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S+KOH Sou∫fre & Potasse ! La revue d'études des élèves du quartier Gallieni

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Sou∫fre & Potasse !

La revue d'études des élèves du quartier Gallieni

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SOMMAIRE

Louis-Ferdinand CÉLINEL’écrivain maudit du XX° sièclePage 6

HistoireRestauration des plaques du Petit VersaillesPage 8

DOSSIER : LUXEMBOURG, CONCENTRÉ D’EUROPESchwätzt Dir Lëtzebuergesch ?Page 10

Le système scolaire luxembourgeoisPage 11

L’armée luxembourgeoisePage 12

La logistique de l’OTANPage 13

La Chambre des DéputésPage 14

MATHÉMATIQUES : HISTOIRE DE L’ALGÈBREL’AntiquitéPage 17

L’algèbre chez les GrecsPage 18

L’algèbre dans le monde arabePage 19

René DescartesPage 20

Shakespeare’s GlobeWe few, we happy fewPage 21

DÉCOUVERTEImmersion en hôpital militairePage 22

S+KOH

La revue d’études des élèves du quartier Gallieni

Souffre & Potasse !

Directeur de la publication :Colonel Nicolas PIC

Rédacteur en chef :Lieutenant-colonel Mickaël LUDWIG

Référents ligne éditoriale :Monsieur MOUTINMonsieur LEBOUCMonsieur LEROUXMonsieur DELORMEMadame LANGEMonsieur MOLINIER

Contributions des élèves :

François-Xavier de MEYERAngélique AMIOTPierre GUILLETMarc LINARELElisa PIGEONDuncan FRANÇOIS-COUËDORThomas KASTNERAlexandre BARROISTracyLABBÉJuliette SIABAurélien SAILLANTClément CHIOLAArthur HANNAPPEThibault GUEGUENGuillaume MOULINTom CANALAlexandre GOIMARDRémy d’HARCOURTPaul MONTREUILEphrem OLIVETHéréhau BLAIS

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S+KOHSouffre & Potasse !Éditorial

Tout au long de l’année scolaire, nos élèves, par leur travail personnel et collectif, se préparent à affronter différents examens et concours avec l’aide du corps professoral et de l’encadrement militaire de l’établissement.Ils réalisent ainsi toutes sortes de compositions, exercices, devoirs, interrogations écrites et orales, colles, entraînements, études...Mais il est apparu pour nombre d’entre eux que «faire ses Humanités» ne pouvait se réduire à une dimension exclusivement scolaire. La liberté pédagogique des enseignants devait en effet trouver un terrain favorable pour s’exprimer. Chercher, rassembler, trouver, composer et publier ont donc animé à partir de janvier 2012 les esprits les plus fertiles du quartier Gallieni.

Ainsi, la nouvelle revue S+KOH se veut être un espace de libre réflexion à la disposition de l’encadrement, des professeurs et bien sûr des élèves. Ce premier numéro à vocation expérimentale semble d’ores-et-déjà, par la qualité des articles rédigés par des élèves impliqués et motivés, promis à un fort bel avenir. Il n’est de meilleure satisfaction pour un jeune élève que de voir publiée sa contribution académique.

La préparation du prochain numéro de S+KOH commencera dès la rentrée scolaire de septembre 2012. Tous les membres de l’équipe de rédaction comptent dès maintenant sur le volontarisme et l’énergie de chacun pour proposer à la parution des articles à dominante académique.

Il manquait une pièce au grand puzzle illustrant le rayonnement du Petit Bahut. Bien modestement, la voici.

Lieutenant-colonel Mickaël LUDWIGcommandant le quartier Gallieni

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S+KOHSouffre & Potasse ! Littérature

Louis-Ferdinand CÉLINE

Sous la direction deNicolas MOUTIN

Professeur de lettres modernes

Le 27 mai 1874 naît à Courbevoie Louis-Ferdinand Destouches, alias Céline. Ces parents, Marie Guillou et Ferdinand Destouches, reprennent une boutique de dentellerie passage Choiseul, ce qui lui inspirera de célèbres passages de Mort à crédit. Céline est un auteur qui a fasciné, tant par ces dérives que par son œuvre immensément talentueuse. S’inspirant de sa vie apocalyptique, toutes ses œuvres ont une dimension autobiographique. La mort fait partie intégrante de son inspiration, à cause notamment de son caractère nihiliste, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il déclare « mettre sa peau sur la table » quand il écrit. Selon Dominique de Roux, auteur de La mort de Céline, « c’est le lyrisme qui donne à Céline son ampleur authentique, un nom destiné à assumer la génération qui disparaît ». Par son génie tourmenté et son incroyable don du style parlé (c’est-à-dire le fait d’écrire comme une personne normale parle), il est sûrement une des plus belle plumes du XXe siècle.Céline est un auteur qui fait rire avant toute chose par son comique scatophile ; ses vulgarités, ses situations

cocasses choquent en un sens, mais nous amusent comme son père spirituel Rabelais, et à tous les deux, la formule hugolienne du « rire énorme » convient parfaitement. « Dans le balancier, contre le mouvement on dégueulait sans manière, au petit bonheur… Il y avait qu’un seul cabinet au coin de la Coursive, il était déjà rempli par quatre vomitiques affalés, coincés à bras le corps » (Mort à crédit). Céline est un surexcité, il brûle, il explose, il expose l’homme dans sa propre nature, tout nu. Il n’hésite pas, il va de l’avant, il n’a pas peur, c’est l’homme qui écrit les choses de la vie, celles qu’on n’ose pas dire mais qui existent.« L’amour c’est comme l’alcool plus on est impuissant et saoul et plus on se croit fort et malin, et sûr de ses droits » (Voyage au bout de la nuit). Céline a donc un talent certain pour amuser le lecteur mais il ne faut pas oublier que le motif central de son œuvre est la mort.« La vérité est une agonie qui n’en finit pas. La vérité de ce monde c’est la mort » (Voyage au bout de la nuit). Toute la haine que possède Céline se concentre et se répand dans ses ouvrages, il n’en n’a jamais assez, il s’époumone : « Je suis le roi des enfers ». Quoi qu’il se passe de bien ou de mal, l’homme est voué à la mort et il ne peut en être autrement. C’est ici que s’expriment le plus son lyrisme et sa mélancolie vis-à-vis de ce monde qui le torture tant : « Nous sommes par nature si futiles que seules les distractions peuvent nous empêcher de mourir » (Voyage au bout de la nuit). Tout l’oppose à Proust. Si on peut se permettre un jeu de mot, Proust c’est « la madeleine » et Céline « l’amas de haine ». C’est de cette violence que sont nées les dérives de Céline, mais comme Calchas, il savait déjà dès la fin de Mort à crédit que tous voulaient sa peau.Céline a écrit deux pamphlets antisémites : Bagatelles pour un massacre et Les Beaux draps. La haine autodestructrice de l’écrivain a éclaté au grand jour ; celui-ci se détruit à petit feu ; il est maudit. Pourtant, comment oublier Mort à crédit, D’un château l’autre, ou Voyage au bout de la nuit, et Le pont de Londres ? Cette recherche de virtuosité verbale contraint Céline à un travail acharné : « Il travaille sans relâche, écrit De Roux dans La mort de Louis-Ferdinand Céline, avec tant d’amour, que la nuit, dans sa somnolence même, l’appel de la syntaxe d’une figure, d’un mot juste, le fait sauter. » Céline est désormais à Meudon ; après son escapade à Sigmaringen et à Copenhague, il n’a plus qu’un seul intérêt : écrire.

