Souroudou Souleymane Mohammed - Un récitant surdoué du Coran

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S a voix et sa prononciation des mots arabes attirent la grosse foule chaque soir pour la prière de Taraweeh. Il ne fait jamais de faute et il ne tâtonne pas. Cela, malgré le fait qu’il ne fasse aucune révision au cours de la journée. Dans le passé, lorsqu’il venait tout juste de terminer la mémorisation complète du coran durant une année, il terminait la récitation du coran après chaque 6 ou 7 jours. C’est la raison pour laquelle il peut réciter le coran par coeur. Sa voix, qu’on entend chaque soir, est souvent une imitation de celle d’une dizaine d’érudits, dont les Egyptiens Mahmoud Khalil Al Khousari et Mohamad Siddique Al Mahshawi. A l’Université islamique de Madina, en Arabie saoudite, où il en est à sa 3ème année de BA (Hons) Qur’an, Souroud est qualifié par ses pairs comme étant un surdoué. Avant même d’arriver à la faculté du Coran de l’Université, il avait déjà, en quelque sorte, terminé le cursus universitaire. « Ce perfec- tionnement qu’on fait habituellement durant la dernière année, Souroud l’avait déjà fait avant sa première année », nous con- fie Yassin, l’un de ses camarades de classe. De plus, il parle la langue arabe coranique. « Souvent quand un nouveau profes- seur arrive en classe, celui-ci est étonné et ne peut s’empêcher de demander à Souroud d’où il a appris l’arabe. Ce qu’il faut savoir c’est que, tout petit déjà, ce sont les lettres du coran qu’il a appris et reproduit sur son ardoise. Ce sont avec ces lettres qu’il a fait des mots et par la suite des phrases. Ce qui explique comment il maîtrise à la perfection la langue du coran  », dit-il. Il faut noter que le coran occupe une place prépondérante dans la vie de Souroud depuis sa tendre enfance. Mémorisation complète à 11 ans Souroud nous dit qu’apprendre le coran dès son plus jeune âge, fait partie de sa culture. Lui, il a commencé lorsqu’il avait 7 ans et en 4 ans seulement, il est par- venu à tout mémoriser. Il faut toutefois préciser que son rythme d’apprentissage est phénoménal. Cela commence très tôt après la prière du matin et se termine après celle du soir. Il faut donc compter entre 10 et 12 heures par jour dédiées unique- ment à l’apprentissage du coran. Notre in- terlocuteur souligne qu’à cet âge, les jeunes mènent une vie consacrée totalement à l’obéissance d’Allah. Il faut aussi pré- ciser que Souroud n’a jamais fréquenté l’école ‘séculaire’ . Ce qui fait qu’il n’a pas appris le français, la langue officielle du Bénin. Ce qui, selon lui, n’est nullement un handicap dans sa vie de tous les jours. « Mon père, avant moi, n’avait pas reçu d’éducation académique. Mais jamais cela a été une faiblesse pour mon père. Donc, pour moi aussi c’est loin d’être un handicap » , affirme-t-il. Souroudou Souleymane Mohammed Un récitant surdoué du Coran Souroudou Souleymane Mohamed, plus connu comme Souroud, continue d’attirer la grosse affluence. De la mosquée As-Salaam à celle d’Al Meezan, des centaines de Portlouisiens viennent l’écouter. Ce Béninois de 27 ans est considéré comme étant un surdoué par ses pairs en Arabie saoudite. ¬ RIZWAAN KHODABUX Profil Souroudou Souleymane Mohammed est âgé de 27 ans. Il est originaire d’un village du Djougou, au Bénin, qui se situe sur le côté ouest du conti- nent africain. Il est issu d’une fratrie de 12 enfants, soit 6 filles et 6 garçons. Souroud est l’avant dernier de la