle des 45-54 ans. On n’observe pas de
différence concernant le nombre de patients déclarant que leur médecin généraliste est
informé de leur suivi psychiatrique par rapport aux autres classes d’âge.
Sexe
Dans notre population, les femmes consultent plus fréquemment leur médecin
généraliste que les hommes. Cela est concordant avec les données de la littérature (9). On
n’observe cependant pas de différence dans le taux de médecins généralistes connaissant
l’existence d’un suivi psychiatrique selon le sexe.
Profil psychiatrique
Dans les trois catégories diagnostiques, le taux de consultation est plus faible que
dans la population générale, sans différence significative en fonction de la pathologie.
Les patients affirment majoritairement que leur médecin généraliste est informé de
l’existence du suivi psychiatrique.
55
La patiente ignorant si son médecin généraliste connaît l’existence de ce suivi souffre
de schizophrénie ou d’une autre psychose. Cela peut-être un indicateur de la sévérité de sa
pathologie.
La proportion de patients ayant répondu que leur médecin généraliste ignore qu’ils
bénéficient d’un suivi psychiatrique est la plus élevée dans le groupe des troubles de
l’humeur. Ces résultats sont attendus. En effet, il est plus difficile pour un médecin
généraliste d’ignorer la pathologie psychiatrique et donc son suivi d’un patient souffrant de
psychose que d’un patient souffrant d’un trouble de l’humeur. Par ailleurs, le patient
présentant un trouble de l’humeur aura peut-être plus la crainte de la « stigmatisation », le
sentiment de honte, que le patient psychotique.
Les médecins généralistes ont à priori plus de chances de connaître l’existence du
suivi psychiatrique pour les patients porteurs d’un trouble psychotique. En effet, les
symptômes et le retentissement social sont souvent marqués, leur traitement psychotrope
doit être renouvelé régulièrement, les patients sont souvent sujets à des rechutes dues à des
ruptures de traitement. Et enfin, le médecin généraliste remplit des protocoles de soins pour
les prises en charge d’Affections Longue Durée (ALD), des certificats ou des dossiers de
reconnaissance du handicap, de reclassement professionnel, et des arrêts maladie, etc…
Autant de raisons qui aident le médecin généraliste à connaître ou reconnaître une
pathologie psychiatrique chez ces patients.
Niveau d’études
Les médecins généralistes connaissent pour la plupart des patients l’existence du
suivi psychiatrique quel que soit leur niveau d’études.
Les patients n’ayant aucun diplôme, ceux avec un niveau BEPC et/ou CAP et/ou BEP,
et ceux avec le niveau Bac, consultent majoritairement une à trois fois par an. Tandis que les
patients avec un niveau Bac+2 ou plus consultent en général au moins quatre fois par an.
Cela est en accord avec le fait que le niveau socio-économique bas est un facteur limitant
l’accès aux soins.
56
De fait, c’est dans le groupe des patients n’ayant aucun diplôme qu’on observe le
plus fort taux de méconnaissance de ce suivi par les généralistes. Cela peut aussi être en lien
avec une mauvaise compréhension du rôle du médecin généraliste, et par conséquent des
sentiments de honte et de peur de la stigmatisation, ou alors un sentiment que le suivi
assuré par le psychiatre est suffisant. Enfin, ils peuvent simplement ne pas penser à en
informer le médecin généraliste parce qu’ils croient que c’est le rôle de quelqu’un d’autre (le
psychiatre ?) de le faire.
Il est tout de même intéressant de souligner que parmi les patients ayant un niveau
au moins équivalent au Bac, on trouve des patients qui répondent que leur médecin
généraliste n’est pas au courant de leur suivi psychiatrique. On peut supposer qu’ils
omettent délibérément de lui en parler pour garder un sentiment de normalité. En effet,
certains patients préfèrent aborder leurs problèmes psychiques avec leur psychiatre
uniquement parce qu’ils souhaitent préserver la relation qu’ils ont avec leur généraliste et
ont peur que ce dernier ne les voit « différemment » (10).