L’écrivain maudit du XX° siècle

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C’est encore une fois de sa propre expérience qu’il va décrire dans D’un château l’autre : sa fuite de la France ; il en garde lui une trace amère : lui, destiné à un si bel avenir littéraire, est finalement persécuté par l’opinion ; il est devenu un maudit haïssable. Quelques biographes tentent de dresser son portrait ; à ceux-là il rétorque : « Inventez-moi ». En ces temps où l’on ne peut même plus citer Brasillach, il est important de faire la différence entre l’homme et l’œuvre.Céline se trouvait là quand Adam et Ève furent renvoyés du paradis ; il a vu l’être humain dans toute sa vérité et sa simplicité. Il a pénétré dans notre esprit pour y voir les vertus et les vices, mais il a très vite su que notre être entier est condamné par la mort. Ainsi, dans un éternel tourment, il s’est petit à petit détruit, mais il a su faire de

sa haine une substance lyrique et mélancolique. Alors allons gaiement et célébrons, malgré les hypocrites, le chevalier Destouches.Céline disait que la merde avait de l’avenir et qu’un jour on en ferait des discours. En espérant avoir dérogé à cette citation.

Par François-Xavier de MEYERTerminale L

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Jacques TARDI, illustration pour Voyage au bout de la nuit

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S+KOHSouffre & Potasse ! Histoire

Restauration des plaques du Petit Versailles

Alain MOLINIERProfesseur de lettres classiques

Le 5 août 1870 Emile Richard, qui était encore élève au Prytanée impérial, partait en vacances et quittait son cher établissement pour embrasser une carrière civile. Le 5 décembre il s’engageait à Angers au 14ème de ligne. Au début janvier 1871 le général Cléret le nommait sous-lieutenant. Le 24 janvier il tombait grièvement blessé aux côtés du sergent Adam sous un tir d’obus prussien tiré des hauteurs de Saint-Germain. Le sergent Adam fut tué net et le sous-lieutenant Emile Richard mourut de ses blessures le 5 février. Il avait 19 ans !

Et nous voici aujourd’hui, le 14 janvier 2012 rassemblés ici dans le froid, à dix jours près, 141 ans plus tard ! Etrange anniversaire ! Surprenante commémoration ! N’est-il pas étonnant en effet, que, si longtemps après des faits vieux de tant d’années, nous nous retrouvions pour en parler encore ? En réalité si le Souvenir français a décidé de faire restaurer ces plaques jadis posées à l’initiative de la Municipalité et de l’Association des anciens élèves du Prytanée, c’est qu’il nous semble que cette démarche correspond bien à la vocation de notre association qui est de faire vivre le souvenir de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont accepté de donner leur vie pour leur concitoyens. Et c’est bien ce qu’ont fait ici même le sergent Adam et le sous-lieutenant Richard.

Emile Richard n’avait aucune vocation militaire. Aux vacances de l’été 1870 il quitte le Prytanée pour embrasser une carrière civile. Mais lorsque les événements

s’accélèrent, lorsqu’il voit ces concitoyens en danger, sous la menace d’une invasion étrangère hostile, il n’hésite pas un instant et vient s’engager à Angers, au 14ème de ligne. Il a une bonne connaissance de la région et il a vécu plusieurs années à La Flèche, pensionnaire au Prytanée impérial. Il se fait donc rapidement connaître au général Cléret pour servir sur «ses terres». Lorsqu’il s’agit d’aller reconnaitre les forces ennemies que l’on pense installées à Saint-Germain du Val, il prend la tête d’un petit groupe de la 1ère compagnie de son régiment et s’infiltre dans la ville. Il va même profiter de sa bonne connaissance des rues et des chemins pour dissimuler la faiblesse en nombre de ses hommes et pourchasser un groupe de soldats prussiens qui ont pris en otage le maire et quelques conseillers municipaux. Ces soldats et leurs prisonniers font retraite par ce que l’on appelle alors le faubourg Saint-Germain - la rue où nous nous trouvons - et regagnent les hauteurs du plateau. Leurs poursuivants, dont la section commandée par Emile Richard, sont accueillis à la sortie de la ville par les obus que lance l’artillerie prussienne, établie sur la côte qui domine la ville. Les deux premiers obus tombent dans une cour et sur un abri de jardin, le troisième sur la route blessement mortellement nos deux jeunes hommes.

Dans les jours qui suivirent, les officiers prussiens qui avaient appris la façon dont s’était déroulé le drame, vinrent à plusieurs reprises à l’infirmerie du Prytanée où était soigné le sous-lieutenant Richard, pour le féliciter et rendre hommage à son courage malheureux. Le mardi 7 février les honneurs militaires furent rendus au sous-lieutenant dans l’église Saint-Louis du Prytanée ; puis il fut porté au cimetière Saint-Thomas où le sous-inspecteur des études, monsieur Safflet, lui rendit un dernier hommage en évoquant les vertus acquises au Prytanée, «mépris du danger, amour de la patrie, sentiment de l’honneur national», vertus qui animèrent le jeune homme dès qu’il eut constaté que la France avait besoin de courage et de dévouement.

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Et ce sont bien ces qualités que nous voulons aujourd’hui exalter. Si nous nous souvenons encore du sergent Adam et du sous-lieutenant Richard, près de cent cinquante ans après leur mort, ce n’est pas pour célébrer un fait de guerre, mais pour magnifier un acte de dévouement. Voici, et tous nous nous en réjouissons, de nombreuses années que la France et l’Allemagne, grâce au général De Gaulle et au chancelier Adenauer, se sont totalement réconciliées et que nos différends du XIXème siècle, avec la Prusse ou d’autres pays, ne sont plus que des sujets d’étude pour les

historiens. Mais les hauts faits d’héroïsme, les actes qui démontrent que les hommes sont capables de sacrifier leur bonheur pour assurer la sérénité de leurs contemporains, fussent-ils à l’autre bout du monde, sont capables de s’engager jusqu’à la mort pour rendre hommage à un idéal, ces faits-là échappent au temps. Ainsi de Jeanne d’Arc au capitaine Thomas Gauvin, des femmes et des hommes restent et resteront dans notre mémoire comme des exemples.Notre époque se plaint assez de l’égoïsme, de l’individualisme et de l’indifférence des hommes du XXIème siècle pour que nous ne négligions pas un exemple qui nous est si proche dans l’espace sinon dans le temps. Et le temps c’est justement ce que la mémoire peut aisément

maîtriser. Souvenons-nous donc de ce bel exemple de générosité, d’altruisme et d’attention aux autres que nous offrent le sergent Adam et le sous-lieutenant Richard. Et vous, jeunes gens, ce n’est certes pas en donnant votre vie au combat que nous souhaitons que vous suiviez cet exemple, mais en vous souvenant, chaque fois que vous passerez devant ces plaques, qu’il y a mille façons d’imiter ces modèles, en refusant justement l’indifférence, l’individualisme et l’égoïsme et en inventant les manières du XXIème siècle de vous mettre au service de vos concitoyens, de votre pays, de l’Europe, de militer pour la justice, l’égalité, la liberté. Encore aujourd’hui il est possible d’être un héros. A chacun d’en imaginer la manière et d’en trouver le courage dans le souvenir de ces deux soldats morts ici même il y a 141 ans !

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Luxembourg, concentré d’Europe

Lieutenant-colonel Mickaël LUDWIGCommandant le quartier Gallieni

Schwätzt Dir Lëtzebuergesch ?Le mois de mars 2012 a été l’occasion pour une vingtaine d’élèves de Seconde de partir, avec leurs camarades allemands du Hallertau-Gymnasium de Wolnzach, à la découverte des richesses du Grand-duché de Luxembourg. Ce pays petit par la superficie recèle en son sein de nombreuses insitutions européennes et internationales. La pratique quotidienne et apaisée du plurilinguisme a été particulièrement surprenante pour nos élèves, peu habitués à manier simultanément au moins trois langues.

