SOUS SURVEILLANCE - goethe.de · meggie schneider, «une table / 7 invités / mesurer...

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Programmation : Hermann Nöring, Gisela Rueb. Graphisme : Bettina Pell. Photo de couverture : « Schnittstelle » d’Harun Farocki. thèmes de manière associative et différenciée, et de les confronter à la pratique artistique ou de les contextua- liser. (Hermann Nöring) © EMAF a diffusion en masse des instruments numériques de communication semble avoir ouvert une étape ultérieure dans la mise au pas et l’(auto)contrôle des sociétés tech- nicisées. Avant même les publications d’Edward Snowden, il apparaissait clairement à quel point les insti- tutions étatiques et économiques infiltraient les sphères d’informations privées et publiques. Le contrôle à grande échelle de la communication mondiale ne cesse d’empié- ter sur les droits fondamentaux telle la liberté de parole et restreint la protection des droits à la vie privée. Un soupçon généralisé diffus pèse sur les citoyens. Ceux-ci ne sont toutefois pas seulement observés, ils observent également. Les gens s’évaluent mutuellement ou se mettent à nu sur les médias sociaux et le Web 2.O. Les appareils mobiles, les systèmes de contrôle du temps et ceux qui servent à l’optimisation du quotidien accentuent la surveillance sociale et réciproque par des applications « smart » et « participatives ». Peu de per- sonnes limitent leur utilisation de la communication électronique, bien qu’elles soient averties du danger de l’exploitation de leurs propres données et n’ignorent pas qu’elles défient les droits à la vie privée des autres individus. Nous sommes en même temps acteurs et vic- times d’une surveillance systémique et il n’est pas éton- nant qu’Internet, qui avait été pensé initialement démo- cratiquement, soit devenu un appareil de contrôle et, en dernière instance, un système armé global. Les travaux présentés dans l’exposition mettent en lumière la surveillance numérique qui se joue des fron- tières, ainsi que les relations entre pouvoir, individus et vie sociale. Les artistes portent souvent un regard humoristique ou ironique sur ce phénomène de mise au pas basée sur la technique. Ils s’intéressent aux consé- quences du dictat du décompte du temps, de l’emprein- te laissée par la perception des images, par les rituels de domination et les médias visuels, à celles de l’omni- présence de la surveillance et de la contribution décisi- ve des « nouveaux médias » à la production d’armes et à la formation de soldats. Dans l’ensemble, la sélection artistique s’est faite par la volonté de se rapprocher des L BRIDGE 14 FEB 45 III TEN DEADLY STORMS EXPOSITION/CINÉMA SOUS SURVEILLANCE PRISES DE POSITION D’ARTISTES AVEC UN HOMMAGE À HARUN FAROCKI 19 NOV. – 13 DÉC. 2014 En coopération avec l’European Media Art Festival (EMAF), Osnabrück Goethe-Institut Paris 17 avenue d’Iéna 75116 Paris France Tél : 01 44439230 www.goethe.de/paris Entrée libre le 19 novembre (exposition et films) Tarif cinema, les 20 et 21 novembre : 4€ / 3€ Depl Sous surveillance 148+148+145-2_3 volets 08/10/14 14:31 Page1

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Programmation : H

ermann Nöring, Gisela Rueb. Graphisme : Bettina Pell. Photo de couverture : « Schnittstelle » d’Harun Farocki.

thèmes de manière associative et différenciée, et de lesconfronter à la pratique artistique ou de les contextua-liser. (Hermann Nöring)

© EMAF

a diffusion en masse des instruments numériques decommunication semble avoir ouvert une étape ultérieuredans la mise au pas et l’(auto)contrôle des sociétés tech-nicisées. Avant même les publications d’EdwardSnowden, il apparaissait clairement à quel point les insti-tutions étatiques et économiques infiltraient les sphèresd’informations privées et publiques. Le contrôle à grandeéchelle de la communication mondiale ne cesse d’empié-ter sur les droits fondamentaux telle la liberté de paroleet restreint la protection des droits à la vie privée. Unsoupçon généralisé diffus pèse sur les citoyens.Ceux-ci ne sont toutefois pas seulement observés, ilsobservent également. Les gens s’évaluent mutuellementou se mettent à nu sur les médias sociaux et le Web 2.O.Les appareils mobiles, les systèmes de contrôle dutemps et ceux qui servent à l’optimisation du quotidienaccentuent la surveillance sociale et réciproque par desapplications « smart » et « participatives ». Peu de per-sonnes limitent leur utilisation de la communicationélectronique, bien qu’elles soient averties du danger del’exploitation de leurs propres données et n’ignorentpas qu’elles défient les droits à la vie privée des autresindividus. Nous sommes en même temps acteurs et vic-times d’une surveillance systémique et il n’est pas éton-nant qu’Internet, qui avait été pensé initialement démo-cratiquement, soit devenu un appareil de contrôle et, endernière instance, un système armé global. Les travaux présentés dans l’exposition mettent enlumière la surveillance numérique qui se joue des fron-tières, ainsi que les relations entre pouvoir, individus etvie sociale. Les artistes portent souvent un regardhumoristique ou ironique sur ce phénomène de mise aupas basée sur la technique. Ils s’intéressent aux consé-quences du dictat du décompte du temps, de l’emprein-te laissée par la perception des images, par les rituelsde domination et les médias visuels, à celles de l’omni-présence de la surveillance et de la contribution décisi-ve des « nouveaux médias » à la production d’armes età la formation de soldats. Dans l’ensemble, la sélectionartistique s’est faite par la volonté de se rapprocher des