famille. Son père, aujourd’hui décédé, s’est marié à 4 reprises et compte plus d’une quarantaine d’enfants. Il était un ‘mufassir’ (celui qui explique le coran). Marié depuis bientôt 5 ans, Souroud est aujourd’hui le père du petit Ayman (4 ans) et de la petite Ru- mayla, âgée de 3 mois seulement. Pour Souroud, le Bénin, composé à 56% de musulmans, est un pays pauvre où le taux de chômage est extrêmement élevé. Les Béninois vivent de leur plantation ou de l’élevage du bétail. Les écoles coraniques et séculaires sont ‘gratuites’ dans le sens où les Béni- nois n’ont quasiment pas d’argent pour payer la scolarité de leur enfants. « Ils le font pour le plaisir d’Allah », soutient Souroud. Cependant, le village où il habite a connu des développements importants grâce à l’arrivée d’un Saoudien, Abdallah Ibné Ali Basfar. Celui-ci a investi massivement dans la construction des écoles coraniques ; ce qui a popularisé l’enseignement Quelques conseils de Souroud aux Mauriciens : • Après avoir acquis la frayeur du Créateur, ayez de bonnes manières. C’est en se basant sur vos bonnes manières que les gens autour de vous, qu’ils soient musulmans ou non- musulmans, auront un intérêt pour l’Islam. L’Islam n’est pas qu’une religion mais aussi un mode de vie et les bonnes manières, sur lesquelles le prophète Muhammad (pssl) a mis beaucoup d’accent, sont aussi une forme d’invitation vers l’islam. • Faites toujours preuve de patience • Les chefs de famille doivent être plus flexibles envers leurs enfants, surtout lorsqu’il s’agit de leur éducation. Car l’utilisation de la force n’engendra qu’une force contraire qui ne peut que nuire aux rela- tions familiales, parmi d’autres. Yasseen Koossa, ami de Souroud C’est par l’intermédiaire de Yasseen Koossa, étudiant mauricien en Arabie saoudite, que Souroud a posé ses valises à Maurice pour la première fois. En effet, le Mauricien et le Béninois se sont ren- contrés à l’Université Islamique de Madi- na lors de leur 3ème année universitaire. « Durant les périodes d’examen, je lui ai approché pour de l’aide, sachant qu’il est doué dans toutes les matières. C’est ainsi que notre amitié est née. A la fin de l’année académique, je lui ai proposé de venir lire le Taraweeh à Maurice et il a bienveillamment accepté. J’ai alors en- tamé des démarches auprès de la direc- tion des mosquées. Au final c’est Raffick Kurmally qui a accepté de le recevoir à As-Salaam», nous explique cet habitant de la capitale. Mohamed Reza Parouty, président d’Al-Meezan Mohamed Reza Parouty,( Bhai Mota), président de la mosquée depuis 4 ans, se réjouit de pouvoir accueillir le Béninois au sein de la mosquée cette année. “Précisons que ce n’est pas la première fois que nous accueillons Souroud à Al-Meezan. La première fois lorsqu’il est venu à Maurice, c’est dans le Guest House d’Al Meezan qu’il a avait élu domicile”, dit-il. Bhai Mota avant de nous indiquer qu’il a été agréablement surpris lorsqu’on lui a proposé le Béninois cette année pour le Taraweeh. Des dispositions particulières ont dû être prises pour accueillir tous les fidèles. Avec l’aide de la municipalité et avec l’accord du propriétaire, un terrain en friche a été nettoyé pour faire office de parking. Pour les dames, nombreuses au Taraweeh, une tente a dû être érigée pour les accueillir convenablement. Il donne rendez-vous à tous les fidèles sur le terrain de foot de Vallée Pitot à 07h45 pour la prière Eid-Ul-Fitr. Souroudou Souleymane La mosquée Al -Meezan