Au-delà de la simple excursion touristique, que retenir de cette semaine ? L’emploi du temps proposé parle de lui-même !Tout a commencé par une arrivée nocturne au Centre Militaire de Diekirch, unique caserne du pays. L’armée luxembourgeoise a en effet assuré un soutien particulièrement efficace tout au long du séjour. La chaleur et l’amabilité des militaires luxembourgeois ont été des facteurs déterminants de la réussite du séjour des élèves et des professeurs, logés et nourris dans des conditions exceptionnelles.Dès le lendemain matin, le groupe a été accueilli à la Chambre des Députés, où lui a été présenté l’exercice de la démocratie au sein d’une monarchie constitutionnelle par une conférencière maniant le français et l’allemand avec une aisance qui a impressionné les plus brillants de nos germanistes. L’après-midi de la première journée a été consacré à la visite de la Cour de Justice de l’Union européenne, sorte de Conseil d’État européen où se cotoient des juristes des 27 pays de l’Union, chargés de préparer les arrêts rendus par les juges. Les entretiens menés par les élèves avec le conseiller référendaire auprès du juge français, puis avec l’avocat général français près la Cour, leur ont montré la complexité et l’extrême richesse du droit communutaire.S’affranchissant le jour suivant de ce cadre éminemment institutionnel, les élèves ont été accueillis au Lycée Classique de Diekirch, qui constitue le plus grand établissement d’enseignement secondaire du Grand-duché. Après que le directeur du lycée, assisté par deux directeurs adjoints, leur eut présenté le système scolaire luxembourgeois et la place particulière que la pratique des langues y occupe, le groupe d’élèves a pu visiter l’ensemble de l’établissement, dont les installations ultra-modernes méritent à elles seules un long déplacement depuis la France.

Après une présentation des capacités opérationnelles de l’armée luxembourgeoise réalisée par un officier en service à l’administration centrale et de surcroît saint-cyrien, la troisième journée a permis aux élèves de disposer d’un moment de liberté à Luxembourg-Ville.Avant-dernier jour de ce voyage, le jeudi a vu sa matinée consacrée à la visite de la NAMSA, l’agence logistique de l’OTAN, avant un retour pour l’après-midi au Lycée Classique de Diekirch pour une visite du Computarium, ou musée de l’informatique.Enfin, ce voyage s’est achevé au Musée National d’Histoire Militaire, où l’ancien chef d’état-major de l’armée luxembourgeoise a dirigé une visite dédiée à l’évocation de la bataille des Ardennes, grâce à des reconstitutions au réalisme époustouflant.

Doivent être plus particulièrement remerciés le lieutenant-colonel Alain SCHOEBEN, commandant en second le Centre Militaire de Diekirch et les adjudants-chefs Carlo SCHREITMULLER et Henri SCHAMMEL, du bureau logistique, madame Viviane HEINEN, de la Chambre des Députés, monsieur Francis DONNAT, conseiller référendaire à la CJUE, monsieur Yves BOT, avocat général près la CJUE, monsieur Robert BOHNERT, directeur du Lycée Classique de Diekirch, ses adjoints messieurs Marcel KRAMER et Frank EYSCHEN, le capitaine Gilles WELTER, du bureau du personnel de l’armée luxembourgeoise, le lieutenant-colonel Amaury DAMASE, chef de la mission militaire française auprès de la NAMSA, et le colonel (ER) Guy LENZ, ancien chef d’état-major de l’armée luxembourgeoise.Et, bien sûr, remercions spécialement messieurs François LEROUX et Michel DELORME, professeurs d’allemand, ainsi que l’adjudant-chef BILLAUD et le brigadier-chef CHAVES.

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Le système scolaire luxembourgeois

Sous la direction deFrançois LEROUX et Michel DELORME

Professeurs d’allemand

Le système scolaire luxembourgeois, inspiré du système allemand, est très différent du système français. Tout d’abord, il est articulé autour de la pratique des trois langues parlées dans le Grand-Duché : le luxembourgeois, l’allemand et le français. Le luxembourgeois est utilisé

seulement par 46% des élèves comme langue maternelle, le reste étant des élèves étrangers qui ont d’autres langues maternelles (portugais, serbo-croate…). L’alphabétisation se fait en allemand à partir de six ans et cette langue est utilisée jusqu’à la quatrième, et le français, appris à partir de sept ans sera utilisé à partir de la troisième jusqu’au baccalauréat.

De plus, un « tri » des élèves se fait dès la fin de la Grundschule (qui correspond à l’école primaire), pour les scinder en deux groupes. Certains élèves vont à l‘école classique, d’autres dans une Realschule (lycée technologique).Le baccalauréat général est divisé en quatre séries : les séries traditionnelles (scientifique, littéraire et économique et social) auxquelles s’ajoute la série artistique, qui comprend des cours d’art et de musique pendant environ six heures par semaine, cependant, les élèves passent obligatoirement leur baccalauréat à dix-neuf ans et sont contraints d’aller étudier à l’étranger puisqu’il n’existe qu’une petite université de finance à Luxembourg-ville.Le rythme scolaire est lui aussi différent puisque l’emploi du temps est beaucoup plus léger. Les élèves commencent la journée à 8h et la terminent généralement à 14h. Un cours dure cinquante minutes (quarante-cinq en Allemagne et cinquante-cinq en France) et l’arrêt des cours est en juillet.Pour mieux comprendre ce système, les élèves français et allemands ont visité le lycée classique de Diekirch. Cette école a été créée en 1830 par les Jésuites et n’était qu’un lycée pour garçons installé dans une ancienne caserne militaire. Aujourd’hui, il s’agit du plus grand lycée au Luxembourg fréquenté par 2100 élèves et dans lequel travaillent 280 professeurs. Le lycée est réparti dans trois enceintes différentes (lycée classique, lycée technologique et collège).

Cette école a été modernisée lors de deux restaurations, en 1960 et en 2005. Par ailleurs, cette école est dotée d’une station météorologique, utilisée aussi bien par les militaires que par la météo nationale, d’un laboratoire de photographie qui est l’un des seuls au Luxembourg, d’une salle cinématographique, ainsi que d’un musée très complet sur l’évolution technologique des ordinateurs et des calculatrices.

Angélique AMIOT - Pierre GUILLET - Marc LINARELElisa PIGEON

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L’armée luxembourgeoise

Sous la direction duLieutenant-colonel Mickaël LUDWIG

Commandant le quartier Gallieni

Durant le séjour au Luxembourg, nous avons été hébergés ainsi que nos correspondants allemands à la seule caserne du Luxembourg basée à Diekirch. Nous avons donc côtoyés les militaires luxembourgeois. Ainsi nous avons été intéressés par la structure de cette petite armée qui malgré tout présente les caractéristiques d’une armée classique.C’est une force armée à caractère national qui a pour la première fois vu le jour en 1881, depuis elle et passée du service militaire obligatoire à un véritable professionnalisme en 1967.L’armée luxembourgeoise dépend du ministère des affaires étrangères. Elle est dirigée par un général de brigade, chef d’état-major de l’armée. On peut toutefois insister sur le fait que cette petite armée a certes une proportion énorme pour ce petit pays. Elle est constituée d’un seul bataillon d’infanterie localisé à Diekirch. Elle doit répondre à des missions nationales fixées par la chambre des députés telles que la défense du territoire, la protection d’infrastructures critiques, l’assistance à la population (notamment lors de catastrophes naturelles), ainsi que la préparation à la reconversion des volontaires. Cette obligation est originale car c’est l’une des seules armées qui propose cette formation aux soldats. Elle doit également répondre à des missions internationales dans le cadre de l’OTAN et de l’ONU, comme la défense collective (article 5 de l’OTAN), les missions de gestion des crises mais également le contrôle d’armement depuis la fin de la guerre froide.

Afin d’agir efficacement dans sa mission, elle se doit d’être dotée d’équipements très modernes et fiables empruntés à diverses armée. C’est pourquoi elle possède des HUMVEE américains, de DINGO allemands, de fusils d’assauts Steyr AUG autrichiens. Elle envisage de faire l’acquisition d’un

nouveau véhicule en remplacement du HUMVEE comme le PVP français. Mais également développer un système d’arme pour équiper les fantassins (projet COMPASS).L’armée luxembourgeoise projette constamment 34 militaires en opérations extérieures comme en Afghanistan, au Kosovo ou encore en Bosnie.C’est pourquoi nous pouvons affirmer que l’armée luxembourgeoise est très structurée. Elle ne cesse de vouloir se développer afin d’accroitre ses effectifs et son équipement.

