Souffrance au travail et harcèlement
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Souffrance au travail et
harcèlement
SYNDICAT SUD SANTÉ SOCIAUX DU LOIRET
HPM 1 rue Porte Madeleine 45032 Orléans cedex
tél : 02 38 74 48 51 / 06 15 49 68 45 fax : 02 38 74 48 52 mél : [email protected]
sites : sudsantechrorleans.org
Pour ne pas perdre sa vie à la gagner, il nous faut développer des liens de
solidarité et rompre avec le chacun pour soi.
« J’ai mal à mon travail »: La souffrance au travail est loin d’être uniquement liée au harcèlement moral, à la
manipulation psychologique de la hiérarchie. Elle peut se développer dans de nombreuses
situations de travail comme le rapport des soignants à la mort, les travaux répétitifs ou
rigidement organisés, le chantage aux primes, une productivité accrue, des conditions de
travail physiques ou chimiques nocives pour le corps, l’absence de reconnaissance sociale de
la tâche effectuée, l’inadaptation de l’activité aux aptitudes et aux besoins du travailleur.
Dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, la souffrance au travail, peut aussi
prendre une autre forme, celle de la souffrance éthique. Comment concilier nos valeurs
professionnelles avec l’orientation de travail que veulent nous faire prendre les lois
promulguées par nos dirigeants ? Les lois sur l’application de la tarification à l’activité (ou
T2A) et, plus récemment, Hôpital Patient Santé Territoires imposent à nos établissements
des critères de rentabilité qui sont en contradiction avec nos normes professionnelles.
Cette brochure est à la fois une dénonciation et un outil de repérage et un début d’analyse
de ces situations. Pour mettre un nom sur les souffrances a u travail subies ou craintes.
Pour exprimer que les salariés veulent vivre au travail et non pas perdre leur vie à la
gagner. Comme arme pour dénoncer et faire cesser ces pratiques.
Harcèlement moral au travail, organiser une solidarité
collective: Le harcèlement moral au travail a toujours existé contre certaines individualités refusant
de se couler dans le moule ou les syndicalistes. On n’en parlait pas, c’était à chacun de se
débrouiller pour résister. Mais le phénomène est devenu massif avec la peur du chômage de
masse et un certain nombre de pratiques de gestion du personnel visant à
systématiquement éclater les collectifs
de travail, individualiser et culpabiliser
les salariés pour mieux les exploiter,
utiliser au mieux leur intelligence au
travail, voire parvenir à ce qu’ils
s’exploitent eux-mêmes.
Le harcèlement est aujourd’hui reconnu
comme souffrance au travail. Ce sont les
féministes qui ont ouvert la brèche avec
la reconnaissance et la pénalisation du
harcèlement sexuel dans les années
1980.
Briser les collectifs de travail: Il existe plusieurs types de harcèlement moral au travail. Il y a celui pratiqué par un
supérieur hiérarchique, plus ou moins pervers, dans le but de faire partir le salarié contre
son gré. Le résultat est atteint quand le salarié se met en arrêt maladie, il est perdu. On
justifie alors, après coup, la situation en dénonçant la fréquence des dits arrêts du salarié
qui se plaint tout le temps, pour demander son départ. Au besoin avec l’aide involontaire de
la médecine qui mettra la personne en longue maladie ou réforme.
De façon plus organisée, certaines entreprises ont des pratiques de management qui
mènent tout droit au harcèlement et à la souffrance au travail.
En première ligne, les sociétés et établissements récemment fusionnées ou ceux en
voie de restructuration et de privatisation:
Le but est de « changer la culture d’entreprise », en clair affaiblir des résistances des
salariés. On pratique donc les mutations, réorganisations de service, suppressions d’emplois
internes à grande échelle. On met un salarié de l’ancienne culture au sein d’un groupe acquis
à la nouvelle culture. Le but est de pousser à la démission un certain nombre de salariés,
ceux qui ne suivent pas.
Il y a aussi le harcèlement moral, ressenti par les salariés chaque fois qu’ils n e
comprennent pas, et pour cause. On les incite à être autonomes mais s’ils le sont, on le leur
reproche, car il faut avant tout obéir à la hiérarchie. La qualité doit être totale mais, en
pratique, on leur dit de fermer les yeux sur certains défauts.
Depuis plusieurs années, le management est à l’offensive pour essayer de casser les
collectifs de travail, casser les résistances. Faire régner l’ordre et la propreté, surveiller
les salariés et supprimer toute touche personnelle, sont des méthodes qui, finalement, ne
sont pas très loin de l’interdiction de bavarder dans les ateliers du XIXème siècle. Celles
du management participatif, où l’on piège le discours des salariés pour mieux les faire
participer à leur propre exploitation.
Il y a aussi le système des compétences, où notations intrusives sur les qualités et défauts
du salarié se conjuguent avec psychologie de bazar et conseils comportementaux, attaquant
directement la personnalité du salarié pour en faire une machine à travailler, sans âme
mais avec le sourire.
Enfin, pratique ravageuse, la mise au placard relève aussi du harcèlement. Priver la salarié
de travail, c’est l’isoler, lui faire perdre le sens de son utilité sociale. Cette méthode vise à
déstructurer le salarié, là encore pour le pousser à la démission, voire au suicide.
Une réponse nécessairement collective: Le harcèlement est aussi un révélateur de la situation du salarié dans l’entreprise, soumis à
la toute-puissance du patron qui a « droit de vie et de mort » sur le salarié au travers de
son emploi, quand il n’y a pas de contre-pouvoir ni de solidarités collectives. Il s’agit
d’établissements où l’évolution du travail a considérablement renforcé la charge physique et
mentale imposée au salarié. Où l’on ne réglemente plus seulement le travail à effectuer,
mais aussi les conditions de sa production, le fameux « savoir être » cher aux directions du
personnel.
que si elle s’accompagne d’une
campagne associant les salariés et posant les justes questions sur l’organisation du travail
défaillante qui a permis de développement du harcèlement, sur les stratégies de
management qui en sont à l’origine.
Le harcèlement moral au travail met en lumière et révèle les dérives d’une certaine
organisation du travail à la recherche de plus en plus de productivité.
Premier acquis de la lutte des
salariés, une loi a été votée le
17 janvier 2002, la 2002-73
dite loi de modernisation
sociale : « aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel « (article L.122-
49, devenu L.1552-1 dans le
nouveau code du travail).
Mais attention, la bataille
juridique, si elle peut dans un
premier temps s’avérer positive
pour le salarié, est longue et
coûteuse , et elle ne peut être
une victoire
Comment faire devant cette situation? Ne pas rester isolé et aborder ces questions en équipe
Ne pas réagir par l’agressivité
Alerter les militants syndicaux
Pour SUD, les enjeux de cette bataille contre le harcèlement et
la souffrance au travail sont:
-De défendre et reconstruire des collectifs de travail, éléments de base de
la résistance.
-De rétablir le sens du travail, un travail structurant, valorisant et utile.
-De faire payer le coût social aux patrons et aux directions.
-De défendre des organisations de travail et des équipes stables sans
flexibilité.
-De lutter pour l’augmentation des effectifs avec des créations d’emplois
statutaires.
-De lutter contre la précarité de l’emploi.
-De combattre les thèses et comportements sexistes, racistes, xénophobes
et discriminatoires.