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Souroudou Souleymane Mohamed, plus connu comme Souroud, continue d’attirer la grosse affluence. De la mosquée As-Salaam à celle d’Al Meezan, des centaines de Portlouisiens viennent l’écouter. Ce Béninois de 27 ans est considéré comme étant un surdoué par ses pairs en Arabie saoudite.

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Sa voix et sa prononciation des mots arabes attirent la grosse foule chaque soir pour la prière de Taraweeh. Il ne fait jamais de faute et il ne tâtonne pas. Cela, malgré le

fait qu’il ne fasse aucune révision au cours de la journée. Dans le passé, lorsqu’il venait tout juste de terminer la mémorisation complète du coran durant une année, il terminait la récitation du coran après chaque 6 ou 7 jours. C’est la raison pour laquelle il peut réciter le coran par coeur. Sa voix, qu’on entend chaque soir, est souvent une imitation de celle d’une dizaine d’érudits, dont les Egyptiens Mahmoud Khalil Al Khousari et Mohamad Siddique Al Mahshawi.

A l’Université islamique de Madina, en Arabie saoudite, où il en est à sa 3ème année de BA (Hons) Qur’an, Souroud est qualifié par ses pairs comme étant un surdoué. Avant même d’arriver à la faculté du Coran de l’Université, il avait déjà, en quelque sorte, terminé le cursus universitaire. «  Ce perfec-tionnement qu’on fait habituellement durant la dernière année, Souroud l’avait déjà fait avant sa première année », nous con-fie Yassin, l’un de ses camarades de classe. De plus, il parle la langue arabe coranique. « Souvent quand un nouveau profes-seur arrive en classe, celui-ci est étonné et ne peut s’empêcher de demander à Souroud d’où il a appris l’arabe. Ce qu’il faut savoir c’est que, tout petit déjà, ce sont les lettres du coran qu’il a appris et reproduit sur son ardoise. Ce sont avec ces lettres qu’il a fait des mots et par la suite des phrases. Ce qui explique comment il maîtrise à la perfection la langue du coran  », dit-il. Il faut noter que le coran occupe une place prépondérante dans la vie de Souroud depuis sa tendre enfance.

Mémorisation complète à 11 ansSouroud nous dit qu’apprendre le coran dès son plus

jeune âge, fait partie de sa culture. Lui, il a commencé lorsqu’il avait 7 ans et en 4 ans seulement, il est par-venu à tout mémoriser. Il faut toutefois préciser que son rythme d’apprentissage est phénoménal. Cela commence très tôt après la prière du matin et se termine après celle du soir. Il faut donc compter entre 10 et 12 heures par jour dédiées unique-ment à l’apprentissage du coran. Notre in-terlocuteur souligne qu’à cet âge, les jeunes mènent une vie consacrée totalement à l’obéissance d’Allah. Il faut aussi pré-ciser que Souroud n’a jamais fréquenté l’école ‘séculaire’. Ce qui fait qu’il n’a pas appris le français, la langue officielle du Bénin. Ce qui, selon lui, n’est nullement un handicap dans sa vie de tous les jours. «  Mon père, avant moi, n’avait pas reçu d’éducation académique. Mais jamais cela a été une faiblesse pour mon père. Donc, pour moi aussi c’est loin d’être un handicap », affirme-t-il.

Souroudou Souleymane MohammedUn récitant surdoué du Coran Souroudou Souleymane Mohamed, plus connu comme Souroud, continue d’attirer la grosse affluence. De la mosquée As-Salaam à celle d’Al Meezan, des centaines de Portlouisiens viennent l’écouter. Ce Béninois de 27 ans est considéré comme étant un surdoué par ses pairs en Arabie saoudite. ¬ RIZWAAN KHODABUX