Duncan FRANÇOIS-COUËDOR - Thomas KASTNERAlexandre BARROIS

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La logistique de l’OTAN

Sous la direction deFrançois LEROUX et Michel DELORME

Professeurs d’allemand

L’OTAN a été créée en 1949 suite au Traité de Washington et comprenait au début 12 pays, qui sont aujourd’hui au nombre de 28. Leur motivation était de se protéger mutuellement, notamment face aux régimes totalitaires (Guerre froide). Ils coopèrent pour la défense et la sécurité dans le monde grâce à leurs deux structures : en premier lieu l’agence politique (les 28 représentants sont considérés comme ambassadeurs), et la structure militaire, qui n’intervient qu’en cas de crise.La NAMSA (NATO Maintenance and Supply Agency) est l’agence qui s’occupe de la logistique de l’OTAN. Elle entretient et approvisionne les armées. Elle est chargée de maintenir en condition le matériel militaire, elle gère également les domaines de la santé et de l’alimentation.En 1991, après la chute du Mur de Berlin, l’OTAN établit des partenariats avec ses anciens adversaires et adopte un nouveau concept stratégique. Avant 1995, l’OTAN avait pour seul but d’être en mesure de répondre à une éventuelle attaque de l’Est. Or, dès 1995, l’organisme mèse sa première opération de gestion de crise en-dehors de son champ d’intervention. D’après l’article 5, chaque État membre peut venir en aide à un autre si celui-ci se trouve attaqué. Pour cette raison, la France et les États-Unis sont intervenus en Afghanistan après les attentats de 2001.

La NAMSA est implantée en France, en Italie, au Luxembourg et en Afghanistan. En tout, 1150 personnes travaillent pour cette agence. Elles sont réparties en trois catégories : les cadres (officiers), les techniciens spécialistes et les postes à moindre responsabilité (équivalents aux militaires du rang et aux ouvriers).La NAMSA ne possède pas de fonds. En effet, elle ne peut avoir ni profits ni déficits puisqu’elle est médiateurs entre les clients, donc les États, et l’industrie. Ainsi, le client prend en charge tous les frais de sa commande.La NAMSA est chargée de fournir les prestations nécessaires aux États membres de l’OTAN individuellement ou collectivement. Pour le matériel, elle s’occupe de la

réparation et facilite leur approvisionnement.En somme, l’organisation réalise ses missions grâce à trois principes. Il s’agit dans un premier temps d’une consolidation qui permet l’obtention de prix bon marché pour de grosses commandes, puis la cantralisation qui permet des échanges faciles et enfin la concurrence qui offre aux États membres un large choix.La NAMSA est donc une organisation très intéressante puisqu’elle permet des gains de temps, de coûts et de qualité pour les armées des États membres de l’OTAN.

Tracy LABBÉ - Juliette SIAB - Aurélien SAILLANT

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La Chambre des Députés

Lieutenant-colonel Mickaël LUDWIGCommandant le quartier Gallieni

Parmi les trois pouvoirs de l’Etat - législatif, exécutif et judiciaire - la Chambre, en tant que législateur, tient le premier rôle. En effet, aucune décision majeure ne saurait être prise au niveau de l’Etat sans l’aval du Parlement. Le pouvoir législatif exerce ses prérogatives selon des règles et une organisation bien définies, en s’appuyant sur les services d’une administration qui encadre ses travaux.

Rôle Institutionnel

La Chambre des Députés est le cœur des institutions démocratiques de l’Etat. Son rôle institutionnel est défini dans un cadre juridique qui s’organise autour de la Constitution et du Règlement de la Chambre. Les missions de pouvoir législatif et de contrôle du Gouvernement attribuées à l’institution garantissent la vie démocratique du pays.

Organisation

Le Règlement de la Chambre définit les conditions dans lesquelles le travail politique de l’institution s’organise, sur la base notamment des rôles assignés aux acteurs impliqués dans la vie de l’institution.Le Président représente la Chambre des Députés et en dirige les débats. Il maintient l’ordre, fait observer le Règlement intérieur, juge de la recevabilité en la forme des textes, des motions et autres propositions et accorde la parole. Le Président prononce les décisions de la Chambre. S’il souhaite participer à une discussion, il doit

se faire remplacer à la Présidence. Le Président peut assister, avec voix consultative,aux réunions de toutes les commissions dont il n’est pas membre.Le Bureau représente la Chambre des Députés sur le plan national et international. Il décide notamment de la composition de ses délégations, à l’exception de celles qui prennent part aux assemblées internationales. De plus, il s’occupe de la gestion des affaires de la Chambre et prend toutes les décisions relatives à l’organisation et à la discipline du personnel. Il règle les questions financières et d’organisation concernant les députés, le parlement et ses organes. Lors de la dissolution de la Chambre des Députés, les membres du Bureau sortant évacuent les affaires courantes jusqu’à la première séance de la nouvelle Chambre.La répartition politique des députés siégeant à la Chambre reflète les résultats électoraux, mais leur représentation géographique est prédéterminée: parmi les 60 députés, 23 viennent de la circonscription Sud, 21 du Centre, 9 du Nord et 7 de l’Est. Quelle que soit leur appartenance politique ou géographique, les députés exercent leur mandat dans un cadre clairement défini. Les députés sont élus pour cinq ans. En entrant en fonction, ils prêtent serment en séance publique et s’engagent à exercer leur mandat de façon indépendante. Ils ne peuvent en effet être liés par des instructions.

La Chambre des Députés

Le Palais Grand-ducal

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Histoire

La Chambre des Députés a une histoire à plusieurs dimensions, celle de ses représentants, celle des législatures qui ont jalonné son existence, mais aussi celle du lieu qu’elle occupe.Devenu indépendant en 1839, le Luxembourg, fonctionne d’abord sans représentation parlementaire. Après l’instauration d’une première assemblée en 1841, l’institution parlementaire voit son rôle évoluer.Avec la Constitution de 1841, une «assemblée des Etats», constituée de 34 députés, voit le jour. Sous la monarchie absolue alors en place, ses pouvoirs sont très restreints : elle ne peut pas prendre de décisions et exerce un rôle purement consultatif aux côtés du souverain. L’accord du parlement est nécessaire dans très peu de domaines tels que par exemple la législation fiscale. Seul le Roi Grand-Duc Guillaume Ier a le droit de proposer des lois. Le parlement ne se réunit alors que quinze jours par an et ses séances sont tenues secrètes.Dans un climat marqué par les mouvements révolutionnaires démocratiques et sociaux en France , une nouvelle Constitution voit le jour en 1848. Elle introduit une monarchie constitutionnelle : le Roi Grand-Duc ne dispose désormais que des pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution et les lois spéciales.En 1853, le Roi Grand-Duc Guillaume III appelle le Gouvernement à élaborer une nouvelle Constitution qui limite les pouvoirs de la Chambre. Lorsque cette dernière refuse de traiter de la proposition de révision du Gouvernement, le Grand-Duc la dissout. Il s’en suit un retour, passager, à la monarchie absolue. Le parlement, redevenu l’ « Assemblée des Etats » garde ses pouvoirs législatifs, mais le Roi Grand-Duc n’est plus tenu de sanctionner et promulguer les lois dans un délai déterminé. Les impôts ne doivent plus être votés tous les ans et le budget permanent est réintroduit. Le Conseil d’Etat est créé en 1856 pour contrôler le parlement. Il reçoit pour mission d’émettre des avis sur les projets de loi et de règlements et de s’occuper des contentieux administratifs.Suite à la déclaration de neutralité et d’indépendance du Luxembourg, en 1868, la Constitution est révisée de manière à proposer un compromis entre les libertés de 1848 et la Charte autoritaire de 1856. Le parlement est rebaptisé « Chambre des Députés » et récupère la plupart des droits perdus en 1856, comme par exemple le vote annuel du budget et des impôts. Cependant, le Roi Grand-Duc garde des pouvoirs étendus : il exerce le pouvoir exécutif et reste co-détenteur du pouvoir législatif.Le pouvoir législatif revient au parlement : il a le droit de proposer et d’amender les lois. Il décide désormais du budget ordinaire et extraordinaire et obtient le pouvoir d’enquête, Le gouvernement devient responsable et est rapidement soumis au contrôle de la Chambre. Les séances du parlement, dès lors appelé « Chambre des Députés », sont rendues publiques.La révision constitutionnelle de 1919 instaure le suffrage universel et affirme le principe de la souveraineté nationale.