Situation professionnelle
La plupart des patients actifs consultent leur médecin généraliste une à trois fois par
an. Ce résultat est similaire dans la catégorie des patients inactifs. Dans notre population, la
situation professionnelle n’influence pas le taux de consultation des médecins généralistes,
ni le taux de connaissance de l’existence du suivi psychiatrique par ces derniers.
4.4 Raisons évoquées pour lesquelles le médecin généraliste n’est pas informé de la
pathologie psychiatrique
Parmi les patients ayant répondu que leur médecin généraliste ne connaît pas
l’existence du suivi psychiatrique, un seul pense que c’est au psychiatre d’en informer son
confrère généraliste.
Tous les autres n’ont délibérément rien dit. Ceci peut expliquer les réticences des
psychiatres à communiquer avec les médecins généralistes, s’ils ne sont pas sûrs que leurs
57
patients le souhaitent, car ils ne veulent pas porter atteinte à l’alliance thérapeutique
indispensable à la prise en charge psychiatrique.
4.5 Mode d’information du médecin généraliste sur l’existence du suivi
psychiatrique
Les patients dont le médecin généraliste est informé du suivi psychiatrique, le lui ont
dit eux-mêmes dans la plupart des cas. Les patients ne semblent donc pas opposés à ce que
leur médecin généraliste connaisse leur pathologie psychiatrique.
Dans huit cas, le patient a été adressé par le médecin généraliste au CMP. Cela
signifie qu’ils ont abordé la question ensemble.
Dans sept cas, le médecin généraliste a été informé par un membre de la famille du
patient, ce qui pose la question de l’aspect éthique d’une telle démarche, mais pourrait être
le reflet d’un manque d’autonomie du patient.
Dans cinq cas, le médecin généraliste a été informé par un retour de la part du
médecin psychiatre. Cela suppose un travail coordonné entre le psychiatre et le généraliste
autour du patient, pour une prise en charge globale optimale. Ce résultat est cependant
décevant, tant cette communication est importante.
Dans deux cas, le médecin généraliste l’a découvert de façon fortuite à partir des
informations contenues dans la carte vitale, ce qui surestime légèrement notre résultat
principal.
4.6 Souhaits des patients s’ils avaient eu le choix d’informer ou non le médecin
généraliste de leur pathologie psychiatrique
Parmi les vingt-deux patients qui n’ont pas eux-mêmes informé leur médecin
généraliste de leur suivi psychiatrique, seuls cinq répondent qu’ils ne l’auraient pas
spontanément fait. Une fois encore, ce résultat correspond à l’idée que les patients
souffrant de pathologie psychiatrique sont favorables à ce que leur médecin généraliste
connaisse leur suivi spécialisé.
58
4.7 Raisons pour lesquelles les patients ne souhaitent pas que leur médecin
généraliste soit informé de leur pathologie psychiatrique
Un panel de raisons possibles a été proposé aux patients, en se basant sur une
enquête menée auprès de patients psychotiques en France en 2011 (10). La raison la plus
évoquée est que «le suivi assuré par le psychiatre est suffisant». Il s’agit de patients âgés de
25 à plus de 65 ans, sans différence selon la classe d’âge, ni selon le diagnostic psychiatrique.
On ne retrouve aucune différence selon le sexe, le niveau d’études, ni la situation
professionnelle.
Les patients estiment aussi que «le rôle du médecin généraliste se limite au suivi
somatique» ou que «les compétences du médecin généraliste sont insuffisantes pour
aborder les problèmes psychiatriques». Ces deux raisons rejoignent l’idée que la prise en
charge par le psychiatre est suffisante.
Ils évoquent ensuite le souhait de «garder un sentiment de normalité» et «de vouloir
éviter les questions trop personnelles», mais peu de patients ont évoqué ces raisons.
Un jeune patient (16-24 ans) souffrant d’un trouble de l’humeur «ne se sent pas
malade». Il s’agit d’un déni de sa pathologie ; et un patient «n’a pas encore eu le temps
d’informer son médecin généraliste», il n’est donc à priori pas opposé à cette idée.