L

BRIDGE 14 FEB 45 III

TEN

DEADLY STORMS

EXPOSITION/CINÉMA

SOUS SURVEILLANCEPRISES DE POSITION D’ARTISTES AVEC UN HOMMAGE À HARUN FAROCKI

19 NOV. – 13 DÉC. 2014En coopération avec l’European Media Art Festival (EMAF), Osnabrück

Goethe-Institut Paris17 avenue d’Iéna75116 Paris FranceTél : 01 44439230www.goethe.de/paris

Entrée libre le 19 novembre (exposition et films)Tarif cinema, les 20 et 21 novembre : 4€ / 3€

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hARUN FAROCKI, ERNSTE SPIELE I – wATSON IST hIN,All., 2010et ICh GLAUbTE GEFANGENE zU SEhEN», 20002 vidéos, 8 min.« Ernste Spiele » montre de jeunes soldats américainsdevant des ordinateurs, qui jouent à des jeux vidéo.Ils tirent sur des avatars ennemis et roulent en charsà travers le désert. Dans « Ich glaubte Gefangene zu sehen », le dispositifde surveillance est au cœur du débat, telle la figurearchitectonique que Michel Foucault avait transposéede la prison panoptique de Bentham sur d’autres établissements fermés. Il analysait ainsi les microsco-piques modes de fonctionnement du pouvoir dansdes sociétés disciplinaires.

GERhARd RIChTER, bRIdGE 14 FEb 45 III, All., 2000Gerhard Richter choisit une prise de vue aérienne,retravaillée sur ordinateur de Cologne détruite par laguerre. Cette ville est son lieu de résidence et de travail de longue date. Comme titre, il retient la datedu bombardement de Dresde, afin d’enchevêtrerdeux stations de son histoire personnelle avec cellede l’Allemagne apocalyptique.

NIKLAS GOLdbACh, TEN, All., 2010 « TEN » symbolise l’opacité des élites décisionnaires.Dix hommes assemblés, dans des rituels multiples,décident du sort et de la destinée. Sans émotion nidistinction, ils forment une seule et même personne,et sont enfermés entre comportements de représen-tation et actes léthargiques. Un regard derrière lescoulisses d’une rencontre au sommet.

MISChA KUbALL, CNN, All., 2009Sur une armoire de classement à dossiers, est installéun téléviseur, caché par un volet noir, ne laissant

apparaître que les logos de CNN. Kuball met en évi-dence le fait que la guerre ne peut être transmise parvoie de médias. Les contenus médiatiques sont lesproduits d’une industrie du divertissement, adaptésaux formats des chaînes de télévision.

bjøRN MELhUS, dEAdLy STORMS, All., 2008Le point de départ de l’installation « Deadly Storms »de Bjørn Melhus est la chaîne d’information FOXNEWS appartenant à Rupert Murdoch, l’une des chaînesd’information les plus puissantes aux États-Unis, quirevendique un reportage juste et équilibré. La machineà propagande républicaine crée une ambiance d’alertepermanente, partie intégrante de la « War on Terror »et d’une politique de la peur.

GREGOR KUSChMIRz, Shy CAMERA, All., 2014Cette caméra timide est une installation interactive :au milieu de la salle, une caméra au plafond tournelentement autour de son propre axe. À chaque fois quequelqu’un s’approche d’elle, elle se détourne de lui.

FRANK ThIEL, UNTITLEd (NSA FIELd STATION, bERLINTEUFELSbERG), All., 2005De façon très sobre, Frank Thiel capte dans sesphotographies l’infrastructure technique des appa-reils de contrôle et leur caractère éphémère dans lepaysage urbain de Berlin. Tout en évitant de succom-ber à la tentation du morbide, il explore les relationsdialectiques entre pouvoir, idéologie et esthétiquedans leur transformation permanente.

MARK FORMANEK, STANdARd TIME, All., 2004Soixante-dix travailleurs au total réalisent, avec despanneaux de bois, en mode synchrone et en temps réel,un affichage numérique de temps en continu, de quatremètres sur douze : 1611 transformations en 24 heures.