Profil Souroudou Souleymane Mohammed est âgé de 27 ans. Il est originaire d’un village du Djougou, au Bénin, qui se situe sur le côté ouest du conti-nent africain. Il est issu d’une fratrie de 12 enfants, soit 6 filles et 6 garçons. Souroud est l’avant dernier de la famille. Son père, aujourd’hui décédé, s’est marié à 4 reprises et compte plus d’une quarantaine d’enfants. Il était un ‘mufassir’ (celui qui explique le coran). Marié depuis bientôt 5 ans, Souroud est aujourd’hui le père du petit Ayman (4 ans) et de la petite Ru-mayla, âgée de 3 mois seulement. Pour Souroud, le Bénin, composé à 56% de musulmans, est un pays pauvre où le taux de chômage est extrêmement élevé. Les Béninois vivent de leur plantation ou de l’élevage du bétail. Les écoles coraniques et séculaires sont ‘gratuites’ dans le sens où les Béni-nois n’ont quasiment pas d’argent pour payer la scolarité de leur enfants. « Ils le font pour le plaisir d’Allah », soutient Souroud. Cependant, le village où il habite a connu des développements importants grâce à l’arrivée d’un Saoudien, Abdallah Ibné Ali Basfar. Celui-ci a investi massivement dans la construction des écoles coraniques  ; ce qui a popularisé l’enseignement

Quelques conseils de Souroud aux Mauriciens :• Après avoir acquis la frayeur du Créateur, ayez de bonnes manières. C’est en se basant sur vos bonnes manières que les gens autour de vous, qu’ils soient musulmans ou non- musulmans, auront un intérêt pour l’Islam. L’Islam n’est pas qu’une religion mais aussi un mode de vie et les bonnes manières, sur lesquelles le prophète Muhammad (pssl) a mis beaucoup d’accent, sont aussi une forme d’invitation vers l’islam. • Faites toujours preuve de patience• Les chefs de famille doivent être plus flexibles envers leurs enfants, surtout lorsqu’il s’agit de leur éducation. Car l’utilisation de la force n’engendra qu’une force contraire qui ne peut que nuire aux rela-tions familiales, parmi d’autres.

Yasseen Koossa,

ami de SouroudC’est par l’intermédiaire de Yasseen

Koossa, étudiant mauricien en Arabie

saoudite, que Souroud a posé ses valises

à Maurice pour la première fois. En effet,

le Mauricien et le Béninois se sont ren-

contrés à l’Université Islamique de Madi-

na lors de leur 3ème année universitaire.

« Durant les périodes d’examen, je lui ai

approché pour de l’aide, sachant qu’il

est doué dans toutes les matières. C’est

ainsi que notre amitié est née. A la fin de

l’année académique, je lui ai proposé de

venir lire le Taraweeh à Maurice et il a

bienveillamment accepté. J’ai alors en-

tamé des démarches auprès de la direc-

tion des mosquées. Au final c’est Raffick

Kurmally qui a accepté de le recevoir à

As-Salaam», nous explique cet habitant

de la capitale.

Mohamed Reza Parouty, président d’Al-MeezanMohamed Reza Parouty,( Bhai Mota), président de la mosquée depuis 4 ans, se réjouit de pouvoir accueillir le Béninois au sein de la mosquée cette année. “Précisons que ce n’est pas la première fois que nous accueillons Souroud à Al-Meezan. La première fois lorsqu’il est venu à Maurice, c’est dans le Guest House d’Al Meezan qu’il a avait élu domicile”, dit-il. Bhai Mota avant de nous indiquer qu’il a été agréablement surpris lorsqu’on lui a proposé le Béninois cette année pour le Taraweeh. Des dispositions particulières ont dû être prises pour accueillir tous les fidèles. Avec l’aide de la municipalité et avec l’accord du propriétaire, un terrain en friche a été nettoyé pour faire office de parking. Pour les dames, nombreuses au Taraweeh, une tente a dû être érigée pour les accueillir convenablement. Il donne rendez-vous à tous les fidèles sur le terrain de foot de Vallée Pitot à 07h45 pour la prière Eid-Ul-Fitr.

Souroudou Souleymane

La mosquée Al -Meezan