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LES POSTULATS PEDAGOGIQUES : Argumentation du 6eme postulat : « Les élèves ont-ils vraiment besoin de professeurs ? » Haute Ecole Paul-Henri Spaak Formation instituteur primaire, 1PPA Pédagogie générale, Ph. Skilbecq Travail réalisé par Buserie Sophie [email protected]

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Page 1: sophie-portfolio · Web viewEn outre, l’enseignant ne va pas forcément choisir une pédagogie en fonction d’un savoir qu’il désire transmettre, mais il va chercher quelles

LES POSTULATS PEDAGOGIQUES :

Argumentation du 6eme postulat : « Les élèves ont-ils vraiment besoin de professeurs ? »

Haute Ecole Paul-Henri SpaakFormation instituteur primaire, 1PPA

Pédagogie générale, Ph. Skilbecq

Travail réalisé par Buserie [email protected]

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Les élèves ont-ils vraiment besoin de professeurs ?

Actuellement, tous les savoirs sont accessibles : les élèves ont à leur disposition quantité de livres, d’outils, de jeux didactiques, et internet leur offre l’accès à un panel illimité d’informations. La pensée générale tend donc à prôner que les professeurs ne sont plus indispensables, voire même inutiles, puisque les savoirs peuvent être transmis par n’importe quel instrument. Il existe même des systèmes d’auto-éducation totalement informatisés (par exemple wallangues.be, détail en annexes) Qui n’a donc jamais entendu dire que tôt ou tard les professeurs seront remplacés par des ordinateurs ?

Mais en tant que future enseignant-artisan-ingénieur-empathique, il va de soi que ma pensée va à l’encontre de la doxa.

Premièrement, il se trouve que le décret mission précise que la tâche de l’enseignant consiste également à développer l’élève en tant que personne et à le préparer à être un citoyen responsable.

Nous pouvons donc dire qu’au-delà de la matière qu’il enseigne, au-delà de son devoir d’instruire, le professeur éduque, socialise et individue. En effet, le professeur doit veiller à créer un climat favorable à l’acquisition de connaissances mais également au développement de la personnalité de ses élèves. Il ne va pas transmettre uniquement des savoirs, il donne à ses élèves une part de lui-même. Il aide l’enfant à s’épanouir, à devenir autonome et l’encourage à prendre des initiatives. La relation enseignant-élève et la façon d’enseigner sont aussi importantes que le contenu même d’une leçon : on n’apprend pas d’un professeur qu’on n’aime pas. Le professeur en tant qu’adulte est une personne de référence, c’est lui qui place le cadre, il est donc important qu’il écoute attentivement et qu’il comprenne l’enfant pour l’aider à apprendre.

Mais déjà en dehors du débat concernant le rôle du professeur-éducateur, si l’on considère uniquement que la mission du professeur est d’amener les élèves à s’approprier des savoirs et des compétences, pour que l’élève apprenne sans l’accompagnement d’un professeur il faudrait qu’il soit capable de se rendre compte lui-même qu’il ne comprend pas, qu’il sache pourquoi il ne comprend pas et qu’il sache comment y remédier.

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En effet, les élèves comprennent toujours quelque chose, mais pas forcément de la façon attendue, et ils ne peuvent déterminer eux-mêmes ce qui leur fait défaut. De plus, l’attitude globale d’un élève est d’attendre que le savoir vienne à lui.

En outre, peut-être pourrait-on se passer de professeurs si l’apprentissage se résumait à retenir des informations et à les régurgiter telles quelles sur demande… Si le rôle du professeur se résumait à déblatérer ses connaissances, alors il ne serait probablement pas indispensable, en effet… Or l’apprentissage est un procédé bien plus complexe : il ne suffit pas de retenir temporairement des informations et les réciter sur demande. Apprendre requiert de mettre en place des stratégies, penser différemment, organiser ses connaissances, développer des habiletés, acquérir des capacités… C’est une activité qui engage les élèves et qui exige que l’enseignement soit organisé. Et lorsque l’élève a développé toutes ces stratégies, encore faut-il qu’il sache quand et comment les utiliser. Avant toute chose, il faut donc apprendre à apprendre ! L’apprentissage nécessite des interactions et des échanges, l’acquisition d’habiletés doit être guidée, appuyée par la démonstration et la réalisation d’exercices supervisés.