4.8 Conséquences négatives de l’information du médecin généraliste sans le
consentement du patient
Nous avons demandé aux patients pour quelles raisons ils estiment qu’ils n’auraient
pas informé leur médecin généraliste, lorsqu’il a reçu l’information de leur pathologie
psychiatrique par un tiers.
Un patient «ne se sent pas malade», un autre «sait que le psychiatre a déjà informé
le médecin généraliste» : il leur semble donc inutile de donner cette information au
généraliste.
59
Le sentiment de honte est à nouveau évoqué une fois. Un patient estime que «le suivi
assuré par le psychiatre est suffisant», et un patient n’arrive pas à exprimer ses raisons.
60
5- CONCLUSIONS
Les patients souffrant de pathologies psychiatriques nécessitent un suivi somatique
particulièrement attentif et plus régulier que la population générale, car ils présentent une
surmorbidité et une surmortalité. Cependant, les études montrent qu’il existe une carence
en soins somatiques dans cette population et des enquêtes suggèrent un manque de
collaboration entre les médecins généralistes et les psychiatres. Cela se traduit par un
manque de partage d’informations autour du patient atteint de maladie psychiatrique.
De notre étude il ressort donc que :
Le taux de consultation du médecin généraliste est inférieur dans notre population
de patients à celui de la population générale. Ce résultat confirme les données de la
littérature : ce suivi est insuffisant pour ces patients plus fragiles que les autres.
Les médecins généralistes connaissent l’existence du suivi psychiatrique pour la
majorité des patients de notre échantillon (plus de 90%). Ce chiffre est rassurant,
mais reste insuffisant. Ces patients sont fragiles et nécessitent un suivi somatique
renforcé par rapport à la population générale. Afin d’adapter au mieux leur prise en
charge, il est nécessaire que leur médecin généraliste, coordonnateur des soins, ait la
meilleure visibilité possible sur leurs différentes comorbidités et leurs traitements.
Dans ce cadre, ils doivent être informés de la pathologie psychiatrique, du rythme du
suivi, de la thérapeutique proposée par le psychiatre et de l’évolution de la maladie.
Dans la majorité des cas, les patients ont informé eux-mêmes leur médecin. Au vu du
rôle qu’ils accordent à leur médecin généraliste dans leur suivi, il paraît normal qu’il
ait cette information. Seule une minorité de patients souhaitent cacher cette
information à leur médecin généraliste dans notre échantillon. Il serait intéressant de
recueillir un plus grand nombre d’avis de patients pour savoir si de façon générale ils
abordent leur pathologie psychiatrique avec leur médecin généraliste. Cela
constituerait un argument de plus pour encourager les échanges entre médecins
généralistes et psychiatres autour de leurs patients communs.
Des facteurs tels que l’âge, la pathologie psychiatrique et le niveau d’études,
influencent probablement le fait que les patients souhaitent informer ou non le
médecin généraliste. Nous n’avons cependant pas pu le mettre en évidence du fait
61
du petit échantillon interrogé. Le vécu de la maladie psychiatrique, la sévérité de la
pathologie, le niveau de compréhension du rôle du médecin généraliste, ont
surement un impact sur la volonté du patient d’informer son généraliste et peuvent
permettre à ce dernier d’avoir des indices sur l’existence du suivi psychiatrique.
Les principales raisons évoquées par ces patients lorsqu’ils ne souhaitent pas
informer leur médecin sont un sentiment de honte, et la peur de la stigmatisation, ce
qui est attendu dans la mesure où la pathologie psychiatrique est souvent source de
rejet de la part de l’entourage et de la société de façon générale. Ils évoquent aussi le
fait que le suivi assuré par le psychiatre soit suffisant. Cela tient du fait que la place
du médecin généraliste dans la prise en charge psychiatrique n’est pas toujours bien
définie. Il s’agit là d’une source de confusion dans l’esprit de certains patients. Dans
de rares cas, ils considèrent que le médecin généraliste n’est pas suffisamment
compétent.