Les avancées sur une voie de démocratisation ont lieu dans une période de crise autour de la monarchie, de famine et de difficultés d’approvisionnement.Le Grand-Duc reste chef d’Etat et co-législateur. En effet, un courant antidynastique n’arrive pas à s’imposer : au référendum de 1919, 80 % des votants s’expriment pour le maintien de la dynastie.Au cours de la seconde guerre mondiale, l’exercice du pouvoir législatif est suspendu et la Chambre est dissoute. Le gouvernement et la Grande-Duchesse s’exilent.La première session d’après-guerre s’ouvre le 6 décembre 1944 et se limite à une seule séance publique, parce que les députés ne sont pas en nombre. Une Assemblée consultative se réunit de mars à août 1945 et de nouvelles élections ont lieu en octobre 1945. La Chambre d’après-guerre procède à une nouvelle révision de la Constitution, par laquelle le statut de neutralité du pays est abrogé.La mise sur pied en 1965 de commissions parlementaires spécialisées et permanentes va faciliter le travail de la Chambre. En effet, l’organisation de la Chambre en sections, non spécialisées et avec des membres tirés au sort, ne permettait pas un travail de qualité. Une autre innovation concerne les groupes politiques : ils sont reconnus de façon officielle dans le règlement et obtiennent des locaux, ainsi que des subventions calculées sur base de leur représentation proportionnelle. Ces moyens matériels sont beaucoup moins importants que ceux attribués en 1990 et ne vont qu’aux seuls groupes politiques.

Le Roi Grand-duc Guillaume III

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Les premières élections au Parlement européen sont organisées en 1979 parallèlement aux élections législatives nationales et amènent une timide amorce d’un débat politique sur l’Europe. Le Luxembourg garde 6 députés, dans une enceinte parlementaire européenne qui en compte maintenant 412 : 3 du CSV, 2 du DP et un du LSAP. Ils restent membres de la Chambre des Députés. Grâce aux élections, l’Assemblée parlementaire européenne a dorénavant une légitimité démocratique et mérite la dénomination de « Parlement européen » qu’elle s’est donnée en 1962 et qui ne sera officialisée qu’avec l’entrée en vigueur de l’Acte unique en 1987. Déjà en 1979, elle a profité pleinement de ses pouvoirs budgétaires en refusant le budget pour 1980.

Les modifications du règlement de la Chambre, effectuées en 1990 et 1991 accroissent substantiellement les moyens matériels mis à disposition des groupes politiques et contribuent à une professionnalisation du travail politique.

En outre, chaque député a droit à un bureau équipé à proximité du bâtiment de la Chambre. La Chambre prend en charge les frais occasionnés par l’engagement de collaborateurs des députés. L’aide matérielle est non seulement renforcée, mais s’étend désormais aussi aux groupes techniques, ceci suite aux protestations des petits partis lors de la rentrée parlementaire en 1989.Les partis politiques sont directement financés par l’Etat depuis janvier 2008, suite à leur inscription dans la Constitution et au vote sur la loi de financement, en décembre 2007. Leur comptabilité est strictement séparée de celle des groupes politiques : il s’agit désormais de deux structures différentes ayant chacune son personnel propre. Afin de bénéficier du financement public, un parti doit prouver qu’il a une activité politique régulière, il doit présenter des listes complètes de candidats aux élections législatives et européennes et y avoir obtenu au moins 2% des voix.

La Grande-duchesse Charlotte

La Chambre des DéputésLe Grand-duc Henri

D’après le site de la Chambre des Députés :http://www.chd.lu

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S+KOHSouffre & Potasse !Mathématiques

Histoire de l’algèbre

Sous la direction deSébastien LEBOUC

Professeur de mathématiques

Presque 5000 ans séparent nos méthodes d’algèbre de leurs origines ; nous allons donc étudier les différentes évolutions des procédés calculatoires utilisés tout au long de l’histoire pour réussir à traduire et résoudre des problèmes.Nous vous proposons de suivre la métamorphose progressive de l’algèbre depuis l’époque babylonienne jusqu’à Descartes, en passant par Al-Khwarizmi, Fibonacci et Viète.

Babyloniens

En 3000 av JC les équations du premier et second degré pouvaient être résolues sans poser d’équation, mais en recherchant étape par étape la solution à un problème donné. La méthode de résolution était surtout rhétorique et suivait un procédé algorithmique sur des problèmes concrets. L’inconnue n’était pas exprimée de manière explicite durant la résolution du problème, mais donnée dès le départ comme étant la solution du raisonnement approprié. Seuls les symboles des chiffres y figuraient.

Chinois

Vers 2000 av JC, les chinois utilisaient déjà des méthodes de résolution d’équation de manière linéaire proches de notre procédé actuel dit « de combinaison linéaire », avec inconnues et équivalences. Une autre de leurs méthodes était également encore utilisée il y a quelques décennies puisqu’il s’agit de celle de « la fausse position ». Elle consistait à se baser sur une proportionnalité entre un résultat déterminé à partir des données et la donnée de référence de cet énoncé permettant de trouver la ou les solutions du problème.

Egyptiens

L’écriture mathématique égyptienne se présentaient sous la forme de hiéroglyphes lorsqu’elle est officielle mais habituellement les scribes les employaient sous une forme plus simplifier, le hiératique. Le système égyptien était décimal et s’il n’y avait pas de zéro, il était néanmoins représenté par un espace.Les Egyptiens pouvaient facilement résoudre les multiplications ainsi que les divisions en les ramenant à une série d’additions. Pour multiplier ils décomposaient tout d’abord le plus grand des nombres multipliés en retrouvant les puissances de deux qui le composent. Ils les multipliaient ensuite chacune par le second nombre de la multiplication et additionnaient finalement le produit pour chaque puissance de deux.Les Egyptiens étaient également capables de résoudre des équations du premier et du second degré, des syllabes représentaient les inconnues. Les équations apparaissaient généralement dans de véritables recueils mathématiques comme le papyrus d’Ahmès, scribe et prêtre du deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Elles sont utilisées dans des problèmes applicables à la vie quotidienne – arpentage, construction des pyramides etc.

L’AntiquitéPar Clément CHIOLA et Arthur HANNAPPE

Extrait du Papyrus RhindLes neuf chapitres

sur l’art mathématique

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L’algèbre chez les GrecsPar Thibault GUEGUEN et Guillaume MOULIN

A partir du III° siècle avant Jésus-Christ, les Grecs dominent le monde des mathématiques. Ils s’imposent dans ce domaine grâce à de célèbres mathématiciens tels que Diophante, Euclide, Archimède ou encore Eratosthène qui par leurs recherches ont réussi à démontrer de nombreuses lois. Ils se démarquèrent notamment dans le domaine de l’algèbre. Les Grecs adoptaient une numérotation alphabétique. Chaque lettre correspondait soit aux unités, soit aux dizaines, soit aux centaines.