L’apprentissage nécessite plusieurs phases : activer les connaissances antérieures (celles que l’élève possède déjà : l’enfant n’est pas un terrain vierge, il ne s’agit pas de remplir une coupe vide), centrer l’attention de l’élève sur une question ou un problème qui crée un conflit cognitif, choisir la stratégie appropriée, rechercher et traiter les informations en rapport avec la question et les clarifier pour se les approprier, concilier les informations nouvelles avec les connaissances antérieures, consolider ces nouveaux savoirs en les utilisant, réorganiser et modifier ses habiletés en y associant les nouveaux acquis… Toutes ces phases ne se suivent pas de façon linéaire, chaque élève est différent et fonctionne différemment, les opérations intellectuelles sont le résultat de longs efforts et d’interactions.

L’enseignant va donc organiser ces phases d’apprentissage (en tenant compte du stade de développement de ses élèves), il doit prévoir la réaction des élèves face aux informations nouvelles, identifier les difficultés de chacun, développer des stratégies pour y répondre et maintenir la relation pédagogique. De plus, pour que l’élève s’engage dans l’apprentissage il faut qu’il en voie l’utilité, le but. Avant toute chose l’enseignant doit donc mettre l’enfant en situation d’apprentissage afin qu’il construise lui-même la résolution du problème. Dans l’ouvrage « Moi j’enseigne, mais eux apprennent-ils ? » Michel Saint Onge dégage clairement les fonctions de l’enseignant :

Mettre en marche le processus de pensée Assurer la médiation entre l’élève et le savoir (didactisation) :

Maintenir la relation pédagogique (donner des consignes, guider, étayer…) Evaluer la qualité de l’apprentissage

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Enfin, l’enseignant s’attèlera à évaluer la qualité des apprentissages : l’enfant peut avoir mémorisé des savoirs sans avoir pour autant effectué un apprentissage, et c’est au professeur d’y être attentif pour y remédier. Par exemple, suite à une étude de la forêt, si l’on demande aux enfants « qu’est-ce que la litière ? » la majorité pourra sans difficulté réciter que la litière est l’ensemble des feuilles mortes et des débris végétaux en décomposition sur le sol. Par contre, si on leur demande « Pourquoi l’épaisseur de la litière est la même chaque année ? » et que l’enfant répond que c’est parce que les feuilles, tassées, prennent peu de place, le professeur en déduira que l’enfant n’a pas compris la notion de « décomposition ».

Par ailleurs, si le professeur peut sembler inutile c’est que son rôle n’est pas de résoudre les problèmes de l’élève à sa place, mais de les clarifier. Mettre l’enfant en situation d’apprentissage est un art subtil : pour que l’enfant construise lui-même ses savoirs, ils ne doivent pas les lui être dictés. Toute activité de classe menée en grand ou en petit groupe, en présence de l’enseignant, contient des actions d’étayage plus ou moins marquées, plus ou moins diversifiées. Le terme « étayage » est tiré de J. S. Bruner, psychologue américain des années 50, pour désigner « l'ensemble des interactions d'assistance de l'adulte permettant à l'enfant d'apprendre à organiser ses conduites afin de pouvoir résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au départ ». C’est donc l’enseignant qui assure la plupart des fonctions d’étayage ou qui organise les groupes de manière à ce que les échanges dans le travail de groupe soient constructifs. Cette pédagogie constructiviste nourrit la pensée commune (la même qui qualifie les professeurs d’inutiles) en donnant l’impression que le professeur ne fait rien : il ne donne ni les savoirs, ni le questionnement ; c’est l’élève qui crée les questions et qui cherche les réponses, subtilement guidé.

Toutefois, si l’enfant est capable d’apprendre et de grandir, il est aussi libre de refuser cet enseignement. Cette notion d’éducabilté peut également soulever la question «  a-t-on vraiment besoin de professeurs ? » puisqu’aucun enseignant ne peut contraindre quiconque à apprendre.

Il est vrai que l’école reste un milieu de rationalisation instrumentale (apprendre des définitions, méthodes d'enseignement transmissif...) alors que nos élèves grandissent dans un milieu libertaire (les parents optent pour la communication, la tolérance, une éducation à la liberté) et cela crée une "crise de l'éducation" car l'absence de la dimension psychopédagogique à l'école laisse les enseignants désarmés devant ce public (les élèves que nous avons en face de nous sont différents des élèves que nous avons étés car éduqués différemment). Il est difficile pour l'école de passer d'une "éducation dirigée" à une "éducation négociée" et pour ce faire nous devons adopter un style autoritatif (articuler liberté et autorité). Le nouveau modèle éducatif postmoderne est un système qui prend en compte les dimensions affectives, cognitives, sociales et éthiques des élèves en tant qu'individus. L'être à instruire devient un être à éduquer.