Dans quelques cas, le psychiatre a informé lui-même son confrère généraliste du
suivi. Cette collaboration est louable. En effet, un travail conjoint autour du patient
porteur de maladie psychiatrique est le seul moyen d’aboutir à une prise en charge
efficiente. Il est clair cependant qu’il reste encore beaucoup d’améliorations à faire
dans ce domaine.
62
6- PERSPECTIVES
Les résultats de notre étude nous donnent une image des avis de nos patients sur le
fait d’informer ou non leur médecin généraliste sur leur maladie mentale. Il serait
intéressant d’interroger un effectif plus grand de patients afin de pouvoir confirmer ces
résultats.
On pourrait également étudier plus précisément les raisons du refus d’informer le
médecin généraliste, afin de trouver des moyens de répondre à leurs inquiétudes et à y
remédier, mais aussi s’intéresser aux raisons positives pour lesquelles les patients souhaitent
impliquer leur médecin traitant dans leur prise en charge psychiatrique.
Par ailleurs, cette étude a porté sur la connaissance de l’existence du suivi
psychiatrique par le patient, mais le contenu de l’information détenue par le médecin
généraliste n’a pas été exploré. Cela pourrait faire l’objet d’une autre enquête.
Enfin, on peut envisager de s’intéresser précisément au contenu des retours de la
part des psychiatres à l’endroit des généralistes, y compris dans les cas où le patient informe
lui-même le médecin généraliste de son suivi psychiatrique. Cela pour faire un état des lieux
des échanges entre les deux spécialités, et interpeller les uns et les autres sur les efforts à
fournir.
La publication d’un article à partir de cette thèse est envisageable.
63
7- ANNEXES
QUESTIONNAIRE :
I/ DEMOGRAPHIE :
Initiales : DDN :
Sexe : F M
Département de domiciliation :
Diagnostic psychiatrique :
II/ SOCIO-PROFESSIONNEL :
Niveau d’études :
AUCUN BEPC CAP BEP BAC BAC+2 > BAC+2
Emploi :
Actif N’a jamais travaillé Ne travaille plus depuis < 1 an 1 à 5 ans
5 à 10 ans > 10 ans
III/ A QUELLE FREQUENCE CONSULTEZ-VOUS VOTRE MEDECIN TRAITANT ?
1 fois par an 2 fois par an 3 fois par an 4 fois par an > 4 fois par an
IV/ D’APRES VOUS, VOTRE MEDECIN TRAITANT CONNAIT-IL L’EXISTENCE DE
LA PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE ?
Oui Non Ne sait pas
A/ SI NON, POURQUOI ?
Je ne l’ai pas dit (Raisons cf question V)
Le médecin traitant n’a pas eu de contact avec le psychiatre
B/ SI OUI,
1) COMMENT ?
Par moi
Par le psychiatre
Autre
(Préciser : famille, ami, fortuitement…)
64
2) ET SI PAR QUELQU’UN D’AUTRE QUE VOUS, LUI EN AURIEZ-VOUS
PARLE ?
Ne sait pas Oui Non (Raisons confère question V)
V/ RAISONS POUR LESQUELLES JE NE L’AI/ NE L’AURAIS PAS DIT
Parce que je ne me sens pas malade
Parce que j’ai déjà un psychiatre qui assure mon suivi et que j’estime que c’est suffisant
Parce que mon médecin est généraliste et que je pense qu’il n’a pas les compétences
suffisantes pour aborder mes problèmes psychiatriques
Parce que le rôle du médecin généraliste se limite au suivi des pathologies strictement
somatiques
Parce que mon médecin ne m’a pas posé la question
Parce que je souhaite garder un sentiment de normalité
Parce que j’ai peur que d’autres personnes l’apprennent
Parce que j’ai peur que mon médecin ait peur de moi
Parce que j’ai peur que mon médecin ne me soigne plus de la même manière
Parce que j’ai peur qu’il croit que mes autres problèmes somatiques sont dans ma tête et ne
me prenne pas au sérieux
Parce que j’ai peur que mon médecin me pose des questions trop personnelles
Parce que j’ai honte
Ne peut l’exprimer
Autre
(Préciser)…..