Les Grecs comme leurs prédécesseurs babyloniens se basaient sur la géométrie pour résoudre différentes équations. On parle «d’algèbre géométrique». En effet, les Grecs résolvaient leurs équations par intersections de coniques, c’est-à-dire des paraboles, des hyperboles

ainsi que des ellipses. Par exemple, Euclide (-365 à -225) démontra les équations suivantes par le biais de la géométrie.Les problèmes que résolvaient les mathématiciens grecs correspondaient à des problèmes géométriques que l’on rapporte aujourd’hui à de l’algèbre. En voici un exemple proposé par Euclide : «Couper un segment donné de manière que le rectangle compris entre le segment entier et l’un des segments soit égal au carré du segment restant». Dans le langage d’aujoud’hui :Soit [AB] un segment donné, il s’agit de déterminer le point H de [AB] tel que le carré construit sur [AH] ait la même aire que le rectangle de côtés [HB] et [AB]. Ce qui revient à résoudre l’équation : x2 = AB(AB-x), où x = AH.

C’est Diophante d’Alexandrie qui révolutionna l’algèbre et qui mit en place le système de symboles. En effet, Diophante n’hésite pas à introduire un «nombre indéterminé», qu’il appelle l’arithme et que l’on peut aujourd’hui à l’inconnue utilisée en algèbre.

Il utilise des puissances d’exposant supérieur à 3 dont la représentation géométrique est impossible. Sa notation est dite syncopée, ce qui signifie que les mots sont remplacés par des abréviations.Il emploie des symboles pour les opérations. L’arithme est noté ζ, ou encore Δy pour x2 et Ky pour x3.

Par exemple, l’équation 4x2 + 3x = 10se traduit dans l’écriture de Diophante par :

Δy δ ζγ εστι ι

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L’algèbre dans le monde arabe à travers AL-KWARIZMIPar Tom CANAL, Alexandre GOIMARD et Rémy d’HARCOURT

La période médiévale dans le monde arabe a été riche en progrès pour les mathématiques, en particulier pour l’algèbre. Le personnage important pour cette période est Al-Kwarizmi (783 - 850), c’est un mathématicien astronome ouzbèque connu pour ses traités sur l’algèbre. Il écrit Al-Jabr Wal Muqabala dans lequel il explique comment il simplifie les calculs utilisés dans le commerce et pour les héritages. Il a fait cela grâce au regroupement de certains ouvrages grecs, chinois et indiens.Le mot «algèbre» tire ses origines de «Al-Jabr». Al-Kwarizmi y définira six équations de la vie courante, il introduit le zéro et les nombres décimaux mais n’introduit pas les nombres négatifs. Cependant, les équations ne se résolvent que de façon géométrique ou rhétorique.

Son apport vient de trois opérations fondamentales:

Al-Jabr : soustraire des termes négatifs en additionnant de l’autre côté pour s’en débarrasser : 2x2 = - 3x2 équivaut à 5x2 = 20.

Al-Muqabala : Réduire les termes semblables dans deux nombres : 2x2 + x = x + 5 équivaut à 2x2 = 5.

Al-Hatt : Diviser deux nombres par un même nombre :4x2 - 10 = 6x équivaut à 2x2 - 5 = 3x.

Pour résoudre ces équations, il différencie trois choses :

- «Racines» : qui seront les inconnues ;- «Biens» : qui seront les carrés d’un nombre ;- Et les nombres ou «Unités».

C’est lui qui théorise l’algèbre et établit le système à 10 chiffres.

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René DESCARTESPar Paul MONTREUIL et Ephrem OLIVET

René Descartes, né le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine, et mort le 11 février 1650 à Stockholm, est un mathématicien, physicien et philosophe français. Il a écrit un traité important de philosophie, Le Discours de la Méthode, dans lequel un des appendices, La Géométrie, publié en 1637, traite des mathématiques. Descartes fit ses études au Collège de La Flèche, qui était encore tenu par les Jésuites à l’époque.Reprenant les travaux de Viète, il exprime les inconnues dans la résolution d’équations avec les lettre «x, y, z» et les paramètres (quantités connues) avec les lettres «a, b, c,...». Il est également le premier à utiliser l’exposant pour exprimer les puissances (par exemple, z3 au lieu de zzz). Cependant, il écrivait encore le symbole «∞» au lieu de «=» et utilisait «--» pour soustraire.Il énonça le théorème fondamental de l’algèbre, où il montra que tout polynôme de degré n admet n solutions,

incluant les solutions complexes et «fausses» (Descartes n’accordant pas le statut de nombre aux quantités négatives, il exprimait les solutions négatives comme «fausses»). Il utilisait le terme de «nombre imaginaire» pour désigner les nombres complexes. Il pose également les bases de la géométrie analytique, qui est l’application de l’algèbre à la géométrie comme par exemple l’utilisation de repères et de coordonnées. En revanche, il ne considérait que des coordonnées positives, qu’il voyait comme des grandeurs et non des nombres. Il n’employait pas le terme de coordonnées, qui n’était pour lui qu’un concept.Avant Descartes, la résolution des problèmes s’effectuait par l’utilisation de la géométrie. Si aujourd’hui on traduit les problèmes par des équations algébriques, on le doit à ce grand mathématicien. Ce fut un apport important qui a beaucoup simplifié les méthodes de résolution des problèmes.

Dans le prochain numéroL’HISTOIRE DE LA NUMÉRATION

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S+KOHSouffre & Potasse !Shakespeare’s Globe

We few, we happy few

Sous la direction deCatherine LANGE

Professeur d’anglais

“ ‘tis almost morning” on March 7th, when the terminales L and ES spé anglais leave the Prytanée to begin a 24-hour expedition to London. For the second year the students attend a workshop at London’s Globe Theatre, focusing on the Shakespearean play they are studying. The Assoc very generously sponsors the admittance fee for the workshop. We also intend to see places the Bard contemplated with his own two eyes.

First stop at the National Portrait Gallery to see the various people whose names we have come across over these two years of study: Elizabeth I, Sir Walter Raleigh, Robert Dudley, Walsingham, and of course the Chandos Portrait, one of the four authenticated portraits of Shakespeare.“More matter with less art”. We move on to the Globe. Among the many practitioners present on that day, the students immediately recognise two actors from the Romeo and Juliet cast of the play recorded at the Globe, and go over for a few compliments and a short discussion. Royal Shakespeare Company actor Tom Davey leads our

workshop. Tom Davey Played Guildenstern in Gregory Doran’s adaptation of “Hamlet” for BBC, opposite David Tennant (doctor Who) as Hamlet.Under a drizzle we enter “the wooden O”, the cylindrical open-air playhouse reconstructed by Sam Wannamaker in the 1990’s after the original layout of Elizabethan theatres. The Globe is a very active stage, featuring a dozen plays a year, and an active educational centre too. An Elizabethan playhouse was very different from any other theatre in the rest of Europe at the time, and this specificity lasted only from 1576 to 1649. After the visit, we follow Tom for a one-hour workshop on Midsummer, including work on the iambic pentameter (the KING doth KEEP his REvels HEre toNIGHT), intention, interaction, rhythm, timing. Excellent! Not only “words, words, words”, for “ we do it in action” too.Then we take to our feet again to see some of the few Tudor buildings which have survived the Great Fire of 1666: The Great Hall of the parliament in Westminster, Westminster Abbey, Saint James Palace, Lambeth Palace. All these monuments existed in the 1590’s when Shakespeare arrived in London. After lunch, we move on to the Victoria and Albert Museum to get a quick glimpse at the Tippu Tiger, the Casting Courts and some of the downstairs rooms of the largest museum of decorative arts in the world. For the day the weather was … well… British, (“Blow, blow, thou winter wind, Thou art not so unkind as man’s ingratitude”), but in the afternoon was “the winter of our discontent made glorious summer”. And even though I am sure some of the students wished we could do as Puck and “put a girdle around the world in forty minutes” on the way back to bed, we had a great day.