REyNOLd REyNOLdS, SECRET LIFE, All./États-Unis,2008Une femme, enfermée dans son appartement, perd lanotion du temps et de l’espace. Les choses et les pen-sées commencent à vivre et à disparaître et prennentle contrôle du temps. Les frontières entre la réalité,le conscient et l’inconscient s’effacent.

ANKE ECKARdT, STALKER 2, All., 2013Pour son installation, Anke Eckardt utilise des haut-parleurs à ultrason, employés par les militaires etpoliciers comme bouclier pour repousser de potentielsagresseurs. Le visiteur de l’exposition peut, en bougeantle rayon sonore à haute concentration, entendre undialogue entre Noam Chomsky et Michel Foucault. Sile son touche une surface fixe, cette dernière reflètele son, qui est composé de pulsations rapides, debruits de sifflement et de sons techniques, rappelantau contrôle et à l’ordre.

ELENA ARTEMENKO, COMFORTAbLE PROTEST, Russie,2013Artemenko soutient avec humour des activistes etmanifestants, en concevant un kit compact de protes-tation, un sac à dos multifonctionnel pour l’actionspontanée : des feutres et un écriteau pour l’affichede protestation colorée, un parapluie et une bâchecontre les aléas de la météo, un kit de premier secourspour des soins rapides…

MEGGIE SChNEIdER, IN ThE FUTURE EVERyONE wILLNEEd A FRIdGE/ dANS LE FUTUR ChACUN AURAbESOIN d’UN FRIGO, All. 2014Intervention in situ / interaction Sept réfrigérateurs s’organisent dans l’espace; ils sontremplis d’effets personnels, évocateurs du privé.Pareil à une cage de Faraday et capable d’assurerune isolation thermique, le réfrigérateur possède unevie intérieure invisible et hors du monde, tant que saporte reste fermée. En saisissant la poignée de la

porte, le visiteur deviendra à la fois explorateur etvoyeur, mais aussi surveillant.

MERCREdI 19 NOVEMbRE, 20 hCARTE bLANChE à bjøRN MELhUS, en sa présenceBjørn Melhus, artiste multimédia allemand et réalisa-teur, lauréat d’importants prix internationaux, explorela thématique de fiction, de réalité ainsi que notreidentité dans l’univers des médias. Il présentera person-nellement des vidéos de sa toute dernière production.

jEUdI 20 NOVEMbRE, 19 h 30hOMMAGE à hARUN FAROCKISChNITTSTELLE, 1996, 23 min.EINE SONNE OhNE SChATTEN (partie n°4 du cycle « Ernste Spiele»), 2010, 7 min.SAUERbRUCh hUTTON ARChITEKTEN, 2013, 73 min.Présenté par Christa blümlinger, professeur en étudesde cinéma et d'audiovisuel. Université Paris VIIIDans son œuvre cinématographique et ses installa-tions vidéo, Harun Farocki, auteur, artiste, documen-tariste et essayiste, qui est récemment décédé, étudiait les structures des univers du travail et de la consommation, ainsi que la perception par lesmachines et à travers elles.

VENdREdI 21 NOVEMbRE, 19 h 30PROGRAMME dE COURTS MéTRAGES EMAFPrésenté par hermann Nöring, EMAFHuit films actuels figurant au programme de l’EMAF decette année, dans lesquels les artistes se demandent sidans un monde complètement numérisé, nous pourronsrester libres ou si nous allons nous muter en des êtrestransparents et programmés.

VERNISSAGE MERCREdI 19 NOVEMbRE à 19 hEn présence des artistes bjørn Melhus, Meggie Schneider, et de hermann Nöring, codirecteur de l’EMAF

Harun Farocki 2004 ©

Janni Chavakis 2004

HARUN FAROCKI

SCHNITTSTELLE

PROGRAMME DE COURTS MÉTRAGES EMAF

UNTITLED (NSA FIELD STATION, BERLIN TEUFELSBERG)

STALKER 2

COMFORTABLE PROTEST

INSTALLATIONS DU 20 NOVEMBRE AU 13 DÉCEMBRE 2014 FILMS DU 19 AU 21 NOVEMBRE 2014

ÉVÉNEMENT I MERCREdI 3 déCEMbRE, 19 h I PERFORMANCE / RENCONTRE AUTOUR d’UNE TAbLEMEGGIE SChNEIdER, « UNE TAbLE / 7 INVITéS / MESURER L’ExISTENCE »Un dîner expérimental, cuisiné par l’artiste elle-même autour d’échanges sur le thème de la surveillance – « Mesurer l’existence ». Chacun apporte un objet personnel.

Depl Sous surveillance 148+148+145-2_3 volets 08/10/14 14:31 Page2