65
8- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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quels cas êtes-vous hors parcours et moins bien remboursé ? Consultez toutes les
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disponible sur http://www.ameli.fr/assures/soins-et-remboursements/comment-etre-
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médecine, spécialité : médecine générale, Université Paris Descartes, Paris V, année 2010
68
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SOUTENANCE A CRETEIL
ANNEE : 2014
NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : MANGAN MABOM SEN-LAURYL
DIRECTEUR DE THESE : DR CHAUMARTIN NADIA
Knowledge of psychiatric pathology and monitoring involving their patients by
general practitioners
Psychiatric illness are a crucial public health issue. People suffering from mental problems are
particularly fragile. Many studies have shown that organic morbidity and mortality increase, due to
mental disorder. These patients clearly need an enhanced physical monitoring and prevention
measures, and that is the general practitioner’s role.
Furthermore, general practitioners are called upon in cases of emergencies related to the
mental disorders, such as renewal of psychiatric prescriptions, or decompensation. In some cases the
general practitioner initiates psychological care, by referring the patient to a psychiatrist, when a
mental illness is suspected.
For all these reasons, general practitioners should be informed when the patient is under
psychiatric care. However, according to surveys, general practitioners do not seem to work in
cooperation with the psychiatric teams involved in monitoring their patients.
We therefore surveyed 101 patients treated in medico psychological units in the Groupe
Hospitalier Paul Guiraud, to assess how many general practitioners are aware that theirs patients are
in psychiatric care, and the reasons why the patients would wish to not inform them.
91 patients said that their general practitioner knows about that monitoring. We studied how
this number can vary according to age, sex, psychiatric diagnosis, level of studies and professional
situation. We did not note any difference.
MOTS-CLÉS : - Comorbidity, - Psychiatry, - Gatekeeping, - Mental disorder
ADRESSE DE L’U.F.R. : 8, Rue du Général SARRAIL 94010 CRETEIL CEDEX
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SOUTENANCE A CRETEIL
ANNEE : 2014
NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : MANGAN MABOM SEN-LAURYL
DIRECTEUR DE THESE : DR CHAUMARTIN NADIA
La connaissance par les médecins généralistes de l’existence de la pathologie psychiatrique et
de son suivi chez leurs patients
Les pathologies psychiatriques représentent un enjeu de santé publique considérable. Les
patients souffrant de troubles mentaux sont particulièrement fragiles. De nombreuses études ont
montré une augmentation de la morbidité et de la mortalité organiques, due à la maladie mentale.
Ces patients nécessitent de façon évidente un suivi somatique et des mesures de prévention
renforcés. Ce suivi est assuré par le médecin généraliste.
Par ailleurs, le médecin généraliste intervient auprès de ces patients dans les situations
d’urgence dues au trouble mental (renouvellement de traitement, décompensation). Et dans certains
cas il est à l’origine du suivi psychiatrique, en adressant le patient à un psychiatre devant une
suspicion de pathologie psychiatrique.
Pour ces différentes raisons, le médecin généraliste doit être informé du suivi psychiatrique
lorsqu’il en existe un. Malheureusement, les enquêtes suggèrent un manque de coopération entre les
médecins généralistes et les autres soignants intervenant autour du patient psychiatrique.
Nous avons donc interrogé 101 patients suivis dans des centres médico-psychologiques
dépendant du groupe hospitalier Paul Guiraud, pour évaluer le taux déclaré de médecins généralistes
connaissant l’existence du suivi psychiatrique chez leurs patients, ainsi que les raisons pour lesquelles
les patients ne souhaiteraient pas qu’ils en soient informés.
91 patients déclarent que leur médecin généraliste connaît l’existence de ce suivi. Nous avons
étudié l’influence de l’âge, du sexe, du diagnostic psychiatrique, du niveau d’études et de la situation
professionnelle sur ce taux de connaissance du suivi par les généralistes. Il ne semble pas exister de
différence significative.
MOTS-CLES : - Comorbidité, - Psychiatrie, - Régulation de l’accès aux soins spécialisés, - Troubles mentaux
ADRESSE DE L’U.F.R. : 8, Rue du Général SARRAIL 94010 CRETEIL CEDEX