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S+KOHSouffre & Potasse ! Découverte

Immersion en hôpital militaire

Héréhau BLAISPremière S2

Grâce à l’intervention des cadres du Prytanée et de l’Association des anciens élèves de ce même établissement, j’ai eu la chance d’effectuer un stage à l’Hôpital d’Instruction des Armées Robert Picqué de Bordeaux, du 13 au 17 février.Le but de ce stage était de me mettre au contact des réalités quotidiennes auxquelles est confronté le personnel soignant et plus particulièrement les médecins militaires.

Lundi 13 février 2012A mon arrivée à 8h15, je me présente à la Cellule d’hygiène hospitalière où une infirmière rappelle aux différents stagiaires quelles sont les règles de base (port du masque, blouse, lunettes et gants).Le lavage des mains est particulièrement détaillé :- tout d’abord, un lavage simple est nécessaire (éliminant 50% des bactéries),- puis une friction avec une solution hydro-alcoolique (90 à 98% des bactéries).L’infirmière nous demande d’observer nos mains après ce protocole, à l’aide d’un caisson pédagogique, pour y détecter les éventuelles bactéries subsistantes.Etonnement, nous en avons tous.A 9h30, après vérification que tous nos papiers sont en

règle, une carte de stagiaire individuelle nous est fournie, qui nous permettra de bénéficier de la cantine chaque midi. Nos horaires de stage seront : 9h00-12h00, 14h00-16h30 chaque jour. Suite à cela, en compagnie des autres stagiaires, je me rends à l’accueil où une infirmière nous fait gentiment visiter l’établissement. A l’issue de la visite, elle nous attribue à chacune un emploi du temps spécifique dans lequel il est prévu que nous passions une demi-journée dans chaque service.

Nous terminons la matinée dans le cabinet d’un gypsothérapeute qui nous propose d’assister à une de ses séances. Son métier consiste à administrer à des patients présentant une pathologie de l’appareil locomoteur, un traitement qui immobilise, mobilise, stabilise, corrige ou soutient ce dernier.Ce sera notre première leçon… La patiente est une dame qui s’est fracturé le poignet. Le spécialiste s’applique à réaliser un pansement aussi esthétique que possible et nous explique patiemment ses différents gestes.

Il nous apprend que la résine (étape 3) est préférable au plâtre car elle ne s’effrite pas et son utilisation est plus simple : il suffit de la tremper dans de l’eau, de l’appliquer et de la laisser sécher quelques minutes.

Caisson pédagogique : boîte traversée par des UV

Etape 1 : Outils de travail de gypsothérapie

Etape 2 : Bras du patient recouvert de jersey

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A 14h00, je suis orientée vers le service de chirurgie orthopédique. Dans sa salle de consultations, le docteur m’explique comment procéder aux différentes opérations sur chaque patient :- pour une luxation du deltoïde (muscle situé près de la clavicule), il placera un fragment osseux soutenant l’arrière du ligament abîmé,- pour une fracture du poignet, il a placé une broche reliant les deux parties de l’os,- etc.Je remarque que connaître les antécédents médicaux de chaque cas est une condition déterminante pour l’établissement d’un diagnostique pertinent.Je termine l’après-midi en chirurgie où le même docteur aidé d’une infirmière tente d’extraire une broche de la main d’un patient ayant subi une fracture. L’os ayant englobé la broche de part et d’autre, l’extraction s’avère impossible mais l’opération me permet d’apprécier la technicité de l’acte chirurgical et de me rendre compte de l’élasticité de la peau. En définitive, l’intervention se termine par la pose de deux points de suture durant laquelle j’encourage le patient qui souffre visiblement. Le chirurgien lui donne rendez-vous ultérieurement pour cette même opération.

Mardi 14 février 2012 Je passe la matinée au service d’orthoptie où j’assiste à des tests optiques obligatoires pour des candidats souhaitant s’engager dans l’armée. Les différentes analyses effectuées par la spécialiste portent sur :- la vision du relief avec des lunettes anaglyphes. Le patient est amené à distinguer des motifs invisibles à l’œil nu, dans un cahier.

- celle des couleurs avec des images colorées ou la lanterne de Beyne.

- la réfraction des yeux avec le test d’Ishiara (lecture de lettres plus ou moins grandes) pour déterminer le degré (sur une échelle croissante de 1 à 6) de correction adapté à chacun.

Puis, en fonction des résultats, elle réalise d’autres analyses à l’aide d’appareils tels qu’un autoréfractomètre (pour déterminer le défaut de vision du patient : myopie, presbytie…), un frontofocomètre mesurant le degré de correction des lunettes ou encore un ophtalmomètre de Javal mesurant les niveaux d’astigmatisme.Tous ces tests sont représentés par les lettres Y et C dans le mot « SIGYCOP », formé à partir des termes : membres Supérieurs, Inférieurs, état Général, Yeux, Couleurs, Oreilles, Psychisme.

Etape 3 : Mise en place de résine mouillée pour accélérer le durcissement

Lunettes anaglyphes

La lanterne de Beyne est un appareil qui diffuse des ronds de couleurs différentes que le patient doit pouvoir identifier

Lunettes avec lentilles convergentes / divergentes superposables pour le test d’Ishiara

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Puis, je prends des photos d’une autre orthoptiste se prêtant au jeu et portant les lunettes de test ou se positionnant dans les différents appareils.

L’après-midi, je suis orientée en l’électro-cardiologie où j’assiste une aide-soignante. Celle-ci accepte que je photographie le corps d’un patient avec électrodes.

Autoréfractomètre au premier plan, frontofocomètre à l’arrière

Champ de vision de Goldman

Ophtalmomètre de Javal

Electrodes

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Après un temps d’observation, je peux enfin me rendre utile : je branche les électrodes à l’araignée puis les retire, après enregistrement. Je nettoie également le brancard avant le patient suivant.

Je termine l’après-midi en chirurgie où dans le cadre d’un traitement contre l’arthrose, j’observe une injection de fluide dans le genou d’un patient. Le chirurgien m’explique que la seringue est insérée dans une dépression, à proximité de l’os du genou.

Il m’explique également que selon les personnes, la durée d’efficacité du médicament peut varier de nulle à 2 ans. Il faut savoir qu’une injection n’est renouvelable qu’au minimum un an après la dernière.

Electroscope

Electrodes à usage unique (10 par patient, ça part vite !)

Une anesthésie locale est d’abord pratiquée sur la zone désinfectée à la bétadine…

…puis c’est au tour de la piqûre !

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Mercredi 15 février 2012Toute la matinée, je reste en salle de pansements où je vois défiler un type particulier de plaie : les ulcères.Les patients me racontent qu’ils supportent cela depuis des années et qu’au début, leur plaie ne dépassait pas le diamètre d’une tête d’épingle. Cependant, l’absence de soins ou un mauvais suivi de celle-ci les a aggravées et agrandies très rapidement; comme entre autres cette plaie (photo ci-dessous) ayant débuté 15 ans auparavant…

Auparavant, cet ulcère comportait des cellules cancéreuses, extraites à l’aide de nitrate d’argent.

Puis, j’en vois d’autres un peu différents mais tous localisés sur le tibia. L’infirmier m’explique qu’avec l’âge, la circulation sanguine se fait plus difficilement et parfois, lors du passage du sang dans le pied, la remontée de celui-ci vers le cœur est gênée par des vaisseaux sanguins trop étroits. Il en résulte des ulcères veineux ou artériels selon le type de vaisseaux défectueux. Tous ceux que je vois sont consécutifs à des problèmes veineux.En voici quelques images…

La substance orange qui les recouvre est de la fibrine, issue de la dégradation des globules blancs. Avant toute chose, l’infirmière élimine celle-ci à l’aide d’une pince à épiler et d’une compresse. Puis, elle lave la plaie à l’aide d’une lingette savonneuse, la rince et la sèche. Enfin, un pansement de plusieurs couches est appliqué, jusqu’au prochain rendez-vous.L’infirmier m’explique qu’en améliorant la circulation sanguine, des bas de contention, peuvent aider à prévenir ces plaies, mais malheureusement pour les patients, ceux-ci ne sont utilisables que sur peau saine, c’est-à-dire avant ou après avoir contracté un ulcère. En attendant que leur port soit possible, les bandes appliquées sur la plaie sont serrées et on remarque lors de leur retrait que la zone bandée était comprimée (voir ci-dessus).