Mais le rôle du professeur n’en est que plus important puisqu’il a donc pour tâche supplémentaire de veiller à la motivation des élèves en élaborant une pédagogie répondant à ses besoins :

Déterminer un objectif (situation mobilisatrice) Mettre les élèves dans une situation où ils réussissent Leur permettre d’appartenir à un groupe tout en existant en tant qu’individu à part entière Leur permettre de se sentir investi (de savoir que le professeur compte sur eux) Les valoriser et/ou les récompenser

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Mettre en place des interactions (travail de groupe au sein de la classe mais également interactions avec l’extérieur, par exemple en correspondant avec une autre école ou en écrivant à un personnage de renommée et en l’invitant dans l’école…)

Considérer qu’il doit produire un chef d’œuvre (ne pas viser juste la réussite avec satisfaction mais viser la distinction)

Donner un cadre, une structure, tant du point de vue relationnel (règles de vie en classe) que dans les contenus (réaliser des synthèses, respecter une marche à suivre…)

Aller chercher l’élève en difficulté (voire la classe) là où il est, se mettre à son niveau, comprendre ce qu’il comprend et comprendre plus que lui afin de lui venir en aide.

Pour en revenir à l’exemple de Wallangues.be, que j’utilise personnellement, c’est cet aspect stimulation-motivation qui lui fait défaut. En effet, le logiciel ne peut répondre à ces besoins : seul face à un ordinateur il manque à l’élève cette relation avec l’enseignant qui lui permettra de se sentir investi, la relation pédagogique n’est pas maintenue et la motivation de l’élève diminue, conduisant au décrochage et à l’abandon de la formation. L’enseignant doit donc s’en rendre compte et intervenir (notamment par étayage).

Pour répondre à tous ces besoins, l’enseignant utilise plusieurs pédagogies différentes et les adapte continuellement, il élabore des pédagogies en fonction des besoins des apprenants et de leur évolution.

En outre, l’enseignant ne va pas forcément choisir une pédagogie en fonction d’un savoir qu’il désire transmettre, mais il va chercher quelles connaissances faire apprendre pour mettre l’apprenant dans une situation où il rencontrera un aspect précis de la discipline. Par exemple, un professeur va construire une leçon sur « le cycle de vie du moustique » et une autre sur les états de la matière » afin que l’élève mette en place et acquière une démarche scientifique et des compétences qu’il aura utilisée dans des situations totalement différentes et avec des savoirs différents (observer – rechercher des informations – expérimenter – comparer le résultat de l’expérience avec la théorie – en déduire une règle générale – rédiger un rapport).

C’est bien ce que nous retrouvons dans les socles de compétences  (document en annexes).

Quant aux outils, ils ne suffisent pas non plus pour permettre à l’élève d’apprendre sans être accompagné par un enseignant : chaque outil a ses spécificités et avant d’utiliser une technologie l’enseignant veillera à ce qu’elle convienne et apporte quelque chose de constructif à l’apprentissage. Par exemple, le tableau blanc interactif avec le logiciel « apprenti géomètre » ne permet pas d’activité de type iconique arpenteur (mesurer, quantifier) car ce logiciel privilégie les activités de construction et de déconstruction de formes géométriques afin de les appréhender en fonction de leurs qualités (nombre de côtés, d’angles…) sans pouvoir les mesurer (afin de ne pas réduire la géométrie à des notions quantitatives de mesures d’angles et de longueurs).

En conclusion, puisqu’on parle de construction plus que de transmission de savoirs, la seule accessibilité aux savoirs ne suffit pas à faire naitre un apprentissage. L’école ne peut se passer de professeurs, ils sont nécessaires pour transformer les savoirs (la base de données) en un objet qui a un sens pour l’élève, l’enseigner après reformulation et mise en situation. Il crée des activités de découverte, de création et de production.

Parce que les élèves ne disposent pas des capacités nécessaires à l’apprentissage, l’enseignant les aide à développer ces capacités et leur permet d’apprendre à penser différemment.

L’enseignant fait le lien entre l’outil, le savoir et l’élève, mettant en place un savant mélange de connaissances (matière à enseigner), de psychologie et de pédagogie.

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Annexes

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Bibliographie :

GORDON Thomas et BURCH Noel, Enseignants efficaces, Montréal, Les Editions de l’Homme, 2005

SAINT ONGE Michel, Moi j’enseigne mais eux apprennent-ils, Montréal, Beauchemin, 2008

Décret du 24 juillet 1997 définissant les missions prioritaires de l'Enseignement Fondamental et de l'Enseignement Secondaire et organisant les structures propres à les atteindre :http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=21557&referant=l01, consulté le 08 :12 :2012

http://www.wallangues.be, consulté le 08.12.2012

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jerome_Bruner, consulté le 30 décembre 2012

Les socles de compétences – éveil : www.enseignement.be/download.php?do_id=1659&do_check= consulté le 30 décembre 2012