Pour soigner des ulcères trop importants, on peut également pratiquer des greffes de peau mais cela reste rare car le patient refuse souvent cette alternative.

Ulcère de deux ans

Ulcère de cinq ans

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L’après-midi, je me rends au service de gypsothérapie où le spécialiste, pendant qu’il s’occupe des patients, m’autorise à réaliser une orthèse. Une orthèse est semblable à une attèle mais plus performante car retirable par simple rotation du membre et parfaitement adapté à la morphologie de chacun.Pour ce faire, je découpe dans un mélange de plastique-caoutchouc, un carré à la mesure de mon avant-bras puis y fais un trou du diamètre de mon pouce.

Je fais chauffer le matériau dans de l’eau à 70°C pendant 10 minutes. Une fois celui-ci devenue translucide, je l’applique autour de mon avant-bras de manière à ce qu’il en prenne la forme. Ensuite, je décolle les deux extrémités de l’orthèse, la retire durcie et en découpe les bords.

Jeudi 16 février 2012Aujourd’hui je passe en service de dermatologie où j’assiste à une greffe de peau sur des ulcères au mollet.La veille, la cuisse où l’on prélève les tissus de greffe a été recouverte de crème anesthésiante et délimitée par un marqueur dermique.

Il y a trois ulcères à recouvrir mais seuls les deux plus importants sont présentés ici.

Le résultat !!!

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Une fois le champ stérile - tissu vert - posé sur la cuisse, le chirurgien commence à tirer la peau à l’aide d’une aiguille recourbée… (La zone rouge correspond à un morceau de peau déjà retiré).

Ensuite, un petit coup de bistouri suffit pour prélever le morceau de peau.

Voici la cuisse, après 4 prélèvements de peau (il y en aura 10 au total)…

Et l’infirmier qui s’applique à reposer l’échantillon de peau sur l’ulcère.

Au final, l’ulcère ressemble à ceci (celui de gauche est terminé). On distingue que la peau greffée est bien blanche car avasculaire.

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Je vois également un patient dont le nez a été recousu 2 jours avant et qui devra repasser une semaine plus tard pour le retrait du fil. Ses points sont consécutifs à l’ablation d’un carcinome nasal…

Enfin, je termine par l’observation d’une greffe réalisée quelques jours auparavant et dont un infirmier est en train de changer le pansement. Voici l’ulcère ayant cicatrisé avec la peau greffée, celle-ci ayant été maintenue par des agrafes. Les contours jaunes sont morts et représentent les extrémités du greffon mêlés à de la fibrine ; ils sont retirés à l’aide d’une pince à épiler.

Puis, l’infirmier retire les agrafes et panse la plaie, pour 5 jours de plus :

La voici nettoyée au savon, bien nette ! On distingue clairement comme des « mailles de filet ». Cela correspond au greffon qui a été troué pour être étiré et laisser les cellules se régénérer au milieu de ses mailles.

Un petit aperçu de la zone de prélèvement du greffon (haut de la cuisse), parfaitement délimitée…

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Je passe l’après-midi en dermatologie à observer et distinguer différents types de grains de beauté ou d’autres anomalies cutanées potentiellement cancéreuses. Celles-ci n’étant pas vraiment remarquables, je ne les ai pas photographiées.A chaque fois, les patients repartent avec un traitement à base de cortisone et certains d’entre eux sont amenés à revenir quelques jours plus tard, pour réaliser une biopsie (petit prélèvement de leur « bouton ») qui déterminera s’il y a un quelconque risque de cancer.

Vendredi 17 février 2012Ce matin, je suis exceptionnellement admise au bloc opératoire des urgences. Après avoir suivi le protocole particulier pour y accéder (demande d’un ascenseur par voie téléphonique !), je suis prise en charge par une gentille infirmière qui me fournit des vêtements propres au service (ensemble vert) ainsi que des sabots. Je n’ai pris aucune photo des interventions car ma simple présence en bloc opératoire étant exceptionnelle, j’ai souhaité me faire la plus discrète possible.Puis, des infirmières me mènent à la salle dans laquelle aura lieu l’arthroscopie. On me dit que cela consiste à enlever la partie mal placée et douloureuse du ménisque.Le ménisque est un petit cartilage articulaire.Le patient est allongé sur la table d’opération, habillé d’une simple blouse d’hôpital. Peu de temps après, l’anesthésiste le pique dans le bas du dos pour effectuer une rachidurale (anesthésie du bas du corps) et le fait patienter 15 minutes afin de laisser au produit le temps d’agir.A l’issue de ce temps, le patient étant toujours sensible des membres inférieurs, il est jugé préférable d’effectuer une anesthésie générale. Une fois cette formalité accomplie et la zone de travail (le genou) aseptisée, le chirurgien et ses aides entrent en action.

Une caméra recouverte d’un film stérile est introduite dans le genou du patient, nous permettant d’observer sur un écran l’intérieur du corps en couleurs! Je me place dans un coin de la salle et assiste à l’opération à travers cet écran. Au préalable, la jambe du patient avait été mise en hauteur pour que l’irrigation sanguine soit réduite au minimum. A l’aide de différents outils, l’équipe parvient après 40 minutes de travail à sectionner le ménisque situé entre les cartilages condylaires. Les condyles sont des surfaces articulaires elliptiques convexes.A la fin de l’opération, les incisions sont refermées par des points de suture et le patient reconduit en salle de réveil. Si tout se passe bien, après récupération, il pourra à nouveau tendre sa jambe, chose qui lui était impossible avant l’intervention.En milieu de matinée, je me rends auprès du chirurgien dentiste pour assister à une extraction de dents de sagesse. Celle-ci se passe assez bien car les quatre dents sont extraites entières, ce qui n’est pas toujours le cas. Le chirurgien termine en recousant les alvéoles dentaires.

Pour clore la matinée, une infirmière me conduit dans une salle adjacente où un chirurgien m’explique qu’il va pratiquer une coloscopie pour tenter de déceler la cause de l’anémie de la patiente. Malgré cette anémie, la patiente de 99 ans est en pleine forme !

Les selles empêchant une bonne visibilité, du sérum physiologique est injecté par un genre de seringue.

On aperçoit les selles sont en jaune, dans les replis de l’intestin.

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Après plusieurs minutes d’observation, la caméra s’arrête sur un polype, identique à celui de cette photo (issue d’internet également). On m’informe que l’origine de cette « verrue » est inconnue et que sa présence n’est pas inquiétante.

Le chirurgien décide tout de même de l’éliminer : il détache le polype à l’aide d’une pince et l’extrait du corps par le biais d’un fin tuyau en plastique relié à une poche. Puis, il referme l’incision avec une « agrafe en fer » qui sera évacuée d’elle-même une fois la plaie cicatrisée. Je raccompagne la patiente vers sa chambre et la quitte en la complimentant sur son courage. L’après-midi est calme et ma seule observation concerne le retrait de la sonde urinaire d’un patient. Celui-ci ayant développé un œdème, l’intervention est douloureuse et nécessite l’application d’une crème anesthésiante.La sonde à l’intérieur du pénis remonte l’urètre, jusqu’à atteindre la vessie.

Mon stage de 5 jours se termine ainsi. Il s’est bien passé et était très intéressant.Je remets à la référente en soins mon évaluation de stage et lui fait part de mes impressions sur ce dernier.Dans tous les services, le personnel médical s’est montré sympathique et disponible et c’est avec une certaine nostalgie et de la reconnaissance pour le temps qu’ils m’ont accordé que je leur dis au revoir.

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